propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis heureuse de présenter aujourd'hui le projet de loi . Notre gouvernement sait que les Canadiens ne devraient pas avoir à choisir entre leur famille et leurs obligations professionnelles. Élargir l'accès aux prestations d'assurance-emploi aux travailleurs indépendants est la bonne et juste chose à faire.
Notre gouvernement sait que la famille est le fondement de notre grand pays. Ce projet de loi est un nouvel exemple des mesures que prend notre gouvernement pour soutenir les familles canadiennes et leur offrir des possibilités. Il constitue une bonne politique familiale et une des améliorations du régime d'assurance-emploi les plus notables de la dernière décennie.
[Français]
Les travailleurs indépendants canadiens sont souvent les innovateurs de notre économie. Ce sont des gens qui mettent à contribution leur créativité, leur courage et leur capital matériel pour aspirer à une vie meilleure. Le dynamisme renforce nos collectivités, ce qui fait du Canada une nation plus forte.
Environ 2,6 millions de Canadiens sont des travailleurs indépendants. Ils représentent plus de 15 p. 100 de la population active.
[Traduction]
Il est très important de souligner que les travailleurs indépendants réclament le droit de toucher des prestations depuis un certain temps. Pendant 13 ans, l'ancien gouvernement libéral a tourné le dos à eux et à leurs familles. Notre gouvernement conservateur, lui, a décidé d'agir.
Les travailleurs indépendants canadiens proviennent de tous les horizons et leurs revenus varient grandement. Ce sont des professionnels, des scientifiques, des techniciens, des gens de métier et des détaillants. Ils travaillent dans les domaines de l’agriculture, de la construction, de l’immobilier, des arts de la scène.
Il importe de noter qu’environ un tiers de toutes les travailleuses indépendantes sont en âge de procréer et bon nombre de ces femmes ont choisi un travail autonome car il leur permet de combiner une carrière et leur vie familiale. En cette période d'incertitude économique, le travail indépendant est aussi une façon pour bien des travailleurs sans emploi de demeurer actifs sur le marché du travail.
Notre gouvernement est d'avis que l'aide offerte à ceux qui choisissent cette voie est insuffisante et c'est pourquoi nous voulons leur donner accès à un régime que bien des salariés tiennent pour acquis. Les salariés qui cotisent à l'assurance-emploi ont accès à de nombreux avantages: congé de maternité, congé parental, congé de maladie, congé d'accident de travail, congé pour soins prodigués par compassion. Malheureusement, les travailleurs autonomes n'y ont pas accès, et notre gouvernement trouve cela injuste.
Il y a un an, le a dit:
Les travailleurs indépendants canadiens et ceux qui aspirent à le devenir ne devraient pas avoir à choisir entre fonder une famille et fonder une entreprisse en raison de la politique de l'État. Cette politique devrait leur permettre de réaliser leurs rêves, comme entrepreneurs et comme parents.
[Français]
À cette époque, nous avions l'intention d'offrir les prestations de maternité et parentales aux travailleurs indépendants. Notre gouvernement conservateur respecte ses promesses. En fait, ce projet de loi va au-delà de nos engagements. Notre gouvernement propose d'offrir toutes les prestations spéciales d'assurance-emploi, y compris les prestations de maternité, les prestations parentales, les prestations de maladie et les prestations de compassion aux travailleurs indépendants.
Ce projet de loi aura des répercussions importantes sur la vie des travailleurs indépendants canadiens. Les mères et les pères qui sont des travailleurs indépendants pourront maintenant prendre une pause afin de s'occuper d'un nouveau-né au cours de sa première année de vie. Comme ils pourront se prévaloir des prestations de maternité et parentales, ils ne manqueront plus les premiers pas ou les premiers mots de leur enfant.
[Traduction]
Nous savons qu'un nombre croissant d'adultes se retrouvent dans la génération sandwich et doivent prendre soin d'un parent âgé. S'ils reçoivent des prestations de soignant, les travailleurs indépendants canadiens pourront s'absenter du travail pour s'occuper d'un parent malade qui est en fin de vie. Les Canadiens connaissent tous l'importance de pouvoir consacrer du temps à sa famille; or, ce projet de loi donnera aussi cette possibilité aux travailleurs indépendants canadiens.
