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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, je vous remercie de me donner cette occasion de vous parler de la contribution des Forces canadiennes à la mission de notre gouvernement en Afghanistan.
Le Commandements de la Force expéditionnaire du Canada, ou COMFEC, est le point central national de cette mission pour les Forces canadiennes depuis la création du commandement le 1er février 2006.
Le COMFEC est un des éléments créés à la suite d'un important processus de transformation des Forces canadiennes destiné, en partie, à améliorer la façon de concevoir, de conduire et de soutenir les opérations.
Mon rôle et le rôle du COMFEC est triple: exercer le commandement de nos opérations internationales; façonner et guider la conduite de la mission conformément aux objectifs du gouvernement et de la direction stratégique du chef d'état-major de la Défense, en étroite collaboration avec nos partenaires pangouvernementaux, et, enfin, travailler étroitement avec les responsables de la mise sur pied et de la force — l'armée, la marine et la force aérienne — pour établir les conditions de succès qui permettront aux hommes et aux femmes déployés dans la zone de combat d'être la fierté des Canadiens.
Essentiellement, mon rôle est de fournir des directives claires et d'orchestrer le soutien à la mission, tout en laissant aux commandants de la force opérationnelle, que ce soit David Fraser, Tim Grant, Guy Laroche ou, tout récemment, Denis Thompson, la liberté d'exécuter sa mission de façon flexible afin de réagir aux circonstances changeantes sur le terrain.
[Français]
En termes généraux, la mission des Forces canadiennes en Afghanistan se base sur trois piliers, ou thèmes principaux, d'effort. Ces piliers sont: la conduite d'opérations de sécurité; la formation des forces de sécurité afghanes, qui permettra ultimement à ces dernières d'assumer la responsabilité complète de leur propre sécurité; et enfin, l'appui des efforts de nos partenaires pangouvernementaux pour contribuer aux efforts de reconstruction, de développement et de création de la capacité de gouvernance à l'appui du peuple afghan. Nos hommes et nos femmes sont engagés dans ces trois efforts simultanément, mais l'emphase relative et la concentration des ressources entre elles ont clairement évolué depuis les premiers jours dans le Sud, et elles se poursuivront à mesure que des progrès seront réalisés géographiquement et d'une saison à l'autre.
[Traduction]
Quelques mots sur nos progrès au cours des 22 derniers mois. Plusieurs d'entre vous ont eu l'occasion d'entendre le général Hillier faire les mêmes observations dernièrement, et ce, de façon beaucoup plus éloquente. Personnellement, mon attention a été concentrée sur l'Afghanistan de façon continue pendant les six dernières années et demie.
Avant d'être nommé à ce poste, il y a environ trois ans, j'ai été le chef du renseignement de la Défense et l'Afghanistan était un de mes principaux centres d'intérêt. Avant cela, j'ai commandé la Force opérationnelle interarmées nationale qui, comme l'a mentionné le président, comprenait le déploiement du 3 PPCLI à Kandahar en 2002, ainsi qu'un certain nombre de navires et d'unités aériennes déployées dans la région après le 11 septembre 2001.
J'ai eu des douzaines d'occasions de visiter nos troupes en Afghanistan au cours de cette période, en particulier dans le Sud. Je peux déclarer sans équivoque que nous — avec les Afghans, la communauté internationale et nos partenaires canadiens — faisons des progrès, bien que parfois plus lentement et irrégulièrement que plusieurs le souhaitaient ou l'anticipaient.
Nous n'avons aucune illusion sur la difficulté de cette mission. Le terrain est souvent inhospitalier et difficile pour les opérations. Les facteurs historiques et culturels complexes doivent être compris et intégrés. Nous avons appris que les extrêmes annuels du climat et des périodes de récolte conduisent à des cycles d'intensité dans l'activité des insurgés. Lorsque le rythme des combats augmente tel que prévu après une pause hivernale — comme nous le voyons actuellement dans le Sud — cela porte certains à croire que nous subissons un recul ou que la mission n'accomplit pas ce qu'elle devrait.
Je crois que vous comprendrez que l'Afghanistan est un défi complexe mais que, dans notre monde de communications instantanées, il est beaucoup plus facile d'attirer l'attention sur les aspects négatifs, mais ce qui n'aura tout simplement pas de résultats instantanés.
