:
Monsieur le Président, il me fait plaisir d'intervenir au sujet du projet de loi .
Tout d'abord, j'ai une bonne pensée pour un de nos collègues qui a travaillé très fort en comité à ce projet de loi le printemps dernier. Il a travaillé sérieusement et s'est penché de nombreuses heures sur ce dossier. On comprendra que je veux parler de mon ancien collègue Benoît Sauvageau, député de Repentigny, qui siégeait au comité et pilotait ce dossier pour le Bloc québécois. Je suis persuadé que, là où il est, il est présentement en train de nous écouter. Je sens qu'il est de mon devoir de bien rendre ses prises de positions en comité, qui traduisent bien la position du Bloc québécois sur ce dossier.
Je rappellerai que le Bloc québécois appuie le projet de loi . Par contre, je me souviens très bien du travail du Comité législatif chargé du projet de loi C-2. Nous continuons, au Bloc québécois, de déplorer le fait que nous aurions eu avantage à rencontrer beaucoup plus de témoins et à faire un travail sérieux en comité. Je précise que cela ne signifie pas nécessairement que nous voulions prolonger indûment les discussions par une tentative d'obstruction systématique ou par un autre moyen.
Toutefois, nous avons déploré, particulièrement lors de l'adoption du projet de loi article par article ainsi que lors de la confection de la liste des témoins, que le gouvernement ait l'intention de passer le rouleau compresseur. Le NPD a été complice dans ce dossier. Je parle de complicité car il m'est interdit d'employer un terme plus fort. Le député de a littéralement partagé le lit du gouvernement en ce a trait à ce dossier. Le député était donc complice de manoeuvres de la part du gouvernement pour favoriser une adoption rapide. N'eût été de cette complicité, nous aurions eu le temps de faire un débat et d'avoir une discussion beaucoup plus élaborée dans le cadre de ce projet de loi.
Pourquoi le Bloc québécois appuie-t-il ce projet de loi? Cette loi aura pour effet d'augmenter la responsabilité et la transparence gouvernementales. Je vais énumérer certains éléments puisqu'il s'agit d'un projet de loi majeur quant aux nombres d'articles qui le composent, mais aussi aux nombres de lois qui sont visées. Pour en avoir parlé précédemment à d'autres étapes de ce projet de loi, de mémoire, 21 lois sont touchées par ce projet de loi. Il s'agit donc d'une pièce législative majeure.
On sait que le projet de loi institue, sous forme de loi, un code d'éthique pour les ministres. Il met fin au favoritisme qui permettait au personnel politique des cabinets de joindre les rangs de la fonction publique en passant devant des fonctionnaires qualifiés. Il renforce les pouvoirs de la vérificatrice générale et du commissaire à l'éthique. Il renforce l'encadrement des lobbyistes et diminue l'influence de l'argent lors des campagnes électorales, des campagnes à la chefferie ou des assemblées d'investiture. Il crée aussi un poste de directeur des poursuites pénales, renforçant l'indépendance de la justice.
L'une des raisons pour lesquelles nous avons également appuyé le projet de loi , est qu'il répondait à certaines demandes que je pourrais qualifier de demandes traditionnelles du Bloc québécois. Ces demandes existent depuis la fondation du Bloc québécois, depuis même l'arrivée des premiers parlementaires qui ont accepté de siéger sous la bannière du Bloc québécois. On sait que de 1990 à 1993, ils ne pouvaient constituer un groupe parlementaire reconnu et qu'ils siégeaient à titre d'indépendants.
Toutefois, depuis que les premiers parlementaires fondateurs du Bloc québécois se sont affirmés à ce titre et en qualité de députés souverainistes — il faut s'en rappeler —, nous avions entre autres une demande traditionnelle, qui a été constamment reprise au cours des années, particulièrement dans les années de 1993 à 1997 alors que nous formions l'opposition officielle: c'était la nomination au mérite des directeurs de scrutin par Élections Canada.
Je vois que le m'applaudit. Je veux simplement lui dire — par votre entremise, monsieur le Président — que je suis heureux de voir qu'il a accepté, dans ce projet de loi, une demande traditionnelle du Bloc québécois qui visait avant tout à dépolitiser les nominations des directeurs de scrutin. En effet, à la suite de chacune des élections, nous avions notre histoire, notre petit livre noir — le musée des horreurs, devrais-je plutôt dire — au sujet de décisions prises par des directeurs de scrutin incompétents dans chacune de nos circonscriptions. Or l'incompétence ne vise pas à pénaliser un parti, une organisation politique ou une organisation électorale en particulier; tout le monde, y compris tous les candidats et candidates, est victime de l'incompétence d'un directeur de scrutin.
Je pourrais faire mon discours uniquement sur ce point. Je l'ai déjà fait d'ailleurs. Songeons au directeur de scrutin qui accepte qu'un individu ne sachant ni lire ni écrire agisse comme greffier à une table de scrutin et pensons à des lieux de votation mal adaptés. Chez nous, à Saint-Laurent-de-l'Île d'Orléans, j'ai amené personnellement Jean-Pierre Kingsley, le directeur général des élections du Canada, dans un vestiaire de joueurs de hockey, à l'élection de juin 2004, pour qu'il voie de quoi il retourne. Le vestiaire des joueurs de l'aréna d'une municipalité de la grosseur de Saint-Laurent-de-l'Île d'Orléans n'est pas celui des Canadiens au Centre Bell ou celui des Maple Leafs de Toronto. Il s'agit en fait d'un lieu très exigu où il y avait six sections de vote et où on était littéralement capables de voir, lorsqu'on était à côté des isoloirs, pour qui la personne votait. Des histoires d'horreur comme cela, on pourrait en mentionner jusqu'à demain matin, mais on pourrait alors questionner la pertinence de mon propos. Je vais donc m'en tenir uniquement à féliciter le gouvernement d'avoir accepté cette demande du Bloc québécois de nommer dorénavant les directeurs de scrutin en vertu d'un concours ouvert, transparent, où la personne la plus qualifiée pour ce poste sera nommée directeur ou directrice de scrutin. Il s'agit de faire en sorte que ce ne soient plus uniquement des nominations politiques où un bon organisateur, soit des conservateurs ou des libéraux, est nommé pour occuper ce poste.
À la suite d'une autre demande traditionnelle du Bloc québécois, le projet de loi modifiera la Loi sur le financement des partis politiques. Elle ressemblera maintenant beaucoup plus à celle du Québec. J'ai oublié de le mentionner tout à l'heure, mais les nominations des directeurs de scrutin au terme d'un processus ouvert et transparent où le poste est affiché dans les journaux, c'est en plein le système dont bénéficie le Québec depuis je crois 1977. Ce système fonctionne très bien au Québec, soit dit en passant. Ce projet de loi s'inspire de la Loi sur le financement des partis politiques, qui est une tranche de l'héritage ou qui fait partie du testament politique de René Lévesque, où on a assaini les moeurs électorales et les moeurs de financement électoral au Québec. C'est encore un élément intéressant qu'on retrouve dans le projet de loi C-2, où on va interdire les dons corporatifs et par lequel les dons des individus plafonneront à un niveau plus raisonnable.
