:
Merci, monsieur le président et merci, mesdames et messieurs.
J'ai récemment eu la possibilité de comparaître devant certains d'entre vous qui sont membres du comité de la défense nationale pour parler des résultats obtenus par le Canada au cours du sommet de l'OTAN tenu à Bucarest et pour vous parler des défis qui nous attendent en Afghanistan ainsi que des possibilités qui s'offrent à nous. Aujourd'hui, j'aimerais vous donner un bref aperçu des choses que le groupe de travail que je dirige a fait au cours du dernier mois et vous parler de ce qui nous paraissent les choses à faire.
Comme vous le savez, le gouvernement a répondu au rapport du comité Manley en créant un comité spécial du cabinet sur l'Afghanistan et un groupe de travail au BPC, le centre du gouvernement, et c'est le groupe de travail que je dirige. Le comité du cabinet, qui est présidé par le ministre Emerson, examine de façon approfondie la mission en Afghanistan dans le but de réviser et de renforcer notre approche. En plus d'appuyer le ministre Emerson et son comité, j'ai également travaillé avec un sous-comité des sous-ministres des principaux ministères concernés pour veiller à ce que nos programmes soient harmonisés et appuient ces grandes priorités.
[Français]
Le comité du Cabinet a fait beaucoup d'efforts en vue d'établir les priorités stratégiques qui devront guider les actions du Canada en Afghanistan jusqu'en 2011.
Ces priorités serviront de fondement au programme canadien, dont les orientations seront revues en profondeur afin de nous aider à atteindre nos objectifs. Le Canada sera en position d'apporter une contribution plus ciblée aux priorités en développement établies par l'Afghanistan.
[Traduction]
En ce moment, en plus d'établir des priorités en matière de politiques et de centrer nos efforts sur les programmes de base, nous assurons une présence civile appropriée sur le terrain pour être en mesure d'atteindre ces objectifs. Nous travaillons actuellement avec les principaux ministères civils concernés dans le but de coordonner le prochain déploiement de civils à Kandahar et je vous en dirai quelques mots lorsque je vous montrerai des photos prises au cours de mon récent voyage. Il y a à l'heure actuelle environ 25 civils au sein de l'équipe de reconstruction provinciale à Kandahar. Nous avons envoyé là-bas la semaine dernière une équipe interministérielle pour parler de la façon de restructurer et de renforcer cette équipe.
Sur le plan diplomatique, nous allons continuer à renforcer nos liens avec nos principaux partenaires dans le sud, avec des pays comme les Pays-Bas, l'Australie, le Royaume-Uni et à mettre en oeuvre une stratégie internationale plus robuste dans le but d'inciter nos partenaires internationaux à collaborer davantage. C'est principalement sur cet aspect que nous avons travaillé à Bucarest.
J'étais récemment à Washington avec des représentants des principaux ministères pour parler d'orientations et j'ai eu la chance, pendant que je me trouvais en Afghanistan, de visiter le Regional Command East, qui est principalement une initiative dirigée par les États-Unis, et pour voir le fonctionnement de l'équipe de reconstruction provinciale à Helmand, qui est dirigée par le Royaume-Uni. Aujourd'hui encore, j'ai rencontré une délégation du gouvernement français, qui est en train d'organiser la conférence sur l'Afghanistan qui aura lieu le mois prochain à Paris.
Enfin, j'ai eu un certain nombre de réunions très utiles—une à Ottawa et l'autre à Kabul—avec M. Kai Eide, qui est le représentant spécial du secrétaire général et qui a déjà comparu devant votre comité.
Il sera essentiel d'utiliser nos voies de communication diplomatiques de façon adaptée et bien centrée pour favoriser la coordination et aussi pour faire connaître les orientations que le Canada va adopter pour l'avenir.
[Français]
La motion déposée au Parlement le 13 mars demandait aussi au gouvernement d'informer la population plus fréquemment et de façon plus transparente des événements qui se déroulent en Afghanistan. Le groupe de travail collabore avec les ministères afin de mettre au point un cadre d'analyse comparative qui contiendra des objectifs réalistes. Cela permettra non seulement de rendre des comptes, mais aussi d'évaluer les secteurs où des améliorations pourraient être apportées.
[Traduction]
L'Afghanistan aura besoin d'une aide relativement importante de la part de la communauté internationale pour progresser. C'est un aspect dont, je crois, nous devrions être toujours conscients. L'Afghanistan demeurera un pays en développement pendant un certain temps et devra faire face aux défis associés à cet aspect.
