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Monsieur le Président, quand nous pensons au registre des délinquants sexuels et aux crimes sexuels en général, nous ne pouvons pas nous empêcher de songer à nos propres enfants ou aux enfants dans nos familles. Il est difficile de penser à des crimes plus répréhensibles que les crime sexuels, plus particulièrement ceux qui sont commis contre des enfants.
Je crois que tous les députés conviendraient que nous devrions mettre à la disposition des responsables de l'application de la loi tous les outils efficaces possibles pour nous assurer de pouvoir prévenir les crimes ou, en cas de crime, de pouvoir se rendre auprès des victimes le plus rapidement possible et les sortir du danger.
Nous avons entendu parler des Stephenson, qui ont perdu leur fils et qui ont participé à l'élaboration de la loi de Christopher. Cette loi a permis la mise en place en Ontario d'un registre très efficace, qui est utilisé des centaines de fois par jour et qui fait l'objet d'un bien plus grand nombre de recherches que le registre national. La réussite de ce registre fait ressortir l'échec du registre national. En effet, quand nous examinons les statistiques, nous constatons que le registre de l'Ontario est utilisé quatre fois plus par jour que le registre national est utilisé pendant une année. C'est difficile à croire.
Je crois que tout le monde s'entend aux Communes pour dire que le registre des délinquants sexuels a besoin d'être modernisé et amélioré, et je suis heureux de ce débat.
Je suis très déçu par l'approche qu'adopte le gouvernement. Au sein du comité, tous les partis ont souscrit à une approche coopérative. Les membres du comité étaient tous d'accord pour dire que c'était un sujet d'importance et qu'il fallait qu'un examen ait obligatoirement lieu. Ils étaient d'accord pour que la loi soit mise à jour et pour qu'on procède à cette mise à jour avec soin et de manière réfléchie. Nous avons entendu des témoins de tous les horizons, qui sont venus indiquer au comité quels types de changements devaient être apportés. Nous nous attendions à ce qu'un rapport soit présenté, et cette présentation devait avoir lieu cette semaine.
Imaginez notre étonnement lorsque le gouvernement a mis ce projet de loi au Feuilleton et a ainsi court-circuité le travail fait par le comité de manière non partisane pour trouver une solution par la collaboration. Il est facile d'imaginer ce que ressentent les témoins qui sont venus donner leur point de vue au comité sur ces changements.
Le résultat de cette hâte est un projet de loi qui, bien franchement, est loin d'être parfait. Il aurait fallu mettre à profit les idées du comité. Il aurait fallu prendre le temps d'incorporer ces idées au projet de loi. La question qui se pose est la suivante: Pourquoi le gouvernement a-t-il mis fin à une démarche du comité, alors qu'il était sur le point de la terminer en procédant demain à l'étude article par article? Pourquoi le gouvernement a-t-il voulu court-circuiter cette démarche?
La seule explication possible réside dans la volonté du gouvernement de détourner l'attention du public. Il lui fallait trouver une façon de faire oublier ses erreurs en cascade, comme la mauvaise gestion de l'économie, la croissance folle du déficit et de la dette, la mauvaise gestion de la crise des isotopes médicaux. Comment s'y est-il pris? Il a inscrit précipitamment au Feuilleton un tas de mesures sur la criminalité et la justice pour avoir l'air de sévir contre les criminels.
Ainsi, au lieu de permettre à la Chambre d'étudier un projet de loi qui aurait été le fruit des recommandations des témoins, d'un examen obligatoire et d'un consensus au sein du comité, il s'est dépêché de présenter un projet de loi qui évacue un certain nombre de questions, ce qui est très déplorable.
Je veux parler de quelques éléments du projet de loi et de certains aspects du travail du comité qu'il faudra refaire pour mettre le projet de loi sous une forme qu'un projet de loi de cette nature mérite.
Tout d'abord, nous devons comprendre que peu importe les améliorations que nous apportons au registre des délinquants sexuels, ce n'est pas une panacée. Nous ne devons pas croire que c'est là la solution aux crimes à caractère sexuel. Il faut faire encore beaucoup de travail ailleurs que sur le registre pour réduire le nombre de victimes. Une bonne partie de ce travail doit porter sur les programmes de réinsertion sociale et de prévention afin d'éviter au départ que des crimes soient commis.
Nous n'entendons jamais le gouvernement parler de prévention, de travailler pour empêcher que des crimes soient commis, de donner aux détenus les compétences, les outils et l'aide dont ils ont besoin pour devenir des membres productifs de la société et abaisser le taux de récidive. Ce n'est pas là une priorité du gouvernement, ce qui est regrettable parce que c'est très important.
Deuxièmement, nous devons travailler avec tous les ordres de gouvernement, de toutes les manières possibles, pour mettre l'information et les meilleures pratiques en commun et nous assurer que nous ne nous contenterons pas d'intégrer nos efforts d'exécution, mais que nous travaillerons également ensemble pour rompre le cycle de la violence et des abus qui sont si souvent symptomatiques des crimes à caractère sexuel.
Une des dispositions clés du projet de loi, c'est l'inscription automatique au registre des délinquants sexuels. On justifie la mesure en affirmant qu'en ce moment, beaucoup d'individus ne se retrouvent pas dans le registre parce que les juges peuvent décider de ne pas les y inscrire. En fait, le nombre de non-inscrits est très élevé. D'un point de vue philosophique, nous n'avons pas d'objection à l'idée d'une inscription automatique. Nous voulons un registre efficace, mais nous devons tout de même prendre certaines précautions, car, sans cela, nous pourrions remplir le registre de très nombreux noms de délinquants sexuels dont certains ne seraient pas vraiment dangereux. Lorsqu'un crime serait commis et que les policiers vérifieraient au registre, ils pourraient y trouver des gens qui ne sont pas du tout susceptibles d'avoir commis ce crime. Cela ralentirait les enquêtes et diminuerait l'efficacité du registre.
J'aimerais, en guise d'exemple, parler d'un des termes qu'on a inclus dans le projet de loi, soit le voyeurisme. On peut bien s'imaginer des situations dans lesquelles une personne reconnue coupable de voyeurisme mérite d'être inscrite au registre des délinquants sexuels, comme une personne qui aurait épié, à travers une fenêtre, un enfant dans sa chambre. Un telle personne devrait figurer dans le registre des délinquants sexuels. Voilà le genre d'activité que nous voudrions viser. Que dire des personnes dans leur appartement qui observent ce qui se passe dans un autre appartement? Il est clair qu'elles ne devraient pas s'adonner à ce genre d'activité. C'est clairement inapproprié. Cependant, peut-on les qualifier de délinquants dangereux? Veut-on vraiment les mettre sur la liste, ce qui alourdirait le processus et ralentirait le délai d'intervention des policiers?
Quand j'ai demandé aux agents de police qui ont comparu devant le comité ce qu'ils feraient dans une telle situation, s'ils attrapaient quelqu'un en train de commettre une infraction mineure de voyeurisme et ne pensaient pas qu'il méritait d'être automatiquement inscrit au registre des délinquants sexuels, ils m'ont répondu qu'ils ne l'arrêteraient pas. Cela risque de poser problème. Si nous ne veillons pas à bien formuler la mesure et à maintenir un certain équilibre, les infractions mineures ne feront l'objet d'aucune poursuite parce que les agents de police ou la Couronne jugeront qu'il serait injuste que les auteurs de ces infractions traduits en justice se retrouvent inscrits au registre des délinquants sexuels.
Aucun député ne souhaite que des gens puissent impunément commettre des infractions mineures de nature sexuelle, comme un écart de conduite au bureau ou une action malavisée à une fête. On ne voudrait sûrement pas fermer les yeux sur de telles choses de crainte que ces personnes se retrouvent inscrites au registre des délinquants sexuels. Il faut donc veiller à dresser une liste d'infractions de manière à ce que les personnes inscrites au registre des délinquants sexuels soient des personnes réellement dangereuses susceptibles de commettre des crimes et d'être dans la cible des enquêteurs.
Troisièmement, et il en a été question en comité, nous avons besoin de nous assurer que les juges bénéficieront d'une certaine liberté d'expression dans les cas extraordinaires. En d'autres termes, le seuil doit être très haut. Un juge devra donner ses raisons et devra respecter des normes très élevées. Cependant, s'il y en avait pour estimer qu'inscrire certains noms dans le registre des délinquants sexuels relèverait de l'erreur judiciaire flagrante, ou que ce serait complètement injuste et disproportionné par rapport au crime commis, dans ces cas-là, nous espérons qu'on laisserait suffisamment de latitude au juge pour décider.
Si nous supprimons complètement le pouvoir discrétionnaire des juges, nous ne nous débarrassons pas du pouvoir discrétionnaire pour autant. Encore une fois, j'insiste sur le fait que nous transférons juste le pouvoir discrétionnaire du juge à ceux qui sont responsables des condamnations, soit la Couronne et la police.
Le projet de loi est important et il prend en considération un certain nombre de choses dont nous avions parlé en comité. Il permet d'utiliser le registre des délinquants sexuels de manière préventive. L'un des défauts du système sous sa forme actuelle est que les agents d'exécution de la loi ne peuvent pas utiliser le registre des délinquants sexuels de manière proactive. Dans les cas où il se passe quelque chose de bizarre, il n'y a pas encore eu de délit certes, mais un individu se trouve là où il ne devrait pas être et se conduit de manière bizarre, à l'heure actuelle, dans ces cas-là, les agents ne peuvent consulter le registre pour voir si l'individu concerné représente un risque. C'est sûr, nous aimerions que le registre des délinquants sexuels soit utilisé de manière proactive, pour faire en sorte que, dans ce genre de situation, la police s'en serve afin d'éviter qu'un crime n'ait lieu en premier lieu.
Le point important suivant est que le projet de loi étend le partage et l'utilisation des renseignements et autorise les organismes accrédités d'application de la loi à partager et à utiliser ces renseignements. L'accès au Registre national des délinquants sexuels ne devrait pas être réservé uniquement aux responsables de l'application de la loi. Ni la GRC, ni les services de police ne devraient taire les renseignements qu'ils possèdent. Ils devraient les partager et les communiquer, car sinon toutes sortes de choses passent entre les mailles du filet, ce qui donne un système qui, honnêtement, n'est pas efficace.
Le projet de loi étend et autorise le partage et l'utilisation des renseignements. C'est là que nous devons faire attention et nous allons nous assurer — au comité — que le partage des renseignements aura lieu uniquement entre les services de police. Nous ne voulons pas que ces renseignements soient divulgués au public ou tombent entre les mains de personnes qui voudraient se faire justice elles-mêmes ou court-circuiter la police. Lorsque des renseignements provenant du Registre national des délinquants sexuels sont tombés entre les mains du public, le résultat a été catastrophique et n'a pas amélioré la sécurité du public. Nous devons donc faire en sorte que cela ne se produise pas.
Une autre chose importante, que l'on réclame depuis longtemps, est de s'assurer que si une personne commet une infraction sexuelle à l'étranger et revient au Canada, les renseignements sont consignés et versés au Registre national des délinquants sexuels. Nous ne voulons pas qu'une personne qui commet des crimes à l'étranger puisse revenir au Canada sans que ces renseignements ne figurent dans le Registre national des délinquants sexuels. C'était une lacune importante que ce projet de loi comble.
Nous appuyons le principe du prélèvement automatique d'échantillons pour analyse génétique et l'inscription des résultats dans la banque de données. Par contre, là encore, nous devons étudier cette question au comité et nous assurer qu'on est parvenu à un juste équilibre en la matière et que les renseignements seront utilisés de manière intelligente et mesurée.
