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Monsieur le Président, je me réjouis de prendre la parole aujourd'hui au sujet des amendements proposés par le Sénat concernant le projet de loi .
Le Sénat a adopté le projet de loi le 29 janvier avec six propositions d'amendement. J'aborderai chaque amendement.
Le Sénat a proposé quatre amendements relatifs aux dispositions concernant la langue du procès. Il a d'ailleurs créé deux nouvelles dispositions. Un autre amendement modifie la disposition d'entrée en vigueur du projet de loi , tandis que le sixième amendement vient coordonner les changements proposés à la même disposition du Code criminel dans le projet de loi et le projet de loi , Loi sur la lutte contre les crimes violents.
Avant de parler de chaque amendement, j'aimerais souligner que tant le commissaire aux langues officielles que la Fédération des associations de juristes d'expression française de common law, fédération nationale qui représente les associations provinciales de juristes francophones, sont satisfaits des propositions relatives à la langue du procès qui figurent dans le projet de loi tel qu'il a été adopté par la Chambre des communes. Les propositions à cet égard ont été étudiées attentivement par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes et par le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles.
Je vais maintenant aborder chaque amendement.
Le premier amendement proposé par le Sénat a trait à l'article 18, lequel a pour but que tout accusé au pays connaisse ses droits linguistiques fondamentaux. Comme les députés le savent, à l'heure actuelle, le Code criminel accorde seulement à l'accusé qui n'est pas représenté le droit d'être avisé de ses droits linguistiques par le juge.
L'article 18 du projet de loi, tel qu'il a été adopté par la Chambre des communes, proposait d'étendre ce droit à tous les accusés, qu'ils soient représentés ou non par un avocat. En clair, l'article 18 élargirait la portée du droit d'être avisé de sorte que tous les accusés en bénéficient. Cette mesure tient compte du jugement de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Beaulac en 1999 et donne suite à une recommandation du commissaire aux langues officielles.
Cela dit, l'article 18 n'imposait pas au juge le devoir d'informer personnellement chaque accusé de ses droits linguistiques. L'article stipulait plutôt que le juge « veille à ce que l'accusé soit avisé ».
L'amendement proposé par le Sénat veut que l'article 18 exige que, lors de la première comparution de tout accusé, le juge qui préside l'informe personnellement de ses droits linguistiques. Nous n'approuvons pas cet amendement.
Au cours des consultations relatives aux propositions qui ont mené au projet de loi , les provinces et les administrateurs des tribunaux ont clairement dit au gouvernement que le fait d'exiger que le juge informe personnellement tous les accusés, y compris ceux qui sont représentés par un avocat, alourdirait considérablement la charge de travail des juges et des tribunaux et aurait pour effet d'allonger considérablement les délais dans les causes pénales.
Il va sans dire que nous devrions tous à la Chambre éviter de faire en sorte que les délais dans le cadre des procédures criminelles soient encore plus longs.
Étant donné qu'un grand nombre de provinces ont mis en place des moyens efficaces pour s'assurer que les accusés soient mis au courant de leurs droits linguistiques, le gouvernement a fait attention de tenir compte des différentes pratiques des provinces et des territoires en la matière dans le projet de loi .
Soyons clairs. La tâche incombe toujours au juge. Il ou elle veille à ce que l'accusé soit informé. L'utilisation du mot « incombe » n'affaiblit pas de quelque façon que ce soit, comme certains l'ont laissé entendre, le droit qui est accordé.
En fait, c'est une expression qui est souvent utilisée dans les lois fédérales, notamment dans la Loi sur les langues officielles. Par exemple, à l'article 22 de cette dernière, on peut lire:
Il incombe aux institutions fédérales de veiller à ce que le public puisse communiquer avec leur siège ou leur administration centrale, et en recevoir les services, dans l’une ou l’autre des langues officielles.
Il est dit, à l'article 16, qu'il incombe aux tribunaux fédéraux de veiller à ce que le juge comprenne l’anglais ou le français sans l’aide d’un interprète.
Pour reprendre les termes de la Cour suprême du Canada, disons que le droit accordé demeurera « un droit substantiel et non un droit procédural auquel on peut déroger ».
En veillant à ce que tous les accusés, représentés ou non par un avocat, soient informés de leurs droits linguistiques, l'article 18, tel que présenté et adopté par la Chambre, non seulement permet d'éviter la possibilité que des accusés exercent leurs droits au-delà du délai imparti, mais, plus important encore, il assure que des mesures positives soient prises pour améliorer les moyens que peuvent utiliser tous les Canadiens pour faire respecter leurs droits en matière de langue.
Pour toutes ces raisons, nous n'approuvons pas cet amendement, c'est-à-dire le premier amendement.
Le deuxième amendement proposé au Sénat visait l'article 19 et portait sur la traduction des documents d'inculpation. L'article 19 du projet de loi accorde à tous les accusés le droit de demander une traduction de la dénonciation ou de l'acte d'accusation. Le Sénat a formulé un amendement visant la version anglaise de l'article 19, estimant qu'il fallait modifier le libellé pour préciser que l'ensemble des documents d'inculpation devaient être traduits.
Je dois dire que c'est ce que visait la disposition au départ et que, de ce fait, un amendement ne nous semblait pas absolument nécessaire. Cela dit, nous ne nous opposons pas à l'amendement, puisqu'il ne fait que clarifier le but visé à l'origine.
Le troisième amendement adopté par le Sénat concerne la création d'un nouvel article 21.1 Cet article demande au ministre de la Justice de préparer et de déposer au Parlement un rapport annuel concernant le nombre de procès bilingues, le nombre de procès tenus en français à l'extérieur des provinces de Québec et du Nouveau-Brunswick, et le nombre de procès tenus en anglais au Québec.
Je comprends que de telles statistiques puissent être utiles pour évaluer la mise en oeuvre des dispositions du Code criminel concernant les droits linguistiques. Les statistiques détaillées constituent souvent des indicateurs essentiels dans l'évaluation d'ensemble des effets d'une mesure législative. D'ailleurs, le ministère a exploré avec ses homologues des provinces et des territoires les moyens d'arriver à un tel résultat et continuera de le faire à l'avenir.
Je suis convaincu que les députés sont d'accord pour dire que, dans l'optique d'une bonne politique publique, on ne saurait adopter une disposition qui impose des responsabilités sans que les intéressés aient les moyens de les assumer. Sur le plan pratique, l'amendement ne tient pas compte non plus du fait que, dans certaines juridictions, un procès dans la langue de la minorité peut être tenu sans qu'une ordonnance officielle n'ait été rendue, conformément à l'article 530 du Code criminel. Il est donc difficile d'assurer le suivi de ces affaires et il faut se demander quel serait le degré d'exactitude des données recueillies.
Toutefois, la difficulté que pose cet amendement, c'est qu'il impose une obligation légale au ministre fédéral de la Justice, alors que, en réalité, les procureurs généraux des provinces ou des territoires sont les seuls à être en mesure de recueillir cette information. De plus, les provinces et les territoires nous ont fait savoir qu'ils ne tenaient pas de statistiques liées aux dispositions du Code criminel concernant la langue du procès.
Comme je l'ai déjà dit, nous réclamerions, et enchâsserions dans le droit pénal, des dispositions que les provinces ne sont pas en mesure de respecter à l'heure actuelle.
Pour toutes ces raisons, nous n'appuyons pas cet amendement, non pas parce que nous croyons que des statistiques de cet ordre ne seraient pas utiles, mais surtout parce qu'il donne au ministre de la Justice l'obligation de fournir des renseignements qu'il ne possède pas ou qu'il ne peut contrôler.
Nous continuerons d'explorer d'autres façons d'obtenir de telles données. Par contre, nous ne pouvons appuyer l'inclusion dans le Code criminel de l'obligation de rendre compte de renseignements dont le ministre fédéral de la Justice n'est pas responsable.
Le quatrième amendement crée le nouvel article 21.2. Cet article exige un examen approfondi des dispositions du Code criminel qui portent sur la langue du procès par un comité parlementaire. Je crois comprendre que le comité sénatorial a jugé qu'il était nécessaire d'ajouter cette disposition pour faire en sorte que la mise en oeuvre des nouvelles dispositions, ainsi que de l'ensemble de la partie XVII du Code criminel, soit examinée dans les trois ans suivant l'entrée en vigueur de cette disposition.
Bien que nous ne nous opposions pas à cet amendement, nous ne croyons pas que le Parlement ait absolument besoin de ce nouvel article pour examiner les dispositions du Code criminel qui portent sur la langue du procès et leur fonctionnement.