Somme toute, les prestations spéciales pour les travailleurs indépendants seraient identiques à celles offertes aux salariés dans le cadre du programme d'assurance-emploi. Les cotisations et les prestations seraient comparables, que le travailleur soit indépendant ou salarié ou les deux à la fois.
Bien que notre objectif général soit que les prestations spéciales offertes aux travailleurs indépendants soient identiques à celles offertes aux salariés, quelques rajustements sont nécessaires, compte tenu de la nature unique de ce type d'emploi. Plus précisément, la participation au régime sera volontaire. L’accès serait déterminé en fonction du revenu, et non des heures travaillées. Le travailleur indépendant devra cotiser au régime pendant au moins un an avant de pouvoir demander des prestations. Et, une fois qu’il aura fait une demande de prestations, il devra continuer de cotiser au régime en fonction de ses revenus futurs à titre de travailleur indépendant.
Les travailleurs indépendants verseraient des cotisations égales à celles des salariés et ne seraient pas tenus de payer la part de l'employeur de la cotisation et ce, pour tenir simplement compte du fait que le travailleur indépendant n'aura pas droit aux prestations régulières d'assurance-emploi, celles que les gens reçoivent lorsqu'ils sont mis à pied.
Nous estimons qu'entre 300 000 et 500 000 Canadiens feront une demande de participation au cours des trois prochaines années.
[Français]
Je tiens à préciser que les travailleurs indépendants du Québec continueront à recevoir des prestations de maternité et parentales du Régime québécois d'assurance parentale. Ils pourraient cependant bénéficier des prestations de maladie et de compassion offertes par le gouvernement du Canada dans le cadre du régime d'assurance-emploi.
[Traduction]
Ces changements qui nous permettront de donner une chance égale aux travailleurs autonomes ont une portée beaucoup plus large encore que les engagements du discours du Trône et du budget de 2009. Cette initiative est en fait la plus importante mesure d'amélioration du programme d'assurance-emploi des dix dernières années. C'est aussi la dernière d'une série d'améliorations opportunes que nous avons apportées au régime de l'assurance-emploi afin qu'il continue de répondre aux besoins des Canadiens.
Notre Plan d'action économique a pour but d'aider les travailleurs canadiens et leurs familles à traverser la récession économique mondiale. En aidant les travailleurs canadiens de toutes les couches de la société, nous aidons les familles et les collectivités de l'ensemble du secteur économique. Nous croyons que les entrepreneurs individuels canadiens joueront un rôle déterminant dans le processus de relance économique. Nous avons besoin de leurs compétences, de leur expérience et de leur énergie pour relever les défis à venir. Le gouvernement croit que ces Canadiens doivent avoir accès aux avantages spéciaux de l'assurance-emploi parce que c'est la chose juste et équitable à faire.
Le gouvernement sait que les travailleurs autonomes canadiens ne devraient pas avoir à choisir entre leur famille et leurs responsabilités professionnelles. Les députés n'ont pas à me croire sur parole à cet égard. En effet, un concert de réactions positives s'est fait entendre d'une large gamme de secteurs d'activité depuis le dépôt du projet de loi au début de la semaine.
Nous avons eu des réactions de la communauté agricole. Richard Phillips, le directeur des Producteurs de grains du Canada, a déclaré mardi à CTV News que, pour un grand nombre de jeunes familles agricoles, cette mesure pèsera lourd dans la balance au moment de prendre la décision de rester sur la ferme ou de l'abandonner. Il a ajouté dans un communiqué de presse que cette mesure législative est la bienvenue en raison de son potentiel énorme en ce qui a trait à l'amélioration de la qualité de vie dans le Canada rural.
Du côté de la communauté des petites entreprises, Catherine Swift, présidente de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, déclarait hier dans la Gazette de Montréal, que cette initiative comble un « fossé béant » au profit des personnes qui exploitent leur propre entreprise, en particulier les femmes. « Un grand nombre de nos membres sont des femmes. Elles aimeraient concevoir un enfant, mais elles ne peuvent se permettre d'abandonner leur entreprise » a-t-elle ajouté.
