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Monsieur le Président, durant la première partie de mon discours, j'ai parlé de la grave question de l'équité fiscale pour les habitants du Nord. Comme je l'ai signalé, l'autre question que je voulais aborder dans cette discussion sur les questions touchant le Nord est la nécessité de changer la formule de financement des territoires du Nord. Un groupe d'experts nous a présenté un rapport à cet égard, et je venais à peine d'entamer mes remarques à ce sujet lorsque j'ai été interrompu vendredi.
Je vais simplement répéter que nous avons relevé quatre grands problèmes qui empêchent le Nord de réaliser son plein potentiel.
Premièrement, il faut établir une nouvelle relation fiscale avec le gouvernement fédéral, une relation qui tient compte des besoins des Territoires du Nord-Ouest. L'entente financière actuelle ne peut tout simplement pas être maintenue. Non seulement elle est inadéquate, mais, à bien des égards, elle n'incite pas les Territoires du Nord-Ouest à progresser.
Contrairement aux provinces et aux autres régions du pays, mon territoire est très contrôlé par cet auguste Parlement, qui joue un rôle énorme dans la gestion des affaires du Nord. En tant qu'habitant du Nord, j'ai protesté contre cela toute ma vie. À certains égards, j'ai parfois l'impression de n'être pas un véritable citoyen, en raison du lieu où je vis, mais ce sentiment est dû en partie à la façon dont le gouvernement du Canada traite les habitants du Nord.
Les citoyens du Nord espèrent tous que l'extraction et l'exploitation des ressources de leur territoire amélioreront les possibilités d'autodétermination des citoyens, cela ne fait aucun doute. Si l'on nous prend nos ressources et que cela ne change rien pour nous au bout du compte, ce sera une grande déception pour nous et un terrible échec pour le système canadien, qui doit reconnaître que nous sommes tous égaux et que nous avons tous les mêmes droits sur le plan politique.
Le gouvernement fédéral fournit environ 70 p. 100 des fonds du Territoires du Nord-Ouest, mais cela n'en fait pas un territoire riche, parce que le véritable propriétaire de ses grandes richesses est le gouvernement fédéral, et non les habitants. Les redevances, les ventes de terres et les impôts des sociétés représentent presque autant. Dans l'état actuel des choses, Ottawa reçoit presque autant d'argent des Territoires du Nord-Ouest qu'il ne leur en verse.
Un régime fiscal adéquat qui ferait que nos ressources seraient considérées au même titre que celles des provinces, dont les gouvernements perçoivent passablement plus de revenus de redevances, permettrait aux gens du Nord de se trouver en bien meilleure situation. Nous aurions une longueur d'avance.
Le gouvernement du Canada a choisi de subventionner les entreprises qui s'installent dans le Nord au lieu de nous permettre de percevoir des redevances et des impôts, ce qui pourrait faire la différence et nous permettre de passer au rang de province riche. J'emploie le mot province sciemment car, en réalité, nous sommes une province en devenir. Dans sa lettre aux Territoires du Nord-Ouest, le a écrit:
Le Parti conservateur du Canada admet absolument le principe que les habitants du Nord devraient être les premiers bénéficiaires des recettes générées par l'exploitation des ressources des Territoires du Nord-Ouest, comme c'est le cas dans d'autres régions du Canada. Nous admettons également qu'il serait logique, dans l'évolution politique des Territoires du Nord-Ouest, de leur transférer maintenant les pouvoirs ou les responsabilités du Canada sur les terres et ressources de la région.
Les gens du Nord aimeraient vraiment savoir quand ce projet se réalisera et comment l'on procédera. Si c'est là le mandat du gouvernement du Canada, le dira-t-il clairement à son nouvel émissaire, M. Harvie Andre?
En 2004-2005, les comptes publics révélaient que le gouvernement fédéral avait encaissé plus de 270 millions de dollars en redevances et en recettes tirées de l'exploitation des ressources dans les Territoires du Nord-Ouest, et ce montant augmente d'année en année. Il a d'ailleurs augmenté sensiblement l'an dernier. Les chiffres n'ont pas encore été publiés, mais c'est le cas parce que notre deuxième mine de diamants est maintenant en exploitation. Et ce chiffre n'inclut pas l'impôt des sociétés.
En comparaison, les comptes publics des Territoires du Nord-Ouest faisaient état d'un montant de seulement 3,5 millions de dollars en impôts perçus auprès des sociétés au cours de la même année. Cette situation est attribuable à un problème que nous éprouvons, comme toutes les autres provinces, ou toutes les régions politiques dans les Territoires du Nord-Ouest, à savoir que, si nous fixons un taux d'impôt sur les sociétés un peu plus élevé que les autres, toutes les entreprises vont évidemment produire leurs déclarations ailleurs.
Notre situation a fluctué au fil des années, parce que lorsque nous avions des excédents énormes, nous avons baissé notre taux d'imposition et tous ont suivi notre exemple, de sorte que l'on parvenait à un équilibre. Ensuite, nous avons augmenté notre taux et nous n'avons rien obtenu. C'est là un problème fondamental du régime fiscal au Canada sur lequel le gouvernement fédéral devrait se pencher. Il devrait y avoir une entente fédérale-provinciale sur l'impôt des sociétés, de façon à éviter ce genre d'échappatoire, ce genre de situation de concurrence qui enlève de l'argent aux provinces et aux régions.
Les gens qui vivent dans le Nord veulent simplement obtenir un traitement équitable de la part du Canada. Qu'il s'agisse de mesures d'imposition ou de financement de programmes et de services gouvernementaux, nous voulons en bénéficier et nous voulons bâtir notre territoire avec les ressources dont nous disposons. C'est ce que nous voulons pour les Canadiens dans l'avenir. J'espère qu'à l'avenir le gouvernement fera beaucoup mieux que ce budget relativement aux préoccupations et aux questions qui touchent les gens qui vivent dans le Nord. Des améliorations s'imposent.
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Monsieur le Président, je suis heureux de parler du projet de loi .
Le défi de n'importe quel gouvernement est de parvenir à un budget équilibré qui va assurer la productivité économique et la compétitivité et garantir que les gens auront de l'argent dans leurs poches. On doit essayer de parvenir à un équilibre entre la capacité d'avoir une économie dynamique et productive d'une part et les ressources nécessaires pour financer les programmes sociaux dont nous profitons d'autre part. De plus, veiller à ce que les contribuables aient le maximum d'argent dans leurs poches et à ce que les gouvernements ne gaspillent pas les deniers publics constitue le défi dans n'importe quel budget.
La question fondamentale relativement à ce budget est de savoir s'il respecte ce critère. Permet-il à notre pays d'avoir une économie productive et dynamique et fournit-il en même temps les ressources voulues pour nous permettre d'investir dans l'infrastructure dont nous avons besoin pour avoir une économie de ce genre? Nous donne-t-il les ressources nécessaires pour financer les programmes sociaux dont tous les Canadiens peuvent profiter? Je prétends que ce budget est un échec à tous ces titres. Je vais énumérer les raisons.
Si on examine le contexte mondial, on s'aperçoit que, à l'avenir, nous serons confrontés à une concurrence accrue de la part de géants comme l'Inde et la Chine. Ce sont des grandes puissances économiques qui le seront encore davantage avec le temps. Il nous incombe de changer, de modifier, d'improviser et de devenir plus dynamiques pour garder une longueur d'avance sur ces pays, sinon nous en subirons les conséquences.
À l'heure actuelle, le Canada est au huitième ou au neuvième rang dans le monde pour ce qui est de la productivité économique. C'est bien, mais nous pouvons faire mieux. Je vais vous décrire certaines des lacunes de ce projet de loi et proposer des solutions quant à la façon dont notre pays peut améliorer sa productivité, pour les raisons que j'ai mentionnées.
Le projet de loi renferme un certain nombre de mesures touchant l'impôt sur le revenu. Je vais en parler dans un instant. Je veux également dire que pour être utile, un budget équilibré doit notamment et surtout prévoir des dépenses responsables ainsi qu'une réduction de la dette et des impôts pour parvenir à un taux d'imposition compétitif sur la scène internationale. J'ai décrit les raisons pour lesquelles nous devrions faire cela.
Je voudrais également mentionner l'un des aspects les plus décevants de ce budget. Les Canadiens seront très intéressés et très déçus, selon moi, d'apprendre que ce budget du gouvernement actuel accroît le fardeau fiscal des membres les plus vulnérables de notre société, soit les pauvres et les membres de la classe moyenne inférieure.