Il aurait suffi à quiconque d'être à l'écoute des délibérations du comité pour comprendre que la mesure législative comportait des lacunes importantes. Si cela est passée inaperçu, c'est peut-être à l'empressement du gouvernement ou à ses efforts pour détourner l'attention du public. Cependant, les services de police et les groupes de défense des droits des victimes nous ont dit à quel point il est important de veiller à ce que le registre des délinquants sexuels contienne des renseignements sur les véhicules, comme le numéro de plaque, la marque, le modèle, l'année et d'autres caractéristiques permettant l'identification. C'est souvent le véhicule que l'on identifie en premier lieu. L'information doit être mise à jour régulièrement. Ainsi, ceux qui changent de véhicule doivent être obligés de fournir aux autorités policières une mise à jour de l'information à ce sujet. Or, il n'y avait rien de cela dans la mesure législative. J'en ai été fort étonné.
Je n'aborderai pas tous les aspects. Cependant, il est assez surprenant par exemple que la présentation du projet de loi n'ait donné lieu à aucune discussion et à aucun effort de coordination concernant des investissements dans des aspects comme les logiciels et la technologie. Les données ne sont valables que dans la mesure où elles peuvent être recoupées avec d'autres et analysées de manière à ce que les agents de police puissent se trouver à la bonne place au bon moment.
Par exemple, pour établir un lien entre les infractions passées et la situation actuelle, ainsi que le modus operandi, il faut un système de logiciels pouvant intégrer l'ensemble de l'information et la représenter graphiquement pour permettre aux agents de police d'agir de façon instantanée. Comme nous le savons, avec les crimes de cette nature, le temps presse. Avec chaque seconde qui passe, il est de plus en plus vraisemblable, par exemple, qu'une personne enlevée ne sera pas trouvée ou qu'un contrevenant ne sera jamais condamné.
Je pense que l'on peut dire que ce projet de loi devrait passer à l'étape suivante et être renvoyé au comité. Cependant, il est très malheureux, je ne saurais trop le dire, que le gouvernement ait décidé de court-circuiter l'ensemble du travail du comité et de présenter la mesure à la Chambre. L'examen du comité aurait grandement amélioré la mesure. Le comité a adopté une résolution selon laquelle, essentiellement, cette façon d'agir compromet le fonctionnement des comités du Parlement et reflète un grand manque de respect pour le Parlement. On ne le dira jamais assez fort.
Après avoir vu une telle chose se produire, je sais que la prochaine fois qu'on nous demandera de revoir un projet de loi, les témoins et les membres du comité hésiteront certainement à placer un projet de loi gouvernemental en haut de la liste des priorités. Si c'est ainsi que l'on compte traiter les comités, c'est-à-dire en rejetant leur contribution, ce n'est guère réjouissant. C'est même pire que d'être rejetés. Il arrive qu'on nous ignore, mais dans ce cas, c'est encore pire que d'avoir été ignorés. On ne nous a même pas donné la chance de présenter quoi que ce soit qui aurait pu être ignoré, ce qui nous a grandement déçu.
Nous appuierons sûrement un renvoi de ce projet de loi au comité. Bon nombre d'améliorations s'imposent. Nous devrons refaire le travail et rappeler tous les témoins. Nous le ferons parce que c'est important. Je sais que c'est un sujet qui préoccupe tous les députés et, de notre côté de la Chambre, cela nous préoccupe énormément.
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Monsieur le Président, nous sommes ici en train d'étudier un projet de loi extrêmement important. Il est important à double titre. Le registre des délinquants sexuels existe depuis un moment. Il était prévu dans la loi un délai où un comité devait l'étudier avant que le Parlement décide s'il devait faire des ajouts ou le changer. C'est le Comité permanent de la sécurité publique et nationale qui en était chargé. Le comité a commencé son étude et était sur le point de la terminer. Pourtant, le ministre arrive avec son projet de loi et il est évident qu'il n'a tenu aucunement compte des suggestions du comité parce que le comité était en train de rédiger son rapport.
Le comité avait fait diligence, mais le ministre a évidemment décidé de ne tenir aucunement compte des suggestions qui lui auraient été faites, des audiences qui ont été tenues ou des témoignages entendues devant le comité. C'est insultant pour les membres du comité, mais ce n'est pas si pire parce que lorsqu'on est en politique, il faut accepter de se faire insulter de temps à autres de façon très injuste. C'est une carapace qu'on sait bâtir avec le temps, sans nous faire perdre la sensibilité qui nous permet de percevoir l'opinion de nos électeurs. Je crois surtout que cela discrédite le travail du Parlement et la façon dont le gouvernement travaille. Il travaille comme s'il n'avait pas de Parlement devant lequel il était responsable.
Par contre, c'est insultant pour les électeurs qui, voyant un sujet qui peut leur tenir à coeur — et je crois qu'il y en a plusieurs au Québec et au Canada sur ce sujet —, viennent donner leur opinion à leur député pour que l'on en tienne compte. Effectivement, c'est arrivé. Nos députés nous en parlent, sachant que nous siégeons au comité. Cela nous permet de faire des suggestions, mais elles ne sont d'aucune utilité parce que le ministre décide de n'en tenir aucunement compte et présente son projet de loi.
Je trouve le sujet sérieux, mais cela me rappelle quand même une anecdote amusante dans ma carrière. Il m'est arrivé une fois dans ma carrière d'avocat qu'un juge nous invite à faire de parts et d'autres des représentations sur sentence. Quand nous avons terminé nos représentations sur sentence, sans quitter l'audience, il a sorti un jugement écrit. Heureusement qu'il y avait une Cour d'appel pour corriger les erreurs qu'il avait faites en ne tenant pas compte de remarques très pertinentes que j'avais formulées et qui ont été prises en considération par la Cour d'appel.
Ensuite, il est intriguant de voir que le ministre se sauve. Il vient ici défendre son projet de loi. À la fin de la journée, alors qu'il ne reste pas suffisamment de temps pour qu'on entende son discours et qu'on puisse poser des questions, il se sauve à la fin puisqu'il est prévu qu'on parle d'un autre sujet à partir de cette heure, mais il ne revient jamais. Je le comprends d'avoir honte de son comportement quoi que j'en doute. Peut-être n'a-t-il même pas honte? Il n'en tiendrait aucun compte de toute façon.
C'est un projet de loi excessivement complexe sur un sujet qui aurait pu être exposé beaucoup plus simplement. Il apporte déjà quelques améliorations sur lesquelles nous pourrions probablement élaborer, mais je ne veux pas livrer de secrets tant que nous n'aurons pas produit notre rapport. Il y a tout de même ici certaines améliorations, comme celle d'ajouter dans la liste des infractions pour lesquels le juge devrait ordonner que le délinquant soit sur la liste des délinquants dangereux celle de forcer quelqu'un à la bestialité. La bestialité est un crime rare. Personnellement, en 27 ans de pratique, je n'ai vu qu'un seul cas de bestialité et ce n'était pas une cause dont je m'occupais. C'est une cause que j'ai vu plaidé devant moi. On avait ordonné un huis clos. La salle n'avait jamais été aussi pleine. Tous les avocats de la région sont venus assister à cette cause étrange. Il s'agissait de bestialité sur une vache. L'ouvrier agricole avait été surpris par une fille qui venait raconter cette étrange histoire. On pouvait entendre les dénégations de la personne.
De toute façon, je pense que la bestialité relève plus de la maladie mentale que des crimes. C'est un crime qui est généralement commis par des gens qui ont une capacité mentale réduite et qui sont sur le bord de la maladie mentale. Évidemment, s'ils vont jusqu'à forcer quelqu'un, c'est l'infraction qui est prévue pour la bestialité. Cela démontre une dépravation qu'il est important d'avoir dans le registre des délinquants. Quant au meurtre, on peut bien le rajouter, mais les meurtriers, que je sache, sont condamnés à de lourdes peines de prison et ils sont en prison pour un temps déjà considérable.
Ensuite, une autre amélioration est apportée. Elle est typique du comportement des conservateurs. La loi le prévoyait déjà pour les infractions considérées les plus graves, mais en fait, cela couvre à peu près tout l'éventail des infractions sexuelles, particulièrement toutes celles qui impliquent des enfants. Cela est fort compréhensible et également souhaitable dans cette loi.
Cependant, pour toutes ces infractions, le juge devrait automatiquement ordonner que cet individu soit placé sur la liste des délinquants sexuels dangereux, mais ce n'est malheureusement pas fait dans tous les cas. Le juge n'avait pas essentiellement de discrétion, sauf une que j'expliquerai tout à l'heure. On a donc trouvé que les procureurs de la Couronne n'utilisaient pas ce pouvoir assez souvent. Ainsi, plutôt que d'aller corriger le problème chez les procureurs de la Couronne — ce qui est typique des dispositions des conservateurs qui ne prennent pas de chance et qui règlent la question — cela va maintenant être automatique.
Qu'arrivera-t-il si les procureurs de la Couronne — qui n'indiquaient pas, par oubli ou pour un autre motif, que la personne ne devrait pas être inscrite sur ce registre — ne le signalent pas au juge ou si le juge n'y pense pas? Est-ce que cela va être décidé de façon administrative? On aura probablement notre réponse un peu plus tard à ce sujet.
Je suis étonné qu'on n'en profite pas pour se poser les questions sérieusement. Cela fait longtemps que les fonds consacrés aux procureurs de la Couronne à travers le Canada, et le Québec aussi, ne sont pas suffisants. Voilà un domaine où il y a encore un déséquilibre fiscal et les provinces n'ont pas suffisamment d'argent pour assumer leurs responsabilités constitutionnelles. Comme on le sait, bien que le droit criminel relève du fédéral, l'administration de la justice relève des provinces. La complexité d'une loi criminelle est une augmentation considérable, ce qui donne un travail considérable aux procureurs de la Couronne. Il n'est donc pas étonnant que certains d'entre eux n'aillent pas jusqu'à demander l'application de la loi dans des conditions comme celles-là.
Au cours des audiences publiques que nous avons entendues et dont nous pouvons parler ici, un exposé extrêmement intéressant a été fait en regard à l'application de la loi ontarienne, qui est maintenant considérée comme la meilleure. Le député d' signalait avec justesse qu'en une journée, elle est appliquée quatre fois plus souvent que la loi fédérale dans toute une année. Après écoute des audiences publiques, on constate qu'il est important de savoir que cette liste ne doit être consultée que par des policiers et qu'elle doit être confidentielle.
La création d'un tel registre a un but préventif et ne doit pas être considérée comme une punition ou une stigmatisation qui découragerait ceux qui font véritablement des efforts pour corriger leurs perversions sexuelles au cours des sentences qu'ils subissent et par la suite. Certaines perversions sexuelles sont extrêmement difficiles à corriger. On me dit que l'attirance envers les enfants est à peu près impossible à arrêter. Ce qui est possible, toutefois, c'est d'empêcher le passage à l'acte. Si ces gens sont trop stigmatisés ou harcelés par les policiers, le découragement risque de les prendre et de nuire aux efforts qu'ils font pour tirer un bénéfice des traitements qu'ils ont reçus.
Les policiers de l'Ontario sont informés de cela. Ils l'appliquent et ont une attitude professionnelle lorsqu'ils doivent entrer en contact avec des gens inscrits au registre qui pourraient être soupçonnés, simplement à cause du voisinage, de l'enlèvement d'un enfant. Ils ne sont soupçonnés pour aucune autre raison. Si ce n'est pas eux, l'approche doit être faite de façon professionnelle.
