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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonsoir à tous. Je m'appelle Arturo Elias. Je suis le président de Général Motors du Canada.
Je suis accompagné par John Stapleton, le vice-président et directeur financier de GM Canada, et par David Paterson, notre vice-président des affaires publiques et de l'environnement. Je vais leur demander à tous les deux de se joindre à moi pour répondre à vos questions ce soir.
Ma déclaration préliminaire ne durera que quelques minutes et portera sur la crise économique actuelle et ses répercussions sur le secteur de l'automobile et GM Canada. Nous allons suggérer quelques mesures stratégiques qui aideraient énormément notre secteur, et nous savons que vous serez intéressés par notre plan de restructuration de GM Canada.
Permettez-moi de commencer par le plan de restructuration de 52 pages que nous avons soumis aux gouvernements de l'Ontario et du Canada le 20 février dernier. Notre plan n'est pas seulement une demande de prêt ou une solution rapide. Il énonce plutôt les mesures qu'il faut prendre, d'après nous, devant la crise économique actuelle pour faire de GM Canada une entreprise viable, efficace et écologique à long terme, une entreprise restructurée capable de rembourser en entier les contribuables canadiens pour le soutien qu'elle a pu recevoir d'eux.
C'est un plan réalisable, basé sur des hypothèses prudentes relatives au marché. Il permettra à GM Canada non seulement d'assurer le maintien de ses activités pour le bien de ses dizaines de milliers d'employés et de retraités, mais aussi de sa production conjointe de véhicules entre les États-Unis et le Canada, de ses achats locaux de l'ordre de plusieurs milliards de dollars et de son leadership en matière de logistique en Ontario et au Québec. Il pourra aussi continuer de jouer son rôle de chef de file en recherche et développement et de mener ses travaux en R-D en collaboration avec des universités de partout au Canada pour contribuer à réinventer notre industrie et nos produits pour l'avenir.
Le plan présenté par GM Canada est conforme au plan de viabilité de la société, qui a été soumis au Trésor américain le 17 février dernier. Les deux documents ont été mis à la disposition du sous-comité et du grand public.
Permettez-moi de parler du défi auquel nous sommes confrontés. Comme toutes les entreprises oeuvrant dans notre grand secteur complexe et extrêmement capitalistique, GM Canada travaille fort pour contrer les déclins sans précédent des ventes de l'industrie automobile et la non-disponibilité générale du crédit pour notre société, nos concessionnaires, nos fournisseurs et nos clients. Comment vous l'avez sans doute lu, ces défis ne touchent pas seulement nos fabricants d'automobiles au pays, mais de plus en plus tous nos concurrents partout dans le monde, que ce soit en Europe, au Japon ou en Amérique du Nord.
Pour GM Canada, une vraie tempête économique a frappé le Canada en 2008, alors que nous étions déjà au beau milieu d'un plan de restructuration d'entreprise coûteux qui prévoyait que nous menions nos opérations avec des réserves de caisse plus basses que la normale. Comme les revenus de l'industrie ont chuté et que les marchés de capitaux privés ont rapidement fermé, nous n'avons pas pu accroître les fonds en mettant en gage l'ensemble de nos actifs et notre propriété intellectuelle pour amasser une réserve importante de fonds de restructuration. Compte tenu que les marchés de capitaux sont essentiellement fermés, c'est à regret que nous avons jugé nécessaire de solliciter de l'aide financière des États-Unis, du Canada, et d'ailleurs.
Vous vous souviendrez que le 20 décembre, les gouvernements de l'Ontario et du Canada ont fait une offre fort bienvenue et appréciée d'aide financière, proportionnelle à ce qui se discutait entre les fabricants d'automobiles et le gouvernement américain. Cette offre a envoyé un message très positif à tous les niveaux de notre entreprise, au gouvernement américain et aux nombreux actionnaires de GM. Nous avons entamé des discussions approfondies en faisant preuve de diligence raisonnable avec la province de l'Ontario et le gouvernement canadien. Ces discussions se sont bien poursuivies, en vertu d'ententes de confidentialité pour ce qui est des renseignements relatifs à la concurrence.
Aux États-Unis, le 31 décembre 2008, notre société a conclu une entente avec le Trésor américain. Cette aide financière, combinée à nos propres efforts au Canada afin de conserver notre liquidité, nous a permis jusqu'à présent d'exploiter notre entreprise sans l'appui du gouvernement du Canada. Même si nous avons bien accueilli les offres d'aide au Canada en décembre, je pense que nous avons aussi convenu qu'il était préférable d'adopter d'abord l'approche visant, d'une part, à élaborer un plan de restructuration crédible à long terme qui permettra à GM de rembourser ses prêts et, d'autre part, à conclure une entente pour obtenir de l'aide.
Notre plan pour le Canada est basé sur de grands sacrifices partagés et respecte les principes énoncés du gouvernement visant à conserver notre part de la production au Canada, en échange d'un appui proportionnel à celui offert aux États-Unis.
Permettez-moi de prendre quelques instants pour vous parler de notre plan de restructuration. Le plan dont nous avons discuté et que nous avons élaboré, avec l'importante contribution des gouvernements qui l'ont examiné, comporte trois volets généraux. On pourrait en fait les comparer à la situation d'un propriétaire d'une maison aux prises avec une lourde hypothèque et une baisse de revenu substantielle qui doit, dans un premier temps, réduire considérablement les dépenses du ménage, puis tenter de refinancer l'hypothèque.
Notre plan permet de faire cela en trois volets. Le premier consiste à adopter un nouveau modèle d'affaires pour la fabrication à contrat à moindre coût, ce qui nous assurera une source de revenu plus régulière et fera en sorte que nous prenions toutes les mesures nécessaires pour réduire nos coûts. Ce volet a nécessité des compressions importantes dans les avantages sociaux et les salaires des cadres et des employés.
Le deuxième volet est un nouveau contrat négocié avec nos partenaires des Travailleurs canadiens de l'automobile pour ramener à des niveaux repères les salaires et les avantages sociaux de nos travailleurs actifs rémunérés à l'heure et de nos retraités. Il comporte aussi l'établissement d'une structure de soins de santé pour les retraités semblable au modèle VEBA aux États-Unis. Ce travail fait encore l'objet de discussions et est très important, car plus nous pouvons réduire ensemble nos coûts, moins nous aurons besoin de faire des emprunts.
Le troisième volet est la nécessité de refinancer le bilan de GM Canada, de réduire nos coûts de détention et de nous assurer d'être une entreprise autonome viable au Canada capable de générer des profits et de rembourser ses emprunts aux contribuables canadiens. Nous travaillons très fort pour conclure ces ententes nécessaires au cours du mois de mars, car nos réserves de caisse commenceront à s'approcher du niveau minimal requis pour assurer le maintien des activités de la société.
Permettez-moi aussi de souligner certaines choses que notre plan nous permettrait de faire au Canada. Le plan maintiendrait la part de la production du Canada entre 17 et 20 p. 100. Il n'y aurait plus de fermetures d'usine ni d'importantes réductions structurelles d'effectifs qui s'ajouteraient à celles que nous avons déjà annoncées. Le plan permet le lancement de cinq nouveaux mandats de production à Oshawa et à notre entreprise conjointe CAMI, ce qui comprend la fabrication de la première voiture hybride canadienne et de nouveaux investissements pour la fabrication d'une nouvelle transmission à St. Catharines. Il nous permet de mener au Canada des travaux de R-D relatifs à des systèmes de voiture électrique pour de futurs véhicules qui seront mis sur le marché après notre nouvelle Chevrolet Volt, et nous miserons sur nos relations de travail en R-D avec des établissements universitaires, dont quatre grandes universités au Québec. Le plan nous permettrait d'assurer le maintien de notre chaîne d'approvisionnement automobile et des activités des concessionnaires partout au Canada. Ces points sont présentés dans notre plan.
Bien entendu, nous offrirons une nouvelle gamme de véhicules GM très attrayante, qui comprendra maintenant plus de modèles hybrides que tout autre concurrent au Canada et inclura bientôt la Chevrolet Volt, une voiture électrique à autonomie prolongée.
Maintenant, nous croyons aussi savoir que le comité s'intéresse à ce qui peut être fait pour venir en aide au secteur de l'automobile en cette période difficile. Permettez-moi de conclure par certaines des recommandations auxquelles nous avons songées, et nous nous ferons ensuite un plaisir de répondre à vos questions.
