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Monsieur le Président, lorsque j'ai été interrompu avant la période des questions, je parlais du budget. J'ai consciemment limité mes observations à la question de l'environnement et à l'absence de mesures prises dans ce domaine par le gouvernement dans son récent budget. J'ai parlé de ce qui s'est passé au cours des trois dernières années; en fait, à bien y penser, certains diraient que rien ne s'est passé, et d'autres diraient qu'il s'est passé peu de choses.
Une des annonces très troublantes dont j'ai parlé porte sur le fonds en fiducie de 1,519 milliard de dollars destiné aux provinces qui a été établi il y a quelques années. Comme nous l'avons appris la semaine dernière, la vérificatrice générale a noté dans son rapport l'absence d'exigences en matière de production de rapports. La principale responsabilité des députés des deux côté de la Chambre est d'exiger des comptes du gouvernement quant à l'argent qu'il dépense au nom des contribuables.
En l'occurrence, cependant, les fonds ont été transférés aux provinces et ces dernières n'étaient absolument pas tenues de les investir dans l'environnement, ou dans quelque initiative que ce soit, et beaucoup ne l'ont pas fait. Celles qui les ont effectivement investis dans l'environnement n'ont pas effectué d'investissements complémentaires; elles ont simplement substitué cet argent aux fonds qu'elles comptaient investir dans l'environnement. Il est évident qu'il y a de quoi s'inquiéter.
Disons pour être clairs qu'il n'y avait pas une seule personne à Ottawa, que ce soit au ministère des Finances, au Conseil du Trésor ou au bureau de la vérificatrice générale, qui puisse confirmer qu'au moins une partie de cet argent a été consacrée à l'environnement. Le gouvernement a affirmé à l'époque que cela allait permettre une réduction des gaz à effet de serre de l'ordre de 16 millions de tonnes. Nous savons, bien sûr, que c'était un chiffre lancé en l'air. Personne ne pourrait dire maintenant si ce fut à l'origine de réductions d'une tonne, de dix tonnes ou d'un million de tonnes. C'est une affirmation en l'air que personne ne peut confirmer. Il n'existe aucun mécanisme de responsabilisation. C'est donc certainement troublant de l'entendre.
Ensuite, le deuxième programme que le gouvernement a annoncé en grande pompe — et encore une fois je sais que, à l'époque, c'était une très mauvaise politique publique — a été son crédit d'impôt pour les utilisateurs du transport en commun. On a dit qu'il en coûterait 665 millions de dollars au gouvernement. Je pense qu'au moment de l'annonce, un rapport du ministère des Finances précisait que cela entraînerait une réduction annuelle des gaz à effet de serre de l'ordre de 100 tonnes. Malgré ce rapport, le gouvernement a annoncé une réduction annuelle de 220 000 tonnes. Il nous apprend maintenant que cette information était inexacte, erronée, et qu'il serait plus juste de parler de 30 tonnes annuellement.
Comme on le constate si l'on fait le calcul, c'est une mesure extrêmement onéreuse. Si ce programme coûte vraiment 665 millions de dollars, cela signifie à peu près 10 000 $ la tonne. C'est désespérément cher et c'est une mauvais politique gouvernementale. En écoutant le ministre répondre à des questions la semaine dernière, j'ai eu l'impression qu'il se rendait compte que ce programme ne fonctionnait pas et qu'il devait trouver un moyen de l'abolir.
Voyons maintenant ce qui se passe aujourd'hui. En examinant le budget, j'ai trouvé une page, je crois, qui traite de questions environnementales. C'est un très bref passage. Certaines recherches sont faites concernant le captage du carbone et l'on augmente les sommes disponibles au moyen de l'écofiducie. Voilà, c'est tout. Tout est dit en une demi-page.
Comme je l'ai dit avant la période des questions, la Chambre a connu trois régimes. Le premier ministre chargé du portefeuille de l'Environnement a déclaré que nous aurions une approche proprement canadienne. Son successeur a déclaré qu'il allait légiférer, ce qu'il n'a jamais fait. Maintenant, le troisième ministre de l'Environnement parle sur les ondes publiques d'une solution nord-américaine.
Je répète cependant que cette proposition arrive après quatre ans. Rien n'a été fait ni après trois mois, ni après six mois et, maintenant, presque quatre ans plus tard, absolument rien ne pointe à l'horizon. C'est fort décevant et troublant. Quand on compare notre position de l'époque à celle des États-Unis, on constate une correspondance parce que l'administration américaine et le gouvernement canadien étaient alors essentiellement au même diapason.
Je ne sais pas ce que fera la nouvelle administration américaine. Il est encore trop tôt pour le dire. Néanmoins, les déclarations du président Obama laissent entrevoir fort clairement les intentions des États-Unis en matière d'environnement. Des personnes très influentes occupent le poste de secrétaire.
Le président Obama sera au Canada le 19 février. De nombreuses questions doivent être discutées. J'imagine et j'espère que les changements climatiques seront à l'ordre du jour, mais j'aimerais bien être une petite mouche pour entendre la conversation qui aura lieu parce que je ne sais pas ce que le répondra au président Obama quand celui-ci lui demandera quelles mesures le Canada a prévues. Je crois que la conversation sera très brève et laconique. Nous devons nous engager dans la même direction que les États-Unis à l'égard de cette question.
Le virage vert a été l'un des enjeux fondamentaux de la dernière campagne électorale. On a énormément critiqué cette orientation et je dois admettre qu'elle a perdu de l'élan, mais en tant que Canadien, je ne pense pas un seul instant que le gouvernement doive interpréter cela comme une autorisation ou un mandat pour ne rien faire en matière d'environnement.
Je réitère ma déception. Je suis préoccupé. L'environnement est une question extrêmement importante. Les Canadiens souhaitent que le gouvernement agisse, mais la vision sous-tendant des mesures à cet égard est très floue, voire inexistante. Espérons que dans les jours et les mois à venir, davantage de décisions seront prises à cet égard.
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Madame la Présidente, je crois que nous savons tous que le budget déposé récemment par le gouvernement n'aurait pas la même allure n'eut été des pressions de l'opposition. Sans le mois de novembre, la mise à jour économique, la prorogation et les pressions des Canadiens, des syndicats, des entreprises et des députés de l'opposition, ce budget n'aurait sans doute jamais existé. Il ne contiendrait certainement pas les mesures qui visent à aider notre économie. Je crois qu'il fallait le dire.
Le budget contient certains éléments encourageants. Il n'en demeure pas moins bien imparfait puisqu'il ne fait rien pour aider les chômeurs et pour bâtir l'économie de l'avenir. Je vais commencer par expliquer où le budget échoue dramatiquement.
L'éducation préscolaire et les services de garde d'enfants sont extrêmement problématiques au Canada. Le gouvernement ne crée pas de places dans les garderies, même s'il prétend que nous avons un système de garderies universel, ce qui est évidemment faux. Le gouvernement a réduit de 5 milliards de dollars le financement d'un programme national de garderies établi par l'ancien gouvernement libéral.
Ma propre province, l'Ontario, est presque à court d'argent pour financer les garderies. Nous ne savons pas encore si le gouvernement va fournir de l'argent ou non. À Toronto seulement, 6 000 places vont disparaître dans les garderies pendant que les listes d'attente sont de deux à trois ans. Les parents n'ont pas le choix.
Parlons de l'économie. Des parents perdent leur emploi. Ils ont besoin de services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants afin de suivre les programmes de recyclage que le gouvernement prétend mettre en oeuvre pour que ces parents puissent décrocher un des emplois que nous tentons de créer.
Mais par-dessus tout, c'est une question de développement. La création de places dans les garderies crée aussi de l'infrastructure et des emplois pour les éducateurs participants, sans parler des avantages pour les familles. Le gouvernement ne l'a pas compris: l'éducation préscolaire et les services de garde d'enfants, ce n'est pas que du baby-sitting; cela englobe tout le développement de la petite enfance et l'aide aux familles dans notre société. C'est un problème majeur sur le plan de l'infrastructure sociale et le gouvernement ne fait rien. Au lieu d'aider les enfants à grandir et de les préparer pour l'avenir, nous les laissons pour compte d'entrée de jeu, car le gouvernement n'a aucun plan et n'en a jamais eu.
Il y a bien sûr des fonds prévus pour les logements abordables. Je ne nierai pas l'aide accordée aux aînés à faible revenu et aux personnes handicapées. Le budget prévoit un investissement ponctuel sur deux ans de 1 milliard de dollars pour des rénovations et l'accroissement de l'efficacité énergétique. Cependant, aucun nouveau logement n'est créé. On ne construit pas de nouveaux logements abordables pour les familles qui en attendent actuellement. Je pense que les familles à revenus modestes et faibles doivent attendre approximativement six ou sept ans pour pouvoir trouver un logement abordable à Toronto, mais il n'existe pas de stratégie à long terme pour créer des logements abordables.
Il ne fait aucun doute que j'apprécie l'aide accordée aux aînés à faible revenu et aux personnes handicapées. Cependant, on a seulement prévu 75 millions de dollars sur deux ans pour la construction de logements pour les personnes handicapées et 400 millions de dollars sur deux ans pour la construction de logements pour les aînés à faible revenu. Ce sont tout de même deux bons aspects du budget. Je suis heureuse qu'on ait au moins prévu de l'aide pour certaines des personnes les plus vulnérables de notre société. Toutefois, la réalité, c'est que des gens au Canada attendent pendant six à sept ans, et parfois davantage, pour obtenir un logement abordable. Dans ma propre circonscription, j'ai vu des familles qui avaient perdu leurs emplois me supplier de les aider parce qu'elles ne pouvaient pas payer leur loyer ou trouver des logements abordables.
Le plan en matière de logement abordable prévoit la mise en place d'un programme de rénovation, et c'est merveilleux. Il ne fait aucun doute que c'est une bonne idée, mais les gens doivent avoir de l'argent pour pouvoir bénéficier des programmes de rénovation des logements. S'ils n'ont pas d'emploi ou d'argent pour payer une hypothèque, ils n'y auront pas accès. Ces programmes aident les Canadiens qui possèdent de l'argent, et c'est correct, car nous avons besoin que les gens dépensent de l'argent. Toutefois, il faut également s'occuper des personnes vulnérables dans notre société, à savoir le grand nombre de personnes qui ont perdu leurs emplois et les autres qui sont déjà sur la liste d'attente et qui n'ont pas été en mesure d'obtenir un logement abordable.
Le programme de logement abordable est un programme d'infrastructure de grande envergure tout en étant un programme avantageux pour la société. C'est ce que j'appelle investir dans l'avenir. Les logements continueront d'exister durant des décennies et stabiliseront le secteur du logement. Dans une perspective d'avenir, il s'agit par un tel programme d'investir dans notre société et de créer des emplois. Cela est nécessaire. L'infrastructure sociale est tout aussi importante que celle que représentent les routes, les ponts, etc.
Un autre aspect qui non seulement laisse beaucoup à désirer, mais relève en réalité de l'action punitive — et ce mot n'est même pas assez fort —, c'est l'équité salariale. Pour les femmes, l'équité salariale est un enjeu concernant les droits de la personne. Il ne s'agit pas d'un privilège. Je ne parle pas d'une mesure à laquelle on pourrait consentir par gentillesse. Il s'agit pour les femmes d'un droit de la personne fondamental.
À l'heure actuelle, les femmes du Canada gagnent 70 ¢ pour chaque dollar que gagne un homme. Au milieu des années 1990, c'étaient 72 ¢. Au lieu d'avancer, les femmes reculent. Et ces chiffres englobent les femmes universitaires. Toujours est-il que les femmes gagnent moins. La Chambre a demandé à diverses reprises au gouvernement de renforcer l'équité salariale. C'est ce qu'ont toujours préconisé les rapports du comité permanent de la Chambre. Dès 2004, le rapport d'un groupe de travail prônait l'adoption d'une mesure législative proactive en matière d'équité salariale. Or, selon le projet de loi que nous étudions, le gouvernement retire même aux femmes le droit de présenter une plainte. Maintenant, la femme qui fait l'objet d'une mesure discriminatoire liée à la rémunération ne pourrait même plus porter plainte. On supprime cette possibilité sous prétexte que cela relève de la négociation collective.
J'ai pour ma part beaucoup de respect pour les syndicats et je serai toujours favorable à la négociation collective. Cependant, les droits des femmes n'ont pas à être négociés autour d'une table. J'ai également appris aujourd'hui que ce ne sont plus seulement les femmes qui ne peuvent porter plainte. En effet, tout syndiqué qui aide une femme à présenter une plainte à la Commission des droits de la personne se verra imposer une amende de 50 000 $ pour l'avoir aidée à formuler une plainte en vertu d'une loi qui lui donne tout à fait le droit d'en présenter une. Il me semble tout à fait bizarre que le gouvernement, depuis son élection en 2006 et, par la suite, dans tous ses budgets, ait constamment introduit des mesures qui nuisent aux femmes, qui les abaissent, qui les font disparaître des textes législatifs. Je ne vois pas trop ce qui pose un problème au gouvernement. Soixante-seize pour cent des femmes font partie de la population active, mais il ne semble pas s'en rendre compte.
