propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir à la Chambre, afin de présenter le projet de loi , Loi sur la responsabilité et l'indemnisation en matière nucléaire. Cette loi remplacera la Loi de 1976 sur la responsabilité nucléaire.
Ce projet de loi vise à mettre à jour le régime d'assurance qui régit l'industrie nucléaire et qui protège les intérêts des Canadiens. Il s'agit d'un secteur où le gouvernement fédéral a la responsabilité de prendre des mesures. Le régime actuel a été mis en place dans les années 1970 et il est devenu désuet au cours des 30 dernières années.
Aujourd'hui, j'aimerais donner de plus amples explications concernant notre rôle dans ce domaine, les principes du régime d'assurance et les mesures de modernisation proposées dans ce projet de loi.
L'histoire de l'énergie nucléaire au Canada remonte à environ 75 ans. Ces 30 dernières années, l'énergie nucléaire a constitué une partie importante des diverses sources d'énergie utilisées au Canada. Il y a actuellement au pays 22 réacteurs nucléaires qui répondent à plus de 15 p. 100 de nos besoins en électricité. Ces réacteurs se trouvent dans trois provinces, à savoir l'Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick.
Les exploitants de ces réacteurs diffèrent d'une province à l'autre. En Ontario, Ontario Power Generation et Bruce Power sont les exploitants. Au Nouveau-Brunswick, c'est la Société d'Énergie du Nouveau-Brunswick qui joue ce rôle. Au Québec, Hydro-Québec gère de façon sécuritaire le programme nucléaire de la province depuis plus de 30 ans.
Ce sont les provinces qui décident, sur une base individuelle, du rôle qu'elles souhaitent accorder à l'énergie nucléaire. Comme je l'ai déjà dit, c'est à elles qu'il incombera, en bout de ligne, de décider des sources énergétiques qu'elles utiliseront, mais nous serons là pour les appuyer si elles estiment que l'énergie nucléaire doit être du nombre.
Il incombe au gouvernement fédéral de fournir un régime d'assurance en ce qui concerne l'industrie nucléaire. Le gouvernement du Canada a le devoir d'assumer cette responsabilité dans ce secteur. Je suis fier d'indiquer que c'est exactement ce que nous faisons.
Le Canada s'est acquitté de cette responsabilité en promulguant la Loi de 1976 sur la responsabilité nucléaire. Cette loi définit un cadre complet d'assurance en cas de dommages ou de blessures pouvant survenir dans l'éventualité très peu probable d'un accident. C'est le cadre qui existe aujourd'hui. Cette loi et le projet de loi , dont la Chambre est maintenant saisie, visent les centrales nucléaires, les réacteurs nucléaires utilisés pour la recherche, les usines de fabrication de combustible et les établissements de traitement du combustible nucléaire usé.
Le cadre mis en place par la loi adoptée en 1976 part de plusieurs principes: la responsabilité absolue et exclusive de l'exploitant, l'obligation de maintenir une assurance ainsi que des limites quant aux délais et aux montants. On retrouve ces principes dans les lois nucléaires de la plupart des autres pays, dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon. Ces principes sont tout aussi pertinents aujourd'hui qu'ils l'étaient au moment où le premier projet de loi a été présenté.
Permettez-moi de les expliquer plus en détail.
Par responsabilité absolue, on entend qu'il n'y a aucun doute quant à savoir qui sera considéré comme responsable dans l'éventualité peu probable d'un accident. Il n'est pas nécessaire de prouver qu'un exploitant avait commis une faute; il suffit de prouver que l'accident a causé des blessures et des dommages.
De plus, selon la loi, l'exploitant de l'établissement a la responsabilité exclusive des dommages civils. En d'autres termes, aucune autre entreprise ou organisation ni aucun autre fournisseur ou entrepreneur ne peuvent être poursuivis pour ces dommages.
Cela présente deux avantages. D'abord, il est très facile de faire une demande d'indemnisation. On sait qui est responsable. Il n'est pas nécessaire de prouver qu'il y a eu erreur ou négligence. Par ailleurs, la responsabilité exclusive permet aux assureurs de se concentrer sur les exploitants.
Le principe de l'assurance obligatoire est simple. Tous les exploitants d'établissement nucléaire doivent souscrire une assurance responsabilité au montant prescrit pour obtenir un permis d'exploitation de l'établissement. Il s'agit d'une pratique largement acceptée partout dans le monde, dans les pays qui produisent de l'énergie nucléaire.
Le régime canadien limite également les délais et les montants. Le maximum exigible en vertu de la loi actuellement en vigueur, mais vieille de 30 ans, est de 75 millions de dollars. En outre, les demandes d'indemnisation pour blessures ou dommages ne peuvent être faites plus de dix ans après un accident.
Ces principes qui sous-tendent le cadre actuel de l'assurance en cas d'accident nucléaire au Canada visent d'une part à protéger les intérêts des Canadiens, en garantissant qu'ils soient assurés dans l'éventualité peu probable d'un accident nucléaire et, d'autre part, permettent un degré de certitude et de stabilité favorisant le développement du secteur nucléaire.
Le cadre d'assurance rend les choses plus faciles aux demandeurs et garantit la disponibilité des montants nécessaires pour l'indemnisation.
Même si aucune demande d'indemnisation importante n'a été présentée aux termes de la loi, cette dernière a constitué un filet de sécurité important pour les Canadiens. Parallèlement, elle a assuré la stabilité et la sécurité nécessaires pour favoriser le développement constant du secteur de l'énergie nucléaire au Canada.
Les principes fondamentaux et le cadre d'assurance qui sous-tendent la loi actuelle continuent d'être valables. Cependant, elle a plus de 30 ans. Elle doit être mise à jour pour refléter les normes internationales.
Le projet de loi vise à renforcer et à moderniser le cadre d'assurance nucléaire du Canada grâce à un ensemble de modifications de portée générale. Il rendrait le niveau d'indemnisation du Canada comparable à ceux qui sont acceptés ailleurs dans le monde, et préciserait certaines définitions en matière d'indemnisation, concernant notamment l'étendue de la couverture et le processus de demande d'indemnisation.
Le projet de loi est le point culminant de nombreuses années de consultations et de discussions approfondies avec les grands intervenants, notamment les services publics d'énergie nucléaire, les gouvernements de provinces productrices d'énergie nucléaire et la Nuclear Insurance Association of Canada. Ces parties intéressées souhaitaient être consultées et l'ont été.
La loi canadienne visant l'indemnisation et la responsabilité en cas d'accident nucléaire doit être en harmonie avec les régimes internationaux de responsabilité à cet égard. Une telle exigence ne se borne pas aux questions d'ordre financier liées à la responsabilité et à l'indemnisation. Elle englobe les définitions de ce qui constitue un « accident nucléaire », un « dommage indemnisable », etc.
L'harmonisation procure au Canada un avantage de portée générale du fait qu'elle nous ouvre la possibilité de souscrire à des conventions internationales auxquelles nous n'avons pas encore adhéré, si nous souhaitons le faire à l'avenir. Deux conventions internationales établissent des limites d'indemnisation: le régime de Paris-Bruxelles et la Convention de Vienne.
Dans le cas du régime de Paris-Bruxelles, l'indemnisation maximale est d'environ 500 millions de dollars canadiens et comporte un système de financement à trois niveaux: l'exploitant, le gouvernement concerné, et les États membres.
Dans le cas de la Convention de Vienne, la limite de responsabilité minimale est établie à 500 millions de dollars canadiens environ. La responsabilité de l'exploitant peut être établie à 250 millions de dollars par une loi nationale, dans la mesure où les fonds publics viennent combler la différence jusqu'à hauteur de 500 millions de dollars.
Même si le Canada n'est signataire de ni l'une ni l'autre de ces conventions, il s'y est intéressé, pour se tenir au fait des tendances internationales en matière de responsabilité de tiers et d'autres questions connexes, comme les définitions visant les accidents nucléaires et la prolongation des périodes de prescription visant les demandes d'indemnisation pour décès et blessures. L'harmonisation favorise également l'investissement au Canada. L'uniformisation des règles qu'elle favorise est avantageuse également pour les sociétés nucléaires canadiennes qui souhaitent conclure des marchés à l'étranger. Ces entreprises pourraient hésiter à participer à des appels d'offres en raison des incertitudes entourant les questions de responsabilité et d'indemnisation.
La cohérence est importante pour une raison plus fondamentale. Elle démontre la solidarité du Canada avec les autres pays en ce qui concerne les questions de sûreté et de responsabilité. En tant que grand utilisateur et exportateur de technologie nucléaire, le Canada doit maintenir sa réputation d'excellence et de responsabilité absolues.
La principale modification proposée dans le projet de loi est l'augmentation du montant de la responsabilité de l'exploitant, qui passerait de 75 millions de dollars à 650 millions de dollars. La limite actuelle de 75 millions de dollars est désuète et déraisonnablement basse. La modification de cette limite permet aux exploitants de répondre à leur obligation d'indemniser les victimes sans devoir payer des assurances exorbitantes. Cette augmentation mettrait le Canada sur le même pied que la plupart des pays nucléaires occidentaux.
Il est également important de souligner que ce qui est proposé dans ce projet de loi est conforme aux conventions internationales, pas seulement en ce qui a trait aux questions financières, mais également en ce qui concerne les définitions de ce qui constitue un accident et ce qui donne droit à une indemnisation, entre autres. Ces améliorations établiraient des règles du jeu équitables pour les compagnies nucléaires canadiennes qui se réjouiront de faire affaire dans un pays qui reconnaît les conventions internationales.
Le cadre d'assurance actuel et le projet de loi prévoient tous les deux des délais de prescription pour les demandes d'indemnisation découlant d'accidents nucléaires. En vertu de la loi actuelle, les demandes d'indemnisation ne peuvent être faites plus de dix ans après un accident. Toutefois, comme nous savons aujourd'hui que cela ne convient pas, le délai de prescription a été prolongé aux termes du projet de loi C-5 et porté à 30 ans pour ce qui est des demandes d'indemnisation pour dommages corporels.
La loi actuellement en vigueur et le projet de loi prévoient tous les deux le recours à un processus administratif plutôt qu'aux tribunaux pour le règlement des demandes d'indemnisation découlant d'un gros accident.
Le nouveau projet de loi précise les dispositions prises pour qu'un tribunal quasi judiciaire soit saisi d'une demande d'indemnisation. Le nouveau processus garantirait un traitement équitable et efficace des demandes.
Lorsque nous avons rédigé ce projet de loi, nous nous sommes efforcés d'être équitables envers tous les intervenants et de prévoir les dispositions appropriées afin de protéger l'intérêt public. Je crois fermement que le projet de loi proposé répond pleinement à ces attentes.
Nous avons consulté des exploitants d'établissements nucléaires, des fournisseurs, des assureurs et des provinces qui ont des installations nucléaires, et ils appuient les changements que je viens de décrire. Nous avons l'intention de continuer de consulter les intervenants experts en la matière pendant la rédaction des règlements requis.
Je sais que des exploitants d'établissements nucléaires peuvent s'inquiéter au sujet des coûts ou de l'augmentation des primes d'assurance, mais ils reconnaissent qu'ils ont été à l'abri de ces frais assez longtemps. Les fournisseurs accueillent favorablement ces changements, car ceux-ci apportent une plus grande certitude au sein de l'industrie. Les assureurs du domaine du nucléaire se réjouissent de la clarté qu'offre le nouveau projet de loi et du fait qu'il règle des préoccupations de longue date.
Les provinces qui comptent des établissements nucléaires appuient les modifications proposées à la législation actuelle. Les municipalités qui comptent de tels établissements demandaient des modifications depuis un certain temps. Elles appuient l'accentuation des degrés de responsabilité des exploitants et les approches améliorées en matière d'indemnisation.
Les parlementaires se sont aussi exprimés là-dessus. En 2001, le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles recommandait que le gouvernement fasse passer la limite de responsabilité obligatoire de l'exploitant de 75 à 600 millions de dollars.
Bref, le projet de loi n'a pas été conçu en vase clos.
L'évolution de la politique est le résultat de consultations auprès des intervenants clés au fil des ans et découle également de l'expérience acquise dans d'autres pays.
Je vais maintenant élargir la portée de mes observations et aborder le contexte dans lequel s'inscrit le projet de loi. Comme je l'ai dit plus tôt, l'exploitation de l'énergie nucléaire au Canada remonte à environ 75 ans. J'aimerais préciser que, durant toute son histoire, le Canada n'a jamais connu d'accidents nucléaires importants. Nous sommes un chef de file de l'exploitation pacifique de cette technologie.
Je voudrais souligner un des grands cas de réussite du Canada. En effet, le Canada est un chef de file de la production des radio-isotopes, élément engendré par réaction nucléaire. Les isotopes ont des dizaines d'utilisations qui ont contribué à améliorer l'agriculture et à rendre l'industrie plus efficace. Les applications les plus importantes, toutefois, sont dans le domaine de la médecine; les radio-isotopes accomplissent des merveilles en ce qui concerne la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies.
Peu de gens savent que le Canada fournit 50 p. 100 des radio-isotopes produits par réacteur dans le monde pour les besoins de la médecine nucléaire, notamment pour traiter le cancer et effectuer plus de 12 millions d'épreuves diagnostiques chaque année. Je crois que les isotopes médicaux produits au Canada sont utilisés dans quelque 76 000 actes médicaux chaque jour.
Le radio-isotope le plus couramment utilisé est produit au laboratoire d'EACL de Chalk River et préparé à l'établissement de MDS Nordion à Ottawa. La courte demi-vie de ce radio-isotope exige un transport efficace d'une région à l'autre du monde. Les envois sont embarqués à bord d'avions dans les 24 heures suivant la sortie du réacteur. À l'échelle mondiale, on estime que 76 000 personnes bénéficient de ces méthodes de diagnostic chaque jour.
Les améliorations décrites dans le projet de loi sont nécessaires pour que le Canada demeure un joueur de premier plan dans l'industrie nucléaire.
Au Canada, l'industrie nucléaire produit surtout de l'électricité, électricité qui procure le confort dans les foyers, fait fonctionner l'industrie et crée des emplois d'un bout à l'autre du pays. L'énergie nucléaire contribue à maintenir un environnement sain et compte parmi les sources d'électricité abordables et propres.
D'un point de vue purement environnemental, notons que l'énergie nucléaire est une technologie propre qui ne dégage pas de gaz à effet de serre. Le gouvernement reconnaît que le Canada a besoin de ce type d'énergie propre. Nous devons encourager le développement de tous les types d'énergie propre au Canada.
Je crois que, à titre de superpuissance émergente en matière d'énergie, le Canada doit devenir une superpuissance en matière d'énergie propre.
En vertu du plan ÉcoAction, nous contribuons à l'élaboration de pratiques et de technologies énergétiques propres, qui amélioreront la qualité de l'air, réduiront la pollution et les émissions de gaz à effet de serre et assureront la viabilité de notre environnement ainsi que notre compétitivité.
Parmi les énergies propres, on compte les énergies hydroélectrique, éolienne et marémotrice, l'énergie de biomasse et autres formes d'énergie renouvelable. J'estime que le nucléaire est l'une des sources d'énergie propre qui feront du Canada une superpuissance en la matière.
Toutefois, le Canada ne pourra progresser dans le domaine de la production d'énergie propre que s'il est doté d'un cadre moderne et approprié de surveillance de la fiabilité de la production d'énergie nucléaire capable de protéger les Canadiens et d'assurer la stabilité de cette importante industrie.
Le bilan du Canada en matière de sécurité nucléaire est inégalé. Le nucléaire est l'une des importantes sources d'énergie propre au Canada. Nous devons moderniser notre cadre d'assurance dans l'industrie nucléaire de manière à ce qu'il corresponde aux normes internationales et continue d'offrir aux Canadiens la protection qu'ils méritent. C'est pourquoi je demanderais à tous les députés d'appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion d'intervenir dans ce débat sur le projet de loi . J'aimerais remercier le ministre de l'avoir déposé et profiter de l'occasion pour remercier également les fonctionnaires du ministère de la très instructive séance d'information qu'ils m'ont donnée hier après-midi.
