Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait immédiatement adopter le principe de l’enfant d’abord, d’après le principe de Jordan, afin de résoudre les conflits de compétence en matière de services aux enfants des Premières nations.
-- Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet de la motion no 296, qui demande au gouvernement d'adopter immédiatement le principe de l’enfant d’abord, d’après le principe de Jordan.
Cette motion vise à mettre véritablement fin à la discrimination à l'égard des enfants des Premières nations. J'apprécie le fait que, la dernière fois que nous avons débattu du sujet à la Chambre, tous les partis étaient favorables à la motion. J'espère que, lorsque nous aurons terminé ce débat, tous les partis se prononceront de nouveau en faveur de cette motion. Comme il s'agit d'une motion d'initiative parlementaire, j'espère que chacun des députés de la Chambre l'appuiera et que nous pourrons ensuite demander au gouvernement d'aller de l'avant et de prendre des mesures significatives.
Je tiens à remercier ceux et celles qui ont travaillé si fort pour que le principe de Jordan soit connu des Canadiens. Je remercie tout particulièrement Jordan et sa famille, qui a fait preuve d'un incroyable courage en faisant en sorte que le principe de Jordan soit connu et qu'il représente tous les enfants des Premières nations de ce pays.
Je tiens aussi à souligner le travail de la Nation des Cris de Norway House et de l'agence Kinosao Sipi Minisowin, qui oeuvre spécifiquement auprès des enfants des Premières nations ayant des besoins particuliers.
Je tiens à saluer l'Assemblée des chefs du Manitoba, l'Assemblée des Premières Nations et la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada ainsi qu'Amnistie Internationale.
Il y a bien d'autres organismes aussi. Je crois qu'ils sont plus de 400 à avoir donné leur adhésion au principe de Jordan. De nombreuses personnes oeuvrent à l'appui de ce principe et au nom des enfants des Premières nations partout au pays.
J'aimerais dire quelques mots au sujet de Jordan parce que j'estime que son histoire est importante et qu'elle met un visage sur les réalités dont il est question ici.
À sa naissance, en 1999, Jordan était atteint d'un ensemble complexe de troubles génétiques. Faute de services offerts dans la réserve, sa famille a dû se résigner à le confier à des services provinciaux pour qu'il reçoive les soins dont il avait besoin.
Jordan a donc passé les deux premières années de sa vie dans un hôpital. Une fois son état stabilisé, il aurait pu aller vivre dans un foyer d'accueil spécialisé, mais les autorités fédérales et provinciales ont mené pendant deux années des discussions pour déterminer qui devrait en assumer les frais. Au bout de ces deux années, Jordan est malheureusement décédé. C'est ainsi que ce petit garçon très spécial a vécu toute sa vie en milieu hospitalier et qu'il n'a jamais eu la chance dont bon nombre d'entre nous ne prenons même pas conscience de vivre en milieu familial, entouré de parents, de frères et des soeurs et de faire toutes ces choses que nous jugeons normales.
C'est triste à dire, mais, au fond, le problème se résumait à des discussions sur des questions d'argent. Que ceux et celles qui pensent qu'il s'agit d'un cas isolé se détrompent. Je leur signalerai qu'il existe au Canada de nombreux cas d'enfants des Premières nations qui font l'objet de discrimination parce que ni le fédéral ni les gouvernements provinciaux, et il y en a de toutes les sortes, ne font passer le bien des enfants en premier.
Avant de parler de quelques-uns de ces cas, je veux souligner que Jordan a été proposé comme candidat pour recevoir le Prix international de la paix de 2007 destiné aux enfants. Sa candidature témoigne du fait que Jordan est devenu un symbole pour les enfants qui ne peuvent pas s'exprimer autrement.
Dans les documents de candidature, Cindy Blackstock a dit que « selon un rapport d'étude, les différends entre niveaux de gouvernement au sujet des coûts liés aux soins destinés aux enfants autochtones sont très nombreux », 393 de ces différends ayant eu lieu dans 12 des 105 agences autochtones de services à l'enfance et à la famille qui ont été échantillonnées dans l'étude pour la seule année 2004-2005. Le rapport dit:
La vaste majorité de ces différends ont eu lieu entre deux ministères fédéraux ou entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ou territorial.
Cindy ajoute, et ses propos sont très poignants: « Jordan ne pouvait pas parler et, pourtant, des gens du monde entier entendent son message. Jordan ne pouvait pas respirer par lui-même et, pourtant, il a donné un souffle de vie à d'autres enfants. Jordan ne pouvait pas marcher, mais il a fait des pas que le gouvernement commence tout juste à suivre. » Elle dit: « Cet enfant a vraiment changé le monde en veillant à ce que les droits des enfants passent avant les caprices du gouvernement; tout cela, et il n'avait que cinq ans. »
J'espère que, le 16 décembre, nous apprendrons que Jordan a remporté le Prix international de la paix destiné aux enfants.
Nous avons plusieurs autre cas, et je veux en mentionner quelques-uns.
Scott Fraser, député néo-démocrate d'Alberni—Qualicum, a évoqué le cas d'Alica-Anne, de Ahousaht, qui était sourde à la naissance et qui porte un implant cochléaire. Elle perdra probablement la vue d'ici quelques années. Elle avait besoin d'une intervention spéciale pour apprendre à parler et à entendre avant de devenir aveugle.
Le gouvernement provincial avait dit qu'il était prêt à financer ce cas, mais dans l'ensemble, il ne fait aucun doute qu'il y a encore un problème. Nous en parlons activement dans le cadre de nos discussions avec le MAINC. Nous pourrions résoudre ce cas particulier. Toutefois, nous savons qu'il existe plein de cas au pays où on ne fait pas passer les enfants en premier.