On sait que le Sénat, de son côté, a fait un exercice d'analyse du projet de loi . Bien entendu, au Bloc québécois, nous avons nos propres idées vis-à-vis de l'utilité du Sénat et nous serions carrément favorable à son abolition. En effet, c'est une organisation totalement inutile, qui sert uniquement à nommer ses petits amis. Celui qui est au pouvoir nomme des sénateurs de son étiquette. On devrait carrément abolir le Sénat.
Toutefois, force est de constater que les deux solitudes au Canada font en sorte qu'on n'en est pas là. Alors qu'une majorité de Québécois sont favorables à l'abolition du Sénat, dans d'autres provinces on veut un Sénat plus puissant. C'est probablement le cas de vos compatriotes du Manitoba, votre province d'origine, monsieur le Président. Par conséquent, cette formule est irréconciliable.
Lorsque je rencontre des gens durant les fins de semaine, que je les informe du coût du Sénat et que nous parlons de son inutilité, je leur dis en outre que pour nous, les Québécois et les Québécoises, la seule façon de se débarrasser du Sénat, ce sera par la souveraineté du Québec. Nous n'aurons alors plus affaire avec le Sénat canadien, comme nous n'aurons plus affaire avec la gouverneure générale ni avec les lieutenants-gouverneurs de chacune des provinces.
Toutefois, en vertu du système actuel, le Sénat a procédé à son tour à une analyse du projet de loi et nous a proposé des amendements dont nous sommes saisis. Force nous est de constater que certains de ces amendements peuvent être intéressants, mais d'autres sont totalement inacceptables. Nous avons procédé à une analyse particulière, sérieuse et fouillée de la position du gouvernement vis-à-vis des amendements du Sénat. Cela me permet d'ajouter que le Bloc québécois appuie le rejet par le gouvernement de plusieurs amendements du Sénat, qui, à notre sens, ne favorisent ni l'éthique ni la transparence.
Vous savez que le Sénat est composé majoritairement de membres du Parti libéral. Les libéraux été ont tellement longtemps au pouvoir au XXe siècle, qu'ils ont eu le temps de paqueter littéralement la place, comme on dit par chez nous. Donc, numériquement, ils sont supérieurs aux sénateurs conservateurs. Probablement grâce à leur majorité libérale, les sénateurs nous reviennent pour nous dire qu'ils voudraient conserver leur propre conseiller sénatorial. C'est encore une aberration d'un système à deux Chambres. Le Sénat, jaloux de ses prérogatives constitutionnelles, apparemment, ne veut pas partager le même conseiller en éthique. Il nous suggère un amendement: un conseiller fantoche qui relève d'un comité sénatorial et qui, dans les faits, serait à peu près aussi efficace que ne l'était Howard Wilson, conseiller en éthique du premier ministre Chrétien.
M. Wilson a déjà témoigné devant nous au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. C'est un gentil et sympathique jeune homme. Nous n'avons rien contre lui personnellement, mais dans les faits, Howard Wilson était un conseiller politique de Jean Chrétien au lieu d'être un véritable conseiller en éthique. À cet égard, nous sommes d'accord avec le gouvernement qui s'apprête à rejeter cet amendement déposé par le Sénat.
Je voudrais parler de plusieurs autres amendements déposés par le Sénat. Malheureusement, comme le temps me manque, je ne pourrai y revenir, mais cela pourra probablement faire l'objet d'autres commentaires de la part de mes collègues.
Le Bloc québécois a toujours soutenu que le renforcement des lois et des politiques n'était d'aucune efficacité s'il n'était pas accompagné d'une volonté réelle des élus ministériels de changer les choses. Rappelez-vous ce que le juge Gomery disait dans ses 23 recommandations: on aura beau avoir les systèmes de contrôle les plus efficaces, mais il faut changer la mentalité du « tout m'est dû » à Ottawa. La mentalité dont il parlait était celle qui existait alors au Parti libéral. Ayant été longtemps au pouvoir, le Parti libéral en venait quasiment à penser que l'État, c'était lui. Les libéraux étant les gardiens des deniers publics, ils pouvaient presque en faire usage au gré de leur volonté.
C'est ce qui s'est produit lors du scandale des commandites. Le juge Gomery nous dit que peu importe que nous ayons les mécanismes de contrôle les plus efficaces — et c'est là que je m'adresse au Parti conservateur —, il est nécessaire de changer la mentalité, de changer cette culture que nous retrouvons ici à Ottawa. Le Bloc québécois a choisi de laisser la chance aux coureurs, mais plusieurs signes, dans la gestion des conservateurs, nous inquiètent. De plus, on se rend compte qu'en matière de lobby, le actuel tolère ce qu'il reprochait à l'époque des libéraux. C'est pour cette raison que nous, du Bloc québécois, disons que les libéraux et les conservateurs, c'est bonnet blanc, blanc bonnet. C'est du pareil au même, qu'ils soient dans l'opposition ou au pouvoir.
En revanche, nous, les députés du Bloc québécois, avons le véritable pouvoir de faire en sorte que les gens soient responsables. N'oublions pas qu'en tant qu'élus, c'est avant tout l'argent des contribuables que nous gérons et non notre propre argent. On se doit donc de rendre des comptes à notre population. Or les contribuables n'ont désormais plus envie de payer et ils trouvent qu'ils paient cher pour les services qu'ils reçoivent.
On se rend compte de cela à plusieurs niveaux de gestion gouvernementale, que ce soit au municipal, au scolaire, au provincial ou au fédéral. En parlant des paliers scolaire et municipal, loin de moi la volonté de prétendre que ces gestionnaires et ces élus locaux ne font pas un bon travail. Ils font un excellent travail. Toutefois, ceux et celles qui paient des taxes scolaires et municipales de même que des impôts et des taxes aux niveaux fédéral et provincial, ce sont les citoyens, ce sont les contribuables. Ils sont en droit de recevoir les services pour lesquels ils paient. C'est pour cette raison que les gens sont de plus en plus critiques. Dans la très grande majorité des cas, les administrateurs au niveau scolaire et au niveau municipal font un travail extraordinaire avec peu de ressources, et des besoins et des infrastructures vieillissantes.
Ce qu'on reproche au actuel, c'est qu'il accepte dans sa cour — pas dans sa cour arrière, mais dans son entourage immédiat — certaines personnes qui pourraient avoir des liens avec le lobbying ou avec des firmes avec lesquelles ils ont fait du lobbying dans un passé très récent. Je vous donne des exemples. Le était lobbyiste chez Hill & Knowlton de 1996 jusqu'à février 2004. Ainsi, pendant près d'une dizaine d'années, il avait alors pour clients certaines entreprises comme BAE Systems, General Dynamics, United Defense, Irvin Aerospace, Airbus et Bennett Environmental.
