:
Merci, monsieur le président.
Je suis accompagné de Fiona Cook, notre principale conseillère commerciale et économique. Étant donné que j'ai entendu toutes les excellentes questions que vous avez posées à Jay hier, je me suis rendu compte que j'allais avoir besoin d'être secondé.
Je vous remercie énormément de me donner l'occasion de vous parler de l'industrie chimique et, de façon plus générale, de l'industrie manufacturière.
[Français]
Les discussions de ce sous-comité spécial sont très importantes pour notre industrie et pour tous les secteurs manufacturiers, et je vous en remercie.
J'espère pouvoir vous faire part de la situation de l'industrie chimique, qui est dans une position unique dans le cadre de cette crise.
[Traduction]
Mon exposé prendra un peu comme point de départ les points soulevés hier par Jay et le Conference Board. Certains d'entre vous mentionnaient plus tôt que nous venons tous vous parler de nos secteurs et de leur importance, mais, en fait, je ne passerai pas beaucoup de temps à vous entretenir de l'industrie chimique. Je vais parler davantage de l'économie et peut-être du rôle que le secteur chimique y joue.
Je vais commencer par faire quelques observations pour vous donner un peu de contexte et préparer le terrain. Ensuite, j'aborderai trois points ayant trait à la nécessité pour les chefs de tous les partis de travailler ensemble — comme vous l'avez fait pour le rapport sur le secteur manufacturier lorsque M. Rajotte présidait le Comité permanent de l'industrie — en vue de créer les conditions propices au maintien d'un secteur manufacturier fort et concurrentiel dans lequel l'industrie chimique et l'industrie des chemins de fer joueraient, bien entendu, un rôle important. Enfin, je formulerai une recommandation pour les travaux du comité.
Je vais commencer mon exposé d'une manière un peu inhabituelle en vous posant une question.
Au cours d'une période d'environ cinq années, le Canada a vu ses secteurs manufacturiers passer de 18,1 à 14 p. 100 du PIB. Nous avons perdu approximativement 320 000 emplois entre 2004 et 2008. Je sais que vous vous êtes débattus avec l'industrie automobile dernièrement, alors vous savez exactement l'incidence que cela a sur les gens, les vies et les collectivités. Plus d'un emploi sur sept dans le secteur manufacturier a disparu pendant cette période de quatre à cinq années. C'est absolument incroyable. On aurait pu penser que les gens auraient sonné l'alarme à ce sujet depuis longtemps, mais il semble que nous ne l'ayons pas fait avant l'arrivée de l'actuelle récession.
En plus des hommes et des femmes qui ont perdu leur emploi, des collectivités partout au pays ont été durement touchées, en particulier en Ontario et au Québec. Dans le secteur des produits chimiques, nous avons perdu à peu près 12 usines au cours des cinq dernières années, dont deux grandes à Montréal et plusieurs autres en Ontario.
Donc, ma question est la suivante: quel chiffre est acceptable pour notre secteur manufacturier? Serions-nous prêts à le laisser descendre à 12 p. 100? Qu'en est-il de 10 p. 100? Que voulons-nous observer dans l'économie canadienne de l'avenir?
Ou peut-être pourrions-nous envisager d'élaborer une stratégie dynamique qui nous permettrait de préserver ou d'élargir le rôle fondamental que le secteur manufacturier joue dans l'économie.
Je suis ici aujourd'hui dans le but de vous convaincre que le Canada doit faire plus que se pencher sur les secteurs qui éprouvent les difficultés dont nous avons été témoins — les industries forestière, automobile et aérospatiale — et s'occuper d'eux de toute urgence; il doit jeter un regard plus large à l'interdépendance qui existe entre ces secteurs et à certaines des difficultés économiques que nous affrontons.
Il y a trois principales observations que j'aimerais faire aujourd'hui.
Premièrement, j'aimerais simplement situer le secteur des produits chimiques dans ce tableau et vous expliquer pourquoi l'adoption d'une stratégie économique plus vaste nous intéresse tellement. Je parlerai un peu de notre secteur. Deuxièmement, j'essaierai d'illustrer la raison pour laquelle le secteur manufacturier devrait faire partie intégrante de notre économie si nous voulons maximiser notre niveau de vie ainsi que les perspectives d'emploi pour les Canadiens. Troisièmement, et probablement le point le plus important, j'aimerais parler de la politique gouvernementale. La politique gouvernementale nuit en ce moment à la santé du secteur manufacturier. Mais elle peut également l'aider à devenir plus concurrentiel et à améliorer ses chances sur les marchés mondiaux.
J'aimerais d'abord mentionner que le secteur des produits chimiques a essentiellement besoin que l'économie canadienne soit prospère, y compris les secteurs des ressources, des services et des chemins de fer, et que le secteur manufacturier soit dynamique et croissant. Notre industrie génère des revenus de 48 milliards de dollars et elle est le quatrième fabricant en importance au pays.
Comme Mike le sait puisqu'il vient d'Edmonton, nos activités consistent essentiellement à transformer des ressources. Nous transformons du pétrole, du gaz, du sel et de l'électricité en produits chimiques. Ces produits sont ensuite utilisés par toute une variété d'industries, notamment les produits pharmaceutiques, l'aérospatiale, l'automobile, les plastiques, les lubrifiants et le raffinage du pétrole. Pas mal tout ce qui fait partie de l'économie canadienne est, d'une manière ou d'une autre, dérivé d'un produit chimique quelconque.
