propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi ce soir, à titre de premier intervenant pour la première heure d'un débat que je souhaite constructif.
Je voudrais tout d'abord remercier Woodrow French, le maire de Conception Bay South, à Terre-Neuve, et Bruce Cran, de l'Association des consommateurs du Canada; qui soutiennent activement le projet de loi et ont pris récemment le bâton du pèlerin pour en faire la promotion partout au pays.
Un groupe de défense des consommateurs des États-Unis nous a approchés et a manifesté son intérêt pour notre projet de loi. Il s'agit du groupe FlyersRights.org, que dirige sa fondatrice, Kate Hanni, qui a organisé une conférence de presse en Californie au sujet du projet de loi . Elle en a fait l'éloge. Selon elle c'est la meilleure mesure législative en matière de droits des passagers qu'elle ait vue. Elle entend en distribuer des exemplaires aux législateurs américains, à Washington, D.C.
Le projet de loi suscite beaucoup d'intérêt dans les médias et, par conséquent, de nombreuses réactions de la part des Canadiens, qui nous font part de leurs expériences. Pratiquement tous ceux qui ont communiqué avec nous se sont montrés très favorables à la mesure. Évidemment, certaines personnes ne le sont pas, mais, pour la grande majorité, les gens l'appuient.
Le projet de loi est fondé sur la motion d'initiative parlementaire no 465, présentée l'an dernier par le député de , un député libéral de Terre-Neuve-et-Labrador, et sur la résolution adoptée à l'unanimité par la Chambre, bien que le gouvernement n'ait pas présenté le projet de loi qu'elle promettait.
Au lieu de cela, le gouvernement a présenté l'accord volontaire connu sous l'appellation Droits des voyageurs aériens, qui n'avait aucune valeur juridique. Dans le cadre de cet accord, tout de même, on s'engageait à laisser débarquer les passagers de l'avion avant 90 minutes, en cas de retard sur l'aire de trafic. Les sociétés aériennes ont donc reconnu alors qu'il était excessif de laisser poireauter les gens durant plus de 90 minutes dans un avion sur l'aire de trafic.
Que s'est-il passé par la suite? Les sociétés aériennes, moins de trois mois plus tard, laissaient des gens sur l'aire de trafic durant six à huit heures. C'est dire toute l'importance qu'on accordait aux droits des passagers, et je crois que les conservateurs reconnaissent également qu'il nous faut des lois plus sévères à cet égard.
Il y a trois jours à peine, les sociétés aériennes décidaient d'intégrer les droits des passagers à leur tarif et invitaient volontairement l'Office des transports du Canada à assurer le respect de ces droits. Cependant, où sont donc les peines en cas de non-observation? Les transporteurs n'ont pas obtempéré par le passé, pourquoi le feraient-ils maintenant?
De plus, la lettre des transporteurs aériens est remplie d'inexactitudes au sujet du projet de loi. Le Conseil national des lignes aériennes du Canada nous a envoyé une lettre intitulée « Redescendre sur terre ». Eh bien je lui répondrai de la même façon en lui disant de « redescendre sur terre ». J'aimerais parler des préoccupations exprimées par le Conseil national des lignes aériennes du Canada dans la lettre datée du 2 mars qu'il a fait parvenir à tous les députés et des erreurs factuelles flagrantes qu'elle contient.
La lettre dit que l'indemnité prévue dans le projet de loi pour un refus d'embarquement est deux ou trois fois plus élevée que dans l'UE, alors qu'elle est identique. Nous nous sommes appuyés sur les chiffres de l'UE lors de la rédaction du projet de loi.
Le conseil dit qu'il n'a pas été consulté. La réalité entourant les projets de loi d'initiative parlementaire veut qu'il n'y ait pas beaucoup de temps pour consulter des parties externes en vue de l'élaboration d'un projet de loi. Le député qui voit son nom placé parmi les premiers sur la liste en vertu du tirage au sort n'a que 20 jours de séance pour déposer son projet de loi à la Direction des Journaux de la Chambre des communes.
Par contre, dans ce cas-ci, j'ai parlé au téléphone avec des représentants des deux conseils nationaux des lignes aériennes et je leur ai donné les détails du projet de loi et leur ai demandé de me répondre par courriel avant que le projet de loi ne soit envoyé à la traduction. Nous avons apporté des modifications au projet de loi jusqu'à la toute fin et je n'ai rien reçu des conseils, contrairement à l'Association des consommateurs du Canada qui a fait de précieuses contributions jusqu'à la dernière minute.
Selon le Conseil national des lignes aériennes, cette mesure législative fera augmenter les tarifs. Je me demande, est-ce qu'ils ont augmenté lorsque le président d'Air Canada a été payé 26 millions de dollars en 2007? C'était une somme considérable à l'époque pour la compagnie et je ne crois pas que les tarifs ont augmenté en raison de son salaire. Je ne crois pas non plus que ça se produirait dans ce cas-ci car, si les lignes aériennes respectent les règles énoncées dans le projet de loi, elles n'auront pas à payer de pénalités. Jusqu'à maintenant en Europe, il semble que les lignes aériennes ne payent pas beaucoup de pénalités.
Le Conseil national des lignes aériennes a affirmé qu'aucun pays n'avait jamais tenu les transporteurs aériens responsables des annulations et des retards causés par les conditions météorologiques, et que le faire irait à l'encontre des règles de sécurité de pilotage d'un avion. Nous partageons leur opinion. Nous avons repris textuellement dans notre projet de loi l'exemption contenue dans le projet de loi de l'Union européenne, qui donne aux compagnies aériennes une exemption en cas de situations exceptionnelles. Cette exemption a été utilisée avec succès en Europe depuis quatre ans. La déclaration du Conseil national des lignes aériennes laisse entendre que le projet de loi rendrait les transporteurs aériens responsables des annulations et des retards causés par les conditions météorologiques, ce qui n'est pas le cas.
Le projet de loi n'oblige pas les transporteurs aériens à verser une indemnité aux passagers d'un vol qui a été retardé ou annulé en raison des conditions météorologiques. Un vol qui a été annulé en raison des conditions météorologiques constitue une situation exceptionnelle, comme je l'ai déjà expliqué. Cela est prévu dans le projet de loi.
