Que, étant donné que le Canada a ratifié la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, la Chambre insiste que le gouvernement, ses ministères et ses agences maintiennent les programmes, politiques et règlements qui appuient le secteur artistique et les industries culturelles du Canada, en particulier en maintenant ou favorisant : a) les exigences actuelles de contenu culturel canadien; b) les restrictions actuelles à la propriété étrangère dans le secteur culturel; c) le soutien financier à la radio et la télévision publiques dans les deux langues officielles.
— Monsieur le Président, tout d'abord, il serait important de rappeler ce qu'est cette Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et comment elle a débuté.
Souvenons-nous que c'est l'automne dernier, plus précisément le 20 octobre 2005, qu'une très forte majorité, au-delà de 100 pays présents et ayant droit de vote, a voté en faveur de l'adoption de cette convention. Seulement deux pays ont voté contre son adoption, soit les États-Unis et Israël. Tous les autres pays présents, incluant le Canada, se sont prononcés en faveur de cette Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Je disais donc que le 20 octobre, cette convention a été adoptée par l'UNESCO, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. Cette convention reconnaît la double nature des liens et des services culturels qui ont à la fois une valeur économique et une valeur sociale. Elle souligne le droit des États d'adopter des mesures pour soutenir la diversité des expressions culturelles. Elle est sur un pied d'égalité avec les autres traités internationaux — ce qui est très important.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais remercier et féliciter certaines personnes de leur travail assidu pendant plusieurs années.
[Traduction]
Je pense en particulier à Sheila Copps, ancienne députée de Hamilton-Est. Alors qu'elle était ministre du Patrimoine canadien, elle s'est attaquée à un défi de taille lorsqu'elle a entrepris de rassembler les pays dans le but de créer une convention, un nouvel instrument international.
Je me souviens quand Mme Copps a invité des pays à Ottawa en 1999. La réunion a eu lieu au Centre national des arts. Une vingtaine de pays étaient représentés. Je me souviens que la Grèce et le Mexique ont participé activement, car les réunions suivantes se sont respectivement tenues dans ces pays.
Mme Copps avait vu la nécessité d'un tel instrument, et c'est tout à son honneur, et le gouvernement de l'époque avait aussi vu cette nécessité. Les pays concluent de plus en plus de traités internationaux visant à libéraliser les échanges et à établir des zones de libre échange comme l'ALENA et l'OMC. De plus, il se tient actuellement des cycles de négociations concernant différents dossiers. À l'époque, le milieu ou les industries culturelles et artistiques étaient également menacées. On reconnaissait que leur importance économique et sociale était passée sous silence.
Après quelques réunions et quelques années, les pays ont effectivement reconnu la double nature des industries culturelles. Ces dernières sont importantes sur le plan économique, comme nous le verrons, mais elles sont aussi très importantes sur le plan social.
Après Mme Copps, d'autres ministres du Patrimoine canadien ont appuyé ce concept, en particulier Mme Liza Frulla. C'est en fait elle qui a contribué à concrétiser tout cela en octobre 2005.
[Français]
Je m'en voudrais de ne pas saluer la participation active et très importante des ministres de la Culture de la province de Québec, qui ont toujours appuyé les démarches. Il y a eu une belle réciprocité entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec à ce chapitre.
Il y a eu beaucoup d'entraide et de collaboration. Le milieu artistique a aussi collaboré, sans aucun doute. Des coalitions pour la diversité culturelle ont été mises sur pied et ont été très actives, grâce à l'appui des gouvernements du Québec et du Canada et à celui de leur propre milieu. Leur approche est très constructive et elles sont désireuses d'assurer la pérennité des industries culturelles au Canada et partout dans le monde.
Des félicitations et des remerciements sont dus à ces gens pour leur persévérance et aussi pour avoir vu juste quant aux besoins et à l'instrument nécessaire. Au Canada, cet instrument ou cette convention a été ratifiée le 23 novembre.
[Traduction]
Le Canada a été le premier pays à ratifier cette convention internationale et nous attendons que d'autres pays fassent de même. Bien entendu, l'une des questions auxquelles le gouvernement voudra peut-être répondre -- et j'espère qu'il le fera au cours du débat d'aujourd'hui -- consiste à savoir ce qu'il fait au juste pour encourager les autres pays à ratifier cette convention très importante.
La convention reconnaît la double nature des industries culturelles. D'une part, elles ont une incidence économique, comme en témoigne l'importance de leurs initiatives et, d'autre part, elles ont une incidence sociale.
Jetons un coup d'oeil sur l'incidence économique de ces industries. Prenons par exemple la région de la capitale nationale, qui n'est pas un haut lieu de la production télévisuelle. Il y a davantage d'émissions de télévision produites à Montréal, à Toronto et à Vancouver, par exemple. Dans la région, il y a, à ma connaissance, trois entreprises de production télévisuelle: Sound Venture Productions, dirigée par Neil Bregman; Knight Enterprises, dirigée par Chris Knight; et Les Productions R. Charbonneau, dirigée par Robert Charbonneau.
Au cours des dernières années, ces entreprises ont grandi. Elles occupent maintenant une place plus importante dans l'économie régionale. Elles ont embauché de nombreux diplômés du collège Algonquin, de la Cité collégiale, de l'Université d'Ottawa et de l'Université Carleton. Ces diplômés ont étudié dans le milieu de la télévision. Ils ont produit des émissions de télévision et s'intéressent également à la production de films. Certaines de leurs productions ont été diffusées sur notre réseau public de télévision, tandis que d'autres ont été diffusées sur des chaînes spécialisées appartenant à des intérêts privés ou sur des réseaux éducatifs appartenant à des provinces. La plupart ont été vendues à l'étranger.
Ce secteur très dynamique a des répercussions économiques significatives en termes de création d'emplois, d'investissements et d'exportations. Ces répercussions sont 100 fois plus importantes dans la région de Toronto et dans certaines autres régions où l'on produit des émissions de télévision et des films.
[Français]
Montréal n'est pas à dédaigner. C'est un milieu très actif en production télévisuelle et cinématographique.
[Traduction]
Il en est de même dans d'autres industries culturelles, notamment celle du livre. Le Canada a acquis une excellente réputation dans le domaine de l'édition. C'est parce que nous y avons vu. Grâce au programme de subvention du Conseil des arts et aux programmes du ministère du Patrimoine canadien, nous avons soutenu l'édition, les artistes, les auteurs et l'exportation des livres. Nous avons ainsi constitué un inventaire substantiel d'auteurs et donné à l'industrie les moyens de se développer dans cet environnement. La même chose s'applique dans d'autres secteurs de l'industrie culturelle, notamment les magazines et le théâtre.
[Français]
Ce peut être aussi dans les arts visuels ou les arts de la scène. Ce sont toutes des industries en soi qui embauchent des gens et qui font fructifier l'économie et le produit intérieur brut, si je peux l'appeler ainsi.
Force nous est de reconnaître qu'en fait d'importance nationale, les industries culturelles occupent vraiment une place honorable, comparable à celle d'autres industries, que ce soit l'industrie forestière, l'industrie de l'automobile, l'industrie des pêches ou l'industrie agricole. Lorsqu'elles sont considérées en un tout, les industries culturelles ont une importance considérable par rapport à l'industrie canadienne.
Mais cela ne représente que la moitié de l'importance de ces industries, comme le reconnaît la convention internationale. L'autre volet de leur importance, c'est l'aspect social, l'aspect culturel, l'aspect qui nous définit en tant que peuple, en tant que citoyens et en tant qu'individus. Cet autre volet ajoute à la valeur d'une vie au quotidien. C'est ce qui fait, en quelque sorte, qu'une vie vaut la peine d'être vécue, lorsqu'on peut aller goûter des expressions culturelles, que ce soit la littérature, la visite de l'un des musées des beaux-arts au Canada, le visionnement d'un film ou d'une série de télévision, ou encore la participation à la danse ou au théâtre. Ce sont des activités auxquelles nous pouvons prendre part, soit comme participant actif qui les offre, soit comme spectateur ou participant qui absorbe la production créatrice des artistes. L'un et l'autre s'équivalent; l'un ne peut aller sans l'autre. Ensemble, les deux font de la vie ce qu'elle est.
On peut constater que plus un pays réussit à développer ses industries culturelles, son domaine et sa communauté artistiques ainsi que ses artistes, plus sa société est riche. C'est ce que la convention reconnaît.
[Traduction]
Actuellement, les gouvernements ont le droit et même le devoir de protéger les industries culturelles et de le faire sur un pied d'égalité dans le cadre d'instruments internationaux comme l'Organisation mondiale du commerce, ou de mécanismes de libre-échange comme l'ALENA. À l'heure actuelle, la convention a été ratifiée massivement, y compris par le Canada. Il faut espérer que d'autres pays sont sur le point de faire la même chose, de sorte qu'elle puisse entrer en vigueur le plus tôt possible.
Avant que quelqu'un ne s'avise de crier à l'antiaméricanisme, je tiens à assurer à la Chambre que ce sentiment n'a rien à voir avec la présentation de la motion. Absolument rien. Voyons quelle est la situation au Canada. L'exemple du cinéma est sans doute le pire. La partie canadienne du temps total de projection représente 1,2 p. 100. Qu'on ne vienne pas dire que nous essayons de limiter la diffusion au Canada de films produits aux États-Unis ou dans d'autres pays, car ce n'est pas vrai. Nos portes sont grandes ouvertes, au point où il n'y a pratiquement plus de place sur nos écrans pour les films canadiens. La situation est différente au Québec et dans le Canada francophone.
[Français]
L'industrie cinématographique du Québec est en plein essor. L'an dernier, elle a connu un succès phénoménal. Elle a augmenté sa part du marché à environ 27 p. 100, principalement au Québec.
Si l'on cumule sa production francophone et sa production anglophone, le Canada n'accapare qu'environ 4 à 5 p. 100 de la part du marché du pays. Cela est très peu parce que l'on peut constater que la production cinématographique américaine en a plus de 90 p. 100.
Il ne s'agit pas d'empêcher le cinéma américain d'entrer au pays. Il s'agit au contraire de créer un espace où notre propre cinéma peut être visionné.
La même chose s'applique aux livres. On n'a qu'à se promener dans n'importe quel aéroport, n'importe quel terminus d'autobus ou n'importe quelle gare pour constater que le livre, le best-seller américain est disponible partout.
[Traduction]
Notre but n'est pas de limiter l'accès aux livres américains, à la musique américaine, au théâtre américain, ou à toute autre production artistique conçue aux État-Unis et exportée vers le Canada. Ce n'est pas le but de cette initiative. Il ne s'agit absolument pas d'antiaméricanisme. C'est plutôt une initiative procanadienne. Nous voulons nous assurer que nous pouvons appliquer des mécanismes de restriction et de protection grâce auxquels les Canadiens pourront profiter, dans leur pays, des films et autres produits culturels canadiens.
[Français]
Je voudrais donc m'assurer qu'aujourd'hui, lorsque l'on participera au débat, on ne brandira pas cette question d'antiaméricanisme, car ce n'est pas le cas.
Nous insistons particulièrement sur trois éléments.
[Traduction]
Nous mentionnons donc trois éléments que nous désirons voir conservés par le gouvernement, comme les actuelles exigences en matière de contenu canadien. Loin de nous l'idée de suggérer que rien ne doit bouger, parce que nous sommes bien conscients que la technologie évolue. Nous savons que de nouvelles méthodes et de nouveaux moyens de communication sont régulièrement créés et que nous devons nous ajuster et innover au fur et à mesure, et renforcer nos positions.
J'espère que ce que nous voulons tous, dans cette Chambre, c'est d’éviter de faire machine arrière et de cesser d'exiger un contenu canadien minimum, que ce soit à la radio, à la télévision ou dans les autres industries culturelles. Au fil du temps, nous avons établi l'utilité et le bien-fondé des exigences en matière de contenu canadien, pour les ondes publiques par exemple.
Il suffit de penser aux chanteuses actuellement les plus populaires au monde pour s'apercevoir que quatre ou cinq d'entre elles sont Canadiennes et qu'elles ont grandement bénéficié des dispositions sur le contenu canadien. Je veux parler de Sarah McLachlan, d’Avril Lavigne, de Shania Twain, d’Alanis Morissette et de Céline Dion. Ces artistes justifient parfaitement l'existence d'un contenu canadien minimum à la radio. Cette disposition a donné lieu à un appui et à un enthousiasme incroyable pour l'industrie canadienne de la musique. Voilà le genre de résultats que l'on obtient grâce à la règle du contenu minimum. J'espère que tous les députés seront favorables au maintien des exigences en matière de contenu canadien.
[Français]
C'est la même chose en ce qui a trait à la propriété étrangère.
[Traduction]
Le même raisonnement s'applique aux restrictions concernant la propriété étrangère. Dans le passé, nous avons maintenu un certain nombre de restrictions du genre dans le cas d'installations de radiodiffusion, mais voilà que le gouvernement actuel risque de remettre cela en question. Or, il est important que nous confirmions notre volonté de conserver la possibilité d'être propriétaires de nos réseaux de distribution et de nos radiodiffuseurs parce que, si nous renonçons à cela, nous renoncerons à tout et je ne crois pas que c'est ce que désirent les Canadiens.
Je sais que le secteur privé et ceux qui bénéficieraient directement de la levée de telles restrictions à l’égard de la propriété étrangère souhaitent que nous abandonnions ces dispositions. C'est la nature humaine et on peut le comprendre. Il demeure que nous sommes investis d’un devoir qui, tout comme celui des CRTC de ce monde, va bien au-delà de telles considérations. Voilà pourquoi il est important qu'avant d'envisager de lever les restrictions à l’égard de la propriété étrangère -- ce que le gouvernement semble vouloir faire -- nous fassions preuve d’une extrême prudence en fixant des politiques de protection.
Certes, en ce qui concerne les télécommunications, par exemple, on pourrait très bien soutenir que des regroupements s'imposent et qu'il faut davantage ouvrir le secteur au capital étranger. Cela dit, il faudrait tout de même prévoir certaines dispositions pour que l'industrie de la radiodiffusion demeure sous contrôle canadien. Si, dans un scénario de convergence, les entreprises de télécommunications en venaient à posséder les radiodiffuseurs, nous risquerions de nous retrouver dans une situation où la totalité de nos moyens de radiodiffusion serait détenue par des intérêts étrangers. Il est donc très important de maintenir les restrictions à l’égard de la propriété étrangère.