Le crédit est maintenant crucial pour les entreprises, les fournisseurs, les concessionnaires et les clients. Le gouvernement a répondu par une initiative visant à fournir une aide financière de 12 milliards de dollars pour le crédit garanti. Des consultations sont d'ailleurs en cours. Cette aide doit vraiment être allouée rapidement et s'étendre à des groupes comme GMAC, qui aide les concessionnaires à assurer le maintien de leurs activités et à financer leurs stocks de véhicules. Nous sommes également ravis qu'Exportation et développement Canada ait élargi son assurance-comptes clients pour aider les fournisseurs canadiens de pièces d'automobile.
Pour inciter les consommateurs à acheter, les gouvernements du monde entier offrent maintenant de nouvelles mesures directes d'incitatif pour aider les consommateurs dans l'achat de nouveaux véhicules. Cette aide se présente sous plusieurs formes, que ce soient des crédits d'impôt sur le revenu ciblés, des réductions des taxes de vente ou des programmes de mise à la casse comme en Allemagne, qui offre une aide de 4 000 $ environ aux consommateurs qui retirent de la route de vieux véhicules très polluants et en achètent de nouveaux. Il serait tout aussi avantageux de commencer à supprimer certaines des taxes ou certains des prélèvements fédéraux et provinciaux dépassés que les fabricants d'automobiles, les concessionnaires et les nouveaux acheteurs canadiens doivent continuer de payer. Toutes les mesures permettant d'accélérer le retour des consommateurs sur le marché du véhicule neuf seraient clairement bienvenues.
Enfin, pour ce qui est des règlements, nous devons reconnaître, comme le gouvernement fédéral comprend sans doute, que le Canada jouit d'une abondance d'investissements, d'emplois, de fournisseurs et de travaux de R et D dans le secteur de l'automobile, et qu'il bénéficie des retombées connexes, car nous avons la chance de faire partie du plus grand marché intégré de l'automobile en Amérique du Nord. Au Canada, nous avons environ 10 p. 100 des ventes du marché nord-américain, mais 20 p. 100 de la production. Il est donc essentiel que le Canada n'adopte pas de règlements de manière à se retirer du marché intégré à cause d'une multitude de petites différentes parmi les règlements relatifs au secteur de l'automobile. Vous aurez bien du mal à trouver une industrie plus réglementée dans le monde que l'industrie de l'automobile. Nous pouvons nous adapter à des règlements, mais pas à un ensemble de règlements désharmonisés qui offrent généralement peu d'avantages supplémentaires, sinon aucun, mais qui ajoutent des coûts astronomiques que nous devons faire payer au consommateur en bout de ligne.
Monsieur le président, après ce tour d'horizon, je m'en remets à vous pour nous donner des conseils. David, John et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
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Je vais juste revenir à ce qui a été dit concernant la mise à la casse, par exemple. C'est un secteur où Général Motors du Canada a peut-être plus d'expérience que quiconque dans l'industrie au Canada à cause des relations que nous avons entretenues avec la Fondation Air pur au cours des dernières années. Nous avons offert à nos clients un crédit de 1 000 $ pour l'achat d'un nouveau véhicule s'ils démontraient qu'ils s'étaient départis d'une voiture vieille de dix ans ou plus et s'étaient assurés de la retirer de la route.
Au Canada, nous avons encore plus d'un million de véhicules enregistrés qui ont plus de dix ans. Il y a eu des améliorations technologiques extraordinaires non seulement au chapitre de l'économie de carburant, mais aussi pour la réduction de toutes sortes d'autres émissions, notamment les émissions nocives pour la santé. Chaque fois que nous retirons un vieux véhicule de la route et le remplaçons par un nouveau, nous obtenons automatiquement un avantage sur le plan environnemental.
Nous avons constaté que le programme que nous avons offert conjointement, Autos-o-ciel, a été extrêmement positif. Nous avons pu retirer plus de 30 000 vieux véhicules de la route, et nous sommes heureux d'avoir reçu un Prix canadien de l'environnement pour le travail que nous fait sur les changements climatiques, de concert avec nos partenaires à la Fondation Air pur.
On offre un peu partout dans le monde un incitatif très important à une personne qui échange son vieux véhicule pour un nouveau et qui s'assure de mettre le vieux à la casse; nous avons cité un programme en Allemagne qui fait effectivement la même chose. La vieille voiture ne doit pas revenir sur la route comme un véhicule usagé. Le gouvernement allemand offre l'équivalent d'environ 4 000 $ en argent canadien, et cet incitatif donne clairement des résultats sur le marché allemand.
Une chose que nous tenons à souligner, c'est que plus ces programmes sont simples et directs, comme l'était le programme de GM, plus ils sont efficaces. C'est un mécanisme qui aide vraiment à inciter les gens à recommencer à acheter, mais nous en avons suggéré plusieurs autres.
Vous avez également posé des questions concernant les règlements. Je dirais que nous avons constaté certains changements très positifs, puisque le gouvernement actuel s'attaque à des questions comme les règlements relatifs aux pare-chocs, qui étaient désharmonisés depuis longtemps, mais nous avons une liste de plus de 30 règlements différents, pour la plupart relatifs à la sécurité, ou d'autres qui sont juste légèrement désharmonisés de diverses façons. Des progrès sont accomplis pour éliminer cette multitude de petites différences, comme nous l'appelons, et c'est très important, car même si ces différences ne sont peut-être pas appréciables sur le plan de la sécurité, elles peuvent coûter des centaines de millions de dollars pour apporter des modifications conceptuelles qui sont nécessaires juste pour pouvoir mettre un véhicule sur le marché.
Là encore, supprimer certaines de ces taxes, de ces obstacles est une des mesures qui peuvent vraiment aider l'industrie de l'automobile à long terme.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, de témoigner ce soir. Je suis heureux de connaître votre avis. Je sais que Ford et Chrysler ont également été invités, mais n'ont pas encore comparu devant le comité. Nous espérons qu'ils viendront.
La journée d'aujourd'hui a été particulièrement dure pour Chrysler. Je suis extrêmement touché, comme la communauté, par ce qui arrive aux familles. Il y a eu environ 1 200 mises à pied aujourd'hui. C'est très difficile, non seulement pour les personnes concernées, mais également pour les fournisseurs de niveaux un et deux. Il y a également les activités philanthropiques réalisées pour Centraide et d'autres organismes. C'est un problème très sérieux, encore aggravé par le fait que chaque poste dans le domaine de l'automobile contribue à en maintenir plusieurs autres.
J'aimerais corriger un point, celui de l'interprétation faite au sujet des banques. Ce qui est intéressant, c'est que j'ai entendu dire ici aujourd'hui à quel point ces institutions sont fortes parce que nous n'avons pas agi de la même façon. Je me rappelle que dans cette pièce, entre ces murs, à la Chambre, nous avons rejeté la déréglementation des banques il y a quelques années lorsque cette mesure a été proposée initialement.
J'aimerais aborder une question intéressante au point de vue du crédit. Dans votre allocution d'ouverture, vous avez parlé des prêts offerts et du crédit accordé par GMAC, des mesures qui, j'en conviens, sont essentielles. Je viens de télécharger quelque chose du site d'une grande banque canadienne. Cette institution propose des prêts pour l'achat de voitures et de camions neufs à des taux d'intérêt de 8 à 9 p. 100 pouvant s'échelonner sur sept ans. Voilà qui, selon moi, contribue au problème qui nous préoccupe actuellement. Ces prêts sont accordés pour une période plus longue que le cycle de vie du véhicule, et il semble que les institutions se ménagent une marge de profit élevée pour inciter les clients à acheter maintenant, alors que les taux d'intérêt sont si bas.
Je vous demande donc ce que nous pouvons faire pour régler cette situation. Je préférerais que les taux soient beaucoup plus bas. Certaines coopératives de crédit—peu nombreuses—proposent des taux de 0 à 1 p. 100 pour les véhicules à faible consommation d'essence.
Existe-t-il des solutions créatives? Je trouve cette situation inacceptable, d'autant plus que les taux sont actuellement très bas et que les banques renouent avec les profits. Je peux vous dire que j'ai vu des fournisseurs de niveau un rentables fermer leurs portes parce qu'ils ne pouvaient obtenir de prêts des banques, alors qu'ils fournissaient des pièces pour des voitures qui se vendent.
