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Monsieur le Président, je propose que le premier rapport du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, présenté le jeudi 26 février 2009, soit adopté.
Je remercie mon collègue, le député de , de son appui.
Le comité des affaires étrangères a donc déposé un rapport sur l’Afghanistan. Nous avons maintenant l’occasion d’ouvrir le débat à ce sujet et, bien sûr, au sujet de la mission canadienne en Afghanistan mais peut-être également, et je l’espère, au sujet de ce que nous allons faire.
Monsieur le Président, je n’ai pas à vous parler des inquiétudes qu’éprouvent les Canadiens et la communauté internationale, ni de celles que devraient ressentir les parlementaires à cause de ce qui se passe non seulement en Afghanistan, mais dans toute cette région.
Le rapport du Comité des affaires étrangères contient une liste de recommandations assez complète en ce qui concerne l’Afghanistan, puisqu’il y en a 35.
Nous avons entendu les témoignages de personnes de terrain qui nous ont apporté le point de vue des militaires, de même que de représentants du corps diplomatique et évidemment de travailleurs de l’aide au développement. Nous avons entendu des Afghans, directement, par vidéoconférence. Nous avons recueilli les témoignages de gens qui ont travaillé en Afghanistan et qui nous ont apporté un point de vue canadien.
Nous espérons que les députés trouveront dans ce rapport quelques conseils utiles sur ce que nous devrions faire en Afghanistan. Ce qui est particulièrement important dans ce rapport, c’est qu’il parle de diplomatie, du rôle du Canada sur le plan des efforts diplomatiques dans la région.
Je pense que la plupart des Canadiens ont adhéré à la mission en Afghanistan, mais récemment, ils ont été gagnés pas l’inquiétude à cause des problèmes et des défis qui se posent là-bas. Ils se sont rendu compte que la réalité a pris le pas sur les discours creux.
Nous avons constaté que la mission présente de nombreux problèmes. Je ferai respectueusement remarquer au gouvernement qu’il s’est beaucoup trop attardé à une seule dimension de la problématique. Ce que je veux dire par là, c’est qu’alors même où le gouvernement sautait sur l’option militaire, il négligeait les autres options et il nous faisait payer un coût d’opportunité.
Ce qui est malheureux quand on pense au rapport Manley, aux témoignages qu’il contient et à tous ses détails, c’est qu’il aurait dû nous inquiéter. On y disait que, si l’on poursuivait sur notre lancée, sans se préoccuper de la dimension diplomatique et sans aborder différemment la question du développement, nous nous enliserions et nous nous retrouverions dans une situation très difficile à résoudre.
Voilà où nous en sommes. Je dis cela avec tout le respect que je dois à ceux qui ont siégé au comité sur l'Afghanistan, à mes collègues du Comité des affaires étrangères et, bien sûr, à ceux du Comité de la défense.
Je ne pense pas que nous ayons suffisamment débattu de l'Afghanistan dans notre pays. Je ne pense pas que nous ayons examiné toutes les options. Cela n'a rendu service à aucun d'entre nous, qu'il s'agisse de nos militaires que j'ai pu rencontrer lorsque le Comité de la défense s'est rendu en Afghanistan ou, surtout, de nos diplomates.
Malheureusement, à l'heure actuelle, nous nous sommes éloignés des solutions diplomatiques qui caractérisaient le Canada dans le passé. Nous manquons d'imagination, nous n'écoutons pas ceux qui disent qu'il faut en faire plus dans la région au lieu de seulement mettre l'accent sur l'Afghanistan, qu'il faut nous pencher sur le sort de l'ensemble de la région.
Nous voyons que le nouveau gouvernement à Washington a au moins ouvert le débat et s'est penché plus attentivement sur le sort de la région. Il regarde le Pakistan et l'Afghanistan. Comme ce rapport le montre, il est d'une importance cruciale de tenir compte de toute la région.
Il est intéressant de remonter à 1998 et à 1999, quand le secrétaire général de l'ONU de l'époque a envoyé en Afghanistan et dans la région un représentant spécial, M. Brahimi, qui a contribué à la conclusion du Pacte de l'Afghanistan en 2001. M. Brahimi était accompagné d'un Canadien, Mokhtar Lamani.
À l'époque, ils ont fait trois constats qu'il est très important de rappeler dans le présent débat. Premièrement, ils ont dit à l'époque que les talibans formaient des combattants étrangers. Deuxièmement, ils ont dit que le trafic de la drogue était devenu problématique. Troisièmement, ils ont dit que les violations des droits de la personne constituaient aussi un problème dans ce pays.
Si l'on prend le temps de lire ces rapports comme je les ai lus et qu'on fait abstraction de la date, on s'aperçoit que ce qu'ils contiennent pourrait très bien décrire la situation actuelle en Afghanistan. Il y a un problème de respect des droits de la personne, nous sommes plus ou moins en présence d'une narcoéconomie, et il y a un problème de combattants étrangers. Compte tenu de la croissance des talibans au cours des deux dernières années, il est difficile de nier ces faits.
Je pense que ces faits sont des certitudes. Je pense que personne ne les conteste. Je crois que, dans tous les partis, tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a prolifération de combattants. Nous sommes d'accord pour dire que le trafic de la drogue a pris beaucoup d'ampleur. Nous sommes d'accord pour dire qu'il y a des violations des droits de la personne. On n'a qu'à lire les rapports de la Commission afghane indépendante des droits de la personne pour se rendre compte que ces violations existent.
Malheureusement, nous n'avons rien fait pour saisir l'occasion qui se présente à nous. Nous pourrions faire le constat que ce que nous avons fait dans le passé n'a pas fonctionné et que nous devons prendre une nouvelle orientation. J'inviterais le gouvernement à examiner ce rapport, à prendre connaissance de ce que d'autres ont suggéré et à envisager cette nouvelle voie.
Notre parti soutient que nous devrions actuellement nous efforcer de mettre fin à la guerre. Tout le monde devrait s'y employer avant toute chose maintenant. Le travail des militaires, des travailleurs humanitaires et des diplomates canadiens est fait, espérons-le, dans l'optique de mettre fin à la guerre. Cependant, nous sommes coincés présentement.
Je pense que nous sommes coincés parce que le gouvernement dit que nous allons nous retirer en 2011. C'est ce que j'entends, sauf lorsque, de temps à autre, le dit que nous pourrions continuer de faire partie des équipes de reconstruction provinciale et former des militaires ou des policiers. Cependant, le gouvernement ne nous a pas dit exactement où nous allions.
Je suggère deux ou trois choses à titre de membre de mon parti et caucus et de porte-parole en matière d'affaires étrangères. Je pense que le gouvernement devrait exercer des pressions sur ceux qui disent qu'il nous faut une deuxième Conférence de Bonn, pour ainsi dire. Nous devons regarder la réalité sur le terrain au Pakistan et en Afghanistan, mais aussi dans la région. Nous avons vu l'insurrection déborder le Sud pour s'étendre jusqu'au Nord. Pour l'heure, nous devrions engager le dialogue avec les pays de la région de même que la Russie, la Chine et le Turkménistan. Nous devons discuter avec l'Iran. Nous devons nous assurer de discuter aussi avec le Pakistan.
Ce sont les pays de cette région et nous n'avons rien fait pour les faire participer. Certains pays veulent les faire participer parce que c'est dans leur intérêt. Après avoir pris le pouvoir, les premiers à qui les Talibans s'en sont pris sont les Iraniens. Ces deux pays sont à couteaux tirés. Pour une raison ou une autre, et paradoxalement, dans ce conflit, les réfugiés qui ont fui les Talibans ont trouvé refuge en Iran. À l'heure actuelle, les Iraniens et les Russes observent la situation à distance. Ils nous regardent dépenser notre argent et répandre notre sang. Ils attendent que nous finissions par admettre que nous devons procéder différemment.
Le moment actuel est propice et je vais expliquer pourquoi. Jusqu'à il y a un an et demi, les pays voisins pouvaient se contenter de nous regarder faire le travail qu'ils avaient déjà tenté d'accomplir en Afghanistan. Ils pensaient que nous allions finir par comprendre. En ce moment, il y a une ouverture, car la menace pour ces pays est omniprésente. L'insurrection ne se limite plus au Sud. Elle s'étend vers le Nord. Elle gagne d'autres régions de l'Afghanistan, ce qui signifie qu'elle touchera ces pays.
J'implore le gouvernement d'envisager les moyens diplomatiques pour tenter de faire intervenir des rapporteurs spéciaux, comme M. Brahimi, qui connaît la région, qui peut s'entretenir avec presque n'importe qui dans la région, à l'exception d'Al-Qaïda, et qui connaît ce dossier. Il serait la personne indiquée pour faciliter l'émergence d'un dialogue dans cette région. Le fait que nous devons mettre un terme à la guerre est absent de notre politique. Pour mettre fin à la guerre, il faut entamer des négociations.
La réconciliation fait partie de nos objectifs. Le problème, avec cet objectif, est que la réconciliation survient généralement une fois le conflit terminé. Il en va de même pour le développement. Nous créons des équipes de reconstruction provinciale et, si nous nous plions à leurs demandes, elles en sortent plus fortes. Il n'y a pas beaucoup d'échanges avec les citoyens ordinaires. Il y a de la formation en continu. Le problème est que ces efforts ne sont pas répartis un peu partout dans la région. C'est pour cela que la guerre se poursuit.
Selon nous, il ne peut y avoir de réconciliation pendant que la guerre fait rage. Nous devons d'abord mettre fin au conflit. Pour cela, il faut déterminer avec qui entamer des pourparlers. C'est pourquoi la politique canadienne devrait consister à favoriser la présence d'un rapporteur spécial ou d'un groupe d'éminentes personnalités, comme je le disais auparavant, ou peu importe comment on veut les appeler. Il faut trouver quelqu'un pour négocier avec les pays limitrophes.
Nous devrions également offrir notre expertise et nos moyens diplomatiques. J'ai déjà mentionné Mokhtar Lamani. Il travaillait avec M. Brahimi lorsque ce dernier était là-bas en 1998. C'est M. Brahimi qui a élaboré le Pacte de l'Afghanistan qui a suivi la conférence de Bonn. Nous devons tirer parti de tels gens.
Parmi les recommandations, quatre ou cinq invitent le gouvernement à aller en ce sens, à dire qu'il faut adopter une nouvelle approche, déterminer un nouveau cap, investir davantage dans la diplomatie et veiller à ce que le Canada prenne la place qui lui revient sur l'échiquier mondial, d'où nous pourrons assumer un rôle de leadership pour en arriver à un consensus axé sur la diplomatie. Nous disposons des personnes et des connaissances appropriées. Comme je viens de le dire, nous avons des personnes qui se sont déjà prêtées à cet exercice.
MM. Brahimi et Lamani se sont déjà prononcés à ce sujet. Selon eux, un des défis à la suite de la conférence de Bonn tenait au fait qu'il n'y avait pas assez d'efforts pour solliciter la participation de gens raisonnables chargés d'amorcer le dialogue avec des personnes souhaitant la fin de ce conflit. Cette occasion a été perdue. Il n'est pourtant pas trop tard. En fait, il n'est jamais trop tard lorsqu'il s'agit de mettre fin à une guerre.
Selon le rapport, le Canada devrait réévaluer son approche en Afghanistan et, dans le cadre du rôle qu'il aura à jouer après 2011, investir davantage sur le plan diplomatique régional.
Nous devrions dresser la liste des pays de la région désireux de mettre un terme à ce conflit. Ce n'est pas le Parlement qui y mettra fin. J'en suis convaincu et je le comprends. Par contre, si le Canada se joint à d'autres pays qui pensent comme lui afin de dresser la liste des pays de la région désireux de mettre fin à cette guerre, de s'assurer que les habitants de la région seront des partenaires responsables, on pourra y arriver. Jusqu'à maintenant, cela ne s'est pas produit.
Comme le soulignait plus tôt mon collègue de pendant la période des questions, les événements qui ont suivi les dernières élections afghanes ont de quoi inquiéter.
M. Galbraith, qui a beaucoup écrit sur l'Irak, a été franc au sujet de l'Afghanistan. Il a clairement dit qu'en qualifiant ces élections de justes et libres, on enverrait de toute évidence le mauvais message au peuple afghan. Pourquoi?