Ce registre peut être utilisé pour prévenir des crimes. Ils s'en servent plus couramment lorsqu'un enfant a été enlevé. Cela indique effectivement où effectuer les recherches. Je ne me souviens pas exactement des statistiques, mais l'enlèvement suivi d'un meurtre à la suite d'abus sexuels survient très souvent dans les premières heures de l'enlèvement. Il s'agit d'un outil utile aux policiers. Dès que l'enlèvement d'un enfant a lieu, ils peuvent consulter rapidement le registre pour voir s'il y a des délinquants sexuels dans l'entourage de l'enfant indiqués au registre. Ce registre est aussi important pour certains types de crimes, comme pour l'enlèvement lorsque l'on ne sait pas encore si c'est à des fins sexuelles ou à d'autres fins. Il serait toutefois normal que l'on donne ces informations.
Cela nous amène encore à l'opération pratique d'un pareil système et à une certaine réflexion. Est-ce vraiment important que l'on multiplie le nombre d'infractions sexuelles qui amènent les gens à être dans ce registre? Quand les policiers le vérifient à la suite de l'enlèvement d'un enfant, au lieu de leur présenter 15 suspects probables, on leur en présente 400 ou 500. Le temps que les policiers prendront pour faire le tour de ces 500 personnes est du temps qui ne sera pas utilisé pour des recherches peut-être plus pertinentes. Il y a donc aussi des défauts à trop utiliser ce registre. Il fallait en tenir compte et il est évident que ce n'est pas dans l'habitude des conservateurs de le faire. C'est toujours la méthode la plus dure, et non la plus efficace.
Soit dit en passant, il n'y a qu'une raison pour laquelle on n'attend même pas le rapport du comité. C'est pour montrer que l'on fait quelque chose, sans toutefois avoir ce véritable souci que ce que l'on fait soit efficace. Entre autres, on ajoute ici les obligations de fournir des échantillons d'ADN. C'est très important. C'est un autre registre que nous avions étudié. Notre rapport n'est pas encore publié et on ne nous a pas encore présenté un projet de loi à cet égard. On sait toutefois par la vérificatrice générale que le registre de l'ADN ne reçoit pas les fonds nécessaires.
Ainsi, il est certain qu'on peut obtenir des résultats dans un délai très court dans des cas urgents, mais pour 99 p. 100 des autres cas, qui ne sont pas urgents, les délais peuvent être de plus d'un an avant d'avoir une réponse lorsqu'on consulte la banque d'ADN. Or je vois qu'on finance cela à la hauteur de 2 à 3 millions de dollars par année. D'ailleurs, la banque d'ADN est tellement surchargée qu'on a adopté deux lois l'an dernier qui permettaient encore d'avoir des échantillons d'ADN. Or les laboratoires actuels n'ont pas encore commencé et ne peuvent pas commencer à entrer les inscriptions dans le registre d'ADN parce que, justement, ils ne sont pas assez financés.
On nous a rappelé aussi que la formation d'un scientifique qui sera capable de témoigner en cour en matière d'ADN doit durer entre 18 mois et deux ans. Il est donc évident qu'on devrait donner les fonds nécessaires pour que cette banque soit plus opérationnelle. Là, c'est encore un cas où on lui garroche un autre paquet d'expertises à faire, sans qu'on n'ait vraiment d'indication que le gouvernement est prêt à donner les fonds nécessaires pour que ce soit appliqué.
D'autres améliorations ne sont pas apportées dans ce projet de loi qui, soit dit en passant, a 35 pages. On aurait pu traiter de ce sujet de façon beaucoup plus courte. On le fait encore dans un état de confusion et dans une langue incompréhensible pour le commun des mortels, et même pour ceux qui sont habitués à lire ces lois. Cela fait longtemps que je dis au fédéral que les lois mal écrites sont d'abord mal comprises pour être ensuite mal appliquées, et il continue à faire ces applications. On voit ici que les procureurs de la Couronne, encore une fois, n'appliquent pas la loi, quoique dans ce cas-ci, je dois dire qu'elle était relativement simple quant à l'obligation qui leur est faite.
On surcharge donc encore les registres. À un moment donné, il faut se demander sérieusement si cette surcharge ne nuit pas à l'efficacité que les policiers peuvent en retirer.
De toute façon, on avait besoin d'améliorer cette loi après trois ans. Ce n'est pas comme pour d'autres lois où on avait cette obligation de le faire, notamment la Loi antiterroriste. Encore là, on a eu beau faire des suggestions d'amélioration, aucune n'a été retenue. Ici, il est heureux de penser que si nous avions fait quelques suggestions d'amendement, elles auront été mises en vigueur. C'est typique de cette amélioration qui vise à avoir, dans le registre des armes à feu, l'enregistrement du véhicule des délinquants sexuels dangereux. Si effectivement, il y a un enlèvement d'enfant et qu'on voit la personne entrer dans un véhicule, il est important de pouvoir consulter la banque, et si on a un numéro d'enregistrement, on voit si cette personne est sur la liste des délinquants sexuels dangereux.
Nous sommes d'accord avec le principe des changements. Le problème est que nous étions prêts à y collaborer, que nous y avons collaboré, mais le ministre n'en tient aucunement compte. Malgré le ministre, nous allons faire un travail utile en apportant les changements qui s'imposent au projet de loi qu'il nous a présenté au mauvais moment.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole, au nom du Nouveau Parti démocratique, au sujet des points forts et des lacunes du projet de loi .
Comme d'autres intervenants l'ont dit avant moi, le projet de loi modifie diverses lois, en particulier la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, ainsi que la loi régissant la banque nationale de données génétiques. Je parlerai de ces deux importantes mesures législatives, décrirai brièvement comment ce projet de loi les améliorera, et dirai comment, selon nous, une coopération de tous les partis à l'étape du comité pourrait régler certaines des lacunes du projet de loi.
Je vais commencer par la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, entrée en vigueur le 15 décembre 2004, et qui prévoyait la création d'une base de données nationale sur les délinquants sexuels. La LERDS, comme on l'appelle, s'applique conjointement avec les paragraphes 490.011 à 490.032 du Code criminel du Canada.
L'objet et le principe de cette loi, aux termes du paragraphe 2(1), c'est, « en exigeant l’enregistrement de certains renseignements sur les délinquants sexuels, d’aider les services de police à enquêter sur les crimes de nature sexuelle ». La base de donnée contient des renseignements comme leur adresse et numéro de téléphone, les infractions commises, les faux noms qu'ils ont peut-être utilisés, les marques qui permettent de les identifier, le nom de leur employeur, leurs tatouages et l'heure à laquelle ils quittent leur lieu de résidence. Le registre sert à améliorer la protection de la population en aidant la police à identifier les suspects possibles qui se trouvaient à proximité du lieu d'une infraction.
La réalisation de l'objet de la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels repose sur les principes suivants. Premièrement, les services de police, pour veiller à la protection de la société au moyen d’enquêtes efficaces sur les crimes de nature sexuelle, doivent avoir accès rapidement à certains renseignements sur les délinquants sexuels. Deuxièmement, la collecte et l’enregistrement réguliers de renseignements exacts constituent le moyen le plus efficace de faire en sorte que ceux-ci soient à jour et fiables. Troisièmement, la vie privée des délinquants sexuels et l’intérêt du public dans leur réhabilitation et leur réinsertion sociale en tant que citoyens respectueux des lois requièrent que les renseignements ne soient recueillis que pour permettre aux services de police d’enquêter sur des crimes dont ils ont des motifs raisonnables de croire qu’ils sont de nature sexuelle et que l’accès aux renseignements, leur communication et leur utilisation soient restreints.
Au cours de notre étude de ce projet de loi, j'ai été frappé par des statistiques dont je vais parler dans quelques instants. Des agents de police qui ont comparu devant le comité lors de cet examen ont expliqué que la rapidité d'exécution est cruciale lorsqu'on enquête sur tous les types de crimes, mais qu'elle l'est encore plus quand il est question de crimes de nature sexuelle, en particulier dans le cas d'enfants victimes d'enlèvement.
Lors de sa comparution, la surintendante principale Lines a présenté des statistiques à cet effet. Elle a souligné que, dans les cas d'enlèvement et de meurtre d'enfants, 44 p. 100 sont assassinés dans l'heure suivant leur enlèvement, 74 p. 100, dans les trois heures, et 91 p. 100, dans les 24 heures.
On peut constater à quel point il est crucial que nos forces policières puissent avoir accès extrêmement rapidement à une banque de données sur les délinquants sexuels connus, en particulier, comme je l'ai dit, dans les cas où des enfants sont en cause.
Le registre national des délinquants sexuels, que j'appellerai « le registre », est administré et maintenu par la GRC à l'échelle nationale. Lors de la condamnation pour une infraction sexuelle désignée qui est prévue dans la loi — c'est-à-dire une longue liste d'infractions à caractère sexuel figurant dans une catégorie —, la Couronne peut présenter une demande d'ordonnance. Le Code criminel prévoit une autre catégorie d'infractions qui ne sont pas à caractère sexuel en tant que tel, mais qui peuvent comporter un élément sexuel, comme l'introduction par effraction. En temps normal, l'introduction par effraction n'est pas une infraction sexuelle, mais si une personne commet cette infraction en vue de perpétrer une agression sexuelle, alors la deuxième catégorie prévoit un type d'infraction pour lequel on peut demander l'inscription de l'individu coupable au registre.
Actuellement, au moment de la déclaration de culpabilité, la Couronne peut présenter une demande afin d'obliger le délinquant sexuel à s'inscrire au registre. Une telle ordonnance doit être prise le plus vite possible après le prononcé de la peine pour une infraction désignée ou après que le tribunal a déterminé que le délinquant n'était pas criminellement responsable de l'infraction à cause d'un trouble mental. Pour certaines infractions désignées, le tribunal doit prendre l'ordonnance après que la Couronne ait prouvé hors de tout doute raisonnable que l'infraction a été commise dans l'intention de commettre une infraction désignée de nature sexuelle.
Cela dit, il y a une exception. Quand le tribunal reçoit une telle demande, il n'est pas tenu de prendre l'ordonnance au sens de cet article si le délinquant le convainc que l'effet de cette ordonnance sur sa liberté ou sa vie privée aurait un effet nettement démesuré par rapport à l'intérêt que présente, pour la protection de la société, la tenue d'une enquête sur des crimes de nature sexuelle. Cet article du Code criminel exige aussi que le tribunal explique pourquoi il accepte ou rejette une ordonnance d'inscription au registre.
Je vais faire une pause ici pour souligner deux principes importants de la loi actuelle que ce projet de loi vise à changer.
Premièrement, les délinquants sexuels ne sont actuellement pas automatiquement inscrits au registre au moment de leur déclaration de culpabilité. La prise d'une ordonnance à cet effet est laissée à la discrétion de la partie poursuivante et du tribunal.
Deuxièmement, il y a renversement du fardeau de la preuve sur l'accusé. Il ne faut pas croire que ces ordonnances sont difficiles à obtenir ou sont fortement contestées; l'ordonnance est automatiquement acceptée à moins que l'accusé ne puisse lui-même prouver au tribunal que l'ordonnance aurait sur lui ce qu'on appelle un effet nettement démesuré.
Les avocats qui siègent dans cette enceinte savent qu'il est plutôt inusité, dans notre système juridique, que le fardeau de la preuve soit sur l'accusé et qu'un effet nettement démesuré est très difficile à quantifier.
Bref, selon la loi actuelle, un procureur peut présenter une demande, à sa discrétion. Ces demandes sont habituellement acceptées, à moins qu'un accusé ne réussisse l'exploit de prouver que l'ordonnance ne devrait pas être acceptée.
