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Monsieur le Président, je suis absolument ravi de prendre la parole pour la troisième fois devant cette Chambre concernant le projet de loi C-3 sur les ponts et tunnels internationaux. Il s'agit d'un excellent projet de loi pour notre pays et pour beaucoup de gens dans toutes les régions du Canada. Il permet d'établir des normes dont on a grandement besoin et dont je vous reparlerai au cours de mon allocution. Je suis persuadé que tous les téléspectateurs de Windsor sont à l'écoute actuellement pour voir si le projet de loi sera adopté par tous les partis, lesquels ont travaillé de concert à son élaboration.
C'est la troisième fois que je parle ici de ce projet de loi. Comme son nom l'indique, il porte sur les ponts et les tunnels internationaux du Canada. On trouve ces ponts et ces tunnels dans trois provinces : l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et le Québec. Ils relient le Canada aux différents États américains comme New York, le Michigan, le Minnesota, le Maine et le Vermont. Il s'agit d'un texte très important parce que bon nombre de ces ponts et tunnels sont les passages les plus empruntés entre les États-Unis et le Canada.
Ce projet de loi est le troisième du genre à être présenté. Avant lui, les projets de loi C-44 et C-26 ont été présentés au Parlement par l'ancien gouvernement libéral. Nous sommes prêts à le faire adopter par la Chambre. Le gouvernement conservateur fait avancer les choses.
Les projets de loi précédents visaient à modifier la Loi sur les transports au Canada, la loi cadre du Canada en matière de transports. Ils étaient trop volumineux et trop compliqués pour être adoptés. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement, par souci d'efficacité, n'en a retenu que cette portion, qui traite seulement des ponts et des tunnel, en y ajoutant différents autres amendements.
Comme d'habitude, les libéraux tenteront de s'en attribuer le mérite, mais c'est le gouvernement conservateur qui a fait le nécessaire pour que ce projet de loi soit adopté dans cet important dossier pour les Canadiens, et surtout pour les gens de Windsor, dont le passage frontalier est en train d'être réévalué.
Les deux projets de loi libéraux sont morts au Feuilleton, notamment en novembre 2005 dans le cas du projet de loi C-44. Les dispositions concernant les ponts et les tunnels internationaux ne constituaient qu'une petite partie des modifications globales qu'ils contenaient. Ces dispositions et d'autres modifications sont maintenant présentées sous la forme d'un projet de loi distinct qui porte uniquement sur les ponts et les tunnels internationaux.
Le projet de loi C-3 emprunte certaines dispositions à ses prédécesseurs, mais les dispositions empruntées ont été reformulées et au moins deux nouvelles dispositions ont été ajoutées pour combler des lacunes constatées dans ces projets de loi.
Comme tout le monde le sait à la Chambre des communes, y compris la plupart des personnes qui nous écoutent aujourd'hui, le paragraphe 92(10) et l'article 91 de la Constitution donnent au gouvernement fédéral la compétence exclusive des ponts et des tunnels internationaux. Malgré l'existence de ce pouvoir législatif exclusif, aucune loi qui s'appliquerait à tous les ponts et les tunnels internationaux et établirait comment le gouvernement fédéral peut exercer ce pouvoir n'a jamais été adoptée dans l'histoire du Canada. C'est pourquoi le projet de loi C-3 est si important.
La plupart des ponts et des tunnels internationaux actuels ont été créés par des lois séparées. Chacune règle des incohérences relevées dans d'autres lois. Ce projet de loi apportera de la cohésion à la loi elle-même et fera en sorte que les ponts et les tunnels internationaux soient tous régis par une seule et même loi, comme il se doit.
L'annexe jointe à ce projet de loi dresse la liste de 53 lois spéciales, soit de 53 fois où la Chambre a dû se pencher sur des ponts et des tunnels différents, dont beaucoup ont été adoptées peu après la Confédération. Ces lois ont presque 100 ans. Par conséquent, leur vocabulaire est différent et ne reflète pas certaines réalités d'aujourd'hui. Depuis le 11 septembre 2001, la sûreté et la sécurité de nos passages frontaliers internationaux, de nos routes commerciales et de nos citoyens sont devenues particulièrement importantes. Notre gouvernement agit enfin en ce sens et nous obtiendrons des résultats.
En plus de confirmer la compétence du gouvernement fédéral concernant les ponts et les tunnels internationaux, ce projet de loi propose la mise en place de règles qui s'appliqueront à tous les ponts et tunnels internationaux existants et futurs. Il modernisera les lois spéciales sur les ponts et les tunnels auxquelles il renvoie.
Le projet de loi C-3 établit un processus administratif officiel pour l'approbation de la construction de tout nouveau pont ou tunnel international ainsi que de la modification des structures existantes, de sorte que le gouvernement n'aura plus à adopter une loi spéciale chaque fois qu'il faut faire quelque chose à l'un de ces passages importants.
Le projet de loi donnera aussi au gouvernement le pouvoir de prendre des règlements dans des domaines comme l'entretien et la réparation, la sûreté et la sécurité, ainsi que l'exploitation et l'utilisation des passages, dans le but d'adopter des normes ou des pratiques exemplaires dans ces domaines. Il s'appliquera à tous les ponts et tunnels internationaux, peu importe où ils se trouvent ou à qui ils appartiennent.
Il importe pour les gens de Windsor que nous adoptions ce projet de loi. Ainsi, l'entretien et la réparation, la sûreté et la sécurité, ainsi que l'exploitation des tunnels et des ponts seront régis par le gouvernement fédéral uniformément dans tout le pays.
Comme je l'ai déjà indiqué, il y a deux dispositions qui n'étaient pas dans le projet de loi précédent. La première est une disposition technique qui porte sur les passages au-dessus du Saint-Laurent. Elle vise à corriger une disposition contenue dans la Loi sur la protection des eaux navigables afin de permettre l'approbation de nouveaux ponts et tunnels internationaux pour traverser le fleuve Saint-Laurent. Actuellement, il y a trois ponts internationaux au-dessus de ce fleuve et ils sont tous en Ontario.
Comme on prévoit la construction d'un nouveau pont bas à Cornwall, j'imagine que les gens de Cornwall surveillent également intensément leur écran aujourd'hui, parce que cela va simplifier grandement une démarche déjà très complexe.
La deuxième disposition nouvelle concerne les transactions touchant la propriété ou l'exploitation d'un pont ou d'un tunnel international. Premièrement, le projet de loi C-3 propose que ces transactions soient soumises à l'approbation du gouvernement. Deuxièmement, il établit un mécanisme administratif pour cette approbation, mécanisme qui est semblable au mécanisme applicable en cas de construction ou de modification d'un pont ou d'un tunnel. On étend ainsi les compétences de l'État fédéral dans le domaine des ponts et des tunnels internationaux et, surtout, on lui permet de mieux s'acquitter de sa responsabilité de préserver la sécurité des Canadiens.
Ainsi, quel qu'en soit le propriétaire, ces structures sont d'une importance capitale pour les Canadiens. En fait, le gouvernement fédéral a une responsabilité en la matière. Les députés de tous les partis ont le devoir d'adopter le projet de loi le plus rapidement possible parce qu'il nous fait défaut depuis trop longtemps. Les Canadiens ont besoin d'être protégés. Peu importe à qui appartiennent ces ponts et qui les exploite, la maintenance, les réparations et les modifications doivent être faites dans l'intérêt national. Voilà pourquoi le projet de loi est si important.
Il ne s'agit pas d'installations ordinaires. L'État fédéral doit savoir en tout temps à qui elles appartiennent et qui les exploite. Il doit être averti de tout changement proposé de propriétaire ou d'exploitant et il doit approuver un tel changement. Étant donné la grande quantité de véhicules qui empruntent les ponts internationaux, nous devons veiller à ce que ces voies commerciales très empruntées demeurent viables dans l'intérêt des Canadiens.
Ces liens ne sont pas seulement vitaux pour le commerce, mais également pour le tourisme. L'État fédéral a la responsabilité de protéger les installations ainsi que les gens qui les empruntent. Au cas où on pourrait encore douter de l'importance de ce projet de loi, j'aimerais communiquer de nouveau à la Chambre les statistiques impressionnantes que je lui ai présentées lors du débat de deuxième lecture.
Le commerce des produits avec les États-Unis totalise plus de 530 milliards de dollars par année. Chaque jour, des produits d'une valeur de 1,9 milliard de dollars passent sur ces ponts. La quasi-totalité de ces produits est transportée par camion. Nous avons également entendu parler de l'importance de notre système ferroviaire, grâce auquel environ 270 millions de tonnes de marchandises et des millions de passagers traversent ces ponts internationaux chaque année. Les voies ferrées se rendent jusqu'au golfe du Mexique et même encore plus au sud, jusqu'au Mexique, alors il s'agit d'un lien très important.
Étant donné que le secteur du transport fournit des emplois à plus de 830 000 Canadiens, il est difficile d'imaginer ce que seraient les répercussions financières sur notre économie si de tels liens étaient mis en péril de quelque manière que ce soit. Je pense qu'à titre de députés, nous ferions preuve de négligence si nous n'adoptions pas ce projet de loi tandis que nous en avons l'occasion, et c'est particulièrement important pour la population de Windsor. Il est dangereux de laisser ces liens vitaux sans protection.
Il va sans dire que nous devons promouvoir le commerce et assurer la sûreté et la sécurité de la frontière. Des mesures de sécurité ont été mises en place à nombre de ponts et de tunnels internationaux existants, mais il faut de la cohérence à cet égard pour maintenir un certain seuil et un certain niveau de sécurité pour que les Canadiens et que nos liens vitaux soient le mieux protégés possible.
Il y a également des mesures pour accroître l'efficience du trafic. Ce sont de bons exemples pour nous, mais nous devons les partager avec les autorités responsables de tous les ponts et points de passage internationaux, afin d'obtenir les meilleurs résultats pour les Canadiens. Le projet de loi permettra au gouvernement d'atteindre son but qui est d'assurer la sécurité de la frontière tout en poursuivant ses objectifs commerciaux qui sont si importants.
Je résume rapidement les diverses étapes législatives qu'a déjà franchies le projet de loi C-3 et j'explique pourquoi nous en sommes saisis aujourd'hui. Le projet de loi a été présenté le 24 avril 2006. Il a été débattu pendant deux jours à l'étape de la deuxième lecture, plus précisément jusqu'au 1er mai. Les députés ont ensuite voté pour le renvoyer au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités auquel je siège. En mai et en juin, le comité permanent a siégé six fois pour l'étudier.
Cela ne montre-t-il pas que le gouvernement travaille bien? Le projet de loi a été présenté le 24 avril et, aujourd'hui, nous tentons de le faire adopter en ce dernier jour de séance de la session de printemps. Voilà une preuve de l'excellent travail qu'accomplit le gouvernement conservateur.
Au cours de son étude, le comité en entendu plusieurs témoins dont certains fonctionnaires de Transports Canada qui ont participé à la rédaction du projet de loi et à l'élaboration des politiques que le projet de loi tente de préciser. Le comité a également entendu le témoignage de M. Tom Garlock, président de la Bridge and Tunnel Operators Association. Cette association représente plus de dix organisations responsables des ponts et des tunnels qui constituent un point de passage international et qui sont les plus grands et les plus achalandés.
Le comité a également entendu directement un des membres de la Bridge and Tunnel Operators Association ainsi que le témoignage de la Canadian Transit Company, qui possède et exploite le pont Ambassador, à Windsor, et qui a une grande importance, par la voix de M. Matthew Moroun et M. Dan Stamper, son président.
Le comité a entendu Phil Benson, lobbyiste pour Teamsters Canada.
Le comité a entendu de nombreux témoins de tous horizons. Des professionnels sont venus donner leur avis. La Bridge and Tunnel Operators Association s’inquiète surtout des répercussions possibles. C’est une chose qui préoccupe les sociétés privées. L’Association voulait être certaine que l’intervention du gouvernement ne réduirait pas les profits. Le gouvernement, lui, souhaitait qu’il y ait un équilibre. Nous voulons que le passage à la frontière soit le plus efficace et efficient possible, tout en assurant la sécurité et la sûreté.
Le premier ministre et le gouvernement ont écouté. En conséquence, le gouvernement a présenté sa propre motion visant à amender les dispositions sur le péage en proposant une nouvelle formulation qui le protégerait des hausses ou des baisses des droits de péage ayant des effets défavorables sur le trafic. Le gouvernement a écouté et agi dans l’intérêt des parties prenantes et des Canadiens. Nous avons trouvé un compromis.