[Français]
C'est un sujet d'actualité parce que le gouvernement, semble-t-il, entend lever ces restrictions.
Finalement, il y a la télévision publique et son financement par les contribuables.
[Traduction]
Nous, nous disons qu'il faut maintenir le niveau de financement de la radiodiffusion publique et peut-être même l'augmenter. Je veux surtout parler, dans ce cas, des réseaux anglais et français de Radio-Canada, dans leurs différentes vocations.
[Français]
Il est important de constater que Radio-Canada — de même que son équivalent anglophone CBC —, tant la télévision que la radio dans chaque cas, est devenue une institution très importante pour le pays. Les citoyens se retrouvent dans CBC et Radio-Canada. Il est donc important que cette institution garde son autonomie et aussi sa capacité de planifier.
Alors que le gouvernement se prépare à faire une révision du mandat de Radio-Canada, je crois qu'il est important que la Chambre donne son avis — et on espère que cela se fera aujourd'hui —, au sujet de l'importance de cette institution et de son financement.
En ce qui a trait au mandat de Radio-Canada, en Chambre, l'autre jour, la ministre m'a répondu qu'elle se soumettrait à la volonté du comité ou de la structure quelconque qui fera la révision du mandat de Radio-Canada et qui aura son mot à dire sur ses paramètres. J'espère que l'on aura l'occasion d'en discuter, parce que ce genre de discussions par rapport à cet enjeu est important. J'espérerais, par exemple, aller voir ailleurs dans le monde comment on finance les télévisions et les radiodiffuseurs publics.
Tels sont les enjeux que je voulais définir aujourd'hui.
[Traduction]
Nous sommes aux prises avec des débats très importants au Canada. Nous allons devoir régler des dossiers extrêmement importants et délicats. J'estime, et j'espère que mes collègues partagent mon point de vue, que la Chambre doit fixer des paramètres d’action pour le gouvernement, des orientations qu'il devra tenir en matière de restriction à l'égard de la propriété étrangère et de la radiodiffusion publique.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'Abbotsford.
Je prends la parole aujourd'hui sur la motion présentée par le député d'Ottawa--Vanier. Mais avant, je voudrais souligner que c'est la cinquième fois que j'ai l'honneur de représenter les électeurs de Kootenay--Columbia. Je remercie ces derniers de leur confiance renouvelée et je m'engage envers tous les électeurs de la circonscription, qu'ils aient voté pour moi ou non, à être leur député, à exprimer leurs points de vue et leurs souhaits à la Chambre.
Comme je l'ai déjà dit à une autre occasion, monsieur le Président, je pense que le fauteuil vous sied à merveille. Vous auriez dû l'occuper il y a longtemps.
Je ne puis appuyer la motion pour un certain nombre de raisons, mais comme je ne dispose que de 10 minutes, je ne parlerai que de l'effet qu'elle pourrait avoir sur une des plus importantes industries culturelles du pays, la radiodiffusion.
La motion du député ne tient pas compte de la rapidité des changements technologiques qui touchent la radiodiffusion, qu'il s'agisse de la diffusion d'émissions de télévision sur les téléphones cellulaires ou de la radio numérique par satellite. Je suis d'avis que les changements n'ont pour seule borne, notre imagination.
Le gouvernement est déterminé à s'adapter à ces changements, mais il doit pour cela concevoir un nouveau cadre stratégique. Je ne puis dire exactement en quoi ce cadre consistera, et le député d'en face ne le peut sans doute pas non plus. Le gouvernement est déterminé à travailler avec l'industrie, les producteurs d'émissions de radio et de télévision ainsi que la population du Canada pour trouver des solutions.
Il y a une foule de bonnes idées sur ces défis, et la motion fermerait la porte à la plupart d'entre elles. Le fait qu'une idée ait donné de bons résultats dans le passé ne garantit pas qu'elle continuera de le faire dans l'avenir.
Ne vous y trompez pas, le gouvernement n'abandonnera pas les exigences relatives au contenu canadien ni les restrictions concernant la propriété étrangère ou le soutien financier du radiodiffuseur public. Nous allons conserver ces outils, mais nous nous en servirons lorsque cela conviendra. Aucun d'entre eux ne constitue la solution idéale pour les défis auxquels est confronté le secteur de la radiodiffusion. Telle est l'essence d'une bonne politique d'intérêt public: analyser la situation et adopter des mesures ciblées, une leçon que le gouvernement précédent aurait dû apprendre.
La motion vise à enlever au gouvernement la latitude voulue pour adapter ces nouvelles politiques ou pour modifier les anciennes. Je considère que c'est une motion irresponsable. J'admets que j'ai devant moi un gentleman honorable, comme j'essaie de l'être, et qu'il n'avait probablement pas l'intention de s'associer à une motion irresponsable, mais le résultat est tout de même de dépeindre le gouvernement comme s'il était d'une certaine manière anticanadien.
Il a protesté il y a quelques minutes en disant que le débat devrait s'élever au-dessus des considérations partisanes. Pourtant, la motion vise fondamentalement à donner l'impression que le Parti conservateur est d'une certaine manière anticanadien et que les options culturelles ne l'intéressent pas. Je n'accepterai pas que le député me fasse la leçon sur la manière de protéger la culture canadienne.
La motion parle de garantir ou d'accroître le financement de la SRC. Où était le député lorsque le gouvernement formé par son parti a sabré dans le financement de la SRC en 1994, 1995, 1996, 1997 ou 1998? Où était-il lorsque le gouvernement de son parti a refusé à la SRC un financement stable dans les années qui ont suivi?
Il est vraiment triste de voir le député se présenter en ami de la SRC, alors que son propre parti a failli à la tâche de fournir un financement stable à la SRC, même lorsque ce financement stable faisait prétendument partie de sa plateforme électorale. Nous voyons encore une fois le véritable sens des promesses libérales: beaucoup d'engagements, mais peu de mesures concrètes.
Le gouvernement ne s'enfermera pas dans une obligation de financer la SRC à quelque niveau que ce soit, notamment parce que nous sommes sur le point d'entreprendre un examen du mandat de la SRC. Le genre d'engagement contenu dans la motion ne permettra pas à la SRC d'élaborer un plan stratégique. Le gouvernement veillera à ce que la SRC échappe au cycle de planification à court terme dans lequel elle a été enfermée au cours de la dernière décennie par l'ancien gouvernement libéral. À partir des résultats de l'examen du mandat, nous allons nous assurer que la société d'État planifie pour l'avenir, puis nous allons lui accorder des moyens adéquats.
Le gouvernement a la ferme intention de fournir le financement nécessaire à la SRC. Je crois qu'au cours des derniers jours, nous avons montré que nous tenons nos promesses.
Nous n'allons pas nous borner à fournir simplement de l'argent à la SRC. Nous allons nous assurer qu'elle agit véritablement en diffuseur public. Nous voulons non seulement que la SRC continue d'exister, mais qu'elle soit authentique et intéressante pour les Canadiens. Un diffuseur public qui n'a pas la cote au sein du public ne peut pas prétendre avoir réussi.
Quant à la radio commerciale, la vigueur du secteur canadien de la radiodiffusion ne fait aucun doute. On connaît les chiffres. Au Canada, plus de 750 stations de radio et de télévision diffusent des nouvelles, ainsi que des émissions de divertissement et d’information. Ces stations utilisent les signaux conventionnels, le câble et les satellites pour transmettre leur programmation jusque dans les foyers canadiens et, comme on l’a mentionné plus tôt, cette industrie fait face à un grand nombre de nouveaux défis et d’avancées technologiques.
D’ailleurs, les réseaux de distribution sont en train de changer de façon radicale. La télévision par Internet n’est pas encore là, mais je suis prêt à parier qu’elle est sur le point de faire son entrée. Si cette motion était adoptée, elle priverait le gouvernement des outils nécessaires pour relever le défi. Il faudra élaborer de nouvelles solutions à ces problèmes nouveaux et, à cause de cette motion, le gouvernement n’aurait pas la liberté voulue pour le faire. Nous aurions les mains liées.
Il n’y a pas que la politique du gouvernement qui est en jeu, loin de là. L’industrie emploie des milliers de Canadiens et génère environ 11,5 milliards de dollars d’activités économiques chaque année. La motion menacerait tout cela simplement pour permettre à l'opposition de marquer des points sur le plan politique à la Chambre.
Les centaines de radiodiffuseurs qui rendent l’industrie indispensable savent qu’il faut élaborer de nouveaux plans d’entreprise et des stratégies pour assurer le succès futur. Les gens d’en face devraient prendre exemple sur ces radiodiffuseurs et retirer cette motion rétrograde.
La meilleure manière de garantir un contenu canadien sur les ondes ne réside pas seulement dans les règlements, même si ces derniers ont un rôle à jouer à cet égard. Il faut d’abord veiller à ce qu’il y ait un système de radiodiffusion dynamique. Le gouvernement tient à ce qu’il y ait une place sur les ondes pour les voix canadiennes et nous croyons que ces voix doivent être entendues.
Cependant, il y a aussi de la place sur les ondes pour une saine concurrence. Nous ne croyons pas aux monopoles. Nous croyons dans une réglementation gouvernementale, même si nous disons qu’elle ne doit pas être omniprésente. Nous voulons encourager les talents canadiens pour qu’ils aient leur place sur les ondes partout dans le monde.
Nous allons investir dans nos artistes pour qu’ils atteignent un niveau d’excellence tel que le monde viendra à eux. Les Canadiens auront un plus grand éventail de choix à l’avenir. L'évolution technologique le garantit presque. Il ne suffit pas d'adopter une motion aujourd’hui pour qu’un grand nombre de ces choix soient canadiens.
Le gouvernement a dit qu’il veillerait à ce qu’il y ait un système canadien de radiodiffusion solide, c’est pourquoi je ne peux appuyer cette motion. On pourrait croire que c’est une proposition qui favoriserait la culture et les radiodiffuseurs canadiens, alors qu’en réalité, cette motion priverait le gouvernement des outils dont il a besoin pour élaborer des politiques qui permettront à nos radiodiffuseurs d’atteindre de nouveaux niveaux de succès.
Les Canadiens font toujours face à leurs difficultés. Ils en viennent toujours à bout et nous voulons garder la porte ouverte pour que les Canadiens réussissent, qu’ils ne soient pas prisonniers d’une motion comme celle que propose le député.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion d'aborder la motion présentée par le député d'Ottawa—Vanier. Je tiens également à remercier le député de Kootenay—Columbia de partager son temps de parole avec moi.
Le but de la motion est d'inciter le gouvernement à maintenir les programmes, politiques et règlements actuels...
[...] en maintenant ou favorisant: a) les exigences actuelles de contenu culturel canadien; b) les restrictions actuelles à la propriété étrangère dans le secteur culturel; c) le soutien financier à la radio et la télévision publiques [...]
Permettez-moi de déclarer d'emblée que nous appuyons la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. La question qui se pose pour nous concerne son utilisation abusive et erronée dans la motion dont la Chambre est saisie.
Je suis d'avis que la motion est malavisée et devrait être rejetée pour trois raisons. Premièrement, elle est prématurée et préjuge de l'aboutissement de nombreux examens de mandats qui ont été demandés par le Comité permanent du patrimoine canadien.
Deuxièmement, pour l'essentiel, elle réaffirme le statu quo, alors que, dans les faits, le 23 janvier, les Canadiens ont voté pour le changement.
Troisièmement, elle fait complètement fi du travail consacré à la préparation du rapport Lincoln, rapport exhaustif sur la radiodiffusion canadienne dont l'élaboration fut très longue. Ce rapport a été achevé en juin 2003.
Permettez-moi tout d'abord de parler de la question de l'examen du mandat. Comme la Chambre le sait, la ministre du Patrimoine canadien est en train de lancer un examen complet du mandat de la Société Radio-Canada. Les résultats de cet examen sont essentiels pour déterminer les orientations futures du plus important radiodiffuseur public du Canada.
En fait, pas plus tard que le 16 mai dernier, le Comité permanent du patrimoine canadien a adopté une motion demandant à la ministre d'offrir aux membres du comité la possibilité de revoir et de proposer des modifications au mandat de la SRC avant le commencement de la révision du mandat.
Le gouvernement entend offrir un financement stable à long terme pour la radiodiffusion et les arts au Canada. Contrairement au gouvernement précédent, qui a promis d'appuyer la SRC, mais qui a sabré son budget ensuite, nous allons continuer de tenir nos promesses.
Je note également que, lors de la même réunion du comité du 16 mai, les membres ont accepté à l'unanimité d'examiner les mandats de toutes les sociétés d'État relevant de leur compétence pour veiller à ce qu'elles soient capables de bien s'en acquitter.
Bien entendu, l'objectif des examens de mandat est de déterminer si de nouvelles politiques et de nouvelles méthodes doivent être mises en oeuvre pour permettre aux artistes et aux créateurs du Canada de s'adapter à une technologie qui évolue rapidement et à une concurrence mondiale acharnée.
Malheureusement, si la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui devait être adoptée, cela rendrait fondamentalement l'examen de mandat inutile, étant donné que la motion présume du résultat de ces examens.
En ce qui concerne la deuxième question, je remarque que la motion vise à préserver le statu quo. Elle demande qu'on maintienne les exigences actuelles de contenu culturel canadien et les restrictions actuelles à la propriété étrangère dans le secteur culturel.
Ce que le député d'Ottawa—Vanier juge bon d'oublier, c'est que le 23 janvier les Canadiens ont voté en faveur d'un véritable changement. Ils ont rejeté un programme libéral qui faisait fi des nouvelles réalités technologiques et n'aidait pas les artistes canadiens à être compétitifs sur la scène internationale.
Pour sa part, le gouvernement conservateur entend travailler avec le secteur culturel pour élaborer des politiques qui assureront sa réussite. Il est important de collaborer avec les industries culturelles pour veiller à ce qu'elles aient les moyens de faire face aux nouvelles réalités technologiques du XXIe siècle.
Les vieilles solutions ne fonctionnent plus, mais c'est exactement ce que cette motion propose. La motion garantit que les artistes et les industries culturelles du Canada vont prendre encore plus de retard sur le reste du monde pour ce qui est de poursuivre leurs aspirations et leurs objectifs artistiques.