Ensuite, en provenance d'une ville qui fait partie de ma magnifique circonscription, Haldimand—Norfolk, Shane Curtis, présidente de la chambre de commerce de Tillsonburg, a déclaré ce qui suit dans l'édition de mardi du Tillsonburg News:
Je pense que, de certains points de vue, c'est une initiative fantastique qui encouragera les femmes à se lancer en affaires et à devenir travailleuses autonomes. Elle encouragera également les travailleuses autonomes à avoir des enfants.
D'un bout à l'autre du pays, les gens ont appuyé ce projet de loi. John Winter, président de la Coalition of B.C. Businesses, disait ceci dans un communiqué de presse diffusé mardi:
C'est tout simplement normal. [...] Les Britanno-Colombiens qui partent à leur compte ne devraient pas avoir à choisir entre fonder une famille et fonder une entreprise.
Je n'aurais pas pu mieux dire.
Les entrepreneurs se sont montrés favorables au projet de loi, eux aussi. Dans un communiqué envoyé mardi, Phil Hochstein, président de l'Independent Contractors and Businesses Association, déclarait ceci:
De nombreux entrepreneurs sont à la fois propriétaires et travailleurs, tantôt camionneurs, tantôt applicateurs de panneaux muraux, tantôt peintres. Compte tenu des difficultés économiques actuelles, la protection additionnelle que représente cette extension des prestations spéciales d'assurance-emploi est la bienvenue.
D'autres personnes encore sont favorables au projet de loi. Voici les propos de Dale Ripplinger, président de l'Association canadienne de l'immeuble, tel que cités dans un communiqué envoyé mardi:
C'est une étape importante puisqu'elle permet de niveler le terrain pour les Canadiens établis à leur propre compte [...] nous serons heureux de travailler en collaboration avec le gouvernement afin d'assurer que les AGENTS IMMOBILIERS aient accès aux prestations d'emploi, qui les aideront à établir un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie familiale.
Je pense que l'opposition ne devrait pas simplement m'écouter, mais écouter aussi les Canadiens, qui tiennent à ce que ce projet de loi soit adopté, comme Stephen Waddell, directeur national de l'Alliance des artistes canadiens du cinéma, de la télévision et de la radio, qui représente des créateurs de partout au pays. Voici ses propos, tels qu'on les cite dans un communiqué:
Ce projet de loi est une question d'équité fondamentale. Il s'agit de traiter également tous les travailleurs canadiens. Nous demandons au Parti li2ral, au NPD et au Bloc d'éviter qu'il y ait des élections et d'adopter ce projet de loi.
Le gouvernement libéral précédent a ignoré ces Canadiens pendant 13 longues années. Les travailleurs indépendants canadiens veulent que le projet de loi soit adopté. Ils nous font confiance pour que nous ne les laissions pas tomber, mais ils savent que les libéraux et le Bloc ont laissé tomber d'autres Canadiens. Les libéraux et le Bloc, qui se sont opposés au projet de loi cette semaine, ont laissé tomber des centaines de milliers de travailleurs de longue date. Étant donné que nombre de députés dans leurs rangs réclament une loi comme la loi sur l’équité pour les travailleurs indépendants, j'ose espérer qu'ils vont appuyer ce projet de loi.
Le 5 mars dernier, le a lui-même affirmé au Toronto Star que les travailleurs indépendants formaient la catégorie la plus importante de Canadiens privés de la protection de l'assurance-emploi. Il est d'avis qu'une telle mesure convient particulièrement à une société qui souhaite se laisser guider par la compassion et qui est désireuse de relancer son économie.
Même le Bloc nous a donné son appui. La députée de a déclaré ceci le même jour, devant la Chambre: « Je crois qu'il est plus que temps d'offrir la possibilité aux travailleurs autonomes de pouvoir contribuer, sur une base volontaire, à l'assurance-emploi. »
Enfin, mardi soir, à l'émission Power Play, sur les ondes de CTV, le député libéral de a déclaré que les libéraux appuyaient en principe ce projet de loi.
Je les invite tous à appuyer ce projet de loi de façon bien tangible en votant pour son adoption.
