:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
La Confédération des syndicats nationaux représente 300 000 travailleurs de tous les secteurs d'activité économique. La moitié de nos membres oeuvrent dans le secteur privé. La crise qui sévit actuellement dans les secteurs manufacturier et forestier, particulièrement au Québec et en Ontario, fait extrêmement mal. Depuis décembre 2002, plus de 135 000 emplois ont disparu dans ce secteur. Près de la moitié des 275 000 emplois perdus dans ce secteur au Canada l'ont été au Québec.
Dans le secteur des scieries et des papetières, la situation est à proprement parler dramatique. Au Québec, 10 000 emplois ont été perdus depuis avril 2005. Si on inclut les activités connexes, on parle de 21 000 emplois perdus. En ce qui a trait au secteur forestier, environ 100 000 emplois, incluant les emplois connexes, ont été perdus. Ces pertes d'emplois sont surtout concentrées dans 240 villes et villages mono-industriels du Québec qui connaissent actuellement d'importants problèmes de dévitalisation.
À l'origine de tout ce branle-bas de combat, il y a eu, bien sûr, l'appréciation très rapide du dollar. Des efforts importants doivent être fournis pour moderniser nos entreprises. Tout le secteur de la recherche, du développement et de l'innovation doit être renchaussé pour nous permettre de faire face aux pays émergents, à la concurrence internationale. Bien sûr, de l'aide doit être fournie aux travailleurs et à leur famille. Dans les communautés mono-industrielles, la situation est particulièrement dramatique.
Sans insister davantage sur l'ampleur du problème, je vais vous faire part de solutions auxquelles les gens de la CSN ont pensé. Bien sûr, au moment de la mise à jour économique du gouvernement fédéral, bien des mesures ont été prises en matière de diminution des impôts. Néanmoins, jusqu'à la fin du mois de mars cette année, des surplus pourront encore être assignés. Nous croyons qu'il est particulièrement important d'agir en appliquant des mesures ciblées dans ces secteurs et dans les communautés touchées. Je vais vous faire un certain nombre de suggestions.
Nous avons pensé à des prêts ou garanties de prêt visant à favoriser la modernisation de certaines entreprises. Les entreprises qui ont actuellement des difficultés financières ne procèdent pas aux modernisations qui s'imposent. Ce sont les communautés et les travailleurs qui en souffrent, et les emplois qui disparaissent. Nous souhaiterions aussi voir adopter des mesures consistant à offrir un meilleur soutien à la deuxième et troisième transformation. Ça peut être fait de différentes façons. Dans le dernier budget du gouvernement du Québec, des crédits d'impôt ont été consacrés à la transformation dans les régions ressources. On a noté que ça avait été relativement efficace. Plus de 5 000 emplois ont pu être protégés grâce à ces mesures. Dans le cas des régions particulièrement dévitalisées, on peut penser à des crédits destinés aux jeunes travailleurs qualifiés qui décident d'occuper un emploi dans leur domaine, dans leur région.
La recherche et développement dans son ensemble est un secteur particulièrement névralgique. Je vous ferai remarquer que de ce côté, le Canada ne se classe pas très bien. Il ne figure pas parmi les pays les plus performants de l'OCDE, bien au contraire. À mon avis, on devrait majorer les mesures d'aide fiscale de façon à accroître l'investissement en recherche et développement. Ça permettrait aux entreprises de devenir plus concurrentielles à l'échelle internationale. Il faudrait aussi remettre sur pied Partenariat technologique Canada, un programme qui a déjà été fort utile. Ce dernier, qui a été aboli par le gouvernement fédéral, pourrait s'avérer extrêmement utile dans les circonstances.
Je vais dire quelques mots sur l'industrie forestière. C'est une véritable hécatombe, dans ce secteur. Nous croyons que le fonds de diversification des économies forestières aboli par le gouvernement conservateur, dans lequel avait été injectée une somme de 50 millions de dollars sur une période de quatre ans, serait d'une aide particulièrement précieuse pour les communautés mono-industrielles. De la même façon, un soutien à des programmes comme ceux de la cogénération pourrait aussi s'avérer extrêmement utile. On souhaite voir augmenter les budgets dédiés au Programme d'aide à la recherche industrielle de façon à ce qu'on puisse traverser cette crise difficile.
Évidemment, concernant toute la question de l'assurance-emploi et l'énorme surplus de ce programme, on pense qu'il y a moyen de cibler un certain nombre de mesures qui pourraient nous aider à traverser cette période particulièrement difficile. J'attire surtout votre attention sur un programme manquant, soit un programme de soutien du revenu pour les travailleurs âgés. La remise en place de ce programme fait l'objet d'un consensus au sein de toutes les organisations syndicales au Québec. Il peut s'agir d'un programme relativement peu coûteux et très ciblé. On pense aux travailleurs qui ont 55 ans et plus, qui ont travaillé plus de 10 années et qui, en quelque sorte, démontrent la trop grande différence qu'il y a entre leurs qualifications professionnelles et ce qu'il leur faudrait pour pouvoir intégrer un nouveau milieu de travail. Ce sont des évaluations qu'on est en mesure de faire, notamment avec les comités de reclassement. Dans ces cas-là, il faut bâtir un pont en leur fournissant des prestations qui peuvent équivaloir à celles de l'assurance-emploi, afin de leur permettre d'atteindre une retraire décente à l'âge de 65 ans.
J'attire aussi votre attention sur toute la question des traités internationaux, entre autres sur l'importance que le gouvernement fédéral, dans certains circonstances, invoque les mesures de sauvegarde pour assurer une transition, nous permettre de faire face plus adéquatement à la compétition internationale et permettre aux travailleurs et aux communautés de mieux s'en tirer dans les circonstances.
Je vais m'arrêter ici. Si vous avez des questions, il me fera plaisir d'y répondre.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour. Si j'ai l'esprit un peu embrumé, j'espère que vous voudrez bien me pardonner; j'ai pris trop de médicaments contre le rhume.
J'ai quatre points que je voudrais souligner rapidement. Premièrement, j'estime qu'il ne faut pas mettre dans un même sac le secteur manufacturier et celui des produits forestiers. Ce sont des secteurs différents, dans des situations différentes. Comme mon prédécesseur, j'estime que le secteur des produits forestiers, surtout au Québec, connaît un changement structurel majeur et a besoin d'une aide appréciable.
Il en va un peu différemment du secteur manufacturier. Si quiconque nous avait dit, il y a quelques années, que le dollar canadien serait au même niveau que le dollar américain, que le pétrole coûterait 100 $ le baril et que la Chine deviendrait un joueur incontournable, nous aurions tous pensé que notre secteur manufacturier serait rayé de la carte. Or, tel n'est pas le cas. On y vit une restructuration majeure, là aussi, mais tous les segments seront en mesure d'aller de l'avant.
Qui plus est, le phénomène est international. Il se produit aux États-Unis. Et la dégringolade du billet vert n'a pas empêché de nombreuses mises à pied dans le secteur manufacturier des États-Unis, de l'Allemagne, de la France et du Japon. Quel est l'élément nouveau dans tout cela? Une concurrence acharnée, une restructuration intense, essentiellement sous l'impulsion de la Chine qui est maintenant devenue le fabricant de la planète. Cela nécessite un ajustement de notre part. Mais il ne faut pas prendre nos fabricants à la légère, parce qu'ils ont prouvé à maintes reprises qu'ils étaient capables de s'ajuster.
