:
Monsieur le Président, quatre minutes, c'est un peu court, mais je vais les utiliser quand même.
Je disais justement, avant la période des questions, combien le fédéralisme canadien avait été flexible. De plus, je me vieillis un peu, mais au cours des 20 à 25 dernières années, pour ceux qui ont suivi le dossier constitutionnel et qui se rappellent les affres que nous avons vécues au moment des accords du lac Meech, eh bien, chacun des concepts se retrouve graduellement. Au cours des dernières années, on a pu vivre une autre expression de cette flexibilité du fédéralisme, quand on a développé le concept du fédéralisme asymétrique.
À l'époque du gouvernement dirigé par le député de , on a pu voir la signature d'une entente sur la santé dont le gouvernement se vante tous les jours. Ce gouvernement conservateur veut prendre chaque jour le crédit de cette formidable entente qui a été signée sur la santé et qui a permis un transfert majeur de 41 milliards de dollars sur 10 ans. À ce moment-là, on a pu voir qu'en respectant les compétences provinciales, il y a eu moyen de trouver un rôle national, avec dirais-je un respect jaloux des compétences provinciales.
Je dois rendre hommage à ma collègue de , qui a présidé à plusieurs de ces signatures d'entente avec le Québec.
Je me souviendrai toujours du jour où nous avons signé cette entente sur les congés parentaux, une entente qui était attendue depuis belle lurette et qui a permis, encore une fois, au Québec de donner un programme plus généreux de congés parentaux à nos concitoyens et concitoyennes, tout cela à l'intérieur du modèle canadien, donc du fédéralisme canadien, en respectant les compétences.
On a aussi eu l'exemple d'une entente sur les garderies, où on reconnaissait les progrès majeurs faits au Québec en matière de garderies, lui qui était le leader. D'ailleurs, le Québec a été l'inspiration pour beaucoup d'autres juridictions.
C'était encore un modèle de flexibilité du fédéralisme canadien, et encore là, cela a été fait dans le respect des compétences provinciales. Malheureusement, le parti d'en face, vu son idéologie, n'a pas cru bon de continuer ce programme. Cela va coûter maintenant 800 millions de dollars à la province de Québec, et c'est regrettable. C'est regrettable parce que pour un parti qui veut supposément rétablir l'équilibre fiscal, il a creusé un trou de 800 millions de dollars. Si on y ajoute un autre trou de 328 millions de dollars pour se mettre à jour vis-à-vis du programme du Protocole de Kyoto, cela fait un trou d'au-delà de 1 milliard de dollars. Pour un parti qui a pris des engagements majeurs quant au déséquilibre fiscal, on ne peut pas dire que c'est très glorieux. Tout cela en disant cependant qu'il y a une certaine évolution du fédéralisme. On a été capables de signer des ententes sur les infrastructures — au-delà de 1 milliard de dollars encore une fois — en respectant les priorités provinciales.
Cela évolue donc, quoique trop lentement pour certains. À l'occasion, j'ai également eu mes poussées d'impatience, mais à la fin, je dois dire qu'aujourd'hui, c'est la consécration de beaucoup de discussions. C'est la consécration d'une grande volonté politique qui a été exprimée sous différents vocables. À certains moments, on a parlé de société distincte; à d'autres, on parlait du peuple québécois; on est maintenant rendu au concept de nation.
Au moment où on sera peut-être prêt un jour à envisager des discussions constitutionnelles, qui sait quel vocabulaire on voudra utiliser pour reconnaître la différence québécoise? Parce qu'au fond, on peut faire de la sémantique toute la journée, mais à la fin, l'intention est de reconnaître la différence québécoise, qui est conciliable avec les différences canadiennes. Au fond, c'est la somme de nos différences qui fait de ce pays un pays respecté à travers le monde et un pays où chacun d'entre nous peut se sentir bien avec sa propre personnalité, avec sa propre histoire.
Je disais donc au début de mon discours que ce n'est pas un débat qu'on aurait souhaité, parce qu'au fond, aller quêter son identité, ce n'est pas nécessairement la meilleure chose à faire. Et que cette quête d'identité soit venue de la part du Bloc québécois a été surprenant. Ce qui a été le plus décevant a été de voir que le Bloc québécois, qui pense avoir une définition de l'identité québécoise différente de la nôtre, ait décidé de venir quêter cela au reste du Canada. Il a donc été pris à son propre jeu et, aujourd'hui, les trois partis fédéralistes se retrouvent à se donner la main pour dire qu'en effet, les Québécois et Québécoises forment une nation à l'intérieur d'un Canada uni...
:
Monsieur le Président, cela ne me semble pas correct. Cela ne me semblait pas correct lorsque l'aile québécoise du Parti libéral; a adopté sa résolution, ni lorsqu'un débat passionné et inquiet a été lancé d'un bout à l'autre du pays.
[Français]
Je me suis senti encore plus mal quand, la semaine dernière, le Bloc a présenté sa motion.
[Traduction]
Puis, lorsque le gouvernement a adopté sa contre-motion, les choses ne semblaient pas moins incorrectes, mais il semblait tout de même y avoir plus d'espoir, comme si le pire était passé.
[Français]
Cependant, le malaise était à son comble et irrémédiablement malsain lorsque le Bloc a annoncé qu'il appuierait la motion du gouvernement--
[Traduction]
[...] disant que le Canada deviendrait le premier pays à reconnaître officiellement la nation québécoise et que plusieurs autres pays reconnaîtraient également la nation québécoise et le pays du Québec.
Mon pays est plus que cela. Le Canada, ce sont aussi les peuples autochtones qui y résident depuis des siècles et des siècles, qui entretiennent des relations respectueuses avec la terre et qui ont leur propre culture et leur propre histoire.
[Français]
Le Canada, c'est des Français et des Anglais se battant pour survivre dans un monde nouveau rempli de difficultés, afin de se bâtir des vies nouvelles pour eux-mêmes. Différents ils étaient dans leurs langues, leurs cultures, leurs religions et leurs codes juridiques, mais ils menaient le même combat, celui de vivre ensemble. Ils ont réussi à le faire.
[Traduction]
Le Canada compte des citoyens qui viennent de presque partout, qui nous transforment et se transforment eux-mêmes d’une manière fascinante et inédite. Le Canada a des ressources immenses et des possibilités qui dépassent l’imagination. Notre avenir est toujours en gestation, toujours en devenir.
Le Canada est une grande expérience de portée mondiale, une société authentiquement mondiale qui fonctionne de la seule manière que notre planète mondialisée de demain pourra fonctionner. Le Canada compte. Il compte pour moi. Il compte pour nous. Il compte pour le monde. Par conséquent, lorsque nous parlons de changements constitutionnels, de textes qui décrivent qui nous sommes et modèlent notre avenir, cela importe, et cela importe beaucoup.
Les accords du lac Meech et de Charlottetown, que nous ayons été d’accord ou non, nous les avons étudiés, nous en avons discuté, et nous avons pris le temps. Nous étions conscients du sérieux de ces deux textes.
La motion à l’étude ne me semble pas bonne parce qu’elle ne paraît pas aussi sérieuse qu’elle devrait l’être. J’ai l’impression que c’est un jeu, un mauvais jeu qui repose sur la manipulation et l’opportunisme, un jeu politique. Il s’agit d’acculer quelqu’un dans un coin pour l’obliger à dire ou à faire quelque chose qu’il ne veut pas dire ou faire, simplement pour sauver la face, et de coincer encore un autre type pour le contraindre à dire ou à faire la même chose. Nous sauvons tous la face et nous nous retrouvons dans un plus grand coin, l’avenir, sauf que ce coin-là, il appartient à quelqu’un d’autre.
[Français]
Tous ces jeux et ces manipulations ne sont pas pour nous. Ils ne créent qu'une pente glissante pour plus tard.
[Traduction]
La population a appris à accepter la plupart des choses qui se rattachent à la politique, mais pas cela. Les enjeux sont trop importants. La population dit que c’est de son pays qu’il s’agit. Le gouvernement est entré dans ce jeu. Pourquoi? Les Canadiens veulent savoir pourquoi ils laisseraient le gouvernement agir de la sorte, alors qu’il s’agit de leur pays.
Ceci n’est que pure politique. Tout a commencé par l’idée saugrenue de tenir un débat fondamental pour notre pays à partir d’interprétations diverses du terme « nation ». Ces derniers jours, la situation s’est dégradée jusqu’à cet état de choses ridicule, avec la tenue de ce débat.
Ceux qui auraient voulu participer au débat honnêtement, en cherchant une définition claire, font aussi bien de renoncer. Les autres participants au débat ne veulent rien savoir. Ils veulent dire que le terme « nation » a la signification qu’ils veulent maintenant, quitte à en changer lorsqu’ils voudront que le terme signifie autre chose. Ils pourront alors se présenter devant le public, argumenter, manipuler, essayer d’obtenir par la mécompréhension ce qu’ils n’ont pu obtenir par la compréhension.
[Français]
Lorsque je suis arrivé la première fois à Montréal, c'est la fierté des Québécois qui m'a impressionné. Le monde entier était envahi par la langue anglaise et la culture américaine. Les Québécois n'avaient aucune chance de survivre. Toutefois, ils ont dit non, pas eux, pas ici. Ils savent qui ils sont et ce qu'il seront, et ce, pour toujours.
[Traduction]
Les Québécois savent qui ils sont. Ils n’ont pas eu le choix. Ils n’auraient pas pu s’en tirer autrement. Ils n’ont pas besoin de définisseurs officiels pour leur dire qui ils sont. Un jour, tous les Canadiens décriront sur papier ce qu’est vraiment le Canada, ce qu’est vraiment le Québec et ce que, ensemble, nous sommes devenus, mais nous n’y parviendrons pas de cette manière. C’est impossible.
[Français]
Est-ce que le Bloc veut vraiment convaincre les Canadiens hors Québec d'accepter le Québec comme une nation? Pas du tout!
[Traduction]
Le Bloc veut que le processus soit tellement saboté que tous les Canadiens rejettent la question. Il veut nous entraîner sur cette pente savonneuse pour que les Canadiens du Québec rejettent ceux de l’extérieur, et la cause du Bloc, l’indépendance, aura progressé.
Le pion, dans ce jeu, c’est le public. Les Canadiens sont profondément attachés à leur pays. Depuis des dizaines d’années, les hommes et femmes politiques et les prosélytes de la politique jouent sur nos émotions et les manipulent à leurs propres fins. Eux et nous avons complètement empoisonné la discussion et le débat sur cette question. Il n’y a pas une partie qui fasse confiance à l’autre, pas un citoyen qui fasse confiance à un politique.
Malgré les apparences, il ne s’agit pas d’un problème de langue entre le français et l’anglais. Le problème, c’est la manipulation et les grands objectifs qui sont derrière. Ni la motion du gouvernement, ni la résolution de l’aile québécoise du Parti libéral ne feront quoi que ce soit, sinon semer la division et la méfiance.
Mon pays, le Canada, c’est plus que cela. À mon avis, la motion n’est pas précise dans sa formulation ni dans la compréhension qu’elle peut traduire, nous n’avons pas le temps ni le mécanisme nécessaire pour étudier la question à fond, rien n’est clair et cela ne repose sur rien. Il faut rejeter la motion du gouvernement.
:
Monsieur le Président, c'est un grand plaisir pour moi de participer en cette Chambre à ce débat historique.
Je sais que les députés de tous les partis en cette Chambre ont présenté leur position avec beaucoup d'émotion et de passion quant à cet enjeu, comme le député qui vient juste de parler. C'est vrai, et c'est avec raison qu'il l'a fait, puisque c'est un débat tellement important et fondamental pour l'avenir de notre pays.
[Traduction]
Cette motion est au coeur de ce que représente un pays, de ce que représente une nation, de ce que signifie être Canadien et de ce que signifie être Québécois. La motion nous offre peut-être une occasion de nous rappeler à quel point nous avons de la chance de vivre au Canada et de nous rappeler ce qui est en jeu lorsque nous nous engageons dans une discussion de la sorte. La motion constitue peut-être une occasion de nous rappeler ce qui est en jeu non seulement pour les Québécois, mais aussi pour tous les Canadiens.
Beaucoup de gens voient le Canada comme une jeune nation, comme un pays qui a, comme on l'a souvent dit, plus de géographie que d'histoire et, pourtant, il est très paradoxal que ce jeune pays soit l'un des plus respectés au monde, qu'il possède l'une des démocraties les plus anciennes et l'une des fédérations les plus anciennes et les plus réussies de la planète.
Comme l'ont dit le et le chef de l'opposition, l'appui accordé à cette motion témoigne d'un généreux esprit de solidarité. Pour les paraphraser tous deux, cette motion représente une flamme d'espoir pour d'autres nations et un brillant exemple d'humanité et d'harmonie. À mon avis, ces profondes paroles prononcées par des chefs fédéraux en exercice représentent fort bien le point de vue qui prédomine à la Chambre et elles sont rares. En fait, il est extrêmement rare qu'une question fasse autant l'unanimité à la Chambre.
S'il y a une cause importante qui devrait rallier tout le monde, c'est bien celle-ci. L'unité nationale et la préservation du Canada sont certes des questions sur lesquelles tous les députés devraient s'entendre sans équivoque ni aucune réserve.
Bien que ma position soit peut-être contraire à celle du député de York, personne ne doute de la loyauté de quiconque à l'égard du Canada et personne ne doute de la passion de quiconque pour ce qui est jugé important pour notre pays.
Bien que ce débat puisse susciter des émotions et, dans certains cas, un brin de sectarisme, nous devons le ramener à la question fondamentale: comment préserver cette grande nation, cette merveilleuse mosaïque créée au cours de l'histoire de notre pays et qui reflète la présence de deux nations fondatrices.
[Français]
La vérité, c'est que le Canada est une fédération qui fonctionne. Le succès de notre pays n'est pas le fruit d'un accident, et ce n'est pas quelque chose qui peut ou devrait être tenu pour acquis.
Les Pères de la Confédération ont choisi une forme du gouvernement qui convenait tout particulièrement à l'inclusion de la diversité régionale, linguistique et religieuse. Le meilleur exemple de cette diversité est, sans contredit, l'existence de deux groupes linguistiques importants. La présence du Québec est l'un des principaux facteurs qui ont mené à la création du Canada en tant que fédération. Les fondateurs voulaient bâtir un pays qui faisait place à notre diversité.
[Traduction]
Sir John A. Macdonald, qui fut le premier premier ministre du Canada, a dit haut et fort:
Je ne souscris aucunement au désir exprimé dans certains milieux de tenter, par tous les moyens, d'opprimer une langue et de la rendre inférieure à l'autre. Je crois que ce serait impossible si on essayait de le faire et qu'il serait insensé et mauvais de le faire si la chose était possible.
Dans le cadre des débats sur la Confédération, Georges-Étienne Cartier a proclamé:
Nous ne pouvons, de par la loi, faire disparaître ces différences de races, mais j'en suis persuadé, les anglo-canadiens et les français sauront apprécier leur position les uns vis-à-vis les autres [...] La diversité des races contribuera, croyez-le bien, à la prospérité commune.
Ne nions pas les intentions des fondateurs de la fédération canadienne. Ils étaient conscients de la nécessité de reconnaître la diversité, les différences et les particularités de tous les partenaires de la fédération. Ils ont fait fonctionner la fédération et, ce qui est le plus important, ils l'ont fait dans des conditions plus pénibles et exigeantes que ne le sont les conditions actuelles.
Ne cédons pas à une politique de complaisance ou de courte vue. À l'instar de nos pères fondateurs, faisons preuve de persévérance, de courage, de compromis honorable et particulièrement de tolérance et de respect mutuel.
Ces qualités forment la substantifique moelle du Canada. Notre pays a été fondé sur le concept de la diversité permanente. Comme l'a dit le très honorable Brian Mulroney:
Pour soutenir cette prospérité, nous devons avoir une approche avant tout fondée sur le fait que la fédération canadienne fait preuve d'une souplesse inhérente qui nous permet de vivre ensemble, de célébrer nos différences et de comprendre, de façon sentie, que ce n'est pas parce que nous sommes différents que nous ne sommes pas égaux et que ce n'est pas parce que nous sommes égaux que nous devons tous être pareils.
Puis:
Au Canada, l'égalité signifie simplement que personne n'a le droit de faire de la discrimination contre nous à cause de nos différences.
[Français]
D'un point de vue historique, nous avons appris depuis longtemps à nous préoccuper des accommodements nécessaires dans une société où il existe deux grands groupes linguistiques. Depuis toujours, les Québécois ont fait preuve d'une volonté incessante de promouvoir et de défendre leurs droits et de préserver leur héritage culturel et linguistique. Ils y ont réussi avec brio, et c'est l'ensemble du Canada, voire l'ensemble du monde, qui s'en est enrichi.
Le fédéralisme nous a bien servis. Aujourd'hui, on a peine à imaginer d'autres arrangements qui auraient pu nous servir aussi bien. Un fédéralisme qui, 140 ans plus tard, est toujours un modèle à suivre pour le reste du monde.
[Traduction]
La tâche de concilier la diversité est probablement l'un des défis les plus difficiles à relever pour le monde d'aujourd'hui. Le débat qui a récemment eu lieu au Québec sur ce qui constitue un accommodement raisonnable consenti aux minorités religieuses trouve des échos dans des débats semblables dans le monde entier.
La diversité est une réalité contemporaine. La plupart des États de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique se caractérisent par une diversité de langues, de religions et de cultures. Bon nombre de ceux qui ont le mieux réussi à gérer cette diversité ont choisi un système de gouvernement fédéral.
Dans le monde d'aujourd'hui, c'est en fait les États homogènes qui sont l'exception. L'État nation, qui implique l'occurrence parallèle d'un État et d'une nation ethnique, est extrêmement rare. En effet, il n'existe aucun État nation idéal. Les États existants s'éloignent en fait de cet idéal de deux façons: la population comprend des minorités et ces États n'englobent pas tous les groupes nationaux sur leur territoire.
Aujourd'hui, le Canada est un pays prospère et politiquement stable parce que nous avons voulu que la diversité soit un atout plutôt qu'un problème. Nous célébrons cette diversité plutôt que de la refuser ou de la rejeter.
En fait, la récente mise à jour économique et financière de mon collègue, le , est un signe positif s'inscrivant dans cette évolution marquée par une forte croissance économique, des dépenses gouvernementales ciblées et une réduction de la dette et des impôts. Toute cette prospérité est pour le bénéfice de tous les Canadiens.
Avantage Canada aidera davantage les Canadiens à bâtir une économie forte en établissant les bonnes conditions pour que les Canadiens et les entreprises canadiennes puissent s'organiser et bien réussir.
Les Canadiens sont ainsi en mesure de faire des choix démocratiques fondés sur le respect des droits de la personne. De nos jours, plus que jamais, nous comprenons que l'adaptation au pluralisme est non seulement une nécessité politique, mais également une source de fierté et d'enrichissement qui reflète les valeurs canadiennes.