Un communiqué publié en juin 2006 — et je sais que le est au courant de ce cas — concernait un jeune garçon du nom de MacKenzie Olsen qui avait besoin de médicaments très chers et qui participait à des essais de médicament. Lorsque les essais ont pris fin, il en a été de même de sa médication. La Calgary Health Region avait accepté en 2005 de couvrir 40 p. 100 du coût des traitements. Toutefois, en juin 2006, personne n'est venu payer le reste de la note. Les médicaments ne pouvaient être administrés qu'à l'hôpital. L'entreprise a déclaré: « D'après ce que nous comprenons, il n'y a pas de distinction dans la Loi canadienne sur la santé entre les patients des Premières nations et les autres patients qui influerait sur l'achat par un hôpital d'une thérapie à administrer dans cet hôpital. Contrairement à ce qui a été relaté récemment dans les médias, la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada n'assume pas le coût des médicaments administrés à l'hôpital. Les hôpitaux le paient directement. »
Le problème ici, c'est que, parce que MacKenzie est retourné à la maison, dans sa réserve, entre des traitements à l'hôpital, le gouvernement provincial n'a pas voulu payer les médicaments de cet enfant par l'entremise du système hospitalier. En 2006, un an après que nous eûmes soulevé pour la première fois la question avec le ministre de la Santé de l'époque, ce petit garçon n'avait toujours pas ses médicaments.
Cette semaine, le 29 octobre, nous avons appris dans les journaux l'existence du cas d'une grand-mère du Manitoba à qui on demande de confier son petit-fils aux Services à l'enfant et à la famille tout simplement pour qu'il puisse aller à l'école. Voilà un conflit de compétences où on ne fait pas passer les enfants des Premières nations en premier.
Un certain nombre d'autres provinces ont fait ressortir des écarts dans le financement des soins offerts aux enfants des Premières nations.
L'Assemblée des Premières Nations a déposé une plainte auprès de la Commission canadienne des droits de la personne au sujet du manque de financement pour assurer le bien-être des enfants des Premières nations. Les statistiques de l'Assemblée des Premières Nations révèlent qu'il y a plus de 27 000 enfants des Premières nations qui sont confiés aux soins de l'État.
Le rapport annuel 2006-2007 du vérificateur général de l'Alberta faisait ressortir ce qui suit:
Toutefois, le financement fourni par le MAINC pourrait ne pas suffire pour permettre aux organismes d'offrir des services comparables à ceux offerts aux autres enfants albertains.
Les enfants autochtones représentent 55 p. 100 de tous les enfants placés sous protection en Alberta, mais ils ne comptent que pour 15 p. 100 de tous les enfants albertains. Les Premières nations attendent avec impatience qu'on leur offre suffisamment de ressources pour leur permettre d'offrir des services égaux et comparables à ceux dont jouissent les autres enfants albertains.
Dans ce cas, le gouvernement provincial affirme que le gouvernement fédéral manque clairement à ses obligations à l'égard des enfants des Premières nations.
Pour ceux qui seraient tentés de croire qu'il n'existe qu'un appui isolé qui ne vient que des collectivités de Premières nations ou des gens qui s'occupent principalement de ces enfants, nous avons ici une citation provenant de la Société canadienne de pédiatrie qui fait des recommandations dans ce sens depuis plus d'un an.
[...] inciter les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à adopter le principe de Jordan, un principe de l’enfant d’abord visant à régler les conflits de compétence reliés aux soins des enfants [...] des Premières nations.
On peut lire ce qui suit dans un article tiré du Journal de l'Association médicale canadienne:
[...] si les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ignorent le Principe de Jordan et s'enferrent au départ dans des batailles financières ou de compétence, ils méritent alors d'être traduits en justice dans cette affaire de principe la plus susceptible d'être gagnée dont puissent se charger les défenseurs des Premières nations.
La Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières nations déclare:
Le débat sur les compétences entre les gouvernements fédéral et provincial pourrait être caractérisé par un défaut de prendre des responsabilités duquel résulte un traitement inéquitable des Premières Nations et constitue de ce fait une violation de l’article 15 de la Charte.
De même, l'Assemblée des chefs du Manitoba a adopté une résolution que je ne lirai pas en entier. Elle prévoit ce qui suit:
QU'IL SOIT PAR CONSÉQUENT RÉSOLU que l'AMC [...] appuie la plainte de l'APN/FNCCS en matière de droits de la personne par une stratégie de lobbying et de négociation en vue de régler le problème du sous-financement chronique qui entraîne le traitement discriminatoire des enfants des Premières Nations par le gouvernement fédéral.
De toute évidence, on ne reconnaît pas aux enfants des Premières nations les mêmes droits qu'aux enfants qui ne vivent pas dans des réserves. Je crois que nous sommes en droit de nous attendre à ce que les enfants qui nécessitent des soins particuliers, qui ont des besoins particuliers et qui doivent avoir accès à l'éducation puissent obtenir les mêmes services que les enfants qui ne vivent pas dans les réserves tiennent simplement pour acquis.
Malheureusement, on a aussi exposé notre bilan sur la scène internationale. La Convention relative aux droits de l'enfant des Nations Unies place le Canada au 6e rang en ce qui concerne la situation des enfants en général, mais elle le relègue au 78e rang pour ce qui est des enfants autochtones et de leur situation socioéconomique en particulier. Nous nous retrouvons entre le Liban et le Kazakhstan.