Notre objectif est de favoriser une transition qui permettra aux Afghans d'assumer, eux-mêmes, certains de ces défis. Le but est donc de faire évoluer l'Afghanistan de façon progressive. Il faudra peut-être attendre longtemps pour obtenir le résultat final souhaité, si l'on se base sur les autres exemples de pays qui ont connu des conflits, mais il y aura un moment, avant cela, où le gouvernement sera en mesure de répondre lui-même aux défis auxquels il fait face. Nous avons constaté des progrès sur ce point.
Avant de vous faire un bref rapport sur ma visite de la semaine dernière, j'aimerais présenter certains de mes collègues : Sanjeev Chowdhury est le directeur des opérations du secrétariat; Rey Campbell, Owen Teo et Marco Popic sont également membres de notre nouveau groupe de travail au sein du BCP.
J'étais en Afghanistan la semaine dernière avec Kevin Lynch, le greffier du Conseil privé, M. Rob Fonberg, le sous-ministre de la Défense nationale, et Sanjeev pour faire un certain nombre de choses. Une de ces choses venait du fait que Kevin avait visité l'Afghanistan il y avait un peu plus d'un an et qu'il voulait retourner à Kabul et à Kandahar en particulier, pour constater les progrès. Nous voulions également parler avec nos principaux alliés et sonder les représentants de diverses régions de l'Afghanistan dans le cadre de la planification de nos orientations. Enfin, nous voulions rencontrer l'équipe interministérielle que j'avais envoyé un peu avant nous pour planifier le prochain déploiement de civils. Nous avons fait toutes ces choses en une semaine.
Nous pouvons montrer la première diapositive. Elle n'est pas très claire, je vous demande de m'en excuser. Turquoise Mountain est un projet qui a été lancé à Kabul par le dirigeant d'une ONG, un soldat et diplomate anglais appelé Rory Stewart, qui a écrit un livre au sujet de sa traversée à pied de l'Afghanistan appelé The Places in Between.
Le Canada a été le premier pays à appuyer Rory et son projet, qui consiste pour l'essentiel à faire revivre un quartier du centre-ville de Kabul. Ce quartier avait déjà été habité par des gens qui travaillaient au palais situé au sommet de la colline. Avec le temps, ce quartier est complètement tombé en ruine et pendant les années de chaos et de guerre qu'a connues le pays, il a été recouvert d'environ cinq pieds de rebuts.
Rory a pensé que, lorsque le centre de votre capitale est enterré sous cinq pieds de rebuts, il est difficile pour la population de croire qu'il y a un avenir, de l'espoir pour ce pays. Il a donc décidé de dégager ce secteur—on pourrait presque comparer cette opération à ce qui s'est fait à Pompéi—pour le ramener à son état initial. Ce projet vise également à faire refleurir les arts traditionnels. Rory a mis sur pied quelques écoles pour les jeunes et les artisans. La revitalisation du quartier a également ramené des habitants.
Il y a un autel chiite à côté. On y trouve quelques sites traditionnels : restaurants, hammams. Résultat, il y a davantage de gens qui se déplacent librement dans cette partie de Kabul que dans n'importe quel autre secteur.
La diapositive suivante montre des choses que font ces personnes. Cela ne se voit pas très bien mais la calligraphie est un élément important de leurs activités, ainsi que la sculpture traditionnelle que l'on retrouve dans diverses régions d'Afghanistan. Le fait que des femmes et des hommes travaillent sur ces sculptures est important. Ce projet vise à relancer les arts traditionnels, mais je pense que l'idée à la base du projet est qu'un pays ne peut progresser tant qu'il n'a pas retrouvé ses racines et l'Afghanistan les avait perdues.
Ce projet a également une dimension commerciale puisque ces objets sont vendus. Rory a établi des liens avec des distributeurs en Amérique du Nord et en Europe et il a un site Web qui est très fréquenté.
Nous avons passé quelque temps au centre de l'Afghanistan, dans les hauts plateaux du centre, à Bamyan. Ici, si vous pouvez voir le marqueur laser, c'est un Shura ou un conseil de développement communautaire. Celui de Bamyan est en fait un regroupement de conseils. Il rassemble un certain nombre de groupes et il est important de noter que ces groupes sont composés d'hommes et de femmes qui se réunissent régulièrement.