La récession que semble connaître en ce moment l'économie américaine complique encore les choses, d'autant que, selon moi, ce ne sera pas une récession normale. Elle a été déclenchée en bonne partie par un grave choc du crédit, si bien que le rétablissement n'est pas pour demain. Cette fois-ci, il faudra plus d'un trimestre ou de deux ou trois trimestres avant que les États-Unis ne soient de nouveau d'attaque. On n'y retrouvera pas les mêmes taux de consommation que ceux enregistrés en 2004, 2005 et 2006. À l'avenir, en 2008, 2009 et 2010, les dépenses des consommateurs américains seront bien plus faibles que celles enregistrées entre 2002 et 2006. C'est une paille de plus sur le dos du chameau.
Le gouvernement a-t-il un rôle à jouer, dans tout cela? Oui, et un rôle très important. J'appuie de tout coeur la suggestion que vous venez d'entendre, celle d'une aide apportée aux travailleurs âgés, notamment dans le secteur des produits forestiers. D'un point de vue plus général, l'aide gouvernementale devrait cibler les gens, non pas des entreprises ou des secteurs. En effet, il est toujours difficile de choisir des entreprises ou des secteurs gagnants. Par contre, il y a des gens qui ont indubitablement besoin d'aide, notamment des travailleurs d'un certain âge dans des villes monoindustrielles du Québec et d'autres provinces. Nous sommes tellement en faveur de cette mesure.
Enfin, nous sommes une petite banque, mais avons une clientèle provenant d'industries et de secteurs variés, essentiellement au Québec mais aussi en Ontario. Environ 20 p. 100 de nos clients commerciaux sont dans l'exportation. Les 80 p. 100 restants desservent essentiellement le marché canadien, qui continue à se porter raisonnablement bien. Jusqu'à preuve du contraire, l'Alberta et la Colombie-Britannique continuent à faire partie du Canada et leur économie tourne à plein régime.
En conclusion, le gouvernement a un rôle à jouer, et ce rôle devrait viser une aide aux gens, pas aux entreprises ni aux secteurs.
Merci.
Bonjour, mesdames et messieurs.
La région de Red Lake a une industrie forestière depuis la fin des années 20, époque où on a trouvé de l'or à Red Lake et où il a fallu du bois de charpente pour l'industrie aurifère. Faute de routes pour acheminer le matériel, on a établi sur place des scieries pour la construction des maisons, des mines, etc. Par la suite, la région de Red Lake est devenue une des premières sources de fibres pour les fabriques de pâtes et papiers à Kenora et à Dryden, ainsi que pour une scierie à Ear Falls.
Comme bien d'autres villes, nous avons accusé de graves pertes d'emplois par rapport à notre population. À Red Lake, sur une population de 4 500 personnes, 120 emplois du secteur forestier ont disparu, soit presque tous ceux qui existaient. Notre seule scierie est inactive depuis déjà un bon moment.
Au cours des deux dernières années, il s'est manifesté un grand intérêt pour la construction d'une usine de traitement de bois à valeur ajoutée en ville. Il s'agit pour nous d'exploiter notre emplacement géographique, à la base de ce qui constitue peut-être la plus grande forêt boréale restante en Amérique du Nord. Nous avons tenu des négociations et des discussions avec les premières nations de la zone, les collectivités existantes et des entreprises forestières étrangères, essentiellement de Finlande. On parle à présent du projet comme du projet Two Feathers.
Tout au long de son histoire, Red Lake a assis son économie essentiellement sur des mines aurifères, dont la fortune fluctue avec la valeur internationale de l'or. Red Lake a donc connu de nombreux cycles d'expansion et de ralentissement entre 1926 et maintenant, où nous sommes dans une période prospère. Pour stabiliser véritablement son économie, Red Lake doit s'axer sur une diversification industrielle et commerciale qui diminuera sa dépendance par rapport à l'industrie minière.
Notons aussi que notre économie comprend un volet tourisme, compromis lui aussi par plusieurs facteurs. Comme l'a dit mon ami, l'économie américaine a de sévères répercussions sur le tourisme à Red Lake. C'est pourquoi nous avons envoyé, ces deux dernières années, des missions commerciales en Allemagne, afin d'attirer un nouveau type de touristes, initiative qui a tout de suite porté ses fruits.
Laissez-moi revenir au projet Two Feathers. C'est une installation de production à valeur ajoutée qui va apporter une contribution significative à la diversification industrielle et commerciale de la région, ainsi qu'à la santé de l'économie de la zone. C'est une technologie à la fine pointe du progrès, l'installation devant être la première de ce type en Amérique du Nord.
Le projet Two Feathers naît de la collaboration de toute une série de partenaires: la Nation ojibway de Wabigoon Lake, la première nation d'Eagle Lake, la première nation de Pikangikum, la ville de Dryden, la municipalité de Red Lake, le groupe finlandais Wood Tech, ainsi que de nombreux organismes gouvernementaux. Et il reste ouvert à la participation d'autres partenaires.
Les activités d'affaires envisagées bénéficieront à chacun des partenaires. Le projet sera avantageux pour tout le Nord-Ouest de l'Ontario, en y établissant des marchés qui ne dépendront pas des fluctuations du marché des produits de base aux États-Unis. L'étude de rentabilité met en effet l'accent sur un investissement étranger direct et sur la vente dans des marchés étrangers: l'Europe, le Japon et la Scandinavie. L'usine de fabrication produira des produits du bois à valeur ajoutée, qui échappent au marché des produits de base du bois traditionnels.
Une initiative d'échange très ambitieuse, financée par RHDSC, encore à l'étude, permettra de former, la première année, plus de 100 jeunes Pikangikum, qui seront ainsi prêts à occuper des emplois dans le cadre du projet Two Feathers. En tout, c'est plus de 500 jeunes Pikangikum que le programme devrait former, au cours d'une période de sept ans. La première nation Pikangikum, où sévit un taux de chômage de 90 p. 100, y voit un élément clé de son plan de rétablissement économique. La formation se tiendra dans la première nation Pikangikum, dans la municipalité de Red Lake et dans la ville de Dryden, ce qui aura des retombées positives sur ces collectivités. Le projet engendrera de nombreux autres besoins en formation et, à cet effet, la municipalité de Red Lake a entamé des discussions avec deux établissements, Confederation College et Northern College of Applied Arts and Technology, en vue de la construction de locaux sur place.
Ce type de discussions inclut désormais les exigences de formation du secteur des services et du secteur médical. Nous constatons donc des avantages immédiats au lancement du projet Two Feathers. Au bout du compte, nous en attendons la création de 500 emplois directs et indirects; pour nous, c'est un chiffre considérable.
Des projets de cette ampleur sont rares dans l'histoire de Red Lake. Il est donc essentiel de saisir l'occasion qui s'offre. C'est un projet essentiel pour la création d'emplois, avec des ramifications positives pour le rétablissement économique de la région. Red Lake sera bien placée pour attirer les entreprises qui, à l'avenir, appuieront et offriront des services au plan de production de produits forestiers Two Feathers. Il se créera également des emplois dans le domaine social et ceux de la culture, de la médecine et de l'éducation.
Pour entamer le processus, la municipalité de Red Lake, la Two Feathers Corporation et Goldcorp, une compagnie minière locale, ont établi un partenariat pour faire l'acquisition des 142 hectares de terrains nécessaires pour ce projet. Il s'agissait en soi d'une initiative sans précédent car auparavant il aurait été impensable que des compagnies minières cèdent leurs terres, particulièrement à Red Lake. Elles tenaient à conserver l'ensemble de leurs terrains miniers en raison de leurs intérêts miniers, et nous sommes donc reconnaissants à Goldcorp.