Notre capacité à nous adapter en tant que société, à bâtir des institutions qui répondent aux exigences des citoyens, nous a très bien servis. Le fédéralisme est une solution naturelle pour gouverner un pays très étendu, très diversifié sur le plan démographique et régional. Le fait que le Canada compte 10 provinces, 3 territoires et 6 fuseaux horaires et qu'il borde 3 océans démontre bien la diversité régionale et géographique du Canada.
Notre diversité se manifeste également dans nos deux langues officielles. Presque tous les Canadiens parlent anglais, soit 85 p. 100, ou français, 31 p. 100. Et 20 p. 100 parlent également une langue non officielle. Ces diversités ne reflètent pas les avantages intangibles de la langue et de la culture dans notre riche tissu national. Cela va bien au-delà de la langue et de la culture. Ce sont des choses qu'on ne peut pas toujours saisir, voir ou sentir, mais elles sont bien présentes dans toutes les collectivités du pays.
Le Canada est de plus en plus urbain et multiculturel. En 2001, près de 80 p. 100 des Canadiens vivaient dans des villes de plus de 10 000 âmes. Dans le Canada d’aujourd’hui, l’immigration est responsable de 41 p. 100 de notre croissance démographique, et les nouveaux arrivants s’établissent généralement dans nos grands centres urbains, notamment à Toronto, Vancouver et Montréal, pour n’en mentionner que quelques-uns.
Nous aurions également tort de passer sous silence les inlassables contributions des premiers habitants de notre pays, de nos Premières nations, des peuples autochtones du Canada.
De même, dans nombre de nos régions, nous avons pu profiter de la contribution des pionniers qui sont venus s’établir sur les terres immenses et souvent inhospitalières des Prairies, qui ont fondé les localités échelonnées sur nos côtes et dont notre majestueux Grand Nord est parsemé.
Le Canada n’est cependant pas constitué uniquement de grands centres urbains, loin de là. Les villages, les petites localités, la vie rurale continuent d’être dans notre pays d’importants éléments de sa composition.
C’est un pays dont la taille et l’âme sont prodigieuses et impressionnantes, un pays de gouvernance et de débrouillardise, d’équilibre, de bienfaits et de bienveillance, autant de traits caractéristiques de la personnalité canadienne.
En plus de respecter les préférences régionales et la diversité, le fédéralisme canadien a créé un environnement dans lequel les identités contemporaines nationales, provinciales et culturelles ont pu s’épanouir. Le fédéralisme permet et encourage l’expérimentation en matière politique, sociale et économique.
La vision du premier ministre d’un fédéralisme ouvert concorde avec celle d’un État-nation moderne, mature et qui est confiant dans la détermination de sa population de réussir grâce à son unité et à sa force. La volonté de réussir de concert avec les Québécois comme nation parmi d’autres au sein d’un Canada fort et uni est la partie constante et immuable de l’équation.
[Français]
Le fédéralisme canadien n'est pas — comme le Bloc québécois veut le faire croire — un carcan qui a entravé le développement du Québec. C'est plutôt un système ouvert et flexible qui évolue constamment. Le Québec est inextricablement lié au rêve canadien.
C'est du fait d'avoir à se comprendre et de s'adapter avec courage, générosité et sensibilité à la présence de deux communautés linguistiques que proviennent les valeurs canadiennes.
Toutes les générations de Canadiens qui se sont succédé ont dû relever ce défi. Les choix que nous avons faits témoignent de nos aspirations communes pour l'avenir de ce vaste pays, des choix que nous envie le monde entier.
Quiconque a voyagé beaucoup à l'étranger sait que le Canada demeure l'une des nations les plus favorisées. Notre prospérité et notre civisme sont les fruits d'efforts assidus, mais ne peuvent être tenus pour acquis.
[Traduction]
La société canadienne est pluraliste, non seulement en raison de la diversité ou de la composition de sa population — qu’on se place sur le plan linguistique, culturel, ethnique ou régional —, mais surtout parce que nous avons fini par comprendre que ces différences contribuent grandement à l’édification de notre communauté nationale et de notre identité même. Pour utiliser le symbolisme de notre grand réseau hydrographique — notre source d’eau naturelle et pure, notre source de vie —, toutes les grandes rivières de notre pays coulent vers la mer.
Dans tout le pays, les Canadiens travaillent ensemble de diverses façons à construire un meilleur pays où aucun groupe ne s’isole. C’est ce qui fait que le Canada est devenu un modèle pour les autres pays. Dans un monde où il existe quelque 6 000 langues et seulement 200 États, le pluralisme est la norme et non l’exception. Pour réussir, le Canada doit pouvoir compter sur un talent éminemment canadien, sur notre capacité de travailler ensemble et de transcender cette diversité.
Cette vision du Canada comme nation, inspirée par la générosité et la tolérance, a triomphé à maintes reprises du tribalisme ethnique étroit. Les Canadiens au Québec et dans tout le pays sont fiers de notre succès. Notre Canada comprend un Québec francophone fort et bien vivant, les Québécois. Il ne saurait en être autrement.
:
Monsieur le Président, je remercie la députée de sa question. J'ai beaucoup de respect pour elle et pour sa passion quant à cet enjeu. Je respecte également l'héritage qu'elle représente.
À mon avis, la députée a raison: il ne s'agit pas seulement d'un débat sur la question des frontières, pour les Québécois. Il s'agit d'une question qui concerne la députée et qui concerne peut-être d'autres personnes qui représentent celles qui ont fondé notre pays.
[Traduction]
Je crois que la députée est mieux en mesure de répondre par elle-même à la question puisqu'elle parle le français comme langue première, se considère tout à fait comme Canadienne, je le sais, et qu'elle est une ardente fédéraliste. Ce pays contient d'autres nations, comme elle l'a dit et comme d'autres l'ont dit également.
[Français]
Il y a les Acadiens, qui habitent dans la région des Maritimes.
[Traduction]
Ils sont parmi les tout premiers descendants de souche francophone, ils sont une composante essentielle de la grande diversité culturelle qui est la nôtre, et ils ont vécu une histoire tragique dans notre pays.
Pourtant, lorsque nous tentons de définir étroitement l'un ou l'autre de ces peuples, de ces peuples fondateurs du Canada, nous entrons dans un débat dangereux et incendiaire.
Par conséquent, dans ce débat, l'esprit de parti n'a pas sa place. Il a été lancé essentiellement comme réaction du gouvernement à l'initiative du Bloc québécois. Nous avons pu voir les intentions véritables du Bloc québécois, qui consistent à diviser le Parti libéral dans sa campagne à la direction, aussi bien qu'à diviser la Chambre où siègent des fédéralistes et d'autres peut-être, parmi les fédéralistes, qui n'interprètent pas le mot nation de la même manière.
[Français]
Dans ce débat et ce contexte, le terme « nation » représente les Québécois, un peuple qui habite au Québec.
[Traduction]
Cela dit, je ne crois pas que nous allons résoudre la question et que ce débat prendra fin ici. Il va se poursuivre, je l'imagine bien, mais nous espérons tout de même, sur cette question, réaliser la « paix en notre temps » selon une expression souvent galvaudée. Personne ne veut se lancer dans un long débat constitutionnel qui susciterait la division ou discuter sur un ton accusateur des obligations des uns et des autres. Notre gouvernement est généreux et inclusif. Nous estimons que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada fort et uni.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec la députée de .
Vous savez, Wilfrid Laurier a déjà dit que si l'on voulait défendre ses idées et ses principes, on devait se battre pour cela, on devait les faire connaître. Aujourd'hui, c'est un moment historique important que ne transcende aucune partisanerie. On doit se définir et envoyer un message définissant ce que l'on veut être, qui l'on doit reconnaître comme Canadiens et ce qu'est le Canada. Je suis certes extrêmement fier de faire partie de ce débat, au nom de mes collègues, de mes concitoyens et concitoyennes du comté de Bourassa.
Je suis membre du Parti libéral depuis 25 ans. J'ai fait sept campagnes électorales. Je me suis battu pour assurer que le Canada reste uni au sein de cette Confédération. Je me suis battu pour m'assurer qu'au Québec, on puisse démontrer l'importance de cette plus-value, comment le Québec est un catalyseur et une réalité à l'intérieur de ce Canada et que l'épanouissement de cette province a fait en sorte que le Canada est ce qu'il est aujourd'hui également.
En tant que ministre de la Couronne, j'ai toujours travaillé très fort pour m'assurer qu'on puisse effectivement garder ce lien commun, mais toujours en étant respectueux de la spécificité de chaque région. Aujourd'hui, je salue tous ceux et celles qui participent à ce débat extrêmement important. Je pense qu'il était de mise que le gouvernement mette en avant cette motion pour répondre à l'astuce du Bloc québécois. Cette motion qui reconnaît que les Québécois et Québécoises forment une nation à l'intérieur d'un Canada uni envoie un message clair, à savoir que le mot nation ne signifie pas la création d'un pays dans le pays.
J'incite tous mes collègues, lorsqu'ils voteront ce soir, à prendre fait et cause de ce discours. Car je crois effectivement qu'à un moment donné, il faut réaliser les faits et constater ce qui se passe sur le terrain.
Le Québec est effectivement une nation. Toutefois, cela ne veut pas dire que cela se fait au détriment des autres Canadiens français. Je suis Canadien français et je suis fier de l'être. Cependant, le Québec comme tel représente une réalité telle que le Canada obtient cette plus-value. Et ma nation est inclusive; elle n'est pas ethnique; elle est civique, sociologique et elle définit bien ce qu'est le Canada, soit une pluralité nationale. Nous avons les Premières nations, les nations acadienne et canadienne française. Grâce aux Premières nations, nous avons cette richesse qui fait en sorte que l'on définit bien ce qu'est le Canada.
Il ne faut pas faire dire à cette motion ce qu'elle ne veut pas dire. C'est pour cette raison qu'il faut faire très attention. À un moment donné, le Québec et les Québécois veulent avoir ce message clair: il veulent qu'on leur tende cette branche d'olivier. La grande majorité des Québécois veut demeurer au sein du Canada. Elle a dit non à deux reprises à un référendum, en 1980 et en 1995. Peu importe comment les gens vont l'interpréter — on ne fera pas de la petite politique avec cela —, il existe des chiffres réels et un pourcentage clair. Les Québécois veulent demeurer au sein du Canada.
Puisqu'on leur dit qu'ils se sentent un peu exclus parce qu'ils n'ont pas signé la Constitution de 1982, ils veulent avoir un signe de reconnaissance. Personnellement, en tant que Québécois, j'ai toujours pensé que nous formions effectivement un peuple, mais cela ne veut pas dire que nous nous définissons comme un pays. Je me suis battu pendant 25 ans pour m'assurer que le Québec est et sera à l'intérieur du Canada.
On a reconnu certaines choses: on a souvent vanté l'entreprenariat québécois, la culture québécoise, la littérature et le cinéma québécois également. Même en publicité, on dit qu'il y a un marché québécois.
Alors reconnaître un fait et constater une réalité font en sorte que les Québécois se sentiront davantage inclus dans cette Confédération. C'est un coup de coeur. C'est plus qu'un symbole, c'est une reconnaissance, et celle-ci est essentielle pour le bien-être de notre pays. On n'enlève rien à personne. On ne veut pas embarquer, comme le Bloc, dans cette astuce ou dans cette trappe à homards. Évidemment, il a proposé une résolution ou une motion pour répondre un peu à ce besoin et essayer de nous diviser. En effet, cette semaine, nous aurons l'insigne bonheur de voter et de nous choisir un chef.
Je suis très heureux d'appartenir à l'équipe du candidat à la chefferie de mon parti, le député d'. C'est quelqu'un qui parle des vraies affaires. Il a eu cette audace pour faire en sorte que l'on puisse effectivement se sortir de ce cercle vicieux et trouver ensemble une solution.
Il ne s'agit pas non plus d'embarquer dans une nouvelle ronde constitutionnelle. Lorsque les conditions le permettront, nous ferons ce qui doit être fait, mais aujourd'hui, nous voterons et nous nous pencherons sur une motion qui reconnaît ce que le Québec est, ce que les Québécois et les Québécoises sont, c'est-à-dire une nation.
Comme je l'ai déjà dit, cela n'enlève absolument rien à l'ensemble du pays. Je crois qu'en étant inclusifs, en déterminant cette complémentarité, on sera en mesure de démontrer effectivement que ce fédéralisme en est un d'ouverture qui évolue et qui grandit bien.
Lorsque j'étais ministre de l'Immigration, nous avions eu une première historique, soit une première conférence fédérale-provinciale-territoriale. Le travail que nous nous étions évertués à accomplir était de faire en sorte que l'on puisse respecter les spécificités. On disait qu'au Canada, il y a un lien commun et une union de complémentarité. Par exemple, si on voulait établir des politiques en matière d'immigration francophone, d'immigration régionale ou en termes de respect de certaines régions, on devait aussi saluer la spécificité de chacun. On disait que le Canada c'était plus que Montréal, Toronto et Vancouver. C'est aussi Moose Jaw, Flin Flon, Gander et Chicoutimi.
Ce que je veux dire, c'est que nous avons une pépinière de talents, de connaissances. Lorsqu'on met ensemble ces talents, qu'on reconnaît ce que l'on est, on a un Canada magnifique.
Aujourd'hui, je salue la motion du gouvernement conservateur. Pour ma part, ce fut un moment exceptionnel lorsque le et, par la suite, le ont parlé. On a assisté à des ovations. C'étaient ce cri du coeur de l'ensemble des parlementaires fédéralistes qui disaient qu'on ne tombera pas dans le panneau des séparatistes.
[Traduction]
Nous ferons de sorte que notre pays, le meilleur pays du monde, perdure. Si nous devons reconnaître ce que nous savons déjà, que le Québec est une nation, et mon Québec est inclusif, la notion de nation n'enlève rien à quiconque dans aucune région du pays. Nous ne faisons que reconnaître ce que nous savons déjà: que cette reconnaissance est un formidable catalyseur pour rendre le pays encore meilleur.
Les députés savent aussi bien que moi que c'est une question d'estime de soi. Si nous reconnaissons quelque chose que nous savons, et si nous sommes inclusifs, plus de gens viendront chez nous. Nous avions une certaine amertume au Canada, une impression que la seule chose que nous pouvions faire contre des séparatistes qui voulaient créer un autre pays était le statu quo. Nous croyions que la seule manière de nous assurer que notre pays fonctionne était de ne rien faire. Je parle de reconnaissance. C'est pourquoi c'est si important.
Certains disent que c'est dangereux de parler de ces choses, parce que nous n'avons pas réussi par le passé. Comme le dit le député d', on ne peut définir son avenir en fonction des échecs du passé. Le fédéralisme canadien est un concept extraordinaire, qui évolue sans cesse dans le but de rester inclusif. J'exhorte tous mes collègues à voter en faveur de la motion, parce qu'elle porte simplement sur des notions que nous connaissons bien, la reconnaissance et l'estime de soi.
[Français]
J'invite donc tous mes collègues du Québec ou d'ailleurs à envoyer ce message de coeur et de reconnaissance à l'ensemble des Québécois et des Québécoises. En étant inclusifs de cette façon, on n'enlève rien à personne. On fait seulement en sorte que ce pays démontre encore une fois qu'il est le plus beau pays du monde.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir aujourd'hui.
Un ancien premier ministre, en l'occurrence M. Chrétien, m'a dit un jour que, en politique, il faut prendre des décisions difficiles. Aujourd'hui, on nous demande d'examiner une question à laquelle il est facile pour certains de répondre que le Québec est effectivement une nation au sein du Canada. Pour d'autres, il est nettement plus difficile d'y répondre.
Pour répondre adéquatement à la question d'aujourd'hui, il faut davantage de réflexion, d'analyse et de consultation, processus qui, dans un monde idéal, devrait s'échelonner sur des semaines et des mois. Aujourd'hui, on nous pose une question de la plus haute importance sur le plan national et on nous donne 72 heures pour y répondre.
Dans le but de mettre le Bloc québécois et le député de dans l'embarras, le nous a tous menés dans une voie bien incertaine. C'est ce que nous constatons en Afghanistan et de nouveau ici aujourd'hui.
Il n'y a pas si longtemps, le a déclaré que le débat sur le Québec comme nation était une question de sémantique. Je soutiens qu'il sait bien que ce n'est pas le cas.
Il est évident qu'un peuple à qui on reconnaît le statut de nation au sein d'un pays peut aisément être considéré comme formant une société distincte. Or, nous nous souvenons tous de ce concept de « société distincte ». Nous nous rappelons la division qu'ont entraîné ces deux mots. Nous nous rappelons de l'accord du lac Meech et de celui de Charlottetown. Nous nous rappelons également d'Elijah Harper et, bien sûr, du jour historique à l'assemblée législative du Manitoba, auquel j'ai assisté. Nous nous rappelons de 1995 et du fait que 50,6 p. 100 des Québécois ont dit non, mais que 49,4 p. 100 ont dit oui. Le Canada a remporté une victoire ce jour-là, mais pour le plaisir d'une surenchère politique, nous nous sommes engagés sur une pente glissante qui pourrait fort bien nous ramener à ce qui s'est passé en 1995. Qui sait quels seraient les résultats cette fois-ci?
Un autre groupe possède une langue, une culture et une histoire distinctes. Ce groupe vit sur le territoire canadien depuis plus longtemps que les anglophones et les francophones, pourtant, en dépit de son mode de vie unique et de son caractère distincts, nous n'avons rien entendu au cours du présent débat sur le statut de nation des Autochtones. Quiconque est témoin de l'attitude du présent gouvernement à l'égard des Premières nations et des Autochtones n'en sera pas étonné.
En ce premier anniversaire de l'accord de Kelowna, le gouvernement semble encore une fois oublier les Autochtones qui sont pourtant les Premières nations du Canada. Nous avons encore une fois deux mots: premières nations. Cependant, il n'y a aucun débat à ce sujet et le semble faire abstraction des peuples qui habitaient le territoire avant la venue des Anglais et des Français.
Au nom du Parti libéral du Canada et du chef de l'opposition, je demande ceci au : si les Québécois forment une nation, pourquoi son gouvernement n'accorde-t-il pas la même reconnaissance aux Autochtones du Canada?
Quelles sont les similitudes? Les deux ont-ils une langue propre? Oui. Ont-ils des traditions uniques? Oui. Ont-ils une longue histoire sur ce territoire? Oui. Les Premières nations du Canada sont encore laissées pour compte dans ce débat, malgré les similitudes évidentes qui existent entre leur situation et celle des Québécois.
N'avons-nous rien appris du tollé soulevé quand les Autochtones ont été écartés des négociations du lac Meech? Pourquoi n'abordons-nous pas cette question encore une fois? Permettez-moi de citer le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, qui a dit aujourd'hui:
Les Premières nations, les Métis et les Inuits ne devraient pas être marginalisés davantage à cause de cet effort pour unir le Canada, qui ne tient aucunement compte d'eux. Il est grand temps que nous reconnaissions la « troisième solitude » du Canada, les peuples autochtones du Canada. Nous devrions le faire officiellement, fièrement et clairement dans une résolution semblable qui embrasserait notre patrimoine en tant que nation englobant différentes nations.