Si le transporteur aérien peut prouver que l’annulation découle d’une situation exceptionnelle qui ne pouvait être évitée même si toutes les mesures raisonnables avaient été prises, le transporteur aérien n'est pas obligé, en vertu de ce sous-alinéa, d'indemniser un passager dont le vol a été annulé. C'est la norme qui a été adoptée par l'Union européenne, et l'annulation d'un vol en raison des conditions météorologiques constitue clairement une situation exceptionnelle.
En cas d'annulation d'un vol pour des raisons météorologiques, le transporteur aérien doit simplement offrir à chaque passager concerné: ou un réacheminement ou un remboursement, ce qui est raisonnable; des repas et des rafraîchissements en fonction du délai d’attente, ce qui est tout à fait acceptable; l’hébergement dans un hôtel lorsqu’un séjour d’au moins une nuit est nécessaire; le transport entre l’aéroport et le lieu d’hébergement; et le choix de faire deux communications par téléphone, télex, télécopieur ou courriel. Pour un transporteur aérien, ce ne sont pas là des demandes déraisonnables.
Il y a environ deux ans, l'Union européenne a fait réaliser une étude deux ans après la mise en oeuvre de sa loi, une fois que les règles ont été en application. Les compagnies aériennes ont abondamment utilisé l'argument des circonstances exceptionnelles pour éviter d'indemniser les passagers, mais l'ensemble des intervenants conviennent que l'exemption à cause de circonstances exceptionnelles offre tout de même un bon équilibre entre le droit des passagers à une indemnité et l'équité envers les compagnies aériennes. Cette position s'explique du fait que les tribunaux jugent cette loi acceptable. Nous ne voulons pas prendre une position trop défavorable envers les transporteurs aériens parce qu'ils porteront l'affaire devant les tribunaux et qu'ils auront gain de cause.
Le projet de loi prévoit entre autres que lorsque l'embarquement est refusé parce qu'un vol a été surréservé, le transporteur aérien doit tenter d'obtenir que des passagers cèdent leur réservation en concluant une entente avec eux, non en les y forçant.
Il y a plusieurs années, j'étais à bord d'un vol de la Northwest Airlines en provenance de Minneapolis. Six personnes devaient descendre de l'avion. Le transporteur a trouvé des volontaires en offrant des billets gratuits. Tous étaient contents de cette conclusion et je suis certain qu'ils en parlent encore aujourd'hui. Or, les compagnies aériennes ont besoin de clients satisfaits.
Si un transporteur aérien doit refuser l'embarquement à certains clients contre leur gré, pourquoi ne devraient-ils pas verser une indemnité de 500 $, 800 $ ou de 1 200 $, en fonction de la longueur du trajet? La même indemnité s'appliquerait aux vols annulés. Cette pratique a cours en Europe depuis des années. Le projet de loi s'inspire de la loi de l'Union européenne qui est en vigueur depuis le 17 février 2005.
Comme la société Air Canada dessert certains pays européens, elle connaît très bien cette loi. Les compagnies aériennes savent que sur le territoire de l'Union européenne, elles peuvent tenter d'invoquer l'exemption aussi souvent que possible pour éviter d'indemniser les passagers. Les compagnies aériennes ont contesté la loi de l'Union européenne devant les tribunaux, mais elles n'ont pas eu gain de cause. Les transporteurs savent que cette loi est juste et que les tribunaux la jugeront acceptable; c'est pourquoi ils font toute cette campagne pour la combattre. Par surcroît, ils savent qu'une fois adoptée, elle retiendra la faveur populaire.
Je me suis entretenu avec plusieurs députés et, bien qu'ils soient tous favorables au projet de loi, certains s'interrogent au sujet de l'indemnisation des passagers. Je leur dis qu'ils peuvent voter en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture parce que cela montre qu'ils en appuient le principe, exactement comme ils l'ont fait il y a un an à l'égard de la résolution. Les députés qui ne souscrivent pas à cette mesure législative peuvent venir au comité pour y proposer des amendements. S'ils estiment que les sanctions sont trop élevées, ils peuvent présenter un amendement pour les faire réduire à un niveau qu'ils jugent raisonnable.
J'ai même demandé aux autorités du Conseil national des lignes aériennes du Canada si elles avaient des amendements à proposer. Elles m'ont répondu par une lettre officielle contenant toutes sortes de renseignements erronés au sujet du projet de loi. Comment le conseil peut-il proposer des amendements au projet de loi alors qu'il est clair qu'il n'a même pas pris le temps de le lire?
Dans la plupart des cas, nous avons copié les niveaux d'indemnisation de l'Union européenne, qui d'ailleurs ont été doublés là-bas il y a quatre ans parce qu'il y avait jusque-là une loi datant de 1991 qui concernait seulement le refus d'embarquement, mais pas les annulations et ne s'appliquait qu'aux compagnies régulières. Elle ne s'appliquait pas aux compagnies de vols nolisés et les sanctions étaient trop légères, et ils ont donc élargi la loi il y a quatre ans en y incluant les compagnies de charters et les annulations et en doublant les sanctions. Deux ans plus tard, le comité de révision a estimé que les sanctions étaient satisfaisantes, ni trop élevées, ni trop faibles.
Pourquoi les passagers n'auraient-ils pas le droit d'annuler leur voyage et de se faire rembourser après un retard de quatre heures? Pourquoi ne pourraient-ils pas avoir un bon de repas au bout de deux heures de retard? Pourquoi n'auraient-ils pas droit à 100 $ de remboursement si la compagnie égare leurs bagages et ne les prévient pas dans un délai d'une heure après les avoir retrouvés? Est-ce que ces 100 $ vont entraîner la faillite des compagnies aériennes, ou ne vont-ils plutôt les inciter à faire plus attention et à cesser d'égarer les bagages et de nous laisser dans l'incertitude alors qu'elles les ont retrouvés?
Pourquoi les clients ne pourraient-ils pas s'attendre à un meilleur service? Pourquoi la compagnie aérienne ne devrait-elle pas les informer des changements de vol, des retards ou des annulations, sous peine de sanction? Pourquoi ne pourrait-on pas afficher au comptoir des compagnies la nouvelle réglementation informant les clients de leurs droits et de la procédure de demande d'indemnisation? Pourquoi le public ne pourrait-il pas réclamer un prix complet pour connaître le coût total de leur vol avant de cocher la case achat?
