(au nom du ministre de la Justice)
propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, j'ai l'immense plaisir de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
On se rappellera qu'en novembre 2007, le ministre de la Justice a déposé le projet de loi , qui proposait d'infliger des peines minimales obligatoires à ceux qui se rendent coupables d'infractions graves liées aux drogues, afin qu'ils soient condamnés à des peines suffisamment sévères. Ce projet de loi réintroduit les mêmes dispositions.
Comme on le sait, le a dévoilé la nouvelle Stratégie nationale antidrogue du Canada en octobre 2007. La Stratégie nationale antidrogue fournit des fonds afin de prévenir la consommation de drogues illégales, notamment chez les jeunes, pour traiter les toxicomanes et pour lutter contre la criminalité liée à la drogue.
Cette stratégie présente une approche en deux volets: le premier se traduit par une fermeté accrue à l'égard des crimes liés à la drogue et le deuxième met l'accent sur les victimes.
La Stratégie nationale antidrogue comporte trois plans d'action: prévenir la consommation des drogues illicites, traiter les toxicomanes, et lutter contre la production et la distribution de drogues illicites.
Le plan d'action de lutte contre la production et la distribution de drogues illicites contient un certain nombre d'éléments, dont la mise en place de peines sévères et adéquates pour les infractions graves liées aux drogues.
C'est en partie dans ce contexte qu'il faut considérer le projet de loi. Il y a lieu d'ajouter que ce projet de loi donne suite à une des grandes priorités du gouvernement, plus précisément celle de s'attaquer au crime, et plus particulièrement au crime organisé.
Ce projet de loi n'a pas pour effet de proposer l'imposition de peines minimales obligatoires pour toutes les infractions liées aux drogues. La structure de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances est assez complexe en ce qui concerne les infractions et les peines. Ces dernières dépendent de la nature de l'infraction commise et de la substance en cause. Les substances les plus dangereuses et qui posent le plus de problèmes, comme l'héroïne, la cocaïne, la méthamphétamine et la morphine, figurent à l'annexe I de la loi, et les infractions liées à ces substances sont assorties des peines les plus sévères, qui peuvent aller jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité.
Le cannabis et les substances apparentées sont des drogues qu'on retrouve à l'annexe II. Les infractions relatives à ces substances entraînent des peines moins sévères. En cas de trafic ou de possession en vue d'un trafic de ces substances, seules des quantités d'au moins trois kilogrammes entraînent des peines pouvant atteindre l'emprisonnement à perpétuité. La production de cannabis, quant à elle, entraîne une peine pouvant aller jusqu'à sept ans d'emprisonnement.
Les peines les moins sévères, qui atteignent 12 mois d'emprisonnement sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, sont réservées aux infractions liées aux substances énumérées dans les annexes IV et V. Il y a lieu de faire remarquer, cependant, que la plupart des activités interdites par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances sont considérées légales si la personnes en cause détient la licence, le permis ou l'exemption nécessaires.
Par exemple, le Règlement sur l'accès à la marijuana à des fins médicales, qui est entré en vigueur le 30 juillet 2001, prévoit une procédure complète permettant à des personnes souffrant de certains problèmes de santé de demander un permis pour posséder ou faire pousser de la marijuana à des fins médicales avec l'accord de leur médecin ou, dans certains cas, avec l'accord d'un spécialiste. Le nombre de plants qu'une personne titulaire d'un permis est autorisée à produire se fonde sur une formule liée à la quantité de marijuana séchée dont la personne a besoin chaque jour.
Certains députés pourraient croire qu'il n'est pas nécessaire de prévoir des peines minimales comme celles que propose le projet de loi pour sanctionner les infractions graves liées aux drogues. Toutefois, ces infractions représentent un problème grandissant dans les villes canadiennes, et des mesures législatives rigoureuses s'imposent.
De plus, n'oublions pas que la sécurité des Canadiens et des Canadiennes demeure l'une des plus grandes priorités de notre gouvernement. Or cette sécurité est menacée par les groupes du crime organisé qui sont impliqués dans la production et le trafic des drogues. Ces activités conduisent à une augmentation des crimes, de la violence et des risques pour les agents chargés de l'application de la loi.
Il y a lieu de rappeler également que la production et le trafic des drogues illicites constituent les sources les plus importantes d'argent illicite des groupes du crime organisé.
Les sommes tirées de la drogue, estimées à des milliards de dollars par année au Canada, servent à financer une vaste gamme d'autres entreprises criminelles.
D'après le bulletin Juristat de Statistique Canada intitulé « Statistiques de la criminalité, 2004 », les infractions liées à la culture de la marijuana ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant d'environ 3 400 en 1994 à 8 000 en 2004. D'après une étude de 2003 sur la culture de la marijuana en Colombie-Britannique, environ 39 p. 100 de tous les cas signalés de culture de marijuana, soit 4 514 cas, se situaient dans cette province. Entre 1997 et 2000, le nombre total de cas a augmenté de plus de 220 p. 100. Même si le nombre d'installations de culture en Colombie-Britannique s'est stabilisé entre 2000 et 2003, on estime que la quantité de marijuana produite est passée de 19 720 kilogrammes en 1997 à 79 817 kilogrammes en 2003 — un sommet en sept ans — en raison de la taille et du perfectionnement des installations.
Des enquêtes menées par la British Columbia Hydro ont révélé qu'à un certain moment, il aurait pu y avoir jusqu'à 17 000 installations de culture de marijuana. La hausse des activités illicites de production de marijuana ne s'est pas fait sentir qu'en Colombie-Britannique, mais partout au Canada. Même si on ne possède aucune donnée nationale sur la production de drogues synthétiques, des données de la GRC indiquent un accroissement constant des activités de production. La GRC a effectué des saisies dans 25 installations de production de drogue synthétique en 2002, dans 51 en 2003, dans 60 en 2004 et dans 53 en 2005. Sur les 60 saisies faites en 2004, 17 concernaient la production d'ecstasy et 40, la production de méthamphétamine. Sur les 53 saisies en 2005, 60 p. 100 concernaient la production de méthamphétamine et 30 p. 100, la production d'ecstasy. Les saisies d'ecstasy et de ses composantes sont passées de 1,5 million de comprimés en 2001 à plus de 70 millions de comprimés en 2006.