Cet amendement a donné lieu au nouvel article 15.1. Il a aussi été question de consultation au comité. En fait, ces amendements et ces débats ont amené le gouvernement à proposer un deuxième amendement qui ajouterait le paragraphe 15(2), selon lequel le gouvernement serait tenu de consulter les parties prenantes sur des questions d'exploitation et d’utilisation, ce qui est évidemment capital pour les intéressés. Le fait que le gouvernement soit à l’écoute est une indication de son excellence même.
Je sens ici le besoin de faire quelques observations. À l’étape du rapport, le député de Windsor-Ouest a livré un discours passionné précisément sur ce sujet. À mon avis, abstraction faite des effets oratoires propres à un discours politique, il a donné l'impression que le gouvernement actuel ne croyait pas dans la consultation du public, ce qui n’est vraiment pas le cas, et qu’il n’entreprendrait pas les consultations prévues dans le projet de loi. J’ai fait les préparatifs nécessaires. Nous avions déjà consulté de nombreuses personnes lors de la rédaction du projet de loi. Nous avions consulté des experts. C’est simplement inexact. Le premier ministre et le gouvernement sont à l’écoute. Nous allons faire ce qui est dans l’intérêt des habitants de Windsor et de tous les Canadiens.
Le comité s’est reporté à de nombreux types de consultations qui devront se tenir dans le cadre du projet de loi et d’autres textes législatifs existants en raison des questions soulevées par le projet de loi. Par exemple, avant qu’un nouveau pont ou tunnel soit construit, une évaluation environnementale très longue et exhaustive doit avoir lieu. Que peut-il y avoir de plus important que de consulter les membres d’une collectivité, les parties prenantes et les autres ordres de gouvernement concernant l’impact sur l’environnement? Le gouvernement juge qu’il n’y a rien de plus important. L’environnement nous préoccupe.
Les consultations publiques sont très importantes et font partie intégrante du processus. De plus, tout règlement pris en vertu du projet de loi est assujetti au processus réglementaire fédéral comme le prévoit la Loi sur les textes parlementaires. Avant l’entrée en vigueur de tout règlement, le processus exige que le public soit consulté. Oui, la tenue de consultations publiques est déjà obligatoire.
En fait, avant que le projet de loi C-3 soit présenté, Transports Canada avait consulté de nombreuses parties prenantes et avait donné suite à leurs préoccupations, là où c’était possible. L’essentiel, c’est que le gouvernement va protéger les Canadiens et leurs activités commerciales.
À ce que je comprends, de telles consultations auront lieu lorsque viendra le temps de rédiger les règlements d'application du projet de loi. Le gouvernement actuel rend des comptes aux contribuables et il le fait avec transparence. Il n’a pas le droit d’agir à sa guise. Nous ne ferons pas ce que certains députés d’en face ont laissé entendre. Il y a constamment des freins et des contrepoids dans le système et amplement d’occasions pour que la population, y compris tous les ordres de gouvernement, exprime ses préoccupations.
La question du transport de marchandises dangereuses a également été évoquée et nous en avons discuté en profondeur, sans cependant déboucher sur un amendement. Je répéterai cependant ce que j'ai dit aux membres du comité. Transport Canada se penche actuellement sur la réglementation existante concernant le transport des marchandises dangereuses avec tout le sérieux qui permettra de garantir la sécurité des Canadiens. Par ailleurs, le libellé du projet de loi permettrait l'adoption d'une réglementation à cet égard.
En plus de cet amendement, plusieurs amendements de forme mineurs ont été apportés au projet de loi. Les détails figurent dans le rapport du comité à la Chambre.
Voilà donc où nous en sommes aujourd'hui. Je demande aux députés d'appuyer le gouvernement, d'appuyer les Canadiens ainsi que les gens de Windsor, en adoptant le projet de loi pour que les Canadiens puissent en bénéficier. Au moment de voter, nous devons faire abstraction de tout esprit partisan et adopter le projet de loi pour garantir la sûreté et la sécurité du transport transfrontalier des marchandises.
Il est prévu dans la Constitution que les ponts et les tunnels internationaux relèvent de la responsabilité du gouvernement fédéral. En effet, le Canada doit parler d'une seule voix pour garantir la sûreté et la sécurité des Canadiens. Il n'existe à l'heure actuelle aucune mesure législative définissant comment et jusqu'à quel point le gouvernement peut intervenir en matière de ponts et de tunnels internationaux. Il me semble que rien ne pourrait avoir plus d'importance à l'heure actuelle. En effet, des aspects importants comme la maintenance, ainsi que la sûreté et à la sécurité de ces ouvrages concernent tous les Canadiens qui en sont les usagers.
Le projet de loi est une mesure remarquable et je m'attends à ce que tous les partis l'appuient. La réglementation issue de cette mesure législative permettra de déterminer l'ampleur de la participation du gouvernement. À cette étape, le gouvernement invitera, comme il en a l'habitude, les parties intéressées à formuler des commentaires et à exprimer leurs points de vue.
J'invite donc tous les députés à faire abstraction de tout esprit de parti. Je les invite à épauler la population de Windsor, à appuyer les Canadiens et toutes les personnes qui utilisent les ponts et les tunnels internationaux. Adoptons ce projet de loi de manière à ce que nos collègues du Sénat puissent amorcer le processus d'examen sans délai. Nous aurons ainsi fait un pas de plus dans le long processus menant à la sanction royale.
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Monsieur le Président, je me lève ce matin pour prendre la parole à propos du projet de loi C-3, Loi sur les ponts et tunnels internationaux.
Nous savons et nous avons déjà entendu qu'il y actuellement 24 ponts et tunnels routiers étalés le long des 6 400 km de la frontière qui sépare le Canada des États-Unis. Ces ponts et tunnels ont différents propriétaires: 22 sont de propriété publique alors que 2 autres et cinq ponts et tunnels ferroviaires sont de propriété privée.
[Traduction]
Pour bien souligner l'importance du projet de loi pour le Canada, permettez-moi de répéter plusieurs points essentiels relatifs à cette mesure législative.
Tout d'abord, les ponts et tunnels internationaux jouent un rôle indispensable dans le réseau de transport du Canada. Ils facilitent une grande partie de nos excellents échanges internationaux. Comme nous sommes l'un des pays dépendant le plus du commerce, on ne soulignera jamais assez le rôle des ponts et tunnels internationaux dans notre économie.
Ensuite, quelque 13 années après la signature par le gouvernement libéral de l'Accord de libre-échange nord-américain, les échanges entre le Canada et les États-Unis augmentent rapidement année après année. Nous savons que les augmentations ont été en moyenne de plus de 6 p. 100 par année au cours de la dernière décennie grâce, en partie, à l'ALENA et, bien entendu, à l'ingéniosité et à l'engagement des Canadiens.
Troisièmement, nous savons également que la grande majorité des exportations canadiennes vers les États-Unis se font par train ou par camion, surtout aux passages frontaliers entre l'Ontario, l'État de New York et le Michigan. Il est extrêmement important de tenir compte, par exemple, du rôle du secteur automobile et de l'industrie des pièces automobiles dans l'économie du centre du pays. Comme nous sommes le pays du monde qui fabrique des automobiles de la façon la plus efficiente, il est très important que notre réseau de transport entre les deux pays continue de fonctionner parfaitement.
La réalité des pratiques commerciales actuelles force la plupart des entreprises à réduire au minimum leurs stocks et, en fait, beaucoup d'entreprises gèrent leurs stocks en temps réel et suivent ainsi leurs expéditions et leurs livraisons. Les systèmes et les pratiques de gestion juste-à-temps ont envahi pratiquement tous les secteurs économiques et donnent d'excellents résultats dans une large mesure, car les entreprises peuvent compter sur des réseaux de livraison et de transport continentaux sans discontinuité.
Quatrièmement, comme je l'ai déjà dit, en 2005, nos échanges bilatéraux ont dépassé les 580 milliards de dollars. Chaque jour, les échanges entre les États-Unis et le Canada dépassent 1,6 milliard de dollars. Une étude laisse entendre à juste titre que si le Canada n'exploite pas et n'entretient pas comme il se doit ses ponts et tunnels internationaux et ne va pas plus loin en envisageant d'ouvrir de nouveaux passages frontaliers comme ceux-là, le Canada pourrait alors perdre jusqu'à 70 000 emplois d'ici 2030 et jusqu'à 22 milliards de dollars en production.
Le député d'Outremont, lorsqu'il était ministre des Transports, a précisé clairement que nous devions enfin donner au gouvernement fédéral le pouvoir législatif nécessaire pour surveiller de façon efficace ces ponts et tunnels internationaux dans le but de protéger les intérêts des Canadiens.
Le secrétaire parlementaire a eu raison de rappeler à la Chambre que c'était en grande partie le travail accompli par le gouvernement libéral précédent. C'est le travail de notre gouvernement dans ce domaine qui nous a amenés à comprendre que nous devons adopter une approche globale plus cohérente à l'égard de ces structures essentielles.
Il est notoire que ce projet de loi vise le même objectif que la mesure législative que notre gouvernement avait présentée à la Chambre à deux occasions dans le passé. Je récapitulerai les événements qui nous ont amené au débat aujourd'hui. Au début, nous avons examiné des projets de modification de la Loi canadienne sur les transports. Les modifications proposées ressemblaient beaucoup au projet de loi C-3 dont nous sommes actuellement saisis. Ces propositions avaient été insérées dans le projet de loi C-26 présentée au cours de la deuxième session de la 37e législature, lorsque notre parti formait le gouvernement.
Il convient de rappeler aux Canadiens que cette question n'intéressait pas du tout le premier ministre actuel et le reste de ce qui était alors le Parti allianciste du Canada, qui se sont d'ailleurs prononcés contre ces changements à l'étape de la deuxième lecture. Encore aujourd'hui, je me demande où était leur logique, si logique il y avait.
Pendant la 38e législature, nous avons déposé le projet de loi C-44, qui incluait les mêmes modifications. Encore une fois, l'opposition de l'époque, soit le gouvernement actuel, n'a pas vraiment reconnu le mérite de nos propositions, comme cela fut le cas pour de nombreux bons projets de loi libéraux inscrits au Feuilleton à l'époque. Elle a donc décidé de renverser le gouvernement avec l'aide du NPD et du Bloc québécois. Pour une deuxième fois de suite, elle a ainsi décidé de rejeter cette mesure législative.
Comme nous le savons, les députés du gouvernement conservateur ne mâchent pas leurs mots et se plaisent à prétendre que les gouvernements libéraux précédents n'ont rien fait, ce qui est ridicule. Au contraire, en déposant le projet de loi C-3, le gouvernement actuel, par ses actes plutôt que par ses mots, est en train de confirmer à tous Canadiens que les gouvernements libéraux précédents travaillaient vraiment pour leur bien.
Je tiens à remercier le ministre des Transports pour cette grande marque de confiance. Je suis persuadé que le ministre et son secrétaire parlementaire seront prêts à rendre à César ce qui appartient à César. Le projet de loi C-3 assure essentiellement l'exercice des pouvoirs constitutionnels du gouvernement fédéral. Ces pouvoirs sont définis aux paragraphes 91(29) et 92(10) de la Loi constitutionnelle de 1867.
Toutefois, pour tous les Canadiens qui suivent nos débats, de Cornwall à Windsor et partout où l'on trouve un tel poste frontalier, ce projet de loi confirme l'intérêt du gouvernement libéral à l'égard de la sécurité nationale.
Si, à première vue, ce projet de loi peut sembler donner un pouvoir quasi illimité au gouverneur en conseil ou au ministre des Transports pour toute question portant sur les ponts et les tunnels internationaux, en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il assure un bon équilibre, un équilibre entre la libre circulation des personnes, des biens et des services, et la nécessité de conférer des pouvoirs en cas d'urgence et d'établir des normes en ce qui a trait à la construction, à l'achat, au financement ou au fonctionnement de ces ponts ou tunnels, tout en prévoyant des mesures de protection contre un contrôle excessif ainsi que des normes de sécurité appropriées.
Par exemple, aux termes de ce projet de loi, personne ne pourrait construire, modifier ou altérer un pont ou un tunnel international sans autorisation. Cela peut sembler évident pour la plupart des Canadiens, mais c'est ce qui distingue l'approche adoptée par le gouvernement libéral précédent dans ce dossier d'importance. Je m'attends à ce que le gouvernement actuel reprenne textuellement ces mesures dans le nouveau projet de loi.