Comment le fait-il? Le gouvernement a haussé le taux d'imposition le plus bas qui existe au Canada. Il a également réduit l'exemption personnelle de base. Le gouvernement soutient qu'il a établi un équilibre en réduisant la TPS, une taxe à la consommation, mais une telle taxe bénéficie-t-elle réellement à la classe moyenne et aux gagne-petits? Le fait de réduire une taxe à la consommation comme la TPS bénéficie principalement aux bien nantis, parce que, pour pouvoir bénéficier de la réduction, il faut dépenser. Plus on dépense, plus on bénéficie de cette réduction.
Les gens qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts ne dépensent pas tant. Par conséquent, ils n'en bénéficient pas autant. Lorsque le gouvernement vient chercher de l'argent dans les poches des Canadiens, ceux-ci ne sont pas tous affectés de la même façon. Par conséquent, je soutiens que la chose la plus intelligente que le gouvernement aurait pu faire pour assurer tant la productivité que l'équité aurait été de réduire les taux d'imposition les plus bas et d'augmenter l'exemption personnelle de base. Voilà des mesures qui mettent de l'argent dans les poches des Canadiens.
Il y a une raison pour laquelle ce budget est tellement particulier à certains égards, pourquoi il met l'accent sur certains avantages et n'offre pas de réductions d'impôts globales pour les particuliers, surtout les gagne-petits et les citoyens de la classe moyenne. C'est parce que ce budget est cynique. C'est un budget conçu pour s'attirer les bonnes grâces de l'électorat. Naturellement, c'est ce que veulent tous les partis politiques, mais il est irresponsable de le faire en procédant de façon irréfléchie au lieu de trouver des solutions axées sur les faits, la logique et les données scientifiques.
Le gouvernement et ce budget prévoient des mesures irresponsables parce que les solutions proposées visent, cyniquement, à obtenir la faveur des Canadiens et à mettre en avant des solutions aberrantes qui semblent bonnes mais qui ne sont pas très efficaces. J'ai donné l'exemple de la réduction de la TPS. En apparence, c'est une mesure emballante et judicieuse, mais à moins de dépenser énormément, ce qui veut dire qu'on est riche, cette réduction ne bénéficie pas vraiment à la majorité des Canadiens. En fait, les Canadiens à faible et à moyen revenu ont bien du mal à arriver par les temps qui courent. Il est irresponsable d'alourdir leur fardeau fiscal.
Le gouvernement a entre autres proposé dans ce projet de loi un crédit canadien pour emploi. À première vue, cela semble bien positif. On parle d'une somme de 1 000 $, mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que c'est un crédit d'impôt qui s'applique aux gens qui travaillent. Les chômeurs et tous ceux qui ont vraiment du mal à joindre les deux bouts, ceux qui sont les plus vulnérables, n'y ont pas droit. En fait, les gens qui travaillent et qui gagnent le salaire minimum ou pas beaucoup plus ne paient pas beaucoup d'impôt et un tel crédit d'impôt ne leur est pas d'une grande utilité. Il n'aide pas du tout les Canadiens les plus vulnérables.
Que pourrait-on faire de mieux? Plus tôt cette année, j'ai proposé l'adoption d'un supplément canadien pour les personnes à faible revenu et préparé un projet de loi d'initiative parlementaire dans ce sens qui sera déposé à la Chambre sous peu. Ce projet de loi prévoit le versement d'une somme de 2 000 $, libre d'impôt, à toute personne gagnant 20 000 $ ou moins. Ce montant serait graduellement réduit jusqu'à un revenu de 40 000 $.
Pourquoi? Parce que cela représente de l'argent comptant qui pourra servir à ceux qui en ont le plus besoin. Accorder un crédit d'impôt à des gens qui ne gagnent pas beaucoup d'argent est bien peu pertinent parce que ces gens ne paient pas d'impôt du tout, ou ils en paient si peu que cela ne compte pas vraiment. Lorsque nous « aidons » entre guillemets ceux qui ont des moyens modestes, nous leur donnons environ 50 $ par année.
De plus, mon projet de loi ne s'applique pas seulement aux travailleurs. Il touche aussi ceux qui ne travaillent pas et qui ont un revenu fixe. Nous connaissons tous par exemple des personnes âgées dans nos circonscriptions respectives qui ont des revenus fixes. Ces gens ont donné leur vie pour leur pays et ils n'ont aujourd'hui que bien peu d'argent pour vivre. Le montant de 2 000 $ prévu dans mon projet de loi représente de l'argent comptant, libre d'impôt, dont ils peuvent se servir comme bon leur semble. Cet argent les aidera à joindre les deux bouts et à se nourrir convenablement. Pour les plus jeunes, cette somme les aidera à élever leurs enfants. Pour les personnes plus âgées qui sont à la retraite, cet argent les aidera à payer les médicaments qui ne sont pas remboursés et à relever toutes sortes d'autres défis qui se présentent à eux tous les jours.
Le supplément pour les personnes à faible revenu que j'ai proposé plus tôt cette année est une mesure que le gouvernement devrait adopter. J'espère que les Canadiens qui nous écoutent exerceront des pressions sur le gouvernement dans ce sens afin que les gens les plus vulnérables de notre société puissent toucher cet argent dont ils ont besoin. C'est là une mesure juste, équitable et pleine de compassion qui permettrait de venir en aide aux plus pauvres de la société.
Examinons d'autres mesures fiscales que contient ce projet de loi. Il y a le crédit d'impôt de 500 $ par année pour les manuels scolaires, un crédit à l'intention des étudiants. À première vue, ce crédit semble intéressant, mais qu'en est-il réellement et que représente-t-il pour les étudiants? Ce crédit est multiplié par le plus bas niveau d'imposition. Par conséquent, dans les faits, il ne représente que 77,50 $. C'est exact. Ce crédit d'impôt de 500 $ ne procure que 77,50 $ aux étudiants. Comme nous le savons, cela ne couvre même pas le coût d'un seul manuel pour la plupart des cours de niveau postsecondaire.
Vient ensuite le crédit d'impôt pour le transport en commun qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous savons que la loi sur la qualité de l'air du gouvernement n'est que du vent. Que pourrions-nous faire pour réduire véritablement les émissions de gaz à effet de serre? Je vous proposerai quelques solutions.
Les émissions de gaz à effet de serre sont causées par la combustion de combustibles fossiles. Comment pouvons-nous donc réduire notre consommation de combustibles fossiles? Voici quelques suggestions.
La façon la plus simple d'y arriver passe par la construction des maisons. Nous perdons énormément d'énergie dans nos maisons. Nous disposons aujourd'hui de technologies qui permettent de construire plus efficacement les maisons et de réduire considérablement la consommation de combustibles fossiles. La Chine construit des édifices qui produisent 70 p. 100 d'émissions de gaz à effet de serre de moins que des édifices de taille comparable en Amérique du Nord.
Le gouvernement peut rétablir le programme ÉnerGuide qu'il a impitoyablement supprimé, parce que c'était un programme libéral. Nous avons peut-être instauré ce programme, mais c'était un bon programme. Il donnait aux gens les outils, les ressources et le savoir-faire pour apporter à leurs maisons des changements permettant de réduire la consommation de combustibles fossiles et, par conséquent, la production d'émissions de gaz à effet de serre.
J'ai quelques autres propositions à faire. Nous savons que les véhicules construits avant 1986 dégagent 37 fois plus d'émissions de gaz à effet de serre que ceux qui ont été construits après 1996. C'est absolument renversant. Si nous mettions au rancart un seul véhicule construit avant 1986, nous réduirions ces émissions dans une proportion équivalant à la mise au rancart de 37 véhicules construits après 1996.
Le gouvernement devrait offrir un allégement fiscal ou une remise de la TPS à toute personne qui envoie à la casse un véhicule construit avant 1986 et qui en achète un qui a été construit après 1996. Ce serait simple et facile à faire. En effet, il s'agit là d'un exemple de transfert de taxe. Le devrait envisager cette possibilité. Franchement, elle devrait figurer dans ce projet de loi. Cela nous permettrait de transférer la taxe et d'encourager les automobilistes à adopter des mesures plus éconergétiques et plus écologiques.
Une autre question concerne le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants. Il s'agit d'un crédit d'impôt de 500 $ accordé au parent, mais là encore, ce crédit ne vaut que 77,50 $, car il est multiplé par le taux d'imposition le plus bas. Le parent recevrait en fait 77,50 $, et non 500 $. L'objectif qui sous-tendait ce crédit d'impôt était noble: aider les parents à inciter leurs enfants à devenir plus actifs. Nous savons que l'obésité chez les enfants atteint des proportions épidémiques dans notre pays. Comment pouvons-nous nous attaquer à ce problème?