Le tiendra-t-il compte des propos du premier ministre Campbell? Dira-t-il clairement que le fait de déclarer que les Québécois forment une nation ne change ou ne modifie en rien le statut et les droits uniques des Premières nations et leur place unique dans le passé, le présent et l'avenir du pays? Déclarera-t-il officiellement que les premiers à habiter ce pays, à le développer et à se gouverner forment à ce jour une nation distincte et essentielle?
Le confirmera-t-il que les Premières nations, au nombre de leurs statuts et de leurs droits, ont le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale aux termes des lois du Canada et du droit international, qu'il faut reconnaître et protéger les droits des Autochtones issus de traités ou consacrés par la Constitution, qu'ils ont le droit et la capacité de continuer à vivre selon leurs traditions, sur les territoires accordés aux termes des traités, et à développer leurs langues et leurs cultures distinctives?
Je parle au nom de mon chef et, de fait, du Parti libéral du Canada quand je dis que le doit répondre à ces questions. Ce sont des points que nous appuyons.
Les Premières nations du Canada n'ont jamais reproché aux Québécois de vouloir être reconnus comme une nation. Ils ne demandent qu'à recevoir le même traitement, qu'on reconnaisse leurs langues distinctes, leurs traditions, leur culture et leur conception des droits collectifs.
Qu'a fait le gouvernement dernièrement pour les Premières nations? Il a réduit le financement pour les langues autochtones. Il a refusé de signer la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il a commencé à semer les germes de la propriété privée dans les réserves. Il a rejeté l'accord de Kelowna. Il a annulé la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Il a annulé les programmes d'alphabétisation des Autochtones. Le gouvernement a supprimé les programmes antitabagisme à l'intention des Autochtones. Il a forcé des centres d'affaires autochtones à fermer. Il a annulé des projets d'investissements pour la construction d'écoles. Le gouvernement ne semble pas reconnaître le caractère unique de la collectivité. Il a fait preuve d'un manque de respect à l'égard des peuples autochtones et a compromis l'honneur de la Couronne.
Il y a le mot « unique ». Voilà sur quoi porte vraiment ce débat: les caractéristiques uniques des Québécois. Personne ne nie leur existence. Or, si elles existent pour les Québécois, elles existent aussi pour les Premières nations du Canada. Accorder aux Québécois un caractère distinct au sein du Canada sans faire de même pour les Premières nations, les premiers habitants de notre pays, serait répéter une erreur déjà commise lors du précédent débat sur la nation québécoise.
J'ai exprimé l'essentiel de mes préoccupations à propos de la motion. Je suis troublée par le fait que nous devions débattre cette question le couteau sur la gorge, sans avoir le temps de bien comprendre et analyser les conséquences de nos gestes. J'ai peur des retombées sur le statut historique, la reconnaissance et les droits des Premières nations. Je suis préoccupée par le manque d'information sur les ramifications de nos décisions et par l'effet éventuel de cette motion sur la décentralisation des pouvoirs vers les provinces. J'ai peur que ce débat divise notre pays.
Ceci dit, après mûre réflexion, je vais appuyer la motion, à contrecoeur. Je vais le faire parce que je crois que les Québécois ont toujours été capables d'accepter leur double identité de Québécois et de Canadiens. Cette résolution reconnaît la réalité québécoise et rejette la tentative du Bloc de nous diviser. Je vais appuyer la motion en me disant qu'elle affirme clairement la notion d'un Canada uni.
J'appuie la motion, mais je rappelle au , au nom du Parti libéral du Canada, que nous allons surveiller de près la situation pour nous assurer que le statut historique, la reconnaissance et les droits des Premières nations ne seront pas mis en péril par l'adoption de la motion. En fait, nous exhortons le premier ministre à reconnaître le statut de nation des peuples autochtones du Canada et à s'assurer que cette motion n'aura pas d'effets négatifs sur les Premières nations.
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Monsieur le Président, c'est avec fierté et compréhension que je prends part aujourd'hui à ce débat portant sur une motion déposée par le et qui se lit comme suit:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
Quel geste historique, et ce, à plus d'un point de vue!
Il reconnaît un fait que l'histoire a rendu incontestable. Il constitue la juste reconnaissance de la spécificité d'une population, celle du Québec, qui se distingue par sa langue, sa culture et des institutions qui lui sont propres, d'autant plus que le Québec est effectivement l'une des deux nations fondatrices de ce pays, le Canada. En tant que député du parti gouvernemental, je me réjouis que ce soit notre qui ait eu le courage de souligner, par le biais de la motion que nous avons devant nous, une réalité qui se veut un état de fait, une reconnaissance qui ne laisse d'ailleurs personne indifférent et qui touche à la sensibilité de chacun de nous en ce Parlement.
Non seulement les Québécoises et les Québécois forment-ils une nation, mais nous avons su façonner au fil du temps une identité qui nous est propre au sein de ce pays, le Canada, que nos ancêtres et nous avons contribué à bâtir. Cette réalité historique ne date pas d'hier. Elle trouve sa source dans l'histoire de la société québécoise, je dirais même d'une communauté de 60 000 habitants qui, parsemée le long des côtes du Saint-Laurent en 1760, a su se regrouper pour faire valoir un héritage de traditions perpétuées au fil des siècles.
Cette ténacité à faire valoir ce même héritage, chaque Canadien, de quelque région qu'il provienne, en bénéficie aujourd'hui car le pays qu'il habite s'en trouve enrichi à plus d'un titre. Le Canada ne serait pas le Canada sans le Québec, et les Québécois ne formeraient pas une nation au sein du Canada sans ces générations d'hommes et de femmes qui ont légué, à ceux et celles qui leur succédaient, une ferveur à faire valoir une identité unique qui fait notre spécificité en terre d'Amérique.
Je le disais il y a un moment, la reconnaissance que vise cette motion ne modifie pas le paysage sociopolitique du Canada et du Québec, mais elle marque un changement et une évolution importante, soit la reconnaissance de ce que nous sommes par l'autre nation qui a donné naissance à ce grand pays qu'est le Canada. Cependant, je suis déçu de voir les réactions émanant des milieux souverainistes au Québec, et en particulier celles de nos amis du Bloc québécois. La motion du les a visiblement pris de court. Mercredi dernier, le premier ministre ne s'était pas sitôt rassis que le chef du Bloc québécois, dans l'un des ses élans oratoires, s'époumonait à expliquer à la Chambre que les Québécoises et les Québécois formaient une nation et que c'était un fait qui était inconditionnel.
En bref, le vrai visage du Bloc québécois est ressorti la semaine dernière, et le avait raison de dire dans son discours de mercredi:
Ce n'est pas de faire reconnaître ce que sont les Québécoises et les Québécois, mais ce que les souverainistes voudraient qu'ils soient. Pour le Bloc, il n'est pas question du Québec en tant que nation — l'Assemblée nationale s'est déjà prononcée à ce sujet —, il est plutôt question de séparation. Pour eux, « nation » veut dire « séparation ».
Que s'est-il passé depuis quelques jours en cette Chambre? Le Bloc québécois a déposé une motion dans le but de nous piéger, dans le but de semer la mutinerie à bord de cette Chambre, dans le but de nous piéger — comme on le disait — dans une cage à homards.
L'objectif était de nous placer, nous les ministres du Québec, dans une situation extrêmement difficile et de faire en sorte que nous devions peut-être faire un pas de côté pour aller vers cette reconnaissance du Québec en tant que nation. Toutefois, notre a été clairvoyant. Il est proche du Québec et il connaît les attentes du Québec. C'est dans ce contexte que le premier ministre a rapidement repris cette motion et l'a mis dans le contexte où elle devait être, soit que le Québec forme une nation à l'intérieur d'un Canada uni.
Ce qui m'attriste aujourd'hui — et c'est malheureusement ce que le Bloc québécois a tenté de provoquer entre nous —, c'est de voir que l'un de nos collègues, le , a aujourd'hui fait face à cette difficulté et a dû prendre cette décision de ne pas vouloir reconnaître cette réalité. Je parle de mon collègue avec beaucoup de respect, puisque c'est quelqu'un que j'apprécie. De plus, ce qui me choque, c'est de voir qu'encore une fois les bloquistes ont réussi à semer le trouble dans cette Chambre des communes. C'est toujours pour cela qu'ils sont là, pour faire en sorte que cela ne marche pas, essayer de briser le Canada au lieu d'essayer de le bâtir.
Or, ce soir, de façon très largement majoritaire, je sais que cette Chambre reconnaîtra cette évidence que, Québécoises et Québécois, nous formons une nation à l'intérieur d'un Canada uni. C'est pour cela que je suis ici en cette Chambre, soit pour essayer de bâtir ce pays.
Leur astuce démasquée par leurs réactions à la motion du , la nervosité à l'intérieur de leurs rangs s'est aussi vite répandue et leur vrai visage est apparu. Ce à quoi nous avons assisté, c'est au spectacle du Bloc québécois dans sa plénitude. Dans ce parti, la seule mention de l'expression « Canada uni » a provoqué de vives réactions. La majorité des Québécoises et des Québécois, par contre, réagissent bien autrement.
Notre gouvernement, à l'instar de cette majorité, éprouve la profonde conviction que le développement, l'épanouissement, le progrès et la prospérité de la société québécoise sont mieux assurés au sein de la fédération canadienne que dans un Québec indépendant, tel que préconisé par le Bloc, dont les bienfaits hypothétiques ne sont que spéculations sans aucun fondement. Reconnaître « que les Québécois, que les Québécoises forment une nation au sein d'un Canada uni », c'est reconnaître un fait historique.
J'ai eu d'ailleurs l'occasion de le mentionner à des journalistes un peu plus tôt. Pour nous du Québec, c'est effectivement un grand jour. Ce n'est pas la première fois que le Québec essaie de faire reconnaître certaines choses en cette Chambre. On a vu la question du lac Meech que certains ont réussi à torpiller, mais, aujourd'hui, le Québec franchit un nouveau pas. Nous, en tant que Québécois et Québécoises, faisons reconnaître par nos collègues, par l'ensemble des partis de cette Chambre, que nous formons une nation à l'intérieur d'un Canada uni.
Les Québécois comprennent surtout que leur intérêt ne réside pas dans l'isolement, la sémantique et le symbolisme. Contrairement à ce qu'affirme le Bloc québécois, ce n'est pas en dépit du Canada que le Québec est devenue une société forte, riche de sa diversité et tournée vers l'avenir. Notre fédération permet aux Québécois d'être eux-mêmes au sein de leur pays, au côté des Terre-Neuviens, des Ontariens ou encore des Albertains et des habitants de toute autre province.
Les Québécois savent qui ils sont. Ils savent qu'ils ont participé à la fondation du Canada, qu'ils ont aidé à façonner ce pays dans toute sa grandeur. Ils savent qu'ils ont protégé leur langue et leur culture tout en faisant la promotion de leurs valeurs et de leurs intérêts au sein du Canada. Ils savent enfin qu'ils peuvent être à la fois Canadiens et Québécois et qu'ils n'ont pas à choisir entre les deux, comme le Bloc voudrait les amener à le faire. Ils savent qu'ils sont au coeur de l'identité canadienne.
La souplesse de notre fédéralisme a permis aux Québécois de s'épanouir, et notre spécificité nous a permis de nous donner des outils de développement essentiels à notre prospérité, d'être présents sur la scène internationale et de nous doter, par dessus tout, d'un État moderne qui, comme l'avançait récemment l'ancien premier ministre souverainiste Bernard Landry, peut, à bien des égards, faire l'envie de pays ayant accédé à leur pleine souveraineté politique.
Non, cette évolution n'est pas le fruit du hasard. Au même titre que les autres partenaires de notre fédération, le Québec bénéficie des avantages d'une union économique, qui est la garantie de notre prospérité actuelle et future; d'une union sociale qu'en dépit des importants défis qui sont les siens, plusieurs pays nous envient; et, ultimement, d'une union politique qui constitue le ciment d'un pays qui brille sur la scène internationale, et ce, fort d'une réputation enviable et des valeurs de générosité et de solidarité qui y sont associées.
Le Canada est une combinaison gagnante et le fédéralisme nous a aidés à devenir l'un des pays les plus prospères au monde. Au fil des ans, notre fédéralisme s'est avéré souple et efficace. Il nous a permis d'afficher constamment des résultats enviables en matière de richesse collective, de revenu individuel et de création d'emplois.
Le fédéralisme nous sert bien. Il permet, en créant un marché unifié, une grande mobilité des biens, des services, de la main-d'oeuvre et des capitaux.
Le fédéralisme donne une monnaie commune, ce qui facilite les échanges commerciaux et la circulation des capitaux. Il contribue à atténuer l'impact des secousses économiques, assurant ainsi une plus grande stabilité économique à tous les Canadiens et ce, grâce au partage des risques, aux transferts régionaux et à la mise en commun de la richesse du pays. Il donne aux régions moins favorisées un niveau de vie plus élevé et de meilleurs soins de santé et services d'éducation qu'elles seraient autrement en mesure d'offrir.
Notre fédéralisme améliore aussi notre capacité de négocier avec les pays étrangers. Nous ne sommes pas seuls contre le reste du monde. La taille de notre marché fait que nous disposons d'un pouvoir de négociation considérable à l'échelle internationale. Le Canada a un siège à la table du G7, il est un membre influent de l'Organisation mondiale du commerce(OMC) et il joue un rôle clé dans l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Il est membre de l'Organisation des Nations Unies, du Commonwealth, de la Francophonie, de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), de l'Organisation des États américains (OEA) et de l'OTAN. Par sa géographie, notre pays possède une ouverture sur les trois marchés économiques mondiaux les plus importants: l'Europe, les Amériques et l'Asie.
Les avantages que le Québec retire du fédéralisme canadien sont aussi d'ordre politique, car il se veut une formule qui tient compte des différences en favorisant la coopération et le compromis. Le fédéralisme n'a pas été imposé aux Québécois, ils sont les principaux artisans de sa mise en place et de son évolution. Ses principaux avantages résident dans sa souplesse, son dynamisme, son pluralisme, la mise en valeur de la diversité et l'adaptation aux défis modernes. Le fédéralisme n'est pas rigide. Il répartit les compétences politiques de manière à répondre aux besoins communs de notre population, tout en tenant compte de sa situation particulière.
Le Québec contrôle plusieurs compétences, parmi lesquelles il y a les ressources naturelles et l'éducation. Il possède son propre code civil, ce qui rend son système juridique unique en Amérique du Nord. Il a sa propre charte des droits et libertés. Il perçoit ses propres impôts.
Le fédéralisme canadien fait constamment la preuve de son efficacité. La raison première en est, comme je le soulignais plus tôt, qu'il sait s'adapter aux changements que commandent les grands enjeux contemporains. Il permet au pays qui l'adopte de redéfinir les relations intergouvernementales à la lumière de leur évolution et ce, depuis les années 1950.
Le fédéralisme canadien a démontré qu'il peut être innovateur pour répondre aux intérêts légitimes du Québec à l'intérieur de notre cadre constitutionnel. Par exemple, depuis 1960, une série d'ententes entre le gouvernement fédéral et celui du Québec ont permis à la province d'étendre son champ d'action dans des domaines traditionnellement occupés par le gouvernement fédéral. Dans le domaine de l'immigration, le Québec sélectionne ses immigrants et possède ses propres programmes d'intégration. Dans le domaine de la politique étrangère, le gouvernement fédéral a élaboré une série de mécanismes pour intégrer les intérêts du Québec et lui permettre de participer directement à des activités internationales. Le Sommet de la Francophonie et, plus récemment, l'annonce du rôle du Québec au sein de la délégation canadienne à l'UNESCO, en sont de bons exemples et il s'agit d'une tendance appelée à s'accroître.
Un autre atout qu'offre le fédéralisme est qu'il protège les libertés collectives grâce au principe d'autonomie. Il permet aux communautés de profiter de services comparables partout au pays tout en conservant un degré d'autonomie qui leur permet d'exprimer leur différence.
Le fédéralisme constitue l'une des structures politiques les mieux adaptées aux défis modernes auxquels sont confrontées les sociétés actuelles. L'union politique et économique canadienne, l'influence appréciable du Canada sur la scène internationale, sa réputation de créancier solide sur les marchés internationaux, sa qualité de vie et sa capacité de réaligner les ressources sont des atouts essentiels qui font que le Québec peut continuer à être maître de son destin, sans avoir à compromettre son avenir.
N'est-ce pas au sein du Canada que Bombardier, SNC-Lavalin et Cascades — pour ne nommer que ces trois firmes — ont pu pénétrer les marchés internationaux; que Céline Dion, Robert Lepage, Robert Charlebois, Denys Arcand et le Cirque du Soleil ont pu développer leurs talents et être reconnus avec autant d'éclat sur la scène internationale?
Il importe de souligner que les tenants de la séparation n'ont jamais réussi à démontrer que les Québécois seraient plus prospères et plus épanouis une fois séparés du Canada.
C'est là le dilemme fondamental des souverainistes québécois. Ils ne nous convainquent pas que le Québec serait mieux, plus prospère ou encore plus serein. Ils s'entêtent à vouloir briser ce pays qui nous sert bien, plutôt que de travailler à le bâtir et à le faire grandir dans le respect des deux nations qui ont fondé ce pays. En revanche, les Québécois savent ce que le fédéralisme canadien peut leur donner. C'est pourquoi ils demeurent majoritairement opposés à la séparation et c'est pourquoi ils veulent rester à la fois Québécois et Canadiens.
Le Canada est un pays prospère, technologiquement avancé, économiquement et politiquement stable où la richesse est partagée et où le respect et la tolérance sont des valeurs partagées par tous. Nos deux nations s'enrichissent mutuellement et elles s'additionnent.
Le débat actuel revêt une indéniable utilité. Il montre, d'une part, le véritable visage du Bloc québécois aux yeux de qui le terme « nation » équivaut à « séparation » plutôt que « potentiel de développement au sein du Canada ». Il permet de mettre en lumière la nécessité d'un Canada uni, un pays dans lequel les Québécoises et les Québécois ont connu une évolution fructueuse en contribuant de façon significative à l'évolution de notre pays.
Depuis la Confédération, l'identité du Québec s'est imposée comme l'une des caractéristiques historiques et politiques du Canada. Comme je le disais au début de mon allocution, cette motion vise simplement à reconnaître un fait incontestable: les Québécoises et les Québécois forment effectivement une nation et celle-ci s'est développée et épanouie et continue de le faire au sein d'un pays uni, qui s'appelle le Canada. Par ailleurs, l'Assemblée nationale du Québec avait récemment affirmé que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
De plus, je veux rappeler à cette Chambre, à tous les parlementaires, qu'il nous appartient aujourd'hui de nous inspirer de cette sagesse de nos ancêtres et de reconnaître cette marche et que notre avenir est prometteur à l'intérieur de ce pays qu'est le Canada. Je veux dire à nouveau ceci au Bloc québécois: quittez cette Chambre. Votre place n'est plus ici. Vous voulez briser ce pays, alors qu'une majorité de Canadiennes et de Canadiens, de Québécoises et de Québécois, veulent demeurer dans ce pays. Quittez cette Chambre. Votre place n'est plus ici. Vous semez la provocation et la discorde en cette Chambre, alors que nous devons avancer et construire ce pays.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis ravi d'intervenir à la Chambre pour débattre de l'avenir de notre pays, un pays qui fait l'envie du reste du monde, un pays qui a accueilli des vagues successives d'immigrants sur ses côtes, un pays que d'autres États considèrent comme une terre d'espoir.
