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Monsieur le Président, il me reste en effet 13 minutes. La dernière fois, j'avais commencé mon allocution et j'avais été interrompue au milieu de ma présentation. Je vais donc la poursuivre là où je l'avais laissée.
Avant l'interruption du débat sur le projet de loi , je disais combien ce projet de loi faisait trop usage de peines minimales plus lourdes et je parlais de l'effet dissuasif supposément obtenu par celles-ci. Je réitérerai que cela relève davantage de l'idéologie répressive des conservateurs que de l'approche de réhabilitation préconisée par le Bloc québécois.
Maintenant, pour la reprise du débat, je parlerai plutôt de l'élément positif remarqué dans le projet de loi . En effet, le projet de loi permet aux juges, avec l'accord du poursuivant, d'imposer aux délinquants de suivre un traitement de désintoxication. Si le contrevenant réussit son traitement, il évite la peine minimale. On retrouve cela précisément au paragraphe 5(2) du projet de loi.
Voilà donc une approche qui semble prometteuse et qui nous change de la dynamique du gouvernement conservateur de vouloir régler la criminalité simplement avec des peines minimales alourdies.
En effet, si les infractions reliées à la drogue doivent être sanctionnées sévèrement, il faut aussi considérer les solutions de rechange aux peines minimales, puisque ce mécanisme ne permet pas la réhabilitation. C'est pourquoi il est nécessaire de faire une analyse rigoureuse du projet de loi afin d'être assuré que le principe de la réhabilitation demeure présent et efficace.
Par exemple, j'apprenais par l'entremise des données de Statistique Canada que les délinquants adultes ayant purgé leur peine sous surveillance dans la collectivité sont beaucoup moins susceptibles de retourner au service correctionnel dans les 12 mois suivant leur libération que les délinquants ayant purgé leur peine dans un établissement correctionnel. Il faut prendre en considération ce constat.
Mon analyse ne s'arrête toutefois pas là. Nous devons considérer que les peines reliées aux stupéfiants touchent d'abord une clientèle jeune. Je rappelle qu'environ 2,5 p. 100 des personnes âgées de 15 à 24 ans ont une dépendance aux drogues illicites, comparativement à moins de 0,5 p. 100 chez les personnes de 35 ans et plus.
En conséquence, le projet de loi risque de pénaliser les jeunes en plus grand nombre. En tant que législateur, il faut absolument s'assurer que notre jeunesse peut bénéficier de mécanismes efficaces de réhabilitation. Pourquoi? C'est parce que la prison est et sera toujours l'université du crime. C'est un endroit où les jeunes ne peuvent que développer une rancoeur bien mijotée et entretenue contre la société. De là donc toute l'importance de cet article du projet de loi qui ouvre la voie à la réhabilitation.
C'est pourquoi il faut étudier en profondeur ce projet de loi ainsi que les nouveaux mécanismes qu'il comporte, afin d'avoir l'assurance que le principe de la réhabilitation demeure présent et efficace sans pourtant miner la lutte contre la drogue.
Je conclurai en disant que le projet de loi n'est pas dénué de tout mérite. Cependant, il soulève de légitimes appréhensions quant à ses effets recherchés. Par exemple, lorsque je lis le libellé de ce projet de loi, je trouve inquiétants certains facteurs aggravants. C'est notamment le cas lorsque l'accusé s'est servi d'un immeuble appartenant à un tiers pour commettre l'infraction. En effet, pourquoi une même infraction peut-elle être à ce point plus grave lorsqu'elle est commise dans une maison louée que dans une maison appartenant au prévenu? Pourquoi est-ce plus grave dans un appartement que dans un condo, même s'ils sont situés dans le même immeuble?
Malgré que nous soyons contre le principe de ce projet de loi pour les raisons que j'ai mentionnées plus tôt, le Bloc québécois appuiera le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour qu'il puisse être étudié en comité. À mon avis, comme je l'ai dit à plusieurs reprises devant cette Chambre, il faudra toujours s'attaquer en premier lieu à la pauvreté, aux inégalités sociales et à l'exclusion si l'on désire réellement contrer la criminalité.
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Monsieur le Président, je remercie ma distinguée collègue de sa question et surtout de ses commentaires. Effectivement, dans ce projet de loi, on remarque quand même une ouverture, à savoir que si les jeunes ou les gens suivent leur traitement, cela pourrait être considéré comme un facteur atténuant et réduire leur peine.
Ce qui préoccupe ma collègue, c'est de voir que l'on alourdit les peines, que la lutte contre la drogue est plutôt pénalisante et répressive, et qu'en ce qui concerne les solutions de traitement proposées, on n'a pas le soutien physique, financier ou autre pour que ces gens puissent s'en sortir.
Tout cela est évidemment une question d'approche. Au Bloc québécois, et au Québec surtout, nous favorisons énormément la réhabilitation plutôt que la répression. Comme vous le savez, le Québec est la province qui a le plus bas taux de criminalité.
Nous avons fait nos preuves: nous tentons d'aller à la source du problème. Aussi, lorsque des problèmes surgissent, nous essayons de mettre en place des mécanismes pour aider et accompagner nos jeunes ainsi que les détenus, de sorte qu'ils puissent profiter de moyens de réhabilitation. Nous favorisons vraiment cette approche de réhabilitation plutôt que de répression.
Nous avons fait nos preuves au Québec, à savoir que cette méthode fonctionne. Lorsqu'une méthode fonctionne et qu'elle fait ses preuves hors de tout doute, statistiques à l'appui et tout le reste, lorsqu'un modèle est aussi efficace, je ne comprends pas qu'on ne s'en inspire pas.
J'invite donc le Parti conservateur à se pencher sur l'approche du Québec. En ce sens, on pourrait voir où l'on devrait investir des sommes d'argent, plutôt que de construire des prisons, d'augmenter les peines minimales et toutes les mesures répressives que l'on peut imaginer.
Remarquez que, dans ce projet de loi, on a donné une ouverture à la réhabilitation, et j'en félicite les conservateurs. Toutefois, il faut quand même en revenir au point selon lequel l'idéologie conservatrice est vraiment une idéologie répressive qui, à mon sens, n'est pas garante de succès. En effet, on constate que là où l'on a utilisé ces méthodes de répression du crime — en construisant des prisons et en augmentant les peines minimales —, comme aux États-Unis et dans d'autres pays, le taux de criminalité dans la société n'a pas diminué.
Si l'on veut être logiques, il faut investir davantage — bien davantage — dans la mise en place des mécanismes d'aide aux jeunes surtout. Car ce sont précisément les jeunes qui sont visés par cette loi. Ce sont eux qui sont le plus touchés par les drogues. C'est là qu'il faut investir nos énergies. En tant que parlementaires, nous avons cette responsabilité.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir prendre la parole aujourd’hui à l’étape de la deuxième lecture du projet de loi , qui traite de l’imposition de peines minimales obligatoires pour les crimes liés à la drogue.
Je dois dire pour commencer qu’il n’est pas surprenant de nous trouver à débattre ce projet de loi, même si j’espère vous démontrer que la mesure elle-même comporte de graves lacunes et est très inefficace. Mais il n’est pas surprenant de voir le gouvernement conservateur présenter ce projet de loi, parce qu’il fait partie de son programme de base qui consiste à essayer de donner au peuple l’illusion qu’il s’occupe d’un grave problème social — dans ce cas-ci l’usage de la drogue — en présentant un régime d’application de la loi à la fois lourd et très répressif.
Ma circonscription, Vancouver-Est, a souvent fait parler d’elle dans les médias; il s’agit d’une agglomération qui est à l’épicentre d’une crise de la drogue non seulement au Canada, mais en Amérique du Nord. Je me suis beaucoup occupée de ce problème depuis mon arrivée au Parlement il y a 11 ans. J’ai beaucoup étudié la politique sur les stupéfiants, ce qui marche, ce qui ne marche pas et le genre de réformes qui ont été mises en place non seulement au Canada, mais dans le monde entier.
Dans Vancouver-Est, nous sommes fiers d'avoir chez nous la première installation d’injection sans danger de drogues intraveineuses en Amérique du Nord, Insite. En fait, hier, à la Chambre, j’ai interrogé le pour savoir si le gouvernement allait finalement tenir compte des douzaines d’études faites jusqu’ici qui montrent qu’Insite est un programme très efficace qui a réduit la consommation de drogues et amélioré la sécurité et décider de permettre à Insite de rester ouvert.
Malheureusement le n’a pas répondu à la question, comme ce fut le cas à maintes reprises antérieurement; et il n’a pas précisé si oui ou non Insite allait continuer d’exister.
Cependant, je tiens à dire qu’à Vancouver nous avons fait des progrès étonnants pour comprendre le problème de la drogue, son influence sur les gens et le genre de politique publique qu'il nous faut élaborer. En fait, deux anciens maires de Vancouver, Philippe Owen et Larry Campbell, se sont beaucoup occupés de préparer le terrain en faisant appel à leurs qualités de chef, en vue de modifier la politique concernant la drogue. Des groupes comme VANDU, le réseau des consommateurs de drogue de la région de Vancouver, ont joué un rôle-clé pour faire évoluer le débat.
Ce débat sert souvent à diviser les gens: les bons dans un camp et les mauvais dans l'autre. Les consommateurs de drogue sont automatiquement étiquetés comme des trafiquants ou des revendeurs. On a souvent essayé, au Canada et aux États-Unis, d'instrumentaliser cette question pour susciter de la peur. C'est ce que j'appelle la politique de la peur, et c'est une école de pensée dont les conservateurs se sont largement inspirés. Mais, dans la circonscription de Vancouver-Est et à Vancouver en général, nous avons rejeté leur modèle.
Nous croyons que le problème de la consommation de drogue est avant toute chose un problème de santé publique. C'est un problème qui se résout en veillant à ce que les gens fassent de bons choix, à ce qu'ils aient de l'aide sous forme de prévention, de traitements et de réduction des méfaits lorsqu'ils en ont besoin. Plus les consommateurs de drogue sont criminalisés, plus les méfaits sont importants, comme je compte le démontrer dans le débat d'aujourd'hui.
Je voudrais dire que le NPD s'inquiète notamment du fait qu'il n'y a absolument aucune preuve que des peines minimales obligatoires puissent être efficaces et constituent une mesure utile pour réduire la consommation de drogue et la criminalité liée à la drogue. En fait, la plupart des études réalisées sur la question montrent exactement le contraire.
Ce projet de loi ne vise pas le coeur du problème de la toxicomanie. Il ne fait que proposer un accroissement du déséquilibre qui existe déjà au Canada dans la lutte contre la drogue, où trop d'argent est consacré aux mesures d'application de la loi, sans qu'il y ait réduction du taux de criminalité ou de la consommation de drogue. De plus, dans le cadre du programme mis en oeuvre par le gouvernement conservateur, ce projet de loi consacre l'abandon de mesures efficaces comme les programmes de réduction des méfaits et d'éducation populaire.
Nous nous inquiétons surtout de voir le Canada adopter la stratégie à saveur américaine de guerre contre la drogue qui s'est révélée dispendieuse et qui n'a donné aucun résultat. Nous savons que les États-Unis consacrent des dizaines de milliards de dollars par année à la lutte policière et à l'incarcération, ce qui n'empêche pas le taux de criminalité et la consommation de drogue d'atteindre des sommets.
L'accroissement du taux d'incarcération augmente le fardeau des tribunaux, de la police et des prisons. Le projet de loi ouvre tout grand la voie aux mesures d'application de la loi. C'est l'un des véritables problèmes de ce projet de loi. Il vise les petits revendeurs, et même les infractions concernant la marijuana. En vertu de ce projet de loi, une personne pourra être inculpée de trafic si elle vend un joint ou fait pousser un plant.
Au Canada, environ 73 p. 100 du budget antidrogue est consacré aux mesures coercitives. Seulement 14 p. 100 des sommes totales vont au traitement, 7 p. 100 à la recherche, 2,6 p. 100 à la prévention et 2,6 p. 100 à la réduction des préjudices. Lorsqu'on regarde ces chiffres et qu'on voit où l'argent est dépensé et où l'accent est mis, force est de reconnaître que la situation est très troublante. Nous savons également toutefois que la consommation de drogues a continué d'augmenter au Canada.
En 1994, 28 p. 100 des Canadiens reconnaissaient avoir déjà consommé des drogues illicites. En 2004, ce chiffre était passé à 45 p. 100 et nous savons également qu'un rapport préparé par le ministère de la Justice en 2002 avait conclu que l'imposition de peines minimales obligatoires était la mesure la moins efficace pour les infractions en matière de drogue. On pouvait y lire ceci:
Les PMO ne semblent influer sur la consommation de drogue ou la criminalité liée à la drogue en aucune façon mesurable. Des auteurs appliquant diverses méthodes de recherche concluent que les stratégies axées sur le traitement sont plus rentables que l'infliction de longues peines d'emprisonnement. Les PMO sont des instruments peu précis qui ne font pas la différence entre les délinquants selon leur niveau dans la hiérarchie du trafic ni selon le caractère permanent ou intermittent de leur participation à cette activité.
Bon nombre d'autres intervenants se sont prononcés sur ce projet de loi et j'aimerais vous faire part des commentaires de certains de ces organismes clefs qui ont exprimé de graves préoccupations à l'égard de ce projet de loi. L'un de ces organismes, le Réseau juridique canadien VIH/sida, a fait beaucoup de recherches, d'analyses et d'études sur la politique en matière de drogues. Dans sa documentation, l'organisme touche un point très important, c'est-à-dire que les Conservateurs présentent ce projet de loi comme une solution au problème des narcotrafiquants, qui sont ceux qu'ils ont en fait dans leur mire.
Le Réseau juridique canadien VIH/sida précise ce qui suit dans son document d'information:
Mais cette distinction est souvent artificielle, en particulier lorsque des peines minimales sévères sont imposées pour le trafic, quelle que soit la quantité de drogue en cause.
Les individus qui profitent le plus du commerce de drogue (ceux qui font le trafic de grandes quantités) se tiennent généralement à bonne distance des activités plus visibles de ce commerce, et ils sont rarement capturés par des efforts d’application de la loi. En revanche, les personnes qui sont le plus souvent accusées de trafic de drogue sont surtout les personnes qui ont une dépendance à la drogue et qui sont impliquées dans la revente à petite échelle, dans la rue, pour combler leur besoin de drogue [...]
C'est exactement ce que va accomplir ce projet de loi. Dans le secteur est de ma ville, les petits trafiquants sont aussi toxicomanes, c'est en vendant des drogues qu'ils ont les moyens d'en consommer. Ces gens-là sont ceux dont la santé est le plus à risque et qui sont les plus vulnérables. Ce sont eux qui sont visés par les peines minimales obligatoires prévues dans le projet de loi.