Il serait sage de faire deux choses. D'abord, j'ai soutenu maintes fois à la Chambre que nous devrions mettre sur pied un programme Bon départ à l'intention des enfants. En fait, la Chambre a approuvé cette initiative en 1998. On pourrait l'adopter de la façon suivante. Le devrait réunir tous les ministres de la Santé et tous les ministres de l'Éducation du Canada et leur dire qu'ils devraient offrir ce programme à tous les enfants, jusqu'à la troisième année scolaire inclusivement. Les parents seraient autorisés à se rendre dans la classe pendant deux heures toutes les deux semaines, s'ils le désirent, et ils s'occuperaient de questions comme l'éducation physique, l'alphabétisation et la nutrition. Les parents travaillaient avec leurs enfants à ces aspects très importants.
On mettrait l'accent sur l'alphabétisation et l'éducation physique, de même que sur une bonne discipline, de bons soins et une bonne nutrition. Ces mesures auraient de profondes répercussions sur la vie de ces enfants et poseraient des assises solides pour favoriser leur épanouissement. Avant l'âge de 8 ans, les neurones du cerveau d'un enfant sont très malléables. Ils changent. Les expériences que connaissent les enfants à cette période de leur vie peuvent avoir un effet positif ou négatif sur leur avenir. Il serait sage que le collabore avec ses homologues de tout le pays pour mettre en oeuvre un programme Bon départ.
On pourrait aussi mettre en oeuvre un programme d'éducation physique obligatoire dans les écoles pour tous les niveaux jusqu'à la 11e année inclusivement. Un tel programme obligatoire contribuerait énormément à garder les enfants actifs physiquement durant les heures de classe.
Comme je l'ai dit, il est très important qu'un budget comme celui-ci ait une incidence sur la productivité. Permettez-moi de proposer quelques solutions qui pourraient améliorer grandement notre productivité et nous rendre plus concurrentiels avec les géants qui nous talonnent actuellement, surtout l'Inde et la Chine.
Premièrement, on pourrait réduire l'exemption personnelle de base. Deuxièmement, on pourrait réduire le taux d'imposition le plus bas. Troisièmement, on devrait faire en sorte de réduire les taux d'imposition des entreprises de manière à ce qu'elles soient concurrentielles d'un océan à l'autre. Il est primordial que le régime fiscal des entreprises soit concurrentiel.
En ce qui concerne les excédents, on devrait appliquer la règle des trois tiers. On devrait consacrer un tiers au remboursement de la dette, un tiers aux dépenses dans des secteurs essentiels, et j'en parlerai dans un instant, et un tiers aux réductions des impôts des particuliers et des entreprises.
Au chapitre des investissements, je suis déçu de voir que le gouvernement n'a pas continué de faire les investissements que mon parti a faits au cours des cinq dernières années dans la recherche et développement, un domaine qui est partie intégrante de notre capacité concurrentielle. Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement conservateur a décidé de réduire de façon radicale les investissements dans ce domaine. La recherche et développement est un des piliers d'une économie dynamique et productive. Une part de ces investissements devrait aller aux universités et aux collèges. Une part devrait servir à encourager le secteur privé à réinvestir les profits dans les entreprises.
Le gouvernement devrait collaborer avec les provinces pour harmoniser la TVP et la TPS de manière à ce que les taxes de vente provinciales ne s'appliquent pas aux intrants d'entreprises, mais bien aux produits finaux.
Dans certaines provinces, les intrants d'entreprises ne sont pas assujettis à la TVP. Dans d'autres provinces, c'est l'inverse. Le gouvernement fédéral et les provinces pourraient exempter les intrants d'entreprises de la TVP et de la TPS, ce qui permettrait aux entreprises d'effectuer les investissements nécessaires.
En ce qui concerne l'éducation, nous devons permettre aux étudiants d'atteindre le niveau d'éducation supérieure dont ils ont besoin. Il y a une escalade des coûts et je trouve répréhensible que, dans notre société, des gens ne puissent pas accéder à une éducation supérieure par manque d'argent. L'un des principes fondamentaux de notre pays est que tous ont une possibilité égale de réussir, non pas des résultats égaux, mais une possibilité égale d'exploiter leur plein potentiel.
Le gouvernement et ses homologues provinciaux devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s'attaquer au fait que les frais de scolarité sont si élevés et que, il faut le reconnaître, ils sont devenus un obstacle empêchant certaines personnes d'accéder à l'éducation dont ils ont besoin.
En matière d'infrastructure, le gouvernement devrait adopter le programme pour les villes que nous avons établi. Ce programme est extrêmement utile pour que les investissements et l'argent du fédéral servent à l'échelon municipal pour répondre aux besoins des collectivités locales. C'est ce que prévoyait notre programme. Des ententes ont été conclues avec les provinces et les municipalités, et la Fédération canadienne des municipalités en était très heureuse. J'implore le gouvernement de poursuivre ce programme.
Comme la Chambre le sait, les obstacles au commerce est-ouest sont plus grands que ceux associés au commerce nord-sud. Ma province, la Colombie-Britannique, a signé un accord historique avec la province d'Alberta. Cet accord vise à réduire de manière importante, voire à tenter de lever, les obstacles au commerce entre les deux provinces. Rien n'empêche le gouvernement fédéral de jouer un rôle directeur à cet égard avec les provinces.
Comment? Le , la et le devraient travailler avec leurs homologues provinciaux afin de créer un conseil commercial qui se pencherait sur les obstacles au commerce et sur l'élimination des obstacles qui sont inutiles. Ces obstacles constituent une restriction majeure.
Je vais donner un exemple: le travail. C'est ridicule qu'une personne formée en Ontario ne puisse pas travailler en Colombie-Britannique ou qu'une personne formée en Colombie-Britannique ne puisse pas travailler à Terre-Neuve. C'est absurde que nous soyons tous formés dans le même pays, mais que nos compétences ne soient reconnues que dans une seule province. C'est là une entrave majeure à la mobilité de la main-d'oeuvre et à la compétitivité économique de notre pays. J'encourage le gouvernement à travailler avec ses homologues provinciaux pour corriger la situation.
Lorsque nous formions le gouvernement, nous avons lancé l'initiative de la réglementation intelligente qui nous a amenés à faire un examen extrêmement critique de la réglementation. Nous avons commencé à éliminer tous les règlements jugés inutiles. Le travail initial a été fait. Le ministre devrait jeter un coup d'oeil sur ce dossier, poursuivre l'initiative de la réglementation intelligente et réduire ces obstacles au commerce.
Le dernier point que je veux aborder concerne l'immigration. À cause des changements démographiques qui s'opèrent, nous savons que le ratio travailleurs-retraités augmente. Il y a deux choses que nous pouvons faire. Premièrement, nous pouvons éliminer l'âge de la retraite obligatoire. Si l'âge de 65 ans aujourd'hui équivaut à l'âge de 50 ans autrefois, pourquoi ne permettons-nous pas aux personnes âgées de 65 ans et plus de travailler? C'est absurde compte tenu des changements démographiques. Ce sont des gens intelligents et productifs qui veulent travailler. Ce serait très avantageux pour notre économie.
Deuxièmement, en ce qui concerne les immigrants, beaucoup d'entre eux travaillent en marge de l'économie dans notre pays parce qu'ils sont peut-être ici illégalement. Si nous voulons respecter la loi, mais aussi permettre à ces gens de s'intégrer à notre société, nous devrions leur donner la chance de sortir de l'ombre et de demander un permis de travail. Nous pourrions leur donner un permis de travail de deux ans, qui pourrait être renouvelé une ou deux fois. Si ces gens sont respectueux des lois, ont un emploi et paient leurs impôts, nous devrions leur donner la chance de devenir citoyens canadiens.
J'ai proposé au gouvernement une série de moyens qu'il pourrait prendre pour que notre pays soit plus productif. Je suis certain qu'il pourra compter sur l'appui de l'ensemble des parlementaires s'il cherche des solutions efficaces dans l'intérêt des Canadiens.
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Monsieur le Président, cela me fait extrêmement plaisir de prendre la parole sur le projet de loi , loi mettant en exécution certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 2 mai dernier, un budget que le Bloc québécois a d'ailleurs appuyé, comme vous le savez.