Les libéraux et le Bloc ont laissé tomber les travailleurs de longue date. Vont-ils laisser tomber également les millions de travailleurs indépendants du Canada? Les travailleurs indépendants veulent savoir si on va les laisser tomber. Les Canadiens veulent que ce projet de loi soit adopté.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi , Loi sur l’équité pour les travailleurs indépendants.
Les libéraux approuvent en principe le projet de loi. Nous voulons le renvoyer au comité pour qu'il y soit étudié. C'est une étape qui risque de durer un certain temps parce que beaucoup de gens ont une opinion précise dessus; certains y sont favorables et d'autres, pas. Je pense que, plus qu'autre chose, les gens auront des questions à ce sujet.
Il y a un aspect qui est un peu décevant. Une chose s'est produite dans le cadre de l'élaboration de ce projet de loi. Le gouvernement et différents ministères, dont celui des Ressources humaines, réfléchissent à la question depuis un moment déjà, ainsi qu'à des modèles et des propositions. Si c'est le cas, le groupe de travail sur l'assurance-emploi, dont je faisais partie, n'en a pas entendu parler. Cela faisait partie du mandat du groupe. Néanmoins, aucune proposition sérieuse n'a été présentée au groupe.
En dépit de questions cohérentes, particulièrement de la part de ma collègue de , qui a demandé si le gouvernement avait des renseignements, la réponse a été non. La députée a déclaré qu'il devait bien exister quelque chose puisque cela se trouvait dans la plate-forme électorale du Parti conservateur. S'il y avait de l'information sur la question, elle appartenait au Parti conservateur et il ne la communiquait pas. De deux choses l'une: ou bien le ministère travaillait à quelque chose qui ne nous avait pas été communiqué, ou bien le projet de loi nous a été présenté à la hâte et contient des défauts. Nous déterminerons laquelle de ces deux possibilités est la bonne au cours de l'étude du projet de loi.
Cependant, il s'agit d'une bonne mesure pour les travailleurs indépendants, quoiqu'elle reste modeste. Le projet de loi offre certaines prestations aux travailleurs indépendants qui aimeraient participer au régime d'assurance-emploi.
La question que je viens de poser à la ministre importe également. Je cite la page 110 du budget du 27 janvier:
La ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences sera chargée de mettre sur pied un groupe d’experts afin de consulter les Canadiens sur la meilleure façon de faire en sorte que les travailleurs indépendants aient accès aux prestations parentales et de maternité de l’assurance-emploi.
La ministre a déclaré que l'expert qui devait être consulté, c'était moi et que le groupe de travail sur l'assurance-emploi était censé faire ce travail, ce qui n'est clairement pas ce qui est indiqué dans le budget.
Mardi soir, pendant une séance d'information sur le projet de loi, j'ai posé la question aux fonctionnaires: qu'en est-il du groupe d'experts dont la création était annoncée dans le budget? Ils n'avaient aucune idée de ce dont je parlais. Jusqu'à preuve du contraire, la création d'un tel groupe n'a jamais été envisagée sérieusement. Même le secrétaire parlementaire ne savait pas trop si un engagement avait bel et bien été pris.
Il est évident qu'il n'y a pas beaucoup de Canadiens qui ont été consultés. La ministre n'a jamais déclaré qu'elle avait consulté beaucoup de Canadiens. Elle a cité quelques personnes après le fait, en affirmant qu'il y avait probablement des gens qui aimaient l'orientation annoncée dans le projet de loi, mais pourquoi n'y en aurait-il pas?
Je suis convaincu que le projet de loi a un certain mérite et nous espérons qu'il donnera au Parlement l'occasion de travailler. Nous pourrons étudier le projet de loi sérieusement en comité, mes collègues libéraux et moi, avec le député de , qui travaille et respire pour ce dossier, et, je présume, le député d', qui représente les néo-démocrates au Comité des ressources humaines.
Certaines personnes pourront étudier la mesure sérieusement, en déceler les lacunes et trouver des façons de l'améliorer. J'espère qu'elle sera étudiée dans un esprit de coopération, peut-être même dans l'esprit des Fêtes, quand le comité en sera saisi en temps et lieu.