Je reste préoccupé par les pratiques des banques dans la situation actuelle. Peut-être pourriez-vous nous donner une idée de ce que l'on peut faire concernant les taux d'intérêt imposés aux consommateurs.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de poser quelques questions. Je remercie nos invités. Je me demande si je devrais passer le temps qu'il m'est accordé à essayer de corriger certains des faits erronés que je note dans les questions hautement politiques que l'on entend aujourd'hui ou si je devrais plutôt poser des questions sur la restructuration.
Je proposerais de commencer par certaines des nouvelles porteuses d'espoir. Bien sûr, vous savez probablement que ce soir, la Chambre a adopté le plan d'action économique du gouvernement en troisième lecture et l'a renvoyé au Sénat. Ainsi, après que le processus se fût éternisé à la Chambre, je crois que nous réalisons enfin quelques progrès, et nous allons certainement continuer d'exercer des pressions. Ce plan comprend bien sûr les prêts entièrement remboursables, soit les fonds destinés au secteur de la fabrication de pièces dont vous avez parlé, ainsi que le financement substantiel devant permettre de relancer le crédit dans le secteur automobile.
Je crois que vous avez effleuré la question, mais, pour mettre les participants en contexte, il y a deux problèmes auxquels sont confrontées ce que nous pourrions appeler les trois entreprises de Détroit. L'un d'eux est un problème structurel. Toutes les entreprises en étaient à diverses étapes de restructuration de leurs activités lorsque le deuxième problème, celui, cyclique du ralentissement économique, s'est présenté. C'est évidemment un coup dur, mais il y a une légère avance sur le plan de la restructuration. Mais c'est essentiellement le coeur du problème et la raison pour laquelle nous parlons de la question.
Bien sûr, en décembre, le gouvernement, avec notre et le gouvernement de l'Ontario, a annoncé l'octroi de prêts entièrement remboursables. Il faut savoir qu'à l'époque, on brandissait le spectre de la fermeture de General Motors et insistait pour dire que le temps pressait; or, ces craintes ne se sont pas concrétisées. Pouvez-vous nous dire ce qu'il est advenu de la situation quotidienne de crédit de GM Canada à la lumière de cette annonce? Pourquoi n'avez-vous pas accepté les prêts canadiens initialement?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être venus ce soir avec un si court préavis.
Je m'appelle Terence Young et je représente la circonscription d'Oakville, où se trouve, comme vous le savez, le siège social de Ford au Canada. J'ai donc suivi le dossier de très près et ai passé beaucoup de temps à m'occuper de cette affaire, qui est extrêmement importante non seulement pour ma collectivité et la région avoisinante, qui compte 4 000 emplois dans ce secteur, mais également pour le Canada. Je comprends, d'après les chiffres présentés, qu'il existe environ 500 000 emplois dérivés associés aux trois grands fabricants seulement.
Le caucus de l'automobile s'est réuni avec les manufacturiers importateurs, les 13 entreprises qui fabriquent principalement à l'extérieur du Canada — certaines d'entre elles produisent également au pays, mais la majorité le font à l'étranger — et je peux vous dire qu'ils sont en faveur de l'octroi de prêts à Ford, GM et Chrysler. Ils sont d'accord pour leurs grands concurrents poursuivent leurs activités, et ce, parce qu'ils ont les mêmes fabricants de pièces et que la survie de ces fabricants est essentielle à leur propre survie. C'est donc une question existentielle.
Je me rappelle, en 1957, quand j'avais six ans, j'ai entendu le bruit du tonnerre pendant que je jouais dans un champ derrière chez moi. J'ai couru à la maison pour le dire à ma mère, qui m'a répondu que ce n'était pas le tonnerre, mais un avion Avro Arrow qui franchissait le mur du son. On aurait dit le grondement du tonnerre. Ce fût ma première leçon de science. Peu après, le gouvernement a mis fin au projet par mesure d'économie. Du jour au lendemain, 50 000 emplois ont disparu et une trentaine des plus brillants ingénieurs aérospatiaux du monde ont quitté le Canada pour s'établir aux États-Unis. Ce sont eux qui, plus tard, ont envoyé un homme sur la Lune. D'aucuns affirmeront que notre industrie aérospatiale ne s'en est jamais remise.
Je comprends donc l'importance que cette question revêt pour l'industrie automobile canadienne. J'applaudis les efforts que vous déployez pour faire concurrence à Toyota, à Nissan, à Honda et aux autres compagnies qui n'ont pas à assumer de coûts juridiques et d'autres frais, et je vous souhaite de réussir dans votre initiative.
J'essaie de comprendre la question de la surproduction à l'échelle mondiale. En 1998, j'étais adjoint parlementaire du ministre des Finances de l'Ontario. Les représentants de l'industrie automobile sont venus nous rencontrer et ont affirmé qu'en 2001, nous serions confrontés à une surproduction mondiale. Je me suis demandé à l'époque qui allait arrêter de fabriquer des automobiles. BMW, Chrysler, Ford? Personne. Tout le monde continue à produire jusqu'à ce que... Et maintenant, nous sommes en récession, le catalyseur qui nous a mis dans la situation présente.
Ce qui m'inquiète, c'est que nous fabriquons, depuis probablement sept ans, 17 millions de voitures chaque année en Amérique du Nord et plus d'un million au Canada; cette année, ce sera environ 11 millions. Combien General Motors entend-il produire d'unités au cours des prochaines années?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Après avoir parlé avec quelques-uns de vos collègues, tout à l'heure, je comprends, et je peux voir, bien évidemment, ce soir, que vous travaillez tard, alors tout ce que je peux dire, c'est que si vos électeurs savaient combien d'heures vous investissez en leur nom et pour le pays, certaines campagnes électorales pourraient être un peu moins stressantes. Nous vous en sommes reconnaissants, c'est certain.
Bonsoir, je m'appelle Richard Gauthier. Je suis président-directeur général de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles. La CADA est l'association nationale de concessionnaires d'automobiles en franchise qui vendent des voitures et des camions neufs. Je tiens à préciser que notre association représente les concessionnaires de toutes les marques, et tous les fabricants qui fabriquent et vendent des véhicules au Canada.
Donc, nos 3 500 concessionnaires forment un secteur vital de l'économie canadienne. Par leur intermédiaire, nous sommes représentés dans quasiment toutes les collectivités du pays. Je suis accompagné ce soir de notre directeur des affaires publiques, Huw Williams, ainsi que de notre économiste en chef, Michael Hatch.
Monsieur le président, je ferai ce soir un survol des principaux enjeux auxquels fait face notre réseau de concessionnaires, dans cette conjoncture des plus difficiles. Alors pour commencer, permettez-moi d'exposer quelques faits saillants sur l'industrie automobile du Québec. Cette industrie a plus de 100 ans et, en Ontario seulement, elle est la principale compétence en matière de production d'automobiles de l'Amérique du Nord, et la 10e en importance à l'échelle mondiale. Chacun des emplois d'assemblage du Canada représente de sept à dix emplois auxiliaires, et c'est la proportion la plus élevée de n'importe quel secteur manufacturier industriel. Les recettes fiscales de l'industrie automobile, pour tous les paliers de gouvernement du pays, dépassent les 10 milliards de dollars par année, et depuis 2002, les assembleurs et fabricants de pièces automobiles du Canada ont investi plus de 10 milliards de dollars dans la production, ainsi que dans la R-D. L'industrie automobile du Canada exporte — vous en avez entendu parler tout à l'heure — 85 p. 100 de toute sa production, soit environ 100 milliards de dollars par année, et chaque million de dollars d'exploitation crée ou soutient cinq emplois.
Les compagnies automobiles du Canada sont des leaders mondiaux en R-D, en matériaux légers, en technologie de carburant de remplacement, et en sécurité des occupants. Il y a de quoi être très fiers.