Cela me fait d'autant plus plaisir de prendre la parole sur ce projet de loi puisque plusieurs mesures incluses dans le projet de loi vont dans le sens de mesures proposées par le Bloc québécois depuis de nombreuses années. Je donne comme exemple le crédit d'impôt pour le transport en commun. Je me rappelle qu'une de nos collègues avait déjà déposé en cette Chambre un projet de loi privé qui allait dans ce sens. Il y a aussi le crédit d'impôt pour les manuels scolaires. Depuis longtemps, le Bloc québécois demande l'abolition de la taxe sur les produits et services pour ce qui est du livre. C'est d'ailleurs le cas au Québec. Cela permet l'accès, non seulement aux manuels, mais à l'ensemble de la littérature, qu'elle soit de haute qualité ou populaire, car il faut bien commencer quelque part.
Finalement, concernant la déduction fiscale pour les microbrasseries — en fait, le gouvernement a retenu la mesure pour l'ensemble des brasseries —, elle rejoint tout à fait ce que le Bloc québécois a proposé a plusieurs reprises. D'ailleurs, le Comité permanent des finances était revenu aussi à plusieurs reprises sur cette question. Enfin, on retrouve dans ce projet de loi cette mesure que nous souhaitions depuis de nombreuses années.
De même, on retrouve des mesures pour encourager la relève. C'est une préoccupation que le Bloc québécois porte depuis longtemps. Vous savez que, avec l'Union des producteurs agricoles, nous avons même organisé un colloque sur la relève agricole. Donc, qu'il y ait dans ce projet de loi des mesures favorisant le transfert d'une entreprise à la relève est important, mais, évidemment, j'aurai l'occasion, sur cette mesure-là comme sur d'autres, de dire qu'on aurait pu aller beaucoup plus loin.
De même, on retrouve des mesures qui aident les apprentis et les hommes de métier à s'équiper. On retrouve aussi des mesures pour favoriser le développement de nos entreprises de pêche familiales. Finalement, on retrouve toute une série de mesures fiscales qui vont dans le sens de consolider la petite et la moyenne entreprise qui, comme vous le savez, est véritablement l'ossature économique du Québec. En ce sens, il est très clair que le Bloc québécois appuiera ces mesures.
Donc, globalement, même s'il reste encore du chemin à faire, ce sont quelques pas dans la bonne direction et, en ce sens, le Bloc québécois votera en faveur du projet de loi .
On me permettra, dans un premier temps, de décrire ce projet de loi car il contient toute une série de mesures. Je pense que c'est important, pour les gens qui nous écoutent, de bien comprendre la dimension de ce qu'on retrouve à l'intérieur du projet de loi . Essentiellement, on retrouve cinq axes.
Le premier, c'est toute une série de mesures fiscales pour les particuliers. Dans le cadre de ce premier axe, on retrouve l'instauration du crédit pour apprentis et gens de métier, une augmentation du crédit non remboursable pour les personnes recevant une pension, la mise en place du crédit pour le transport en commun et l'augmentation du crédit remboursable pour frais médicaux. Donc, ce premier axe s'adresse aux particuliers.
Un deuxième axe porte sur l'extension aux entreprises de pêche des avantages consentis aux entreprises agricoles. Évidemment, on sait que le secteur des entreprises de pêche connaît actuellement de graves difficultés. Donc, ces avantages sont pour nous extrêmement importants, particulièrement pour des régions comme la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord. Dans ce deuxième axe, on retrouve donc, comme je le mentionnais, ce premier élément, c'est-à-dire l'extension de certaines mesures qui étaient précédemment disponibles pour les entreprises agricoles. Maintenant, elles le seront pour des entreprises de pêche.
Ainsi, on retrouve différentes mesures portant aussi sur les gains en capitaux, le transfert de l'entreprise vers d'autres membres de la famille ainsi que tout ce qui touche les avantages fiscaux des entreprises agricoles.
Un troisième axe qu'on retrouve dans le projet de loi touche l'instauration de différentes mesures fiscales pour les entreprises. Ces mesures comprennent, entre autres, l'abolition de la surtaxe sur les revenus des sociétés canadiennes et la majoration du seuil de chiffre d'affaires des petites et moyennes entreprises qui veulent appliquer pour un crédit d'impôt.
La quatrième série de modifications législatives porte sur la diminution du taux d'imposition sur les gains en capitaux des banques canadiennes.
Finalement, la dernière série de mesures vise à diminuer la taxe d'accise sur les 75 000 premiers hectolitres de bière brassée au Canada afin de stimuler la croissance de ce secteur, particulièrement concernant les microbrasseries. C'est un secteur en émergence qui a connu un développement important au cours des dernières années.
Ce secteur se développe également en région. Par exemple, dans la région de Joliette, la microbrasserie l'Alchimiste éprouvait des difficultés parce que les régimes fiscaux de certains de nos partenaires commerciaux européens et américains avantageaient leurs microbrasseries, alors que dans le cas du système fiscal canadien, il ne faisait aucune différence entre une brasserie d'importance — comme Molson, Labatt, etc. — et ces microbrasseries.
D'ailleurs, on verra que le ministre a modifié un peu l'esprit de sa première annonce. C'est intéressant de voir cela. Nous aurons l'occasion de commenter, les uns et les autres, la raison qui a amené le ministre à étendre cette mesure non seulement aux microbrasseries, mais à l'ensemble des brasseries, comme le demandait le Comité permanent des finances. Ainsi, même les très grandes brasseries auront accès à cette baisse de la taxe d'accise.
Je reviens maintenant au premier axe traitant des mesures fiscales pour les particuliers. La première mesure qui s'adresse aux particuliers et qui est présentée dans cet avis de voies et moyens de même que dans le projet de loi consiste à instaurer un mécanisme permettant aux apprentis et aux gens de métier de déduire des dépenses pour certains outils. Les dépenses déductibles ne pourront excéder 1 000 $ ou 5 p. 100 du revenu d'apprenti au cours de l'année. Le montant le plus élevé prévaudra. Cela permet également la déduction de certains outils pour les gens de métier. La mesure permet de déduire jusqu'à 500 $ d'achat de certains outils. Cette mesure s'adresse aux gens de métier.
Ensuite, on instaure l'indexation du crédit pour les apprentis et les gens de métier. On augmente de 1 000 $ le montant maximal du crédit non remboursable auquel certaines personnes recevant des revenus de pension ont droit. Il atteint maintenant 2 000 $. On crée un crédit d'impôt non remboursable pour les revenus d'emploi de 1 000 $. En 2006, ce montant se chiffrera à 250 $, et il atteindra 1 000 $ en 2007.
On crée un crédit d'impôt non remboursable pour le transport en commun. Afin de profiter de ce crédit, le contribuable devra fournir un reçu ou une preuve d'abonnement à long terme aux transports en commun. Évidemment, cela ne s'appliquera pas aux laisser-passer journaliers ou hebdomadaires, parce qu'on veut favoriser l'utilisation des transports en commun afin de désengorger notre réseau routier. On aurait également pu parler d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto ou de contribuer à les atteindre. Puisque ce mot est devenu tabou pour ce gouvernement, on n'a pas cru bon y faire référence.
De plus, on instaure le crédit d'impôt pour les manuels scolaires. Ce crédit d'impôt s'élèvera à 65 $ par mois d'études à temps plein et à 20 $ par mois d'études à temps partiel. On fait passer le supplément remboursable pour les frais médicaux de 767 $ à 1 000 $, montant qui sera à l'avenir indexé au coût de la vie. De plus, on propose de réduire au niveau de 2005 le seuil à partir duquel ces frais médicaux commencent à être déduits. Le montant sera indexé par la suite.
Dans le premier axe qui touche les particuliers, il y a toute une série de mesures, certaines plus intéressantes que d'autres, qui vont dans le sens que le Bloc québécois a proposé au cours des dernières années.
Le deuxième axe se rapporte aux mesures actuellement consenties aux entreprises agricoles, et vise à étendre ces avantages fiscaux aux entreprises de pêche. On étend donc aux entreprises de pêche les mesures fiscales permettant, par exemple, l'étalement de l'impôt à payer lors du transfert d'une entreprise familiale de biens d'immobilisation agricole.
Le troisième axe a trait à la fiscalité des entreprises. On augmente de 300 000 $ à 400 000 $ le plafond d'affaires pour lequel les PME canadiennes et québécoises peuvent réclamer le taux réduit d'imposition. Cela fera passer le taux d'imposition des PME de 12 p. 100 en 2007 à 11,5 p. 100 en 2008, et à 11 p. 100 en 2009. Cette mesure permettra aux petites et moyennes entreprises d'engranger la liquidité nécessaire en vue d'investissements futurs.