Notre pays repose sur quatre piliers. Le premier est constitué par les peuples autochtones. Les deuxième et troisième piliers sont les deux peuples fondateurs, les Français et les Anglais. Le quatrième pilier est constitué par les immigrants qui sont venus dans notre pays pour s'établir et pour commencer une vie meilleure. Des vagues successives d'immigrants sont arrivés sur les côtes du Canada parce qu'ils fuyaient la persécution religieuse ou politique, ou encore, parce qu'ils voulaient tout simplement avoir une vie meilleure.
Le reste du monde qui regarde ce débat aujourd'hui est perplexe. Le reste du monde se demande pourquoi nous discutons de cette question. Quoi qu'il en soit, avant que nous nous engagions dans cette voie, je veux dire aux députés ce que le Canada signifie pour moi.
Lorsque je n'étais âgé que de 11 ans, mon père est arrivé à la maison et a dit que nous allions émigrer au Canada. J'ai alors pensé que le monde s'écroulait autour de moi. Pourquoi mon père voulait-il nous déraciner et nous emmener dans un pays dont je ne savais même pas prononcer le nom? Je n'avais aucune idée du continent sur lequel il se trouvait. Quelques semaines plus tard, à l'école, j'ai vu un film sur le Canada, je suis tombé amoureux de ce pays et j'étais très impatient d'y arriver.
Je ne dirai pas que, au début, cela a été facile, mais les gens finissent par aimer notre pays. Je me suis mis à l'aimer. Il est devenu mon pays. Je constate le même effet chez beaucoup de nouveaux immigrants qui débarquent sur nos côtes. Je constate le même effet chez tous les néo-Canadiens qui prêtent le serment d'allégeance au Canada lorsqu'ils deviennent citoyens canadiens. Je constate le même effet chez les gens lorsque je voyage dans d'autres régions du monde et que je leur dis que je suis Canadien. Je vois des sourires sur leur visage et j'ai le sentiment qu'ils m'envient parce que j'habite dans le meilleur pays du monde.
Pendant des années, le Canada a été le pays avec la meilleure qualité de vie du monde. Il est encore aujourd'hui le pays offrant la meilleure qualité de vie à ses citoyens. Notre pays a connu des dirigeants qui nous ont conduits d'une grande réalisation à une autre. Lester B. Pearson a créé les initiatives de maintien de la paix. C'était sa façon de réaliser son rêve d'un monde meilleur. Le Canada est alors devenu un exemple à suivre. Tous les pays veulent maintenant envoyer des troupes de maintien de la paix dans les régions troublées du monde, pour oeuvrer aux côtés des nôtres.
Toutefois, aujourd'hui, nous discutons de l'avenir du Canada. Nous sommes ici pour discuter du mot nation et du sens que prend ce mot pour les Canadiens. Le conservateur nous demande de reconnaître qu'il y a plusieurs nations au sein d'un Canada uni. On nous demande de discuter de la nation québécoise au sein d'un Canada uni. Demain, le premier ministre nous demandera de discuter d'autres régions du pays comme étant autant de nations, encore une fois au sein d'un Canada uni.
C'est par opportunisme politique que le joue ainsi à la roulette russe avec ce terme. Pour lui et d'autres qui veulent obtenir les votes des séparatistes, il suffit d'interpréter le mot nation de manière à plaire à tous, un peu comme on diviserait une pizza au restaurant. Le mot nation ne peut pas être morcelé ainsi. On ne peut pas parler du mot nation comme on parle de commander un chausson chez MacDonald.
Pour bon nombre d'entre nous, le mot nation a une grande signification. Pour beaucoup d'entre nous, il signifie le pays qu'est le Canada. Il signifie de l'Atlantique au Pacifique en passant par l'Arctique, tout ce qui s'étend au nord du 39e parallèle. Il signifie de St. John's, à Terre-Neuve, jusqu'à Victoria, en Colombie-Britannique, en passant par le Pôle Nord. Il signifie le Canada, une nation et non plusieurs. C'est pour lui que les militaires des Forces canadiennes donnent leur vie.
Cet automne, j'ai eu la chance de visiter le monument commémoratif du Canada à Vimy, où j'ai lu les paroles du brigadier-général Alexander Ross, commandant du 28e bataillon d'infanterie ayant combattu à Vimy. Il a dit:
Le Canada, de l'Atlantique au Pacifique, défilait. Je me suis dit qu'au cours de ces quelques minutes, je venais d'être témoin de la naissance d'une nation.
J'ai compris que la lutte pour les libertés dont nous jouissons aujourd'hui a commencé là. J'ai pensé aux jeunes Canadiens en ce lundi de Pâques froid et humide luttant ensemble pour la première fois. Ils ont forgé notre nation. J'ai visité plus tard les cimetières où l'on retrouve d'immenses rangées de tombes où sont enterrés de jeunes hommes qui ont combattu pour notre pays, pour une nation.
Il y a trois ans, je me suis rendu en Afghanistan et j'ai vu sur place le travail accompli par nos troupes qui luttent pour la liberté à Kandahar. Aujourd'hui, les dépouilles de deux de nos soldats seront rapatriées de Kandahar. Leurs cercueils seront recouverts du drapeau canadien. Notre nation leur doit toute notre gratitude. Une nation leur doit beaucoup et pas un certain nombre de nations. C'est la nation canadienne qui a une dette envers eux.
Pourtant, nous mettons tout cela de côté et nous nous livrons à des jeux politiques afin de gagner des sièges aux dépens des séparatistes au cours des prochaines élections. Cela me rappelle comment, en 1987, un autre premier ministre conservateur, Brian Mulroney, a ramené de France son ami et l'a fait élire en dépensant des millions de dollars dans le cadre d'une élection partielle au Québec. C'est cette même personne, M. Bouchard, qui a créé le Bloc québécois.
C'est un autre conservateur qui, de nos jours, joue avec le feu en voulant apaiser les séparatistes et qui nous amène à nous retrouver dans le débat d'aujourd'hui.
Dans les quelques jours qui se sont écoulés depuis le début de ce débat, j'ai reçu des milliers de lettres, de télécopies, de courriels et de coups de téléphone de gens de ma circonscription et de tout le Canada. Les gens expriment leur appui à la position que j'ai adoptée. Un électeur m'a dit que M. Trudeau se retournerait probablement dans sa tombe en entendant ce dont nous discutons à l'heure actuelle.
Beaucoup de gens sont furieux de la façon dont ce dossier est traité. Bon nombre de Canadiens affirment que c'est un autre grand tournant politique, la façon dont le gouvernement conservateur minoritaire méprise les Canadiens et leur point de vue sur ce qui fait du Canada une nation.
Soyons honnêtes envers nous-mêmes. Ce n'est pas un débat sur l'avenir de notre pays. Il s'agit simplement de savoir qui prend le plus de voix aux séparatistes au Québec. Beaucoup de Québécois ne sont pas impressionnés par ce que nous faisons ici aujourd'hui. Beaucoup se demandent pourquoi nous essayons de changer la meilleure nation du monde.
Je n'appuierai pas cette motion présentée par le conservateur qui essaie simplement de marquer des points sur le plan politique. Quand notre premier ministre sera prêt à avoir un débat sérieux sur la nation qu'est le Canada, je serai là pour écouter et participer. Cependant, aujourd'hui, il nous trahit. Le Canada est et sera toujours une nation.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, nous, les députés de la Chambre des communes, débattons une motion importante présentée par le :
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
Cette motion m'inquiète. Je l'ai étudiée ces derniers jours. J'ai parlé avec quelques électeurs — il y a beaucoup de francophones dans ma circonscription —; j'ai parlé avec des avocats, des professeurs d'histoire canadienne et des collègues, mais je demeure inquiète.
Je crois que l'amalgame de la culture, de l'histoire et de la langue des Canadiens d'expression francophone représentent un trait unique et spécial du Canada. Je crois que la motion portant sur la « société unique », qui avait été acceptée par cette Chambre en 1996, démontre le respect des gens du Canada pour les Canadiens français qui ont grandement pris part à l'histoire de notre nation.
[Traduction]
Certes, les débats controversés du passé sur la charte de Victoria, l'accord du lac Meech et les accords de Charlottetown soulignent la nécessité de reconnaître la contribution des deux puissances coloniales et des peuples autochtones, un signe de respect pour notre histoire et une reconnaissance symbolique de nos origines, mais la motion dont nous sommes saisis ne fait pas cela. Son ambigüité même la rend dangereuse.
D'un bout à l'autre du Canada, les débats sur le sens du mot « nation » font déjà rage. Le Conseil de l'Europe a eu tellement de mal avec la définition du mot « nation » qu'il a complètement éludé la question. En fait, l'ambigüité de cette motion a entraîné des divisions, menaçant la cohésion sociale de ce pays composé d'une grande diversité de peuples.
Des politicologues respectés comme Michael Bliss et Tom Axworthy croient que cette motion pourrait favoriser les conditions susceptibles d'entraîner l'éclatement du Canada. D'autres, en revanche, balaient du revers de la main toute conséquence involontaire de cette motion. En fait, le a fait valoir qu'en parlant seulement des Québécois et non de la province de Québec, cette motion ne pourrait être invoquée pour accorder des pouvoirs supplémentaires au gouvernement provincial du Québec. Or, 24 heures après la présentation de cette motion, le premier ministre du Québec, qui est pourtant un fédéraliste déclaré, a déclaré, tout heureux:
La motion modifie la façon d'interpréter nos lois. Elle modifie la façon pour les Québécois d'envisager leur avenir. En effet, la reconnaissance du Québec comme nation nous permet d'occuper la place qui nous revient au Canada et ailleurs dans le monde.
Le premier ministre du Québec a donc déjà interprété le mot « nation » comme étant plus que symbolique. Il y voit pour sa province l'amorce d'une nouvelle entente qui lui conférera des pouvoirs nouveaux, élargis, particuliers et distincts de ceux des autres provinces.
Cette thèse des deux nations a toujours été celle des fédéralistes conservateurs, de Stanfield à Mulroney et, aujourd'hui, notre actuel la fait sienne. Et puisque le premier ministre actuel du Québec provient de cette même famille idéologique, pourquoi se surprendre de son interprétation?
Si nous ne disons pas clairement ce que nous voulons dire, d'autres le feront à notre place. Si un premier ministre d'allégeance fédéraliste peut interpréter le mot « nation » de la sorte, jusqu'où iront le Bloc québécois ou le Parti québécois, des entités politiques vouées à un Québec autonome, maître de son destin et indépendant? « C'est absurde. Nous n'avons pas dit que le Québec était une nation mais bien que les Québécois formaient une nation, » affirment certains. J'invite pourtant la Chambre à réfléchir sur la signification du mot « Québécois ».
Pour les personnes qui vivent au Québec et qui ne sont pas des francophones, ce mot renvoie aux Québécois d'origine ethnique française, à l'exclusion des immigrants francophones et des autres groupes linguistiques et ethniques. Par conséquent, l'utilisation du mot « Québécois » a lancé un débat sémantique qui divise la population du Québec. Je croyais que la Charte des droits et libertés avait écarté la notion selon laquelle des droits distincts s'appliquaient à des groupes distincts, mais laissez-moi vous lire ce que m'a écrit un résidant du Québec il y a deux jours: « Il y a bien d'autres langues et cultures au Québec que la langue et la culture françaises. Nous vivons, nous travaillons, nous payons nos impôts, non seulement au Québec mais également au Canada. Nous ne souhaitons pas que l'on nous traite comme des « citoyens de seconde zone », ni nous sentir subordonnés ou inférieurs à un autre groupe linguistique ou ethnique qui, de propos délibéré, favorise l'extinction des espoirs, des rêves et des libertés de certains citoyens Canadiens du Québec qui avaient l'impression d'être protégés par la Charte des droits et libertés. »
Selon d'autres, le mot « Québécois » englobe en réalité l'ensemble des citoyens du Québec, quelle que soit leur langue ou leur appartenance ethnique. Si tel est le cas, en quoi le Québec est-il différent des autres provinces? Chacune d'entre elles peut faire valoir le caractère unique de son histoire, de sa démographie multiculturelle et de sa diversité linguistique. Par conséquent, selon cette définition, les autres provinces pourraient également revendiquer à juste titre le statut de nation.
Lorsqu'on se met à vouloir désigner un territoire ou une zone géographique comme une nation, on s'aventure sur une pente savonneuse. Mais, si nous souhaitons plutôt que la motion soit une reconnaissance respectueuse et symbolique des Canadiens français, pourquoi avons-nous oublié les Acadiens du Nouveau-Brunswick, les Métis ou les francophones vivant à l'extérieur du Québec depuis une ou deux générations? Un francophone habitant en Colombie-Britannique m'a demandé récemment: « Qui sommes-nous? Du menu fretin? » Un autre s'est exprimé avec encore plus d'éloquence en disant ce qui suit: « De grâce, amendez la motion pour qu'elle inclue toutes les nations francophones du Canada: les Métis, les Acadiens et les francophones de l'extérieur du Québec. »
Pourquoi n'avons-nous pas reconnu du même souffle les Autochtones du pays, qui ont joué un rôle historique à l'origine du Canada? Ils cherchent maintenant à être désignés de la même manière.
Cette motion à la formulation habile a pour effet de créer des antagonismes entre provinces, entre francophones et entre groupes ethniques. Elle a des conséquences imprévues parce qu'elle a été conçue à la hâte et qu'elle constitue une solution à court terme, un remède miracle ou un tour de passe-passe politique, ce qui fait que nous sommes dans le pétrin.
Vais-je mitiger mon point de vue parce que le Bloc québécois appuie maintenant cette motion inoffensive? Au contraire, je suis encore plus méfiante.
Suis-je rassurée par les protestations du ? Bien sûr que non puisqu'il est l'auteur d'écrits et de théories sur les barrières de sécurité. C'est lui-même qui a jonglé avec l'idée de la séparation de l'Alberta. C'est lui qui s'est dit d'avis que cette province devrait suivre le bon exemple du Québec.
Que feront les parlementaires à l'avenir de cette motion mal formulée et ambiguë? Lui donneront-ils le sens qu'exigera leur programme politique? Que feront-ils s'ils préconisent l'affaiblissement du pouvoir central au profit des provinces? Se serviront-ils de cette motion pour balkaniser le Canada? Nous avons déjà entendu le jongler avec l'idée de limiter les pouvoirs d'Ottawa, même s'il faut, pour ce faire, modifier la Constitution.
Quelles seraient les répercussions de cette motion si le décidait de modifier la Constitution? Quelles seraient les conséquences juridiques de cette motion si un gouvernement du Québec séparatiste demandait un jour aux tribunaux de se prononcer sur les privilèges et les pouvoirs qui reviennent à une nation?
Lorsqu'une motion soulève plus de questions qu'elle permet d'en résoudre, comme c'est le cas actuellement, lorsque les réponses sont aussi contradictoires, ambigües et ouvertes à l'interprétation qu'elles semblent l'être et lorsqu'une solution qui vise l'unité semble plutôt diviser, les effets secondaires à long terme d'une telle mesure posent alors un risque trop élevé pour l'avenir du Canada.
À titre d'immigrante, j'ai été attirée au Canada, ce Canada fort qu'a décrit George-Étienne Cartier en 1865 au cours des débats sur la Confédération lorsqu'il a dit:
Lorsque nous serons unis [...] nous formerons une nationalité politique indépendante de l'origine nationale, ou de la religion d'aucun individu [...] Quant à l'objection basée sur ce fait qu'une grande nation ne peut être formée parce que le Bas-Canada est en grande partie français et catholique et que le Haut-Canada est anglais et protestant [...] elle constitue, à mon avis, un raisonnement futile à l'extrême.
J'appuie le Canada de Sir Wilfrid Laurier, qui a dit, 25 ans plus tard:
Nous [...] voulons former une nation composée des éléments les plus hétérogènes, protestants et catholiques, Anglais et Français, Allemands, Irlandais, Écossais, ayant tous [...] leurs propres traditions et préjugés. Dans [...] une optique commune de patriotisme [...] vers un objectif unifié et des aspirations communes.
J'appuie le Canada composé d'une nation dans laquelle les francophones et les anglophones, les peuples autochtones et les groupes minoritaires du Canada sont inclus en vertu des dispositions relatives au bilinguisme et au multiculturalisme de la Charte canadienne des droits et libertés.
La motion à l'étude aujourd'hui a réussi à raviver de vieilles batailles et d'anciennes controverses, dissimulées sous un voile de symbolisme. Cette motion est toutefois très vague et très ambigüe; elle soulève plus de questions qu'elle en règle et elle divise plus qu'elle unit. Ce n'est à mon avis qu'une ruse politique qui risque à long terme de diviser le Canada et de mettre sa cohésion et son intégrité futures en danger.
Je n'ai donc pas d'autre choix que de me prononcer contre cette motion.
:
Monsieur le Président, tout d'abord, je signale que je partagerai mon temps avec mon collègue de .
Le débat qu'amène le Bloc québécois en cette Chambre revêt à mes yeux une importance toute particulière. C'est pourquoi j'ai tenu à y participer.
La motion que nous avons déposée consiste à demander à la Chambre des communes de reconnaître que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. Les quelques heures qui nous sont allouées nous permettront de discuter de la place unique qu'occupent les Québécoises et les Québécois au sein de notre pays.
Ce qui distingue l'histoire du Québec, c'est la volonté constamment réaffirmée des générations de femmes et d'hommes qui s'y sont succédé à bâtir une société meilleure, tout en défendant leurs droits, et à préserver leur héritage culturel et linguistique. Les Québécois et les Québécoises peuvent être fiers de la société qu'ils ont bâtie et de leur contribution déterminante à l'édification du Canada.
Le caractère distinct des Québécois et Québécoises est déjà reconnu de plusieurs façons dans les institutions canadiennes, entre autres: le Québec est maître d'oeuvre de son système d'éducation; il a son propre Code civil, ce qui rend son système juridique unique en Amérique du Nord; il a sa propre Charte des droits et libertés; il perçoit ses propres impôts; il sélectionne ses immigrants et possède ses propres programmes d'intégration des immigrants; il est présent sur la scène internationale.
Il dispose de nombreuses délégations et de bureaux à l'étranger. Il siège, de concert avec le Canada, à titre de gouvernement participant au Sommet de la Francophonie ainsi qu'aux autres instances de la Francophonie. Il occupe une place au sein de la délégation canadienne à l'UNESCO. De plus, en vertu d'accords-cadres entre le Canada et des puissances étrangères, le Québec peut conclure des ententes directement avec ces gouvernements étrangers dans certains domaines.