Comme le ministre l'a très clairement précisé, il s'agit d'un projet de loi d'ordre administratif qui met à jour la loi de 1976 et augmente les limites de responsabilité qui avaient été établies dans la loi. Il a également souligné que c'était l'aboutissement de plusieurs années de discussions et de consultations. Je sais qu'il y a quelques années, un comité du Sénat avait déposé un rapport recommandant l'ajustement de ces limites. Il s'agit donc d'un projet de loi très important et je recommanderai à mon chef et aux membres de mon parti de l'approuver. À l'étape de l'étude en comité, nous remplirons notre rôle de membres de l'opposition officielle, nous écouterons les experts et autres intervenants et nous ferons une étude détaillée de ce projet de loi.
Puisque j'ai aujourd'hui l'occasion de participer au débat sur ce projet de loi, j'aimerais discuter de l'importance du dossier de l'énergie au pays. L'énergie est un élément important du triangle triple E, qui est composé de l'énergie, de l'environnement et de l'économie. L'énergie dépend de l'environnement, sur lequel elle a des répercussions. L'économie dépend de l'énergie et ce cercle ou triangle sans fin revêt une grande importance pour l'avenir et la réussite de notre pays.
Malheureusement, les conservateurs n'ont pas encore présenté de stratégie nationale en matière d'énergie. Ils n'ont pas présenté de vision et n'ont pris aucune mesure à cet égard. Je tiens à profiter de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour exhorter les conservateurs à travailler à leur plan en matière d'énergie, à mettre au point des mesures concrètes et à présenter aux Canadiens un aperçu de ce qu'ils comptent faire dans ce secteur.
Le aime bien parler de la superpuissance énergétique qu'est le Canada, mais il n'a pas encore expliqué aux députés et aux Canadiens ce qu'il veut dire par là, ni ce qu'il compte faire avec cette puissance. Je reconnais que le Canada est riche en ressources naturelles. Le Canada est riche en aptitudes et en talents. Le Canada est un grand producteur d'énergie, mais que faisons-nous à cet égard? Nous avons besoin de mesures concrètes et d'un plan concret.
Je me permets de citer un exemple en invitant le à le suivre. Le gouvernement libéral de l’Ontario que dirige Dalton McGuinty vient d’énoncer un plan énergétique réparti sur 20 ans visant à appliquer une stratégie de production d’électricité pour la province. Ce plan qui traite de production d’énergie, d’économie d’énergie, d’énergie renouvelable, d’énergie nucléaire et de gaz naturel, pose un jalon vraiment important dans l’histoire de l’Ontario. De toute évidence, ce plan tardait à venir après les huit années de mauvaise gestion du gouvernement conservateur en Ontario.
J’invite le et le à examiner ce plan et à emboîter le pas au premier ministre provincial Dalton McGuinty en énonçant un plan de 20 ans concernant les besoins en approvisionnement énergétique.
Les fournisseurs d'énergie, les économistes et les membres de l’industrie parlent de la nécessité de prévoir ces besoins, mais il ne se fait toujours rien à cet égard au niveau national. Il faut discuter de l’économie d’énergie, des programmes d’énergies renouvelables, des nouvelles technologies, des aspects environnementaux ainsi que d’objectifs à court, moyen et long termes.
Le chef du Parti libéral a déjà assumé un rôle de leader dans le dossier et il a énoncé divers plans pour s’attaquer à ces problèmes. Il a décrit son budget carbone qui permettrait de satisfaire nos besoins environnementaux et de s’attaquer au problème le plus grave auquel fait face notre planète, celui des changements climatiques. Il faut mettre un terme à la hausse des émissions de gaz à effet de serre et, pour cela, il nous faut un plan.
Le a clairement et fermement expliqué ce que nous pouvons faire face à ce problème. Il a fixé un objectif ambitieux de 12 000 mégawatts d’énergie renouvelable, ou presque 10 p. 100 de toute notre énergie électrique. Il a présenté sa vision de la manière d’y arriver ainsi que l'horizon qu'il vise, soit l'an 2015. Nous parlons d’économie l’énergie et nous collaborons avec les industries et les Canadiens sur la façon de réaliser ces objectifs.
Bien sûr, l’énergie nucléaire est un élément qui compte et c’est une importante source d’électricité en ce moment parce que nos besoins ne cessent d’augmenter. Les émissions de gaz à effet de serre attirent l’attention plus que jamais auparavant. Cette question mérite qu’on y réfléchisse sérieusement et qu’on en débatte davantage.
Plus tôt cette année, le a affirmé que nous formons un pays de consommateurs d’énergie et que nous devons être prêts à discuter franchement d’énergie nucléaire. Je suis parfaitement d’accord avec le ministre, mais j’attends encore la franche discussion dont il a parlé. J’attends toujours mon invitation à ces discussions. Des grands intéressés et des Canadiens ordinaires me disent qu’ils s’inquiètent beaucoup de voir se répandre la manie du secret et le manque de reddition de comptes dans le dossier de l’énergie nucléaire en particulier.
En 2006, on rapportait que le avait participé à des discussions sur le partenariat mondial sur l'énergie nucléaire. Cela fait plus d'un an et nous attendons encore de l'information sur les plans du premier ministre, sur ce à quoi il a engagé le Canada et sur ce qu'il a en tête.
Le nuage de secret s'épaissit, il n'y a pas de reddition de compte et on évite la transparence. Il y a de nombreuses questions sans réponses. L'initiative met en avant beaucoup de questions auxquelles les Canadiens attendent des réponses, par exemple, sur l'élimination des déchets nucléaires des centrales. Beaucoup de questions restent sans réponse. Le gouvernement qui se prétend le champion de la reddition de compte et de l'ouverture semble vouloir éviter la discussion sur le sujet. Il ne veut rien divulguer.
Le n'a pas voulu répondre aux questions posées plus tôt ce mois-ci au sujet de ses discussions avec nos partenaires étrangers. C'est comme si ces discussions étaient devenues trop radioactives pour les conservateurs. Je ne m'explique pas bien pourquoi. Même si, au départ, ils voulaient parler du sujet, tout à coup, celui-ci s'est entouré de secret et nous sommes gardés dans le noir.
Nous, au sein du Parti libéral, voulons faire la lumière sur ces discussions, Nous voulons y participer. Nous voulons que tous les Canadiens aient leur mot à dire. Nous exhortons le ministre et le à ouvrir les discussions et à susciter un débat réfléchi.
Je comprends que les conservateurs ne semblent pas dépenser trop d'énergie à parler des discussions. Je comprends que le sujet n'est pas très excitant sur le plan politique, mais il est très important pour les Canadiens. Nous, les élus, devons jouer nos rôles et accepter nos responsabilités envers les Canadiens en tenant un débat. Cela est extrêmement important pour le bien-être économique, environnemental et social de notre pays.
J'exhorte le ministre et le à faire preuve de leadership et à répondre aux appels lancés par des économistes, des ingénieurs, des environnementalistes, d'autres intervenants ainsi que les Canadiens en général et à suivre l'exemple du et du premier ministre libéral de l'Ontario en formulant une stratégie énergétique nationale qui donnera le ton pendant quelques années. Cela permettrait à l'industrie et aux producteurs d'énergie de planifier. Cela comblerait les besoins des Canadiens et répondrait à leurs nombreuses questions qui sont encore sans réponse.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole sur cet important projet de loi d'initiative gouvernementale, soit le projet de loi .
Comme on s'en souviendra, ce projet de loi avait été présenté par le lors de la précédente session parlementaire et il a dû être présenté à nouveau à la Chambre à la suite de la prorogation. Il a été rapidement rétabli, puisqu'on lui a attribué le no 5, ce qui en dit beaucoup sur les priorités de l'actuel gouvernement.
Traçons d'abord les contours de ce projet de loi pour faire une brève mise en contexte. Précisons que le Bloc québécois constate, comme beaucoup d'intervenants environnementaux, un regain d'intérêt pour l'énergie nucléaire partout au Canada et dans le monde. Au Canada, on en parle beaucoup depuis l'élection de l'actuel gouvernement conservateur. Les multiples déclarations du , qui s'en fait l'un des principaux promoteurs, illustrent bien l'intérêt renouvelé de son gouvernement pour la question du nucléaire — du moins, c'était le cas jusqu'à tout récemment.
De fait, on peut lire dans les journaux que dorénavant, il sera plus difficile pour le de faire la promotion de l'énergie nucléaire. D'après le journal Le Droit, les ministres devront maintenant mettre la pédale douce lorsqu'ils feront la promotion de l'énergie nucléaire, étant donné que ce sujet, que les Québécois et les Canadiens ont à coeur, porte à débat. Il n'est donc peut-être pas dans l'intérêt du gouvernement de rendre public ce débat en ce moment.
Or le ministre semble oublier que le nucléaire n'est pas, comme il l'affirme à tort, une énergie propre. Les déchets radioactifs demeurent toujours un problème important et fort coûteux à gérer, et le Canada ne dispose toujours pas de solution pour ceux-ci, et ce, depuis plus de 40 ans. Voilà pourquoi, en matière d'énergie nucléaire, le Bloc québécois préconise plutôt un contrôle sévère et efficace, et ce, à toutes les étapes, que ce soit l'extraction, le transport ou encore la production de la chaleur et de l'électricité.
C'est dans cette optique que le Bloc québécois est favorable au principe de ce projet de loi qui porte sur la responsabilité des exploitants en cas d'accident nucléaire. Il est toutefois déplorable que le gouvernement conservateur n'ait pas profité des récentes annonces, notamment celle de juin dernier sur l'enfouissement des déchets radioactifs, pour lancer des consultations sur le nucléaire aux quatre coins du Canada.
Le gouvernement procède à la promotion de l'énergie nucléaire sans aucun débat, alors que le recours au nucléaire est bien loin de faire l'unanimité. En effet, cela est décrié par les groupes environnementaux. Pour le Bloc québécois, aucun compromis ne sera jamais fait quant à la sécurité des Québécois et des Québécoises. Les drames survenus à Tchernobyl, en Ukraine, ou à Three Mile Island, aux États-Unis, doivent toujours nous rappeler la gravité des conséquences des incidents liés au nucléaire et l'importance de tout mettre en oeuvre pour les éviter.
Rappelons-nous les objectifs visés par le projet de loi . Ce dernier vise, selon son propre texte, à « [établir] un régime de responsabilité applicable en cas d'accident nucléaire et [à prévoir] la responsabilité absolue et exclusive de l'exploitant de l'établissement nucléaire jusqu'à concurrence de 650 millions de dollars ».
Le projet de loi vise aussi à modifier la Loi sur la responsabilité nucléaire en vue de la moderniser. Il remplace aussi le pouvoir de créer une commission des réparations des dommages nucléaires par le pouvoir de créer un tribunal d'indemnisation en matière nucléaire.
Au Canada, l'actuelle Loi sur la responsabilité nucléaire, entrée en vigueur en 1976, impute la responsabilité des dommages nucléaires à l'exploitant des installations nucléaires. La couverture maximale, en vertu des dispositions de la loi, est fixée à 75 millions de dollars. La partie II de la loi permet au gouverneur en conseil de créer une commission des réparations des dommages nucléaires qui a pour rôle d'examiner les demandes d'indemnisation dans les cas où le gouvernement fédéral conclut que les coûts des dommages causés par un accident nucléaire seraient supérieurs à 75 millions de dollars.
Comme la responsabilité de l'exploitant se limite au montant de son assurance, soit 75 millions de dollars, c'est vraisemblablement le gouvernement fédéral qui devrait éponger la différence.
L'administration de la loi relève de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, qui désigne les installations nucléaires assujetties à la loi, qui détermine qui en est l'exploitant en délivrant des licences en conformité avec les dispositions de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, et qui établit le montant le l'assurance de base avec l'approbation du Conseil du Trésor fédéral.
L'encadrement du nucléaire à des fins civiles s'est particulièrement développé en Europe. Ainsi, les États européens qui préconisaient l'exploitation de centrales nucléaires autonomes pour produire de l'électricité ont conclu que des indemnités suffisantes devraient être versées en cas d'accidents nucléaires.
Ils ont donc été les instigateurs du premier instrument à être mis sur pied en cette matière, c'est-à-dire la Convention sur la responsabilité civile dans le domaine de l'énergie nucléaire adoptée le 29 juillet 1960, mieux connue sous le nom de Convention de Paris. Élaborée sous l'égide de l'OCDE et regroupant les pays d'Europe, elle comporte certains principes régissant le droit en matière de responsabilité nucléaire.
Au Canada, la responsabilité nucléaire s'appuie sur les mêmes principes, c'est-à-dire la responsabilité stricte de l'exploitant à l'égard des dommages subis par une tierce partie; la responsabilité exclusive de l'exploitant à l'égard des dommages subis par une tierce partie; la limitation de la responsabilité de l'exploitant en matière de temps et de montants réclamés; enfin, l'obligation pour l'exploitant de couvrir sa responsabilité au moyen d'une assurance ou d'une autre garantie financière.
Cependant, bien qu'une limitation de la responsabilité soit un principe connu, les divergences dans son interprétation sont manifestes entre les pays européens et le Canada. Il existe des lacunes. Une des lacunes se situait au niveau du montant de la responsabilité.
Dans le chapitre 8 de son rapport annuel de 2005, la commissaire à l'environnement et au développement durable traitait spécifiquement du sujet de l'assurance pour les exploitants d'installations nucléaires, à la suite du dépôt de deux pétitions. D'emblée, la commissaire à l'environnement et au développement durable indiquait que les exigences en matière d'assurance-accident dans les installations nucléaires n'étaient pas conformes aux normes internationales. Ainsi, la couverture de 75 millions de dollars exigée conformément à la Loi sur la responsabilité nucléaire est terriblement inadéquate au regard des normes internationales.
Des hauts fonctionnaires de Ressources naturelles Canada ont dit qu'en tenant compte de l'inflation, 250 millions de dollars courants constitueraient un montant équivalent à ce que prévoyait la loi au moment où elle a été adoptée, et que pour répondre à la norme internationale, il faudrait porter cette somme à environ 650 millions de dollars canadiens; un avis partagé par la commissaire à l'environnement et au développement durable dans son propre rapport en 2005.
Selon les termes de la Convention de Paris, dont la plupart des gouvernements européens sont signataires, la limite recommandée est de 600 millions de dollars. C'est à se demander pourquoi le Canada accuse un retard aussi prononcé, alors qu'au cours des délibérations du comité parlementaire précédant l'adoption de la loi en 1976, il avait été recommandé que la loi soit révisée à intervalle de 5 ans. Or, 25 ans plus tard, elle n'a pas encore été mise à jour.
Le ministre des Ressources naturelles de l'époque mentionnait en mars 2003: « Je conviens qu'il est temps de modifier la Loi sur la responsabilité nucléaire afin de la mettre à jour et de la rendre conforme aux normes internationales. »
Force est de constater que l'actuelle Loi sur la responsabilité nucléaire, avec son seuil de 75 millions de dollars est encore davantage inadéquate en 2007, et qu'il est plus que temps de l'actualiser.
Je traiterai maintenant de la révision de la Loi sur la responsabilité nucléaire. Il y a à cet égard une seconde lacune. Dans un domaine qui évolue, il est impératif d'ajuster le cadre législatif et réglementaire de manière régulière, afin que les nouvelles réalités soient prises en compte. Or la révision du montant maximal de responsabilité des exploitants de centrales nucléaires a clairement été déficiente jusqu'à présent.