On abolit la surtaxe de 1,2 p. 100 visant les sociétés privées sous contrôle canadien en 2008 et on prévoit une diminution subséquente de 0,5 p. 100 de l'impôt des sociétés en 2009, et de 1 p. 100 en 2010. En conséquence, cela fera passer le taux d'imposition des revenus des sociétés de 22,2 p. 100, en 2006, à 19 p. 100, en 2010. Ces mesures devraient entraîner des investissements, bien qu'une baisse généralisée d'impôt comme celle-ci n'entraîne pas automatiquement des accroissements d'investissement comme on l'a constaté au cours des dernières années.
Le taux d'imposition des sociétés était de quelque 28 p. 100 au début des années 1990, mais il a chuté à 22,2 p. 100. Malgré cela, l 'année dernière, le taux des investissements n'était pas à la hauteur attendue, et le Canada a reculé dans les rangs sur le plan de la productivité. Nous sommes maintenant au 15e ou 16e rang, alors que nous étions beaucoup plus haut dans le rang, il y a à peine quelques années.
Ce sont donc des mesures nécessaires, mais non suffisantes pour que le Canada et le Québec redeviennent des économies productives. C'est important, comme on le sait, particulièrement par rapport au vieillissement de la population et à l'économie du savoir.
Le quatrième axe a trait à la modification des taux d'imposition pour les institutions bancaires. On impose maintenant un taux d'imposition unique sur l'excédent du capital imposable des institutions financières et on augmente le seuil à partir duquel les institutions financières commencent à payer de l'impôt. Auparavant, les banques étaient imposées selon une échelle croissante. Ainsi, par exemple, sur un excédent de capital entre 0 et 2 millions de dollars, les sociétés n'avaient pas d'impôt à payer. Entre 2 et 300 millions de dollars, le taux d'imposition atteignait 1 p. 100; pour des montants supérieurs, le taux atteignait 1,25 p. 100.
La nouvelle loi modifie l'échelle d'imposition de sorte qu'un taux de 1,25 p. 100 s'appliquera lorsque le capital imposable dépassera 1 milliard de dollars. On aura donc, à l'avenir, un taux d'imposition uniforme à partir d'un niveau d'imposition qui est quand même intéressant, surtout pour les petites et moyennes banques, comme je l'ai mentionné.
Le dernier axe a trait à la diminution de la taxe d'accise pour les volumes de bière brassée inférieurs à 75 000 hectolitres. Cette nouvelle mesure modifie la Loi sur la taxe d'accise et la Loi de 2001 sur l'accise en instaurant une taxation par palier, selon le nombre d'hectolitres brassés.
Avant cette modification à la loi, comme je l'ai mentionné plus tôt, tous les brasseurs, peu importe le volume brassé, devaient payer une redevance fixe selon le volume brassé. Cette nouvelle mesure favorisera les microbrasseries. En outre, — ce qui est assez surprenant — les grandes brasseries bénéficieront aussi de cette baisse de la taxe d'accise pour les 75 000 premiers hectolitres. Je suis à peu certain que quelques-unes de ces grandes brasseries ont fait pression sur le gouvernement pour qu'on généralise la mesure. Néanmoins, voici ce qui est important pour nous: que les microbrasseries puissent y avoir accès pour pouvoir soutenir la concurrence des microbrasseurs américains et européens, en particulier.
Revenons maintenant sur l'ensemble de ces différents axes avec davantage de commentaires quant à notre position. En ce qui a trait au premier axe, c'est-à-dire la fiscalité des particuliers et des individus, comme je l'ai mentionné, il y a longtemps que nous réclamions un crédit d'impôt pour les outils des gens de métier. On sait que ces travailleurs doivent souvent défrayer le coût de leurs outils même s'ils travaillent comme salariés dans un garage ou dans un atelier. C'est donc extrêmement coûteux pour eux. Or, à notre avis, ce crédit d'impôt va énormément les aider — particulièrement les apprentis qui doivent non seulement renouveler leurs outils mais se constituer un coffre d'outils.
Le deuxième élément a trait au transport en commun. J'ai mentionné qu'un crédit d'impôt non remboursable est proposé par le gouvernement. J'ai deux commentaires à cet égard. Nous aurions préféré un crédit remboursable parce que, très souvent, les gens qui utilisent l'autobus, le métro ou les transports en commun sont des gens peu fortunés, qui ne paient pas souvent d'impôt, donc qui ne pourront pas bénéficier de cette mesure. Par conséquent, il nous semble qu'on aurait pu faire un pas supplémentaire moyennant un crédit d'impôt remboursable.
On ne peut évidemment pas penser que le volume global d'usagers du transport en commun au Canada et au Québec augmentera seulement à la suite de cette mesure. Nous aurons besoin de beaucoup plus, notamment du déséquilibre fiscal pour que les municipalités et les commissions de transport aient les moyens nécessaires non seulement d'offrir un service de qualité, mais de l'offrir à des prix abordables. Une fois de plus, nous appuyons également cette mesure au regard des atteintes des objectifs du Protocole de Kyoto.
Parlons des personnes âgées et des autres catégories de la population, comme des gens qui reçoivent des revenus de pension à cause de handicaps particuliers, et pour qui ces revenus représentent le principal gagne-pain.
Nous, du Bloc québécois, avons toujours soutenu que les personnes âgées devaient être en mesure de bénéficier d'un traitement particulier. Évidemment, nous voudrions aller beaucoup plus loin que cela. En particulier, nous réitérons la demande, adressée depuis plusieurs années, de s'assurer que l'ensemble des personnes âgées qui y ont droit reçoivent le Supplément de revenu garanti. On s'était aperçu, il y a quelques années, que plusieurs dizaines de milliers de personnes qui y avaient droit ne le réclamaient pas, ne connaissant pas l'existence de ce programme. C'est encore malheureusement le cas. À l'époque, Marcel Gagnon, qui était député de Champlain, avait fait une tournée du Québec. On avait été en mesure de retrouver plusieurs de ces personnes qui ne pensaient pas avoir droit à ce programme. Malheureusement il en reste encore beaucoup.
Quant au crédit d'impôt pour les manuels scolaires, je répète encore une fois que nous ne nous opposons pas à cette mesure, mais nous aurions pensé qu'un crédit d'impôt remboursable serait préférable parce que les étudiants, surtout ceux à temps plein, ne travaillent habituellement pas beaucoup. Ils le font seulement durant l'été, ils ne paient donc pas d'impôt, n'ayant pas les revenus suffisants pour en payer. Ils ne bénéficieront donc pas de cette mesure. Je sais que l'étudiant peut reporter ce crédit dans le temps, mais c'est maintenant qu'on achète les livres. Il aurait donc été préférable de l'avoir maintenant.
Je sais que le a été intéressé par la suggestion de mon collègue de , lors d'une séance de travail du Comité permanent des finances, en vue de regarder cette possibilité. À mon sens, on devra aller plus loin à cet égard.
De même, évidemment, nous demandons l'abolition de la TPS sur les livres. Encore une fois, c'est essentiel pour nous, particulièrement quand on parle d'une économie qui doit se développer sur la base du savoir.
Maintenant, si on regarde du côté du deuxième axe, c'est-à-dire les nouvelles mesures pour les entreprises de pêche, évidemment, comme je l'ai mentionné, nous sommes en faveur de cette nouvelle mesure visant à instaurer, dans l'industrie de la pêche, les mêmes genres d'étalement de l'impôt que ceux qui existent sur le plan des entreprises agricoles. Nous pensons néanmoins que cela aurait pu être plus largement accessible que simplement à la famille. La mesure proposée par le gouvernement est un transfert entre personnes d'une même famille. On pense qu'on aurait pu aller plus loin et permettre que la relève se trouve aussi à l'extérieur de la famille.
En ce qui a trait au troisième axe, c'est-à-dire la fiscalité des entreprises, comme je le mentionnais, nous accueillons très favorablement l'augmentation du montant du chiffre d'affaires permettant aux PME d'avoir accès au taux d'imposition réduit. D'ailleurs, c'était dans notre plateforme électorale de 2000. Pour tout ce qui est de nature à consolider nos PME, particulièrement au Québec, qui est une économie constituée de petites et de moyennes entreprises, le Bloc québécois répondra présent.
Nous sommes conscients de la compétition, sur le plan fiscal, entre les différents pays, les différentes juridictions. Il faut donc aussi réduire la surtaxe des entreprises.