Du point de vue des Forces canadiennes, à mesure que les rotations successives de nos hommes et de nos femmes reviennent au Canada, elles apportent avec elles une compréhension mûrie de la dynamique de la mission et aident à établir des attentes internes réalistes. Nous avons aussi un programme d'enseignement tiré de la mission efficace qui assure une adaptation rapide à un environnement très dynamique. Je peux vous assurer que chaque nouvel élément déployé est mieux formé et mieux équipé que le précédent et est ainsi mieux en mesure de comprendre la dynamique de la mission et de réagir aux conditions auxquelles il fera face lors de son déploiement.
Notre contribution fait une différence. Rappelons-nous qu'à la fin de l'été 2006, dans les districts de Zhari et de Panjwai, nous faisions face à une force résolue et bien organisée comptant plus de 1 000 insurgés déterminés à couper la route principale dans le Sud, à isoler la ville de Kandahar et, ultimement, à faire paraître l'OTAN et le gouvernement afghan faibles et impuissants. Les civils avaient fui la région et les combats au cours des mois subséquents avaient sérieusement dévasté cette région agricole clé. C'était il y a 20 mois.
Aujourd'hui, des dizaines de milliers de civils sont de retour pour travailler sur leurs fermes dans une zone où la grande partie de notre groupement tactique ne tenait qu'une mince bande de terre protégée sous des millions de sacs de sable. Nous avons construit des routes et des chaussées et créer de l'emploi pour des centaines d'Afghans.
Au-delà de ces signes de progrès évidents, je crois que nous avons connu notre plus grand succès au cours des deux dernières années auprès de l'armée nationale afghane et, à un degré moindre, auprès de la police nationale afghane. Il est clair pour nous que les forces militaires en Afghanistan seront formées de l'armée nationale afghane, de la police et des autres forces de sécurité qui seront en mesure de protéger et de défendre leurs citoyens sans aide externe.
Dans le cas de l'ANA, en particulier, nous avons constaté une progression depuis deux ans; elle n'avait alors aucune unité afghane formée pour travailler avec nous. Depuis, nous avons vu la formation d'un bataillon d'infanterie, que nous appelons kandak en Afghanistan, il y a 18 mois et la formation d'une brigade complète de trois bataillons d'infanterie, un bataillon d'appui au combat et un bataillon de soutien logistique au combat.
Nous avons ajusté notre propre structure de force, laquelle est passée de 15 personnes s'occupant de formation et d'un mentorat à 220 hommes et femmes désormais pleinement engagés dans la formation des éléments de l'ANA et de la PNA. Nos forces conduisent désormais régulièrement des opérations côte à côte avec des unités afghanes. De plus en plus, les forces afghanes dirigent les opérations et nous, nous appuyons leurs efforts. Selon les normes occidentales, les effectifs sont encore réduits, elles ne sont pas aussi bien équipées qu'elles devraient l'être et il faudra encore du temps avant qu'elles soient une force autonome. Mais elles croissent avec régularité, elles sont totalement engagées dans la défense de leur pays, elles sont aussi dures et sans peur que les autres soldats avec lesquels nous avons travaillé et, surtout, elles sont avides de grandir et d'assumer le maintien de la sécurité, avec notre aide.
[Français]
Le travail de la police s'est révélé un défi plus complexe puisque l'environnement de la règle de la loi est plus lent à s'imposer. Il est plus difficile d'aider ces forces beaucoup plus largement dispersées et plus vulnérables aux attaques des insurgés. Néanmoins, les initiatives du gouvernement afghan, comme le programme de développement concentré sur les districts où la formation et l'administration de la police ont été réorganisées, montre des signes de progrès.
Grâce à nos propres équipes de liaison et de mentorat opérationnel auprès de la police et des efforts de notre contingent de police civile, nous travaillons fort pour réduire la vulnérabilité de la police et à l'aider sur la voie d'un service de police communautaire aussi crédible que nécessaire.