La troisième raison pour laquelle je m'oppose à cette motion est peut-être la plus troublante. Il s'agit du mépris total que cette motion exprime pour le travail très exhaustif effectué par le Comité du patrimoine canadien dans le passé. On n'a qu'à penser au rapport Lincoln qui a été présenté en juin 2003 et qui se veut un examen exhaustif de l'industrie de la radiodiffusion au Canada.
Le rapport souligne de façon très détaillée une foule de défis que l'industrie de la radiodiffusion doit relever, au moment où elle cherche à se faire le reflet de notre identité et de notre patrimoine culturels, tout en demeurant viable et concurrentielle à l'échelle mondiale.
La fragmentation de l'auditoire; la perte d'émissions locales, communautaires et régionales; de nouvelles technologies qui évoluent rapidement; la consolidation et la convergence d'entités de radiodiffusion; la difficulté à préserver l'identité culturelle du Canada, voilà toutes des questions qui ont été traitées longuement dans le rapport Lincoln.
En outre, le rapport formule de nombreuses recommandations qui visent à préserver et à accroître la viabilité d'une industrie de la radiodiffusion typiquement canadienne. Les recommandations portent également sur bon nombre des besoins des producteurs et des artistes qui livrent le produit aux télévisions, aux radios et aux ordinateurs canadiens.
Par contre, la motion fait fi de plusieurs années de consultations et de travaux acharnés de la part du comité. Elle ne fait que présenter de nouveau un ramassis de banalités éculées qui n'ont d'autre but que de favoriser, semble-t-il, les objectifs politiques de son auteur.
La motion est tout à fait inutile. S'il existait quelque doute que ce soit au sujet de l'engagement du gouvernement à investir dans le secteur des arts et de la culture, il suffirait de jeter un coup d'oeil au récent budget du gouvernement qui investissait un montant supplémentaire de 50 millions de dollars dans le Conseil des Arts du Canada. Le budget prévoyait aussi des exonérations fiscales permettant de créer une catégorie de dons de charité équivalant à environ 300 millions de dollars. Il importe également de noter que c'est le gouvernement actuel qui a assuré directement la participation du Québec à l'UNESCO.
Le moment où la motion est présentée et son libellé ne présagent rien de bon pour les travaux à venir du Comité du patrimoine. Il importe de souligner que la motion ne découle pas des travaux de ce comité. J'avais présumé, peut-être naïvement, que les travaux de notre comité seraient menés en toute bonne foi, dans l'intérêt de tous les Canadiens. J'avais présumé que le processus habituel d'examen serait respecté. Malheureusement, il semble que la motion soit le fruit d'une tentative éhontée pour contourner le mandat du comité en réaffirmant un programme libéral qui a échoué.
Si la motion est adoptée, les travaux du comité s'en trouveront minés. Elle sous-entend qu'on ne peut pas faire confiance à la ministre et aux membres du comité pour qu'ils agissent en toute bonne foi et dans l'intérêt supérieur des Canadiens. Essentiellement, la motion rend inutiles tous les travaux à venir du Comité du patrimoine. En ce sens, elle est vexatoire, et je demande aux députés de ne pas l'appuyer.
:
Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je souhaite souligner que je ne considère pas personnellement cette motion comme une platitude. Je ne considère pas non plus les propos ou les arguments de mes collègues comme des platitudes.
Le Bloc québécois est en faveur de la motion. Il est néanmoins convaincu que ce serait plus réaliste de considérer que le Québec, en matière de régulation culturelle, est mieux placé pour défendre adéquatement les dossiers liés à sa propre culture.
Le Bloc québécois considère comme essentielle la réglementation en matière de radiodiffusion et de télécommunications. Le Bloc québécois rappelle que l'atteinte la plus sévère à l'égard du contenu canadien a été perpétrée sous les libéraux, et avec leur assentiment, dans le dossier des radios satellites. Le Bloc québécois, s'il est en faveur du soutien financier approprié de la radio et de la télévision publiques, s'oppose cependant à leur utilisation à des fins de propagande fédéraliste.
La motion libérale s'appuie sur la convention sur la diversité des expressions culturelles.
Le titre officiel du projet de convention de l’UNESCO est « Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ». Il a pour effet de:
Reconnaître en droit international la nature spécifique des biens et services culturels, en tant que porteurs de valeurs, d’identité et de sens.
Affirmer clairement le droit des États de se doter de politiques culturelles visant à assurer une véritable diversité des expressions culturelles sur leur territoire.
Établir des dispositions par lesquelles les pays développés s’engagent à aider les pays en développement à soutenir le développement de leurs propres industries culturelles en émergence.
Établir le principe de non-subordination, qui donnera à la convention un statut en droit international égal à celui d’autres traités internationaux, notamment les accords de commerce.
Engager les pays à tenir compte des dispositions de la convention, non seulement lors de la négociation d’autres accords internationaux, mais également dans l’application et l’interprétation des accords auxquels ils sont parties.
Établir un mécanisme de base de règlement des différends, qui, au fil des années, aura le potentiel de produire un corps de décisions sur les questions de politique culturelle et d’influer ainsi sur le traitement de la culture dans le cadre des accords de commerce.
Ce texte liminaire étant dit, jusqu'à ce que la souveraineté du Québec se matérialise dans les faits, la viabilité des intérêts culturels du Québec, par pans entiers, repose inconstitutionnellement et intimement sur la position que le gouvernement fédéral prendra dans chacun des dossiers liés à la culture et aux communications, à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières actuelles.
En ce qui concerne l'UNESCO, il est déplorable que les Québécoises et Québécois soient dans l'incapacité de faire directement les représentations nécessaires auprès des autres nations, membres de l'UNESCO, dans le but de les encourager à ratifier la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Cette convention a besoin de la ratification de 30 pays pour être opérationnelle. Au moment précis où je vous parle, il n'y a que deux pays qui l'ont ratifiée: le Canada et Maurice. Est-ce à dire que dans son inaction à convaincre d'autres nations de ratifier ladite convention, le gouvernement fédéral, traditionnellement un leader international à ce chapitre, a déjà battu en brèche? Je me pose la question.
Allons-nous être de nouveau, en cette Chambre, les témoins privilégiés du syndrome de l'axe Asie-Pacifique dans le dossier sensible de la convention, comme ce fut le cas pour le Protocole de Kyoto?
Rappelons sommairement la genèse et la quintessence qui anima les débats relativement à cette convention lors de la 38e législature.
Le Bloc québécois, animé et nourri par l'aile québécoise, son cousin et allié péquiste, a mené une bataille sur le terrain pour justement défendre ce dossier, parce qu'il était important, déterminant pour son identité, pour sa culture, au sein de cette grande famille nord-américaine dominée en particulier par le grand voisin états-unien. Aussi est-ce avec énormément de passion que nous avons entrepris ici des représentations auprès de personnalités autres que canadiennes pour les sensibiliser, afin qu'à leur tour, de retour dans leur propre pays, elles portent le message que c'est une convention qui permet de nous préserver contre l'homogénéisation et la standardisation culturelles, contre l'aliénation et l'acculturation.
Car, que serions-nous demain si d'aventure nous nous laissions tomber dans les schémas de référence, dans les produits culturels qui nous viennent du grand voisin qui exporte pour près de sept milliards de dollars par an de produits culturels? Que deviendrait l'identité de nos enfants et de nos petits-enfants si nous nous laissions nourrir par ces références de ces modèles d'identification?
Là était le fondement de notre bataille et nous fûmes contents de voir que le gouvernement précédent a porté le ballon jusqu'à ce que satisfaction soit faite de notre bord.
Dans sa névrose de responsabilisation, le nouveau gouvernement — en l'occurence le gouvernement conservateur — devrait commencer par balayer devant sa propre porte en faisant preuve de « sens de l'État ». En d'autres termes, il se doit d'honorer et de promouvoir par l'action la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, obtenue de haute lutte, signée et ratifiée par le précédent gouvernement. Il doit notamment s'assurer que cette convention ne sera pas sacrifiée sur l'autel de l'OMC et qu'elle maintiendra un mécanisme de règlement des différends permettant d'éviter que des tribunaux commerciaux déterminent ce qu'est une politique culturelle « acceptable ».
Si la culture devait être considérée comme une marchandise, cela nous mènerait vers une forme de darwinisme culturel où seuls les plus forts et les plus puissants survivraient.
Le gouvernement fédéral doit donc confirmer qu'il ne participera pas à une telle entreprise, en posant des gestes concrets ici et maintenant. Cela implique (pour nous, jusqu'à ce que le Québec daigne se dire oui à lui-même) que les ministères et les agences du gouvernement fédéral maintiennent les programmes, politiques et règlements qui appuient le secteur artistique et les industries culturelles, en particulier en maintenant ou en favorisant les exigences actuelles de contenu culturel canadien. Ce volet mérite une petite mise au point. Dans ce cadre, je ramènerai en surface le dossier de la radio satellite.
Le problème majeur, dans le développement du contenu canadien et francophone dans la radio commerciale, vient de l'avènement de la radio par satellite. Si celle-ci reste un acteur marginal, les conditions de licence qui lui ont été accordées sont nettement en deçà de celles de la radio commerciale et ont grandement inspiré les radiodiffuseurs conventionnels qui ont désormais beau jeu de demander un allègement de leurs propres conditions d'exploitation.
Il faut se rappeler que le gouvernement libéral avait le pouvoir de renvoyer au CRTC sa décision, et qu'en ne le faisant pas, il entérinait de fait la décision du conseil. En d'autres termes, les libéraux, qui présentent aujourd'hui cette belle motion — je ne le dis pas ironiquement, je suis sincère —, ont contribué à abolir la force de la souveraineté culturelle canadienne et ont porté un dur coup à la diversité culturelle.
Le député libéral de Bourassa, en désaccord avec la position de son propre gouvernement et en désaccord avec le CRTC, préconisait quant à lui l'abolition pure et simple du CRTC.
Dans une lettre ouverte de septembre 2005, alors que le dossier n'était pas réglé, l'humble personne que je suis, porte-parole en matière de patrimoine, avait clairement exposé le problème. La missive s'intitulait: La menace vient de l'espace. En voici un extrait:
La décision du CRTC, en juin dernier, d'attribuer les licences aux services de radio numérique par satellite, Sirius Canada et CSR, est certainement une mauvaise nouvelle pour le monde de la radio au Canada et au Québec, mais pire encore, elle illustre la position du gouvernement fédéral — décision du 8 septembre dernier —, quand celui-ci refuse de demander au CRTC de revoir sa décision comme le lui permettait la loi.
En décidant de ne pas tenir compte des nombreuses demandes mixtes de révision, notamment celles de l'ADISQ, de l'Union des artistes, de la SOCAN et de cinq autres signataires du milieu, en décidant aussi de ne pas renvoyer le CRTC pour réexamen de sa décision, le gouvernement fédéral, de sa propre initiative, a abdiqué la souveraineté culturelle canadienne et — du coup encore bien malgré nous —, québécoise.
Les libéraux ont modifié la politique d'utilisation de satellites pour permettre l'exploitation de ces licences, pour permettre à des entreprises gérées aux États-Unis, Sirius Satellite Radio et XM, maisons mères de SIRIUS Canada et CSR, de contrôler effectivement ce nouveau médium.
La pire atteinte à la souveraineté culturelle canadienne, je le répète, a été portée il y a à peine un an par le parti qui dépose aujourd'hui cette motion.
Je me rappelle avoir déposé, au Comité permanent du patrimoine canadien, une motion visant justement à amener mes collègues libéraux, conservateurs et néo-démocrates à réagir par rapport à ce qui se passait derrière des portes closes. Je ne voulais pas m'étendre sur la saga entourant la décision qui avait entériné celle du CRTC d'octroyer ces deux licences d'exploitation. Cependant, force était de constater qu'il y avait unanimité audit comité pour adopter cette motion qui se lisait comme suit:
Que de l'avis du comité, le gouvernement fédéral doit resserrer ses politiques en radiodiffusion, tel que stipulé dans le rapport du comité intitulé Notre Souveraineté culturelle: le deuxième siècle de la radiodiffusion canadienne, de telle sorte que le Canada contrôle l'intégralité de la diffusion radio et télévisuelle sur son territoire.
Cette motion fut adoptée à l'unanimité au Comité permanent du patrimoine canadien le 22 novembre 2005.
Maintenant, je souhaiterais parler de la propriété étrangère. Comme les collègues d'en face doivent probablement l'anticiper, le Bloc québécois est contre tout relâchement de la réglementation en matière de propriété étrangère dans les télécommunications. Système névralgique qui est au coeur de la souveraineté de toute nation, les télécommunications doivent effectivement être contrôlées par les pays.
Dans son rapport dissident au rapport Notre souveraineté culturelle de juin 2003, le Bloc québécois rappelait ceci:
Nous croyons que l'élargissement de la propriété étrangère ne solutionnerait pas le problème de la concentration des médias. Au contraire, un assouplissement des restrictions sur la propriété étrangère et l'arrivée de capitaux neufs accéléreraient les processus de concentration.
Les créateurs du Québec qui ont témoigné devant le comité se sont unanimement prononcés en ce sens, et je cite:
[...] sans propriété canadienne des entreprises de radiodiffusion, il serait impossible de préserver l'intégrité du système et sa mission fondamentale, qui est de servir à sauvegarder, enrichir et renforcer la structure culturelle, politique, sociale et économique [...]
Nous sommes extrêmement inquiets que le Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie ait recommandé la libéralisation de la propriété étrangère en matière de télécommunications et, par la bande, la libéralisation des règles de propriété pour les entreprises de distribution de radiodiffusion.
Le Bloc québécois recommandait, à l'époque, que la ministre du Patrimoine canadien défende activement auprès de son collègue de l'Industrie le maintien des règles actuelles de propriété étrangère pour les télécommunications et la radiodiffusion.
Or, le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire en matière de télécommunications, qui déposait son rapport en mars 2006, préconisait pour sa part un relâchement des règles de propriété étrangère, comme en fait foi ici l'article du 26 mars de la Presse Canadienne qui disait ceci:
Les trois experts se sont aussi permis d'émettre une série de recommandations sur deux sujets plus controversés qui ne tombaient pas sous leur mandat, soit la politique de radiodiffusion et la propriété étrangère.
À leur avis, il est plus que nécessaire qu'un groupe d'experts indépendants se penche sur ces deux questions, puisque, convergence oblige, elles sont liées au secteur des télécommunications.
En attendant ce rapport, Ottawa devrait autoriser les investissements étrangers dans les compagnies de télécommunications qui ne sont pas soumises à la Loi sur la radiodiffusion.