C'est une honte. J'irais même jusqu'à dire que c'est presque un crime. C'est presque un crime que de laisser des enfants vivre dans des conditions tellement déplorables qu'une convention des Nations Unies expose le triste bilan du Canada à cet égard. S'ils étaient conscients de la situation, la plupart des Canadiens presseraient le gouvernement fédéral de faire des enfants sa priorité.
Je crois que Phil Fontaine, le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, exprime la situation mieux que nous ne le pouvons. Il a dit:
Cette motion est rattachée à une question simple: les Canadiens acceptent-ils que, dans leur système de soins de santé, certains enfants soient traités différemment en raison de leur race ou du milieu d'où ils proviennent? Et acceptent-ils que la pratique du « deux poids, deux mesures » puisse entraîner la mort ou l'invalidité des personnes concernées?
Cette pratique ne devrait pas exister, ni être couramment acceptée. Nous devons faire front pour protéger et chérir le bien-être et la santé de tous les enfants canadiens.
Au nom de Jordan et de sa famille ainsi que des organismes et de tous ceux et celles qui ne ménagent aucun effort en vue de l'adoption du principe de Jordan, j'invite les députés à donner un appui unanime à la motion.
Si la motion était adoptée, je demanderais au gouvernement conservateur de puiser dans l'excédent faramineux afin de faire des enfants sa priorité, de faire des enfants des Premières nations qui vivent dans des réserves sa priorité, de manière à ce que nous puissions nous lever à la Chambre dans un an pour célébrer nos réussites et saluer le fait que le Canada est fier de faire des enfants sa priorité.
Je presse les députés d'appuyer le principe de Jordan.
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Monsieur le Président, avant tout, j'aimerais dire que j'appuie entièrement l'objet de la motion présentée par la députée de .
Je voudrais tout d'abord revenir sur ma question précédente à propos de la consultation, je ne comprends pas pourquoi il faut mener des consultations pour accorder les droits fondamentaux à certaines personnes. Ces droits vont de soi. J'espère que les autres partis qui sont en désaccord changeront leur position afin que nous puissions abroger l'article 67.
Quant au principe de Jordan, il semble être une solution simple à la prestation de soins de santé aux enfants inuits et des Premières nations, mais le problème est complexe. À l'heure actuelle, les très nombreuses tracasseries administratives et procédures de financement des divers ordres de gouvernement auxquelles il faut se plier rendent la prestation des soins très compliquée. Bien que ces procédures reposent sur de bonnes intentions, en pratique, elles relèguent au deuxième rang les intérêts de l'enfant.
Le principe de Jordan veut que tous les organismes gouvernementaux offrent les services d'abord et s'occupent de la paperasse après. Le gouvernement appuie le principe de Jordan et il est déterminé à améliorer la vie des enfants, des femmes et des familles inuits et des Premières nations. Je demande à mes collègues de tous les ordres de gouvernement de collaborer.
Les besoins chez les enfants inuits et des Premières nations sont évidents et aigus, particulièrement à la lumière du fait que le taux de handicap chez les enfants inuits et des Premières nations est élevé et que l'accès aux soins est plus difficile de par l'emplacement géographique des réserves et les services limités offerts dans les régions rurales et éloignées et les collectivités isolées.
Notre gouvernement va continuer à prendre des mesures afin d'améliorer la santé des membres des Premières nations et des Inuits de tous âges. Les programmes et les investissements déjà en place visent à s'attaquer aux problèmes de santé qui touchent particulièrement les Premières nations et les Inuits.
Je pense que le fait d'avoir une idée des programmes et des investissements destinés aux enfants et aux familles des Premières nations et des Inuits aidera mes collègues à comprendre pourquoi le gouvernement appuie le principe de Jordan.
Nous connaissons tous le bien-fondé du vieil adage selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir. Cela est particulièrement vrai dans le cas des tout-petits, des bébés et des nouveau-nés.
Le lien entre la santé de la mère durant sa grossesse et la santé de son bébé est bien établi. Ainsi, les mères qui ont un régime alimentaire nutritif, qui ne consomment pas de produits du tabac et d'alcool, et qui font de l'exercice régulièrement ont beaucoup plus de chances de donner naissance à des bébés en santé. De même, les tout-petits qui évoluent dans un environnement stable, enrichissant et stimulant ont beaucoup plus de chances de réussir à l'école et de rester en santé.
Afin de faire en sorte que les enfants des Premières nations et des Inuits puissent profiter des avantages de ces liens, le gouvernement subventionne une série de programmes et d'initiatives axés sur la prévention.
Le Programme canadien de nutrition prénatale, ou PCNP, est un programme communautaire destiné à améliorer la santé nutritionnelle des mères et des bébés, particulièrement celles et ceux qui sont à risque. Le PCNP appuie les activités liées à l'alimentation de la mère, y compris les bons alimentaires et les cuisines communautaires, le dépistage, l'éducation et le counselling, ainsi que la promotion et le soutien de l'allaitement.
On estime que 9 000 femmes autochtones et inuites participent au Programme canadien de nutrition prénatale, le PCNP, à approximativement 450 endroits qui servent plus de 600 collectivités. La publication d'un nouveau guide adapté aux valeurs, aux traditions et aux habitudes alimentaires uniques des populations autochtones du Canada sera un outil fort valable pour le PCNP et pour aider les familles autochtones à faire des choix éclairés et sains dans le respect de leur mode de vie traditionnel.