Comme les transporteurs de l'Union européenne se sont battus becs et ongles contre cette loi en Europe, c'est le régime des cours de petites créances qui est utilisé pour les contentieux en Europe. On n'a pas besoin d'avocat. Les voyageurs au Canada peuvent encore se plaindre à l'Office des transports du Canada, mais comme en Europe, ce ne sont pas les organismes de transport qui reçoivent les paiements, c'est la cour des petites créances. British Airways est un excellent exemple récent de règlement en cour de petites créances de l'appel d'un grand nombre de plaignants.
Ce projet de loi ne réglerait pas tous les problèmes, mais il serait juste pour les clients comme pour les compagnies aériennes. Les compagnies qui respecteraient le règlement ne paieraient rien. Celles qui plaideraient trop souvent des circonstances exceptionnelles risqueraient d'être soumises à des règles encore plus dures à l'avenir. Le projet de loi s'applique à tous les transporteurs aériens canadiens et à toutes les activités de transport aérien au Canada. Pourquoi un client d'Air Canada serait-il mieux traité en Europe qu'au Canada?
En terminant, je lance un appel à l'action. J'invite les Canadiens à ne pas se contenter de trouver que c'est une bonne idée et souhaiter qu'elle soit adoptée. Je les invite à aller à leurs ordinateurs et à envoyer un courriel à leurs députés pour leur demander d'appuyer le projet de loi, en prenant soin de m'en faire parvenir une copie afin que nous puissions comptabiliser leur appui. Je les invite à écrire à leur journal local.
Les députés écoutent leurs électeurs. C'est comme ça qu'ils se font élire. Ceux qui sont à l'écoute des préoccupations de leurs électeurs vont continuer à se faire réélire. Il s'agit d'un vote libre au Parlement, et les députés sont libres de voter comme bon leur semble sur cette question. Les compagnies aériennes leur envoient des lettres et demandent à les rencontrer pour essayer de les convaincre de voter contre le projet de loi. Je veux que les Canadiens m'aident à rétablir l'équilibre et à contrer ce groupe d'intérêt spécial qui travaille contre eux.
Tout ce que les compagnies aériennes ont à faire, c'est de s'assurer que l'air est respirable, que les lumières et les toilettes fonctionnent, qu'il y a de quoi boire et manger et que les passagers puissent débarquer sans danger. Elles laissent entendre que le projet de loi les obligerait à payer leur pénalité après une heure, quelles que soient les circonstances. Pourtant, avec l'exemption prévue, le projet de loi leur laisse une certaine marge de manoeuvre. Si la sécurité des passagers était compromise, elles ne seraient pas tenues de les faire débarquer dans l'heure. C'est aussi simple que cela.
Si les compagnies aériennes ne veulent pas se plier à ces exigences, pourquoi n'indemniseraient-elles pas les passagers? Si 500 $ est trop élevé, qu'elles proposent un amendement pour diminuer le montant. Toutefois, si la pénalité est trop faible, les compagnies aériennes vont continuer de garder les passagers enfermés pendant des heures sans air, sans toilettes, sans nourriture et sans eau.
La prochaine fois que des gens seront coincés dans un avion, ils regretteront de ne pas avoir écrit à leurs députés. Ils regretteront de ne pas avoir écrit aux journaux pour signifier leur appui au projet de loi. Et si jamais un député se retrouve dans une telle situation, ce député regrettera de ne pas avoir voté pour le projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat sur le projet de loi , que le député d' a présenté.
Au cours de la période des fêtes de fin d'année, les conditions météorologiques difficiles ont eu des effets désastreux dans les aéroports aux quatre coins du Canada. Je le sais, car je voyage souvent. En tant que député d'une circonscription du Nord de l'Alberta, j'ai l'occasion de voyager en avion. Je peux assurer au député et à tous les autres députés que s'il y a des gens qui savent exactement ce que signifie voyager et profiter des différentes conditions météorologiques qu'on trouve au Canada, ce sont les députés de l'Ouest, car ils voyagent plus que les autres. Les mauvaises conditions météorologiques du temps des Fêtes ont entraîné d'innombrables retards et annulations de vols, situation que les sociétés aériennes n'étaient de toute évidence pas en mesure de contrôler. Malheureusement, on ne comptait plus les personnes qui ont passé des heures dans des aéroports, étendues sur des chaises en plastique, obligées de se sustenter avec les produits offerts dans les machines distributrices. Des députés ont probablement vécu cette malheureuse expérience.
Je serai clair. La protection des voyageurs canadiens est, et demeurera, une priorité pour le gouvernement conservateur. Nous sommes déterminés à protéger les consommateurs et nous avons pris des mesures en vue d'accroître cette protection.
En 2007, par exemple, nous avons présenté le projet de loi , qui améliorait la transparence en obligeant les transporteurs aériens à afficher leurs conditions de transport sur leurs sites web. Les améliorations apportées par cette mesure ont permis aux consommateurs de mieux comprendre leurs droits. Elle a aussi donné un caractère permanent au processus de règlement des plaintes à l'Office des transports du Canada.
En 2008, en réponse au souhait du Parlement d'offrir une protection plus complète aux consommateurs, le gouvernement a instauré le programme Droits des voyageurs aériens. Il s'agit d'une campagne visant à sensibiliser les voyageurs aériens à leurs droits et aux recours qui s'offrent à eux lorsqu'ils sont incommodés.
Dans le budget de 2009, nous présentons de nouveau des mesures visant à moderniser la Loi sur la concurrence et à mieux protéger les Canadiens contre les pratiques de fixation des prix et de publicité trompeuse, des pratiques inacceptables. Le gouvernement apporte des changements qui instilleront une plus grande confiance dans la publicité et qui donneront lieu à des pénalités plus sévères, de manière à décourager la publicité trompeuse et les fraudes commerciales, qui sont, encore une fois, inacceptables.
J'aimerais souligner quelques-uns des aspects clés des mesures de protection des consommateurs que nous avons prises pour les voyageurs aériens.