Les fonctionnaires du ministère des Ressources naturelles ont tracé, en 2003, l'historique de la Loi sur la responsabilité nucléaire et du processus de révision, qui aurait dû permettre un relèvement du seuil de responsabilité. La loi a été adoptée en 1970, mais n'a été promulguée qu'en 1976, après la conclusion d'une entente avec un groupe maintenant connu sous le nom de Nuclear Insurance Association of Canada — le NIAC — au sujet de la couverture de la responsabilité. En 1982, soit six ans après la promulgation de la loi, la Commission de contrôle de l'énergie atomique a chargé un groupe de travail interministériel d'entamer une révision de la loi. En 1984, le groupe de travail a présenté un document de travail pour obtenir des avis du public. Ce n'est pourtant qu'en 1990 que des recommandations ont été transmises au ministre de l'Énergie, des Mines et des Ressources. Il faut aussi attendre 1995 pour qu'un nouveau comité d'examen interministériel reprenne le travail de modernisation. Or ce travail s'est concrétisé uniquement en février 2001, quand le ministre a reçu les recommandations sans pourtant leur donner suite. Ce n'est que maintenant, en 2007, soit 31 ans après la mise en vigueur de la loi, qu'un projet de loi est finalement déposé pour la moderniser, elle qui devait être révisée tous les cinq ans. Trente-et-un an dans un domaine aussi crucial, cela illustre clairement une lacune importante.
Bien qu'il soit relativement volumineux en articles et en pages, l'on peut résumer le projet de loi à ces trois aspects principaux: premièrement, la définition de la responsabilité des exploitants — ce qu'on entend par « exploitant d'une centrale ou d'une installation nucléaire » —, les modalités et la limite financière de la responsabilité et, finalement, la création d'un tribunal d'indemnisation en matière nucléaire, qui agira si jamais il y avait des préjudices ou un accident quelconque, qui sera en mesure de juger à qui seront imputées les responsabilités dudit accident.
Le projet de loi détermine de manière très précise la responsabilité des exploitants d'établissements nucléaires, on y indique clairement quels sont les préjudices qui sont indemnisables et ceux qui ne le sont pas. Notons, au nombre des articles les plus importants, l'article 9 qui précise que la responsabilité de l'exploitant est absolue, mais surtout que cette responsabilité est engagée automatiquement dès qu'il y a des émissions de radiation, puisque la preuve de la faute n'est pas requise. Clairement, cela veut dire que dès qu'il y a un incident, peu importe la cause, à l'exception d'un acte de guerre, d'une guerre civile ou d'une insurrection, l'exploitant de l'établissement en est responsable et doit indemniser les personnes lésées. Les articles 13 à 20, qui dressent la liste de tous les dommages et frais indemnisables, dont les dommages matériels et corporels, les pertes économiques, les pertes d'usage d'un bien et les frais assumés pour prendre des mesures de prévention et de précaution, ont été ordonnés par une autorité agissant en vertu de la législation fédérale ou provinciale en matière de protection de l'environnement.
Le deuxième volet porte sur l'aspect financier de la responsabilité, c'est-à-dire que l'article principal, soit l'article 21, stipule que la responsabilité que la présente loi impose à l'exploitant pour les dommages causés par un accident nucléaire se limite à 650 millions de dollars. Le gouverneur en conseil peut, par règlement, modifier le paragraphe 1 pour augmenter la somme qui est prévue. Le paragraphe 1 n'exempte pas l'exploitant du paiement d'intérêt sur les indemnités, les dépens ou autres frais de justice, et des frais de gestion des demandes d'indemnisation.
Ainsi, la responsabilité est progressivement haussée de 75 à 650 millions de dollars sur une période de 4 ans, un bond important qui ne doit pas masquer le fait que c'est justement l'incurie du gouvernement fédéral dans l'ajustement périodique du montant qui exige maintenant un tel réajustement.
Si le gouvernement fédéral avait correctement assumé ses responsabilités en la matière depuis 31 ans, le montant de l'assurance aurait progressivement été relevé pour permettre des compensations convenables plutôt que haussé d'un coup lorsqu'il devient plus qu'évident que le montant est ridiculement bas.
On peut donc se compter chanceux que, ces 30 dernières années, il n'y ait pas eu un incident majeur au Canada puisque les citoyens et les communautés auraient été défavorisés sur le plan de l'indemnisation.
Le projet de loi précise, à son article 23, qu'une assurance doit être prise individuellement pour chacun des établissements nucléaires, ce qui est tout à fait normal, puisque chaque établissement est susceptible d'être la propre source d'un incident.
Finalement, il y a la création d'un tribunal spécifique pour entendre les demandes d'indemnisation lorsque le gouverneur en conseil le juge pertinent, au regard de l'intérêt public.
Le gouverneur en conseil peut, à l'égard d'un accident nucléaire, s'il est d'avis que l'intérêt public le commande eu égard à l'ampleur des dommages, au coût estimatif de leur indemnisation et aux avantages que présente le traitement des demandes d'indemnisation par un tribunal administratif, déclarer que le traitement de telles demandes sera confié à un tribunal.
Les articles subséquents définissent les pouvoirs du tribunal d'indemnisation en matière nucléaire, en lui octroyant de larges pouvoirs destinés notamment à accélérer et à simplifier les demandes d'indemnisation dans la mesure où les circonstances et l'équité le permettent.
Enfin, dans le but de traiter les demandes d'indemnisation rapidement, il est loisible au tribunal d'établir des catégories de demandes d'indemnisation pouvant être soumises à la décision d'un expert en sinistre, sans la tenue d'une audience, et de designer à titre d'expert en sinistre toute personne qu'il juge compétente.
En terminant, permettez-moi de dire que le semble avoir peu de crédibilité en matière d'énergie nucléaire. En fait, son enthousiasme à l'égard de cette ressource énergétique, alors qu'aucun débat en profondeur n'a été fait — mais qui s'impose, selon le Bloc —, nous laisse un peu pantois.
Dans ses communiqués et ses discours, le ministre allègue que le nucléaire est une énergie propre puisqu'elle n'émet pratiquement pas de gaz à effet de serre. Or, bien que le nucléaire ne produise qu'une quantité limitée de gaz à effet de serre, il produit cependant des déchets radioactifs difficiles et coûteux à gérer. Passer sous silence cette réalité, c'est omettre un fait important et c'est induire la population en erreur, surtout qu'il est inquiétant de voir que le favorise le recours au nucléaire pour augmenter la production de pétrole issu des sables bitumineux.
Le nucléaire a beau produire peu de GES, le pétrole, lui, en produit beaucoup. L'équation est donc évidente. Les bénéfices liés à l'usage du nucléaire en matière de réduction des GES seront compensés par la production accrue du pétrole.
Le devrait faire preuve de retenue face à cette source d'énergie qui est loin de faire l'unanimité partout au Canada et particulièrement au Québec, et dont les risques sont loin d'être bannis.
Sans être alarmiste, il convient de réaliser que le nucléaire ne devrait pas être le premier choix de ce ministre, que celui-ci devrait investir davantage dans le développement des énergies propres, comme l'éolien, le solaire ou la géothermie.
Le Bloc québécois est donc favorable au principe de loi du projet de loi, mais il examinera avec attention en comité le projet de loi afin de s'assurer qu'aucune faille ne permettra aux exploitants de se dédouaner de leurs responsabilités, que ce ne seront pas les contribuables qui assumeront indûment une part du risque et des coûts associés aux indemnisations, et finalement, que la révision du montant de l'assurance sera véritablement effectuée de manière régulière, afin de respecter les normes internationales, et que ce montant représente le coût réel des dommages que peut entraîner un accident nucléaire.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi sur la responsabilité nucléaire dont nous sommes saisis aujourd'hui. Il est très clair qu'il a été présenté dans le but de faciliter le développement de l'industrie nucléaire au Canada. Aux premiers stades de la responsabilité nucléaire, dans les années 1970, nous avions établi une limite parce que les assureurs privés ne voulaient pas toucher aux accidents nucléaires. Nous avons établi à l'époque une limite de 75 millions de dollars.
Retenons ce montant, puis reportons-nous au rapport Brookhaven, aux États-Unis, en 1957, qui suggérait que la responsabilité pour les accidents nucléaires pourrait s'élever à environ 7 milliards de dollars de l'époque. On peut constater que cette limite a été très clairement établie afin d'encourager le développement de l'industrie. Cette industrie a connu une longue période de développement et a évolué. Nous en sommes maintenant à élaborer une mesure législative qui augmentera le montant de la responsabilité des compagnies qui construisent ou exploitent des centrales nucléaires.
Contrairement à ce que le ministre nous a dit plus tôt, selon ce projet de loi, la responsabilité d'un exploitant à la suite d'un accident nucléaire est limitée à 650 millions de dollars. Les petits accidents nucléaires, la perte d'un faisceau de combustible entraînant la contamination d'un périmètre de 400 mètres par exemple, seraient couverts par ce montant, mais il est évident que ce même montant ne pourrait couvrir des accidents nucléaires à grande échelle comme ceux que le monde a connus.
Le Parlement est saisi d'un nouveau projet de loi visant à moderniser les dispositions sur la responsabilité nucléaire qui remontent au début des années 1970. Ce projet de loi est-il adéquat? A-t-il été présenté de la bonne façon? Le gouvernement est-il disposé à négocier comme il se doit pour le rendre acceptable? Je n'ai encore rien entendu à ce propos aujourd'hui. Les députés néo-démocrates décideront donc s'il convient de l'appuyer ou non en fonction de ce qu'ils entendront au cours du débat.
Je viens des Territoires du Nord-Ouest, région du Canada qui y a goûté à la contamination nucléaire.
Reportons-nous aux années 1930, à Deline, collectivité longtemps connue sous le nom de village des veuves parce que les hommes du village travaillaient à l'exploitation de Port Radium. Ils transportaient sur leurs épaules des poches de jute remplies de concentré d'uranium appelé yellow cake qui étaient chargées à bord de barges, lesquelles descendaient la rivière pour aller approvisionner l'industrie des armes nucléaires alors naissante aux États-Unis. On ne se préoccupait guère de la contamination à l'époque.
La contamination constitue un problème de longue date. Cette année, quelque 70 années plus tard, des travaux de décontamination ont enfin été entrepris sur le site minier. Ce ne sont pas des travaux de très grande envergure, mais ils coûtent néanmoins des dizaines de millions de dollars.
La contamination nucléaire a laissé sa trace tout le long du réseau hydrographique. Des représentants d'EACL sont venus évaluer en 1985 la présence de matières nucléaires le long du réseau hydrographique. Notre collectivité était un lieu de portage par lequel transitaient toutes les matières provenant du site de Port Radium. On pouvait encore trouver par terre des poches de jute qui étaient tombées des camions. Il restait encore assez de matières nucléaires après 70 années qu'elles étaient facile à détecter et à isoler.
Ce matériel radioactif a été présent durant toutes ces années. Donc, selon moi, lorsqu'on envisage une responsabilité de 30 ans pour le matériel nucléaire dans notre environnement, dans nos collectivités, on propose une durée qui ne correspond peut-être pas à la réalité.
Nous pourrions peut-être parler également des mines Ray Rock, où l'on trouve encore 71 000 tonnes de déchets miniers d'uranium. Dix familles ont dû abandonner leurs maisons à cause de la contamination attribuables à la mine. Les radionucléides et les métaux lourds provenant des résidus miniers ont contaminé les poissons et les mammifères de la région. Aucune indemnisation n'a été versée. Ce sont là des aspects du visage de l'industrie nucléaire à l'heure actuelle au Canada.
Comme nous pouvons le constater, les résultats laissent encore à désirer dans les Territoires du Nord-Ouest en matière de traitement des déchets nucléaires.
J'aimerais également parler d'un autre cas de contamination, qui proviendrait d'une source externe et qui n'est pas visée par le projet de loi. Il n'existe pas au Canada d'assurance-responsabilité à l'égard d'événements externes, pour les cas où la contamination par des déchets nucléaires provient d'un autre pays. Or, nous vivons à proximité d'un très grand pays qui consomme une grande quantité d'énergie nucléaire.
Cependant, je veux parler de Cosmos 954, un satellite qui, en 1978, s'est désintégré dans l'atmosphère au-dessus des Territoires du Nord-Ouest. Le réacteur nucléaire d'un satellite est assez petit et logerait probablement dans une bouteille thermos de taille moyenne. L'année suivant l'événement, des représentants d'EACL se sont présentés chez moi pour recueillir des pièces du Cosmos 954. Ainsi, cet accident nucléaire a dispersé sur plus de 124 000 kilomètres carrés de petites particules de matériel nucléaire fissionnable.
Par conséquent, la question de la responsabilité et de la nature des risques dans l'industrie nucléaire n'est pas à prendre à la légère.
J'aimerais parler d'un autre cas fort pertinent. Il s'agit de la mine Giant, où la fermeture d'une industrie nous oblige aujourd'hui à savoir comment composer avec 270 000 tonnes d'arsenic. On va laisser l'arsenic dans les puits de mine. Il va geler sur place. On a choisi comme méthode de laisser le matériel contaminé sur place: de ne pas le déplacer. On va donc geler l'arsenic dans le sol, au beau milieu de la plus grande collectivité de ma circonscription.
En matière de traitement de matériaux contaminés, de traitement de matériaux nocifs résultant du développement industriel, nos résultats ne sont pas particulièrement impressionnants. Nous sommes loin de la perfection. Notre bilan n'en est pas un dont le Canada peut s'enorgueillir.
Par conséquent, lorsque nous parlons de protéger les familles de travailleurs du Canada avec un projet de loi, il faut faire très attention à ce que nous allons faire. Nous devons examiner en détail ce que nous faisons. Nous ne pouvons tout simplement pas proposer quelque chose à la va-vite pour compenser 30 ans d'inaction du gouvernement dans ce dossier.
En 1957, la limite de responsabilité d'une centrale nucléaire aux États-Unis était de 560 millions de dollars. Et quelle est cette limite aujourd'hui chez notre voisin, celui avec lequel nous partageons tant, celui avec lequel le Parti conservateur aime s'harmoniser, avec lequel le Parti libéral a travaillé si fort pour s'harmoniser au fil de nombreuses années? Elle est maintenant de 9,7 milliards de dollars. Alors, que se passera-t-il ici si nous fixons notre limite à 650 millions de dollars? Le grand public devra payer tout montant qui dépasse la limite de responsabilité. Contrairement à ce que le ministre dit, c'est ce qui se produira.
Le degré de responsabilité doit être accru. Il doit correspondre à celui de notre plus important partenaire commercial. Il ne doit pas simplement concorder avec ce qui figure dans des traités ou des conventions signés, mais refléter l'utilisation pratique réelle d'énergie nucléaire sur le continent.
On avait besoin d'une responsabilité limitée lorsque l'industrie en était à ses premiers balbutiements. Aujourd'hui, on peut se demander si cela a encore lieu d'être. Imposons-nous une responsabilité limitée aux parcs éoliens? Aux panneaux solaires? Non. Les autres pays ont-ils une responsabilité limitée? L'Allemagne n'en a pas. Évidemment, l'Allemagne vit en aval de Tchernobyl. Son industrie nucléaire a une responsabilité illimitée. L'industrie s'est-elle laissée découragée par cela? Non. L'industrie nucléaire aux États-Unis a-t-elle cessé ses activités parce qu'elle est assujettie à une responsabilité limitée de 9,7 milliards de dollars? Non.
Qu'y a-t-il de différent au Canada? En quoi le Canada est-il différent des États-Unis? Pourquoi notre industrie s'enfuirait-elle si nous fixons la responsabilité qui convient? C'est une question que nous pouvons tous examiner dans le cadre de ce débat.
La responsabilité prévue par le projet de loi a une portée trop étroite. Il y a beaucoup plus d'accidents impliquant de petites quantités de matériel nucléaire qu'il y en a dans les grandes centrales. Cet aspect n'est pas couvert dans le projet de loi. À maintes reprises, il y a eu des cas de contaminations à partir d'équipement médical ou d'équipement utilisé dans l'industrie pétrolière et gazière, ou provenant de diverses sources de radiation utilisées dans l'industrie quotidiennement. Il faudrait légiférer à cet égard aussi. Cela devrait faire l'objet de certaines mesures de contrôle afin que les exploitants qui utilisent ce matériel nucléaire s'en débarrassent correctement et protègent les Canadiens. Sans disposition législative, les gens sont contraints d'engager des poursuites pour obtenir une indemnisation et ce n'est pas juste.