L'article 88 de la Loi sur les langues officielles prévoit précisément la création d'un comité de la Chambre, du Sénat ou mixte afin d'étudier l'administration de la loi. Il existe actuellement deux de ces comités et ils ont l'autorité d'étudier les dispositions du Code criminel sur la langue des procès.
Le cinquième amendement adopté par le Sénat apporte des changements correspondants à la disposition d'entrée en vigueur à l'article 46. Selon cet amendement, les nouveaux articles 21.1 et 21.2 entreront en vigueur de la même façon que les autres dispositions sur la langue des procès. Même si je m'oppose à la création du nouvel article 21.1, nous appuyons l'amendement à la disposition d'entrée en vigueur, car il ne vise pas directement l'article 21.1.
Finalement, le Sénat propose un sixième amendement visant la création d'un nouvel article 45.2 afin de coordonner deux séries de modifications contenues dans le projet de loi , Loi sur la lutte contre les crimes violents, et le projet de loi . Ces deux séries de modifications proposent des changements à la même disposition du Code criminel portant sur la conduite avec facultés affaiblies. Cet amendement est nécessaire et devrait recevoir notre appui.
J'invite tous les députés à appuyer les amendements nos 2, 4, 5 et 6, et à rejeter les amendements nos 1 et 3.
J'espère que les deux Chambres pourront s'entendre rapidement sur cette mesure législative très importante visant à améliorer bien d'autres aspects du système de justice pénale.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je dirai quelques mots au sujet du projet de loi . Ce projet de loi ressemble au projet de loi , que nous avons débattu auparavant.
Je suis peut-être une recrue, mais je me souviens bien du projet de loi . Nous étions favorables au projet de loi C-23, mais le gouvernement a alors décidé de dissoudre le Parlement. Ainsi, nous sommes en train de recommencer le débat sur la même chose sauf que le projet de loi a changé de numéro.
[Traduction]
D'entrée de jeu, il faut dire que le contexte est assez important. Le projet de loi est en réalité le projet de loi . Il contient de nombreux nouveaux aspects importants pour que le système de justice pénale canadien fonctionne plus équitablement et pour le moderniser. C'est pourquoi, en tant que membre de l'équipe libérale chargée du dossier de la justice et en tant que membre du Comité de la justice, j'avais fièrement donné mon appui à ce projet de loi pour qu'il soit adopté et qu'il reçoive la sanction royale.
Hélas, le et son équipe ont décidé qu'ils avaient peur de la question environnementale. Leur nouveau avait failli si lamentablement à la tâche de protéger l'environnement que les conservateurs ont dû saborder la session et remettre le compteur à zéro au Parlement. Ils avaient peur de deux ou trois projets de loi qui risquaient de changer les choses. C'est en raison de ce cafouillage que ce bon projet de loi sur la justice est mort au Feuilleton et a dû être présenté de nouveau.
Il y en a peut-être qui se demandent quelle différence cela peut bien faire, mais les gens qui s'intéressent au système de justice pénale comprennent toute l'importance de la question. Certains n'y attachent peut-être pas beaucoup d'importance, mais l'une des plus grandes réalisations du Parlement au cours de mes deux dernières années comme député aurait été de moderniser le système de justice pénale canadien et de le rendre plus efficace. On aurait haussé à 10 000 $ l'amende maximale pour une infraction punissable par voie de déclaration sommaire de culpabilité, amende qui est actuellement de 2 000 $.
Une amende de 2 000 $ est à la portée de bien des gens, mais une amende de 10 000 $ pour une infraction sérieuse punissable par voie de déclaration sommaire de culpabilité qui n'entraîne pas une peine d'emprisonnement constitue une peine beaucoup plus dissuasive dans le cas de crimes pour lesquels une amende est appropriée.
De nombreuses autres modifications législatives pourraient déjà être en vigueur au pays. Elles ont tout simplement été mises à la poubelle.
Les droits linguistiques sont très importants dans ma province, le Nouveau-Brunswick, qui est officiellement bilingue. Je représente la ville de Moncton, qui est officiellement bilingue. C'est le pain et le beurre des politiciens du Nouveau-Brunswick. J'ai été troublé d'entendre le secrétaire parlementaire changer de sujet et se mettre à parler du projet de loi , sur la lutte contre les crimes violents, lorsque je lui ai demandé pourquoi on n'avait pas mis le projet de loi en tête de liste pour le faire adopter, alors qu'il contenait de nombreuses dispositions visant à améliorer la prestation des services judiciaires dans les deux langues officielles.
Je voulais savoir pourquoi le projet de loi , sur lequel tout le monde s'entendait, avait été relégué derrière le projet de loi et, bien entendu, je voulais savoir pourquoi on avait fait mourir au Feuilleton le projet de loi C-2.
Pourquoi le a-t-il tué dans l'oeuf cet enfant chéri du programme conservateur en matière de justice? Craignait-il que d'autres projets de loi ne mettent au jour l'incompétence de ses propres ministres?
À mes yeux, c'est étonnant. En effet, ce programme comprenait le projet de loi , relatif aux peines minimales obligatoires, qui avait été amélioré au comité et adopté à la Chambre; le projet de loi , qui visait à moderniser les questions relatives à l'âge du consentement et à l'âge de protection, qui prévoyait pour la première fois une exemption de proximité d'âge rendant le projet de loi plus acceptable pour la protection des adolescents; le projet de loi , que Les mères contre l'alcool au volant réclament depuis longtemps, et le projet de loi , qui contenait des dispositions relatives à l'inversion du fardeau de la preuve pour les libérations sous caution et qui, en fait, codifiait l'interprétation existante de la loi par les juristes du pays, qui sont d'ailleurs des juristes exceptionnels.
J'ai répété cela pendant deux ans. J'ai l'impression que je viens d'arriver ici, mais me voici encore une fois à prendre la défense des juges et à dire qu'ils appliquaient les dispositions du projet de loi C-35 bien avant que nous n'en fassions une loi. Enfin, il y avait aussi le projet de loi , relatif aux délinquants dangereux.
Ce sont là les projets de lois dont nous étions saisis et qui auraient maintenant force de loi si le gouvernement n'avait pas lui-même sabordé son propre programme en matière de justice pénale.
À la lumière du vote conservateur sur la question de la peine de mort aujourd'hui, il ne faut pas se surprendre en constatant que les députés conservateurs aiment bien faire avorter les choses. Ils ont fait avorter leurs propres espoirs et leurs propres rêves en matière de justice pénale.
Cependant nous voulons maintenant faire adopter le projet de loi , qui est devenu le projet de loi . C'est un projet de loi important qui permettra d'améliorer certains aspects importants du système de justice pénale.
Je vais maintenant passer à ce qui est probablement l'enjeu le plus important pour un politicien du Nouveau-Brunswick, à savoir la langue de l'accusé. Je tiens à mettre en valeur ce que le projet de loi permettra de faire et ce qu'il a permis de faire dans le passé. Il est important de prendre note du contexte actuel.
À la demande de l'accusé, un juge ordonnera que ce dernier ait droit à une enquête préliminaire, une procédure préalable au procès, et à un procès devant un juge seul ou devant un juge et un jury parlant la langue officielle de l'accusé, quelle qu'elle soit.
Dans les cas où l'accusé ne parle ni anglais, ni français, un juge ordonnera que l'accusé ait droit à une enquête préliminaire ou à un procès devant un juge seul qui parle la langue officielle du Canada dans laquelle l'accusé est le plus à l'aise pour témoigner. La cour doit alors fournir des services d'interprétation. C'est ce que la loi prévoit actuellement.
Pour améliorer la situation, le projet de loi prévoit à l'article 18 du projet de loi original que, lorsque l'accusé comparaît en cour, le juge doit l'informer de ses droits relativement à la tenue d'un procès dans la langue officielle de son choix. À l'heure actuelle, le juge n'est tenu de le faire que lorsque l'accusé n'est pas représenté par un avocat.
Ce que le projet de loi permet de faire, une mesure que le projet de loi C-23 prévoyait déjà et sur laquelle nous étions d'accord, c'est d'éliminer la condition de la non-représentation pour que le juge doive informer l'accusé de ses droits à un procès dans la langue de son choix, qu'il soit représenté par un avocat ou non, puisqu'il s'agissait d'un obstacle fallacieux. C'était là un changement positif et cette obligation pour les juges de faire connaître à l'accusé ses droits en matière linguistique m'amène aux autres points que je voulais soulever.