Notre processus de transformation multiplie de cinq à vingt fois la valeur des ressources de base, ce qui contribue directement à la richesse de l'économie ainsi qu'à celle des autres secteurs sur lesquels nous nous reposons pour l'approvisionnement de ces ressources. Malheureusement, notre industrie ne peut prospérer sans ressources et sans clients pour acheter nos produits. Il y a donc une relation d'interdépendance entre notre industrie et l'économie globale et nous avons tout intérêt à ce qu'elle croisse et soit en bonne santé.
Par exemple, les produits chimiques sont l’un des plus importants coûts de l’industrie des pâtes et papiers. Ils sont utilisés pour dissocier la pâte. Lorsque l’industrie forestière est dans le pétrin, nous sommes dans le pétrin. Plusieurs de mes sociétés vendent leurs produits presque exclusivement à l’industrie forestière et elles les vendent par wagon. Voilà l’autre élément de notre interdépendance.
Chaque voiture fabriquée au Canada contient à peu près 5 000 $ de produits chimiques: des plastiques, du caoutchouc, certains lubrifiants, des dispositifs d’affichage électronique et de plus en plus de batteries au lithium. Donc, notre secteur a également besoin que tous ces autres secteurs manufacturiers soient concurrentiels.
Nous sommes également tributaires des services. Nous dépendons énormément du soutien informatique. Les services de transport et d’élimination des déchets d’une usine chimique sont extrêmement informatisés.
Nous prospérons au fur et à mesure que l’économie canadienne croît. Comme la plupart des secteurs manufacturiers, 87 p. 100 de nos produits sont exportés aux États-Unis. Donc, nous participons également à l'ensemble de l’économie nord-américaine.
Depuis 2006, notre association, ainsi que de nombreuses autres, signale que l’industrie manufacturière régresse au Canada. Nous avons constaté que la crise économique actuelle amplifiait la perte d’emplois et d’investissements, mais ce problème n’a rien de nouveau pour nous. Cela fait cinq ou sept années que le secteur manufacturier l’affronte.
Je ne sais pas qui a dit qu’il ne fallait jamais gaspiller une bonne crise, mais elle nous donne certainement l’occasion de porter notre attention sur l’économie et sur ce que nous devons faire. La récession et l’énorme recul que subit notre production préoccupent mes membres, mais nous savons que nous nous en sortirons. Nous avons connu des hauts et des bas avant. Ce qui nous intéresse principalement, c’est ce qui va se passer lorsque nous émergerons de la crise et comment nous pouvons nous préparer à croître dans l’avenir.
La deuxième remarque que j’aimerais formuler, c’est que le Canada laisse passer une occasion en or de bâtir une économie qui maximise le potentiel à valeur ajoutée de nos ressources. Nous sommes un pays riche en ressources et notre secteur des services est en pleine croissance.
Ces deux secteurs sont liés et ont une forte relation d’interdépendance avec l’industrie manufacturière. Sans elle, nous extrairons nos richesses naturelles et nous les enverrons à l’extérieur du pays afin qu’elles soient valorisées par les Chinois, les Indiens ou quelqu’un d’autre. Ils accroîtront la valeur de ces produits cinq à vingt fois et nous les revendront. À mon avis, ce n’est pas une très bonne manière de créer une économie forte et prospère. Notre économie recèle un énorme potentiel de création de richesses auquel nous aurons accès si nous réfléchissons à la façon de maximiser la valeur de nos ressources.
Je suis extrêmement déçu de voir que nos gouvernements ne réfléchissent pas à la façon de maximiser la valeur de nos ressources, de les développer et de veiller à ce qu’il ait un secteur manufacturier prospère lié aux ressources et aux services. Le gouvernement de l’Alberta est probablement le seul qui met l’accent là-dessus. Ils sont convaincus qu’ils doivent valoriser leurs ressources et diversifier leur économie. En tant que pays, nous devrions maximiser la valeur de nos ressources afin qu'elles profitent aux Canadiens et faire tout en notre pouvoir pour atteindre cet objectif.
Cela m’amène à ma troisième observation qui concerne le rôle que le gouvernement doit jouer en vue d’assurer la croissance d’un solide secteur manufacturier à valeur ajoutée. La politique gouvernementale est très importante. Je me souviens lorsque M. Rajotte a préparé son rapport sur le secteur manufacturier et formulé ses 14 recommandations. C’était un important pas en avant parce qu’il signalait certaines politiques qui pourraient aider le secteur manufacturier.
De nombreux secteurs de la politique gouvernementale, tant à l’échelle fédérale que provinciale, ajoutent des coûts pour l’industrie, rendent la mise en marché de nouveaux produits plus difficile et créent entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial des chevauchements inutiles qui, lorsqu’il y a un vide politique considérable, engendrent des politiques improductives. L’énergie en est un bon exemple.
Chaque année, l’ACFPC publie à l’intention des divers gouvernements, y compris le gouvernement fédéral, une fiche d’évaluation de la compétitivité de notre industrie. Je pense que vous en avez tous une copie. La fiche d’évaluation analyse tous les facteurs commerciaux qui font du Canada un pays concurrentiel où investir.
La fiche évalue tout, de la politique monétaire et budgétaire au transport en passant par l'inflation, la fiscalité des sociétés, les coûts de la main-d'oeuvre, les politiques commerciales, le système juridique, l'approvisionnement énergétique et la tarification. Nous faisons cela parce que, en tant que membres d'une industrie mondiale, nos entreprises examinent divers États. Ils les comparent avant d'effectuer leur prochain gros investissement ou de construire leur prochaine grande usine qui engendrera ensuite toutes sortes de perspectives de croissance et de retombées.