Le ministre de l'Industrie pourrait donc trouver dans ce rapport l'occasion d'ouvrir le débat sur la propriété étrangère, un sujet pour lequel il dit entretenir une certaine sympathie. Dans une entrevue au Globe and Mail, le ministre de l'Industrie se disait ouvert à discuter de cette question.
Évidemment, le Bloc québécois se battra contre tout relâchement qui aurait nécessairement des impacts sur les télécommunications québécoises.
Parlons maintenant des restrictions actuelles de la propriété étrangère dans le secteur culturel. En commandant un rapport affecté de recommandations sur la question, on se doit de poser quelques questions. Dans quelle perspective logeaient les desseins véritables des libéraux? Une plus grande place aux capitaux étrangers? La question se pose. Un pas de plus dans la démolition de la souveraineté culturelle du Canada et celle du Québec? Cette autre question se pose.
Aujourd'hui, les conservateurs ont hérité du dossier. Quelles sont leurs dispositions relativement à ces recommandations? Dans l'hypothèse où ce nouveau gouvernement abaisserait ou supprimerait les restrictions imposées à la propriété étrangère dans le domaine des télécommunications, je peux mettre ma main au feu, je suis certain qu'il nous mettra dans de beaux draps pour des générations à venir. Eu égard à la réalité de la convergence dans le domaine de la radio, de la câblodistribution et des télécommunications, les modifications relatives à la propriété des moyens de télécommunication, quelle qu'elles soient, auront des répercussions néfastes sur l'actuelle législation en matière de radiodiffusion.
Or, si le Bloc est aujourd'hui favorable à la motion des libéraux, il n'est pas inutile de rappeler qu'en septembre 2005, le ministre libéral de l'Industrie, aujourd'hui ministre conservateur du Commerce international, se disait, comme je l'ai dit tantôt, ouvert au relâchement des règles en matière de propriété étrangère. On voit là ce qu'on a cherché dans leur plateforme électorale pendant la campagne électorale: leur vision en matière de politique culturelle, leur vision en matière de politique relative à la radiodiffusion, plus précisément.
Il est à noter que cette perspective qui est la leur, soit celle d'intégrer le marché, d'intégrer le privé dans le domaine et de baisser la garde par rapport à notre grand voisin exportateur de produits culturels, inspire l'ensemble des collègues de cette Chambre à anticiper cette fragilisation de la souveraineté culturelle canadienne et, par la bande, québécoise. Je sais que l'opposition votera à l'unanimité pour cette motion.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de Parkdale—High Park.
Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole encore une fois à la Chambre et de représenter ainsi les gens de Timmins—Baie James et le Nouveau Parti démocratique dans une discussion sur l'importance de préserver la diversité culturelle.
Je suis heureux que cette motion ait été présentée par mon collègue, le député d'Ottawa—Vanier, puisque c'est clair que nous devons, en tant que majorité à la Chambre, donner des instructions au gouvernement sur la manière de respecter nos obligations face à l'UNESCO. Il n'y a pas de doute que, depuis une douzaine d'années, ce n'est qu'en principe que nous avons appuyé la programmation culturelle dans notre pays. Nous accumulions des excédents parmi les plus importants de l'histoire du Canada, mais nous assistions quand même à des compressions dans le financement du Conseil des arts, de la SRC, de la programmation régionale et d'autres programmes du domaine des arts.
[Français]
Dans la région de Timmins—Baie James par exemple, sous les libéraux, il manquait d'appuis pour les organisations qui travaillaient à promouvoir la langue et l'identité des Franco-Ontariens. Ces organisations, l'ACFO, le Centre culturel ARTEM et le Centre culturel La Ronde, ont lutté en faveur de la vitalité et du patrimoine des familles qui habitent dans des communautés rurales et isolées du Nord. Il est nécessaire que le gouvernement prenne des engagements envers ces communautés, en faveur de ces programmes.
[Traduction]
Les gouvernements doivent être impliqués, mais il faut aborder cette question dans le cadre plus large du commerce international et de la propriété étrangère en matière de pratiques culturelles. Dans le monde entier, des pays doivent lutter contre l'appauvrissement croissant du fonds génétique de l'expérience culturelle. Tous les pays luttent pour conserver leur identité régionale et leurs moyens d'expression régionaux face à l'invasion de la monoculture Disney.
Au Canada, nous avons réalisé que les belles paroles ne suffisent pas. Il faut aussi mettre en oeuvre des politiques claires. À quoi bon parler de notre appui à l'UNESCO si le Parlement, premièrement, n'appuie pas sans réserve nos politiques culturelles sur le terrain et, deuxièmement, ne donne pas de directives claires à nos négociateurs commerciaux afin qu'ils insistent sur le fait que nos droits culturels ne sont pas à vendre. Ce qui est très clair, c'est qu'à la suite de l'adoption de la convention à l'UNESCO, les États-Unis ont redoublé d'efforts pour inclure les questions culturelles dans les ententes bilatérales. Les États-Unis sont réfractaires à l'UNESCO et nous pouvons observer, à l'AGCS, à Genève, leurs tentatives visant à saper les droits culturels.
[Français]
Les négociations sur l'Accord général sur le commerce des services vont à l'encontre de nos engagements à l'UNESCO. Par exemple, pourquoi offrir un siège au Québec à l'UNESCO si les conservateurs ont déjà enlevé notre diversité culturelle?
[Traduction]
Les négociations en cours en ce moment même à l'AGCS auront un impact profond sur notre capacité de préserver notre identité culturelle. Par exemple, en mars, lorsque le ministre de l'Industrie a été saisi des recommandations sur les modifications relatives aux télécommunications, il a dit qu'il faudrait des semaines et même des mois pour les étudier avant de pouvoir formuler des recommandations sur la levée des restrictions à la propriété étrangère. Pourtant, nous savons que les délégations commerciales canadiennes à Genève avaient déjà reçu, à moment-là, des instructions très claires.
Le Canada s'est associé à la demande présentée aux pays de l'AGCS afin qu'ils acceptent de lever les restrictions à la propriété étrangère dans tous les secteurs des télécommunications. Cette demande commerciale, telle que présentée par le gouvernement conservateur, s'écarte radicalement de notre politique des télécommunications. Elle est contraire à la loi canadienne existante et aura des incidences marquées sur notre capacité de préserver la politique culturelle domestique du Canada. Le gouvernement conservateur a déjà entamé ces pourparlers, sans tenir au préalable un débat au Parlement, sans consulter les intervenants et en cachant aux Canadiens l'enjeu des négociations.
[Français]
Nous devons étudier le programme conservateur pour les restrictions de propriété des médias, du téléphone et du câble. Je crois que les conservateurs voudront ouvrir les marchés à la propriété étrangère.
Le NPD reconnaît que le Canada doit appuyer les industries culturelles. Il faut appuyer la diffusion, les arts et les magazines parce qu'ils sont d'une importance capitale pour l'identité canadienne et pour sa survie dans un marché mondial privatisé.
[Traduction]
Quand l'examen des télécommunications était en cours, des questions ont été posées. Nous n'avons toujours aucune réponse. Les négociations sur l'AGCS sont en cours, mais nous n'avons toujours aucune réponse.
Nous devons passer en revue les principaux acteurs dans ce dossier. Prenons le ministre de l'Industrie. Avant d'être élu, il travaillait pour un centre d'études et de recherches de droite, situé à Montréal, qui prône la déréglementation totale du marché des télécommunications. L'autre acteur principal est le député de Vancouver Kingsway. La demande plurilatérale a dû être faite du temps où il était le ministre libéral responsable de l'examen des télécommunications. Aujourd'hui, il est le principal négociateur dans le cadre des discussions commerciales sur la déréglementation des télécommunications. Il n'a pas dû faire un bien grand bond idéologique pour adopter le programme du premier ministre.
La question qu'il faut poser est la suivante: qu'est-ce que les changements aux télécommunications ont à voir avec notre capacité de maintenir notre politique culturelle et de respecter nos obligations envers l'UNESCO? Étant donné la convergence du marché des télécommunications, les compagnies de câblodistribution et de services Internet qui risquent d'être achetées par des compagnies étrangères sont les compagnies qui assurent la plupart des services de radio et de télévision que nous utilisons et qui détiennent une bonne partie de notre presse écrite. J'imagine que ces compagnies se déroberont à leurs obligations relatives à la diffusion si nous modifions les restrictions en matière de propriété étrangère. Il est ridicule de penser que nous pourrons continuer à respecter le quota de contenu canadien et ériger un mur autour de notre industrie nationale si nous permettons à des géants américains de s'approprier cette industrie.
À la lumière de tout cela, toutes les promesses du gouvernement sont vaines. À l'heure actuelle, le Canada a reçu une demande plurilatérale dans le cadre de l'AGCS, à Genève, dans le domaine des services audiovisuels. Les discussions en cours — qui restent pour nous un mystère à l'instar du mandat confié par le gouvernement à ses négociateurs — portent entre autres sur l'élimination éventuelle des exigences relatives au contenu canadien, des politiques fiscales qui encouragent la production de films au Canada ainsi que de toutes les restrictions à la propriété étrangère en ce qui concerne la production et la prestation de services audiovisuels.
Le Parlement a fixé des limites très claires à la propriété étrangère dans les secteurs de la radiodiffusion et des télécommunications. Nous devons insister pour que nos négociateurs commerciaux, qui s'engagent à représenter le Canada sur la scène internationale, comprennent qu'ils doivent se conformer au droit canadien actuel. Si le gouvernement souhaite présenter un programme visant à modifier notre législation en matière de radiodiffusion et de télécommunications, il devrait le faire à la Chambre et soumettre ces objectifs à un débat, mais il ne peut pas faire cela à Genève, puis ramener un accord ayant valeur de fait accompli.
Toute modification de la propriété canadienne dans notre pays, toute modification de la participation majoritaire dans les secteurs de la radiodiffusion et des télécommunications, doit être soumise à la Chambre. Je suis très heureux que la motion ait ouvert ce débat, car elle nous permet, pour la première fois, de communiquer cette problématique au peuple canadien.
Je voudrais donc proposer un amendement qui nous aidera dans nos discussions et qui, je crois, aidera aussi le gouvernement à comprendre ses obligations envers le Parlement. Je propose:
Que la motion soit modifiée par l'insertion, immédiatement après les mots « que le gouvernement », de ce qui suit:
« donne des consignes aux négociateurs commerciaux pour faire en sorte que les droits culturels nationaux ne soient pas minés dans toute négociation commerciale et »
Nous reprenons ensuite le texte de la motion: « que la Chambre insiste que le gouvernement... »
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi d'intervenir aujourd'hui au sujet de la motion importante présentée par le député d'Ottawa—Vanier. Ma circonscription, Parkdale—High Park, à Toronto, abrite de nombreux artistes et des personnes qui gagnent leur vie dans le secteur culturel. Ce sont nos amis et nos voisins et ils font de la collectivité un lieu unique et un meilleur endroit où vivre.
L'ancienne porte-parole néo-démocrate en la matière, Wendy Lill, a déjà déclaré que l'art constitue l'âme de toute grande nation. Elle avait raison et, pour la ville de Toronto, c'est plus que cela. La culture et les arts sont synonymes d'emplois pour les Canadiens. À Toronto, la production cinématographique et télévisuelle à elle seule procure 25 000 emplois. Le secteur culturel au sens large en procure des centaines d'autres.
Toronto a récemment commandé un plan culturel pour la ville. Ce plan indique clairement que la richesse de Toronto est créée en grande partie par les gens qui travaillent avec les idées et que, selon les études, ces personnes préfèrent vivre et travailler dans un milieu où il y a une scène culturelle dynamique. Le plan mentionne aussi que le secteur culturel de Toronto est la dynamo qui actionne le plus puissant moteur économique du pays.
Toutefois, contrairement aux produits qui dépendent de ressources non renouvelables, le secteur de la création constitue une ressource infinie et, à mon avis, il est la clé d'une économie du XXIe siècle prospère. Notre maire, David Miller, a dit récemment que, même si le secteur culturel de Toronto est une industrie de un milliard de dollars, il faut faire beaucoup mieux. Par exemple, a-t-il dit, certains incitatifs fiscaux fédéraux sont tellement déconnectés de la réalité qu'il devient plus logique pour les producteurs de tourner une émission sur Toronto à Regina ou à Winnipeg. Il a déclaré:
En sapant la viabilité de l'industrie de Toronto, on sape celle de l'industrie à l'échelle du pays [...] on amène des femmes et des hommes qui travaillent fort à quitter la profession de leur choix [et] on réduit le talent et la diversité des talents partout au pays [...]
Le secteur culturel est aussi un de ces moteurs économiques uniques qui laissent une très petite empreinte écologique. Les investissements dans les arts créent de l'emploi, renforcent l'identité nationale et nous permettent de faire entendre notre voix d'une manière durable sur le plan environnemental. C'est un secteur bénéfique pour tous.
En dépit de cela, le secteur des arts et de la culture est menacé, après des années de compressions, de déréglementation, de règles commerciales injustes et de nominations politiques au sein de notre radiodiffuseur public. C'est la raison pour laquelle notre caucus appuie non seulement la motion d'aujourd'hui mais a proposé un amendement visant à la renforcer. C'est également la raison pour laquelle notre caucus a proposé des amendements de fond à la Loi fédérale sur l'imputabilité, afin de contrer l'important phénomène des nominations politiques, qui a terni la réputation de Radio-Canada sous le gouvernement précédent.
La décision du réseau anglais de Radio-Canada, la CBC, d'annuler des émissions comme This is Wonderland a des répercussions graves non seulement sur l'emploi mais sur notre identité collective. On ne diffuse plus, à l'heure actuelle, de dramatiques d'une heure réalisées à Toronto. Il faut dire également que la décision de la CBC de supprimer son service scénographique, qui entraînera l'élimination de pratiquement une centaine d'emplois et aura inévitablement une incidence sur la qualité de notre radiodiffuseur public, reflète également une imprévoyance insondable.
C'est avec plaisir que j'ai fait cause commune avec les employés de la CBC vendredi dernier pour dénoncer ces compressions, mais il est consternant de considérer que, si elles sont autorisées, la CBC n'aura plus la capacité de concevoir des décors ou de fabriquer des costumes et des accessoires ou de produire des effets spéciaux à l'endroit même où se situe l'épicentre canadien de la radiodiffusion publique de langue anglaise. La CBC n'aura plus la capacité de produire des émissions complètes à l'interne. Une fois de plus, la CBC est laissée pour compte et nous sommes en train de perdre notre radiodiffuseur public par amputations successives. Il est nécessaire que notre ministre du Patrimoine canadien intervienne pour mettre un terme à cette braderie.