Aux termes de la Loi sur les transports au Canada, les transporteurs sont tenus de publier une version écrite de leurs tarifs et modalités de transport facilement accessible pour les voyageurs. Souvent, les modalités de transport sont décrites au verso des billets ou communiquées aux voyageurs qui font des réservations sur Internet, de manière à leur rappeler leurs droits lorsqu'ils achètent leurs billets.
Ces modalités doivent tenir compte de la politique du transporteur concernant les personnes handicapées, l'acceptation des enfants, les vols annulés ou retardés, les bagages égarés ou endommagés, l'embarquement refusé en raison de la surréservation et les réservations de billets. Ces modalités existent déjà. Elles reflètent les droits des passagers en tant que consommateurs et l'obligation du transporteur.
En fait, les transporteurs sont tenus de respecter ces modalités, à défaut de quoi, les consommateurs peuvent avoir recours à l'Office des transports du Canada. L'office peut imposer diverses mesures, dont des mesures correctives, comme le remboursement des dépenses engagées par le passager. Il peut aussi intimer à un transporteur l'ordre de modifier ou de suspendre ses modalités de transport.
Il convient de noter qu'aux États-Unis, les consommateurs doivent s'adresser aux tribunaux, plutôt qu'à une agence comme l'Office des transports du Canada, lorsque les transporteurs ne respectent pas leurs engagements. Nous savons tous qu'il est très coûteux de se tourner vers les tribunaux. C'est un long processus et, franchement, ce n'est pas acceptable pour les Canadiens.
Des pays de l'Union européenne sont tenus de mettre en place une procédure de règlement des plaintes. Toutefois, l'efficacité de cette procédure varie d'un pays à l'autre, et sa portée est plus limitée que celle dont nous disposons au Canada. Ici, nous avons un régime de protection des consommateurs qui veille à ce que les modalités offertes par les transporteurs canadiens soient raisonnables et à ce que les transporteurs les respectent et protègent les consommateurs.
Ces modalités sont établies en fonction de normes internationales, des pratiques de voyage courantes et de la saine concurrence, qui est tellement importante en cette période de crise économique mondiale. Elles constituent l'engagement du transporteur envers ses clients.
Il est facile de comprendre pourquoi les passagers sont frustrés parce que, avouons-le, de temps à autre, il arrive à beaucoup d'entre nous à la Chambre de vivre de grandes frustrations pendant les voyages. Les gens qui ont été frustrés lors du retard ou de l'annulation de vols pendant la période des Fêtes étaient franchement mécontents. Tous ceux qui voyagent espèrent arriver à temps à leur destination. Toutefois, nous avons un hiver au pays. Notre pays est immense et sa densité démographique est parmi les plus basses du monde, soit approximativement 1,2 personne par mile carré. Compte tenu de notre climat, il y aura d'inévitables retards et désagréments pendant les voyages, surtout pendant nos hivers rigoureux et en raison de nos abondantes précipitations de neige et de notre population dispersée.
Au cours des quelques dernières semaines, bon nombre de représentants de l'industrie se sont adressés à moi. J'ai eu l'occasion de rencontrer des représentants de WestJet, d'Air Canada et d'autres transporteurs aériens qui desservent notre pays. Voyons ce qu'ils pensent. L'Association de l'industrie touristique du Canada a déclaré qu'elle partage les préoccupations énoncées par le Conseil national des lignes aériennes du Canada au sujet de beaucoup d'aspects du projet de loi et qu'elle n'est pas en faveur de mesures très normatives et très punitives du projet de loi C-310.
Le Conseil des aéroports du Canada et l'Association internationale du transport aérien ont réitéré cette même position. Cette dernière représente 230 transporteurs du monde entier, y compris les principales compagnies aériennes du Canada. Le Conseil national des lignes aériennes du Canada a dit que bien que le projet de loi C-310 prétende protéger les intérêts des consommateurs, les mesures proposées auraient pour effet d'exacerber les retards et occasionneraient de nouveaux désagréments et de nouveaux coûts pour les voyageurs.
Il est aussi important pour nous d'essayer de comprendre les réalités opérationnelles de l'exploitation d'une ligne aérienne dans le climat de concurrence qui règne actuellement sur le marché. Par exemple, le mauvais temps à Vancouver entraînera des retards à Toronto. Cela aura des répercussions en chaîne d'un bout à l'autre du pays, surtout en période de pointe et en plein hiver. Nous ne devons pas oublier non plus que c'est la sécurité qui doit primer dans notre système de transport.
Dans une lettre du 4 mars 2009, l'Association du transport aérien du Canada déclare que ces mesures réduiront la sécurité des passagers au Canada en encourageant la prise de risques.
Oui, ces mesures réduiront la sécurité des passagers au Canada en encourageant la prise de risques. Il n'y a rien de plus important pour le gouvernement conservateur que la sécurité des Canadiens et nous allons veiller à assurer leur sécurité quand ils voyagent. La sécurité doit primer.
Nous pouvons et nous devons apprendre des autres pays. Nous devons examiner la législation américaine et la législation européenne, et étudier d'autres possibilités. Nous ne devons pas oublier non plus que les conditions météo et la géographie du Canada sont uniques et nous devons prendre en considération ces réalités lorsque nous réfléchissons à ce qui doit être fait pour améliorer les dispositions législatives qui protègent les consommateurs et, en fin de compte, pour servir ceux que nous servons tous ici, les Canadiens.
J'ai hâte de collaborer avec le député qui a présenté ce projet de loi et tous les députés ainsi que le comité afin de trouver des solutions qui protégeront les consommateurs canadiens sans pénaliser les transporteurs canadiens en raison de facteurs indépendants de leur volonté.
Nous devons veiller, en cette période de ralentissement économique mondial, à protéger les intérêts des Canadiens et, simultanément, veiller à ce que les lignes aériennes demeurent concurrentielles. C'est là un exercice délicat et nous allons faire ce qu'il y a de mieux pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, j'étais presque encouragé par les propos du secrétaire parlementaire, il y a quelques instants. Celui-ci a parlé de collaboration à la Chambre et du fait que les gouvernements prennent des mesures qui reflètent la volonté des gens, particulièrement lorsque cette volonté a été exprimée ici à la Chambre.