Ils n'étudient pas qu'un seul facteur; ils les regardent tous. Si les coûts énergétiques sont élevés, le coût de l'électricité en Ontario est élevé, les services de chemin de fer ne correspondent pas à nos besoins, la structure fiscale n'est pas aussi avantageuse qu'ailleurs, les règlements à respecter sont innombrables et la politique sur le changement climatique est incertaine ou peu importe, ils décideront de s'établir ailleurs. Il est donc extrêmement important de comprendre cette base de compétitivité.
Je ne vois pas les gouvernements envisager le secteur manufacturier de cette manière. Ils pensent à des problèmes ou des secteurs particuliers, alors qu'ils doivent penser à l'environnement global dans lequel les décisions en matière d'investissement sont prises.
Je remarque que M. Lake est un ancien directeur des Oilers d'Edmonton, alors je ferai un parallèle avec la Coupe Stanley. Le monde est un univers très compétitif et y triompher s'apparente à remporter la Coupe Stanley. Toutes les équipes sont excellentes, et vous l'avez sûrement remarqué si vous avez regardé l'une ou l'autre des parties. Elles sont toutes prodigieuses...
:
Oui, mais, bon, ils ont des joueurs blessés.
La partie est physique et rapide et pour la gagner, vous avez besoin d'une approche globale. Vous ne pouvez pas dire: « j'ai un bon compteur et il remportera la partie ». Vous avez besoin d'une approche globale.
La fiche d'évaluation qui se trouve devant vous est notre approche globale. Sans lire le texte, simplement en regardant les plus et les moins, vous pouvez constater qu'il y a des secteurs où nous avons une longueur d'avance et d'autres où nous accusons un retard. Nous devons régler les secteurs où nous sommes faibles et renforcer ceux où nous sommes forts.
Les industries comme la nôtre ne sont pas favorables à l'aide financière, aux subventions, ou même aux traitements de faveur, mais elles s'attendent à ce que le gouvernement fasse sa part en créant le contexte politique nécessaire pour permettre aux fabricants de faire face à la concurrence mondiale, et en évitant d'adopter des mesures qui affaiblissent ou réduisent la compétitivité. Nous avons besoin de politiques qui encouragent l'investissement dans le secteur manufacturier et la valorisation des ressources, et qui stimulent les progrès vers l'atteinte d'objectifs en matière de viabilité, ce qui, à notre avis, fait partie intégrante de cet élément.
Bien que certains progrès aient été accomplis récemment sur le plan de l'impôt des sociétés — et nous pensons que la décision d'harmoniser les taxes en Ontario était un grand pas en avant —, il n'en demeure pas moins qu'il existe toujours d'importants obstacles à l'investissement au Canada, comparativement aux autres États.
Ces problèmes ont été bien documentés par tous les partis dans l'excellent rapport de M. Rajotte qui formule 14 recommandations. Certaines d'entre elles ont été suivies, mais je crois qu'on peut affirmer sans crainte de se tromper que la réaction au rapport a été molle et qu'il y a encore place à l'amélioration en ce qui concerne la politique gouvernementale relative au secteur manufacturier.
En conclusion, je pense que nous sommes à un moment critique. La création de ce sous-comité répond au sentiment d'urgence ressenti par bon nombre de secteurs de l'économie. Mais aussi difficile que cette période puisse être pour le secteur manufacturier, je crois qu'elle nous donne vraiment l'occasion de concevoir une nouvelle orientation politique pour l'économie canadienne qui suivra la récession. Nous avons la chance de réévaluer certaines de nos hypothèses à propos du secteur manufacturier et d'élaborer une feuille de route pour les années à venir.
Je ne sais pas si cela fait partie de votre mandat, mais qui sait? De nos jours, les gens établissent leurs propres mandats.
J'aimerais vous inciter, vous et votre comité, à vous appuyer sur le travail présenté dans le rapport du comité présidé par M. Rajotte, à voir plus loin que les problèmes immédiats de certains secteurs ou même l'actuelle récession, et à cerner les conditions qui doivent être remplies à moyen et à long terme pour que le secteur manufacturier demeure compétitif au sein d'une économie canadienne prospère.
Merci
:
Merci, monsieur le président.
Chers membres du comité, avant de commencer mon exposé, permettez-moi d’abord de vous dire que je suis absolument d’accord avec l’analyse de M. Paton qui donne un point de vue d’ensemble du secteur manufacturier au Canada et de ce qu’il faut faire pour le protéger. Donc, je ne passerai pas beaucoup de temps à répéter les mêmes choses parce que nous, les membres de l’Association canadienne des fournisseurs de chemins de fer, nous souscrivons entièrement aux observations qui ont été formulées ce matin.
D’abord, ce que j’aimerais faire, c’est vous donner un bref aperçu de notre association et de ses membres et une petite idée de la communauté des fournisseurs de chemins de fer, parce que leur histoire n’est pas souvent racontée. Ensuite, j’aimerais vous donner une vue d’ensemble de mon exposé, que je pense avoir remis à temps à Mme Tittley et dont vous avez tous une copie. Je crois qu’il a été traduit. Donc, j’aimerais vraiment mettre l’accent là-dessus si tout le monde a reçu une copie.
L’Association canadienne des fournisseurs de chemins de fer représente à peu près 400 entreprises qui approvisionnent l’industrie des chemins de fer. Cela ne comprend pas les gens du premier niveau; donc, nous ne représentons pas les fabricants d’acier ou les compagnies pétrolières, etc. Toutefois, certains de nos membres développent et vendent des logiciels aux exploitants de chemins de fer afin qu’ils puissent, bien entendu, offrir le mode de transport le plus écologique d’Amérique du Nord.