Il nous faut un secteur culturel fort qui puisse être le reflet de notre vécu comme Canadiens et assurer la protection de notre souveraineté. Le gouvernement doit respecter l'esprit de la motion à l'étude et de son amendement et la ministre doit prendre cette question au sérieux. Si tel est le cas, nous aurons grandement progressé dans la protection et la valorisation de nos droits culturels et de notre secteur culturel.
J'invite la ministre à saisir l'occasion qui se présente aujourd'hui de signaler au CRTC la nécessité d'imposer aux radiodiffuseurs canadiens privés des exigences en matière de contenu des dramatiques télévisées et de renforcer notre radiodiffuseur public. La ministre a déjà été commissaire du CRTC et cadre supérieur du secteur de la télévision. Elle comprend donc bien le secteur. En 2004, elle a reconnu la nécessité d'un financement stable lorsqu'elle a déclaré qu'il fallait « que les artistes soient au courant et qu'ils puissent compter sur des sommes stables année après année. »
J'espère également que la ministre favorisera un accroissement de l'investissement à long terme visant la CBC. C'est seulement ainsi que nous serons en mesure de refléter la réalité qui est la nôtre et protéger nos emplois dans le secteur culturel.
:
Monsieur le Président, je vais partager le temps de parole qui m'est accordé avec le député de Bonavista—Gander—Grand Falls—Windsor.
J'ai l'honneur de prendre la parole devant la Chambre aujourd'hui pour parler de cette question très importante qu'est le soutien de l'État canadien au secteur artistique et culturel.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais saisir l'occasion pour remercier les gens de la circonscription de Churchill de m'avoir élue pour les représenter au Parlement du Canada. J'aimerais aussi souligner que la demeure ancestrale de ma famille se trouve dans la circonscription de Churchill. Ma famille fait partie de la nation crie de Norway House, au nord du lac Winnipeg.
Si je mentionne mes origines, c'est qu'elles sont pertinentes dans le cadre de la discussion d'aujourd'hui. Je suis une femme crie et j'ai eu l'occasion de participer d'une manière extraordinaire aux activités du secteur artistique et culturel canadien. J'ai travaillé comme actrice et productrice dans le secteur artistique et j'ai participé à l'industrie culturelle du pays.
En tant qu'actrice, j'ai eu la chance de jouer dans l'une des séries télévisées les plus populaires de l'histoire canadienne. Au nord du 60e a tenu l'affiche pendant six saisons à la télévision anglaise de Radio-Canada. C'était la première fois qu'à la télévision canadienne une série dramatique se déroulait principalement au sein d'une population autochtone. L'émission a fini par devenir partie intégrante du tissu culturel du pays.
Le succès de cette émission n'est pas seulement significatif parce que c'est une émission de télévision canadienne, mais également à cause de l'aventure vécue lors de sa conception, de son élaboration et de sa production et à cause de ses répercussions. Ce sont des scénaristes et des producteurs indépendants qui l'ont créée, et il a fallu un acte de foi de la part d'une maison de production et d'un diffuseur pour que le projet devienne réalité.
En 1992, on se demandait si on arriverait à écrire le scénario, à recruter des comédiens et à réaliser un projet de cette amplitude. On a réussi à engager de nombreux Autochtones possédant la formation et les compétences nécessaires pour remplir les fonctions artistiques étant donné que nous étions nombreux à posséder déjà une vaste formation dans les arts. Comme la production devait refléter un groupe culturel particulier, des Autochtones ont participé à l'écriture des textes et à la répartition des rôles et ont agi en tant qu'experts-conseils artistiques au cours de la phase d'élaboration.
L'équipe de production ayant compris la nécessité de bien rendre la culture propre aux Dénés parlant la langue des Esclaves du Sud, l'émission a fait figure de pionnière dans le milieu de la télévision. Je crois que le pays se montrait ainsi conscient de l'importance qu'il attache à l'industrie culturelle.
Pour un grand nombre de personnes d'un bout à l'autre du pays, c'est cette conscience qui nous définit en tant que Canadiens. C'est la conscience que nous avons de notre diversité qui prend racine et qui nous donne la possibilité de communiquer avec les autres et d'écouter ce qu'ils ont à dire. C'est ce qui rend ce pays si intéressant.
Il ne fait aucun doute que je ne serais pas ici aujourd'hui si ce n'était de l'industrie des arts et de la culture, non seulement parce que cette industrie m'a donné l'occasion de voir toute cette dynamique à l'oeuvre, mais également parce qu'elle m'a donné la chance de faire ma part et de travailler dans le domaine du théâtre et des arts au cours de ma jeunesse. C'est ce secteur économique qui avait une place à m'offrir en tant que jeune femme crie alors que tellement d'industries n'avaient rien pour moi au cours des années 1970.
Ayant travaillé dans le secteur culturel et y ayant consacré ma vie, j'ai été en mesure de reconnaître l'importance de l'appui et de la protection que l'on doit accorder à ce secteur au Canada. En octobre dernier, l'UNESCO, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, a adopté la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. J'ai été très touchée quand le gouvernement libéral précédent, sous la direction de l'ancien premier ministre, a approuvé cette convention le 23 novembre 2005.
Cette convention reconnaît la valeur tant économique que sociale des biens et services culturels, ainsi que le droit de l'État de prendre des mesures à l'appui des diverses expressions culturelles. Le gouvernement libéral a également lancé à ce moment-là un mouvement visant la mise en place d'une stratégie à l'échelle internationale.
La convention reconnaît les répercussions de la mondialisation au niveau de l’évolution rapide de la technologie et les défis que cela présente pour le respect et le maintien du droit à la diversité culturelle. L'UNESCO a affirmé que:
En dépit de sa force morale incontestable qui marque un jalon majeur en matière de coopération internationale, la Déclaration n’a pas été jugée suffisamment opérationnelle par les États membres face aux menaces concrètes auxquelles est confrontée la diversité culturelle à l’ère de la mondialisation. C’est pourquoi a été mis à l'étude un instrument normatif de nature contraignante portant sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques.
Elle s'inspire de la convention de 1972 sur la protection du patrimoine naturel et culturel mondial et de la convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Au niveau international, l’effort est cohérent en ce qui concerne la culture et la préservation et la promotion de la diversité. Ce sont les piliers de nos sociétés. Ensemble, ces textes renforcent le principe consacré par la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle: la diversité culturelle doit être reconnue comme le patrimoine commun de l’humanité et sa défense est un impératif éthique indissociable du respect de la dignité humaine.
Il y a des produits et services culturels, des expressions culturelles diverses et un patrimoine culturel intangible. Nous discutons aujourd’hui de l’impératif de préservation de la diversité dans la création. Il n’a jamais été plus important qu’aujourd’hui de participer à cet effort et de jouer à cet égard un rôle de premier plan. Comme je l’ai dit, il m’a été donné de participer à la production de ce qu’on peut appeler des produits et services culturels au Canada. Cela devait faire partie du paysage culturel, et c’est un témoignage de l’expression et du patrimoine culturels de notre pays.
Je voudrais maintenant aborder deux éléments qui ont un lien avec la convention. D’abord, c’est grâce à la position que le Canada a prise dans son engagement à l’égard du multiculturalisme et de la protection de la culture par l’industrie des arts et de la culture que ce texte a été possible; deuxièmement, c’était une époque où le secteur canadien de la télévision n’était pas aussi menacé par la mondialisation.
À cause des effets de la mondialisation, il est difficile de concevoir comment ce projet pourrait se réaliser aujourd’hui. C’est pourquoi nous devons plus que jamais respecter les principes de cette convention. Moi qui ai grandi dans la culture d’une nation qui a vécu au Canada une histoire marquée par les difficultés et l’injustice, au point que, aujourd’hui encore, des députés ont eu l’audace de prétendre que ma nation n’est pas réelle, je puis dire que c’est la raison même pour laquelle nous devons rester fidèles à cette convention.
Pour renforcer nos industries culturelles chez nous, nous devons garantir le respect de la convention à l’étranger. Le gouvernement conservateur ne semble faire aucun effort pour convaincre d’autres pays de ratifier la convention. Le Canada a eu la possibilité et la capacité de prêcher d’exemple, mais il ne le fait pas.
Les difficultés qui tiennent à la propriété étrangère sont très réelles. Voilà pourquoi le Parti libéral insiste beaucoup pour que le taux de propriété étrangère ne dépasse pas le niveau actuel, de façon à protéger notre identité culturelle. Ne sous-estimons pas les conséquences d’une négligence de nos responsabilités pour ce secteur et pour notre pays.
:
Monsieur le président, j'apprécie l'honneur qui m’est fait de prendre la parole au sujet de la culture et de la question du contenu canadien.
Je vais revenir sur la question que le député de Calgary-Ouest a posée plus tôt au sujet des règles de contenu canadien. Ayant moi-même travaillé dans le domaine de la radiodiffusion, je me rappelle avoir rempli machinalement des masses de formulaires au sujet des 30 p. 100 de contenu canadien en radiodiffusion.
Sa question est excellente, parce que nous devons nous demander si ces règles n'ont pas en fait pour objet de limiter le droit des auditeurs de regarder ou d'écouter ce qu'ils veulent. Mais non, nous cherchons plutôt à promouvoir notre culture. Ce que nous voulons faire, c'est présenter nos artistes partout au Canada, ce qui n'est pas facile dans le deuxième plus grand pays du monde.
Prenez le cas, par exemple, de Great Big Sea qui est un groupe de ma province d'origine, Terre-Neuve-et-Labrador. Il est très connu en Amérique du Nord. L’aurait-il été sans les règles concernant le contenu canadien? Nous n'aurons sans doute jamais la réponse à cette question, mais ces règles lui ont certainement donné un coup de pouce au début, à l'échelon national. Le groupe a récemment donné des concerts en Colombie-Britannique et chez nos voisins du Sud. Une partie du succès remporté par ce groupe est dû à nos règles relatives au contenu canadien.
Je ne pense pas que ces règles soient faites pour restreindre le choix des Canadiens et en particulier des jeunes. Ce que nous voulons en fait, c'est promouvoir notre musique partout au Canada, la musique folklorique irlandaise, celle de Terre-Neuve-et-Labrador. Et cette musique, elle se retrouve aujourd'hui sous la forme de CD vendus un peu partout en Amérique du Nord.
Personnellement, je conçois davantage ces règles relatives au contenu canadien comme un outil de promotion de notre culture, de la culture débordante de Terre-Neuve et Labrador en ce qui me concerne, culture que les Canadiens apprécient au plus haut point.
Cela fait déjà un certain temps que je siège au Comité permanent du patrimoine canadien. Pour l'heure, l'essentiel de la radiodiffusion et de la production cinématographique émane des grands centres, que ce soit Toronto, Montréal, Calgary ou Vancouver. Et pourtant, d'autres régions de ce pays ont des choses à raconter et nous devons leur permettre d'accéder au plus vaste auditoire possible pour qu'elles se fassent entendre. L'entreprise est intéressante et elle est porteuse de succès.
Ma collègue de Churchill est un exemple vivant de ce dont je parle, elle qui a joué dans Au nord du 60e que j'ai personnellement beaucoup aimé. Cette télésérie nous donnait un bon aperçu de la culture du Nord, une région si peu peuplée que cette culture serait sans doute restée dans l'ombre parce que les capitaux privés ne s’y seraient jamais intéressés. D'où le coup de main de notre gouvernement. Nous avons donc aidé cette région à ce raconter.
Il y a récemment eu un documentaire sur la chasse aux phoques à Twillingate qui se trouve dans ma circonscription. Avec tout le ramdam que la chasse aux phoques occasionne, avec les prises de bec entre les chasseurs de phoques – que je soutiens – et les activistes de New York et d'Europe, il fallait que nous fassions entendre notre version. Pour cela, nous avons adopté le point de vue d'une région possédant une grande richesse culturelle et patrimoniale qui entretient encore le mode de vie dont elle dépend depuis toujours. Voilà le récit que nous avons raconté grâce à l'investissement du gouvernement du Canada.
J'ai quelques choses à dire au sujet du contenu canadien. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, est l'organisme chargé de réglementer et de surveiller l'industrie canadienne de la radiotélévision. Le Parti libéral demeure convaincu que le CRTC a aidé avec succès le système de radiotélévision à atteindre ses objectifs. Parlant de régions, je me souviens avoir regardé à la télévision un documentaire sur l'architecture des églises des villages du Nord du Québec. J'ai regardé ce superbe documentaire à Terre-Neuve-et-Labrador.
Même si certains croient que nos règles sur le contenu canadien sont trop contraignantes, ce n'est pas le cas. Elles constituent un outil de promotion, de promotion de la culture française au Québec, où les églises étaient au coeur des petites collectivités. L'architecture de ces églises de villages est incroyable et porte toute une histoire. Voilà la clé.
Les Canadiens sont mieux servis par un système de radiotélévision qui offre un vaste contenu de grande qualité, typiquement canadien, qui informe, divertit et instruit la population. J'ai donné l'exemple des chasseurs de phoques de Twillingate, à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette programmation nous rassemble, d'un océan à l'autre. C'est un investissement que nous faisons pour inciter les Canadiens du Nord de la Colombie-Britannique, par exemple, à visiter les champs pétrolifères du Nord de l'Alberta ou les rivières à saumon du Nouveau-Brunswick.
Un pays si vaste avec une population si dispersée a besoin d'un carrefour des communications. C'est essentiel pour un pays aussi grand que le Canada et pour notre culture. Nous avons cette responsabilité envers nos concitoyens. À mon avis, cette responsabilité doit être mise en évidence par nos règles concernant le contenu canadien.
Ce n'est pas tant une restriction quant au contenu, mais c'est la promotion de l'expression culturelle de toutes les régions du pays, qu'il s'agisse de la terrible situation des sans-abri dans la partie est de Vancouver ou des difficultés d'un petit village de Terre-Neuve-et-Labrador qui dépend de la pêche, un secteur qui est récemment victime d'un ralentissement de l'activité.