Je sais que le député de est membre du Barreau. Il a de l'expérience à l'égard de certaines procédures pénales et je suis persuadé que, puisqu'il vient d'un milieu francophone, il sait combien il est important que le contrôleur des droits linguistiques dans ce contexte, c'est-à-dire le juge de la cour provinciale dans la plupart des cas, ait le devoir d'informer l'accusé de ses droit à l'égard de la tenue d'un procès dans la langue de son choix. Il est important de savoir que le juge le fait déjà.
Pour ce qui est de la tenue de l'enquête préliminaire et du procès dans les deux langues officielles, les articles 18 et 21 ont rendu la chose plus accessible. Ce projet de loi facilite la tenue de procès dans la langue officielle de l'accusé, soit le français ou l'anglais.
J'ajouterais de plus que ces amendements permettraient de faciliter la traduction des documents, et nous sommes en faveur de cela.
Je pense que le hic, c'est de savoir quoi faire avec les amendements qui ont été proposés par le Sénat. Mon collègue, le secrétaire parlementaire, a beaucoup parlé de certains des amendements, et j'aimerais contester sa position sur deux des amendements au sujet desquels nous pourrions discuter plus en détail.
[Français]
Nous savons que le but de ce projet de loi est de moderniser davantage le système pénal et de le rendre plus efficace. Cela est évident. Mon parti avait donné son appui au passage de ce projet de loi lorsqu'il a été présenté avant la prorogation. C'est le projet de loi auquel j'ai déjà fait référence, soit le projet de loi .
Avec la modernisation, il est aussi important que les droits de tous les Canadiens et Canadiennes soient respectés pour ce qui est de l'utilisation des langues officielles durant les procédures judiciaires.
[Traduction]
Les Canadiens, en particulier ceux qui sont dans un milieu linguistique minoritaire, savent qu'ils ont certains droits en vertu du Code criminel, mais c'est la responsabilité du gouvernement - et, à mon avis, également la nôtre en tant que législateurs - de faire en sorte que la portée de ces droits soit bien comprise et que le processus judiciaire ne soit pas retardé.
Le gouvernement a présenté son point de vue sur les droits linguistiques dans le projet de loi , à savoir que le juge de paix ou le juge de la cour serait seulement tenu de trouver une façon de s'assurer que les personnes accusées soient informées de leurs droits linguistiques. Cela ne suffit vraiment pas.
Un des amendements que nous avons proposés devrait être appuyé. Nous sommes en désaccord avec le gouvernement à ce sujet, du moins selon le discours du secrétaire parlementaire. Il est important de dire, d'entrée de jeu, que le juge a déjà la responsabilité d'aviser l'accusé de ses droits. Le libellé dit que le juge doit s'assurer que l'accusé connaisse cette option.
J'ai été témoin de nombreuses premières comparutions et je fais pleinement confiance aux juges pour aviser les accusés de leurs droits. C'est chose courante au Nouveau-Brunswick et dans tous les tribunaux dont le juge a été nommé par le gouvernement fédéral et où les langues officielles sont importantes.
L'amendement proposé par le Sénat garantirait que le gouvernement fédéral assume ses responsabilités en faisant en sorte que ses agents informent tout accusé de son droit d'être jugé dans la langue officielle qu'il comprend. Cet amendement ne fait qu'éliminer un intermédiaire dans l'administration de la justice. C'est le juge qui informerait l'accusé de ses droits.
Je ne pense pas que ce soit là un fardeau indu pour un juge. Des communications claires pendant des procédures judiciaires ne font que faciliter l'accès à la justice à toutes les personnes en cause. Cela s'inscrit dans la droite ligne de l'engagement de notre société démocratique en faveur d'un processus judiciaire opportun et il évite l'aspect de l'appel.
Je crois que le gouvernement souhaite avoir une loi efficace, mais je n'en suis parfois pas convaincu parce que certains projets de loi sont mal rédigés et trop rapidement adoptés uniquement pour faire les nouvelles à la télévision. En l'occurrence, si le gouvernement adoptait simplement l'amendement proposé par le Sénat, il pourrait avoir une politique linguistique efficace et juste au moyen du Code criminel.
Malheureusement, l'opposition ne peut pas appuyer l'autre amendement proposé par le Sénat, qui porte sur la production de rapports sur les demandes concernant les langues officielles. Nous ne pouvons pas l'appuyer parce qu'il exigerait que le produise un rapport sur la langue des audiences ou des témoignages dans les causes criminelles entendues dans tout le Canada.
Il est impossible que tous les procureurs généraux dans toutes les provinces et territoires aient les moyens voulus pour répondre à cette exigence d'uniformité dans la présentation de rapports. Comme le secrétaire parlementaire l'a si bien dit, cela ne relève pas du mandat du ministre. Je ne dis pas que le n'est pas compétent, je dis qu'il n'est pas compétent en droit pour faire ces rapports. Pour cela, nous nous rangeons du côté du gouvernement et nous opposons à cet amendement du Sénat.
Je comprends que le Sénat tient à ce qu'il soit rendu compte du respect des droits linguistiques, mais nous pouvons certainement faire un travail plus efficace si, pour cela, nous prévoyons le recours à d'autres ressources au sein de la collectivité.
Je connais des juristes de renom habitués à ne ménager aucun effort dans ma province.
[Français]
Il s'agit notamment de MM. Sacha D. Morisset et Christian Michaud, qui sont membres de l'Association des juristes d’expression française du Nouveau-Brunswick. Ces derniers font souvent la promotion des statistiques sur les questions de procès en langue française au Nouveau-Brunswick. Si l'on peut le faire au Nouveau-Brunswick, on peut le faire au Canada; j'en suis certain et je suis confiant à cet égard.
Enfin, nous n'appuyons pas cet amendement qui vient du Sénat.
[Traduction]
En somme, nous sommes ravis de voir cette importante mesure aller de l'avant. Nous sommes ravis de voir que le Sénat a pris le temps d'améliorer le projet de loi en recommandant que les juges, qui sont les gardiens au sein de notre système, aient le devoir d'informer les accusés de leurs droits linguistiques.
Un des fondements de cette collectivité et de notre pays est que les services sont offerts dans les deux langues officielles, à tout le moins lorsqu'il s'agit du Code criminel du Canada et du système de justice pénale.
En ce qui concerne cet amendement émanant du Sénat, j'invite les députés ministériels à se ranger à l'avis du Sénat ainsi que du Parti libéral et de son équipe chargée du dossier de la justice pour dire que cet amendement améliorera la situation et permettra un plus grand respect des droits linguistiques dans le cas qui nous occupe.
Je suis fier de déclarer que nous appuyons le projet de loi et un des amendements proposés par le Sénat, à savoir un des deux qui sont exclus de la liste du gouvernement dans la motion finale.
Je veux proposer l'amendement suivant. Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution des mots « accepte les amendements nos 2, 4, 5 et 6 » par les mots « accepte les amendements nos 1, 2, 4, 5 et 6 » et par suppression du paragraphe qui commence par les mots « rejette l'amendement no 1 ».
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Monsieur le Président, le député de est un membre exemplaire du Comité de la justice. Il travaille très fort pour que les intérêts de la justice soient servis. Qui plus est, il s'attache fortement à faire reconnaître sa région de notre beau pays.
Nous avons entendu les explications du , qui a dépensé plein d'argent pour découvrir que le Canada s'arrête aux Rocheuses. Je tiens à assurer aux Canadiens que le Canada s'étend d'est en ouest, et du sud au nord. Le Canada comprend la circonscription de . Le député a exprimé de nombreuses préoccupations au sujet des Autochtones.
Il a tout à fait raison. Le projet de loi , l'ancien projet de loi , aurait pu devenir exécutoire n'eût été de l'attitude et des mesures ridicules du gouvernement. Les conservateurs avaient tellement peur d'un projet de loi d'initiative parlementaire qu'ils ont jeté par la fenêtre tous les autres projets de loi, y compris une bonne mesure comme celle-là. C'est triste, lâche et ridicule.
Nous voici, des mois plus tard. La disposition qui reporte le prononcé de la peine afin de permettre au délinquant de participer à des programmes de traitement agréés par la province, lesquels existent déjà, aurait dû entrer en vigueur il y a longtemps. Le député de le sait.