Nous avons certaines réserves à propos des cotisations. On n'a pas calculé ce que cela coûtera au gouvernement. Nous avons entendu dire que le taux de cotisation ne sera pas le même au Québec. Dans cette province, les gens peuvent déjà choisir de se prévaloir de certains avantages, comme les prestations de maternité et de paternité. Le taux de cotisation au Québec sera-t-il suffisant pour financer les avantages proposés et la mesure coûtera-t-elle quelque chose au gouvernement?
On peut supposer que les cotisations s'accumuleront la première année quand les gens commenceront à adhérer au programme, puisqu'ils devront y cotiser pendant au moins un an avant de pouvoir toucher des prestations. Aucune prestation ne sera versée la première année. Cependant, quand la somme des prestations rattrapera la somme des prestations, combien le régime coûtera-t-il et qui en assumera le coût? Est-ce le Trésor du gouvernement du Canada, comme c'est le cas pour les cinq semaines supplémentaires annoncés en janvier, ou encore la caisse de l'assurance-emploi, qui financera le projet de loi ?
Cela fait toute la différence parce que, comme nous le savons, le gouvernement a fondé un office de financement distinct pour l'assurance-emploi, qui dispose de la piètre somme de 2 milliards de dollars. L'actuaire en chef du Canada a clairement indiqué que cette somme est tout à fait insuffisante pour financer les programmes actuels, sans parler des nouveaux programmes. C'est une des questions que nous allons poser.
Je veux cependant prendre une seconde pour parler d'un groupe de parlementaires qui a fait un travail magnifique. Au cours des dernières années, le caucus libéral national féminin a publié trois livres roses, soit en 2006, 2007 et 2009. Chacun de ces livres roses traite de la question des travailleurs indépendants et de son importance pour les Canadiennes.
Je cite un extrait de la page 16 de la plus récente édition. On y lit:
Les travailleuses autonomes forment une autre part importante de la population active. D’après les plus récentes statistiques, plus de 1 femme active sur 10 au Canada travaille à son propre compte. En 2004, près de 840 000 femmes étaient des travailleuses autonomes. Les femmes chefs d’entreprise se butent à de nombreux obstacles, dont la difficulté d’obtenir des capitaux et l’absence d’avantages sociaux. La majorité des femmes propriétaires de petite entreprise gagnent 30 000 $ ou moins par année; elles n’ont pas accès à des soins de santé à bon marché, ne bénéficient d’aucune protection en cas d’invalidité, ne sont pas admissibles aux prestations d’assurance-emploi ou de maternité et ne peuvent se payer un régime d’assurance ou de retraite du secteur privé.
Après ce passage se trouve la recommandation suivante:
[...] autoriser les travailleurs indépendants à cotiser aux programmes de prestations spéciales du régime d’assurance-emploi, comme le recommande le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes dans son rapport intitulé « Améliorons la sécurité économique des femmes: il est temps d’agir », publié en juin 2007. Les travailleuses indépendantes auraient ainsi accès aux prestations de maternité, parentales et d’aidants naturels.
Je félicite le gouvernement d'avoir fait sienne l'une des recommandations du livre rose. Je l'encourage à faire davantage en adoptant toutes les recommandations de ce livre. Si le livre rose, qui est effectivement rose, avait été adopté intégralement par le gouvernement du Canada, je n'aurais pas eu besoin de devenir député. Beaucoup du travail à faire serait déjà accompli. Je félicite les membres de notre caucus féminin pour le travail hors pair qu'elles font, surtout sur le plan social, mais aussi sur les plans économique et environnemental.
Les recommandations de ce caucus sont très importantes. La députée de et la députée de , entre autres, ont défendu cet enjeu avec brio. Notre caucus féminin national compte de nouveaux membres, comme la députée de , qui a aussi accompli un travail remarquable sur cette question. Le caucus libéral s'intéresse à cet enjeu depuis longtemps.
J'aimerais également parler du rapport publié en juin 2009 par le Comité permanent de la condition féminine intitulé « Vers l'amélioration de l'accès des femmes aux prestations d'assurance-emploi ». Si la Chambre me le permet, j'aimerais citer l'extrait suivant du rapport:
Une mesure qui pourrait être prise pour limiter le problème de l’aléa moral consisterait à étendre exclusivement les prestations spéciales de l’AE aux travailleurs autonomes. Dans le cadre du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), les travailleurs autonomes peuvent se prévaloir des prestations de maternité et parentales. Plusieurs témoins ont mentionné que le RQAP peut servir de modèle à un régime fédéral.