Une autre initiative pertinente est le Programme de soins de santé maternelle et infantile qui a été lancé il y a deux ans. Cette initiative permettra d'améliorer le bilan de santé des femmes, des enfants et des familles autochtones en offrant des programmes destinés à améliorer les compétences parentales, à gérer la dépression post-partum et à créer un milieu de vie sûr et enrichissant pour les enfants.
Ce programme comporte deux volets: les visites à domicile et les services de gestion de cas. Il offre aux mères et aux familles les services et l'appui nécessaires pour élever des enfants sains et heureux. À l'heure actuelle, 63 programmes de soins de santé maternelle et infantile sont en place.
Les toutes premières années de la vie d'un enfant sont déterminantes pour son développement. Pour faire en sorte que les familles autochtones aient accès à des garderies et à des programmes préscolaires stimulants et adaptés à leur culture, le programme finance le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves. Cette année, 9 400 enfants sont inscrits à quelque 332 programmes d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves partout au Canada. La conception, la prestation et l'administration de ces programmes sont assurées par les collectivités autochtones locales.
Les programmes varient d'une région à l'autre, mais ils sont axés sur six éléments: l'éducation, la nutrition, la culture et la langue, l'appui social, la promotion de la santé et la participation parentale. Par surcroît, les programmes d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves appuient les enfants qui ont des besoins spéciaux en aidant leurs parents à trouver les ressources disponibles dans leur collectivité. Le nombre d'enfants ayant des besoins spéciaux qui participent aux programmes d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves ne cesse d'augmenter. En 2004 et 2005, on a relevé un besoin spécial chez environ 6,4 p. 100 des enfants participants.
Les bienfaits du programme Bon départ pour les Autochtones sont bien documentés. Les enfants qui participent au Programme d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves apprennent à socialiser avec leurs compagnons et sont mieux préparés pour réussir à l'école. Ils apprennent aussi l'importance de manger sainement et de faire régulièrement de l'activité physique. Compte tenu de cette réussite, le gouvernement était fier d'investir plus de 57 millions dans le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones des réserves, l'an dernier.
L'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation foetale est un problème complexe qui fait l'objet de peu d'études épidémiologiques au Canada. Santé Canada a des programmes de sensibilisation aux risques que comporte la consommation d'alcool durant la grossesse et des programmes d'interventions ciblées auprès des femmes qui risquent de donner naissance à des enfants atteints de l'ETCAF. On forme aussi des enseignants et des professionnels de la santé pour qu'ils puissent repérer les enfants atteints de l'ETCAF et fournir aux enfants et aux familles une aide appropriée telle que le diagnostic et l'intervention précoces.
Les programmes dont je viens de parler offrent quelques exemples concrets de la façon dont le gouvernement s'y prend pour améliorer la santé des enfants et des familles membres des Premières nations et inuites. Le gouvernement continue de faire le nécessaire pour financer la prestation de services de santé aux Premières nations et aux Inuits.
En 2006-2007, le gouvernement du Canada a consacré quelque 850 millions de dollars au Programme des soins de santé non assurés. Ce programme fournit aux Indiens inscrits et aux Inuits reconnus une gamme de produits et services médicaux essentiels s'ajoutant à ceux offerts dans le cadre d'autres programmes privés, provinciaux ou territoriaux.
Le Programme des soins de santé non assurés finance certaines demandes de prestations pour des médicaments, des soins dentaires, des soins de la vue, des fournitures médicales et de l'équipement, des interventions d'urgence en santé mentale, ainsi que pour le transport à des fins médicales.
De manière à répondre aux augmentations rapides des coûts des services de santé offerts aux Premières nations et aux Inuits, nous avons augmenté ce poste budgétaire de 6,4 p. 100 au cours de l'année dernière. Cela représente une augmentation de quelque 126 millions de dollars, pour un total de 2,1 milliards de dollars cette année, du financement des services de santé des Premières nations et des Inuits. Cela est tout à fait comparable aux augmentations des transferts aux provinces.
Le budget engage 15 millions de dollars dans la collaboration avec les Premières nations et les Inuits et dans l'aide aux autres ordres de gouvernement aux quatre coins du Canada pour que ceux-ci fassent preuve d'innovation et renforcent les relations tripartites. Le gouvernement a montré qu'il agit et que les membres des Premières nations, tant les jeunes que les aînés, seront mieux servis par un gouvernement conservateur.
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Monsieur le Président, c'est un honneur que de prendre à nouveau la parole au sujet de la motion d'initiative parlementaire proposée par la députée de . Je la remercie au nom de la Première nation des Cris de Norway House et de la famille de Jordan d'avoir présenté cette motion.
J'ai eu la chance d'échanger avec la famille et la collectivité de Jordan lorsqu'elles ont souligné les efforts de la députée l'été dernier. Le moins que l'on puisse dire, c'est que nous apprécions grandement ce geste.
C'est un privilège que de m'adresser à la Chambre des communes. C'est aussi un privilège que de prendre la parole en mémoire d'un garçon dont la vie fut beaucoup trop courte, et de se souvenir de la douleur qu'il a endurée au cours de sa vie, ainsi que de la douleur et des difficultés que sa famille a elle aussi endurées tandis qu'elle essayait de lui procurer des services de santé dans la réserve. Si cet enfant, qui vivait dans une réserve des Premières nations, avait vécu n'importe où ailleurs au Canada, il aurait eu accès aux services nécessaires.