Lorsque des bureaux de vote fantômes annoncent que 90 p. 100 des électeurs ont voté pour le président, quel genre de message cela envoie-t-il au peuple afghan? Croit-on qu'ils ne s'apercevront de rien? En ignorant les propos de gens comme M. Galbraith, nous disons aux Afghans que tous nos beaux discours sur la démocratie et la notion selon laquelle ils devraient être libres de choisir qui dirige leur pays étaient creux, qu'en réalité, on s'en fiche.
C'est la même chose pour ce qui est de la corruption. La corruption est omniprésente en Afghanistan, et elle est entièrement liée au commerce de la drogue. Des membres actuels du cabinet du président participent à ce commerce.
Croit-on que les Afghans l'ignorent? Ils ne sont pas stupides. Ils comprennent mieux leur pays que nous. Si nous ne répondons pas à leur appel, qu'adviendra-t-il? Ils ne voudront pas nous écouter, pas plus qu'ils ne voudront travailler avec nous lorsque nous voudrons les aider.
Malheureusement, l'un de nos récents messages aux Afghans disait que, s'ils ne nous révélaient pas tout ce qui se produit dans le cadre de l'insurrection, nous leur retirerions notre aide. Je pense que c'est révélateur de l'essoufflement de la mission. Nous disons aux gens que nous voulons aider que, s'ils ne nous disent pas ce que nous voulons savoir, nous ne les aiderons plus.
Je pense que c'est la source de frustration des gens sur le terrain actuellement. Nous avons fait la même erreur d'orientation à maintes reprises. Nous disons qu'il ne s'agit pas d'une guerre qui sera gagnée par la force militaire, mais nous employons toujours les mêmes méthodes.
Je supplie le gouvernement de lire le rapport. Je sais que, dans son rapport dissident, il a exprimé son désaccord sur certaines des préoccupations du comité. Prenons toutefois quelques-unes des premières recommandations qui ont été formulées. Essentiellement, on y disait qu'il fallait maintenir en Afghanistan la Force internationale d'assistance à la sécurité, la FIAS, dirigée par l'OTAN, pour qu'elle continue à prévenir les pertes, chez les civils, et à minimiser les dommages à la propriété. Le gouvernement a répondu à cette recommandation que les Forces canadiennes faisaient tout ce qu'elles pouvaient en ce sens.
Mais il ne s'agit pas de cela. On ne parle pas des Forces canadiennes. On parle de la situation de l'ensemble de la mission.
Nous ne pouvons pas mener cette mission isolément. Nous ne parlons pas seulement de ce que nous faisons. Le fait est que, si nos alliés effectuent des frappes aériennes qui font des victimes civiles, non seulement nous donnons une mauvaise impression aux gens que nous essayons d'aider, mais nous aidons aussi l'autre camp, qui a alors un argument de plus pour recruter des membres qui contribueront au soulèvement.
Quand nous parlons de la recommandation no 3, selon laquelle le gouvernement du Canada devrait intensifier ses efforts, tant au plan diplomatique et militaire qu’au plan du développement, pour favoriser l’établissement des conditions propices à un processus de paix en Afghanistan, j'aimerais bien que le gouvernement dise qu'il croit aussi que c'est une bonne idée.
Encore une fois, je reviens à l'objectif que le gouvernement a établi dans son propre rapport, la réconciliation. Il n'a pas réussi à faire le moindre progrès réel sur le plan de la réconciliation. Je sais que des projets pilotes sont en cours sur le terrain et qu'ils sont importants. Nous devons développer cette capacité. Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue l'objectif premier, qui est de mettre fin à cette guerre. Ce sera très difficile d'obtenir une réconciliation avant qu'on ait mis un terme au conflit. N'importe quel expert des conflits et des périodes de relèvement après un conflit le dira. La véritable réconciliation se fait une fois que le conflit est terminé.
J'espère que le gouvernement prend le rapport et la recommandation no 3 au sérieux et qu'il ira au-delà des objectifs qu'il s'est fixés pour la réconciliation et nous dira comment mettre fin à cette guerre.
J'implore encore une fois le gouvernement. Il doit discuter et collaborer avec nos alliés. Il doit parler aux États voisins. Si nous ne parlons pas aux Russes, aux Chinois, aux Iraniens et aux Pakistanais de leurs intérêts personnels en lien avec l'Afghanistan et le Pakistan, alors le conflit s'éternisera et durera encore bien plus longtemps que le nombre d'années que nous y sommes déjà engagés.
Il est important de souligner depuis combien de temps nous sommes engagés.
En résumé, j'espère que la Chambre et notre pays débattront davantage de la guerre en Afghanistan que dans le passé. J'espère que nous trouverons des solutions communes, afin que lorsque nous en serons au point de nous demander « et maintenant, qu'allons-nous faire? » — et nous en sommes là — nous aurons un plan et nous aurons trouvé un consensus pour laisser le passé derrière nous et nous tourner vers l'avenir pour mettre fin à la guerre en Afghanistan, utiliser nos ressources diplomatiques et nous assurer que tout n'est pas perdu, que le Canada peut reprendre son rôle légitime dans le monde, celui d'une nation qui met fin aux conflits et bâtit des sociétés à la fin d'un conflit.
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Monsieur le Président, nous avons débattu de cette question à la Chambre à de nombreuses occasions et le NPD s'obstine à présenter le même vieil argument alors que beaucoup de choses ont changé. Je me souviens de l'époque où le rapport était en préparation et le député était là. Le avait créé le comité Manley qui a étudié la question à fond et a formulé des recommandations que nous avons présentées à la Chambre. Celle-ci a adopté une motion sur l'Afghanistan qui précisait quel serait l'engagement du Canada dans ce pays.
Je rappelle aux députés que le NPD s'est opposé à cette motion. Dans cette motion, le Parlement donnait une orientation très claire. Le NPD parle du rôle historique du Canada dans le maintien de la paix. Il est vrai que le Canada a souvent participé à des missions de maintien de la paix. C'est un rôle traditionnel du Canada et il s'est fait une réputation internationale à ce chapitre. Je suis même allé au Congo pour voir comment travaillaient les forces de maintien de la paix sous l'égide des Nations Unies. Il faut comprendre que ces forces ont un mandat des Nations Unies. Nous ne prenons pas tout simplement nos fusils pour aller tenter d'imposer la paix entre deux parties sans avoir au préalable un mandat des Nations Unies.
Je rappelle à mon vis-à-vis que la mission se fait sous un mandat des Nations Unies. Ce sont les Nations Unies qui ont demandé à l'OTAN d'assurer la sécurité dans la région. Il faut bien le comprendre. Là-dessus, le NPD change constamment de position.
Ce n'est pas une guerre. Nous assurons la sécurité dans un pays où régnait l'insécurité. Que cela soit bien clair pour que le NPD comprenne ce qu'est un environnement sûr et ce qu'est une guerre.
Une guerre met deux pays ou deux parties en cause. En l'occurrence, il n'y a pas deux parties. C'est un type différent de guerre. Nous sommes devant une organisation terroriste qui ne respecte aucune règle. En fait, elle a le plus affreux bilan jamais vu en termes d'administration gouvernementale. Elle n'accordait aucun droit à ces propres citoyens. C'est pourquoi les citoyens afghans veulent que nous instaurions la paix et la sécurité. La paix et la sécurité ne peuvent être assurées que par les forces de l'OTAN.
Le député oublie une chose: tous les membres de l'OTAN apportent une aide à l'armée nationale afghane. Cette armée est en construction, la police afghane est en construction et le système régional afghan est en construction. Ce sont les forces de l'OTAN et la population locale qui travaillent à cela.
Nous avons débattu de cette mission à la Chambre en de nombreuses occasions et le gouvernement sait où il va. C'est pour cela que le député et mon collègue, le , font partie du comité spécial sur l'Afghanistan. Il se réunit régulièrement afin d'observer les progrès enregistrés par nos forces. Le député qui vient de parler fait partie de ce comité, donc il est au courant de ce que nos forces font. Les audiences sont télédiffusées et nous invitons toutes les parties intéressées afin de savoir précisément quels sont les succès de notre mission sur le terrain.
Quand un soldat canadien est tué, cela attriste tous les Canadiens. Cela nous attriste tous, mais leur mort ne doit pas être vaine. Il faut que la guerre cesse en Afghanistan. Ce pays doit vivre dans la sécurité et non sous les menaces de terroristes qui vivent encore comme au Moyen Âge. Tout le monde sait ce qui se passait sous le règne des Talibans, ce qu'ils ont fait des droits des femmes et des droits des citoyens.
Si qui que ce soit a le moindre doute, qu'il regarde ce qui se passe dans le pays voisin, le Pakistan. Le gouvernement de ce pays a finalement dû envoyer l'armée contre les Talibans qui détruisaient toute forme de progrès.
Permettez-moi aussi de dire ceci. Le Canada consacre d'énormes sommes d'argent à l'aide au développement en Afghanistan. De fait, l'Afghanistan est le pays où nous investissons le plus dans le développement. Nous sommes très fiers de tous les efforts qui sont déployés là-bas en matière de développement, et nous voudrions qu'il y en ait encore plus. S'il était sûr, l'Afghanistan recevrait encore plus d'argent.
À l'heure actuelle, le plus important pour nous est de préparer le peuple afghan, qui était dépourvu de moyens, à prendre la relève. C'est l'armée canadienne qui entraîne l'armée nationale. On est en train de former les agents de police. Le système judiciaire est en train d'être mis en place.
Au fur et à mesure que les Afghans reprendront le contrôle de leur destinée, le Canada sera très heureux de leur rendre les rênes et de poursuivre ses opérations. C'est la raison pour laquelle nous avons déposé une motion à la Chambre qui prévoit que notre engagement militaire dans ce pays se terminera en 2011. Par la suite, comme l'a souligné le étrangères aujourd'hui, nous nous attendons à rester dans ce pays dans une optique de développement parce que le Canada appuie certaines valeurs humaines fondamentales. Le Canada défend les droits de la personne et la primauté du droit et il serait bon que nous soyons sur place pour aider ce pays à atteindre ces objectifs.
Je pourrais continuer ainsi encore longtemps, mais je n'ai pas besoin de le faire parce qu'en tant que membre du comité spécial, j'ai l'occasion de voir ces progrès. Je sais que mes collègues nous donneront des détails sur bon nombre de ces points aujourd'hui.
Je tiens néanmoins à dire une chose aux néo-démocrates. J'ai travaillé à la préparation du rapport dont ils ont parlé. Ce rapport a perdu de sa pertinence en raison du dépôt de la motion du Parlement. Il contenait effectivement de bonnes suggestions. Les bonnes suggestions peuvent toujours être prises en compte, mais ce qui importe davantage, c'est de reconstruire l'Afghanistan selon les désirs des Afghans et nous les aidons à le faire.
Nous venons en aide aux Afghans. Après un grand nombre d'années de luttes, des années et des années de terrorisme dans ce pays, le monde a finalement décidé de venir en aide à ces gens. Les députés néo-démocrates devraient appuyer la motion et se prononcer en faveur des mesures qu'elle contient. Ils devraient être fiers de le faire et ne pas s'opposer lorsque le Canada veut agir.
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Monsieur le Président, je remercie le député d' et mon collègue, le secrétaire parlementaire, pour leur participation à la discussion.
Pendant des générations, les historiens débattront les raisons qui ont poussé le Nouveau Parti démocratique à présenter cette motion précisément aujourd'hui. Je ne veux rien lui enlever. Il est important pour la Chambre de réfléchir à la mission en Afghanistan. En tant que parlementaires, nous le devons aux familles des soldats qui risquent leur vie ou qui ont fait le sacrifice ultime.
Avant d'être élu, en tant que membre du Parti libéral, j'ai participé à certaines discussions sur le mandat de la mission et j'ai apprécié les efforts déployés par le et d'autres pour faire participer un certain nombre de personnes à ces discussions. Je n'ai jamais considéré que la mission était un sujet qui se prêtait aux débats partisans. Pour un député, pour un gouvernement et certainement pour un premier ministre, il n'y a de décision plus importante que celle d'envoyer des militaires et des civils dans un théâtre de guerre et de leur demander de faire le sacrifice ultime. Quand nous discutons de cela avec nos électeurs, nous ne sommes plus dans la philosophie politique ou l'idéologie abstraite; pour les familles de militaires et pour tous les Canadiens, c'est bien réel.