Le député a aussi parlé des droits linguistiques des peuples autochtones. Notre démocratie évolue. Notre bilan en matière de droits linguistiques est assez bon, malgré les mesures luddites et rétrogrades du gouvernement, comme l'annulation du Programme de contestation judiciaire.
Notre bilan en matière de droits linguistiques et de bilinguisme — et je parle du français et de l'anglais — est assez bon. Toutefois, qu'en est-il des minorités au , dans les territoires nordiques de même que dans l'ensemble du pays?
Les conservateurs sont censés se préoccuper de l'Ouest canadien. Toutefois, beaucoup d'Autochtones, qui sont surreprésentés dans notre système de justice, ne peuvent être servis dans leur langue maternelle lors du prononcé des peines.
La situation n'a pas évolué parce que le gouvernement ne se soucie que des 30 p. 100 environ de citoyens qu'il représente, proportion qui va en diminuant. Les conservateurs se fichent des autres Canadiens qui parlent une autre langue s'il ne font pas partie de leur base électorale. S'il se sent agacé par un petit projet de loi d'initiative parlementaire, le gouvernement jette tous les projets de loi à la poubelle, ce qui ne rend pas service au pays. Les conservateurs devraient avoir honte.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir sur le projet de loi qui est assez technique. Il concerne la langue des jurys, les procédures de signification et également, la dimension qui nous intéresse le plus, toute la question des langues officielles et du déroulement des procès dans l'une ou l'autre de ces langues officielles. Par conséquent, il concerne la question de l'accès à la justice pour des groupes minoritaires.
Au total, nous appuyons ce projet de loi et nous sommes favorables à l'amendement déposé par nos collègues libéraux. Si j'ai bien compris, cet amendement reconnaît clairement la responsabilité d'un juge de signifier à des gens qui sont devant lui dans une cour de justice, des gens qui vont subir un procès, — qu'ils soient des accusés ou non —, leur droit d'obtenir un procès dans l'une ou l'autre des langues officielles, plus évidemment celle de leur choix. Ainsi, on s'assure que la justice pourra suivre son cours.
Dans les grandes lignes, j'aimerais rappeler qu'initialement, le projet de loi proposait qu'un accusé qui ne parle pas la même langue que la majorité d'un groupe d'accusés ne soit pas pénalisé. Il suggérait également qu'il soit possible pour un juge ou le coordonnateur en chef de la cour de s'assurer que la personne coaccusée qui ne parle pas la même langue que la majorité pourra être entendue par un juge bilingue ou qu'il pourra y avoir un procès séparé. Cela fait partie des garanties constitutionnelles offertes. C'est également dans le Code criminel et cela fait partie des éléments dont on doit se soucier comme parlementaires, à savoir que les gens puissent avoir accès à la justice dans leur langue maternelle.
Par exemple, pour les francophones hors Québec qui ont à subir des procès — particulièrement lorsqu'il est question de procès avec de multiples accusations, où il y a plusieurs accusés en même temps —, on sait bien qu'il y a un risque qu'ils puissent être assimilés à la règle de la majorité, ce qui n'est évidemment pas souhaitable. D'ailleurs, en comité, le Barreau s'était inquiété qu'il puisse y avoir un déni de justice pour des groupes minoritaires à l'un ou l'autre des moments des procès ainsi qu'on les connaît.
De plus, en matière de droit linguistique,on sait que le droit actuel prévoit que, sur demande de l'accusé, un juge ordonnera que l'accusé subisse son enquête préliminaire. On se rappelle tous que l'enquête préliminaire est l'étape avant le procès qui permet aux juges d'apprécier la preuve que la Couronne détient et, donc, de renvoyer un individu à procès. Il s'agit donc d'une étape très importante. Le droit actuel prévoit que, sur demande de l'accusé, un juge ordonnera que l'accusé subisse son enquête préliminaire et son procès devant un juge seul ou un jury qui parle la langue officielle de l'accusé. On ajoute donc toujours ce souci voulant que personne ne soit dans une situation de langue minoritaire et ne puisse pas avoir une connaissance de la preuve et des procédures, et ne puisse interagir avec les officiers judiciaires et la magistrature, de sorte qu'on ait la possibilité d'ordonner un procès dans la langue de l'accusé.
Je veux également rappeler qu'il existe des préoccupations semblables pour toute la question des documents judiciaires. Lorsque l'accusé demande de subir son procès dans la langue officielle de son choix, conformément à l'article 19 du projet de loi, le ministère public a l'obligation de faire traduire dans la langue officielle de l'accusé ou la langue qu'il comprend le plus facilement les documents contenant les chefs d'accusation, la dénonciation et l'acte d'accusation. Après avoir fait l'objet d'une traduction, si cela peut faciliter la meilleure compréhension de l'accusé, tout cela doit être remis à ce dernier.
Il y a également des modifications qui ont été apportées au sujet de l'interrogatoire, du contre-interrogatoire et de l'enquête préliminaire. J'ai déjà mentionné que l'enquête préliminaire est un moment important, puisque c'est à cette étape que la Couronne doit faire connaître sa preuve. On saura à ce moment-là s'il y a, oui ou non, suffisamment de preuves pour déférer quelqu'un à un procès.
Lors de l'enquête préliminaire ou du procès, il faut noter que les témoins peuvent utiliser l'une ou l'autre des langues officielles. D'ailleurs, le paragraphe 20(2) du projet de loi permet au poursuivant, sur autorisation du juge et si les circonstances le justifient, d'interroger et de contre-interroger un témoin dans la langue officielle de ce dernier.
Prenons le cas d'un accusé francophone. Prenons l'exemple de la députée de , une francophone, qui serait accusée — mettons les choses au pire — d'avoir tué son mari. Elle se retrouve dans un procès et une personne l'a vu tuer son mari, M. Lemieux, qui lui a donné plus de 20 ans de sa vie, un homme directement candidat à la sainteté. Si la personne qui l'a vue tuer son mari est une anglophone, elle sera citée devant la cour en tant que témoin. Toutefois, le poursuivant, le procureur de la Couronne, lui, est bilingue. On peut se poser la question à savoir dans quelle langue se poursuivra l'interrogatoire. Grâce aux amendements au projet de loi , il sera possible que la personne qui mène l'interrogatoire, même si elle parle une langue différente de celle de l'accusée, puisse communiquer directement avec le témoin pour éviter d'avoir recours aux interprètes. Donc la députée de Québec, une francophone, tue son mari; un témoin anglophone est cité à comparaître et le procureur général qui dépose la poursuite est lui même bilingue. Le contre-interrogatoire pourra se faire dans la langue du témoin. J'ai donné l'exemple de ma collègue de , mais on comprendra tout le caractère fictif de cet exemple tant la députée de est une femme conciliante à qui on ne connaît pas d'excès, qui est totalement distante par rapport à la colère et qui a une totale maîtrise d'elle-même.
Cela étant dit, je dirai quelques mots au sujet des amendements que le Sénat ou l'autre Chambre a proposés.
Selon moi, — c'était le voeu du Sénat et c'est le voeu de l'opposition libérale —, il est souhaitable que le juge puisse lui-même s'assurer que la personne qui comparaît devant lui, autant à l'étape de l'enquête préliminaire qu'au moment du procès sur le fond, soit bien au courant de ses prérogatives en matière linguistique et du droit de demander un procès dans l'une ou l'autre des langues officielles. Lorsqu'il est question de coaccusation, il peut même demander un procès séparé lorsque c'est nécessaire.
Évidemment, il y a beaucoup de gens au niveau des procédures qui peuvent informer l'accusé que ses prérogatives linguistiques doivent être respectées. Il y a le procureur et l'avocat de la personne, entre autres. À mon avis, c'est un élément de sagesse de pouvoir s'assurer que le juge puisse le faire.
Les sénateurs, nos collègues de l'autre Chambre, ont également demandé qu'il y ait une révision de la loi dans 3 ans. Qu'il y ait donc un mécanisme de révision, ce qui est, je pense, assez fréquent maintenant dans nos projets de loi .
Bien sûr, le Bloc québécois appuie cet amendement. Il y différentes dispositions de concordance qui ont été soumises par le Sénat, particulièrement concernant le projet de loi . Ce dernier est un projet de loi omnibus que le gouvernement a déposé. On m'a dit d'ailleurs qu'il y avait un peu de retard au Sénat, ce qui a provoqué la colère du secrétaire parlementaire. Je rappelle que le projet de loi résulte de la fusion de cinq projets de loi antérieurs, soit le projet de loi , le projet de loi , le projet de loi sur les délinquants dangereux, le projet de loi sur le renversement du fardeau de la preuve à l'étape de la comparution pour remise en liberté par voie judiciaire et un projet de loi qui concernait la conduite avec facultés affaiblies et les nouvelles accusations qui pouvaient être portées.