J'aimerais aussi parler des emplois de demain.
Ce document ne contient aucun engagement ferme en matière d'environnement. Nous avons pu constater les résultats des programmes environnementaux précédents, celui des laissez-passer pour les transports en commun notamment, qui n'ont absolument rien donné. Ils ont permis aux gens de récupérer de l'argent, mais n'ont produit aucun résultat mesurable en matière de réduction de la pollution. Ils ont donc été inutiles.
Il n'y a aucun investissement dans les emplois de demain. Le président des États-Unis parle d'investir dans la technologie verte, de créer les emplois de demain. Je suppose que nous allons acheter leur technologie, car nous n'entreprenons rien nous-mêmes et il n'y a rien sur le sujet dans le budget.
Oui, la période de versement des prestations d'assurance-emploi a été prolongée de cinq semaines, mais l'accessibilité demeure un énorme problème, en particulier pour les femmes. Près de trois fois plus d'hommes que de femmes ont été jugés admissibles à l'assurance-emploi pendant la dernière période de référence. Cela illustre l'un des principaux problèmes de ce programme.
J'aurais encore beaucoup à dire à ce sujet, mais ce sera pour une autre fois. Voilà certains des dossiers au sujet desquels, selon moi, le gouvernement aurait pu faire mieux. J'implore le gouvernement de prêter l'oreille à l'opposition, comme il l'a fait pour certains des éléments de ce budget, d'apporter des changements à court terme et d'investir dans des domaines qui permettront de renforcer notre économie, de faire de nous tous des partenaires et de bâtir un avenir meilleur qui nous aidera à sortir de ce gâchis en étant une société plus forte et non plus faible.
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Madame la Présidente, je ne crois pas que mes collègues du Parti libéral comprennent vraiment l'enjeu ici. Si cela n'était pas apparent auparavant, que ce soit dans l'énoncé économique voué à l'échec du 27 novembre ou dans le récent budget, cela devrait maintenant être clair dans le contenu du projet de loi , la Loi d'exécution du budget.
Si je pouvais faire un miracle pour les femmes de ce pays, ce serait de convaincre les libéraux de ne pas se croiser les bras et appuyer la Loi d'exécution du budget, qui nous ramène 30 ans en arrière en ce qui a trait à l'égalité hommes-femmes. Je souhaiterais trouver les mots qu'il faut, car ils ne se rendent pas compte que l'enjeu ici, c'est tout ce pour quoi la députée de a lutté des années durant, tout ce que pour quoi j'ai lutté, et il en va de même pour ma collègue de , pour la députée de et, bien entendu, pour mes collègues masculins aussi.
Nous sommes entrés en politique pour changer des choses. Une façon de le faire était de veiller à ce que, dans une certaine mesure, l'équité salariale devienne une réalité d'un bout à l'autre du pays. Je ne peux pas croire que les libéraux vont siéger ici aujourd'hui et laisser tout cela partir en fumée. Je ne peux pas croire qu'ils vont laisser tomber les femmes de ce pays simplement parce qu'ils sont coincés avec une réponse stupide à ce budget conservateur, qui ne mérite pas une seconde d'être appuyé. Je n'arrive pas à le croire.
Je me laisse peut-être gagner par les émotions aujourd'hui, mais je milite pour la cause des femmes depuis 30 à 40 ans. Lorsque nous avons commencé à travailler dans le mouvement féministe, ce n'était pas seulement pour jouer les gogos pour des hommes ou pour un parti machiste de droite comme le Parti conservateur. C'était pour défendre les femmes, pour prendre la parole et être prises au sérieux et pour nous assurer que les lois de notre pays respectaient et reflétaient sa grande diversité et ses valeurs. Au coeur de ces valeurs, il y a l'égalité et la justice. Au coeur de l'égalité et de la justice, il y a l'équité salariale, ce qui veut dire un salaire égale pour un travail d'égale valeur.
Si les libéraux ne comprennent pas ce qu'ils sont en train de faire, ils n'ont qu'à en toucher un mot aux conservateurs qui, à l'occasion de leur dernier congrès, en novembre, à Winnipeg, ont fait adopter des résolutions rétrogrades par leur parti. Ils se sont notamment débarrassés de la notion de salaire égal pour un travail d'égale valeur. Ils ont modifié la définition de l'équité salariale pour la ramener à ce qu'elle était il y a 30 ou 40 ans, soit salaire égal pour travail égal. Cette résolution était parrainée par le causus conservateur lui-même. La résolution n'émanait pas d'un député en particulier qui ne savait pas ce qu'il faisait. Elle était parrainée par le caucus et a été présentée par la députée de .
Comment un député de la Chambre pourrait-il fermer les yeux sur ce qu'on est en train de nous faire aujourd'hui? Examinons le projet de loi. Constatons ce que les conservateurs sont en train de faire à la notion de salaire égal pour un travail d'égale valeur. Examinons les articles de la prétendue « loi sur l’équité dans la rémunération du secteur public ». Son titre donne un premier indice. Son titre est-il « Loi sur l'équité salariale dans la fonction publique »? Non. Il y a un mot ambigu dans ce projet de loi, un mot qui permet aux conservateurs de mettre en oeuvre les résolutions adoptées lors de leur dernier congrès et notamment d'éliminer à jamais la notion d'équité salariale de ce pays et du cadre de la lutte des femmes pour l'égalité. C'est absolument répréhensible. Aucun député ne devrait leur permettre de s'en tirer.
En 1985, dans ma province, le Manitoba, la notion d'équité salariale commençait à peine à se dessiner. Le mouvement des femmes essayait de convaincre les politiciens et les gouvernements de l'importance de régler le problème des ghettos roses et des femmes qui gagnaient la moitié du salaire des hommes. C'est qu'à l'époque, il n'y avait absolument rien qui aurait pu ressembler à un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Le concept renvoie aux caractéristiques d'un emploi et aux qualités d'une personne par rapport à cet emploi. Ce concept va au-delà de la description d'un emploi, de la comparaison entre un mécanicien et une mécanicienne, par exemple. On compare des emplois qui ne sont pas nécessairement identiques, mais qui ont une valeur égale, qui requièrent un certain niveau de compétence, de formation, d'expérience et de connaissance justifiant que l'emploi occupé par une femme soit rémunéré à la même hauteur qu'un emploi équivalent occupé par un homme ou dans un milieu de travail à dominance masculine.
En 1985, le gouvernement néo-démocrate au Manitoba a écouté ce que les femmes avaient à dire. Au Canada, le Manitoba fut la première province à mettre en oeuvre une loi en matière d'équité salariale, une loi reconnaissant le droit à un salaire égal pour un travail d'égale valeur. Cette loi ne faisait pas en sorte uniquement que les femmes et les hommes auraient des salaires égaux. Le texte était très précis. Voici ce que dit cette loi:
ATTENDU QU'une grande partie de la main d'oeuvre féminine au Manitoba travaille dans des catégories professionnelles qui leur sont réservées traditionnellement et où leur travail est sous-évalué et sous-rémunéré;
ET ATTENDU QUE les obligations internationales du Canada l'engagent à réaliser le principe du salaire égal pour un travail de valeur égale;
ET ATTENDU QUE l'article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit l'égalité de tous devant la loi et le droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination.
À CES CAUSES, SA MAJESTÉ, sur l'avis et du consentement de l'Assemblée législative du Manitoba, édicte:
1 Les définitions qui suivent s'appliquent à la présente loi. […] « égalité des salaires » Procédure de rémunération basée principalement sur la valeur relative du travail accompli, sans égard au sexe des employés. La présente définition comprend également la condition selon laquelle aucun employeur ne doit établir ou maintenir une différence salariale entre les hommes et les femmes qu'il emploie et qui effectuent un travail de valeur égale ou comparable [...]
C'était une première il y a plus de 30 ans.
Où en sommes-nous aujourd'hui? Nous avons un gouvernement qui veut éliminer des lois fédérales le principe de l'équité salariale. Il veut éliminer ce principe, modifier la définition et abolir le droit des femmes d'obtenir ce qui leur appartient en droit.
Aujourd'hui et tous les autres jours où nous avons soulevé cette question, le et ministre responsable du Manitoba a trompé la Chambre. Il l'a totalement induite en erreur. Il n'a pas dit la vérité à propos de la situation au Manitoba. Il a essayé de donner l'impression que les conservateurs sont en train de faire l'équivalent de l'oeuvre de pionnier du Manitoba en 1985.
Permettez-moi de tirer les choses au clair. Il n'y a absolument aucune comparaison possible entre ce que le gouvernement propose actuellement et ce que prévoient les lois du Manitoba. Dans le système fédéral, tel que proposé par le gouvernement conservateur, rien dans les lois ne consacre le principe voulant qu'à un travail de valeur égale corresponde un salaire égal. Il n'y a aucun mécanisme d'appel. Les conservateurs font disparaître le droit de s'adresser à la Commission des droits de la personne. Comme ma collègue de l'a souligné, les gens qui défendront les droits des employés seront mis à l'amende. Les conservateurs veulent imposer une amende de 50 000 $ dans le cas où un syndicat décidera qu'une plainte mérite d'être appuyée et où une femme subit une injustice qui fait qu'elle a besoin d'être représentée. Non contents de faire disparaître un recours, les conservateurs vont pénaliser les gens qui prennent la défense des femmes.
Il nous faut dans ce pays, à l'échelon fédéral, un gouvernement qui n'essaie pas de faire reculer les femmes, qui cesse de nier les principes qui ont fini par être acceptés après une victoire légitime, au bout d'un combat livré avec intégrité et ayant exigé de grands efforts de sensibilisation ainsi que des travaux de recherche dont les résultats justifient tout à fait les changements apportés.
Nous, députés à la Chambre, quel que soit le parti que nous représentons aujourd'hui, ne pouvons permettre au gouvernement de supprimer quelque chose qui a été si important dans le contexte de notre combat. Nous tous, libéraux, bloquistes et néo-démocrates, nous nous sommes battus, d'une façon ou d'une autre, pour faire reconnaître l'idée d'un salaire égal pour un travail d'égale valeur. Je ne sais pas ce qu'il en est pour les conservateurs. Il y en a peut-être deux ou trois parmi eux qui savent ce que cela veut dire, de quoi il s'agit et ce qu'ils sont en train de faire aujourd'hui. Aux autres, je suggère de faire quelques recherches, de lire un peu, parce que l'enjeu, ce qu'ils sont sur le point de faire, c'est supprimer quelque chose qui est fondamental quand on a la moindre idée de ce qu'est vraiment l'égalité.
La loi manitobaine n'est pas fondée sur la notion d'équité dans la rémunération, comme le projet de loi dont nous sommes saisis. La loi manitobaine est fondée sur le principe qu'il faut verser un salaire égal pour un travail d'égale valeur. C'est ce système qui a été mis en place en 1985 et, comme c'est pertinent pour toute la société, le principe, qui a d'abord été appliqué au sein de la fonction publique provinciale, s'est étendu à tous les secteurs de la société. S'il reste des endroits où des inégalités salariales n'ont pas été corrigées, une personne peut s'adresser à la Commission des droits de la personne du Manitoba pour déposer une plainte.
Ce que le ministre dit, c'est de la foutaise. Il compare, à tort, le Manitoba et ses politiques éclairées concernant les femmes au Parti conservateur qui, lui, a une approche dépassée, rétrograde, chauvine et machiste de la question des femmes et du droit des femmes à l'égalité.
J'ai pu le constater aujourd'hui à la Chambre. Ces députés font un concert d'acclamations quand quelqu'un présente un projet de loi visant à supprimer le registre des armes à feu. Vont-ils aussi faire une ovation à leur pour avoir pris une décision aussi négative, régressive, dépassée et injuste que celle de leur parti sur la notion de salaire égal pour un travail d'égale valeur?
Tout ce que je peux dire, c'est que nous parlons d'une notion qui est fondamentale dans tout ce que nous avons entrepris et accompli au fil des ans. Nous ne pouvons pas laisser passer cela. Les libéraux ont le devoir d'examiner la situation et de comprendre ce qu'ils feront en acceptant de voter en faveur du projet de loi , une mesure qui élimine...
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Madame la Présidente, je suppose que vous pourriez considérer que c'est un accessoire. On devrait le jeter à la poubelle de toute façon. C'est le projet de loi du gouvernement, et si les députés ne veulent pas que je m'en serve, ça en dit long sur ce qu'ils en pensent. C'est le projet de loi que nous débatons aujourd'hui. Je suggère au député de le lire afin de se rendre compte de ce que son gouvernement est en train de faire sur le plan de l'équité.
Peut-être devrais-je vous en citer des extraits. Commençons par l'article figurant à la page 362 qui prévoit l'édiction de cette soi-disant nouvelle loi, la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public, que le aime décrire comme étant l'équivalent de ce qui existe au Manitoba.