Au cours des dernières années, le secteur a employé au Canada de 50 000 à 60 000 travailleurs dont les fonctions sont directement liées à l’industrie des chemins de fer. À l’échelle nationale, nous avons réalisé, bon an mal an, des ventes se chiffrant à environ quatre milliards de dollars, et 80 p. 100 des membres de la communauté des fournisseurs de chemins de fer génèrent des ventes à l’exportation de cinq milliards de dollars, ce qui porte la valeur totale du secteur à plus de neuf milliards de dollars. Nous jouons donc un important rôle dans l’économie.
Je vais commencer par le défi. J’aimerais exposer le défi à court terme auquel nous sommes confrontés et parler ensuite d’une solution et du plan de mise en œuvre que nous proposons pour notre secteur. Nous en avons même évalué les coûts.
En ce qui a trait au défi à court terme, la crise nous a frappés de plein fouet, comme la plupart des secteurs manufacturiers. Bon nombre de nos grandes EFE ont dû mettre au chômage des milliers de travailleurs, simplement pour demeurer compétitives. Beaucoup d’employés travaillent maintenant à temps partiel.
Vous vous demandez peut-être pourquoi cela se produit alors que nous investissons plus que jamais dans les transports en commun. Toutefois, avant que vous avanciez cet argument, j’aimerais dire qu’il faut traiter le transport de passagers et le transport de marchandises séparément, bien qu’ils fassent partie du même secteur. Les fonds provinciaux découlant des paiements de transfert fédéraux sont affectés aux systèmes de transport en commun qui relèvent des commissions de transport. Mais, du côté du transport ferroviaire de marchandises, beaucoup de nos gens sont dans le pétrin; certains se sont mis sous la protection de la loi sur les faillites, d’autres sont sans emploi.
Ils ne construisent pas des petits machins. Ce sont d’énormes locomotives dotées de certaines des technologies les plus modernes qui soient. Nous construisons des locomotives hybrides ainsi que des locomotives propres en utilisant des produits chimiques pour lubrifier les chemins de fer. Je ne sais pas si vous en avez déjà vu. Elles remédient à la friction en répandant une petite quantité de substance non toxique dont les gouttes roulent sur les rails. C’est incroyable toute l’efficacité qu’on peut tirer de ce produit chimique.
Vous avez parlé de l’interdépendance des secteurs; nous en savons aussi quelque chose. Nous avons conçu des locomotives hybrides qui se servent beaucoup de la technologie des batteries ainsi que de la technologie du freinage dynamique qui régénère le courant et l’utilise plus efficacement. Nous ne sommes pas des retardataires. Nous faisons preuve d’innovation sur le plan environnemental dans le domaine de la technologie des transports.
Cependant, l’année dernière a eu un effet très néfaste sur notre secteur. Beaucoup d’entreprises ont été touchées durement, profondément, comme la National Steel Car de Hamilton, l’Electro Motive Diesel de London, la RailPower de Brossard, près de Montréal, et la Brandt, la plus importante entreprise privée de la Saskatchewan. Nous estimons que nous avons déjà perdu pour près de 1,2 milliard de dollars de ventes par rapport à la même période en 2008. Au moment où nous avons rédigé le rapport, nous savions que sur le plan privé, les sociétés CN et CP avaient réduit leurs plans de dépenses en capital de 400 milliards de dollars. Maintenant ce chiffre augmente de manière exponentielle.
Ce n’est pas qu’ils n’investissent pas, c’est qu’ils repoussent leurs investissements. L’argent est là, prêt à être investi, mais l’ennui c’est que lorsque nos entreprises ne reçoivent pas de commandes, nous sommes forcés de mettre des gens à pied. C’est ce que nous observons dans plusieurs secteurs. Cependant, les compagnies ferroviaires dépensent habituellement 20 p. 100 de leurs revenus sur l’infrastructure et le matériel roulant. Ce sont de bonnes nouvelles pour nous. Le problème, comme je l’ai dit déjà, c’est que ces dépenses sont repoussées. Donc, au pire, notre secteur doit fermer ses portes et s’établir ailleurs. Mais, nous savons que ces commandes reviendront, nous devons donc tenir le coup. Nous devons nous assurer de survivre les deux ou trois prochaines années, si c’est le cas.
Si vous me le permettez, je parlerai de la perspective internationale. Nous avons observé une intensification de la croissance internationale. Cela est très important parce que bon nombre de gouvernements ont nationalisé leurs systèmes de transport ferroviaire des marchandises et des passagers. C’est là que l’argent est injecté en ce moment partout dans le monde. Des pays comme l’Oman et le Qatar qui n’ont jamais eu de transport ferroviaire avant, commencent à investir.
Qu’ils le fassent pour répondre à un besoin stratégique ou pour mettre en œuvre un plan de relance économique, ou peut-être un peu des deux, est sans importance. Il y a des affaires à conclure là-bas. Nous parlons de jurisprudence, mais ces marchés ne sont pas dominés par le protectionnisme. Qu’on appelle ça du protectionnisme ou qu’on lui donne un autre nom, nous savons que lorsqu’il est question d’approvisionnement, il y a des marchés auxquels les Canadiens ont accès et d’autres où c’est peine perdue. Nous pouvons présenter une offre, mais nous n’avons pas la moindre chance de décrocher le contrat.