Le projet de loi C-3 établit un processus d'agrément transparent et prévisible, précise les documents à présenter et donne à la Couronne la latitude voulue pour imposer toute condition qu'elle pourrait juger appropriée au nom des Canadiens.
En ce qui a trait à l'entretien et aux réparations, le ministre des Transports serait autorisé à forcer un propriétaire ou un exploitant à prendre les mesures qui s'imposent pour assurer le bon fonctionnement du pont ou du tunnel pour les Canadiens et les entreprises du pays.
La partie de ce projet de loi qui me semble la plus importante est, je crois, celle qui porte sur le travail réalisé par notre gouvernement et le gouvernement conservateur et dont le projet de loi tient compte, en ce qui a trait à l'émission de lettres patentes pour la constitution de personnes morales. En termes simples, cette mesure permet la création d'une nouvelle compagnie ou corporation qui pourrait être chargée de la construction ou de l'exploitation d'un pont ou d'un tunnel international. Cela est très important, compte tenu de la croissance de notre économie et de la concentration des échanges commerciaux avec les États-Unis.
Notre gouvernement a travaillé très fort pour garantir l'obtention d'informations très détaillées sur toute nouvelle entreprise qui se lancerait dans la construction d'un pont ou d'un tunnel. Nous sommes allés jusqu'à exiger le droit d'approuver le nombre de membres du conseil d'administration de l'entreprise en question. Le projet de loi dont nous sommes saisis en témoigne. Nous demandons à voir leurs pouvoirs et leurs fonctions. Nous exigeons qu'un code de déontologie s'applique à ces administrateurs et autres dirigeants. Enfin, des renseignements sur la propriété de l'entreprise seraient présentés noir sur blanc à tous les Canadiens.
Nous sommes allés plus loin pour protéger les Canadiens. Le projet de loi montre que nous pensions alors, et pensons toujours, que le gouvernement devrait pouvoir révoquer des lettres patentes de constitution accordées antérieurement. C'est là un grand pouvoir accordé à l'État, mais nous pensions alors, et nous n'avons pas changé d'avis, qu'il pourrait être nécessaire si se présentaient des risques pour la libre circulation de marchandises et de personnes, ou en matière de sécurité. En outre, nous avons intégré des dispositions très rigoureuses relativement au devoir de diligence des administrateurs ou autres dirigeants des entreprises oeuvrant dans le domaine des ponts ou tunnels internationaux.
Tout compte fait, les bases que nous avons jetées, et sous-tendent le projet de loi, traduisent le fait qu'il est tout simplement approprié que le gouvernement fédéral régisse les ponts et tunnels internationaux. Les autres ordres de gouvernement trouvent normal que leur gouvernement national détienne ces pouvoirs. Les Canadiens qui nous regardent tiennent pour acquis que leur gouvernement fédéral s'occupe de ces questions, car elles concernent un autre pays en particulier.
Pour revenir à une observation que j'ai déjà faite, malgré toutes les allégations exprimées par le nouveau gouvernement voulant que notre gouvernement n'ait rien fait pendant 13 ans, et Dieu sait que la plupart des Canadiens en ont assez de cette ritournelle, il est d'une ironie cuisante qu'il retienne les fondements que nous avions donnés au projet de loi. Ce n'est par la première fois qu'on mendie, emprunte, vole ou adopte tout simplement des idées libérales et ce ne sera pas la dernière fois non plus.
On comprendrait que les Canadiens arrivent à la conclusion, au vu de sa position sur le projet de loi et de biens d'autres actions, que le gouvernement conservateur tient un double langage. Il veut que nos concitoyens croient une profonde fausseté, à savoir que notre travail ardu et nos interventions de fond pendant notre présence au pouvoir ne sont que mythes. Il importe donc, je crois, que nous soyons très honnêtes à propos du projet de loi.
Comme le ministre le sait pertinemment et comme nous venons de l'entendre dans des échanges précédents, le débat sur les dispositions du projet de loi C-3 qui concernent la consultation traîne en longueur à la Chambre. Si le ministre des Transports autorise finalement la construction d'un nouveau point ou l'agrandissement d'un tunnel existant, quelles seraient ses obligations de consulter d'autres niveaux de gouvernement et les autres parties intéressées, notamment les banques, les sociétés de financement, les entreprises et les propriétaires étrangers et canadiens?
Certains soutiennent que les administrations municipales ou provinciales devraient avoir une sorte de droit de veto. Je n'ai pas encore entendu parler de cela à la Chambre, mais certains soutiennent que les administrations municipales ou provinciales devraient avoir ce genre de droit à l'égard d'un tel projet. D'autres disent que le fait d'imposer une consultation du ministre à des parties indépendantes, notamment aux promoteurs de projets de construction d'un pont ou d'un tunnel, pourrait compromettre ce que ces parties considèrent comme des secrets commerciaux. J'estime qu'il est vraiment dommage que le gouvernement, dans son approche de ce débat, n'ait pas du tout éclairé la Chambre en ce qui concerne la consultation.
Il n'a pas non plus éclairé le débat au sujet des exigences de consultation obligatoires ou discrétionnaires; il a plutôt engendré davantage de confrontations improductives. À cet égard j'estime que le gouvernement a échoué et que son association continue avec le Nouveau Parti démocratique en particulier, association que, hier encore, le premier ministre présentait comme susceptible de maintenir son gouvernement au pouvoir jusqu'en 2009, ne semble pas si amicale aujourd'hui.
Cela dit, j'ai hâte d'appuyer le projet de loi C-3. En somme, j'estime qu'avec ce projet de loi, le gouvernement précédent a franchi un point de non retour en liant nos préoccupations sociales, environnementales, commerciales, économiques et sécuritaires dans le cadre de notre relation exceptionnelle avec nos voisins du sud. Le projet de loi C-3 est fondamentalement un autre exemple des mesures législatives libérales qui, pendant 13 ans, ont renforcé l'économie canadienne et protégé les Canadiens de diverses menaces en matière de sécurité, de sûreté et de mobilité.
Je félicite le gouvernement d'avoir choisi une mesure législative modeste et bien fondée comme deuxième projet de loi de la session. Comme l'opposition veut collaborer de bonne foi avec ce gouvernement minoritaire, je peux assurer à tous les députés que nous ne ferons pas de politicaillerie avec une mesure législative qui, de toute évidence, sert l'intérêt des Canadiens.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui à propos du projet de loi C-3, Loi sur les ponts et tunnels internationaux.
Puisqu'il reprend à son compte une partie du projet de loi C-44 présenté lors de la 38e législature et auquel le Bloc québécois était favorable, nous ne pouvons qu'appuyer ce projet de loi. Nous le faisons toutefois avec certaines réserves que j'expliquerai plus loin.
Par ce projet de loi, pour la première fois, le gouvernement du Canada met en place un cadre législatif qui lui permettra d'exercer son autorité sur les ponts et tunnels internationaux. Le nouveau gouvernement nous dit vouloir s'assurer que tous les franchissements répondent aux intérêts nationaux en ce qui a trait à la sécurité, la sûreté et la circulation efficiente des personnes et des biens. Il faut noter que les événements de septembre 2001 ont souligné l'importance de protéger ces infrastructures essentielles.
Les modifications proposées accorderaient au gouvernement du Canada de nouveaux pouvoirs législatifs plus étendus pour veiller aux approbations relatives aux ponts et tunnels internationaux. Ces modifications conféreraient au gouvernement le pouvoir d'approuver, sur recommandation du ministre des Transports, la construction ou la réfection de ponts et de tunnels internationaux, et d'élaborer des règlements régissant la gouvernance, l'entretien, la sécurité, la sûreté et l'exploitation de ces ouvrages. La loi autoriserait également le gouvernement fédéral à approuver la vente ou le transfert de propriété des ponts et des tunnels internationaux. Notons aussi que le projet de loi renforcerait la surveillance exercée par le gouvernement fédéral sur tous les ponts et tunnels internationaux, nouveaux et existants, dans le but de mieux protéger l'intérêt public et d'assurer des échanges internationaux souples.
Il existe actuellement 24 ponts et tunnels routiers internationaux et 5 tunnels ferroviaires internationaux qui relient le Canada aux États-Unis. La grande majorité des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis transite par ces ponts et tunnels qui jouent un rôle essentiel dans le transport canadien. Bien qu'un seul pont de faible importance se situe au Québec, le Bloc québécois reconnaît toutefois la pertinence de ce projet de loi. Comme nous l'avons toujours fait par le passé, nous participons de façon constructive à l'élaboration des politiques gouvernementales servant au bénéfice de l'ensemble de la population.
Par exemple, lors de l'étude du projet de loi en comité, nous avons pu constater l'importance de la nouvelle loi dont nous discutons aujourd'hui, lorsque nous avons appris que le pont Ambassador qui relie la ville ontarienne de Windsor à celle de Détroit, dans l'État du Michigan aux États-Unis, était propriété d'une entreprise privée américaine. Le propriétaire actuel s'oppose à ce projet de loi, et nous estimons que le gouvernement canadien doit jouir d'un droit de regard et de juridiction sur tous les liens internationaux qui unissent les deux pays.
Par contre, ce qui nous préoccupe davantage au Québec relativement à ce projet de loi, c'est une disposition touchant les ponts et tunnels internationaux qui franchissent le fleuve Saint-Laurent. Ces dispositions corrigent l'anomalie législative dans la Loi sur la protection des eaux navigables qui exige qu'un permis soit délivré pour tous les travaux qui ont des répercussions sur les eaux navigables, mais qui n'autorise pas la délivrance de permis pour ce qui est du fleuve Saint-Laurent. Cette anomalie est devenue évidente lors de l'étude du projet de pont de l'autoroute 30 enjambant la voie maritime du Saint-Laurent, au sud de Montréal.
Le ministre déclarait, dans son allocution du vendredi 28 avril, que tout nouveau franchissement enjambant le Saint-Laurent serait sujet à l'approbation du fédéral. Par le passé, le gouvernement fédéral a trop souvent fait preuve d'arrogance à l'égard du Québec et de ses champs de compétence. Nous n'avons qu'à penser au choix de Mirabel comme site du nouvel aéroport, imposé par le gouvernement fédéral à l'encontre de la volonté du gouvernement québécois de l'époque.
Le gouvernement québécois planifie l'utilisation de son territoire et nous ne verrions pas d'un bon oeil le fédéral imposer son pouvoir pour empêcher le Québec d'exercer les siens.
Je souhaite donc que cette approbation du fédéral soit confirmée en tenant compte des avis et des préoccupations manifestées par le gouvernement du Québec dans le respect des champs de compétence de tous les ordres de gouvernement.
Bien que le projet de loi corrige un vide juridique dans le domaine des ponts et tunnels internationaux, qu'il vise à améliorer la sécurité de ces ouvrages et qu'il reçoive l'assentiment des intervenants locaux, il nous inspire, par contre certaines réserves.
Dans le cadre de la réglementation des ponts et tunnels internationaux, le projet de loi nous donne l'impression qu'on octroie des pouvoirs quasi « policiers », très larges, au gouvernement, par exemple, un pouvoir d'enquête sans mandat et un pouvoir de saisie très sommaire.
Le gouvernement s'octroie des pouvoirs de légiférer, mais la responsabilité financière repose sur d'autres épaules. À terme, nous croyons que cette situation peut mener à des conflits.
Notons que la responsabilité des ponts et tunnels internationaux relève de la compétence législative exclusive du gouvernement fédéral selon l'Acte de l'Amérique britannique du Nord de 1867.
Toutefois, ces ouvrages sont, dans la majorité des cas, la propriété des provinces pour la partie canadienne. Il faudrait donc s'assurer que l'application réglementaire et financière de cette loi se fasse nécessairement en collaboration et en négociation avec celles-ci.
Dans son allocution du 28 avril dernier, le ministre déclarait que le gouvernement fédéral pourra veiller à ce que les évaluations environnementales des ponts et tunnels internationaux soient menées conformément à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale quand ce sera approprié.
Qu'entend le ministre lorsqu'il ajoute à la fin de sa phrase: « quand ce sera approprié »?
À nouveau, il nous apparaît important que le ministre tienne compte des pouvoirs du Québec, qu'il respecte le fait que l'environnement est de compétence partagée entre le fédéral et les provinces et qu'il n'a pas nécessairement le dernier mot en cette matière.
Nous avons consulté le Bureau d'audiences publiques du Québec, le BAPE. À la suite de ces consultations, nous constatons que l'entente entre cet organisme et l'Agence canadienne d'évaluation environnementale fédérale donne de bons résultats et que les champs de compétence de chacune des agences sont respectées. Étant donné l'ouverture déclarée à l'égard du Québec, nous souhaitons que ce respect se poursuive relativement au projet de loi que nous étudions aujourd'hui en troisième lecture.