Il y a d'autres éléments convaiquants. Le juge Jerry Paradis est membre de la LEAP, la Law Enforcement Against Prohibition, une remarquable organisation composée d'anciens chefs de police, agents de police, agents antidrogue et anciens juges, américains et canadiens, qui dénoncent la guerre contre les drogues. Donc, le juge à la retraite Jerry Paradis a dit: « Les preuves sont sans équivoque et montrent que les peines minimales obligatoires n'ont aucune incidence sur le crime et entraînent une pléthore de conséquences imprévues. Les véritables caïds de la drogue sont ceux qui, comme le disent les membres du réseau juridique, sont capables de se distancer des activités et de ne pas se faire attraper. »
L'ancien juge du Québec John Gomery, que les députés connaissent très bien, a lui aussi dénoncé le projet de loi et a dit que ce genre de mesure législative est un affront pour les juges. Selon lui, le Parlement fait un reproche voilé aux juges quand il les oblige à imposer des peines minimales obligatoires. Voilà quelqu'un de très respecté qui estime que ce projet de loi est malavisé.
Il existe une importante organisation d'étudiants favorables à une politique antidrogue sensée appelée Canadian Students for Sensible Drug Policy. Ses membres étaient sur la Colline il y a quelques mois pour parler de leur première politique. Ils ont distribué un dépliant intitulé « Pas en notre nom ». Ils connaissent la propagande des conservateurs et savent que ceux-ci prétendent aider les jeunes toxicomanes. Cette organisation comprend que, en réalité, leurs mesures ont pour effet de criminaliser les jeunes.
Voici ce que dit l'organisme dans son dépliant:
Bien que la protection de nos jeunes continue de nécessiter et de justifier la criminalisation des drogues et des consommateurs de drogues, nous avons la responsabilité de nous défaire de cette approche néfaste [...]
Puis ceci:
L'approche actuelle en matière de justice criminelle à l'égard de la consommation de drogues ne donne pas de résultats pour notre génération et notre société; elle donne lieu à une augmentation des méfaits de la consommation de drogues.
C'est en se fondant sur leur expérience personnelle que les jeunes formulent des recommandations sur les mesures qui, selon eux, doivent être prises.
Il y a d'autres faits qui prouvent que l'approche adoptée par les conservateurs est un échec. Le Conseil des agents de santé de la Colombie-Britannique, qui regroupe les agents de santé des quatre coins de cette province, a publié en 2005 un document très important intitulé A Public Health Approach to Drug Control in Canada. Dans ce rapport, le conseil dit ceci:
Les stratégies d'application du Code criminel ne semblent pas avoir donné lieu à des réductions à long terme ni de l'offre ni de la demande de drogues illicites.
Le conseil invoque l'argument suivant:
L'interdiction pénale de la drogue donne lieu à des méfaits importants et à des avantages mitigés, tout au plus. Il y a trop longtemps qu'on aurait dû amorcer un virage vers une approche axée sur la santé publique, une approche qui retire la production et la distribution de drogues des mains des criminels et qui prévoit la mise en place, doublée d'une évaluation, d'une série de stratégies efficaces en vue de la réduction des méfaits.
Ailleurs, la Royal Society for the Encouragement of Arts, Manufactures and Commerce au Royaume-Uni vient de publier un nouveau rapport. Cette association regroupe des gens d'affaires, des représentants élus et des professionnels. Dans son rapport, elle conclut que le régime actuel, le prétendu régime de lutte antidrogue axé sur l'application de la loi, ne donne aucun résultat. L'association presse le gouvernement britannique de réformer sa politique en matière de drogues.
Des gens de divers horizons expriment leurs points de vue.
Ce que je crains le plus, c'est que ce projet de loi ne nous conduise sur une route dangereuse. Les États-Unis ont déjà emprunté cette route, et il y a 2,1 millions de détenus dans les prisons américaines. Les délinquants condamnés pour des infractions liées à la drogue comptent pour 80 p. 100 de l'augmentation de la population carcérale aux États-Unis pour la période allant de 1985 à 1995. En 2004, les détenus pour des infractions liées à la drogue dans les pénitenciers fédéraux américains représentaient 54 p. 100 de la population carcérale, contre 25 p. 100 en 1980. Voilà ce qui se passe aux États-Unis. Or, c'est dans cette voie que nous conduit le gouvernement conservateur.
Paradoxalement, beaucoup d'États américains délaissent maintenant les peines minimales obligatoires. Ils se rendent compte de l'énorme échec qu'elles représentent sur les plans économique et politique et au chapitre de la lutte contre le grave problème de la toxicomanie dans les collectivités. Par exemple, la commission américaine sur la détermination de la peine a conclu que les peines minimales obligatoires ne dissuadent pas les criminels. Elle a rapporté que seulement 11 p. 100 des personnes en cause dans les poursuites fédérales liées à la drogue sont de grands trafiquants. En 2000, la Californie a éliminé les peines minimales obligatoires pour les infractions de drogue mineures. Le Delaware et le Massachusetts envisagent de faire la même chose.
Je trouve incroyable que le gouvernement s'engage dans cette voie alors que le modèle américain dont il s'inspire s'est avéré un échec colossal, comme le démontre le taux d'incarcération. La consommation de drogues et le taux de criminalité sont toujours en hausse. Ce modèle axé sur l'interdiction et la coercition est de toute évidence un échec.
Ce projet de loi a vraiment été conçu pour plaire à la base conservatrice. Il repose sur une simplification excessive de l'utilisation des drogues au Canada et sur des tactiques alarmistes qui poussent les gens à croire que la marijuana et d'autres substances sont à l'origine des crimes violents et du crime organisé au Canada et que la coercition va régler le problème.
En réalité, ce projet de loi n'aidera absolument pas à régler ces deux problèmes. Nous sommes convaincus que les conservateurs entraînent le Canada dans la mauvaise direction. C'est une erreur qui coûtera très cher. Le projet de loi n'aura aucun effet sur la consommation de drogues. Il fera seulement augmenter la population carcérale, ce qui créera une nouvelle série de problèmes relatifs à la surpopulation, à la santé, à la sécurité et à la criminalité au sein du système carcéral.
En Colombie-Britannique, nous avons connu des situations très difficiles, comme le surpeuplement dans les prisons et des problèmes de sécurité pour les agents de correction. Ces situations se sont produites tout récemment.
En fait, étant donné que le projet de loi prévoit des peines minimales obligatoires, il risque d'entraîner une augmentation de la population carcérale. Or, le fardeau ainsi créé devra être assumé par les provinces. Je me demande si le ministre a eu des discussions avec ses homologues provinciaux concernant le fait que le projet de loi lui permet essentiellement de refiler les coûts aux systèmes provinciaux, qui sont déjà surpeuplés et surchargés. Cette stratégie est vouée à l'échec.
Le NPD est d'avis que le Canada doit adopter une approche équilibrée face à la consommation de drogues. Nous avons appuyé la stratégie fondée sur les quatre volets que sont la prévention, le traitement, la réduction des préjudices et, oui, l'exécution, mais sans toutefois créer un déséquilibre tel que celui que nous avons connu dans le passé sous les gouvernements précédents et qui est maintenant aggravé par le gouvernement actuel.
Il existe de nombreux modèles qui ont donné de bons résultats en Europe. Les maires des grandes villes canadiennes ont adopté cette stratégie à quatre volets. Cela a commencé à Vancouver, où cette approche a connu du succès.
Pourquoi ne pas investir dans cette stratégie? Pourquoi ne pas investir dans des initiatives communautaires de réduction des préjudices, comme Insite et les programmes d'échange de seringues? Pourquoi ne pas investir afin de véritablement sensibiliser les jeunes, de leur fournir des renseignements concrets sur leur corps et sur la façon de faire les bons choix?
Je trouve très ironique que des policiers se rendent dans les écoles pour sensibiliser les jeunes au problème de la drogue. Enverrions-nous des policiers dans les écoles pour faire de l'éducation sexuelle? J'en doute. Ils font de la sensibilisation dans le cas des drogues, uniquement parce que celles-ci sont illégales. Ce qu'il faut faire, c'est mettre l'accent sur la santé, parce que c'est à ce niveau que les jeunes ont besoin de véritable information.
Comme nous pouvons le constater à la lecture des témoignages et des rapports, tant aux États-Unis qu'au Canada, c'est dans le cas des crimes liés aux drogues que les peines minimales obligatoires sont le moins susceptibles de donner de bons résultats. Par conséquent, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la raison d'être du projet de loi. Si nous savons que cette approche n'est pas bonne, qu'elle ne fonctionne pas, qu'elle empirer la situation dans les prisons, qu'elle ne va d'aucune façon améliorer la situation en ce qui a trait à la consommation de drogues, et qu'en fait la population carcérale et la criminalité vont probablement continuer d'augmenter, pourquoi ce projet de loi est-il devant nous?
Il nous faut bien conclure que, malheureusement, le projet de loi traduit une optique politique. C'est tout ce qui reste aux conservateurs. Ils veulent susciter un climat de peur.
Je ne doute pas que des gens soient très inquiets de la consommation de drogues dans leur collectivité. Les gens sont très préoccupés par le commerce de la drogue, les répercussions dans les écoles et le reste, mais le projet de loi ne réglera aucun de ces problèmes.
Dans ma collectivité, nous avons obtenu un certain succès lorsque les policiers ont discuté avec des consommateurs de drogue et des représentants locaux et sont parvenus à s'entendre sur une stratégie pour faire face aux situations qui se présentent. Cette approche a donné de meilleurs résultats. On appelait ces discussions les rencontres du mardi et elles avaient lieu au centre Carnegie, au coin des rues Main et Hastings. Les policiers, les consommateurs de drogue eux-mêmes, des représentants locaux et des représentants de la ville de Vancouver discutaient des événements qui survenaient dans les rues et de leurs répercussions sur la collectivité. Cela a stimulé le dialogue et a donné plus de résultats que n'importe quoi d'autre.
Nous estimons que le projet de loi est très mauvais. Il ne réglera pas les problèmes liés aux drogues illégales. Il ne fera qu'aggraver les torts causés.
J'espère sincèrement que les partis d'opposition rejetteront le projet de loi. Nous voterons contre le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous n'en approuvons pas le principe.
Si les conservateurs veulent régler quelque chose, qu'ils s'occupent du programme de fourniture de marijuana à des fins médicales, qui est en plein chaos. Il connaît de sérieux ratés. Si nous voulons prendre des décisions intelligentes et aider des gens, alors nous devrions faire quelque chose de bien et examiner les répercussions négatives du fonctionnement de ce programme sur les utilisateurs.
J'exhorte tous les partis à examiner le projet de loi et à le rejeter, car il engage le Canada dans la mauvaise voie.
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Monsieur le Président, nous discutons d'une mesure législative traitant des crimes liés à la drogue, qui affligent nos collectivités. Le projet de loi prévoit de nouvelles peines minimales obligatoires sévères pour les crimes les plus graves liés à la drogue. Parallèlement, il donne de l'espoir à ceux qui veulent surmonter leur toxicomanie. Voilà une approche équilibrée pour lutter contre ce type de crime au pays.
Il ne fait aucun doute que les problèmes de drogue au Canada sont l'une des principales préoccupations des résidants d'Abbotsford.
J'habite à Abbotsford depuis environ 26 ans. Mon épouse Annette et moi avons élevé quatre filles dans cette collectivité qui se décrit comme une ville à la campagne.
Selon Statistique Canada, Abbotsford est la ville la plus généreuse du pays pour ce qui est des dons de charité. On y trouve de nombreux bénévoles et des familles avec de solides valeurs traditionnelles et une bonne éthique de travail. Le taux de chômage est très faible chez nous, il se situe autour de 3,7 p. 100. En outre, nous formons une des collectivités les plus diversifiées du pays. Nous avons une économie agricole solide. En fait, Abbotsford génère les revenus agricoles les plus importants de la Colombie-Britannique, ce qui favorise la prospérité. Nous avons aussi une composante urbaine importante et, de ce fait, nous sommes aux prises avec certains problèmes propres aux grandes villes, des problèmes de criminalité.
On voit régulièrement des fusillades au volant dans des quartiers d'Abbotsford. Les installations de culture de marijuana et les opérations de fabrication de méthamphétamine prolifèrent. En fait, pour le citoyen moyen d'Abbotsford, la violence liée à la drogue et même les meurtres liés à la drogue sont courants. Cela se produit dans leurs quartiers et je m'en préoccupe.
Le problème est critique. Je vais citer un article typique d'un de nos journaux locaux, le Abbotsford News, où l'on pouvait lire, il y a quelques mois:
Mardi soir, un homme confiné à un fauteuil roulant a été arrêté lorsque la brigade des stupéfiants a fait une descente dans une maison du nord d'Abbotsford où elle a découvert une importante plantation et des armes à feu chargées.
Les agents de la brigade des stupéfiants d'Abbotsford ont saisi 850 plants [...] et trois armes à feu, après avoir exécuté un mandat [...] Un fusil chargé a été trouvé près de la porte d'en avant et deux armes de poing chargées ont été découvertes dans une chambre.
« Les armes à feu et les drogues sont une menace continuelle pour les agents de police et la population », a déclaré l'agent Casey Vinet.
Une autre plantation de marijuana avait été fermée la veille, après qu'on eu découvert un détournement de courant électrique, ce qui a conduit les policiers à une maison [...] La police a trouvé 630 plants qui poussaient en-dessous des pièces habitées d'une résidence occupée par une famille et des enfants d'âge scolaire [...]
Voilà le problème auquel font face bien des collectivités d'un bout à l'autre du pays. Malgré tous les efforts et le dévouement du service de police d'Abbotsford, de plus en plus de citoyens se plaignent à l'hôtel de ville au sujet de l'augmentation des activités liées à la drogue dans leurs quartiers.
En ce moment même, la vie de milliers de Canadiens et de familles est dévastée par les drogues illégales. Ces gens sont victimes d'entreprises criminelles, victimes de revendeurs de drogues qui font des profits indécents en exploitant la misère de leurs congénères. Sans cesse, les narcotrafiquants privent les jeunes de leur avenir en leur vendant une vie entière de chagrin. Trop souvent leur avenir est coupé court par une mort prématurée.
Il y a cependant de bonnes nouvelles. Après des années d'inaction du gouvernement libéral précédent, le gouvernement conservateur passe finalement aux actes. Nous prenons des mesures concrètes pour mâter le crime organisé et les narcotrafiquants, qui ont ruiné tant de vies sans en subir de conséquences concrètes.
C'est presque comme si les gouvernements précédents espéraient que le problème de la criminalité liée à la drogue se volatilise comme par magie. Pendant ce temps, les criminels de la drogue ont continué d'emprunter notre système de justice qui encourage la récidive pour échapper à une vraie justice inéluctable. C'est pourquoi nous avons pris des mesures décisives.
En octobre, le premier ministre Harper a dévoilé...
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Monsieur le Président, le et sa stratégie de lutte contre la drogue consacreront près de 64 millions de dollars en deux ans pour prévenir la consommation de drogues illégales, traiter les toxicomanes et lutter contre la criminalité liée à la drogue. La stratégie comporte une approche en deux volets: le premier se traduit par plus de fermeté envers les crimes liés à la drogue et le deuxième met l'accent sur les victimes de ces crimes, y compris les toxicomanes eux-mêmes.