Le projet de loi a donc une incidence sur le projet de loi , et le Sénat a déposé des amendements de concordance.
Évidemment, le Bloc québécois appuie le projet de loi et les amendements déposés par l'opposition libérale. Toutefois, je ne peux clore ma présentation sans parler du Programme de contestation judiciaire.
Quelle n'est pas cette tristesse qui doit animer tous les parlementaires de voir que ce gouvernement a posé un geste d'insensibilité. Je me serais attendu à ce que le joigne sa voix à celle du Bloc québécois pour défendre les minorités francophones. Je crois qu'il a été responsable de ce dossier alors qu'il faisait partie du Cabinet de Mike Harris. Bien que Mike Harris ne se soit pas illustré comme un homme des plus progressistes dans les annales parlementaires, je croyais que le voulait mettre en oeuvre cet adage philosophique selon lequel le milieu est la vertu. Or, comment peut-on être solidaire de l'abolition du Programme de contestation judiciaire et ainsi s'éloigner du milieu et de la vertu?
Comme on le sait, le Bloc québécois est une opposition extrêmement responsable. C'est d'ailleurs la première force politique au Québec, et il le demeurera si tel est le voeu de la population. Le Bloc québécois a donc déposé un amendement au Comité permanent du patrimoine canadien et au Comité permanent de la justice et des droits de la personne pour ressusciter le Programme de contestation judiciaire. Malheureusement, la réponse des conservateurs nous a déçus. En effet, on ne peut plus qualifier les conservateurs de progressistes. Il est tout de même assez significatif qu'ils aient castré le mot « progressiste » de leur dénomination.
Le Bloc québécois a déposé un amendement à chacun de ces comités. On sait bien que, n'eût été du Programme de contestation judiciaire, le fait français à l'extérieur du Québec, pour lequel nos ancêtres se sont battus, ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. À propos de ce fait français, le doit faire entendre sa voix au Cabinet.
On dit effectivement que le fait partie de l'aile progressiste du Cabinet. Comment a-t-il pu être solidaire de cette décision? Je devrai en informer le député de , parce que je crois que ce dernier a un peu d'influence auprès de cet homme. Je crois que le député de Rosemont—La Petite-Patrie se devra de faire comprendre au ministre de l'Environnement qu'il a manqué à ses responsabilités en ne brisant pas la ligne de parti et en laissant ainsi les francophones hors Québec être privés d'un outil extrêmement important.
Pourquoi est-ce important? Prenons l'exemple des conseils scolaires. Au Québec, nous appelons cela des commissions scolaires, mais à l'extérieur du Québec, il s'agit de conseils scolaires. Les gouvernements n'ont pas toujours spontanément le réflexe de donner une dotation de ressources et de nantir les francophones, dans certaines communautés, dans toutes les institutions, de l'Île-du-Prince-Édouard à l'Alberta, en passant par la Saskatchewan. Grâce au Programme de contestation judiciaire, avec des fonds publics, on a pu contester devant les tribunaux. La cause s'est même rendue jusqu'à la Cour suprême du Canada et on a forcé l'établissement de conseils scolaires dans les communautés francophones hors Québec, qui sont bien sûr minoritaires.
Quelle n'est pas cette logique aberrante, pour ne pas dire stupide, du gouvernement qui prétend ne jamais adopter ou déposer de lois inconstitutionnelles. Eh bien, je siège en cette Chambre depuis 14 ans et j'ai vu à répétition des lois et règlements être contestés et invalidés. Rappelons-nous que le règlement sur le tabac, par exemple, a été invalidé par la Cour suprême. Plusieurs décisions rendues ont donc été invalidées. Il n'est pas seulement question d'invalider des lois, mais d'en faire reconnaître de nouvelles.
Par exemple, Michael Hendricks, un citoyen de Montréal, a bénéficié du Programme de contestation judiciaire pour faire reconnaître les conjoints de même sexe.
Aujourd'hui, les personnes d'orientation homosexuelle peuvent se marier, convoler en justes noces et connaître les joies du mariage — quelquefois aussi, les affres du divorce, bien sûr. N'eût été de Michael Hendricks et de son conjoint, René Leboeuf, on n'aurait jamais évolué aussi rapidement vers la pleine reconnaissance des droits pour la communauté homosexuelle et lesbienne. Vous voyez donc que le Programme de contestation de judiciaire a servi pour les communautés francophones hors Québec ainsi que pour les personnes d'orientation homosexuelle.
Lorsqu'on fera le bilan du gouvernement conservateur, il sera inscrit à son passif qu'il a fait preuve d'insensibilité. Je dois me désoler du fait que personne au caucus des conservateurs du Québec n'a senti le besoin de prendre la défense des francophones hors Québec. D'ailleurs, je dis « francophones hors Québec », mais rien dans le Programme de contestation judiciaire ne disqualifiait a priori la minorité anglophone de s'en prévaloir. C'est certain que l'on me dira: de longue date, l'Assemblée nationale s'est assurée de respecter la minorité anglophone du Québec. Dans son projet, avant le référendum de 1995, Jacques Parizeau disait qu'elle était une minorité fondatrice du Québec.
Nous reconnaissions et nous reconnaissons toujours des droits constitutionnels pour les anglophones du Québec. Par exemple, ils ont accès à des institutions de la maternelle à l'université. Même si, officiellement, le Québec n'est pas une province bilingue, il existe toute une panoplie de programmes et de mesures disponibles pour les anglophones hors Québec.
Valéry, un personnage qui s'est fait connaître dans l'histoire, disait que l'on reconnaît la grandeur d'une civilisation à la façon dont elle traite ses minorités. Bien sûr, au Québec, on a toutes les raisons d'être fiers de la façon dont nous avons traité la minorité anglophone. On a d'ailleurs cette même fierté quant à la façon dont on a traité les communautés autochtones. On sait bien que c'est M. René Lévesque qui a reconnu les communautés autochtones. Des langues vernaculaires sont encore utilisées par les Autochtones, et des mécanismes entretenus par l'État leur permettent de se faire valoir comme nations fondatrices du Québec.
En résumé, nous appuyons ce projet de loi. En effet, il est question de détails techniques dans un certain nombre de cas, mais sur le plan des droits linguistiques, nous croyons que c'est un bon projet de loi, particulièrement en ce qui concerne le droit des coaccusés d'avoir un procès dans la langue minoritaire, pourvu que ce soit une langue officielle. Nous appuyons aussi l'amendement des libéraux qui accordera une responsabilité à un juge de procès ou d'une enquête préliminaire, à savoir de reconnaître et faire connaître les droits des personnes lorsqu'elles sont devant lui.
De plus, nous condamnons le gouvernement conservateur pour son insensibilité à l'endroit des communautés minoritaires. Nous espérons que d'ici aux prochaines élections, le gouvernement aura un sursaut de conscience et de lucidité, et qu'il rétablira le Programme de contestation judiciaire.
J'espère finalement que le va se lever et me poser une question.
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Monsieur le Président, comme les députés le savent, le thème de cette semaine est l'échec du programme du gouvernement conservateur en matière de lutte contre la criminalité, ce qui rend le gouvernement très tendre envers les criminels.
Je sais que le député est un membre très actif du Comité de la justice. Même s'il les connaît déjà, je vais énumérer rapidement neuf exemples de l'échec des conservateurs en matière de lutte contre la criminalité.
Premièrement, le comité a appris que les conservateurs ne suivent pas les recommandations du ministère de la Justice.
Deuxièmement, de nombreux experts ont montré aux conservateurs comment durcir le ton face aux criminels, mais ils sont allés totalement à l'encontre de leurs recommandations et ont refusé de retirer leurs mauvais projets de loi.
Troisièmement, ils ont refusé d'appuyer le programme de contestation judiciaire, ce qui aurait été une façon de durcir le ton envers les criminels.
Quatrièmement, ils ont refusé d'appuyer la réforme du droit et l'amélioration des lois par l'entremise de la Commission de réforme du droit, ce qui aurait été une autre façon de durcir le ton envers les criminels.
Cinquièmement et sixièmement, en tentant de supprimer les peines autres que l'emprisonnement et les mesures de justice réparatrice, deux outils efficaces de réduction de la criminalité, ils ont été tendres à l'endroit des criminels.