Donc, nous devons vraiment nous attaquer à ces marchés de manière stratégique. Nous avons observé une croissance de 9 p. 100 entre 2006 et 2007 et des revenus de près de 116 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Ces chiffres sont tirés d’un rapport sur l’avenir des fournisseurs de chemins de fer, qui vient juste d’être publié. À l’échelle internationale, la croissance annuelle est de 2 à 2,5 p. 100. Nous devons en tirer parti. Nous ne pouvons pas laisser ce secteur nous glisser entre les doigts.
Non seulement nous efforçons-nous d’aider nos EFE, mais nous savons que 55 à 80 p. 100 de leurs fournisseurs de pièces sont canadiens. S’ils construisent des wagons de marchandises, utilisent des wagons-trémis pour les céréales ou si la National Steel Car construit des wagons ou des wagons-citernes pour transporter certains produits chimiques, non seulement aidons-nous les EFE, mais également les sous-traitants qui leur fournissent des pièces et les 400 autres entreprises qui contribuent à l’industrie. Cela a un effet d’entraînement.
Voilà contre quoi nous luttons. Quelle solution proposons-nous? Évidemment, je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'examiner les chiffres indiquant à quel point le transport ferroviaire est un mode de transport propre. Nous sommes responsables de 75 p. 100 des tonnes-kilomètre commerciales et nous produisons de 3 à 3,5 p. 100 des émissions de GES. C'est complètement stupéfiant. Comment avons-nous réussi à obtenir ces chiffres? Les exploitants de chemins de fer vous répéteront cette histoire ad vitam eternam et ils ont bien raison de le faire car c'est notre technologie qui a permis ces résultats. Cette technologie a été conçue au Canada et nous voulons que cette tendance se maintienne.
Avec la solution proposée, nous espérions non seulement satisfaire la demande nationale que nous prévoyons, et qui viendra, mais... Je vais vous dire: 300 locomotives sont stationnées en ce moment. Elles ont été mises hors service. Il en est de même pour plus de 20 000 wagons à marchandises. C'est le moment idéal pour effectuer une mise à jour. Puisque les véhicules sont hors service, nous pouvons les rendre plus écologiques sans subir de pertes de rendement.
Beaucoup des locomotives et des locomotives de manoeuvre sont entreposées dans les gares de triage situées près des collectivités; elles ont souvent jusqu'à 30 ou 40 ans. Nous avons la technologie nécessaire pour les moderniser et en améliorer l'efficacité de 60 à 70 p. 100. C'est le temps d'agir. Ce projet nous permettrait de relancer l'activité dans nos installations de production et de rétablir beaucoup d'emplois perdus.
Comment ferions-nous? Pour lancer le projet, nous avons conçu un programme de relance du secteur de fabrication de matériel ferroviaire. Il s'agit d'un programme de financement ponctuel entre les EFE et le gouvernement du Canada afin de contrebalancer les coûts de l'équipement ferroviaire fabriqué au Canada d'une durée de vie recommandée de deux ans. Il augmenterait l'activité de production dans les établissements des EFE canadiennes, d'où, bien entendu, la préservation et la création d'emplois.
Ce programme aurait une autre conséquence. J'ai parlé à mes collaborateurs et ils m'ont dit que si nous réussissons à atteindre notre capacité de production... Évidemment, ils ont de nombreuses obligations syndicales: il faudrait d'abord rétablir les employés au chômage technique ou à temps partiel; mais s'ils réussissent à dépasser ce niveau et à croître — parce que nous savons que nous avons ici un secteur de croissance —, nous pourrons absorber les travailleurs sans emploi du secteur de l'automobile et les remettre au travail dans des régions clés du Québec, de l'Ontario et de l'Alberta, et ce, avec très peu de recyclage.
Nous recommandons que le programme soit mis en oeuvre sur une base unitaire assortie d'un traitement préférentiel sur le prix. Les commandes d'approvisionnement seraient envoyées aux autorités canadiennes par les EFE canadiennes et un partenaire nord-américain du secteur du transport ferroviaire. Le fonds pourrait être géré par Industrie Canada selon un mécanisme ressemblant à celui du financement structuré, le MFS, pour les navires et structures marines off-shores construits au Canada. Je ne vais pas entrer dans les détails de ce mécanisme, mais c'est un exemple d'un programme déjà en place.
Nous employons aussi un exemple pour établir les coûts. Nous ne voulons pas seulement aborder certains défis. Vous avez parlé de défis et de solutions dans les 21 recommandations que vous avez proposées pour régler certaines des difficultés; nous vous demandons de traiter chacune de ces recommandations afin que tous les secteurs manufacturiers en bénéficient.
Dans notre cas, je veux aussi m'assurer qu'une solution soit proposée. La politique du gouvernement ontarien qui préconise l'achat de produits d'acier de construction canadien applique un traitement préférentiel de 10 p. 100 pour les produits d'acier de construction canadien indiqués dans les soumissions. En adoptant un mécanisme semblable, nous croyons qu'il faudrait 120 millions de dollars pour relancer l'activité dans nos installations de production. Nous savons qu'il s'agit d'une somme importante, mais elle nous permettrait de reprendre notre place sur la scène nationale et internationale.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de m'écouter.
:
C'est une bonne question, monsieur.
[Traduction]
Nous nous sommes posé la même question. Les gouvernements ont fermé les yeux devant ce que nous devons appeler un grave problème. Le message qu'ils envoyaient, c'est que, oui, le secteur manufacturier perd des emplois, mais c'est un phénomène mondial et le taux de chômage est seulement de 6 p. 100; nous avons des excédents budgétaires et de toute façon, ce que nous voulons vraiment, c'est une économie de services, et peut-être qu'en fait, l'économie n'a pas besoin de l'industrie manufacturière. C'est le genre de message que nous envoyaient les gouvernements; vous voyez donc que ça ne les inquiétait pas tellement.