En juin dernier, il n'y a pas si longtemps, 240 députés représentant tous les partis se sont levés et ont unanimement appuyé une motion présentée par le député de , qui a dit que nous devons répondre aux besoins des Canadiens lorsqu'ils sont les consommateurs d'un service que nous, au Canada, tenons maintenant pour acquis et considérons comme faisant partie du style et du niveau de vie auxquels on s'attend dans un pays de notre importance et dans cette partie de l'hémisphère.
Que ferait un gouvernement responsable lorsque la volonté unanime des gens est exprimée dans un projet de loi comme celui qui est présenté aujourd'hui par le député d'?
On s'attendrait à des résultats immédiats.
Le secrétaire parlementaire fait allusion à toutes ces indications, ces motions et ces brochures. En fait, certaines des initiatives de son gouvernement ont entraîné la transmission d'une recommandation au secteur du transport aérien, en septembre dernier.
C'était en septembre. Qu'est-ce que les gens de ce secteur ont fait? Hé bien, en septembre, ils ont entendu des rumeurs d'élections et se sont dits « attendons un peu ». Ils ont attendu longtemps. On peut difficilement blâmer le député d' pour l'inaction du gouvernement.
La situation pourrait être complètement différente si le gouvernement avait saisi la possibilité qui s'offrait à lui suite au vote unanime tenu à la Chambre, et s'il avait dit que telle était la volonté du public.
Il n'y avait pas de pénalités comme celles qu'on trouve dans le projet de loi du député. Nous parlons maintenant d'établir une comparaison avec ce qui se passe aux États-Unis, dans l'Union européenne et au niveau des répercussions économiques et financières pour les transporteurs aériens individuels, les organismes collectifs, les autorités aéroportuaires et les organismes touristiques.
Nous n'aurions pas à tenir ce genre de débat si le gouvernement avait simplement fait ce que le secrétaire parlementaire a dit qu'il ferait.
Faut-il se surprendre du fait que des députés, qu'il s'agisse de personnes qui sont ici depuis longtemps, comme mon collègue de , ou de nouveaux visages comme le député d', comblent un besoin, parce que les Canadiens veulent que des mesures soient prises?
Que faisons-nous? Nous acceptons en principe l'arrangement contractuel implicite qui fait partie intégrante de cette mesure législative. Je dis « arrangement contractuel implicite », car quelqu'un qui fournit un service veut un client satisfait, et ce client veut le service pour lequel il a payé. Autrement, il y a des conséquences. Ou bien le service est fourni ou bien il y a une autre option.
La dernière motion dont la Chambre a été saisie parlait de cet arrangement contractuel. Notre collègue, nouvellement élu en octobre, a dit que nous aimerions ajouter autre chose dans cet arrangement contractuel. Personne ne fait rien. Si maintenant on semble dur avec les compagnies aériennes ou avec l'industrie, c'est parce que les gens cherchent un arbitre.
Qui est cet arbitre? Les arbitres sont ici. Les députés d'en face cherchent l'autorité que nous leur avons déjà donnée lors de la dernière législature, mais le ministre des Transports précédent avait choisi de ne rien faire.
L'actuel pourrait choisir d'agir. Il a maintenant devant lui un projet de loi d'initiative parlementaire. Ce projet bénéficie, à mon avis, du même appui que la dernière motion dont la Chambre avait été saisie, à moins qu'un vote prouve le contraire.
Un ministre responsable qui rend des comptes dirait que ces idées ne viennent pas seulement des députés de l'opposition, mais qu'elles sont l'expression de l'opinion publique à la Chambre des communes du Canada.
Nous attendons-nous, à tout le moins, que les députés utilisent la frustration des citoyens pour suggérer des changements positifs? Nous voulons que tous les intervenants et les fournisseurs de service s'assoient à la table avec les députés, qui ne sont pas des ennemis. Ce sont eux qui donnent voix aux demandes pour qu'il y ait un service et un arrangement contractuel que les deux parties doivent respecter.
Doit-on suivre l'expérience européenne? Doit-on suivre l'expérience américaine? Est-ce une formule qui favoriserait l'activité et, de ce fait, stimulerait l'économie canadienne et garantirait un niveau de service que tous devraient tenir pour acquis?
Les consommateurs ont montré qu'ils étaient prêts à payer. Peut-être payons-nous trop cher. Pour cette volonté de payer, même plus que les autres, nous nous attendons à un niveau de service commensurable. Mais non, nous nous attendons peut-être au moins à ce que les autres obtiennent à moindre coût. Me voilà devenu éditorialiste.
La seule ligne de pensée que devrait formuler un député ici, c'est de rappeler à tous les députés que la Chambre a demandé à l'unanimité à l'industrie aérienne, au secteur des voyages, de respecter ce que réclame déjà tout le monde au pays, ce qu'il fallait faire, ce qui devrait déjà être en place.
Qui faut-il accuser de cette négligence? On ne peut pas en accuser la météo. C'est à la mode, on accuse le temps de tous les maux. Mais non, c'est le gouvernement qu'il faut accuser.
Le ministre a le devoir, vis-à-vis de la Chambre comme de tous les Canadiens, de présenter un règlement qui corresponde à la volonté de la Chambre. Il se doit de mettre en place un régime de supervision de l'application de ce règlement. C'est à lui d'établir un système de détection de toute infraction à cette relation.
Certains diront qu'on risque de créer une bureaucratie superflue, et je suis d'accord. Mais les bonnes dispositions de la Chambre, exprimées par un vote unanime, ont volé en éclat. L'industrie a vu ce qui se passait, mais le gouvernement s'est rendu compte qu'il voulait conserver de bonnes relations de travail. Et alors ces bonnes dispositions ont volé en éclat.
Comme il n'y avait plus ce climat convivial, on a proposé de recourir à la contrainte. Si les gens ne voulaient pas travailler, on les y obligerait. S'ils n'aimaient pas les conditions, ils devraient expliquer pourquoi. Mais qui a besoin de ce genre de contrainte? Certainement pas une bonne entreprise. Une bonne entreprise qui veut prospérer n'en a pas besoin.