J'aimerais que le gouvernement m'explique ce qu'il entend par « équitable », comment ce mot est défini aux termes de la loi et l'incidence qu'il a sur le concept d'un salaire égal pour un travail d'égale valeur. J'aimerais savoir pourquoi cet énorme projet de loi de plus de 500 pages contient des dispositions en vertu desquelles ceux qui travaillent au nom des employés qui estiment que leurs droits ont été brimés ou violés sont passibles d'une amende. J'aimerais savoir pourquoi il est précisé, à l'article 399 du projet de loi, que « La Commission n'a pas compétence pour connaître des plaintes faites contre un employeur, au sens de ce terme dans la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public [...] ». J'aimerais savoir vers qui quelqu'un qui croit toujours en la notion d'un salaire égal pour un travail d'égale valeur peut se tourner pour obtenir justice. Le concept n'est inscrit dans aucune loi, et maintenant, et il est impossible de déposer une plainte fondée sur la Charte des droits et libertés auprès de la Commission des droits de la personne.
Que reste-t-il? Que sont les femmes? Du menu fretin? Nous reste-t-il des droits? Qu'est-ce que cela signifie pour nous? Quel est le véritable dessein du gouvernement? Quelle est son opinion des femmes et de l'égalité?
J'ignore si je pourrai faire entendre raison aux députés ministériels parce qu'ils ont de toute évidence clairement établi leur programme lors de leur congrès en novembre. Ils n'aiment pas la notion d'un salaire égal pour un travail d'égale valeur. Ils sont restés dans l'ère qui a précédé le mouvement féministe et l'égalité des femmes. Ils veulent faire reculer les femmes et nier les progrès que nous avons réalisés de haute lutte après tant d'années.
Cependant, j'aimerais faire appel aux libéraux, qui ont participé à cette lutte. Il y a eu des accidents de parcours, c'est vrai. Ils n'ont pas modifier la loi ni élargi les mécanismes de la Commission des droits de la personne pour lutter contre les injustices en matière de rémunération. On n'est pas allé assez loin dans la recherche d'un moyen pour que le gouvernement prenne l'initiative de déposer, de façon proactive, des plaintes concernant l'inégalité salariale. Le système était fondé sur les plaintes, et il présentait de nombreux problèmes, mais au moins nous avions un concept, au moins les libéraux comprenaient et nous avions au moins trouvé un terrain d'entente, mais maintenant, nous sommes sur le point de perdre tout cela.
Il y a beaucoup d'autres raisons pour lesquelles les libéraux devraient s'opposer au projet de loi et ne devraient pas conclure d'ententes avec les conservateurs et pourquoi l'axe conservateur-libéral est tout simplement inacceptable. On n'a qu'à regarder l'équité salariale ou les services de garde et le fait que le projet de loi ne propose rien pour régler les graves problèmes auxquels sont confrontés des parents qui cherchent des places en garderie et les personnes qui travaillent dans ce domaine.
Je voudrais citer Pat Wege, du Manitoba, qui oeuvre dans ce dossier depuis environ 30 ou 40 ans. Elle a dit:
Le gouvernement du Canada devrait avoir honte d'avoir passé sous silence, encore une fois, le dossier des garderies dans le budget. La majorité des parents ont besoin de services de garde, qu'ils travaillent, cherchent un emploi ou aient besoin de suivre un programme de recyclage.
Elle ajoute ceci:
Alors que le gouvernement [conservateur] continue d'ignorer le dossier des garderies, le président américain Barack Obama ne perd pas son temps. Son plan de relance économique prévoit des milliards de dollars supplémentaires en vue de créer plus de services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants.
Il y a le problème de l'équité salariale et celui des services de garde, mais dans le cas de l'assurance-emploi, il est absolument répréhensible et inacceptable que des femmes qui perdent leur emploi malgré elles, surtout lorsqu'elles ont un emploi à temps partiel ou un emploi précaire, ne soient pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi.
Je pensais que les conservateurs se joignaient à nous quand nous avons essayé de soulever à la Chambre, à l'époque où les libéraux étaient au pouvoir, le cas de Kelly Lesiuk, cette Manitobaine devenue célèbre pour avoir combattu le système. Il manquait à Kelly à peine quelques heures pour être admissible aux prestations et elle ne pouvait se permettre de quitter son emploi pour avoir un autre enfant parce ce que les règles de l'assurance-emploi à l'égard des femmes - surtout les jeunes femmes qui désiraient avoir des enfants - étaient tout à fait régressives.
Je pourrais parler des coupes budgétaires touchant la GRC et du fait que les conservateurs parlent d'ordre public et veulent éliminer le registre des armes à feu. Dieu sait pourquoi les députés conservateurs ne défendent pas les droits des agents de la GRC, eux qui ont besoin d'être soutenus et respectés. Ils travaillent dans des conditions dangereuses, souvent dans des collectivités isolées et souvent seuls, et pourtant le gouvernement veut quand même réduire leur salaire. Allez donc chercher à comprendre. De nos jours, cela n'a pas de sens.
Je pourrais parler d'infrastructure et du fait que de nombreuses collectivités du Manitoba ne pourront pas profiter de l'argent destiné à l'infrastructure. Le gouvernement a en effet laissé entendre que, si une municipalité a déjà prévu dans son budget des installations de loisirs ou la construction d'un pont, elle ne sera admissible à aucune aide financière. Est-ce logique? Une municipalité essaie de réunir les ressources dont elle a besoin pour son infrastructure et, là-dessus, le gouvernement arrive et décrète qu'elle n'est pas admissible.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas utilisé la taxe sur l'essence pour financer les infrastructures selon la formule que nous et d'autres avions proposée?
Où est l'aide dont ont besoin les personnes qui ont été flouées et ont perdu des millions de dollars parce que ce climat est favorable à la multiplication des combines à la Ponzi et aux fraudeurs? Où est l'aide dont ont besoin les nombreux Manitobains qui ont été délestés de milliards de dollars par des fraudeurs?
Quand on voit les nombreux problèmes qu'il faut régler, tout ce qu'il reste à faire et l'insuffisance des mesures de relance économiques proposées par le gouvernement et tout le mal qui est fait aux Canadiens, et en particulier aux femmes, on se demande comment il est possible d'appuyer ce budget.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat et d'avoir l'occasion de prendre la parole.
Ce n'est pas la première fois que je le fais à la Chambre, mais c'est la première fois depuis mon élection l'an passé que j'ai l'occasion, de façon peut-être un peu plus réfléchie, de remercier mes électeurs de m'avoir délégué ici à deux reprises, lors d'une élection partielle tout d'abord, puis, maintenant, à l'occasion des élections générales. Je tiens à dire à quel point je suis fier de représenter la circonscription de . Mon père y a grandi. Il a étudié au Jarvis Collegiate, et à l'Université de Toronto par la suite. Sans la bourse de 250 $ qu'il a reçue à son entrée en 1932, il n'aurait pas pu fréquenter l'université.
Je sais que de nombreux députés d'en face m'ont apostrophé de diverses façons, et je ne m'en offusque pas outre mesure. Cependant, je suis très fier de mes électeurs et de mon association avec la circonscription de . Je suis très fier de représenter cette circonscription à la Chambre aujourd'hui. C'est une circonscription d'une grande diversité. Je sais que de nombreuses personnes au Canada ne voient pas Toronto d'un très bon oeil et entretiennent certains préjugés au sujet de cette ville.
Pourtant, si les députés me permettent de décrire ma circonscription, je dirai qu'elle s'étend du lac jusqu'au nord de Rosedale. Elle va de la promenade Don Valley jusqu'à la rue Yonge et englobe quelques autres petits secteurs. Je sais que certains députés représentent des circonscriptions de 100, 200 et 500 kilomètres carrés et que la mienne est beaucoup plus petite. Cependant, ma circonscription est d'une grande diversité; elle est une terre d'accueil pour les immigrants. C'est leur premier point d'arrivée, leur premier point d'ancrage. Il se peut que St. James Town soit le secteur le plus densément peuplé de tout le pays. Des dizaines de milliers de personnes y vivent dans un seul quadrilatère. L'endroit était bien connu lorsque la circonscription portait l'appellation de Toronto—Rosedale. Elle englobe certaines des zones les plus cossues du pays. Elle englobe également Regent Park qui, comme de nombreux députés le savent, est le lieu de l'une des plus anciennes initiatives au Canada en matière de logement social, où on trouve par ailleurs certaines des personnes les plus défavorisées au pays. Nous avons une importante population autochtone. Nous avons une importante population gaie. Nous représentons la diversité du Canada et du monde. Bref, c'est une circonscription que je suis très fier de représenter.
Comme certains députés l'ont déjà mentionné plus tôt, ce n'est pas la première fois que je siège à la Chambre des communes. J'y ai été élu en 1978, il y a plus de 30 ans. Je vis mon année 30-60 pendant laquelle j'aurai 60 ans et je célébrerai le 30e anniversaire de mon élection à la Chambre des communes. Tout comme mon collègue, le député de , qui a été élu en 1974, je pense que je peux parler avec assurance de certains des événements de l'histoire de notre pays qui se sont déroulés dans cette enceinte.
Je voudrais parler de nos budgets. Je voudrais parler des récessions au Canada. Je voudrais peut-être parler d'une façon qui en décevra certains parce que ce ne sera pas un discours très partisan. Je voudrais essayer de me pencher un peu sur les défis auxquels notre pays est confronté actuellement pendant cette crise économique intense. Je voudrais ensuite les comparer à certains des défis que nous avons relevé dans le passé et voir dans quelle mesure ils sont différents. Je m'appuie sur mon expérience personnelle.
J'ai été le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de finances pendant trois ans et j'en ai vu des budgets, soit le budget des conservateurs et celui des libéraux de l'époque. C'était à l'époque où nous entrions dans une grave récession, à la fin des années 1970 et dans les années 1980.
J'aimerais rappeler aux députés, notamment aux plus jeunes, que lorsque M. Crosbie a présenté son budget en 1979, celui-ci prévoyait un déficit d'un peu plus de 7 milliards de dollars. Il prévoyait également une augmentation de la taxe sur l'essence de près de 18¢ le litre. Certains collègues se souviendront des discussions qui ont eu lieu à ce sujet et de la suite des choses.
Le budget a été rejeté. Ensuite, il y a eu des élections remportées par les libéraux, puis la récession a frappé de plein fouet. Ce fut une récession très difficile. Dans certaines régions du pays, le taux de chômage a grimpé à plus de 20 p. 100, alors qu'à l'échelle nationale, il a dépassé 11 p. 100 et 12 p. 100.
Ce budget a été suivi d'un long débat national difficile sur le Programme énergétique national, débat qui a grandement divisé le pays. Les cours du pétrole se sont littéralement effondrés, ce qui semblait une bonne chose pour les consommateurs, mais ce qui a été très difficile à encaisser pour les provinces productrices. Nous avons assisté à une récession qui, de manière générale, a touché pratiquement tout le pays.
Lorsque le gouvernement Trudeau a été défait par le gouvernement Mulroney, le dernier budget libéral, présenté par l'honorable Marc Lalonde, contenait un déficit de plus de 40 milliards de dollars. À cette époque, les gens n'étaient pas du tout certains si ces techniques pour « amorcer la pompe » fonctionneraient ou non, si elles auraient les effets désirés.
Sous le gouvernement Mulroney, le déficit a baissé. L'Ontario est sorti très rapidement de sa période de récession vers 1983 et 1984. C'est une situation dont je me rappelle bien, puisque, à l'époque, j'étais passé de la politique fédérale à la politique provinciale. Nous avons observé une augmentation soutenue du nombre d'emplois et une amélioration de la situation économique de 1984 à 1989, ce qui avait permis au gouvernement Peterson de présenter le premier budget excédentaire et équilibré en Ontario en plus de 25 ans. Il y avait eu 25 années de déficit en Ontario, et il y avait eu des déficits constants au Canada du début des années 1970 jusqu'en 1998.
Certains de mes collègues ont peut-être lu l'article du National Post où je disais en plaisantant que j'avais cédé mon titre de roi des déficits à mes collègues d'en face. Cet article, qui, je suis heureux de le dire, a suscité des réactions chez certaines personnes, avait l'objectif suivant. Je sais que nous avons traversé une période où, comme pays, nous avons pris la décision collective que l'accumulation de déficits, peu importe que le pays soit en récession, en croissance économique ou dans une très bonne situation, était dangereuse pour l'économie canadienne.
On le nie souvent, mais le fait est que tous les premiers ministres provinciaux, peu importe leur allégeance politique, en sont venus à une entente au début des années 1990. Je me souviens très bien des conversations qui ont eu lieu. C'était le soir précédant la conférence des premiers ministres, en 1992. Il y avait là des premiers ministres néo-démocrates, libéraux et conservateurs. À l'occasion d'une rencontre informelle avant notre réunion officielle, nous avons discuté de notre situation économique respective. Nous parlé très franchement des défis et des difficultés auxquels nous étions confrontés, de la précarité de notre situation budgétaire et financière au début des années 1990, de son incidence sur nos budgets et de notre responsabilité de nous attaquer au problème parce que le Canada serait en meilleure position à long terme si nous parvenions à gérer nos finances publiques de façon plus appropriée et saine.