Par contre, dans le cas du pétrole, il n'y a pas de danger de délocalisation parce qu'on ne peut pas partir avec la nappe de pétrole, la transférer en Chine ou au Mexique. Nous pensons donc qu'il y a lieu de maintenir une surtaxe pour les sociétés pétrolières et d'abolir la déduction pour l'amortissement dans le cas des sable bitumineux. C'est un domaine où la totalité des investissements est déductible en une année, au lieu d'une déduction 25 p. 100 comme pour le pétrole et le gaz classique. À notre avis, c'est abusif.
J'avais parlé du quatrième axe, soit la fiscalité des banques. La mesure préconisée avantage évidemment toutes les banques, mais elle pourra avoir un impact sur les plus petites institutions bancaires. Je rappelle qu'en lien avec le projet de loi, nous cherchons depuis de nombreuses années à augmenter la concurrence dans le secteur bancaire. En effet, c'est un secteur extrêmement concentré, où cinq grandes banques contrôlent pratiquement toute l'activité et ne donnent pas véritablement de choix véritables aux consommateurs. Dans ce sens, la mesure proposée aura sûrement un impact positif. Il faut le souhaiter.
Je termine en disant que nous sommes très heureux de la mesure relative à la baisse de la taxe d'accise pour les microbrasseries. Je suis convaincu que tout le secteur des microbrasseries, en particulier au Québec, bénéficiera de cette nouvelle mesure que nous demandions, je le rappelle...
:
Monsieur le Président, c'est la dernière chance que nous avons d'exprimer à la Chambre les préoccupations des Canadiens relativement au budget des conservateurs. Il est très important que l'on prenne conscience aujourd'hui que nous en sommes presque à la dernière étape, que nous mettons maintenant la dernière main au premier budget présenté par les conservateurs après les élections. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis. On serait porté à penser, en écoutant le débat d'aujourd'hui, notamment les députés du Bloc, qu'il est question d'un ensemble très précis de crédits d'impôt qui profiteraient aux contribuables et que, par conséquent, il n'y a pas de quoi se plaindre.
: C'est exact.
: Mon collègue, le député de , dit que c'est exact.
Il est plus important que jamais que nous disions aux Canadiens ce que les conservateurs veulent nous faire adopter aujourd'hui. Ils veulent que le projet de loi soit adopté à la Chambre, puis au Sénat, et qu'il reçoive la sanction royale pour couronner le tout.
Aujourd'hui, nous allons décider si, oui ou non, le budget des conservateurs mérite notre soutien et s'il doit être considéré comme crédible et intègre.
Je rappelle aux députés et à tous les Canadiens qui nous regardent que le budget que nous examinons est véritablement une occasion manquée pour la grande majorité des Canadiens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Les Canadiens veulent subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Ils veulent contribuer à la société. Ils ont beaucoup à offrir en termes de talent, d'énergie et d'expertise, mais les politiques régressives et répressives de l'actuel gouvernement et des gouvernements précédents les en empêchent parce qu'elles n'aident pas les parents qui travaillent, ne les favorisent pas et ne les incitent pas à contribuer.
En cette période des Fêtes, on voit mieux que jamais le genre de Canada que les conservateurs et les libéraux réunis sont en train de créer. Il est important que nous rappelions aux Canadiens qu'il y a une solution de rechange, qu'il y a de l'espoir, qu'il y a d'autres façons d'aborder la préparation des budgets et la façon dont le Canada est dirigé et réglementé.
Le Nouveau Parti démocratique a toujours dit que les budgets constituent ni plus ni moins une carte routière. Ils indiquent dans quelle direction le gouvernement entend diriger le pays. Nous envisageons le budget en nous demandant comment il peut permettre de bâtir un meilleur avenir pour l'ensemble de la société.
Nous avons toujours soutenu que l'approche budgétaire doit être équilibrée. Nous ne sommes pas ici pour suggérer que toutes les recettes supplémentaires doivent être allouées aux programmes de dépenses. Nous ne voulons pas non plus suggérer qu'il ne doit jamais y avoir de réduction d'impôt pour qui que ce soit dans la société. Nous ne voulons pas non plus dire qu'il ne faut pas utiliser une partie des recettes fiscales pour le remboursement de la dette. Nous voulons dire qu'un budget judicieux, comme nous espérions que les conservateurs allaient en présenter un, doit effectivement équilibrer ces demandes concurrentes et assurer la prise en compte et le traitement responsable de tous ces éléments. Cela veut dire qu'il faut se pencher sur le manque à gagner dans les programmes qui aident vraiment les gens à faire une différence. Cela veut dire qu'il faut remédier aux 13 années de restrictions financières, de compressions budgétaires et de mesquineries de la part des libéraux.
Un budget judicieux devrait faire en sorte qu'une portion de tout excédent, non la totalité, je dis bien juste une portion, serve au remboursement de la dette.
Un budget judicieux devrait tenir compte de la répartition des revenus au Canada, pour voir quels groupes ont du mal à joindre les deux bouts, et prévoir, si possible, des allégements fiscaux pour ceux qui en ont le plus besoin.
Qu'avons-nous obtenu avec le projet de loi ? Un budget qui, fondamentalement, faisait fi de tous les besoins des Canadiens sur le plan de la santé, des garderies, du logement et de l'environnement. Il a allégé davantage le fardeau fiscal des riches et des grosses sociétés, et à la suite de la présentation du budget, le gouvernement a consacré à la dette tout l'excédent qu'il avait à sa disposition.
Les Canadiens n'ont pas obtenu l'équilibre qu'ils recherchaient. Ils n'ont pas eu droit non plus au bon gouvernement qu'ils pensaient obtenir lorsque les conservateurs ont eu la chance de former le gouvernement. Aussi sceptiques les Canadiens puissent-ils être à l'égard des conservateurs, après 13 années de pouvoir libéral, ils recherchaient certes des changements et ils voyaient l'avenir avec un certain optimisme, mais ils ont été cruellement déçus. Nous devons continuer de trouver des façons de répondre à ces préoccupations.
Permettez-moi également de dire que depuis la présentation de ce budget, comme je l'ai mentionné au départ, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et bien des choses se sont produites. On n'a qu'à penser aux compressions de 1 milliard de dollars qui nuisent aux Canadiens de tant de façons. C'est une chose à laquelle il faut s'attaquer dans ce contexte, car nous parlons d'un budget et de l'avenir.
Lorsque les conservateurs ont eu la chance de redresser certains torts causés par les libéraux, de corriger les choses et de parvenir à un équilibre, ils ont choisi de suivre la même voie que les libéraux en laissant l'excédent croître, en cachant ce phénomène et en ne prenant des décisions quant à l'utilisation de l'excédent qu'à la fin de l'exercice. Ainsi, ils ont affecté 13 milliards de dollars au remboursement de la dette, alors qu'ils retranchaient en même temps 1 milliard de dollars de programmes importants pour les Canadiens. Je veux parler de quelques-uns d'entre eux, car nous devons réussir à persuader les conservateurs de corriger certaines erreurs commises.
Il y a tout d'abord la question de l'alphabétisation. Comme je l'ai dit à de multiples reprises, comment un gouvernement qui souhaite que les gens aient les outils nécessaires pour contribuer à notre économie peut-il retirer son aide à ces gens? Comment peut-il détruire les programmes mêmes dont les Canadiens ont besoin pour acquérir les compétences nécessaires pour contribuer pleinement à l'essor de notre société?
Les conservateurs n'ont cessé de prétendre que les compressions dans le domaine de l'alphabétisation étaient toutes administratives.
C'est vrai.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Le député de affirme que c'est vrai. Malheureusement, il s'est fait berner par la ministre des Ressources humaines, car il n'y a rien de vrai là-dedans. Le gouvernement sabre dans des programmes qui offrent des services très utiles aux Canadiens.
J'ai reçu environ 200 lettres, toutes écrites à la main, de gens qui ont bénéficié des programmes d'alphabétisation et d'apprentissage des notions de calcul. J'aimerais en lire quelques-unes pour que le député de et ses collègues puissent mieux connaître à quel point ces gens sont touchés par les mesures des conservateurs.
L'auteur de la première lettre fait référence au programme d'apprentissage des adultes de Luxton.
Grâce à ce programme (le programme d'apprentissage des adultes de Luxton), je peux garder mon emploi au Centre des sciences de la santé de Winnipeg. En août 2004, après avoir passé de longues années à tenter de décrocher un des nombreux emplois offerts par le centre dans le domaine du secrétariat médical, j'ai enfin obtenu une interview. J'ai suivi des cours à l'Université du Manitoba et au collège carrière Herzing en tant qu'étudiante adulte. Après de nombreuses années de recherches à Winnipeg, j'ai trouvé le programme d'apprentissage des adultes de Luxton. C'était le bon programme pour moi, et il m'a beaucoup aidée. Permettez-moi de m'expliquer.