Septièmement, leurs projets de lois sont terriblement mal rédigés. Un projet de loi ne contenait que sept mots. Les députés se souviennent que l'étude de ce projet de loi a duré un an parce qu'il était mal foutu et parce que les conservateurs n'ont pas mené de consultations.
La semaine dernière, la CBC a diffusé une excellente émission sur nos prisons. Il est possible de prendre des mesures strictes dans les prisons pour lutter contre la récidive, mais les prisons n'offrent pas de cours de formation ou d'ateliers sur la maîtrise de la colère.
Huitièmement, les conservateurs n'ont rien fait pour réduire la concentration démesurée d'Autochtones dans le système de justice, une autre façon pour eux d'être tendres à l'endroit des criminels.
Et enfin, les conservateurs ont prorogé le Parlement. De quel ministère provient la majorité des projets de loi? Du ministère de la Justice. Encore une fois, ils sont tendres à l'endroit des criminels.
Le député pourrait nous parler de bon nombre de façons d'améliorer le programme du gouvernement afin de réellement réduire la criminalité au Canada.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui avec des sentiments partagés. D'une part, j'ai presque hâte que le débat sur le projet de loi me donne l'occasion d'attaquer le gouvernement et l'autre endroit pour inconduite, si je puis m'exprimer ainsi. Voilà pour l'émotion qui fouette mon adrénaline.
D'autre part, je ressens un regret considérable du fait que le projet de loi et sa version antérieure, le projet de loi , auraient absolument dû être adoptés au lieu d'être utilisés comme outils politiques comme le font actuellement le gouvernement et le Sénat.
Pour faire une rétrospective de cette mesure législative, je mentionne qu'elle a d'abord été présentée à la Chambre par le gouvernement en 2006. Elle a ensuite été renvoyée au Comité de la justice qui y a apporté de nombreux amendements qui l'ont améliorée. Cette mesure traite de questions sensibles dans de nombreux secteurs, notamment la police, les procureurs et le système judiciaire, dans le but d'administrer de façon plus efficiente le système de justice pénale.
Bon nombre des changements apportés s'imposaient depuis un certain temps. Le gouvernement libéral qui a précédé l'actuel gouvernement conservateur, a négligé nombre de problèmes dont certains remontent à deux décennies et doivent être réglés. Pendant cette période, les services policiers, les procureurs et le système judiciaire ont réclamé de tels changements, mais le gouvernement n'a pas donné suite à ces demandes.
Quand les conservateurs sont arrivés au pouvoir, ils ont regroupé nombre de ces changements dans un seul projet de loi qu'ils ont envoyé au Comité de la justice. Nous y avons apporté de nouveaux amendements qui l'ont encore amélioré et nous l'avons renvoyé à la Chambre qui l'a adopté avec l'appui de tous les partis. Il a ensuite été envoyé au Sénat à peu près au moment où le gouvernement a décidé de proroger le Parlement parce que le programme législatif n'était pas assez chargé et qu'il ne savait pas quoi faire à la rentrée de l'automne 2007. Du fait de la prorogation, le projet de loi est mort au Feuilleton au Sénat et a dû être présenté de nouveau.
À la session de l'automne 2007, il est revenu sous le numéro . Il n'a pas été renvoyé au Comité de la justice. La Chambre l'a simplement adopté et l'a renvoyé au Sénat parce qu'elle avait déjà fait le travail qu'elle souhaitait faire.
Que s'est-il passé? Le Sénat, cet organisme non élu, non responsable et qui ne rend de comptes à personne, a décidé d'intervenir.
Continuez. J'aime ce que vous dites.
Le ministre de l'Environnement veut que je poursuive. La réalité, c'est que son gouvernement a donné au Sénat la possibilité d'agir de la sorte. Le gouvernement n'arrête pas d'attaquer le Sénat, mais il lui donne constamment la possibilité d'agir de cette manière. S'il voulait vraiment s'occuper du Sénat, il ferait ce que le NPD demande depuis des décennies maintenant et l'abolirait afin que nous n'ayons pas à supporter ce genre de retard dans l'adoption de projets de loi dont notre pays a tellement besoin.
Examinons certains des éléments du projet de loi. Le gouvernement parle de rendre la vie plus dure aux criminels. Il y a un article dont les juges ont réellement besoin afin de pouvoir s'attaquer au problème de la pornographie juvénile. Actuellement, le Code criminel n'a pas de disposition qui permettrait à un juge, une fois qu'une personne a été reconnue coupable de pornographie juvénile, de saisir l'équipement que la personne a utilisé à des fins de pornographie juvénile, que ce soit du matériel photographique ou informatique. On ne peut pas en ordonner la saisie par un tribunal après la condamnation.
Cette disposition est dans le projet de loi maintenant, mais elle devrait déjà avoir force de loi. Toutefois, à cause de la décision du gouvernement de proroger le Parlement et de retarder davantage l'adoption de certains des projets de loi sur la criminalité, plus particulièrement celui-ci, cela ne s'est pas encore produit. La situation est aggravée par le Sénat, qui fait preuve d'une grande irresponsabilité en retardant le projet de loi encore plus. Le gouvernement a donné au Sénat la possibilité d'agir de la sorte et le Sénat a sauté sur l'occasion de retarder l'adoption du projet de loi. Il est vraiment triste de voir où en est notre système de justice pénale.
Le projet de loi contient des dispositions qui permettraient d'utiliser les technologies d'aujourd'hui pour obtenir rapidement des mandats et pour accélérer le traitement d'autres documents administratifs ainsi que leur transmission entre les provinces. Nous avons depuis longtemps un problème de taille à cet égard. Les documents doivent être produits en très peu de temps selon des règles très précises et l'énorme fardeau administratif nuit grandement au travail des policiers partout au pays.
Un certain nombre de modifications aideront à réduire ce fardeau et à rendre les pratiques conformes au XXIe siècle. Elles permettront aux agents de police de produire des documents en se servant d'ordinateurs et de courriels. Ils n'auront plus à se servir de matériel imprimé devant être envoyé par la poste ou par messager. Il est ridicule que nous en soyons là; ces changements auraient dû être apportés il y a longtemps.
Nous avons fait le ménage de sorte qu'il est maintenant possible d'utiliser les technologies du XXIe siècle beaucoup plus efficacement et de traiter les dossiers plus efficacement aussi. Ce projet de loi est à l'étude ici. J'imagine qu'il faudra quelqu'un avec beaucoup plus de vision que moi pour déterminer s'il sera renvoyé au Sénat et si ce dernier décidera d'apporter d'autres amendements.
D'autres dispositions apportent des précisions législatives qui étaient nécessaires. Comme l'a dit mon collègue du Bloc, certaines dispositions concernent le droit d'avoir un procès dans la langue officielle qui n'est pas la langue officielle dominante dans la province où les accusations sont portées. Le comité a apporté de bons amendements à ce sujet et ils ont été soumis au Sénat. Ce dernier a maintenant décidé d'apporter d'autres amendements et de retarder l'application de ces dispositions.
Mon collègue libéral a parlé d'un autre amendement qui concerne la nécessité de mettre à jour le montant des amendes. Le gouvernement a proposé une disposition qui permettrait d'augmenter les amendes, et ce jusqu'à concurrence de 10 000 $. Pour ma part, j'ai présenté un amendement qui ramènerait de 5 000 $ à 2 000 $ les amendes prévues pour des crimes mineurs. Il s'agit de crimes qui sont plus susceptibles d'être commis par des gens qui ne pourraient pas payer une amende de 10 000 $ et qui finiraient derrière les barreaux pour un certain temps simplement parce qu'ils font partie des classes économiques inférieures de la société.
Nous avons réussi à faire adopter tout cela au Comité de la justice, qui a fait beaucoup de travail sur ce projet de loi. Il est ensuite revenu à la Chambre, où il a été adopté à l'issu d'un processus démocratique, avant d'être envoyé au Sénat, où il a été soumis à un processus totalement antidémocratique.
Le Sénat a proposé six amendements. Le gouvernement est prêt à les accepter tous, ce qui serait une erreur. Je dois dire, au nom de mon parti, que le projet de loi est à ce point essentiel que nous allons appuyer les quatre amendements recommandés par le gouvernement ainsi que le cinquième, qui a été proposé par le Parti libéral. Nous aurions aussi appuyé le sixième, parce que, d'une part, ces amendements sont généralement insignifiants et que, d'autre part, nous aurions ainsi éviter de retarder davantage l'adoption du projet de loi.