Notre plan d'action axé sur la lutte contre la production et la distribution de drogues illégales met l'accent sur de fortes peines qui serviront de dissuasifs et qui permettront également de mettre hors circuit les gros trafiquants de drogues de nos collectivités. C'est dans ce contexte que le projet de loi a été présenté. En outre, le projet de loi traduit une des cinq grandes priorités que nous avons présentées aux Canadiens pendant la dernière campagne électorale, soit lutter avec fermeté contre la criminalité. Comme pour tant d'autres de nos promesses, nous faisons ce qu'il y a à faire. Nous tenons nos promesses.
Je veux maintenant dire ce que fera le projet de loi .
Le projet de loi prévoit une série de peines d'emprisonnement minimales obligatoires faisant en sorte que les individus qui commettent des crimes graves liés aux drogues se verront infliger de longues peines. J'insiste sur le fait que le projet de loi n'impose pas de peines minimales obligatoires à tous les auteurs de crimes liés aux drogues. Ce n'est pas un filet large destiné à capturer tous les consommateurs de drogues. Ce n'est pas un projet de loi qui vise ceux qui consomment de la drogue à des fins récréatives. Il prévoit cependant des peines minimales obligatoires pour les crimes les plus graves liés aux drogues et fait en sorte que les auteurs de ces crimes soient punis sévèrement. Ce projet de loi fera comprendre clairement que les Canadiens ne reconnaissent pas le trafic de la drogue comme un commerce légitime et rejettent la violence associée au trafic et à la production de drogues.
Comme les députés le savent, la production et le trafic de drogues illégales posent de sérieux risques pour la santé et la sécurité publique. Ces activités créent un risque pour l'environnement, créent de graves problèmes de nettoyage aux administrations municipales et mettent en danger la vie et la santé des habitants de nos collectivités. Je le sais d'expérience puisque j'ai été échevin à Abbotsford pendant neuf ans.
Le trafic de la drogue est une activité lucrative qui attire les organisations les plus insidieuses, les groupes de criminels organisés et les gangs liés à la drogue. D'énormes profits sont possibles avec peu de risques pour les trafiquants et ces profits servent en retour à financer d'autres activités criminelles.
Il est devenu très clair que beaucoup de Canadiens pensent que les peines et les peines d'emprisonnement pour le trafic et la production de drogue sont trop clémentes et qu'elles ne sont pas à la hauteur des ravages que les crimes liés à la drogue font dans nos collectivités.
Notre projet de loi est spécialement conçu pour cibler les plus pernicieux de ces crimes soit le trafic, la production, l'importation et l'exportation de grandes quantités de drogues illicites, dont la cocaïne, l'héroïne, la méthamphétamine en cristaux et la marijuana. Je veux qu'il soit très clair, encore une fois, que les peines minimales obligatoires ne s'appliqueraient pas dans les cas d'infractions de possession simple ou de possession de drogues moins dures comme le Valium. Ces peines ne s'appliqueraient pas non plus dans les cas de trafic de petites quantités de drogues illicites à des fins d'utilisation personnelle.
Comme je l'ai dit plus tôt, notre approche a été minutieusement mise au point afin de cibler les criminels les plus dangereux, et elle fonctionnerait comme suit. Je fais appel à la patience des députés, car je veux expliquer avec exactitude comment les peines seraient appliquées. Cette explication prendra quelques minutes, mais il est important que les Canadiens comprennent la nature de ce projet de loi.
En ce qui a trait au trafic de drogues dures, nous proposons une peine d'emprisonnement minimale de un an lorsqu'existent certaines circonstances aggravantes. Je parle de drogues comme l'héroïne, la cocaïne et la méthamphétamine en cristaux. Les circonstances aggravantes qui entraîneraient une peine minimale obligatoire de un an seraient les suivantes: un lien avec le crime organisé, l'usage de la violence ou d'une arme ou la menace d'en user et la récidive. Les récidivistes sont réellement ceux que nous voulons punir.
Si l'infraction a lieu en présence de jeunes ou en prison, la peine d'incarcération minimale serait portée à deux ans.
Pour l'importation ou l'exportation de drogues interdites, la peine minimale serait portée à deux ans si le crime a rapport à une quantité supérieure à un kilogramme d'une drogue comme l'héroïne, la cocaïne ou la métamphétamine en cristaux.
Une peine minimale d'emprisonnement de deux ans s'appliquerait à toute personne ayant produit ou fabriqué de la cocaïne, de la métamphétamine en cristaux ou de l'héroïne.
Certains facteurs aggravants pourraient entraîner une peine d'emprisonnement de trois ans, par exemple si le producteur de drogue utilise l'immeuble ou la maison de quelqu'un d'autre, ou si les drogues sont produites à un endroit où des enfants sont présents. Ainsi, si quelqu'un cultive ou produit des drogues dans une maison où vivent des enfants, alors la peine minimale serait de trois ans d'emprisonnement.
La peine de trois ans viserait également les cas où la production de drogue peut constituer un danger public dans une zone résidentielle où lorsque le trafiquant de drogue pose un piège qui risque de blesser ou de tuer toute personne qui pénètre sur les lieux. Souvent, en effet, ceux qui cultivent de la marijuana placent des pièges pour qu'aucun intrus ne puisse entrer. De tels pièges sont conçus pour mutiler, blesser ou tuer, et nos agents de police en sont souvent victimes.
Pour les drogues moins dangereuses comme la marijuana, les peines minimales obligatoires proposées pour le trafic, l'importation ou l'exportation seraient d'un an si l'activité est associée à certains facteurs aggravants comme la violence, la récidive ou le crime organisé. Si le trafiquant exerce son activité en présence d'enfants ou dans une zone fréquentée par des enfants, comme une cour d'école, la peine d'emprisonnement minimale d'un an serait portée à deux ans.
Nous voulons également cibler les installations de culture de marijuana. Toute personne cultivant jusqu'à 200 plants de marijuana se verrait infliger un minimum de six mois d'emprisonnement. La personne qui cultive jusqu'à 500 plants irait en prison pour un an. Celle qui cultive plus de 500 plants passerait au moins deux ans en prison. On ne se bornerait donc plus aux réprimandes et le système de justice à portes tournantes serait révolu.
L'idée de serrer la vis aux installations de culture de marijuana sera particulièrement bien accueillie à Abbotsford. Les installations de culture de marijuana et les laboratoires de métamphétamine en cristaux sont une vraie plaie dans notre ville. Ils compromettent la sécurité de nos quartiers et de nos familles.
J'aimerais maintenant rendre un hommage spécial au conseil municipal d'Abbotsford. Devant l'inaction de l'ancien gouvernement fédéral libéral, qui refusait de durcir le ton contre la culture de la marijuana et les autres crimes liés à la drogue, et devant la réticence de la police à intervenir contre les installations de culture de marijuana en raison de la mollesse des lois fédérales relativement à la drogue, le conseil municipal de ma ville a réagi et a trouvé de nouvelles façons créatives d'utiliser les règlements municipaux pour fermer ces installations.
Par exemple, on utilise des senseurs de chaleur sophistiqués pour déterminer si une maison dégage plus de chaleur qu'elle ne le devrait. La ville peut ainsi détecter une maison qui abrite peut-être une culture de marijuana. Bien entendu, il y a d'autres signes, comme le papier d'aluminium aux fenêtres, l'odeur qui se dégage de la maison et les activités suspectes qui s'y déroulent. Lorsque la ville soupçonne les occupants d'une maison, elle les avertit en y mettant une affiche que, dans les 48 heures, elle devra procéder à une inspection pour évaluer la sécurité et le risque d'incendie. Elle coupe l'alimentation en eau et en électricité, ce qui fait que les plantes ne peuvent plus pousser, bien entendu. Après 48 heures, des employés municipaux ou la police se rendent à la maison et, dans bien des cas, ils la trouvent abandonnée.
La ville diffuse en plus un avis indiquant aux acheteurs éventuels que la maison a servi à la culture de marijuana, ce qui réduit évidemment la valeur de la maison puisque, dans bien des cas, les gens ne souhaitent pas acheter une maison ayant servi à des activités illégales liées à la drogue.
Je félicite le conseil municipal d'Abbotsford pour avoir pris ces mesures, mais je dois demander aux députés si ce n'est pas plutôt le rôle des parlementaires fédéraux de protéger la population contre ce problème. Pourquoi faut-il que le conseil municipal d'Abbotsford soit livré ainsi à lui-même? Pourquoi, pendant 13 ans, l'ancien gouvernement libéral n'a-t-il rien fait?
Notre gouvernement conservateur s'occupe de faire le travail et ne se limite pas à ce dont je viens de parler. Le projet de loi prévoit aussi un durcissement des peines pour le trafic de ce qu'on appelle communément les drogues du viol. Ces drogues sont utilisées par des prédateurs pour droguer des femmes à leur insu et les agresser sexuellement. La protection des femmes contre la violence fait partie de nos priorités.
Je m'attends à ce que les libéraux et les néo-démocrates nous fournissent leur réponse habituelle. Nous avons déjà entendu des néo-démocrates s'exprimer ce matin. Certains nous diront que la dissuasion et la dénonciation ne fonctionnent pas. D'autres nous diront qu'il faut mettre l'accent sur la réadaptation et sur la réforme sociale et non sur le durcissement des peines. Je suis sûr qu'ils vont nous dire que les peines minimales obligatoires sont inefficaces. Ils vont aussi essayer de convaincre les Canadiens que nous avons les mains liées et que le projet de loi pourrait violer les droits juridiques des vendeurs de drogue.
Toutefois, il y a un groupe que ces députés ne mentionnent presque jamais. Lequel? Ce sont les victimes des crimes liés à la drogue, des victimes de partout au pays qui réclament à grands cris des mesures de réparation. Elles veulent se faire entendre. On ne les a pas écoutées. Je siège à la Chambre depuis plus de deux ans et j'ai remarqué que les députés de l'opposition tiennent rarement compte des plaintes des victimes du pays.
Dimanche dernier, j'ai prononcé une allocution à Burnaby, en Colombie-Britannique, à l'occasion d'un rassemblement dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d'actes criminels. Le rassemblement était parrainé par des organisations que je respecte beaucoup: Les mères contre l'alcool au volant et la FACT, ou Families Against Crime & Trauma.
Les sentiments exprimés lors de ce rassemblement et d'autres manifestations semblables montrent clairement que beaucoup de Canadiens sont indignés. Ils sont scandalisés parce que, depuis des décennies, ce sont les avocats de la défense et les défenseurs des droits des prisonniers qui attirent l'attention du gouvernement tandis qu'on ignore les victimes de crime. Je suis ici pour dire que, aujourd'hui, les victimes peuvent compter sur un ardent défenseur de leurs droits: le gouvernement conservateur.
Des députés de l'opposition vont aussi nous dire que la criminalité ne pose pas problème au Canada. Ils vont fournir des statistiques qui semblent indiquer que la criminalité recule, et n'augmente pas. Les députés de l'opposition ont cité à la Chambre toute une gamme de documents. J'ai consulté les propos du député de . Au sujet d'un autre projet de loi, il a déclaré ce qui suit:
Or, ce qui est vrai, selon toutes les normes de mesure possibles, c'est que la criminalité est à la baisse dans toutes les catégories.
Il a ajouté:
Les taux de criminalité diminuent dans toutes les catégories dans presque toutes les collectivités.
Voilà ce que disent les libéraux.
Quels sont les faits? Je crois que c'est Mark Twain qui a affirmé ceci: « Il y a trois sortes de mensonges: les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques. » Je crois que certains députés de l'opposition pourraient apprendre des choses de Mark Twain.
Il y a toujours une parcelle de vérité dans ce que l'opposition dit sur le crime, mais ce n'est pas l'entière vérité. La vérité, c'est que, même si le taux global de criminalité a baissé légèrement en raison de la réduction du nombre d'infractions mineures, Statistique Canada signale que les taux de presque toutes les catégories de crimes violents ont augmenté, et non diminué.
J'encourage mes collègues libéraux d'en face à réellement examiner les derniers chiffres présentés par Statistique Canada. Ils n'ont qu'à consulter son site Web. Je vais citer ces statistiques.
Par exemple, les taux de crimes comme les tentatives de meurtre, les voies de fait graves, les agressions armées, les vols qualifiés, les enlèvements et les séquestrations ont tous augmenté. Les infractions relatives à la cocaïne ont augmenté de 13 p. 100, ce qui est énorme, tandis que les autres infractions graves en matière de drogue, y compris celles relatives à la méthamphétamine en cristaux, ont augmenté de 8 p. 100. Fait encore plus préoccupant, Statistique Canada a signalé que la criminalité chez les jeunes a augmenté de 3 p. 100, la première augmentation depuis 2003, et que le nombre de jeunes accusés de meurtre est le plus élevé depuis 1961.
Évidemment, le problème des crimes violents liés à la drogue qui afflige notre pays demande des solutions, et non des excuses. C'est ce que fait le projet de loi . Il permet de s'attaquer sérieusement au fléau des crimes liés à la drogue dans nos rues.
Nous faisons avancer les choses. Il est temps que le Parti libéral et le NPD arrêtent de tergiverser sur cette question du crime lié à la drogue et qu'ils aident le gouvernement conservateur à faire adopter le projet de loi. Les Canadiens veulent du changement. Il est temps de leur en donner.
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Monsieur le Président, je prends à mon tour la parole pour débattre une question très importante aux yeux des électeurs de : l’approche de notre société face aux drogues illicites. Cette question concerne ma famille, mes voisins, les gens d’affaires et les électeurs de que je représente. Je dis ma famille parce que ma femme, Roni, et moi élevons trois enfants en âge de fréquenter l’école ou l’université. Je dirige aussi ma propre entreprise dans ma circonscription.
Tant les parents que les gens d’affaires me disent que la culture de marijuana est un problème qui touche tous les membres de la société.
L’an dernier, au cours d’une conversation, le surintendant principal McRae m’a dit que la GRC avait traité 7 000 incidents liés à des drogues à Surrey, soit une hausse de 11 p. 100 par rapport à l’année précédente. Le chef Cessford, de Delta, parle lui aussi d'une augmentation.
Les drogues destructrices, les drogues qui engendrent une dépendance, peuvent ruiner des vies et souvent elles ruinent la vie de nos enfants. La méthamphétamine en cristaux, par exemple, est extrêmement dangereuse pour le cerveau. Surtout si elle est fumée, la méthamphétamine endommage rapidement le cerveau, en en tuant des parties. Elle rend le cerveau d’un usager au début de la vingtaine semblable à celui d’un sexagénaire ou d’un septuagénaire ayant subi de petites attaques d’apoplexie.
Toutes les drogues ne sont pas aussi dangereuses que la méthamphétamine en cristaux. En tant que législateurs, il faut faire la part des choses.
Le projet de loi est bienvenu à bien des égards, malgré ses limites. Avant de l’étudier, il conviendrait d’établir clairement les principes qui devraient guider notre approche face aux drogues illicites et aux autres activités criminelles.