Les fournisseurs canadiens contribuent annuellement pour plus de 40 milliards de dollars à l'économie du Canada, soit plus de deux fois le montant total de l'approvisionnement annuel du Canada et elle représente aussi plus de 10 p. 100 du PIB de la fabrication au Canada, et plus de 20 p. 100 des échanges commerciaux annuels de produits au Canada, qui dépassent 150 milliards de dollars par année. L'expédition de pièces et de composants se chiffre annuellement à plus de 30 milliards de dollars et l'industrie investit chaque année plus de 500 millions de dollars dans la R-D relativement à l'assemblage, l'innovation, la conception de nouveaux véhicules, les carburants de remplacement et la sécurité des véhicules.
Maintenant, je ne saurais trop insister sur le fait que le ralentissement actuel du secteur automobile aura des répercussions dans chaque collectivité du Canada. La froide réalité à laquelle sont confrontés les décideurs de nos jours, c'est-à-dire vous-mêmes, c'est que si aucun pont n'est créé pour permettre aux fabricants qui sont au Canada de traverser la crise économique actuelle, les 3 500 petits concessionnaires du Canada, qui sont dans toutes les collectivités du pays, seront les plus durement touchés par ce ralentissement.
Le secteur automobile au détail emploie plus de 140 000 personnes au Canada et contribue directement, par une énorme portion, à son produit intérieur brut. Comme ils sont une pierre angulaire de l'économie de quasiment toutes les collectivités du pays, les difficultés que vivent les concessionnaires se répercuteront sur les rues principales et sur toutes les entreprises et tous les foyers, d'un bout à l'autre du pays.
Le Parlement ne doit pas oublier que les concessionnaires ne sont pas des boutiques de compagnie. Ce sont des entreprises indépendantes qui font d'énormes investissements dans les terrains, les immeubles, l'équipement et le personnel et qui assurent une présence au détail des fabricants dans des milliers de collectivités du pays. Les concessionnaires ne prennent pas en dépôt les voitures ou les pièces de leurs fabricants. Les concessionnaires assument le risque du financement de cet inventaire. Aucun fabricant n'a les ressources nécessaires pour internaliser les coûts qu'assument les concessionnaires au jour le jour.
Personne, ici, ce soir, ne sera étonné d'entendre, j'en suis sûr, qu'étant donné les coûts énormes du financement des aménagements et des activités des concessionnaires, qui sont de l'ordre de dizaines de millions de dollars par magasin, un crédit prévisible et accessible est l'huile qui fait tourner le moteur du secteur automobile au détail. Dans les entretiens que j'ai au quotidien avec des concessionnaires d'un bout à l'autre du pays, le plus grand problème, de loin, dont ils me font part de nos jours, c'est la détérioration de la situation du crédit. Non seulement cela arrive aux concessionnaires qui sont au bord du gouffre, mais aussi à des entreprises solides et solvables qui entretiennent depuis des dizaines d'années une relation avec leurs institutions financières et avec les collectivités représentées ici ce soir.
Compte tenu de ce qui se passe sur les marchés du crédit depuis un an, je tiens à féliciter le gouvernement pour la Facilité canadienne de crédit garanti de 12 milliards qui a été annoncée avec le budget de janvier. La CADA avait parlé de la nécessité d'un tel mécanisme pendant les consultations prébudgétaires, et le gouvernement l'a entendu.
En votre qualité de parlementaires, cependant, vous savez certainement que le plus facile, avec n'importe quel programme, est de l'annoncer. Les concessionnaires de tout le pays se butent encore à des modalités de crédit serrées et imprévisibles qu'imposent des compagnies de financement et des banques à charte captives. Bien que nous reconnaissions la nécessité d'exercer de la diligence dans la conception de tout programme qui octroie l'argent des contribuables, nous devons insister sur la nature urgente des problèmes que connaissent les concessionnaires automobiles du Canada, en ce moment même.
Le gouvernement doit trouver un moyen d'ouvrir à nouveau les vannes du crédit, et ce, le plus rapidement possible. Le crédit est le plus grave problème que connaissent nos concessionnaires, et le gouvernement l'a reconnu. Nous continuerons, comme nous l'avons fait jusqu'ici, de collaborer étroitement avec le gouvernement à la mise en oeuvre de cette Facilité de crédit garanti de 12 milliards de dollars, mais il existe d'autres moyens de stimuler l'industrie et, avec elle, l'économie dans son ensemble.
Le parc automobile du Canada est plus vieux que celui de son voisin, les États-Unis. Vous savez tous que les voitures plus âgées sont beaucoup moins efficaces, plus polluantes et moins sécuritaires que les nouveaux véhicules. Ce comité est chargé de traiter de la crise que connaît le secteur automobile. Des temps difficiles exigent des mesures audacieuses, et des mesures de stimulation de l'économie audacieuses mais ciblées. C'est l'approche qu'ont adoptée d'autres pays du G7. Divers pays du monde ont institué des programmes de mise à la casse ou au rancart des véhicules, y compris le Canada, sur plusieurs années. Ces derniers mois, ces programmes ont pris de l'ampleur tandis que les difficultés économiques paralysaient les ventes d'automobiles dans le monde entier.
Les programmes de mise à la casse existent au pays sous une forme ou une autre depuis 1996. En quelques mots, un programme de mise à la casse offre des incitatifs en espèces aux consommateurs qui retirent de vieux véhicules de la route pour en acheter de nouveaux. Ces incitatifs servent un objectif économique et environnemental double très recherché, puisqu'en moyenne, une voiture âgée de 20 ans pollue 37 fois plus qu'un véhicule neuf. Les incitatifs à l'achat de nouvelles voitures stimulent l'économie et aident l'environnement.
Les défis économiques que connaît actuellement le secteur automobile présentent une occasion de faire d'un programme national de mise à la casse des véhicules le complément d'autres initiatives de stimulation de l'économie. Comme il y a sur les routes près de cinq millions de véhicules qui ont été construits en 1996 ou avant, et avec la chute des ventes de nouveaux véhicules, nous avons aujourd'hui l'occasion d'instaurer un programme de mise à la casse qui soit réellement efficace. Le programme d'aujourd'hui, qui n'offre que 300 $ par véhicule, ne constitue pas un incitatif suffisant pour favoriser le retrait d'un plus grand nombre de vieilles voitures que l'attrition naturelle ne le ferait de toute façon.
Le Canada peut s'inspirer des modèles d'autres pays pour concevoir un tel programme. De fait, quelqu'un a dit, dans son témoignage, plus tôt, qu'en Allemagne, par exemple, les consommateurs reçoivent un incitatif de 2 500 €, soit environ 4 000 $ canadiens, pour retirer de vieux véhicules de la route et en acheter de nouveaux, ou acheter des voitures âgées de moins d'un an. Le programme est fondé sur la règle du premier arrivé, premier servi. Le financement du programme est plafonné. Une fois ce plafond atteint, le programme sera supprimé.
Il est prévu que cette mesure fasse gonfler les ventes de véhicules légers de 200 000 unités en 2009, et qu'elle pousse le marché de l'automobile allemand au-delà des trois millions d'unités. Maintenant, s'il était appliqué au marché canadien, qui fait la moitié de la taille du marché allemand, un programme similaire pourrait augmenter les ventes de plus de 100 000 unités rien que cette année.
Permettez-moi d'ajouter que les membres de ce comité devraient aussi recommander au gouvernement une mesure très simple pour mettre fin à l'afflux de véhicules âgés très polluants de l'étranger sur le marché canadien. C'est une solution facile et logique. Les membres du comité ne savent peut-être pas que nous avons constaté récemment sur les routes canadiennes une hausse du nombre de véhicules âgés à conduite à droite. Ces véhicules sont importés en vertu d'une faille du règlement canadien qui laisse les véhicules âgés de plus de 15 ans accéder au marché canadien sans être obligés de satisfaire aux normes de sécurité des véhicules automobiles du Canada ou aux normes environnementales nationales. Ces véhicules présentent un risque pour les citoyens canadiens et sapent la poursuite des objectifs en matière de sécurité et d'environnement de notre pays. Nous incitons vivement le gouvernement à colmater ces failles du règlement pour assurer la sécurité sur nos routes, stimuler les ventes de véhicules neufs, et ne plus miner notre démarche collective pour assainir l'environnement.