Nous avons posé tous les gestes nécessaires pour y parvenir, et ils ont été douloureux. Les décisions n'ont pas été faciles, bien au contraire. Lorsque M. Martin est devenu ministre des Finances, en 1993, le premier budget n'a pas été sévère, mais le second l'a été.
Le budget de 1995, celui qui a vraiment mis le pays sur la voie d'une baisse régulière du déficit et de l'amélioration de notre santé financière en général, n'a pas simplement été le fruit de la volonté politique du duo Chrétien-Martin. Il fut le produit d'une période de prospérité et de croissance.
Nous aimons tous nous attribuer le mérite des excédents et accuser les autres des déficits, mais en règle générale, c'est la situation économique qui dicte l'orientation de la politique financière du gouvernement. C'est donc à regret que j'ai déclaré au gouvernement qu'il a sérieusement sous-estimé, pendant longtemps, les difficultés et les défis auxquels il sera confronté, à l'instar de n'importe quel autre gouvernement, compte tenu de la conjoncture économique que nous traversons actuellement.
Quand je suis devenu premier ministre d'une province dans les années 1990, j'ai entre autres appris que, lorsque la conjoncture commence à se dégrader, les fonctionnaires du ministère des Finances nous présentent des budgets qui sous-estiment généralement la gravité de la situation. En période de récession, on a généralement tendance à surestimer les recettes et à sous-estimer les coûts.
Il n'y a pas de formule magique ici. Ce qui arrive est tellement clair qu'il est tragique de dire qu'il aurait fallu apprendre ces leçons il y a longtemps. La situation financière du gouvernement du Canada et des provinces se détériorera et les coûts augmenteront.
J'ai trouvé absolument incroyables les chiffres que le a présentés, cet automne, dans l'énoncé économique. Littéralement incroyables. Je n'arrivais pas à croire qu'un ministre des Finances puisse présenter un pareil énoncé précisément au moment où le monde s'apprêtait à faire face à une tourmente, à un ouragan.
Je ne prétends pas être expert en matière de finances. Si c'était le cas, je serais aujourd'hui nettement plus à l'aise financièrement.
Néanmoins, la récession que nous traversons actuellement diffère de celles que nous avons connues dans les années 1980 et 1990. Il va sans dire que ces crises ont été fort éprouvantes, notamment celle qui a surtout touché l'Ontario au début des années 1990. Le taux de chômage est passé de 5 à plus de 11 p. 100. La province a perdu plus de 300 000 emplois en 15 mois.
Je vois les chiffres publiés aujourd'hui et je sais exactement à quel point ils peuvent parfois être ahurissants. Statistique Canada ne saisit pas bien la réalité, personne ne la saisit bien. Il n'y a cependant ni tentative de brouillage, ni conspiration où que ce soit. Il faut tout simplement reconnaître que nous sommes humains, que nous n'avons pas toutes les réponses et que nous ne savons pas exactement ce qui se passe. Nous savons toutefois que la crise actuelle est plus grave que celles que nous avons connues dans le passé.
J'ai souvent entendu dire qu'un gouvernement ne pouvait se sortir d'une récession en dépensant. En fait, cela dépend. On ne peut le faire seul, comme je l'ai appris quand j'étais premier ministre de l'Ontario. Face à des taux d'intérêt élevés et à des compressions dans les transferts fédéraux, une province ne peut réussir à elle seule à redresser la situation. L'Ontario a d'ailleurs été confronté à une série de problèmes et de défis.
Par contre, aujourd'hui, un tout autre discours nous vient non pas uniquement d'un seul gouvernement, mais bien d'un ensemble de gouvernements. On nous dit que des mesures extraordinaires s'imposent à cause de la crise du crédit qui découle de prêts syndiqués qui, à la base, étaient de mauvais prêts. Comme il s'agissait de prêts syndiqués, ils ont en quelque sorte infecté le système financier à la manière d'un virus. Cela est sans précédent.
Il n'y a pas de comparaison possible avec le passé. Les taux d'intérêt sont bas. On peut débattre de la question à l'infini, mais la structure fiscale est imparfaite et elle pourrait vraiment être améliorée, car elle comporte de graves lacunes. Toutefois, elle ne va pas à l'encontre des possibilités de croissance et d'investissement au Canada pas plus qu'à l'étranger.
Quoi qu'il en soit, nous faisons face à une récession qui ne se résorbera pas de sitôt. Je crois qu'on peut dire que la plupart des experts financiers et des économistes, même le directeur du FMI, croient fermement que le pire reste à venir. Il y a encore de bien mauvais jours à l'horizon.
Je sais que le a accusé les députés de l'opposition de se réjouir des terribles résultats. Je tiens à lui assurer que ce n'est pas le cas. Aucune personne sensée ne peut se réjouir d'une telle situation, très certainement pas une personne qui représente une circonscription comme la mienne, et nous représentons tous les circonscriptions où c'est le cas.
[Français]
Nous représentons tous des comtés où nous sommes témoins des difficultés éprouvées par la population. Nous recevons des gens dans nos bureaux de comté. Nous en percevons l'importance par le nombre de personnes en difficulté qui nous consultent parce qu'elles doivent affronter des circonstances très difficiles.
Franchement, le gouvernement a effectué un virage assez remarquable. Le budget est-il parfait? Non, je ne dirais pas cela. Mon chef ou un ministre des Finances du Parti libéral aurait-il présenté un tel budget? Absolument pas. Cependant, ce budget nous fournit-il une base de discussion nous permettant de renvoyer ce budget en comité? Oui, à mon avis.
Je ne pense pas que ce soit parfait. Le document qui a été présenté me pose des difficultés profondes. Toutefois, il faudrait adopter une approche complètement idéologique pour affirmer qu'il n'y a eu aucun changement d'opinion ou changement de politique entre la déclaration économique de novembre du , il y a quelques mois déjà, et le budget.
[Traduction]
Or, je ne suis pas un idéologue. J'essaie de rester pratique. Je n'aime pas le gouvernement conservateur. Je n'aime pas l'idéologie conservatrice. Je n'ai jamais fait croire le contraire. La plupart des conservateurs ne m'aiment pas non plus. C'est ainsi.
C'est faux.
Nous aurions voulu que vous soyez leur chef.
Non, c'est trop tard. C'est une affaire classée.
C'est très difficile pour moi de dire que rien n'a changé entre l'énoncé du de novembre et le budget qu'il propose maintenant. Est-ce un budget parfait? Non. Ce document n'est pas parfait, mais il constitue une base pour la discussion, et c'est ce que nous faisons maintenant. Nous renvoyons ce document à un comité, et le comité pourra en discuter.
Dans les quelques minutes qu'il me reste, je veux préciser quels sont les sujets de discussion qui m'importent le plus. Je suis très préoccupé par les compressions dans le secteur des sciences, de la recherche et de l'éducation supérieure. J'ai rédigé un rapport pour le premier ministre McGuinty sur l'importance de ce secteur. Cela m'inquiète que le gouvernement du Canada ne s'oriente pas dans la bonne direction.
J'estime que c'est une question fondamentale au sujet de l'assurance-emploi. Il s'agit d'un impôt. La ministre a déclaré aujourd'hui que 20 p. 100 des gens qui paient cet impôt ne seront jamais admissibles aux prestations. J'aimerais bien savoir qui sont ces gens et pourquoi la ministre estime que la situation est équitable et juste.
Je veux parler d'équité salariale parce que je veux écouter très attentivement ce qu'affirment mes amis du Nouveau Parti démocratique. Je veux qu'ils examinent à nouveau le projet de loi pour voir s'il n'y aurait pas un moyen de remédier à ce qui constitue, à mon avis, un gouffre entre l'idéologie qui transpire de ce projet de loi et ce qui devrait, selon nous, être fait.
Je suis préoccupé par le sort qu'ont subi quelques provinces, tout particulièrement par le fait que des provinces estiment que les modifications apportées aux transferts ne l'ont pas été par des moyens équitables. Je suis très inquiet au sujet de la capacité de payer les infrastructures. Le gouvernement doit examiner le niveau d'endettement de nombreuses municipalités et provinces pour comprendre quelles répercussions cela aura sur le taux de participation. N'y aurait-il pas un meilleur moyen de procéder aux transferts aux municipalités? Il me semble que c'est là une question cruciale.
Je termine sur la question des pensions. S'il y a un aspect de la politique gouvernementale dont la Chambre n'a, selon moi, pas discuté à fond ou en connaissance de cause, c'est bien celle des pensions. Le secteur privé est confronté à un énorme défi. En plus des gens dont la caisse de retraite est sous-financé en raison de ce qui s'est passé, il y a également des millions d'employés qui ne sont pas admissibles aux prestations de pension ou n'ont tout simplement pas de régime de retraite. Nous comptons sur le RPC et les REER. Il y a beaucoup de Canadiens, des millions de Canadiens, qui n'ont pas d'argent à investir dans un REER et qui auront beaucoup de difficulté au moment de leur retraite.
Ce sont là des questions dont il faudrait selon moi s'occuper dans le budget. Le budget devrait-il être défait? Je ne le pense pas et j'espère que mes réflexions donneront à la Chambre la possibilité de renvoyer le projet de loi à un comité pour qu'il soit discuté plus en détail.
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Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends la parole, techniquement, une deuxième fois sur le budget, car nous en sommes au projet de mise en oeuvre.
D'entrée de jeu, je vous annonce que je partagerai mon temps avec la députée de . Je n'ai donc que 10 minutes pour convaincre les libéraux, et peut-être quelques conservateurs du Québec, que le budget n'est pas si bon que cela.
C'est évident, dans la philosophie conservatrice — cela a toujours été ainsi —, qu'il faut baisser les impôts, couper dans les dépenses — souvent des dépenses essentielles — et qu'après cela, tout va bien, « tout va bien madame la marquise ». C'est le jeu et c'est la façon de faire des conservateurs depuis quasiment la nuit des temps.
Par contre, quand un gouvernement conservateur — d'autant plus celui-ci — arrive face à une crise économique, il ne sait plus quoi faire, absolument pas. D'ailleurs, les conservateurs ont totalement manqué de vision: ils ont été incapables de prévoir cette crise économique et ils n'ont pas mis en oeuvre tous les mécanismes nécessaires au moment opportun. On parle, bien évidemment, de l'aide aux manufacturiers, de l'aide au secteur du bois d'oeuvre, de l'aide aux personnes âgées qui perdent leur emploi et aussi de l'aide à tous les autres chômeurs.
Donc, face à une crise économique, il est urgent d'agir. Il faut que les politiques devant être appliquées soient efficaces demain matin. Il y a eu un laisser-aller qui fait en sorte que ceux qui ont été pénalisés hier ne puissent pas en profiter immédiatement. Il faut aussi rapidement stimuler l'économie. Il est évident qu'il y a un programme d'infrastructures, mais c'est un programme dont on parle depuis des années et qui n'a pas été mis en oeuvre à la hauteur de ce qu'il aurait dû être. Donc, qui est prêt, demain matin, à envoyer tout l'arsenal de l'équipement pour commencer les infrastructures? Il faut faire des plans et devis, des soumissions. Cela retardera les choses. Même si les municipalités, entre autres, étaient prêtes à accélérer leur investissement, quelle serait la disponibilité de la main-d'oeuvre? C'est quelque chose qui était nécessaire, mais dans le temps. Pour stimuler rapidement l'économie, ce n'était pas nécessairement cela qu'il fallait faire en premier lieu.
Vous savez qu'après les élections du 14 octobre — ce que je considère comme une vaste consultation —, les conservateurs ont choisi de présenter un discours du Trône et un énoncé économique qui a pratiquement frappé l'opposition de plein front. Le a affronté consciemment l'opposition, et ce qui devait arriver est arrivé. Ayant peur de perdre le pouvoir, bien sûr, il a demandé la prorogation de la Chambre. Cela a encore mené à des mois et des mois d'attente, des mois d'inaction.
Le est revenu avec son budget, mais il semble encore évident que c'est un budget conservateur. Il est un peu teinté de rouge parce que le méchant loup avait les yeux sur le Petit Chaperon rouge. Et le Petit Chaperon rouge s'est dit, étant donné que c'était quand même un petit budget à couleur relativement rouge, qu'il l'accepterait, même si depuis ce temps-là, les libéraux se prononcent contre la majorité des mesures.
On a entendu l'intervenant du Parti libéral, tout à l'heure, dire de l'assurance-emploi, entre autres, qu'elle avait de bons côtés. On ne peut pas dire qu'il n'y a rien. Il faut que les libéraux se laissent une certaine latitude pour voter en faveur du budget.
Toutefois, décortiquons le dossier de l'assurance-emploi. S'il y a 90 p. 100 ou 99 p. 100 d'éléments absents de cette réforme ou de ces investissements dans l'assurance-emploi, il reste un élément qu'ils trouvent intéressant et auquel ils s'accrochent.