Les avantages économiques qui résulteront de ce projet sont importants. Sans vous citer de chiffres, on peut simplement imaginer l'impact d'un projet de cette envergure. L'investissement total du projet dans la région s'élèvera à environ 160 millions de dollars, y compris le site de cogénération d'énergie à partir de la biomasse. C'est pratiquement l'équivalent de construire une nouvelle mine d'or. Cela n'inclut pas d'investissements concernant le parc industriel voisin, de 40 hectares. Le projet de parc industriel Two Feathers produira des recettes fiscales importantes pour la municipalité. C'est un aspect très important de la participation de la municipalité à ce programme. Il est essentiel que la municipalité augmente dès maintenant son assiette de calcul, parce que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de continuer à augmenter les taxes locales.
Je vais vous expliquer comment l'or nous a appauvris. Comme la plupart d'entre vous le savent, Red Lake est sans doute le haut lieu de l'exploitation de l'or en Amérique du Nord à l'heure actuelle. Plus on trouve de l'or, plus les mines s'agrandissent, et plus les mines s'agrandissent, plus elles ont d'installations souterraines. Cela, selon la Loi ontarienne sur les mines les exempte de payer des taxes locales. Il s'agit de méga mines. Elles transfèrent leurs garages, leurs stations de pompiers, leurs boutiques, leurs cafétérias et leurs bureaux d'ingénierie sous terre et ne payent pas de taxes locales sur ces installations. Donc, plus on trouve de l'or, moins on paye de taxes. Ce n'est pas une bonne combinaison, particulièrement lorsque l'or vaut environ 1 000 $ l'once aujourd'hui.
Les entreprises ou les industries canadiennes et internationales auront énormément de possibilités d'investir dans des jeunes entreprises, de transférer leurs activités à Red Lake ou de les élargir. Cette technologie de pointe établie à Red Lake pourrait être un modèle de projets similaires ailleurs. Nous prévoyons que Red Lake pourrait devenir le centre d'excellence en ce qui concerne les projets de traitement du bois à valeur ajoutée grâce à cette technologie moderne. C'est l'occasion d'utiliser les piliers de la durabilité qui permettent de faire la meilleure utilisation de nos ressources naturelles et d'en tirer la plus grande valeur. Nous souhaitons nous positionner de manière à ce que tous les investisseurs possibles aient de nous une image positive et favorable.
C'est là où la situation devient légèrement différente. De quoi avons-nous besoin pour que cela devienne réalité? Nous invitons le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire de ministères comme AINC, Industrie Canada, et FedNor, à participer à cette entreprise commune. Cette participation peut prendre diverses formes, comme des dépenses d'équipement, un engagement et des efforts de coordination pour garder le projet sur les rails. La municipalité de Red Lake aura besoin d'aide pour améliorer l'infrastructure et la prestation de services dans le cadre du projet.
Ce projet aura besoin d'une main-d'oeuvre bien formée, qualifiée et adaptable, capable de devancer les exigences mondiales. Le projet aura besoin de capital supplémentaire au fur et à mesure que nous ferons appel à de nouvelles technologies pour rester en tête du peloton. Le projet comportera un volet prévoyant l'utilisation de la biomasse avec tous les avantages que cela comporte, y compris une dépendance moins grande de l'énergie hydroélectrique et de la combustion de combustibles fossiles. Le projet aura besoin de nouvelles stratégies de mise en marché, entre autres vers les marchés étrangers. Il s'agit d'un projet qui est très axé sur les marchés et qui nécessitera un développement immédiat du site pour que la construction puisse débuter immédiatement. Oui, nous demandons votre aide et nous vous demandons de devenir notre partenaire.
La municipalité de Red Lake est fière de participer à ce projet. Nous considérons que c'est l'occasion pour les gouvernements fédéral et provincial, les municipalités, les premières nations, l'industrie privée et les investissements étrangers d'aider à remettre sur pied l'industrie forestière canadienne. Nous ne voulons pas laisser passer cette occasion qui pourrait nous permettre de créer d'autres débouchés ultérieurement. Nous vous demandons de collaborer avec nous à cette entreprise prometteuse, qui est une première pour le Canada.
En terminant, au nom de tous les partenaires et résidants de Red Lake, je tiens à vous remercier de cette occasion tout a fait unique que vous nous offrez.
:
Je vous remercie, monsieur le président, et je tiens à vous remercier, mesdames et messieurs, de cette occasion que vous nous offrez.
À Dryden, nous faisons face à de graves difficultés attribuables, en grande partie, au ralentissement de l'activité dans le secteur forestier. Nous savons que les gouvernements, tant à l'échelle fédérale que provinciale, comprennent pleinement les répercussions d'une telle situation sur des collectivités comme Dryden, qui dépendent des ressources, et la situation que nous vivons. Nous sommes heureux de présenter le point de vue de Dryden et apprécierons toute aide directe ou indirecte que vous serez en mesure de fournir pour notre collectivité pour qu'elle puisse redevenir prospère.
Nous sommes, en fait, un centre régional très prospère dans les domaines des affaires, de la santé et des services professionnels. Nos ressources naturelles soutiennent notre style de vie sain et dynamique et représentent le fondement de notre communauté très moderne. Grâce à votre aide, nous espérons que cela continuera.
Nous nous trouvons à mi-chemin entre Thunder Bay et Winnipeg. Nous comptons une population d'environ 8 200 habitants et une zone commerciale d'environ 35 000. Si vous venez nous rendre visite, je me ferai un plaisir de vous accueillir dans notre ville située en pleine nature.
Nous étions, et nous sommes tributaires des ressources naturelles. L'industrie forestière représente probablement environ 70 p. 100 de notre économie locale. Au cours des cinq dernières années, le nombre d'emplois à l'usine locale est passé d'environ un peu plus de 1 200 à aujourd'hui environ 520. Si vous multipliez cela par quatre, dans une famille ordinaire, cela a d'énormes répercussions sur le commerce direct et indirect.
Parallèlement, l'usine a investi environ 250 000 $ pour l'entretien et le fonctionnement. Les responsables de l'usine font preuve d'une très grande efficacité pour ce qui est d'examiner les économies qui leur permettront de poursuivre leurs activités et de soutenir notre collectivité.
La perte d'emplois directs, si elle s'était produite ici, aurait entraîné la perte d'environ 67 000 emplois de qualité. Vous pouvez imaginer les répercussions que cela aurait. De nombreux emplois indirects dans le secteur forestier ont également disparu. C'est une situation que vivent désormais de nombreuses collectivités tributaires du secteur forestier, situées dans le Nord-Ouest de l'Ontario. Je suis présidente de Northwestern Ontario Municipal Association, qui représente 35 collectivités. Je peux vous dire que pratiquement chacune d'entre elles fait face au même problème.
Nous avions un faible taux de chômage. Nous étions une communauté d'affaires prospère. Nous connaissions une croissance et un développement modérés. Dryden a, en fait, ciblé des secteurs de diversification économique, qui comprennent la foresterie à valeur ajoutée, l'exploitation minière, le tourisme, l'éducation, les services de santé et particulièrement, l'énergie verte.
À cause de ces pertes d'emplois, aujourd'hui le revenu moyen d'une famille est de 16 p. 100 inférieur à celui que l'on enregistre dans le reste de l'Ontario, et nous constatons une augmentation de plus de 50 p. 100 du nombre de cas dont nous devons nous occuper dans le cadre du programme Ontario au travail. Le recours aux banques d'alimentation locales augmente de façon régulière. L'activité dans le secteur de la construction en ville est devenue pratiquement inexistante. C'est sans doute le taux le plus faible d'activité affiché par ce secteur en dix ans.