C'est pour cette raison que la récession est importante; je pense que nous commençons à comprendre l'importance des emplois qui relèvent du secteur manufacturier, et aussi, que l'économie ne peut pas dépendre uniquement du secteur des services. Prenez ce qui est arrivé au Royaume-Uni: en gros, ils ont décidé que le secteur manufacturier n'était pas tellement important et qu'ils investiraient uniquement dans le secteur bancaire. Maintenant, leur taux de chômage est le plus élevé de l'Europe. Investir dans un seul secteur n'est pas une bonne stratégie.
Mais pour revenir à la deuxième partie de votre question, les raisons derrière la situation: les changements produits par l'émergence de la Chine, de l'Inde et d'autres lieux de fabrication ont forcé les industries manufacturières à s'adapter, à se moderniser, à avoir recours à la technologie et à devenir écologiques, comme Jay Myers l'a si bien expliqué hier, je crois.
Jay vous a expliqué une partie de la situation, mais il est à noter que deux problèmes particuliers sont survenus au cours de cette période. D'abord, il y a eu la hausse de la valeur du dollar, qui est passé de 0,76 $ à 1,05 $ ou 1,08 $ à un moment donné, je crois, ce qui a eu des conséquences majeures sur l'industrie manufacturière. Ensuite, il y a la question des coûts de l'énergie. En menant une enquête auprès des membres de l'industrie en collaboration avec l'organisation de Jay, nous avons découvert que les coûts de l'énergie augmentaient de beaucoup l'ensemble des coûts de l'industrie. La conséquence de la combinaison des coûts et du dollar était que tout l'argent servait à défrayer l'énergie. Puis, quand venait le temps de vendre le produit, on perdait de 20 à 30 p. 100 sur la valeur du dollar. En gros, les fabricants ne faisaient pas d'argent, et puisqu'ils ne faisaient pas d'argent, ils n'investissaient pas dans la technologie pour augmenter leur productivité.
Voilà le genre de difficultés que nous connaissons depuis cinq ou six ans. La récession n'a fait qu'empirer les choses, sauf que le coût de l'énergie a diminué et la valeur du dollar aussi.
Toutes ces difficultés sont survenues et le gouvernement ne faisait rien pour les régler, à part diminuer certains des taux d'imposition, ce qui a aidé, en fait.
Le Canada n'a pas vraiment de politique en matière d'énergie. Nous sommes totalement démunis à cet égard. On s'inspire donc énormément de la politique environnementale à cet égard, ce qui n'est pas une mauvaise chose, sauf que cette façon de faire a des conséquences.
Pour vous donner un exemple, si l'on veut adopter le gaz naturel comme source d'énergie pour la production d'électricité parce que son impact environnemental est moins important, cette ressource devient notre charge d'alimentation. Cette transition ferait augmenter le prix du gaz naturel, parce qu'une centrale électrique peut consommer énormément de gaz naturel. Ce dernier se raréfierait, alors que c'est la principale charge d'alimentation de nos usines en Alberta.
Pour optimiser le potentiel économique, nous devons élargir notre perspective concernant les politiques en matière d'électricité et d'énergie, un fait que l'énergie nucléaire illustre bien. De plus, dans le domaine de la politique énergétique, il y a beaucoup de balkanisation entre les provinces et le gouvernement fédéral, ce dernier se cantonnant dans un rôle restreint ou inexistant. C'est, à mon avis, une conséquence du fiasco du Programme énergétique national. C'est un des domaines où l'on peut intervenir.
Il y a également des problèmes de réglementation. Il existe de plus en plus de chevauchements et de doubles emplois importants entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Le gouvernement de l'Ontario est un bon exemple; il met actuellement en oeuvre un programme de gestion des produits chimiques toxiques, ce qui est une excellente initiative, car il faut gérer ces matières. Il a toutefois conçu le programme en ignorant pour ainsi dire le programme fédéral.
Nos usines et nos compagnies vont ainsi se retrouver dans une situation où chaque province aura ses propres règles pour gérer les produits chimiques toxiques, ce qui fera augmenter considérablement les coûts. On ne sait plus quelles sont les règles, les signaux, les seuils ou les autres facteurs, ce qui pose d'énormes difficultés dans le domaine de la réglementation.
On peut également penser au domaine des changements climatiques. Actuellement, la Colombie-Britannique et le Québec appliquent une taxe sur le carbone, d'autres participent à une initiative en matière de climat mise en oeuvre dans l'Ouest canadien, le gouvernement fédéral a ses propres initiatives et le gouvernement de l'Ontario croit qu'il devrait précéder tout le monde. Nous devons harmoniser nos démarches avec les États-Unis. Et même si je suis tout à fait d'accord avec l'orientation que préconise M. Prentice à ce sujet, le fait est que nous avons sur les bras toute une panoplie de mesures disparates.
Quant à la politique relative aux chemins de fer, je crois que l'on peut améliorer la situation. Il faut procéder à un examen du service ferroviaire. Ce secteur est essentiel à notre industrie, et nous croyons qu'il faut que la concurrence et le service y soient renforcés.
On peut donc envisager bien des domaines, y compris l'infrastructure et les frontières. Je crois que l'on a réalisé beaucoup de progrès dans le secteur frontalier, mais c'est vraiment un très gros dossier. Au moindre petit accrochage à la frontière, notre économie souffre énormément. Il y a donc beaucoup à faire à cet égard. Je crois que le gouvernement a réalisé quelques progrès concernant l'infrastructure et l'accélération de la circulation des biens, mais il faut accomplir davantage.
