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CHPC Rapport du Comité

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Opinion complémentaire

Bloc Québécois

Un diffuseur public « multinational ».

Mise en contexte

          D'entrée de jeu, le Bloc Québécois tient à remercier toutes les personnes et tous les groupes du Québec et du Canada qui ont témoigné devant le comité sur la question du rôle d'un diffuseur public au XXIe siècle.

          Le Bloc Québécois réitère son appui à une télévision publique forte et dynamique et salue son apport considérable au développement de la culture québécoise. Cependant, il serait absurde de prétendre que les défis sont les mêmes pour la Société Radio-Canada et pour son pendant anglophone, CBC.  

          Bien que le Bloc Québécois ne soit pas en désaccord avec le présent rapport, nous constatons que le comité a choisi d'ignorer les différences fondamentales entre les réseaux anglophone et francophone de la télévision publique, niant une fois de plus l'évidence. Le Bloc Québécois avait proposé dès le départ que l'étude des deux réseaux soit faite de façon distincte. On a décidé de l'ignorer.

La reconnaissance de la nation québécoise

          En reconnaissant la nation québécoise avec sa langue et sa culture unique, comme le disait justement le premier ministre, le 22 novembre 2006, la Chambre des communes reconnaissait implicitement qu'il fallait protéger cette langue et cette culture unique. Il nous apparaît donc essentiel que l'ensemble des sociétés de la Couronne tiennent compte dans leur mandat de celles-ci.

          Il nous apparaît incohérent de déclarer qu'il y a une nation québécoise et de ne pas tenir compte par la suite de son existence. Incohérent que cette motion votée par la majorité des parlementaires n'entrainent aucune conséquence concrète. Incohérent surtout que cette reconnaissance ne soit pas enfin intégrée par l'appareil gouvernemental et les sociétés de la Couronne.

          Dès lors que la nation québécoise est reconnue par cette Chambre, les organismes fédéraux devraient avoir l'obligation de la valoriser. Ainsi la Société Radio-Canada devrait voir son mandat modifié en ce sens à même la Politique canadienne de radiodiffusion. Le Bloc Québécois avait soumis à cet égard deux recommandations qui n'ont pas été retenues.

Le Bloc Québécois recommande de modifier le libellé du sous-alinéa 3(1)m)(i) de la Loi sur la radiodiffusion pour qu'il se lise comme suite : « Être typiquement canadienne et, au Québec, québécoise. »

Le Bloc Québécois recommande de modifier le libellé du sous-alinéa 3(1)m) pour inclure dans le mandat de la société Radio-Canada la reconnaissance et la promotion, au Québec, de l'identité nationale québécoise.

          Il faut comprendre par le rejet des partis fédéralistes à ces recommandations le peu d'importance qu'ils accordaient à la reconnaissance de la nation québécoise. Ce n'est pas le cas pour le Bloc Québécois.

Pour une étude séparée

          Dès le début des travaux sur le rôle d'un diffuseur public au XXIe siècle, le Bloc Québécois avait défendu la nécessité de faire une étude séparée du réseau français et du réseau anglais, soit la Société Radio-Canada et la CBC. La CBC reste hélas une télévision « en crise permanente » alors que « 90% de toutes les dramatiques regardées par les Canadiens à la télévision anglaise sont étrangères et pour la plupart américaines »[1], Radio-Canada pour sa part ne fait pas face aux mêmes défis.

          Le Comité a dû en tenir compte et c'est pourquoi on peut lire dans ce rapport que « les services de télévision de langue française et de langue anglaise font face à des défis différents (.) Les deux réseaux n'ont pas les mêmes faiblesses et les mêmes forces. Le problème du réseau de télévision de CBC est que le taux d'écoute est si faible que certains risquent de considérer, à un moment donné, qu'il s'agit d'un réseau marginal. [2]» 

          Cette différence marquée et profonde, cette réalité de deux défis différents, de deux réseaux différents, ne s'exprime pas clairement dans les recommandations du comité. Face à un constat d'échec dans la capacité à attirer un auditoire important, le comité semble baisser les bras tout en se félicitant des succès du réseau français.

            La séparation de l'étude sur le rôle d'un diffuseur public au XXIe siècle en deux rapports : l'un sur le réseau français et l'autre sur le réseau anglais, aurait permis d'approfondir des questions qui concernent soit l'un soit l'autre.

            La vérité est que le réseau français de Radio-Canada s'adresse essentiellement aux Québécois et raconte des histoires québécoises faites par des Québécois. Le sentiment d'appartenance nationale des Québécois à l'égard du Québec explique que ceux-ci s'intéressent à leur télévision, privée et publique.

          Les questions du financement des séries lourdes, des droits de suite, de la production maison, du financement des affaires publiques, du respect du mandat de Radio-Canada International et du développement régional de Radio-Canada auraient pris une part beaucoup plus large s'il y avait eu examen séparé. Tout comme les défis de CBC auraient pu être étudiés plus à fond.

          Force nous est de constater que même en radiodiffusion, le Québec est une nation différente et que les parlementaires des trois autres partis auraient eu intérêt à reconnaître cette réalité, ce qui aurait permis au comité de faire un meilleur travail.

          Ils ont préféré le déni et le dogmatisme à l'efficacité. Ils ont préféré nier la nation québécoise plutôt qu'appuyer adéquatement un diffuseur public « multinational ».    

          Finalement, le Bloc Québécois a soumis une série de recommandations pour s'assurer de la transparence de la Société d'État désormais soumise à la Loi sur l'Accès à l'information. Notamment, le Bloc Québécois recommande que CBC/Radio-Canada dispose de bons indicateurs de rendement afin de mieux juger de son efficience et qu'elle doive suivre rigoureusement ses cibles en tout temps.

          La société d'État doit aussi s'assurer d'avoir les ressources nécessaires pour répondre avec diligence et rigueur aux nombreuses demandes que peuvent avoir les citoyens en vertu de la loi d'accès à l'information. Nous sommes d'avis que l'amélioration de la  transparence contribuera à assurer la meilleure gouvernance possible à la société d'État. Tout comme nous ne doutons pas de la bonne volonté de celle-ci à cet égard.

          Le Bloc Québécois croit en un diffuseur public bien ancré dans son temps, dynamique, multiple, reflétant au Canada la réalité canadienne, au Québec, la réalité québécoise et à l'étranger la différence entre les deux. Le Bloc Québécois continuera d'appuyer Radio-Canada et à travailler pour le défendre contre un gouvernement insensible au développement culturel.


[1] Un lieu pour tous les Canadiens, Sommaire du plan d'entreprise de CBC/Radio-Canada, 2006-2007 à 2010-2011, p. 21.

[2] Rapport du Comité du Patrimoine canadien, le rôle d'un diffuseur public au XXe siècle, p. 165.

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