Le gère un portefeuille d'investissements extraordinaires et nous constatons que les conservateurs n'ont pas de problèmes à trouver de l'argent pour la défense. Au cours des mois de mai et de juin, ils ont acheté 15 milliards de dollars d'équipement militaire. En un mois et demi, ils ont fait une tournée et ils ont acheté des chars d'assaut, des bateaux à Halifax, des véhicules et des camions à Valcartier. Ils se sont également rendus à Toronto et dans l'Ouest. Au total, ils ont acheté près de 15 milliards de dollars d'équipement militaire. Cependant, lorsque vient le temps de trouver de l'argent pour des programmes de soutien et de défense pour les femmes, les démunis, les itinérants ou pour l'IPAC, ils n'arrivent pas à trouver de l'argent.
Monsieur le Président, vous me faites signe que mon temps est écoulé. J'aurais pu en parler pendant encore bien longtemps. J'ai presque envie de vous demander le consentement unanime pour continuer mon discours jusqu'à la période des questions orales, mais je vais me taire.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de loi , la Loi fédérale sur la responsabilité.
D'abord, je pense que tous les députés souscrivent à un objectif commun, comme l'a dit le dans sa déclaration préliminaire, le 25 avril dernier, lorsqu'il a amorcé le débat de deuxième lecture. Il a dit: « Simplement dit, notre objectif et notre engagement consistent à rendre le gouvernement plus responsable. »
Ainsi, je crois que le projet de loi avait cet objectif pour principe fondamental et il a reçu en conséquence l'appui unanime de tous les partis à l'étape de la deuxième lecture et durant le reste du processus. Je ne doute pas que tous les députés appuieront ce projet de loi.
Cependant, les députés savent qu'on a longuement débattu la question de savoir comment le projet de loi a été conçu. Des préoccupations ont été soulevées au moment du dépôt du projet de loi. Le gouvernement a présenté une mesure qui revêt une grande importance. Je ne connais aucun projet de loi sur lequel j'ai travaillé comme parlementaire qui modifie autant de lois que celui-ci. C'est ce qu'on appelle un projet de loi d'ensemble.
Le projet de loi modifie quantité de lois et il est difficile à lire. Ce n'est pas comme lire une histoire qui a un commencement, un milieu et une fin où tout le monde il est heureux. Il n'est pas comme ça. Chacun de ses articles modifie une autre loi en vigueur. Il comporte aussi des dispositions transitoires, notamment, mais, de façon générale, il modifie essentiellement un grand nombre de lois.
Le projet de loi compte plus de 200 pages. Dès le départ, le gouvernement tenait à ce qu'il soit adopté. Le débat a commencé le 25 avril, si je ne m'abuse, et le gouvernement voulait que le projet de loi soit adopté avant l'été.
On oublie que les parlementaires ne peuvent pas s'acquitter n'importe comment de leurs responsabilités. Dans la prière que nous récitons chaque jour au début des travaux de la Chambre, nous disons que nous voulons faire de bonnes lois et prendre de sages décisions. Or, il n'est pas possible de rendre justice à ce projet de loi dans un délai si court, malgré l'insistance du gouvernement, qui aurait voulu que nous accélérions la cadence pour adopter le projet de loi l'été dernier. Nous sommes maintenant en novembre.
On s'est beaucoup demandé si quelqu'un était en train de retarder le processus, à la Chambre ou au Sénat. Les parlementaires ont non seulement le droit, mais aussi le devoir de faire leur travail comme ils l'entendent, de manière à faire de bonnes lois et à prendre de sages décisions. Je ne pense pas qu'un seul député ait eu le temps d'étudier le projet de loi en détail, sauf peut-être ceux qui faisaient partie du comité législatif spécial auquel il a été renvoyé. Cependant, nous avons tous eu l'occasion d'examiner les aspects du projet de loi correspondant à un domaine que nous connaissons plus particulièrement.
En voyant les parlementaires se lever ce soir pour voter sur le sous-amendement, sur l'amendement et sur le message qui sera envoyé au Sénat concernant le projet de loi , les Canadiens devraient comprendre que les députés ont dû se fier au travail de beaucoup d'autres personnes dans cette enceinte concernant une foule de détails.
Si je souligne cette réalité, c'est qu'étant donné qu'il s'agit d'un très gros projet de loi, nous nous trouvons dans une situation où l'on a demandé aux députés de se fier au travail d'autres personnes pour pouvoir prendre une décision éclairée. Voilà qui est très difficile, et j'ai des réserves à propos de certaines parties du projet de loi. Toutefois, en raison de l'alliance formée par le gouvernement et un autre parti, le temps consacré au débat et à l'examen des amendements a été substantiellement raccourci, même à l'étape du rapport. Nous avons été obligés de fonctionner à plein régime. Il n'y a même pas eu de vote final avant d'envoyer le projet de loi au Sénat. Nous avons fait comme si la question avait été mise aux voix, mais il n'y a pas eu de vote par appel nominal.
J'en conclus, comme tous les gens qui suivent le déroulement du processus législatif j'en suis sûr, que chaque fois qu'un projet de loi est préparé avec autant de hâte, les erreurs sont inévitables. Je crois que nous reconnaissons tous que le projet de loi adopté par le Parlement et renvoyé au Sénat contenait des erreurs.
Lorsqu'il s'est penché sur le travail effectué par le Sénat, le a calculé que les sénateurs avaient proposé quelque 154 amendements. Le Sénat regroupe des sénateurs libéraux et conservateurs et 42 de ces amendements ont été proposés par des sénateurs conservateurs. Des quelque 150 amendements proposés, le président du Conseil du Trésor en a accepté 57 sans autre discussion ni étude.
Le , qui est le ministre responsable du projet de loi , a accepté 57 amendements proposés par le Sénat afin d'améliorer ce projet de loi. Cela démontre, à mon avis, que le Sénat a bien fait ce qu'il devait faire.
Le Sénat a revu la mesure législative. Il a proposé des amendements et nous en étudions d'autres encore. Le a brièvement expliqué pourquoi le gouvernement ne peut accepter certains des autres amendements proposés. C'est son travail. Je crois que nous constaterons au cours du présent débat qu'il reste quelques points qui ne sont toujours pas résolus.
De façon générale, je crois que tous les députés comprennent que le projet de loi sera adopté à la Chambre et renvoyé au Sénat. Je tiens à faire savoir aux députés que le Sénat a déjà établi ce qui se produira lorsque le projet de loi lui sera soumis. Le Sénat a décidé de transmettre le projet de loi directement au comité législatif, désirant obtenir des conseils sur la meilleure façon de fonctionner. Le Sénat est donc prêt à recevoir ce document.