La définition de « dommage » qui est donnée dans le projet de loi pose aussi problème. Il peut s'agir de dommages à l'environnement ou de dommages à un immeuble ou à une personne. Un dommage à l'environnement peut perdurer. J'en ai parlé plus tôt dans mon allocution. On n'a qu'à penser aux déchets radioactifs de l'industrie nucléaire. Le terme « dommage » doit être défini convenablement dans le projet de loi.
La définition de « dommage » pourrait être élargie pour inclure les dommages causés par la perte de clients ou par une peur de la contamination, comme au Japon. Cette nouvelle définition pourrait être incluse dans le projet de loi. Nous en parlerons davantage dans les jours à venir.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, il n'y a pas de protection particulière en cas d'accident provoqué par des sources de contamination nucléaire externes: l'industrie nucléaire, les satellites nucléaires, les navires nucléaires et tout ce qui utilise de l'énergie nucléaire.
L'Allemagne a prévu ce type d'indemnisation, et pour cause. Elle comprend le problème.
Si vous le permettez, je vais orienter le débat vers les considérations économiques. À quoi cela sert-il de fixer une limite bien en-deçà de la limite de notre plus grand partenaire commercial? Qu'est-ce que cela va faire à l'industrie? Est-ce que cela va avantager les réacteurs canadiens par rapport aux réacteurs américains? Peut-être bien, s'ils sont fabriqués par des entreprises américaines et destinés à l'exportation d'énergie électrique aux États-Unis.
Nous pourrions payer pour le développement de réacteurs nucléaires pour un autre pays avec la responsabilité limitée que nous avons ici et avec nos normes inférieures en matière d'utilisation de cette énergie et de développement de cette industrie. Par conséquent, il faut être très prudent à l'égard de ce que nous faisons en ce qui a trait à notre principal partenaire commercial, celui avec lequel nous participons à tant d'autres activités d'harmonisation.
Toute la question de l'utilisation de l'énergie nucléaire et des progrès qui y sont liés doit s'inscrire dans une vaste stratégie en matière d'énergie. Il est impossible d'établir l'orientation future de la matrice d'énergie canadienne sans que les règles du jeu soient les mêmes pour tous. Si l'uniformisation des règles signifie que l'industrie nucléaire doit assumer la responsabilité de son produit, de ses activités, de sa démobilisation et du stockage sécuritaire des déchets dangereux, qu'il en soit ainsi, cela fera partie de l'équation. Dans le cas de l'énergie solaire, il faut tenir compte de la nécessité de réduire le coût de fabrication des panneaux solaires et, dans le cas de l'énergie éolienne, il faut tenir compte du fait que le coût est lié à l'intermittence de la production; ces éléments doivent être mis en contexte les uns avec les autres.
Aujourd'hui, nous traitons de l'industrie nucléaire. Traitons la question et plaçons-la dans un contexte qui rende la situation plus juste pour les Canadiens dans l'avenir. Quand nous prenons des décisions sur l'orientation que le Canada doit prendre dans le domaine de l'énergie, il faut avoir l'assurance que tout est compris, que tous les éléments pertinents figurent dans l'équation et que l'ensemble se tient. Dans le moment, ce n'est pas le cas. Le projet de loi ne va pas assez loin pour permettre cela.
J'aimerais entendre ce que les autres partis ont à dire à ce sujet parce qu'il s'agit d'une question extrêmement importante. Nous voulons savoir s'il vaut la peine de renvoyer la question au comité et s'il serait alors possible d'obtenir un résultat acceptable à l'égard des problèmes qui ont été relevés aujourd'hui dans le projet de loi.
J'ai apprécié le fait d'intervenir au sujet de ce projet de loi parce que, à maints égards, nous devons avoir une discussion franche sur l'industrie nucléaire au Canada. Nous devons comprendre ce que signifie le développement orienté dans cette direction, ce qu'il coûte et ce que nous laisserons à nos enfants et à nos petits-enfants.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole pour appuyer le projet de loi . Cette mesure vise à abroger la Loi sur la responsabilité nucléaire et à mettre à jour et moderniser le cadre qui régit la responsabilité et l'indemnisation en matière nucléaire au Canada.
Je vais prendre quelques minutes pour traiter de la raison d'être du projet de loi et pour expliquer pourquoi les changements proposés sont nécessaires. Je vais aussi dire un mot sur les principes généraux qui servent de fondements à la loi actuelle et au projet de loi dont nous sommes saisis. Toutefois, je veux d'abord commencer par souligner de quelle façon l'énergie nucléaire contribue au bien-être des Canadiens.
Le Canada était un membre fondateur du club nucléaire original et il est maintenant un leader mondial dans l'exploitation et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Nous sommes restés à l'avant-garde dans un grand nombre de secteurs très importants, y compris la technologie et la sûreté des réacteurs.
En ce qui a trait aux points visés par le projet de loi, à savoir la responsabilité et l'indemnisation, nous faisons figure de pionniers dans ces domaines. Le Canada peut être fier d'être parmi les premiers pays à créer un régime d'assurance pour le contexte particulier du secteur de l'énergie nucléaire.
Pour ce qui est de nos intérêts nationaux, les députés savent qu'un secteur de l'énergie nucléaire dynamique procure d'importants avantages économiques et environnementaux au Canada. Le réacteur CANDU est la bête de somme du secteur canadien de l'énergie nucléaire, et c'est aussi l'une des sources d'énergie les plus propres et écologiques à notre disposition. Sans ce réacteur, l'Ontario, par exemple, n'aurait pas pu atteindre le niveau d'industrialisation qui la caractérise. En effet, n'eut été des réacteurs CANDU au Canada, nous aurions été contraint de brûler d'énormes quantités de charbon pour alimenter les fournaises et faire fonctionner les turbines des centrales électriques.
J'en arrive maintenant au projet de loi comme tel. Tout comme la loi actuelle, cette mesure se fonde sur trois principes fondamentaux: la responsabilité absolue, la responsabilité exclusive et l'assurance obligatoire.
La responsabilité absolue signifie que l'exploitant d'un établissement nucléaire est tenu responsable d'un accident, peu importe que cet accident soit de sa faute ou non. Autrement dit, même si l'incident découle d'actes posés par d'autres personnes, par exemple du vandalisme, ou de la négligence d'un fournisseur, l'exploitant est le seul qui est tenu responsable, pour ce qui est d'indemniser des tierces parties.
La notion de responsabilité absolue est d'une grande utilité pratique. Elle permet d'éviter que les victimes aient à cheminer dans un secteur très complexe afin de déterminer qui est responsable puisque, dans tous les cas, on saura exactement où adresser une demande d'indemnisation. La responsabilité incombe à l'exploitant, point à la ligne.
Le deuxième principe, celui de la responsabilité exclusive, est lié de près au premier. Il signifie que personne à part l'exploitant — aucun fournisseur ou sous-traitant, par exemple — ne peut être tenu responsable d'un accident.
Ce principe est profitable autant pour l'industrie nucléaire que pour les Canadiens qui pourraient être touchés par un accident nucléaire. Pour les fournisseurs et les sous-traitants de l'industrie nucléaire, cela élimine le risque qu'ils soient tenus responsables, risque qui pourrait les empêcher de participer à un projet nucléaire, surtout que les assurances contre ce type de risque sont extrêmement limitées. Pour tous les autres intervenants, le principe de responsabilité exclusive facilite les demandes d'indemnisation.
Ces principes sont inscrits à juste titre dans la Loi sur la responsabilité nucléaire et dans le projet de loi dont nous sommes saisis. En effet, en l'absence des certitudes contenues dans la loi sur les questions de responsabilité, les assureurs n'auraient pas la capacité de couvrir les installations. Dans de telles circonstances, sans assurance, qui voudrait investir dans un projet nucléaire ou y prendre part?
La Loi sur la responsabilité nucléaire a été un bon outil, mais il est temps de l'actualiser et de la simplifier. C'est tout à fait légitime de souhaiter cela. La loi actuelle a 30 ans.
Si on revient en arrière jusqu'en 1970, année où la loi a été rédigée, il y a 37 ans que cette loi existe, ce qui équivaut à plusieurs cycles de vie pour la technologie nucléaire et les technologies connexes, comme la compatibilité informatique.
La loi actuelle est donc le reflet d'une technologie, de connaissances scientifiques et d'un mode de pensée d'une autre époque et de l'expérience acquise jusqu'alors. Or, bien que l'industrie nucléaire ait évolué et se soit beaucoup améliorée, l'inflation et l'évolution de la jurisprudence ont entraîné une hausse de la responsabilité éventuelle en cas d'accident.
Par conséquent, la loi doit évoluer. Nous devons conserver les concepts de responsabilité absolue et exclusive, mais nous devons aussi augmenter les montants de la responsabilité, hausser les exigences obligatoires en matière d'assurance, ajouter de nouveaux concepts sur le plan des dommages et mieux définir le processus d'indemnisation. Il faut adapter la loi aux exigences pratiques et à la réalité d'un siècle nouveau.
Le projet de loi propose d'importants changements en matière d'indemnisation. Il augmente la responsabilité financière des exploitants. La Loi sur la responsabilité nucléaire établit le montant maximal à 75 millions de dollars, soit une des plus faibles limites parmi les pays du G8.
La mesure proposée répondrait davantage aux besoins actuels en portant cette limite à 650 millions de dollars. Elle multiplierait par près de neuf le montant d'assurance obligatoire pour les exploitants, en leur permettant de détenir l'équivalent de la moitié de la somme sous une forme autre que l'assurance, par exemple des lettres de crédit, une autoassurance et des garanties provinciales ou fédérales. Tout exploitant serait tenu de se conformer à des lignes directrices strictes.
Pour ce qui est du délai accordé pour les demandes d'indemnisation, le projet de loi hausse la limite de 10 à 30 ans dans le cas de demandes relatives à des blessures ou à des décès. Cette modification vise à reconnaître le fait que certaines maladies dues aux radiations restent latentes longtemps.
Ce projet de loi prévoit une définition moderne de ce que sont des dommages nucléaires, une définition qui tient compte de la jurisprudence récente et des conventions internationales pertinentes.
J'insiste sur le fait que les questions et modifications soulevées dans la mesure proposée sont le produit de plusieurs années d'expérience, de délibérations et, surtout, d'indemnisations. Nous ne voulions pas que le gouvernement du Canada procède unilatéralement ou à la pièce, parce que de telles méthodes n'assurent ni uniformité ni certitude. Nous avons respecté les attentes raisonnables des intéressés, et nous continuerons de le faire.
Les avantages pratiques de cette mesure sont nombreux pour les Canadiens.
Je suis particulièrement heureuse de souligner l'important travail des 2 513 employés qui travaillent directement pour l'industrie nucléaire dans ma circonscription, , et des 4 834 employés d'EACL au Canada.
À 6 h 10, le 3 novembre 1957, le réacteur national de recherche universel, ou NRU, situé aux laboratoires d'EACL de Chalk River, a été mis en service pour la première fois. Il avait été conçu à un coût de 60 millions de dollars pour la recherche et la protection du plutonium. C'est cette réalisation qui a marqué l'entrée du Canada sur la scène mondiale dans le domaine des sciences et de la technologie.
J'encourage tous les parlementaires à se joindre à moi pour féliciter EACL, qui célèbre maintenant ces 50 ans d'histoire de la recherche nucléaire au Canada. Je suis heureuse de signaler à la Chambre le rôle de M. John Inglis dans cet événement. Il était ingénieur et chef d'équipe lors de la mise en service du réacteur en 1957. M. Inglis habite encore aujourd'hui à Deep River.
J'appuie ce projet de loi parce qu'il assure des progrès dans un domaine d'importance critique pour notre bien-être économique et environnemental. Il n'y a pas de doute que le projet de loi sert les intérêts nationaux et le bien public. Par conséquent, j'exhorte les députés à appuyer la motion.
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Monsieur le Président, je suis content de pouvoir appuyer le projet de loi .
Les députés savent tous que l'énergie nucléaire joue un rôle important dans l'approvisionnement énergétique du Canada. Trois provinces produisent de l'électricité à l'aide de l'énergie nucléaire. L'Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick ont recours en toute sécurité à l'énergie nucléaire depuis de nombreuses années.
L'énergie nucléaire fournit 15 p. 100 de l'électricité produite au Canada. L'Ontario comble 50 p. 100 de ses besoins énergétiques avec l'énergie nucléaire. Cette énergie propre ne produit pas de gaz à effet de serre et s'inscrit dans notre plan de sécurité énergétique. Elle joue aussi un rôle extrêmement important dans notre engagement à réduire les gaz à effet de serre au Canada.
Le débat ne devrait pas servir à alarmer la population, mais il semble que ce soit la position adoptée par le NPD. Nous devrions plutôt nous employer à donner aux Canadiens l'assurance que notre avenir énergétique est sûr et sans danger. Le Canada produit de l'électricité avec l'énergie nucléaire depuis plus de 30 ans, et ce, en toute sécurité et sans incident.
Nous nous attendons pleinement à ce que l'industrie nucléaire conserve son excellent bilan de sécurité au Canada dans les années à venir. À mesure que la technologie évoluera, il en sera de même de la sécurité. Comme ma collègue l'a signalé, le débat sur la responsabilité nucléaire a débuté il y a 40 ans. Plusieurs générations de technologies nucléaires se sont succédé depuis l'adoption de la Loi sur la responsabilité nucléaire. Il est donc temps de moderniser cette loi.
Le gouvernement est réaliste et responsable en ce qui concerne l'énergie nucléaire. Dans l'éventualité peu probable où il y aurait un problème, nous avons l'intention d'être en mesure d'aider les Canadiens. C'est là une raison importante pour moderniser les dispositions législatives sur la responsabilité nucléaire.
La Loi de 1976 sur la responsabilité nucléaire a établi un cadre d'indemnisation et de responsabilité civile pour traiter les dommages résultant d'un accident nucléaire. Ce cadre s'applique aux installations nucléaires canadiennes, notamment aux centrales nucléaires, aux réacteurs nucléaires de recherche, aux établissements de transformation du combustible et aux installations de gestion du combustible épuisé. La mesure législative proposée sur la responsabilité et l’indemnisation en matière nucléaire améliore le processus d'indemnisation des victimes potentielles et oblige les exploitants de centrales nucléaires à maintenir une garantie financière suffisante pour couvrir leur responsabilité éventuelle.
Nous modernisons les dispositions législatives canadiennes sur la responsabilité nucléaire pour que la législation de notre pays en la matière soit comparable à celle des autres pays occidentaux. Nous croyons que les Canadiens méritent cette protection.
Le projet de loi accroîtra l'indemnisation en cas d'accidents, créera de nouvelles catégories de demandes d'indemnisation et améliorera les procédures relatives au traitement des demandes.
Le projet de loi fera passer le montant maximal de la responsabilité civile de l'exploitant de 75 millions de dollars à 650 millions. Aux termes du projet de loi , l'exploitant sera tenu de fournir une garantie financière d'au moins 650 millions de dollars pour couvrir son éventuelle responsabilité. C'est conforme aux normes internationales actuelles.
Je tiens à rectifier quelque chose que les néo-démocrates disent depuis ce matin et corriger l'impression qu'ils ont laissée.
Aux États-Unis, la responsabilité financière des exploitants est très semblable à celle que nous proposons. Ils doivent détenir une assurance en première ligne de 330 millions de dollars ainsi qu'une assurance secondaire de 100 millions de dollars pour chaque réacteur exploité. La somme de 650 millions de dollars est du même ordre de grandeur que ce qui se fait aux États-Unis.
Le gouvernement est aussi disposé, aux termes du projet de loi, à couvrir certains risques non assurés; de surcroît, il couvrira les plus petits établissements conformément à un arrangement avec des assureurs approuvés. Aux termes du projet de loi , les exploitants et les assureurs seront responsables des demandes d'indemnisation, qui pourront éventuellement être réglées devant les tribunaux ou devant un tribunal dont la création est prévue dans le projet de loi. Comme je l'ai déjà mentionné, le projet de loi prévoit un régime administratif et un tribunal d'indemnisation en matière nucléaire, si le gouvernement estime que c'est nécessaire.