Certains des objectifs que nous soulignons dans la stratégie canadienne sont les suivants: mettre davantage l'accent sur un contenu canadien de grande qualité qui rejoint de vastes auditoires et reflète le Canada dans toute sa diversité sur le plan des gens et des régions; insister sur le financement des dramatiques canadiennes, des émissions pour enfants et culturelles et des documentaires qui rejoignent de vastes auditoires; accorder à la SRC, la Société Radio-Canada, un financement spécifique pour l'offre d'une programmation à fort impact conforme à son mandat de service public et envisager un certain nombre de mesures pour simplifier le financement afin d'obtenir de plus grandes efficiences économiques et améliorer l'établissement des priorités.
Pour garantir des méthodes efficientes et efficaces de contrôle du contenu canadien, le Parti libéral va cibler le mandat du Bureau de certification des produits audiovisuels canadiens et le charger de certifier le contenu canadien au nom d'organismes et de programmes fédéraux.
Dans une lettre datée du 30 septembre 2005, Guy Mayson, président et chef de la direction de l'Association canadienne de production de films et de télévision, ou ACPFT, a proposé un nouveau cadre politique pour le contenu canadien dans le domaine de la télévision. L'ACPFT a notamment demandé que des modifications structurelles soient apportées à la Loi sur la radiodiffusion et que la politique sur la télévision de 1999 du CRTC soit révisée pour insérer de nouveau des seuils de dépenses obligatoires pour les émissions de radiodiffuseurs conventionnels.
Nous devons revenir notamment sur les dramatiques canadiennes en ce qui concerne le contenu. Nous contribuons beaucoup aux dramatiques canadiennes et au fil des ans, nous avons fort bien réussi. De nombreuses émissions canadiennes, comme celles à laquelle participait notre collègue de Churchill, North of 60, sont d'excellents exemples d'histoires qui sont vues dans le monde entier et qui touchent beaucoup de gens partout dans le monde. Même si elles étaient au départ des histoires bien canadiennes, le thème plaisait à tout le monde, du fait de leur contenu humain et de la persévérance de l'esprit humain qu'elles représentaient.
S'il y a un message de ma ville que je voudrais transmettre à la Chambre, ce serait que je crois dans la promotion de toutes les régions du pays. Je pense également que nos règles sur le contenu canadien aident à promouvoir l'expression des cultures de toutes nos régions.
:
Monsieur le Président, je voudrais vous remercier de cette occasion qui m'est donnée aujourd'hui d'aborder en cette Chambre l'enjeu de la motion qui est présentée.
[Traduction]
Monsieur le Président, je souhaite vous informer que je vais partager mon temps de parole avec le député de Perth—Wellington.
[Français]
Le député d'Ottawa—Vanier est, bien sûr, bien connu dans cette Chambre pour son intérêt soutenu à l'égard du dossier culturel.
Sa motion amène plusieurs points importants et j'en tiendrai dûment compte.
[Traduction]
Les députés de ce côté-ci de la Chambre appuient l'UNESCO ainsi que la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. De fait, le gouvernement et le premier ministre ont suivi une nouvelle feuille de route en abordant de façon directe et efficace la question de la représentation du Québec à l'UNESCO.
Les bloquistes et les libéraux continuent de se cantonner dans des positions qui minent la reconnaissance d'un rôle de collaboration plus important pour le Québec au sein d'une organisation qui traite de questions linguistiques et culturelles.
Pratiquer le fédéralisme d'ouverture signifie inviter le Québec à prendre sa place, à faire entendre sa voix à l'UNESCO et à enrichir les efforts du Canada au sein de la famille des Nations Unies. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui croit en une nouvelle ère de progrès où le Québec agira avec confiance et fierté au sein d'un Canada fort et uni.
De ce côté-ci de la Chambre, nous appuyons nos milieux artistiques et nos industries culturelles. Nous estimons même qu'il faut élargir les possibilités pour ces secteurs, tant au Canada qu'à l'étranger. Cela dit, nous ne pouvons pas appuyer la motion dans son libellé actuel.
À bien des égards, les politiques et les programmes actuels ne reflètent pas les nouvelles réalités, les nouvelles technologies et le nouveau contexte mondial. Plutôt que d'accepter de maintenir le statu quo et de nous borner à discuter de solutions, nous croyons qu'il importe de mettre en oeuvre des solutions efficaces, valables et constructives. Pour appuyer le secteur artistique et culturel au Canada, nous devons aller de l'avant, composer avec les réalités du nouveau contexte mondial.
Comme nous le savons, le rêve de tout artiste est d'accéder à une plus grande scène, une plus grande toile et un plus grand public. Les députés de ce côté de la Chambre vont continuer à oeuvrer avec les communautés culturelles pour que leurs rêves se réalisent.
En ce qui a trait plus particulièrement à la motion, nous allons continuer à appuyer la diffusion de contenu canadien sur nos ondes, dans nos émissions et dans l'ensemble du secteur culturel et artistique, comme nous l'avons toujours fait.
Ce que je ne peux pas appuyer, c'est l'idée qu'en maintenant la réglementation sur le contenu canadien tel quel, nous optons pour le meilleur moyen de répondre aux besoins de cette importante partie de notre population. En maintenant les exigences actuelles de contenu culturel canadien, tel que l'indique la motion, on risquerait de ne pas pouvoir adapter ces exigences aux réalités changeantes de nombreux secteurs. Il n'est pas uniquement question de radiodiffusion et de télédiffusion, mais également des arts, de l'édition et des nouveaux médias, ainsi que de nombreuses nouvelles technologies et techniques qui ne sont même pas encore inventées.
La réglementation concernant la radiodiffusion et la télédiffusion relève du CRTC, qui est un organisme indépendant comme tous les députés le savent. Nous ne pouvons pas nous engager à maintenir la réglementation actuelle alors que ce n'est pas nous qui l'établissons. En fait, le CRTC procède actuellement à un examen de la réglementation sur la radiodiffusion afin de tenir compte des technologies et des réalités nouvelles de l'industrie de la radio. Nous approuvons cette démarche. Nous devons nous efforcer de favoriser les progrès de cette industrie pour qu'elle garde sa pertinence et qu'elle demeure concurrentielle au Canada.
La réglementation n'est qu'une partie de l'histoire. Nous devons aussi nous occuper des programmes de soutien de la culture et des artistes canadiens.
Notre parti a l'intention de collaborer avec les artistes et les créateurs pour veiller à ce que l'argent que nous dépensons pour les aider bénéficie aux gens qui en ont besoin et soit dépensé de manière responsable. Je suis fière que, dans le budget récent, notre gouvernement se soit engagé à exonérer de l'impôt sur les gains en capital les dons de titres cotés en bourse à des organismes de bienfaisance publics et qu'il se soit aussi engagé à verser 50 millions de dollars au Conseil des Arts du Canada. Selon le compte rendu non officiel dont je dispose, la mesure concernant les titres cotés en bourse a engendré des dons de plus de 60 millions de dollars en quelques jours. On pense que, grâce à cette mesure, les organismes sans but lucratif pourraient bénéficier de 300 à 500 millions de dollars de plus par année.
Notre gouvernement met en oeuvre de véritables solutions, plutôt que de se borner à en parler et à maintenir simplement le statu quo.
La question que nous devons tous nous demander est la suivante: comment pouvons-nous maintenir ou accroître la part de marché des produits culturels canadiens, compte tenu de la nouvelle réalité du XXIe siècle?
Si les Canadiens s’éloignent de leurs habitudes d’écoute et se procurent des oeuvres musicales ou audiovisuelles sur Internet, quels effets cela aura-t-il sur les règles concernant le contenu canadien? Si les auditoires vont directement dans les sites Web pour télécharger des épisodes de leur émission favorite, qu’est-ce que cela signifie pour les réseaux de télévision traditionnels?
Au fur et à mesure que les réalités de ces secteurs évoluent, nous devons faire en sorte que nos réponses politiques reflètent ces nouvelles réalités sous peine de prendre du retard. Pour ces raisons, le statu quo n’est plus possible.
Le CRTC est au beau milieu d’un examen de la radio commerciale. Le ministère du Patrimoine canadien a mis en place un groupe de travail sur la culture et la technologie pour déterminer et évaluer les répercussions potentielles de la technologie sur nos politiques et nos programmes. Au cours des mois à venir, nous répondrons à de nombreuses questions que posent les Canadiens au sujet du rôle que notre radiodiffuseur public, composé de CBC et Radio-Canada, joue dans notre système de radiodiffusion national.
Tous ces efforts ont ceci de commun qu’ils sont essentiels pour maintenir la production de produits culturels canadiens et l’accès à ces produits. Nous allons développer ce que nous avons déjà et entamer un nouveau dialogue avec ces communautés. Nous visons la créativité, la croissance et la stabilité. Mais nous devons également voir si d’autres mécanismes sont nécessaires pour favoriser une croissance à long terme.
La deuxième question soulevée dans la motion concerne les restrictions à l’égard de la propriété étrangère. Le maintien des restrictions actuelles est important pour le secteur culturel. Aucun changement n’est envisagé pour le moment sur ce plan. Nous croyons que nos industries culturelles, nos communautés artistiques et notre système de radiodiffusion doivent continuer à soutenir le contenu canadien sous tous ses aspects. Nous devrions également faire en sorte que chacun de ces secteurs soit valorisé et reste pertinent pour tous les Canadiens de toutes les régions du pays.
Enfin, je tiens à assurer que nous sommes pour un radiodiffuseur public vigoureux. Nous savons qu’il a de nombreux défis à relever. Nous allons donc répondre aux préoccupations à cet égard.
Nous devons faire en sorte que nos radiodiffuseurs puissent répondre aux nouvelles exigences technologiques de la radiodiffusion numérique ainsi qu’à la demande pour ce service. Nous devons aussi adopter la technologie de la haute définition dont les États-Unis et l’Europe sont en train de se doter.
Je tiens à assurer à la Chambre que nous avons une vision bien claire en ce qui concerne nos communautés artistiques et culturelles et notre système de radiodiffusion canadien. Nous jouerons notre rôle. Nous assumerons nos responsabilités. Nous veillerons également à assurer leur vigueur et leur croissance au cours de ce siècle.
Pour conclure, je remercie encore une fois le député d’Ottawa—Vanier d’avoir présenté sa motion. Cela m’a permis de faire part de certaines inquiétudes que j’ai au sujet de la motion telle qu’elle est rédigée.
Monsieur le Président, permettez-moi de vous dire que le Parti conservateur et le gouvernement croient que les artistes et les créateurs de ce pays méritent plus que le statu quo. Nous croyons qu’ils méritent une voix forte, une action énergique et une forte présence en ce XXIe siècle. Je compte bien travailler avec tous les députés qui siègent à la Chambre pour réaliser des progrès sur ces importantes questions.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui au sujet de la qualité exceptionnelle des réalisations artistiques canadiennes et de dire à quel point elles jouent un rôle important sur les plans culturel et économique. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je souligne que c'est pour moi un privilège d'intervenir après la ministre du Patrimoine canadien.
Malheureusement, la motion comporte de graves lacunes. Le gouvernement ne l'appuiera donc pas dans sa forme actuelle. En premier lieu, je trouve étonnant que le parti d'en face, dont le bilan a été lamentable, présente une telle motion. Après 13 années d'instabilité en matière de financement des arts, l'opposition officielle a l'audace de se présenter comme le défenseur des industries culturelles et du secteur artistique canadiens.
Le gouvernement actuel reconnaît que les arts jouent un rôle fondamental dans la vie des Canadiens, dans la vie de tous et chacun d'entre nous, que ce soit dans les petites localités éloignées du Nord ou dans les grands centres métropolitains, ou dans des endroits comme Stratford, Drayton et Mitchell, dans ma circonscription, Perth--Wellington. En fait, on peut soutenir que le sentiment défaitiste exprimé dans cette motion est typique de l'approche du gouvernement précédent. Il n'est pas fait mention du dynamisme de la collectivité artistique et culturelle du grand pays qu'est le Canada. Cette motion exprime l'attitude typique selon laquelle le gouvernement peut faire mieux. Or, les Canadiens ont carrément rejeté cette attitude.
Essentiellement, cette motion dit aux Canadiens que les artistes de chez nous ne peuvent pas relever le défi de la concurrence mondiale. Elle dit que le talent des Canadiens n'est pas aussi viable que celui des Américains ou des Européens et que, sans l'aide du gouvernement, les arts et la culture au Canada ne peuvent survivre. Je ne crois tout simplement pas que le gouvernement fait mieux sur tous les plans et je ne pense certainement pas que les artistes canadiens sont incapables de soutenir la concurrence mondiale.
Les arts contribuent énormément à la transmission de notre histoire, illustrent notre patrimoine culturel et mettent en évidence notre identité distincte, sur la scène mondiale. On peut dire que certains des Canadiens les plus connus sur la scène internationale sont nos acteurs, nos chanteurs et nos écrivains. Il suffit de songer à Shania Twain, Céline Dion, Keifer Sutherland, Jim Carrey ou Margaret Atwood, pour n'en mentionner que quelques-uns.
Les arts non seulement nous captivent et nous enrichissent, mais ils nous permettent également de survivre et de prospérer dans un monde de plus en plus axé sur la technologie. Les arts illustrent le passé, le présent et l'avenir. Ils nous permettent de mieux comprendre ce que nous sommes et de voir comment les autres nous perçoivent. L'idée selon laquelle l'augmentation du contenu canadien peut en quelque sorte protéger et favoriser le talent national est douteuse et montre à quel point les libéraux sont déconnectés de la réalité du milieu dont ils prétendent défendre les intérêts.
Pareil protectionnisme artistique nous porterait à croire que les Canadiens ne sont pas à la hauteur de la tâche, ce qui n'est tout simplement pas le cas. Les arts sont une force motrice de notre économie. La contribution indéniable des industries culturelles se voit clairement dans les réalisations qui sont rendues possibles par notre créativité et notre esprit d'innovation.
Le secteur artistique canadien peut être considéré comme le volet recherche et développement des industries culturelles canadiennes prospères. En outre, il représente environ 39 milliards de dollars par année, soit 3,4 p. 100 de notre produit national brut et plus d'un demi-million d'emplois ou 3,9 p. 100 de tous les emplois canadiens.