La question des champs de compétence a aussi été soulevée à maintes reprises en comité, lors de l'adoption article par article du projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui. Nous avons déclaré faire confiance au ministre dans certaines circonstances d'urgence où ce dernier s'attribuerait des pouvoirs d'exception en cas de crise majeure.
En conclusion, le Bloc québécois donnera son appui à la troisième lecture du projet de loi, quoiqu'il soit une solution bien partielle aux nombreux problèmes de transport restant à résoudre au Québec et au Canada.
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Monsieur le Président, le Bloc québécois reconnaît la compétence constitutionnelle du gouvernement fédéral en matière de ponts et de leurs rejetons modernes que sont les tunnels. Pour nous, le projet de loi C-3 comble un vide juridique dans le domaine des ponts et tunnels internationaux. Nous considérons important l'objectif de ce projet de loi, car il vise à améliorer la sécurité de ces grands ouvrages. Tout d'abord, il faut bien dire qu'au Québec, nous n'en avons pas un nombre important. Nous y reviendrons.
Dans le cadre de la réglementation des ponts et tunnels internationaux, cette loi va octroyer des pouvoirs qu'on pourrait qualifier de « chien de garde », d'un genre un peu policier, ce que nous déplorons. En effet, un gouvernement ne doit pas servir qu'à appliquer, comme le gouvernement fédéral se propose de le faire, un pouvoir d'enquête sans mandat, ou un pouvoir de saisie autoritaire. Il nous semble que des règlements plus complets pourraient être moins contraignants et permettraient tout de même un contrôle sur les ponts sans que l'on soit obligé d'en arriver à des situations aussi difficiles.
Le gouvernement s'octroie donc des pouvoirs de légiférer très larges, mais il laisse par contre les responsabilités financières sur les épaules des autres. Cela peut mener potentiellement à un conflit d'intérêts.
Il n'existe qu'un pont international au Québec — on vous l'a dit et on le répète —, c'est celui de Glen Sutton qui mène à East Richford, et qui appartient au Québec et au Vermont. Il s'agit d'un pont métallique à poutres, construit autour de 1929. Cela n'en fait pas un vieux pont, mais il est d'une conception peut-être un peu dépassée. Quand on pense à la longévité des ponts du Moyen Âge, on peut croire que celui-là sera bon encore très longtemps. Il enjambe une petite rivière, la rivière Missisquoi, sur une longueur d'environ 150 pieds. Des camions l'empruntent sans problème apparent. Le pont est donc en bon état. Il est évident qu'une cure de rajeunissement lui ferait du bien. Toutefois, actuellement la municipalité de Sutton s'occupe principalement de son déneigement et de l'ensablement. Le reste est fait par les autorités du Vermont.
L'inspection est faite conjointement par les propriétaires, soit le Québec et le Vermont. Lorsqu'il faut des réparations, il semble que la municipalité de Sutton s'en occupe, mais les conseils viennent du Québec et nous considérons que ces conseils sont bons. Le Vermont y voit à hauteur de 70 p. 100 et le Québec à hauteur de 30 p. 100. Sans aide financière, le projet de loi C-3 n'intéresse pas tellement les Québécois de Sutton. On peut d'ailleurs constater que le projet de loi n'est pas fait dans ce but puisque, au Québec, nous n'avons que ce petit pont.
Dans le cas de cet unique pont que nous avons, il n'est certainement pas nécessaire de seulement se faire dire quoi faire. C'est peut-être plus important pour Windsor que pour nous.
Il est évident que nous considérons — si des ponts traversant la voie maritime devaient être faits — que les plans et l'ensemble du projet devraient être préparés par Québec et ne requerraient que l'approbation du fédéral, ce que nous considérons correct.
C'est ainsi que nous voyons ce projet de loi. Il répondrait ainsi à des besoins que l'on recherchait au moment où on a rédigé le projet de loi. Comme le secrétaire parlementaire l'a répété tout à l'heure, on voulait ajouter de la sécurité autour de ces ponts, car les événements terroristes de 2001 ont mis certaines de ces oeuvres quelque peu en danger. Je ne vois absolument pas comment le projet de loi, dans sa forme actuelle, va pouvoir protéger le pont entre Sutton et East Richford.
La responsabilité d'harmonisation des ponts et tunnels internationaux relève de la compétence législative exclusive du gouvernement fédéral, mais pas nécessairement la protection des ponts. Ce n'est pas nécessairement à cause des événements terroristes que l'on prépare cette loi. C'est beaucoup plus pour harmoniser les ponts, plus particulièrement les 19 ponts situés en Ontario.
Cependant, ils ne possède pas actuellement le pouvoir législatif et réglementaire clairement défini pour administrer ces franchises. Toutefois, cela ne peut être fait que par des fonds. Si l'on n'a pas de fonds, on ne peut régler les problèmes.
Selon le ministre de Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, à l'heure actuelle, aucun processus n'est établi pour approuver la construction de nouveaux ponts ou tunnels ou la modification de ceux déjà existants. Par le passé, la construction d'un pont a toujours été faite par l'entremise d'une loi. Si l'on présente un projet complet pour un nouveau pont, nous, au Québec, voudrions avoir une réponse, soit: oui ou non. On ne veut pas de consultation municipale ou de consultation avec une foule de personnes.
Le Québec est capable de se débrouiller pour construire des ponts. On veut que le fédéral dise: oui ou non, ce pont est sécuritaire ou il ne l'est pas.
Ce n'est pas du tout le cas pour Glen Sutton et East Richford où il y a un petit pont de 150 pieds.
Il n'en demeure pas moins que c'est le Québec qui prend soin de ses ponts et qui prendra soin des autres ponts internationaux, ultérieurement. Le pont du Vermont est entretenu dans une proportion de 30 p. 100 par le Québec et de 70 p. 100 par le Vermont.
La loi contient de nouvelles dispositions, dont l'une est l'approbation des transactions affectant la propriété. On se demande un peu pourquoi on abordera les transactions du terrain avant même que le projet ne soit conclu.
Il y a aussi le contrôle et l'exploitation. Cela peut aller très loin. Quand on commence à controler l'exploitation d'un pont, cela peut mener à toutes espèces d'abus.
En plus de confirmer la place du gouvernement fédéral en ce qui a trait aux ponts et tunnels internationaux, en établissant des lignes directrices concernant l'approbation de la construction d'un pont et tunnel ou la modification des structures existantes, et en établissant les conditions relatives à l'entretien et à l'exploitation des ponts, en approuvant la transaction visant à modifier la propriété, le contrôle ou l'exploitation des ponts, et en garantissant la sécurité et la sûreté des rafraîchissements, on arrive toujours à une plus grande centralisation vers Ottawa.
Cela nous conduit donc vers le fait « qu'il est interdit de construire ou de modifier un pont ou tunnel international sans l'accord du gouvernement », selon l'article 6; « que le gouvernement peut approuver ou refuser l'emplacement et les plans d'un pont international sur le fleuve du Saint-Laurent », selon le paragraphe 4(4); « que le gouvernement peut établir des règlements concernant l'entretien et la réparation, l'exploitation et l'usage et la sûreté des ponts et tunnels internationaux », selon l'article 14.
De plus, des pouvoirs policiers très larges seront octroyés au gouvernement pour faire une enquête, par exemple, ou tout simplement faire une saisie.
Heureusement qu'il y a des côtés positifs dans cette loi, car on ne trouve pas tellement emballants les autres côtés. Nous voterons en faveur de ce projet de loi puisqu'il contient des articles très valables, que voici.
« Le ministre des transports peut donner toute directive s'il estime qu'il existe un danger immédiat pour la sûreté de tout pont ou tunnel international ou pour la sécurité des personnes », selon l'article 17. On est tout à fait en faveur de cet article car il est excellent.
« L'agrément du gouvernement est nécessaire au transport de propriété, de contrôle et d'exploitation d'un pont ou d'un tunnel international », selon l'article 23. Nous trouvons cet article également excellent.
« Il est possible de constituer une société d'État pour l'administration d'un pont ou d'un tunnel international », selon l'article 29. À notre avis, c'est un autre article extrêmement intéressant.
En résumé, nous sommes en faveur de cette loi, car elle nous donne la possibilité de présenter au fédéral des projets complets. Nous sommes beaucoup moins emballés par le fait qu'on vienne toujours vérifier si nos ponts sont sécuritaires. Nous sommes capables de le faire nous-mêmes. Nous ne sommes pas du tout ouverts à l'idée de faire des consultations municipales; cela peut très bien s'appliquer à la ville de Windsor, mais pas à Glen Sutton.
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Monsieur le Président, c'est un privilège d'intervenir dans le débat sur le projet de loi C-3, qui concerne les ponts et tunnels internationaux.
Il importe de souligner que j'ai participé à de nombreux débats à la Chambre des communes sur les ponts et les frontières. Le présent débat est très important pour ma circonscription, Windsor-Ouest, et pour les circonscriptions de Windsor—Tecumseh et d'Essex ainsi que pour l'ensemble du Canada. Le Nouveau Parti démocratique reconnaît que le projet de loi comporte des éléments très importants.
il est intéressant de souligner le sentiment d'urgence qui est apparu à la Chambre des communes après les événements du 11 septembre 2001. Il ne fait aucun doute que ces événements ont changé nos vies pour toujours et nécessitent également la modification des règlements qui régissent la société civile et la planification de la sécurité au Canada. Nous appuyons toutes les mesures, mais nous sommes en 2006. Pourquoi le projet de loi ne nous a-t-il pas été présenté avant?
Cette question est importante parce que nous avons déjà débattu de l'urgence et de l'obstruction. Cependant, en tant que législateurs, nous tenons beaucoup à avoir le meilleur projet de loi possible et à avoir des mesures de sécurité qui ont un sens. Pour cela, il faut modifier le projet de loi parce que les gens en première ligne savent ce qu'il faut pour assurer la sécurité de leurs collectivités aussi bien que n'importe qui ici à Ottawa.
Il importe de bien comprendre que le NPD ne demande pas un veto. Nous ne voulons pas faire d'obstruction dans ce dossier ni nuire aux efforts déployés. Nous réclamons des mesures normatives qui amélioreront le processus, donneront un meilleur projet de loi, augmenteront la sécurité, stimuleront le commerce, faciliteront le mouvement du trafic et amélioreront la qualité de l'environnement de nos collectivités afin que nous puissions tous prospérer.
Si je ne n'exprimais pas ces préoccupations à la Chambre, je négligerais les besoins et la volonté des habitants de Windsor-Ouest ainsi que les raisons pour lesquelles ils m'ont envoyé ici. Je suis ce dossier depuis que j'ai été élu, en 1997. Je peux affirmer que ce que je propose aujourd'hui est juste, honnête et sincère et nécessite des compromis de toutes les parties.
Il ne fait aucun doute que certaines des idées que nous avions proposées pour ce projet de loi n'auraient pas pu être mises en oeuvre pour le moment et nous les avons donc retirées. Il s'agissait d'amendements bien précis qui ont été retirés parce que le gouvernement avait de bonnes raisons. Cependant, le gouvernement n'a aucune justification pour refuser les deux modifications que les néo-démocrates veulent apporter au projet de loi dans le but de l'améliorer. Il est important de le reconnaître.
L'idée que nous essayons de créer un processus complexe, sans aucun précédent et non viable, n'est pas justifiée.
Les membres du partenariat du projet de point de passage international de la rivière Detroit se réunissent régulièrement. Il s'agit d'un partenariat composé de partenaires du gouvernement fédéral et des États du côté américain et de partenaires fédéraux et provinciaux du côté canadien. Le partenariat tient des réunions réglementaires régulières. Il rayonne dans la communauté. Il a des échéances établies. Il peut compter sur la participation de la collectivité et celle-ci est mobilisée.
J'aurais tendance à être plutôt critique à l'égard de certains de ces éléments, mais un processus est en cours et il pourrait devenir un modèle pour l'avenir. Cela pourrait faire partie des règlements. Nous voulons le meilleur dialogue possible et, ce qui est plus important encore, la confiance.
En toute franchise, je ne cherche pas à catégoriser le ministre des Transports, en disant que les Canadiens n'ont aucune confiance en lui ni en sa capacité de prendre des décisions. Je ne personnalise pas cet élément du tout. Tout ce que je dis, c'est que le projet de loi C-3 a des lacunes en ce sens qu'il ne prévoit aucune consultation avec les organismes et, ce qui est plus important encore, avec tous les niveaux de gouvernement qui ont un intérêt direct dans la santé et la sécurité de leurs collectivités. Il s'agit d'un processus qui se poursuivra pendant des années.