La consommation de drogues illicites peut nuire considérablement à la collectivité. Le cas des consommateurs et des producteurs de méthamphétamine nous en apprend beaucoup. Contrairement aux drogues mieux connues comme l'héroïne, la cocaïne ou la marijuana, la méthamphétamine pose des défis uniques. La méthamphétamine est une drogue synthétique. Il n'est pas nécessaire de cultiver des plantes pour la produire. En fait, sa production n'exige pas de formation ou de connaissances spécialisées, et les substances chimiques qui servent à la fabriquer sont relativement faciles à obtenir et peu coûteuses. Ces facteurs rendent la production de ces drogues attrayante tant pour le trafiquant que pour le toxicomane.
La méthamphétamine constitue aussi une menace pour les forces de l'ordre, qui doivent lutter à la fois contre les petits laboratoires clandestins et les super laboratoires contrôlés principalement par des organisations qui font le trafic des drogues.
Les petits laboratoires produisent des quantités relativement faibles de méthamphétamine et ne sont généralement pas liés aux grandes organisations qui s'adonnent au trafic de stupéfiants. Plusieurs facteurs ont favorisé la multiplication de ces petits laboratoires, notamment grâce à l'accès facile aux recettes sur Internet. L'utilisation généralisée d'Internet a d'ailleurs facilité la diffusion de la technologie utilisée pour fabriquer la méthamphétamine dans les petits laboratoires. Ce genre de partage de l'information permet une vaste diffusion de ces techniques à toute personne qui a accès à un ordinateur.
À part la marijuana, la méthamphétamine est la seule drogue illégale consommée que le consommateur peut facilement produire lui-même. Compte tenu de la relative facilité avec laquelle les fabricants et les « cuisiniers » peuvent obtenir les recettes et les ingrédients ainsi que par la simplicité du processus de fabrication, il est facile de comprendre pourquoi l'usage de cette drogue, qui crée une forte dépendance, se répand autant.
Les installations de production de méthamphétamine présentent également de graves dangers de sécurité et de santé publiques pour ceux qui se trouvent sur les lieux ou à proximité de ceux-ci. La production de méthamphétamine peut être à l'origine de blessures graves en raison des explosions, des incendies, des brûlures chimiques qu'elle peut causer et des vapeurs toxiques qu'elle dégage. Ces installations présentent des risques pour l'environnement, créent des problèmes de nettoyage et mettent en danger la vie et la santé des habitants de la collectivité.
Parmi les dommages indirects causés par la méthamphétamine, mentionnons les effets sur les familles, sur le personnel des écoles et les élèves, sur les responsables de l'application de la loi, sur le personnel des services de lutte contre les incendies, sur le personnel paramédical, sur les professionnels de la santé, sur les entreprises ainsi que sur tous les propriétaires fonciers. Ces personnes subissent les répercussions indirectes de la consommation de méthamphétamine.
Les premiers intervenants peuvent être exposés aux sous-produits de la fabrication — dangers d'incendie ou d'explosion — ou à la violence et aux agressions des toxicomanes.
La collectivité en général peut être exposée à la violence, aux dommages aux biens, au vol d'identité, à l'érosion de la sécurité publique, à la contamination des endroits publics provenant de l'élimination des sous-produits de fabrication et à une main-d'oeuvre non fiable ou réduite qui met en danger la sécurité des collègues de travail.
Comme vous pouvez le voir, monsieur le Président, la consommation et la production de drogues illicites peuvent entraîner des conséquences néfastes considérables pour le consommateur, le producteur, les familles, les organismes chargés d'appliquer la loi, les premiers intervenants et la collectivité.
En tant que parlementaires, c'est nous qui devons faire les lois au Canada. Il nous incombe de veiller à ce que ces lois prévoient les mesures appropriées pour régler les problèmes graves. Et qu'on ne s'y trompe pas, la consommation de drogues au Canada en est bien un. C'est un problème. Certains aspects de la situation se sont encore aggravés au cours des dernières années, et il est de notre devoir de réagir face à cette menace grandissante.
Le gouvernement a réagi aux dangers liés à l'augmentation de la production et à l'aggravation du problème de la drogue par ce projet de loi qui propose des peines minimales obligatoires pour ceux qui produisent cette drogue et en font le commerce.
Les modifications proposées à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances ne visent pas seulement à infliger des peines minimales. Le projet de loi contient une disposition permettant à certains délinquants qui seraient normalement visés par les peines minimales obligatoires de participer à un programme dispensé par ce qu'on appelle un tribunal de traitement de la toxicomanie.
Le Tribunal de traitement de la toxicomanie est un modèle d'intervention en toxicomanie en vigueur dans le système de justice pénale. Le Tribunal de traitement de la toxicomanie permet à des personnes, dont les activités criminelles résultent de leur consommation — par exemple des infractions liées à la drogue, comme la possession, la consommation ou le trafic non commercial de drogues ou des infractions contre les biens commises pour s'acheter de la drogue, comme les cambriolages ou les vols à l'étalage —, d'avoir la possibilité d'être traitées sous surveillance judiciaire au lieu d'être incarcérées.
Pour être admissibles, ces personnes doivent parfois répondre à des exigences imposées par certains tribunaux ou systèmes judiciaires. Un accusé admissible a deux choix: le programme du tribunal de traitement de la toxicomanie ou le processus traditionnel de justice pénale, ce dernier pouvant mener à différentes mesures, de l'amende jusqu'à l'incarcération.