Jordan est né avec un syndrome rare. Ce qui s'est passé ensuite lorsque sa famille a tenté de lui procurer des soins de santé est typique de ce que vivent les enfants des réserves qui ont des besoins spéciaux. La famille de Jordan a tenté d'obtenir des services pour son enfant auprès de son fournisseur fédéral de soins de santé, la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, qui offre des soins de santé primaires. Or, cet organisme n'était pas en mesure d'offrir les services nécessaires.
La seule façon pour la famille de répondre aux besoins de santé de l'enfant consistait à le confier aux services spéciaux pour enfants et de le remettre aux services à l'enfant et à la famille, financé par Affaires indiennes et du Nord Canada. Je précise que tout enfant ayant des besoins médicaux complexes ou une invalidité qui vit sur une réserve des Premières nations n'a pas droit aux services essentiels à moins que sa famille ne renonce à sa garde en faveur d'un service de protection de l'enfance.
Mais il y a pire. Le service de protection de l'enfance est également obligé d'obtenir des services au cas par cas et, selon la nature du service, il peut y avoir un différend entre deux ministères du gouvernement fédéral: la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada et Affaires indiennes et du Nord Canada.
Dans le cas de Jordan, il y a eu conflit entre les compétences fédérale et provinciale. Jordan a été obligé d'être soigné et il a également dû être hospitalisé pour obtenir des services médicaux. Lorsqu'il a eu deux ans, on a annoncé à sa famille la bonne nouvelle qu'il pouvait quitter l'hôpital et revenir à la maison. Il lui fallait certains services essentiels à son lieu de résidence, la nation crie de Norway House. Aucun des deux gouvernements n'acceptait de payer ces services.
S'il avait habité à l'extérieur d'une réserve, le gouvernement provincial aurait financé les services. Relevant de la compétence fédérale, les enfants d'Indiens inscrits vivant sur une réserve n'ont droit dans le cadre d'aucun programme fédéral aux services dont Jordan avait besoin.
Ce conflit entre ministères et compétences a duré plus de deux ans jusqu'à ce que, malheureusement, Jordan ne s'éteigne à l'hôpital. Durant toute sa courte vie, il n'a jamais pu revenir à la maison. Il est incroyable qu'une chose pareille puisse se produire dans notre pays. Ce qui est à la fois intolérable et incompréhensible, c'est que l'histoire de Jordan n'est ni unique ni rare.
Dans ma circonscription, Churchill, les services de protection de l'enfance des Premières nations, à savoir l'agence Awasis, l'agence d'aide à l'enfance et à la famille de la nation crie, les services à l'enfance et à la famille de la nation crie d'Opaskwayak, les services à l'enfance et à la famille de la nation crie de Nisichawayasihk et l'agence Kinisao Sipi Minisowin, travaillent auprès des familles et des enfants depuis les deux dernières décennies.
Des centaines d'enfants de ma circonscription sont dans cette situation. C'est grâce aux efforts des services de protection de l'enfance, des familles, de groupes et d'organisations comme la nation crie de Norway House, la société d'aide à l'enfance et à la famille des Premières nations et nos organisations politiques des Premières nations que ces questions ont été soulevées à de nombreuses reprises devant divers interlocuteurs.
Il nous faut agir sans esprit de parti et sans préjugé pour faire en sorte que le principe de Jordan soit mis en oeuvre au Canada. Le principe de Jordan consiste tout simplement à accorder la primauté à l'enfant. C'est le principe de l'enfant d'abord.
Le Canada a signé la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. La Cour suprême du Canada a d'ailleurs reconnu qu'il s'agit d'une des conventions les plus universellement acceptées en matière de droits de la personne. Pourtant, le manque de coordination entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, et à l'intérieur de ces derniers, a fait en sorte que le principe voulant que la sécurité et le bien-être de l'enfant soient de la plus haute importance a souvent été mis de côté en raison des conflits de compétence et des querelles entre ministères.
Le rapport Wen:de publié par la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières nations a recommandé l'adoption du principe de « l'enfant d'abord » en vertu duquel le gouvernement qui reçoit en premier lieu la demande de paiement pour des services concernant un enfant des Premières nations déboursera les fonds nécessaires, et ce, sans délai ni interruption quand ces services sont offerts, dans des circonstances semblables, aux enfants qui vivent à l'extérieur des réserves.
En 1993, le Comité permanent des droits de la personne et de la condition des personnes handicapées a reconnu que tous les ordres de gouvernement ont oublié les besoins des Autochtones, ce qui a été démontré par la fragmentation des services, l'absence de structures solides de programme et le manque d'uniformité des normes.
L'Assemblée des Premières Nations a adopté en décembre 2005 une résolution selon laquelle le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux doivent adopter le principe de « l’enfant d’abord » pour résoudre les conflits de compétence concernant le paiement des services pour les enfants des Indiens inscrits. Cette résolution se lit comme suit:
ATTENDU QUE l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit à tous les résidants du Canada la même protection et le même bénéfice de la loi, sans aucune discrimination;
Je veux rappeler qu'il n'existe pas de mécanisme de financement pour assurer des services aux enfants vivant dans des réserves autochtones. Les autorités fédérales responsables des services et programmes offerts dans les réserves des Premières nations, soit Affaires indiennes et du Nord Canada et la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, se renvoient sans cesse la balle selon qu'il s'agit de coûts sociaux ou de coûts de santé. Quant aux provinces, elles n'assurent aucun service dans les réserves. Elles affirment que ce n'est pas dans leur champ de compétence.
J'ai eu la chance la semaine dernière de prendre la parole pour saluer les parents de Jordan et le courage qu'ils ont montré en faisant ainsi un symbole de la vie de leur fils. Dans leur collectivité, un monument a été érigé à la mémoire de Jordan. La famille a vécu des événements tragiques et très éprouvants.