En résumé, il n'y a rien en matière d'assurance-emploi pour aider les gens qui perdent leur emploi et qui, effectivement, en ont besoin immédiatement. En plus de répondre à une nécessité de tous les jours, elle répond aussi à une accélération minimale. Étant donné le grand nombre de pertes d'emplois survenues depuis que les conservateurs sont là — plus de 80 000 au Québec seulement —, cela aurait pu avoir une incidence importante.
Il y a eu de grands oubliés dans ce budget, comme l'environnement. Plusieurs organismes se sont effectivement plaints qu'il n'y avait pratiquement rien dans ce budget pouvant vraiment aider à l'amélioration des conditions au niveau des gaz à effet de serre. Même le programme écoAUTO n'a pas été reconduit. En ce qui concerne le développement durable, les organismes à but non lucratif à caractère économique ont été abandonnés. Dans le domaine de la culture, on n'a rien fait de plus pour les artistes. Pour l'éducation, qui, on le sait, joue aussi un rôle important, il n'y a aucune hausse des transferts. L'éducation a pourtant une influence importante, peut-être pas à court terme, mais à moyen terme.
Le budget a aussi omis le Supplément de revenu garanti pour les personnes âgées les plus démunies dans un contexte économique difficile. Il n'y a aucun projet pour les travailleurs âgés qui, pour la plupart, ne peuvent se reclasser. Les secteurs forestier et manufacturier ont aussi été de grands oubliés. D'autres omissions concernent les entreprises en difficulté, les femmes et les groupes de femmes, les bénéficiaires de l'aide internationale et le logement social pour les familles.
Il y a aussi d'importantes intrusions. Nous n'avons qu'à parler de la volonté du gouvernement fédéral d'empiéter sur les compétences du Québec dans le domaine des valeurs mobilières. Le budget propose aussi d'offrir directement des prêts aux municipalités en passant par-dessus la tête du gouvernement du Québec. Bien sûr, en matière d'éducation, il offre un budget de 50 millions de dollars sur deux ans dans le cadre de l'action nationale pour la reconnaissance des titres de compétences.
Je voudrais revenir rapidement sur certains éléments, comme l'assurance-emploi. Évidemment, comme disait précédemment le député libéral, il y a une augmentation de cinq semaines ajoutées aux semaines de prestations d'assurance-emploi. Un autre élément relativement dangereux, selon moi, est la fixation du taux. Pourtant, dans sa Loi sur l’Office de financement de l’assurance-emploi du Canada, le gouvernement avait mandaté cet office pour fixer le taux. C'est présentement le gouvernement qui le fait, ce qui empêche de donner à l'assurance-emploi des éléments supplémentaires qui aideraient les gens qui perdent leur emploi.
Le Bloc québécois a fait des suggestions brillantes, comme d'autres personnes l'ont fait. Nous avons suggéré le délai de carence, la réduction à 360 heures pour l'admissibilité et aussi certains critères d'admissibilité, car souvent les gens n'y ont même pas droit. Même si l'on ajoute cinq semaines, cela ne donne absolument rien à court terme. On a aussi demandé que soit augmenté le taux de 55 p. 100 à 60 p. 100.
Il y a aussi les personnes âgées. Dans leur consultation du 14 octobre dernier, les conservateurs ont-ils pris la peine de les consulter? À titre d'exemple, je vous lis rapidement un communiqué de presse sur le budget fédéral produit par la présidente de l'AQDR Sherbrooke:
« La présidente de l'AQDR Sherbrooke, l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, Mme Thérèse St-Cyr, évalue que le budget fédéral ne tient pas compte des personnes âgées. En effet, le discours du Trône cite une fois le terme “aîné” pour signaler que le budget tiendra compte des besoins des personnes les plus vulnérables. Le budget, quant à lui, fait référence trois fois aux personnes âgées, une première en relation avec les baisses d'impôt. Notre calcul révèle que la baisse sera de 100 $ à 300 $ par année par personne, selon les revenus. Les logements sociaux pour personnes âgées, c'est la deuxième référence aux personnes âgées. Nous estimons que 75 logements sociaux pour personnes âgées seront reconduits d'ici deux ans en Estrie, ce qui est bien insuffisant, les besoins étant beaucoup plus grands. Enfin, le budget parle de travailleurs âgés touchés par la fermeture d'usines et de pertes d'emploi. Des montants sont prévus pour la formation. Belle intention, mais qu'en est-il des revenus? C'est à la lueur de ces données que nous déclarons que le budget fédéral ne tient pas compte des personnes âgées. »
Effectivement, en faisant référence aux logements sociaux, si les personnes âgées de Sherbrooke n'ont droit qu'à 75 logements sociaux, imaginez ce qu'il en est pour le reste du budget! Même si le gouvernement a prévu un budget à ce sujet, il est complètement insuffisant. Cela signifie qu'il n'y a pas de logement social pour les autres personnes en Estrie.
C'est donc que le gouvernement a laissé tomber les gens les plus vulnérables, les plus démunis. Cela aurait aidé passablement si...
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Monsieur le Président, aujourd'hui, nous discutons du projet de loi qui, s'il est adopté, mettra en oeuvre le budget qui nous a été présenté il y a quelques jours.
Tout d'abord, ce budget est un budget plein d'illusions. C'est un leurre. Il saupoudre énormément de petits éléments ici et là, mais il n'aide pas les particuliers. Ce budget aidera certaines entreprises, des multinationales, mais laissera de côté les personnes âgées, les femmes et également les particuliers. Même si on trouve différentes mesures dans la partie 1 du projet de loi visant l'impôt des particuliers, on se rend compte qu'il faudra vraiment gagner 85 000 $ et plus, en 2008, pour se prévaloir d'une baisse d'impôt d'environ 317 $. Cela ne représente même pas un dollar par jour. De plus, ce n'est pas tout le monde qui gagne 85 000 $ et plus. Les gens gagnent en moyenne entre 40 000 $ et 60 000 $. Donc, pour l'année, les gens iront chercher environ 200 $ ou 235 $. Ce n'est pas une grosse baisse d'impôt.
De plus, les gens qui ont des enfants peuvent aussi, si ils font 2 000 $ de plus que leur salaire actuel, compter sur le fait que leur prestation fiscale pour enfants ne sera pas diminuée. Quand quelqu'un veut s'en sortir, travaille fort ou fait du temps supplémentaire, il va chercher bien au-delà de 2 000 $.
Tous les économistes s'entendent pour dire que les baisses d'impôt ne sont pas tellement efficaces. À la page 268 de son budget, le dit lui-même que cette baisse d'impôt sera comme un coup d'épée dans l'eau parce que cela ne procure qu'une faible stimulation économique, comparativement à l'aide aux plus démunis ou encore aux investissements dans l'infrastructure.
Une autre mesure n'est pas si mal. Le gouvernement conservateur augmente le crédit d'impôt en raison de l'âge pour les personnes âgées. Elles pourraient peut-être se prévaloir de 150 $ de plus. En tout et pour tout, le particulier pourrait peut-être aller chercher 300 $. S'il est âgé et s'il ne fait pas 85 000 $, il peut aller chercher environ 100 $ en baisse d'impôt, au maximum 300 $. Ce n'est pas vraiment une grosse aide pour les particuliers.
Il n'y a pas d'aide non plus pour les entreprises forestières ou manufacturières. On se gargarise avec le fait qu'on donne de l'aide aux entreprises, mais nos entreprises manufacturières et forestières ne font pas de profits. Comment voulez-vous qu'elles puissent utiliser les crédits d'impôt pour investir dans leur entreprise? Elles ne pourront pas le faire. Elles ne peuvent pas avoir d'abattement fiscal parce qu'elles ne font pas de profit. Donc, cela n'aide en rien nos entreprises.
Un élément choque bien des gens, soit la position du par rapport à son engagement qui visait à éliminer les paradis fiscaux. Les gens ne sont pas dupes. Des entreprises font de l'argent ici, au Canada, et vont stocker cet argent ailleurs, dans d'autres pays, alors que ces entreprises devraient payer des impôts ici pour qu'il y ait une répartition plus équitable de la richesse. Malheureusement, au moment où le , en 2007, nous disait qu'il était pour pallier à l'évasion fiscale, il a mandaté un groupe d'experts qui, semble-t-il, devait étudier les idées du ministre afin de contrer l'évasion fiscale.
Tout à coup, on se rend compte que ce comité revient sur la décision du ministre et influence celui-ci, qui accepte aveuglément les recommandations du rapport du groupe consultatif selon lesquelles il ne faut pas toucher à cela, sous prétexte que nos entreprises doivent être capables d'accepter la concurrence mondiale. Je trouve cela assez particulier. Il est choquant pour un honnête contribuable qui travaille fort, qu'il demeure au Québec ou ailleurs au Canada, de voir ces entreprises être exemptes d'impôt et pouvoir envoyer leur argent ailleurs. Malheureusement, des collègues d'autres partis à la Chambre ont voté pour cela. Les gens en sont choqués.
Je voulais attirer l'attention de mes collègues sur l'agence unique des valeurs mobilières. On sait qu'au Québec, la commission des valeurs mobilières est un élément de compétence exclusive des provinces. Ce budget nous a appris que le gouvernement, par l'entremise de ce projet de loi, mettra sur pied un bureau de transition vers un régime canadien de règlement des valeurs mobilières. Cela aussi, c'est particulier. Les Québécois, entre autres, trouvent très irrespectueuse la position du gouvernement conservateur actuel et se demandent jusqu'à quel point les collègues du Parti libéral peuvent accepter cela. C'est de compétence provinciale.
Un groupe mis sur pied propose la création d'une agence de réglementation fédérale des valeurs mobilières. Le rapport propose entre autres différents mécanismes pour implanter son projet sans l'autorisation du Québec et des autres provinces. Ce groupe de travail propose également que le gouvernement fédéral entame des recours judiciaires. Par contre, en réponse aux questions posées à la Chambre, le ministre soutient qu'on aura la liberté de choisir d'entrer ou non dans une commission unique des valeurs mobilières. Semble-t-il qu'on aura le choix.
Toutefois, on sait que tout cela finira par nous coincer. Nos entreprises qui veulent faire du commerce devront aussi s'inscrire à une commission mobilière unique, même si elles sont déjà inscrites au Québec. Je me demande jusqu'à quel point il n'y aura pas une espèce de maraudage qui finira par les forcer à s'en aller vers une seule commission unique des valeurs mobilières. Je trouve cela pervers.
C'est un autre élément du budget qui en fait un leurre. Les conservateurs nous ont habitués à cela. C'est d'ailleurs la deuxième fois qu'un de leurs budgets passe en douce un autre petit élément.
Bien sûr, le Bloc québécois s'opposera farouchement à cette commission unique des valeurs mobilières. Même l'Assemblée nationale du Québec est parvenue à un consensus. Je ne comprends pas comment les collègues québécois du Parti conservateur et du Parti libéral peuvent accepter cela, alors même que leur propre Assemblée nationale est contre. Ils devront s'expliquer tôt ou tard.
La question des infrastructures présente elle aussi des attrapes. Nos municipalités devront payer, au même titre que le gouvernement fédéral et la province. Il est question de un tiers chacun. Ce n'est pas dit clairement dans le document, mais les municipalités doivent être bien au fait de cela.
Ce budget propose un paquet de modifications et de mesures pour lesquelles le Bloc québécois votera contre, parce qu'elles ne tiennent pas compte des consensus de l'Assemblée nationale.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre la parole aujourd'hui, car ce débat préoccupe les Canadiens ordinaires. Je ne pense pas qu'il s'agisse simplement de bruit dans cette enceinte. Les décisions prises ici feront une différence profonde. Nous n'aurions probablement pas pu affirmer la même chose il y a quelques années. En effet, aujourd'hui, très bientôt, un grand nombre de Canadiens seront touchés par ce qui se produira ou non à la Chambre.
Si je prends aujourd'hui la parole, ce n'est pas tant pour appuyer le projet de loi C-10 que pour mettre en évidence certains détails d'ordre pratique qu'il contient. Au sujet de la prépondérance des choses qui doivent être faites, nous préférerions partir de ce projet de loi bancal et procéder d'une autre façon, de la façon dont je pense que bien des Canadiens estiment cette Chambre capable, surtout lorsqu'ils prêtent attention et lorsque les enjeux discutés ici ont de l'importance pour eux.
Pour être franc, je dois admettre qu'il y a des choses que nous ne savons pas encore au sujet de ce projet de loi et des répercussions qu'il aura pour les Canadiens. Toutefois, je trouve important de bien exposer la situation, comme je l'ai fait dernièrement dans ma circonscription à l'occasion d'un petit déjeuner consacré au budget. Peu de temps après la présentation du budget par le gouvernement, j'en ai expliqué le contenu aux gens de lors d'une discussion matinale. Je voulais ainsi obtenir leurs réactions. Je crois que les gens en étaient arrivés à des conclusions semblables. Ils ne croyaient pas que le budget répondait aux besoins actuels du pays. Les gens sont préoccupés, pas tellement par ce qui motive les conservateurs, mais surtout par le degré de conviction des conservateurs concernant ce train de mesures. Les Canadiens se demandent si les conservateurs croient, en leur âme et conscience, que ces mesures sont les bonnes, et s'ils iront de l'avant de bonne foi dans l'intérêt des Canadiens. Selon moi, très peu de Canadiens croient que c'est le cas.