En général, pour que cette personne puisse être officiellement admise à un programme du tribunal de traitement de la toxicomanie, elle doit plaider coupable aux accusations portées contre elle. Par la suite, si elle ne se conforme pas ou ne prend pas part à tous les aspects du programme, les conséquences peuvent aller d'une réprimande officielle ou de la révocation de la liberté sous caution, à la cessation du programme et à la condamnation à une peine d'emprisonnement ou de surveillance communautaire.
Même si le tribunal de traitement de la toxicomanie n'intervient qu'à l'initiative de l'accusé admissible et exige le consentement de celui-ci, les tribunaux de traitement de toxicomanie constituent une forme de traitement « coercitive ». Un modèle de tribunal de traitement de la toxicomanie bien conçu et bien mis en oeuvre compte plusieurs volets clés. Premièrement, il y a l'identification précoce des candidats répondant aux critères d'admissibilité et le commencement rapide du traitement. Deuxièmement, il y a l'accès à plusieurs types de programmes intégrant le traitement des contrevenants et de la toxicomanie, par exemple des problèmes d'alcool, de drogue, des questions de santé mentale.
Troisièmement, il y a la communication approfondie et constante entre le tribunal et le participant. Quatrièmement, il faut une supervision intensive et le dépistage antidrogue pour veiller à l'abstinence de toute substance intoxicante, le tout s'accompagnant d'un renforcement positif dans le cas d'observation du programme, et du recours à des sanctions dans le cas d'inobservation. Cinquièmement, il faut un partenariat entre les Tribunaux de traitement de la toxicomanie et des organismes communautaires afin d'accroître l'efficacité du programme. Sixièmement, il faut une formation continue des intervenants du domaine pour favoriser le fonctionnement efficace des Tribunaux de traitement de la toxicomanie. Septièmement, il faut un recours à une démarche non conflictuelle au sein du système judiciaire pour garantir la sécurité publique et respecter les droits des participants. Enfin, huitièmement, il faut une évaluation complète pour contrôler les objectifs du programme et en mesurer l'efficacité.
Comparativement aux approches classiques de la justice pénale, les Tribunaux de traitement de la toxicomanie permettent à la clientèle motivée d'éviter la prison et d'autres sanctions, d'accéder rapidement à des services de traitement grâce à leurs ressources et d'encourager les personnes à terminer leur traitement grâce à une surveillance et à une supervision intensives et fréquentes de la cour.
La participation au programme des Tribunaux de traitement de la toxicomanie est exigeante et le processus est intensif. Cette participation comprend la présence devant le tribunal jusqu'à deux fois par semaine, des tests d'urine au hasard et la participation aux traitements sur une base quotidienne, puis hebdomadaire, selon la progression du client dans le programme. Bien que certains participants commencent le traitement en établissement, tous participent à un traitement ambulatoire.
Dans certains endroits, il existe un seul fournisseur de traitements primaires alors que dans d'autres, de nombreux organismes communautaires fournissent ces traitements. L'équipe du Tribunal de traitement de la toxicomanie surveille étroitement la progression du client. Des rencontres préliminaires sont prévues afin de cerner les problèmes et de trouver des solutions possibles aux difficultés, à la rechute du client ou à son inobservation du programme. La présence devant le tribunal permet au client d'informer le tribunal de ses progrès et au tribunal de récompenser l'observation et la progression, de sanctionner l'inobservation ou d'imposer de nouvelles conditions ou interventions en vue d'aider le client à briser le cycle de la criminalité et de la dépendance.
Les programmes judiciaires de traitement de la toxicomanie sont très prometteurs et leur efficacité sera surveillée. Cet important projet de loi a été rédigé de manière à ne pas avoir d'effets sur des programmes de traitement.
Les Canadiens réclament que le droit pénal inflige des peines suffisantes à ceux qui commettent des crimes graves liés à la drogue. Le projet de loi répond à cette réclamation et prévoira des peines minimales sévères, mais justes.
:
Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi aujourd'hui.
[Traduction]
Je suis très heureux de prendre la parole à ce propos et à propos de la justice en général. Je devrais commencer en rappelant un vieux dicton en common law: « Justice tardive est déni de justice ». Normalement, il concerne les droits d’un accusé, mais je dirais que c’est envers la population canadienne qu’il y a déni de justice. Le gouvernement est au pouvoir depuis trois ans et les criminels continuent de sévir.
J’ai été dans l’antre de l’appareil judiciaire gouvernemental. La conception des lois et la fabrication des saucisses sont deux choses auxquelles on n’a pas envie d’assister, mais auxquelles on ne peut échapper. J’ai aussi fréquenté des abattoirs autrefois à Moncton. Je ne pense pas que les députés aient vraiment envie de voir comment on fabrique des saucisses. Je ne suis pas sûr non plus qu’ils auraient voulu voir comment ce gouvernement a conçu ses lois au cours des trois dernières années.
Il faut dire que les conservateurs n’ont pas du tout été efficaces. Si nous voulons nous attaquer aux racines de la criminalité et réaliser ce que souhaitent tous les parlementaires, c’est à dire instaurer la sécurité au sein des collectivités, nous devons prendre le problème par les deux bouts. Nous devons examiner le problème de la criminalité dans sa globalité. Nous ne sommes pas de ceux qui vont se pavaner à CTV ou à Radio-Canada pour passer aux nouvelles en disant qu’ils agissent contre le crime et en montrant le projet de loi qu’ils vont déposer. Nous n’avons pas, nous, interrompu les travaux du Parlement à coups de prorogations. C’est ce que ce gouvernement a fait. Il a commis une injustice en retardant la justice.