Je les félicite du courage dont ils font preuve en permettant que leur histoire soit racontée, en permettant que la vie de Jordan nous incite tous à travailler dans un esprit non partisan, afin que les enfants des Premières nations qui ont besoin de soins médicaux complexes ou qui sont handicapés puissent un jour — pas trop lointain, nous l'espérons — avoir accès aux mêmes services que tous les enfants du Canada.
Je veux ajouter qu'il est abominable d'entendre les conservateurs insinuer que les partis d'opposition n'appuient pas le respect des droits de la personne pour les Premières nations. Ils utilisent la Chambre à des fins sectaires en disant de telles choses, parce que nous parlons de la vie d'enfants. Les enfants des Premières nations doivent se passer des services auxquels ont accès les autres enfants du Canada.
On compte une quarantaine de ces enfants dans ma collectivité. Le député qui est intervenu avant moi a laissé entendre que le tabagisme et la consommation d'alcool sont la cause de ces handicaps, et c'est tout simplement odieux. Nous avons lutté contre un projet d'exploitation hydro-électrique, et nous sommes maintenant envahis par les toxines. Le mercure pose aussi un problème. Quand on constate qu'une collectivité de quelques milliers d'habitants compte plusieurs membres atteints d'un syndrome rare, c'est incroyable d'entendre des gens rejeter le blâme sur la collectivité. Nous parlons d'une question critique, déterminante pour la vie des enfants des réserves des Premières nations.
Je prie les députés de cesser de faire ainsi des jugements rapides et des accusations non fondées, et de se souvenir que nous parlons de la vie et du bien-être d'enfants. Le Canada est un pays signataire de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant, et celle-ci s'applique à tous les enfants du Canada.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole en cette Chambre concernant le principe de Jordan. Je veux remercier ma collègue de , puisqu'elle a saisi la Chambre de cette motion, qui m'apparaît extrêmement importante dans les circonstances.
D'emblée, j'annonce que le Bloc québécois est favorable, en principe, à la motion de ma collègue du NPD. Je veux donc prendre la parole en cette Chambre pour exprimer un peu comment je me sens par rapport à cet événement. À l'intention de ceux qui nous écoutent et qui ne comprennent pas de quoi on parle, j'affirme que le principe de Jordan est le plus bel exemple de discrimination faite à l'égard des peuples des Premières nations vivant en réserve.
Durant les travaux, je faisais des recherches pour préparer mon allocution en cette Chambre concernant le principe de Jordan, parce que je savais que cette motion serait déposée. Or je suis allé consulter le Canadian Medical Association qui aborde le sujet dans son éditorial d'août 2007. On ne parle pas d'il y a 100 ans, mais bien d'août 2007. Le titre de l'article se retrouve sur le site Internet du CMAJ, le Canadian Medical Association Journal, qu'on peut visiter. On y retrouve un article extrêmement intéressant, daté du 14 août 2007, qui s'intitule « Le principe de Jordan et la paralysie des administrations publiques ».
Je ne reprendrai pas ce que ma collègue de a dit concernant les faits du présent dossier. Néanmoins, effectivement, le jeune Jordan de la nation crie de Norway House vivait en réserve au nord du Manitoba et il n'a pas pu obtenir les soins adéquats, car les gouvernements provinciaux, municipaux et autres se sont renvoyé la balle.
Et voici ce que l'on dit. Je citerai à partir du texte pour éviter toute ambigüité.
Le Canada a ratifié en 1999 la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant, qui énonce ce qui suit: « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale. »
Ce n'est pas écrit « peut être une considération primordiale », mais bien « doit être une considération primordiale ».
Je poursuis la lecture:
Les intérêts de Jordan sont passés loin derrière les désaccords intergouvernementaux sur le devoir de payer. Le Canada a ainsi enfreint la Convention [des Nations Unies sur les droits de l'enfant]. La Charte des droits et libertés du Canada interdit la discrimination. Nombre des services dont Jordan avait besoin auraient été payés sans question pour un résident de race blanche du Manitoba ou un résident autochtone hors réserve. Or, Jordan habitait dans une réserve, ce que n'a pu avaler la bureaucratie. Voilà de la discrimination, pure et simple.
La Constitution du Canada reconnaît et affirme les droits des traités et des Autochtones. La Cour suprême a déclaré en 1984: « [...] le gouvernement a la responsabilité d'agir en qualité de fiduciaire à l'égard des peuples autochtones » dans une relation « [...] de nature fiduciaire plutôt que contradictoire ». On se demande comment les bureaucrates ont respecté cette obligation lorsqu'ils ont laissé Jordan vivre et mourir ensuite à l'hôpital de Winnipeg loin de ses proches pendant que cette guerre intestine faisait rage.
Nous affirmons que les besoins médicaux des enfants des Premières nations doivent passer en premier. Cela m'apparaît évident et cela semble être extrêmement compliqué.
J'ai entre les mains un beau document qui est fait par notre bon gouvernement. C'est une édition de 2007 qui porte le titre: « En faisons-nous assez? » C'est un rapport sur la situation des politiques publiques canadiennes et de la santé des enfants et des adolescents. Il est publié par la Société canadienne de pédiatrie. C'est un document de 2007. À la page 24 de ce document — c'est n'est pas moi qui l'ai écrit —, on traite du principe de Jordan. On répète ce que je viens de dire concernant cet enfant qu'on a laissé mourir.