Nous constatons avec beaucoup de tristesse l'exode de nos jeunes, et c'est un phénomène qui se répand dans l'ensemble du Nord-Ouest de l'Ontario au fur et à mesure que les possibilités d'emplois disparaissent. Notre ville est obligée d'augmenter les taxes à un taux qui dépasse le coût de la vie sinon elle devra commencer à éliminer et réduire de façon draconienne les services. Nous devons prendre cette mesure pour entretenir et remplacer l'infrastructure nécessaire qui est en train de se détériorer. Comme vous le savez, nous avons présenté à plusieurs reprises des demandes par l'intermédiaire du Fonds pour l'infrastructure municipale rurale Canada-Ontario, mais malheureusement sans succès. Nous voulons remplacer notre usine de traitement des eaux usées, dont le coût s'élèvera à environ 21 millions de dollars.
À l'heure actuelle, le secteur des pâtes et papiers est en train de faire une évaluation de la taxation, qui retire environ deux millions de dollars des coffres de Dryden, ce qui aura d'énormes répercussions sur notre collectivité.
Les coûts du maintien de l'ordre grimpent en flèche car évidemment le tissu social de notre collectivité commence à se désagréger.
Des entreprises ont fermé leurs portes. Il y a un peu partout en ville des panneaux annonçant des locaux vacants, ce que nous n'avions jamais vu par le passé. Nous avons réagi en établissant un nouveau plan stratégique qui met l'accent sur la croissance économique. Nous avons mis en oeuvre le plan d'amélioration communautaire. Nous avons investi dans la revitalisation du centre-ville, grâce au financement offert par FedNor et OSTAR, l'initiative de développement des collectivités rurales et des petites localités de l'Ontario. Comme je l'ai dit, nous faisons partie de la NOMA et de l'Ontario Forestry Coalition.
La ville a travaillé étroitement avec notre usine et notre industrie forestière, et nous continuons de collaborer avec elles pour trouver des solutions aux problèmes. Les questions forestières relèvent de la compétence des provinces. Nous le savons, mais la restructuration, l'approvisionnement en fibres, la Loi sur les espèces en péril, et le droit de coupe continuent de nous poser des difficultés à nous tous.
La situation mondiale et ses retombées échappent à notre contrôle à Dryden. La Dryden Economic Development Corporation a été créée pour se lancer énergiquement à la recherche de possibilités de diversification économique grâce au maintien et à l'expansion des entreprises et à l'investissement commercial.
Nous avons présenté une demande au programme à l'intention des collectivités forestières mais sans plus de succès.
À l'heure actuelle, nous sommes en train de travailler à la création du centre régional d'innovation pour la forêt septentrionale destiné à appuyer la recherche et le développement en foresterie à valeur ajoutée et le transfert de connaissances que possède la Finlande, qui est un projet Two Feathers dont mon collègue a parlé. Nous continuons à travailler en collaboration avec nos voisins des premières nations à un certain nombre de projets et d'initiatives qui seront avantageux pour Dryden.
Nous aimerions particulièrement que le financement accordé par FedNor augmente. Nous travaillons à élaborer des projets et des politiques dans la production d'énergie photovoltaïque, solaire et à partir de la biomasse, ainsi qu'à l'aménagement de notre secteur riverain durable.
Les possibilités d'aide fédérale à l'intention des petites localités tributaires de l'industrie primaire représentent la mise en oeuvre très rapide de la fiducie pour le développement communautaire annoncée récemment et permettra de s'assurer qu'elle ne s'applique qu'aux petites localités tributaires d'une seule industrie primaire.
Nous aimerions recevoir une aide financière dans le cadre de programmes de subventions ciblés pour l'infrastructure comme le programme du Fonds Chantiers Canada. Compte tenu des difficultés que nous avons à financer notre nouvelle usine de traitement des eaux usées, il nous faut savoir ce qu'il en est à cet égard, quand ces fonds seront accessibles, à quoi ils seront destinés et les critères qui sont prévus.
Nous sommes à la recherche d'investissements pour une importante voie de transport. Lorsqu'on attribue des fonds pour les routes, il faut relever la norme, pour investir peut-être sur une distance plus courte mais dans une route de meilleure qualité qui ne se détériorera pas au bout de six mois.
Il nous faut une marge de manoeuvre pour adapter les programmes aux besoins régionaux, et il nous faut une fois de plus un financement accru pour FedNor.
En ce qui concerne l'aide financière temporaire, lorsque l'assiette fiscale diminue considérablement — entre 8 et 10 millions de dollars, nous avons besoin d'aide pour la recherche, le développement et la formation afin de nous permettre d'assurer la transition du secteur forestier fondé sur les produits primaires et sa main-d'oeuvre vers le développement de produits à valeur ajoutée, et nous devons alors offrir une aide au recyclage et à la formation aux citoyens des localités touchées pour leur permettre de demeurer dans leurs localités. Nous avons des gens qui sont obligés d'aller travailler dans d'autres régions du Canada, particulièrement vers l'ouest et le nord, et qui doivent téléphoner à leurs enfants pour leur souhaiter bonne nuit. Ce n'est pas une bonne chose.
Nous avons besoin de fonds pour les dépenses de capital afin de créer le centre d'innovation pour la forêt septentrionale à Dryden qui répondra aux besoins de la région et qui permettra de stabiliser le financement pour les aéroports locaux, régionaux et les petits aéroports partout dans le Nord-Ouest et au Canada.
Il faudrait envisager d'établir une plus grande présence fédérale dans les localités tributaires d'une industrie primaire.
Il faut également offrir des incitatifs aux localités qui participent à des entreprises économiques avec les premières nations dans le secteur privé. Et nous aimerions également que vous accélériez le règlement des revendications territoriales de nos premières nations voisines de manière à stimuler l'activité économique dans le Nord et la création d'emplois?
Toute cette situation a énormément de répercussions au niveau des familles. Elle détruit la vie familiale. Cela ne devrait pas se produire dans un pays comme le Canada. Nous avons la chance de vivre ici. C'est un merveilleux pays. Je vous demande de nous aider.
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé.
:
La Fédération des chambres de commerce du Québec est un réseau très important.
Entrons dans le vif du sujet. Pourquoi les entreprises des secteurs forestier et manufacturier ont-elles besoin de l'appui financier du gouvernement?
Lorsqu'on parle de soutien aux entreprises, il y a deux idéologies économiques. Il y a ceux qui prônent le laisser-faire, qui croient que les mécanismes de marché vont réallouer l'ensemble des ressources de la manière la plus efficace et pour apporter le bénéfice net le plus élevé pour l'ensemble de la population. D'autre part, il y a ceux qui prônent un peu plus une intervention du gouvernement et qui croient que la création d'emplois et l'essor économique nécessitent le soutien du gouvernement.
D'entrée de jeu, je tiens à souligner qu'à la Fédération des chambres de commerce, on ne fait pas dans l'idéologie. Nos membres font face à des problèmes concrets et réels, et nous croyons que pour y remédier, il faut adopter des approches pragmatiques. La fédération voit quatre raisons pour lesquelles le gouvernement devrait offrir une aide directe et fiscale aux secteurs forestier et manufacturier. La première est la compétitivité et l'investissement; la deuxième, la diversification économique; la troisième, l'équité concurrentielle; et la quatrième — je pense que les deux panélistes qui m'ont précédé seront heureux —, le développement régional.