Le gouvernement peut toujours avoir recours à ce qu’il considère être sa solution, sa panacée, et qui n’est en fait qu’une simple loi, mais il ne semble pas comprendre qu’une loi toute seule ne permettra pas de régler les problèmes que représentent le crime organisé, la toxicomanie, le culte de la drogue et la narcocriminalité dans cette collectivité.
C’est pour cela que je vais prendre un peu de temps non seulement pour parler du projet de loi , mais aussi pour parler de toute la question de la drogue au Canada.
Il y a quelques semaines, nous avons accueilli à Ottawa une délégation de la Colombie-Britannique qui a aussi rencontré des membres du gouvernement. Ce serait mentir que de prétendre que nous ne sommes pas en train de réagir à une situation très grave en Colombie-Britannique, mais il y en a d’autres tout aussi graves à North Preston et à Halifax. Il y a aussi des situations graves à Montréal, à Toronto, à Winnipeg, à Calgary et partout ailleurs au Canada.
Toutefois, ce sont les policiers, les procureurs et tous ceux qui, sous l’uniforme, font respecter nos lois en Colombie-Britannique, qui sont en première ligne.
Le procureur général de la Colombie-Britannique, qui faisait partie de la délégation, est venu adresser des demandes très précises au gouvernement. À titre de premier conseiller juridique de la province de la Colombie-Britannique, il a formulé des demandes précises auxquelles le gouvernement n’a pas répondu. Celles-ci n’auraient pourtant pas nécessité une entreprise gargantuesque; il ne demandait rien de plus que ce qu’on aurait pu attendre d’un gouvernement compétent qui réagit à une situation. Comme je le disais, le gouvernement peut compter non seulement sur un conseil de la reine très compétent, député depuis 20 ans et procureur général, mais aussi sur deux excellents secrétaires parlementaires qui représentent ce qu’il y a de mieux au Canada; l’un, anglophone, qui vient du comté d’Albert, au Nouveau-Brunswick, et l’autre, francophone, qui vient du Québec.
Malgré les ressources impressionnantes et les grands esprits qu’il a mobilisés sur ce dossier, le gouvernement n’a pas été en mesure de répondre adéquatement, rapidement et complètement aux besoins du procureur général de la Colombie-Britannique. Ces besoins sont pourtant simples et sont le résultat de petites choses qui, sous l’effet des lois en place, ont pris de l’ampleur pour finir par faire obstacle au travail des policiers en Colombie-Britannique. Comme je l’ai déjà indiqué dans l’une de mes interventions, la divulgation est devenue très pesante pour les forces publiques.
Les procureurs et les forces policières se livrent une petite guerre administrative pour ce qui est de respecter l'obligation de divulgation énoncée clairement dans l'arrêt Stinchcombe. Parfois, les procureurs veulent avoir un dossier papier. Ils ne sont pas prêts à passer à des dossiers électroniques. Bien souvent, les policiers qui recueillent les premières informations sont pris à en faire des photocopies. Dans bon nombre de provinces, les procureures doivent examiner eux-mêmes la preuve afin de déterminer quelles accusations porter. Dans certains cas, cela signifie regarder des vidéos pendant des heures.
On pourrait s'attendre à ce qu'un gouvernement répondant à un besoin dise qu'il a le pouvoir de modifier la loi et de proposer des modifications législatives suite à l'arrêt Stinchcome, afin de préciser les critères concernant l'exactitude de l'information et la rapidité avec laquelle elle doit être divulguée. Cependant, on pourrait également s'attendre à ce qu'il fournisse des fonds et des ressources aux forces policières et aux services des poursuites pour qu'ils puissent respecter l'obligation de divulgation. Malheureusement, il n'a rien fait de tel. Il préfère la solution législative.
Curieusement, de ce côté-ci, nous avons remarqué aujourd'hui que, alors que tous les partis de l'opposition étaient prêts à renvoyer rapidement ce projet de loi au comité, le semblait être le seul à marcher à contre-pas. Il ne semblait pas comprendre que tous voulaient renvoyer le projet de loi au comité et il a piqué une petite crise, ce qui a retardé le processus.
Nous ne nous opposons pas à ce que ces projets de lois soient étudiés au comité. Ceux-ci seront soumis à l'examen rigoureux qu'effectue le comité chaque fois qu'il est saisi d'une mesure, à moins que les travaux des comités ne soient définitivement stoppés à cause d'une prorogation, situation que nous avons connue depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir il y a trois ans.
J'ai fait de la politique municipale. À cette époque, nous avions un mandat de trois ans. Si j'avais fait aussi peu pour les citoyens de Moncton pendant mon mandat que le gouvernement a fait dans le dossier de la justice, on ne m'aurait pas accordé un deuxième mandat. Je pense qu'après trois ans, il est grand temps que les députés d'en face arrêtent de dire que, de ce côté-ci, nous sommes de récents convertis à la question de la justice.
Malgré toutes les contributions du député de à la législation canadienne, les conservateurs le traitent quand même de récent converti. Si les libéraux sont de récents convertis, cela laisse entendre que les conservateurs n'ont jamais été croyants, ou encore qu'ils viennent tout juste de trouver la foi. Ils sont toujours ingénus et ne saisissent pas les grands enjeux qui, après trois ans, devraient pourtant être clairs. Il faut se pencher sur les causes profondes de la criminalité et de la toxicomanie et sur la façon dont nous appliquerons les quatre piliers qu'ont adoptés les habitants des quartiers centraux des villes britanno-colombiennes.
Même les partisans du programme de justice des conservateurs — je pense notamment aux représentants de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique qui étaient ici hier — reconnaissent que la loi à elle seule ne suffit pas. Même eux nous diraient que personne ne naît criminel. On devient un criminel quand on adopte un style de vie qui mène à la prison. Malheureusement, le gouvernement présente encore et encore des mesures législatives qui ne sont axées que sur un seul pilier ou, pour utiliser un terme technique, sur seulement un des principes de la détermination de la peine prévus dans le Code criminel, c'est-à-dire l'incarcération.