Le Québec a pu mettre en place son propre Régime des rentes, la Caisse de dépôt et placement, la Société générale de financement et la société Hydro-Québec —, des outils stratégiques clés pour son développement économique. Il a pu mettre en place son propre réseau de télévision, Radio-Québec, devenu Télé-Québec. Il possède son propre programme d'aide financière aux étudiants. Il a pu adopter ses propres lois linguistiques qui lui permettent de protéger et de promouvoir la langue française.
On en conviendra, les atouts que je viens d'énumérer ne sont pas ceux d'une société paralysée, incapable d'assumer son développement et de faire rayonner sa culture sur tous les continents. Ils démontrent la souplesse d'un fédéralisme qui tient compte des différences partout dans ce pays et qui les met en valeur. Les Québécois et les Québécoises peuvent former eux-mêmes une nation au sein d'un pays uni, qui s'appelle le Canada.
Le Québec bénéficie de l'union politique et économique canadienne de plusieurs façons, dont celles-ci: la mobilité des biens et des services au-delà des frontières intérieures est facilitée par l'existence d'une monnaie commune et par un degré élevé d'harmonisation des lois, des règlements et régimes fiscaux touchant les entreprises; la mobilité interprovinciale de la main-d'oeuvre est garantie par la Charte des droits et libertés; la mobilité du capital entre les régions est favorisée par la réglementation nationale de l'industrie financière et par l'existence d'une monnaie commune; la libre circulation accroît la flexibilité des économies régionales; les taux de chômage sont moins élevés parce que les Canadiens peuvent aller chercher du travail là où l'emploi est à la hausse; la libre circulation des biens et services contribue à la stabilité à court terme des entreprises qui peuvent avoir facilement accès aux marchés et aux ressources partout au pays; l'adaptation à long terme de notre structure économique est facilitée par la libre circulation du capital, qui peut se diriger vers les régions qui connaissent une croissance économique.
Le commerce interprovincial constitue un aspect fondamental de la réalité économique canadienne, et les entreprises canadiennes bénéficient au premier chef de ces avantages marqués que leur procure l'union économique canadienne.
Comme en témoigne les ententes signées à cet égard entre les provinces, le défi qui subsiste dans ce domaine consiste précisément à éliminer les barrières qui viennent ralentir cette activité commerciale et à empêcher la création de nouveaux obstacles susceptibles de l' entraver.
Ce qu'il faut retenir ici, c'est que tous ces atouts économiques dont dispose le Québec au sein de la fédération canadienne lui ont permis de s'affirmer dans sa spécificité et de favoriser les conditions pour préserver sa langue, sa culture et ses institutions qui lui sont propres. Loin d'entraver sa marche vers le progrès et la prospérité, les avantages de la fédération canadienne ont contribué au cheminement collectif des Québécois et des Québécoises.
Comme députés de la Chambre des communes, j'estime que nous sommes privilégiés de prendre part à ce débat qui comporte indéniablement une signification historique.
Cette réussite à laquelle nous assistons aujourd'hui vient animer notre fierté, mais d'autres enjeux auxquels nous sommes présentement confrontés réclament aussi notre attention. Ces défis concernent le Québec, comme les autres régions du pays.
Alors que les rapports internationaux se caractérisent notamment par la mondialisation des économies, il importe d'établir un plan et une stratégie qui permettront au Canada et au Québec de faire face à cette réalité exigeante. C'est à cette fin que notre gouvernement a rendu public, la semaine dernière, son plan économique Avantage Canada. Alors que l'économie mondiale évolue, que de nouveaux intervenants se font connaître comme des puissances économiques et que les baby-boomers se préparent à prendre massivement leur retraite, ce qui remet en question notre capacité de maintenir notre qualité de vie, nous sommes appelés à faire face collectivement à cette nouvelle force qui met notre capacité d'adaptation à l'épreuve de façon sans précédent.
Notre plan économique et stratégique à long terme vise à améliorer la prospérité de notre pays, aujourd'hui et pour les générations à venir. Il renforcera notre pays et présentera au monde un Canada moderne, ambitieux, dynamique, divers et uni.
La force de notre système politique repose précisément sur l'unité du pays, qui est aussi un gage de progrès et de prospérité. Une autre de ses forces réside dans sa souplesse et sa capacité à reconnaître les différences qui existent entre les différents groupes qui peuplent la population canadienne. Et je suis pleinement confiant que la reconnaissance des Québécois et des Québécoises en tant que nation au sein d'un Canada uni vient contribuer à cet objectif d'unité nationale que nous ne devons jamais perdre de vue et qui mérite tous nos efforts.
:
Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui au sujet d'une motion portant sur la signification même des termes Canadien et Québécois. La motion d'aujourd'hui nous donne l'occasion de nous rappeler de ce qui est en jeu non seulement pour les Québécois, mais aussi pour l'ensemble des Canadiens.
Ce n'est pas un hasard si notre pays fonctionne bien. Nous ne devons pas tenir ce succès pour acquis. Nous considérons que le Canada est un pays jeune, un pays qui, comme on l'a souvent dit, est plus important sur le plan géographique que sur le plan historique. Il est donc ironique que ce jeune pays soit également une des plus anciennes démocraties et une des plus anciennes fédérations du monde.
Le Canada d'aujourd'hui est bien loin du nationalisme du XIXe siècle fondé sur l'homogénéité culturelle, linguistique et ethnique. Le Canada a été fondé sur le principe de la diversité en tant que caractéristique permanente.
Les Pères de la Confédération ont choisi un système de gouvernement parfaitement bien adapté à l'expression et à l'accommodement de la diversité régionale, linguistique et religieuse. L'exemple le plus probant de cette diversité était sans aucun doute l'existence des deux groupes linguistiques principaux. La présence du Québec a été l'un des principaux facteurs de l'établissement de la fédération canadienne. Les fondateurs de notre pays voulaient construire un pays qui acceptait la diversité.
Le premier premier premier ministre du Canada, sir John A. Macdonald, a dit ceci:
Je ne souscris aucunement au désir exprimé dans certains milieux de tenter, par tous les moyens, d'opprimer une langue et de la rendre inférieure à l'autre. Je crois que ce serait impossible si on essayait de le faire et qu'il serait insensé et mauvais de le faire si la chose était ossible..
Pendant les débats sur la Confédération, Cartier a dit ceci:
On ne pourrait légiférer pour faire disparaître les Canadiens-français du sol américain et tant les Britanniques que les Canadiens-français sont en mesure d'apprécier et de comprendre leur position les uns par rapport aux autres [...] car, posséder une diversité de races c'est bien davantage un atout que l'inverse.
D'un point de vue historique, nous avons depuis longtemps l'habitude des accommodements qui sont nécessaires dans une société comptant deux importants groupes linguistiques. La structure fédérale en est sans doute l'exemple le plus évident, mais ce n'est certainement pas la seule structure possible.
Dans le contexte du continent nord-américain qui est en très grande majorité anglophone, la fédération canadienne a fourni le cadre pour un engagement réel envers la continuité et la survie d'une société francophone établie en grande partie, mais non exclusivement, au Québec. Aujourd'hui, il est difficile d'imaginer un arrangement qui pourrait remplacer celui qui nous as si bien servis et qui, après 140 ans, est toujours un modèle pour le monde.
La tâche de concilier la diversité est probablement l'un des défis les plus difficiles à relever pour le monde d'aujourd'hui. Le débat qui a récemment eu lieu au Québec sur ce qui constitue un accommodement raisonnable consenti aux minorités religieuses trouve des échos dans des débats semblables dans le monde entier.
La diversité est une réalité contemporaine. La plupart des États de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique se caractérisent par une diversité de langues, de religions et de cultures. Bon nombre de ceux qui ont le mieux réussi à gérer cette diversité ont choisi un système de gouvernement fédéral.
Dans le monde d'aujourd'hui, c'est en fait les États homogènes qui sont l'exception. L'État nation, qui implique l'occurrence parallèle d'un État et d'une nation ethnique, est extrêmement rare. En effet, il n'existe aucun État nation idéal. Les États existants s'éloignent en fait de cet idéal de deux façons: la population inclut des minorités et ces États n'incluent pas tous les groupes nationaux vivant sur leur territoire.
Aujourd'hui, le Canada est un pays prospère et politiquement stable parce que nous avons voulu que la diversité soit un atout plutôt qu'un problème. Les Canadiens sont donc capables de faire des choix démocratiques fondés sur le respect des droits humains et, aujourd'hui plus que jamais, nous comprenons que l'acceptation du pluralisme n'est pas seulement une nécessité politique, mais une source de fierté et d'enrichissement qui reflète les valeurs canadiennes.
Notre capacité de nous adapter en tant que société et de construire des institutions qui répondent aux exigences de nos citoyens nous a très bien servis. Le fédéralisme est un moyen naturel de gouverner un pays immense, où la population est variée et où les régions sont différentes les unes des autres. Avec dix provinces, trois territoires, six fuseaux horaires et trois océans, la diversité des régions du Canada tombe sous le sens.
Notre diversité se reflète également dans les deux langues officielles. Presque tous les Canadiens parlent anglais, soit environ 85 p. 100, ou français, 31 p. 100, et un Canadien sur cinq parle aussi une langue autre. À Terre-Neuve-et-Labrador, l'anglais est la langue maternelle de 98 p. 100 de la population tandis qu'au Québec le français est la langue maternelle de 81 p. 100 de la population. Au Nunavut, 79 p. 100 de la population parle inuktitut, une langue parlée par moins de un Canadien sur 1 000.
Aujourd'hui, près d'un million de Canadiens se disent d'origine autochtone. Ce segment de la population connaît également une croissance rapide.
Le Canada est de plus en plus urbain et multiculturel. En 2001, près de 80 p. 100 des Canadiens vivaient dans des villes de plus de 10 000 habitants. En 2004, les immigrants étaient responsables de 41 p. 100 de la croissance de la population canadienne. Les nouveaux Canadiens ont tendance à s'établir dans les grands centres urbains. Entre 1996 et 2001, Toronto a accueilli plus de 445 000 immigrants, Vancouver en a reçu 180 000 et Montréal, 126 000.
En plus d'être sensible aux préférences régionales et à la diversité, la fédération canadienne fournit un cadre complémentaire aux identités nationales, provinciales et culturelles, lesquelles se sont épanouies. Le fédéralisme permet et encourage l'expérimentation dans les affaires politiques, sociales et économiques.
Le Québec est inextricablement au coeur du rêve canadien. Les valeurs canadiennes ont été façonnées par la nécessité de se comprendre les uns les autres et d'accommoder avec courage, générosité et sensibilité deux grandes communautés linguistiques. Toutes les générations de Canadiens qui se succèdent doivent relever ce défi.
Le choix que nous avons fait reflète nos espoirs communs pour l'avenir de notre vaste pays et suscite l'envie du monde entier. Les grands voyageurs savent que le Canada demeure un des meilleurs pays au monde. Notre prospérité et notre civilité sont le fruit de beaucoup d'efforts acharnés et ne peuvent être considérées comme allant de soi.
Le Canada est une société pluraliste non seulement en raison de la diversité de sa population, que ce soit sur les plans linguistique, culturel, ethnique ou régional, mais aussi, ce qui est plus important encore, en raison du fait que nous avons compris que ces différences contribuent à notre communauté nationale.
D'un bout à l'autre du pays, les Canadiens collaborent de diverses façons pour bâtir une meilleure nation, une nation qu'aucun groupe ne pourrait bâtir seul. Grâce à nos efforts, le Canada est devenu un modèle pour les autres pays. Dans un monde qui compte quelque 6 000 langues et seulement 200 États, le pluralisme est la norme et non l'exception. Pour réussir, nous avons besoin d'un talent unique au Canada: la capacité de travailler ensemble pour transcender nos différences.
Cette vision de la nation canadienne empreinte de générosité et de tolérance a triomphé à maintes reprises sur le tribalisme ethnique borné. Les Canadiens du Québec et de tout le pays sont fiers de leur réussite. Notre Canada inclut un Québec francophone fort et dynamique. Les Canadiens ont toutes les raisons d'être fiers de leur patrimoine francophone, qui se manifeste surtout au Québec, mais qui est aussi très vivant dans le reste du Canada. Ce patrimoine enrichit la vie publique, les arts et la culture. C'est une source d'enrichissement culturel pour les millions de Canadiens qui parlent le français comme langue maternelle ou seconde.
La diversité du Canada génère une force qui profite à tous les Canadiens. Le respect que nous vouons à la diversité compte pour beaucoup dans la réputation enviable dont nous jouissons auprès des autres pays.
Ce magnifique pays, avec son nouveau plan économique intitulé Avantage Canada, qui a été dévoilé la semaine dernière par le ministre des Finances, assume entièrement son rôle dans les affaires internationales et notre position économique est la meilleure de tous les pays du G7.
Nous sommes en train de devenir une superpuissance sur le plan énergétique et nous prenons des mesures afin d'améliorer notre environnement. Nous construisons un pays qui joue un rôle économique extraordinaire dans le monde. C'est la raison pour laquelle je suis fier d'appuyer aujourd'hui la motion du gouvernement qui reconnaît que les Québécois constituent une nation au sein d'un Canada uni.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de parler de cette question. Pour moi, il s'agit en fait de deux questions distinctes. L'une concerne le fond de la question, et l'autre, la façon dont celle-ci nous a été imposée.
Je suis très mécontent, et je sais que tous les autres Canadiens le sont également, de devoir débattre d'une question aussi importante que cette motion en un si court laps de temps. Je réalise que le a voulu imprimer sa marque sur la question, car il sent, je présume, qu'il met ainsi à l'épreuve la fibre d'un Canada uni. Il a pris la peine de consulter mon estimé collègue, qui lui a donné des conseils sur la meilleure façon de libeller cette motion.
Cependant, il n'en demeure pas moins que, compte tenu de ce que le premier ministre et son gouvernement ont fait avec cette motion et des arguments des députés ministériels, nous sommes en train de nous éloigner de la notion de citoyenneté pour parler de quelque chose de tout à fait différent.
Nous faisons actuellement fausse route, en examinant des détails d'ordre sémantique, des mots, des arguments laissant entendre que, de quelque façon qu'aboutisse ce débat à la Chambre, l'unité sera préservée. Bien entendu. Cela va de soi. Il faut préserver l'unité. Nous devons le faire et nous le ferons. Cependant, ce ne sera pas en cherchant des différences entre un groupe et un autre que nous y arriverons.
Il est aujourd'hui question de reconnaître que les Québécois forment une nation à l'intérieur du Canada. Je ne pense pas que quiconque dans cette enceinte soit en mesure de dire à un Québécois comment il doit se définir. Nous avons dit que chaque citoyen de notre pays a droit à la dignité qui va de pair avec le fait d'appartenir à cette grande société, ce grand pays qu'est le Canada.
Nous acquérons l'égalité grâce à un dénominateur commun qui est la citoyenneté. Grâce à la citoyenneté, nous avons l'occasion d'entretenir cette diversité qui rend le Canada unique. Notre origine, notre langue, notre religion, nos préférences personnelles ne font aucune différence. Tant que nous sommes des citoyens de ce grand pays et que nous reconnaissons nos valeurs communes, rien d'autre n'a d'importance.
[Français]
Personnellement, j'ai toujours aimé la province de Québec, j'ai toujours aimé les gens du Québec, qu'ils soient francophones, allophones ou anglophones. Selon moi, il n'y a aucune différence. Pourquoi? Parce qu'ils sont tous des citoyens égaux de ce pays. Ils sont, tous et toutes, Canadiens et Canadiennes.
Il ne devrait pas être question de nation, de différence ou d'obtenir une reconnaissance qui donne des droits différents. Certains parlent de l'assimilation du Québec, alors qu'il n'y a pas d'assimilation ici au Canada.
Je ne suis pas anglophone, je parle anglais. Je ne suis pas d'origine anglaise. Personne ne m'a assimilé. Dans ce pays, on vise toujours l'intégration au sein d'une citoyenneté qui considère égaux chaque homme et chaque femme. C'est sur ces fondements qu'on peut établir et bâtir un vrai pays et un pays pour tout le monde.
Personnellement, en tant qu'individu arrivé dans ce pays il y a 51 ans, je me voue et je me suis toujours voué à l'unité du pays, du Canada. Ma province, l'Ontario, est une province comme toutes les autres provinces, et elle permet à ses citoyens d'être égaux à ceux de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse, etc.
Par conséquent, à mon avis, une motion comme celle que nous débattons aujourd'hui et sur laquelle nous voterons laisse une certaine impression à tout le monde.
[Traduction]
En fin de compte, qu'elle soit légale, constitutionnelle ou non, elle va tout à fait à l'encontre du but recherché. En effet, tous les Canadiens et tous les Québécois pensent en leur for intérieur qu'elle est contre le Canada.
Nous sommes ici à la Chambre en tant que députés d'un grand pays pour bâtir un pays et reconnaître la dignité dont peuvent jouir les habitants de ce pays, et rien de plus. Il n'est pas question de mépriser la culture de qui que ce soit d'autre. Dieu sait que nous pensons tous que cet endroit nous appartient. Affirmer que cette motion ne veut rien dire parce qu'elle n'accorde pas de droits, c'est, comme l'un de mes collègues candidat à la direction du Parti libéral l'a dit, tenir un simple débat de sémantique.
Pourquoi soulever une question comme celle-ci? Pourquoi le et le Parti conservateur veulent-ils parler d'une question qui sème la division? Nous devrions assurer l'unité du pays. Le gouvernement n'a aucune raison de présenter une telle motion. Je ne vais certainement pas participer à cela.
J'exclus bien entendu ceux qui ont un point de vue différent, les souverainistes, les séparatistes, qui préfèrent avoir une perception différente, mais j'ose dire que la grande majorité des Canadiens savent qu'il n'y aura pas de différence si ce n'est qu'on va établir un climat favorisant la souveraineté et la séparation. Ce n'est pas un hasard si les principaux architectes du mouvement séparatiste souscrivent à cette motion. Pour cette raison seulement, nous devrions examiner de près les avantages d'une telle motion. Si, en fait, tous les dirigeants séparatistes au Québec sont favorables à cette motion, pouvons-nous, en toute honnêteté, dire qu'elle va aider à unir notre pays?
La motion dit que nous reconnaissons que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni. Je ne pense pas que les intéressés soient convaincus. Si cette motion ne leur accorde rien de plus qu'une indication de leur identité, ils n'ont pas besoin de nous pour le leur dire, mais si elle donne à qui que ce soit la possibilité de nuire un peu plus à l'unité du pays alors, les séparatistes y souscriront.
Si je ne m'abuse, ils vont appuyer à l'unanimité la motion. Cela en dit long sur l'orientation que nous devrions suivre. Le leur fait une grande faveur. Je ne veux pas accorder à un séparatiste la possibilité de faire avancer sa cause.
Monsieur le Président, je partage mon temps de parole avec la députée de .
:
Monsieur le Président, cela m'attriste de devoir intervenir au sujet de cette motion, même si je dois dire que j'ai l'intention de l'appuyer. Je ne crois pas que cette motion était nécessaire, pas plus que la résolution présentée par mon propre parti. Cependant, nous en sommes saisis et, à titre de Canadienne et de Québécoise, il est de mon devoir d'intervenir et d'expliquer pourquoi je vais l'appuyer.