À propos de la compétitivité et des investissements, tout le monde sait que depuis le début des années 2000, la concurrence étrangère a entraîné une restructuration dans notre secteur manufacturier, qui fut accélérée par l'appréciation fulgurante du dollar canadien. La fédération croit que cette restructuration est normale et saine. Le gouvernement ne doit pas intervenir pour l'empêcher, mais il doit plutôt accompagner les entreprises et les aider à faire face aux défis de cette restructuration.
Nous croyons que les entreprises ont besoin d'aide. La restructuration, présentement, se fait à toute vitesse. C'est un nouveau phénomène. On n'a jamais vu pareille concurrence étrangère envahir tant le marché intérieur qu'étranger. Les fluctuations du dollar affectent un peu, voire beaucoup, les décisions d'affaires des entreprises. Également, la force du dollar fait en sorte que les investissements deviennent moins profitables, alors que par le passé, la faiblesse relative du dollar constituait un avantage comparatif. Aujourd'hui, c'est la compétitivité de nos entreprises qu'il faut mettre de l'avant. L'enjeu de la productivité et de la compétitivité est primordial.
Le problème est que les entreprises des secteurs manufacturier et forestier hésitent à investir. Le dollar crée un peu d'instabilité, mais diminue également un peu leurs marges de profit lorsqu'elles exportent.
Nous croyons que le gouvernement a un rôle à jouer. D'une part, le gouvernement devrait diminuer davantage le fardeau fiscal des entreprises. À cet égard, nous saluons l'engagement du gouvernement à réduire graduellement le taux d'imposition des sociétés à 15 p. 100 d'ici 2012. Toutefois, nous croyons que la baisse de la TPS a empêché une mise en application plus rapide du fardeau fiscal des entreprises, ce qui, de notre avis et de celui de la plupart des fiscalistes au Canada et ailleurs, aurait été beaucoup plus profitable pour l'économie canadienne.
La deuxième bonne raison pour laquelle le gouvernement devrait aider les secteurs manufacturier et forestier est la diversification économique. Je ne vous apprends rien, encore une fois, en vous disant que sous l'impulsion du renchérissement des matières premières et de l'amélioration du terme de l'échange canadien, le secteur manufacturier et des ressources naturelles et, indirectement, celui des services, suite à l'effet de richesse, a gagné en importance au Canada, alors que sous l'effet de l'appréciation du dollar, le secteur manufacturier a perdu des plumes.
Il est, selon nous, primordial que le gouvernement s'assure que son économie reste diversifiée, et ce, pour une bonne raison: le boum dans le secteur des ressources naturelles ne peut qu'être temporaire. Si ce n'est le prix des ressources naturelles qui un jour diminuera, ce sera l'épuisement des ressources, tout simplement.
Par conséquent, afin d'assurer une croissance à long terme de notre économie, il faut éviter la désindustrialisation. Le mot est peut-être fort, mais présentement, on voit une diminution de la production, de l'emploi et de l'investissement dans le secteur manufacturier québécois. On pourrait commencer à croire qu'il y a effectivement une désindustrialisation.
Afin d'éviter pareille situation, il nous apparaît nécessaire que le gouvernement poursuive et bonifie ses politiques industrielles. Nous recommandons que ces politiques soient axées sur l'augmentation de la compétitivité. Il faut investir dans des projets porteurs. Or pour nous, ce qui est porteur, c'est la compétitivité. Nous pensons que le gouvernement devrait accorder une certaine importance à cet aspect.
La troisième raison pour laquelle le gouvernement devrait soutenir les secteurs manufacturier et forestier est l'équité concurrentielle, qui consiste en l'argument économique to level the playing field. Certaines industries, comme l'industrie de l'aéronautique du Brésil, sont fortement subventionnées. Par exemple, Embraer reçoit beaucoup d'argent de l'État.
Si nous voulons permettre aux entreprises canadiennes d'être performantes à l'échelle internationale, il faut les soutenir financièrement. C'est navrant, mais le fait est qu'elles subissent un désavantage concurrentiel immédiat sur le marché mondial du fait que d'autres pays subventionnent leurs industries. Il nous paraît quelque peu frustrant de devoir subventionner les multinationales, mais il faut accepter l'évidence et être pragmatique. Les autres pays le font, et si nous ne le faisons pas, nous allons perdre des compagnies indispensables à l'économie canadienne.
On parle de soutien aux secteurs manufacturier et forestier, et ça implique toute une dimension de développement économique régional. Je ne vous apprends rien en disant que la plupart des gouvernements ont une longue histoire en matière d'intervention dans ce domaine. Il est en effet de leur devoir de limiter les disparités sociales, d'équilibrer le développement économique et de répartir la richesse à l'intérieur des frontières de leur pays.
À cet égard, il existe essentiellement trois outils: la fiscalité, les paiements de transfert et l'aide sectorielle. Au cours des dernières années à l'échelle mondiale, notamment aux États-Unis et en Europe, l'aide sectorielle a visé davantage le secteur manufacturier, entre autres en raison de la concurrence de pays comme la Chine. Ce troisième outil de développement économique régional, l'aide sectorielle, vise deux objectifs: protéger les secteurs économiques importants pour les régions et renforcer la compétitivité des régions en misant sur les industries de pointe ou en croissance.
Selon nous, ces deux objectifs sont complémentaires. Le gouvernement conservateur a posé un beau geste en mettant en oeuvre l'aide sectorielle destinée aux régions touchées par la crise des secteurs forestier et manufacturier. Dans le budget de 2008, on l'a appelée la Fiducie nationale pour le développement communautaire. D'une part, cet argent va être utilisé pour restructurer les compagnies et les industries en difficulté qui sont importantes pour les régions du fait que leur production est basée sur les atouts régionaux. Ce sont des entreprises dont le fondement économique est justifié. D'autre part, il va servir à recycler les travailleurs qui ont perdu leur emploi dans ces secteurs économiques, c'est-à-dire qu'on va les aider à intégrer des secteurs économiques en croissance, notamment le secteur minier.
Toutefois, on regrette que l'aide accordée aux secteurs forestier et manufacturier par l'entremise de la Fiducie nationale pour le développement communautaire n'ait pas été assez élevée. La part versée au Québec est moins importante que le poids économique du secteur manufacturier québécois, en termes de production et d'emplois. Nous avons dit qu'il fallait non seulement bonifier cette aide au Québec, mais également changer la formule de redistribution. Dans ce cas-ci, redistribuer l'argent selon la démographie n'a pas de sens, étant donné que le secteur manufacturier québécois représente une part plus importante de l'ensemble de l'économie canadienne. On a un peu regretté cette aide.
Le fait qu'on accorde une aide de 250 millions de dollars au secteur de l'automobile lors du dernier budget et qu'il s'agisse d'un fonds destiné à l'innovation nous a surpris également. Nous savons tous que ce secteur est concentré en Ontario. M. Flaherty a dit que cette somme allait être utilisée pour créer la voiture verte de demain ou du moins pour en faire le design. Or, à notre connaissance, on ne fait pas beaucoup de design automobile au Canada. Nous nous demandons par conséquent si cet argent aurait pu être mieux investi. Nous croyons que les retombées de l'innovation auraient pu être plus importantes s'il s'était agi des sciences de la vie ou de l'aéronautique, des secteurs où l'on fait de la recherche et développement et où l'on fait réellement du design de produit.