Permettez-moi maintenant de parler d'un autre sujet de grande préoccupation pour notre réseau de concessionnaires, ce qu'on appelle le droit de réparer. Vous savez que le Parlement étudie actuellement le . Ce projet de loi obligerait, de fait, les fabricants de voitures à partager tous les renseignements diagnostics et de réparation, ainsi que l'équipement, avec le marché secondaire. C'est inacceptable pour la CADA. Ces renseignements représentent une propriété intellectuelle créée par les fabricants, au coût de milliards de dollars. Les forcer à communiquer ces renseignements contre leur gré, c'est détruire la valeur de cette propriété et faire obstacle à l'innovation qui catalyse le pays.
Il règne actuellement une saine compétition pour les travaux d'entretien non garantis sur les véhicules, les ateliers de réparation du marché secondaire faisant le plus gros du travail, même après l'avènement des ordinateurs exclusifs de diagnostic à bord des véhicules, il y a près de 20 ans. Le marché secondaire a la part du lion, avec près de 75 p. 100 du marché, et c'est dû au fait que, pour tous les véhicules sauf les plus récents, les renseignements de réparation sont facilement accessibles auprès de diverses sources, que ce soit pour un petit garage indépendant ou une chaîne nationale secondaire, ou même pour les bricoleurs.
Je sais que vous essayez de faire passer ce projet de loi, alors j'aimerais parler d'une dernière préoccupation des consommateurs. Nous ne devons pas laisser la situation actuelle du marché que connaissent les fabricants et les concessionnaires distraire les consommateurs du fait que nous vivons une période très propice à l'achat d'un véhicule au Canada. De fait, les deux aspects de cette situation sont étroitement liés. Les voitures n'ont pas été aussi abordables qu'elles le sont aujourd'hui en une génération. D'ailleurs, Statistique Canada vient de déclarer que le prix d'achat ou de location des véhicules a atteint son plus bas niveau en 24 ans, en proportion du revenu disponible. Ajoutons à cela le fait que tous les fabricants sont agressivement en quête de nouvelles affaires, et cela crée une série de conditions très favorables pour les consommateurs. Bref, la conjoncture n'a jamais été plus propice à l'achat d'une voiture, et je suis dans ce domaine depuis 40 ans.
Je tiens à remercier le comité de m'avoir donné cette occasion de discuter avec lui ce soir.
[Français]
J'aimerais vous remercier de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions, si le temps nous le permet. Merci.
J'ai déjà comparu devant le comité plénier à quelques reprises, et j'ai représenté les fournisseurs. Nous représentons les fournisseurs pour l'assemblage des nouveaux véhicules, alors nous n'avons rien à voir avec le problème du marché secondaire. Par conséquent, ne me posez pas de questions sur le marché secondaire — je n'ai aucune idée de ce qui s'y passe.
La plupart de nos installations sont en Ontario et au Québec. Environ deux tiers des pièces qui sont fabriquées dans ces installations sont exportées directement et un tiers sont consommées par les monteurs ici, au Canada.
Tout d'abord, je tiens à dire que j'apprécie les mesures qui ont été prises pour stabiliser les monteurs — ce sont nos clients. Aussi, les dispositions de liquidité du budget, qui n'ont pas encore été tout à fait adoptées, nous sont très importantes. Nous sommes vraiment impatients de les voir adoptées, parce que ce doit être réglé. Depuis notre première présentation au gouvernement il y a plus d'un an, quand les difficultés ont commencé, la situation a été de mal en pis. Même ces deux derniers mois, elle s'est encore plus détériorée. Les statistiques de février qui ont été diffusées aujourd'hui, en un mot, sont désastreuses.
Alors je dois dire que nous avons trois demandes à faire au gouvernement, et nous ne venons pas souvent demander quoi que ce soit. Généralement, nous ne faisons simplement que verser des milliards de dollars en impôts au gouvernement, que ce soit par l'intermédiaire des compagnies ou des employés très bien payés qui travaillent pour nous.
Notre première demande est simplement pour nous assurer que notre clientèle, les monteurs, soit encore là pour nous payer dans une situation normale. L'offre d'une aide financière est une première mesure pour assurer la survie des fournisseurs, et nous appuyons tout ce qui est nécessaire pour faire que les monteurs restent viables. On sait que notre industrie soutient un emploi sur sept en Ontario, et environ 10 000 employés au Québec.
Nos fournisseurs sont notre réseau de base, en ce sens qu'ils sont les liens entre tous les fournisseurs.
J'allais remettre ce document, mais on m'apprend que je ne le peux pas parce qu'il n'est pas dans les deux langues. Il n'est pas nécessaire de le lire de toute façon, parce que les images valent mille mots. Pour la Chevrolet Equinox, qui est assemblée à Ingersoll en Ontario, on voit d'où proviennent les pièces, d'où proviennent les modules qui y sont intégrés. Il y a plusieurs drapeaux. L'un d'eux est canadien, et d'autres sont américains. L'Equinox est montée à Ingersoll, et environ 80 p. 100 de ces véhicules sont envoyés aux États-Unis. Ce réseau de fabricants de pièces y participe donc.
Si l'un de nos grands clients, comme General Motors, s'écroulait, il entraînerait plusieurs fournisseurs dans sa chute. Quand ces fournisseurs disparaîtront — et ces fournisseurs alimentent aussi presque tout le monde en Amérique du Nord — ils entraînent dans leur chute d'autres fabricants de matériel. En quelque chose comme une semaine, toute la production nord-américaine de véhicules est paralysée. C'est un simple fait; ce n'est pas un scénario du jugement dernier. C'est ainsi qu'est faite l'industrie. C'est ainsi que nous sommes intégrés. Il faudra ensuite des mois et des mois pour que ceux qui auront survécu puissent se remettre sur leurs pied et à fonctionner, et ceux qui auront pu survivre jusque-là auront perdu tellement d'argent qu'ils risqueront encore l'échec. Alors on se retrouve avec un coût énorme pour rétablir les fournisseurs, si on le peut, ou encore il faut importer d'autres véhicules de l'étranger. Au bout du compte, on aura dépensé bien plus d'argent à redonner vie à l'industrie qu'on en aurait jamais dépensé si on avait investi dès le début pour maintenir en vie et en santé les compagnies originales. C'est pourquoi je suis ici — parce que c'est nous qui souffrirons.
L'autre chose qu'il nous faut, ce sont de bons fournisseurs, mais ce qui arrive, c'est que nos bons fournisseurs commencent à manquer d'argent. Nous avons été quasiment paralysés en Amérique du Nord de la mi-décembre à la fin de janvier à cause du manque de ventes et, par conséquent, d'ajustement des inventaires. Notre jour de paie est le 2 du mois, alors pour la production de janvier, nous avons été payés lundi cette semaine. La paie a été des plus minces pour la plupart des fournisseurs, parce qu'il n'y a pas eu de production en janvier. Nous avons reçu tout l'argent qui devait nous être payé — presque rien. Le 2 avril, nous serons payés pour février, et les ventes de février ont été très faibles, alors encore une fois, la paie sera très mince en avril, ce qui signifie que maintenant, la situation s'est beaucoup détériorée. Alors maintenant, nous avons des fournisseurs dans la même position que nos monteurs: ils n'auront tout simplement plus d'argent, parce qu'ils n'ont pas eu de flux net de trésorerie. Sans flux de trésorerie, ils devront fermer leurs portes.
Prenons l'exemple de Bauer Industries, à Kitchener. La compagnie existe depuis 1886. Elle a eu jusqu'à 300 employés il y a quelques années, et il n'en est resté plus que 30. Maintenant, elle a fermé boutique. Je connaissais ces gens. Ce sont de bons exploitants. Ils ne pouvaient tout simplement pas survivre à ce manque de production.
Nous avons bien d'autres exemples de ce genre. Je pourrais en donner de partout. Vous qui venez de Guelph et Kitchener, vous pouvez le voir aussi. Ils sont dans les registres; ils sont là, malheureusement. Bien des plus petites entreprises perdent tout, simplement parce qu'elles n'ont pas ce qu'il faut pour continuer.
Nous pouvons dire à la banque, eh bien, peut-être pourrions-nous compter sur nos créances. Mais la banque n'accepte pas les créances comme garantie. Elles n'y font pas confiance. Elles ne savent pas si elles seront payées. Alors il nous faut une assurance pour nos créances. Là, au moins, nous pourrions faire valoir ces créances à la banque. Cela pourrait venir du gouvernement, d'EDC et de BDC. Nous aimerions beaucoup qu'ils puissent offrir des garanties pour les créances.