Cette initiative est appuyée par le Aga Khan Development Network, qui est également financé par le Canada. Ces groupes planifient des activités communautaires, en fonction des besoins de développement économique de la communauté. J'ai pu leur parler et j'ai demandé au groupe quel était leur besoin le plus pressant. Un homme d'un côté de la salle a dit : « Nous pensons que c'est l'agriculture ». Trois femmes se sont levées et ont dit : « Non, non, c'est l'éducation ». Les hommes ont dit : « En fait, elles ont raison; c'est l'éducation ». Nous avons une discussion très animée et en fait, l'éducation est une priorité de nos programmes.
Nous avons également pu visiter—voici cette photo—l'hôpital de Bamyan, qui s'efforce de faire diminuer le taux de mortalité infantile très élevé qui sévit en Afghanistan. Il y a eu quelques progrès de fait dans ce domaine.
La diapositive suivante montre la shura. La Base de patrouille Wilson se trouve dans le district de Zhari de Kandahar. Elle est située à l'ouest de Kandahar. C'est un secteur qui était contrôlé en 2006 par les Talibans et où ont lieu les combats les plus acharnés de l'opération Medusa.
Le chef de la shura est montré ici. Notre ambassadeur, Arif Lalani, est assis à côté de lui.
Nous avons eu la possibilité de parler avec lui de ce qui constituaient, d'après lui, ses besoins. En plus d'écouter ce qu'il avait à nous dire, nous lui avons également parlé de nos attentes à son endroit. Nous avons mentionné que la shura et les notables locaux pouvaient faire certaines choses pour renforcer la sécurité dans ce secteur de district de Zhari. Cela va dans les deux sens et quand la sécurité s'améliore, nous pouvons faire davantage avec nos programmes.
La diapositive suivante montre une visite dans une école de Kandahar. Elle montre le directeur de l'éducation. Le Canada finance un projet appelé EQUIP, qui consiste à construire des écoles dans diverses régions de l'Afghanistan. Ce programme est centré sur Kandahar et le directeur de l'éducation était assez sûr qu'il pourrait faire avancer très rapidement ce projet—nous sommes en ce moment dans la ville de Kandahar—dans d'autres parties de la province.
La personne suivante est un peu difficile à voir. C'est Elissa Goldberg, qui est la représentante du Canada à Kandahar—l'acronyme anglais est ROC—et c'est elle qui chapeaute sur le terrain le contingent civil à Kandahar. C'est elle qui coordonne le travail des Affaires étrangères, de l'ACDI, de la GRC et du Service correctionnel. Elle est l'homologue du général Laroche, maintenant du général Thompson, qui est le commandant de la Force opérationnelle en Afghanistan.
Elle est à côté d'un spécialiste en formation des policiers et un fonctionnaire du Service correctionnel. La photo a été prise dans les locaux de formation sur place de notre ÉRP. Ces personnes donnent aux membres de la police nationale afghane des cours de formation sur la façon de détenir des suspects de façon sécuritaire et également sur l'identification des IED.
La première chose que nous apprenons à un policier est comment survivre, parce qu'il y a des IED qui utilisent des stratégies vraiment diaboliques. Nous avons réussi à montrer aux policiers comment découvrir les IED et les désamorcer de façon sécuritaire pour rester en vie.
Je voudrais également mentionner que pour quelques-unes de ces réunions, nous sommes allés à l'ouest de Kandahar. En plus d'avoir rencontré des membres des Forces canadiennes, il y a des gens comme Elissa et Karen Foss, une jeune agente du service extérieur, qui vont là régulièrement. Karen Foss se rend dans nos bases pour y passer une semaine par mois pour travailler avec l'armée et l'aider à établir des réseaux communautaires à l'extérieur de Kandahar.
L'effectif civil de l'ÉRP est actuellement d'environ 25 personnes. Nous pensons pouvoir multiplier ce chiffre par deux cette année. Nous prenons beaucoup de précautions pour assurer la sécurité de ces personnes parce qu'elles ont un travail important à accomplir. Qu'il s'agisse de formation de policiers, de réseautage communautaire, de conseils au gouvernement provincial de Kandahar, nos civils font leur travail et assument une partie du fardeau que nos forces armées ont assumé au départ.
Je vais m'arrêter ici et serai heureux de répondre à vos questions.