Comme tout contribuable s'attendant à être soutenu par le gouvernement s'il n'a pas les ressources nécessaires pour subvenir à ses propres besoins, la Fédération des chambres de commerce du Québec croit que les entreprises canadiennes et québécoises devraient pouvoir compter sur l'aide du gouvernement lorsqu'elles connaissent des situations difficiles qui sont un peu hors de leur contrôle. Elles n'avaient en effet aucun contrôle sur la récente appréciation du dollar canadien. Cette situation crée vraiment beaucoup de problèmes dans les entreprises. Celles-ci se posent beaucoup de questions. Entre autres, elles se demandent si elles doivent continuer à investir au Québec ou au Canada.
Conséquemment, la Fédération des chambres de commerce du Québec encourage fortement le gouvernement à développer des politiques d'aide temporaire spécifiquement pour les entreprises qui connaissent une situation financière difficile. Évidemment, un juste équilibre est nécessaire afin que le gouvernement n'en vienne pas à subventionner des industries dont la raison d'être n'est pas économiquement justifiable. À la Fédération des chambres de commerce du Québec, nous demandons depuis une éternité déjà que le Canada se dote d'un régime fiscal compétitif qui favorise la création de richesses et de politiques gouvernementales structurantes, notamment des politiques d'aide qui assurent la compétitivité et la prospérité à long terme de l'économie canadienne.
Merci beaucoup.
Je me sens un peu mal à l'aise parce qu'en fait, je suis issu d'une industrie qui est raisonnablement performante et qui est bien positionnée face à l'avenir. Cela dit, ne vous déplaise, nous aussi nous avons nos bobos, et je vais en évoquer quelques-uns, mais nous semblons avoir davantage fait ce qu'il faut que le contraire.
Pour commencer, lorsqu'on parle du secteur automobile, il faut considérer les constructeurs proprement dits sous un angle différent de celui des fabricants de pièces détachées et de machineries d'outils qui travaillent pour l'industrie. Ces deux secteurs sont très différents. Tous deux travaillent dans un secteur planétaire, et c'est assurément vrai pour les constructeurs, mais par contre le secteur des pièces détachées est davantage ciblé sur l'Amérique du Nord.
Dans le secteur automobile, on parle de trois erreurs très distinctes. Je ne vais pas en parler de façon détaillée, mais la première erreur est survenue lorsque Henry Ford a traversé la rivière Detroit pour venir ouvrir une chaîne à Walkerville. Au Canada, nous nous sommes retrouvés fort de 60 ou 65 ans d'expérience automobile avec pour résultat un secteur terriblement inefficace, grevé par des tarifs douaniers très élevés et dépourvu de toute rationalisation de l'infrastructure de production. Cet état de choses s'est terminé avec la Commission royale de 1963, la Commission Bladen, qui avait mis le doigt sur tous ces problèmes en proposant une série de politiques qui, par des chemins détournés certes, ont fini par produire le Pacte de l'automobile.
C'est là qu'a commencé notre seconde erreur, une erreur qui, pourtant, a beaucoup profité au secteur automobile.
Il est important à mes yeux de bien comprendre que le Pacte de l'automobile était une entente d'exonération douanière mais qui était loin, très loin, de ressembler à un accord de libre-échange. Le Pacte de l'automobile comportait d'importantes sauvegardes — notamment des ratios entre la production et la vente et une garantie de valeur ajoutée — des sauvegardes qui ont contribué à fort bien protéger l'industrie pendant son développement. Si le Pacte de l'automobile a un défaut, en raison même de la nature de ces sauvegardes, cela a contraint l'industrie... Ceux qui ont profité du Pacte de l'automobile, c'était uniquement les protagonistes nord-américains, GM, Ford et Chrysler, mais c'était une industrie extrêmement bien protégée, et c'est quelque chose qui, à mes yeux, exige d'être parfaitement compris.
Issu du Pacte de l'automobile, le secteur des pièces détachées, cela aussi il faut bien le comprendre, s'est trouvé décimé. On parle beaucoup à l'heure actuelle des graves difficultés de ce secteur. C'est un secteur qui a vécu ces régénérations. Le Pacte de l'automobile a éliminé plus de la moitié des compagnies et environ deux tiers des emplois associés au secteur des pièces détachées, mais il s'est résumé à un noyau dur, ce cadre général offert depuis 1965 par le Pacte de l'automobile et qui a permis la croissance, une croissance extrêmement profitable, du secteur des pièces détachées. Aujourd'hui, notre compagnie la plus prospère dans ce secteur est Magna International, une compagnie qui a ouvert ses portes l'année même de l'entrée en vigueur du Pacte de l'automobile, 1965.
Tout cela a donc permis l'épanouissement de quelques compagnies très profitables, mais depuis lors, le secteur de l'automobile a changé. Ce changement, très explicite, a été la mondialisation. Le Pacte de l'automobile suffisait tant et aussi longtemps que nous avions une industrie basée en Amérique du Nord, parce que c'était les compagnies nord-américaines qui en profitaient, mais on n'avait pas prévu la mondialisation de l'industrie. Notre industrie est devenue de plus en plus planétaire. Nous pouvons le constater tous les jours; il suffit en se promenant de regarder le nombre de véhicules de marque étrangère qui sillonnent les routes. L'an dernier, les consommateurs canadiens ont acheté 55 p. 100 de véhicules étrangers contre 45 p. 100 de véhicules construits par GM, Ford, Chrysler.
Le Pacte de l'automobile n'était pas le bon vecteur de politique pour aller de l'avant. Il a fini par disparaître graduellement avec les accords de libre-échange et l'ALENA, et au bout du compte, c'est le recours à l'OMC en 1999 qui a fini par en sonner le glas.
Et c'est cela qui a été le point de départ de la troisième époque, celle que notre secteur automobile vit actuellement. Depuis le début de cette troisième époque, nous nous en tirons raisonnablement bien. Du point de vue des chaînes de montage, nous avons virtuellement réinvesti tout ce que nous avions dans ces chaînes. Nous avons réussi à faire venir environ 1,5 milliard de dollars de capitaux d'innovation dans le secteur des chaînes de montage, avec de gros investissements consentis par Chrysler, Ford et General Motors sur le plan de l'innovation avec des installations de recherche et de développement. Honda et Toyota sont moins axés sur cela, mais les deux compagnies ont également beaucoup investi en recherche et en développement au Canada et elles ont fort bien réussi. Notre base d'opération est donc solide.
Contrairement à ce que vous pourriez lire dans le Globe and Mail du matin, la production de véhicules automobiles a augmenté au Canada l'an dernier, et pas le contraire; l'an dernier également, le nombre d'emplois dans le secteur de la construction automobile a augmenté, il n'a pas diminué. Le problème que nous avons dans le secteur automobile, c'est que certaines composantes de ce secteur se sont délitées, et de façon très marquée même. Les compagnies nord-américaines traditionnelles ont perdu environ quatre millions d'unités de production. Ces unités ont disparu à tout jamais, des chaînes ont fermé et elles ne rouvriront jamais. Mais à leur place, nous avons réussi à faire venir cinq investissements planétaires. Quatre de ces investissements font déjà tourner des chaînes de montage et le cinquième, dans le courant de l'année ou au début de l'année prochaine, va se concrétiser par l'ouverture de la seconde usine de Toyota. Chaque emploi perdu sur les chaînes de montage de GM, Ford et Chrysler a été remplacé par un emploi de l'un de ces intervenants planétaires.
Nous nous en sommes fort bien tirés en cela, parce que nous ne nous sommes pas limités à investir dans les chaînes de montage, nous avons investi dans l'innovation et dans la ressource humaine, et il est surprenant de voir les sommes qui ont été consacrées à l'amélioration des compétences dans le secteur du montage. Nous sommes donc fort bien positionnés à cet égard.