Le Sénat a senti qu'il avait le droit de dire à la Chambre qu'elle devrait s'engager à examiner cette loi, sans égard au fait que le Comité de la justice a déjà entre les mains, aux dernières nouvelles, entre 20 et 25 lois qu'il n'a pas encore eu le temps d'examiner.
Le mandat qui nous a été imposé et que le gouvernement a accepté, à savoir l'obligation d'examiner cette loi dans trois ans, est impossible à respecter. Nous ne serons pas en mesure de le faire parce que le Comité de la justice est débordé. Cela n'a pas empêché le gouvernement d'accepter cet amendement.
L'amendement no1 imposerait une responsabilité aux juges. Les autres partis de l'opposition disent qu'ils sont prêts à accepter cela. Pour ma part, je ne pense pas que les juges devraient appliquer ce processus.
Selon la loi existante, le juge doit s'assurer que les personnes qui se trouvent devant lui sont conscientes de leur droit d'obtenir un procès dans l'autre langue officielle. Le Sénat dit maintenant que ce n'est pas assez et veut imposer à la magistrature le devoir d'expliquer aux gens quels sont leurs droits.
Je voudrais dire un mot à l'intention de mon collègue du Parti libéral, qui a affirmé que c'était normal. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas le rôle du juge. C'est plutôt le rôle de l'avocat de la défense, du système d'aide juridique ou peut-être du procureur. Le rôle du juge est de veiller à ce que ce soit fait, mais il ne revient pas au juge de donner des avis juridiques.
L'amendement no 1 proposé par le Sénat imposerait ce devoir à la magistrature. Il est extrêmement rare que le juge précise au requérant quels sont ses droits. C'est un rôle qui revient à l'avocat de la défense ou au procureur. Cet amendement est mal fondé en droit et il est erroné à cause de la pratique qu'il imposerait à la magistrature. Par-dessus le marché, c'est un amendement proposé par un corps non élu et non responsable qui fait de l'ingérence.
Une partie des autres amendements issus du Sénat sont d'ordre technique et découlent des amendements initiaux faits par lui. D'autres amendements encore devaient être apportés au projet de loi pour en assurer la cohérence.
J'ai un dernier argument à présenter au sujet de l'amendement auquel nous nous opposons tous, je crois. Cet argument imposerait aux provinces l'obligation de recueillir des données. En vertu de notre cadre constitutionnel, l'administration de la justice, qui comprendrait la collecte de l'information à des fins statistiques, relève des provinces. Si cette obligation doit être imposée, ce sont les assemblées législatives des provinces qui devraient s'en charger, et non le Parlement fédéral. Je ne sais pas si le ministère de la Justice a vraiment examiné l'amendement sous cet angle, mais il est certainement mal venu, selon moi, compte tenu des relations entre le gouvernement fédéral et les provinces qui sont définies dans la Constitution.
On pourrait dire qu'en vertu du droit pénal canadien, le Parlement fédéral peut imposer cette responsabilité aux provinces, mais je ne pense pas qu'un tel argument puisse résister à l'analyse. Le pouvoir d'administration de la justice conféré aux provinces est le principe dominant dans les circonstances, alors cet amendement est une erreur et serait déclaré inconstitutionnel.
En raison de son incompétence, le gouvernement a retardé encore l'adoption d'une mesure législative dont nous avons grandement besoin et qui aurait une incidence sur plusieurs lois qui devraient avoir été modifiées depuis des décennies. Il a retardé de plusieurs mois son adoption en décidant d'une prorogation. La mesure législative a fini par aboutir au Sénat, où des gens non élus ont décidé de la remanier inutilement et proposent des amendements qui sont soit inconstitutionnels, soit inutiles ou mineurs. Toutefois, cela ne justifie d'aucune façon le retard qu'on nous a imposé et qu'on continuera de nous imposer, surtout si des élections sont déclenchées. Nous savons tous que nous nous déplaçons sur le fil du rasoir.
Donc, en raison d'une décision vraiment mauvaise de la part du gouvernement et de l'inconduite flagrante de l'autre assemblée, le projet de loi pourrait ne pas franchir toutes les étapes au Parlement et être retardé encore une fois, non seulement de quelques mois, mais encore d'une année ou deux, avant que nous puissions profiter des avantages qu'il offre.
Il s'agit d'un projet de loi dont nous avons grandement besoin dans plusieurs domaines. Nous avons aussi affaire à une assemblée non élue qui, à l'évidence, a l'intention de faire de l'ingérence et de retarder cette mesure législative simplement pour justifier son existence.
Depuis fort longtemps, des porte-parole de mon parti se lèvent à la Chambre pour souligner la nécessité de se débarrasser de l'autre Chambre, d'entrer au XXIe siècle, de reconnaître que nous vivons dans un pays démocratique, qui devrait être entièrement démocratique. J'espère que j'ai pu transmettre clairement ce message aujourd'hui au nom de mes électeurs et de mon parti.
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Monsieur le Président, je me réjouis de participer au débat sur le projet de loi . Sous sa forme originale, ce projet de loi a été adopté par la Chambre des communes en octobre 2007. Il a été renvoyé au Sénat et celui-ci a proposé certains amendements concernant surtout l'examen de la loi et divers mécanismes d'établissement de rapports visant à déterminer si elle fonctionne tel que prévu.
Mes collègues, le député de et la députée de , ont été les premiers à parler du projet de loi. Je ne suis donc pas ici pour débattre de l'ensemble du projet de loi. Celui-ci porte sur certains mécanismes du système de justice. En général, il améliore le Code criminel du point de vue de la procédure pénale, de la langue des accusés, de l'établissement des peines, et ainsi de suite. Certains des amendements rendent certaines procédures plus efficaces grâce à l'utilisation accrue de la technologie et à la consolidation et à la rationalisation des dispositions existantes.
Si je prends aujourd'hui la parole, c'est pour remettre en question une ou deux dispositions du projet de loi. Il me semble qu'en tant que législateurs, si nous adoptons des lois, celles-ci devraient être pratiques, pertinentes, applicables et jouir de l'appui de la population. Dans certains cas, il n'est pas toujours possible de respecter ce dernier critère. Parfois, les gouvernements doivent prendre certaines mesures que les citoyens n'apprécient guère. En général, pour être efficaces, les lois doivent cependant être applicables et appliquées. Autrement, la population perd tout respect et toute confiance à l'égard du Code criminel.
Je vais parler en particulier de la question des paris sur Internet. L'hippodrome de Woodbine est situé dans ma circonscription, Etobicoke-Nord. C'est l'hippodrome d'envergure nationale pour les courses de chevaux, pur-sang et standardbreds. Il est exploité à l'année. Il a accueilli le Queen's Plate et la North America Cup. Il est le moteur d'une intense activité économique dans Etobicoke-Nord.
Le projet de développement d'un terrain de deux ou trois cents acres à proximité de Woodbine portera le nom de Woodbine Live. Il comprendra des aires de divertissement, des hôtels, des boutiques et autres attractions. Ce projet permettra la création de nombreux emplois et favorisera l'activité économique dans Etobicoke-Nord. Je sais que le groupe Woodbine Entertainment est impatient d'engager des travailleurs locaux pour la construction et l'exploitation du projet Woodbine Live. Il s'y est engagé, tout comme moi-même.
Le fait est que les hippodromes sont légaux. Le Woodbine Entertainment Group était le Jockey Club avant d'avoir été renommé il y a quelques années. Ce groupe et moi sommes assez mécontents de la croissance des paris illégaux sur Internet, lesquels prennent des parts de marché aux jeux organisés légalement dans les hippodromes. Nous avons des lois qui interdisent certains aspects des activités menées à l'heure actuelle à grande échelle.
Permettez-moi de parler de certaines des dispositions du projet de loi . Celui-ci modifierait certaines dispositions du Code criminel qui concernent les paris illégaux sur Internet. Il clarifierait les activités qui sont illégales, ce qui est une bonne chose. Cependant, il faut que la loi soit appliquée par les organismes chargées de son application, ou bien il faut uniformiser les règles du jeu en permettant à des organisations comme le Woodbine Entertainment Group de se lancer dans le monde des paris sur Internet, ce qu'il ferait volontiers.
À l'heure actuelle, le Woodbine Entertainment Group mène ses activités aux termes d'une licence émise par la province; or,comme les jeux sur Internet sont généralement illégaux, le groupe se refuse à entreprendre des activités illégales. S'il menait de telles activités, il risquerait de perdre sa licence.