J'espère que le projet de loi sera adopté à toutes les étapes, qu'il sera traité au Sénat et qu'il recevra la sanction royale avant la prochaine relâche. La promulgation de ce projet de loi dépend du gouvernement.
J’aimerais apporter une explication. Même si un projet de loi est adopté à la Chambre des communes et au Sénat et reçoit la sanction royale, il n’est pas en vigueur pour autant. C'est une loi, mais celle-ci n’entre en vigueur qu’une fois promulguée. Si je soulève ce point, c’est que le même problème se pose dans le cas d’un autre projet de loi, le , celui sur les dénonciateurs, qui a été adopté et a reçu la sanction royale au cours de la dernière législature. Je vais d’ailleurs vous parler de ce projet de loi.
Le projet de loi traite de responsabilité. Nous croyons savoir que nous avons l’appui de tous les députés pour faire en sorte que ce projet de loi soit le meilleur possible, pour nous assurer qu’il soit adopté et que nous puissions commencer à appliquer certaines de ses importantes dispositions. L’adoption de ce projet de loi rendra nécessaires de nombreux changements à plusieurs lois, notamment à celles régissant la fonction publique du Canada et l’administration de nos partis politiques. Le directeur général des élections aura toute une tâche à accomplir à cet égard.
Vendredi dernier, j’ai eu le bonheur de participer comme membre d’un groupe d’experts à une conférence spéciale à Ottawa sur la question de la responsabilité, particulièrement en relation avec le projet de loi . Il s’agissait d’une conférence de quatre jours, que j’ai suivie en partie. J’y ai constaté que nombre des experts et présentateurs étaient des spécialistes du droit, des professeurs d’université et des experts de divers domaines du droit, comme celui de l’accès à l’information. Des députés et des sénateurs y participaient également.
J’ai trouvé fascinant qu’on débatte du sens qu’il fallait donner au mot « responsabilité ». Il était intéressant de constater à quel point les divers intervenants avaient des façons différentes de définir cette notion. Ayant noté cela, j’ai consulté un dictionnaire général pour voir ce qu’on y disait de quelqu’un qui est « responsable ». Si nous regardons au mot « responsable », on constate que la responsabilité est une sorte d’usage. On y dit essentiellement que cela a à voir avec l’idée d’exiger d’une personne qu’elle rende compte de ses actes ou ses décisions en les expliquant ou en les justifiant. C’était en gros la définition qu’on donnait au mot « responsable ».
En ma qualité de comptable agréé, j’ai beaucoup travaillé dans le domaine du financement public. Il y existe un document, qu’on appelle prospectus, qui s’adresse aux investisseurs potentiels et qui vise à leur donner toute l’information dont ils ont besoin pour prendre une décision éclairée, pour savoir si, devant une offre, ils feraient bien d’investir. Un des principes, du reste très important, que doit respecter tout bon prospectus, c’est qu’il doit fournir des renseignements exacts, complets et clairs.
Fort de cette expérience, j'ai pris la parole à cette conférence et j'ai défini, pour nos fins, la responsabilité comme étant le fait pour un gouvernement ou quiconque d'expliquer ou de justifier ses actions ou ses décisions en faisant une divulgation exacte, complète et claire de ces dernières. Nous pouvons constater immédiatement que cette définition peut s'élargir, car une personne peut être responsable à différents degrés. Nous pouvons être responsables en faisant partiellement une divulgation exacte, complète et claire, mais le degré auquel une personne est responsable est alors discutable.
J'ai développé ce thème, mais je voulais également examiner quelques exemples. Un exemple très simple se trouvait dans le discours du Trône que le gouvernement a présenté au début de la présente législature. Le a annoncé que, au premier taux marginal d'imposition, les impôts baisseraient à 15,5 p. 100. En fait, ils ont augmenté. Ils avaient été réduits à 15 p. 100 au cours de la législature précédente et, dans le discours du Trône, ce taux marginal d'imposition est passé à 15,5 p. 100. Les Canadiens ont donc subi une hausse d'impôts.
Le a expliqué par la suite que la modification du taux d'imposition que le gouvernement précédent avait apportée, soit de 16 p. 100 à 15 p. 100, ne figurait que dans une motion des voies et moyens qui n'avait pas encore été adoptée à la Chambre. Monsieur le Président, vous savez que, lorsqu'un annonce des modifications, comme dans le cas des fiducies de revenu, ces modifications entrent immédiatement en vigueur. Ensuite, lorsque le Parlement a la possibilité d'examiner et de mettre aux voix la motion des voies et moyens, il la ratifie officiellement, mais, si elle est rejetée, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Par conséquent, le taux annoncé par le gouvernement précédent se situait à 15 p. 100 et les déclarations de revenu des Canadiens pour l'année d'imposition 2005 indiquaient un taux d'impôt initial de 15 p. 100.
Si la législature s'était poursuivie et n'avait pas été interrompue par des élections, la motion des voies et moyens aurait été mise aux voix. Si elle avait été rejetée, le taux d'impôt aurait été ramené à 16 p. 100, mais uniquement à compter de la date du vote au Parlement qui aurait eu pour effet de rejeter la motion des voies et moyens.
Le a dit que comme la motion n'avait pas été adoptée au Parlement, en ce qui le concerne, le taux était encore de 16 p. 100 et il l'a réduit à 15,5 p. 100. Il joue sur les mots. Il fait de la sémantique. Il ne fait aucun doute que les Canadiens ont payé un taux d'impôt de 15 p. 100 dans leur déclaration de revenus de 2005, et que le gouvernement, dans le discours du Trône et dans le budget qui a été adopté, a augmenté le taux d'imposition à 15,5 p. 100.
Maintenant, il faut se demander si le gouvernement a agi de façon responsable. A-t-il rendu des comptes aux Canadiens? Les conservateurs affirment avoir réduit les impôts mais, en réalité, ils les ont augmentés. On n'a pas la possibilité d'expliquer cela à tout le monde et je ne suis pas certain que tout le monde comprendrait. Je ne suis même pas certain qu'on comprendra ce que je viens de dire.
Quoi qu'il en soit, il faut appliquer la définition de responsabilité, c'est-à-dire le fait d'expliquer ou de justifier ses actes ou ses décisions en en faisant une divulgation exacte, complète et claire, mais cela n'a pas été fait. À cet égard, le gouvernement n'a pas été entièrement responsable. Il l'a été dans une certaine mesure, mais en recourant à une explication ou à une justification. On ne peut pas parler de véritable responsabilité.