Depuis l'adoption de la Loi sur les déchets de combustible nucléaire en 2002, les sociétés d'énergie nucléaire ont investi près de 1 milliard de dollars dans un fonds en fiducie qui servira à la gestion à long terme des déchets de combustible nucléaire. Grâce à la modernisation de notre législation, les Canadiens peuvent avoir l'assurance que les exploitants d'installations nucléaires au Canada pourront assumer tous les coûts financiers associés à la gestion à long terme des déchets et aux responsabilités éventuelles. Contrairement à certaines industries, l'industrie nucléaire gère les conséquences de ses opérations. Cela devrait répondre à certaines des préoccupations que les bloquistes ont exprimées à ce sujet.
En modernisant la législation, nous veillons à la mise en place de normes des plus rigoureuses relatives à l'énergie nucléaire au Canada. Le projet de loi reflète l'engagement du gouvernement du Canada à prendre des mesures claires et décisives afin de protéger le bien-être des Canadiens et répondre à nos futurs besoins énergétiques.
Aujourd'hui, nous avons parlé de responsabilité et d'indemnisation, mais je tiens à donner l'assurance aux Canadiens que l'importance attachée aux garanties financières ne signifie pas nécessairement que nous sommes plus vulnérables qu'avant. Au contraire, un accident comme celui de Tchernobyl ne pourrait se produire dans une centrale nucléaire canadienne. Telle a été la conclusion d'un certain nombre d'études dont ont fait l'objet les réacteurs canadiens dans le but d'évaluer les risques associés à leur exploitation. Le député d'Edmonton-Centre l'a démontré ce matin en citant deux de ces études.
Plusieurs dispositifs de sécurité sont intégrés aux centrales nucléaires canadiennes afin d'empêcher toute dispersion de matières radioactives à l'extérieur de leur site.
M. Kenneth Hare, commissaire chargé d'une étude pour le ministère ontarien de l'Énergie, a affirmé que:
[...] si l'exploitant du réacteur de Tchernobyl avait pu compter sur un système de sécurité doté des capacités du système d'arrêt du réacteur CANDU, l'accident ne se serait jamais produit.
Le gouvernement agit de façon responsable en réglementant notre industrie nucléaire, car elle est vitale pour le bien-être économique et environnemental du Canada. C'est une technologie propre, sans émissions, qui jouera un rôle important dans nos efforts collectifs de réduction des gaz à effet de serre.
Le projet de loi vise à établir l'infrastructure législative nécessaire au développement de cette source d'énergie dont bénéficieront tous les Canadiens. Par conséquent, il mérite notre appui et j'espère que les autres partis l'appuieront également.
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Monsieur le Président, la position du Bloc est très claire. En matière d'énergie nucléaire, le Bloc préconise le contrôle sévère et efficace à toutes les étapes: à l'extraction, au transport, à la production de chaleur et d'électricité. C'est dans cette optique que le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi qui porte sur la responsabilité des exploitants en cas d'accident nucléaire. Pourtant, il est déplorable que le gouvernement conservateur n'ait pas profité de cette annonce récente — notamment sur l'enfouissement des déchets radioactifs — pour lancer des consultations publiques sur le nucléaire. Le gouvernement procède sans débat aucun, alors que le recours au nucléaire est loin de faire l'unanimité.
Pour le Bloc québécois, aucun compromis ne doit être fait sur la sécurité. Les drames survenus à Tchernobyl en Ukraine et à Three Mile Island aux États-Unis, de nombreux autres petits accidents survenus en Chine et en Inde, et tous ces incidents venus près d'être des accidents et qui, heureusement, n'ont pas été graves, soulignent et doivent toujours nous rappeler la gravité des conséquences des accidents et des incidents liés au nucléaire et l'importance de tout mettre en oeuvre pour les éviter.
Le se fait l'un des principaux promoteurs du nucléaire en répondant au puissant lobby du nucléaire. Or, le ministre semble oublier que le nucléaire n'est pas, comme il l'affirme à tort, une énergie propre. Les déchets radioactifs demeurent toujours un problème important et fort coûteux à gérer. Le ministre des Ressources naturelles, qui ne cesse de faire montre d'optimisme à l'égard de l'énergie nucléaire — notamment pour l'extraction des sables bitumineux —, devrait faire preuve de retenue face à cette source d'énergie qui est loin de faire l'unanimité et dont les risques sont loin d'être bénins.
On peut remarquer à Pickering que les retombées de la centrale nucléaire contaminent le lac. Il y a donc des dangers dans toutes les phases du nucléaire. Sans être alarmiste, il convient de réaliser que le nucléaire ne devrait pas être le premier choix de ce ministre et qu'il devrait investir davantage dans le développement des énergies vraiment propres, comme l'éolien, le solaire et la géothermie. En effet, ces énergies peuvent remplir tous les besoins du Canada en énergie.
Je souligne que nous développons actuellement l'éolien d'une façon importante. Particulièrement dans certaines provinces, l'éolien devient complémentaire des centrales hydrauliques. L'énergie solaire devrait être développée à une beaucoup plus grande échelle. Toutefois, je tiens à mentionner tout particulièrement la géothermie, pas en surface, mais en moyenne profondeur. La géothermie de 3 000 à 5 000 pieds de profondeur peut aller chercher suffisamment d'énergie pour faire tourner des turbines de cogénération d'électricité pour chaque petite localité dans tout l'ensemble du Canada et au Québec. Il s'agit d'une énergie qui ne nécessite aucun projet de loi pour protéger les gens. C'est une énergie qui serait disponible et qui est renouvelable, à perpétuité.
On voit donc que le a la promotion du nucléaire à son agenda. Il veut appeler cette énergie une énergie propre, mais nous ne la considérons pas nécessairement comme telle en raison des déchets.
Il est vrai qu'on gagne sur les gaz à effet de serre, mais pas si on s'en sert pour puiser du pétrole dans les sables bitumineux. Le résultat de l'équation entre les gaz à effet de serre créés par le pétrole qui est extrait et le nucléaire qui ne produit pas de gaz à effet de serre sera finalement négatif. Cela ne justifie pas le fait d'aller extraire plus de pétrole et de créer plus de gaz à effet de serre qui ont un effet irrémédiable sur les changements climatiques.
Le Bloc québécois examinera donc avec attention le projet de loi en comité, afin de s'assurer qu'aucune faille ne permettra aux exploitants de se dédouaner de leurs responsabilités, que ce soit par les contribuables qui assument indûment une part de risques et les coûts associés aux indemnisations finales, et afin de s'assurer que la révision du montant de l'assurance sera véritablement effectuée de manière régulière afin de respecter les normes internationales et les risques non avoués.
On a inséré dans ce projet de loi un montant irréaliste, par rapport à ce que la communauté internationale considère comme un montant normal. C'est donc évident que ce seront les contribuables, les Canadiens, qui devront payer les frais qui dépasseront cette prime, en cas d'un accident.
De plus, ce serait très important d'évaluer le coût réel des dommages que peut entraîner un accident nucléaire, afin d'aligner l'importance des polices d'assurance. Plus tôt, le gouvernement conservateur disait qu'il a fait des études et que celles-ci démontrent que les dommages peuvent monter uniquement à quelques millions de dollars. Le comité passera ces études au peigne fin, car nous serions très surpris que ces études n'aient pas été faites par des partisans du nucléaire.
Le seul fait de proposer ce projet de loi sur la sécurité et les responsabilités en fonction d'accidents est l'aveu du ministre du grand danger potentiel qu'est le nucléaire. Autrement, il ne présenterait pas de loi pour le solaire. Les véritables énergies propres, comme les énergies éolienne et solaire, la géothermie et l'hydroélectricité, n'ont pas besoin d'un tel projet de loi. Si ce projet de loi est adopté, il doit donc comporter une police d'assurance qui détermine la sécurité d'une façon évidente.
Le a peu de crédibilité en matière d'énergie nucléaire. En fait, son enthousiasme à l'égard de cette source d'énergie nous démontre qu'il ne répond qu'au lobby, alors qu'un débat en profondeur s'impose. Qu'il prenne lui-même la décision voulant que le nucléaire soit une bonne énergie nous laisse pantois.
Dans ses récents communiqués, le ministre allègue que le nucléaire est une énergie propre puisqu'elle n'émet presque pas de gaz à effet de serre. Or, bien que le nucléaire ne produise qu'une quantité limitée de gaz à effet de serre, elle produit cependant des déchets radioactifs difficiles et coûteux à gérer.
Passer sous silence cette réalité, c'est induire la population en erreur. Les Canadiens et les Québécois craignent le nucléaire et n'en veulent pas, particulièrement au Québec. Pourquoi le ministre ne respecte-t-il donc pas notre nation dans son gouvernement, moyennant une ouverture pour établir une étude généralisée et une grande consultation populaire?
Le a annoncé que l'option de gestion adaptive progressive, le GAP, a été choisie comme étant l'approche recommandée pour assurer la gestion à long terme de combustibles nucléaires épuisés au Canada. Le GAP prévoit l'isolement et le confinement des combustibles nucléaires épuisés dans un dépôt souterrain profond — où? On ne le sait pas. Cela fait 40 ans qu'on cherche où les mettre — ainsi que le recours, à titre de solution temporaire, à un dépôt souterrain de faible profondeur — c'est le ministre qui l'a dit. Il démontre donc qu'il ne sait pas quoi faire avec les déchets nucléaires.
Le ministre nous dit aussi qu'il s'agit d'une approche sûre à long terme. Sur la base de quelle expérience peut-il nous dire cela?
Dans cette annonce, on dit aussi:
La GAP garantira que le combustible nucléaire épuisé fait l'objet d'une surveillance [...]
On se rend donc compte que le ministre n'est pas sûr de pouvoir laisser les déchets nucléaires ainsi et que ce soit sécuritaire. Ils devront faire l'objet d'une surveillance. Qui paiera cette surveillance? Ce ne sont certainement pas les compagnies qui utilisent le nucléaire. Il n'en est question nulle part dans la loi. Ce sera donc les contribuables qui paieront cette surveillance, de même que la surveillance pour contrer le terrorisme autour des centrales. Ce sera donc toujours le contribuable qui paiera. La loi ne prévoit rien à ce sujet.
Plus loin, on annonce ceci:
La [Société de gestion des déchets nucléaires] entreprendra la planification et la conception d'un processus pour la sélection d'un site en collaboration avec la population canadienne.
Le rit de nous. Cela fait 40 ans qu'on cherche à faire exactement cela, c'est-à-dire la planification d'un site, et ce n'est toujours pas fait. Il doit donc y avoir de gros problèmes. Du moment que l'on décidera de l'emplacement de ce site, on remarquera que les levées de boucliers de la population laisseront le ministre bredouille.
Il est surtout inquiétant de savoir que le favorise le recours au nucléaire pour augmenter la production de pétrole extrait des sables bitumineux. Encore une fois, c'est irresponsable de sa part. Le ministre dit ce qui suit:
[Traduction]
« Compte tenu de l'augmentation prévue de la production des sables bitumineux d'un million à quatre ou même cinq millions de barils par jour, nous devons faire davantage. Je crois que les sables bitumineux peuvent apporter une grande contribution pour ce qui est de l'énergie nucléaire. »
[Français]
Plus on produira de pétrole à partir des sables bitumineux, plus on émettra des gaz à effet de serre, et ce ne sera pas l'énergie nucléaire qui pourra empêcher les émissions de gaz à effet de serre, au contraire.
On demande au ministre de quelle façon son projet de loi protégera la santé de la population. C'est ce qu'il dit vouloir faire. Pourtant, on sait que les centrales nucléaires émettent des contaminants dans l'air.
Comment nous démontrera-t-il que les dangers n'existent plus? Autrement, il n'aurait pas besoin de ce projet de loi. Cependant, s'il n'inclut pas cela dans le projet de loi, on pourra en déduire qu'il ne sait pas comment protéger la santé des gens. Le projet de loi force les centrales nucléaires à s'assurer contre les retombées causées par des accidents; il ne vise pas la protection de la santé.
Depuis l'accident survenu en Russie, à Chernobyl — en Ukraine plus précisément — la sécurité énergétique est devenue la grande priorité politique. Aujourd'hui, en Europe, par exemple, tout le monde reconsidère toutes les solutions possibles et autres que le nucléaire. En Angleterre, une commission parlementaire vient de mettre la population en garde contre la construction de nouvelles centrales. Une petite phrase confirme les craintes de ceux qui accusent le premier ministre britannique d'avoir cédé au lobby nucléaire. En 2003, le gouvernement a publié un livre blanc sur l'énergie. Ce dernier mettait l'accent sur les énergies renouvelables et excluait toute relance du nucléaire civil.
Je reviens sur l'accident qui s'est produit il y a 20 ans, à Chernobyl. Vingt ans plus tard, des gens ont visité le site, qui est toujours radioactif. Ce site est toujours dangereux et il y a encore des conséquences reliées à cet accident.
Comment le pense-t-il qu'une loi pourra protéger les gens contre ces retombées radioactives pendant 30 ans, 40 ans ou plus?
Le projet de loi prévoit un montant de 75 millions de dollars, le même montant qu'en 1976. Si on l'avait indexé, ce qui aurait été le minimum, on en serait à 250 millions de dollars. Par contre, la Convention de Paris recommande 600 millions de dollars. Et les ententes internationales parlent de 650 millions de dollars, montant qui a d'ailleurs été entériné par la commissaire à l'environnement et au développement durable dans son rapport de 2005. On est loin des 75 millions proposés. Soyez assuré que nous allons savoir pourquoi. Le peut-il justifier le fait d'avoir proposé un aussi petit montant quant à la responsabilité?
En conclusion, un débat en profondeur s'impose. On ne peut pas simplement régler le cas du nucléaire en disant que tout le monde en veut. Ce n'est pas le cas. Il y a des gens qui n'en veulent pas. Je ne comprends pas qu'un gouvernement qui dit être à l'écoute de la population ne soit pas sensible à cette réticence de la population.
Les déchets rétroactifs sont difficiles à gérer et leur gestion est très coûteuse. On le sait. D'autres sources d'énergie existent, comme je l'ai déjà mentionné. J'insiste particulièrement sur le fait qu'on devrait investir de l'argent. Chaque année, on investit à peu près 500 millions de dollars en recherche sur le nucléaire. Cette année, on a évalué que le gouvernement investit environ 807 millions de dollars en matière de sécurité, de recherche et de promotion. Si l'on avait investi cette somme depuis des années, on aurait pu l'investir en matière de recherche pour des énergies propres, réellement propres, et non dangereuses, c'est-à-dire où la sécurité ne serait pas en cause. On pourrait donc développer ces énergies de remplacement. Ainsi, l'énergie nucléaire ne serait pas nécessaire.
Il ne faut donc pas passer sous silence cette réalité et ainsi omettre un fait important, soit le remplacement de l'énergie nucléaire par d'autres types d'énergie.
Il ne faut pas non plus induire la population en erreur en disant qu'une simple loi, comme le projet de loi , la protégera. Ce n'est pas le cas. Ce projet de loi répare; ce n'est qu'une police d'assurance pour réparer un accident. Nous savons tous ce que signifie un accident. Cela ne prendra pas soin de la santé des gens.
Sachant cela, comment le ministre peut-il continuer à favoriser le nucléaire? En proposant cette loi, on voit bien qu'il n'a qu'un seul but, soit de réellement développer le nucléaire. Il se sert de la réduction des gaz à effet de serre comme tremplin. Toutefois, il se fait rattraper au moment où il souhaite investir dans les sables bitumineux pour faire du pétrole. C'est vraiment un non-sens.
Le ministre et le Parti conservateur devraient faire preuve de retenue face à cette source d'énergie qui est, à notre sens, dangereuse à cause des émanations et des déchets produits lorsque les centrales fonctionnent. De plus, c'est loin de faire l'unanimité.
Il faut investir le même montant dans des énergies renouvelables, compte tenu du fait que le risque d'accidents y est minime et que l'ensemble de la population y est effectivement beaucoup plus intéressée.