Nous verrons pourquoi les ordonnances d'inscription constituent, en termes de durée, une lourde obligation pour les délinquants qu'elles visent. La durée d'une ordonnance d'inscription est prévue à l'article 490 du Code criminel. Elle est établie en fonction de l'infraction commise et trois cas différents sont prévus. Les délinquants reconnus coupables d'une infraction punissable par voie de déclaration sommaire de culpabilité seraient inscrits pendant 10 ans, ceux pour qui la peine maximale se situe entre 10 et 14 ans seraient inscrits pendant 20 ans et ceux dont la peine prévue est l'emprisonnement à perpétuité seraient inscrits à vie.
Pour ce qui est de l'obligation de s'inscrire, tout délinquant sexuel faisant l'objet d'une ordonnance doit fournir à la police, dans les 15 jours suivant la signification d'un avis à cet effet, de nombreux renseignements, notamment son adresse et son lieu de travail, la description de toute marque physique distinctive ou tatouage et tout nom d'emprunt et il doit aviser de toute absence de plus de 15 jours. De plus, si un de ces renseignements change, le délinquant doit en informer le service de police local sans délai. En bref, ces ordonnances sont vraiment sérieuses. Comme il se doit, elles limitent considérablement et pendant une longue période la liberté des personnes qui en font l'objet.
En outre, il est important de noter que, dans le préambule et l'énoncé de l'objet, il est très clairement indiqué que le projet de loi vise à aider les services de police à prévenir les crimes de nature sexuelle. Cela signifie que, avant de consulter la base de données, la police doit avoir des motifs raisonnables de croire qu'une infraction a été commise et qu'elle est de nature sexuelle.
Certains agents de police qui ont témoigné devant le comité ont déclaré qu'il s'agit d'une disposition trop rigide, particulièrement dans le cas d'un enlèvement d'enfant. Lorsqu'un enfant est porté disparu, la police peut avoir des motifs raisonnables de croire qu'une infraction a été commise, mais ne pas disposer de suffisamment d'information pour savoir s'il s'agit d'un délit à caractère sexuel.
Selon les néo-démocrates, il est raisonnable d'élargir cet objectif afin que les agents de police n'aient pas à remplir des critères si rigoureux et puissent accéder rapidement au registre.
De plus, les agents de police ont dit qu'ils ont besoin des renseignements sur les véhicules; c'est là une autre lacune du projet de loi. À l'heure actuelle, un délinquant visé par une telle ordonnance n'est pas tenu de soumettre l'immatriculation de son véhicule. Nous pensons qu'il est important d'amender la mesure en conséquence parce que, très souvent, les délinquants sexuels en voiture sont vus près d'une école ou d'un autre endroit où pourraient se trouver des citoyens vulnérables et il est important que la police sache à quel nom le véhicule est enregistré afin de pouvoir répondre rapidement.
Je vais prendre quelques instants pour parler des principes. Les néo-démocrates comprennent et appuient le droit de tous les Canadiens d'être en sécurité et à l'abri du danger partout dans la société canadienne, chez eux, au travail, dans la collectivité. Tout particulièrement, nous voulons que les femmes soient à l'abri de toute forme de violence et de harcèlement. Nous voulons que les personnes âgées puissent être en sécurité et traitées avec respect dans les rues et que nos enfants soient en sécurité où qu'ils soient.
Les Canadiens se sont exprimés à ce sujet. Ils veulent se sentir en sécurité et être à l'abri du danger, et ils ont absolument raison. Les néo-démocrates défendent depuis longtemps le droit de tous de vivre en sécurité. D'ailleurs, mon parti a toujours été le plus ardent défenseur dans ce dossier parce qu'il a toujours défendu le droit de tous les citoyens de vivre en sécurité, dans tous les sens du terme, pas seulement physiquement mais économiquement, socialement et culturellement.
Les Canadiens se sont également prononcés sur leurs attentes an matière de politique sur la criminalité. Ils veulent un système de justice pénale efficace, efficient et juste parce que notre système de justice pénale est un élément important de la grande question de la sécurité. Il nous faut des lois bien conçues et clairement rédigées. Il nous faut une force policière qui dispose des ressources suffisantes, un système de justice capable de punir les contrevenants efficacement et en temps opportun. Il nous faut des politiques fondées sur de bons principes de justice et qui rendent justice aux victimes du crime, livrent des peines efficaces et contribuent à la protection de la société.
De plus, et c'est, je dirais, ce qui différencie mon parti de tous les autres partis de la Chambre, au NPD, nous préconisons les stratégies de prévention. Nous croyons en la réadaptation des individus, à savoir qu'ils peuvent devenir des citoyens respectueux des lois qui contribuent de manière productive à la vie de la société. Nous croyons en la justice, en la compassion et en l'idée que presque toute personne qui enfreint les règles sociales mérite qu'on lui propose de tenter de se racheter et qu'on lui donne la possibilité de recevoir l'aide dont il a besoin pour régler les problèmes qui sont si souvent l'origine profonde d'un comportement déviant.
Ce qui est encore plus important, c'est que nous croyons que toute la société trouve son intérêt dans ces principes; sinon, nous allons emprisonner tous ces gens pour le reste de leur vie naturelle parce que 99,9 p. 100 des condamnés retournent dans la société. Nous avons tous intérêt à faire tout ce que nous pouvons pour empêcher les criminels de commettre d'autres délits.
Les questions soulevées dans ce projet de loi ont à voir avec ces principes. Dans certains cas, le projet de loi les respecte. Dans d'autres cas, le projet de loi qui nous est présenté les écorne. C'est pourquoi nous accordons un appui essentiel à ce projet de loi avec réserve à l'étape de la deuxième lecture. Nous reconnaissons que certains objectifs et certaines méthodes proposés dans cette mesure législative sont fondés, mais nous en étudierons les détails très soigneusement, nous demanderons des éclaircissements importants et éventuellement, nous proposerons des amendements afin que cette mesure législative respecte les principes énoncés ci-dessus.
Je siège au Comité de la sécurité publique et nationale qui a étudié ce projet de loi au cours des deux derniers mois. Des témoins ont comparu devant le comité et ont témoigné, notamment des policiers, la Commissaire à la protection de la vie privée, des groupes de défense des victimes et des avocats de la défense. Ils ont pris le temps de venir témoigner devant le comité alors que nous examinions ce projet de loi.
Je ne suis pas encore assez cynique pour penser que le travail des comités ne sert à rien, que le respect des membres du comité — y compris les membres de l'opposition — importe peu et que le témoignage des personnes qui ont comparu n'est pas utile.
Alors que nous mettions la touche finale à notre ébauche de rapport — que nous n'avions pas encore présentée au ministre — le ministre a présenté ce projet de loi, lequel modifie la mesure législative que nous étudiions. Le ministre, faisant preuve d'un manque flagrant de respect pour le travail du comité, n'a pas eu la courtoisie d'attendre que nous publiions notre rapport et lui faisions part de nos recommandations. Je trouve cela irrespectueux et scandaleux. C'est un manque de respect total pour les analystes qualifiés qui nous ont aidés, pour les témoins qui ont comparu devant notre comité et pour tous les membres du comité. Je dois le mentionner.
Cette mesure législative n'était pas urgente. Ce n'était pas une question d'intérêt national exigeant que le gouvernement prenne des mesures immédiatement. L'examen entrepris par le comité était prévu par la loi, qui stipulait qu'elle devait être étudiée par un comité dans les deux ans pour vérifier le bon fonctionnement du registre. Le ministre n'a pas attendu le résultat de cet examen.
Je crois qu'il y a une raison à cela. Les conservateurs font très souvent passer la politique avant les bons processus d'élaboration des politiques. Ils ont accumulé un énorme déficit. Au cours des six derniers mois, ils sont passés de la négation de la récession à la reconnaissance d'une récession technique pour enfin avouer que la récession était bien ancrée. Il y a six mois, il y avait un excédent budgétaire. Puis, on a parlé d'un déficit de 34 milliards de dollars, et maintenant nous en sommes à 50 milliards de dollars. Il y a des problèmes de gestion à Chalk River. Il est évident que chaque fois que le gouvernement éprouve des difficultés à l'échelle nationale, il revient à son programme de lutte contre la criminalité et présente quelques mesures législatives rapidement fignolées pour détourner l'attention des Canadiens des vrais problèmes auxquels il est confronté.
La mesure législative portant sur le registre des délinquants sexuels comporte certains aspects positifs. Par exemple, elle assouplit l'accès au registre. Elle élargit l'éventail des renseignements accessibles, comme la banque d'enregistrement des véhicules dont j'ai parlé. Elle permet également aux policiers d'informer les autorités d'autres régions du Canada ou d'autres pays de la venue d'un délinquant sur leur territoire. Tous ces objectifs sont louables et les néo-démocrates les appuieront.
Le projet de loi présente toutefois des problèmes. Tout d'abord, la mesure législative propose l'enregistrement automatique de tous les délinquants qui commettent l'une des infractions énumérées. Cela fait disparaître la discrétion judiciaire et le pouvoir discrétionnaire de poursuivre. La majorité des infractions prévues au Code criminel du Canada qui seraient visées par cette loi pourraient sans problème être soumises à un enregistrement automatique, mais il y a tout de même d'autres infractions, comme les agressions sexuelles, qui sont des infractions mixtes pouvant faire l'objet de poursuites par voie sommaire ou par voie de mise en accusation. Il pourrait arriver qu'il ne soit pas approprié de rendre une ordonnance contre une personne reconnue coupable de cette infraction et il devrait revenir au procureur ou au juge de déterminer quand il convient d'avoir recours à une telle exception.
La présente mesure législative rend l'enregistrement automatique pour toutes ces infractions. Cela fait partie de l'approche de nos vis-à-vis à l'égard de la criminalité qui tend à fait disparaître tous les pouvoirs discrétionnaires du système judiciaire, à ne pas faire confiance aux procureurs et aux juges et à ne pas reconnaître leur compétence à juger les causes dont ils sont saisis.
Cette mesure permet aussi aux services de police de consulter le registre à des fins de prévention. En tant que membre du comité j'ai entendu tous les témoins, et personne n'a vraiment fourni de détails quant à la façon dont on procéderait à cet égard. Actuellement, la loi vise clairement à aider la police à élucider les crimes. C'est son objectif. Elle ne vise pas à aider la police à prévenir la criminalité. Qu'est-ce à dire? Est-ce à dire que la police peut faire une recherche dans la base de données, se rendre dans la collectivité et s'adresser tout simplement aux gens? De graves questions relatives à la vie privée et à la nécessité de protéger le public se posent.
Les dispositions du projet de loi qui permettent à la police d'inscrire automatiquement au registre les noms des personnes qui arrivent au Canada et qui ont été reconnues coupables à l'étranger suscitent des préoccupations. La communauté homosexuelle, lesbienne et transgenre s'inquiète à cet égard, car la mesure pourrait viser des personnes qui posent des gestes homosexuels qui ne sont pas criminalisés au Canada, mais qui sont criminalisés dans certains pays. La prudence est de mise.
Avant de terminer, j'aimerais aborder brièvement la question de la banque de données génétiques, une banque que le projet de loi vise aussi à modifier. Les néo-démocrates appuient les objectifs élargis de cette banque, qui permet non seulement d'obtenir des condamnations, mais aussi d'écarter des suspects.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole pour appuyer le projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, le Code criminel, la Loi sur la défense nationale et la Loi sur le transfèrement international des délinquants.
Le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui aurait pour effet de renforcer le registre national des délinquants sexuels afin de fournir à la police les instruments dont elle a besoin pour effectuer ses enquêtes et pour prévenir les crimes commis par ces délinquants.
Les députés savent que les groupes de défense des droits des victimes, les corps policiers locaux de partout au Canada, l'Association canadienne des chefs de police ainsi que les simples citoyens réclament les modifications législatives que nous avons sous les yeux depuis plusieurs années. Certains ont souligné déjà que, dans son état actuel, le registre des renseignements sur les délinquants sexuels ressemble à une grosse coquille vide.