C'est peut-être le cynique en moi qui parle, mais l'expérience m'a appris qu'il ne faut jamais se fier à des responsables qui prennent, à des milliers de kilomètres de distance, des décisions touchant une collectivité locale qui n'a aucun espoir d'être consultée régulièrement ou de prendre une part active au déroulement de l'ensemble du projet. C'est la garantie d'un commerce sécuritaire, sûr et prospère.
Il est intéressant de noter que nous avons entendu fustiger d'autres responsables élus, que ce soit dans une commission scolaire, une municipalité ou une province. À Windsor-Ouest, pour ceux qui ne seraient pas au courant, 10 000 camions internationaux traversent régulièrement notre municipalité. À cause de querelles entre un gouvernement libéral et un gouvernement conservateur, une autoroute fédérale a été construite au beau milieu du champ d'un cultivateur sans que soient jamais construits les kilomètres de route qui la relieraient au point de passage frontalier le plus important du Canada.
Étant donné les disputes entre le gouvernement fédéral et la province à l'époque, c'est une route municipale qui conduit au passage frontalier. À cause de cela, nous avons une série d'infrastructures déficientes qui n'ont pas été réaménagées après la signature de l'ALENA. Constatant la croissance annuelle importante du flux des échanges commerciaux, le conseil municipal a donné le signal d'alarme. D'une rue à l'autre, la congestion s'aggravait et se répandait, mais nous n'avons pas reçu du fédéral ou de la province l'appui nécessaire pour résoudre le problème. Je manquerais à mes responsabilités si je ne défendais pas les personnes touchées.
Tout ce que je demande dans le cadre de ce processus, c'est que nous ayons notre mot à dire en ce qui concerne l'exploitation, et nous l'avons. Chose intéressante, nous avons de nouvelles dispositions relatives à l'exploitation, mais quand il s'agit de la modification d'une route ou de changements concernant la propriété, nous aimerions aussi avoir un droit de regard.
Sur les diverses routes et autoroutes envisagées comme artères menant à la frontière, il y a plusieurs écoles: Brock, Bellewood, Roseland, Oakwood, Marlborough, St. Francis, St. James et J.E. Benson. Ce sont toutes des écoles primaires. Forester et Assumption sont des écoles secondaires. Tout ce que je demande en ce qui concerne ces deux dernière, c'est que les commissaires et le conseil scolaire aient au moins leur mot à dire. Les propositions relatives aux passages frontaliers, qu'elles proviennent du secteur privé, du gouvernement fédéral ou de la province, ont une incidence importante sur le terrain de ces deux écoles.
Une fois de plus, je demande qu'on ait un droit de regard.
Il va sans dire que ce projet de loi contient des bonnes mesures qui ont un intérêt certain. Les questions de sécurité et de sûreté sont très importantes.
Quand je sors de chez moi et que je regarde au bout de la rue, je vois la rivière Detroit. De ma cour arrière, j'aperçois le pont Ambassador. Quelques centaines de mètres plus loin, il y a le tunnel du chemin de fer du Canadien Pacifique. Quelques kilomètres plus loin encore, on trouve le tunnel Detroit-Windsor. À environ cinq kilomètres dans l'autre direction, on peut trouver le traversier Detroit-Windsor. Quelque 42 p. 100 des échanges commerciaux du pays transitent par ces quatre passages frontaliers dans ma circonscription.
Pourquoi est-ce je tiens tant à ces dispositions et aux amendements que j'ai proposés? Je ne veux pas qu'une autre collectivité canadienne, que ce soit en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick ou au Québec, ne vive ce que vit actuellement ma circonscription. Il faut le souligner parce que j'ai vu ce que cela a fait.
Des études sont en cours pour lesquelles les enfants doivent, à cause des contaminants et de la pollution, porter des masques à oxygène et d'autres dispositifs de mesure de la capacité respiratoire lorsqu'ils vont à l'école.
Aujourd'hui seulement, des agents de la sécurité publique du SCFP ont demandé la tenue d'une étude sur le cancer du sein à cause des polluants et des toxines émanant des camions lorsqu'ils traversent la frontière ou sont immobilisés pour les contrôles avant de franchir la frontière.
Il y a donc des éléments importants aussi bien que le commerce international. Personne ne souhaite que les marchandises se déplacent librement, entièrement et de façon sécuritaire plus que les habitants de Windsor, où se trouve notre industrie de l'automobile. Cette industrie procure des avantages non négligeables non seulement à la population, mais encore à tout le pays.
Nous voulons que cette industrie soit florissante, mais pas au détriment de nos enfants et des habitants de notre région. Nous ne voulons pas que des gens de l'extérieur de la région viennent nous imposer des choses unilatéralement sans nous consulter.
Je le répète, tout ce que nous demandons relativement à ce projet de loi, c'est être consultés. Précédemment, c'était là un élément du projet de loi. Nous comprenons que les choses changent. Nous comprenons qu'il concerne tout le Canada, mais nous voulons l'améliorer pour tous.
Je voudrais maintenant parler d'un sujet qui a été soigneusement évité dans le projet de loi. Il s'agit de l'organisme public chargé de la sécurité à la frontière.
Dans notre région, à Windsor, il y a quatre passages frontaliers, comme je l'ai déjà dit. Ce sont d'importants passages frontaliers où transitent tant des matières toxiques, des déchets dangereux et des marchandises que des gens qui traversent pour fournir des services ou trouver du travail.
Par exemple, il y a, et c'est un paradoxe, des gens qui peuvent exercer leur profession aux États-Unis, qu'il s'agisse de médecins, d'avocats ou de techniciens en communications, mais qui ne peuvent le faire au Canada de façon régulière. Des milliers d'infirmières franchissent régulièrement la frontière pour aller aux États-Unis.
Nous devons donc travailler ensemble. Nous voulons une coordination globale de l'infrastructure. Je tiens à souligner que, sur les 24 passages frontaliers internationaux, comme je l'ai déjà dit, 22 ont des composantes qui appartiennent au gouvernement américain ou canadien.
Par ailleurs, ces postes sont souvent administrés conjointement par les autorités frontalières des deux pays. C'est le cas à Sarnia, dans la région du pont Blue Water et à Fort Erie. N'oublions pas non plus la Commission du pont de Niagara Falls, dont le représentant, M. Tom Garlock, a porté à l'attention du comité une erreur dans le projet de loi. Je dois féliciter le gouvernement d'avoir corrigé cette erreur, afin d'assurer une application harmonieuse de cette nouvelle loi.
Par contre, à Windsor, le plus important passage frontalier pour nos échanges commerciaux, la structure est de propriété privée. Le service de traversier pour les produits dangereux est de propriété privée. Le tunnel ferroviaire l'est aussi. Le tunnel entre Windsor et Detroit est par contre propriété de l'État. Il n'y a aucune coordination entre ces éléments. Le gouvernement n'a encore rien présenté pour assurer la bonne marche des échanges commerciaux dans cette région.
C'est pourquoi nous demandons que des consultations soient prévues. C'est important de faire connaître les transferts de propriété, par exemple. Pourquoi pensons-nous que les gens devraient au moins être consultés? Disons que le propriétaire du pont a des intérêts financiers dans certaines institutions économiques ou dans toute entreprise. Actuellement, le pont Ambassador appartient à un homme d'affaires qui oeuvre dans le domaine des transports. Cela laisse un éventail de questions de concurrence en suspens. Il faut en discuter et régler les problèmes potentiels. Je ne veux pas dire que des choses suspectes se soient déjà produites, mais il faut penser à l'avenir. Pourquoi la mesure ne pourrait-elle pas prévoir des consultations avec d'autres promoteurs?
Les rénovations et la construction sont des éléments critiques. Les gouvernements locaux ne sont pas des assemblées d'incompétents qui ne font rien. Les gens qui circulent sur ces routes connaissent le réseau et les services, et sont payés pour représenter la population de l'endroit et défendre leurs intérêts. Ce sont souvent eux qui connaissent les meilleures solutions pour assurer une circulation fluide dans leurs localités, alors que des gens qui relèvent d'un autre gouvernement pourraient ne pas être au courant. Ils méritent d'être entendus, et nous le savons par expérience.
L'ancien gouvernement avait proposé de construire une autoroute canadienne dans notre secteur riverain. Nous nous sommes battus pendant des années pour que ces terrains fassent partie de notre réseau de parcs qui est un véritable joyau. J'ai discuté de la construction de cette route dans le secteur riverain avec un bureaucrate. C'est incroyable. Voilà le genre de choses que nous voulons éviter.
Les gens au niveau municipal ou provincial ont de bonnes solutions. Nous comprenons aussi qu'il y a des conséquences quand ces routes sont reliées ou qu'elles sont en construction. Une partie importante du mandat et du processus consisterait à éviter les retards et les chevauchements dans la construction. Nous savons qu'il y aura des travaux de construction du côté américain sur la plaza Ambassador. L'autoroute I-75 sera réduite à une voie, ce qui pourrait entraîner une file d'attente. La file se rendra très certainement jusqu'à la plaza. Nous sommes contents que la plaza du pont Ambassador ait été élargie dans une certaine mesure en vue de cette circulation, mais cela a des conséquences pour la ville de Windsor, particulièrement si d'autres problèmes surviennent.
Par exemple, après les attaques du 11 septembre, le pont a été fermé et les camions ont fait la file sur la 401. La solution du gouvernement de l'époque a consisté à installer des toilettes portatives pour les camionneurs. Nous n'avons toujours pas de plan d'action pour de telles situations à l'heure actuelle, même si j'en ai demandé un à plusieurs reprises à l'administration précédente.
Il y aura des travaux de construction sur la plaza du tunnel Detroit-Windsor. Il existe une symbiose entre ces deux passages frontaliers. Un affecte l'autre, et la ville de Sarnia est également touchée.
Quand il y a des travaux de modification et de construction, nous devons nous assurer que des jalons ont été fixés. La ville de Windsor s'occupera des travaux de construction sur la plaza Windsor. Elle a un calendrier qui nécessite non seulement des fonds de la province d'Ontario et du gouvernement fédéral, mais aussi de la municipalité. Si ces choses ne sont pas bien planifiées, des problèmes s'ensuivent.
Le respect et le partenariat sont des éléments essentiels. La motion no 3 qui a été présentée par le ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités et qui a été adoptée, prévoit:
Que le projet de loi C-3, à l'article 15, soit modifié par adjonction, après la ligne 26, page 7, de ce qui suit:
Avant de recommander la prise de tout règlement en vertu du paragraphe (1), le ministre consulte, s'il est d'avis que, eu égard aux circonstances, il est nécessaire de le faire, le gouvernement provincial et l'administration municipale ayant compétence à l'égard de tout lieu où se trouve un pont ou tunnel international et toute personne qu'il estime directement intéressée en l'occurence.
Nous le faisons déjà pour les aspects opérationnels. Voilà pourquoi j'étais surpris. Peut-être cela vient-il des bureaucrates ou des avocats, je ne sais pas. Je ne comprends pas. J'ai discuté avec des représentants du gouvernement et il semblait y avoir une entente. Tous les partis avaient donné leur consentement. Le projet de loi aurait pu être adopté et tout serait réglé. Toutefois, le gouvernement a reculé non pas une, mais deux fois.
Des éléments ont été écartés Le NPD a présenté quatre motions à l'étape du rapport ce soir-là. Le gouvernement a déclaré que les motions nos 2 et 5 n'étaient pas bonnes. Il nous a fourni des raisons valables et elles ont été rejetées. Nous n'avons pas entendu les mêmes raisons pour ces motions-ci, car elles sont conformes à celle que nous avons adoptée à l'étape du rapport.
J'aimerais remercier les autres partis d'opposition de leur appui. Nous aurions pu adopter le projet de loi avec ces amendements et tout serait fini. Tant qu'il n'y aura pas des changements, je ne peux pas siéger ici et me sentir à l'aise, comme représentant de ma collectivité, à propos d'un projet de loi qui n'est pas à la hauteur.
Le projet de loi comprend des éléments très importants. Nous le reconnaissons. Nous allons collaborer avec le gouvernement pour améliorer certaines choses. Nous n'avons nullement l'intention d'empirer le projet de loi. J'ai parlé avec des avocats à propos de ce que nous faisons. Je ne comprends toujours pas la position du gouvernement à ce sujet.