Au Canada, nous formons un peuple juste et généreux. Nous n’avons jamais été aussi sévères que nos voisins américains. Nous reconnaissons que de nombreuses forces sociales peuvent inciter au crime, entre autres, la pauvreté, le manque d’instruction, une enfance instable ou l’isolement social.
Nous croyons que les gens sont fondamentalement bons, mais que le bon comportement ne vient pas automatiquement. Les gens ont besoin d’encouragement.
Les Canadiens savent aussi qu’il ne suffit pas d’essayer d’en empêcher certains de devenir des criminels. Nous devons aussi traiter avec ceux qui commettent des crimes. Ceux qui enfreignent la loi doivent être punis.
Un gouvernement qui répond aux besoins des Canadiens doit s'attaquer à la criminalité et à ses causes. Tout le monde doit avoir une chance égale de vivre pleinement sa vie, mais personne ne devrait violer la loi sans être puni.
La politique du Canada en matière de criminalité ne devrait pas être strictement réactive. Elle devrait être proactive. Notre but devrait être de prévenir le crime. Comment prévenir le crime? Est-ce en embauchant plus de policiers, d’avocats et de juges? Est-ce en établissant des peines plus longues ou des peines minimales? Je suis d’avis que la meilleure façon de prévenir le crime est de veiller à ce que les criminels soient arrêtés et condamnés.
J’ai écouté tout à l’heure mon collègue d’ parler des quelque 2 500 nouveaux policiers que le gouvernement a promis dans son programme électoral. Or, les chiffres avancés correspondent à 32 000 $ par année pour un agent de police pendant seulement quatre ans.
C'est un grave problème à long terme auquel il faut s'attaquer. Il faut un financement stable et suffisamment important pour pouvoir embaucher 2 500 nouveaux agents de police et les déployer dans nos rues.
De surcroît, il faut proposer des activités positives à nos jeunes afin qu'ils ne deviennent pas toxicomanes.
Hier, j'ai parlé à des gens du centre pour jeunes musulmans de ma circonscription. Zeynel Azimullah, organisateur et bénévole, et ses associés donnent beaucoup de leur temps pour jouer un rôle constructif dans la vie des jeunes enfants des milieux urbains. L'objectif de cette organisation est de protéger les jeunes en veillant à ce qu'ils ne participent pas à des activités illégales, en organisant des activités d'apprentissage dans le but de stimuler leur force de caractère, en en faisant des citoyens engagés et dévoués, en leur offrant des programmes d'activité physique, de spiritualité, de moralité et d'éducation sociale, et en faisant la promotion de la paix et de l'harmonie.
Le gouvernement peut être une force positive dans la vie des gens. Depuis quatre ans, le centre pour jeunes musulmans fonctionne grâce aux dons. Il fait un travail très apprécié dans ma circonscription. Cependant, quand l'organisation a fait une demande de statut d'organisme de bienfaisance à Revenu Canada, on lui a dit qu'elle n'était pas admissible. C'est pourtant le genre d'organisation qu'il faut encourager et qui a besoin de ressources.
Dans le même ordre d'idées, il y a deux ans, une de mes électrices, coordinatrice en affaires multiculturelles au sein du détachement de la GRC de la ville, m'a présenté un jeune homme du nom de Rob Rai. Ce dernier travaille avec les jeunes à risque et les fait participer à des activités sportives pour éviter qu'ils ne tombent dans la criminalité. Comme le centre pour jeunes musulmans, l'organisation de Rob Rai compte sur les dons des entreprises pour fonctionner.
Ces gens-là jouent un rôle dans la vie des jeunes, mais je suis sûr que le gouvernement peut contribuer beaucoup plus qu'il ne le fait actuellement. Tous les travailleurs sociaux ou fournisseurs de services de garde d'enfants à qui nous parlons nous disent que les six premières années de la vie d'un enfant sont très importantes pour son développement. Quand le gouvernement a annulé les ententes en matière de garderies, il a montré l'intérêt qu'il portait aux besoins en matière de prévention.
Quand le gouvernement a annulé l'accord de Kelowna, il a montré qu'il n'était pas déterminé à améliorer la vie des enfants.
Je remercie le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi et, tout comme mes collègues, j'appuierai le principe du projet de loi.
Au Canada, la consommation et l'abus de drogues illicites est un problème grave et qui empire. Le nombre de Canadiens qui se sont injectés des drogues au cours de leur vie est passé de 1,7 million en 1994 à 4,1 millions en 2004. D'après la GRC, le nombre de laboratoires secrets est passé de 24 en 2000 à 53 en 2005. Comme les producteurs de marijuana utilisent des substances volatiles et s'alimentent souvent en électricité par des moyens illégaux, les exploitations de marijuana constituent une menace pour la santé et la sécurité du public, notamment pour les voisins et les enfants.
La production d'ecstasy est aussi en hausse au Canada. Les États-Unis s'inquiètent de l'importation en contrebande d'ectasie du Canada aux États-Unis.
Cette montée de la consommation, du trafic et de la production de drogues menace notre sécurité. Ce sont des activités qui entraînent des retombées graves sur notre société, par exemple une augmentation de la petite délinquance, la prostitution, une violence accrue et plus de risques pour les agents de la paix. Les produits de la vente de drogues servent à financer d'autres activités criminelles.
Ce qu'il faut faire cesser avant tout, c'est la violence. Il faut prendre conscience des problèmes causés par les petits producteurs et des graves dangers que créent les grosses exploitations. Il faut bien cerner le problème et savoir où nous devons frapper fort.
Il faut aussi trouver des moyens plus astucieux d'enrayer la criminalité. L'initiative novatrice de la ville de Surrey à propos des risques d'incendie électrique a été tellement efficace contre les exploitations de marijuana que la ville est en train de doubler ce programme. Ses inspecteurs enquêtent sur les maisons qui ont une consommation anormale et coupent l'électricité quand il y a des branchements dangereux caractéristiques des exploitations de marijuana. Ce programme a clairement montré qu'il n'était plus question de tolérer ces exploitations à Surrey, et ça marche.
Le durcissement des sanctions est un aspect important de notre stratégie de lutte contre la criminalité. Le projet de loi propose plusieurs mesures contre les crimes liés à la drogue. Il prévoit une peine de prison obligatoire d'un an lorsque le trafiquant de drogue a utilisé une arme ou a agi au profit du crime organisé. Il prévoit une peine obligatoire de deux ans pour les gens qui vendent de la cocaïne, de l'héroïne ou du meth à des jeunes ou qui font du trafic à proximité d'endroits fréquentés par des jeunes.
Le projet de loi propose d'accroître la peine maximale en cas d'utilisation de la drogue du viol. Il prévoit aussi une peine obligatoire de six mois pour toute personne qui cultiverait ne fut-ce qu'un seul plant de marijuana à des fins de trafic.
Je me réjouis de voir dans le projet de loi des mesures qui ciblent les gros producteurs et les gros trafiquants, les groupes de criminels organisés et les gens qui vendent de la drogue à nos enfants et à nos adolescents. Ces individus ruinent la vie des générations futures. Nous espérons que ce projet de loi sera utile. Nos espoirs doivent reposer davantage sur notre jeunesse, et je pense personnellement que ce projet de loi est un pas dans la bonne direction.
Par contre, l'approche des conservateurs est problématique. Ils considèrent la toxicomanie comme une question criminelle, mais ils ne comprennent pas que c'est aussi une question de santé. Ils ne s'attardent pas aux problèmes criminels les plus graves, comme les gangs et les armes à feu.
Le chef de police et n'importe quel agent de police de ma circonscription nous diraient qu'il faut axer nos ressources sur la lutte contre le crime organisé. Par exemple, le taux de condamnation pour les homicides n'est que de 16 p. 100. Ce taux est lamentablement faible. Il a déjà été beaucoup plus élevé, mais les services de police ont plus de difficulté à obtenir une condamnation de nos jours, parce que les homicides sont l'oeuvre du crime organisé dans une plus grande proportion qu'avant.
Ces problèmes sont graves, mais le gouvernement conservateur ne leur accorde pas l'attention qu'ils méritent.
Nous ne savons même pas où tous les nouveaux prisonniers seront enfermés. Le service correctionnel provincial de la Colombie-Britannique affirme que, si le projet de loi était adopté, il faudrait trouver de la place pour quelque 700 nouveaux producteurs de marijuana par année. Personne ne sait exactement où ils seront emprisonnés, car 80 p. 100 des prisonniers en Colombie-Britannique sont déjà dans des cellules à occupation double, et les autres sont isolés pour leur protection ou sont trop violents pour avoir un compagnon de cellule.
Même le National Post critique le gouvernement à cet égard. Et quand le National Post et le Globe and Mail sont du même avis, on sait qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche.
Comme dans le cas de l'économie, les conservateurs ont eu une occasion en or d'améliorer les politiques du Canada en matière de lutte antidrogue au cours des deux dernières années. Encore une fois, ils ont laissé filer l'occasion.
À mon avis, le gouvernement, s'il devait mettre en oeuvre le projet de loi , devrait aussi se concentrer sur les programmes de prévention et d'éducation, surtout ceux à l'intention des jeunes et des Autochtones. C'est très important.
Je vais appuyer ce projet de loi, comme tous les projets de loi portant sur la criminalité dont la Chambre a été saisie. J'ai toujours adopté la ligne dure en matière de lutte contre la criminalité, mais j'ai toujours été un fervent partisan des mesures de prévention, de l'éducation et des programmes sociaux. Ainsi, nous pouvons maintenir la justice sociale et conserver l'équilibre entre les mesures juridiques et les services communautaires.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et d’autres lois en conséquence. Le a récemment déposé le projet de loi C-26, qui propose d’imposer un certain nombre de peines minimales obligatoires à ceux qui se rendent coupables d’infractions graves liées aux drogues.
Il ne s’agit pas d’appliquer des peines minimales obligatoires à toutes les infractions liées aux drogues. La Loi réglementant certaines drogues et autres substances a une structure assez complexe relativement aux infractions et aux peines. Celles-ci dépendent de la nature de l’infraction commise et de la substance en cause.
Les substances les plus dangereuses, comme l’héroïne, la cocaïne, la métamphétamine et la morphine figurent dans l’annexe I de la Loi. Les infractions liées à ces substances sont assorties des peines les plus sévères, qui peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement à vie.
Le cannabis est une drogue de l’annexe II, à laquelle correspondent des peines moins sévères. Seules les quantités d’au moins 3 kilogrammes, en cas de trafic ou de possession en vue d’un trafic, entraînent des peines pouvant atteindre l’emprisonnement à vie. La production de cannabis peut valoir jusqu’à sept ans d’emprisonnement.
Les peines les moins sévères, qui atteignent 12 mois d’emprisonnement sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, sont réservées aux infractions liées aux substances énumérées dans les annexes IV et V.
Il y a lieu de noter, cependant, que la plupart des activités interdites prévues dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances sont considérées légales si la personne en cause détient la licence, le permis ou l’exemption nécessaires.
Par exemple, le Règlement sur l’accès à la marihuana à des fins médicales, qui est entré en vigueur le 30 juillet 2001, prévoit une procédure complète permettant à des personnes malades de demander un permis pour posséder ou faire pousser de la marihuana à des fins médicales, avec l’accord de leur médecin ou, dans certains cas, avec l’accord d’un spécialiste. Il est également possible de présenter une demande en vue de l’octroi d’un permis de production à une personne désignée, si le malade est incapable de faire pousser lui-même de la marihuana.
De ce fait, il y a au Canada des gens qui sont exemptés des sanctions prévues dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances quand ils font pousser de la marihuana chez eux ou dans leur jardin.
Le nombre de plants qu’une personne titulaire d’un permis est autorisée à produire se fonde sur une formule liée à la quantité de marihuana sèche dont la personne a besoin chaque jour. Ce nombre peut être assez important. Il peut, par exemple, dépasser 50 plants.
Certains députés pourraient croire que les infractions graves liées aux drogues ne nécessitent pas une réaction comme celle qui est proposée dans le projet de loi. Toutefois, ces infractions se multiplient dans les agglomérations urbaines du Canada, ce qui impose d’adopter des mesures strictes.
D’après Juristat, Statistiques de la criminalité, 2004 de Statistique Canada, le nombre d’infractions liées à la culture de la marihuana a plus que doublé dans la dernière décennie, passant d’environ 3 400 en 1994 à 8 000 en 2004.
D’après une étude de 2003 sur la culture de la marihuana en Colombie-Britannique, 39 p. 100 de tous les cas déclarés de culture, ou 4 514 cas, se sont produits dans la province. Entre 1997 et 2000, le nombre total de cas a augmenté de plus de 220 p. 100. Même si le nombre de cultures en Colombie-Britannique s’est stabilisé entre 2000 et 2003, on estime que la quantité de marihuana produite est passée de 19 729 kilogrammes en 1997 à un record de sept ans de 79 817 kilogrammes en 2003, ce qui témoigne de la taille et du perfectionnement des exploitations.
Les enquêtes que B.C. Hydro a menées récemment révèlent qu’il pourrait y avoir jusqu’à 17 000 serres clandestines de marijuana. L’augmentation de la production illicite de marijuana touche non seulement la Colombie-Britannique, mais l’ensemble du pays. Il n’y a pas de données nationales disponibles au sujet de la production de drogues synthétiques.
Selon d’autres données de la GRC, les laboratoires clandestins sont également en progression. La GRC a fait des saisies dans 25 laboratoires clandestins de drogues synthétiques en 2002, 51 en 2003, 60 en 2004 et 50 en 2005. Sur les 60 laboratoires saisis en 2004, 17 produisaient de l’ecstasy et 40, de la méthamphétamine. Sur les 50 laboratoires saisis en 2005, 60 p. 100 produisaient de la méthamphétamine et 30 p. 100 de l’ecstasy. Les saisies d’ecstasy et de ses précurseurs sont passées de 1,5 million de comprimés à plus de 70 millions de comprimés en 2001 et 2006.
Contrairement à d’autres drogues mieux connues comme l’héroïne, la cocaïne ou la marijuana, la méthamphétamine pose des défis particuliers. Il s’agit d’une drogue synthétique. Il n’est pas nécessaire de cultiver des plantes pour la produire. Sa production n’exige pas de formation ou de connaissances spécialisées. Les substances chimiques qui servent à la fabriquer sont relativement faciles à obtenir et peu coûteuses à acheter. Ces facteurs rendent la production de cette drogue attrayante pour le trafiquant et le toxicomane.
La méthamphétamine présente également une menace pour les autorités policières. Elles doivent combattre simultanément les petits laboratoires et les superlaboratoires qui sont sous la haute main des organisations qui font le trafic des stupéfiants. Les petits laboratoires produisent des quantités relativement faibles de méthamphétamine et ne sont généralement pas affiliés aux grandes organisations de trafiquants.