Pour terminer, je dirai donc que nous sommes favorables à ce projet de loi parce qu'il s'attarde à la sécurité. Toutefois, nous l'examinerons réellement de près, puisque nous jugeons que son contenu est trop faible, qu'il date de 30 ou 40 ans et qu'il n'a pas été mis à jour. Nous souhaitons réellement que, si l'on décide de recourir au nucléaire sans malheureusement avoir consulté la population, du moins, cela se fasse de la façon la plus sécuritaire possible.
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Monsieur le Président, un vif intérêt m’incite à participer au débat aujourd’hui. J’ai écouté les interventions faites par des députés de tous les partis et je suis de plus en plus inquiet plutôt que rassuré en me levant pour débattre ce projet de loi, parce que je m’interroge sur la connaissance qu’ont mes collègues de cette mesure et je me demande s’ils l’ont lue ou s’ils ont pensé à ses incidences.
En matière nucléaire, je pense qu’il y a deux aspects fondamentaux qui suscitent des inquiétudes. Un aspect retient indûment l’attention, et je suis d’avis qu’il faut un meilleur équilibre ici, et c’est la question environnementale et le fait que les sous-produits du nucléaire sont importants, durables et dommageables pas seulement pour la santé des êtres humains, mais pour la planète en général. L’autre aspect est d’ordre financier et consiste à se demander si l’industrie nucléaire, avec ses propres moyens, pourrait soutenir la concurrence des autres formes d’énergie qui composent le mixte énergétique que possède notre pays. Cette industrie est subventionnée à diverses étapes du processus et nous entrons maintenant dans le débat qui porte très précisément sur la responsabilité limitée que propose le gouvernement.
Qu’on me permette de dire deux choses avant de traiter en détail chacun de ces deux aspects. Premièrement, il y a longtemps que l’étude de ce projet de loi aurait dû être faite. Le monde a beaucoup changé depuis que cette mesure est d’abord apparue. Son application n’a plus de rapport avec la réalité de ce qui se passe dans le monde et dans l’industrie nucléaire.
Deuxièmement, je me permets de dire qu’à mon avis, le , qui a pris la parole plus tôt aujourd’hui, a nui à ses propres intérêts et à ceux de l’industrie en n’expliquant pas de façon complète et transparente les répercussions de cette mesure. Nous, les députés néo-démocrates, avons posé plusieurs questions directes pour qu’il expose clairement les faits afin que nous puissions tenir un débat juste et honnête à la Chambre. Chaque fois, le ministre a choisi de ne pas répondre directement.
C’est précisément le cas de la question sur la responsabilité et le fait que, dans le projet de loi, la responsabilité maximale est passée de 75 millions de dollars à 650 millions de dollars. Le ministre a prétendu, au point d’induire la Chambre en erreur ou presque, que le plafond était un seuil et que la responsabilité commencerait à 650 millions de dollars pour aller au-delà.
J'ai ensuite montré le projet de loi lui-même au ministre pour qu'il voie que ce n'est pas un seuil. De la manière dont le projet de loi est formulé, c'est un plafond. S'il veut changer cela, nous serons heureux d'examiner ses propositions d'amendements, mais présenter un plafond comme étant un seuil change tout le contexte. Les 650 millions de dollars mentionnés dans le projet de loi comme constituant une responsabilité limitée pour l'industrie nous amènent à nous demander, comme d'autres qui étudient le sujet, qui paiera la note en cas de catastrophe ou d'incident nucléaire si le total des réclamations dépasse cette somme.
Pour certains Canadiens qui suivent le débat, un peu plus d'un demi-milliard de dollars peut sembler une grosse somme, mais nous devons situer les choses dans leur contexte. En général, les centrales nucléaires ne sont pas construites dans des endroits isolés. Elles se trouvent bien souvent dans des régions densément peuplées du Canada. Elles sont à proximité des plus grosses sources d'eau potable du Canada et de nos voisins du sud.
Nous ne souhaitons certes pas d'accident et nous invitons le gouvernement à prendre tous les moyens et toutes les mesures pour empêcher que cela se produise, mais un accident est, par nature, imprévisible. Un accident est une inconnue, mais il s'en produit et s'il ne s'en produisait jamais, nous n'aurions pas besoin d'assurance. Cependant, les répercussions d'un accident sont énormes.
Évidemment, lorsque nous lançons un débat sur l'utilisation de l'énergie et le profil du pays, la description et les caractéristiques propres de toutes les sources d'énergie sont importantes. L'industrie nucléaire a déployé de grands efforts et pris bien des mesures pour se présenter comme étant transparente et propre. Elle recourt à une terminologie éprouvée pour donner l'assurance aux Canadiens qu'elle est une source d'énergie acceptable qui a peu de répercussions.
Pas besoin d'être bien futé pour comprendre que les déchets nucléaires sont extrêmement dangereux. Ils durent bien plus longtemps qu'une vie humaine et peuvent même durer plus longtemps que les pays tels que nous les connaissons aujourd'hui. Nous parlons de centaines de milliers d'années.
En tant que parlementaires, décideurs et dirigeants de ce pays, nous avons une responsabilité à assumer lorsque nous traitons de questions dont les répercussions toucheront de nombreuses générations. Il y a ici des répercussions qui vont plus loin que ce que nous avons entendu jusqu'à maintenant dans ce débat. Nous avons la responsabilité et l'obligation de faire l'examen le plus approfondi possible du projet de loi et de la question dans son ensemble, en nous servant de toute l'information et de tous les pouvoirs à notre disposition, simplement parce que ce ne sera vraisemblablement pas nous mais bien les générations à venir qui auront à subir les conséquences de nos décisions.
Nous nous soucions tous du bien-être de nos enfants, de nos petits-enfants et de nos familles. Il est absolument essentiel, lorsque nous traitons de questions comme celle-ci, que nous, les parlementaires, prenions le temps de les examiner le plus minutieusement possible.
Ainsi, lorsque l'industrie nucléaire nous dit qu'elle est transparente et propre, avec tout le reste du jargon qu'elle emploie et l'image qu'elle projette avec l'aide des agences de marketing très compétentes qu'elle embauche, cela ne cadre pas du tout avec ce qu'on trouve dans ce projet de loi. En effet, c'est plutôt trompeur de dire qu'il n'y a pas de risque ou pas d'élément de risque dans l'industrie nucléaire compte tenu du fait que la liste des dommages indemnisables comprend les éléments suivants: préjudice matériel et corporel; traumatisme psychologique; relation personnelle étroite; pertes économiques; frais et salaires; panne d'électricité; dommages à l'environnement. Ce sont tous là des dommages pour lesquels, aux termes de cette mesure législative, le fournisseur d'énergie nucléaire pourrait faire l'objet de poursuites devant les tribunaux.
Examinons cette liste de plus près. Quelle est la limite en cas de traumatisme psychologique causé par un accident nucléaire? Quelle est la limite en cas de traumatisme psychologique subi par toute personne en relation personnelle étroite avec quiconque a subi un préjudice corporel causé par un accident nucléaire? Et qu'en est-il de la responsabilité à l'égard des pertes économiques, qu'il s'agisse de pertes économiques causées par une panne d'électricité ou de pertes économiques causées directement par l'accident lui-même? Quant aux frais et salaires, encore une fois, l'indemnisation vise-t-elle seulement les personnes directement touchées ou toute personne occupant un poste auxiliaire qui a été touchée également?
Ce sont des questions d’une envergure extraordinaire au sujet desquelles une personne pourrait réclamer une indemnisation devant les tribunaux. Pour ce qui est de laisser croire que nous allons limiter la responsabilité à cet égard, afin de rassurer celui qui voudrait s'enrichir en investissant dans l’industrie nucléaire, et de laisser entendre ensuite que le Parlement formera un comité spécial pour payer la note en cas de dommage, je dis que ce débat exige un peu plus d’honnêteté, mes amis.
Appelons les choses par leur nom et disons que c’est le plafond. C’est ce que décrit le projet de loi tel que nous l’avons lu. Le ministre dit autre chose. Dans ce cas, je me demande s’il a lu le projet de loi ou s’il a décidé de lui donner une interprétation contraire à ce que dit le libellé.
L’industrie nucléaire bénéficie visiblement d’un traitement spécial. Le Canada la protège depuis de nombreuses décennies. Il a essayé de l’exporter, réussissant parfois et échouant parfois à convaincre d’autres pays d'adopter notre technologie. À l’heure actuelle, des négociations sont en cours à cette fin dans des pays en développement, même si, encore une fois, la décision comporte des répercussions graves et durables.
On se demande si le même soin, le même traitement, est accordé à d’autres industries, des industries qui requièrent de gros investissements, comme ceux que l’industrie nucléaire a reçus, et qui ont aussi une responsabilité. Quand quelqu’un lance une nouvelle ligne aérienne au Canada ou y fait venir une ligne aérienne, est-ce que le gouvernement lui garantit une assurance-responsabilité limitée par l’intermédiaire du Parlement du Canada? Quand l’industrie automobile est apparue au Canada, aurait-on laissé entendre qu’une responsabilité limitée s’appliquerait au secteur automobile de telle sorte qu’en cas de défaillance grave d’un de ses produits, d’une de ses automobiles, le gouvernement paierait la note au-delà d’un certain montant?
Nous ne connaissons aucun cas de ce genre. Un député ministériel pourrait peut-être faire des observations là-dessus et affirmer que l’industrie nucléaire ne bénéficie d’aucun traitement spécial. Cela nous éclairerait.
L’énergie nucléaire est un sujet extrêmement délicat. Il y a beaucoup d’aspects contradictoires. Il y a des extrêmes des deux côtés. Au fil des ans, nous avons vu des personnalités politiques aller jusqu’à prendre l’effluent d’une centrale nucléaire et en boire un verre juste pour montrer à quel point c’était inoffensif. Ces gens ne sont plus des nôtres.
C’est lamentable, mais cela montre que face à de graves craintes, afin de jouer le jeu politique et de rassurer la population, de lui dire que tout est beau même si les preuves sont accablantes, des politiciens ont pu aller aux extrêmes en mettant leur vie en danger et en y mettant fin.
Il y a aussi l’inverse, où certains parlent de l’énergie nucléaire sur un ton négatif qui porte à croire que c’est le diable incarné qui, par son existence même, n’apporte que la destruction.
Nous estimons que l'équilibre se trouve à mi-chemin. Nous croyons qu'il est possible de tenir un débat sérieux et honnête sur l'énergie nucléaire comme l'une des diverses sources d'énergie pouvant être utilisées au Canada. Un tel débat s'impose et les représentants du gouvernement doivent présenter les faits tels qu'ils sont énoncés dans la mesure législative et ne pas prétendre qu'ils sont autrement.
Il va sans dire qu'il y a une leçon à tirer sur les conséquences imprévues quand on examine une mesure législative comme celle-ci. Il est très difficile pour les parlementaires d'imaginer les diverses trajectoires qu'il est possible de prendre à l'égard d'une question comme celle-ci. Il est également difficile d'imaginer ce que seront les principales sources d'énergie, le profil énergétique et les demandes dans 50 ou 100 ans.
Cela m'amène au second point, qui concerne l'environnement. La situation financière de l'industrie nucléaire, à tout le moins dans la province où se tient le présent débat, l'Ontario, a connu des hauts et des bas. Il y a eu des dépassements de coûts et des poursuites pour dommages. Les contribuables ontariens et, par ricochet, le Trésor fédéral, ont hérité d'une énorme dette. C'est aux électeurs de l'Ontario de décider quoi faire. Ne nous y méprenons pas. L'industrie nucléaire pose des problèmes endémiques et elle a bien du mal à simplement assurer la rentabilité de la production d'électricité.
Sur le plan environnemental, il y a évidemment deux grands aspects à envisager. Dans ce projet de loi en particulier, il est question des accidents. On prévoit le moment où les choses peuvent se gâter sérieusement, ce qui entraînerait des conséquences d'une portée considérable.
Mon collègue a parlé plus tôt de la nature d'un accident nucléaire et de la contamination susceptible de se propager sur plusieurs milliers d'hectares de terrain. Les travaux de décontamination sont extrêmement onéreux, sans compter les atteintes à la santé des personnes et le coût de l'assurance prévue dans le projet de loi.
Évidemment, l'autre aspect de la question environnementale est celui des déchets que nous laisserions derrière nous. Quoi faire avec les déchets radioactifs? Le ministre a parlé honnêtement plus tôt. C'était un moment unique et encourageant quand il a mentionné qu'un comité a été créé et qu'il est chargé de faire le tour du Canada pour aborder la question des déchets radioactifs.
Lorsque les membres de ce comité ont comparu devant le Comité de l'environnement, il y a quelque temps, la seule vraie question que j'avais à leur poser au sujet des quelque 200 audiences qu'ils ont tenues au pays, était de savoir combien de collectivités, à la fin de leur présentation, se disaient disposées à accueillir un centre d'entreposage de déchets nucléaires. La plupart de ces présentations ont été faites au niveau municipal. Si nous voulons parler d'héritage, précisons que la question a été posée à de petits districts régionaux et de petites localités lors d'une présentation faite par le comité chargé d'étudier la question des déchets nucléaires, en vue de prendre une décision dont les effets se feront sentir des générations durant.
Il est fascinant d'observer la structure de la politique municipale dans ce pays, car la plupart des politiciens municipaux entrent en politique pour un mandat de trois ans. Ils y entrent pour diverses raisons, comme d'améliorer les trottoirs ou modifier l'assiette fiscale dans leur localité, mais j'ai rarement entendu un politicien municipal briguant un mandat déclarer: « Votez pour moi parce que je veux prendre des décisions concernant les déchets nucléaires pour notre collectivité. » J'ai rarement entendu des politiciens municipaux déclarer qu'ils voulaient prendre des décisions qui auraient des ramifications et des conséquences qui toucheraient les prochaines générations. Ce n'est simplement pas ce qui se passe en général dans le contexte des affaires municipales.
J'ai demandé aux membres du comité combien de localités, de maires, de conseillers municipaux et de présidents de chambre de commerce les ont approchés durant et après la présentation pour dire « Venez vous installer dans notre collectivité et mener vos activités ici. » Après quatre tentatives pour obtenir une réponse, j'en ai finalement obtenu une. Ils ont répondu « Aucune ». Aucune localité n'a tenu de tels propos. Bien entendu, le gouvernement a, depuis, poursuivi sa démarche et le débat dans un effort pour trouver un endroit où déposer les déchets. Cela a des conséquences graves.
Plusieurs députés viennent de soulever la question des changements climatiques. Il ne faut pas oublier qu'à l'échelle mondiale la quantité d'énergie produite par l'industrie nucléaire est inférieure à la quantité produite par ce que nous appelons maintenant les sources d'énergie de remplacement, c'est-à-dire l'énergie éolienne, l'énergie solaire, l'énergie des vagues et l'énergie des marées. On a souvent l'impression que le nucléaire est une source d'énergie irremplaçable.
Cet argument est souvent utilisé pour justifier notre choix énergétique actuel, un choix que nous ne sommes pas près d'abandonner. Les gouvernements useront de prophéties créatrices en disant que nous produisons actuellement 13 p. 100 de notre énergie grâce au charbon ou au nucléaire, par exemple, et que si nous devions demain éliminer ces sources d'énergie, les conséquences seraient ceci ou cela. Ainsi, disent-ils, nous devons continuer d'exploiter cette source d'énergie même si elle nous déplaît en raison des changements climatiques ou autres problèmes environnementaux qu'elle cause.
Si nous continuons sur cette voie, c'est là que nous aboutirons. C'est cet héritage qu'a laissé la politique canadienne de l'énergie des 40 dernières années. C'est encore du pareil au même.
Nous entendons maintenant des questions et des préoccupations en provenance des États-Unis. Leur agence de l'énergie s'interroge au sujet des sables bitumineux, non simplement pour pouvoir en retirer de l'énergie, mais bien en raison de leurs effets sur les changements climatiques. Nous avons là l'exemple classique d'un gouvernement qui s'engage dans une voie dont les avantages immédiats lui cachent les coûts réels.