Notre industrie aérienne fonctionnait pratiquement comme un monopole. Nous l'avons supprimé, et certains disent qu'on n'aurait pas dû. Mais nous avons jugé que nous pourrions conclure librement une entente contractuelle et que, de l'avis unanime de la Chambre, les parties contractantes à cette entente qui y dérogeraient le feraient à leur propre péril.
Ce que dit le député d' au ministre avec le projet de loi , c'est qu'il devrait commencer par respecter ses devoirs envers le public. Qu'il commence par faire preuve de responsabilité, par manifester cette responsabilité dont il se vante si souvent. Il ferait bien de s'activer, car la Chambre lui a déjà donné une chance.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole au nom du Bloc québécois sur projet de loi émanant des députés de notre collègue du NPD, le projet de loi .
Celles et ceux qui nous écoutent auront compris, en écoutant les allocutions des collègues, que les positions peuvent différer un peu. Il est important d'aller au fond des choses dans ce dossier relatif au transport aérien.
Il est important d'éviter, sous l'impulsion d'une victoire électorale, de créer un déséquilibre. Le Bloc québécois veut agir avec responsabilité dans ce dossier. Nous allons donc être favorables au projet de loi pour qu'il soit envoyé en comité, mais dans sa forme actuelle, il est loin de nous convaincre. J'ai entendu le collègue qui a proposé le projet de loi dire qu'il était ouvert à des modifications et à des amendements. Or le fait de proposer des amendements à un projet de loi déposé ne veut pas dire qu'ils seront acceptés. C'est un peu plus compliqué que cela.
Il s'agit d'un projet émanant des députés, et un amendement qui changerait la nature du projet de loi ne serait pas recevable. On risque donc, à la fin des débats, d'être défavorables au projet de loi tel qu'il est présenté parce qu'on n'aurait pas pu l'adapter. Je ne présume de rien, je veux laisser la chance à tous les coureurs dans ce dossier. Cela pourrait se produire, mais ce ne serait pas par manque de volonté.
Je comprends la position du collègue libéral qui a démontré qu'en cette Chambre, nous avons véritablement été sensibilisés à la question, d'autant plus qu'il s'est produit un événement. On se rappellera qu'au printemps 2007, des passagers ont été prisonniers d'un avion de la compagnie Cuban Air pendant plus d'une dizaine d'heures parce qu'il semblerait que la compagnie aérienne n'avait pas payé ses droits. Cette histoire n'est pas claire encore. J'ai écrit à toutes les autorités, et personne n'a voulu prendre de responsabilité. J'ai l'impression que le projet de loi tel qu'il est déposé ne réglera pas le problème non plus.
Cette situation existe au Canada, et ça ne touche pas que les compagnies aériennes. Les gouvernements, tant libéraux que conservateurs, ont créé et accrédité des organismes qu'on appelle des administrations aéroportuaires. Ce sont des organismes paragouvernementaux, mais ce ne sont pas des entreprises privées. Ils louent les aéroports, ils ont de baux pour la location d'aéroports. Ce sont des conseils d'administration et des gens du milieu, mais qui ne sont redevables qu'à leur conseil d'administration.
Ce n'est donc pas simple quand vient le temps de porter une responsabilité. Cela ne veut pas toujours dire que c'est la faute de la compagnie aérienne. C'est ce qui est important de comprendre dans un pays comme le nôtre où on a parfois plus de mois d'hiver que de mois d'été.
C'est notre réalité, réalité que les pays européens n'ont peut-être pas. Il faut donc être responsable et étudier la situation. Il ne faut pas non plus compromettre l'équilibre fragile des compagnies aériennes.
Le Conseil national des lignes aériennes du Canada est un organisme qui regroupe les quatre plus grandes compagnies aériennes, mais c'est tout nouveau. Cet organisme faisait partie de l'Association du transport aérien du Canada (ATAC). Il s'est retiré de l'ATAC pour créer sa propre association. Les choses ne sont donc pas si simples dans ce beau milieu de l'aviation.
L'objectif n'est pas que des compagnies aériennes ferment, ce qui créerait des monopoles. De toute façon, les consommateurs n'y trouveraient pas leur compte. En effet, le jour où l'on éliminera les compagnies aériennes une à une et qu'il n'en restera qu'une, on verra les tarifs augmenter en conséquence.
Il faut donc pouvoir créer cet équilibre, et je ne suis pas certain que le projet de loi , tel qu'il est présenté, le crée. Mais, nous, du Bloc québécois, sommes assez conscients du problème pour qu'on puisse en discuter en comité et faire comparaître tous les témoins, y compris le gouvernement.
Je lance un message au gouvernement: il serait temps, tout en faisant cheminer le projet de loi en comité, de penser à déposer un projet de loi qui créerait cet équilibre, et responsabiliserait les compagnies aériennes et les administrations aéroportuaires. Ainsi, ce serait bien clair, et les voyageurs sauraient très bien que les compagnies aériennes ont effectivement une certaine responsabilité.
Des administrations aéroportuaires s'occupent de faire le trafic et s'occupent aussi, souvent, de rendre des services. Il faut être conscients qu'en raison de nos hivers, certaines opérations, comme le déglaçage, doivent être réalisées. On s'aperçoit que dans certains aéroports, le déglaçage peut prendre jusqu'à deux heures et demie. En vertu d'un projet de loi comme celui qui est devant nous, si après une heure et demie, on doit faire descendre les passagers, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu'on perd notre tour dans la ligne des départs. Cela implique encore un retard indu. Ce n'est pas facile.
En comité, il faudra avoir la sagesse de faire comparaître tous les témoins et de prendre tout le temps requis. Si on peut bonifier ce projet de loi, tant mieux, on le fera. Toutefois, si c'est impossible parce que le cadre législatif nous en empêche, il faudrait peut-être que le gouvernement pense de lui-même à faire cheminer une législation qui pourrait être présentée au comité. J'ouvre cette porte parce qu'il faut régler ce problème. Et mon collègue libéral a tout à fait raison, cela fait trop longtemps que cela dure.