En ce qui concerne le secteur des chaînes de montage, ce qui nous nuit, c'est une crise de confiance, dans la mesure où, lorsqu'on songe à la prochaine série d'investissements, nous avons tendance à dire, en bons Canadiens que nous sommes: « Ah, comment allons-nous bien pouvoir réunir cet argent? Nous n'avons plus de Pacte de l'automobile, nous n'avons pas ceci ou cela à notre disposition pour nous aider ». Certains d'entre nous font preuve d'un peu plus de confiance à l'endroit de la force vive du Canada, sachant que ce que nous avons pour nous ici va nous aider dans ce sens. Ce n'est pas une garantie, peut-être va-t-il falloir travailler plus dur.
Le secteur des pièces est une tout autre histoire dans cette troisième ère dont nous parlons. Nous avons perdu l'essentiel du secteur des pièces... Mais je vais pour commencer faire un retour en arrière. Le secteur des pièces était dans l'ensemble une réussite après la restructuration du Pacte de l'automobile. Nous avions commencé avec environ 25 000 salariés, et nous sommes passés, littéralement parlant, à environ 10 000 seulement dans le secteur des pièces. Ce chiffre a augmenté depuis le début des années 70 jusqu'au début de notre décennie, pour passer à 100 000 salariés, une croissance de 1 000 p. 100 dans cet environnement quasiment équivalent à un libre-échange. Comme je vous l'ai déjà dit, c'est un secteur sous exonération douanière, mais protégé par des sauvegardes.
Depuis la restructuration de GM, de Ford et de Chrysler, nous avons perdu environ 10 000 de ces emplois, et c'est cela qui a marqué le point de départ de toute cette inquiétude dans l'industrie: « Oh mon Dieu, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire? » Mais lorsqu'on regarde tous les emplois qui ont disparu, ils appartiennent à des catégories très traditionnelles. Pour commencer, pratiquement tous les emplois qui ont disparu — même si je ne peux pas le prouver, se trouvaient dans une compagnie étroitement liée à GM, Ford et Chrysler, mais qui avait été incapable d'emboîter le pas au processus de restructuration effectué par GM, Ford et Chrysler. Ainsi, comme elles avaient perdu quatre millions d'unités en vendant à ces compagnies, mais elles n'ont pas pu les récupérer auprès des protagonistes planétaires, les Honda et Toyota du monde. Ça c'est la première chose.
La seconde chose, et j'ai visité au moins la moitié, peut-être les deux tiers des fabricants de pièces détachées qui ont fermé leurs portes, j'ai pu constater que ces entreprises dataient d'une autre époque. Lorsqu'on va les visiter, on constate qu'elles n'ont pas investi, elles n'ont pas innové et elles n'ont pas non plus investi dans leurs ressources humaines. Le matin, je lis dans le Globe and Mail qu'une autre de ces petites usines ferme ses portes, et je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi elle a attendu si longtemps pour le faire. C'est un peu comme si ces compagnies méritaient leur sort, pourrait-on dire, dans la plupart des cas, mais pas dans tous. Mais malheureusement, le filet a ratissé très large et certaines compagnies s'y sont trouvées prises à leur corps défendant.
Nous en sommes réduits à environ 10 000 salariés, mais le secteur des pièces détachées a quand même relativement bien réussi, au Canada, à compenser ses pertes, en se tournant vers l'étranger et en attirant plus de 150 compagnies étrangères du secteur des pièces détachées qui se sont implantées ici avec les technologies de production et les produits les plus modernes et aussi avec leur gestion à la fine pointe des ressources humaines. Ces compagnies sont venues remplacer énormément de nos propres compagnies qui avaient disparu dans le secteur des pièces de rechange. Il n'empêche que notre perte nette demeure à environ 10 p. 100, mais nous avons réussi à effectuer le virage, et à tout le moins nous sommes en train de le négocier, en faisant la transition entre un secteur extrêmement bien protégé contre les barrières non douanières et ciblé non seulement sur trois clients, et une industrie qui, dorénavant, acquiert une portée extrêmement planétaire.
À mon avis, il faut maintenant établir les règles d'engagement pour une politique automobile. Jadis, ces politiques qui étaient les nôtres étaient frappées du sceau des trois Grands. Par exemple, le Pacte de l'automobile profitait exclusivement à GM, à Ford et à Chrysler, et personne d'autre ne pouvait s'en prévaloir. Dans ce secteur industriel en progression, ceux qui établissent les politiques doivent maintenant agir avec beaucoup de prudence, et faire en sorte d'offrir une rigoureuse neutralité entre les compagnies protagonistes.
Ce n'est pas parce qu'une société japonaise connaît aujourd'hui un succès remarquable qu'il est impossible, pour nous, de connaître demain le même succès. De même, si GM, Ford et Chrysler se heurtent actuellement à des problèmes, rien n'empêche qu'ils les résolvent demain. Ce sont de grosses sociétés qui ne manquent pas de ressources; elles sont à même de résoudre leurs problèmes et de connaître le succès à l'avenir. Observez donc une neutralité absolue entre les concurrents du secteur privé et débarrassez-vous des politiques mises en place qui ont été axées sur les entreprises.
Deuxièmement, notre secteur industriel s'est internationalisé, du moins pour les usines de montage; du côté de la fabrication de pièces, il est en cours d'internationalisation. Adoptez donc une vision mondiale du développement à tous les niveaux de l'industrie, notamment quand il s'agit de promouvoir l'investissement. Arpentez les rues de l'Europe, du Japon, de la Corée et de la Chine pour y chercher la crème de la crème et la convaincre de venir au Canada. Ne vous contentez pas de vous en remettre aux intervenants déjà présents au Canada à cet effet.
Dans le secteur de l'automobile circule une blague éculée selon laquelle il n'est pas nécessaire d'enlever plus d'un gant pour compter les fournisseurs de pièces détachées canadiens qui sont prospères — et certainement pas d'enlever chaussette ou soulier. Une fois qu'on a énuméré Magna, Linamar, Westcast et Martinrea, on se demande un peu qui serait le cinquième. En se creusant les méninges, on arrive peut-être à trouver un cinquième nom, voire, si on n'est pas difficile un sixième ou un septième.
Du côté canadien, l'assise est donc incertaine et le succès, limité. Par contre, entre 150 et 200 sociétés internationales sont entrées sur le marché et s'arrangent pour tirer leur épingle du jeu. Vive l'approche internationale, donc; il ne faut pas en avoir peur.
Tout succès doit reposer sur un principe de base: que nous entourons les pays les moins coûteux.
Je conclurai avec la recommandation suivante: promouvoir l'efficience. C'est le mot clé, dans l'industrie automobile. Dans une industrie internationale comme l'automobile, promouvoir l'efficience est absolument essentiel: stimuler l'investissement pour mettre en place la meilleure infrastructure possible, élaborer une fiscalité et une réglementation favorables à l'efficience et mettre en place des politiques pour les ressources humaines. Tel est le secret du succès dans l'automobile à l'avenir?
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je poserai trois brèves questions et j'essaierai de les adresser à des personnes précises, mais je suis sûr que d'autres témoins voudront répondre également.
L'autre jour, le comité des ressources naturelles a appris que la Fiducie pour le développement communautaire, qui représente un milliard de dollars, sera simplement transférée aux provinces et aux territoires, avec un faible financement pour les activités de base et un montant par habitant, sans exiger que cette fiducie soit utilisée pour le secteur forestier et sans aucune condition établie par le gouvernement fédéral quant à la façon dont cet argent serait utilisé.