Pour ce qui est des fiducies de revenu, le gouvernement a fait une promesse durant la campagne électorale. À ce moment-là, le Parti conservateur, désireux de former le gouvernement, n'a pas été responsable. Les députés veulent-ils savoir pourquoi? Parce que la promesse de ne pas hausser les impôts touchant les fiducies de revenu constituait une intervention dans le marché. Or, n'importe quel ministre des Finances sait qu'il lui incombe d'assurer la prévisibilité et la stabilité du marché et qu'il ne doit pas y intervenir indûment ou l'influencer. En bref, le gouvernement ne doit pas s'immiscer dans les marchés financiers.
Cette promesse visait d’abord à rassurer, ce qui devait influencer la décision des investisseurs. Quand ils ont constaté que cela faisait partie du programme électoral des conservateurs, ils ont décidé que, si ces derniers étaient élus, ils donneraient suite à leur promesse. Un grand nombre de Canadiens se tournent vers les fiducies de revenu parce qu’elles offrent une bonne possibilité de rendement élevé et de rentrées de fonds régulières, ce que bien des personnes âgées apprécient parce cela ressemble à un régime de pension.
La promesse de ne pas imposer les fiducies de revenu était irresponsable, mais la deuxième erreur a été de rompre cette promesse, cette soi-disant entourloupette, en décidant soudainement d’imposer les fiducies de revenu. Se pose alors la question morale à savoir si un gouvernement est obligé de tenir ses promesse ou, s’il les renie, d’expliquer et de justifier au moins sa décision ouvertement, de façon exhaustive et simple. Mais ce n’est pas ce qui s’est produit. En fait, il y a eu de claires répercussions sur le marché. Les marchés financiers étaient en chute libre. Les Canadiens se sont appauvris de 35 milliards de dollars en une journée et demie.
Le gouvernement a commis deux erreurs. La première, c’est de s’être ingéré sur le marché en faisant cette promesse. La deuxième, c’est d’avoir rompu sa promesse, peu importe si certains soutenaient que le problème devait être réglé. Aujourd’hui encore, l’Association canadienne des fonds de revenu fait paraître des analyses qui nient le fait qu’il y ait une grande disparité entre le traitement fiscal des fiducies de revenu et celui des sociétés qui versent des dividendes.
Sur la question de la responsabilité, il aurait été nettement plus responsable d’annoncer la décision un vendredi, par exemple. Au moins, les personnes visées auraient eu l’occasion de faire quelque chose avant l’ouverture des marchés le lundi. À la place, le gouvernement a fait l’annonce au milieu de la semaine de sorte que les Canadiens n’ont pas pu étudier la situation et bon nombre d’entre eux ont perdu de l’argent. A-t-on fait preuve de responsabilité? Je ne le pense pas.
J’aurais voulu avoir plus de temps pour m’arrêter sur divers aspects du projet de loi. J’y vois des problèmes. J’aurais souhaité qu’on raffermisse les dispositions concernant l’accès à l’information, comme l’avait recommandé l’ancien commissaire, M. Reid. Il y a d’autres questions que nous pourrons régler plus tard, je crois, de sorte que ce n’est pas trop grave.
Dans l’ensemble, nous allons dans la bonne voie avec ce projet de loi et je félicite tous les députés d’avoir réalisé la meilleure étude possible dans le délai imparti.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de l'important projet de loi , qui porte sur la responsabilité.
La responsabilité se situe au coeur de notre système démocratique. Nous vivons dans un pays démocratique et nous en sommes fiers. Nous encourageons et appuyons les autres démocraties du monde. Certes, un système démocratique solide est le signe distinctif des meilleures sociétés. C'est ce que nous souhaitons à tous les habitants de la planète.
Toutefois, les démocraties ne sont pas parfaites, et cela vaut aussi pour la nôtre. Souvent, la démocratie se limite à la politique et exclut l'économie. C'est le cas dans beaucoup de pays, y compris au Canada. Bien que la démocratie fasse l'objet de nombreuses critiques, ce n'est ni en la fuyant, en lui tournant le dos ou en devenant cyniques à son égard que nous réglerons les problèmes de cette dernière. Au contraire, il faut renforcer la démocratie et les institutions démocratiques que nous appuyons et représentons ici à la Chambre.
Cela me décourage profondément de discuter avec des citoyens de ma collectivité qui se disent dégoûtés par les politiciens. Ils sont dégoûtés par le processus politique. Ils ne s'intéressent plus aux élections et n'ont même plus envie de voter. Ce cynisme mine vraiment le processus démocratique.
Durant la dernière campagne électorale, l'éthique a été, selon moi, la question dominante. Le manque d'éthique a engendré du cynisme et du mépris à l'égard du processus démocratique. Nous devons agir contre cette érosion fondamentale de notre démocratie. Il s'agit à mon avis de la question la plus fondamentale et la plus importante à laquelle nous sommes confrontés en tant que parlementaires.
Il est facile de faire preuve de paresse ou de complaisance à l'égard du processus démocratique, mais c'est alors que les problèmes surgissent. Comme nous l'avons vu sous l'ancien gouvernement, que ce soit par paresse, par complaisance ou pour d'autres motifs, des questions et des préoccupations légitimes graves ont miné non seulement un parti politique donné, mais aussi toute notre démocratie. D'autres ont parlé de ce phénomène — de la culture du tout m'est dû, du sentiment que nous étions essentiellement un pays d'un seul partie, qu'il n'y avait qu'un seul parti légitime — qui entraîne un affaiblissement de notre système démocratique. Nous en avons eu la preuve aux dernières élections quand les électeurs ont décidé d'exercer leur droit démocratique et de choisir une autre voie.
L'ancien chef du NPD, Ed Broadbent, est reconnu comme une figure de la pensée démocratique non seulement au Canada, mais aussi sur la scène internationale. Il a milité pour une démocratie plus forte et plus éthique au Canada. Quand M. Broadbent était député, il a préconisé de nombreux changements devant entraîner des réformes démocratiques et éthiques. J'exposerai brièvement quelques-uns de ces changements.
Il a réclamé l'établissement de la responsabilité démocratique, une marque de respect fondamental à l'égard de nos électeurs. Cela signifie que lorsque les électeurs nous élisent pour représenter un parti politique, nous ne pouvons faire fi de leurs désirs et changer de camp pour représenter un autre parti sans leur demander d'appuyer un tel geste.
Il a demandé des élections à date fixe afin d'éviter qu'un parti influence les résultats des élections en décidant de la date du scrutin.
Il a demandé des limites de dépense et des conditions pour assurer la transparence dans les courses à la direction. Imposer des limites aux partis est une chose, mais comme les partis sont principalement financés par le public, les principes de responsabilité doivent s'appliquer aux courses à la direction.
Il a demandé une réforme électorale et une refonte de notre système uninominal majoritaire désuet, de façon à ce que les vues et les désirs des électeurs canadiens soient fidèlement reflétés à la Chambre par un nombre représentatif de députés.