Ensuite, nous avons les bons fournisseurs. Nos chiffres de production les plus récents font état de 9,5 millions d'unités pour 2009. C'est généralement de l'ordre de 16 millions. L'année prochaine, ce pourrait être entre 10,5 et 11 millions. C'est donc un grand creux. La plupart des compagnies n'auraient jamais pu prédire que les ventes iraient si bas.
Il nous faut arriver à traverser 2009. Il nous faut un capital patient pour aider les compagnies à traverser 2009 et le début de 2010. Sans ce capital patient, même pour les compagnies qui survivent, quand la situation recommencera à s'améliorer, il ne leur restera pas assez d'argent pour acheter du matériel brut et payer leurs gens pour tirer parti de l'accélération de la production. Il nous faut un capital patient pour cela. Je répète que nous pensons que l'argent pourrait être versé par l'intermédiaire d'un programme public d'EDC, le Compte du Canada, administré par la BDC. Ainsi, les compagnies viables pourraient survivre.
Pour ce qui est de donner de l'argent aux compagnies, nous avons toujours dit examiner la situation, simplement, exactement comme vous avez examiné les monteurs. La simple question est la suivante: est-ce que la compagnie peut sortir de la crise du marché en étant encore viable et durable et rembourser les contribuables canadiens les sommes qu'ils lui auront prêtées? Si elle le peut à long terme, elle mérite qu'on envisage de lui faire un prêt de capital patient. Si, à long terme, elle n'a pas de plan d'activité pour ce faire, nous ne pouvons pas nous-mêmes appuyer le financement public pour cette compagnie.
Mais nous pensons qu'il y a moyen de le faire. Nous pensons aussi qu'EDC et la BDC ont la possibilité, les moyens financiers et la capacité d'analyser les compagnies pour pouvoir prendre cette décision au nom du gouvernement. Elles connaissent bien le secteur automobile depuis longtemps. EDC a actuellement des milliards de dollars d'encours, alors c'est un prêteur d'expérience dans l'industrie, et c'est le véhicule parfait. Nous ne voudrions certainement pas voir créer un nouvel organisme. Avant qu'il puisse prêter de l'argent, il ne resterait plus de fournisseurs à qui le prêter.
C'est donc, en fait, ce que nous recherchons. Il nous faut pouvoir refaire surface.
L'autre chose, c'est qu'il faut regarder l'industrie dans son ensemble. Je dois dire que les habitudes de la population de l'Amérique du Nord en matière de transport ne changent pas. Les gens continueront d'acheter et d'utiliser des moyens de transport personnel. Il y aura bien des changements dans la mécanique de ces moyens de transport, mais il n'y aura que très peu de changements dans le véhicule en tant que tel. Actuellement, 90 p. 100 du véhicule ne change pas, et ne changera pas pendant de nombreuses années.
Le moteur pourrait changer dans certains cas, mais même là, très peu. Après tout, une voiture hybride est munie d'un plus petit moteur à essence, avec un moteur électrique. Ce n'est pas une toute nouvelle forme de transport. Même si nous parvenons à fabriquer des voitures électriques plus avancées, tout restera pareil sauf que ces véhicules auront de très grosses batteries, ou peut-être une pile à combustible pour alimenter la batterie. Elle aura encore des fenêtres, des portes et des phares; elle aura un volant, des sacs gonflables, et tout ce que font les fournisseurs de pièces.
Nous voulons que les fournisseurs de pièces d'automobiles du Canada puissent fabriquer tout cela pour nous.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Bonjour tout le monde.
Je représente Maxtech, une entreprise de fabrication de pièces d'automobile... [Note de la rédaction:Inaudible]... depuis maintenant 31 ans au Canada. Nous avons des intérêts en Ontario et au Québec.
J'aurais trois points fondamentaux à faire valoir, si votre auguste comité me le permet. Je vous suis très reconnaissant de m'offrir cette possibilité.
Premièrement, comme vous le savez tous, il y a deux achats particulièrement importants que chacun de nous peut faire au cours de son existence, soit l'acquisition d'une résidence et celle d'un véhicule. Lorsqu'on construit une maison, la richesse ainsi générée demeure généralement au sein de la collectivité. Tout le monde comprend bien cela; c'est la logique même. Lorsque vous achetez une voiture qui n'est pas fabriquée au Canada ou des pièces de voiture qui sont produites à l'étranger, une grande partie des fonds investis sortent du pays. Il est donc très important que notre industrie soit protégée, car sans cela, une large portion de la richesse créée se retrouvera à l'étranger.
Deuxièmement, je voudrais vous inciter à prendre conscience, comme Gerry vous le signalait, que ce sont les fabricants de pièces d'auto, bien davantage que les constructeurs de véhicules, qui sont responsables des véritables activités novatrices et à valeur ajoutée au Canada. C'est un point crucial.
Ainsi, c'est une entreprise installée dans un parc technologique québécois qui a créé le système d'échappement en acier inoxydable que l'on retrouve maintenant sur les véhicules de toute la planète. Dans une petite ville ontarienne, Waterloo, une entreprise a conçu un nouveau système d'échappement réduisant les fuites de gaz à effet de serre que l'on retrouve aujourd'hui dans les voitures et qui permet des économies annuelles de 50 millions de dollars. Notre pays, par l'entremise de l'Université de Waterloo et de l'Université Laval à Québec, est déjà à l'origine d'innovations importantes dans le secteur de l'automobile. Il y a donc deux avenues possibles pour protéger les fournisseurs de pièces qui font montre d'innovation: les crédits d'impôt RS et DE et les brevets de modèle d'utilité qu'on peut leur octroyer. Ces mesures ont une importance capitale.
Troisièmement, j'aimerais conclure en faisant suite au point que vous venez tout juste de faire valoir. Effectivement, Linamar a diversifié ses activités. Cette entreprise peut se permettre une telle diversification. Nous la connaissons très bien; elle est notre voisine. Il faut surtout se demander si les petits fournisseurs de la catégorie 2 ont aussi la possibilité de diversifier leurs activités. Disposent-ils des ressources suffisantes en génie? Il va de soi que ces fournisseurs veulent se diversifier, mais il y a deux choses qui les en empêchent. La première est l'accès à des services de génie. Ils ne peuvent plus compter sur les ressources suffisantes à ce chapitre compte tenu de la diminution de leur avoir propre. Le deuxième obstacle est lié à l'accès aux marchés pour les nouveaux produits issus de la diversification.
Nous avons été très honorés du temps que nous a consacré le ministre Clement lors d'un déjeuner-rencontre. Nous avons alors présenté à l'honorable ministre Clement, à l'honorable ministre Flaherty, à Mme Alison Tait et à M. Louis Lévesque, sous-ministre du Commerce international, une très intéressante mesure novatrice que nous avons créée pour l'AFPA. Ce nouveau mécanisme de redéploiement des actifs a pour objectif fondamental de réduire la dépendance à l'égard d'un seul secteur.
Si on regarde les chiffres de février, mesdames et messieurs, on constate que moins de 700 000 véhicules ont été produits en Amérique du Nord. Au cours de la même période, la Chine en a fabriqué près de 800 000. Comme Gerry le soulignait, la capacité en place est de 16,5 millions d'autos. Vous avez donc 9 millions de véhicules pour une capacité de 16 millions, ce qui fait que la masse critique n'est plus là pour assurer la viabilité des fabricants de pièces.
J'aimerais simplement ajouter que nous avons formulé trois suggestions très concrètes. Il y a d'abord un projet pilote de 5 millions de dollars que nous aimerions voir financé. Il aidera les petites entreprises, celles qui mènent des activités novatrices, à survivre grâce au redéploiement de leurs actifs. Ce mécanisme appelé FRAES vise en effet le réaménagement des actifs, des capacités de génie et des services de commercialisation. Nous vous demandons de prendre en compte le nombre de brevets de modèle d'utilité détenus par les fabricants de pièces d'auto et de leur verser du financement en conséquence, en prenant les brevets en garantie — cela pourrait se chiffrer à quelque 250 000 $ par brevet — à titre de capital transitoire ou de capital patient pour survivre aux années difficiles que nous connaîtrons en 2009 et 2010.