On peut donc agir dans de nombreux secteurs de politique. Si on les associe aux mesures fiscales et commerciales, on pourrait considérablement augmenter l'efficacité de notre économie et aider le secteur manufacturier à soutenir la concurrence sur la scène internationale.
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Je vais vous donner une réponse qui n'est peut-être pas aussi simple que vous le voudriez. De façon générale, les secteurs commerciaux, y compris le Conseil canadien des chefs d'entreprise, considèrent qu'il faut établir, d'une certaine manière, un prix pour le carbone. Il n'est toutefois pas nécessairement question d'une taxe sur le carbone.
L'échange et le plafonnement des émissions constituent une forme de tarification du carbone. M. Prentice a certainement indiqué que nous devions harmoniser nos pratiques avec les États-Unis; or, ces derniers s'orientent vers une sorte de régime de plafonnement et d'échange. Même si nous avons trouvé que le plan de M. Dion était un peu compliqué et irréalisable — c'est notre façon de voir —, nous pensons que c'est également le cas pour la plupart des propositions faites jusqu'à maintenant.
Permettez-moi de vous dire ce que j'en pense. Les gens parlent d'un programme de plafonnement et d'échange comme si c'était un jeu d'enfant. Mais arrêtez-vous pour réfléchir à ce que pareille démarche implique. Pour fixer un plafond, il faut déterminer les chiffres. Ainsi, sur 200 usines au pays, peut-être 30 ou 40 atteignent un seuil qui exige la prise de mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il faut que quelqu'un décide quelles seront les quantités d'émissions de gaz à effet de serre auxquelles ces usines devront s'en tenir.
Qui prendra cette décision? Un fonctionnaire? Nous comprenons à peine nous-mêmes nos propres usines. Chacune est différente, avec sa propre charge d'alimentation, sa propre technologie et sa propre histoire. Même à Joffrey, que vous connaissez probablement, certaines installations ont été construites dans les années 1970, d'autres dans les année 1990 et enfin d'autres en 2005. Elles sont toutes totalement différentes.
Il faut posséder une somme incroyable de connaissances pour établir un plafond. Une telle décision fait intervenir une bureaucratie gouvernementale énorme. Il faut maintenant multiplier cela à l'échelle de l'économie américaine.
Quelqu'un doit donc prendre une décision. Il faut ensuite établir la différence entre ce chiffre et le nombre idéal, puis informer les parties prenantes afin d'appliquer des sanctions ou d'octroyer des récompenses. On parle maintenant d'affecter de l'argent, des sommes substantielles. En comparaison, la crise du secteur hypothécaire va avoir l'air d'une partie de plaisir. L'établissement de plafonds s'accompagnera de problèmes très difficiles qui auront des répercussions profondes sur l'industrie.
Il faudrait intervenir à grande échelle dans l'économie, et j'ai à cet égard une politique fondamentale toute simple: ne causez aucun tort. Or, j'aimerais savoir comment nous allons procéder sans causer de tort.
Enfin, je ne crois pas qu'il faille choisir entre une taxe sur le carbone et un programme de plafonnement et d'échange; je crois que la question en est une de conception. C'est essentiellement ce qui est ressorti du rapport de la table ronde publié récemment. Il faut concevoir cette initiative pour établir un prix pour le carbone afin de favoriser la mise au point de nouvelles technologies. Nous sommes d'accord avec tout cela. Notre association croit fermement au développement durable, mais vous devez agir d'une manière qui fonctionne. Personnellement, je n'ai rien vu qui indique que quelqu'un sait comment faire pour y parvenir. L'expérience européenne a viré au désastre. Il y a beaucoup à faire dans ce domaine.
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Merci beaucoup de votre question.
[Traduction]
Dans notre secteur, l'industrie comprend très bien la situation et est parfaitement consciente qu'il faut assurer la relève, surtout quand on voit évoluer la main-d'oeuvre et les travailleurs atteindre l'âge de la retraite.
Mais nous éprouvons également des difficultés à attirer dans notre secteur les jeunes qui sortent des collèges, des universités et des programmes de formation dans les métiers. Même si nous sommes très axés sur la technologie, nous devons également combler des postes dans des domaines de la mécanique et de la production.
Si nous assurons notre position avec le soutien du gouvernement, nous pensons pouvoir faire croître nos activités. Nous croyons avoir devant nous un avenir brillant, si nous réussissons à nous sortir de la situation actuelle sans être complètement ruinés ou, dans certains cas, sans avoir déplacé nos activités ou sans avoir eu à simplement vendre notre technologie ou notre propriété intellectuelle à des concurrents étrangers.
Je crois que le gouvernement a, ici encore, un rôle à jouer en encourageant les jeunes et peut-être les chômeurs à acquérir de nouvelles compétences. Comme je l'ai fait valoir, noud avons l'occasion non seulement de rapatrier certains des emplois perdus, mais également de contribuer à absorber les pertes d'emploi dans les secteurs de l'automobile et de l'acier, puisque les capacités et les besoins dans nos usines de production sont un peu les mêmes que dans ces industries.
Mais nous aurions certainement besoin de l'appui du gouvernement pour faire du transport ferroviaire une priorité et un secteur en croissance. Ce n'est pas que dans l'aérospatiale que l'on développe beaucoup de technologies, mais également dans notre propre secteur. De nombreux ingénieurs fraîchement émoulus de l'université veulent se diriger vers le secteur de l'aérospatiale. Ce dernier a ses propres problèmes, et je crois que vous allez en entendre parler plus tard au cours de vos séances. Mais ce que nous voulons, c'est nous assurer que le gouvernement reconnaisse que le transport ferroviaire est un moyen de transport durable et une industrie en croissance au Canada.