Ceux qui étaient à la Chambre la semaine dernière savent que je n'ai pas hésité à intervenir de façon dynamique et partisane dans le débat sur la motion de censure. Cette intervention-ci sera de nature bien différente, de par la nature du sujet. Je suis heureux d'avoir la possibilité d'exprimer mon point de vue.
Il est important que la Chambre continue de fixer son attention sur les questions les plus importantes et les plus difficiles qui se posent à nous. Tout d'abord, bien que ce débat ait lieu dans notre pays, ne commettons pas l'erreur de penser que le Canada est le seul pays engagé dans ce conflit. Plus de 40 pays membres des Nations Unies sont engagés d'une façon ou d'une autre dans des activités en Afghanistan pour appuyer le mandat des Nations Unies et celui qui a découlé de la conférence de Londres. Le Canada, ses soldats, les travailleurs de l'ACDI et nos diplomates sont engagés en Afghanistan, au Pakistan et dans les pays voisins, mais nous ne sommes pas les seuls à l'être. Nos diplomates ne sont pas seuls. Nos travailleurs humanitaires ne sont pas seuls. Il faudrait mieux tenir compte de cette réalité dans nos discussions à la Chambre des communes.
Bien sûr, nous remplissons tous le mandat national qui nous a été confié par nos Parlements nationaux respectifs.
[Français]
Il est naturel de discuter d'une mission si importante à la Chambre des communes, mais il faut se rappeler que le Canada n'est pas seul là-bas, et que le Canada ne résoudre pas seul le conflit en Afghanistan. Ce n'est pas une mission canadienne, c'est une mission de l'ONU et de l'OTAN. Ce n'est pas seulement une mission pour notre armée et pour nos forces militaires, mais c'est aussi une mission pour nos diplomates et pour nos travailleurs de l'ACDI.
Il faut que nous comprenions mieux, en tant que Canadiens, que nous n'exécutons pas cette mission seuls. C'est une mission que nous menons avec tous nos alliés. C'est un effort difficile, mais important à la fois.
[Traduction]
Rappelons-nous, car il semble nécessaire de le faire encore et encore, ce qui nous a amenés là-bas, ce que l'OTAN et l'ONU y accomplissent et ce que nous tentons d'y réaliser.
Rappelons-nous que ce pays est au coeur d'un conflit qui dure depuis plus de 30 ans.Tout a commencé par une guerre civile, difficile et violente. Puis, en 1979, l'Union soviétique a envahi le pays. Au terme de l'invasion, alors que plus de 100 000 soldats soviétiques étaient présents en Afghanistan, des centaines de milliers de civils afghans et des milliers de soldats soviétiques avaient été tués. Des combattants moudjahidines, établis dans le Sud de l'Afghanistan et au Pakistan, ont résisté à cette invasion avec l'appui des services de renseignement et des forces armées du Pakistan et grâce au soutien de nos amis aux États-Unis.
En fin de compte, les soviétiques ont décidé de se retirer. Après leur retrait, la guerre civile a repris. Ce conflit a été suivi d'une autre guerre civile qui s'est soldée par la mise en place du régime taliban. Paradoxalement, des éléments au sein du régime taliban étaient soutenus par les Pakistanais, les Américains, l'ISI et la CIA. Tout cela a été amplement documenté, il ne s'agit pas d'une hypothèse farfelue. Ce sont des faits connus, étayés et établis.
C'est le régime taliban qui a protégé Al-Qaïda et qui a permis à Oussama ben Laden de mener des activités dans ce pays. C'est ce même régime taliban qui a donné à Al-Qaïda et à ben Laden le champ libre pour commettre des attentats, d'abord dans la région, puis plus tard contre les tours du World Trade Center, le 11 septembre.
L'OTAN a invoqué pour la première fois depuis sa création le principe selon lequel une attaque contre l'un des État membre de cette organisation constituait une attaque contre tous les membres. Nous étions attaqués. Les Nations Unies ont réagi en raison de la nature du conflit et du risque pour la sécurité que posait le régime en place en Afghanistan. Résultat, le Canada, en tant qu'État membre de l'OTAN, est intervenu. Nous sommes intervenus en raison de notre travail au sein des Nations Unies et de l'OTAN.
Le gouvernement du Canada a pris la décision d'appuyer la décision de l'OTAN, telle que sanctionnée par l'ONU, qui visait à renverser le régime taliban par une attaque militaire. C'est exactement ce qui s'est produit.
Le Canada a participé au conflit initial en Afghanistan. Nous avons soutenu l'opération de l'OTAN. Par la suite, le régime taliban a quitté les principales villes d'Afghanistan et l'opération de reconstruction a commencé, tout d'abord sous l'égide de l'ONU, dont le Canada est un membre et un partisan dynamique. Les Nations Unies ont ensuite invité puis mandaté l'OTAN afin qu'elle continue d'assurer les services de sécurité qui seraient nécessaires pendant la reconstruction de l'Afghanistan.
Il est important de se rappeler quel était le niveau de destruction physique en Afghanistan au moment d'entreprendre la reconstruction, quel était le niveau de pauvreté qui touchait ce pays de plusieurs dizaines de millions d'habitants, ainsi que les conditions les plus difficiles et les plus tragiques dans lesquelles a débuté cette reconstruction.
Des centaines de milliers de personnes avaient été tuées, en fait, il y avait des millions de morts, des millions de réfugiés et des millions de sans-abri. L'Afghanistan affichait le niveau de pauvreté parmi les plus élevés et la capacité de survie parmi les plus faibles de tous les pays de l'ONU. Le pays avait été dévasté par 30 années de conflits violents, sans parler des traumatismes psychologiques et physiques, du grand nombre de gens amputés d'un bras, d'une main, d'une jambe et d'autres membres, du nombre de gens handicapés et du nombre de gens qui étaient absolument anéantis par l'ampleur du conflit.
Les talibans n'ont pas été vaincus. Ils ont fui Kaboul et Kandahar, de même que les autres villes principales, mais l'organisation a survécu. Pour des raisons que les historiens pourront débattre, les États-Unis ont décidé qu'ils ne se consacreraient pas seulement à la reconstruction de l'Afghanistan, mais qu'ils étendraient la guerre contre le terrorisme, selon l'expression des Américains, à l'Irak.
À mon avis, et je l'ai dit à maintes reprises, c'était là une erreur monumentale. Lorsque Richard Clarke, conseiller auprès du président Clinton en matière de sécurité, a témoigné au Sénat, il a déclaré qu'il s'agissait selon lui d'une erreur fatale pour deux raisons. D'abord parce que cela avait permis à Oussama ben Laden et à ses acolytes de s'échapper et de se regrouper dans les montagnes au sud-est de l'Afghanistan et au nord-ouest du Pakistan, ce que, visiblement, ils ont fait en très grande partie. Ensuite, parce que la déstabilisation du monde passerait désormais par l'Irak, qui est lui-même devenu un terrain d'entraînement pour les terroristes et la guérilla, rendant ainsi la vie encore plus difficile pour tout le monde.
Il faut dire que nous tous, y compris l'OTAN, avons, dans plusieurs cas, mal conçu comment nous allions résoudre ce problème, et ce, tant sur les plans tactique que stratégique. À son arrivée au pouvoir, le a chargé M. Manley et d'autres personnes de se pencher sur le dossier de la guerre, ce qu'ils ont fait. Ils ont affirmé que le gouvernement devait changer de stratégie, que l'ensemble du gouvernement devait intervenir, que les efforts de l'ACDI, les mesures militaires et les initiatives de développement devaient être coordonnés. Nous devions comprendre que cette guerre ne se dénouerait pas par une victoire militaire classique. Il n'y aurait pas de jour de la victoire en Afghanistan comme cela avait été le cas en Europe et au Japon. On nous a dit qu'il ne s'agissait pas du même genre de conflit et qu'il fallait donc adopter une approche différente.
Je pense que l'on peut dire que le rapport présidé par M. Manley a eu des répercussions aujourd'hui et à d'autres moments en ce qu'il fait valoir que nous devons recentrer nos efforts. Nous devons continuer de le faire. Je crois qu'il est juste d'affirmer que le rapport que le Nouveau Parti démocratique nous propose de débattre aujourd'hui va en ce sens.
Les États-Unis sont en plein débat national. Le président a dit qu'il voulait poursuivre ses discussions avec le général McChrystal et ses autres conseillers sur la façon de procéder. Les Américains ont augmenté considérablement leurs effectifs militaires en Afghanistan, mais dirigeants militaires voudraient apparemment encore plus de soldats au cours des deux prochaines années afin d'assurer une plus grande stabilité en Afghanistan.
J'ai pu me rendre en Afghanistan à deux reprises, une fois comme simple citoyen et une fois à titre de député. Je ne peux pas dire que ces deux voyages font de moi un expert dans ce dossier ou qu'ils me permettent de présenter des observations particulièrement impressionnantes et plus pertinentes que celles que j'ai lues.
J'aimerais dire à mes collègues de la Chambre que j'ai trouvé les députés qui siègent au Comité spécial sur l'Afghanistan, le travail du Comité des affaires étrangères auquel j'ai pris part, toutes mes lectures sur le sujet et nos déplacements à Washington fascinants, importants et intéressants. C'est également le cas des discussions que j'ai eues à New York et Washington et avec les représentants d'autres pays engagés, ainsi que de mes conversations jusqu'aux petites heures du matin avec plusieurs ambassadeurs à Kaboul qui ont bien voulu me rencontrer à titre officieux, et de mes conversations avec nos militaires et les membres de leurs familles, avec les travailleurs de l'aide et les ONG en Afghanistan. Je crois qu'il nous faut trouver la meilleure façon d'aller de l'avant.
Je suis persuadé que l'on a souffert un peu de ce qu'on appelle le changement d'orientation de la mission en Afghanistan. Trop de gens étaient animés au départ de l'ambition de transformer ce pays en une démocratie libérale en un rien de temps.
Je ne cherche pas à me faire trop partisan en disant cela, mais une chose qui me dérangeait dans la doctrine Bush était l'accent mis sur l'exportation de la liberté à l'étranger; on l'impose et s'attend à ce qu'elle soit rapidement acceptée, alors que l'expérience m'a appris pendant toute ma vie que la réalité est tout autre.
On a affaire à une société profondément féodale et tribale, une société divisée et terriblement meurtrie et traumatisée. Le taux d'analphabétisme y est très élevé, et le niveau de développement économique, très faible. Plus de 50 p. 100 du PIB de cette narco-économie provient de la production et de la fabrication de drogues illicites. Dans cette société, ce que nous percevons comme étant de la corruption est monnaie courante.
La question des élections, à propos de laquelle j'ai questionné le ministre aujourd'hui, nous interpelle maintenant et, de ce côté-ci de la Chambre, nous continuons d'avoir de vives inquiétudes au sujet du déroulement de ces élections et de ce qu'il faudrait faire de plus pour garantir la crédibilité du gouvernement national en Afghanistan. La crédibilité de ce gouvernement aux yeux d'une proportion importante de la population afghane, sans compter les alliés qui contribuent de façon si importante à la vie et à la sécurité du pays, pose un grave problème.
Ce n'est pas une croisade, mais une mission de sécurité dont le but est de faire en sorte que ce pays et cette région ne servent pas de base à des activités terroristes qui pourraient menacer la sécurité mondiale. C'est de cela qu'il s'agit. Plus on pourra faire avancer la cause de la liberté, de la primauté du droit et de l'égalité, mieux le monde s'en portera. Ne perdons cependant pas de vue notre activité centrale. Cette activité centrale n'est pas une croisade, mais bien une mission de sécurité, sécurité qui ne peut être établie qu'en Afghanistan. Il faut que cette sécurité existe aussi au Pakistan.
Les gens parlent de la guerre du Vietnam ou d'autres conflits et disent « Attendez un instant, aidez-moi à comprendre. S'il y a un retrait complet, s'il y a un gouvernement taliban à Kaboul, si le Pakistan est encore plus déstabilisé qu'avant et s'il est possible qu'un gouvernement extrémiste plus radical arrive au pouvoir au Pakistan, un gouvernement qui a accès à des armes nucléaires et est un allié du régime taliban en Afghanistan, quelles sont les conséquences sur la sécurité mondiale? »
Aucune personne sensée ne peut regarder ce tableau et dire que la paix règne. Si la paix régnait, pourquoi nous inquiéterions-nous? Nos troupes n'y seraient pas déployées et personne ne se ferait tuer, alors nous aurions l'esprit tranquille. Mais quel genre de paix serait-ce? Si c'est le genre de paix qui met en danger la sécurité du reste de la planète, alors nous ferions l'autruche et prétendrions avoir trouvé une solution.