J'ai lu que toutes les provinces et tous les territoires du Canada n'en font pas assez et ont tous une mauvaise cote, sauf la Nouvelle-Écosse. Voici ce qu'on dit pour la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba — où s'est déroulé l'affaire Jordan il n'y a pas si longtemps —, l'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. La province ou le territoire, peu importe, n'a pas adopté de politique de l'enfant d'abord pour résoudre les conflits de compétences reliés aux soins des enfants et des adolescents des Premières nations.
En 2007, aujourd'hui, un autre dossier Jordan pourrait voir le jour et on serait dans la même situation que celle où nous étions lorsque ce que pauvre Jordan a été laissé en plan. Les bureaucrates s'étaient alors chicanés entre les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral.
La position du Bloc québécois est la suivante: nous sommes d'accord avec le fait qu'on doive tenir compte de ce qui se passe. Je donne l'exemple de la Loi sur la protection de la jeunesse au Québec. On y dit que, lorsqu'on traite des enfants, on doit tenir compte des facteurs et des considérations suivantes. On doit traiter en tenant compte des caractéristiques des communautés autochtones. On voit donc l'importance de consulter les Premières nations à l'avenir. On doit faire en sorte que plus jamais un tel cas ne se reproduise.
En 1996, la Commission royale sur les peuples autochtones, la Commission Erasmus- Dussault, déposait un rapport. On n'en n'a pas. On est ankylosés. La question est bien simple. Qui doit payer? C'est toujours une question d'argent. À partir de maintenant, il ne faut plus se poser cette question, mais plutôt celle de savoir si l'enfant a besoin des services, oui ou non. On réglera la facture par la suite. C'est ce qu'il faut faire. Il faut absolument qu'on fasse faire à la bureaucratie un 180o pour dire qu'on n'a pas d'ententes fédérales-provinciales. L'enfant dans les communautés autochtones doit être une priorité. On se chicanera après afin de savoir qui paiera la facture. L'essentiel est qu'il n'est pas normal qu'en 2007, une telle situation se reproduise.
J'irai plus loin. J'invite les collègues en cette Chambre à regarder le dernier film fait par Richard Desjardins et Robert Monderie intitulé Le peuple invisible. Encore aujourd'hui, en 2007, on a de sérieux problèmes et on risque de se retrouver avec un autre cas Jordan si on ne prend pas au sérieux une telle initiative. Je suis donc d'accord avec le fait qu'on doive aller de l'avant avec la motion de ma collègue de .
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Monsieur le Président, je suis très fier de parler ce soir, comme ma collègue de , de la nécessité que le Parlement adopte le principe de Jordan.
L'an dernier, nous avons eu le grand privilège de nous rendre dans les beaux territoires du peuple nishnawbe-aski pour participer à la commémoration du Traité no 9. Nous avons navigué sur la rivière Albany à bord d'un bateau sur environ 100 kilomètres pour nous rendre à un endroit isolé où, il y a 100 ans, des commissaires sont allés signer un traité avec le peuple d'Ogoki Post.
À cette rencontre, comme à bien d'autres rencontres, nous avons posé la question suivante: pourquoi célébrer un traité qui a apporté tant de misère aux gens et qui a promulgué mensonge après mensonge?
Pendant la célébration, un homme s'est avancé. Nous nous trouvions dans un petit endroit boisé avec un feu de camp. Il a déclaré vouloir parler aux dignitaires qui étaient présents. Il a parlé dans sa langue et un jeune étudiant a fait la traduction. Il a dit: « Je suis désolé. Je n'ai jamais appris à l'anglais. »
Il a dit que lorsque les commissaires d'école sont venus, ils ont pris sa soeur. Sa soeur n'est jamais revenue et ils n'en ont jamais plus entendu parler. Elle est allée à un pensionnat et personne n'est jamais revenu pour dire à la communauté ce qui était advenu de la petite fille. L'homme a ajouté que, lorsque les commissaires sont revenus l'année d'après, ses parents l'ont caché dans les buissons et il n'a jamais reçu d'instruction.
Je pense à cette fillette dont personne ne se rappelle au Canada, sauf les gens de sa communauté. Il y a tant d'autres enfants comme elle au pays. Ils représentent les mailles tragiques de la courtepointe terrible qu'ont été les pensionnats.
Nous prenons la parole au Parlement pour dire que nous nous souvenons. Nous voulons la vérité et la réconciliation et nous voulons un dédommagement.
Toutefois — et j'espère que je me trompe — je prédis que de mon vivant, au cours d'une autre législature, on lancera une enquête sur les abus et les négligences généralisés à l'égard des enfants des Premières nations du pays. Nous sommes témoins de cette situation en ce moment même, chaque jour, dans chaque communauté du pays où vivent des enfants des Premières nations.
Jordan n'est pas un enfant anonyme. Il est devenu le symbole de beaucoup d'enfants qui sont en famille d'accueil, qui ne bénéficient pas des services médicaux adéquats et qui ne reçoivent pas l'éducation la plus fondamentale.
En fait, le Code des droits de la personne de l'Ontario garantit à chaque enfant l'accès à des programmes répondant à des besoins particuliers, au besoin, sauf s'il est membre d'une Première nation, car c'est alors le gouvernement fédéral qui paye. Nous partons du principe que, dans chaque province, les écoles des Premières nations doivent satisfaire aux normes provinciales. Il va de soi qu'elles doivent satisfaire aux normes provinciales, mais le hic, c'est qu'elles reçoivent des fonds en fonction de normes fédérales et les normes fédérales sont catastrophiques.