Le rapport comprend plusieurs bonnes recommandations, notamment la no 14, qui propose que:
Ressources humaines et Développement des compétences Canada fasse en sorte que les prestations de maternité et parentales soient aussi souples et équitables que celles versées au titre du Régime québécois d’assurance parentale en élargissant les critères d’admissibilité, en accroissant le montant des prestations et en prolongeant la durée des prestations.
Ressources humaines et Développement des compétences Canada étende les prestations aux travailleurs autonomes en utilisant comme modèle le Régime québécois d’assurance parentale.
C'était également un très bon rapport et l'une des choses que notre Comité des ressources humaines ferait.
J'en appelle à l'indulgence de mes collègues de , d' et de nos collègues du gouvernement. Nos comités devraient étudier cette question en collaboration. Nous devrions organiser au moins une réunion conjointe avec le Comité de la condition féminine pour étudier cette question, en raison des répercussions précises qu'elle a sur les questions féminines. D'autres comités pourraient également être concernés, comme celui des finances, entre autres.
Ce projet de loi est très vaste et volumineux en plus d'être technique et détaillé. Nous devons l'évaluer sérieusement.
Il existe des modèles, et des groupes importants comme le caucus libéral national féminin et le Comité permanent de la condition féminine nous ont fait des recommandations. Nous n'avons pas à recommencer à zéro. Nous pouvons prendre ce que le ministre nous a donné. Je pense que nous avons réellement la possibilité d'améliorer ce projet de loi, afin qu'il profite à plus de Canadiens.
Toutefois, nous discutons du projet de loi et il y a certaines mesures qu'il mettrait en oeuvre.
Le projet de loi prévoit autant de semaines de prestations que pour l'assurance-emploi des salariés, soit 15 semaines de prestations de maternité, 35 semaines de prestations parentales et d'adoption, 15 semaines de prestations de maladie et 6 semaines de prestations de soignant.
Parlons du Québec, qui a une infrastructure sociale beaucoup plus avancée que la plupart des autres provinces du Canada. Il a décidé délibérément de se doter d'une solide infrastructure sociale. Il a un régime de prestations parentales et de maternité. Les gens du Québec vont quand même pouvoir participer à l'autre régime aussi, en payant une cotisation inférieure. De mémoire, je crois qu'on passe de 1,73 p. 100 à 1,37 p. 100. Est-ce une réduction qui correspond bien à la quantité de services fournis?
Il faut voir les exigences d'admissibilité. Normalement, pour des prestations spéciales, on exige 600 heures. Comme on parle de travailleurs autonomes, on fixe un seuil de 6 000 $ de revenus avant impôt. Il faut regarder cela de plus près. On va calculer les prestations hebdomadaires en prenant le revenu du prestataire l'année d'imposition précédente et en le divisant par 52. Quand le comité va se pencher sur la question et que les gens vont venir dire qu'ils voudraient participer à ce régime ou qu'ils représentent un groupe qui voudrait y participer mais qu'ils ont des questions à poser, il faut que nous les écoutions. C'est là que le comité pourra faire quelque chose.
Le ministre a dit que les questions qu'il faut se poser quand on parle d'assurance-emploi pour les travailleurs autonomes et de prestations spéciales sont les suivantes: quelles sont les exigences de participation à la population active avant et après? Quelles sont les exigences préalables et postérieures en matière de cotisation? On a décidé que les gens devaient cotiser pendant au moins un an pour demander des prestations, mais qu'une fois qu'ils les auront touchées, ils devront continuer à cotiser toute leur vie tant qu'ils resteront travailleurs autonomes. Il faut examiner cela. Il faut voir ce que cela représente pour le particulier comme pour la caisse d'assurance-emploi, qui va financer tout cela en fin de compte, pour voir si cela tient la route.