Un certain nombre de facteurs ont favorisé la multiplication des petits laboratoires. Il s’agit notamment de l’accès facile aux recettes par Internet. L’utilisation généralisée d’Internet a d’ailleurs facilité la diffusion de la technologie utilisée pour fabriquer la méthamphétamine dans des petites laboratoires. Ce genre de partage de l’information permet une vaste diffusion de ces techniques à toute personne qui a accès à un ordinateur.
À part la marijuana, la méthamphétamine est la seule drogue illégale utilisée à grande échelle que le toxicomane peut facilement produire lui-même. Étant donné la facilité relative avec laquelle il est possible d’obtenir la recette et les ingrédients ainsi que la simplicité du processus de fabrication, on peut comprendre pourquoi cette drogue qui entraîne une forte accoutumance se répand autant.
La méthamphétamine a un certain nombre d’effets sur ses utilisateurs, sur nos collectivités et sur la société en général. La qualité de vie des usagers de la méthamphétamine est généralement très diminuée. Le divorce ou la séparation, l’isolement social, les changements de personnalité, la difficulté d’étudier, la perte d’emploi, la criminalité, l’exacerbation d’une maladie mentale existante, les psychoses reliées à la drogue, les lésions cérébrales, les comportements risqués pour la santé y compris des relations sexuelles risquées et le délabrement physique figurent parmi les risques auxquels sont exposés les toxicomanes.
De plus, ces personnes risquent d’être peu incitées à chercher de l’aide étant donné que la méthamphétamine peut donner l’impression qu’elle stimule l’énergie et la productivité. Les collectivités deviennent vulnérables à la petite criminalité, au désordre social, aux risques associés à la santé, à l’accroissement de la violence et à l’augmentation du nombre de grands laboratoires et du trafic des stupéfiants.
La production de méthamphétamine pose également de sérieux risques pour la sécurité publique et pour la santé des personnes qui s’y livrent et de celles du voisinage. Ces laboratoires peuvent causer de graves blessures suite à des explosions, des incendies, des brûlures chimiques et des émanations toxiques. Ces laboratoires produisent des risques environnementaux, posent des problèmes de nettoyage et mettent en danger la vie et la santé des résidents de la collectivité.
Les dommages collatéraux causés par la méthamphétamine sont notamment ses répercussions sur les familles, le personnel scolaire, les étudiants, les policiers, les ambulanciers paramédicaux des services de pompiers, les praticiens de la santé, les entreprises et les propriétaires d’immeubles. Ces personnes subissent les effets secondaires de la consommation de méthamphétamine. Les premiers intervenants peuvent être exposés aux sous-produits de la fabrication de cette substance, à des explosions ou d’autres dangers et peuvent être victimes de la violence des toxicomanes ou ressentir le découragement et le stress résultant du manque de ressources ou des limitations de la loi qui les empêchent d’intervenir.
Les parents peuvent également subir un stress émotionnel et financier, devoir s’absenter du travail, éprouver de la peur et de l’embarras, de la culpabilité et de la honte lorsqu’un enfant doit se faire désintoxiquer. Une famille peut également être victime de la criminalité des gangs, de la contamination, de la violence...
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Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir d'intervenir aujourd'hui au sujet du projet de loi . Les résidants de ma circonscription se préoccupent énormément de l'impact du trafic de la drogue et des crimes qui en découlent.
La méthamphétamine, la drogue du viol, les installations de culture de la marijuana et les laboratoires clandestins prolifèrent dans nos collectivités d'un océan à l'autre, et les Canadiens exigent que le gouvernement du Canada passe à l'action.
Durant la dernière campagne électorale, nous avons promis de lutter contre le crime lié à la drogue. Nous avons promis « d'imposer des peines d'emprisonnement minimums obligatoires pour certaines infractions relatives au trafic de stupéfiants pour s'assurer que les crimes graves sont sanctionnés par des peines lourdes » et « de mettre fin aux condamnations avec sursis ou assignation à domicile pour les crimes graves, comme les infractions relatives aux drogues ». Nous avons aussi promis d'appuyer des initiatives communautaires axées sur les résultats misant sur le traitement pour toxicomanie, la formation et la réadaptation de ceux qui ont eu des démêlés avec la justice.
Le gouvernement tient ces promesse grâce au projet de loi et à la stratégie nationale antidrogue.
Je suis particulièrement satisfait de constater que ce projet de loi nous permettra de prendre des mesures vigoureuses pour lutter contre les installations de culture de marijuana. Pourquoi avons-nous besoin de ces peines minimales obligatoires pour ceux qui cultivent la marijuana? C'est parce que ces contrevenants s'en tirent actuellement avec une simple réprimande.
Le professeur Darryl Plecas a fait une étude de tous les dossiers que la police de la Colombie-Britannique a ouverts de 1998 à 2003 concernant des affaires de drogue. Ses constatations font ressortir le besoin et l'urgence de ces modifications du droit criminel.
Le professeur Plecas a constaté qu'entre 1997 et 2003, la taille moyenne des opérations de culture à l'intérieur est passée de 149 plants à 236 plants. Il importe de signaler qu'il y a détournement ou vol d'électricité dans environ une installation sur cinq. En outre, le nombre d'incendies causés par les installations de culture est passé de 32 en 1997 à 80 en 2003.
Ces statistiques sont importantes, car elles brossent un tableau de la situation. Parmi les suspects, 57 p. 100 avaient au moins une condamnation liée à la drogue, 41 p. 100 avaient été condamnés pour violence sous une forme ou une autre, 22 p. 100 avaient déjà été condamnés pour des activités de culture et 27 p. 100 avaient déjà été condamnés pour possession aux fins de trafic. En moyenne, les suspects comptaient sept condamnations sur une période de treize ans.
Quelles peines les tribunaux imposent-ils? Aussi incroyable que cela puisse paraître, M. Plecas a découvert que seulement 27 p. 100 des contrevenants ayant fait l'objet d'au moins neuf condamnations non liées à la drogue ont été emprisonnés, tandis que seulement 54 p. 100 de ceux qui ont fait l'objet d'au moins neuf condamnations liées à la drogue l'ont été. De plus, le pourcentage de cas où une peine d'emprisonnement était le châtiment le plus grave est passé de 19 p. 100 en 1997 à 10 p. 100 en 2003, tandis que celui des condamnations avec sursis dans les mêmes circonstances est passé de 13 p. 100 à 46 p. 100. Dans les cas où une peine d'emprisonnement a été imposée, la durée moyenne de la peine n'était que de 4,9 mois.
De toute évidence, les peines actuelles ne dissuadent guère les personnes ayant fait l'objet de multiples déclarations de culpabilité de participer à des activités de culture de la marijuana.
Je crois que tous les députés seront d'accord pour dire que de telles peines ne suffisent pas à dissuader les gens de faire la culture de la marijuana. Personnellement, en tout cas, je ne trouve pas qu'elles suffisent. Ces peines ne sont pas proportionnées à la gravité des crimes.
Je m'intéresse à la question des installations de culture, et des grands laboratoires de méthamphétamine en cristaux en particulier. Mon projet de loi d'initiative parlementaire , qui est actuellement à l'étude à l'autre endroit, propose d'imposer des peines plus lourdes à quiconque se livre à la production et au trafic de cette dangereuse substance.
Des Canadiens de partout au pays, que l'usage de drogues illicites inquiètent, ont communiqué avec moi. Les moyens de dissuasion visant les producteurs et distributeurs de ces dangereuses drogues, qui ont un effet si dévastateur sur nos collectivités, les préoccupent tout particulièrement. Il est temps que le Parlement fasse clairement savoir quelle est, à notre avis, la gamme de peines parmi lesquelles un juge peut choisir, compte tenu des circonstances particulières au contrevenant.
Le projet de loi prescrirait cette nouvelle gamme de peines. Il n'existe, à l'heure actuelle, aucune peine minimale, et la peine maximale n'est que de sept années d'emprisonnement. En vertu du projet de loi , la peine maximale serait dorénavant de 14 années, ce qui indiquerait clairement aux tribunaux à quel point les parlementaires prennent ce type de crime au sérieux. Fait plus important encore, le projet de loi prévoit des périodes d'emprisonnement obligatoire en fonction du nombre de plantes. La durée de ces périodes minimales obligatoires augmenterait dans les cas où la production constituait un danger potentiel pour la sécurité ou la santé d’enfants se trouvant à l’endroit ou dans les environs de l’endroit où l’infraction a été commise, la production constituait un danger potentiel pour la sécurité du public dans un secteur résidentiel, l’accusé a tendu un piège ou il s’est servi d’un immeuble appartenant à un tiers pour commettre l’infraction.
Aux termes du projet de loi , les peines infligées seraient les suivantes: six mois pour la production de jusqu'à 200 plantes de marijuana en vue d'en faire le trafic et neuf mois lorsque l’infraction est accompagnée de circonstances aggravantes mettant en cause la santé ou la sécurité; un an pour la production de 201 à 500 plantes et dix-huit mois lorsque l'infraction est accompagnée de circonstances aggravantes mettant en cause la santé ou la sécurité; deux ans pour la production de plus de 500 plantes et trois ans lorsque l’infraction est accompagnée de circonstances aggravantes mettant en cause la santé ou la sécurité .
De toute évidence, les peines d'emprisonnement minimales obligatoires proposées sont une réaction pondérée et remplissent la promesse « d’assurer que les crimes violents soient punis par des peines sévères ». De plus, les peines proposées remplissent la promesse d'appuyer le traitement de la toxicomanie, la formation et la réinsertion de ceux qui ont des démêlés avec la justice.
Je rappelle aux députés que lorsque l'accusé a déjà été condamné pour avoir commis une infraction grave en matière de drogue, mais qu'il n'y a pas d'autres circonstances aggravantes en ce qui a trait à l'infraction dont le tribunal est saisi, le projet de loi permettra au tribunal de suspendre l'imposition d'une peine si le contrevenant participe à un programme judiciaire de traitement de la toxicomanie. Si la personne termine avec succès le programme, le tribunal peut imposer une peine moins lourde.
Les tribunaux de traitement de la toxicomanie n'existent pas depuis très longtemps au Canada, mais ils sont très prometteurs. D'après ce que j'ai compris, lors d'une conférence de presse au sujet du projet de loi , Joe, premier diplômé du tribunal de traitement de la toxicomanie d'Ottawa, a parlé avec éloquence et émotion de la manière dont le tribunal l'a aidé à ne plus consommer de drogues, et ce, depuis 16 mois. Joe a transformé sa vie et peut maintenant contribuer à la société, alors qu'avant, il commettait des crimes dans le but de se procurer de l'argent pour nourrir sa toxicomanie.
J'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi .
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de participer à ce débat sur le projet de loi . Le Bloc québécois souhaite que le projet de loi soit renvoyé au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, mais encore faut-il que le président du comité puisse s'acquitter de ses responsabilités et présider les travaux. Le Bloc québécois souhaite que le projet de loi soit renvoyé au comité dès que celui-ci reprendra son rythme de fonctionnement. Cependant, cela ne signifie pas que nous allons automatiquement l'appuyer après analyse. Nous souhaitons entendre des témoins et faire un travail de compréhension et d'approfondissement, car nous avons évidemment des interrogations.
Situons le tout à l'intention de nos concitoyens. Le projet de loi introduit une peine minimale d'emprisonnement d'un an pour le trafic de drogues, particulièrement la marijuana, lorsque ce trafic est effectué aux fins du crime organisé et qu'il implique le recours à une arme ou à de la violence. Bien sûr, nous convenons que les activités liées à la drogue, surtout lorsqu'elles se font au profit du crime organisé, méritent une peine. Au Bloc québécois, nous n'avons pas changé d'idée quant à la question des peines minimales obligatoires.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire à maintes reprises, de même que plusieurs de mes collègues, il n'existe pas de littérature concluante selon laquelle la présence d'une peine minimale obligatoire dans un projet de loi a nécessairement des vertus dissuasives. Au contraire, on sait bien que la présence d'une peine minimale obligatoire peut donner lieu à ce qu'on appelle du plea bargaining, à un jeu de négociations au cours duquel les procureurs de la défense et de la Couronne vont s'entendre sur d'autres chefs d'accusation n'encourant pas de peines minimales obligatoires.
Une deuxième infraction est prévue dans ce projet de loi. Une peine d'emprisonnement minimale de deux ans sera imposée pour le trafic de drogues telles que la cocaïne, l'héroïne et les amphétamines visant les jeunes et, bien sûr, pour le trafic de drogues effectué près d'une école ou près d'un secteur normalement fréquenté par les jeunes. On peut penser ici à une maison de jeunes.
Nous sommes favorables au principe que le législateur doit poser un regard particulier sur les gens qui veulent faire du trafic de drogues dans des lieux où se trouvent des jeunes. C'était d'ailleurs une recommandation du comité spécial créé en 2002 auquel j'ai participé. J'aurai l'occasion d'y revenir plus tard. Toutefois, nous ne sommes pas convaincus qu'il faille assortir cette infraction d'une peine minimale obligatoire.
Troisièmement, ce projet de loi prévoit une peine d'emprisonnement minimale de deux ans pour l'exploitation d'une culture de marijuana d'au moins 500 plants.
Quatrièmement, la peine maximale pour la production de cannabis passera de 7 à 14 ans d'emprisonnement. Au Bloc québécois, les peines maximales ne nous posent pas de problème, car cela respecte la discrétion judiciaire que l'on doit reconnaître aux juges qui entendent les témoins. Ils sont au courant des circonstances et sont les plus à même de porter un regard sur la meilleure peine à déterminer pour un cas particulier. Je rappelle qu'au Bloc québécois, nous avons toujours défendu l'idée que les peines doivent être individualisées. Il faut accepter et regarder chacune des causes en ayant chaque facteur à l'esprit.
Finalement, des sanctions seront plus sévères pour le trafic de GHB, que l'on connaît communément comme la drogue du viol. Cette disposition du projet de loi ne nous pose pas particulièrement de problème.
De plus, il est un autre aspect du projet de loi peut-être un peu plus positif. À l'article 5, il est prévu qu'une personne qui acceptera de se soumettre à un traitement en désintoxication — chacune de nos provinces et de nos communautés en offre — pourra échapper à une peine minimale et cela sera pris en compte comme un facteur atténuant lors de la détermination de la peine.
Je comprends qu'il y a un député de la majorité ministérielle qui a déjà déposé un projet de loi en ce sens.
Nous sommes favorables à l'article 5 du projet de loi, mais pour le reste, nous avons beaucoup d'inquiétude.
Je veux également indiquer qu'il y a dans le projet de loi l'établissement d'une liste de circonstances aggravantes où les individus échapperont à l'idée d'une peine minimale. Ce sont des facteurs que l'on juge suffisamment graves pour inviter les juges à aller vers le plus plutôt que vers le moins.
Dans le projet de loi, il est fait mention d'une infraction commise au profit ou sous la direction d'une organisation criminelle. Ce sont des dispositions qui existent déjà, que nous avions adoptées lorsque nous avions analysé toute la question du crime organisé. On se rappelle qu'il y a trois infractions en vertu, je crois, des articles 467, 468 et 469. Commettre une infraction au profit d'une organisation criminelle, que ce soit en matière de drogues ou d'autres circonstances, est toujours une circonstance aggravante.