Le groupe Woodbine est dans une impasse. Il perd des parts de marché à cause d'une activité qui est illégale au Canada, mais les lois ne sont pas appliquées. Cependant, parce que sa licence est assortie de conditions strictes et qu'il respecte la loi, il est incapable de se lancer dans le monde des paris sur Internet.
Une des solutions possibles serait d'assouplir les restrictions imposées au groupe Woodbine relativement aux paris sur Internet. Honnêtement, je ne pense pas que la pratique disparaîtra.
Nous pouvons réglementer ce genre d'activités à mort. Nous pouvons faire adopter des lois, mais la GRC et la police provinciale de l'Ontario n'appliquent pas ces dispositions. En toute justice pour eux, s'ils s'attaquent aux trafiquants de drogue, aux terroristes, aux immigrants illégaux et aux autres criminels, il va donc de soi que les paris sur Internet ne sont pas une de leurs priorités.
D'un côté, je peux le comprendre, mais d'un autre, je me dis que si des lois sont en vigueur, nous devrions soit les appliquer, soit les éliminer. Autrement, nous encourageons les gens à enfreindre le Code criminel du Canada.
Permettez-moi de faire le survol de la situation. Au Canada, il est illégal de faire de la publicité sur les casinos Internet, y compris les loteries étrangères. Seules les provinces ont le droit de faire de la publicité sur le jeu.
Nous savons tous qu'il y a toutes sortes de loteries au Canada. La publicité sur ces loteries est légale, parce que ce sont les provinces qui la font. Au Canada, les gouvernements provinciaux ont le droit d'exploiter, de gérer et de promouvoir des loteries informatisées telles que le jeu sur Internet, mais ils ne peuvent délivrer de licences à cet égard.
La Partie VII du Code criminel interdit de façon générale le jeu au Canada, mais elle prévoit des exceptions. Figurent parmi ces exceptions des activités liées au jeu pouvant être menées en vertu d'une licence délivrée par une province. Les gouvernement provinciaux peuvent exploiter et gérer toutes sortes de loteries. Les courses de chevaux et les activités de jeu connexes gérées par le Woodbine Entertainment Group à l'hippodrome de Woodbine sont autorisées par la province, le titulaire de ce groupe détenant une licence provinciale, et elles constituent des activités de jeu légales.
Permettez-moi de dire aux députés quelles sont les activités qui se multiplient de façon exponentielle et qui ont des répercussions négatives sur les hippodromes d'un bout à l'autre du Canada.
Depuis plusieurs années, il est illégal d'exploiter des sites de jeu sur Internet au Canada. Toutefois, cela n'empêche pas nombre de sociétés étrangères de solliciter des paris auprès de Canadiens. Ces sociétés sont devenues très audacieuses, à telle enseigne qu'elles ne se contentent plus de placer des petites annonces dans les journaux canadiens et de faire de la publicité dans le cadre d'événements sportifs. Voilà qu'elles dirigent des séminaires au Canada dans le but d'attirer des gens sur leurs sites web. Lors de ces séminaires, on dit aux gens que les lois sont floues et peu sévères au Canada. Voilà ce qui permet à ces sociétés de poursuivre leurs activités.
On voit parfois des publicités pour le poker à la télévision. Ces publicités sont très accrocheuses. On y indique un site tel que jeudepoker.com par exemple, où il est possible d'apprendre à jouer. Toutefois, ce type de site renferme des liens qu'on peut suivre pour jouer et faire des paris. Habituellement, les exploitants de ces sites respectent la loi, dans une certaine mesure, mais ils contreviennent à l'esprit de la loi, et je crains que le gouvernement n'ait pris aucune mesure contre ces abus.
Le gouvernement affirme qu'il veut lutter contre le crime, mais beaucoup de Canadiens qui travaillent d'arrache-pied se font escroquer et des gens qui travaillent dans les hippodromes, qui participent à cette activité économique, sont menacés. Les entreprises de jeu légitimes au Canada, comme Woodbine Entertainment Group, dans ma circonscription, et d'autres entreprises de jeu provinciales sont victimes des sites de jeu illégaux sur Internet. Elles perdent des millions de dollars en revenus et des Canadiens perdent leur emploi. Les sites illégaux créent des emplois et une activité économique à l'étranger.
Je dois avouer en toute justice que le gouvernement libéral n'a pas fait beaucoup de ce côté-là non plus. Une partie du problème c'est que les agences d'exécution de la loi ont beaucoup d'autres priorités dont elles ne peuvent pas s'occuper. C'est pourquoi je suis arrivé à la conclusion que, en plus de clarifier des éléments du Code criminel, ce que fait le projet de loi au sujet des jeux sur Internet, on pourrait espérer que le gouvernement a vraiment l'intention de faire exécuter la loi, mais je ne vois pas cette intention.
Les passages pertinents du projet de loi se retrouvent à l'article 5, qui est le suivant:
5. L’alinéa 202(1)i) de la même loi est remplacé par ce qui suit:
i) volontairement et sciemment envoie, transmet, livre ou reçoit quelque message donnant quelque renseignement sur le bookmaking, la vente d’une mise collective ou les paris ou gageures, ou destiné à aider au bookmaking, à la vente d’une mise collective ou aux paris ou gageures [...]
La partie du code qui n'est pas modifié précise que ces activités sont criminelles. Je crois que les choses sont assez claires, mais si les dispositions ne sont pas exécutées, je ne suis pas convaincu que la loi a un effet quelconque.
J'ai examiné les modifications apportées au code, mais, franchement, je ne vois pas ce qu'elles changeront. Cela m'a amené à étudier un projet de loi d'initiative parlementaire qui exigerait que les banques interceptent les cartes de crédit Visa, MasterCard ou autres ou les cartes de débit utilisées pour des activités illégales.
Je crois que cela a été fait aux États-Unis, mais, malheureusement, la loi a été contestée en vertu des règles de l'OMC parce que seuls les crimes commis par Internet à partir de l'étranger étaient visés. Toutefois, comme il existe beaucoup d'activités illégales liées au jeu sur Internet qui originent directement des États-Unis, quelqu'un a invoqué les règles de l'OMC. Je ne serais pas étonné que la contestation soit couronnée de succès parce que la loi américaine fait une distinction entre les activités intérieures et les activités outre-mer.
J'ai préparé une ébauche de projet de loi que je serais prêt à présenter et qui demanderait aux institutions financières du Canada de mettre en place un système pour intercepter ce genre de transactions. Le projet de loi instaurerait des systèmes de paiement permettant de dépister et de bloquer les transactions financières faites à l'égard de jeux de hasard illégaux sur Internet.
J'ai alerté les institutions bancaires, qui ne sont pas enthousiastes en raison des coûts élevés. Il s'agit essentiellement de transférer le fardeau du respect et de l'application de la loi au secteur bancaire, car on n'applique pas notre Code criminel ici même, au Canada.
Le Royaume-Uni et d'autres pays européens ont adopté une approche différente. Ils conviennent qu'il est presque impossible de contrôler les paris sur Internet, tout comme d'autres activités sur Internet d'ailleurs. Nous devons bien sûr adopter des mesures concernant certaines de ces activités, comme la pornographie juvénile et toute autre activité criminelle du genre, mais il est difficile de trouver les liens. Les gens qui créent ces liens sont très rusés. Des pays d'Europe, et certainement le Royaume-Uni, ont déclaré qu'il fallait mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Ils songent à légaliser ces paris afin que les entreprises qui exploitent des activités de jeu légales et qui disposent d'un permis ne risquent pas de perdre ce permis si elles tentent de concurrencer les organisateurs de jeux illégaux.
C'est vraiment là où je veux en venir au sujet du projet de loi . Nous allons bien sûr l'appuyer, car mes collègues l'ont examiné en détails, et il a en fait été adopté par la Chambre des communes l'automne dernier. Peut-être que les amendements améliorent ce projet de loi, qui explique de façon plus claire ce que représente le jeu sur Internet.
Si nous rédigeons au Canada des lois que nous n'appliquons pas ou qui ne sont pas pratiques, nous suscitons alors un manque de crédibilité dont nous souffrons tous en tant que Canadiens. Il ne sert à rien de jeter de la poudre aux yeux en affirmant que nous rédigeons des définitions plus précises si les services de police du pays ne sont pas prêts à appliquer la loi. Franchement, compte tenu de certaines autres priorités, je peux comprendre cette position.