Le projet de loi constitue une initiative fort valable à l'égard des problèmes graves que nous connaissons au Canada, à savoir l'application de la loi aux personnes qui utilisent, importent et vendent des stupéfiants. Il est tout particulièrement important de souligner, comme l'a fait mon collègue, le secrétaire parlementaire, les mesures qui ont été prises en réaction à la hausse de l'utilisation de la méthamphétamine.
Nous avons connu certaines réussites, sans que des lois du genre n'aient été édictées, et la Chambre devrait s'en réjouir aujourd'hui. Il n'est pas étonnant qu'un exemple nous vienne du Nouveau-Brunswick à cet égard. Nos forces policières interviennent au quotidien partout au Canada et nous n'en faisons pas suffisamment de cas.
Les salaires des vaillants agents de la GRC ont été réduits, comme s'ils étaient des fonctionnaires ordinaires ou des députés. À une époque où la GRC connaît certaines difficultés sur les plans du recrutement et des ententes contractuelles avec les municipalités partout au pays, il serait peut-être opportun de nous demander, comme députés et comme Canadiens également, ce que fait le pour épauler la GRC. Qu'en est-il de l'esprit de corps à la GRC?
Ne serait-il pas souhaitable que nous puissions lire des reportages comme celui-ci de façon constante? Il nous vient de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Voici ce dont il est question:
Le nombre de saisies de méthamphétamine au Nouveau-Brunswick a doublé au cours de la dernière année selon la GRC [...] Il est passé d'environ 45 en 2007 à 90 en 2008.
Voilà une bonne nouvelle. Comme l'a dit mon collègue, le secrétaire parlementaire, il s'agit d'une drogue à l'effet très pernicieux et accoutumant. Nous y voyons la preuve que la GRC, si elle est dotée des ressources nécessaires, et abstraction faite de toutes les nouvelles initiatives législatives, est en mesure d'intervenir de façon efficace.
Je souhaite tout d'abord demander au gouvernement de se réveiller, et ce, à deux égards. Premièrement, il propose une mesure législative qui, comme solution, ne représente qu'une amélioration restreinte, et dont nous avons proposé le renvoi immédiat au comité. Les députés constateront également que, au sujet du projet de loi , tout au moins pour ce qui est de la position du Parti libéral, nous en avons également appuyé le renvoi au comité pour étude, mais, du côté des conservateurs, rien ne me laisse croire que leur programme propose d'autres solutions au problème.
Récemment, au comité, il y a eu une petite fissure dans l’armure, lorsque l’autre secrétaire parlementaire a déclaré que personne n’avait suggéré que ces projets de loi sont la panacée. C’est un bon début. On regarde dans le miroir et on se rend compte qu’on essaie de faire croire aux Canadiens que nous réglons les problèmes liés aux crimes en diffusant les nouvelles au téléjournal du soir. Ce serait agréable à entendre de la part des conservateurs. Ce serait agréable d’entendre les députés conservateurs dire que la route sera longue, que le financement adéquat des services de police et des procureurs est une solution au problème et qu’investir, moralement et mentalement, dans la réduction et la prévention des préjudices et dans les interventions pendant la petite enfance pour contrer le crime à la racine, sont d’autres solutions. Ce serait agréable à entendre, pour tous les Canadiens.
En ce qui concerne le projet de loi, la Loi réglementant certaines drogues et autres substances serait modifiée pour inclure une peine de prison obligatoire d’un an, imposée pour le trafic de drogues, comme la marihuana, si ce trafic est fait pour le compte du crime organisé.
Il y a autre chose que le gouvernement pourrait faire. Je sais que le ministère de la Justice, si on le lui demandait, serait prêt et heureux de réviser la définition de crime organisé.
L’ajout de définitions de crime organisé nous a permis d’améliorer le Code criminel. Toutefois, si on la compare à la loi RICO en vigueur aux États-Unis, la définition semble plus limitée. Elle n’est pas assez contemporaine, surtout lorsqu’il est question de gangs de rue, car dans certains cas un gang est formé de deux personnes et les députés ne sont pas sans savoir que les dispositions de crime organisé du Code criminel s’appliquent à un groupe formé d’au moins trois personnes.
Les criminels utilisent des méthodes de plus en plus sophistiquées et s’adaptent plus rapidement aux situations juridiques que notre Parlement ne promulgue des lois pour réagir.
Cela n’a rien avoir avec les peines minimales obligatoires, les peines d’emprisonnement avec sursis ou la répression du crime. En fait, il faut partir du principe que le Code criminel est un document organique. Loin de moi l’idée de vouloir verser dans l’agriculture, mais un document organique, c’est un peu comme un jardin. Nous devons prendre soin de ce jardin et comprendre qu’il faut fertiliser certaines plantes. Certaines plantes doivent être couvées, protégées et arrosées. C’est un peu ça le Code criminel.
Certaines dispositions sont tellement désuètes que le seul grand procureur général conservateur se retournerait dans sa tombe, et je parle de sir John Thompson qui, en 1892, a rédigé le Code criminel. Je sais que je remonte à plus de 100 ans en arrière pour faire un grand compliment aux conservateurs. Je suppose que c'est endémique en ce lieu. Il n'en demeure pas moins que c'est lui qui a rédigé le Code criminel et qu'il se retournerait dans sa tombe s'il voyait à quel point il est archaïque à certains égards.
Après trois ans, le gouvernement devrait avouer qu'il n'a pas réussi à moderniser le Code criminel.
Pour ce qui est du crime organisé, le Code criminel doit être mis à jour. S'agissant du Code criminel et de toutes les questions entourant les mandats, électroniques ou autres, les procureurs doivent faire des études supérieures pour savoir combien de mandats différents ils pourraient devoir demander au juge avant de pouvoir les utiliser.
