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CIIT Rapport du Comité

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Opinion complémentaire

Bloc Québécois

Commercer avec la Corée : À quel prix?

Lorsque les membres du comité du commerce international ont décidé de se pencher sur les effets d’un accord de libre-échange avec la Corée du Sud sur l’économie canadienne, ils exprimaient leurs inquiétudes face aux résultats d’un tel accord. De son côté, le Bloc Québécois redoutait les impacts négatifs d’un tel traité sur l’économie québécoise, notamment sur le secteur de la fabrication du Québec qui est durement éprouvé dans sa compétitivité internationale par la hausse du pétrodollar canadien. Dans cette optique, nous sommes en accord avec la diversification des marchés d’exportations cependant; nous appuyons ce principe afin de permettre aux secteurs en difficultés d’être moins dépendants du marché étatsunien dans le but de réduire leur vulnérabilité et non pas pour les sacrifier face à une compétition étrangère féroce et souvent déloyale, alors que plusieurs de nos industries sont en position de faiblesse.

Le présent rapport identifie plusieurs points qui doivent nécessairement faire partie d’un éventuel accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Nous ne sommes pas en désaccord avec les recommandations du rapport, nous les trouvons même plutôt minimales. De plus, comme le rapport ne recommande pas de signer un accord de libre-échange avec la Corée nous n’allons pas nous y opposer. Cependant, nous croyons qu’il est nécessaire de rappeler plusieurs nuances et certaines craintes que nous entretenons vis-à-vis d’un accord avec la Corée.

Tout d’abord, bien que nous comprenons le contexte difficile des présentes négociations à l’OMC, nous réaffirmons, encore une fois, que cette obsession du gouvernement à mettre toutes ses énergie à la conclusion d’accords bilatéraux, alors que la meilleure solution pour ouvrir de nouveaux marchés, et ce dans un contexte favorable pour l’économie québécoise, passe par des ententes multilatérales. Il est nécessaire de réduire la dépendance au marché américain, mais encore faut-il le faire en calculant les impacts des nouveaux accords avec un regard plus sérieux et surtout beaucoup moins doctrinaire.

Dans le cas qui nous préoccupe, la question du moment choisi pour la conclusion  d’un accord est soulevée par plusieurs intervenants. En effet, la crise manufacturière combinée à la difficulté historique qu’ont les produits manufacturiers canadiens à pénétrer le marché Coréen donne l’impression de vouloir aller à la guerre sur un cheval malade. Plusieurs intervenants ont prétexté les dangers de voir nos concurrents s’accaparer le marché coréen et de voir les entreprises canadiennes manquer le bateau si le Canada ne signe pas un accord de libre-échange.

Mentionnons que, l’empressement du Canada à signer un accord à tout prix avant ses compétiteurs amplifie le risque de le voir signer un accord plus mauvais que ses concurrents, ce qui peut s’avérer pire que l’absence de traité de libre-échange. De plus, on ne peut laisser un principe de peur guider une politique commerciale qui se veut crédible et efficace. À long terme, ce combat pour de nouveaux marchés ne résultera qu’à une escalade de traités plus ou moins pertinents ce qui risque, au final, de faire plus mal à l’économie du Canada  qu’à la faire prospérer. Enfin, il faut se rappeler que la Corée est membre de l’OMC et que dans ce contexte 80% des produits canadiens sont exempts de douanes et de quotas, ce qui réduit considérablement les effets négatifs de « l’exclusion » par absence d’un ALE avec la Corée. De plus, la hausse du pétrodollar canadien a affecté la compétitivité des produits canadiens sur le marché coréen à un niveau auquel aucun accord de libre-échange avec la Corée ne pourra jamais ambitionner.

À la lumière de ces faits, surviennent  les questions suivantes : Quel est l’intérêt de signer un accord de libre-échange avec la Corée? Et pourquoi le faire dans une si mauvaise période pour le secteur de la fabrication? Jusqu’ici les arguments en faveur ne nous semblent pas suffisants.

Nous croyons qu’avant de se lancer à l’assaut des marchés asiatiques, le Canada doit se doter d’une véritable politique industrielle. Il  doit débloquer plus de fonds pour faire la promotion des produits canadiens à l’étranger. Il doit améliorer la productivité du secteur de la fabrication par des programmes gouvernementaux d’investissement en recherche et développement. Il doit donner au secteur manufacturier la capacité de se battre à armes égales avec ses compétiteurs.

La politique du laissez-faire économique de l’actuel gouvernement, véritable darwinisme économique qui se base sur des « lois naturelles de l’économie » et qui sont dans la réalité complètement construites, regarde s’affaiblir le secteur de la fabrication au Québec en criant à l’impuissance devant les lois « immuables » du marché international. Est-ce que pour satisfaire la doctrine du gouvernement conservateur nous devons laisser notre économie perdre le secteur de la fabrication et la valeur ajoutée des produits que nous exportons pour se replier sur les seuls secteurs des ressources naturelles et des services? Le Bloc Québécois ne peut se permettre de cautionner ce manque de vision et de laisser se fragiliser l’économie du Québec à ce point.

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