Je n'ai jamais pensé qu'on peut prendre à la légère la décision de partir en guerre ou de mener des actions militaires. Je ne suis pas non plus le genre de personne qui croit qu'on instaure la démocratie en utilisant des fusils.
[Français]
Toutefois, je suis convaincu qu'il y a un intérêt canadien primordial dans la sécurité du monde. Nous devons trouver les moyens d'assurer que le territoire autour de l'Afghanistan d'abord, que la population de l'Afghanistan et de la région et que la population du monde et du Canada ne soient pas encore l'objet d'attaques terroristes. C'est la raison pour laquelle je crois qu'il est important que nous continuions à donner le focus et l'appui nécessaire à une mission qui peut fonctionner et qui aura la chance de réussir.
[Traduction]
En conclusion, j'aimerais simplement dire que le Parti libéral et le caucus libéral continueront à être, dans la mesure du possible, une voix constructive et, je l'espère, efficace à la Chambre par rapport à cette mission. Je ne pense pas qu'il s'agit d'une mission idéologique. Je ne pense pas qu'il s'agit d'une mission exclusivement militaire et nous ne pensons pas non plus qu'il s'agit d'une croisade pour quoi que ce soit. Nous pensons qu'il s'agit d'une mission qui, nous l'espérons, permettra de faire de l'Afghanistan et de la région, un endroit plus sûr et, oui, de...
:
Monsieur le Président, je suis heureuse d'intervenir dans ce débat difficile.
En effet, il nous rappelle que cette mission a coûté la vie à 131 jeunes Québécois et Canadiens, des jeunes dont on a toujours dit à quel point ils étaient la fierté des troupes dont ils partageaient la vie, de même que la fierté de leur famille et de leur patelin. Ce prix à payer est lourd. Forcément, on doit trouver qu'il est utile et juste de payer ce prix. Le Canada compte 131 soldats morts, alors que l'ensemble des autres pays, sauf les États-Unis, ont laissé, là-bas en Afghanistan, 426 morts. Cela veut dire que nos pertes représentent bien plus que 25 p. 100 des pertes de l'ensemble des autres pays.
Je ne dis pas cela pour signifier que nous le regrettons, mais pour expliquer que le Bloc québécois n'était pas d'accord avec la proposition de continuer la mission jusqu'en juillet 2011. Il aurait bien voulu qu'elle s'arrête au début de l'année 2009. Est-ce parce que nous ne croyons pas à cette mission? Non, pas du tout, mais nous pensons que d'autres pays auraient pu prendre la relève. Je dirais même maintenant qu'ils le devraient parce que le Canada se retirera en juillet 2011, et d'autres pays devront prendre la relève. Nous pouvons dire que, pour leur sécurité, les Afghans auront encore besoin de l'aide d'armées d'autres pays.
Or, pour avoir demandé à plusieurs reprises, à l'occasion d'assemblées parlementaires à divers endroits en Europe ou à l'occasion de missions à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), aux représentants des autres pays de venir à la rescousse de ceux et celles qui étaient en Afghanistan, et pour avoir vu que, ma foi, l'enthousiasme n'était pas grand, je sais que le gouvernement du Canada, le et le doivent continuer à chercher des appuis pour le remplacement des Forces canadiennes quand elles partiront.
J'ai dit qu'il était faux que nous ne croyions pas à cette mission, mais que nous voulions partager sa difficulté avec d'autres pays qui ne l'avaient pas encore partagée, comme ils devraient le faire. À mon tour, je voudrais prendre un peu de temps pour dire ce qui, à mon avis, doit être fait en Afghanistan et pourquoi c'est si difficile.
Je commencerai par souligner le fait que les conseillers dans l'entourage du président Obama sont divisés, tel que nous le rapporte le New York Times de dimanche. C'est le seul que je lis; il est épais, et le dimanche, j'ai le temps. Donc, certains conseillers, comme le général McChrystal qui est nouveau, disent qu'il doit y avoir 40 000 soldats de plus. D'autres disent que non, que cela ne sert à rien et que cela ne donnera rien de plus. Ce sont aussi des personnes expérimentées.
Je ne suis pas encore allée en Afghanistan — il se peut que j'y aille et j'aimerais cela — mais j'ai beaucoup lu et j'ai beaucoup réfléchi. À la lecture du Globe and Mail ou du National Post il y a quelques semaines — je sais que c'était un journal anglophone —, j'ai vu deux grandes pages consacrées à des femmes qui étaient heureuses de la mission de 2001, pas seulement la nôtre mais la mission en général, mais qu'elles connaissaient maintenant la même peur d'intervenir et de vivre qu'elles avaient quand les talibans étaient là.
Il y a donc quelque chose qui ne va pas. J'ai entendu Mme Soraya Sobhrang, la présidente du comité des droits humains, dire qu'en conclusion, le Canada apportait de bien bonnes choses et que les gens le lui disaient. Mais ils lui disaient aussi qu'ils avaient peur de ne pas vivre demain.
Je sais qu'en disant cela, je soulève la question de la sécurité. Quelqu'un en cette Chambre croit-il qu'on peut venir à bout de cette question seulement par les armes ou avec des soldats? Il me semble qu'il est évident que non, et que les talibans et tous ces jeunes et moins jeunes sont prêts à donner leur vie pour chasser l'étranger et pour revenir à leur vie antérieure. On n'en a pas parlé avec eux, il faudrait le savoir, mais il faut plus que la sécurité pour venir à bout de la situation en Afghanistan.
J'ai entendu nommer, bien sûr, la question de la drogue. C'est affreux, mais les talibans sont redevenus responsables de 90 p. 100 de la production d'héroïne. Les chiffres que j'ai lus reviennent à dire cela. J'ai entendu, dans des conférences, que l'éradication n'est pas possible. Elle a été possible dans quelques pays où la sécurité était très présente et où on pouvait punir ceux qui continuaient. Mais que faudrait-il faire en Afghanistan en ce moment? Certains proposent de convaincre les paysans de faire pousser des fruits et des légumes payants convoités par l'étranger. Pour cela, il faudrait effectivement les défendre pendant ce temps, mais il faudrait aussi avoir des infrastructures, des routes et ce qu'il faut pour transporter ces produits et les vendre à l'étranger. Mais il faudrait aussi de la sécurité. Oui, il est encore question de la sécurité, qui ne peut pas être assurée seulement par des soldats.
On dit qu'il faut s'entendre avec les talibans. Certains ont dit cela. Là-bas, des femmes disent qu'on ne pourra pas s'entendre avec les talibans, parce qu'ils voudront leur retirer tous les droits qu'on veut leur donner.
Par ailleurs, d'autres disent que parmi les talibans — je l'ai entendu dire aussi — certains sont parfois des paysans et parfois des talibans. Tout le monde n'a pas toujours cette « vocation » tout le temps. Effectivement, on pourrait sans doute convaincre des gens.
Cela m'amène à parler des structures du pays. On a voulu, et l'ONU a fait les choses en grand, que la démocratie s'implante là-bas. Le travail accompli a été considérable et on dit qu'il y a des avancées, mais le président Karzai traîne dans son entourage des odeurs qui ne sont pas des odeurs de sainteté. En ce moment même, on est à recompter les bulletins de la dernière élection en sachant que là aussi, il y a eu une division importante entre deux groupes. Certains étaient convaincus que le bourrage d'urnes avait été tel qu'il était évident que le président Karzai n'avait pas été élu démocratiquement. D'autres ont dit que ce n'était pas si grave que cela, qu'on allait recompter les votes ici et là et qu'on pourrait ensuite reconnaître M. Karzai. Cependant, on sait que le président Karzai s'est fait des alliés avec lesquels il n'est pas bon d'être ami, et ces alliés ont pour effet de teinter l'ensemble, ou une bonne partie, de son gouvernement.
Si j'énumère ces points, c'est qu'il m'apparaît qu'il va falloir savoir quoi faire dans les années qui viennent. Bien sûr, le porte-parole libéral que je ne peux pas nommer par son nom a dit avec raison — je pense qu'à peu près tout le monde en convient maintenant — que les États-Unis ont commis une grave erreur en abandonnant l'Afghanistan après la défaite des talibans pour s'en aller en Irak attaquer Saddam Hussein. Ce dernier, en passant, était le seul laïque à défendre les musulmans sunnites et à laisser libre cours aux Iraniens chiites; non seulement ils ont fait ce désastre en Irak par rapport aux Iraniens entre autres, mais ils ont fait un désastre en Afghanistan en abandonnant la partie alors qu'on était allé chercher l'appui de beaucoup de monde.
Les gens y croyaient, ils disaient qu'ils allaient avoir un pays, qu'ils pouvaient participer et qu'ils allaient se donner des règles. Malheureusement, comme on n'a pas fait les efforts qu'on devait faire au début, on se retrouve pris à faire ces efforts dans une situation bien moins favorable parce que les talibans sont revenus et la peur a repris certains de ses droits, notamment chez les femmes.
Il faut recommencer. On le fait et je sais que les Canadiens, les Québécois le font bien mais, je le répète, à un prix assez élevé. Ils le font bien, mais cela veut dire qu'ils sont obligés de former les Afghans pour pouvoir commencer à se retirer. Il faut, et c'est bien aussi, former la police et l'Armée nationale afghane.
Le est parti. Il ne m'aurait pas aimée.
J'ai relu la motion, dont voici des extraits, qui avait été adoptée pour dire qu'on allait rester là jusqu'en juillet 2011, à la condition:
que la contribution du Canada à la reconstruction et au développement de l’Afghanistan devrait être :
a) revitalisée et augmentée afin de mieux concilier nos efforts militaires et nos efforts de développement en Afghanistan;
C'est ce qu'il faut faire.
b) axée sur nos forces traditionnelles en tant que nation [au pluriel], particulièrement par le biais de l’élaboration de systèmes judiciaires et correctionnels sains et d’institutions politiques solides [...] [On essaie, mais c'est pas simple de participer] [...] à la résolution du problème chronique de la pénurie d’eau potable [...];
c) axée sur la résolution du problème désastreux de la narco-économie [...];
d) soumise à un plus haut niveau de transparence [...];
Je suis obligée de passer presque une page, mais je veux dire ceci:
qu’en ce qui concerne le transfert de prisonniers afghans aux autorités afghanes, le gouvernement doive:
a) s’engager à respecter les normes les plus élevées de l’OTAN et de la communauté internationale en ce qui concerne la protection des droits des détenus, ne procédant aux transferts que lorsqu’il sera en mesure de croire qu’il le fera en respectant les obligations internationales du Canada;
b) établir une solution avec les alliés de l’OTAN à la question des détenus, par le biais d’efforts diplomatiques issus des valeurs canadiennes profondes que sont le respect des droits humains et de la dignité pour tous;
c) s’engager à mettre en œuvre une politique de transparence accrue en ce qui concerne les mesures entourant la capture et le transfert de prisonniers, qui inclura l’engagement de rapporter au public les résultats de révisions ou inspections des prisons afghanes menées par les représentants canadiens;
Il me fait plaisir de lire cela puisque nous avons, en ce moment, un débat sur cette question. Je ne suis pas certaine que ce qu'on avait adopté ici a toujours été fait.
:
Monsieur le Président, je me fais une joie de participer au débat.
Premièrement, en ma double qualité de vice-président du Comité de la défense nationale et de vice-président du comité spécial sur l'Afghanistan, je tiens à saluer le travail formidable dont nos soldats s'acquittent dans ce pays.
J'ai visité nos troupes à Kandahar à deux occasions et, si j'en crois mon expérience personnelle, tous sans exception, à l'instar des députés de ce côté-ci et de l'autre côté de la Chambre, croient qu'ils font toute la différence dans la vie des Afghans.
Aujourd'hui, je vais parler abondamment de la nécessité de mobiliser la population. Selon moi, c'est essentiel.