Après avoir obtenu un diplôme du collège Herzing en 1986, j'ai travaillé pour des propriétaires uniques, des petites cliniques et l'hôpital général Misericordia. À l'époque, je n'avais pas besoin de mon diplôme de 12e année ou de formation générale. C'est pourquoi je ne m'intéressais pas au programme d'apprentissage des adultes de Luxton [...].
Les difficultés et les expériences de la vie m'ont empêchée d'obtenir un emploi au Centre des sciences de la santé [...].
Le programme est offert dans une école pour enfants, mais les professeurs sont des adultes, comme moi et les autres étudiants. Chaque étudiant a ses propres raisons personnelles pour participer au programme, et elles ne sont pas dévoilées [...]. Chaque étudiant peut apprendre à son propre rythme [...]. L'atmosphère professionnelle nous met en confiance et facilite notre apprentissage. La plupart des étudiants sont du même avis.
Cette personne a participé au programme d'alphabétisation des adultes dans une école de ma circonscription. Grâce à ce programme, elle a pu obtenir un emploi et trouver la confiance nécessaire pour participer de toutes sortes de façons à la vie de notre société, chose qu'elle ne pouvait pas faire auparavant.
Bien d'autres lettres ont exprimé la même chose. En voici une d'April:
Je reçois de l'aide en lecture, en écriture, en orthographe et en mathématique dans ce programme. Je réussis bien, mais j'espère m'améliorer. Sans ce programme, je me sentirais triste, car je ne recevrais pas l'aide que je reçois. J'ai besoin de ce programme pour recevoir l'aide dont j'ai besoin.
Permettez-moi d'en lire quelques autres:
Je m'appelle Elsie et j'ai dix-neuf ans. Je vous écris pour vous dire ce que signifie pour moi retourner à l'école. J'avais de la difficulté à l'école secondaire au début de l'adolescence. Je n'avais pas beaucoup d'amis et bien des gens se payaient ma tête et m'intimidaient tout le temps. J'ai fini par tout abandonner. Je pensais que je n'aurais pas besoin de la scolarité que j'aurais dû recevoir quand j'étais plus jeune, mais un jour j'ai essayé d'obtenir un emploi et on m'a dit que je n'avais pas le niveau d'instruction exigé pour l'emploi. J'ai alors compris que les études étaient nécessaires. Sans le programme d'alphabétisation, de perfectionnement, et le financement du gouvernement, je ne sais pas ce que je ferais. Les gens comme moi sont très reconnaissants de retourner à l'école pour faire leurs études. Cela me rassure de savoir que je peux faire les études dont j'ai besoin. Je me sens comme une nouvelle personne et je sens que je pourrai décrocher un bon emploi et fournir un foyer stable à ma famille.
Je pourrais continuer. Il y a des centaines de lettres comme celles-ci, toutes écrites à la main. Ce sont les vrais témoignages des vraies personnes touchées par les compressions du gouvernement.
Si je pouvais faire quelque chose aujourd'hui durant le présent débat sur le budget, ce serait tenter de convaincre le gouvernement conservateur de réexaminer la nature et les effets des réductions qu'il a apportées aux programmes d'alphabétisation. Il y avait peut-être des coûts administratifs à supprimer, soit. Mais ce que le député de ne semble pas comprendre, c'est que le gouvernement n'a pas fait que supprimer des dépenses superflues n'ayant rien à voir avec les services offerts; il a en fait frappé au coeur même de ces programmes qui ont pour objectif d'aider les gens à s'aider eux-mêmes.
Un autre bon exemple nous est donné par le financement des programmes destinés aux femmes. Les conservateurs ont dit qu'ils supprimaient des coûts administratifs superflus, qu'ils remettaient les fonds ainsi récupérés directement aux femmes.
En réalité, c'était des compressions déguisées visant un groupe important de la société qui devrait pouvoir participer pleinement à celle-ci, mais ne le peut pas à cause de la discrimination systémique et d'une foule d'autres facteurs. Les groupes de femmes ne veulent pas de cadeaux de la part du gouvernement. Les femmes veulent avoir accès à ces programmes qui leur permettent de participer pleinement à la société. Voilà ce qui ne va pas avec les compressions touchant Condition féminine Canada.
Il est ridicule que la ministre affirme, comme elle l'a fait hier, durant les grandes manifestations, qu'elle ne porte pas préjudice aux femmes. Bien au contraire, la ministre et le gouvernement portent préjudice aux organisations féminines qui fournissent des services aux femmes afin de les aider dans des situations très difficiles.
Je pense à ma circonscription, celle de Winnipeg-Nord. Le North End Women's Centre a créé tellement de projets pour aider les femmes qui en sont réduites à la dernière extrémité et qui ont presque complètement abandonné. Le centre les aide à se remettre sur pieds et à recommencer. Un de ces projets, Money & Women, aide les femmes à obtenir une carte d'identité afin de pouvoir ouvrir un compte dans une caisse de crédit ou une banque. Il les aide aussi à ne pas se faire avoir par les sociétés de prêt sur salaire. C'est un service important.
Pourquoi le gouvernement continue-t-il de s'en prendre à ce qui est au coeur même de notre pays, soit sa compassion et son humanité?
Je voudrais aborder une question qui faisait partie du budget. Il s'agit de l'argent que le NPD a fait retirer du système à l'époque du gouvernement libéral minoritaire. Il s'agit des fonds que le Parlement avait approuvé pour l'éducation, le logement et l'environnement.
Pendant tout ce débat, les conservateurs se sont montrés très heureux de dépenser tout cet argent dans ces secteurs, sans mentionner que l'argent qu'ils dépensent est le résultat des pressions imposées par le NPD au gouvernement minoritaire libéral précédent.
Le seul argent neuf pour l'éducation et le logement dans ce budget découle de ce que nous avons réussi à obtenir du Parlement en raison de la situation minoritaire du gouvernement. Nous nous attendions non seulement que cet argent soit versé — ce que les conservateurs ont fait —, mais aussi que d'autres sommes viennent s'y ajouter et que les conservateurs tablent sur ces initiatives qui ont vraiment aidé les gens à avoir accès à des programmes importants, que ce soit sur le plan des services d'éducation ou du logement abordable.
Soyons clairs. Il ne faut pas se contenter de s'approprier le bon travail des autres. Je me moque de savoir à qui reviendra le mérite. Les conservateurs ne devraient pas dire qu'ils ont versé de l'argent dans des fonds en fiducie et qu'ils peuvent maintenant s'asseoir sur leurs lauriers et ne plus rien faire. En réalité, de nombreuses collectivités ont désespérément besoin d'aide, notamment dans le secteur du logement. Personne ne comprend pourquoi le gouvernement se contente de prendre cet argent, de le verser dans un fonds en fiducie, de s'en laver les mains et de dire que tout est réglé.
Je peux citer un exemple de chez nous. Les députés sont probablement au courant du projet d'habitation Gilbert Park, dans le secteur nord-ouest de Winnipeg, qui a tout récemment fait les manchettes. Des jeunes qui tentaient d'enfermer un enfant handicapé dans un édifice auquel ils ont mis le feu. Cet incident a fait les manchettes. La collectivité travaille fort afin d'éliminer certaines situations très pénibles, mais elle a vraiment besoin d'un gouvernement fédéral qui soit disposé à être un partenaire afin de l'aider à rénover les maisons dans lesquelles les gens vivent et à créer le cadre de vie qui préviendra cette forme de délinquance chez les jeunes.
Nous parlons d'un projet d'habitation où près de 50 p. 100 des résidants sont âgés de moins de 18 ans. Peut-on imaginer la situation? Ces résidants vivent dans une pauvreté quasi abjecte et la moitié d'entre eux sont des enfants. Il n'y a pas d'argent pour des programmes de prévention du crime, des programmes culturels ou des programmes destinés aux femmes, parce que le gouvernement, comme son prédécesseur, croit que s'il accorde plus d'allégements fiscaux aux sociétés et aux riches, les bienfaits seront ressentis à tous les niveaux de la société, jusqu'aux résidants de Gilbert Park. Les choses ne fonctionnent pas comme cela. Ça ne se produit tout simplement pas. Un tel scénario défie toute logique et ne se fonde sur absolument aucun fait.