Pourtant, en ce qui concerne l'énergie nucléaire, il faut tenir compte des coûts réels. Si nous imposons des limites artificielles aux dédommagements, si nous continuons de subventionner divers maillons de la chaîne, nous n'aurons à offrir aux Canadiens qu'un débat artificiel et une option fallacieuse. Nous leur présentons un certain coût de production par kilowatt, mais le coût réel sera en vérité beaucoup plus élevé en raison des subventions intrinsèques et cachées et aussi en raison des coûts externes, en l'occurrence les dédommagements et la gestion des déchets.
Nous ne pouvons plus continuer de juger valable sur le plan économique l'argument fondé sur les « coûts externes ». Il est spécieux et erroné et il continuera à faire de nous de mauvais intendants de la planète et à nous empêcher de bien évaluer les répercussions des changements climatiques.
Si le gouvernement croit en l'entreprise, alors il doit permettre aux entreprises de trouver des solutions économiques aux problèmes de la société. Pour déterminer le mixte énergétique, les subventions ne seront pas la solution et elles ne seront pas non plus la solution pour déterminer se qui est souhaitable pour nos générations futures. Il est clair que le fonctionnement des forces du marché peut nous permettre d'aboutir à un compromis beaucoup plus valable.
Si le gouvernement veut vraiment assurer des règles du jeu égales pour tous, alors, comme bien d'autres Canadiens, je suis convaincu que, face à diverses options, les Canadiens choisiront celle qui comporte le moins de répercussions pour l'environnement, comme ils l'ont déjà fait à maintes reprises. Nous constatons clairement que c'est le cas dans de nombreux domaines et pour de nombreux produits du secteur commercial.
Les industries se sont montrées aptes, à maintes reprises, à trouver des solutions avantageuses. L'un des grands défis des dirigeants du secteur de l'automobile a été de continuer à fabriquer des modèles de voiture qui, selon eux, correspondent à ce que veulent les Canadiens tout en devant composer, d'autre part, avec la hausse constante des prix de l'essence et la volonté des Canadiens de se procurer des automobiles moins polluantes et plus efficaces. Pourtant, nous restons dans une ornière sans trop savoir quelle direction prendre et nous déplorons la situation tout en nous tournant vers les gouvernements, et les gouvernements, le précédent tout comme l'actuel, trouvent le moyen d'y voir une stratégie économique viable.
La vérité qui ressort de ce projet de loi, c'est que tout accident nucléaire entraîne des répercussions graves et importantes. Si tel n'était pas le cas, alors le gouvernement ne verrait pas la nécessité de répertorier, selon les conseils de ses juristes et de ses experts en assurances, toute une série de facteurs comme le préjudice corporel, le traumatisme psychologique, la relation personnelle étroite, le traumatisme psychologique subi par toute personne en relation personnelle étroite avec quiconque a subi un préjudice, les pertes économiques, les frais et salaires, les pannes d'électricité, les dommages à l'environnement.
En l'absence de répercussions graves et importantes, une telle énumération ne serait pas nécessaire. S'il n'y avait pas de répercussions graves et importantes pour la santé humaine, il ne serait pas nécessaire de les énumérer. Il faut évidemment les énumérer pour en tenir compte. À cet égard, les questions qu'il faut poser au gouvernement sont les suivantes. Quelles sont les raisons pour lesquelles on limiterait la responsabilité de l'industrie? Quelles sont les raisons pour lesquelles on ferait assumer la responsabilité à l'ensemble du pays?
Je représente des Britanno-Colombiens. Mes électeurs me demanderont, comme ils demanderont à tous les députés de la Colombie-Britannique ou des autres provinces qui n'utilisent pas l'énergie nucléaire, et avec raison, pourquoi le coût d'un accident qui dépasse la limite établie par le gouvernement devrait être réparti entre toutes les provinces et tous les contribuables. C'est une question légitime à laquelle le gouvernement doit répondre. Si le gouvernement a une bonne réponse à nous donner, nous sommes prêts à en discuter, pour faire en sorte que ce débat soit sincère et parfaitement transparent.
La dernière chose que je voulais dire, et certains de mes collègues en ont parlé, est que les États-Unis n'ont aucune limite quant à la responsabilité des producteurs d'énergie nucléaire. Cette situation jette-t-elle les bases d'un scénario où il serait avantageux de construire des centrales nucléaires au nord de la frontière plutôt qu'au sud? Un des principaux coûts de l'industrie nucléaire est le coût des assurances. Si un de ces coûts devait être avantageux dans un pays par rapport à un autre, cela fausserait les forces du marché qui, à notre avis, doivent avoir le temps de s'exercer d'elles-mêmes.
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Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion de me prononcer aujourd'hui sur le projet de loi et sur la modification du régime de responsabilité civile relatif aux centrales nucléaires du Canada.
Le Canada a été un pionnier du développement de l'énergie atomique et l'est encore, si je peux dire. Au cours des années 1940, nous avons bâti des réacteurs qui étaient parmi les premiers, à Chalk River et à Montréal. Dans ce temps-là, les progrès dans le domaine de l'énergie nucléaire résultaient de la coopération entre les scientifiques de quelques pays. La coopération se poursuit aujourd'hui, mais le cercle des pays s'est beaucoup agrandi.
Mes observations consisteront principalement à comparer le projet de loi avec ce qui se fait à l'étranger. J'aimerais prendre un certain recul pour situer, sur la scène internationale, les modifications contenues dans le projet de loi. Ces modifications sont issues de changements apportés aux conventions internationales à la suite d'événements survenus à l'étranger. J'aimerais dire un mot au sujet de ces conventions et de leur relation avec les intérêts canadiens, au pays et à l'étranger.
Permettez-moi de commencer par la proposition voulant que la législation canadienne sur les dédommagements et la responsabilité civile soit conforme aux régimes internationaux qui régissent la responsabilité civile dans le domaine nucléaire. Les exigences découlant de ces régimes vont au-delà des simples questions financières liées à la responsabilité civile et aux dédommagements. Elles comprennent notamment une définition de l'industrie nucléaire et précisent quels préjudices donnent droit à un dédommagement.
Le respect de ces exigences présente des avantages pour le Canada. Nous pourrons adhérer à des conventions internationales dont nous ne sommes pas encore signataires ou nous serons mieux placés pour y adhérer plus tard.
Il existe deux accords de ce genre qui sont importants et qui ont trait à ce projet de loi, mais les deux datent du début des années 1960. Le premier est la Convention sur la responsabilité civile dans le domaine de l'énergie nucléaire. Adopté sous les auspices de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, cet accord est typiquement européen. Il a été renforcé par la Convention complémentaire de Bruxelles. Le deuxième accord est la Convention de Vienne relative à la responsabilité civile en matière de dommages nucléaires. Il s’agit d’une réalisation de l’Agence internationale de l'énergie atomique, un organisme des Nations Unies. Cette convention reproduit le modèle de la Convention de Paris, mais elle est ouverte à tous les membres des Nations Unies et n’est donc pas centrée uniquement sur l’Europe.
Le Canada n’est partie à aucune de ces conventions. Cependant, la Loi sur la responsabilité nucléaire permet de franchir un bon pas dans le sens de ces conventions. Il est important pour notre régime de responsabilité que nous suivions ces conventions à mesure qu’elles évoluent avec nos partenaires internationaux.
Les deux conventions limitent l’indemnisation. Dans le cas du régime Paris-Bruxelles, l’indemnisation maximale est de l’ordre de 500 millions de dollars canadiens — mais avec notre dollar en hausse, qui sait ce que sera le montant — et comporte un système de financement à trois niveaux: l'exploitant, le gouvernement concerné, et les États membres.
Au moment de son adoption, la Convention de Vienne a fixé la responsabilité minimale à 5 millions de dollars américains, basée sur l’étalon-or, le régime de taux de change international commun à l’époque. Aujourd’hui, la valeur est d’environ 75 millions de dollars canadiens. Cependant, les signataires ont revu la convention en 1997, afin d’établir une limite nettement plus élevée pour les exploitants. Elle se situe aujourd’hui à environ 500 millions de dollars. La responsabilité des exploitants peut être fixée à 250 millions de dollars en vertu de lois nationales, pourvu que les fonds publics comblent la différence pour atteindre le montant de 500 millions de dollars.
À l’époque de ces révisions, un nouveau régime de responsabilité en matière nucléaire, connu sous le nom de Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires, a été adopté sous les auspices de l’Agence internationale de l'énergie atomique des Nations Unies. Cette convention garantit la disponibilité d’environ 1 milliard de dollars aux fins d’indemnisation en cas de dommages nucléaires. La moitié de ce montant sera disponible aux termes d’une loi des pays signataires et l’autre moitié le sera en vertu de contributions versées collectivement par les États qui sont parties à la convention selon leur capacité nucléaire et leur quote-part dans le barème des contributions des Nations Unies.
Cette convention est ouverte à tous les pays peu importe s’ils participent à un accord de responsabilité en matière nucléaire existant. Point intéressant, les États-Unis ont ratifié en 2006 la Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires.
Bien que le Canada n'ait pas ratifié ces conventions, il a participé à leur révision. Nous l'avons fait dans le but de contrôler les tendances internationales en matière de responsabilité civile et d'autres points d'intérêt portant entre autres sur la définition des accidents nucléaires et la prolongation des délais dans les cas de demandes d'indemnisations en raison de blessures ou de décès.
Pour le Canada, ces changements auront pour effet d'accroître l'écart entre le régime canadien et les normes internationales, ce qui rendra encore plus urgentes la mise à jour et la modernisation de nos propres arrangements en matière de responsabilité. Les changements apportés à ces conventions ont donc eu des répercussions sur la révision de la Loi de 1976 sur la responsabilité nucléaire et bon nombre des changements proposés dans la nouvelle loi en sont inspirés.
La cohérence au niveau international dans ces secteurs profite au Canada à bien des niveaux et de bien des façons. Elle favorise les investissements au pays. Elle établit également des règles uniformes pour les compagnies nucléaires canadiennes qui veulent obtenir des contrats à l'étranger. Ces compagnies pourraient hésiter à soumissionner en raison de l'incertitude existante au niveau de la responsabilité et de l'indemnisation.
La cohérence est également très importante pour une raison plus fondamentale. Elle témoigne de la solidarité du Canada avec les autres pays au niveau de la sécurité et de la responsabilité. En tant qu'important utilisateur et exportateur dans le domaine de la technologie nucléaire, le Canada doit maintenir sa réputation sans tache au niveau de l'excellence, de la responsabilité et de la reddition de comptes.
Le projet de loi est l'aboutissement d'un programme de révision complet de la Loi de 1976 sur la responsabilité nucléaire qui comportait un examen de ses liens avec les normes internationales. Cet examen a mené à plusieurs propositions d'amendements.
La limite actuelle de 75 millions de dollars a été accrue parce qu'elle n'aurait probablement pas été suffisante en cas d'incident nucléaire majeur. La somme de 650 millions de dollars que propose la nouvelle loi tient compte des exigences actuelles.
Le projet de loi ferait également passer de 10 à 30 ans le délai maximal pour déposer une demande d'indemnisation, ce qui donne plus de flexibilité aux citoyens ordinaires qui auraient mis du temps à comprendre ce qui leur était arrivé.
Les changements proposés comprennent également une nouvelle définition des dommages indemnisables afin d'y inclure les dommages à l'environnement, les mesures de prévention ainsi que les pertes économiques.
Le projet de loi est très important pour les Canadiens, pour la force de notre industrie nucléaire et pour la réputation du Canada à l'échelle internationale. Il mérite l'appui de la Chambre.
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Monsieur le Président, c'est avec une grande joie que je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi .
Il est important aujourd'hui d'avoir ce débat en cette Chambre puisque l'enjeu du nucléaire est appelé à prendre de l'ampleur dans nos discussions au cours des prochaines années. II y a trois enjeux importants que je tiens à rappeler avant de m'engager directement dans le débat portant sur le projet de loi . D'abord, ce gouvernement a décidé, dans les semaines précédentes, de se joindre au club du nucléaire et d'utiliser toutes les tribunes sur la scène internationale pour promouvoir une énergie qui, selon le gouvernement fédéral, peut être considérée comme propre.
En 1997, j'étais à Kyoto lorsque la communauté internationale a décidé d'exclure l'énergie nucléaire comme énergie pouvant bénéficier de crédits de réduction des émissions de gaz à effet de serre en vertu du Protocole de Kyoto. Je me rappelle des débats que nous avions eus au Japon en regard à cette énergie. Bien sûr, elle peut permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais elle crée d'autres facteurs externes importants. On pense, entre autres, aux déchets radioactifs. On ne peut faire la promotion d'une telle énergie et d'une telle alternative sans avoir dans notre poche des alternatives afin de mieux gérer les déchets.
Une importante conférence s'est tenue à Montréal en fin de semaine portant le nom de la conférence Climat 2050. Un important chercheur, Thomas Cochran, s'est présenté devant la communauté internationale en disant que, selon les environnementalistes américains, l'industrie nucléaire devrait jouer un rôle plus actif pour réduire les problèmes liés à l'entreposage des déchets nucléaires sous la terre.
Le problème est d'autant plus important au Canada puisque certaines provinces ont fait le choix du nucléaire par le passé. Je pense à l'Ontario qui, entre autres, vient de décider de procéder à une modernisation de ses installations nucléaires. Je pense aussi au Nouveau-Brunswick qui vient de décider de favoriser cette filière.
Ce débat entourant l'énergie nucléaire sera donc appelé à prendre de l'ampleur dans les prochaines années. Il est important d'être au fait des technologies qui seront développées et des approches qui seront préconisées par le gouvernement dans les prochaines années.
Il faut être vigilants parce qu'il faut aussi se rappeler que le Québec ne dispose que d'une seule centrale sur son territoire. Il est responsable d'à peine 10 p. 100 des déchets nucléaires au Canada. Pourtant, parmi les sites et les hypothèses de sites préconisés par le gouvernement fédéral jusqu'à maintenant, nous y retrouvons justement la région de la Basse-Côte-Nord. Nous ne voudrions surtout pas que le Québec devienne la poubelle nucléaire du Canada alors que nous sommes à peine responsable de 5 p. 100 des déchets au Canada.
Je demande donc au gouvernement d'être très vigilant quant aux décisions qu'il sera appelé à prendre dans les prochaines années. Ce régime nucléaire de responsabilité applicable en cas d'accident nucléaire est important. C'est à ce problème que le projet de loi s'adresse. Celui-ci vise, selon son libellé, à établir un régime de responsabilité applicable en cas d'accident nucléaire et à prévoir la responsabilité absolue et exclusive de l'exploitant et de l'établissement nucléaire jusqu'à concurrence de 650 millions de dollars.
Il faut se rappeler que le Canada a adopté, en 1976, la Loi sur la responsabilité nucléaire qui impute la responsabilité des dommages nucléaires à l'exploitant des installations nucléaires. La loi actuelle fait en sorte que le niveau de couverture requis en vertu des dispositions de la loi est fixé à 75 millions de dollars. La partie II de la loi permet au gouverneur en conseil de créer une commission de réparation des dommages nucléaires qui a pour rôle d'examiner les demandes d'indemnisation dans le cas où le gouvernement fédéral conclut que le coût des dommages causés par un accident nucléaire sera supérieur à 75 millions de dollars.
Comme la responsabilité de l'exploitant se limite au montant de son assurance, c'est vraisemblablement le gouvernement fédéral qui devrait éponger la différence.
On ne peut pas s'opposer à une proposition voulant que l'on augmente le niveau de couverture à 650 millions de dollars. J'y reviendrai plus tard quant à savoir si cette hausse de la couverture à 650 millions de dollars est suffisante. Il y aura certainement des débats au Comité permanent des ressources naturelles où siège mon collègue de , puisqu'on peut douter que ce montant soit suffisant à l'heure actuelle.
Dans le chapitre 8 du rapport annuel de 2005 de la commissaire à l'environnement et au développement durable, celle-ci traitait justement de cette question spécifique concernant l'assurance pour les exploitants d'installations nucléaires. Qu'avait-elle conclu? Elle avait indiqué que les exigences en matière d'assurance-accident dans les installations nucléaires ne sont pas conformes aux normes internationales. Je pense, entre autres, à la Convention de Paris et à la Convention de Vienne. Il fallait donc inévitablement augmenter la couverture.