Franchement, certains conservateurs croient, ou ont été amenés à croire, que cela devait arriver de toute façon, mais sont quand même choqués de la situation. Nul doute, nous avons toutes les raisons d'être sceptiques face au projet de loi C-10 et aux mesures qu'il présente.
Cependant, pour mettre les choses en perspective — et c'est étonnant de voir le grand nombre de Canadiens qui partagent ce point de vue s'ils s'intéressent à ce qui se passe à la Chambre — il faut voir la différence entre la situation en novembre, quand le gouvernement a déclaré qu'il avait pour priorité de retirer 5 milliards de dollars de l'économie, nous disant avec emphase que l'économie allait bien et qu'il pourrait même réduire les dépenses gouvernementales, et la situation actuelle, avec le déficit annoncé auquel la plupart des gens s'attendaient.
Monsieur le Président, je précise que je partage mon temps de parole avec le député de . Il nous tiendra probablement aussi des propos avisés sur cette perspective essentielle.
Les gens apprécient la distinction que nous faisons ici, entre un gouvernement qui change d'avis et d'attitude par lui-même et un gouvernement qui est indubitablement forcé de se rendre à l'évidence par des circonstances plutôt exceptionnelles. Je pense qu'un autre député a parlé du chemin de Damas qui ressemble à l'autoroute traversant Toronto, le Don Valley Parkway, qui est pleine de conservateurs qui changent d'avis, qui ont de nouvelles dispositions et qui envisagent l'économie autrement. Je crois que c'est une image relativement juste. Les Canadiens se demandent si les conservateurs sont au volant ou s'ils sont plutôt en train de se faire remorquer. Sont-ils capables de se rendre à destination? C'est une question sérieuse parce que c'est le sort des Canadiens qui est en jeu.
Il y a un point mentionné par des députés des autres partis auquel je souscris. Ce n'est pas le budget lui-même qui va aider les Canadiens. Pendant un certain temps, j'ai eu le privilège de diriger des banques alimentaires au Canada. Cela s'est passé il y a un peu trop longtemps à mon goût. Nous avons commencé à fournir ces secours d'urgence à une époque de forte croissance économique en Alberta. Je ne veux pas effrayer les députés de cette province, mais la première banque alimentaire du pays a vu le jour dans de telles circonstances. Par la suite, deux récessions ont eu lieu.
Le budget ne tient pas compte de la dignité des Canadiens. Il ne met pas d'argent dans les poches des soutiens de famille. Les mères, les pères et les familles n'ont rien pour conserver leur dignité. Il aurait fallu tirer la leçon des deux dernières récessions. Ce sont les familles qui sont les mieux placées pour dépenser l'argent que l'on veut injecter dans l'économie. Elles perdent ainsi moins de terrain et trouvent le moyen de rétablir leur situation et de s'occuper d'elles-mêmes d'une façon que les députés d'en face auraient dû, selon moi, privilégier. Mais, ils n'ont pas été capables de se rendre jusque-là dans leur réflexion.
Les mesures destinées aux démunis sont modestes. Le budget prévoit de l'argent afin de bâtir des habitations pour les personnes âgées. Il ajoute quelques semaines additionnelles d'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi, mais il ne va pas au coeur du problème, c'est-à-dire les gens qui ne sont pas admissibles du tout aux prestations. Dans la circonscription de , beaucoup de gens occupent des emplois à temps partiel et sentent déjà qu'ils vont devoir se serrer la ceinture.
Si certains de nos collègues d'en face doutent du fait que la récession fait vraiment mal, que ce soit en raison de l'endroit d'où ils viennent ou du genre de collectivités qu'ils représentent, j'aimerais qu'ils rendent visite à certaines des familles de ma circonscription qui ont perdu des heures de travail ou qui occupent les emplois les moins protégés. Si les députés doivent se fixer une catégorie de gens comme point de référence, ils ne devraient pas se limiter aux électeurs de la classe moyenne. Ils doivent penser à ceux pour qui bon nombre des mesures, institutions et programmes ont été créés. Ce sont eux qui, sans qu'ils en soient responsables, auront besoin des programmes annoncés par le gouvernement, pendant un certain temps du moins.
Ce dont ce budget ne tient aucun compte, parce qu'il est basé sur une philosophie qui ne comprend pas grand chose à tout cela, c'est que lorsqu'on traite les gens avec dignité, ils font tout ce qu'ils peuvent pour améliorer leur sort. Ils tentent de sortir le plus rapidement possible de la pauvreté, mais cela, je dois le dire, n'a rien à voir avec le chemin que nous avons réussi à faire parcourir à ce gouvernement. Ce n'est pas du tout la voie qu'il a adoptée.
C'est une tâche à laquelle la Chambre doit se consacrer. Il faut trouver un moyen de présenter des mesures autres que celles qui ont été débattues aujourd'hui. D'autres mesures doivent être présentées, même avec l'enthousiasme timide, mitigé et presque râleur de nos collègues d'en face, parce que bon nombre de Canadiens ont besoin que le gouvernement continue de fonctionner.
Nous voulons nous pencher sur la valeur des mesures qui ont été présentées. Nous voulons parler des différences que ces mesures pourront faire dans la vie des Canadiens. La seule façon pour nous d'en assurer la réalisation, c'est de permettre à la Chambre de fonctionner. Comptant sur les comités, les hauts fonctionnaires du Parlement et toute une gamme d'autres moyens, nous avons mis le gouvernement sous surveillance parce que nous reconnaissons qu'il ne vise pas le bien-être général des Canadiens et de tous ceux qui seront touchés par la récession en cours, mais aussi parce que nous ne pouvons pas lui laisser beaucoup de latitude. Il ne s'agit pas simplement de petits rapports sans trop d'importance, mais bien de tout un processus qui permettra d'assurer la mise en oeuvre des mesures promises aux Canadiens.
L'année dernière le gouvernement n'a pas investi 8,8 milliards de dollars dans l'infrastructure. Il a remis 1,5 milliard de dollars dans le Trésor au cours des deux dernières années, et il a annoncé dans ses circonscriptions des investissements disproportionnés par rapport aux autres circonscriptions. Le gouvernement qui ne croit pas en l'intervention du gouvernement n'est pas devenu soudainement un gouvernement qui nous inspire confiance. C'est parce qu'il reconnaît que les mesures qu'il a prises avant la récession ont affaibli le Canada, puisqu'on est passé de moins 5 milliards de dollars à plus 18 milliards de dollars et qu'on a abouti à 16 milliards de dollars au titre du déficit. D'ailleurs, comme le directeur parlementaire du budget nous le rappelle, le déficit en question est le fait de certaines décisions peu judicieuses du gouvernement. Les réductions d'impôt inopportunes et non ciblées ont réduit nos capacités. Quoi qu'il en soit, cet investissement supplémentaire de 18 milliards de dollars doit aller aux gens qui en ont besoin.
Le dossier de l'infrastructure a de quoi nous inquiéter. Dans ce domaine, je ne fais pas que représenter mes électeurs, je tente d'agir en tant qu'agent de surveillance pour l'ensemble du Canada. Nous veillerons à ce que non seulement le ministère et le ministre fassent rapport, mais à ce que le gouvernement dans son ensemble rende des comptes aussi. Il existe une multitude de programmes transministériels tels que des programmes des ministères de l'Industrie et des Affaires indiennes. Le gouvernement a tenu certains propos et nous devons veiller à ce que la valeur obtenue soit double.
[Français]
Il est très important de bien comprendre qu'il y a un devoir pour tous les députés de cette Chambre. Ce n'est pas seulement de dépenser rapidement l'argent de ce budget en vertu de ce projet de loi d'exécution du budget, mais il est aussi important d'obtenir de la valeur. C'est vraiment très important que tous les députés de cette Chambre reconnaissent cette responsabilité très importante et très significative.
[Traduction]
Comme nous empruntons cet argent, il faut faire en sorte d'atteindre le double objectif que nous visons. Oui, cet argent peut servir à stimuler l'économie, mais il peut également permettre de bâtir un Canada meilleur et nous donner un avantage concurrentiel. Il faudra y voir.
Tout comme nous devons veiller à ce que les plus vulnérables ne soient pas oubliés, nous devons également veiller à ce qu'un gouvernement qui manque de vision et d'imagination et qui n'a pas de plan d'avenir se concentre sur les éléments qui renforceront le Canada. Voilà qui justifiera les emprunts pour mettre ce plan en oeuvre.
L'avantage concurrentiel du Canada repose sur les ressources humaines. Or, dans l'optique du gouvernement, jusqu'ici l'élément humain passait après les manigances politiques. Cette approche a retardé les choses de 60 jours. N'eut été de cela, la situation aurait été différente à la Chambre, notamment de ce côté-ci. Notre priorité n'est pas tant d'accorder le bénéfice du doute au gouvernement, mais plutôt de faire confiance aux Canadiens. Avec une aide appropriée en temps opportun, ils nous aideront à traverser cette crise. Ils sont prêts à former des partenariats inédits entre gouvernements, entreprises et syndicats pour trouver de nouvelles solutions en vue de faire fonctionner le Canada, en dépit des intentions du gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'avoir l'occasion de prendre part au débat sur le projet de loi d'exécution du budget, le projet de loi .
Tout d'abord, j'aimerais revenir au début du débat, ce matin. Dans son exposé éloquent, mon collègue, le secrétaire parlementaire, a dit que le gouvernement voulait accélérer l'adoption de ce projet de loi et qu'aucun député conservateur ne prendrait la parole. J'aimerais que les Canadiens sachent que le secrétaire parlementaire voulait plutôt dire qu'il souhaitait qu'aucun député ne prenne la parole afin que le projet de loi puisse être adopté rapidement.
Nous sommes payés par les Canadiens pour débattre ces questions, et celle-ci est des plus importante. Je suis d'origine grecque. Il y a bien des années de cela, un Grec de l'Antiquité du nom de Solon a fondé la démocratie. C'était un débatteur. C'est par le débat que la démocratie avance.
Si nous n'avons pas l'occasion de discuter du projet de loi d'exécution du budget et de l'analyser, comment saurons-nous quels sont ses défauts? Nous ne pouvons pas simplement présumer de sa qualité. Je vais préciser ma pensée.
Ce matin, quand j'ai commencé à être vraiment frustré, je suis allé faire une promenade pour me calmer. Je me suis dit que mon bon ami, le député de , parlerait le premier et que j'enchaînerais.
Pourquoi avons-nous choisi d'appuyer le projet de loi d'exécution du budget? Dans l'intérêt du Canada et des Canadiens. Nos électeurs nous ont dit que nous ne pouvions nous permettre de dépenser un demi-milliard de dollars pour de nouvelles élections étant donné que le résultat risquait d'être sensiblement le même. C'est la dernière chose dont ils avaient besoin, et nous sommes de cet avis. Nous croyions que nous avions mieux à faire que de repartir en campagne électorale.
Nous voulions faire intervenir des députés pour expliquer la situation aux Canadiens. Il y a certains éléments du budget qui me satisfont pleinement, et je vais en parler, et d'autres qui me préoccupent.
Le budget prévoit d'importants investissements dans les logements sociaux, dans l'infrastructure et pour les Premières nations, ce qui me plaît énormément. Il prévoit aussi une aide ciblée pour les Canadiens à faible et moyen revenu, grâce à l'amélioration du crédit d'impôt pour enfants et de la Prestation fiscale pour le revenu de travail. Cela aussi me réjouit beaucoup. Il prévoit aussi des investissements dans les agences de développement régionales partout au pays.
Mais nous avons aussi de sérieuses préoccupations. C'est pour cela que nos avons placé le gouvernement sous surveillance à l'aide de notre amendement. Je crois que le gouvernement produira trois rapports, et nous verrons s'il a tenu promesse.
Un ami m'a dit aujourd'hui de lire la page 24 du Hill Times, plus précisément la déclaration de la Fédération canadienne des municipalités selon laquelle les fonds d'infrastructure n'ont pas encore été versés. Ce ne sont pas les libéraux qui se plaignent, ce sont les villes. Plus tôt dans la journée, les villes ont fait allusion à 1967, l'année du centenaire, où des fonds d'infrastructure avaient été versés dans l'ensemble du pays pour la construction d'arénas et de centres communautaires. C'était magnifique. Vous vous souvenez très bien, monsieur le Président, nous étions jeunes à l'époque et nous vivions dans un pays différent.