Nous devons d'abord réaliser que nous vivons à l'ère de la gratification éclair. Nous nous attendons à ce que tout se matérialise sur-le-champ. De toute évidence, en Afghanistan, la solution politique qui renforcerait instantanément l'autonomie des Afghans, qui améliorerait l'économie, le niveau de vie et les réseaux sociaux dans cette partie du monde n'est pas pour demain. Un pays qui a été ravagé par la guerre pendant des années n'arrivera pas à trouver une solution du jour au lendemain.
Il ne fait aucun doute que le Canada participe au travail en cours dans ce pays, mais la solution afghane doit être trouvée. En effet, dans un document très important en date d'octobre 2007, le ministère de la Défense nationale parlait d'une approche tridimensionnelle « à la soviétique » de la question, où le résultat escompté serait la réconciliation nationale et non pas la victoire militaire. Selon cette approche, si nous souhaitons vraiment la paix en Afghanistan, nous devons collaborer pleinement avec toutes les parties pour instaurer une paix durable.
La stabilité est manifestement essentielle. Nous ne pouvons réaliser nos projets sans la stabilité sur le terrain.
Le Canada, de concert avec 40 autres pays de l'OTAN, collabore avec l'armée nationale afghane et la police nationale afghane pour essayer d'instaurer la stabilité sur le terrain en Afghanistan. Certaines régions sont plus paisibles que d'autres. Nous sommes engagés dans la région de Kandahar, une région très explosive, une région qui est le berceau des talibans.
Nous sommes actuellement aux prises avec une crise de gouvernance. Allons-nous connaître le succès ou bien l'échec? L'approche que nous choisirons est extrêmement importante.
Je félicite le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de son rapport, qui contient 34 recommandations. J'ai été membre de ce comité pendant un bon bout de temps et j'ai contribué à certaines de ces recommandations. Il vaut la peine de les passer en revue.
Le rôle du Ccomité spécial sur l'Afghanistan est d'informer la population canadienne des progrès réalisés à l'égard des points de repère que nous avons fixés. Il est important de disposer de certains jalons pour déterminer où nous en sommes, par exemple, sur le plan de la formation de l'Armée nationale afghane.
Si l'on redonne aux Afghans la responsabilité de leur pays sans toutefois être vraiment en mesure d'en assurer la sécurité, cela ne donnera rien. Il faut mobiliser les Afghans sur le terrain. Nous devons veiller à ce qu'ils aient une raison d'appuyer les efforts incessants déployés tant par le gouvernement de leur pays que par la communauté internationale.
Nous avons apporté des changements importants à notre stratégie et à notre mode de fonctionnement. Un de ces changements touche la formation de l'Armée nationale afghane. Lorsque je suis allé dans ce pays en mai 2008, j'ai été mis au courant d'une mission particulière dirigée par les forces afghanes. Les Canadiens appuyaient cette mission, mais jouaient un rôle secondaire. Nous avons pu constater, par exemple, qu'avec les bons outils, un moral solide et un appui approprié, une unité peut combattre les talibans et leur infliger des pertes importantes.
L'efficacité de l'Armée nationale afghane et de la police est extrêmement importante, et c'est l'un des points de repère que nous examinons à la Chambre. L'Armée nationale afghane possède plusieurs longueurs d'avance, et ce, pour bien des raisons. Il s'agit notamment de la rémunération et des ressources qui sont affectées à l'Armée nationale afghane. Cependant, la police est l'élément absolument crucial de la réussite de l'opération, car elle est présente dans chaque ville et chaque village. Souvent, le seul contact que les gens peuvent avoir avec le gouvernement, c'est par l'entremise de la police.
Il faut une force policière formée pour lutter contre le crime, mais aussi pour intervenir en matière de droits de la personne, dans le respect de la population afghane locale. Il est extrêmement important de veiller à ce que le respect soit au coeur des interventions si l'on veut pouvoir recueillir l'appui des hommes et des femmes composant la population locale, mais aussi si l'on veut pouvoir conserver cet appui.
C'est la culture de fonctionnement dans laquelle nous nous trouvons que nous devons manifestement changer. Nous sommes allés à Kaboul en 2001. Puis, lorsqu'est venu le temps de la rotation, nous avons cédé notre place aux Turcs. Le débat ayant précédé l'adoption de la motion du 13 mars 2008 portait notamment sur l'orientation future et sur la question de la rotation. Il fallait informer l'OTAN que nos troupes ne combattraient plus à Kandahar après décembre 2011. C'est très clair.
Nous allons devoir tenir un débat sérieux, dont je vais parler un peu plus tard, sur le rôle du Canada dans les activités de reconstruction après 2011. Certains sont d'avis qu'il ne peut y avoir de reconstruction sans présence militaire. L'équipe de reconstruction provinciale compte 150 soldats canadiens. Le Canada ne peut pas envoyer une équipe de reconstruction là-bas sans que 150 soldats canadiens en fassent partie, sinon elle va se faire envahir.
Voulons-nous continuer d'envoyer une équipe de reconstruction? Voilà une question à se poser. Voulons-nous participer à la formation de l'armée afghane après 2011, si nous y sommes toujours? Les Canadiens doivent comprendre que leurs militaires vont être exposés à des dangers. Ils ne pourront pas former les soldats afghans sur le terrain de parade. Ils vont subir des tirs ennemis. Les gens doivent savoir que le rôle de formateur ne signifie pas qu'il n'y aura pas de blessés ou de morts. Malheureusement, il y en aura.
Si nous allons nous occuper de gouvernance, nous n'aurons pas besoin de soldats. Nous pourrions conseiller divers ministères: le ministère de la Santé, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires étrangères. Nous pourrions envoyer des conseillers à Kaboul.
Si nous décidons de jouer un rôle de soutien, l'un des organismes auxquels nous n'avons pas fait appel est la Fédération canadienne des municipalités. Elle devait se rendre en Afghanistan en juin, mais, pour un certain nombre de raisons, elle n'y est pas allée. En tant qu'ancien président de cette fédération, je peux dire aux députés qu'elle fait un travail remarquable sur la scène internationale. Son travail est remarquable au point où l'ACDI lui accorde un financement quinquennal.
En ce qui concerne le développement des capacités à l'échelle des villages, nous pourrions faire venir des Canadiens experts en génie, en soins de santé de base et en élaboration de lois. Nous disposons d'une ressource, la Fédération canadienne des municipalités, qui a proposé son aide en Afghanistan afin de faire partie de la solution.
Il faut envisager des solutions de ce genre pour venir en aide au peuple afghan. C'est très important car le succès sera impossible sans de tels engagements.
Il y a aussi le domaine de l'éducation. Nous avons bien entendu vu plus de six millions de jeunes Afghans, en particulier des jeunes filles, aller à l'école pour la première fois. C'est là un grand succès.
Nous avons des experts sur le terrain là-bas, à un point tel que, dans un autre ordre d'idée, le gouvernement vietnamien sera bientôt à la recherche de 15 000 enseignants ontariens car il prévoit rendre l'enseignement de l'anglais obligatoire à partir de la troisième année. Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie que le Vietnam réalise que le Canada dispose d'incroyables ressources dans un domaine dont il a besoin.
Les Afghans ont également besoin de ces ressources. Une des principales ressources dont dispose notre pays est la diaspora. C'est en effet au Canada que se trouve le plus grand nombre d'Afghans à l'extérieur de l'Afghanistan et nous avons franchement très mal tiré parti de cette ressource. Ces gens connaissent la langue et la culture. Ils pourraient constituer ce lien nous permettant d'assurer le genre de développement que nous aimerions et certainement le genre de développement que le gouvernement afghan souhaiterait.
L'utilisation efficace de cette diaspora est un élément important dont nous devrions tirer parti dès maintenant et non pas seulement après 2011. Nous devons tirer parti de ces ressources de façon efficace. Ces gens veulent participer, et nous devrions les mettre à contribution immédiatement.
Nos contributions militaires et en matière de développement ne font aucun doute. Du côté militaire, nous savons que nous faisons avancer les choses. Du côté du développement, difficile de quantifier la construction de cliniques médicales et d'écoles si elles sont détruites six mois plus tard. Construire une clinique, ce n'est pas seulement bâtir un édifice; c'est former les employés, leur apprendre à donner des injections, à assurer un certain niveau d'hygiène, à garder les planchers propres, à veiller à ce que tout soit impeccable. Autrement, la clinique n'a aucune valeur. Il faut faire ce travail.
Nos travaux auprès de nos alliés afghans doivent être beaucoup plus efficaces, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption, qui demeure un grave problème. C'était un des problèmes de la police. L'argent devait passer par les commandants avant de se rendre aux gens sur le terrain. Heureusement, cette pratique a cessé, mais si le financement est inadéquat, où est l'incitatif? C'est une question importante.
Il y a clairement une crise de confiance en Afghanistan, surtout au sein du gouvernement et de la coalition internationale. Nous devons donc assurer la participation des Afghans pour qu'ils comprennent et que nous puissions améliorer leur qualité de vie. Pour la première fois, il y a plus de plantations de blé que de pavot. L'Afghanistan est même devenu un grand producteur de blé, ce qui est beaucoup plus lucratif pour les agriculteurs. Seuls les barons de la drogue s'enrichissent avec le pavot.
Le barrage Dahla, un de nos projets clés selon le gouvernement, approvisionnera en hydroélectricité et irriguera les terres de centaines de milliers d'Afghans lorsqu'il sera opérationnel. Il faut maintenant se demander, évidemment, comment nous défendrons ce barrage, qui sera une cible de choix. Que ce soit l'armée canadienne ou les soldats afghans qui s'en chargent, ou qu'on choisisse d'attribuer un contrat, nous devons veiller à ce que le barrage fonctionne et continue de fonctionner et à ce que l'argent des contribuables canadiens soit utilisé à bon escient.
La résolution adoptée par la Chambre n'a pas donné au gouvernement un chèque en blanc. Le rôle du Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan consiste à obliger le gouvernement à rendre des comptes au sujet de l'atteinte des objectifs servant de repères pour que les Canadiens comprennent pourquoi nous participons à cette mission et pour que nous atteignions nos objectifs. En ce qui concerne la formation de l'Armée nationale afghane, nous n'avons pas atteint nos objectifs. À l'heure actuelle, seulement une unité sur huit pourrait être à la hauteur des attentes. Malheureusement, nous accusons un retard et il s'agit là d'une de nos principales inquiétudes de ce côté-ci de la Chambre. Les Canadiens s'attendent à ce que les ressources que nous avons investies produisent des résultats, alors pourquoi échouons-nous à cet égard?
Nous allons veiller à inviter les témoins appropriés à comparaître devant le comité. Peu avant la pause estivale, nous avons clairement expliqué cela aux Canadiens pour que, encore une fois, ils sachent où nous en sommes.
Cela ne constitue pas et n'a jamais constitué une mission canadienne, par conséquent l'OTAN et tous nos partenaires doivent être présents et assumer leurs responsabilités. Certains pays, comme l'Allemagne, ont établi des restrictions. C'est difficile à avaler. Je me souviens d'avoir rencontré des membres du Comité de la défense de l'Allemagne qui nous exhortaient à poursuivre les combats et à rester sur place plus longtemps. C'est bien beau, sauf que nous n'avons pas la permission de sortir la nuit parce que les Allemands ne sont pas là. J'ai donc trouvé ça un peu fort.
Nous avons rencontré des parlementaires pakistanais en mai. Nous avons eu des discussions très franches avec le Pakistan et, au cours des derniers mois, le gouvernement pakistanais a reconnu le fait que la menace principale ne se situait pas à l'est, en Inde, mais que, plus tôt cette année, les forces talibanes du Pakistan s'étaient rassemblées. Elles étaient très proches d'Islamabad jusqu'à ce que le gouvernement pakistanais manifeste la volonté politique et le courage politique de s'opposer à elles.
Sans approche régionale et sans l'appui d'acteurs régionaux comme le Pakistan, toute démarche pour obtenir la paix ou un type de réconciliation nationale entre les éléments plus modérés se soldera par un échec. Le président Karzaï a fait des tentatives à cet égard.
Le Pakistan est un acteur clé. L'Iran est un autre acteur clé à l'ouest. Il y a bien sûr la Russie, la Chine et d'autres pays, mais nous avons besoin d'une approche régionale. De ce côté, nous nous sommes assurés d'avoir cette approche parce que la diplomatie est un élément crucial pour parvenir à régler cette question.