Le député de a exprimé ma pensée mieux que je n'aurais pu le faire moi-même lorsqu'il a donné les trois définitions possibles du mot « nation ». Il a dit que quiconque consulte un dictionnaire, par exemple, ou encore les écrits de chercheurs et d'experts qui se sont penchés sur la question, constatera qu'il existe trois définitions.
Selon l'une de ces définitions, il s'agit d'un groupe d'humains qui ont une origine ethnique commune. Il a donné l'exemple des Canadiens français, qui forment une nation au sein du Canada. La majorité d'entre eux vivent au Québec, mais il y a aussi des Canadiens français à l'extérieur du Québec. C'est la définition ethnique de « nation ».
Selon une autre définition du mot « nation », il s'agit d'un groupe d'humains qui forment une unité politique établie sur un territoire défini et personnifiée par une autorité souveraine.
[Français]
Comme il l'explique très clairement, telle est la définition de l'État-nation ou de la nation-État, nation-state.
[Traduction]
Le Canada entre dans cette catégorie. Selon la deuxième définition de « nation », celle de la nation-État, la seule nation à l'intérieur du territoire géographique du Canada qui a une existence juridique et judiciaire selon le droit international, c'est le Canada et le Canada seulement.
Il y a aussi une troisième définition du mot « nation ». Elle a trait au sens sociologique. Le mot définit un groupe humain qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun.
Les Québécois forment ce genre de nation. Est-ce symbolique? Oui. Est-ce que la motion est symbolique? Oui, elle l'est. Est-ce que les séparatistes vont tenter d'utiliser la motion — qui, je l'espère, sera adoptée par la Chambre ce soir — afin de fragmenter et de diviser le Canada? Oui, ils le feront. Un député du Bloc vient de l'admettre. Ils vont l'utiliser, de la même manière qu'ils ont utilisé la notion de société distincte. Les séparatistes n'ont qu'un seul objectif, celui de diviser le Canada, de créer un pays indépendant qui pourra s'appeler ou non Québec, qui sera complètement souverain et qui sera reconnu sur la scène internationale. C'est leur seul but. Le Bloc et les séparatistes n'ont aucunement le désir ni le souhait de faire en sorte que le Canada comme nation-État demeure uni. Ils ne souhaitent pas cela du tout.
Les craintes et les préoccupations de certains de mes collègues sont fondées. Je réponds à ces collègues qu'il nous appartient à nous — et à moi en particulier qui m'identifie comme Québécoise et qui m'identifie aussi fortement à la nation canadienne et qui me sens liée à mon identité canadienne — de veiller à ce que le Canada reste uni. Il nous appartient de faire ressortir clairement du discours des séparatistes qu'ils veulent fragmenter le pays. Les séparatistes doivent justifier ce choix. Il leur incombe de le justifier. Le Canada est un grand pays. C'est une merveilleuse nation-État; c'est une nation-État à l'intérieur de laquelle se trouvent d'autres nations.
Selon moi, une des caractéristiques les plus enrichissantes de notre pays est le fait que nous pouvons appartenir à diverses nations au sein d'une même nation. Cette possibilité ne diminue en rien notre attachement à la nation québécoise ou à la nation canadienne, par exemple. Ce serait comme me dire à moi et à de nombreux autres Canadiens, aux Québécois qui vivent au Québec et dont bon nombre sont Canadiens français, que nous devons choisir, qu'il faut faire partie d'une nation ou d'un groupe en fonction de nos origines. Dans mon cas, je devrais choisir entre être une femme de descendance africaine, être une femme de descendance autochtone, être une femme de descendance française ou être une femme de descendance belge.
Je n'ai pas à choisir. Toutes ces identités se trouvent en moi et font de moi ce que je suis. Je crois qu'elles enrichissent ma vie au même titre que le fait d'avoir une nation au sein du Canada, et ce n'est pas la seule, mais nous parlons en ce moment de la nation québécoise, qui enrichit la nation canadienne et l'État-nation canadien, mais la nation canadienne et l'État-nation canadien enrichissent aussi la nation québécoise.
Notre devoir est de mettre les séparatistes sur la sellette en les forçant à justifier leur projet de fragmenter le Canada en lui soustrayant la nation québécoise. C'est à eux de s'expliquer, pas à nous.
J'exhorte mes collègues de la Chambre, c'est-à-dire ceux qui ont des craintes et qui se font du mauvais sang, à voter pour cette motion. Je veux aussi rassurer les Canadiens de tout le pays en leur disant que nous, les fédéralistes francophones, anglophones ou allophones, sommes déterminés à garder le Canada uni et que notre appui pour cette motion ne mine aucunement l'unité du pays.
J'aimerais simplement dire aux Canadiens qui suivent le présent débat qu'avant de laisser l'anxiété les subjuguer et avant de balayer cette motion du revers de la main, ils devraient autant que possible lire les discours à ce sujet, en particulier celui du député de , qui est le père de la Loi de clarification, grâce à laquelle le Canada et le Québec ne seront plus jamais soumis à un référendum portant sur une question ambiguë, une question par laquelle on essaie de berner les Québécois en leur faisant croire qu'ils votent pour demeurer au Canada, mais avec un statut spécial, alors que l'objectif des séparatistes est de diviser le Canada et de séparer le Québec et les Québécois du Canada. Ce genre de chose ne pourra jamais plus se produire. La Loi de clarification est le résultat du courage et de la rigueur intellectuelle du député de .
J'exhorte les députés à consulter les bleus pour y lire ce que le député de avait à dire sur cette motion. Je les exhorte à appuyer cette motion ce soir.
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Monsieur le Président, dans un premier temps, j'aimerais vous dire que je vais partager mon temps avec le député de .
Pour débuter, j'aimerais commencer par une citation. Elle se lit comme suit:
Les eaux de la rivière des Outaouais en provenance d'Ottawa s'unissent avec celles des Grands Lacs pour se marier aux eaux du fleuve Saint-Laurent, mais s'unissant, elles ne se mélangent pas, elles suivent leur route en parallèle, facilement repérables. Elles forment néanmoins un seul courant coulant à l'intérieur des mêmes rives, le puissant Saint-Laurent, et se faufilant vers une mer qui porte une partie de notre commerce, une image parfaite de ce que nous sommes.
Ces paroles datent de 100 ans et proviennent du premier ministre Wilfrid Laurier.
J'ai trouvé cela très inspirant dans la mesure où, dès le début, on parlait de deux courants, deux fondateurs au plan du pays, qui ont suivi le même chemin sans se mêler, travaillant ensemble, allant dans la même direction.
Au cours des dernières années, j'ai eu à voyager. J'avais un passeport canadien et chaque fois que je l'ai montré, c'était avec fierté. Oui, j'étais Québécois, mais j'étais Canadien. Chaque fois que j'ai eu à faire cela, non seulement j'ai été traité avec respect et dignité, mais je me sentais également la responsabilité, en tant que Canadien et Québécois, d'offrir la meilleure représentation possible de ce qu'était un Canadien.
J'aimerais dire aussi que, contrairement à ce que les représentants du Bloc québécois essaient de démontrer, les Québécois ne sont pas des victimes. Nous sommes plutôt des collaborateurs qui travaillons à faire avancer le pays dans le même sens.
Au cours des dernières années, je me rappelle un célèbre premier ministre qui avait dit que le Canada était « le plus meilleur pays du monde. » Depuis l'arrivée du Bloc québécois et les querelles « intestinales » que nous avons eues, nous avons perdu le titre de premier pays du monde. Cela vient confirmer l'idée qu'un travail doit se faire en équipe. Lorsque tout le monde travaille à l'unisson pour faire avancer un pays aux plans économique, social ou de la sécurité, on ne peut que réussir. C'est ensemble que nous l'avons toujours fait.
J'entends rire mes collègues du Bloc québécois. Ils peuvent bien rire parce que, jusqu'à maintenant, ils ont changé trois fois d'idée dans la même semaine. Il est parfois facile de changer d'idée lorsqu'on provient du Bloc québécois parce que, finalement, ils n'ont pas de direction, si ce n'est de devoir causer un problème. Ils espèrent créer des chicanes, mais il n'y en aura pas.
J'aimerais également faire une autre citation. C'est un passage d'un article de M. Pratte, du journal La Presse, qui a été écrit le 25 novembre 2006. Je le trouvais bien drôle. Il disait ceci:
C'est pourquoi les Québécois ne doivent pas laisser les souverainistes établir le standard de la réussite du fédéralisme canadien. En cette matière, leur crédibilité est nulle car quelque gain que fasse le Québec, cela ne leur suffira jamais.
Quelle belle citation.
Je suis content, parce que cela ne vient pas de moi, ni du , ni du Parti conservateur. Cela vient d'un journaliste indépendant qui soulève cette question. C'est avec plaisir je vous l'ai répété ici, à la Chambre. Merci M. Pratte.
Au cours des derniers jours, nous avons réglé plusieurs problèmes, que nous parlions de l'UNESCO, des relations intergouvernementales ou d'une tentative de règlement des problèmes quant aux champs de compétence de chaque province et de chaque gouvernement. Je suis fier de participer à cela.
J'entendais mon collègue du Bloc québécois dire que nous étions des « mange-Québécois ». Nous ne sommes pas des « mange-Québécois »; nous tentons tout simplement de faire avancer le pays sans nous chicaner continuellement; nous cherchons à faire avancer ce pays et non pas seulement poser des questions; nous tentons de faire avancer ce pays plutôt que de tenter de le détruire.
Je suis sincèrement fier d'être Canadien et de parler aujourd'hui pour le Canada en cette Chambre, mais à titre de Québécois.
Nous parlons également de respect, de la main que tend aujourd'hui le en collaboration avec le Parti libéral et le NPD. Je suis content puisque malgré tout, le Bloc québécois a décidé d'appuyer cette motion. Que dire de plus? Je suis content que nous soyons aujourd'hui en mesure de faire encore une fois un petit crochet, de régler une question, en attendant bien sûr le prochain sujet du Bloc québécois qui sera peut-être le déséquilibre fiscal. Toutefois, compte tenu du fait que cette question sera également bientôt réglée, soit lors du prochain budget, il ne nous restera plus grand chose à dire. J'entendais plus tôt mon collègue le dire que le Bloc québécois n'aura plus aucune utilité en Chambre. Je suis bien content d'entendre une phrase qui exprime si bien ma pensée. En termes de fausses représentations, les bloquistes sont les champions.
Je trouvais une autre citation de M. Pratte intéressante:
Les indépendantistes, comme chaque fois que le Québec progresse dans la fédération canadienne, n'ont pas perdu une seconde pour monter la barre, dans l'espoir de provoquer de nouvelles crises susceptibles de favoriser leur cause. Ce fut autrefois l'exploitation des Canadiens français et l'insécurité linguistique. Ces problèmes réglés, on est passé à l'endettement du gouvernement fédéral. Ottawa sorti du trou, ce fut l'immigration, la formation de la main-d'oeuvre, les congés parentaux, l'UNESCO...
Toutes ces « impasses » étant maintenant réglées et résolues, bientôt il ne restera donc plus qu'à dire bonjour à mes amis du Bloc québécois. Il ne faudrait surtout pas les laisser établir les normes du règlement du déséquilibre fiscal.
En conclusion, je suis fier d'être Canadien, je suis fier d'être Québécois. J'ai toujours su qui j'étais et aujourd'hui, nous adopterons une motion qui reconnaît finalement que je fais partie d'une nation. J'en suis content. Je suis fier de participer à ce moment historique.
:
Monsieur le Président, je commencerai en disant à quel point je suis fier de prendre part à l'important débat que nous avons sur la motion. Le texte de la motion est le suivant:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
Je comprends que la motion vise à unifier le Canada encore plus qu'il l'est en ce moment.
[Français]
Aujourd'hui, j'aimerais donner plusieurs exemples de mesures administratives et constitutionnelles prises au fil des ans pour reconnaître la particularité du Québec et en tenir compte dans la fédération canadienne.
[Traduction]
Ces exemples concrets démontrent que la particularité du Québec est déjà une réalité qui est prise en considération au sein des institutions fédérales du Canada et que le régime fédéral contribue au développement du Québec en tenant compte de ses caractéristiques uniques.
Notre gouvernement a aussi pris une un train de mesures depuis notre arrivée au pouvoir. Je trouve important de présenter aujourd'hui le véritable Canada, qui n'a pas fini de grandir mais qui a tenu compte de la particularité du Québec depuis sa naissance.
Je veux d'abord énumérer quelques exemples importants de la place qu'on a faite au Québec dans la Constitution. Voici d'abord des exemples de la reconnaissance du Québec dans la Constitution de 1867.
La province de Québec a été créée en 1867 comme un élément de ce qui était auparavant le Canada uni. On a choisi en 1867 de fonctionner selon un régime fédéral plutôt que selon un régime unitaire que beaucoup d'intéressés auraient préféré. Si on l'a fait, c'est en grande partie parce que le fédéralisme répondait mieux aux aspirations du Québec.
L'article 92 établissait que les biens et les droits civils relevaient des provinces, de manière à protéger le droit civil du Québec. L'article 93 protégeait les écoles confessionnelles du Québec, et les modifications constitutionnelles de 1997 protègent maintenant les conseils scolaires organisés selon la langue d'enseignement.
L'article 94 assure l'uniformité des lois relatives aux biens et aux droits civils, mais il ne s'applique pas au Québec, du fait que ces questions sont régies par le Code civil du Québec et le Code de procédure civile du Québec.
L'article 98 prévoit que les juges du Québec sont choisis parmi les membres du barreau du Québec.
L'article 101 permettait au Parlement de créer des Cours d'appel pour le Canada, notamment la Cour suprême, en vertu de la Loi sur la Cour suprême. La loi et les conventions sur la Cour suprême du Canada ont toujours fait une place importante aux juges du Québec au nombre des juges de ce tribunal. L'article 6 de la Loi sur la Cour suprême réserve au moins trois postes à des juges du Québec.
L'article 133 protège l'usage de l'anglais et du français au Parlement fédéral et à l'Assemblée législative du Québec, et la Loi sur les langues officielles assure une plus grande protection à la langue française.
[Français]
Tous ces exemples montrent bien que la particularité du Québec est déjà prise en considération de bien des façons dans la Constitution du Canada.
Le fédéralisme canadien est suffisamment flexible pour répondre aux besoins du Québec et des Québécois. Le fédéralisme est un atout pour le développement du Québec — pas un obstacle, comme le Bloc québécois essaie de nous le faire croire.
Pour le gouvernement du Canada, la question va au-delà des considérations partisanes.
Les deux partis qui se sont succédé au gouvernement fédéral ont conclu plusieurs ententes avec le gouvernement du Québec au fil des ans, afin de tenir compte du caractère particulier du Québec et de répondre aux préoccupations et aux besoins particuliers des Québécois.
[Traduction]
En 1964, on a créé les programmes canadien et québécois de prêts d'études. En 1966, le Régime de pensions du Canada et le Régime des rentes du Québec ont vu le jour.
En 1991, on a conclu l'Accord Canada-Québec relatif à l'immigration et à l'admission temporaire des aubains, donnant ainsi au gouvernement du Québec certains pouvoirs en la matière. En 1997, on a signé l'entente de mise en oeuvre Canada-Québec relative au marché du travail.
En 2005, on a conclu un accord qui permettait la création du régime québécois d'assurance-parentale. En 2006, sous la direction de l'actuel gouvernement fédéral, on a signé un accord établissant un rôle formel pour le Québec à l'UNESCO.
Ces accords et ententes ont été signés pour répondre à la spécificité du Québec, pour le bénéfice de toute sa population.
En bref, grâce à ces accords et aux pouvoirs conférés au Québec en vertu de la Constitution, le gouvernement du Québec contrôle des leviers économiques et sociaux importants pour l'aider dans son développement.
Le gouvernement du Québec joue un rôle prédominant dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de la culture et des services sociaux. En outre, le Québec, en collaboration avec le gouvernement fédéral, a été en mesure d'accroître sa présence dans des secteurs comme l'immigration, les impôts et les relations internationales.
[Français]
Avec les années, le Canada a fait la promotion de la différence du Québec, et le fédéralisme continue de servir les intérêts du Québec. Le Québec joue également un rôle de choix dans la fédération canadienne et il est présent et actif dans tous les forums fédéraux, provinciaux et territoriaux.
Notre gouvernement est déterminé à travailler en étroite collaboration avec tous les partenaires de la fédération. Le fédéralisme d'ouverture que nous pratiquons favorise une approche pragmatique.
[Traduction]
À l'instar des autres Canadiens, les Québécois nous demandent instamment de renforcer notre fédération tout en respectant la spécificité de chaque région canadienne et en collaborant de plus près avec nos partenaires et en respectant entièrement les compétences de chacun. Cette approche nécessite entre autres qu'on précise le rôle de chaque gouvernement, qu'on établisse des limites quant au pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral et qu'on rétablisse un équilibre fiscal.
Nous faisons des progrès et nos relations avec nos partenaires sont productives à maints égards. Nous prenons des mesures tangibles pour répondre aux besoins sans cesse en évolution des Canadiens de toutes les régions du pays. Dans le cas particulier du Québec, nous avons déjà exprimé de façon concrète notre souhait de mettre en lumière la place unique que cette province occupe au sein du Canada, en concluant un accord quant à son rôle à l'UNESCO et en appuyant les célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec.
[Français]
En vertu d'une entente signée par le gouvernement du Canada le 8 mai 2006, le gouvernement du Québec sera pleinement représenté à sa guise dans des délégations canadiennes, lors des débats, des réunions et des conférences de l'UNESCO. Non seulement cette entente montre que le gouvernement actuel tient ses engagements envers le Québec, mais elle montre clairement que le fédéralisme d'ouverture donne des résultats concrets en plus d'illustrer les excellentes relations entre le gouvernement du Canada et celui du Québec. Ces deux gouvernements sont déterminés à travailler ensemble.
[Traduction]
À la lumière de ces exemples constitutionnels et administratifs, qui illustrent la reconnaissance du caractère particulier du Québec au sein du Canada, je suis persuadé que la Chambre conviendra que le régime fédéral canadien reconnaît que les Québécois forment une nation et que notre approche rend le Canada plus uni. Comme je l'ai indiqué au début de mon intervention, cette motion vise à promouvoir l'unité canadienne.
:
Monsieur le Président, il me semble que chaque fois que le mot « Québec » est mentionné dans cette enceinte et même à l'extérieur, cela entraîne tout un débat. Je tiens à dire à la Chambre qu'il y a une raison à cela.
Le 16 novembre 1976, le parti séparatiste, le Parti québécois, a stupéfait le pays en remportant les élections provinciales, faisant du même coup de René Lévesque le premier ministre de la province. C'était un événement très important.
Le 20 mai 1980, il y a eu un référendum au Québec sur quoi? Sur la souveraineté-association. Quelqu'un se rappelle-t-il de cette notion? Ce n'était pas une question claire. On ne demandait pas aux Québécois s'ils voulaient se séparer du Canada. C'était une question nébuleuse et personne ne savait au juste ce que voulait dire la souveraineté-association. Est-ce que les Québécois appartenaient encore au Canada même s'ils étaient séparés? Les gens pensaient qu'ils pourraient encore avoir leur passeport canadien, jouir de le protection de l'armée et d'autres avantages.