En fait, selon les indicateurs économiques, le taux de croissance du secteur des arts est supérieur à celui de l'ensemble du marché du travail. Ce qui est plus important encore, c'est que les arts et la culture attirent les touristes. Je ne sais pas si tous ici ont vu cette récente série d'annonces publicitaires à la télévision, celles où l'on montre des habitants typiques de différents pays qui se tiennent devant des sites identifiables situés à l'étranger, comme par exemple les pyramides ou la tour Eiffel. Ces annonces publicitaires mettent les Canadiens au défi d'explorer leur propre patrimoine avant d'aller voir ailleurs.
Le message est clair. Le Canada a beaucoup à offrir et pas seulement des points d'intérêt notoires tels que la tour du CN. Nos communautés artistiques et culturelles sont parmi les plus dynamiques au monde. Nous pouvons tirer parti de ce dynamisme sans pour autant adopter l'attitude paternaliste typique des libéraux.
Le gouvernement reconnaît la valeur quantitative et qualitative des arts. Nous devons leur assurer un soutien stable à long terme qui permettra d'obtenir des résultats concrets. Le gouvernement fédéral cherche à promouvoir les conditions propices qui permettront à notre secteur artistique et culturel de produire des oeuvres typiquement canadiennes et de prospérer à l'échelle régionale, nationale et internationale. Nous comprenons que les arts sont un élément positif dans nos vies.
Les artistes apportent une contribution indispensable à la qualité de vie des Canadiens, ainsi qu'à la profondeur et à la clarté de leur expérience et de leur compréhension du monde. Les artistes sont des créateurs, des visionnaires, des critiques et des éducateurs. Ils font le pont entre notre passé et notre avenir. Ils affrontent les préjugés, renversent les barrières et nous incitent à faire de même pour améliorer le monde. Ce faisant, les arts sont en quelque sorte un havre où les citoyens peuvent participer au dialogue démocratique et contribuer aux changements culturels et socioéconomiques. Ils sont le symbole de la diversité du Canada et l'expression de son identité propre, de ses grands espaces et de son environnement.
Les arts sont au coeur du mandat du ministère du Patrimoine canadien. Ils occupent aussi une place importante dans de nombreuses organisations qui relèvent du portefeuille du Patrimoine canadien et font intervenir d'autres institutions et ministères du gouvernement fédéral. Tous les ordres de gouvernement jouent un rôle important, en collaboration avec le secteur privé. Le gouvernement a l'intention de développer pleinement ces relations. Notre objectif consistera à faire en sorte que les fonds affectés à la communauté artistique et culturelle soient directement versés aux créateurs d'art. Le gouvernement ne croit pas dans le mantra des libéraux selon lequel la moitié des fonds doit servir à l'administration.
Les organisations artistiques et culturelles à but non lucratif requièrent dans le cadre de leur travail un appui important et continu afin de faire face à des besoins et des défis toujours changeants. Nous devons déterminer ce que cela signifie du point de vue pratique, en collaborant avec d'autres bailleurs de fonds des secteurs public et privé, pour arriver à des résultats concrets. Les crédits d'impôt que nous offrons pour encourager les Canadiens à faire des dons constituent un premier pas important.
Les investissements dans les arts entraînent une croissance économique directe et indirecte. Voilà pourquoi le gouvernement a fait des annonces qui visaient précisément les arts dans son récent budget. Le Conseil des Arts du Canada recevra des fonds supplémentaires de 50 millions de dollars, ce qui renforce l'engagement du gouvernement à l'égard des arts et de la culture. De plus, le budget prévoit que les dons de valeurs cotées en bourse faits à des organismes de bienfaisance publics seront exonérés de l'impôt sur les gains en capital. Ce sont là les premières mesures prises pour développer de nouvelles relations et s'assurer l'appui de donateurs privés. En fait, grâce à ce crédit d'impôt, les organismes sans but lucratif devraient toucher de nouveaux dons d'environ 300 millions de dollars par année. Une bonne partie de ces fonds seront directement affectés au financement des arts.
Le gouvernement est d'avis que les fonds qu'il verse et les contributions du secteur privé doivent faire l'objet d'une collaboration stratégique de manière à ce que les arts et les artistes reçoivent un appui suffisant. Notre programme d'aide fiscale applicable aux dons en espèces et aux dons de valeurs cotées en bourse faits à des organismes de bienfaisance enregistrés est le plus intéressant en Amérique du Nord et c'est un modèle pour d'autres pays.
Je tiens à dire très clairement qu'à l'égard des arts, le gouvernement s'est engagé à respecter une approche commune qui fait intervenir les artistes, les différents ordres de gouvernement, le secteur privé, les bénévoles et les travailleurs culturels. De cette façon, les Canadiens des quatre coins du pays pourront tous profiter de l'apport des arts à la société canadienne.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec le député de Dartmouth—Cole Harbour.
À bien des égards, c’est la culture d’un pays qui définit ses valeurs et ses caractéristiques. Les pays du monde entier sont souvent associés aux institutions culturelles qu’ils ont entretenues et soutenues.
La simple mention d’une institution comme la British Broadcasting Corporation évoque immédiatement une foule d’idées. La haute qualité de sa couverture de l’actualité, ses documentaires, ses dramatiques exceptionnelles et ses comédies reflètent l’essence même de la culture britannique et la façon dont les Britanniques voient le monde.
On remarquera que même sous le gouvernement de Margaret Thatcher qui était solidement orientée vers la privatisation, la BBC est une institution qui n’a pratiquement pas été touchée.
C’est à cet égard que nous examinons aujourd’hui, entre autres choses, l’importance des arts et de la culture pour la préservation et la promotion de nos valeurs nationales et l’importance d’institutions comme la SRC.
Depuis qu’elle existe, la SRC représente la quintessence de la culture canadienne et des valeurs de notre société. C’est tout à fait remarquable si l’on pense à l’énorme contribution que la SRC a apportée à la vie canadienne au cours des années. C’est une institution qui rapproche toutes les régions de ce pays extrêmement diversifié, en supprimant les distances et en nous unissant comme citoyens.
Que vous habitiez dans une localité isolée de Terre-Neuve ou dans une grande ville de l’Ontario, ou encore sur la belle côte du Pacifique, la SRC porte le même message aux Canadiens montrant que, même si nous sommes éloignés les uns des autres, nous sommes tous reliés par cette grande institution nationale.
Aujourd’hui nous parlons d’arts et de culture, mais n’oublions pas que nous encourageons les Oilers d’Edmonton, la dernière équipe canadienne à participer aux éliminatoires de la Coupe Stanley et que nous les regardons sur le réseau de la SRC.
Le jour du Souvenir, si nous célébrons les grands sacrifices auxquels les Canadiens ont consenti pour préserver la liberté, nous regardons les cérémonies sur le réseau de la SRC. C’est la même chose pour les comédies canadiennes, la musique canadienne, les émissions-débats canadiennes, les émissions politiques canadiennes, les dramatiques canadiennes, etc.
Nous devons continuer à financer la SRC. En fait, nous devons augmenter l’aide financière dont elle a besoin pour continuer à élargir ses services aux Canadiens. Nous avons besoin d’une SRC forte et dynamique. La SRC a besoin pour cela d’un financement suffisant. Pour contribuer à soutenir notre culture, la SRC a besoin des fonds voulus pour fournir des services de radiodiffusion concurrentiels et intéressants pour les Canadiens.
Nous sommes conscients de l’importance de la SRC pour notre mode de vie. Si nous le reconnaissons, nous devons également nous engager à lui fournir le niveau de financement qui lui permettra d’être viable et pertinente dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Et puis, le débat d’aujourd'hui nous amène à la question de l’appui à accorder à notre politique sur les langues officielles. La langue est un élément essentiel de la communication. C'est par elle que nous exprimons ce que nous sommes et ce que nous croyons.
Conscient du rôle important que jouent les deux cultures fondatrices dans le caractère de notre pays, ce grand premier ministre qu'a été Pierre Elliott Trudeau a tenu à mettre en oeuvre la politique sur les langues officielles. Celle-ci contribue à accentuer le caractère des deux nations fondatrices du Canada moderne. Partout dans le monde, le Canada est perçu comme un pays où l'on parle le français et l'anglais.
D'ailleurs, quand je me rends à l'étranger, je tombe sur des gens qui supposent a priori qu'étant Canadien je parle les deux langues officielles. Certes, il s'agit là d'un idéal fort louable qui deviendra peut-être un jour réalité, le jour où tous les Canadiens seront en mesure de communiquer indifféremment dans l'une ou l'autre de nos deux belles langues. Or, comme la langue nous définit à ce point, il est impératif non seulement de conserver mais de nourrir notre politique sur les langues officielles.
Je crains que le nouveau gouvernement n'ait peut-être pas envers la politique sur les langues officielles le même genre d'engagement que celui qui a caractérisé pendant de nombreuses années les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé jusqu'ici. J'invite les députés d'en face à se rallier à nous pour affirmer notre engagement résolu envers les deux langues officielles du Canada.
Il en va de même avec le financement des arts, car nous devons continuer d'accroître notre appui au Conseil des Arts du Canada. Cet organisme indépendant aide les arts au Canada par le biais des subventions, des services et des prix qu'il offre. Au fil des ans, un grand nombre de groupes a bénéficié de l'appui du Conseil des Arts du Canada. Ainsi, le message de la canadienneté véhiculé dans les arts et la culture doit beaucoup au formidable travail du Conseil.
Le gouvernement libéral précédent s'était engagé à doubler le financement du Conseil des Arts pour le porter à 301 millions de dollars d'ici 2009. Nous n'avons pas entendu le gouvernement actuel prendre un engagement de ce genre, loin s'en faut.
D'ailleurs, au lendemain du dépôt du dernier budget libéral, Karen Kain, du Conseil des Arts du Canada, avait déclaré que ce budget était synonyme de merveilleuses nouvelles, et elle avait raison. Celui-ci annonçait le déblocage de ressources financières essentielles à la poursuite de la promotion de la croissance et de la diversité culturelles, deux piliers de notre identité canadienne. Toutes les institutions visées dans le budget jouent un important rôle dans la promotion de l'identité multiculturelle canadienne que le monde nous envie.
Je suis à la fois heureux et honoré de représenter les résidents de Davenport. Davenport est situé au coeur de Toronto qui est connue dans le monde entier comme étant la ville la plus bigarrée de la planète. Eh bien, c'est précisément cette diversité qui est l'une des principales forces de notre ville. La diversité est aussi l'une de nos plus grandes forces nationales. C'est tout un honneur que d'être ainsi perçu dans le monde entier.
Nous nous devons de continuer d'appuyer le travail d'institutions comme Radio-Canada, le Conseil des Arts et le Fonds canadien de la télévision qui assurent la promotion du Canada dans le monde et appuient notre merveilleuse identité multiculturelle qui est de notoriété internationale. Le temps ne nous permet pas de nous étendre sur les nombreuses autres institutions qui contribuent à la promotion des arts et de la culture du Canada, mais nous pouvons très certainement nous compter chanceux d'être un pays où les arts occupent une telle place.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet de la motion, qui porte sur un sujet très important pour le Canada.
Quand j'ai vu que nous allions débattre de cette motion, je me suis rappelé un souvenir agréable de la campagne électorale de 2004, à l'issue de laquelle j'ai été élu pour la première fois. Une chaude soirée d'été en juin, j'étais assis dans la cour arrière de Mildred Richardson avec plusieurs personnes, dont certains anciens progressistes-conservateurs qui s'étaient réunis pour discuter des questions qu'ils estimaient importantes.
Nous avons parlé de toutes sortes de choses. C'était une soirée très agréable comme c'est toujours le cas dans la cour de Milly. Je me rappelle très clairement quand Joan Forshner, ardente défenderesse des arts et de la culture, s'est penchée et a très calmement lancé l'appel suivant: « N'oubliez pas les arts, la culture et le patrimoine. On n'en parle jamais au Parlement, mais on devrait le faire. » Elle avait raison. Il m'arrive souvent de songer à ce moment.
J’ai été heureux que ma première fonction officielle de député soit d’accueillir Mme Frulla, ministre du Patrimoine, en juillet 2004, à une table ronde organisée dans ma collectivité pour parler des arts et de la culture. On y trouvait des participants du théâtre Neptune, de la symphonie de la Nouvelle-Écosse et du musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse. Il y avait aussi des représentants du Black Cultural Centre de la Nouvelle-Écosse et de la collectivité mi’kmaq. Nous avons discuté de la contribution économique et sociale du milieu des arts et de la culture à notre pays.
D’aucuns demanderont pourquoi nous parlons de cette question alors qu’il y a tant d’autres enjeux importants. C’est une bonne question, sans doute, mais il y a toujours quelque chose de plus pressant, de plus urgent ou qui exige une attention plus immédiate. Voilà pourquoi les arts, la culture et le patrimoine, ainsi que les industries culturelles sont toujours mis en veilleuse.
Il y a une douzaine d’années, j’ai siégé au conseil du théâtre Neptune, à Halifax. Nous cherchions des fonds pour bâtir un nouveau théâtre. Le gouvernement provincial de l’époque, dirigé avec sagesse par mon père, alors premier ministre, a affecté des fonds au projet. Je me souviens que quelqu’un lui a demandé: « Comment osez-vous? L’économie que les conservateurs vous ont léguée est probablement la pire du Canada. Le premier ministre Buchanan ne vous a rien laissé. Nous avons besoin d’argent pour les soins de santé. Comment pouvez-vous donner de l’argent au théâtre Neptune? »
Il a répondu, avec raison je crois, que nous ne pouvons compartimenter notre vie. Nous sommes composés de nombreux éléments différents. On peut appliquer une approche holistique aux collectivités comme on le fait pour les individus. Nous avons besoins de soins, d’universités, de développement économique. Aujourd’hui, il nous faut un meilleur budget que celui qui a été présenté à la Chambre pour améliorer la productivité au Canada et mieux répartir la richesse. Mais nous devons nous soucier de temps en temps des arts et de la culture. Je félicite le député d’Ottawa—Vanier d’avoir présenté cette motion.
Nous devons prendre conscience de notre patrimoine et comprendre que, en étudiant notre patrimoine, nous pourrons prendre de meilleures décisions à l’avenir.
Dans ma province, la faculté de médecine de l’Université Dalhousie a donné l’exemple idéal de cette approche holistique. Bien sûr, elle forme des médecins, et cette formation est importante. C’est son travail.