Ces choses ne prêtent absolument pas à la controverse. Ce sont des éléments qui auraient pu être présentés au Parlement au cours de la première année, de la deuxième, maintenant, ou, espérons-le, la semaine prochaine si quelqu'un entend ce que je dis. Ce sont des points qui amélioreraient l'application de nos lois.
Ce projet de loi édictera une peine d'emprisonnement obligatoire de deux ans pour le trafic de drogues comme la cocaïne, l'héroïne, l'amphétamine auprès des jeunes ou pour le trafic de ces drogues près d'une école ou d'un endroit généralement fréquenté par des jeunes. Une peine d'emprisonnement obligatoire de deux ans sera aussi infligée pour l'exploitation d'une installation de culture de marijuana d'au moins 500 plants. Ce sont là des peines très ciblées auxquelles nous ne pouvons pas nous opposer quand les problèmes augmentent de façon exponentielle dans certaines régions du pays. Ces dispositions sont parfaites pour un problème très précis.
Ce programme de prévention du crime pèche par son manque de globalité. Pourquoi les conservateurs n’ont-ils pas annoncé d'autres mesures législatives qui seraient plus efficaces?
Dans les législatures passées, nous avons déjà débattu la question des peines minimales obligatoires. Les opinions sont partagées. Je ne suis pas expert de la question, mais je sais que d’autres membres du comité ont assisté à des heures et des heures de témoignage par une multitude d’experts qui étaient également divisés sur la question. Toutefois, la majorité de ceux-ci ont estimé que le renforcement des peines dans le cas des producteurs et des trafiquants de drogue servirait seulement à effrayer le menu fretin. C’est bien, car il y a effectivement lieu d’effrayer tous ceux qui seraient tentés de commettre ce genre de crimes. Je songe ici au deuxième pilier de la détermination des peines selon le Code criminel, soit la dissuasion. Espérons que ces peines dissuaderont certains petits producteurs, les jeunes et ceux qui sont inexpérimentés. C’est une bonne chose, mais elles ne permettront pas de dissuader le crime organisé.
Les projets de loi et sont cousins et, même s’ils traitent de crime organisé, ils le font d’une façon qui, si l’on ne change pas la définition du code, risque de ne pas avoir l’effet recherché.
Les Canadiens doivent être conscients d’une chose: ce n’est pas parce que le gouvernement vient de déposer deux projets de loi semblant cibler des problèmes actuels — très particuliers, très aigus et bien connus — que ces problèmes seront réglés demain. Si le gouvernement du Canada, par la voix de son , se présente de nouveau devant une caméra en prétendant que tout sera réglé, il ne fera que donner de faux espoirs à la population canadienne. Depuis que je suis arrivé ici, il ne cesse de répéter que tout sera réglé, mais rien n’a changé.
Il est important aussi de souligner que les peines obligatoires ont été essayées dans d’autres pays. L’imposition de telles peines dans les affaires de drogues ont transformé les États-Unis en premier geôlier du monde avec 2,3 millions de prisonniers, selon les données de l'International Centre for Prison Studies de Londres. Les États-Unis connaissent aussi le plus haut taux d’incarcération par habitant, avec 751 personnes en prison par tranche de 100 000 habitants. C’est beaucoup plus que la Russie, plus que la Chine et plus que le Canada.
Personne de ce côté-ci n’est opposé à l’idée d’incarcérer ceux qui commettent de mauvaises actions. Personne n’est contre cela, mais on se trompe si on pense que les peines obligatoires sont un remède aux problèmes qui nous affligent, si on pense que c’est la seule solution. Le fait que le gouvernement nous fasse croire cela sans avoir engagé des ressources suffisantes dans les établissements qui devront accueillir ces condamnés revient à doublement faire croire aux Canadiens qu’ils ont lieu d’espérer.
Cela étant, et en conclusion, j’espère, en tant que membre du comité, que nous allons continuer à travailler dans un esprit non partisan, comme c’est le cas depuis le début de cette législature. Je félicite les deux secrétaires parlementaires et j’attends avec impatience de pouvoir examiner ce projet de loi.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole en cette Chambre au sujet du projet de loi . Encore une fois, comme je le disais la semaine dernière pour le projet de loi de mon collègue de — c'est la même chose —, j'ai l'impression que l'on se retrouve en cette Chambre à faire le
Jour de la marmotte de façon continue parce que l'on discute des mêmes projets de loi. Ce projet de loi avait été présenté par le précédent ministre de la Justice lors de la dernière législature. Il a été modifié de quelques façons pour parler un peu plus de réhabilitation, mais pas suffisamment pour que cela change vraiment les choses.
Comme mon collègue le disait plus tôt, ce gouvernement semble vouloir instaurer des projets de loi qui ne font que punir, plutôt que de penser aux raisons essentielles pour lesquelles les jeunes et les personnes se retrouvent dans des milieux ou des éléments criminels.
Il faut absolument que nous songions avant toute chose à nous pencher sur les effets et les causes de la criminalité. Nous savons fort bien que nos jeunes de 15 à 24 ans, qui sont dans une proportion de 2,5 p. 100 des consommateurs de drogues, se trouvent très désoeuvrés dans la crise économique que nous connaissons aujourd'hui. Souvent, ils font partie de familles qui sont au chômage et qui n'ont pas la possibilité d'avoir accès à des prestations d'assurance-emploi. Souvent, ils font partie de familles dont les membres ont perdu leur emploi depuis plus d'un an et n'ont donc plus de prestations d'assurance-emploi. Il s'agit de personnes qui se retrouvent dans une pauvreté évidente et pour lesquelles le gouvernement ne fait rien.