Également, lorsque l'infraction est commise et qu'on a eu recours à la violence pour la perpétrer, il est évident que cela fera partie des circonstances aggravantes. C'est la même chose pour une infraction commise à l'intérieur d'une école ou à proximité d'une cour d'école, une infraction commise à l'intérieur d'une prison ou une infraction qui a été commise avec l'aide d'un individu de moins de 18 ans. Voilà autant d'exemples de circonstances aggravantes qui échapperont à l'application d'une peine minimale.
La question des drogues est bien sûr préoccupante. Nous sommes conscients, au Bloc québécois, que la question des drogues peut amener la détérioration des familles, peut avoir des conséquences extrêmement néfastes dans les communautés, peut aider à l'organisation de réseaux criminels, peut entraîner de la violence. Nous ne sommes donc pas complaisants face à la question des drogues.
On peut être un peu critique face au projet de loi. En 2002, j'ai participé à une étude sur l'usage des drogues. À l'époque, il y avait le député Randy White. Je peux mentionner son nom puisqu'il n'est plus député en cette Chambre. Je suis convaincu qu'on se rappelle de lui parce qu'il a siégé pendant au moins trois mandats en cette Chambre. C'était un solide conservateur. Dans l'imagerie populaire, il y a d'autres qualificatifs qui nous permettraient de le décrire, mais je vais bien m'en garder. C'était un conservateur assez campé dans ses opinions. Il avait présenté une motion pour que cette Chambre procède à la mise sur pied d'un comité pour étudier toute la question de l'usage des drogues à des fins non médicales.
Nous avions travaillé environ deux ans à ce comité. Il y avait, à l'époque, la députée de Burlington, Mme Torsney, qui était la présidente du comité. D'autres députés en cette Chambre qui siègent encore avec nous y ont également participé et nous avons investi quelque deux années pour parcourir le Canada et le Québec pour recueillir des témoignages.
J'ai été, à ce moment-là, extrêmement surpris — on était dans les années 2000 — lorsque nous avons été informés que le gouvernement canadien consacrait 500 millions de dollars pour toute la question des drogues. De ces 500 millions de dollars, 380 millions — ce qui commence à être une somme considérable — allaient à la GRC et à Service correctionnel Canada. On peut dire que ces 380 millions de dollars allaient à des organismes responsables de l'application de la loi.
On s'imagine bien que ce ne sont pas des organismes qui font de la prévention, ce ne sont pas des organismes qui interviennent en amont, ce ne sont pas des organismes qui interviennent dans nos communautés pour dissuader les jeunes et pour les informer des conséquences néfastes de l'usage de la drogue.
C'est très préoccupant qu'aussi récemment qu'au début des années 2000, nous ayons choisi une stratégie qui était clairement prohibitionniste, mais qui était clairement et majoritairement, pour ne pas dire de façon dominante, associée à des éléments de répression.
C'est d'autant plus troublant — et une réflexion reste à faire à cet égard — que depuis au moins 80 ans, le Canada prévoit dans le Code criminel des dispositions qui prohibent l'utilisation, l'importation, l'exportation, la possession et le trafic de drogues. Ainsi, tout ce qui concerne ces cinq éléments est interdit dans le Code criminel depuis des décennies. Évidemment, on a refondu cela dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances il y a quelques années, mais on a recours au Code criminel depuis très longtemps pour dissuader les gens de consommer de la drogue.
Je le dis avec un total détachement: je n'ai jamais consommé de drogue de ma vie. Ceux qui me connaissent le savent, et même certaines personnes qui me trouvent un peu désespérément tranquille. Néanmoins, je me pose une question. Nous avons depuis 80 ans une stratégie prohibitionniste et, sondage après sondage, à la suite de l'examen de la réalité et de l'état de la situation, on se rend compte que le quart des Canadiens consomment des drogues. Il importe évidemment d'apporter les nuances qui s'imposent: ces personnes consomment à 80 p. 100 de la marijuana.
Faut-il qu'on investisse socialement autant de ressources pour dissuader des jeunes par la voie du Code criminel? On devrait plutôt allouer 500 millions de dollars pour expliquer aux jeunes que la marijuana, bien qu'elle demeure peut-être moins nocive que d'autres drogues, ne fait pas partie du Guide alimentaire canadien. On n'a pas besoin de consommer de la marijuana pour être heureux dans la vie ou pour être un citoyen accompli. On n'a pas à porter de jugements sur ceux qui en consomment, mais ce n'est certainement pas une chose à encourager.
À l'inverse, le régime en vertu duquel on crée un casier judiciaire pour des jeunes qui consomment de la marijuana est-il socialement souhaitable? Lors de l'étude de ce phénomène en comité, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait des conséquences extrêmement graves à avoir un casier judiciaire, pour ce qui touche autant la libération sous caution que la recherche d'emploi. En effet, lorsqu'on est un demandeur d'emploi, qu'on se présente devant un éventuel employeur et qu'on déclare avoir un casier judiciaire, cela demeure un facteur stigmatisant.
Est-ce la bonne stratégie quand on sait que, malgré l'existence d'une stratégie prohibitionniste depuis à peu près la création du Code criminel au Canada, le quart des Canadiens déclarent encore consommer de la marijuana ou des drogues de façon plus ou moins régulière? C'est là qu'il faut apporter des nuances. Le Code criminel est-il le bon moyen pour nous aider à atteindre les objectifs visés?
Je rappellerai la liste des stigmates qui peuvent résulter de l'établissement d'un casier judiciaire. Tout d'abord, cela pourrait avoir une influence sur un policier en cas d'arrestation. C'est effectivement un préjugé défavorable. Bien sûr, cela justifie le rejet d'une libération sous caution et cela influence le procureur de la Couronne qui doit décider s'il procédera par voie de mise en accusation, ce qui implique la prise d'empreintes digitales et tout cela, ou bien par procédure sommaire. De plus, cela mine évidemment la crédibilité d'un témoignage en cour. Cela rend le passage difficile, pour ne pas dire impossible, à la douane — certainement dans le cas de la douane américaine. Cela compromet l'obtention de la citoyenneté et, bien sûr, comme j'en ai parlé, cela a des effets néfastes lors d'une éventuelle entrevue pour les demandeurs d'emploi.
Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas adopter ce projet de loi. Je ne disconviens pas que le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances doivent prévoir des dispositions pour ceux qui font du trafic de drogues, particulièrement ceux qui mettent en cause de jeunes adolescents et ceux qui le font en s'enrichissant et, par le fait même, en enrichissant le crime organisé. Cependant, cela n'aurait-il pas mérité un traitement un peu plus nuancé à propos du cannabis?
Par ailleurs, toujours lors de l'étude de cette question en comité, j'ai été assez surpris d'apprendre que le Canada produit environ 800 tonnes de marijuana par année. C'est tout de même une production importante; le Canada est connu comme producteur de marijuana. Ce phénomène a même connu une certaine recrudescence en Colombie-Britannique, où l'on recourt à des serres hydroponiques.
Sait-on environ combien la GRC et les organismes responsables de l'application de la loi en saisissent par année? Selon les dernières statistiques qu'on a présentées au comité en 2002 — il faudrait peut-être des statistiques plus récentes —, sur les 800 tonnes que le Canada produisait, on en a saisi 1,2 tonne. On a investi 500 millions de dollars. Mille agents de la GRC au Canada surveillent les frontières et interviennent dans des enquêtes concernant les drogues. Malgré toutes ces ressources, cette infrastructure liée à l'application de loi et tout l'argent que l'on investit pour le déploiement de l'infrastructure que je décris, on réussit à saisir 1,2 tonne sur 800 tonnes.
Il n'est donc pas évident que la répression est la bonne façon de faire les choses. Il n'est pas évident qu'il s'agit d'une bonne chose que d'insister pour donner plus de ressources aux organismes responsables de l'application de la loi. En tant que société, ne serait-il pas plus fondé de mettre à profit le réseau scolaire, les maisons de jeunes, les intervenants, qui sont des adultes significatifs dans la vie des enfants ou des adolescents? Il s'agit d'expliquer quels sont les effets nocifs de la marijuana et de chercher à comprendre pourquoi des gens s'engagent à consommer ces substances.
Soit dit en passant, quand on a étudié la question de la marijuana et de la consommation non médicale des drogues en comité — notre collègue du Sénat, Pierre Claude Nolin, a lui-même dirigé un groupe de travail pendant plusieurs années à ce sujet —, personne n'a pu conclure que la marijuana était une drogue d'escalade. Ce n'est pas parce que l'on consomme de la marijuana sur une base régulière que l'on deviendra accro à l'héroïne ou à d'autres types de drogues. Je ne me fais pas le promoteur de la consommation de la marijuana, mais je dis que l'argument qui nous est quelquefois présenté, à savoir que la marijuana est une drogue d'escalade et qu'elle conduit inexorablement vers la consommation de drogues dures, n'est pas une donnée qui a pu être étayée scientifiquement lorsque nous avons entendu les témoins et conduit nos travaux. Voilà ce que l'on doit donc dire à propos de la marijuana.
Le Bloc québécois travaillera sérieusement. Je rappelle encore une fois que mon président de comité a malheureusement fait la forte tête. Il refuse d'assumer ses responsabilités en mettant aux voix une motion déposée par notre collègue de qui nous permettrait de nous acquitter d'un mandat d'audition concernant l'affaire Cadman. Je dois dire à regret que mon président refuse d'observer le Règlement.
Vous, monsieur le Président, et les gens au bureau pourraient en témoigner: lorsqu'une motion est présentée à un comité et que nous n'acceptons pas la décision du président, il est de la prérogative de tous les parlementaires membres de ce comité de contester sa décision. Il devrait normalement s'ensuivre un vote sans débat. C'est un automatisme. Toutefois, mon président refuse d'observer le Règlement et cela crée, bien sûr, une situation de tension à laquelle nous n'avons pas été habitués au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Tout le monde a travaillé dans un climat de franche camaraderie. Nous avons abattu un travail considérable. On peut évidemment imaginer la situation inconfortable dans laquelle on se retrouve. J'appelle de tous mes voeux mon président à retrouver sa raison et son sens de l'équité.
Je crois qu'il me reste une minute et je devrai donc conclure en disant que le Bloc québécois étudiera sérieusement ce projet de loi en comité. Nous avons des inquiétudes quant à sa portée, mais nous serons heureux d'entendre les témoins et d'inviter le président du comité à faire rapport à la Chambre, en temps et lieux, sur le projet de loi .
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole cet après-midi dans le cadre du débat au sujet du projet de loi ministériel .
Il s'agit d'une mesure importante puisque la consommation de drogue touche un grand nombre de Canadiens et un grand nombre de nos collectivités.
La question est importante dans mon milieu, où les gens sont touchés personnellement aussi bien par les questions de toxicomanie que par les questions de criminalité connexes, et je ne pense pas seulement au trafic et à la production, mais aussi aux crimes contre les biens liés à la toxicomanie. Selon les informations fournies par la police, 80 p. 100 des crimes mineurs contre les biens perpétrés dans la région de Vancouver seraient commis par des toxicomanes qui ont recours au crime pour assouvir leur dépendance. C'est un problème grave qui a une incidence sur un grand nombre de personnes dans notre milieu.
Malheureusement, je dois dire que, selon moi, cette mesure législative proposée par le gouvernement ne va pas du tout dans la bonne direction. C'est une mauvaise façon de composer avec le grave problème de la toxicomanie dans notre société. Elle s'inspire tellement de la guerre contre les drogues que mènent les Américains qu'elle mérite d'être sérieusement contestée.
Il a été prouvé que cette approche a mené à l'échec non seulement aux États-Unis, mais partout dans le monde. La guerre contre les drogues n'a pas été une réussite. Les infractions liées aux drogues ont fait augmenter la population carcérale. La consommation de drogue est à la hausse. Les drogues sont devenues plus puissantes. Les crimes graves liés à la drogue ont augmenté partout dans le monde. Les problèmes ont également pris de l'ampleur dans les pays producteurs de drogue.
La guerre contre les drogues accapare d'énormes ressources depuis de nombreuses années, mais sans succès. Les énormes dépenses consenties par le gouvernement des États-Unis dans sa guerre contre les drogues ne sont pas passées inaperçues. Puisque ni la criminalité liée à la drogue, ni les indicateurs clés de succès comme la prévalence de la toxicomanie n'ont fléchi malgré ces dépenses, on peut conclure que celles-ci ont été engagées en vain dans un plan qui n'a pas produit les résultats escomptés.
De tels programmes ont déjà été passablement analysés, et je ne suis donc pas convaincu que le Canada devrait s'inspirer de la guerre contre les drogues à l'américaine, d'une campagne à la Bush qui a donné de si piètres résultats partout dans le monde.
Les dispositions concernant les peines minimales obligatoires et le relèvement des peines minimales pour les crimes liés à la drogue sont la pierre angulaire de ce projet de loi. C'est une mesure particulièrement bancale pour lutter contre la drogue. Nous savons que les peines minimales obligatoires, surtout en cas de crimes liés à la drogue, sont très inefficaces. Elles n'ont jamais été à la hauteur de leur réputation.
De nombreux États américains qui avaient mis en place des peines minimales obligatoires ont fait marche arrière et annulé ce type de mesures législatives. Ils se sont rendu compte que ces peines se traduisaient par une augmentation des mises en détention, de la population carcérale et des bouleversements au sein des familles et des collectivités. Ces mesures ciblaient les minorités raciales et les contrevenants au bas de la chaîne. Les trafiquants de quartier écopaient des peines tandis que les grosses légumes s'en tiraient.
Les peines minimales obligatoires se sont révélées très inefficaces. D'ailleurs, selon la United States Sentencing Commission, ces peines n'ont aucun effet dissuasif. Toujours selon la commission, aux États-Unis, seulement 11 p. 100 des personnes accusées, au niveau fédéral, de crimes liés à la drogue sont des trafiquants de haut niveau. Cinquante-neuf pour cent des accusés de crimes liés au crack sont des vendeurs de rue tandis que cinq pour cent sont des trafiquants de haut niveau. On cible les mauvaises personnes alors qu'on tente de s'attaquer aux racines des problèmes de trafic aux États-Unis.
En 2000, la Californie a abrogé les peines minimales obligatoires pour les infractions mineures liées à la drogue. En 2004, le Michigan a fait de même pour la plupart des infractions liées à la drogue; il a notamment abrogé ce qu'il avait été fier d'appeler la « loi la plus sévère en matière de drogue au pays »: prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle en cas de trafic de plus de 650 grammes de cocaïne.
Dans un État américain, onze leaders, qui avaient déclaré être allés plus loin que quiconque dans cette voie et, selon leur promesse, avaient prévu de rigoureuses peines minimales obligatoires, ont dû revenir sur leur promesse et révoquer leur loi parce qu’elle s’était révélée très inefficace, voire très nuisible à la campagne menée pour venir à bout des problèmes liés aux drogues dans cet État.