Il faut aussi examiner d'autres questions importantes par rapport à ce projet de loi. Les néo-démocrates veulent d'autres changements en ce qui concerne les passages frontaliers. Nous aimerions voir de vrais changements relativement aux autorités frontalières. Nous aimerions que le gouvernement prenne des mesures à cet égard. Nous espérons proposer des mesures législatives. Nous planchons sur quelques-unes en ce moment. Nous voulons que nos efforts se concrétisent. Il y a un intérêt sincère pour cela.
Deuxièmement, nous préconisons la création de fonds de réinvestissement communautaire pour améliorer la situation des quartiers qui sont touchées par la congestion ainsi que d'autres problèmes liés à la présence d'un poste frontalier. Les gens de ma région font pression depuis de nombreuses années pour qu'on crée un fonds d'investissement communautaire afin de remédier aux divers problèmes liés à la présence d'un poste frontalier, y compris les problèmes environnementaux comme la présence de toxines et la pollution. Nous croyons qu'il est possible d'accéder à cette demande sans imposer un fardeau supplémentaire à quiconque, qu'il s'agisse de la population, des personnes qui franchissent les postes frontaliers ou des personnes qui gèrent ces installations.
J'aimerais faire quelques observations sur les éléments de protection qui figurent dans le processus actuel. Je ne discrédite pas ce que dit le gouvernement au sujet des évaluations environnementales. C'est important d'avoir un processus qui permette des consultations, même si elles sont très normatives et limitées à certains égards. Il peut y avoir un débat public et ce n'est pas une mauvaise chose. Cependant, certaines restrictions s'appliquent. Le processus ne permet pas la tenue de consultations exhaustives verticales, c'est-à-dire entre le ministre et la province, et, il est à espérer, les municipalités.
En conclusion, je dirais qu'il s'agit d'un bon exemple. Au comité, un libéral, le député d'Île de Vancouver-Nord, je crois, a présenté une motion visant à permettre l'élargissement des voies aux postes frontaliers sans qu'il soit nécessaire de procéder au préalable à une évaluation environnementale Voilà pourquoi nous croyons que le processus devrait prescrire des consultations afin d'éviter à l'avenir que ce type de choses ne se produise. Même le secrétaire parlementaire a réagi immédiatement à la motion. Il a reconnu les risques que cela pourrait présenter. Voilà pourquoi nous croyons que le processus devrait prescrire des consultations.
En conséquence, je propose l'amendement suivant:
Que le projet de loi C-3, Loi concernant les ponts et tunnels internationaux et modifiant une loi en conséquence, ne soit pas maintenant lu pour la troisième fois, mais qu’il soit renvoyé au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités afin de reconsidérer les articles 7 et 24, en ce qui concerne l'équilibre entre les droits du Ministre et la nécessité de consulter les autres ordres de gouvernement et les collectivités touchées.
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Monsieur le Président, le projet de loi serait renvoyé en entier au comité, mais nous examinerions particulièrement les articles 7 et 24. En outre, la motion indique assez clairement qu'il est inutile de remettre en question le reste du projet de loi. Nous avons démontré que le projet de loi recueille largement les appuis nécessaires. Je pense que tous les députés sont de cet avis.
Il est important de souligner que nous avons beaucoup essayé de collaborer avec le gouvernement. Je reconnais que le gouvernement a effectivement tenu des réunions avec nous et nous a consultés. Mais, en fin de compte, le gouvernement n'a jamais pris acte de ce qui a été dit lors de cette consultation. Voilà pourquoi je suis très inquiet. Tout ce que je demande, c'est une garantie de consultation.
Même si le projet de loi était adopté avec mes amendements, il ne protégerait aucunement la population locale contre ce qui pourrait lui arriver. La seule protection véritable serait la procédure établie. Pour que nous puissions appuyer le projet de loi, cet important composant doit y être ajouté. C'est tout ce que nous demandons.
On me critique pour ne pas avoir présenté ces amendements plus tôt, mais la procédure est faite ainsi. Les amendements étaient au Feuilleton depuis des semaines, en particulier les amendements proposés à l'étape du rapport.
Tout au cours du processus, le gouvernement avait une bonne idée de mes préoccupations. C'est la raison pour laquelle le NPD aimerait bien régler ces deux points. Il n'y a rien de plus. C'est conforme à l'entente que nous croyions avoir avec le gouvernement. Le gouvernement et d'autres partis de l'opposition ont fait marche arrière. Ils ont appuyé le consentement unanime. Nous aurions adopté le projet de loi dans son intégralité.
En réglant ces deux points, cela nous donnera une certaine satisfaction. Plus important encore, le projet de loi n'en sera que meilleur, non seulement pour ma circonscription, Windsor-Ouest, mais pour tous les Canadiens au pays.
Lorsque nous pouvons énoncer les éléments de la consultation et les définir, cela permet d'établir un environnement plus sain, tout en facilitant la création de partenariats. Ces partenariats sont très importants. Le déplacement et la circulation libre et sûre des biens et services entre nos collectivités et les États-unis sont des éléments essentiels au développement de notre pays, et nous devons y voir de façon régulière.
J'ai souvent demandé la création d'une administration frontalière publique dans la région de Windsor, parce que j'étais d'avis que nous devions faire fonctionner la frontière comme une entreprise, une entreprise efficace, réglementée et supervisée. Ce n'est pas le cas actuellement dans ma circonscription. C'est la raison pour laquelle ces dispositions sont importantes. Elles permettent d'établir les partenariats essentiels.
Cela assure également un niveau de responsabilisation. Ceux qui renoncent en affirmant qu'il y aura des poursuites judiciaires sont ceux que la consultation n'intéresse pas de toute façon. Ils cherchent des moyens détournés pour ne pas avoir à tenir des discussions approfondies. Nous pouvons le faire. Nous le faisons d'ailleurs de façon régulière. Nous pouvons prévoir ce genre de consultations, discussions et recommandations, et nous pouvons le faire de façon réfléchie et progressive en partenariat.
On ne peut parler de partenariat lorsque nous laissons un ministre assumer unilatéralement le pouvoir, sans rendre de comptes à personne. Tout ce que nous voulons, c'est que cela soit prévu dans ce projet de loi, ce qui explique l'amendement que j'ai proposé.
:
Monsieur le Président, je voudrais rendre hommage à l'engagement de mon collègue dans ce dossier. Je le connais depuis un certain nombre d'années et il a toujours été un défenseur infatigable du libre mouvement des biens et des services aux frontières internationales à des fins commerciales, tout en accordant une attention spéciale aux questions de sécurité nationale. Personne n'a parlé avec autant de vigueur de cette question. Il convient donc de se poser des questions lorsqu'une personne avec ses antécédents et son expérience dénonce les lacunes d'une mesure législative.
En tant que Parlement, nous devrions être saisis de la question. À la lumière des arguments que j'ai entendus, je suis persuadé que cet amendement est justifié et que le projet de loi devrait être renvoyé au comité pour qu'il puisse réexaminer au moins les articles 7 et 24 qui portent précisément sur le devoir de consulter.
Personne ne nie que le projet de loi C-3 était nécessaire pour terminer le travail entrepris sous la forme du projet de loi C-44 au cours de la dernière législature pour enfin établir un régime de réglementation visant la construction de nouveaux ponts et tunnels internationaux ainsi que l'expansion et la rénovation de l'infrastructure existante. Nous sommes heureux de cette mesure. Elle se fait attendre depuis longtemps.
Cependant, dans notre hâte, nous ne devrions pas faire fi du principe fondamental de justice naturelle, soit le devoir de consulter. Des gens plus érudits que moi ont signalé que la consultation a une signification juridique. Elle ne consiste pas seulement à dire aux Canadiens ce que nous entendons faire. Il s'agit plutôt de leur demander de formuler leurs points de vue et d'essayer d'en tenir compte lorsqu'ils ont un certain mérite.
Nous avons droit simplement à de fausses consultations dans le cadre desquelles le groupe de travail itinérant entre en coup de vent dans une ville, loue la mairie locale et, avec une belle présentation en PowerPoint, annonce aux gens ce que le gouvernement entend faire avec leur argent. Des objections sont soulevées à tous les microphones sur les raisons pour lesquelles on devrait procéder différemment et les bureaucrates remballent leurs documents et leur présentation en PowerPoint et se rendent dans la prochaine ville. À la fin de tout le processus, nous lisons dans les journaux que des consultations ont eu lieu dans 33 collectivités canadiennes et ainsi, le gouvernement fonce de l'avant avec cette mesure législative. Ce ne sont pas des consultations.
Notre collègue de Skeena—Bulkley Valley vient de dire qu'il fallait interroger les Premières nations sur le gouvernement fédéral. Je ne critique pas tant le gouvernement fédéral actuel, car il n'est pas au pouvoir depuis assez longtemps, mais le bilan passé des gouvernements fédéraux au Canada dans leurs échanges avec les Premières nations a été marqué par un terrible simulacre de consultations.
Mon collègue de Windsor-Ouest a parlé de consultation. Il a soulevé une question de principe. Il ne conteste pas tant le bien-fondé du projet de loi que la lacune qu'il ne peut pas accepter. Je ne peux pas l'accepter non plus, compte tenu de sa recommandation.
Si le projet de loi porte sur la libre circulation des biens et des services, sur l'expansion et la facilitation du commerce, il ne devrait pas faire obstacle aux consultations. Je n'arrive pas à croire que le gouvernement puisse permette qu'une question aussi importante soit foulée aux pieds par le refus d'accorder un droit aussi fondamental, soit le droit de consulter, le devoir de consulter et le devoir de faciliter la discussion.
Je n'accepte pas les propos alarmistes du secrétaire parlementaire, à savoir que le devoir de consulter, comme l'envisageait l'amendement de mon collègue, est si compliqué qu'il paralyserait le processus, même en cas de menace contre la sécurité nationale. Il a dit que, en cas de menace terroriste, si le ministre était obligé de consulter tout le monde et son père, les terroristes se moqueraient de nous. C'est absurde.
Au Canada, il existe d'autres mesures de sécurité où les ministres ont de vastes pouvoirs pour agir dans l'intérêt de la sécurité nationale. Ces propos alarmistes banalisent un débat important, et il ne sert à rien pour qui que ce soit d'entre nous de s'éloigner des enjeux de l'heure en tenant de tels propos.
Je croyais que le devoir de consulter tous les ordres de gouvernement ou toutes les parties intéressées était la norme dans une telle situation. J'ai été étonné par la réaction véhémente du secrétaire parlementaire à cette idée. Arrêtons-nous au libellé de la motion. Il serait utile que nous possédions tous la même information de base dans le débat.
Ce que nous proposons, c'est que « avant de recommander la prise de tout règlement [...] le ministre consulte [...] le gouvernement provincial et l'administration municipale ayant compétence à l'égard de tout lieu où se trouve un pont ou tunnel international [...] », ce qui n'est pas trop exigeant, mais simplement logique, « [...] et toute personne qu'il estime directement intéressée en l'occurence. »
Que se passe-t-il si une propriété privée est visée? Que se passe-t-il si une école ou un conseil scolaire doivent être consultés? Avec les outils et les fonctionnaires à la disposition du ministre, de telles consultations ne paralyseraient certainement pas les choses.
Nous ne parlons pas de la chambre de commerce. Soyons sérieux, non d'une pipe. Le ministre a affirmé que nous devrions consulter tout le monde et son père et que cela pourrait aller jusqu'au niveau des chambres de commerce. Les chambres de commerce ne sont pas des gouvernements. Ce sont des organisations qui font partie de la société civile. D'après le texte de la motion, qui dit « toute personne qu'il estime directement intéressée en l'occurence », le ministre peut décider qu'il n'a pas besoin de consulter la chambre de commerce.
Soyons réalistes et honnêtes dans notre débat. Ce dont nous parlons, je crois, c'est d'un principe fondamental et l'amendement, auquel je tente de limiter mon intervention, est une réaction à une préoccupation que je partage.
Quand j'étais porte-parole du NPD pour les affaires autochtones, nous avons étudié une mesure sujette à controverse qui avait des répercussions sur la vie de Premières nations. Nous demandions que de véritables consultations aient lieu. Durant nos travaux, j'ai lu certaines décisions de la Cour suprême où il était question de consultation. C'est ainsi que j'ai appris que le devoir de consultation va beaucoup plus loin que la nécessité d'engager le dialogue. Pour s'acquitter de son devoir de consultation, il faut accepter des accommodements raisonnables. Si l'autre partie demande quelque chose d'utile et qu'il n'y a aucune raison majeure de ne pas acquiescer à cette demande, il faut lui concéder ce point pour qu'on puisse affirmer qu'il y a eu consultation.