Quand les jeunes se retrouvent dans de telles situations, c'est certainement plus difficile pour eux d'avoir à faire face à la réalité et que c'est plus facile de se tourner vers des solutions faciles. Ce n'est pas parce que je suis pour cela. Croyez-moi, des jeunes aux prises avec des habitudes comme la meth ou le crack, ce n'est pas joli à voir et ce n'est pas souhaitable pour nos enfants.
Cependant, lorsqu'on pense à imposer des peines minimales, il est très important de se rappeler que, même aux États-Unis où l'on impose des peines minimales dans plusieurs États dont la Californie, la Floride et le Montana, on choisit d'accorder aux procureurs et aux cours la possibilité de donner et d'imposer des peines en deçà de la peine minimale imposée pour certaines infractions.
Au contraire, au Canada, les juges n'ont d'autre choix que d'imposer la peine minimale donnée pour une infraction quelconque. Cela veut dire que l'on peut se retrouver avec des jeunes qui ont certes fait de graves erreurs, mais qui seront confrontés à des peines minimales desquelles ils n'apprendront rien. Ce n'est pas en prison que l'on apprend quoi que ce soit.
C'est aussi décevant de ne pas voir, dans le projet de loi, de moyens pour aider les jeunes à se sortir de l'emprise de la drogue ou pour aider les adultes à s'en sortir. Comme le disait plus tôt ma collègue de , des projets fonctionnent très bien. Par exemple, il y a InSite, à Vancouver, qui fonctionnait de façon vraiment efficace et qui permettait de réduire de façon importante les risques associés à la prise de drogue injectable.
Cependant, le gouvernement ne croit pas qu'il s'agisse de bons programmes. Même si l'Organisation mondiale de la Santé, le maire et les policiers de Vancouver ainsi que les médecins disent qu'InSite est un bon programme, la dit qu'on n'en veut pas, que ce n'est pas un bon programme, qu'on veut absolument se débarrasser de toutes les personnes qui prennent des drogues illicites, donc, qu'on se débarrasse d'InSite. Ce n'est pas la façon de faire.
En emprisonnant les gens qui ont des problèmes de drogue injectable, bien souvent, on les condamne à devenir victimes du VIH.
Bien souvent, quand on emprisonne des personnes qui ne s'injectaient pas de drogues, mais qui prenaient quand même du cannabis ou d'autres drogues dites douces, elles se retrouvent avec des habitudes de drogue très différentes et, fréquemment, elles se retrouvent à prendre des drogues injectables. Quand c'est le cas, elles n'ont pas nécessairement les outils pour les prendre adéquatement. Donc, 30, 40 détenus se passent une seringue et on se retrouve avec des situations de sida, de VIH, très importantes. Cela fait que la population carcérale est de plus en plus en danger. Nos enfants sortent de ces prisons après avoir été soumis à prendre des drogues de cette façon-là sans savoir s'ils sont porteurs du VIH. Bien souvent, maintenant, une personne peut vivre avec le VIH pendant de nombreuses années avant que l'on ne découvre qu'elle est sidatique. À ce moment-là, elle peut transmettre la maladie à plusieurs personnes sans que cela ne soit son bon vouloir.
Je suis consciente que le gouvernement veut probablement bien faire en rédigeant ce projet de loi, mais il faut absolument que ce projet de loi se retrouve au Comité permanent de la justice et des droits de la personne pour qu'on puisse y apporter les amendements nécessaires afin qu'il reflète un peu plus la société dans laquelle nous vivons.
On sait que malgré le fait que le projet de loi n'ait pas été adopté l'année dernière, la criminalité causée par les gens qui prennent des drogues a quand même diminué de 3 p. 100 l'année dernière. Puisque la criminalité a diminué sans qu'il y ait d'incitatifs — comme des peines de prison qui empêcheraient les gens de vouloir faire des actes criminels —, comment se fait-il que l'on s'empresse de vouloir mettre des peines minimales pour s'assurer que les jeunes ne prendront pas de drogue? Ce n'est pas ainsi que cela fonctionne. Ce n'est pas parce qu'on dit à une personne que si elle se fait arrêter avec 3 kg de marijuana, elle ira en prison pour deux ans, que la personne arrêtera nécessairement de se promener avec ses 3 kg de marijuana, quand cela représente son pain et son beurre. Si c'est son pain et son beurre, cette personne ne pensera pas tellement à arrêter de vendre sa marijuana.
Il y a d'autres façons de faire comprendre à nos jeunes et à la population que la drogue, ce n'est pas nécessairement là où il faut aller et ce qu'il faut prendre pour avoir une meilleure vision des choses, une meilleure saisie sur les choses. En tant que femme, je sais que plusieurs femmes sont aux prises avec ce phénomène. Elles sont aux prises avec des conjoints qui consomment des drogues ou des conjoints qui, malheureusement, vendent des drogues. Cela aussi, c'est un problème. En effet, comme dans la plupart des cas, les femmes n'ont pas le soutien du gouvernement en ce qui concerne la violence faite à leur endroit ni en ce qui concerne l'assurance-emploi. Si leur conjoint ne peut plus vendre de drogues, elles vont se retrouver encore bien plus rapidement à la rue. Je vois ma collègue du Comité permanent de la condition féminine qui sourit. Elle comprend très bien pourquoi je dis cela. Je ne dirais pas son nom, mais elle se reconnaît.
C'est un projet de loi qui va beaucoup trop loin dans l'application de peines minimales. Il va beaucoup trop loin dans la pensée idéologique conservatrice. Il ne vient pas s'assurer que nos jeunes ou les autres ne prendront ou ne vendront pas de drogues. C'est un projet de loi pour assurer aux conservateurs qu'ils auront une bonne presse alors qu'ils ne font rien pour empêcher la prise de drogues à la base.