Enfin , nous souhaiterions que l'on se penche sur tout le concept du recours au capital patient dans le cas d'une entreprise viable. Ainsi, la BDC, qui est notre propre institution bancaire nationale, a produit un modèle de financement, en collaboration avec l'AFPA, qui tient compte de la viabilité des fabricants de pièces et de la faisabilité de leurs projets. Si l'on juge une entreprise viable en fonction de son plan de diversification visant à réduire sa dépendance à l'égard du secteur automobile, on lui octroie des fonds de transition de 1 million de dollars pour chaque 10 millions de dollars de ventes, par exemple, comme capital patient lui permettant notamment de répondre à ses besoins d'équipement à court terme.
Ce serait là nos trois recommandations.
Merci.
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Le projet pilote a été mis sur pied par l'Université de Waterloo, le Conestoga College et cinq membres de l'AFPA, dont nous faisons partie. Nous en sommes les initiateurs. Saviez-vous par exemple que les voiturettes de golf ne sont pas fabriquées au Canada? Nous utilisons tous ces voiturettes chaque été, mais aucune d'elles n'est construite dans notre pays. Pourquoi pas? Il y a tout près de chez nous l'usine des industries Bauer qui va fermer ses portes. Les mêmes presses d'estampage pourraient être utilisées pour fabriquer des voiturettes de golf. C'est un bon exemple de possibilité de redéploiement des actifs pour la conception de produits auxquels on ne pensait pas auparavant.
Le projet pilote vise à montrer de quelle manière une entreprise de pièces d'automobile à Guelph ou à Cambridge... je pense par exemple aux ateliers d'estampage. Nous avons besoin d'estampage pour les armatures des entrepôts. Pourquoi n'exploite-t-on pas ce créneau?
Nous avons présenté au un exposé détaillé sur la façon dont nous pourrions créer 120 000 emplois au Canada d'ici décembre 2010. Ce projet pilote est synonyme de 1 000 emplois rien que dans la région de Brampton, Mississauga, Cambridge, Waterloo et Kitchener. Nous devons donc prouver au gouvernement que le projet produit les résultats escomptés.
Mme Alison Tait, responsable du transport de surface à Industrie Canada, a passé une heure avec moi ce matin pour examiner ce projet pilote. Il suscite beaucoup d'enthousiasme. Le veut y consacrer des fonds. Il faut toutefois nous assurer qu'il est bel et bien mis en oeuvre, qu'on ne se contente pas d'en parler.
L'étape suivante exigera la contribution de toutes les municipalités canadiennes, de telle sorte que le projet puisse faire boule de neige, en jetant les bases nécessaires pour la formation, l'aide à la commercialisation, la recherche de marchés pour les nouveaux produits et le redéploiement des actifs.
Le fonctionnement est très simple. Je possède de l'équipement de moulage par injection plastique que j'utilise pour fabriquer des pare-chocs d'automobile. Mon usine fonctionne actuellement à 30 p. 100 de sa capacité. Je me tourne maintenant vers la fabrication de citernes pluviales pour le captage des eaux de pluie. L'équipement requis est exactement le même. Dans notre industrie, des dépenses d'équipement d'un million de dollars produisent des ventes de 2 millions de dollars et créent 10 emplois. Dans cet exemple de redéploiement des actifs, aucune dépense en capital n'est requise et un investissement de 100 000 $ pour de nouveaux équipements permettrait de créer les mêmes 10 emplois. On optimise ainsi l'utilisation des fonds publics dans une proportion de 10 pour 1.
C'est exactement l'objectif visé par le concept de redéploiement des actifs mis de l'avant par le service d'ingénierie de l'Université de Waterloo.
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Merci, monsieur le président.
Je sais que l'accès rapide aux capitaux est important. J'aimerais poser une question à notre attaché de recherche. Dans quelle mesure les sommes allouées dans le dernier budget pour Industrie Canada ont-elles été dépensées dans les différents secteurs? Le ministre a lui-même fait savoir, avant l'adoption du budget, que des sommes provenant du budget précédent pouvaient être immédiatement mises à la disposition des constructeurs d'automobiles. Il l'a déclaré publiquement de façon très explicite à différentes reprises avant même que le budget actuel ne soit présenté.
Alors, j'aimerais bien savoir s'il faut vraiment que nous attendions que le budget soit adopté par le Sénat. Et si on considère les autres ministères, je sais qu'il a été question publiquement de différents programmes pour lesquels on n'a pas utilisé tous les fonds alloués dans le budget précédent.
Relativement à la question du crédit, j'aimerais d'abord demander à M. Bali et M. Fedchun s'ils ont confiance en EDC et la BDC. Nous avons eu des signes avant-coureurs de cette récession; en Ontario, 300 000 emplois manufacturiers ont été perdus au cours des cinq dernières années. Les récents événements ont certes envenimé les choses, mais le processus était déjà enclenché; cela ne fait aucun doute.
Différents problèmes nous guettent. Par exemple, un atelier du comté d'Essex, un fournisseur de deuxième catégorie, offrait des salaires de 13 $ l'heure, enregistrait de légers bénéfices et avait même robotisé certaines opérations. Cette entreprise vendait des pièces pour la Ford Escort et les affaires tournaient bien. Mais elle s'est retrouvée acculée à la faillite et a dû refuser des commandes parce qu'il lui a été impossible d'obtenir un prêt bancaire à un taux convenable. La banque a augmenté son taux d'intérêt de plusieurs points de pourcentage, ce qui a rogné totalement sur sa marge bénéficiaire. L'entreprise s'est adressée à la BDC pour se faire répondre qu'on allait l'aider en garantissant le prêt bancaire, alors même qu'il lui était impossible d'obtenir un tel prêt.
Croyez-vous que ce problème puisse être réglé? Il y a des gens qui ont des comptes à rendre à cet égard. Je répète que cette entreprise réalisait des bénéfices, de légers bénéfices, versait des salaires raisonnables — comparables à ce qui se fait aux États-Unis et ailleurs — et avait robotisé ses opérations; on parle ici d'une entreprise tout à fait responsable qui voyait la marge bénéficiaire exigée par les banques la priver entièrement de toute possibilité de réaliser un profit.
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À cet effet, nous avons formulé une recommandation en deux volets. Comme vous l'avez signalé avec à-propos, la détérioration des bilans n'est pas de très bon augure. Le déclin s'est amorcé il y a trois ou quatre ans avec la dépréciation du dollar d'abord, la hausse du prix de l'acier et ainsi de suite. Le ratio d'endettement actuel de la plupart des manufacturiers de pièces d'auto est plutôt pitoyable. Une banque normale, si je puis me permettre l'expression, n'ouvrirait même pas le dossier d'une entreprise de pièces d'automobiles, comme nos amis l'indiquaient précédemment.
Notre recommandation comprend donc deux volets.
Certaines institutions financières non bancaires étrangères sont venues au Canada il y a trois ou quatre ans pour prêter des sommes considérables en prenant en garantie des biens d'équipement. On voit aujourd'hui ces mêmes institutions, dont les sièges sociaux sont presque tous aux États-Unis, se retirer du marché canadien. Les fabricants de pièces d'auto qui ont emprunté auprès de ces institutions se retrouvent maintenant à travailler davantage pour le prêteur que pour leur propre entreprise. De très fortes pressions s'exercent de la part du gouvernement américain qui a un objectif stratégique bien en tête: on veut que ces institutions se retirent du Canada, qu'elles nous rendent la vie misérable et qu'elles demandent le remboursement de leur prêt.
Voici donc notre première recommandation. Comme vous le savez, l'un des produits offerts par EDC est le système de garantie de prêts. Nous suggérons que, toutes les fois qu'EDC intervient dans un dossier pour offrir une garantie de prêt, le ministre demande à EDC de prendre en charge le prêt pendant une période limitée, le temps que les choses reviennent à la normale, et que l'on puisse de nouveau avoir recours à la filière bancaire régulière. Confiez donc à cette instance publique le mandat de prendre en charge les prêts qu'elle a garantis de telle sorte qu'il soit possible, tout au moins pour les manufacturiers de pièces en question, d'avoir accès à certaines liquidités en ces temps de crise.