Nous n'allons pas gagner sur le plan militaire. La défaite de la Russie l'a clairement démontré, comme l'a constaté le ministère de la Défense nationale. Nous devons mettre l'accent sur la réconciliation. Nous devons avoir des pierres d'assise là-bas.
Nous devons le faire au niveau diplomatique afin de nous assurer que nous sommes tous sur la même longueur d'onde. Si c'est une mission de l'OTAN, nous devons dire à nos alliés de faire leur part et assumer leurs responsabilités. Des pays comme l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont peut-être 150 à 200 soldats là-bas. Ils ont plus de soldats en Afghanistan que certains autres pays. Ils se rendent compte de la même chose que nous, à savoir que si nous ne réglons pas efficacement la situation en Afghanistan, cela entraînera le retour à Kaboul et dans d'autres villes d'éléments qui représenteraient une grande menace dans la région ainsi que la propagation du terrorisme dans le monde.
Un environnement d'information fondé sur des actes est important. Quelle perception les Afghans ont-ils de l'OTAN et du gouvernement? Nous entendons parler de bombardements aériens tragiques qui tuent des civils. Ces bombardements provoquent non seulement une réaction négative immédiate, mais ils tournent aussi des personnes, qui n'appuieraient peut-être pas autrement les talibans, en des partisans des talibans.
En fonction des actes, comment la vie des Afghans moyens s'est-elle améliorée en raison de l'intervention de la communauté internationale à l'appui du gouvernement?
Le gouvernement afghan a beaucoup à faire. Il va devoir travailler dur dans les domaines de la corruption et de la gouvernance. On a entendu parler des questions litigieuses concernant les élections, et cela est très troublant.
Jusqu'à 40 ou 45 p. 100 de l'aide internationale n'est pas utilisée parce que le gouvernement afghan ne peut pas le faire. Il n'en est pas capable. C'est dire l'importance du renforcement des capacités en matière de gouvernance, même dans les villages, afin d'améliorer la vie des gens grâce à de l'eau potable, à des soins de santé et à des emplois. Il est bien évident que l'accès à l'emploi est très important.
Quelles relations entretient-on avec la population locale? Les militaires canadiens ont fait un travail remarquable dans les villages, se liant d'amitié avec les habitants et les enfants. Ceux-ci doivent arriver à voir les Canadiens et les autres non pas comme une menace, comme l'ennemi, mais comme des amis. La situation s'améliorera vite, si de tels rapports sont maintenus.
Quel rôle le Canada doit-il jouer en Afghanistan? Devrions-nous même y assurer une présence? Dans l'affirmative, devrions-nous le faire ailleurs en Afghanistan? En quoi devrait consister notre contribution? Celle-ci doit se fonder sur les besoins de la population afghane. Il s'impose que l'on en débatte au Parlement, et ce, pendant plus que six heures.
Le gouvernement conservateur aime bien répéter que ce débat a déjà eu lieu, mais ce qu'il faut, en réalité, c'est un débat appelant la participation des Canadiens. Nous devons, en tant que représentants des Canadiens au Parlement, veiller à nous exprimer clairement.
Les Canadiens peuvent être sûrs d'une chose: tous les députés appuieront les militaires en activité de service outre-mer tant et aussi longtemps qu'ils seront en mission. Nous appuyons nos militaires à 100 p. 100
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet de ce rapport.
Je commencerai par avouer que depuis qu'on se penche sur le dossier de l'Afghanistan, le Bloc québécois a subi déception après déception. Pourtant, le dossier sur l'Afghanistan n'était pas mal parti. Tout le monde a convenu, après les attaques du mois de septembre 2001 aux États-Unis, qu'il fallait faire quelque chose, qu'il fallait bouger. Il fallait que la communauté internationale se mobilise pour éradiquer ce mal profond qu'est le terrorisme.
Peu de temps après les attentats de 2001, tous les yeux se sont rivés sur l'Afghanistan parce que tout le monde a convenu que les camps d'entraînement terroristes, Al-Qaïda et les talibans formaient un mélange très dangereux pour les pays occidentaux et qu'il fallait agir.
D'ailleurs, j'aimerais rappeler que c'était la première et la seule fois jusqu'à maintenant, dans l'histoire de l'OTAN, qu'on a invoqué l'article 5. L'article 5 est une disposition de l'OTAN qui mentionne que si un des 28 pays composant l'OTAN est attaqué, tout le monde est attaqué. Le lendemain des attentats du 11 septembre 2001 en territoire américain, l'OTAN a justement promulgué l'article 5 qui a forcé l'ensemble des nations à apporter leur contribution pour aider les Américains à éradiquer ce terrible mal.
Au début, on était d'accord. On se disait que l'ONU avait discuté et convenu que les États-Unis exerçaient une légitime défense et qu'ils pouvaient maintenant procéder à une contre-attaque. Il y a eu une période d'environ un mois où George W. Bush avait demandé à l'Afghanistan de livrer les têtes dirigeantes d'Al-Qaïda sans quoi les Américains interviendraient militairement. Effectivement, un mois ou deux après les événements du 11 septembre 2001, les États-Unis sont intervenus en Afghanistan. La guerre n'a pas été très difficile. Cela n'a pas été très long. Toutefois, les États-Unis et le Canada avaient l'impression qu'il devait y avoir plus qu'une guerre éclair pour que tout soit fini. Effectivement, c'était loin d'être fini, ce n'était que le début d'une guerre. Finalement, c'était plus une insurrection qu'une guerre comme telle.
Quand je parle d'insurrection, ce n'est pas vraiment compliqué. Les gens qui traitent les talibans de lâches parce qu'ils n'attaquent pas de front les colonnes de chars d'assaut des forces de l'OTAN font fausse route dans leur interprétation ou dans leur vision de la conduite d'un conflit. C'est certain que les talibans ne peuvent pas concurrencer avec les armes conventionnelles comme les chars d'assaut, les bazookas et les fusils des forces de l'OTAN. Ils convertissent donc leur action en insurrection où n'importe qui peut attaquer les forces de l'OTAN. Par exemple, un enfant de 15 ans peut s'approcher d'un soldat et se faire exploser. La tension est très forte et on ne sait pas d'où viendront les coups.
Le Bloc québécois a donc commencé à désenchanter. On soutenait cette mesure au départ, mais lorsqu'est arrivé la demande de prolongation de la mission jusqu'en 2009, on a émis certaines conditions. Le gouvernement ne s'est pas plié à ces conditions. Cela a fait en sorte que la mission a été prolongée jusqu'en 2009.
La mission a donc continué. À l'approche de 2009, le gouvernement conservateur a commencé à suggérer de poursuivre la mission jusqu'en 2011. On a eu une certaine déception parce que le Parti libéral, qui disait depuis déjà un an qu'il ne voulait pas prolonger la mission, que le Canada avait donné assez d'efforts et que la mission devait se terminer en 2009, a finalement couché dans le même lit que le Parti conservateur en décidant de prolonger la mission pour une deuxième fois, et ce, jusqu'en 2011.
On s'est objectés pour les mêmes raisons que la première fois. Il n'y avait pas de stratégie de sortie, ni de stratégie fondamentale à savoir où on s'en allait en Afghanistan. Quelles étaient les marques de commerce qui diraient qu'on avait réussi la mission en Afghanistan? Ce n'était pas cela, c'était au jour le jour. Il fallait faire les missions de recherche de talibans et en tuer le plus possible. On verrait après.
Plus cette insurrection avançait, moins on était sûrs des résultats. C'est pour cela que vers la fin de l'année 2008, on a dit qu'on ne prolongerait pas jusqu'en 2011. On n'était pas d'accord pour prolonger jusqu'en 2009, on n'était pas davantage d'accord pour prolonger jusqu'en 2011. Malheureusement, le Parti libéral a rejoint le Parti conservateur ce qui a fait en sorte qu'on est encore en Afghanistan aujourd'hui.
Je veux rappeler aussi que le titre de la mission des Américains en Afghanistan était « Enduring Freedom ». Les Américains sont intervenus en premier. Lorsqu'ils ont décidé d'envoyer une partie de leurs troupes en Irak, ils ont demandé à l'OTAN d'intervenir. L'OTAN a été saisi du dossier et, en 2005, elle a commencé à intervenir de façon assez systématique en Afghanistan. On a commencé par tenter de stabiliser la capitale, Kaboul. Ensuite, on a procédé dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, c'est-à-dire qu'on a commencé dans le nord, puis l'ouest et le sud pour finir dans l'est. Là, les problèmes ont commencé de plus en plus.
Il faut comprendre qu'une quarantaine de nations interviennent en Afghanistan, avec chacune leur chaîne de commandement. Au-dessus, une certaine confusion règne dans la chaîne de commandement. En effet, les Américains ont toujours dit qu'ils gardaient le pouvoir sur les troupes américaines. L'exemple typique est probablement le point cardinal de l'est. Là, les Américains avaient dit qu'ils s'occuperaient de la lutte anti-terroriste et c'est dans l'est que cela se passe actuellement. Il y avait donc une chaîne de commandement de l'OTAN et une autre américaine. Cela a causé d'énormes problèmes. C'est sans compter aussi que des règles d'exception existaient au sein des 40 nations, c'est-à-dire que leur Parlement demandait à leurs troupes de procéder en Afghanistan, mais à certaines conditions. Cela pouvait être de ne pas sortir en dehors du camp à partir de 8 heures, ou des règles d'engagement différentes d'une nation à une autre. Cela a fini par compliquer tellement la situation que, aujourd'hui, en Afghanistan, on est dans un état de confusion et de désorganisation.
On a donc des problèmes importants. Je suis allé souvent dans les réunions de l'OTAN pour leur demander pourquoi on ne pourrait pas faire une rotation des troupes en Afghanistan. Je parlais des points cardinaux tout à l'heure. C'est bien moins dangereux d'être dans le nord de l'Afghanistan, au moment où on se parle, que d'être dans le sud. Pourquoi est-ce toujours aux Canadiens d'occuper le sud? Pourquoi n'y a-t-il pas une certaine rotation à l'intérieur de l'OTAN. Ceux qui occupent le point cardinal du sud vont encaisser des pertes et cela coûtera beaucoup plus cher. Donc, on fera une rotation pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui portent le fardeau de ce conflit. Or, toujours, on s'est heurté à une fin de non-recevoir. Le a dû le demander aussi et je pense qu'il a dû se heurter, lui aussi, à une fin de non-recevoir.
Parlant du coût de la mission, je peux parler du directeur parlementaire du budget qui estime que cela aura coûté, à la fin de 2011, 16 milliards de dollars. C'est plus que 1 milliard de dollars par année. Aux gens qui me posent la question de savoir combien coûte le conflit en Afghanistan pour le Canada, je peux leur dire que cela coûte entre 3 et 4 millions de dollars par jour. Pourquoi est-ce que cela coûte autant? Parce qu'on n'a pas de financement commun encore à l'OTAN. C'est encore un autre problème important. Chacune des nations est responsable de ses forces là-bas. Si on est dans le nord, cela coûte beaucoup moins cher que si on est dans le sud.
Cela va nous coûter cher. Cependant, là où cela coûte le plus cher, c'est en pertes de vies humaines de soldats. Nous sommes rendus à 131 soldats. Je considère que le tribut à payer commence à être extrêmement cher. Il s'agit d'assister aux funérailles de ces soldats pour comprendre le coût humain. Ce n'est pas seulement le soldat qu'on a perdu. On voit ses camarades fondre en pleurs, par exemple, avec le cercueil, suivis de la famille étranglée par l'émotion. C'est presque intolérable dans ces églises lors des funérailles d'un militaire. C'est un coût et un tribut à payer qu'on ne pourra plus, selon moi, tolérer très longtemps. On ne pourra plus le tolérer parce que non seulement on perd des soldats, non seulement cela coûte cher, mais en plus, on est loin d'avoir la certitude qu'on va pouvoir réussir en Afghanistan pour les raisons que je viens d'invoquer.
Il y a toutes sortes de situations aggravantes en Afghanistan. Je commencerais avec la première concernant le Parlement canadien. On a un problème au Parlement canadien. Il a fallu se battre férocement pour avoir des breffages sur ce qui se passe en Afghanistan. Je me rappelle que le ministre de l'époque nous avait dit qu'il ne pouvait pas nous donner cela parce qu'on ne pouvait pas nous dire d'avance où on allait être la semaine prochaine parce que c'était de télégraphier la position à l'ennemi. Ce n'est pas cela qu'on voulait. On voulait savoir ce qui s'était passé au cours des deux semaines précédentes. Avançait-on en Afghanistan?