Est-ce que les gens vont participer au programme s'ils savent qu'ils vont devoir continuer à cotiser pendant des années une fois qu'ils auront touché leurs prestations? Je crois que nous ne le savons pas et que nous ne le saurons pas tant que nous n'aurons pas été au fond de la question.
Nous croyons que ce programme a ses mérites. Nous croyons que c'est ce que recherchent les travailleurs autonomes. Je me souviens d'une conversation avec un dénommé Chris Hopkins, de Montague, à l'Île-du-Prince-Édouard. Il a longtemps fait campagne en faveur de l'assurance-emploi pour les travailleurs autonomes. Un article paru en juillet le cite ainsi:
Il est trop tard dans mon cas, car je ne toucherai aucune prestation, mais cela pourrait être bénéfique à bien des gens, surtout en cette période de récession [...] Je ne suis plus travailleur autonome. Je suis devenu une variable inconnue. Je ne fais pas partie des chômeurs, car je n'ai jamais été salarié, j'étais travailleur autonome. Je n'existe donc pas aux yeux du gouvernement.
Nous devrions peut-être écouter ces gens qui ont été actifs sur le web, qui ont fait des apparitions et rallié de nombreuses personnes à ce sujet. Nous avons une occasion de faire de ce projet de loi une bonne mesure législative qui prévoit ce qu'on nous a demandé, c'est à dire étendre les prestations aux travailleurs autonomes. Ces personnes méritent qu'on leur accorde aujourd'hui un certain crédit. Elles méritent qu'on les écoute alors que nous passons à l'étape de l'étude au comité.
Comme je l'ai dit, nous sommes généralement en faveur d'une telle mesure et nous espérons que le projet de loi est aussi bon que le dit la ministre. Si ce n'est pas le cas, ce qui est très possible, nous espérons que les partis de l'opposition pourront l'améliorer, avec sa collaboration et celle de son gouvernement. Nous allons toutefois poser des questions.
Une des premières questions sera celle-ci: pourquoi le projet de loi a-t-il été présenté sans la participation du groupe d'experts promis? Dans le budget, les conservateurs ont expressément indiqué qu'un groupe d'experts serait consulté et appelé à déterminer la façon appropriée de permettre aux travailleurs autonomes d'avoir accès à l'assurance-emploi.
En juin dernier, lorsque le et le ont déterminé qu'il y aurait un groupe de travail sur l'assurance-emploi, le premier ministre a indiqué qu'en ce qui concerne les travailleurs autonomes, le gouvernement étudierait la possibilité d'offrir plus que des prestations de maternité, des prestations parentales, des prestations de maladie et des prestations de soignant. Il a dit que tout était sur la table. Il a dit que le groupe de travail sur l'assurance-emploi étudierait la question.
Nous n'avons pas obtenu l'information dont nous avions besoin. Nous n'avons jamais reçu de proposition sérieuse. On tente de nous jeter de la poudre aux yeux quand on laisse entendre que ce groupe est devenu le groupe d'experts dont le a parlé. Le gouvernement n'a pas nommé de groupe d'experts. Pourquoi? Comment se fait-il que les fonctionnaires du ministère qui ont tenu une séance d'information à notre intention l'autre jour ignoraient totalement qu'un tel engagement avait été pris?
Cette mesure législative est hautement technique. Elle peut comporter des lacunes. Il peut y avoir des exclusions. Combien cette mesure coûtera-t-elle au gouvernement? Voilà un point clé.
Je reviens sur le fait que, l'an dernier, le gouvernement a mis sur pied l'OFRAEC, c'est-à-dire l'Office de financement du régime d'assurance-emploi du Canada, qui est censé être une entité indépendante du gouvernement et dont la tâche est d'examiner le régime d'assurance-emploi, de fixer le montant des cotisations et d'investir l'argent qui se trouve dans le fonds. Le problème, c'est que le gouvernement n'y a versé que 2 milliards de dollars.