Cette somme d'un milliard de dollars est répartie sur trois ans. Nous pensions tous qu'il s'agissait d'un financement d'un an, donc cela dilue encore plus un montant que de nombreuses personnes considéraient déjà insuffisant. Aucune municipalité, aucun syndicat ni aucune industrie n'ont été consultés sur la façon de répartir ce fonds.
Peut-être que la mairesse Krassilowsky voudra répondre à cette question une fois que j'aurai terminé de poser mes questions. Comment aimeriez-vous que cet argent soit remis, et quel serait un programme efficace pour une municipalité comme la vôtre, ou pour M. Vinet?
Monsieur Leitao, j'ignore si vous le savez, mais on a dit ce matin même qu'il y a très peu, voire aucune entreprise forestière qui font leurs frais, qu'il s'agisse du bois d'oeuvre, des panneaux à copeaux orientés, des pâtes, du papier, du papier journal ou du papier recyclable. Nous avons également appris qu'un grand nombre d'entreprises n'ont peut-être plus de banque. J'espère que la vôtre fait exception à cette règle. Donc, voici la question avec laquelle vous pourriez nous aider. Quelle politique le gouvernement fédéral peut-il adopter pour faire en sorte que les banques ne soient pas présentes simplement durant cette crise mais après que sera terminée la restructuration, parce qu'elles ont besoin de vous?
Monsieur Laneville, vous êtes peut-être mieux en mesure de comprendre ce problème, qui est nouveau. Je sais que nous n'avons pas besoin d'un nouveau problème, mais il aggrave la situation, et il s'agit de l'énorme problème qui prend de plus en plus d'ampleur des services ferroviaires aux usines, de l'absence de wagons plats et de wagons pour transporter les pâtes, et de l'augmentation des taux qui oblige un grand nombre de ces usines de pâtes et papiers d'accumuler des stocks. Dans cette industrie, les stocks accumulés sont très vulnérables aux intempéries et à ce genre de choses. Il s'agit d'un problème national au niveau du transport dont certains d'entre vous pourront parler, je l'espère.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Au cours de la première centaine d'années d'existence du secteur automobile, les obstacles à la concurrence dans le secteur automobile étaient tellement grands que GM, Ford et Chrysler ont été en grande partie protégées de la concurrence internationale. Au cours des 15 à 20 dernières années, ces obstacles à l'accès ont été abandonnés et ces compagnies mondiales ont eu la possibilité de pénétrer un marché auquel elles n'avaient jamais eu accès auparavant.
Si vous remontez aux années 60 et 70, il existait trois entreprises qui occupaient effectivement 90 à 95 p. 100 du marché. Aujourd'hui, il y a au moins huit ou peut-être dix entreprises qui doivent partager le même marché. Peu importe l'angle sous lequel on examine la situation, il importe peu de savoir si GM, Ford et Chrysler ont commis des gaffes ou non. Si vous avez huit entreprises qui partagent le marché au lieu de trois, les trois entreprises qui existaient au départ seront plus petites.
Les erreurs commises par GM, Ford et Chrysler — et elles en ont fait beaucoup — n'ont fait qu'accélérer la baisse de leurs activités; un point c'est tout. Elles allaient de toute façon devoir réduire leurs opérations.
Elles ont subi un processus en trois parties. La première consistait à réduire leurs opérations. Ce qu'elles ont fait en majeure partie. Elles ont fermé 3,5 millions d'unités de capacité. Il reste peut-être une ou deux ou trois usines.
Malheureusement, il en reste encore une au Canada dont il faut s'occuper. Elles en sont maintenant à l'étape de la restructuration. Elles sont en train de remanier leur convention collective aux États-Unis; elles remanient leurs ententes avec les fournisseurs; cet automne, elles remanieront leur convention collective canadienne et les syndicats canadiens devront faire face à la musique.
Nous en sommes maintenant au tout début du réinvestissement. GM, Ford et Chrysler ont engagé des milliards de dollars, avec Toyota et Honda, pour réinvestir dans des usines canadiennes, et investiront plusieurs milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Compte tenu des exigences en matière de changements climatiques que leur a imposées le gouvernement américain et compte tenu de toute cette restructuration, cela crée une énorme quantité de capital. Ces entreprises vont investir d'incroyables montants d'argent dans deux choses: de nouvelles usines qui fabriqueront de nouveaux produits, et de nouvelles technologies pour que ces produits soient beaucoup plus écologiques.
C'est là l'occasion que le Canada doit saisir pour s'assurer que nous sommes bien positionnés dans une perspective stratégique et dans une perspective de concurrence pour obtenir notre part équitable des investissements dans les nouvelles usines et dans toutes les nouvelles technologies qui se préparent. Le montant des investissements sera trois, quatre ou cinq fois plus élevé que ce qu'il a été au cours des dix dernières années, et nous avons une fantastique occasion d'en profiter.
:
Il ne s'agit pas nécessairement de salaires, mais de rémunération.
Brièvement, il y a deux parties. Il y a le salaire proprement dit puis il y a les avantages non salariaux — les soins de santé, les régimes de pensions, et les choses de ce genre.
En raison principalement de la structure de notre régime de soins de santé au Canada, mais cela concerne également d'autres avantages, historiquement le Canada a bénéficié d'un avantage de 25 $ l'heure par rapport au concurrent américain pour ce qui est d'investir dans le secteur automobile. Ce que nos syndicats ont fait au cours des trois ou quatre dernières négociations, c'est qu'ils ont dit aux entreprises, « Si vous voulez la paix sociale, vous avez intérêt à nous fournir certains avantages ». C'est donc ce qu'ils ont fait en particulier pour l'aspect non salarial de la rémunération canadienne. Donc, aux États-Unis, la moyenne du salaire et de la rémunération indirecte est d'environ 75 $ et au Canada cela est d'environ 70 $. Donc nous conservons un avantage d'environ 5 $. Le total se situait dans le haut de la soixantaine, l'avantage est peut-être de 6 ou 7 $.
Ce que le TUA a fait, c'est qu'il a permis aux entreprises automobiles aux États-Unis de se décharger de l'ensemble de leurs coûts de soins de santé sur les syndicats, et cela représentait 18 ou 20 $. Puis il y a eu la double grille de salaire et diverses autres mesures. Leur rémunération est donc passée de 75 $ à 50 $ et la nôtre demeure toujours dans le haut de la soixantaine. Donc il faut que quelqu'un intervienne pour assurer la compétitivité. À l'heure actuelle, le Canada est le pays au monde où la fabrication de véhicules est la plus coûteuse, tandis que nous faisions concurrence aux États-Unis auparavant — enfin, nous avions des coûts inférieurs à ceux en vigueur aux États-Unis.
Le problème auquel fait face le TCA, c'est que nous n'avons pas à nous occuper de soins de santé puisque les soins de santé sont déjà payés par le gouvernement. Alors où trouve-t-on ce 15 $ ou ce 20 $? La double grille de salaires pourrait vous donner 5 $. On peut aller assez loin en éliminant le libellé de la convention et toutes les mesures abusives de protection.
Lorsque General Motors a fait des démarches auprès de TCA lors de ses nouveaux investissements dans l'usine de Camaro à Oshawa, sans toucher aux salaires et à la rémunération, ils ont trouvé des économies de coûts de 100 millions de dollars simplement en éliminant toutes les mesures abusives de protection que les syndicats avaient inscrites dans la convention.
Donc est-ce possible? Peut-être, mais il faudra sans doute que l'on modifie le salaire de base, et si on fait des tentatives en ce sens, ce sera la guerre. Donc préparez-vous.