Nous avons alors été entraînés sur la voie qui, selon moi, est à la base même de ce qui a été dit dans cette enceinte aujourd'hui. Je rappelle à tous les députés que les Québécois se sont prononcés dans une proportion de 60 p. 100 contre la souveraineté-association et que c'était le premier ministre Pierre Elliott Trudeau qui était à la tête de la campagne du non.
Le 17 avril 1982, la reine Elisabeth a promulgué la nouvelle Constitution du Canada rapatriée, mais sans que le Québec y ait adhéré. C'était très important. Je me rappelle avoir regardé les délibérations à ce moment là et vu le premier ministre Trudeau conclure que nous ferions mieux de prendre ce que nous pouvions obtenir, car c'était le mieux que nous puissions espérer. Cependant, ce n'est pas fini. Le Québec doit signer notre Constitution.
Le 3 juin 1987, 11 premiers ministres, y compris le premier ministre Brian Mulroney, ont signé une entente appelée l'accord du lac Meech afin de faire adhérer le Québec à la Constitution et de le déclarer comme société distincte. Cet accord avait besoin de l'approbation de tous les gouvernements provinciaux dans les trois années suivant sa signature. Ça ne s'arrête pas là.
Le 23 juin 1990, l'accord du lac Meech a abouti à un échec parce que les législateurs du Manitoba et de Terre-Neuve n'ont pas voulu le ratifier. Cet accord est mort le jour même où l'ancien premier ministre Jean Chrétien a été élu chef du Parti libéral du Canada.
Le 28 août 1992, le jour de mon anniversaire de mariage, le premier ministre Mulroney et les premiers ministres provinciaux ont signé l'accord de Charlottetown. C'était un autre ensemble de modifications constitutionnelles qui consistaient à reconnaître le Québec comme société distincte.
Si nous voulons avoir un débat, discutons de ce qui constitue une société distincte et je pense que nous entendrons une bonne partie des mêmes arguments auxquels nous avons eu droit dans le cadre de ce débat depuis vendredi dernier.
Le 26 octobre 1992, l'accord de Charlottetown est mort après que cinq provinces, dont le Québec, l'ont rejeté. L'accord avait été approuvé de justesse en Ontario, dans une proportion de 50.1 p. 100 contre 49.9 p. 100.
Le 30 octobre 1995, les Québécois ont une fois de plus rejeté la souveraineté, dans une proportion de 50.6 p. 100 contre 49.4 p. 100. Le premier ministre Jacques Parizeau avait alors attribué cette défaite à l'argent et au vote ethnique.
Il y a beaucoup d'autres faits historiques dont il faut tenir compte dans ce débat. Les discussions qui ont eu lieu dans cette enceinte au fil des ans font également partie de notre histoire.
Le 15 mars 2000, la Chambre des communes a adopté la Loi de clarification, qui énonce des règles strictes pour la tenue de tous référendums futurs au Québec. La loi comporte notamment une disposition garantissant la clarté des questions sur la souveraineté. L'héritage de l'ancien premier ministre Jean Chrétien peu être défini de nombreuses façons et par de nombreuses réalisations, mais j'estime que l'adoption de la Loi de clarification par le Parlement du Canada a probablement été l'événement le plus important à survenir pendant sa direction du pays.
Beaucoup des députés des deux camps dans ce débat ont soulevé des questions intéressantes. Quel autre endroit convient mieux que le Parlement du Canada -- où nos discussions se tiennent devant la population du Canada et sont du domaine public -- pour débattre des subtilités et des nuances de ces questions, questions qui font l'objet de thèses de doctorat depuis au moins 30 ou 40 ans? Ce sont des questions qui ont été étudiées de manière approfondie.
En fin de compte, nous devons nous rappeler qui sont les députés du Bloc québécois et ce qu'ils représentent. C'est fondamentalement ce à quoi se résume le débat pour moi. Le Bloc a présenté une motion à la Chambre lors d'une journée de l'opposition, qui déclare essentiellement que les Québécoises et les Québécois forment une nation. Certains changements ont été apportés à la motion, et nous avons discuté de l'opportunité d'y ajouter les mots « actuellement au sein d'un Canada uni. ». Nous avons émis des réserves, mais le chef du Bloc nous a assuré que la motion n'était pas partisane.
Comme nous le savons, le gouvernement a présenté sa propre motion, selon laquelle « les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni ». Le chef du Bloc québécois a affirmé au Parlement et devant les Canadiens que cette motion était partisane.
Cependant, lorsque j'affirme que nous débattons de cette question dans le contexte d'un Canada uni, je n'émets pas une opinion partisane. C'est un fait et il ne faut pas l'oublier. Il ne faut pas non plus oublier pourquoi le Bloc est ici.
Les députés du Bloc sont ici, essentiellement, pour s'opposer à tout ce qui favorise, protège ou défend l'unité canadienne. Ils veulent démanteler notre pays. Ils veulent que le Québec ne fasse plus partie du Canada. Les députés du Bloc ont été élu selon les règles qui régissent les élections à l'échelle du pays. Ils ont le droit d'être ici. Je regrette qu'ils le soient, mais ils ont le droit d'être ici et de défendre leur position. Nous savons que quand ils votent, ils le font en fonction de ce qui améliorera les conditions ou les circonstances propres au Québec. Ils s'opposent à tout ce qui pourrait possiblement empiéter sur les champs de compétence provinciaux. Ils s'opposeraient certainement à tout ce qui n'est pas dans l'intérêt du Québec. Nous le savons. Nous savons pourquoi ils sont ici.
Nous savons aussi pourquoi les députés du Bloc ont soulevé cette question à la Chambre des communes. C'est parce qu'ils ont vu une occasion de tenter d'améliorer les chances du Bloc québécois aux prochaines élections fédérales. C'était une décision politique. C'était une décision partisane. Ils ont décidé de se prévaloir des droits et des privilèges des députés de la Chambre pour se rapprocher de leur objectif, c'est-à-dire séparer le Québec du Canada. Voilà pourquoi le Bloc a présenté cette motion. Tous les députés le savent. Les députés fédéralistes, eux, veillent à ce que cela ne se produise jamais.
L'une de nos responsabilités est de défendre la Constitution, de défendre le pays et de défendre ses habitants sur l'ensemble du territoire. Le Bloc parle souvent du Québec en tant qu'entité distincte du reste du Canada, mais à la Chambre, le Québec fait partie du Canada. Il fait partie du Canada tel que je l'entends et je suis ici pour le défendre et pour protéger l'unité du pays.
Permettez-moi de rappeler aux députés ce qui a été dit à la Chambre lorsque la motion du gouvernement a été présentée. La motion, comme les députés le savent, est libellée ainsi:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
Je souligne le mot « reconnaisse ».
Malheureusement, cette motion est trop simple. Beaucoup d'éléments sont omis. Elle laisse la porte ouverte à de multiples interprétations du mot « reconnaisse », et plusieurs députés nous ont fait part de leur propre interprétation. Le député de a posé des questions sur la signification du mot « nation ». Dans cette motion, je sais exactement ce que veut dire « au sein d'un Canada uni ». C'est cette notion d'unité canadienne qu'appuieront les députés libéraux qui voteront en faveur de la motion.
Le a déclaré:
Monsieur le Président, la véritable intention de la motion du chef du Bloc et du camp souverainiste est parfaitement claire. Ce n'est pas de faire reconnaître ce que sont les Québécoises et les Québécois, mais ce que les souverainistes voudraient qu'ils soient.
C'est on ne peut plus clair. Cette motion nous rappellent pourquoi les députés du Bloc québécois sont ici. Ils sont ici pour faire éclater notre pays.
Le a aussi dit que « [...] si on reconnaît que les Québécois forment une nation, il faut voter oui lors d'un référendum sur la séparation », selon le Bloc. C'est ce que les bloquistes veulent nous faire croire, car c'est ce qu'ils nous disent.
Le Bloc a abandonné sa propre motion et va maintenant appuyer la motion du gouvernement, car il voit une façon de la détourner à son avantage, comme certains l'ont fait pendant le débat d'aujourd'hui et de vendredi dernier. Le Bloc peut parler de nation sans se soucier de la précision « au sein d'un Canada uni », car le Parlement du Canada reconnaît que le Québec constitue une nation.
Par contre, ce n'est pas au Parlement du Canada de déterminer si le Québec est une nation. C'est la province qui doit le faire. Et la province l'a fait, à l'unanimité. Tous les députés de l'Assemblée nationale, séparatistes et fédéralistes, ont été d'accord. Le Québec est une nation. Ils ont compris.
Le député de comme nous tous n'avons qu'à lire les comptes rendus des débats entourant la motion établissant que le Québec est une nation pour constater que la définition de « nation » a été débattue à l'Assemblée nationale. Si le député veut une réponse, il en aura une. Il n'a qu'à lire les comptes rendus. Il verra qu'on a reconnu le caractère distinct, la langue, la culture, l'identité et le Code civil du Québec.
On peut parler du Québec, mais il y a aussi les Métis, les Acadiens et les Premières nations. Je pourrais en parler et nous pourrions présenter des motions visant à reconnaître les Métis, les Acadiens et les Premières nations. Cela soulèverait-il autant la colère des députés du Parlement? Je ne crois pas, mais je sais pourquoi cette motion a soulevé la colère de certains députés qui s'inquiètent à bon droit du sens de ces mots et qui ont peur des conséquences que pourrait entraîner l'adoption de cette motion.
Il n'y a qu'à remonter dans l'histoire pour constater que cela pose une menace pour le pays. J'ai suivi les résultats du référendum à la télé. Je me rappelle de la réaction des Canadiens devant ces résultats aussi serrés. Ils avaient peur parce qu'il s'en était fallu de peu pour que nous perdions le pays. Ils étaient blessés de voir que nous étions passés à un cheveu près d'une réalité que nous ne comprenions pas. Ils ne comprenaient pas, mais ils savaient qu'ils ne voulaient plus jamais vivre une telle panique.
Le Parlement, je crois, de même que tous les députés fédéralistes du Parlement depuis ce temps et, j'ose l'espérer, ceux à venir, continueront de venir ici dans le but de protéger et de défendre un Canada uni, de parler en sa faveur et de ne manquer aucune occasion en ces murs de rappeler au Bloc que nous sommes ici pour protéger le Canada.
Le a ajouté:
Les Québécois savent qui ils sont. Ils savent qu'ils ont participé à la fondation du Canada, à son développement et à sa grandeur. Ils savent qu'ils ont préservé leur langue et leur culture unique, et qu'ils ont fait progresser leurs valeurs et leurs intérêts au sein du Canada. La vraie question est simple: les Québécoises et les Québécois forment-ils une nation au sein d'un Canada uni? La réponse est oui. Les Québécois et les Québécoises forment-ils une nation indépendante du Canada? La réponse est non, et elle sera toujours non.
Les députés de cette Chambre doivent répéter ceci, encore et encore, à leurs électeurs, au Bloc et aux médias. Si nous sommes ici pour protéger le Canada, alors nous devons nous tenir debout et le défendre dès que l'occasion se présente.
Je suis désolé, mais j'ai l'impression que certains députés ont peur quand vient le temps d'aborder ce sujet. Oui, c'est un sujet délicat, mais c'est l'endroit pour en parler. Si nous ne sommes pas prêts à défendre notre pays en ces murs, si nous ne sommes pas prêts à rappeler aux Canadiens que nous sommes ici pour nous opposer aux députés du Bloc québécois qui veulent diviser ce pays, alors nous ne devrions pas être ici. Nous sommes venus ici pour défendre l'unité canadienne et pour faire du Canada un pays encore meilleur.
L'objet de la motion est clair pour tous les députés fédéralistes. Il fallait que nous prenions position sur cette question. Dans cette enceinte, les députés se sont ensemble levés à la fin du discours du et ils ont dit que nous allions appuyer cette motion car son objectif premier est de rappeler aux Canadiens que nous sommes ici pour nous battre. Cette motion doit rappeler aux Canadiens que nous dirons non au Bloc. Nous allons dire oui au Québec au sein d'un Canada uni parce que nous aimons tous les coins de notre pays, de l'Atlantique au Pacifique en passant par l'Arctique, y compris le Québec. Quand le Bloc voudra dire le contraire, je prendrai la parole pour m'y opposer.
Je demande à tous les députés, chaque fois qu'ils verront l'occasion, chaque fois qu'ils ressentiront cette menace, chaque fois qu'ils s'apercevront que les séparatistes se préparent à revenir sur cette question, de se lever, de prendre la parole et de leur dire non. Ils doivent dire aux séparatistes que le Canada est uni, que c'est le meilleur pays du monde et que nous avons l'intention de préserver son intégrité.
J'ai parlé de la Loi de clarification, qui est une loi importante. Je crois qu'elle nous évitera les problèmes auxquels nous avons été confrontés à l'occasion des précédents référendums. Il y aura un autre référendum. Nous ne devons plus jamais être effrayés de parler du Québec. Ne montrons dorénavant aucune réticence à débattre de cette question. Nous devons en parler chaque fois qu'elle est soulevée. Nous devons réaffirmer notre engagement envers le Canada et le Québec, réaffirmer l'engagement que nous avons pris en venant dans cet endroit et en prêtant serment de siéger ici et de protéger le Canada. Ce qui importe c'est la protection du Canada. Il importe d'en faire un meilleur endroit, non seulement pour nous, mais aussi pour les générations futures.
:
Monsieur le Président, permettez-moi tout d'abord de souligner à quel point je suis fière, aujourd'hui, en tant que Québécoise — et je dis bien: en tant que Québécoise —, de pouvoir exposer mes vues sur la motion du gouvernement voulant que cette Chambre reconnaisse que les Québécois et Québécoises forment une nation au sein d'un Canada uni, un fait trop longtemps nié. Je dois dire que c'est un grand jour pour tous les Québécois et Québécoises de cette Chambre.
Malheureusement, le débat d'aujourd'hui a été nourri depuis longtemps par des acteurs politiques à des fins discutables. D'ailleurs, les faits sont clairs: le Canada est une fédération qui fonctionne et ce fonctionnement est le résultat de notre héritage, celui d'un pays décentralisé, d'une fédération qui reconnaît les particularités et les différences de nos partenaires provinciaux et territoriaux.
Toutes les régions et toutes les provinces ont tiré avantage des qualités décentralisatrices de la fédération canadienne. Ces qualités ont plus généralement contribué à l'épanouissement de l'ensemble des Canadiens et Canadiennes et des Québécois et Québécoises.
Notre première mise à jour économique et financière en fait la preuve: l'économie est vigoureuse, les dépenses du gouvernement sont ciblées, notre dette a diminué et les taxes et les impôts sont à la baisse.
Je suis fière de participer à la discussion d'aujourd'hui et de profiter de cette occasion pour encore une fois rappeler au Bloc québécois qu'il a tort de dépeindre la fédération canadienne comme une camisole de force qui nuirait à l'épanouissement du Québec.
Il va de soi que les Québécois et Québécoises vivent et s'épanouissent dans une province qui a sa propre différence, permettant à une majorité de francophones de s'affirmer et de faire respecter son identité exceptionnelle. Il va aussi de soi que cette société si riche et particulière admet la présence et l'épanouissement du « multiethnisme » et de l'identité plurielle. Quelle réussite!
Je voudrais dire aussi que je vais partager mon temps avec mon copain de .
Les Québécois sont canadiens et ils n'ont pas à choisir entre deux identités. Ils ont les deux à la fois. Je suis québécoise et je suis canadienne et fière de l'être.
Si l'on entre dans la logique du Bloc québécois, nous parvenons à des conclusions qui me troublent. Si l'on adhère au credo du Bloc québécois, on rejette tous les acquis qui font du Canada une fédération décentralisée et fondée sur le respect des différences, comme elle fut établie en 1867. Si l'on partage les idées du Bloc, on admet aussi que, depuis ce temps, la qualité exceptionnelle de la langue, de la culture et des institutions des Québécois et Québécoises n'a jamais trouvé sa place dans un système fédéral. Rien n'est plus faux. Cela revient en somme à avancer que le respect des différences et le respect de l'esprit du fédéralisme sont des chimères et n'ont rien à voir avec l'évolution du Canada et avec l'épanouissement des Québécois et Québécoises. C'est faux. L'histoire nous a démontré tout le contraire.
Les Québécois et Québécoises se distinguent par une histoire d'une grande richesse et par une volonté constamment réaffirmée, chez des générations de femmes et d'hommes, de promouvoir et de défendre leurs droits et de préserver leur héritage culturel et linguistique. Nous y avons réussi avec brio.
Il faut dire le contraire? Non. Les Québécois et Québécoises appartiennent aussi à une collectivité qui est pourvue d'instruments efficaces de développement favorisant le progrès et la prospérité. Il faudrait dire le contraire? Absolument pas.
Rappelons les propos de M. Landry, qui admettait lui-même que les Québécois et Québécoises avaient atteint un développement et un épanouissement notables, car ils disposaient d'atouts juridiques et financiers.
Je suis convaincue que c'est précisément le régime fédéral canadien qui a permis l'essor et l'épanouissement de la différence des Québécois et Québécoises, de leur richesse culturelle, linguistique et institutionnelle. Notre fédération est d'une grande flexibilité et d'une grande souplesse. Ne nions pas les acquis de notre histoire et de nos traditions.
Ne réfutons pas les intentions des fondateurs de la fédération canadienne. Ils étaient conscients de la nécessité de reconnaître la diversité, les différences, les particularités de l'ensemble des partenaires de la fédération. Cette intention, nous la devons à la présence même des Québécois et des Québécoises ici même en cette Chambre.
Les Québécois et Québécoises ont participé pleinement à la création du Canada et y ont adhéré parce qu'ils savaient que leur différences et leurs particularités y seraient respectées. Or, il se trouve que cette flexibilité, qui est le propre d'une fédération, a non seulement servi les Québécoises et les Québécois, mais elle a aussi servi l'ensemble du Canada car toutes les provinces, tous les territoires, toutes les régions ont pu en bénéficier et contribuer, par son intermédiaire, à l'épanouissement de leurs populations.
Dans un cadre fédéral, les Québécoises et les Québécois ont pu assurer leur développement économique et affirmer leur spécificité. Cet épanouissement ne s'est pas limité à leur territoire, mais il s'est propagé à l'ensemble du globe par le rayonnement d'une culture unique qui a su se faire reconnaître et se faire respecter dans le monde entier.
En effet, comment est-il possible de ne pas évoluer au gré des circonstances et des nombreux changements qui s'imposent? Comment ne pas reconnaître l'importance de l'apparition de nouveaux enjeux qui risquent d'affecter la qualité de vie et le bien-être des Canadiens et Canadiennes et des Québécois et Québécoises, enjeux auxquels nous devons répondre dans un monde global de plus en plus capté par la vitesse?