En apparence, le registre a l'air bien beau, mais en réalité, il est peu utile. Il n'est pas efficace pour protéger adéquatement les Canadiens contre les délinquants remis en liberté, qui font de nouvelles victimes ou qui s'attaquent une nouvelle fois à leurs victimes.
Pour être plus précis, nous avons constaté, au cours des dernières années, que le registre avait plusieurs failles.
Premièrement, on ne trouve pas, dans le registre, les renseignements nécessaires sur tous les délinquants sexuels déjà condamnés.
Deuxièmement, la police ne peut pas se servir de l'information contenue dans le registre pour avertir les autres corps policiers au Canada et à l'étranger qu'un délinquant sexuel se rend sur le territoire dont ils ont la responsabilité.
Troisièmement, le registre ne s'applique pas aux Canadiens qui reviennent au pays après avoir été déclarés coupables à l'étranger d'une infraction sexuelle. La police n'est pas capable de repérer ces individus parce que leur nom ne figure pas dans le registre, même lorsqu'ils ont été condamnés pour des infractions sexuelles graves.
Quatrièmement, la police ne peut pas se servir du registre pour prévenir les crimes sexuels. Actuellement, le registre peut seulement être employé dans les enquêtes sur les crimes ayant déjà eu lieu. Il ne sert qu'à réagir. On ne peut aucunement s'en servir pour prévenir les crimes les plus graves et les plus dévastateurs qui soient.
Comme l'a dit le ministre, le projet de loi prévoit l'élimination d'une échappatoire dans la législation actuelle qui permet à certains délinquants coupables d'une infraction sexuelle de ne pas être inclus dans le registre national des délinquants sexuels.
À l'heure actuelle, la police n'a pas du tout accès aux renseignements concernant certains délinquants coupables d'infractions sexuelles lorsqu'elle enquête sur un crime, soit parce qu'un procureur n'a pas demandé que ces délinquants soient inscrits dans le registre, soit parce que le juge a refusé qu'ils le soient.
Le projet de loi propose que, dorénavant, on inscrive automatiquement dans le registre les délinquants sexuels reconnus coupables d'un crime, tout en maintenant les dispositifs en place pour limiter l'accès et l'utilisation de l'information.
Les délinquants reconnus coupables d'une infraction désignée grave en vertu de la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels devraient également se soumettre à un prélèvement d’échantillons pour analyse génétique, ce qui faciliterait le travail d'enquête des policiers.
Il convient de souligner que les auteurs d'infractions comme les homicides involontaires coupables, qui peuvent actuellement être inscrits dans le registre si la preuve est suffisante pour conclure à une intention sexuelle, ne seraient pas inclus automatiquement dans le registre en vertu des modifications proposées, mais resteraient sujets à enregistrement si le tribunal qui a déterminé la peine était convaincu que le délinquant avait l'intention de commettre un crime sexuel désigné.
Le projet de loi faciliterait aussi le travail d'enquête des policiers et préviendrait des crimes sexuels en permettant davantage aux policiers d'échanger de l'information. La mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui permettrait à la police d'utiliser les renseignements versés dans le registre pour informer d'autres services de police de l'arrivée imminente dans leur région d'un délinquant sexuel considéré comme posant un risque élevé de récidive.
De plus, le projet de loi permettrait aux organismes correctionnels fédéraux et provinciaux d'informer les responsables du registre, lorsqu'un délinquant sexuel inscrit est libéré ou réincarcéré.
Des Canadiens ont été reconnus coupables de crimes sexuels à l'étranger et, lorsqu'ils reviennent au Canada, ils ne sont pas tenus de s'inscrire au registre national des délinquants sexuels, ce qui crée une autre lacune grave dans l'information dont la police dispose pour mener des enquêtes sur des crimes sexuels ultérieurs. Le projet de loi propose de combler cette lacune de deux façons.
Premièrement, si des délinquants sont renvoyés au Canada en vertu de la Loi sur le transfèrement international des délinquants, ils seraient obligés de s'inscrire au Canada comme si le crime avait été commis ici.
Deuxièmement, si une personne était reconnue coupable d'un crime sexuel à l'extérieur du Canada et revenait après avoir purgé sa peine, elle devrait en avertir la police dans sa province ou son territoire de résidence et s'inscrire si on lui ordonnait de le faire. Dans ce cas, le délinquant aurait le droit de s'adresser aux tribunaux pour qu'ils déterminent si la déclaration de culpabilité à l'étranger justifie qu'il doive s'inscrire au registre.
J'ai déclaré d'entrée de jeu que l'un des aspects les plus importants du projet de loi a trait au fait qu'il permettra aux policiers d'utiliser le registre de façon proactive aussi bien que réactive. Autrement dit, la police pourra l'utiliser aussi bien pour empêcher les crimes que pour faire enquête à leur sujet.
Évidemment, tout gouvernement estime prioritaire d'assurer la sécurité de ses citoyens. Combien de fois nous a-t-on dit que le gouvernement doit s'attaquer au crime pour améliorer la sécurité des rues et des collectivités du Canada? C'est ce que fait le gouvernement actuel. Nous donnons suite aux engagements que nous avons pris durant la dernière campagne électorale. Nous avons promis de faire échec au crime, surtout aux crimes graves commis avec des armes à feu et aux crimes perpétrés contre les personnes les plus vulnérables de notre société.
Durant la dernière législature, notre gouvernement a adopté des lois importantes de lutte contre le crime, y compris des mesures visant l'imposition de peines de prison obligatoires pour les crimes commis avec une arme à feu. Récemment, notre gouvernement a proposé une mesure législative visant à faire de tout meurtre lié à une organisation criminelle un meurtre au premier degré et à sévir contre la fusillade au volant et tout autre tir intentionnel témoignant d'un mépris total à l'égard de la vie et de la sécurité d'autrui, tout en prévoyant des mesures additionnelles pour protéger les policiers et les agents de la paix.
Selon notre gouvernement, la prévention du crime est un volet important de nos efforts pour sévir contre la criminalité. Nous sommes déterminés à renforcer ce volet. Grâce à des initiatives énergiques en matière de prévention du crime, les gens pourront marcher dans la rue sans avoir peur. Tous pourront bénéficier de rues et de collectivités plus sûres. Les Canadiens seront en sécurité chez eux.
Nous souhaitons tous, il me semble, que la prévention du crime englobe la prévention de crimes de nature sexuelle, qui causent parfois douleurs, souffrances et traumatismes irréparables. Le projet de loi à l'étude abordera notamment cet aspect. Il renforce le Registre national des délinquants sexuels du Canada. Il prévoit la mise en oeuvre de réformes qui protégeront davantage les Canadiens de délinquants qui commettent des crimes sexuels odieux, en faisant en sorte que les services policiers disposent des outils nécessaires pour faire leur travail de façon efficace.
Le projet de loi met en oeuvre des changements qui ont reçu l'appui de groupes de victimes, de services policiers, de gouvernements provinciaux et territoriaux et de milliers de Canadiens partout au pays.
J'invite donc tous les députés à collaborer avec le gouvernement pour assurer l'adoption rapide de cette mesure et faire ainsi savoir concrètement aux Canadiens que leur sécurité est d'une importance primordiale.
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Monsieur le Président, le secrétaire parlementaire et moi siégeons à ce comité ensemble. Quand il s'agit de cette question, nous avons beaucoup de choses en commun. Je crois fermement que le projet de loi nécessitait des amendements. Cependant, j'ai des problèmes avec la méthode qui a été utilisée et le fond du projet de loi, qui a été présenté au Parlement.
Je veux faire une petite rétrospective. C'est la deuxième fois que les conservateurs tentent de corriger les choses. En effet, ils ont tenté de corriger cette mesure législative à l'aide du projet de loi , qui a reçu la sanction royale le 29 mars 2007 et qui est entré en vigueur le 12 septembre 2008. Cette tentative n'a pas réussi, sinon ce projet de loi n'aurait pas été présenté au Parlement si peu de temps après.
On pourrait croire que, puisque le Parlement est saisi du projet de loi aussi tôt, les conservateurs auraient pris toutes les mesures raisonnables pour s'assurer que les amendements étaient appropriés et utiles. Cela comprendrait une étude par le comité parlementaire pertinent, ce qui a été fait. Nous avons étudié le projet de loi pendant un certain nombre de jours au cours des derniers mois. Nous avons rédigé une ébauche de rapport. Nous étions en train de l'examiner afin de pouvoir le déposer. Nous avions prévu le déposer dans les semaines qui suivaient, et le soumettre au ministre avant qu'il ne présente de mesure législative.
Les gens peuvent dire que cette façon d'agir est irrespectueuse ou méprisante, mais la réalité, c'est que les conservateurs n'ont pas agi de manière intelligente. En effet, ils ont présenté une mesure législative sans attendre la présentation de l'ébauche de rapport, qui était presque terminée, et sans avoir recours aux témoignages des experts et aux renseignements qui ont été présentés dans le cadre de ce processus. Ce n'est tout simplement pas intelligent. Les conservateurs ont agi ainsi pour se faire du capital politique. J'aimerais examiner leurs suggestions. J'aimerais parler des bons points du projet de loi, de ses lacunes et des éléments qui, à mon avis, devraient être améliorés.
Le comité a déterminé que le système de l'Ontario est vraiment mieux. Il y a une loi ontarienne adoptée en 2000 appelée la Christopher's Law; nous en connaissons l'histoire. En Ontario, il y a plus de 400 demandes d'accès au registre tous les jours, alors que, dans le cas du régime fédéral, il y avait 150 demandes d'accès par an. Cela fait une grande différence. Le système fédéral, du point de vue de son utilisation, est vraiment loin du compte, et ce, à cause des modifications inefficaces proposées par les conservateurs par le biais du projet de loi en 2008. Nous nous retrouvons au même point, ce qui est correct. La mesure législative doit être rectifiée, je suis pour. Mais nous devons le faire habilement, et ce n'est pas ce qui se passe en ce moment.
Nous avons cerné un certain nombre de problèmes qui ont perduré après les modifications apportées par les conservateurs en 2008. Il y avait un problème en ce qui concerne l'inscription obligatoire. Après avoir été reconnus coupables, les divers délinquants n'étaient pas automatiquement inscrits dans le registre. La Couronne devait en faire la demande. Un des problèmes est que, dans de nombreux cas, la Couronne, dans le cadre des négociations d'un plaidoyer, acceptait de ne pas inclure le nom d'un individu dans le registre, ou bien elle oubliait tout simplement d'en faire la demande, ou bien encore, les juges n'accédaient pas à cette demande. Tout cela est très problématique. J'appuie tout à fait l'inscription obligatoire de ces différents délinquants dans le registre.
Observons ce qui se passe vraiment. Les conservateurs aiment présenter leur parti comme celui de l'ordre public; ils aiment dire que les partis de l'opposition et les libéraux n'appuient pas un tel programme.
Bien que les conservateurs prévoient l'inscription obligatoire, ils se sont donné toutes sortes d'échappatoires. On peut demander à être exempté de l'inscription obligatoire. On peut en appeler de l'inscription obligatoire. On peut demander d'être soustrait à l'inscription obligatoire après une certaine période. L'inscription obligatoire expire automatiquement après divers délais. Toutes sortes d'échappatoires et d'exceptions sont énumérées dans le projet de loi. Essentiellement, elles affaiblissent le caractère obligatoire de l'inscription.
Il s'agit probablement du deuxième défaut très grave du projet de loi. Les conservateurs feront bientôt du porte à porte et se vanteront d'avoir inclus l'inscription obligatoire dans la mesure législative, mais leur affirmation ne sera pas légitime à cause des exceptions qu'ils ont prévues. Honnêtement, je ne m'explique pas pourquoi ils ont fait une telle chose. Et je crois que ce n'est pas bien.