Je me rappelle qu'on nous proposait, au Comité de la défense nationale, toutes sortes de breffages du genre où on voit arriver un avion C-17 à Kaboul, qu'on nous montre sa cargaison où on voit des caisses et qu'on dit de regarder comme l'avion est beau. Ce n'est pas un breffage. De la même manière, on nous montrait un pont et on disait qu'on avait mis un mois à l'ériger et qu'on reliait les deux rives. Ce n'était pas ce qu'on voulait savoir.
Les membres du Parlement canadien ont-ils été suffisamment informés comme porte-parole de la population qui nous a élus au Parlement? Je dis que la réponse est non. On ne nous a pas donné l'heure juste et on continue de ne pas nous donner l'heure juste. On demande toutes sortes de détails supplémentaires et les gens de l'intelligence canadienne, une division de la Défense nationale, viennent nous donner des inepties comme celles que je viens de dire. On ne nous dit pas si on avance. On ne nous dit pas si la victoire est à portée de main. On ne nous dit pas si les gens sont heureux en Afghanistan. Les Afghans ont-ils constaté une amélioration dans leur qualité de vie? La réponse est non. Ce n'est pas le gouvernement canadien qui nous donne la réponse. Nous, les députés, sommes obligés d'aller puiser des renseignements dans toutes sortes d'autres sources d'information. Nous sommes obligés d'aller les consulter pour nous assurer d'avoir l'heure juste.
Je suis toujours en train de dire au Comité de la défense nationale qu'on est quand même un Parlement qui décide d'une mission, qui décide de combien cela va coûter, qui doit soutenir la pression de la perte de ses soldats.
On devrait, au premier chef, non seulement être consultés, mais bien renseignés. Pourtant, ce n'est pas comme cela que ça se passe. J'appelle cela un facteur aggravant.
Il y a d'autres facteurs aggravants. Le Pakistan est un facteur aggravant. Même dernièrement, l'armée américaine a engagé la bataille dans l'est contre des gens qui venaient du Pakistan. Quand on reçoit des délégués du Pakistan, des membres du Parlement du Pakistan, je leur dit toujours que c'est vrai qu'il semble que leur administration prend cela au sérieux. Je me rappelle de Musharraf qui nous disait avoir perdu quelque 800 soldats en un an. Son problème n'est pas nécessairement sa volonté politique de mettre des soldats sur la ligne de front, c'est aussi son problème avec le ISI, l'Inter Services Intelligence, le service de renseignements pakistanais, qui donne des armes aux talibans et les aide à ce point que la délégation pakistanaise nous disait l'autre jour que l'ISI est un gouvernement à l'intérieur du gouvernement. On a certains problèmes et le Pakistan est certainement un facteur aggravant. Je ne dis pas qu'ils ne font pas d'efforts, mais il y a une composante à l'intérieur du Pakistan qui fait en sorte que cela n'aide pas la cause des soldats de l'Alliance parce que tout le monde sait que les attaques viennent du Pakistan. Lorsque cela chauffe trop, on se replie au Pakistan, à ce point que les Américains ont d'ailleurs commencé à passer outre et à attaquer avec des drones certaines endroits au Pakistan parce qu'on ne semblait pas régler le problème dans ce pays.
On ne réglera peut-être pas le problème de façon militaire, j'en parlerai tout à l'heure, mais c'est déjà un indice important de constater que les Américains interviennent directement au Pakistan et qu'ils n'avisent même pas les Pakistanais de leur intervention.
La culture du pavot est un autre facteur aggravant. Comment peut-on gagner un conflit quand on enlève aux paysans leur pain quotidien? Il y a eu des discussions à l'OTAN. C'est sûr que ma collègue parlait tout à l'heure de l'importance des infrastructures et de l'importance de varier la culture. Il faut changer le pavot pour autre chose. Mais ça prend plus qu'une infrastructure et une variation dans l'agriculture, ça prend aussi un marché.
J'ai été témoin il y a quelques années de discussions où pouvait être assurée dans l'Union européenne une part du marché pour l'Afghanistan. C'est bien beau de changer la culture du pavot pour autre chose, mais si on produit des concombres, des tomates ou des melons, le marché interne afghan ne sera pas suffisant. Il faudrait peut-être que l'Union européenne, l'Amérique et le Canada fassent un effort pour accueillir des produits afghans. Ainsi, si on veut changer la culture du pavot pour autre chose, les infrastructures ne suffiront pas, on aura besoin de marchés.
D'autre part, on se rend compte que le pavot, actuellement, est ce qui nourrit l'insurrection là-bas. On a donc un problème et il faut s'y attaquer. Ce sont des facteurs aggravants dans la crise actuelle. Les pertes civiles sont un facteur très aggravant. Comment peut-on ainsi gagner un conflit?
J'entends mes collègues dire qu'il faut gagner les coeurs et les esprits des Afghans. Cependant, lorsqu'on tue des civils, est-ce qu'on s'aide comme groupe? Les Afghans ont connu la perte d'amis et de parents dans d'autres conflits. Je veux bien croire que les forces alliées actuelles ne soient pas des forces d'occupation. Les Russes étaient des forces d'occupation, parce qu'ils voulaient vraiment dominer le pays. Les forces alliées ne sont pas des forces d'occupation, mais lorsqu'on bombarde inutilement, lorsque surviennent des pertes de vies où l'on perd des jeunes femmes, des jeunes hommes et des enfants, ce n'est justement rien pour aider à gagner la confiance des Afghans.
D'ailleurs, les Afghans disent dans leurs propres sondages que la sécurité s'est détériorée depuis 2001. Cela signifie donc que c'était mieux sous les talibans que sous le régime d'aujourd'hui. C'est un facteur très aggravant. Le gouvernement est corrompu. On va donc de déception en déception. Les élections viennent d'avoir lieu et on remet en cause l'élection, sa légalité et sa légitimité.
L'autre jour, au Comité permanent de la défense nationale, j'ai parlé du colistier de Karzaï, qui est l'un des chefs de guerre les plus sanguinaires à avoir existé en Afghanistan. Les démocraties occidentales ferment les yeux et permettent de tels comportements. On ne pourra pas soutenir cela bien longtemps.
Les Afghans comprennent qu'il y a un problème majeur lorsque Karzaï s'entoure du pire chef de guerre de l'histoire de l'Afghanistan. On voit qu'il y a des boîtes de vote où on avait des listes d'électeurs et que dans certaines de ces boîtes de vote, il y a à peu près quatre ou cinq fois plus de bulletins de vote que de noms inscrits sur la liste électorale. Il y a eu des problèmes, des gens ont mis des bulletins de vote dans les boîtes de scrutin.
C'est donc une situation absolument difficile et on est encore pris entre l'arbre et l'écorce. On a fait un scrutin à bout de bras, mais sera-t-on capable, si c'est nécessaire, d'en faire un deuxième? Ce sont donc toutes sortes de facteurs aggravants. Il s'agit d'un gouvernement corrompu. Où sont passés les milliards de dollars qu'avait offerts la communauté internationale pour aider les gens?
Je me rappelle qu'on nous disait que, pour la construction d'une route, la tonne de roches pouvait coûter peut-être 8 $. Or, si on allait la chercher chez des chefs de guerre, ceux-ci demandaient 80 $ la tonne de pierres pour bâtir une route. Il s'agit donc d'une situation problématique.
Il faut revoir la situation et avoir une approche plus diplomatique. Il faut que les gens autour de l'Afghanistan se mettent dans le bain. On est tous desservis par ce qui se passe en Afghanistan actuellement. Il faut donc parler à l'Iran, à la Chine, à la Russie et à ceux qui entourent ce pays et qui sont au coeur des événements, parce que ces pays peuvent avoir une influence.
À l'heure actuelle, une conférence internationale serait probablement idéale pour qu'on puisse s'aligner à nouveau. Il faut donc poursuivre l'aide à la reconstruction en protégeant ce qu'on reconstruit et il faut développer le côté diplomatique. Si on pense qu'on gagnera ce conflit en ajoutant des soldats, tout le monde concède que c'est non. Les Russes ont déjà eu jusqu'à 150 000 soldats. Maintenant, on parle de se rendre à près de 120 000 soldats. Les Russes n'ont pas réglé la situation là-bas et sont partis de là très déçus et défaits.
C'était important que le Bloc s'inscrive dans le débat aujourd'hui. Le Bloc continuera d'être critique dans cette mission et il continuera de soutenir les soldats qui sont sous les ordres et qui font un excellent travail en Afghanistan.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à ce débat sur la motion d'adoption du rapport du Comité permanent des affaires étrangères sur l'Afghanistan, un rapport qui avait d'abord été présenté au cours de la dernière législature et qui, étant toujours pertinent, nous a de nouveau été soumis. Je suis heureux que nous ayons l'occasion de parler de ce qui se passe en Afghanistan et de ce que l'avenir réserve aux efforts du Canada dans cette partie du monde.
En tant que député néo-démocrate, je continue de croire que cette mission en Afghanistan n'est pas appropriée pour le Canada. Je l'ai toujours cru, depuis que je suis à la Chambre des communes et même avant. Si j'en avais le pouvoir, je rapatrierais nos troupes dès maintenant parce que je suis d'avis que le rôle qu'elles jouent est bien loin de celui que les Canadiens aimeraient voir leurs forces armées jouer à l'étranger.
Notre rôle dans cette mission de combat n'est pas approprié pour notre pays. Il s'éloigne de nos valeurs qui portent sur le maintien de la paix, la séparation des belligérants et l'opposition à ceux qui tentent de résoudre les conflits par la violence. Je suis persuadé que les Canadiens croient fermement que c'est là le rôle que le Canada devrait jouer dans le monde. Notre mission de combat en Afghanistan n'est pas conforme à ces valeurs que les Canadiens chérissent.
Je suis également d'avis qu'il s'agit là d'une guerre qui ne peut être gagnée. Nous avons entendu bon nombre d'autres personnes beaucoup plus au fait des opérations militaires que je ne le suis des déclaration similaires. Il ne s'agit pas là d'une déclaration venant d'une personne qui ne connaît rien à la situation ou aux difficultés de la participation à une guerre. Bon nombre de personnes croient fermement que c'est le cas.
Je crois également que la poursuite de la guerre et d'un rôle de combat en Afghanistan n'a jamais été un moyen d'assurer la sécurité en Afghanistan, d'assurer la sécurité du peuple afghan et de voir au respect des droits de la personne et des droits des femmes dans ce pays. Nous avons souvent entendu dire que c'était une guerre qui visait entre autres à affirmer les droits de femmes. Je ne crois pas que des mesures militaires puissent nous permettre d'atteindre de tels buts. Il faut beaucoup plus, et bien d'autres genres d'efforts pour arriver à atteindre de tels objectifs.
Nous avons vu l'opinion publique changer en ce qui a trait à la guerre, et ce, même de la part de gens qui l'avaient d'abord appuyée ou de gens qui se sont donné pour mission de comprendre comment les guerres sont menées et gagnées. Cette guerre ne peut pas être gagnée.
Nous sommes présents là-bas, et je doute que cela change d'ici février 2011, date qui a été fixée par la Chambre il y a quelques années. Toutefois, si l'occasion de discuter du retour des troupes se présente, je prendrai part à ce débat.
Que devons-nous faire entre temps? Le rapport est très clair. Au moins trois de ses recommandations font état de la nécessité de centrer davantage les efforts sur les moyens diplomatiques.
La recommandation no 3 porte sur la nécessité d'établir des conditions propices à un processus de paix et de réconciliation en Afghanistan. Elle indique également que les Afghans doivent travailler ensemble afin de trouver comment établir ces conditions. C'est une recommandation très importante du rapport.
La recommandation no 4 parle du rôle des Nations Unies. De toute évidence, les Nations Unies doivent jouer un rôle clé dans l'avenir de l'Afghanistan, peu importe la forme qu'il prendra. C'est une autre recommandation très importante du comité.
La recommandation no 5 parle de l'importance de la diplomatie dans la région. Elle souligne également qu'il est important que d'autres pays de la région, les voisins de l'Afghanistan, soient mis à contribution pour trouver une solution à cette situation. Nous avons déjà entendu parler de cela cet après-midi.