Ce n'était pas le Canada d'aujourd'hui. Nous n'avions pas de dettes et de déficits de plusieurs milliards de dollars. Les villes fonctionnaient différemment à l'époque. Mes parents payaient peut-être 500 $ d'impôt foncier par année. Aujourd'hui, les aînés doivent payer des impôts fonciers de 4 000 $ et 5 000 $. Ils ne peuvent faire face à une autre hausse de ces impôts. Les villes n'ont plus les moyens de contribuer le tiers des fonds nécessaires. Les provinces ont elles aussi de la difficulté. Ce n'est pas comme cela que le programme fonctionnait en 1967.
Nous voyons ce qui se passe aux États-Unis. Je n'ai pas entendu le président Barack Obama parler d'un financement à parts égales par trois ordres de gouvernement. Plus que jamais, le gouvernement se doit d'agir et, plus jamais, le pays a besoin d'aide.
L'ancienne ville de Scarborough, d'où je viens, a besoin d'aide. Les nids de poule se multiplient sur nos rues et ils font l'objet d'un nombre incroyable de plaintes. Il s'agit de la plus grande ville de l'agglomération torontoise. Que se passe-t-il? À qui refilons-nous les coûts? Faut-il augmenter les impôts fonciers pour que les villes puissent fournir leur tiers?
Je suis inquiet, car dans le passé, et je le dis en tout respect, le gouvernement a fait beaucoup d'annonces. Il ne s'agit pas d'une déformation des faits de la part des libéraux; selon les journaux et les statistiques, le gouvernement ne met pas les programmes en oeuvre. Permettez-moi de vous donner un exemple.
Lorsque nous étions au pouvoir, en 2006, nous avons annoncé l'attribution d'une somme de 25 millions de dollars pour aider le Canada film festival à se doter de l'infrastructure nécessaire. Je me suis rendu sur place avec un ministre de premier plan à l'époque, le député d', l'ancienne députée Susan Kadis, l'ancien député de Trinity--Spadina, Tony Ianno, et avec plusieurs autres personnes. Nous avons coupé le gâteau, nous nous sommes prêtés à une séance de photographies et nous avons annoncé le financement, qui a été confirmé dans le budget libéral de l'époque.
Au cours de la dernière campagne électorale, les conservateurs ont annoncé ce financement. Pourtant, ils m'avaient vu précédemment dans la photo. Le financement avait été annoncé il y a trois ans. Mes électeurs et moi trouvons cette manoeuvre inquiétante. On entend beaucoup de belles paroles, mais on ne voit pas les gestes concrets. Au nom des contribuables canadiens, nous exigeons qu'on nous rende des comptes à ce sujet.
Sous la photo où l'on voit le et son adjoint, Chris Day, il est écrit que, selon la meilleure estimation dont dispose le ministère, le total des sommes allouées s'élève à 3,6 milliards de dollars. Le mot clé est « allouées ».
Les conservateurs nous disent que l'argent a déjà été accordé. Or, que signifie le mot « allouées », qui sort de la bouche de l'adjoint du ministre, M. Day? Il signifie que l'argent pourrait arriver le 35e jour ou peut-être le 37e jour du mois, dans cinq ans.
Le secrétaire parlementaire voulait savoir pourquoi les conservateurs n'ont pas reçu de suggestions de la part des libéraux. Lorsque notre parti a pris le pouvoir en 1993, il a hérité d'une situation difficile. L'équipe libérale a pris le taureau par les cornes. Nous avons laissé les Canadiens nous juger en conséquence.
Le dit qu'il est économiste. Pendant la campagne électorale, il a parlé de du temps où il avait une entreprise. Il s'est comparé au député libéral de , qui est économiste et qui a de l'expérience concrète puisqu'il a travaillé pour une banque. J'aimerais que le premier ministre me dise où il a pu mettre à contribution sa formation d'économiste. Le moment est venu pour lui de nous prouver la valeur de son expérience.
Nous ne sommes allés frapper à la porte de personne. Nous avons pris les décisions qu'il fallait de notre propre chef. Nous avons tenu des consultations d'un bout à l'autre du pays. Avant notre budget, tous mes collègues ont tenu des consultations exhaustives. Les miennes ont eu lieu à Scarborough, en compagnie de mes collègues des autres circonscriptions de cette ville. Nous avons présenté de l'information et nous nous sommes montrés réceptifs aux suggestions de l'opposition, mais la situation actuelle est différente. Elle exige des décisions audacieuses et difficiles à prendre. C'est le moment de faire un grand effort et d'être honnêtes avec les Canadiens.
Permettez-moi de faire connaître à la Chambre les inquiétudes que les gens m'ont exprimées.
Par exemple, on parle aujourd'hui aux États-Unis d'emplois verts, d'économie verte. Chaque jour, lorsque la répond à des questions à la Chambre, elle dit que le gouvernement a investi de l'argent dans la formation pour les emplois de demain. A-t-on déterminé quels sont ces emplois de demain? Avant d'investir dans la formation, il convient de savoir de quels emplois on parle. J'ai de l'expérience en ressources humaines. Avant de me jeter à l'eau, je veux savoir que je pourrai nager.
La ministre parle de recyclage des travailleurs. Dans quels emplois, au juste? Nous avons entendu le gouvernement parler d'emplois en technologies de pointe, mais nous avons aussi entendu parler de coupes claires dans le personnel de sociétés technologiques. Il a été question de Bombardier, l'autre jour.
Le gouvernement a parlé d'investir dans l'Agence spatiale canadienne. C'est merveilleux. Combien de gens recevront une formation pour devenir ingénieurs en robotique?
Si les conservateurs ont déterminé quels étaient ces nouveaux emplois, je leur demande instamment de nous renseigner, que je puisse en informer mes électeurs, qui subissent eux aussi des mises à pied.
Tout cela se résume à une question de crédibilité.
L'un de mes amis, sachant que j'allais prendre la parole aujourd'hui, m'a apporté un article du Toronto Star du dimanche 5 octobre. Je sais que je ne peux pas nommer personne, car je serais réprimandé. L'article s'intitule «Les tactiques [du premier ministre] induisent les électeurs en erreur».
Les Canadiens sont inquiets à ce sujet. Même si nous voulons donner le feu vert au gouvernement pour qu'il mette en oeuvre son budget, instinctivement, nous avons l'impression d'être induits en erreur à un certain niveau. C'est pourquoi il est important que des gens prennent la parole à la Chambre. C'est pourquoi ce débat est important, pour que nous ayons la possibilité d'exprimer notre point de vue au nom de nos électeurs.
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Monsieur le Président, 750 000 enfants vivent dans la pauvreté, 1,5 million de Canadiens ne peuvent pas trouver de logements décents et 130 000 travailleurs ont perdu leur emploi en janvier seulement. Nous sommes témoins d'un effondrement financier sans précédent et la planète est en crise. Que faut-il de plus pour que le Canada prenne une autre direction?
Nous espérions que le budget préparerait une reprise économique verte où personne ne serait laissé pour compte, que les investissements visant ceux qui consacrent leur vie à l'éducation des enfants dans les centres de la petite enfance seraient enfin prioritaires, que les parents qui travaillent pourraient avoir l'assurance qu'ils n'auraient pas à inscrire leurs noms sur une liste d'attente afin de réserver une place de garderie à l'enfant qu'ils viennent de concevoir.
Des mères telles que Suzanne, une résidante de ma circonscription, tiennent des propos comme ceux-ci: « Mon nom est sur la liste d'attente de 25 centres de la petite enfance. Depuis 2007, mon nom est sur plusieurs listes. En fait, j'étais enceinte de quelques semaines lorsque j'ai mis mon nom sur des listes d'attente et j'ai donné des acomptes pour qu'on ajoute mon nom. J'ai fait le tour des centres de la petite enfance. J'assure un suivi régulier. Mon congé de maternité se terminera dans quelques mois, et je n'ai toujours pas de place pour mon enfant. Mon mari et moi planifions de prendre congé, ce que nous n'avons pas vraiment les moyens de nous payer à l'heure actuelle. » Suzanne est désespérée.
Nous espérions que les travailleurs qui ont cotisé diligemment à l'assurance-emploi depuis qu'ils sont sur le marché du travail pourraient récupérer leur argent lorsqu'ils en ont le plus besoin sans avoir à sombrer dans le dénuement.
Les néo-démocrates ont une vision d'un pays où les artistes et les établissements culturels qui enrichissent nos vies obtiendraient enfin les fonds qu'ils méritent, d'un pays où l'image de l'artiste qui meurt de faim ne serait plus qu'un mythe.
En ces temps difficiles, nous avons besoin d'emplois verts pour favoriser l'utilisation de l'énergie éolienne, solaire et géothermique. Nous aurions ainsi une occasion unique de sauver la planète, de créer des emplois, de devenir moins énergivores et d'économiser. Le budget de l'alliance conservatrice-libérale ne prévoit aucune mesure en ce sens.
Nous espérions que ces rêves deviendraient enfin réalité lorsque les libéraux ont accepté les conditions que nous avions posées à la formation d'une coalition, mais je crois qu'ils ont eu peur de prendre les choses en main. Mon collègue a raison. Ils se sont défilés et ont préféré appuyer un budget qu'ils ont décrit comme étant rempli de lacunes. Ils ont refusé d'imprimer une nouvelle direction au Canada. Ils ont renoncé à l'espoir. Ils ne voulaient pas prendre les choses en main.
Il y a peut-être une raison à cela. Je me rappelle qu'en 2000 l'ancien gouvernement libéral est venu à Toronto et a affirmé qu'il avait prévu des fonds pour la gare Union. Toronto n'a pas reçu un sou. Les libéraux avaient promis des millions de dollars pour le secteur riverain. Pas un sou n'a été versé. C'est peut-être pour cette raison que les libéraux craignent de prendre les choses en main. C'est pourquoi ils ne veulent pas de changement. Ils ont perdu espoir.
Les députés néo-démocrates n'agiront pas de la même manière. Nous réclamons plus de mesures concrètes. Nous voulons un vrai budget qui ne laissera personne pour compte.
Nous ne croyons pas que les 325 000 personnes qui se retrouveront au chômage cette année soient trop paresseuses pour trouver un emploi. À Toronto, sept chômeurs sur dix ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi après y avoir cotisé toute leur vie. Peut-on vraiment parler d'un système lucratif pour les chômeurs?
En effet, le 30 janvier dernier, la a affirmé: « Nous ne voulons pas qu'il soit lucratif pour eux de rester à la maison à ne rien faire. » Cela me rappelle un ancien gouvernement, celui de Mike Harris. Le ministre des Finances de ce gouvernement, qui est notre ministre des Finances actuel, a affirmé que les mères au chômage restaient à la maison, buvaient de la bière et regardaient la télévision. Qu'elles étaient paresseuses et ne voulaient pas trouver de travail.
Ce sont des personnes avec les mêmes idées qui affirment maintenant qu'il n'y aura pas un travailleur au chômage supplémentaire qui recevra des prestations d'assurance-emploi au Canada. Les chômeurs se font escroquer, parce qu'ils ont cotisé à ce régime. C'est un programme d'assurance. Ils y ont versé de l'argent, et maintenant qu'ils en ont besoin on refuse de le leur donner.
Les députés ne doivent pas perdre de vue que 65 p. 100 des femmes sont encore inadmissibles à l'assurance-emploi. Lorsque nous parlons des plus vulnérables, il faut penser que les travailleurs au chômage laissés pour compte sont très souvent des femmes.
C'est pourquoi le Nouveau Parti démocratique croit que nous devrions adopter 360 heures comme norme d'admissibilité dans tout le Canada, fixer les prestations à 60 p. 100 des gains jusqu'à concurrence de 600 $ par semaine et verser ces prestations pendant une période beaucoup plus longue que maintenant. La ministre a peut-être besoin de vivre elle-même une période de chômage pour comprendre ce qu'un nombre croissant de Canadiens vivent lorsqu'ils tentent de se prévaloir du régime d'assurance-emploi qui ne répond pas aux besoins.
Je vous donne d'autres raisons qui justifient le rejet du budget conservateur-libéral.
Il ne prévoit pas limiter les taux d'intérêt excessivement élevés sur les cartes de crédit et les frais administratifs faramineux. Les travailleurs canadiens peinent à rembourser leur prêt hypothécaire et à payer leur épicerie. Les consommateurs canadiens ont payé plus de 4,5 milliards de dollars en frais cachés sur les cartes de crédit l'année dernière seulement. En passant à la caisse, nous contribuons tous aux bénéfices des sociétés émettrices de cartes de crédit, même si nous ne possédons pas de carte. C'est tout à fait injuste.
Les néo-démocrates veulent que les banques soient tenues de démontrer par des vérifications indépendantes, que les intérêts exigés sur les cartes de crédit et les autres taux d'intérêt et frais d'administration ne constituent pas une arnaque et que l'Agence de la consommation en matière financière du Canada produise un rapport public sur la question.
Du côté des dépenses en environnement, le Canada tire énormément de l'arrière. Le plan budgétaire prévoit des fonds pour l'énergie propre, mais la définition conservatrice-libérale de l'énergie propre inclut le nucléaire et même le charbon ainsi qu'une technologie non homologuée de captage du carbone.