Je m'écarte du sujet un moment pour expliquer pourquoi cette mesure législative doit être aussi musclée que possible tout en respectant la Charte des droits.
Je ne connaissais pas ces statistiques avant que le comité ne tienne ses audiences, mais elles m'ont choqué, et je crois que les Canadiens doivent les connaître afin qu'ils sachent pourquoi nous devons appuyer un système très musclé. Ces statistiques portent sur les enlèvements d'enfants. Premièrement, de tous les enfants enlevés, 44 p. 100 meurent dans l'heure suivant leur enlèvement. Deuxièmement, 74 p. 100 de tous les enfants meurent dans les trois heures. Troisièmement, 91 p. 100 de tous les enfants meurent dans les 24 heures suivant leur enlèvement. Ces statistiques sont horribles.
Comme parlementaires, quelle que soit notre allégeance politique, nous nous devons de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher ces décès. Pour moi, cela veut dire qu'un système efficace, quel qu'il soit, doit être en place afin d'assurer que, en cas d'enlèvement, en l'occurrence d'enfants, la police dispose des moyens nécessaires pour les retrouver. Cette mesure législative, telle qu'elle est proposée, ne les lui donne pas.
Je crois que les conservateurs, avec ce projet de loi, règlent une des erreurs les plus flagrantes, la plus importante selon moi. Le registre ne pouvait être utilisé que pour enquêter au sujet de crimes déjà commis. C'est là un objectif louable et absolument nécessaire, mais insuffisant. Le système ontarien aide la police à prévenir les actes criminels, ce qui n'est pas le cas avec le modèle fédéral.
Au chapitre de la prévention, en cas de kidnapping ou de circonstances suspectes, en Ontario, le registre peut être utilisé pour faire enquête et tenter de prévenir des crimes. Il est possible de consulter ce registre si un harceleur ou une personne suspecte rôde autour d'une école. Le modèle fédéral ne permet pas cela. Ce changement serait très souhaitable et nous devrions l'appuyer sans retenue.
D'autres problèmes ont été notés. Il a d'abord été question de l'inscription obligatoire, puis de la prévention par rapport à la simple enquête. Il y a plus. L'expiration automatique des ordonnances par exemple. Je ne vois pas pourquoi une personne reconnue coupable d'une infraction grave devrait bénéficier d'une expiration automatique. Ces modifications perpétuent de tels problèmes et offrent en fait d'autres possibilités à ceux qui voudraient se soustraire au système. Je crois que c'est mal.
Il y a d'autres problèmes. Chose incroyable, on n'oblige pas les délinquants à fournir des renseignements tels le numéro de la plaque minéralogique de leur véhicule. En cas de kidnapping, selon le modèle fédéral, la police ne peut même pas vérifier le numéro de la plaque minéralogique du véhicule que conduit le délinquant. C'est incroyable, mais ce problème est demeuré lorsque les conservateurs ont présenté les modifications en 2008. Rien n'a été fait à ce sujet. C'est une grave erreur, que la mesure législative proposée ne corrige en rien.
Je trouve cela scandaleux et voilà une des raisons pour lesquelles le gouvernement aurait dû attendre le rapport du comité. Cela aurait dû y être. Cela a besoin d'être changé et je crois que mes collègues au comité, quelle que soit leur allégeance politique, appuieraient cela.
Un autre problème qui a été soulevé, c'est celui des déclarations de culpabilité à l'étranger et du retour au pays des Canadiens. Le gouvernement a cherché à le régler, mais pas de façon assez musclée. Je vais en parler plus longuement dans quelques instants, quand je regarderai les divers changements proposés dans le projet de loi.
Pour résumer ce que j'ai dit jusqu'à présent, le projet de loi est vraiment nécessaire. On a besoin d'y apporter des amendements pour régler les problèmes qui n'ont pas été résolus par les conservateurs en 2008. Ces problèmes ont été cernés au comité. Le ministre conservateur aurait eu la possibilité de lire le rapport si seulement il avait attendu quelques semaines. Je trouve scandaleux qu'on ait manqué de respect pour le Parlement et le comité, en particulier.
On doit en informer les contribuables. Le comité a passé beaucoup de temps, a invité des témoins, a payé des témoins, leur a posé des questions et le ministre n'a tenu compte de rien de tout cela avant de présenter le projet de loi. Les Canadiens doivent comprendre que cela est inacceptable et que cela montre une tendance à imposer sa volonté et à ne pas respecter le travail du Parlement, ce qui est dangereux.
En ce qui concerne ce projet de loi, j'ai déjà indiqué que la prévention était une omission flagrante et constituerait un amendement très utile.
Quant aux contrevenants étrangers, le problème est que, même s'ils seront tenus de s'enregistrer, cela s'appliquera seulement aux personnes qui entreront au Canada après l'adoption du projet de loi. Si des délinquants sexuels graves se trouvent déjà au Canada ou s'ils viennent ici après l'adoption du projet de loi, d'une façon ou d'une autre, ils présentent un risque pour la société et nous avons l'obligation de protéger les Canadiens. On devrait obliger ces gens à s'enregistrer et cela n'a vraiment rien à voir avec la date de leur arrivée au Canada.
En ce qui concerne l'enregistrement automatique, lorsque les gens étudient ce projet de loi pour déterminer s'ils vont l'appuyer ou non, ils doivent étudier toutes les exceptions, et elles sont nombreuses et scandaleuses. Par exemple, l'article 9 parle d'une ordonnance de révocation. L'article 12 parle d'une dispense. Il y a des dispositions relatives aux appels. Les échappatoires sont nombreuses. Le projet de loi présente de nombreuses failles que les criminels pourront exploiter pour se soustraire à l'obligation de s'enregistrer. Selon le comité, c'est une chose qu'il faut éviter.
Un des problèmes soulevés par le comité concerne l'expiration automatique de l'enregistrement après un certain temps. Rien n'a été changé. Le paragraphe 490.02904(3) montre bien que ces expirations automatiques font encore partie du projet de loi. Une dispense peut également être accordée, conformément au paragraphe 490.03905(2). Essentiellement, les criminels pourront exploiter diverses dispenses et échappatoires pour se soustraire à l'obligation de s'enregistrer. C'est un point que le comité n'appuiera pas dans son rapport, dont la rédaction est presque terminée.
Il y a la formule 52, « Ordonnance enjoignant de se conformer à la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels. » Même l'article 6 de cette formule dit ceci: « Vous avez le droit de demander au tribunal de révoquer la présente ordonnance et, le cas échéant, d’appeler de la décision qui sera rendue. » Cet article informe les gens que, dès qu'on les oblige à s'enregistrer, ils peuvent essayer immédiatement de se soustraire à cette obligation. Il y a également des dispositions obligatoires pour les tribunaux.
Selon le paragraphe 490.02905, le tribunal doit accorder la dispense. Ce n'est même pas laissé à la discrétion du tribunal. Ce paragraphe oblige ce dernier à retirer le nom d'une personne de la base de données en vertu de ces différents critères.
Les conservateurs affirment avoir réglé le problème et que l'inclusion est maintenant automatique, mais ce n'est pas vrai.
Quand j'ai lu le projet de loi , j'ai d'abord regardé s'il prévoyait des exigences concernant les plaques d'immatriculation ou ce genre d'information détaillée. Je l'ai lu deux fois, je ne pouvais pas l'avoir manqué, j'étais certain que c'était là quelque part. Voilà une des lacunes les plus flagrantes relevées par le comité.
Cette lacune est tellement grave de la part du ministre qu'il faut la souligner et y remédier. On ne peut pas accepter cette deuxième série d'amendements sans apporter cette modification. Il ne peut y avoir aucune exception à cela. Il faut faire ce changement. Le registre ontarien établi en vertu de la loi de Christopher fonctionne extrêmement bien parce qu'il contient ce genre d'information.
Le financement constitue un autre problème de taille. À moins d'avoir manqué une annonce, je n'ai pas entendu le ministre dire quoi que ce soit au sujet du financement de ce système. On peut modifier tout ce qu'on veut avec une mesure législative, mais si on n'investit pas d'argent pour le faire, c'est inutile.
Le gouvernement de l'Ontario finance son registre. Il fournit 4 millions de dollars par année pour en assurer l'efficacité; c'est pourquoi on le consulte abondamment tous les jours. Le registre fédéral qui relève de la GRC reçoit annuellement entre 400 000 $ et 600 000 $ pour l'ensemble du Canada. Comparez un peu les chiffres: 4 millions de dollars pour le registre ontarien, mais entre 400 000 $ et 600 000 $ pour l'ensemble du système. Il faut changer cela et il faut un engagement quelconque de la part du ministre quant à la façon de financer cet outil adéquatement pour faire en sorte qu'il fonctionne bien.
Un autre problème vient du fait que la technologie est déficiente. Le registre ontarien repose sur un logiciel extrêmement élaboré. Comme on peut y entrer de l'information, notamment sur le modus operandi du délinquant, la police peut consulter le registre très efficacement et rapidement pour connaître les meilleurs mécanismes d'application possibles. Or, nulle part dans ce projet de loi il n'est question d'améliorer le logiciel ou de faire quoi que ce soit pour régler le problème qui constitue pourtant une des principales lacunes du registre fédéral.
S'agissant des mandats, le comité a appris ce qui se passe en Ontario si un délinquant sexuel ne se conforme pas aux exigences. Si le délinquant sexuel ne s'inscrit pas, n'informe pas les autorités d'un changement d'adresse ou de plaque d'immatriculation, part en vacances ou déménage et qu'il ne transmet pas les renseignements appropriés, l'Ontario prend alors des mesures. J'aimerais que l'on apporte des modifications à la loi pour habiliter les agents de police à délivrer des mandats en cas de manquement aux exigences en matière de renseignements, de telle sorte que nous puissions suivre les mouvements de ces délinquants pour assurer le bien-être et la protection de nos concitoyens et pour aussi mener à bien les enquêtes.
Il existe deux autres problèmes.
Premièrement, le système fédéral d'enregistrement actuel ne prévoit pas de méthode dans le cas des individus qui sont incarcérés ou décédés. En gros, cette lacune nuit aux efforts de la police parce qu'elle ne sait tout simplement pas si l'individu en question devrait toujours être questionné ou s'il se peut qu'il soit toujours un suspect. Il faut changer cela aussi.
Enfin, j'ai beaucoup parlé de ce qui doit être fait pour protéger les Canadiens, mais, en terminant, j'aimerais aussi parler de ce que nous devons faire pour protéger les personnes qui ont été condamnées.
On peut espérer que la plupart de ces personnes feront l'objet de mesures favorisant leur réinsertion sociale. Elles retourneront dans la société où, espérons-le, elles mèneront une vie honnête et ne répéteront pas les mêmes erreurs. C'est l'objectif de notre système de justice pénale. Nous devons offrir des mesures de protection à ces personnes aussi. L'article 17 de la loi actuelle prévoit des sanctions pour l'utilisation non autorisée de ces renseignements. Nous devons renforcer ces sanctions si bien que quiconque utilise ces renseignements à mauvais escient et dans un but autre que la protection des Canadiens soit puni sévèrement. C'est ainsi que je souhaite protéger aussi ces personnes.
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Monsieur le Président, je suis heureux de parler aujourd'hui du projet de loi , qui vise à protéger les victimes des délinquants sexuels.
Nous savons tous que les crimes les plus graves, les plus odieux, les plus méprisables et les plus épouvantables qui peuvent être infligés à autrui sont les crimes de violence sexuelle.