Il a demandé qu'il soit mis fin au lobbyisme sauvage et au copinage politique, qui créent des liens trop étroits entre les lobbyistes, les fonctionnaires et le personnel politique. Il a demandé des lois plus strictes sur la divulgation des honoraires et des dépenses des lobbyistes.
Il a demandé une procédure plus éthique pour les nominations gouvernementales, afin que les milliers de hauts fonctionnaires nommés au sein d'agences, de conseils d'administration, de commissions et de sociétés d'État soient choisis plus démocratiquement, sous la surveillance de la Chambre.
Il a également demandé des règles plus strictes en matière d'accès à l'information, qui permettraient aux Canadiens d'en savoir davantage sur les agissements de leur gouvernement.
Le projet de loi dont nous sommes saisis ne tient pas compte d'un grand nombre d'objectifs définis par M. Broadbent. Cependant, le projet de loi représente un certain progrès et, pour cette raison, il mérite notre appui. Je tiens à souligner que le NPD a proposé des amendements importants qui ont pour effet de renforcer le projet de loi C-2 et de promouvoir la responsabilité et la démocratie dans notre pays.
La commission des nominations publiques est un des éléments du projet de loi qui ont vraiment été renforcés grâce aux efforts de mon parti. En qualité de vice-président du Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, j'ai présenté une motion de rejet de la nomination de M. Gwyn Morgan, candidat proposé au poste de chef de la commission des nominations publiques.
Au comité, ma motion a bénéficié de l'appui non seulement d'autres députés de l'opposition, qui se sont joints à moi pour rejeter cette candidature, mais aussi des éditorialistes du magazine Canadian Business, qui ont écrit que « c'était un très mauvais départ que de nommer un conservateur partisan (et un agent de financement du parti) à la tête d'un département créé 'afin que les Canadiennes et les Canadiens aient un gouvernement ouvert, honnête et qui réponde de ses actes' ».
Plus récemment, le Globe and Mail publiait un article sur la façon dont ce héros qui avait été salué par le Conseil canadien des chefs d'entreprises comme le meilleur candidat de tout le pays pour occuper ces fonctions, est soudain devenu un paria. De toute évidence, il était opportun de prendre les mesures nécessaires pour que cette nomination soit rejetée.
Nous avons donc renforcé la commission des nominations publiques, ce qui était l'élément clé. Essentiellement, cela signifie que le patronage est illégal. Le projet de loi exige que la nomination aux milliers de postes au sein des agences, conseils d'administration et sociétés d'État se fasse de façon responsable et transparente.
Voilà ce que veulent les Canadiens. Ils veulent que le poste soit confié à la personne la mieux outillée, à celle qui possède les meilleures qualités, et non à une personne qui, comme par hasard, se trouve dans les bonnes grâces de celui qui fait la nomination.
Ce qui compte maintenant, c'est que, grâce à l'amendement du NPD, le devra consulter tous les dirigeants politiques avant de nommer des gens à la commission. Le processus de nomination sera beaucoup plus équitable. Il s'agit d'un changement très important dont le NPD se réjouit énormément.
De plus, le NPD a fait ajouter des règles nouvelles et plus strictes pour fermer la porte tournante permettant aux gens d'occuper tour à tour des postes de lobbyiste et de haut fonctionnaire. Les gens ne veulent pas qu'une personne qui, à un moment donné, est rémunérée pour défendre les intérêts d'une entreprise ou d'un organisme trouve l'instant d'après un emploi au sein du cabinet d'un ministre. Les Canadiens veulent qu'existent des règles claires pour empêcher cette pratique.
Nous avons pu obtenir quelques améliorations de la législation canadienne sur l'accès à l'information, notamment en élargissant la portée de la loi pour qu'elle englobe tous les organes de l'État. Les Canadiens voudraient que l'accès à l'information soit plus complet, mais grâce en bonne partie à mes collègues de cette section-ci de la Chambre, nous avons pu faire des progrès importants.
Nous avons renforcé des parties de la Loi électorale du Canada, notamment en rendant illégale l'utilisation de fonds en fiducie et en abaissant le plafond des dons à 1 000 $. Nous avons resserré les règles sur les conflits d'intérêts pour permettre à tout Canadien de porter plainte auprès du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique. Nous avons aussi prévu des dispositions dans la loi pour protéger les Premières nations.
Les Canadiens s'attendent à ce que nous, les parlementaires, ne nous bornions pas à défendre leurs intérêts sur les questions à l'ordre du jour. Ils veulent que nous revoyions constamment notre façon de travailler. La solution aux problèmes de démocratie est une démocratie plus forte et encore davantage de démocratie. Bien que cette loi sur la responsabilité ne soit pas suffisante aux yeux de M. Broadbent et du Nouveau Parti démocratique pour que s'applique pleinement le principe de la responsabilité, elle nous fait progresser dans la bonne direction.
Ce projet de loi a fait l'objet de débats, de discussions et d'amendements. Il a été scruté à la loupe. Les Canadiens veulent que nous l'adoptions pour réaliser le genre de changements qui va améliorer la responsabilité au pays et renforcer notre démocratie.
:
Monsieur le Président, tout d'abord, je tiens à dire que le Bloc québécois appuie le projet de loi dans ses principes et dans plusieurs de ses manifestations.
Il faut dire qu'il n'y a rien de plus important, dans le travail d'un député, que le question de l'éthique, que la crédibilité. La façon dont on pratique la politique et dont les gens ont accès à des charges publiques révèle évidemment la vitalité de la démocratie, ce qui est beau dans le système démocratique qui est le nôtre, même s'il est imparfait.
J'entendais plus tôt mes amis, les néobolchéviques, parler de la réforme du mode de scrutin, laissant entendre que le système tel qu'il fonctionne, avec le suffrage uninominal à un tour, avait donné une surreprésentation des députés du Bloc québécois en cette Chambre.
Même si je fais tous les exercices intellectuels imaginables, je ne vois pas comment la Chambre pourrait se passer, avec pertinence et à propos, d'un seul des députés du Bloc. En effet, le caucus du Bloc québécois est un outil démocratique redoutable et chacun des députés du Bloc apporte une contribution inestimable aux travaux de cette Chambre. Évidemment, je suis tenu par la confidentialité de nos délibérations du caucus, mais je peux vous dire que chacun et chacune des députés du Bloc font un travail admirable. À chaque scrutin, nos concitoyens ont l'occasion d'évaluer la pertinence du rôle du Bloc, et finalement, chaque fois, nous sommes confortés dans notre conviction qu'il est important d'avoir un parti politique voué exclusivement à la défense des intérêts du Québec, un parti qui n'est pas prêt à faire des compromissions et un parti ayant cette capacité d'avoir une lecture avisée de ce que sont les aspirations des Québécois et des Québécoises.