Je trouve cela dommage, d'autant plus que cela fait déjà plusieurs années que l'on répète et que l'on répète encore que des programmes doivent être mis sur pied pour s'assurer que nos jeunes, que les personnes qui sont victimes ou celles qui sont habituées aux drogues — tant aux drogues dures qu'aux drogues plus douces — puissent aller en désintoxication et puissent survivre à leurs difficultés sans avoir à passer par la prison.
C'est bien malheureux quand on voit qu'on veut envoyer des jeunes de 14, 15 ou 16 ans en prison pour des causes comme celles-là. Ce n'est certes évidemment pas drôle de voir les personnes qui décèdent d'abus de drogues. Cela se produit aussi avec de l'héroïne, de la morphine, de la cocaïne et du crack. On a vu des documentaires vraiment choquants et torturants pour une mère, mais en même temps, je me dis que, comme mère, je ne voudrais surtout pas voir mon enfant en prison pour avoir commis un délit de la sorte. Je souhaiterais plutôt qu'il reçoive l'aide nécessaire pour s'en sortir. On a vu des documentaires qui nous ont choqués.
Lorsque j'écoute les conservateurs parler de leurs programmes et de leurs projets de loi, tout ce que j'entends est lié à la pénalisation et à la criminalisation, mais jamais lié à la réhabilitation et à l'aide qu'on peut apporter aux gens. Je trouve cela dommage, parce que cela donne une image très pernicieuse.
Les Québécois et les Québécois ont assez entendu parler de peines pour les jeunes délinquants l'année dernière lors de la dernière campagne électorale et ils ont fait savoir aux conservateurs ce qu'ils en pensaient. Or ils en pensent toujours la même chose. Peu importe ce que nos collègues conservateurs nous diront, les Québécois et les Québécoises savent qu'il est toujours préférable de pratiquer la réhabilitation et d'aider nos jeunes à se réhabiliter, plutôt que de les envoyer en prison pour des peines, peu importantes soient-elles.
Il y a quelques années, nous nous étions assurés que le ministre de la Santé reconduise le mandat d'InSite à Vancouver pour au moins un an. Lorsqu'il l'avait fait, lui et moi en avions longuement parlé, parce qu'à l'époque, je croyais vraiment dans sa capacité de reconnaître l'importance de programmes tels que celui-là.
Chez nous, au Québec, on a de nombreux programmes qui répondent aux besoins des consommateurs de drogues qui voudraient arrêter d'en consommer. On a de nombreuses maisons qui s'occupent des jeunes qui veulent arrêter de prendre des drogues, et de nombreux programmes gratuits pour les jeunes, tels que la Maison Jean-Lapointe ainsi que plusieurs autres centres de désintoxication où nos jeunes peuvent aller. Bien souvent, ces centres permettent à nos jeunes de très bien s'en sortir. Ils en sortent plus forts et mieux outillés pour la vie, et ce, sans avoir à passer par une condamnation pénale qui les rendrait probablement criminels pour le restant de leurs jours.
Mon collègue de , qui a longtemps oeuvré dans le domaine de la justice au Québec, qui a traité de ces sujets et de ces cas, et qui a même défendu des cas de personnes habituées à la drogue, a vu des succès dans les cas de personnes qu'il a traités, parce qu'il a soumis ces personnes à des cures de désintoxication et les a amenées à comprendre l'importance de la désintoxication et de la réhabilitation. Et cela fonctionne!
Contrairement à ce que nous disent nos collègues conservateurs, les peines minimales ne fonctionnent pas, puisque cela ne fonctionne pas aux États-Unis où l'on observe une recrudescence de la criminalité. On le voit depuis des années, depuis que les peines minimales ont été instaurées, et cela ne fonctionne pas plus. Les juges doivent se débrouiller dans leurs différents comtés et États pour demander aux procureurs et à la justice américaine de déroger à la loi afin de pouvoir décider par eux-mêmes de la sentence à donner. Ils voient et ils sont conscients que les peines minimales ne fonctionnent pas et que, bien souvent, ces peines sont beaucoup trop lourdes en regard du crime commis.
J'espère qu'en cette Chambre, on ne fera pas encore une fois l'erreur de ne pas écouter le ministère la Justice du Canada, qui avait produit un très bon document expliquant tout cela et disant qu'ici, il ne devrait pas y avoir de peines minimales parce que les juges n'ont pas le droit d'aller en deçà de celles-ci.
J'espère que nos collègues vont réfléchir ardemment avant de vouloir faire adopter le projet de loi sans amendement et sans modification.
Pour notre part, il est certain que nous voulons étudier ce projet de loi au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, où mon collègue d' se fera un plaisir de l'étudier à fond et d'y apporter les modifications nécessaires. Lui aussi, il connaît bien l'esprit des Québécois et des Québécoises, et il connaît bien l'esprit de la loi. Il sait surtout très bien que si on veut une justice équitable, il faut d'abord avoir les moyens de rendre une justice équitable.
Pour cela, il faut commencer par mettre l'argent là où ça compte. Il faut commencer par mettre l'argent dans les programmes de soutien aux familles pour combattre la pauvreté et dans le logement social. Il faut s'assurer que toutes les femmes, les enfants et les hommes ont ce qu'il faut pour manger, pour payer le loyer et pour être heureux.
L'une des grandes raisons pour lesquelles les gens prennent des drogues, qu'elles soient dures ou douces, c'est qu'ils croient que les drogues vont les mener au bonheur, alors qu'elles ne les mènent nulle part sauf, bien souvent, sur le chemin de la mort.
Encore une fois, j'espère que mes collègues y penseront à deux fois avant de vouloir que ce projet de loi soit adopté trop rapidement. C'est ce que le semblait vouloir ce matin. J'espère qu'il va réfléchir et être un peu moins vigoureux dans sa demande d'adopter le projet de loi rapidement.
Nous devons nous assurer que ce projet de loi reflète bien les besoins de la population, et non pas l'idéologie du parti au pouvoir, l'idéologie du Parti conservateur.