Trop souvent, les victimes de crimes sexuels sont des enfants. Les membres du public, autant que les députés, doivent se demander quelles peines sont imposées aux délinquants condamnés pour avoir agressé sexuellement un enfant. En particulier dans les cas de récidive, lorsque l'infraction est de toute évidence grave et exceptionnellement dommageable pour l'enfant, on ne peut qu'être consterné face aux peines extrêmement légères qui sont imposées au délinquant.
Souvent, il ne s'agit pas de la première infraction pour bon nombre de ces délinquants qui sont reconnus coupables d'avoir agressé un enfant. En effet, il y a souvent une longue histoire de récidives avant qu'un tel individu soit vraiment condamné.
Chez la victime, c'est-à-dire l'enfant, les répercussions de tels actes peuvent entraîner des effets dévastateurs à long terme, profonds et indélébiles. On le voit souvent chez les adultes. Dans les cas d'agressions sexuelles, il est courant de noter tout un ensemble de traumatismes internes qui n'ont jamais été réglés et que la victime avait enfouis loin à l'intérieur d'elle-même à cause de la honte qu'elle ressentait.
Les statistiques nous apprennent que les coupables, ceux qui ont commis ces agressions, sont très souvent des gens qui vivent près, ou même parfois à l'intérieur, de la résidence de la victime. Pour ce qui est des victimes, et particulièrement dans le cas des enfants, il n'est pas rare qu'ils connaissent leur agresseur, ce qui rend la situation encore plus complexe et difficile à accepter pour les membres de la famille qui sont également touchés par cette tragédie.
Nous appuyons ce projet de loi. Nous l'appuyons parce qu'il prouve le bien-fondé d'un registre qui a été mis sur pied il y a quelques années par le gouvernement libéral en poste en vue d'aider les services de police dans leur travail en ce qui concerne les délinquants sexuels. Ce projet de loi a été présenté en 2004 par le gouvernement libéral et est par la suite devenu la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, qui a permis la création de la banque nationale des délinquants sexuels reconnus coupables.
Le gouvernement de l'époque a fait de son mieux pour créer un registre répondant aux besoins du public et de la police. Au fil du temps, nous avons constaté — à la lumière de ce que nous en ont dit les policiers de partout au pays qui s'acquittent de leur travail avec sérieux et professionnalisme — que le registre ne répondait pas à toutes nos attentes.
À cause d'un certain nombre de lacunes, il était impossible de rendre justice et de prévenir certains crimes.
Je vais passer en revue quelques points clés du projet de loi. Le projet de loi modifie le Code criminel, la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels — qui, comme je l'ai dit, a été proposé en 2004 — et la Loi sur la défense nationale — une loi distincte qui traite des mêmes questions — en vue d'aider les services de police à prévenir les crimes de nature sexuelle et de leur permettre d'utiliser de manière proactive la banque de données nationale sur les délinquants sexuels dans leurs enquêtes.
« Utiliser de manière proactive », voilà un point clé. Les policiers ont accès à la base de données actuelle uniquement après les faits. Ils ne peuvent pas consulter la base de données et retenir ou écarter des suspects afin de prévenir les crimes. C'est une modification importante et positive prévue dans ce projet de loi.
Le projet de loi prévoit également que tout délinquant sexuel faisant l'objet d'une ordonnance non discrétionnaire lui enjoignant de se conformer à la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels doit également se soumettre à un prélèvement automatique d'échantillons pour analyse génétique.
Le fait qu'un comité parlementaire se penche sur la question nous laisse également un peu perplexes. Ce comité a presque terminé son étude et recommandera des solutions constructives. Le gouvernement aurait pu tenir compte de ces solutions dans la rédaction du projet de loi, mais il a choisi de ne pas le faire. C'est une malheureuse omission. Je suis convaincu que mes collègues parleront des constations du comité à la Chambre. Nous proposerons des solutions pour renforcer la mesure afin de servir les citoyens et empêcher la perpétration de ces crimes odieux.
Le registre national des délinquants sexuels est un système d'enregistrement national des délinquants sexuels. Il compte un certain nombre de paramètres de données: nom, date de naissance, adresse, marques distinctives, etc. Rien de tout cela ne changera.
Il y a environ 20 000 délinquants sexuels au Canada. Malheureusement, dans la situation actuelle, beaucoup d'entre eux passent entre les mailles du filet. Certains d'entre eux ne sont pas dans le registre. Le Québec compte le plus grand nombre de délinquants sexuels qui ne sont pas dans le registre. Les députés du Bloc québécois et les députés d'autres partis politiques représentant des circonscriptions québécoises trouveront cela intéressant. Il nous incombe à tous de nous attaquer à ce problème.
D'autres provinces comptent des centaines de personnes qui ne sont pas dans le registre actuel. C'est une lacune béante qu'il faut combler; il faut veiller à ce que ces personnes soient toutes sur la même liste.
Le projet de loi englobe 20 infractions au Code criminel. Certains voudraient que des infractions moins graves soient exclues, mais je suis convaincu que nous en débattrons au cours des prochaines semaines.
Pour ce qui est du nombre de délinquants et de leur taux de récidive, selon une étude faite par un groupe qui portait sur 4 700 délinquants, on a constaté que moins de 25 p. 100 d'entre eux récidivaient. De ce nombre, un plus petit pourcentage de récidivistes a reçu des traitements.
Évidemment, il faut utiliser ces chiffres avec prudence, puisque nous savons que bon nombre de délinquants sont difficiles à retracer. Les condamnations ont souvent lieu après une série d'infractions. Nous devons analyser les données pour veiller à ne pas être induits en erreur.
Nous avons également parlé de certaines lacunes concernant les prédateurs sexuels qui voyagent à l'étranger. C'est un très grave problème. On pense à la Thaïlande, qui est le centre mondial du commerce sexuel et qui attire les pédophiles.
À l'heure actuelle, on interdit aux agents de police canadiens d'informer les autorités thaïes lorsqu'un délinquant sexuel se rend dans leur pays. La question doit être réglée et l'une des solutions pourrait prendre la forme d'une collaboration plus rapprochée avec Interpol pour le partage de renseignements au sujet des délinquants sexuels. Nous pourrions établir des liens avec d'autres pays pour suivre les délinquants sexuels qui quittent le Canada pour se rendre ailleurs. Les pays qu'ils fréquentent seraient alors informés de la présence d'un délinquant sexuel. De la même manière, nous devons être au courant des déplacements de délinquants sexuels vers le Canada. Il est très important que la population soit mise au courant de renseignements de ce genre.
Un certain nombre de personnes qui commettent des infractions d'ordre sexuel à l'étranger ne séjournent pas en prison et n'attirent même pas l'attention des autorités. Les prédateurs sexuels fréquentent divers pays dont les systèmes judiciaires sont plus faibles que le nôtre. Il s'agit d'un problème qui touche de nombreux pays, mais tout particulièrement ceux de l'Asie du Sud-Est. Cependant, il touche également d'autres régions comme l'Afrique de l'Ouest, l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud.
On sait que les prédateurs sexuels se rendent dans le nord de la Colombie parce qu'ils n'y seront pas condamnés pour les infractions qu'ils commettent contre les personnes les plus vulnérables de notre société, à savoir les enfants.
L'autre question concerne les soins aux victimes. Nous aimerions que le système de soins aux victimes d'agressions sexuelles soit amélioré considérablement.
Je n'oublierai jamais l'époque où je travaillais dans une clinique, dans une prison pour adolescents. J'y avais rencontré deux adolescentes qui avaient été arrêtées pour prostitution. Quand je leur ai demandé comment elles étaient tombées dans ce milieu, elles m'ont dit que c'est leur mère qui les avait forcées à se prostituer. Je connaissais également leur mère puisque je l'avais vue dans le service d'urgence à quelques reprises ainsi qu'en prison lorsque je dirigeais une clinique pour adultes.
Cette femme avait forcé ses adolescentes à se prostituer pour qu'elle puisse s'acheter de la drogue. Elles étaient trop jeunes pour pouvoir prendre de bonnes décisions par elles-mêmes, et il n'y avait personne pour empêcher cette horrible situation.
Une de ces filles s'est fait assassiner. Sous l'influence de sa mère, l'autre fille a commencé à consommer des drogues par voie intraveineuse. À cause de cette consommation, elle a été victime d'un grave accident cérébrovasculaire, qui a paralysé la moitié de son corps. Je l'ai vue un jour au cours d'une de mes visites au service de pédiatrie de l'hôpital. Ces types de choses ne sont pas inhabituelles.
En écoutant les histoires tragiques et horribles d'un grand nombre de gens qui vivent dans la rue, nous apprenons beaucoup trop souvent que ces personnes ont été victimes d'agressions sexuelles quand elles étaient enfants. Bien qu'avoir été victime d'agressions sexuelles comme enfant n'empêche pas une personne d'être inculpée si elle commet un crime, un grand nombre de personnes ayant commis des agressions sexuelles ont elles-mêmes été victimes de ce crime lorsqu'elles étaient enfants.
Dans de trop nombreux cas, un enfant qui a été agressé sexuellement répétera plus tard les mêmes gestes. Ce n'est pas une excuse; c'est une observation, mais une observation importante. Si nous tentons d'empêcher quelques-uns des crimes les plus horribles qui soient de se produire, ne nous incombe-t-il pas de faire ce que nous pouvons pour empêcher une personne d'être sexuellement agressée en premier lieu?
Le projet de loi traite de la possibilité pour les agents de police d'obtenir des renseignements sur des personnes d'intérêt, empêchant par là-même que quelque chose arrive plus tard, on l'espère.
Nous devons aussi nous pencher sur quelque chose d'un peu plus simple. Le Hawaii Healthy Start Program vise les familles à risque. Des femmes d'âge moyen ayant eu des enfants jouent le rôle de mentors, auprès de mères, de pères et de familles à risque. Les résultats ont vraiment été extraordinaires. Les cas de maltraitance d'enfants ont chuté de 99 p. 100 dans les familles qui connaissaient l'existence de ce programme de mentorat. Imaginez-cela.
Nous savons que si nous pouvons faire diminuer la maltraitance d'enfants, le nombre d'adultes agresseurs diminuera aussi. C'est quelque chose que nous devons accepter. Certains d'entre nous en parlent depuis très longtemps à la Chambre, depuis plus de 15 ans en fait.
Même si cela relève d'une compétence provinciale, le gouvernement fédéral ferait preuve de leadership s'il acceptait de travailler avec les provinces volontaires afin d'adopter un tel programme. Mon collègue de Toronto a travaillé avec les provinces afin d'élaborer un programme national d'éducation préscolaire pour les enfants. Ce serait, au besoin, très utile d'introduire cet autre aspect.
Je voudrais aussi parler des collectivités des Premières nations. Le traumatisme que connaissent les Premières nations en ce moment est un fléau national. Certaines réserves sont extraordinaires. Elles bénéficient d'un merveilleux leadership qui a d'énormes retombées sociales. La vérité, c'est que les cas de maltraitance d'enfants, de violence sexuelle et de violence sont beaucoup plus nombreux dans les collectivités autochtones que dans les collectivités non autochtones.
Cela vaut pour les Premières nations dans les réserves et hors réserve, ces dernières étant souvent oubliées. Si nous regardons la population carcérale, nous constatons que les Premières nations y sont en nombre disproportionné compte tenu du pourcentage de la population qu'elles représentent.
Le ministère des Affaires indiennes dépense beaucoup d'argent pour tenter de régler ces questions, mais nous n'avons pas obtenu les résultats que nous aurions dû. La raison de cela, c'est que la Loi sur les Indiens constitue à bien des égards un boulet au pied des Premières nations. En fait, il y aura bientôt un changement à la tête de l'Assemblée des Premières Nations et beaucoup des candidats parlent très ouvertement de la nécessité d'instaurer de nouveaux rapports entre la population non autochtone et les Premières nations.