Il y a à peine deux semaines, dans le Nord-Ouest de l'Ontario, sur le territoire nishnawbe-aski, deux enseignants ont entrepris une grève de la faim pour attirer l'attention sur la nécessité de fonds pour l'éducation spécialisée, mais ils n'ont pas attiré beaucoup l'attention avec tout le raffut qu'il y a au Parlement. Personne n'a soulevé de question sur le fait que des gens font la grève de la faim pour obtenir des fonds pour l'éducation.
J'aimerais, ce soir, donner aux gens qui nous écoutent à la maison un exemple de la façon dont on fait ou ne fait pas les choses au pays des Indiens. J'aimerais présenter l'exemple de l'école d'Attawpiska, que je vais décrire. Environ 400 élèves fréquentent cette école, bâtie sur un site contaminé par quelque 30 000 litres de substances toxiques. Année après année, les enfants tombaient malades. On a finalement demandé à AINC de faire enquête. Les enquêteurs ont découvert que les élèves se trouvaient sur le site probablement le plus toxique du Nord de l'Ontario. AINC en a-t-elle retiré les enfants de l'école? Mais non. Il nous fallait d'autres études. Nous devions poursuivre les études.
J'ai été commissaire dans un conseil scolaire catholique du Nord-Est de la province. Si nous avions des questions touchant la santé, l'école fermait immédiatement et les élèves en étaient retirés, mais il en a été autrement à Attawapiskat, jusqu'à ce que les parents décident eux-mêmes d'en retirer les élèves.
Cela s'est passé il y a sept ans. Trois ministres des Affaires indiennes ont promis à cette collectivité qu'ils y feraient construire une école, qui n'a toujours pas été construite. Le hic, encore une fois, c'est que cette collectivité ne demande pas la charité.
La collectivité refuse de se contenter des normes minimalistes du MAINC, de ces normes pourries que le MAINC impose à toutes les Premières nations pour la construction des écoles. La collectivité veut une école construite selon les normes pertinentes de l'Ontario. Elle veut des salles de classe de dimensions appropriées. Elle veut une école assez grande pour accueillir les 600 élèves attendus. La collectivité ne voulait pas attendre le gouvernement fédéral. Elle est donc allée à la banque pour obtenir son propre financement car elle a un excellent bilan financier.
Bien entendu, nous avons saisi les Affaires indiennes de la question, car nous pensions que ça allait de soi. Nous pensions que c'était un dossier où tout le monde était gagnant. Le avait déclaré qu'une école était nécessaire dans la collectivité. Il est surprenant que la collectivité ait dû s'adresser à la banque pour obtenir son propre financement. Le seul problème, c'est que le ministère des Affaires indiennes doit approuver tout accord-cadre sur les frais de scolarité pour que l'entente avec la banque puisse se concrétiser. L'ancien ministre des Affaires indiennes a donné son approbation, mais rien ne s'est produit.
En novembre 2005, j'ai rencontré le ministre des Affaires indiennes et nous avons élaboré une entente avec le chef du bureau régional de l'Ontario. J'ai ensuite vérifié dans le journal. Le chef Mike Carpenter s'est rendu à l'école pour apprendre la nouvelle aux élèves. Tout le monde sautait de joie parce qu'on était revenu avec une entente en main qui permettrait la construction de l'école.
Il n'y a pas d'école. Nous avons eu deux autres ministres des Affaires indiennes. Un autre a signé l'entente. Aux dernières nouvelles, le projet en serait à l'étape de l'approbation préliminaire. Autrement dit, l'école ne sera pas construite de sitôt, car le ministère des Affaires indiennes perpétue la tendance de négligence systémique à l'égard des plus vulnérables, les jeunes. Nous avons besoin que quelqu'un signe cette entente. Les banques et la collectivité se chargeront du reste.
Attawapiskat est assise sur une des mines de diamants les plus riches en Occident. Il a fallu quatre ans pour assurer l'exploitation de cette mine. Une difficulté n'attendait pas l'autre. L'exploitation de cette mine de diamants dans la région la plus isolée de l'Ontario n'a posé aucun problème au gouvernement fédéral et à la province. Nous avons pu obtenir les permis. C'est bien, car dans le Nord de l'Ontario nous appuyons l'exploitation minière et nous espérons que cette mine emploiera des membres des Premières nations. Cela peut devenir une réussite.
Pourtant, le contraste entre la richesse phénoménale de la mine de diamants Victor et la pauvreté épouvantable d'Attawapiskat a de quoi laisser perplexe.
Nous devons nous demander pourquoi on a découvert des diamants dans un endroit aussi isolé que le territoire cri de Mushkegowuk. On a mis l'infrastructure en place et les coûts n'ont pas posé problème. Le gouvernement fédéral et la province étaient prêts à signer tout document en vue de l'exploitation de cette mine. Entre-temps, la plus grande ressource que nous ayons dans le Nord de l'Ontario, les jeunes, étaient laissés à eux-mêmes, assis sur un site contaminé. Personne du bureau régional du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien ne s'est encore pointé pour signer cette entente, même si nous avons la promesse du ministre et celle du directeur général de l'Ontario à cet égard.
Il se passe la même chose à Attawapiskat que sur tous les territoires des Premières nations au Canada. C'est une honte. Ne nous gênons pas pour le dire. Nous devons exiger qu'on rende des comptes. Nous devons exiger des normes. Il est essentiel qu'on commence à faire bouger les choses afin que la prochaine génération ne demande pas comment on a pu permettre qu'il en soit ainsi, que les gens se croisent les bras en disant « on s'en fiche »