La consultation est souvent une étape obligatoire quand il faut porter atteinte aux droits d'une personne. Dans certains cas, il est justifié de passer outre aux droits d'une personne. Il peut s'agir des droits de la personne, de droits de propriété ou d'autres. Toutefois, la cour maintient que, dans une telle situation, deux principes doivent être respectés avant qu'on puisse passer outre aux droits de quelqu'un. Le premier, c'est le devoir de consultation approfondie.
J'ai apprécié le discours de mon collègue de Windsor-Ouest parce qu'il nous ramenait toujours au grand point du débat, sur deux plans. Premièrement, il nous rappelait que nous avions l'obligation de faire les choses à fond et complètement, et d'adopter de bonnes lois. Nous commençons toutes nos journées à la Chambre des communes par une prière qui rappelle aux députés que nous avons le devoir de faire tous le efforts possibles pour concevoir de bonnes lois.
La conscience et l'intégrité de mon collègue de Windsor-Ouest l'amènent à considérer que nous n'aurions pas une bonne loi si nous adoptions le projet de loi C-3 sans préciser ce devoir de consultation, la justice naturelle voulant que le ministre ait l'obligation de consulter.
Le député nous a aussi rappelé une autre tendance inquiétante. Cette fois, il s'agit d'un élément récurrent, une constante, qui a fait ses ravages durant les 13 ans de régime libéral. En effet, presque toutes les mesures législatives que j'ai eu à traiter depuis que je suis député, la plupart présentées par un gouvernement libéral, élargissaient les pouvoirs discrétionnaires du ministre et minaient les pouvoirs du Parlement d'opposer un veto. Dans le cas présent, il s'agit des pouvoirs de plusieurs ordres de gouvernement.
Mon collègue de Windsor-Ouest a attiré notre attention sur ce point dans le projet de loi. À moins que ce devoir de consulter ne soit inscrit dans le projet de loi, les pouvoirs du ministre augmenteront encore, si bien que ce sera au ministre qu'il appartiendra de tout décider quand il est question d'un nouveau pont ou tunnel international, et il en existe actuellement 24; même les décisions concernant l'agrandissement, la rénovation ou le développement d'un passage frontalier existant lui appartiendront.
Cela devrait être de nature à inquiéter. Pareille tendance mine l'autorité du Parlement, car on donne trop de pouvoir à l'exécutif et pas assez à l'échelon auquel il devrait s'exercer, c'est-à-dire celui des législateurs élus que nous sommes et des représentants dûment élus des autres ordres de gouvernement.
Je suis très surpris que le Bloc n'ait rien trouvé à redire à cela. Mes collègues du Bloc québécois sont généralement les premiers à nous le signaler lorsqu'un ministre outrepasse ses compétences. J'ai entendu mes collègues bloquistes crier haro sur des mesures législatives fédérales qui ne faisaient que laisser supposer que le fédéral pourrait exercer un contrôle sur d'autres champs de compétence — compétence provinciale en ce qui les concerne — sans ce devoir de consulter. Cela doit sûrement choquer la susceptibilité de mes collègues du Bloc québécois. Cela choque la mienne, en tout cas.
Les arguments bidon abondent dans ce débat. Je ne comprends pas pourquoi les partis d'opposition hésitent tant à insister pour que nous ayons le meilleur projet de loi possible. Les députés de l'opposition officielle présentent des arguments si vagues et nébuleux qu'on dirait presque qu'ils n'ont aucune opinion. Ils n'ont aucune opinion sur le projet de loi C-2, le projet de loi le plus révolutionnaire et le plus marquant de cette législature. Ils n'ont aucune opinion là-dessus. Ils n'ont non plus pas d'opinion sur le projet de loi C-3. Ils ne veulent pas faire partie de ceux qui encouragent instamment la ministre de l'Environnement à mieux faire son travail. Je ne sais pas ce qu'ils font pour justifier leur salaire ces derniers temps, mais en tant que députés de l'opposition officielle, ils ont l'obligation de participer au débat. Ils semblent disposés à laisser le titre d'opposition officielle au NPD. Nous voulons bien assumer ce rôle, mais nous aimerions un peu de soutien de temps en temps dans ces dossiers pressants.
Mais je ne vais pas m'attarder là-dessus parce que la question dont nous sommes saisis me tient à coeur. Je me sens revigoré et inspiré par le discours de mon collègue de Windsor-Ouest et par son dévouement à la question. Il nous a rappelé combien les passages internationaux sont essentiels. Jusqu'à aujourd'hui, je ne savais pas qu'il y avait 24 passages frontaliers.
Celui dont on entend le plus souvent parler est le pont Ambassador qui relie Windsor à Detroit. Beaucoup de Canadiens seraient surpris d'apprendre que ce pont appartient à des intérêts privés. Étant donné que 40 p. 100 des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis passent par ce pont et que l'Ontario serait le quatrième partenaire commercial des États-Unis en importance s'il était un pays, il est étonnant, si on pense à la sécurité nationale, à la politique publique ou à tout autre aspect de la chose, que ce pont appartienne à des intérêts privés. On penserait que, vu sous l'angle de la compétence, du contrôle et de l'expansion, il serait extrêmement important pour le public qu'il appartienne à l'État. Comme mon collège l'a indiqué, il s'agit presque d'une question de souveraineté pour le Canada.
On met à l'épreuve les mérites d'un argument en le contestant. On peut mettre à l'épreuve la valeur d'une mesure législative en la soumettant à un débat intelligent à la Chambre des communes. Jusqu'ici, je n'ai entendu que des interventions enthousiastes à l'égard d'un projet de loi qui comporte une grave lacune fondamentale et qui n'a fait l'objet que de très peu d'analyse critique. On a énormément parlé de certains de ses mérites, ce que nous admettons. On s'est également beaucoup penché sur la nécessité d'une telle mesure législative, et, encore une fois, je ne suis pas contre cela, mais personne ne semble disposé à discuter avec nous ou avec mon collègue de Windsor-Ouest qui a présenté les motions, de la question de la consultation.
Qu'en est-il du débat à la Chambre des communes? On aurait cru qu'il y aurait un intérêt pour un véritable échange sur un principe aussi fondamental que l'obligation de consulter. C'est une question que la Cour suprême a abordée à maintes reprises. J'estime que c'est un devoir d'incorporer ces principes dans presque toutes les mesures législatives dont nous sommes saisis.
Toutes les mesures législatives devraient être examinées à travers un écran spécial pour s'assurer qu'elles passent les épreuves élémentaires en matière d'éthique et d'équité et qu'elles contiennent les principes de base auxquels nous adhérons, en tant que Canadiens. Nous voulons que nos activités respectent les normes les plus élevées qui soient au chapitre de l'éthique, de la justice, de l'équité ainsi que de l'obligation de consulter.
Attardons-nous sur ce point. L'argent des contribuables pourrait servir à modifier la qualité de l'air et de l'environnement sans que les Canadiens aient leur mot à dire quant à la façon de procéder. C'est presque de la taxation sans représentation. Ce sont des questions aussi élémentaires que cela qui ont déclenché des révolutions. Les Canadiens ont le droit d'intervenir quant à la façon dont les deniers publics sont dépensés, même quand on envisage de construire un pont derrière chez eux ou d'élargir un pont déjà existant dans leur voisinage.
Comme citoyen, le droit à la pleine participation est l'un de ces droits élémentaires que je réclamerais. Un gouvernement qui ne veut pas écouter mon point de vue n'est pas digne de diriger mon pays. Voilà comment je verrais les choses en tant que citoyen et cela influencerait certainement ma décision lors des prochaines élections.
Le projet de loi C-3 est un élément de l’ancien projet de loi C-44 de la 38e législature, qui, on s’en souviendra, était un projet de loi omnibus qui est resté au Feuilleton à la dissolution des Chambres. C’était une mesure législative ambitieuse qui visait à moderniser l’ensemble du système de transport du Canada et qui comprenait une Loi sur la sécurité ferroviaire et une nouvelle Loi sur VIA Rail Canada. Le projet de loi C-3 représente une partie de cette mesure législative complexe qui est morte au Feuilleton parce qu’elle n’avait pas l’appui des compagnies ferroviaires. Elle était plutôt complexe.
Les conservateurs étaient opposés au projet de loi C-44. Tous les éléments du projet de loi C-3 et d’autres auraient été en vigueur aujourd’hui si les conservateurs n’avaient pas bloqué l’ancien projet de loi omnibus, estimant que VIA Rail devait être privatisée et non dotée de sa propre loi. Ils étaient également opposés à certaines modifications touchant les monopoles, la vente de voies ferrées et de wagons, etc.
Le projet de loi C-3 dont nous sommes saisis constitue l’élément le plus nécessaire et le plus urgent d’un examen plus vaste et, je le crois, tout aussi nécessaire de toute la stratégie canadienne des transports. Je dois ajouter que cette stratégie est incomplète si nous ne reconnaissons pas la dynamique aussi bien est-ouest que nord-sud. Je vis à Winnipeg où le corridor de la rivière Rouge constitue l’axe commercial nord-sud qui permet le mouvement de biens et de services très précieux pour nous. Toutefois, nous ne devrions pas le privilégier au détriment de liaisons nécessaires au commerce et au transport, aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest.
Un pays de la taille du Canada doit se soucier de ses transports. Nous n’aurions pas réussi à coloniser l’Ouest sans cet engagement et sans permettre aux agriculteurs des Prairies d’expédier leurs céréales avec une certaine aide du gouvernement fédéral.
Nous avons entendu le député de Windsor-Ouest parler avec une grande passion des répercussions sur sa circonscription. J’espère que les Canadiens auront compris ses motifs. Certains des faits qu’il a mentionnés au sujet du pont Ambassador exigent de toute urgence l’intervention d’autres paliers de gouvernement et, en particulier, du palier de gouvernement le plus proche des personnes touchées.
Nous ne voulons pas qu’Ottawa impose des changements. Une intervention du gouvernement fédéral venant d’en haut, sans participation des administrations locales, suscite du ressentiment contre Ottawa. Personne ne connaît la situation sur le terrain aussi bien que les représentants élus de la région aux niveaux municipal et provincial.
Il y a tant de problèmes liés au pont Ambassador, avec 10 000 camions faisant la queue, moteur en marche, et inondant de polluants les cours d’écoles, etc. Comment pouvons-nous dire qu’il n’y a pas lieu de consulter le conseil scolaire local quand les problèmes de qualité de l’air créés par le pont Ambassador affectent nos écoliers? Comment pouvons-nous faire abstraction de représentants dûment élus?
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir la possibilité de participer aujourd'hui à cet important débat, qui porte sur un dossier que le député de Windsor-Ouest défend avec beaucoup d'énergie, de sagesse et d'intelligence. Je sais à quel point il se passionne pour ce dossier et à quel point il le comprend. Je sais qu'il y travaille avec résolution, et je suis impressionné.
Les personnes qui regardent le débat d'aujourd'hui se demandent sûrement ce qui rend cette question aussi importante.
Pourquoi débattons-nous cette mesure législative ce matin? C'est un projet de loi très important qui modifiera notre façon de gérer et d'administrer certains éléments d'infrastructure très importants qui nous relient à nos voisins du sud. Pourquoi accorder tant d'importance à cette petite mesure qui, dans l'esprit de nombreuses personnes, ne fera pas vraiment de différence? Je dois dire qu'elle fera en fait une grande différence et qu'elle est d'une grande importance.
Lorsque nous observons la manière dont notre économie évolue et que nous constatons qu'il est essentiel d'être reliés, de manière concrète et significative, au reste du monde, à l'économie globale, et surtout, à nos voisins du sud, nous commençons à comprendre l'importance des détails lorsque nous discutons et que nous tentons de définir la nature des liens qui nous relient aux États-Unis. Nos ponts et nos tunnels nous permettent de nous déplacer de part et d'autre de la frontière. Ils sont non seulement très importants, mais ils sont aussi la clé de tout succès économique à venir.
C'est en fait une occasion pour nous. Je remercie le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi. Il fallait que quelqu'un le fasse. Il fallait remettre en question la façon dont nous gérons nos ponts et nos tunnels. Jusqu'ici, cela s'est fait d'une manière compliquée et plutôt incohérente. Certains tunnels et ponts appartiennent au secteur privé. D'autres relèvent de commissions locales. Certains sont administrés par le gouvernement fédéral. Il n'y a pas vraiment de cohérence ni de plan d'ensemble dans notre façon de gérer nos ponts et nos tunnels.