Le statu quo est impossible parce qu'il crée un milieu qui nourrit à bien des égards un environnement dysfonctionnel. Dans un tel environnement, un non-Autochtone souffrirait de beaucoup des maux que l'on observe aujourd'hui chez des Autochtones. Le fait que nous traitions les Premières nations comme une population à part constitue, dans un sens, une reconnaissance de leur rôle dans l'histoire de notre pays, mais cela a un côté négatif puisque les Autochtones sont traités comme des citoyens de seconde zone étant donné que, selon moi, ils doivent faire des choses que nous, non-Autochtones, n'avons pas à faire. Les obstacles qui se dressent sur leur route nuisent beaucoup à leur capacité d'être maîtres de leur destinée.
J'ai travaillé dans des collectivités des Premières nations, dans certaines des pires et des plus dures du Canada. Je me suis rendu par avion dans des coins du Nord de la Colombie-Britannique. J'ai fait des visites à domicile dans des maisons où les gens vivaient à 10 dans la même pièce pour traiter des grands-pères et des grands-mères qui dormaient sur des matelas tachés d'urine dans des maisons hermétiquement fermées où nous n'accepterions jamais de vivre et où la chaleur est étouffante en été et le froid mordant en hiver et où les enfants dorment sur des taies d'oreillers avec une minuscule couverture toute élimée pour se couvrir.
Voir cela est une des raisons qui m'ont amené en politique parce que, fondamentalement, il est complètement inacceptable que l'on tolère de telles situations au Canada aujourd'hui. Qui parle pour eux? Qui ira aider les enfants à avoir l'avenir que tous les Canadiens méritent? C'est la question cruciale. Il existe des solutions et beaucoup de dirigeants dynamiques des Premières nations sont capables et désireux de les mettre en oeuvre, mais nous devons les écouter et travailler avec eux pour cela afin que les enfants puissent avoir une chance.
Dans ma circonscription, Esquimalt—Juan de Fuca, qui se trouve sur l'île de Vancouver, il y a la Première nation Pacheedaht et elle vit dans une réserve où les conditions de vie sont épouvantables. Il y a eu des suicides, notamment des suicides d'enfants, il y a des pactes de suicide, des agressions sexuelles, de la violence et des toxicomanies. Peu importe avec quelle énergie on essaie de changer les choses, la collectivité ne réussit jamais à obtenir les ressources nécessaires du ministère des Affaires indiennes pour cela.
En terminant, je dirai qu'il est absolument crucial, que c'est une question humanitaire fondamentale, que nous travaillions avec les collectivités et adoptions des solutions qui donneront aux enfants, à la génération qui pousse, plus d'espoir et un meilleur avenir que ce qu'ont connu leurs parents.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole à propos de la mesure législative proposée.
D'entrée de jeu, je vous dirai que j'appuie son renvoi au comité pour qu'elle soit étudiée et, espérons-le, améliorée. Bien que cette mesure législative contienne, en partie, les éléments nécessaires pour améliorer le registre de renseignements sur les délinquants sexuels, elle comporte malheureusement des lacunes.
La première chose que je veux commenter, c'est le processus qu'ont suivi le ministre et le gouvernement pour présenter cette mesure législative à la Chambre aujourd'hui. En qualité de membre du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, je dois exprimer mon indignation, car le comité procède actuellement à un examen législatif de la loi. Il a entamé cet examen après qu'une décision en ce sens eut été prise en février
Le comité a passé un temps considérable à écouter des témoins et à délibérer. Il en est à l'étape finale de la rédaction du rapport. Or, même si ce rapport est encore en cours de rédaction, le ministre soumet le projet de loi à l'examen de la Chambre. C'est là un affront à tous les parlementaires parce qu'il nous incombe, à titre de parlementaires, de veiller à ce que la procédure soit suivie.
Il s'agit d'un examen en profondeur de la loi entrepris il y a plusieurs semaines, voire des mois, et le comité s'apprêtait à présenter d'importantes suggestions sur les façons de la modifier. Les modifications proposées par le gouvernement recoupent une partie, mais en aucun cas la totalité, de ces suggestions.
Je voudrais tout d'abord dire que je trouve injuste, tant pour les membres ministériels que les membres de l'opposition de ce comité, que le gouvernement n'ait pas tenu compte de l'examen législatif qui est en cours.
Dans le cadre de cet examen, les membres du comité ont appris que le registre actuel des délinquants sexuels comporte de graves lacunes et qu'il ne permet pas d'aider la police. En fait, des policiers nous ont dit à diverses reprises que ce registre ne leur a pas encore permis de résoudre un seul crime, de venir en aide à une seule victime ou de stopper un seul acte criminel.
Les membres du comité ont déjà convenu qu'il faut modifier ce projet de loi. Nous devons remédier à plusieurs graves lacunes qui s'y trouvent. Je prétends par ailleurs que, dans sa forme actuelle, ce projet de loi ne résoudra pas tous les problèmes présentés. Espérons que les travaux du comité pourront y changer quelque chose.
J'ai hâte que le comité soumette à la Chambre une motion portant sur le fait que le gouvernement ne tient pas compte des comités parlementaires et n'écoute pas ce que les gens ont à dire par l'intermédiaire de leurs représentants élus. Cela dit, je veux parler de certains éléments qui seront étudiés au comité, du moins je l'espère, pour rendre ce projet de loi plus efficace.
Je vais commencer par dire que lorsqu'un contrevenant est trouvé coupable, il renonce évidemment à certains de ses droits. Il importe aussi de dire qu'il ne renonce pas à tous ses droits. Même les contrevenants qui commettent des crimes indicibles continuent de bénéficier de la protection de la Charte des droits et libertés.
Je ferai preuve d'une grande vigilance pour m'assurer que certains droits demeurent garantis même pour les pires des délinquants. Nous parlons en leur nom également, même s'ils constituent le groupe le moins populaire de notre pays. Nous devons toujours défendre les droits de la personne.
À mon avis, cette mesure législative semble comporter plusieurs failles. D'abord, les policiers ont réclamé plus d'explications sur ce qui devrait se trouver dans le registre. On y trouve de l'information technique, mais il faut plus d'information sur ce qui se trouvera dans le registre pour aider la police à faire le profilage du criminel et à comprendre qui il est, et ainsi l'aider à résoudre un crime quand le temps compte.
Pour beaucoup des crimes qui sont commis, c'est une question de minutes ou d'heures qui fera qu'on retrouvera la victime morte ou vivante. Cela signifie qu'il faut donner aux policiers toutes les chances de trouver et d'arrêter une personne qui pourrait être en train de commettre un crime. Les policiers ont besoin d'avoir toutes les chances de leur côté. Cela signifie qu'il leur faut dans ce registre des descriptions des véhicules en cause et des numéros de plaques minéralogiques.
C'est une chose que le comité se prépare déjà à recommander. Il commence déjà à examiner cette question. Les témoins ont fait un certain nombre de recommandations. Selon eux, il est indispensable que la police ait toute l'information sur les véhicules. Les policiers doivent savoir quel est le modèle de voiture, de camion ou de fourgonnette que conduisent ces gens afin que rien n'empêche la poursuite d'une piste dans une enquête.
Il est aussi important de connaître le modus operandi des criminels, c'est-à-dire leur façon de commettre leurs crimes, afin que les policiers puissent dégager des tendances. Ils peuvent examiner la façon dont quelqu'un a fait quelque chose par le passé pour tenter de prévoir si quelqu'un d'autre essaiera de reproduire le même crime plus tard. Si les policiers détectent une tendance, ils peuvent consulter le registre des délinquants sexuels pour trouver des renseignements pour les aider dans leurs enquêtes. C'est absolument essentiel, car des minutes et des heures gagnées peuvent sauver des vies. Le registre n'est toutefois pas encore assez complet pour véritablement aider les policiers dans leur travail.
Je crois qu'il faut que ce soit clair: nous n'avons pas encore de registre national complet et efficace. Comme la députée d' l'a souligné, le gouvernement ne s'est pas montré intéressé à investir les ressources nécessaires dans les activités policières et les activités d'enquête pour permettre aux policiers de faire leur travail. Par exemple, le projet de loi prévoit le prélèvement automatique de substances corporelles. Ce n'est pas laissé à la discrétion des juges. Cela signifie que les responsables de la banque de données génétiques, qui fait aussi l'objet d'un examen réglementaire, seront encore plus surchargés de travail sans espoir d'un accroissement de leurs ressources.
L'outil le plus important pour résoudre bon nombre de ces crimes est l'analyse génétique. Celle-ci peut aider les policiers et faciliter les procédures criminelles de façon à obtenir un verdict de culpabilité. L'analyse génétique est de plus en plus utilisée. Malheureusement, la base de données d'échantillons, celle des criminels et les bureaux de la GRC manquent de ressources. Ce projet de loi ajoutera à leur fardeau. Le gouvernement doit donc s'engager, avec ce projet de loi, à fournir les ressources nécessaires pour l'exploitation de la base de données d'échantillons pour analyse génétique.
Nous avons appris également lors des témoignages devant le comité que les efforts déployés afin de maintenir à jour la base de données ne sont pas les mêmes partout au pays. Les corps policiers ne font plus suffisamment de visites de suivis pour vérifier certaines informations, comme si une personne habite encore à la même adresse, si elle a modifié son apparence physique ou si elle a été impliquée dans un crime non sexuel, car ils manquent de ressources.
Dans certaines provinces, la police fait une ou plusieurs visites par année au domicile des délinquants pour s'assurer que le registre est à jour. Dans d'autres provinces, la police n'a pas vu les délinquants depuis des mois, voire des années. Comme elle a perdu le contact avec les délinquants, l'information contenue dans le registre n'est plus utile. Le registre ne fonctionnera tout simplement pas. Encore une fois, le financement doit nécessairement aller de pair avec cette mesure législative.
La police nous a également demandé la capacité de faire de la géocartographie et de repérer le domicile des criminels afin de pouvoir réagir rapidement s'il y a lieu. Je sais que la députée a mentionné que bon nombre de ces infractions sont commises par des membres de la famille de la victime. Ce sont des circonstances différentes. Toutefois, dans les cas où il y a enlèvement, rapt ou activités prédatoires, les agents de police doivent disposer de tous les outils possibles pour se rendre sur les lieux du crime rapidement lorsqu'une personne est portée disparue.
Nos enfants sont notre plus précieuse ressource. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour que la police ait la situation en main et la capacité de les trouver et de les protéger. Dans de tels cas, le temps presse.
Je conclus mon intervention avec le même argument qu'au début, soit les droits des délinquants. Je sais que c'est un sujet délicat pour la plupart d'entre nous à la Chambre parce qu'il faut assurer la protection des renseignements personnels même si, ce faisant, on enlève peut-être un certain pouvoir discrétionnaire aux juges. Je me réjouis de voir que le projet de loi présente le registre comme un outil non accessible au public et réservé à l'usage exclusif de la police.
Il incombe aux agents de police d'assurer la protection des renseignements personnels des délinquants, notamment l'information qu'ils transportent, et qu'ils prennent tous les moyens possibles pour assurer le respect des droits de la personne de tous les criminels, même de ceux qui ont commis les crimes les plus odieux. Nous devons aborder le sujet, même si nous y sommes réticents.
Nous devons y participer, non seulement à cause de leurs droits, mais parce que nous savons que les délinquants ont tendance à récidiver lorsqu'ils sont soumis à un stress et qu'ils se sentent traités injustement. Si nous voulons vraiment empêcher de tels crimes, nous devons voir à traiter ce dossier en toute équité, en préservant les droits de la personne et les droits civils et en reconnaissant que les délinquants font également partie de notre collectivité.