D’autres États, comme le Delaware et le Massachusetts, procèdent déjà à de telles révisions législatives afin de réduire les peines minimales obligatoires.
La commission Kennedy de l’American Bar Association a préconisé l’abrogation des dispositions prévoyant des peines minimales obligatoires. Selon cette commission, « les peines minimales obligatoires ont tendance à châtier sévèrement les mauvaises personnes ».
Nous ne pouvons plus prétendre que cette approche à l’égard de l’usage de drogues, du crime lié à la drogue et de la toxicomanie est une solution efficace au problème. Il est clairement prouvé qu’elle ne fait qu’augmenter la population carcérale et empirer les bouleversements. Elle ne règle absolument pas les problèmes liés aux drogues.
Au Canada, nous avons surtout mis l’accent sur les mesures d’exécution pour régler les problèmes liés aux drogues. C’est à l’exécution que nous consacrons 73 p. 100 des fonds prévus pour régler ces problèmes. C’est un pourcentage important de tout l’argent que nous affectons à la politique canadienne en matière de drogues. Nous consacrons 14 p. 100 au traitement, 7 p. 100 à la recherche, 2,6 p. 100 à la prévention et 2,6 p. 100 à la réduction des préjudices. La plupart des gens reconnaissent que ces autres éléments qui sont absolument indispensables à une bonne politique en matière de drogues, à une démarche sensée pour traiter d’une manière positive les problèmes liés aux drogues, sont gravement sous-financés au Canada, alors que 73 p. 100 des fonds vont aux procédures d’exécution de la loi inscrites dans la politique en matière de drogues.
Le projet de loi dont nous sommes saisis ne ferait rien pour corriger ce déséquilibre. En réalité, il continuerait à accorder une importance indue à l’exécution en nous entraînant encore plus loin sur la voie des peines minimales obligatoires au Canada. Il est pourtant prouvé que ce n’est pas la voie à suivre. Il a été clairement démontré que c’est une façon inefficace de s’attaquer aux questions fondamentales qui sont de savoir quels sont les facteurs qui en incitent certains à faire usage de drogues et comment nous pouvons modifier ces facteurs tellement nuisibles pour la société, les familles et les collectivités.
Ce projet de loi accorde encore plus d’importance au programme judiciaire de traitement de la toxicomanie. Ce programme suscite une grande inquiétude dans bien des milieux, où l’on croit généralement qu’il est impossible de forcer un toxicomane à suivre un traitement. L’effet coercitif d’un programme judiciaire de traitement de la toxicomanie va relativement de soi. L’idée est d’essayer de soumettre le toxicomane à un programme de traitement placé sous la surveillance des tribunaux, de professionnels de la santé, de travailleurs sociaux, afin de le garder à l’extérieur du système de justice pénale, de le garder hors d’une prison. La personne reconnaît avoir commis un crime lié à la drogue, opte pour ce programme de traitement et fait l’objet d’une surveillance tout au long du processus.
La réalité est que les programmes qui remportent le plus de succès sont ceux que les personnes aux prises avec un problème de dépendance entreprennent au moment où elles sont prêtes à s’y soumettre, parce qu'elles veulent vraiment s’en sortir, et non pour une autre raison comme celle d’éviter la prison.
Une autre réalité est qu’il n’y a pas vraiment eu d’évaluation de l’efficacité des programmes judiciaires de traitement de la toxicomanie. Ils n’ont pas été évalués efficacement. Nous ne savons pas s’il y a une différence notable, par rapport à l’incarcération de l’accusé pour le même type de crime lié aux drogues. Il ne semble pas y avoir de corrélation significative entre une diminution des activités criminelles de ceux qui sont participent à ces programmes par rapport à celles des accusés qui doivent affronter le système de justice et peut-être aller en prison, ni pendant la période d’attente avant le procès, ni pendant la période du traitement ou par la suite, lorsque le traitement est terminé ou que le détenu est libéré. Il ne semble pas y avoir une amélioration notable des résultats dans le cas des accusés qui participent à un programme judiciaire de traitement de la toxicomanie.
On ne sait pas encore à quoi s’en tenir en ce qui concerne l’efficacité de ces programmes. L’idée semble séduisante. On dirait que c’est une bonne idée de garder les gens hors de prison et de les traiter, mais il y a des difficultés notables à contraindre les gens à suivre un programme de traitement pour éviter d’autres conséquences. Aux États-Unis, il arrive souvent qu’on propose aux inculpés de participer à un programme judiciaire de traitement de la toxicomanie pour éviter la prison, même s’ils n’ont pas vraiment besoin de ce genre de traitement.
Ici, au Canada, il y a toujours fort peu de places dans les programmes de traitement. Les besoins sont toujours bien plus importants que les disponibilités. Si on n’engage pas des ressources nettement supérieures dans ces programmes, il sera très difficile de les faire réussir. Il y a encore là de très graves problèmes.
Nous avons beaucoup trop tardé. Il faut envisager des recherches sérieuses sur l’efficacité des programmes judiciaires de traitement de la toxicomanie. Je vais parler plus tard du programme Insite, un site d’injection supervisé à Vancouver. Paradoxalement, il y a eu 24 études sur son efficacité, presque toutes favorables, et le gouvernement ne s’engage toujours pas à maintenir le programme au-delà de juin prochain.
Voici que les conservateurs proposent un projet de loi pour appuyer davantage les programmes judiciaires de traitement de la toxicomanie alors que les recherches sont très peu concluantes et même très sommaires, pour dire le moins. Je ne comprends pas comment le gouvernement peut décider d’appuyer cette solution et d’en écarter une autre qui a été étudiée à fond et jugée efficace. Il y a un très grave problème à propos de cet autre aspect du projet de loi, l’appui aux programmes judiciaires de traitement de la toxicomanie.
Il y a des choses à dire en faveur d’une approche fondée sur quatre éléments dans la lutte contre les drogues au Canada. Il faut que l’atténuation du préjudice, la prévention, le traitement et l’application soient autant d’éléments de notre approche des problèmes de drogue dans notre société.
Les mesures d’atténuation du préjudice, comme les sites d’injection supervisés et les programmes d’échange de seringues, se sont avérées très efficaces comme mesures de santé publique et comme occasions d’aider, lorsqu’ils sont prêts, ceux qui veulent régler leurs problèmes de toxicomanie.
Le public appuie largement la présence d'endroits comme l'établissement Insite, une piquerie supervisée située à Vancouver. La vaste majorité des gens de Burnaby—Douglas appuient certainement l'approche employée par l'établissement Insite pour réduire les méfaits dont souffre la population locale. On sait que des vies ont ainsi été sauvées. On sait que la propagation de certaines maladies a pu être ralentie grâce à l'établissement Insite et aux gens qui en permettent un fonctionnement si efficace. C'est un nouvel établissement qui a une grande importance, tant à titre d'établissement de santé publique qu'à titre de composant d'une politique bénéfique de lutte contre la drogue dans la région.
Les programmes de prévention ont une importance cruciale. Je ne pense pas que qui que ce soit remette en question la nécessité des programmes de sensibilisation permanente grâce auxquels les gens, les jeunes en particulier, sont conscients des problèmes associés à la consommation de drogue. Personne ne veut que les programmes de ce genre soient abolis, mais il faut aussi veiller à ce que davantage d'argent leur soit consacré pour qu'on puisse obtenir des résultats encore meilleurs.
On connaît l'importance cruciale des programmes de traitement, mais on sait aussi qu'en réalité, ils offrent bien peu de places. Lorsqu'une personne prend la décision de suivre une cure de désintoxication, on sait combien il est essentiel qu'une place soit disponible au moment où la décision est prise parce qu'en tardant à donner suite à une telle décision, on réduit radicalement l'efficacité et la probabilité de réussite du traitement. Il faut veiller à ce que davantage de ressources soient consacrées aux programmes de traitement.
La répression est un élément parmi d'autres de la lutte contre la drogue. Malheureusement, je crois qu'il est contre-productif de mettre trop l'accent sur cet élément. Les ressources qui sont consacrées à la répression ne servent pas bien la société. La société canadienne manifeste des attitudes qui varient au sujet de la consommation de drogues douces et voit souvent d'un mauvais oeil les mesures de répression. La police qui doit mettre en oeuvre ces mesures acquiert une mauvaise réputation dans de nombreux milieux. L'accent mis sur la répression cause de graves problèmes. Tous ces facteurs sont importants à considérer pour définir la politique de lutte contre la drogue au pays.
J'ai souligné il y a quelques minutes que le site d'injection sûr Insite de Vancouver avait fait l'objet d'une nouvelle étude. Je crois qu'il y a déjà eu 24 études de ce genre, dont très récemment, la semaine dernière, celle du groupe d'experts choisis par le gouvernement qui s'est penché sur ce site et qui, comme bien d'autres, en est arrivé à la conclusion qu'il avait des effets positifs et qu'il permettait de sauver des vies et de réduire la propagation de maladies. Ce site permet aux toxicomanes d'obtenir de l'aide et de satisfaire leur dépendance de façon beaucoup moins dangereuse.
Le fait de sortir les toxicomanes des ruelles pour leur permettre de s'injecter des drogues dans un endroit propre a bon nombre d'effets positifs pour la collectivité. Tous ceux d'entre nous qui ont déjà vu des gens s'injecter de la drogue dans la rue se sont sentis très mal à l'aise parce qu'ils ne savaient pas comment réagir. Le seul fait de savoir qu'il y a un endroit où ces gens peuvent aller pour satisfaire leur dépendance dans un environnement contrôlé représente une grande amélioration.
Ce dont je voudrais réellement parler aujourd'hui, c'est l'échec de notre manière de concevoir l'utilisation des drogues dans notre société. Nous pouvons tirer beaucoup d'enseignements du passé et de l'expérience vécue aux États-Unis à l'époque de la prohibition de l'alcool dans les années 1920 et au début des années 1930. La consommation d'alcool était alors interdite, sensiblement comme la consommation de drogues l'est actuellement dans notre société.
La prohibition de l'alcool aux États-Unis a été un échec retentissant qui a mené aux mêmes genres de problèmes qui existent actuellement dans la société à l'égard de la prohibition des drogues. Dans les années 1920 et 1930, l'alcoolisme a entraîné l'éclatement de nombreuses familles. Le nombre de gens qui n'avaient plus accès à des programmes d'aide pour lutter contre leur consommation d'alcool a beaucoup augmenté parce qu'étant une substance interdite, la consommation d'alcool était illégale. Des barrières empêchaient donc les gens qui avaient besoin d'aide d'améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs proches.
Nous avons également vu les problèmes causés par les alambics installés dans les sous-sols et les fonds de cour. Il y avait des problèmes de voisinage, d'incendie, d'explosion et autres. Nous voyons aujourd'hui la culture de marijuana dans les résidences du pays causer des problèmes similaires pour les locataires de ces immeubles et les voisins.
Le crime organisé a été florissant aux États-Unis pendant la prohibition de l’alcool. Certains y voient les racines du crime organisé en Amérique du Nord. C’est alors que les bandes sont devenues très puissantes et bien structurées. Elles avaient d’importantes ressources tirées de l'exploitation de réseaux de contrebande d'alcool, et de la vente et de la distribution illégales d’alcool. Aujourd’hui, nous sommes en présence d’une situation très semblable avec la participation du crime organisé dans la production et la distribution de la drogue au Canada.
Bien entendu la prohibition a entraîné de très graves problèmes et la société américaine a décidé dans sa sagesse que cette mesure était un échec. Il était plus logique de réglementer l’usage de l’alcool, d’en assurer l’accès et de consacrer les ressources à toutes sortes d’autres programmes ayant plus de portée. L’alcool a causé de graves problèmes dans la société, mais son interdiction pure et simple a été un échec complet.
Le Canada n’a jamais suivi cet exemple. Nous avons décidé que la réglementation et l’utilisation légale de l’alcool étaient la bonne façon de faire.
La prohibition de l’alcool aurait dû nous apprendre quelque chose. Nous sommes en présence des mêmes problèmes sociaux en ce qui concerne la prohibition de la drogue. Nombre de personnes qui ont étudié ce problème l’ont noté très nettement.
Il y a une organisation qui fait un excellent travail à ce sujet. C’est la LEAP, pour Law Enforcement Against Prohibition. J’invite tout le monde à consulter le site web de LEAP. Vous y trouverez les nombreuses ressources des policiers qui ont eux-mêmes décidé qu’ils ne pouvaient plus défendre la prohibition de la drogue dans notre société. Ils ne peuvent plus endurer ce que cela fait à la société, aux policiers, et à la politique publique. Ils considèrent qu’il s’agit d’une mauvaise politique publique qu’il faut changer.
Je crois que le projet de loi nous fait prendre la mauvaise direction. Il prolonge une guerre sans victoire contre la drogue. Il préconise des peines minimales obligatoires comme solution alors que, partout aux États-Unis, des mesures législatives semblables se sont révélées être un échec complet et que la plupart des gouvernements ont pris les mesures pour casser ces lois. Qui plus est, le traitement de désintoxication imposé de force par les juges est une politique qui n’a pas encore fait ses preuves.
La présente mesure législative comporte de graves problèmes et j’espère que nous pourrons en débattre sérieusement à la Chambre.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi d'intervenir sur cette question de la drogue.
Hier encore, nous avons entendu une mère plaider pour ses deux filles adolescentes qui ont eu beaucoup de mal à trouver un programme de désintoxication. Elle a fini par les envoyer suivre un traitement complet et à long terme aux États-Unis, ce qui lui a coûté des dizaines de milliers de dollars.
Elle milite et fait des démarches pour qu'on établisse au Canada un programme de prévention et un programme de traitement. Partout où elle va, elle entend parler de milliers de familles de Canadiens moyens à qui on dit qu'il n'y a pas assez d'argent pour financer des programmes de désintoxication, pourtant ce gouvernement conservateur ne semble pas en manquer pour mettre les gens en prison.
Parlons de ce que signifie réellement le projet de loi de loi . C'est un projet de loi qui passe à côté des causes fondamentales de la toxicomanie et des problèmes liés à la drogue au Canada. Il prévoit des peines minimales, mais les études scientifiques ont montré bien des fois que ce genre de peines obligatoires n'a pas d'effet sur les crimes liés à la drogue.
De nombreuses statistiques montrent que les États-Unis ont échoué dans la guerre qu'ils mènent depuis des années contre la drogue. Il y a de plus en plus d'incarcérations et les gens sont entraînés dans une escalade de violence dans leurs quartiers. Cette violence est surtout due à la toxicomanie et au trafic de drogue.
En 2004, la commission du juge Kennedy de l'association du barreau américain a demandé au Congrès américain de supprimer les peines minimales obligatoires, notamment pour les crimes liés à la drogue. Fait intéressant, on disait dans ce rapport que « les peines minimales obligatoires frappent généralement les mauvaises personnes ».