Cependant, est-ce que cela doit se faire par un projet de loi privé? Encore une fois, on n'en a pas discuté avec les compagnies aériennes, et c'est le seul reproche qu'on peut apporter. C'est bien beau de vouloir essayer de faire adopter à tout prix un projet de loi privé, mais si le résultat est l'élimination de deux compagnies aériennes, ce n'est pas mieux. On n'aura rien réglé. Tout ce qu'on aura fait, c'est de gagner une victoire personnelle au détriment du collectif, et ce n'est pas l'objectif.
Comme je l'ai dit, les députés du Bloc québécois voteront pour que ce projet de loi puisse se rendre en comité, et nous serons présents lors des discussions. Nous essaierons de faire intervenir tous les témoins requis pour faire la lumière sur ce dossier complexe de la responsabilité envers les passagers. Je tends la main au gouvernement. Il faut qu'il comprenne bien l'importance de la législation qu'on doit adopter. Maintenant, on en est à l'heure où on doit régler ce problème de la protection des passagers, et il doit s'assurer de déposer peut-être un projet de loi qui responsabiliserait les compagnies aériennes, les administrations aéroportuaires, les vrais responsables des problèmes que pourraient subir les passagers, parce qu'on en est rendus là.
Si on fait cela tous ensemble, ce sera oeuvre de collégialité. Le collègue qui a déposé le projet de loi privé sera fier de dire que peut-être une législation sera issue de ce qu'il aura suggéré en comité. Évidemment, nous sommes ouverts à cela. L'important, c'est qu'on atteigne l'objectif. Tel est le résultat. L'important, ce n'est pas la victoire politique, ce n'est pas de savoir qui la gagne ou qui la perd. L'important, c'est qu'on travaille pour les voyageurs qui en ont ras le bol de subir les différents problèmes liés au transport aérien. Les billets d'avion coûtent cher, si on peut discipliner l'industrie et que ça prenne un projet de loi, eh bien qu'on le fasse! Si on peut bonifier celui-là, c'est tant mieux. Si cela en prend un autre, j'espère que le gouvernement le comprendra et nous, nous l'accompagnerons. Ce qu'on garantit, autant aux usagers qu'aux associations de protection des consommateurs, c'est qu'ils auront une voix, qu'ils seront entendus en comité. Il faut qu'on puisse, autant les uns que les autres de bien comprendre, de bien saisir le problème.
Personnellement, j'ai un petit faible pour les administrations aéroportuaires. J'aimerais bien savoir ce qui s'est passé dans le dossier Cubanair parce que, deux ou trois ans plus tard, je ne suis pas plus éclairé. Quelque part, personne ne veut prendre la responsabilité d'avoir fait attendre des passagers emprisonnés dans un avion pendant plus de 10 heures sans nourriture et sans accès aux toilettes. C'est ça, la dure réalité. Ce projet de loi ne réglera pas cela parce que plus les amendes seront élevées, plus les compagnies aériennes contesteront devant les tribunaux. Cela veut dire des retards. On ne règle pas le problème, et ce sont les avocats qui collectent le tout et font du profit; ce ne sont pas les voyageurs.
Encore une fois, je tends la main. Nous appuierons ce projet de loi pour qu'on en discute en comité. Si on peut le bonifier conformément aux attentes autant des voyageurs que des compagnies aériennes et de ceux qui sont responsables des problèmes, on le fera. Advenant qu'un nouveau projet de loi soit nécessaire, on encourage le gouvernement à faire cheminer bien gentiment ce projet de loi pour que le comité puisse y donner son aval.
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Monsieur le Président, je suis très fier d'être le comotionnaire du projet de loi et je suis heureux de prendre la parole à son sujet ce soir.
Tous les passagers aériens méritent une déclaration des droits. Cela fait trop longtemps que les consommateurs doivent tolérer un service de qualité inférieure sans disposer de recours. Le moment est venu de légiférer pour assurer la protection des consommateurs.
Permettez-moi de donner un exemple pour illustrer mon propos. Lorsqu'on achète une automobile — ce que bien des gens ne peuvent pas faire ces temps-ci parce que les banques font encore payer des intérêts pouvant atteindre jusqu'à 10 p. 100 sur les prêts-auto, mais on y reviendra un autre soir —, elle vient avec une garantie. Elle doit également satisfaire à un certain nombre de normes de sécurité et autres critères au moment de l'achat. Si des engagements ou promesses ne sont pas respectés, le consommateur peut remédier à la situation.
Il y a aussi l'exemple des produits alimentaires. Le même principe s'applique lorsqu'on achète un pain. S'il n'est pas frais, on peut le rapporter et obtenir soit un remboursement complet ou un pain frais. Les responsables du supermarché se confondront en excuses et n'exigeront pas qu'on leur prouve que le pain n'est pas frais.
Tous ces principes semblent prendre le bord lorsqu'un consommateur achète un billet d'avion. Quiconque achète un billet d'avion, billet qui peut coûter aussi cher qu'une petite auto dans certains cas, n'a à peu près aucuns droits, ni même la garantie d'obtenir le service pour lequel on a payé.
Il est peu probable que vous soyez indemnisé équitablement si vous devez faire un long trajet dans un siège défectueux, si la compagnie aérienne ne vous sert pas votre premier choix de repas ou si toute autre contrariété survient pendant le vol.
Pire encore, les consommateurs qui manifestent leur agacement face au mauvais service offert risquent d'être accusés de rage de l'air, de se faire arrêter ou même de se voir interdire à vie de faire affaire avec certaines compagnies aériennes.
À l'heure actuelle, les compagnies aériennes n'en font qu'à leur tête. Le pouvoir, ce sont les consommateurs qui devraient l'avoir. Il n'est pas rare, de nos jours, que les passagers soient pris dans un avion immobilisé au sol pendant de longues heures.
Si ce projet de loi est adopté, les compagnies aériennes devront payer une indemnité maximale de 1 200 $ aux voyageurs mal pris parce que leur vol est en surréservation ou qu'il a été carrément annulé. Si un vol est retardé de plus de deux heures, la compagnie aérienne devra offrir aux passagers de la nourriture, des rafraîchissements et l'accès à un téléphone.
Certains transporteurs aériens induisent aussi en erreur les voyageurs en annonçant des tarifs à bas prix. Après avoir fait leur réservation, ces derniers découvrent que le prix de leur billet a grimpé en flèche à cause des frais administratifs et d'autres taxes et surtaxes diverses.