Cela étant dit, bien sûr, nous ne sommes pas fermés à l'idée de faire un débat sur la question de la meilleure représentativité. Lorsque le Québec sera souverain, il ne sera certes pas dit que nous maintiendrons le mode de scrutin tel qu'on le connaît actuellement. D'ailleurs, parmi les souverainistes, des gens ont réfléchi depuis longtemps à cette question. Je pense à l'ex-député de Borduas, M. Jean-Pierre Charbonneau et également à M. André Larocque qui avait été le sous-ministre de Robert Burns, député de Maisonneuve, dans les années 1970. Robert Burns avait été le ministre responsable d'une des lois les plus importantes du gouvernement de René Lévesque, soit le financement démocratique, d'où émanait cette l'idée d'au nom de qui on parle.
Je me souviens de discussions avec des sénateurs américains. Aux États-Unis, il est à peu près impensable de se faire élire si on ne possède pas une fortune évaluée à plusieurs millions de dollars. La possession de cette fortune fait qu'on devient, dans bien des circonstances, les porte-parole des groupes de pression. Tandis que dans notre système démocratique, il est possible de procéder à un financement grâce à un large soutien populaire.
Par exemple, dans , lors de la dernière campagne électorale, j'ai dépensé 25 000 $. Évidemment, ce n'est pas beaucoup vu le nombre d'électeurs que j'y ai. Cet argent ne venait pas d'entreprises, ni de groupes d'intérêt, ni de lobbys; c'était un financement que les membres de l'exécutif du Bloc québécois dans mon comté, Hochelaga, avaient perçu à l'occasion de rencontres avec des militants. C'est un exercice auquel on se livre chaque année.
Parlons du projet de loi déposé par le président du Conseil du Trésor. Le Bloc québécois appuie ce projet de loi dans ses grandes lignes. Toutefois, ce projet de loi est évidemment imparfait, à l'image du . Cela n'empêche pas ce dernier d'être un parlementaire respectable, bien sûr. Le Bloc québécois appuie donc ce projet de loi, parce qu'il prévoit d'abord un code d'éthique pour les ministres, qui sera inclus dans une loi.
Le Bloc québécois appuie le projet de loi puisqu'il mettra fin à cette tradition qui permettait à des attachés politiques d'accéder de manière un peu privilégiée à la fonction publique. Bien sûr, cela ne veut pas dire que des gens qui faisaient partie de cabinets ou de bureaux de députés ne peuvent pas bien servir la fonction publique, ne peuvent pas être des gens compétents, mais nous disions et nous disons toujours que cela ne doit pas se faire par un mécanisme un peu privilégié, mais bel et bien par la voie de concours tenus en bonne et due forme.
Le Bloc québécois appuie le projet de loi parce qu'il donne plus de pouvoir à la vérificatrice générale, Mme Fraser, et qu'il donne plus de pouvoirs au commissaire à l'éthique. Il faut se rappeler — et je le fais évidemment avec beaucoup de solennité — que le Bloc québécois a depuis plusieurs semaines, voire même plusieurs mois, mené la bataille afin qu'on permette à la vérificatrice générale d'avoir un pouvoir étendu de vérification et de contrôle. Mon ancien collègue, le député de Repentigny, avait déposé un projet de loi dans le but d'élargir le contrôle de la vérificatrice générale en y admettant un certain nombre de fondations. Ce principe avait lui-même été agréé par l'ancien gouvernement, et il a été reconduit par le gouvernement conservateur. C'est heureux, parce que les fondations gèrent et possèdent des millions de dollars qui proviennent de fonds publics.
Le Bloc québécois appuie le projet de loi , parce qu'il mènera à la divulgation de rapports obligatoires dans les cas de courses à la chefferie. On restreindra la capacité de dépenser sans contrôle dans ces grands exercices de relations publiques que sont les courses à la chefferie.
Le Bloc québécois appuie le projet de loi , parce que plusieurs des revendications traditionnelles du Bloc québécois s'y retrouvent. Je suis heureux de rappeler la bataille que plusieurs députés du Bloc québécois avaient menée afin que les directeurs du scrutin soient choisis en fonction d'un processus plus démocratique. Je vois mon ami le secrétaire parlementaire qui est le plus jeune député en cette Chambre. Évidemment, comme chacun sait, être jeune est un défaut dont on se corrige chaque jour un peu davantage. Cependant, je sais que mon collègue le député, qui est le plus jeune parlementaire en cette Chambre et qui est aussi le secrétaire parlementaire du ministre, a travaillé très fort en comité.
Depuis longtemps, le Bloc québécois, a fait l'apologie d'un processus plus démocratique pour les directeurs du scrutin. Il ne peut donc pas être possible, d'une part, qu'une personne ait la responsabilité à l'échelle d'une circonscription de bien faire fonctionner le système, de s'assurer qu'il n'y a pas d'irrégularités, que toutes les règles sont respectées et surtout que les chances sont égales pour tous les candidats et, d'autre part, que ces mêmes directeurs du scrutin soient nommés par le gouvernement. Dans ma circonscription, il y a déjà eu un directeur du scrutin qui était très respectable sur le plan individuel, mais qui n'était certainement pas neutre sur le plan politique. Le notaire Léger a déjà été directeur du scrutin dans Hochelaga—Maisonneuve. Il s'agissait de quelqu'un de très respectable, mais qui avait été mon adversaire en 1993.
En 1993, j'avais dû lui administrer une solide correction électorale et j'avais remporté une majorité de plusieurs milliers de voix. C'était l'époque où Lucien Bouchard, un des grands souverainistes du mouvement, était premier ministre du Québec. Il avait fait une campagne électorale absolument extraordinaire, et si mon souvenir est exact, le Bloc québécois avait eu 49 p. 100 des voix et 55 députés avaient été élus. Nous étions évidemment détenteurs d'une très solide légitimité. Il s'agissait d'une jeune formation politique et il y avait plusieurs jeunes députés tels que Pierre Brien et Michel Bellehumeur. À l'époque, votre serviteur était dans la jeune trentaine. J'ai été élu à 31 ans et j'ai aujourd'hui 44 ans, mais je me sens tout aussi jeune que je l'étais.
Évidemment, mes ressources ne sont plus les mêmes. Il fut un temps où il m'était possible de travailler pendant 15 ou 16 heures sans dormir. Aujourd'hui, je ne pourrais plus le faire.
Ne nous égarons pas et revenons-en au projet de loi . Ce dernier prévoit des dispositions très avisées pour permettre aux directeurs de scrutin d'être sélectionnés par voie de concours. Il s'agit d'une initiative du Bloc québécois qui a trouvé une certaine correspondance dans le projet de loi .
Le Bloc québécois avait souhaité qu'il y ait un financement plus démocratique. Il souhaitait également que l'on puisse recentrer les dispositions concernant les dénonciateurs. Il est important que les gens qui ont des responsabilités, particulièrement des responsabilités stratégiques au sein de la fonction publique, lorsqu'ils sont témoins de comportements répréhensibles, de mauvaise gestion et d'exaction, puissent le signifier à leur supérieur et le signifier publiquement sans faire l'objet de représailles.