Cette évolution s'articule dans la notion de fédéralisme d'ouverture. On a déjà vu des applications de cette nouvelle approche, basée sur le respect des différences et de l'esprit du fédéralisme, comme le voulaient les fondateurs du Canada. Que l'on tienne compte, par exemple, de la participation pleine et entière du Québec au sein de la délégation canadienne à l'UNESCO; de l'objectif que nous nous sommes fixés de rétablir l'équilibre fiscal; et de notre volonté de clarifier les rôles et les responsabilités des différents ordres de gouvernement.
Par cette notion de fédéralisme d'ouverture, nous avons voulu assurer que notre héritage serait conservé et perpétué. Par l'adhésion au fédéralisme d'ouverture, nous avons tenu et nous tenons toujours à assurer que l'esprit du fédéralisme demeure; qu'il continue de se fonder sur la décentralisation, qui est son essence même; et que, de ce fait, le plein épanouissement des Québécois et Québécoises et des Canadiennes et Canadiens soit assuré.
Si, avec raison, les Québécois et Québécoises, en grande majorité, sont fiers de leur identité québécoise, il le sont aussi de leur identité canadienne. Cependant, ce qu'ils veulent avant tout, au même titre que la majorité des Canadiens et Canadiennes, c'est que leurs gouvernements agissent dans l'intérêt commun de tous nos concitoyens et concitoyennes et qu'ils acceptent de mettre en place un véritable partenariat dans l'ensemble du pays, un partenariat fondé sur la solidarité et le respect de notre diversité. Le fonctionnement harmonieux du Canada repose sur la consultation et la collaboration de tous les ordres de gouvernement.
Notre gouvernement se montre pleinement conscient du rôle que les Québécois et les Québécoises ont joué dans l'édification de notre pays. De toute évidence, ils continuent de jouer un rôle crucial au sein de la fédération canadienne.
Le 23 janvier dernier, les Québécois de la grande région de Québec ont compris. Ils ont « changé pour vrai », changé pour avancer, changer pour bâtir, changer pour unir et surtout, changer pour de vrais résultats. Ces résultats ont fait que 10 élus québécois veulent bâtir et non diviser. Ils veulent bâtir pour mieux grandir, grandir au sein de ce beau pays qu'est notre Canada, issu d'une magnifique province qu'est la province de Québec.
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Monsieur le Président, le débat auquel j'ai le plaisir de prendre part comporte, à bien des égards, une dimension historique, et c'est avec fierté que j'appuie cette motion qui se lit comme suit:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
Je voudrais d'abord répondre à ceux qui voient dans cette motion un geste de peu d'importance. Aux yeux des Québécois et des Québécoises, la volonté politique dont a su faire preuve le dans le cadre de ce débat n'a rien d'insignifiant. Au contraire, ils y voient la reconnaissance de ce qu'ils sont et de la place unique qu'ils occupent au sein de la collectivité canadienne, je devrais même dire de la place qu'ils occupent au sein d'un continent dont l'appartenance linguistique diffère de celle de la majorité des Québécois et des Québécoises.
Il y a des journées qui marquent la vie d'un pays, des journées qui ont une signification toute spéciale et que l'Histoire retient de façon particulière. Nous vivons aujourd'hui une telle journée. Il ne s'agit pas ici, seulement, de la reconnaissance de la spécificité des Québécois et des Québécoises, il s'agit aussi d'une autre preuve que le fédéralisme canadien est capable d'évoluer, de faire preuve de souplesse et de reconnaître la différence qui distingue une portion importante de la population du Canada.
Cette reconnaissance ne résulte pas de la crainte. Elle se veut le constat d'un fait que personne ne peut nier. Au cours des derniers mois, pour ne pas dire des dernières années, il a été maintes fois fait mention de la spécificité du Québec et de ce qui la compose. Il n'est donc pas nécessaire de revenir sur ce point. Cependant, j'aimerais insister sur le rôle des Québécois et des Québécoises dans l'édification de notre pays. Leur reconnaissance comme nation dans un pays uni qui s'appelle le Canada me semble un moment privilégié pour le rappeler. Les Québécois et les Québécoises sont profondément attachés au Canada. Ils comprennent notre besoin mutuel de rester unis et de travailler ensemble au progrès d'un pays fait de tolérance, de compassion et de coopération.
L'histoire canadienne témoigne de cette réussite et de la part fondamentale prise par le Québec à cette entreprise d'édification. Le rôle des Québécois et des Québécoises, comme des autres Canadiens, consiste à en assumer la continuité. Ce pays doit rester uni pour ceux et celles qui nous suivrons et qui voudrons hériter d'un pays fort et prospère. La reconnaissance que les Québécoises et les Québécois forment une nation ne vient pas miner cette unité si essentielle au mieux-être du pays. Au contraire, elle envoie un message clair aux Québécois que leur histoire, leur culture, leur appartenance linguistique et bon nombre de leurs institutions sont prises en compte lorsque vient le temps d'esquisser un portrait d'un pays riche de sa diversité qui s'appelle le Canada.
La fierté qu'éprouvent les Québécois à se savoir Québécois n'a jamais réduit celle qu'ils ressentent à être Canadiens et n'a jamais réduit en rien leur profond attachement à l'égard de leur pays. Ce sentiment d'appartenance, à la fois au Québec et au Canada, n'a jamais empêché les Québécois et les Québécoises de s'épanouir et de se développer en tant que nation au sein du Canada. On le voit à l'évidence lors d'une journée comme celle-ci, qui procure aux Québécois et aux Québécoises une occasion privilégiée de réaffirmer leur attachement au Québec comme au Canada. Cela a maintes fois été rappelé dans le cours de ce débat: le Canada n'a jamais été un obstacle à la réalisation pleine et entière des Québécois et des Québécoises; au contraire, c'est un atout. Et le système fédéraliste canadien est pour le Québec un système indispensable à son épanouissement.
Le Québec possède déjà tous les pouvoirs nécessaires à la sauvegarde de sa spécificité, ainsi qu'à la protection de la langue française et à la promotion de sa culture. Le Québec possède ses propres lois linguistiques qui garantissent l'usage du français dans l'affichage public, qui en font la langue du travail et qui font en sorte qu'une très grande majorité des jeunes Québécois et Québécoises fréquentent une école française.
Le Québec a son propre ministère de la Culture, de même que son propre réseau de télévision publique, Télé-Québec. De plus, grâce à des accords passés avec le gouvernement fédéral, le Québec sélectionne et accueille ses immigrants. Il siège au Sommet de la Francophonie à titre de gouvernement participant et au sein de la délégation canadienne à l'UNESCO. Il peut conclure des ententes internationales dans les domaines culturels et scientifiques. Par le biais de ses délégations à l'étranger, il peut promouvoir la culture québécoise sur la scène internationale.
La spécificité du Québec est déjà reconnue en ce qui a trait, par exemple, au Code civil et aux nombreuses ententes conclues avec le gouvernement fédéral au fil des ans relativement à la fiscalité, les pensions, l'immigration — comme je le disais plus tôt —, le développement régional, les prêts étudiants, les allocations familiales et la politique étrangère.
Il ne me semble pas exagéré de dire que le gouvernement fédéral a grandement contribué à la défense, à la promotion et au rayonnement de la langue et de la culture française au pays, et qu'il continue de le faire. Par le biais des institutions fédérales, les Québécois occupent une place sur les plans national et international, jouent un rôle et exercent une influence qui est la meilleure garantie de protection du français et de la culture des Québécois. D'autre part, il est aussi incontestable que le Québec apporte au Canada une contribution particulièrement manifeste sur le plan culturel. Par sa spécificité et son soutien des francophones des autres provinces, le Québec constitue un élément clé de la diversité canadienne.
On n'a qu'à se pencher sur l'histoire du Québec pour constater que les Québécois et les Québécoises retirent de la fédération canadienne des bienfaits qui leur permettent de vivre leur spécificité, de se réaliser pleinement et d'apporter une contribution des plus riches à la construction d'un pays qui fait l'envie du monde. Cette intégration ne s'est pas faite au dépend de l'un ou de l'autre. Chacun en bénéficie.
C'est au sein du Canada que les Québécois et les Québécoises veulent relever les défis auxquels ils ont à faire face. C'est sur cette base que repose la politique de notre gouvernement, résumée par cette formule: le fédéralisme d'ouverture.
Nous voulons améliorer le fonctionnement de notre fédération. Nous voulons travailler ensemble à la promotion des valeurs fondamentales canadiennes que sont la liberté, la démocratie, la primauté du droit et le respect des droits de la personne. Ces valeurs se veulent unificatrices, et les Québécois et les Québécoises les partagent au même titre que les autres Canadiens.
Nous avons entrepris de remettre de l'ordre dans le gouvernement et de réduire les taxes et les impôts. À cet égard, on ne m'en voudra certainement pas d'évoquer la publication toute récente du plan économique et stratégique Avantage Canada, qui se propose de bâtir une économie forte pour tous les Canadiens, un plan nécessaire à l'amélioration de notre qualité de vie et à notre réussite sur la scène mondiale, et qui se fonde sur ces quatre principes fondamentaux: cibler l'action du gouvernement; créer de nouvelles possibilités et des choix pour les gens; investir en vue d'une croissance durable; créer un climat favorable à la croissance et à la réussite des entreprises. Notre gouvernement souhaite que ces principes façonnent la politique publique, aujourd'hui et pour les générations à venir, et qu'ils permettront de faire du Canada un chef de file dans un monde en constante mutation.
Ces objectifs, les Québécois les partagent et souscrivent à leur réalisation.
Je conclus donc en disant que le Canada du XXIe siècle doit absolument avoir le Québec en son sein.
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Monsieur le Président, je saisis l'occasion qui m'est offerte de parler des bénéfices dont jouissent les Québécois en continuant de jouer le rôle légitime qui leur revient au coeur du vaste pays qu'ils ont aidé à édifier, au coeur du Canada.
Nous continuons de réaliser la réussite économique du Canada et elle bénéficie tant aux Québécois qu'aux autres Canadiens. Les fédérations comme le Canada servent non seulement à protéger et à promouvoir le pluralisme et à permettre la coexistence harmonieuse des nations, mais elles offrent aussi des bénéfices concrets à tous leurs membres.
L'union politique et économique du Canada engendre des bénéfices qui sont parmi les plus concrets. Le plan intitulé Avantage Canada que le gouvernement a présenté au Parlement la semaine dernière met cela en lumière de façon convaincante. Avantage Canada est un plan à long terme qui créera des conditions économiques propices aux Québécois et aux autres Canadiens.
[Français]
Lorsque des événements ailleurs dans le monde viennent bousculer l'activité économique, notre économie forte, solide et intégrée présente un énorme avantage. Dans les temps difficiles, il est toujours bon de pouvoir compter sur l'entraide dont peuvent faire preuve les Canadiens de toutes les régions.
Cela est particulièrement vrai aujourd'hui, avec la mondialisation et les nouvelles règles de l'économie internationale qui évoluent rapidement.
[Traduction]
Le nouveau contexte mondial fait que les pays sont avantagés lorsqu'ils réussissent à atteindre un certain niveau d'intégration économique qui protège et stimule leur prospérité. L'intégration économique n'est plus un concept vague dont seuls les économistes parlent. Elle est maintenant une réalité. Notre économie est mondiale. Les avantages de l'intégration économique ont été clairement démontrés et les pays qui tirent les enseignements qu'il faut de la situation en retirent les fruits de la prospérité. Le Canada est un de ces pays.
La semaine dernière, le gouvernement a présenté un plan intitulé Avantage Canada. Ce plan s'appuie sur les atouts du Canada et vise à nous faire acquérir un avantage concurrentiel mondial. Nous sommes une superpuissance en émergence dans le domaine de l'énergie et nous prenons des mesures concrètes pour améliorer notre bilan environnemental. Notre plan économique renforce un Canada déjà fort en en faisant un pays qui compte parmi les grands acteurs économiques dans le monde.
La politique économique n'est pas une fin en soi, mais plutôt le moyen d'élargir l'éventail des choix offerts à tous les membres de notre fédération, y compris les choix visant à améliorer notre qualité de vie. Ces choix sont faits par les Canadiens eux-mêmes, individuellement. Ils sont faits par les grandes collectivités qui ont des intérêts communs et la même identité nationale, ce qui inclus les Québécois, et ils sont faits aussi par les autorités fédérales, municipales et locales.
[Français]
Les Québécois et les autres Canadiens partagent depuis longtemps les mêmes valeurs de base, c'est-à-dire le partage entre les régions, l'engagement universel d'offrir les meilleurs services publics possible et le respect pour la diversité, l'innovation et l'autonomie dans tout le pays.
De plus, pour les Québécois et les autres Canadiens, il est particulièrement important de vivre dans un pays sain, sûr et prospère.
[Traduction]
Le Canada peut servir de modèle pour montrer comment un pays peut renforcer les atouts de ses parties constituantes pour parvenir à un tout beaucoup plus solide économiquement et capable de parler d'une voix plus forte sur les tribunes économiques internationales que ne pourraient le faire chacune de ces parties constituantes.
Cependant, nous ne devons pas oublier que le Canada n'est pas le premier pays où l'établissement de liens économiques et politiques forts a conduit à la prospérité économique. Il n'est pas non plus le seul au monde à le faire en ce moment. Tout au long de l'histoire, nous avons vu des pays qui ont connu la prospérité en regroupant en un tout les intérêts économiques de leurs diverses constituantes. La Grande-Bretagne en est un très bon exemple. La Grande-Bretagne était et est encore aujourd'hui une union de nations.
Sir John A. Macdonald, le premier premier ministre du Canada et, avec George-Étienne Cartier, un des principaux architectes de notre confédération politique et aussi de l'union économique canadienne, se considérait comme un Écossais et comme un membre d'une nation plus large, soit la Grande-Bretagne, et il se voyait aussi comme un Canadien.
Sir John A. Macdonald en connaissait un chapitre sur les nations. Il n'avait pas non plus peur des mots. À une occasion, parlant du peuple québécois, il avait déclaré:
Traitez-les en faction et ils seront factieux. Traitez-les en nation et ils réagiront comme une nation.
Comme de nombreux Écossais tout au long de l'histoire de la Grande-Bretagne aussi bien que du Canada, des membres de la nation québécoise ont contribué de façon très importante au développement économique du Canada. Reconnaître que les Québécois constituent une nation, c'est simplement reconnaître ce qu'ils sont et reconnaître le rôle historique qu'ils ont joué et continuent de jouer pour élargir les possibilités économiques du Canada.
Les exemples de nations tissant des liens économiques encore plus serrés dans le cadre d'institutions politiques communes ne se limitent pas au passé non plus. Il suffit de penser à la situation actuelle de la Catalogne au sein de l'Espagne ou à l'Inde d'aujourd'hui. Ce sont là des exemples de réussites de pays et de nations qui prospèrent au sein d'institutions politiques unifiées.
Quelle position l'économie canadienne occupe-t-elle parmi tout cela? Selon l'OCDE, l'économie du Canada est l'une des plus vigoureuses parmi celles de ses membres. De l'avis de l'OCDE, le Canada est devenu progressivement l'une des économies les plus ouvertes au monde.
Comme le l'a déclaré la semaine dernière dans sa mise à jour économique et financière, l'économie du Canada est celle qui connaît la plus forte croissance au sein du G7. Un plus grand nombre d'emplois ont été créés au Canada que dans tous les pays du G7 au cours de la dernière décennie. En fait, notre situation financière est meilleure que celle de tous les autres pays du G7.
Selon de récentes consultations publiques et études d'experts faites sur commande et portant sur le marché interne du Canada, celui-ci réussit à réaliser son intégration économique aussi bien que l'Australie et mieux que l'Union européenne, qui ont entrepris des efforts semblables de réforme de leur union économique.
Les bénéfices de grouper nos avantages économiques dans un Canada uni sont plus pertinents aujourd'hui que jamais, en raison du marché mondial et d'un monde instable. Sur les diverses tribunes internationales qui sont de plus en plus importantes pour notre prospérité économique, il est plus que jamais capital de parler d'une voix forte et unie.
Après tout, il y a une énorme différence entre avoir le droit de parler et disposer du pouvoir de se faire entendre.
[Français]
Selon moi, les Québécois tirent un grand avantage de faire partie de la voix canadienne et, par conséquent, ils sont mieux entendus. Il est certain que tous les Canadiens tirent également un grand avantage du fait que la voix des Québécois se joigne à celle des autres Canadiens pour parler au nom du Canada sur la scène internationale.
[Traduction]
C'est en nous unissant que nous pouvons le mieux faire avancer les intérêts et les valeurs que nous partageons. Comme l'histoire l'a montré, un pays fort et uni offre aux sociétés et aux économies les meilleures chances de s'épanouir. Songeons au fait que notre économie est profondément intégrée. Songeons au fait que nos voix sont beaucoup plus fortes lorsque nous nous faisons entendre tous ensemble. C'est ce qui permet à l'ensemble du Canada de demeurer à l'avant-scène de l'économie mondiale.
J'ai eu l'immense privilège, au cours de ma vie et de ma carrière professionnelle, de séjourner dans toutes les régions du Canada, et je les aime toutes. J'ai passé beaucoup de temps au Québec et j'adore toutes les régions du Québec. J'ai beaucoup aimé ses habitants, la langue, la cuisine et la culture. J'ai d'excellents amis qui viennent du Québec. Comme j'ai été dans l'aviation pendant 30 ans, j'ai noué d'étroites relations avec mes camarades d'escadron ou mes camarades de l'armée et de la marine qui venaient du Québec. Ils éprouvaient un grand amour et un profond attachement pour le Canada, des sentiments qui étaient beaucoup plus forts que ceux qu'ils pouvaient éprouver pour une province en particulier, que ce soit le Québec, l'Alberta ou le Manitoba, ma province d'origine.
Il s'agissait d'abord et avant tout d'un attachement pour le Canada. Ils conservaient leurs racines québécoises, leur langue, leur culture et la joie de vivre du Québec dans laquelle je me plonge chaque fois que j'en ai l'occasion. La semaine prochaine, ma femme et moi irons à Québec pour célébrer notre 38e anniversaire de mariage, et je ne peux songer à un meilleur endroit où le célébrer qu'à Québec, sur les rives du fleuve Saint-Laurent, un lieu hautement historique, un des endroits où le Canada a vu le jour. Je serai très fier de le faire. Nous allons avoir beaucoup de plaisir. Nous allons laisser beaucoup d'argent dans l'économie du Québec.
Cela revient en fin de compte à une question de foi. Un de mes collègues a parlé d'amour et de respect. J'aime et je respecte le Québec. J'aime et je respecte les Québécois. Mon Canada comprend le Québec et comprendra toujours le Québec. J'ai foi dans les gens du Québec. J'ai foi dans les Canadiens. Il est temps, ce soir, que nous soumettions cette foi à un vote et que nous la manifestions. J'invite les députés de tous les partis, y compris ceux du Bloc, à mettre leur foi dans le Canada, à mettre leur foi en eux-mêmes et à mettre leur foi dans les gens qu'ils ont été élus pour représenter, et je leur demande d'appuyer la motion. Cessons une fois pour toutes de parler de briser le Canada. Parlons une fois pour toutes d'un Canada uni et passons à autre chose.