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Comme Fiona le disait, le crédit d'impôt pour la R–D nous est très utile. Il y a beaucoup d'entreprises qui en bénéficient. C'est probablement la raison pour laquelle elles réussissent à effectuer autant de R–D au pays, même si ce sont généralement les administrations centrales qui s'en occupent.
Nous voyons le problème sous un autre angle. Sur le plan des politiques, nous avons tendance à penser que si l'on fait la R–D ici, alors on va développer et fabriquer les produits ici. C'est un modèle linéaire de R–D et ce n'est pas ce que nous faisons dans l'industrie. S'il n'y a pas de fabricant viable ici, personne ne va exiger de R–D pour améliorer son produit, l'adapter ou le modifier. Il n'y aura pas de poste de chercheur au siège de l'entreprise pour la R–D
De plus, dans notre cas, une bonne partie de la R–D est en fait du « D »: développer et modifier le produit, le rendre plus souple, en changer la nature. Pour une papeterie, par exemple, il peut s'agir du type de papier ou de la qualité de l'eau. On modifie le produit ou le procédé pour tenir compte de cet aspect précis. On invente une nouvelle version adaptée du produit.
Il n'est pas simplement question de faire passer le produit de la R—D à la commercialisation. À notre avis, le secteur manufacturier doit également être particulièrement vigoureux et axé très fortement sur une dynamique de valeur ajoutée. Cela va également permettre d'attirer la R—D ici, parce que les résultats seront propres à notre pays. Si nous faisons la capture et le stockage du carbone dans votre province, l'Alberta, nous serons probablement le chef de file mondial dans ce domaine. Devinez ce que nous ferons ensuite? Nous ferons comme Jay et nous vendrons cette technologie à l'étranger.
Lorsque la R–D, ou plutôt le D, découle de caractéristiques uniques de notre industrie ou de notre pays, nous avons de bien meilleures chances d'effectuer la R–D et ensuite de commercialiser le produit ici, parce qu'il correspond à identité. On peut le remarquer parfois dans le domaine agricole. Dans certains secteurs agricoles, nous sommes les chefs de file mondiaux en raison de nos climats et des variétés de céréales que nous cultivons.
Je pense que c'est beaucoup plus complexe que de faire beaucoup de R–D et d'imaginer que l'industrie va suivre. J'ai pu le constater en Grande-Bretagne. J'ai visité des endroits à Oxford où l'on fait beaucoup de R–D. Même si la R–D s'est faite là-bas et que le fruit des recherches a reçu un brevet, comme les conditions nécessaires pour en permettre la fabrication n'étaient pas réunies, les Japonais ou les Chinois sont venus, ont acheté la chose, l'ont transférée à l'étranger et ont commencé la fabrication ailleurs.
La R–D ne contribue pas nécessairement à la croissance de l'économie. Il faut réunir les autres conditions pour en bénéficier.
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Je vous remercie de cette question.
C'est exactement là où nous voulons nous positionner quand nous sortirons de cette crise, de manière positive et durable, pour que le Canada puisse être fier de ses secteurs manufacturiers, et c'est précisément là que nous tentons de nous positionner, au moment où les ventes nationales et internationales... Le marché intérieur a été durement frappé dans le secteur du transport de marchandises. Pour ce qui est du transport de voyageurs, il y a des investissements. Nous devons nous assurer que ces investissements soient faits aujourd'hui et non remis à demain.
Sur le plan international, le Canada a la possibilité de jouer le rôle de diplomate d'affaires dans des pays où nous ne sommes jamais allés. Nous sommes présents dans des endroits comme le Soudan, pour bâtir des infrastructures, le Nigéria et le Moyen-Orient. Nous avons connu du succès en Irak et nous poursuivons nos efforts dans ce pays.
Notre avantage concurrentiel se trouve dans nos solutions clé en main. Nous pouvons nous rendre là-bas, effectuer une étude de faisabilité provisoire, établir un devis, poser le ballast, installer les rails et faire venir les locomotives, et ce, à un prix compétitif, en respectant les délais de livraison, avec d'excellentes ressources en matière de formation pour que les travailleurs locaux apprennent à entretenir l'équipement, et nous offrons en plus un service après fabrication. Nous pouvons faire tout cela. En tant qu'association, nous devons en parler davantage, parce que dans ces missions commerciales, nous devons nous surpasser.
En ce qui a trait au transport, il y a des pays qui ont des systèmes nationalisés, comme la Russie, qui prépare ses Jeux olympiques d'hiver de 2014 et demande l'avis du Canada pour concevoir la ligne ferroviaire de Sochi, parce qu'elle voit nos réussites, et pas seulement à Vancouver. Avec son climat rigoureux, ce pays a des besoins semblables aux nôtres, mais pas la technologie que nous avons. Quant à la population, elle ne se compare pas à la nôtre, mais nous pouvons tirer avantage de nos points forts. Nous ne pouvons pas faire concurrence à certains autres pays, mais nous connaissons nos forces. Il nous faut aller chercher ce marché et en gagner une bonne part.
Nous allons continuer tout cela, et il nous faut l'appui du gouvernement pour rester dans la course et nous assurer de ne pas fermer boutique. Je ne suis pas ici pour utiliser des tactiques alarmistes, mais c'est incontestablement la réalité dont me parlent les membres de mon association. Le fait que l'un de nos principaux membres se trouve sous la protection de la loi sur la faillite en est une preuve évidente.