Ces ponts et ces tunnels ont une grande importance pour nous. C'est pourquoi nous prenons cette initiative et que nous posons ces questions importantes que le député de Windsor-Ouest a posées au comité et à la Chambre depuis que ce projet de loi a été déposé il y a quelques mois. Le député et son acolyte et partenaire, le député de Windsor—Tecumseh, n'ont ménagé aucun effort pour assurer cet important dialogue lorsque le gouvernement fédéral aura à décider de la configuration des ponts et tunnels, s'ils doivent ou non être agrandis, s'ils doivent ou non être réparés et comment il réglera les problèmes très concrets qui risquent de faire surface à répétition dans les collectivités où il y a des ponts, des tunnels et des traversiers.
Ces problèmes ne manquent pas de se manifester. La densité de la circulation entre le Canada et les États-Unis pendant les 20 dernières années s'est accrue de façon exponentielle. Elle a causé certains des problèmes auxquels nous sommes actuellement confrontés, et qui sont la raison pour laquelle nous discutons de ce projet de loi. Lorsque d'importantes décisions seront prises et mises en oeuvre en vertu de ce projet de loi, le caucus du Nouveau Parti démocratique tient absolument à ce que les gouvernements municipaux et locaux soient consultés. En effet, tout ce qui a rapport aux ponts a un impact important sur les collectivités.
Voici un exemple qui illustre l'importance des points de passage frontaliers. Pendant la dernière législature et pendant celle-ci, un caucus de tous les partis du Parlement a été créé. Des députés de tous les partis et de tous les caucus de cet endroit se réunissent régulièrement pour discuter de ces dossiers, pour se consulter, pour écouter ce que les autres ont à dire et pour s'épauler mutuellement sur la façon dont nous devons conseiller non seulement notre gouvernement, mais aussi le gouvernement américain, sur la façon de gérer, entretenir et exploiter nos ponts et tunnels, qui sont un moyen de communication entre les deux pays. Nous invitons également des conférenciers. Pendant la dernière législature, nous avons reçu l'ambassadeur Cellucci. Il nous a parlé de la sécurité des ponts et des tunnels.
La sécurité est une question très importante. C'est pourquoi il est nécessaire que le gouvernement fédéral assume cette responsabilité. C'est aussi pourquoi, à mon avis, le gouvernement doit consulter les collectivités locales. Lorsque la sécurité est en jeu, les autorités fédérales, provinciales et locales doivent collaborer afin de gérer efficacement les difficultés qui peuvent se présenter.
Il est très révélateur qu'un grand nombre de députés se soient rassemblés ici il y a plus d'un an pour rencontrer l'ambassadeur Celluci et l'écouter parler de sa perception et de son point de vue ainsi que pour lui faire part des nôtres et nouer le dialogue. Beaucoup de députés sont allés à Washington pour rencontrer des fonctionnaires des États-Unis et pour discuter de notre frontière commune, de sa gestion et de la façon dont nous mettons en place des installations et des structures qui seront pratiques pour toutes les parties concernées.
Il faut aller de l'avant, comme l'affirme le député de Windsor-Ouest chaque fois qu'il se lève à la Chambre pour nous parler, nous mobiliser, nous informer, nous éclairer et nous sensibiliser à propos de cet enjeu. Selon le député, nous ne pouvons espérer être efficaces ni voir nos initiatives, nos investissements et nos projets de développement porter fruit si nous ne parlons pas directement aux administrations locales, si nous ne trouvons pas le moyen de les consulter et d'obtenir leurs commentaires.
Comme le député l'a si bien dit ce matin, c'est au niveau local que se trouvent les gens qui sont les meilleurs juges. Les intervenants locaux sont au coeur de l'action. Les politiciens locaux se nourrissent de ces problèmes quotidiennement. Ils voient les camions passer. Ils voient les longues files. Ils sont à même de constater l'incidence sur le voisinage du passage et de l'arrêt de ces camions. Il faut consulter les acteurs locaux.
Il suffit de penser à ma région, Sault Ste. Marie, où il y a un important pont qui relie les deux villes de Sault Ste. Marie, la ville ontarienne et la ville américaine, située dans l'État du Michigan. Ce pont est devenu, à bien des égards, une pièce centrale du développement économique non seulement de la ville, mais encore de toute la région. Ce qu'il adviendra du pont est capital. L'élargissement du pont et, espérons-le, l'établissement d'une infrastructure à ses deux extrémités où des services sont assurés aux voyageurs et la construction d'un centre commercial pour stimuler le commerce, tout cela est essentiel. C'est une partie vraiment importante de la stratégie de développement économique que nous mettons en oeuvre à Sault Ste. Marie.
Nous avons commencé , en tant que petite collectivité, à réfléchir à la possibilité de l'établissement d'un pivot intermodal à Sault Ste. Marie, à travailler sur ce projet et à y faire des investissements. S'ils regardent la carte, les députés constateront que Sault Ste. Marie se trouve au beau milieu du Canada, et même au beau milieu de l'Amérique du Nord.
Une voix: N'exagérons rien.
M. Tony Martin: Mais si, au beau milieu de l'Amérique du Nord. Le député de Winnipeg-Centre croit sans doute que c'est Winnipeg qui est au centre, mais s'il examine de plus près la carte de l'Amérique du Nord, il verra que Sault Ste. Marie se situe au beau milieu du continent. Sault Ste. Marie serait donc un très important pivot, et nous nous employons à en profiter.
Dans le contexte de la discussion d'aujourd'hui sur ce projet de loi du gouvernement visant à permettre à l'État fédéral de gérer ces éléments d'infrastructure, il est absolument essentiel qu'il y ait un dialogue régulier entre l'État fédéral et les autorités locales. Un dialogue régulier doit être maintenu avec les gens qui, au jour le jour, élaborent des plans, participent à des réflexions et formulent des idées en collaboration avec d'autres pouvoirs publics, notamment le gouvernement provincial et les autres municipalités, de manière à tirer pleinement profit de l'emplacement stratégique de Sault Ste. Marie.
Nous occupons la plaque tournante des Grands Lacs. Sault Ste. Marie se trouve à la jonction du lac Supérieur, du lac Huron et du lac Michigan, les trois lacs les plus étendus. Le pont est l'un des éléments d'infrastructure servant de lien important qui permet aux gens de circuler entre les deux pays et sur les rives de ces trois lacs.
Le gouvernement fédéral a tort de croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'il peut, dans toute sa magnificence et son autorité, prendre unilatéralement des décisions concernant ce pont sans consulter les gens de Sault Ste. Marie. La population de Sault Ste. Marie se considère comme une partie importante du pays et souhaite que son député fédéral prenne la parole en son nom. Si le gouvernement fédéral croit qu'il a la voie libre pour prendre des décisions concernant cet élément d'infrastructure sans consulter les gens de la place, il a tort.
J'espère que, grâce au débat d'aujourd'hui, qui permet des échanges respectueux exprimant divers points de vue, le gouvernement finira par retomber sur terre. Il reste du temps. Nous avons encore passablement de temps cet après-midi avant de passer à la période des questions. J'espère que le gouvernement prendra le temps de discuter avec le député de Windsor-Ouest, le député de Windsor—Tecumseh et d'autres députés représentant l'ensemble des partis qui participent à cette discussion vraiment importante. J'espère que nous serons capables de nous entendre pour que toute décision soit prise avec la participation véritable des représentants élus que nous sommes, au nom de la population locale.
Lorsque j'étais député provincial de Sault Ste. Marie, j'ai eu le privilège de participer à l'organisation d'une délégation commerciale ayant pour but de représenter notre région en Irlande et en Finlande. Nous cherchions à attirer les gens à Sault Ste. Marie pour qu'ils y fassent des investissements, qu'ils s'y installent, qu'ils y apportent leurs produits et qu'ils se servent de notre partie de l'Amérique du Nord comme base pour les transporter facilement de l'autre côté de la frontière, vers le Midwest américain, où se trouve un marché de millions et de millions de personnes.
Au cours de mes discussions avec ces gens, ils ont demandé comment ils achemineraient leurs biens ou services de Sault Ste. Marie à ce marché très lucratif et très attirant. Je mentionnais presque immédiatement le pont, sachant que des travaux y sont nécessaires, surtout si nous voulons tirer parti du potentiel qu'il offre. Si nous voulons devenir un pivot multimodal pour attirer des investissements d'Europe au Canada, dans notre région du Nord de l'Ontario, afin que, à partir de cette région, les gens puissent vendre leurs produits dans le midwest des États-Unis, nous devons cibler, investir et travailler très fort pour mettre en valeur ce potentiel et, ainsi, accélérer la circulation sur ce pont. Il faut agrandir le pont. Il faut davantage de ressources pour élargir les installations. Il faut davantage de personnel.
Le gouvernement doit consulter la ville de Sault Ste. Marie et son secteur du développement économique, et il doit être disposé à établir un partenariat. Dans toutes les collectivités canadiennes où il y a du développement économique, un partenariat est nécessaire. La collectivité investit l'argent qu'elle reçoit de ses habitants. Avec cet argent, elle tente d'obtenir des fonds du gouvernement provincial. Elle s'adresse ensuite au gouvernement fédéral et lui dit qu'elle a reçu de l'argent de la municipalité et de la province, et le secteur privé est intéressé, car il y voit une possibilité d'accroître ses occasions d'affaires.
Les collectivités demandent au gouvernement fédéral d'investir et, à son tour, le gouvernement fédéral demande avec raison en quoi consiste le projet. Le projet qui intéresse ma collectivité est cette plaque tournante des transports et un moyen d'acheminer nos produits vers le marché américain. Ma collectivité s'intéresse beaucoup au pont.
J'ai écrit des lettres au ministre des Transports, au cours de la dernière législature et pendant celle-ci, pour lui faire part de quelques-unes des possibilités remarquables qui existent à Sault Ste. Marie. J'ai parlé au ministre de quelques-unes des difficultés que nous devons surmonter si nous voulons que ces projets se concrétisent. J'ai laissé entendre que le gouvernement doit faire preuve de générosité. Il doit être disposé à participer aux discussions et à établir un partenariat. Il doit voir le potentiel qui existe à Sault Ste. Marie.
Dans le contexte de ce projet de loi et de la demande qu'a faite le député de Windsor-Ouest, des consultations s'imposent. Nous voulons que le gouvernement fédéral participe directement et étroitement à l'exploitation, à la gestion et à l'entretien du pont qui relie Sault Ste. Marie, en Ontario, et Sault Ste. Marie, au Michigan.
Nous avons un rôle à jouer et des choses à dire. Nous avons des idées importantes et utiles à proposer. Si le gouvernement accepte de collaborer avec nous et avec les partenaires que nous avons déjà réunis à la table, nous pourrons faire des investissements qui produiront des résultats positifs et stimulants. Le gouvernement doit collaborer plus généreusement au développement économique de notre région.
On ne peut adopter une approche universelle. Aucun gouvernement ne peut tenter d'appliquer une mesure déjà établie dans des circonstances différentes. Il arrive souvent que cela ne fonctionne pas. On ne peut réaliser la quadrature du cercle. Nous devons réfléchir intelligemment et tenter de comprendre la contribution que les gens apportent à la table, et dans le cas présent, la contribution que les diverses autorités locales y ont apportée.
Le présent débat est important et utile. J'ai demandé quel était le problème. Après une étude relativement longue en comité et à la Chambre, je me demandais pourquoi le député de Windsor-Ouest insistait autant pour apporter cet amendement. J'ai dit au cours des 20 dernières minutes que cet amendement était nécessaire parce que nous devons bien comprendre l'importante contribution apportée par les intervenants locaux à l'égard du développement de ces éléments d'infrastructure. Il ne s'agit pas uniquement de la circulation ou des mesures de sécurité, mais aussi de l'avenir de nos collectivités, de nos régions et de notre pays.
Au cours de ces dernières heures de débat avant que nous fassions relâche pour l'été et que nous retournions travailler dans nos circonscriptions, j'aimerais que le gouvernement puisse, dans sa sagesse, trouver le moyen d'adopter l'amendement proposé par le député de Windsor-Ouest. Dans un esprit de bonne collaboration à la Chambre, je demande au gouvernement de collaborer avec le député pour tenter de trouver une façon de reconnaître son engagement profond, sa passion et le sérieux qu'il apporte à la discussion et de faire avancer cet amendement pour que ce projet de loi puisse être adopté aujourd'hui.