Un amendement, venu de l'autre chambre, a permis d'élargir la notion de représailles. Bien sûr, il faut s'assurer que ces représailles, d'aucune manière, ne puissent permettre à un fonctionnaire de poursuivre un plan de carrière qui soit intéressant dans la fonction publique.
Nous appuyons le projet de loi . D'ailleurs, peu de questions, au cours des prochaines années, nous solliciteront davantage que la question éthique. Comment envisage-t-on la gouverne publique dans une responsabilité éthique? C'est une des questions qui nous préoccupera au cours des prochaines années.
Il y a présentement un débat au sein de la société québécoise à propos de la place des minorités. Je suis convaincu qu'il s'agit aussi d'un débat dans les autres provinces. Il y a aussi la question de l'accommodement raisonnable. Comment concilie-t-on nos grandes valeurs démocratiques tout en faisant une place aux minorités et en gardant un esprit de culture publique commune? Comment aménage-t-on notre contrat social? C'est cela la question de l'accommodement raisonnable. Comment interprète-t-on les chartes, que ce soit la Charte québécoise, une des Charte les plus généreuses en ce qui a trait aux droits de la personne, et la compatibilité avec des valeurs individuelles, particulièrement en ce qui a trait aux convictions religieuses?
J'espère que le secrétaire parlementaire nous donnera quelques explications un peu plus tard. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement n'a pas choisi de revoir la Loi sur l'accès à l'information. Pourtant, cela se retrouvait dans la plateforme électorale du Parti conservateur. Lorsqu'on parle de démocratie, il ne s'agit pas seulement de la question du financement des partis politiques et de celle du mode de scrutin, c'est également notre capacité de permettre le fonctionnement de nos institutions de manière à ce que nous puissions avoir accès à l'information dans des délais raisonnables.
La Loi sur l'accès à l'information est extrêmement préoccupante. J'ai eu la chance de participer récemment à un colloque. Il y a trois semaines, mon collègue, le whip de mon parti, m'a demandé de faire un discours un vendredi à 18 h 30, ici à Ottawa. Je ne peux pas vous dire à quel point je lui étais reconnaissant de me permettre de partager la tribune avec un certains nombre de spécialistes au sujet de la Loi sur l'accès à l'information. Ce colloque s'est tenu au Centre des conférences du gouvernement. Quelle loi archaïque!
Je donnerai un exemple très précis. Le Bloc québécois, par l'entremise de son service de recherche et de mon ami, Dominic Labrie, un intellectuel puissant et un homme très brillant qui connaît bien toute la question de la Loi sur l'accès à l'information. C'est un homme scolarisé, un homme d'une grande finesse intellectuelle, comme on en trouve dans tous les partis politiques. Nous avons déposé une quarantaine de demandes d'accès à l'information au mois de juin.
Comme on le sait, des coûts y sont associés. Il faut déposer cinq dollars par demande. Il faut également payer chaque page d'information qui nous est acheminée.
Peut-on s'imaginer que nous avons déposé une quarantaine de demandes d'accès à l'information au mois de juin et qu'à peu près cinq requêtes avaient été traitées, au moment où j'ai fait mon discours il y a deux ou trois semaines? Nous n'avons pas encore l'information que nous avons demandée au mois de juin, et nous voici en novembre, à 10 jours du mois de décembre. De plus, on m'a dit qu'il y avait une pratique de plus en plus établie, qui tarife les demandes d'accès à l'information en fonction du nombre d'heures de recherche que l'information nécessite. On m'a également dit que cette pratique coïncidait avec l'arrivée des conservateurs au pouvoir. J'espère que cette tendance sera corrigée.
Encore une fois, nous ne pouvons pas bien faire notre travail de parlementaires, nous ne pouvons pas être dans un système démocratique digne de ce nom si nous n'avons pas accès à de l'information probante et concluante. Le Bloc québécois rêve du jour où chaque demande d'accès à l'information sera déposée, comme sa réponse, à la Bibliothèque du Parlement, un peu comme on le fait pour les avis au Feuilleton. Il serait certainement souhaitable que tous les parlementaires puissent profiter de cette information.
J'ai même été informé que certains ministères refusent maintenant, lorsqu'il y a des réunions et des conseils stratégiques de direction de ces ministères, de produire de l'information écrite, de crainte qu'elle fasse l'objet d'une demande d'accès.
Encore une fois, je ne comprends pas que le gouvernement n'ait pas profité de cette loi, qui a de grands mérites et que le Bloc québécois appuie. En effet, notre parti politique croit à l'éthique, et nous savons bien que cette question va nous solliciter au cours des prochaines années.
Nos concitoyens n'accepteront plus des modèles autoritaires, des façons de faire où on n'associe pas pleinement les parlementaires à l'élaboration des politiques publiques.
Il est assez incroyable, je le répète, que le gouvernement ait choisi de déposer 200 articles dans ce projet de loi. N'aurait-il pas été souhaitable que l'on revoie la Loi sur l'accès à l'information? Je rappelle que les conservateurs s'étaient engagés à la moderniser. La plateforme électorale conservatrice contenait même cette promesse:
Un gouvernement conservateur:
Appliquera les recommandations du commissaire à l’information sur la réforme de la Loi sur l’accès à l’information.
Le commissaire à l'information lui-même avait déposé un projet de loi complet. Il avait fait le travail: il avait proposé un projet de loi complet en octobre 2005.
Je pense que c'est difficile à comprendre.
Je vais terminer par le commentaire qui suit, parce que le temps file.
Le projet de loi, une fois revenu de l'autre Chambre, proposait également un certain nombre de points avec lesquels le Bloc québécois ne pouvait malheureusement pas être d'accord. Je comprends que l'autre Chambre aurait souhaité qu'il y ait un commissaire.
Je vais conclure en rappelant trois grands éléments. Pour le Bloc québécois, il est important de pouvoir dire oui à ce projet de loi, sur la base d'un certain nombre de batailles historiques que le Bloc québécois a menées: la nomination des directeurs du scrutin par voie de concours; plus de travail et une responsabilité de contrôle plus grande pour la vérificatrice générale en matière de fiducies et de fondations; la possibilité de restreindre les dépenses et que celles-ci fassent l'objet d'une divulgation publique lors des courses à la chefferie.
Néanmoins nous aurions souhaité que la Loi sur l'accès à l'information soit modernisée en vue d'un meilleur fonctionnement de cette loi et pour que les parlementaires puissent avoir davantage d'informations, et surtout que les demandes d'accès à l'information puissent être déposées à la Bibliothèque du Parlement.
Nous aurions également souhaité une plus large définition du rôle du directeur du budget. Malgré tout, le Bloc québécois appuiera les amendements proposés au projet de loi .