Cependant, le budget soustrait les nouveaux programmes et projets d'infrastructure aux mesures de contrôle adéquates des répercussions sur l'environnement. Détériorer l'environnement est acceptable tant que les entreprises privées, celles qui doivent construire les infrastructures publiques, peuvent faire de l'argent, sans quoi il n'y aura pas de fonds de contrepartie.
Puisqu'il est question de cupidité, je précise que le budget continue de récompenser de grandes entreprises comme Imperial Oil, qui a enregistré une augmentation de ses profits de 22 p. 100 l'an dernier. Ces entreprises recevront 60 milliards de dollars en réductions d'impôt. Donc, pour chaque tranche de 60 $ accordée aux entreprises, les chômeurs auront droit à 1 $. Nous sommes devant des priorités tout à fait inacceptables et le Canada n'a vraiment pas besoin de cela en ce moment.
L'industrie verte recevra moins d'argent. Il y aura également moins de fonds pour l'avancement de la recherche scientifique. Une bonne partie des investissements prévus en infrastructure et dont il a été abondamment question à la Chambre n'ira pas aux villes à court d'argent, car elles ne peuvent assumer leur part des coûts. Par exemple, la ville de Toronto a besoin d'au moins 7 milliards de dollars pour l'achat de nouveaux tramways et la mise en oeuvre de son plan Transit City, mais elle est incapable d'égaler la contribution du fédéral.
Nous avons parlé des plus vulnérables. Les plus vulnérables sont les enfants qui se couchent le ventre vide. Les parents de ces enfants sont nombreux à gagner moins de 20 000 $ par année. Ce budget de 500 pages ne prévoit rien pour ces familles. Elles n'auront pas droit à l'augmentation du Supplément de la prestation nationale pour enfants ou de la Prestation fiscale canadienne pour enfants.
Les enfants les plus pauvres ne reçoivent rien. C'est honteux. Comment le Parti libéral peut-il dire que ce budget répond à ses critères de protection des plus vulnérables? Si les enfants dont la famille gagne moins de 20 000 $ par année ne sont pas les plus vulnérables, alors qui sont les plus vulnérables? Je ne comprends pas la logique des libéraux.
Campagne 2000, organisme qui fait campagne pour mettre fin à la pauvreté chez les enfants, a dit:
C’est du machisme économique! On abandonne les femmes et les enfants sans canot de sauvetage durant cette période de récession [...]
En l’absence de gestes concrets dans ce budget, il ne fait pas de doute que le taux de pauvreté des enfants et des familles augmentera. Et le gouvernement fédéral n’aura plus la capacité d’intervenir. Ce budget a donné l’occasion au ministre Flaherty de s’acheter une paire de chaussures, faire preuve de compassion aurait sans doute été préférable.
Ce budget manque de compassion, car il ne fait rien pour les enfants. Notre première responsabilité devrait être le bien-être de nos enfants. Ce budget ne prévoit rien pour soutenir l'éducation préscolaire et la garde d'enfants. L'UNICEF et l'OCDE ont déjà dit que le Canada se classait bon dernier pour ce qui est de l'investissement dans l'éducation préscolaire et, avec ce budget, nous poursuivons sur cette lancée, même si investir dans nos enfants serait bon pour le Canada et pour l'économie.
Dans le rapport du Dr David Butler-Jones sur la situation dans le domaine de la santé publique au Canada, on peut lire que, pour chaque dollar investi dans les enfants en bas âge, le gouvernement économise de 3 $ à 9 $ en futures dépenses en santé, justice criminelle et aide sociale.
C'est bon pour l'économie. C'est bon pour nos enfants. C'est bon pour notre productivité. C'est bon pour les parents qui travaillent. Toutefois, il n'y a rien dans le budget pour l'éducation pré-scolaire et les garderies.
Il n'y a aucune mesure non plus pour bonifier les régimes de retraite de l'État ou pour étayer les régimes de retraite des employeurs. Il n'y a pratiquement rien pour les personnes âgées.
Le budget ne tient pas compte de la montée en flèche des frais de scolarité et de l'endettement des étudiants de niveau postsecondaire. Ces derniers ne peuvent pas trouver d'emploi. C'est difficile et ils n'ont pas d'argent pour commencer tout de suite à rembourser leur prêt étudiant. Pourquoi n'étudions-nous pas la possibilité de renoncer aux intérêts et au principal pour l'instant? Cela signifie que les diplômés universitaires auront une dette de plusieurs milliers de dollars en arrivant sur un marché du travail en décroissance.
Ce budget contient des punitions: des punitions pour les étudiants, qui consistent à rendre plus difficile l'obtention d'un prêt étudiant en leur imposant des exigences démesurées à propos des documents à fournir, tout en faisant en sorte qu'il soit plus facile pour le ministre de les punir rétroactivement. Imaginez. Le gouvernement punit les étudiants dans les circonstances actuelles et dans le cadre du projet de loi d'exécution du budget. Je ne sais pas en quoi punir les étudiants peut stimuler l'économie.
Les mères qui travaillent craignent les contrecoups du budget de l'alliance conservatrice-libérale. Elles sont laissées pour compte et n'ont pas d'options. Une mère m'a écrit:
Je n'ai pas assez d'argent pour payer les programmes parascolaires pour mes enfants, en plus des services de garde à temps plein pour mes deux plus jeunes, de 9 heures à 17 heures, pendant que je travaille, parce que cela me coûterait plus de 500 $ par semaine. Je ne peux pas quitter mon emploi parce que cela serait complètement insensé [...] J'ai emménagé avec ma soeur pour m'aider à me remettre sur pieds et si je ne travaille pas, je ne pourrai pas faire d'économies en vue d'avoir mon propre logement. Je ne peux pas me permettre de payer des services de garde au prix plein parce qu'il ne me resterait plus rien. Que peut faire une mère dans ma situation?
J'ai toujours été fière de dire que le Canada est un pays où tous ont des chances égales, que c'est le meilleur pays où vivre. Toutefois, il me semble que je dois ravaler mes paroles parce que la vie au Canada est devenue si difficile. Les loyers sont trop élevés, les salaires trop bas, les frais de garde trop élevés et les frais scolaires trop élevés. On n'aide pas assez les gens honnêtes qui travaillent et tout le monde est déçu.
Ce budget ne fait rien pour aider cette mère.
Les députés qui se croisent les bras et appuient ce budget inacceptable devraient avoir honte. Quand ils verront des milliers et des milliers de familles tomber dans le cycle du désespoir, du chômage et de la pauvreté, j'espère qu'ils se souviendront des paroles des chefs de famille monoparentale et des chômeurs qui ne peuvent pas s'en sortir parce que ce budget ne fait absolument rien pour eux.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui vise à mettre en vigueur le budget qui nous a récemment été proposé.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de , qui prendra probablement la parole demain.
Il nous est impossible, de ce côté-ci de la Chambre, de voter en faveur du projet de loi . Ce projet de loi de mise en vigueur du budget manque autant de vision que le discours du budget qui nous a été présenté le 27 janvier dernier.
Ce projet de loi manque de vision, en effet. Nous nous serions attendus de ce gouvernement conservateur qu'il nous présente un véritable plan de relance économique; pas strictement un plan de relance économique, mais un plan visionnaire nous permettant de créer de nouveaux emplois plus verts et plus tournés vers l'avenir avec de la valeur ajoutée, de l'innovation et plus de modernité; un plan de relance économique non pas à court ou à moyen terme, mais un plan économique qui nous permettrait d'aborder le XXIe siècle de façon plus structurante et plus moderne.
Ce sont non seulement les attentes des députés du Bloc québécois, mais aussi celles des citoyens et des citoyennes du Québec et du Canada. J'en veux pour preuve un sondage mené récemment entre le 22 janvier et le 1er février, au moment où nous tenions ce débat à la Chambre pour accepter ou rejeter ce budget. Et que disait ce sondage? Il indiquait que pas moins de 93 p. 100 des Canadiens aimeraient que le gouvernement fédéral mette en place un programme de création d'emplois dits verts pour pallier la crise économique. Ce n'est pas rien.
Qu'est-ce que cela signifie? Alors que le gouvernement d'en face n'a pas compris que la protection de l'environnement constitue un effet de levier sur le plan économique, les Québécois et les Canadiens l'ont clairement compris. Ils ont compris que la crise économique qu'on vit ne doit pas nous empêcher de nous attaquer à une autre crise, soit celle des changements climatiques. Pourquoi? C'est parce que cette crise des changements climatiques non seulement bouleversera nos solidarités sociales et créera des bouleversements environnementaux, mais créera aussi de la turbulence économique.
Par exemple, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, déclarait jeudi dernier à New Delhi que tout échec dans la lutte contre le réchauffement climatique provoquerait une catastrophe économique et sociale mondiale. Ne pas agir sur le plan des changements climatiques a donc des effets négatifs sur les plans environnemental, social et économique. On n'a qu'à prendre l'exemple de la situation vécue actuellement en Australie, où les feux de forêt ravagent une bonne partie du territoire, alors que des inondations font rage sur une autre partie du territoire. C'est probablement la meilleure démonstration que les changements climatiques auront des conséquences sociales, environnementales et économiques importantes au cours des prochaines années.
Le gouvernement n'a pas d'autre choix que de se lancer dans une vaste transition de son économie, pour passer d'une économie traditionnelle vers une économie plus verte. Comment? Ce gouvernement aurait dû aborder l'avenir économique du Québec et du Canada en misant d'abord sur trois éléments.
Tout d'abord, il faut faire des énergies renouvelables un des axes stratégiques de développement économique majeur pour le Canada. Il faut également que le développement de la filière énergétique renouvelable, créatrice d'emplois, puisse devenir un pôle de développement technologique et économique pour le Canada.
Ce n'est pas pour rien que nos collègues de l'autre côté de la frontière ont présenté un plan économique qui faisait en sorte de doubler la production des énergies renouvelables au cours des prochaines années. Un réinvestissement dans les énergies renouvelables permettrait de relancer l'économie et donc de créer des emplois, plutôt que de donner des exemptions fiscales à l'industrie pétrolière à la hauteur de 5,9 milliards de dollars sur deux ans. Ce sont des exemptions à l'industrie des énergies renouvelables que nous aurions dû engager dans le dernier budget. C'est de cela dont on débattrait aujourd'hui avec le projet de loi , un peu comme en Allemagne.
En Allemagne, ils n'ont pas décidé de donner des exemptions fiscales à l'industrie pétrolière, mais à l'industrie des énergies renouvelables, ce qui a permis de créer 90 000 emplois en Allemagne. Voilà un effet de levier important sur le plan économique qui aurait pu permettre de créer des emplois, mais aussi d'avoir une économie plus durable et moderne.
Deuxièmement, la stratégie aurait dû être de miser sur l'efficacité énergétique, d'abord sur celle des bâtiments institutionnels, comme les États-Unis ont décidé de le faire. Il faut faire en sorte de se donner des objectifs. Le plan américain prévoit l'amélioration de l'efficacité énergétique de 75 p. 100 des bâtiments appartenant au gouvernement fédéral américain. Les États-Unis ont décidé d'aller de l'avant avec un tel programme pour des objectifs environnementaux, mais aussi pour la création d'emplois. Par exemple, prenons un autre continent comme l'Europe. Une augmentation de 20 p. 100 de l'efficacité énergétique créerait environ un million d'emplois selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement. Un réinvestissement et une amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments institutionnels et résidentiels permettraient donc de créer des emplois.
Un autre objectif que s'est donné les États-Unis est d'assurer la construction de deux millions de logements au cours des deux prochaines années, alors que dans le budget et dans la loi de la mise en vigueur du budget, nous sommes à un timide 250 000 logements qui seraient rénovés et qui viseraient une amélioration de l'efficacité énergétique.
On a les moyens de se doter d'un véritable plan vert pas parce que nous sommes des romantiques environnementaux, mais tout simplement parce que l'on croit que le développement d'un plan vert est la base d'un plan économique futur. Qu'aurait dû faire le gouvernement? Le gouvernement aurait d'abord dû imposer sur le plan réglementaire des plafonds d'émission de réduction de gaz à effet de serre afin de donner un prix au carbone et de dire que nous avons à notre disposition des instruments économiques disponibles. Il fallait établir des plafonds d'émissions pour permettre à des entreprises qui ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de transiger sur les marchés internationaux, que ce soit avec l'Europe ou les marchés économiques de crédits de carbone qui sont actuellement en développement aux États-Unis. Il faut mettre un prix sur le carbone et vendre ces crédits d'émission.
Deuxièmement, il y a les incitatifs fiscaux, le réinvestissement dans les énergies renouvelables, des programmes d'amélioration de l'efficacité énergétique et, finalement, le développement d'infrastructures de transport adéquat. Il ne s'agit pas simplement de donner des crédits pour l'achat de laissez-passer d'autobus, comme le commissaire nous l'a indiqué. Il faut réinvestir dans nos infrastructures de transport en commun. C'est ainsi que l'on pourra bâtir non seulement un transport durable, mais une économie plus durable tournée vers l'avenir, créatrice d'emplois et créatrice d'emplois verts.