Si ce projet de loi entrait en vigueur, les transporteurs aériens devraient annoncer leurs tarifs honnêtement et y inclure tous les frais additionnels et surtaxes pertinents.
Le fait est que les consommateurs ont actuellement peu de recours face aux transporteurs aériens. C'est pourquoi il leur faut une déclaration des droits des passagers aériens. Les transporteurs aériens ont actuellement le champ libre, car les passagers n'ont pratiquement aucun droit de parole concernant la prestation des services et ne disposent d'aucun véritable recours lorsque ces services sont mauvais. Les transporteurs aériens agissent souvent d'une façon qui pourrait être qualifiée d'inappropriée, chose qu'ils ne feraient pas s'ils devaient respecter leurs engagements envers les passagers.
Je prends l'exemple des vols annulés. Je suis persuadé que nous avons presque tous déjà vécu une telle expérience. Ces annulations sont non seulement désagréables, mais elles obligent souvent les passagers à rater des événements importants, des réunions ou des vacances.
Cette pratique, extrêmement peu appréciée des passagers, permet souvent aux transporteurs de réaliser des économies parce qu'ils n'ont pas à dédommager les passagers pour les inconvénients que cela provoque.
De nouveaux systèmes pourraient grandement réduire la quantité de bagages perdus et accélérer leur repérage et leur retour. J'ai souvent dû emprunter à un collègue un complet qui ne m'allait pas toujours très bien. C'est pourquoi j'apprécie de pouvoir récupérer mes propres bagages de temps à autre. Les transporteurs aériens sont toutefois réticents à investir dans de nouvelles technologies. Si le coût associé à la perte temporaire ou permanente des bagages devait augmenter pour les transporteurs aériens, il ne fait aucun doute qu'ils amélioreraient rapidement leurs systèmes de manutention.
La situation actuelle favorise et récompense même les mauvais comportements de la part des transporteurs aériens. Il est sûrement préférable d'instaurer un système qui favorise et encourage les bons comportements et qui pénalise les mauvais comportements. C'est aussi pourquoi il faut une déclaration des droits des passagers aériens.
Si les sociétés aériennes étaient tenues d'indemniser généreusement les passagers pour les lacunes dans le service, cela entraînerait des dépenses additionnelles pour celles qui se négligent à ce chapitre. Ces temps-ci, toutes les sociétés aériennes sont obsédées par la réduction de leurs frais d'exploitation. Les services aux clients sont souvent vus comme des frais, mais, la perspective de devoir payer une pénalité pour la piètre qualité du service ferait en sorte que l'amélioration du service ferait partie intégrante de leurs activités.
Les clients qui paient leur place ont encore le droit de s'attendre à obtenir sans délai, annulation ou compromis le service promis, que la société aérienne soit rentable ou pas. Les clients n'accepteraient aucun compromis en matière de sécurité aussi ne devraient-ils n'en accepter aucun à l'égard de la qualité du service. Une société aérienne qui ne peut pas respecter un minimum de normes de sécurité n'est pas autorisée à faire voler ses avions. Pourquoi la même règle ne s'appliquerait-elle pas à l'égard de la qualité du service?
Rien dans le projet de loi ne signifie que les passagers des sociétés aériennes doivent avoir des droits déraisonnables. Il s'agit plutôt de dire que les consommateurs devraient avoir les mêmes attentes envers les sociétés aériennes qu'envers toutes les autres entreprises qui leur vendent des produits et des services. Ainsi, en cas de problème, ils recevraient une juste indemnisation, comme les consommateurs de tout autre produit.
Une déclaration des droits des passagers aériens ne constitue pas une forme inédite d'intrusion dans les rapports commerciaux entre un fournisseur et un acheteur de service. Cela ne fait qu'établir des principes fondamentaux d'équité comparables à ceux qui existent déjà à l'égard de la plupart des produits de consommation et une telle déclaration comblerait un grand trou dans les droits des consommateurs.
L'établissement d'une déclaration des droits des passagers de l'air ne nécessitera pas la création d'un nouveau ministère pour la gérer où en contrôler l'application. Elle établira simplement un cadre juridique dans lequel les sociétés aériennes devront fonctionner et fixera une indemnisation minimale qu'elles seront tenues de verser si elles ne fournissent pas les services décrits ou promis.
Les sociétés aériennes pourront toujours fixer leurs tarifs et établir leurs politiques dans les limites prescrites par la déclaration des droits des passagers de l'air. Cela se fait déjà dans d'autres pays. Une nouvelle loi en vigueur dans l'Union européenne oblige les sociétés aériennes à verser des indemnisations quand leurs vols sont retardés ou annulés. La mesure est entrée en vigueur le 17 février 2005 et, en vertu de celle-ci, les passagers reçoivent une indemnisation de 250, 400 ou 600 livres sterling selon la distance du vol en question—soit respectivement moins de 950 milles, de 950 à 2 200 milles ou plus de 2 200 milles. C'est le système en vigueur. Des indemnisations sont accordées en cas de vols retardés ou annulés, de refus d'embarquement ou de problème avec les bagages. Des indemnisations supplémentaires comme des mets gratuits ou une chambre d'hôtel pour la nuit sont également offertes selon les circonstances.
Les sociétés aériennes sont tenues d'offrir de l'aide même quand le retard est attribuable à des facteurs qui échappent à leur contrôle, comme de mauvaises conditions météorologiques. D'autres scénarios sont également prévus. Par exemple, si quelqu'un est obligé de voyager en classe économique alors qu'il avait acheté un billet en première classe, il est admissible à une indemnisation calculée en fonction d'une formule établie.
Une des sociétés aériennes canadiennes, Air Canada, se plie déjà aux lois européennes relatives aux vols intercontinentaux. Deux autres ont adopté certains des changements proposés. WestJet et Porter Airlines n'effectuent pas de réservations excédentaires.
En conclusion, il est grand temps qu'on remette le pouvoir entre les mains des consommateurs. Les passagers de l'air sont à la merci des sociétés aériennes depuis beaucoup trop longtemps. Le Canada a l'occasion de s'inspirer des meilleures mesures en vigueur dans le monde et de s'imposer en tant que leader mondial en matière d'équité des voyages aériens.