Les néo-démocrates militent depuis longtemps en faveur d'un effort diplomatique. Ils soutiennent depuis longtemps que le Canada devrait en faire davantage à ce chapitre. Le chef du Nouveau Parti démocratique, le député de , a dit très clairement que le Canada devait recourir à toutes les voies diplomatiques possibles et discuter avec tous les responsables qui pourraient aider à trouver une solution autre que militaire à la situation en Afghanistan.
On a d'abord rejeté cette idée, mais il est intéressant de voir que, désormais, de nombreux alliés, de même que de nombreux experts militaires, s'entendent sur la nécessité de ce genre d'initiative diplomatique. Il ne s'agit pas d'une simple option, mais plutôt d'une nécessité, surtout si nous voulons que les choses aboutissent.
Je suis fier de mon chef. Il était déjà parvenu à cette conclusion et il est clairement en faveur d'un rôle actif du Canada dans ce domaine.
Nous savons que la région n'est pas vraiment sûre. L'insurrection dans le sud de l'Afghanistan, qui s'étend maintenant vers le nord du pays, a également une incidence sur la sécurité des pays environnants. Ces pays ont tout intérêt à ce que soit trouvée une solution diplomatique à la situation en Afghanistan. Ils doivent également participer à la recherche d'une telle solution. Le Canada devrait les encourager à participer au processus. Les pays comme la Russie, la Chine, le Turkménistan, l'Iran et le Pakistan s'intéressent manifestement à ce qui se produit en Afghanistan. C'est leur propre sécurité qui est en jeu.
D'autres ont dit que ce processus diplomatique est absolument crucial. L'envoyé spécial de l'ONU en Afghanistan a demandé une intensification des efforts sur le plan politique, correspondant à l'intensification sur le plan militaire dont nous avons souvent entendu parler. Il nous faut une telle intensification des efforts sur le plan politique pour que soit trouvée une solution satisfaisante à ce conflit. Il est important de le réaliser et l'ONU a un rôle important à jouer à ce chapitre.
Nous savons également qu'engager ces autres pays dans le processus nous soulagera un peu du fardeau de la responsabilité de ce qui se passe là-bas. Le Canada assume déjà une très lourde part de ce fardeau et nos hommes et nos femmes des forces armées assument de bien des façons, une partie disproportionnée du fardeau que constituent notre engagement, nos activités et toute la guerre en Afghanistan. Il serait bon d'amener d'autres pays de la région à partager ce lourd fardeau.
Par ailleurs, des Canadiens ont participé à la négociation d'accords antérieurs dans cette région. Ce sont des experts de cette partie du monde, et particulièrement de l'Afghanistan. Je pense notamment à Mokhtar Lamani, qui a été très engagé des années durant. Il a travaillé en Afghanistan, avec les Afghans, et dans le reste de la région. Il devrait être invité à participer à tout effort en vue de trouver une solution pacifique ou diplomatique à ce conflit. Il travaillait avec son collègue, Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères d’Algérie, sur bon nombre de ces questions. Ensemble, il ont produit un rapport en 1988 et ont aussi contribué à la rédaction du rapport sur la conférence de Bonn, en 2001.
Il est intéressant de revenir à ces rapports, l'original de MM. Brahimi et Lamani et celui de la conférence de Bonn. Les problèmes qu'on y signale sont encore les mêmes en Afghanistan. En 2001, le rapport soulignait que les talibans entraînaient des combattants étrangers et que cela produisait un effet très déstabilisant. La question de la drogue, en Afghanistan, était aussi très déstabilisante, et la narco-économie nuisait grandement à tout effort accompli dans cette région. De graves problèmes étaient aussi constatés sur le plan des droits de la personne.
Malheureusement, rien de tout cela n’a changé aujourd'hui. Aucun des efforts faits en Afghanistan jusqu’à maintenant n’a permis de régler l’un ou l’autre des problèmes connus avant le début du conflit. Selon M. Brahimi, le processus issu de la conférence de Bonn requiert la participation des Afghans disposés à négocier, disposés à faire partie d’une solution diplomatique. Des éléments talibans disposés à participer à ce genre de processus pourraient aussi être appelés à collaborer.
Nous avons vu, dans d’autres circonstances où ce genre d'efforts diplomatiques plus larges était requis, des efforts auxquels participaient non seulement les pays de l’OTAN et l’ONU mais aussi des partenaires régionaux, la population de l'Afghanistan et les groupes politiques de ce pays. Le simple bon sens nous amène à croire que ce serait la meilleure méthode pour arriver à résoudre ce conflit.
Le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international a établi très clairement qu’il s’agit-là d’un élément très nécessaire de la solution et de ce qui devrait être au programme du Canada, et que nous pourrions faire beaucoup plus, à cet égard, en tant que pays.
Nous savons que nous avons d'excellents diplomates très compétents. Nous avons des spécialistes venant du Canada dans la région. Nous disposons de moyens pour jouer un rôle important dans une solution diplomatique, et non seulement dans le cadre de notre mission militaire en Afghanistan.
Il y a de très graves problèmes liés au conflit en cours là-bas, de graves problèmes qui mettent en relief l'insuffisance des progrès, qui pourrait amener un grand nombre d'entre nous à nous interroger sur ce qui se fait là-bas, sur la nature de notre rôle et sur le degré de réussite que nous pouvons constater dans cette région.
Je pense que nous sommes nombreux à avoir été déçus par le résultat des récentes élections en Afghanistan. Les bureaux de scrutin déserts, les fraudes électorales qui semblent avoir été documentées jusqu'à maintenant et celles qui seront probablement signalées sont autant de déceptions. Ce doit être une déception énorme pour le peuple afghan, à qui on a répété que son avenir résidait dans la création d'une vraie démocratie. Il doit être incroyablement déçu que sa capacité de dire son mot sur l'orientation future du pays semble avoir été manipulée, que cela ne semble pas fonctionner comme il se doit et que leur participation au choix des dirigeants a été en quelque sorte dénaturée. C'est un problème très grave et cela est très décevant et nous amène, encore une fois, à nous questionner sur les progrès réalisés jusqu'à maintenant en Afghanistan.
La corruption endémique en Afghanistan et au sein du gouvernement de ce pays suscite de vives préoccupations. De toute évidence, cela pourrait être attribuable en grande partie à la narco-économie et au commerce de la drogue, un grave problème continu. On a proposé d'autres solutions à ce problème, mais elles n'ont jamais été prises au sérieux par ceux qui font en sorte d'établir un régime moins corrompu en Afghanistan. On a avancé d'autres pistes de solutions à l'égard de la narco-économie en Afghanistan, mais on n'a réalisé que très peu de progrès sur ces fronts.
Notre participation soutenue à la guerre en Afghanistan suscite une très vive préoccupation qui nécessite toute notre attention.
Ces derniers jours, mon collègue, le député de , et ces derniers mois et ces dernières années, l'ancienne députée de New Westminster—Coquitlam—Burnaby, ont soulevé de vives préoccupations relativement aux activités de la police et des militaires afghans de même que de ce qui s'est passé dans les centres de détention et les prisons en Afghanistan.
Nous avons été déconcertés d'apprendre que des membres de la police et des forces militaires afghanes faisaient l'objet de graves accusations d'agressions sexuelles contre de jeunes garçons. Cela nous préoccupe énormément.
Nous avons aussi entendu les préoccupations que suscite la torture de détenus dans ces prisons en Afghanistan. C'est d'ailleurs une question que j'ai soulevée lors du débat sur l'Afghanistan que nous avons tenu dans cet endroit. J'ai parlé des préoccupations que suscitait la politique canadienne selon laquelle les militaires canadiens remettent aux autorités afghanes les personnes capturées lors d'opérations militaires, lesquelles sont ensuite emprisonnées, puis torturées, comme nous l'avons appris.
J'ai souvent qualifié d'inadéquate la politique canadienne selon laquelle les militaires canadiens remettent aux autorités afghanes les personnes capturées lors d'opérations militaires. Je continue de croire qu'il s'agit là d'un manquement à la responsabilité que nous avons à l'égard des personnes capturées pendant une guerre. Les allégations qu'on continue de faire relativement à la torture dans les prisons afghanes me préoccupent énormément.
Certaines de ces plaintes ont été examinées par la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire. Pourtant, ces derniers jours, nous en sommes venus à nous demander si cet organisme sera pleinement en mesure de faire rapport au sujet de ces très graves questions. Mon collègue de a de nouveau abordé ce dossier à la période des questions aujourd'hui afin que le gouvernement prenne des engagements à l'égard de ceux qui travaillent à ce rapport à la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire. C'est un rapport très important. Il doit être complété et ses rédacteurs doivent disposer des ressources nécessaires pour accomplir adéquatement leur travail avant qu'il n'y ait un changement à la tête de cet organisme. Je partage entièrement les préoccupations et les suggestions du député de à ce sujet.
Nous devons faire toute la lumière sur ce qu'a été notre rôle relativement à ces très graves allégations. Nous devons savoir si des Canadiens n'ont pas assumé leurs responsabilités concernant des renseignements qu'ils détenaient au sujet de mauvais traitements infligés à des garçons par des membres de la police ou de l'armée afghane. Nous devons savoir ce qui se passe dans les prisons afghanes. J'espère qu'il sera possible de faire en sorte que cet important travail ne soit pas retardé ou interrompu.
Peu après avoir été élu député à la Chambre, j'ai soulevé une préoccupation à l'occasion d'un débat exploratoire sur l'Afghanistan. J'ai demandé au ministre et à ses collègues comment le Canada prévoyait acheminer l'aide au développement en Afghanistan, en soulignant le fait que cette aide était acheminée par les militaires canadiens. J'avais de très sérieuses réserves à l'époque au sujet de l'efficacité d'une aide au développement apportée par des militaires, et j'en ai toujours. Il s'agit d'une approche totalement inefficace, inappropriée et dérogeant complètement à la façon dont le Canada a fourni une aide militaire dans le passé.
Lorsqu'une force militaire combattante est également chargée de fournir de l'aide au développement, particulièrement dans les régions où les attaques sont toujours possibles ou encore régulières, les projets de développement deviennent la cible d'attaques. Ce n'est pas une façon efficace d'éviter que l'aide au développement, qu'il s'agisse de la construction d'une école ou d'un autre édifice communautaire, ne soit la cible des ennemis de nos forces armées, à cause de leur rôle de combat dans la région. Ce n'est pas la façon de fournir de l'aide au développement.
En fait, si on jette un coup d'oeil aux statistiques, il semble que notre capacité de fournir cette aide soit extrêmement limitée. Si j'ai bien compris, nous nous sommes engagés à construire 50 écoles dans la région de Kandahar depuis que les forces canadiennes sont en Afghanistan. Toutefois, à ce jour, seulement 5 de ces écoles ont été terminées. Ce n'est pas un bilan très reluisant quand on sait que le mandat de nos forces armées là-bas tire à sa fin. Il est fort peu probable que le Canada puisse remplir son engagement de fournir une aide très importante au peuple afghan. Nous n'avons pas été en mesure de construire ces écoles qui constituaient un élément clé de notre engagement.
On pose beaucoup de questions sur les coûts de la mission militaire en Afghanistan. Je parle des coûts humains: des hommes et des femmes de nos Forces canadiennes et du diplomate qui sont morts en Afghanistan dans l'exercice de leurs fonctions. Nous savons que leurs familles, leurs amis et leurs collectivités, comme nous tous, pleurent leur perte. Les coûts humains sont énormes.
Nous savons aussi que les coûts humains chez les Afghans sont énormes. Nous n'entendons pas souvent parler des pertes civiles afghanes. En fait, ces renseignements sont parfois gardés secrets. J'ai demandé ces chiffres il y a des années; on m'a dit qu'il était interdit de les divulguer. Il y a un manque de transparence à cet égard. Il serait bon de connaître les véritables coûts humains de ce conflit, sans compter les immenses dépenses militaires liées à la mission en Afghanistan.
Il ne fait aucun doute qu'une part importante de l'argent des contribuables sert à financer la guerre en Afghanistan. Compte tenu des nombreuses questions sans réponse, on peut s'interroger sur la pertinence de cet immense engagement financier. Nous voulons que nos soldats soient bien équipés avant d'entreprendre une telle mission. Rien ne justifie le fait de les envoyer au combat sans qu'ils aient les ressources nécessaires. Toutefois, les coûts doivent être clairs.