Rappelons-nous qu'en juin 2002, le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles s'était penché sur cette question. Il en avait conclu que la couverture de 75 millions de dollars exigée en vertu de la loi était terriblement inadéquate. Je répète que cette couverture était inadéquate, selon le comité, au regard des normes internationales. Le comité venait donc de poser les jalons d'une conclusion qu'allait émettre, en 2005, la commissaire à l'environnement et au développement durable.
Le comité ajoutait que, lors de leur comparution, des hauts fonctionnaires de Ressources naturelles Canada avaient même affirmé qu'en tenant compte de l'inflation, 250 millions de dollars courants constitueraient un montant équivalent à ce que prévoyait la loi au moment où elle a été adoptée, et que pour répondre à la norme internationale, il faudrait porter cette somme à environ 650 millions de dollars.
Par conséquent, malgré les changements et l'augmentation du nombre d'installations qui sont à prévoir à la suite de la décision de certaines provinces de favoriser la construction ou la modernisation de certaines installations nucléaires, le projet de loi ne vient que remettre à niveau la couverture par rapport aux conventions internationales. Compte tenu des décisions à venir en Ontario et au Nouveau-Brunswick, on peut même douter que les 650 millions de dollars seront considérés comme un niveau de couverture suffisant puisque, simplement pour tenir compte de l'inflation, il faut une couverture de 650 millions de dollars pour respecter les conventions internationales.
Rappelons-nous également qu'aux États-Unis — ma collègue du NPD en traitait plus tôt —, la Price-Anderson Act limite la responsabilité des exploitants commerciaux de centrales nucléaires à 9,4 milliards de dollars américains à l'échelle nationale. Pour chaque réacteur, les exploitants doivent obtenir une assurance privée de 200 millions de dollars américains en plus d'un deuxième niveau d'assurance d'une valeur de 88 millions de dollars américains. Déjà, du côté du Sud, les exigences en matière de couverture et de responsabilité des exploitants sont supérieures à ce que nous connaissons ici, au Canada.
Une étude américaine réalisée en 1982 a établi que le pire scénario d'accident dans une centrale nucléaire engendrerait des coûts de l'ordre de 24,8 milliards de dollars américains et de 590 milliards de dollars américains. Une couverture est donc nécessaire. Dans quelques semaines, en comité, les députés pourront se poser la question de savoir si notre couverture est suffisante.
Ce qui est encore plus déplorable, c'est le laxisme du gouvernement depuis 1976, alors qu'est survenue, en 1988, la pire catastrophe nucléaire que le monde ait connue, soit Tchernobyl. Comment se fait-il que le gouvernement fédéral ait attendu tout ce temps avant d'agir et de proposer une augmentation du niveau de couverture?
Aujourd'hui, je tiens à dire que nous appuierons, en principe, le projet de loi . Cependant, en tant que parlementaires, nous devrons nous concentrer sur l'ensemble du dossier, tant sur la question liée à l'énergie nucléaire que sur celle liée aux déchets nucléaires. Nous devrons également examiner ces questions en tenant compte du danger d'une éventuelle prolifération de l'arme nucléaire dans le monde.
À mon avis, ce dossier doit être étudié dans son ensemble. Naturellement, nous appuierons le projet de loi , comme l'a indiqué ma collègue. Très certainement, une réflexion de fond doit être menée, autant sur la question des déchets radioactifs que sur l'opportunité de favoriser ce type d'énergie. Surtout, il faudra se pencher sur le niveau de couverture et de responsabilisation des promoteurs d'énergie nucléaire au Canada.
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Monsieur le Président, je prends la parole avec plaisir sur le projet de loi .
D'entrée de jeu, il faudra apporter des modifications en comité. Il faudra que le Bloc québécois apporte des bonifications au projet de loi, comme il le fait toujours pour protéger l'intérêt des Québécoises et des Québécois, en même temps que celui des Canadiens et des Canadiennes. Je me dois de vous dire que ce n'est pas parce qu'on s'attaque au projet de loi , qui se veut une augmentation des indemnisations en cas de dommages, qu'on appuie toute cette planification du gouvernement conservateur quant au développement du nucléaire.
Je trouve très dichotomique le fait qu'on dépose un projet de loi en cette Chambre pour augmenter les indemnisations en cas de dommage, et qu'en même temps, le interdise à ses ministres de discuter de tout le dossier nucléaire. Cela se discute en catimini, derrière des portes closes, entre autres avec les États-Unis, dans le cadre du Partenariat mondial pour l'énergie nucléaire.
Ceux qui suivent les nouvelles diffusées par les médias écrits ont bien compris que le Bureau du premier ministre a émis un mot d'ordre en vue d'interdire à ses ministres — et aussi à ses députés — d'en parler. C'est donc clair que le Parti conservateur a l'intention d'aller de l'avant dans le développement du nucléaire. Ce n'est pas pour rien qu'il dépose le projet de loi qui vise à augmenter les indemnisations en cas de dommages. En effet, depuis 1990, il avait été très laxiste et n'avait pas bonifié ces montants en cas d'accident nucléaire.
Aujourd'hui, on dépose donc un projet de loi qui se veut précurseur. On augmente les indemnisations en cas de dommages. En effet, quelque part, le gouvernement conservateur a l'intention de développer de plus en plus le volet nucléaire et d'y investir temps et argent en cachette, en catimini, en empêchant ses députés et ses ministres d'en parler.
C'est très difficile, surtout pour les Québécoises et Québécois que nous sommes, au Bloc québécois. Plus tôt, mon collègue de expliquait très bien qu'il n'y a qu'une seule centrale nucléaire au Québec. Environ 95 p. 100 de notre énergie est fournie grâce à l'hydroélectricité et cela a été fait sans un sou du fédéral. Je voudrais rappeler, à mes collègues de tous les partis confondus, que le Québec a développé l'hydroélectricité sans aucun argent du fédéral, moyennant les tarifs d'hydroélectricité payés par les Québécoises et les Québécois, et grâce à leurs taxes et impôts.
Vous comprendrez donc notre réticence lorsqu'on voit le gouvernement fédéral y aller de ses deniers publics pour investir dans le nucléaire ou dans tout autre type d'énergie, alors que nous, au Québec, avons développé l'hydroélectricité à l'aide de nos taxes et impôts. Pourtant nous payons le quart de la facture lorsque le gouvernement décide d'investir dans le nucléaire ou dans tout autre type d'énergie fossile. C'est difficile à accepter, surtout que c'est un mauvais message qui est livré. Pour cela, les conservateurs sont passés rois et maîtres dans le domaine de l'impression. On tend à donner l'impression qu'on va régler les problèmes en matière d'énergie.
Le communiqué de presse émis en juin par le en fait preuve. Le titre en était: « L'avenir de l'énergie nucléaire au Canada: propre, sécuritaire, responsable ». Le ministre voulait laisser ce message qu'il s'agit d'une énergie propre. Par contre, à une question d'un journaliste qui demandait ce que l'on ferait des déchets radioactifs, au cas où on développerait le nucléaire, il a répondu qu'il ne le savait pas. On ne sait donc pas où on va enfouir les déchets radioactifs. On ne l'a pas encore décidé.
Comme le disait mon collègue de , il y a une partie du territoire du Québec au sujet de laquelle on espère offrir des redevances importantes au Québec pour pouvoir y enfouir les déchets radioactifs produits ailleurs au Canada. Évidemment, vous comprendrez notre réticence. On essaie de nous faire croire que le nucléaire est propre alors qu'il existe un important et vaste problème par rapport aux déchets nucléaires. Ce gouvernement conservateur, tout comme le gouvernement libéral avant lui, n'a pas été capable de régler ce problème.
Le nucléaire crée des déchets importants. Où va-t-on les enfouir et comment? Quel sera le résultat, notamment en matière de transport et de tout cela? Absolument rien n'est réglé, mais le gouvernement fédéral a décidé d'aller de l'avant et de participer en cachette — comme je vous l'expliquais — à des discussions avec d'autres partenaires, entre autres avec les États-Unis dans le cadre du Partenariat mondial pour l'énergie nucléaire. On veut développer la filière nucléaire. On ne sait pas où iront les déchets radioactifs. On espère que le Québec les acceptera, évidemment. Vous aurez compris que nous ne produisons qu'environ 5 p. 100 de tout ce qui se produit en déchets nucléaires dans tout le Canada.
Certains voudraient que le Québec reçoive la totalité de ces déchets. Vous comprendrez que les Québécois et les Québécoises ne seront pas dupes. D'ailleurs, ce projet de loi — qui se veut en trois parties — énoncera, entre autres, la responsabilité des exploitants, les modalités et la limite financière de la responsabilité et la création d'un tribunal d'indemnisation en matière nucléaire.
Le fait que le montant des dommages passe de 75 à 650 millions de dollars nous fait comprendre le laxisme du gouvernement fédéral au cours des 31 dernières années, parce qu'il n'y a pas eu de modification depuis ce temps. C'est la première fois qu'on y apporte une modification importante.
On doit évidemment se poser une grande question. La somme de 650 millions de dollars est-elle suffisante compte tenu que, à notre avis, le gouvernement fédéral ne devrait investir aucune somme dans le développement du nucléaire?
On devrait laisser à ceux qui veulent développer ce type d'énergie le soin de payer la totalité de la facture. Vous comprendrez qu'au Québec, les Québécoises et les Québécois ont eux-mêmes payé pour le développement de l'hydroélectricité. Ainsi, il serait normal que ceux qui veulent développer la filière nucléaire paient la totalité de la facture.
On n'a pas à obliger les Québécois et les Québécoises à payer le quart de cette facture parce qu'ils paient entre 23 et 25 p. 100 de tout ce qui se dépense au Canada. On voudrait donc ceci par rapport aux peines. Si jamais il y avait infraction, les 650 millions de dollars seraient-ils suffisants? On examinera cela en comité, on fera comparaître des témoins et on fera confiance au comité responsable afin de bonifier ce projet de loi.
À première vue — et à la lecture d'articles de personnes qui sont savantes ou réputées dans ce domaine —, on tend à dire qu'il faudrait des peines très importantes, parce que les dommages causés lors de catastrophes nucléaires sont très très importants. Quand on pense à ce qui s'est passé à Chernobyl, la dernière grande catastrophe nucléaire, je ne crois pas que le montant de 650 millions de dollars prévu aurait été suffisant. Il faudrait que ce projet de loi soit bien clair quant à l'imposition d'amendes et à la façon dont on devrait permettre le développement du nucléaire pour que soient créés des fonds qui permettront justement de pallier aux accidents ou aux catastrophes nucléaires.
Si le Canada a l'intention d'aller dans cette direction et si les conservateurs ont l'intention de continuer ce qu'ils ont entrepris au cours des derniers mois et des dernières semaines, soit de négocier ou de discuter à des tables internationales au sujet du développement de la filière nucléaire, il serait important qu'ils soient capables d'imposer des règles à ceux qui développeront cette forme d'énergie. À notre avis, il ne revient pas au gouvernement fédéral de payer quelque somme que ce soit dans le développement du nucléaire.
Les provinces et les personnes qui désirent développer cette forme d'énergie nucléaire pourront le faire, mais ils devront aussi créer un fonds de dédommagement de façon à ce que ce ne soit pas encore une fois les contribuables, et entre autres ceux du Québec, qui aient à défrayer une partie de cette facture.
Je ne le dirai jamais assez en cette Chambre, mais c'est très important que mes collègues comprennent bien que le fédéral n'a versé aucun montant d'argent dans le développement de toute la filière hydroélectrique du Québec. Ce sont les Québécois et les Québécoises qui ont fait cet effort. Le fédéral n'y a jamais contribué. Cependant, ce n'est pas le cas dans le développement de l'énergie fossile, du pétrole entre autres, parce que depuis 1990, plus de 40 milliards de dollars ont été investis dans le développement d'autres types d'énergies, y compris le nucléaire.
Nous voudrions donc que cela cesse. Il faut arrêter de faire payer le Québec pour le développement des énergies des autres, alors que nous-mêmes, nous payons, sans l'aide du fédéral, pour le développement de notre propre énergie. Ce n'est pas redondant de dire que l'hydroélectricité est une énergie propre et que nous en sommes fiers. C'est un choix que les Québécois et les Québécoises ont fait dans les années 1960. On aurait pu choisir le nucléaire, mais on a décidé d'investir dans l'hydroélectricité, et cela nous a bien rapporté. C'est ce qui fait que le Québec pourrait être la première province à atteindre les objectifs de Kyoto.
Si le Québec était un pays, nous aurions ratifié le Protocole de Kyoto. Nous prendrions part aux discussions sur la bourse du carbone et nous pourrions faire bénéficier nos entreprises qui ont clairement fait des efforts, autant dans le secteur manufacturier que dans celui de l'aluminium, et qui ont été capables de réduire leurs émissions en fonction des objectifs fixés par le Protocole de Kyoto en 1992.
Des compagnies québécoises ont donc fait beaucoup mieux que les objectifs de Kyoto fixés à partir de 1992. Dès aujourd'hui, nous serions capables de vendre des crédits à la bourse du carbone. Ce n'est pas le cas, parce qu'on fait évidemment partie du Canada, qui ne ratifiera jamais le Protocole de Kyoto, et ce, peu importe ce que peuvent en dire les ministres de l'Environnement du gouvernement fédéral, surtout les conservateurs qui essaient de négocier des ententes avec d'autres pays pour justement contrecarrer le Protocole de Kyoto et essayer de créer leur propre système de vie.
Pourtant, les glaces fondent dans le Nord et on est en train de discuter d'une voie navigable dans le Nord. C'est une conséquence directe des gaz à effet de serre qui sont en train de détruire les plus belles superficies de glace de la planète et qui assurent une bonne partie de notre écosystème. C'est un choix que font les conservateurs. On le voit encore aujourd'hui avec des projets de loi pour encadrer le développement du nucléaire, avec un premier ministre qui empêche ses ministres de discuter même avec les journalistes de la filière nucléaire. On voit où ce gouvernement veut aller, soit contre le Protocole de Kyoto, pro-nucléaire, pro-guerre, tout pour détruire notre belle planète. C'est le choix des conservateurs.
On a bien compris que l'objectif de mon discours est de dire que si jamais le Bloc québécois appuie ce projet de loi pour augmenter les indemnisations et les peines à être imposées à ceux qui pourraient causer des dommages lors de catastrophes nucléaires, cela ne signifie pas que nous appuyons le développement de l'énergie nucléaire. Au contraire, nous défendrons totalement et uniquement le développement des énergies propres qui ne font aucun déchet rétroactif.
C'est encore une fois le tort de ce gouvernement qui veut nous vendre l'énergie nucléaire comme étant une énergie propre. Oui, ce n'est pas une énergie qui émet des gaz à effet de serre, par contre elle émet des déchets rétroactifs qui prennent des dizaines de millions d'années à se détruire. On n'a pas encore trouvé le chiffre exact. On devrait être capables de les décontaminer. On devrait arrêter de chercher à les enfouir. Compte tenu que la technologie n'est pas encore rendue là, on cherche encore à offrir à des régions du Canada, y compris celles du Québec, des redevances importantes, entre autres sur la Côte-Nord. On voudrait faire enfouir au Québec les déchets des autres provinces canadiennes alors que les Québécoises et les Québécois ont eux-mêmes décidé de se développer une énergie propre, qui est l'hydroélectricité, avec leurs moyens.
Vous aurez compris que si le Bloc québécois appuie le projet de loi , il le bonifiera en comité. Pour ce qui est des 650 millions de dollars en dommages, on trouve que c'est très peu compte tenu qu'une catastrophe nucléaire pourrait coûter beaucoup plus cher. On fera comparaître les témoins pour ajuster ce montant. Cela ne signifie pas que si on appuie le projet de loi C-5, on appuie la façon dont le gouvernement conservateur a décidé de développer le nucléaire derrière des portes closes, en cachette, en négociant avec d'autres pays.