Au Comité des ressources humaines, les libéraux, avec l'appui de députés de l'opposition, ont dit qu'il fallait se pencher sur la question et c'est ce que nous avons fait. Parmi les personnes que nous avons invitées à témoigner se trouvait M. Bruno Gagnon, de l'Institut canadien des actuaires, qui a indiqué qu'une réserve de 10 à 15 milliards de dollars était suffisante. Il a notamment dit ceci:
Supposons donc qu'une récession frappe le Canada et que le taux de chômage s'élève à 8 p. 100. Les prestations versées aux Canadiens en chômage augmenteront d'environ 3 milliards de dollars. La réserve de 2 milliards de dollars de l'Office sera épuisée et le compte d'assurance-emploi devra emprunter 1 milliard de dollars au gouvernement. Dans une telle situation, il faudra peut-être augmenter les cotisations au-delà du maximum de 0,15 p. 100 prévu par la loi. Cette décision reviendrait aux ministres, et elle ne sera pas facile à prendre, car le respect du maximum de 0,15 p. 100 entraînerait un déficit qui grandirait. Il y aurait des conséquences énormes pour les entreprises canadiennes, qui assument presque 60 p. 100 des coûts de l'assurance-emploi […] Les travailleurs auraient à payer 40 p. 100 des coûts alors qu'ils risquent déjà de perdre leur emploi...
M. Gagnon parlait à ce moment-là de ce qui se produirait si le taux de chômage grimpait à 8 p. 100. Et bien, il a atteint 8 p. 100. Les demandes d'assurance-emploi sont actuellement nettement plus nombreuses qu'elles ne l'étaient alors. Elles sont d'ailleurs nettement plus nombreuses que le gouvernement veut le reconnaître. De plus, ce projet de loi les fera peut-être augmenter davantage. Par conséquent, il faut examiner le financement de cette mesure.
Qui exactement entre dans la catégorie des travailleurs indépendants? Une foule de gens pourraient se considérer comme travailleurs indépendants. Quelles sont les personnes dont la situation correspondrait aux définitions énoncées dans ce projet de loi? Il faut examiner à fond cet aspect de la question.
Une autre question qui se pose, c'est: pourquoi pas toutes les prestations d'assurance-emploi? Tant qu'à étendre aux travailleurs indépendants les prestations parentales et les prestations de maternité, de soignant et de maladie, alors pourquoi ne pas leur permettre de toucher toutes les formes de prestations d'assurance-emploi? Quel est le modèle à la base de cela?
Ainsi, il s'agit d'un projet de loi à portée restreinte, car il est axé sur des mesures précises. C'est peut-être la chose la plus sûre à faire. C'est peut-être ce que souhaitent les Canadiens. Cependant, les Canadiens préféreraient peut-être avoir droit à toute l'assiette en matière de prestations d'assurance-emploi.
Le seuil de 6 000 $ de gains avant impôts est-il approprié?
Il est aussi important d'examiner les répercussions qu'aura ce plan sur le Régime québécois d'assurance parentale.
Ce projet de loi devra faire l'objet d'un travail de longue haleine. Comme je l'ai déjà dit, je crois que c'est ici l'occasion pour tous les députés de faire front commun, en particulier les membres du Comité des ressources humaines, qui travaillent généralement très bien ensemble. Présidé par le député de , qui fait de l'excellent travail, ce comité a déjà beaucoup de pain sur la planche.
En effet, les membres de ce comité effectuent une étude sur la pauvreté, qui, après la semaine de relâche, les amènera dans l'Ouest canadien, où ils entendront d'autres témoins au sujet de la pauvreté et des mesures concrètes à mettre en oeuvre pour faire face à ce phénomène au Canada. Par conséquent, nous avons beaucoup de travail à faire. Mais ce projet de loi est important. Je crois que nous pouvons lui donner toute l'attention qu'il mérite. Je crois que nous devrions voir ce qu'en pensent des gens partout au pays qui, comme Chris Hopkins, oeuvrent dans ce dossier depuis longtemps. Je n'ai pas parlé à Chris récemment, mais s'il est à l'écoute, je l'inviterais à communiquer avec des membres du comité et à leur faire savoir ce qu'il pense de ce projet de loi.
Ainsi, en cette période précédant Noël, espérons qu'au Parlement, nous saurons travailler en collaboration pour améliorer si possible ce projet de loi en comité, déterminer ses points forts et comprendre ses faiblesses, afin d'adopter une mesure législative qui pourra véritablement aider les travailleurs indépendants au Canada.