Le second volet de notre recommandation ne manque pas d'intérêt. Vous devez changer le mandat d'un instrument de politique publique comme la BDC, pour une période deux ans peut-être, de telle sorte que même si elle est inscrite au Canada en tant que banque, elle n'ait pas à déclarer des rendements correspondant à ceux des banques pour pouvoir fournir du capital patient. Il s'agit là d'une suggestion très importante.
Notre première recommandation ne va s'appliquer qu'à certains fabricants de pièces, bien qu'il s'agisse d'acteurs très importants, pour lesquels EDC offre la garantie de prêt. La seconde, plus importante encore, fait intervenir la BDC. On lui dit de fournir du capital patient aux entreprises viables sans se préoccuper de ses niveaux de rendement pour les deux prochaines années. C'est peut-être le Compte du Canada qu'il faudra utiliser pour ce faire, mais c'est une mesure importante pour essayer d'aider l'industrie à se tirer de ce mauvais pas.
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Je trouve cette séance très intéressante, la précédente aussi d'ailleurs. Le grand public pourrait croire que les constructeurs et les concessionnaires sont confrontés aux mêmes problèmes, ou à tout le moins à des difficultés très semblables. Et c'est vrai dans un sens. Mais si j'ai bien compris, les constructeurs sont frappés par les répercussions directes de ce qui se passe aux États-Unis et sur le marché mondial, en ce sens que les Américains ont arrêté d'acheter des voitures fabriquées au Canada. Cette situation a eu un impact direct sur les constructeurs et les fabricants de pièces également. Pour ce qui est de la CADA et des concessionnaires, ils doivent composer avec le climat économique du Canada, qui découle indirectement de la crise aux États-Unis, car elle fait vivre des moments difficiles sur le plan financier aux Canadiens qui ont ou avaient un emploi. Quand les Américains ont arrêté d'acheter des produits du Canada, les employés canadiens en ont subi les contrecoups et ont eux-mêmes cessé d'acheter des voitures de nos concessionnaires canadiens.
Il y a une distinction importante à faire. Nous aidons les constructeurs automobiles, notamment grâce au programme de prêts que nous mettons en place, ce qui aura bien sûr aussi des retombées pour les fabricants de pièces. Mais pour les concessionnaires, la situation est tout autre. C'est un problème de crédit. Les Canadiens n'achètent pas de voiture parce qu'ils n'arrivent pas à obtenir un prêt, ou encore parce qu'ils ont perdu leur emploi et n'ont pas les moyens de se le permettre, mais les conditions de crédit ont eu un impact important.
J'aimerais revenir à ce que Brian disait, si vous me le permettez. Il a utilisé l'expression « meilleur au monde ». Il l'a utilisée dans un contexte un peu différent, mais il est important de noter que ce qualificatif s'applique également au système bancaire canadien. Nous avons beaucoup parlé d'une restructuration majeure du système bancaire, et nous avons entendu beaucoup d'idées à ce sujet. Mais il faut se rappeler que selon le Forum économique mondial, notre système bancaire arrive en première position, le régime bancaire le plus sécuritaire au monde, tandis que le régime américain se classait au quarantième rang.
Je cite un article paru à l'automne dans la revue The Economist: « Le Canada semble émerger au coeur de ce monde qui est en train de faire naufrage. Ses banques sont bien réglementées et solides... Sa plus grande crainte est que la récession qui sévit aux États-Unis finisse par avoir raison de lui aussi. » Il y a environ une semaine, on pouvait lire ce qui suit dans la revue Newsweek: « Les banques canadiennes sont bien capitalisées et sont prêtes à tirer profit d'occasions que les banques américaines et européennes ne peuvent pas saisir. » On continue en disant: « Si le président Obama cherche à gouverner de façon judicieuse, il pourrait, comme nous tous d'ailleurs, s'inspirer à bien des égards de notre tranquille [...] voisin du Nord. »
J'ai une question pour vous. Nous assurons le court terme avec les services d'EDC, le plan de crédit garanti, les prêts consentis aux constructeurs, et les répercussions qu'auront toutes ces mesures. Mais à long terme, quelle importance revêt fondamentalement ce solide système bancaire pour votre industrie, pour l'essor à long terme des organisations que vous représentez?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Gauthier, ce serait bien agréable de pouvoir en arriver à une entente volontaire comme vous le proposez, mais ce n'est malheureusement pas aux marchands de décider; le problème se situe au niveau des constructeurs, qui ne veulent pas fournir ces données, car il s'agit de renseignements de nature exclusive. Comme vous l'avez entendu des représentants de General Motors, ces derniers ne s'y opposent pas non plus. Il est aussi important de noter que cet aspect est réglementé aux États-Unis. Leur loi sur la protection de l'environnement fait aussi partie de l'entente qu'ils ont conclue, et des mesures législatives font aussi leur chemin dans le processus judiciaire.
Nous devrions peut-être passer à un sujet sur lequel nous sommes d'accord, de façon à utiliser notre temps de manière productive. Nous pourrons convenir d'être en désaccord sur ce sujet une autre fois.
Vous avez parlé de l'initiative mise de l'avant en Allemagne qui consiste à verser 4 000 $ aux consommateurs à l'achat d'un véhicule, ce qui me paraît intéressant à première vue. Certaines mesures incitatives peuvent en effet s'avérer très utiles et populaires. Ce n'est par contre pas toujours le cas. Par exemple, dans le cadre du Programme de remise écoAUTO, lancé par ce gouvernement, on a versé d'importantes remises pour l'achat de véhicules fabriqués à l'étranger, notamment la Yaris, et ce, grâce à l'argent des contribuables canadiens. Cette initiative n'a rien fait pour aider notre économie. Elle a aidé Toyota à multiplier le nombre de Yaris sur les routes et à se tailler un avantage concurrentiel, mais elle a nui à d'autres constructeurs canadiens qui avaient aussi payé une taxe et qui continuent de le faire pour certains véhicules, parce qu'on l'impose toujours. L'industrie estime qu'entre 40 et 50 millions de dollars ont été versés en taxes quand les ventes de véhicules étaient à leur niveau normal.
Pour aller au fond de la question, si nous pouvions trouver un modèle qui offrirait un avantage suffisant pour arriver à nos fins, le cynisme ferait dire à certains que les marchands en profiteraient pour empocher davantage — parce que l'achat d'un véhicule neuf s'accompagne d'un contrat d'entretien de quelques années.
Vous avez toutefois présenté quelques bons arguments en ce qui a trait à l'environnement, et je ne crois pas que ce soit nécessairement une mauvaise idée.
Il pourrait y avoir lieu de s'inquiéter que les prix ne grimpent en raison de la remise de 4 000 $ offerte. Je sais que des entrepreneurs ont déjà admis devant les caméras qu'ils allaient augmenter leurs prix maintenant que le gouvernement offre un programme de rénovation domiciliaire, qui permet d'obtenir des fonds pour rénover sa maison. J'ai donc des réserves à cet égard.
En outre, comment pouvons-nous garantir un prêt à faible taux d'intérêt comparable à ce que l'on offre en ce moment? Nous savons tous qu'il pourrait être profitable de consentir des prêts; je crois que tout le monde comprend cette réalité. Nous avons toutefois entendu ce soir à quel point il peut être difficile d'accéder au crédit même quand c'est rentable, si on considère les pourcentages imposés sur les prêts et les différents problèmes entourant les cartes de crédit. Comment pouvons-nous garantir aux consommateurs qu'ils pourront obtenir un prêt automobile à faible taux d'intérêt?
D'accord, c'est une situation gagnant-gagnant: on met de nouveaux véhicules sur la route qui deviennent des modèles nécessitant l'entretien de vos concessionnaires et assurent un roulement de crédit, sans compter que la production de véhicules, véhicules fabriqués ici, peut être maintenue. C'est très important à mon avis, parce que je n'ai certainement pas l'intention de financer Toyota si la compagnie ne possède aucune usine de production au Canada. Et je n'ai plus besoin de financer le Japon non plus.
Peut-être aurez-vous une réponse à me donner. Que devons-nous faire pour que ce modèle fonctionne correctement? Que seriez-vous prêt à faire pour veiller à ce qu'il soit appliqué ici, afin que nos travailleurs qui fabriquent des pièces pour ces véhicules conservent leur emploi? Comment faire par ailleurs pour que le consommateur continue d'en avoir pour son argent, si les fonds des contribuables sont pour servir à concrétiser ce modèle?