Nous avons besoin d'un gouvernement qui tient compte de la nécessité d'être responsable sur le plan fiscal en veillant à rembourser une partie de la dette à chaque année. Nous appuyons une telle mesure. Nous avons aussi besoin d'un gouvernement qui est prêt à prendre une partie de l'excédent et à l'investir dans les collectivités et dans les programmes qui aident les gens à surmonter des problèmes, qui souvent ne sont pas de leur faute et échappent à leur contrôle.
Tel est le rôle fondamental du gouvernement. C'est la raison même pour laquelle nous siégeons ici. Nous sommes ici pour s'assurer que les gens reçoivent le soutien dont ils ont besoin pour s'aider eux-mêmes. Si nous échouons dans cette mission, cela signifiera que nous n'avons pas compris nos responsabilités, que nous avons privé les Canadiens de leur droit d'avoir accès à un bon processus parlementaire, et que, en fin de compte, nous avons fait preuve de négligence.
Il est peut-être trop tard pour bloquer ce projet de loi, étant donné que le Bloc appuie les conservateurs, mais j'exhorte le gouvernement à penser aux vraies personnes, aux vrais problèmes et à la réalité des Canadiens, et à entreprendre de corriger ces problèmes.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , le deuxième projet de loi portant exécution de certaines dispositions du budget.
Je m'inquiète du fait que le gouvernement n'intervient pas au sujet de son propre projet de loi. Tout budget est important pour les Canadiens et la mesure à l'étude comporte de nombreuses dispositions importantes. On y a beaucoup travaillé. C'est comme si le gouvernement ne jugeait pas nécessaire d'expliquer aux Canadiens ce qui s'est passé lorsque le projet de loi a été étudié par le comité, où divers témoins ont été entendus. Assurément, certains témoins ont dû influer sur les diverses dispositions.
Permettez-moi de rappeler aux députés certaines des propositions que contient ce deuxième projet de loi portant exécution de certaines dispositions du budget.
L'une des propositions concerne le nouveau crédit canadien pour emploi. J'aimerais savoir si on s'est demandé si certaines personnes allaient être oubliées. Tout à coup, nous avons un régime d'impôt sur le revenu fondé sur des principes et quelque peu équilibré. C'est un régime fiscal progressif où l'on tient compte de la capacité de payer. Nous savons que certains Canadiens ne gagnent même pas suffisamment pour payer de l'impôt sur le revenu.
Une autre proposition de la mesure législative a trait au crédit d'impôt pour manuels. Je me demande si certains vont intervenir à ce sujet.
Pour ce qui est du crédit d'impôt pour laissez-passer de transport, je dois me demander si des commentaires ont été formulés. Ce crédit est lié à toute la question de la politique environnementale concernant les gaz à effet de serre, les émissions de smog, etc., et vise à sensibiliser la population aux choix constructifs qu'elle peut faire. Les conservateurs n'ont pas pris la parole pour bien nous expliquer pourquoi cette proposition est parmi les plus souhaitables, selon eux, et comment elle vient enrichir la politique environnementale.
Que penser de la nouvelle déduction pour les dépenses d'outillage des gens de métier? Qui sont ceux qui en sont exclus? Je sais que certaines personnes ont été exclues puisqu'elles ne sont pas admissibles, selon les définitions retenues. Ces personnes ont-elles comparu devant le comité?
Comment pouvons-nous prendre une décision informée et voter en connaissance de cause par rapport à un projet de loi si les députés ne le défendent pas et ne nous montrent pas comment le budget et le projet de loi budgétaire répondent aux besoins du plus grand nombre possible de Canadiens?
Il y a aussi l’exonération du revenu provenant de bourses d’études reçues relativement à l’inscription à un établissement donnant droit au crédit d’impôt pour études. Combien de personnes remplissent les conditions exigées pour cette exonération? Quelles autres mesures ont été prises pour permettre à ceux qui n'ont pas les moyens d'aller à l'université de faire des études? Je comprends qu'il est important de promouvoir l'excellence, mais avons-nous pris en considération la nécessité de favoriser l'accès et la capacité de payer?
Le projet de loi contient aussi un crédit d’impôt pour la condition physique des enfants. Je ne sais pas grand-chose à ce sujet. C'est une somme modeste. Je ne sais pas si cette mesure a soulevé des préoccupations.
En ce qui a trait au crédit pour revenu de pension, le gouvernement propose un plan de fractionnement des pensions. Cette mesure aidera certains Canadiens. Les Canadiens qui touchent un revenu de pension de plus de 35 600 $ pourront partager cette pension avec leur partenaire ou leur époux qui gagne moins. Toutefois, cette mesure n'aide en rien ceux dont le revenu de pension est inférieur à 35 600 $. Elle n'aide aucunement ceux qui n'ont pas de partenaire.
Nous sommes en train de déplacer le fardeau fiscal et je ne sais pas trop quel est l'objectif du gouvernement. Je n'ai pas entendu les conservateurs s'exprimer là-dessus. Ils n'ont pas parlé du projet de loi. Ils n'ont pas expliqué le pourquoi de certaines mesures. Ils n'ont pas expliqué leur vision aux Canadiens. Comment pensent-ils que ça va se passer? Je ne peux pas l'expliquer.
Le projet de loi propose aussi l’application aux pêcheurs de l’exonération cumulative des gains en capital de 500 000 $ et de divers transferts entre générations. Je comprends cette mesure, car les pêches représentent un secteur très important. J'aurais aimé qu'un député conservateur nous dise pourquoi cette mesure était nécessaire, pourquoi il fallait élargir la portée de l'exonération, et comment cela s'inscrit dans les objectifs du gouvernement du Canada pour les Canadiens, en particulier dans ce secteur.
Il y a aussi le crédit d’impôt pour la création d’emplois d’apprentis. La formation en apprentissage a toujours constitué une priorité pour les gouvernements depuis que je suis ici. C'est extrêmement important, mais je ne sais pas si nous avons fait assez à cet égard. J'aurais espéré qu'un député conservateur défende la mesure au nom de ceux qui veulent parfaire leurs compétences pour contribuer à la société. Nous n'avons rien entendu à ce sujet et je ne comprends pas pourquoi.
Il y a également une réduction du taux actuel d'imposition des petites entreprises qui passera de 12 à 11,5 p. 100 en 2008, puis à 11 p. 100 par la suite. Je ne sais pas si les Canadiens comprennent bien ce qui différencie une petite entreprise d'une autre entreprise. Il y a une chose que nous savons toutefois. Par le passé, les petites entreprises ont toujours créé beaucoup plus d'emplois que les autres. Qu'est-ce que cela voudra dire? Y a-t-il des points de référence et des objectifs et qu'est-ce que cela signifie pour les petites entreprises au niveau du réinvestissement, des possibilités d'expansion ou de la création d'emplois? Ce sont là des questions importantes pour les Canadiens. Pas un seul conservateur n'a pris la parole pour expliquer l'importance d'une telle mesure et les répercussions que cela peut avoir dans l'avenir pour les Canadiens au niveau de la croissance économique, du développement durable et autres. Les conservateurs n'ont fait preuve d'aucun intérêt à cet égard et je ne comprends pas pourquoi.
Nous devons également faire passer de 300 000 $ à 400 000 $ le seuil de revenu auquel s'applique le taux d´imposition des petites entreprises à compter du 1er janvier 2007. En tant que comptable agréé, je sais que ce seuil de 300 000 $ existait depuis longtemps. Il faut tenir compte du montant d'argent, de la croissance des entreprises et de leurs frais de démarrage. Il est très important d'assurer la rentabilité d'une entreprise.
Je suis inquiet de ce qui n'est pas prévu dans ce budget et qui ne l'était pas non plus dans le précédent, c'est-à-dire l'injection d'argent neuf pour financer les garanties liées aux délais d'attente en matière de soins de santé. Cela faisait partie des cinq promesses contenues dans le discours du Trône. Les Canadiens pourront lire dans les journaux d'aujourd'hui que le ministre considère que nous évoluons dans le vide, que les conservateurs n'ont aucune idée de la façon dont cela doit fonctionner, ni de la façon d'y arriver, mais qu'ils se pencheront sur la question et qu'ils trouveront peut-être une réponse. Comment ont-ils pu promettre de faire une telle chose au cours de la campagne électorale alors qu'ils n'ont aucune idée de la façon de le faire? C'est tout à fait irresponsable.
Il est à peu près temps que des députés conservateurs interviennent dans ce débat, qu'ils parlent du budget et qu'ils répondent aux questions de leurs collègues des partis d'opposition pour démontrer qu'ils comprennent bien de quoi ils parlent. Il n'y a rien qui le prouve à l'heure actuelle.