[Traduction]
Tout ça pour dire que je suis convaincu que nos hommes et femmes accomplissent autant, sinon plus, que nous pouvons raisonnablement demander d'eux en Afghanistan, en gardant à l'esprit que les progrès tels que nous les définissons connaîtront des hauts et des bas avec le temps. Au cours des dernières années, après la récolte du pavot, les insurgés ont repris leurs activités perturbatrices et de terreur. Nous n'en voyons plus des centaines au même endroit, comme c'était le cas il y a deux ans, mais nous les voyons encore en groupes de cinq, dix ou quinze.
Il ne s'agit certainement pas encore d'une sécurité complète et cette sécurité ne sera pas possible avant longtemps. Certaines parties de la province de Kandahar sont plus sécuritaires que d'autres et nous avons porté notre attention sur les districts clés où vit une majorité de la population. La ville de Kandahar, avec son milieu urbain étendu, sera inévitablement vulnérable à des attaques suicides encore longtemps, mais en général, c'est une ville active et animée où les gens poursuivent leur vie malgré la crainte sous-jacente.
Dans les districts périphériques comme Zhari and Panjwai, les insurgés, comme vous le savez, ont souvent lancé des attaques aveugles aux DEC. Il leur arrive, surtout à cette époque de l'année, de cibler nos forces plus directement, ce qui a parfois des conséquences tragiques comme nous l'avons vu au cours des 24 dernières heures. Au cours des derniers mois, cependant, ils ont préféré s'en prendre à des cibles plus faciles, telles que la Police nationale afghane qui est moins capable de se défendre, s'attaquer aux civils sans défense et les intimider. Tout cela vise à miner la confiance et le soutien dont jouit le gouvernement démocratiquement élu de l'Afghanistan. Voilà pourquoi nous devons continuer à relever ce défi avec fermeté et aider à consolider la présence du gouvernement avec nos confrères militaires afghans.
[Français]
Comme le groupe d'experts dirigé par M. Manley l'a reconnu, la reconstruction et le développement dépendent de la sécurité et y contribuent. Certaines initiatives peuvent être avancées en présence de menaces à la sécurité, alors que d'autres doivent attendre un certain degré de confiance des contributeurs non militaires, particulièrement des organisations internationales et des ONG, qui ne peuvent opérer que dans un milieu selon leur tolérance de risque.
Par contre, des projets qui répondent aux besoins quotidiens des Afghans engendrent leur confiance envers le gouvernement et réduisent leur soutien et leur tolérance aux insurgés. Une insurrection sans soutien local est finalement destinée à échouer.
[Traduction]
La décision du gouvernement de prolonger la mission jusqu'en 2011 nous a fait comprendre qu'il faut faire tout ce que nous pouvons aux niveaux stratégique, opérationnel et tactique pour créer les conditions nécessaires au succès de nos efforts pangouvernementaux. La présence accrue de civils canadiens dans le théâtre, les nombreuses améliorations imminentes de la capacité de nos forces pour améliorer la sécurité et la protection de la force, et le plan de nos alliés visant à renforcer nos forces dans la province de Kandahar aideront à façonner la mission à mesure que nous progressons. De façon générale, les Forces canadiennes continueront à s'ajuster et à adapter minutieusement leur approche aux priorités politiques du gouvernement du Canada et aux nouveaux plans de programme, conformément aux conditions sur le terrain à mesure qu'elles évoluent.
Je suis revenu de ma dernière visite en Afghanistan il y a moins de trois semaines, j'y avais retrouvé le greffier du Conseil privé, David Mulroney, et Rob Fonberg pour une partie de leur visite. Au cours de mes nombreuses visites, je vois de plus en plus que l'équipe civile et militaire souhaite partager la même langue et la même vision de ce qui doit être fait et de ce qui est réalisable au bon moment et au bon endroit. Après chaque visite, je reviens inspirer par la résilience, le dévouement, l'engagement et le professionnalisme de tous les participants à la mission, qu'ils soient civils ou militaires, même face à l'adversité et, à l'occasion, à la tragédie.
C'est un défi difficile pour nos forces militaires et pour le Canada, mais nous sommes collectivement prêts à le relever. Je crois que nous avons tous à coeur de donner suite au travail du groupe Manley; nous savons que beaucoup est accompli ici à Ottawa et outre-mer pour concrétiser l'engagement renouvelé du gouvernement à l'égard de cette mission.
Merci.