On veut emprisonner les barons de la drogue et les gros bonnets, mais ce sont eux qui ont le plus de chance de s'en tirer. Les gens qui se font incarcérer et qui risquent le plus de souffrir de ces peines minimales obligatoires, c'est le menu fretin comme on les appelle.
On constate aussi que la commission américaine de détermination des peines a conclu que les peines minimales obligatoires n'avaient pas d'effet dissuasif et que 11 p. 100 seulement des personnes accusées de trafic de drogue au niveau fédéral étaient des gros trafiquants, les barons de la drogue dont je parlais. Toujours selon cette commission, 59 p. 100 des individus accusés de trafic de crack sont des petits trafiquants de rue, et 5 p. 100 sont de gros trafiquants de crack. Bien sûr qu'il faut s'attaquer à tous les trafiquants de crack, mais pourquoi ne frappons-nous pas les gros trafiquants, alors que c'est vraiment à eux qu'il faut s'attaquer?
Coincer simplement le menu fretin, c'est la recette parfaite pour avoir des prisons qui explosent, des tribunaux engorgés, et pour gaspiller l'argent des contribuables à coup de millions de dollars. Les études montrent qu'un détenu coûte au moins 100 000 $ par an à la société , alors que si cet argent servait à financer un programme de prévention, un bon programme de counselling et des programmes efficaces de traitement des toxicomanes, on aurait vraiment des résultats.
Ce n'est pas la direction choisie par le gouvernement conservateur. Celui-ci ne tient pas compte des mesures efficaces et, évidemment, il a adopté le même type de guerre contre la drogue que George Bush et les républicains mènent depuis de nombreuses années, et qui est vouée à l'échec.
Nous avons vu que beaucoup d'armes de poing ont été importées illégalement au Canada à partir des États-Unis. Ces armes rendent la situation dans les grandes villes, comme Toronto, encore plus dangereuse, car les individus qui veulent protéger leur territoire achètent ces armes et font des ravages. Nous croyons que le projet de loi avantagera le crime organisé parce que nous allons retirer les petits joueurs des rues, faire augmenter le prix de la drogue et laisser la place au crime organisé, ce qui empirera la situation.
Toutefois, je veux parler plus longuement de l'approche des quatre piliers, de ce qui fonctionnera vraiment. J'ai constaté qu'en 2002, la Chambre des communes avait son Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments.
Le comité spécial de la Chambre des communes, le Bureau du vérificateur général et le comité du Sénat ont fait ressortir quatre secteurs dont, premièrement, le renforcement du leadership ainsi que la coordination et la reddition de compte, avec des ressources spécifiques.
Deuxièmement, ils préconisaient une meilleure collecte de données pour fixer des objectifs mesurables, évaluer les programmes et faire rapport sur les progrès. Nous voulons savoir ce que nous faisons et où nous dépensons l'argent des contribuables en tentant d'être efficaces. Sans évaluation, nous ne savons pas si nos programmes sont efficaces ou pas.
Troisièmement, il faut un équilibre entre les activités de réduction de l'offre et de la demande au gouvernement.
Quatrièmement, et c'est le plus important, il faut absolument s'intéresser davantage à la prévention, au traitement et à la réadaptation.
Nous savons que l'approche employée à l'heure actuelle n'est pas équilibrée. Comment le savons-nous? Il suffit de suivre l'argent. Chaque fois que le Canada dépense 100 $ dans la guerre aux stupéfiants, 73 $ financent des mesures d'application de la loi, c'est-à-dire l'arrestation des consommateurs. Quatorze dollars, c'est-à-dire 14 p. 100 du financement, sont investis dans les programmes de traitement. Une somme infime, soit seulement 7 $ sur tous les 100 $ dépensés, vient financer la recherche pour déterminer si ces approches seront efficaces. C'est presque rien.
Le plus scandaleux, c'est la somme accordée à la prévention, l'élément le plus important. Les mesures de prévention s'attaquent aux causes profondes de la toxicomanie. Chaque fois que nous dépensons 100 $, 2,60 $ vont à la prévention. Seulement 2,6 p. 100 de ce que nous dépensons dans la guerre aux stupéfiants finance les activités de prévention. C'est honteux. Pour la prévention des préjudices, c'est la même chose, 2,6 p. 100.
Pas étonnant que la guerre aux stupéfiants ne fonctionne pas.
J'aimerais signaler, cependant, que certaines personnes font preuve de leadership dans d'autres parties du pays. À Toronto, on a émis des recommandations dans le cadre de la stratégie antidrogue. Beaucoup de recommandations sont dirigées au gouvernement fédéral. On lui demande d'établir un cadre national et de faire preuve de leadership. Bien évidemment, il ne le fait pas. Le gouvernement conservateur s'en va dans le sens inverse.
Le rapport sur la stratégie antidrogue à Toronto recommande une approche globale qui tient compte de la famille. Selon lui, nous devons absolument financer des services d'appui axés sur la famille pour aider celles-ci à lutter contre la toxicomanie, parce que la toxicomanie touche souvent plusieurs membres de la famille.
Quand une personne fait usage de drogues et développe une dépendance, il y a réellement des répercussions sur tous les membres de sa famille. Selon le rapport, il faut mettre en place une stratégie de soutien et counseling visant tous les membres de la famille d’un toxicomane. Ce dernier doit avoir les outils nécessaires pour venir à bout de sa dépendance.
Le rapport préconise aussi une aide pour les parents qui veulent suivre le programme de traitement, ainsi qu’un «service de garde d’enfants dans l’établissement de traitement». Cette approche fait appel au gros bon sens, parce qu’il y a peu d’installations où l’on peut amener ses enfants. Parce qu’elles ne peuvent faire garder leurs enfants, certaines personnes qui sont aux prises avec un problème de dépendance finissent par abandonner le programme de traitement.
Le rapport insiste sur la nécessité absolue d’un «programme de prévention exhaustif» décrivant comment les jeunes peuvent éviter de devenir dépendants des drogues. Il précise que ce devrait être un programme de prévention exhaustif et obligatoire à l’intention des jeunes. Ces derniers sont souvent oubliés. Nous assistons au début d’un tel programme concernant le tabac. Je l’ai vu. Il fonctionne. Incidemment, le tabac est également une drogue. Nous avons constaté que le programme de prévention est efficace. Nous remarquons, par exemple, qu’il y a moins de jeunes fumeurs. Nous savons que si nous y consacrons des efforts, nous pouvons y arriver. Nous avons vu qu’il existe des programmes qui fonctionnent.
Les recommandations font également état de l’importance de former les intervenants de première ligne, soit des enseignants ou divers intervenants, de telle sorte qu’ils puissent repérer les jeunes qui ont développé une dépendance aux drogues et pour permettre « une intervention rapide, des services de counseling et une stratégie de soutien ».
Bien sûr, il faut s’attaquer aux racines du problème. Un grand nombre de jeunes, en particulier, prennent des drogues pour atténuer leur mal de vivre. Ce mal de vivre peut être dû à une agression d’ordre physique, sexuel ou mental qu’ils ont vécue dans l’enfance. Si on ne leur offre pas le counseling et le soutien dont ils ont besoin, il leur sera bien difficile de sortir du cycle de dépendance, c’est-à-dire toxicomanie, traitement et rechute.
D’autres recommandations préconisent la collaboration avec ceux qui font usage de substances, pour pouvoir mettre en place une approche exhaustive. Cela ne se produit pas souvent.
Il y a aussi des obstacles à la prestation de services. Comme nous en avons été témoins, des toxicomanes veulent cesser de vivre dans la rue et ne plus avoir à faire face à la violence. Ils veulent fuir ce cycle, mais parce qu’ils ne trouvent pas un logement abordable, ils ne peuvent remettre de l’ordre dans leur vie. Voilà le résultat. Ils sont piégés parmi ceux qui, comme eux, font usage de drogues.
Certains programmes ont un volet de logement supervisé. Nous pouvons nous demander en quoi le logement supervisé peut avoir rapport avec la toxicomanie et la lutte contre les drogues. En réalité, le fait d'offrir un logement stable à prix abordable, assorti d'un réseau de soutien, peut être très efficace. Nous avons pu voir les résultats au centre-ville de Toronto. Certains anciens toxicomanes affirment que leur vie a changé du tout au tout, non pas parce qu'ils sont allés en prison, ce qui risque plutôt d'aggraver une situation, mais parce qu'ils ont pu bénéficier d'un logement stable. Ils ont pu se rendre compte qu'ils pouvaient contribuer et participer utilement à la société.
Il s'agit d'un moyen de venir en aide à nos jeunes ou à des personnes toxicomanes qui fréquentent les rues depuis plusieurs années. C'est un moyen de percer. La toxicomanie peut s'accompagner de problèmes de santé mentale et tant qu'il n'y aura pas de programmes qui ciblent cet aspect, les toxicomanes continueront à utiliser des drogues.
Nous avons constaté également qu'un grand nombre de toxicomanes se laissent entraîner davantage dans le cycle de la violence. Il nous faut donc faire de plus grands efforts dans les quartiers, soit en aidant la collectivité à trouver des solutions de rechange, soit en collaborant avec les services policiers pour cibler les gros trafiquants, importateurs et producteurs de substances illégales. Nous devons collaborer avec la police d'une façon globale. Les peines minimales ne sont pas la solution.
Selon la ville de Toronto, certains parents, malheureusement, se servent parfois de leurs enfants comme passeurs de drogue. On peut composer avec ce problème en collaborant avec les policiers et en trouvant des façons de protéger ces enfants, peut-être en les retirant du milieu familial et en administrant à leurs parents la punition qu'ils méritent.
Tout cela pour dire que le NPD est fier de ne pas se contenter d'une approche simpliste en matière de contrôle des drogues et des substances illicites. Nous préconisons une approche à quatre volets. Il n'est tout simplement pas efficace, par exemple, d'emprisonner des gens pour de longues périodes parce qu'ils ont consommé de la marijuana. La guerre contre les drogues aux États-Unis s'est avérée un échec. On y a dépensé, par exemple, des dizaines de milliards de dollars par année à faire appliquer la loi et à faire emprisonner des gens; pourtant, les taux de criminalité et d'utilisation de drogue ont monté en flèche.
J'espère que les autres partis ne permettront pas que ce projet de loi soit renvoyé pour la deuxième lecture. Si cela arrive, le comité lui apportera un très grand nombre d'amendements. Il ne reviendra certainement pas à la Chambre des communes dans sa forme actuelle puisque nous ne voyons aucune raison de l'appuyer.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de participer à cet important débat.
Ce projet de loi s'inscrit dans le cadre du programme conservateur de répression du crime. Compte tenu du nombre de projets de loi en matière de justice que les conservateurs ont présentés au cours des deux sessions de la 39e législature, il est clair qu'ils en feront un des principaux enjeux de leur prochaine campagne électorale.
La Loi réglementant certaines drogues et autres substances régit certains types de drogues et autres substances. Le nouveau projet de loi modifiera l’accent que met la loi sur les drogues figurant à l’annexe I, qui comprennent les opiacés comme l'opium, l'héroïne, la morphine, la cocaïne et la méthamphétamine, et celles figurant à l’annexe II, qui traite de la famille du cannabis, notamment de la marijuana.
À l’heure actuelle, la loi ne prévoit pas de peine d’emprisonnement obligatoire, mais les infractions les plus graves liées aux drogues peuvent entraîner au maximum l’emprisonnement à perpétuité.
En vertu du projet de loi, toute personne reconnue coupable d’une infraction grave liée aux drogues se verrait imposer automatiquement une peine d’emprisonnement obligatoire. Pour l’application de cette initiative, les infractions graves liées aux drogues sont la production, le trafic, la possession en vue de trafic, l'importation et l'exportation et la possession en vue d'exportation.
Le projet de loi modifie la loi par l’ajout de peines d’emprisonnement obligatoires pour les drogues énumérées à l’annexe I, comme l’héroïne, la cocaïne et la méthamphétamine, et à l’annexe II, comme le cannabis et la marijuana. Généralement, la peine obligatoire s’appliquerait en cas de circonstances aggravantes. Elle augmenterait également lorsque la production de la drogue constitue un danger potentiel pour la sécurité ou la santé. En outre, la peine d'emprisonnement maximale liée à la production de drogues figurant à l’annexe II, la marijuana par exemple, passerait de 7 à 14 ans.
Le GHB et le flunitrazépam, qu’on appelle le plus souvent drogues du viol, seront déplacés de l’annexe III à l’annexe I, pour que les activités illégales impliquant ces drogues appellent des sanctions maximales plus sévères.
La loi permettra au Tribunal de traitement de la toxicomanie d’imposer une sanction autre que la peine minimale à un délinquant qui a déjà été reconnu coupable d’une infraction grave liée aux drogues dans les cas suivants : a) l’infraction n’implique aucune autre circonstance aggravante; b) le délinquant termine avec succès le programme judiciaire de traitement de la toxicomanie.
Le présent débat revêt donc une très grande importance. Il s'agit certainement d'une conversation ou plutôt d'un dialogue qui touche les Canadiens de partout au pays. Nous avons entendu les députés parler de ce projet de loi aujourd'hui. Les députés libéraux ont dit qu'ils voulaient que ce projet de loi soit envoyé au comité en raison de l'importance du dialogue auquel les Canadiens participent.
Nous sommes d'accord sur le fait qu'il nous faut une approche équilibrée. La députée de a abondamment parlé de l'approche des quatre piliers, soit la prévention, le traitement, la réduction des préjudices et l'application de la loi, de la guerre aux stupéfiants.
Les conservateurs adoptent une approche intransigeante, qui ne semble pas viser à soutenir l'approche des quatre piliers et qui rappelle l'approche républicaine dans sa guerre aux stupéfiants. Les conservateurs parlent plutôt de lutte contre la criminalité. Le problème, c'est que ce n'est pas une approche équilibrée. À l'heure où les Canadiens sont engagés dans un dialogue au sujet de l'augmentation de la criminalité et des types de crimes, de l'accroissement de la violence perpétrée par des gangs et de l'augmentation du nombre de crimes graves liés à la drogue, il doit absolument y avoir un dialogue.
Lorsque nous regardons le budget consacré à la politique antidrogue au Canada, nous constatons que 73 p. 100 de ce budget est dépensé, et à juste titre, pour l'application de la loi, seulement 14 p. 100 vont au traitement, 7 p. 100 à la recherche, 2,6 p. 100 à la prévention et 2,6 p. 100 à la réduction des préjudices. Mais, comme l'argent prévu au budget est au départ insuffisant, le budget est inadéquat. Nous devons fournir des ressources à tous les secteurs stratégiques.
Lorsque nous parlons de l'approche des conservateurs, nous parlons d'une lutte contre le crime et d'une lutte contre les stupéfiants. Je vais citer Dan Lett, qui écrit pour le Winnipeg Free Press. En réponse à l'annonce du premier ministre, hier, à Winnipeg, relativement aux mesures prises pour contrer le vol de voitures, M. Lett a déclaré: « Lundi, Harper s'est engagé à présenter des lois plus dures pour mettre un frein au trafic...