Depuis quelques années, sous la direction du docteur Jock Murray et du docteur Ron Stewart, ancien ministre de la Santé de la Nouvelle-Écosse, et avec le concours du département des arts et des sciences humaines en médecine, la chorale de la faculté de médecine de Dalhousie a vu le jour. Des professionnels de la santé qui reçoivent leur formation à Dalhousie ont formé une chorale de plus d’une centaine d’étudiants et de professeurs. Ils se produisent dans toute la Nouvelle-Écosse et ailleurs dans le monde. Ils se servent des arts et de la culture — la musique dans ce cas-ci — comme complément de la formation des professionnels de la santé. C’est une façon d'appliquer une approche holistique à la formation des travailleurs dans ce domaine.
Par ailleurs, comme société, nous devons reconnaître l'importance des arts, de la culture et du patrimoine et nous assurer que ces éléments font partie de nos collectivités et de nous-mêmes. C'est une erreur de ne pas reconnaître leur importance.
Je viens d'une province, tout comme le député de Cape Breton—Canso, où les arts et la culture revêtent une très grande importance. Tout le monde connaît la famille Rankin et les Barra McNeils. Maintenant, on entend parler de Joel Plaskett, de Matt Mays ainsi que d'El Torpedo, de Dartmouth, le meilleur nouveau groupe du Canada. Tout le monde connaît les tapis crochetés de Chéticamp. Les gens connaissent Maud Lewis, cette peintre qui a surmonté des difficultés incroyables. Ils ont entendu parler de ceux qui ont célébré leur culture locale et qui ont créé des produits qui reflètent leur patrimoine et qui sont enracinés dans leurs collectivités. Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse vient d'ailleurs de l'industrie de la musique. C'est un excellent joueur de violon, mais il n'est pas aussi bon premier ministre. Il fait entendre sa rengaine en campagne électorale en ce moment. Il a annulé le conseil des arts de la Nouvelle-Écosse il y a quelques années, ce qui est honteux. Tout cela montre l'importance des arts et de la culture en Nouvelle-Écosse.
Je sais que chaque député peut nommer avec fierté des groupes artistiques, des organisations culturelles et des sociétés du patrimoine de sa circonscription et de sa collectivité qui ont contribué à bâtir le Canada et à faire de notre pays ce qu'il est devenu.
Dans ma collectivité, Dartmouth, l'Eastern Front Theatre est un parfait exemple. Dans une certaine mesure, cet organisme est devenu un moteur économique du centre-ville de Dartmouth, mais, ce qui est encore plus important, il est l'expression du caractère spécial de la Nouvelle-Écosse, de Dartmouth et de Cole Harbour. Ce théâtre a monté et produit des pièces de Wendy Lill, ancienne députée du NPD, et c'est tout à fait légitime étant donné qu'elle a toujours fait valoir avec passion l'importance des arts et de la culture.
L'un des premiers sujets que j'ai abordés à la Chambre a été le patrimoine de ma collectivité, comme le font souvent les députés. En fait, je suis content que le député de Kingston et les Îles n'occupe pas le fauteuil aujourd'hui, car Dartmouth est le véritable lieu de naissance du hockey. Je me réjouis aussi de l'absence du député de Kings—Hants, parce que c'est la seule question sur laquelle il se trompe souvent.
Le canal Shubenacadie a joué un rôle commercial étonnant dans l’histoire du développement de la Nouvelle-Écosse. Des gens comme Bernie Hart, Allan Billard et Jake O`Connor déploient des efforts pour que ce patrimoine soit préservé. Il en vaut la peine. C’est un ouvrage important pour la région où se trouvait la fameuse usine Starr, un des plus grands fabricants de patins au monde. Des gens comme Paul Robinson ont protesté haut et fort, souvent sous l’effet du découragement, devant l’incapacité des gouvernements à reconnaître l’importance des arts et de la culture pour une collectivité.
Cet été, à Alderney Landing, nous allons promouvoir le festival de blues Dutchie Mason. Nous avons eu un grand nombre de grands premiers ministres à la Chambre, surtout libéraux, mais il n’y en a pas eu de plus grand que le premier ministre du blues, Dutchie Mason.
Tous les députés peuvent parler de l’importance des arts et de la culture dans leur région, mais je pense que ce sont les éléments qui forment l’épine dorsale du Canada. Un grand nombre des artistes que j’ai mentionnés doivent leur succès à la réglementation du contenu canadien qui leur a permis de démarrer et de grandir dans leur propre région, dans l’ensemble du pays et maintenant dans le monde entier.
Il y a quelques années, j’avais demandé à quelqu’un ce qui définit le Canada. C’est une question difficile. Qu’est-ce qui définit notre nation? Quelqu’un m’a dit que Peter Gzowski définissait notre nation. De nombreux Canadiens seraient sans doute d’accord, et c’est peut-être encore le cas maintenant qu’il est décédé, mais cela témoigne de l’importance de la SRC. Elle nous unit, pas seulement parce qu’elle nous parle, mais parce qu’elle vient de nous et parce qu’elle est importante pour nous. Elle s’adresse aux Canadiens et elle tient compte de la diversité de notre pays. Elle reconnaît que le Québec est différent de la Colombie-Britannique et que la Nouvelle-Écosse est différente de l’Alberta. Mais nous avons un lien commun et je crois qu’il nous est apporté par la SRC.
La SRC est un radiodiffuseur public et devrait le rester. La SRC a subi des compressions budgétaires. Notre gouvernement a réduit son budget en période de difficultés économiques, mais il l’a ensuite rétabli. En période d'excédents budgétaires importants, il serait honteux de réduire les budgets de la SRC.
Les Canadiens sont sensibles aux arts et à la culture parce qu’ils en sont les créateurs, parce que les arts et la culture traduisent ce que nous sommes, ce que nous avons été, et surtout, la voie que nous voulons suivre. Je suis fier aujourd’hui d’appuyer cette motion et je félicite le député d’Ottawa—Vanier de l’avoir présentée afin que, pour une fois, la Chambre discute de l’importance des arts et de la culture et leur accorde la place qu’ils méritent. J’espère que tous les députés appuieront cette motion importante.
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Monsieur le Président, je partagerai les 20 minutes qui me sont allouées avec mon collègue de Joliette.
La culture, composante essentielle de notre identité nationale, n'est pas inerte et inviolable dans son essence. En parler, c'est un peu la chérir, en rappeler la fragilité ainsi que toute la force motrice et mobilisatrice qu'elle peut générer. Voilà pourquoi il me fait plaisir de me lever en cette Chambre afin de prendre la parole dans le cadre de ce débat autour d'une motion qui se lit comme suit:
Que, étant donné que le Canada a ratifié la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, la Chambre insiste que le gouvernement, ses ministères et ses agences maintiennent les programmes, politiques et règlements qui appuient le secteur artistique et les industries culturelles du Canada, en particulier en maintenant ou favorisant : a) les exigences actuelles de contenu culturel canadien; b) les restrictions actuelles à la propriété étrangère dans le secteur culturel; c) le soutien financier à la radio et la télévision publiques dans les deux langues officielles.
Avant toute autre chose, j'aimerais, pour le bénéfice de tous, rappeler ce que permettra la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles: reconnaître en droit international la nature spécifique des biens et services culturels en tant que porteurs de valeurs d'identité et de sens; affirmer clairement le droit des États de se doter de politiques culturelles visant à assurer une véritable diversité des expressions culturelles sur leur territoire; établir des dispositions par lesquelles les pays développés s'engagent à aider les pays en développement à soutenir le développement de leurs propres industries culturelles en émergence; établir le principe de non subordination qui donnera à la convention un statut en droit international égal à celui d'autres traités internationaux, notamment les accords de commerce; engager les pays à tenir compte des dispositions de la convention, non seulement lors de la négociation d'autres accords internationaux, mais également dans l'application et l'interprétation des accords auxquels ils sont parties; établir un mécanisme de base de règlement des différends qui, au fil des années, aura le potentiel de produire un corps de décisions sur les questions de politique culturelle et d'influer ainsi sur le traitement de la culture dans le cadre des accords de commerce.
À cette lecture, il est aisé de comprendre pourquoi le Québec, ses artistes et tous ceux qui gravitent autour de son industrie culturelle, ont été, et continuent d'être, des chefs de file dans la promotion de cette convention.
Alors que la nation québécoise est créatrice et riche d'un patrimoine culturel vivant, mais qu'elle doit faire face à des concurrents étrangers aux moyens de production et de diffusion gigantesques, il est impératif de ne pas considérer les produits et services culturels comme de banals produits et services de consommation jetables après usage.
Qui est mieux placé pour défendre, expliquer et promouvoir sa culture sous toutes ses formes que la nation dont elle émane? De reconnaître le Québec comme étant le mieux placé pour le faire, c'est l'un des éléments clés qui manquent à cette motion qui, somme toute, est appropriée, et pour laquelle le Bloc québécois votera favorablement.
Cette motion traite de trois aspects liés à la convention.
En premier lieu, il y a les exigences actuelles de contenu culturel canadien. À l'heure actuelle, 65 p. 100 des pièces musicales diffusées par les radios commerciales doivent être de langue française, ce qui n'a pas empêché, selon les dernières données dévoilées par le CRTC le 4 mai dernier, les diffuseurs sur la bande FM d'enregistrer une hausse de leurs profits:
En 2005, la radio FM a connu une hausse de ses revenus de 11,8 p. 100 par rapport à 2004, puisqu’ils sont passés de 923,7 millions de dollars en 2004 à un peu plus d’un milliard de dollars en 2005, [...]
L'ADISQ préconise cependant d'autres critères qui permettraient de diversifier l'offre musicale francophone. Selon Valérie Lesage, journaliste au journal Le Soleil: « Sur un total estimé à 900 nouveautés québécoises lancées entre le 1er mars et le 31 décembre 2005, les radiodiffuseurs en ont retenu seulement 137, à peine 14% de l’offre. » Alors qu'elle ajoute que la moitié des artistes qui figurent sur la liste des 50 meilleurs vendeurs entre 2002 et 2004 sont francophones, le Bloc québécois reconnaît aux radiodiffuseurs le droit de vouloir augmenter leurs revenus, mais est en désaccord avec toute réduction des contenus canadien et francophone.
Le problème majeur dans le développement des contenus canadien et francophone dans la radio commerciale vient de l'avènement de la radio par satellite. Si celle-ci reste un acteur marginal, les conditions de licence qui lui ont été accordées, nettement en deçà de celles de la radio commerciale, ont grandement inspiré les radiodiffuseurs conventionnels qui ont désormais beau jeu de demander un allègement de leurs propres conditions.
Il faut se rappeler que le gouvernement libéral avait le pouvoir de renvoyer au CRTC sa décision et qu'en ne le faisant pas, il l'entérinait.
En d'autres termes, les libéraux, qui présentent aujourd'hui cette belle motion, ont contribué à affaiblir la souveraineté culturelle canadienne et ont porté un dur coup à la diversité culturelle, en dépit des craintes sérieuses formulées notamment par l'ADISQ, l'Union des artistes et la SOCAN.
Le second aspect de la motion touche la propriété étrangère dans le secteur culturel. Et bien, le Bloc québécois est contre tout relâchement dans la réglementation en matière de propriété étrangère dans les télécommunications.
Dans son rapport dissident au rapport « Notre souveraineté culturelle » de juin 2003, le Bloc québécois rappelait que: « l'élargissement de la propriété étrangère ne solutionnerait pas le problème de la concentration des médias. Au contraire, un assouplissement des restrictions sur la propriété étrangère et l'arrivée de capitaux neufs accéléreraient les processus de concentration. »
Le Bloc québécois recommandait alors que la ministre du Patrimoine canadien défende activement auprès de son collègue de l'Industrie le maintien des règles actuelles de propriété étrangère pour les télécommunications et la radiodiffusion.
Si c'était notre position alors, elle le demeure, et nous nous opposerons à tout relâchement qui aurait nécessairement des répercussions sur les télécommunications québécoises. Or le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire en matière de télécommunications, qui déposait son rapport en mars 2006, préconisait pour sa part un relâchement des règles de propriété étrangère.
Soyez assurés que le Bloc québécois demeurera très vigilant face à cet enjeu car en septembre 2005, le ministre libéral de l'Industrie, aujourd'hui ministre conservateur du Commerce international, se disait ouvert au relâchement des règles en matière de propriété étrangère.
Dans un article paru le 22 septembre 2005, on pouvait lire que: « le ministre s'est cependant dit ouvert à un relâchement de la réglementation actuelle sur la propriété étrangère dans le secteur des télécommunications, si jamais cela pouvait permettre au Canada d'être plus concurrentiel. »
Nous sommes d'autant plus inquiets qu'un rapport signé par l'actuel secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, siégeant alors au sein de l'Alliance canadienne qui est aujourd'hui le Parti conservateur, appuie l'assouplissement des règles sur la propriété étrangère des entreprises canadiennes, notamment celles du domaine des télécommunications et de la distribution de services de radiodiffusion.
Le dernier aspect de la motion aborde le thème du financement de la radio et de la télévision. Le Bloc québécois est en faveur d'un financement adéquat de la radio et de la télévision publiques.
Pourtant instigateurs de cette motion, les libéraux ont coupé allégrement à Radio-Canada. Au début de février 2005, on apprenait que la SRC imposait des restrictions additionnelles de 13 millions de dollars à la télévision française de Radio-Canada, soit 6 millions de dollars à la télévision générale, 3 millions de dollars au soutien et aux régions et 4 millions de dollars à l'information.
L'impact de ces restrictions est très important sur la production de reportages d'affaires publiques à la télévision. Par conséquent, j'aimerais rappeler que nous déplorons ces coupures en information et souligner à la ministre du Patrimoine qu'elle a le devoir de rappeler à la SRC son mandat.
L'argument selon lequel des coupures au budget de l'information vont à l'encontre du mandat de Radio-Canada est démontré dans la deuxième partie de la Loi sur la radiodiffusion. La Loi sur la radiodiffusion de 1991 stipule que: [...] la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit. »
Nous souhaitons évidemment que la SRC ait les sommes nécessaires afin de rencontrer son mandat. Le Bloc québécois est favorable au financement adéquat d'une radio et d'une télévision qui témoignent de la réalité vécue par des gens d'ici et d'ailleurs dans toutes ses nuances et en toute objectivité, une information qui ne verse pas dans la propagande.
J'invite, en terminant, tous les députés de cette assemblée à se faire les ambassadeurs de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles auprès des représentants de tous les pays qui ne sont pas encore signataires de cette entente, afin que chaque nation puisse s'épanouir et enrichir la planète de particularismes qui font toute la beauté du monde.