Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole au sujet des amendements proposés par le NDP afin d'exclure certaines dispositions clés du projet de loi , la mesure de mise en oeuvre de l'accord de libre-échange avec le Panama.
Cet accord n'est qu'un exemple de plus prouvant que la stratégie commerciale du gouvernement est plutôt boiteuse. Et c'est la raison pour laquelle le NPD s'oppose à cet accord, comme peuvent en attester les nombreux témoins qui se sont présentés devant le comité permanent.
La classe moyenne a été éviscérée au cours des 20 dernières années. La plupart des familles canadiennes ont vu leurs revenus baisser et les inégalités ont augmenté: les niveaux d'inégalité qu'on observe au Canada sont les mêmes que ceux qu'on observait dans les années 1920. Cette situation s'explique en grande partie par l'application, par les libéraux d'abord, d'une série de mauvaises politiques économiques de droite que les conservateurs ont par la suite maintenues. Dans tout cela, un des éléments qui ressort, c'est l'approche que le gouvernement conservateur emprunte en matière de stratégie économique.
Les conservateurs ne vont cesser de répéter à la Chambre que c'est une magnifique occasion et que les Canadiens vont s'enrichir. Les Canadiens ont entendu ce refrain chaque fois qu'on débattait d'un accord. Le gouvernement a dit la même chose à propos du dossier du bois d'oeuvre, qui était en fait une capitulation. Il a dit la même chose à propos du dossier sur la construction navale, qui était en fait une capitulation. Il a dit la même chose du dossier sur la politique américaine d'achat aux États-Unis, qui était en fait une capitulation.
Toutefois, c'est le contraire qui s'est produit. Les revenus de la classe moyenne ont diminué; les Canadiens pauvres gagnent moins et ont plus de mal à joindre les deux bouts. Cela s'explique, en partie, par les accords que le gouvernement signe sans réfléchir aux conséquences.
C'est peut-être surprenant, mais le gouvernement conservateur ne fait même pas d'études d'impact avant de signer ces accords. Il les conclut à la hâte, en espérant et en priant que tout ira bien.
Il est intéressant de regarder les chiffres réels sur les exportations. Chaque fois que nous avons signé un accord commercial bilatéral, nos exportations vers ces marchés ont non pas augmenté, mais diminué.
Les conservateurs essaieront de nous raconter des sornettes plus tard aujourd'hui et ils utiliseront un tour de passe-passe très habile. En effet, au lieu d'utiliser les dollars indexés, ils utiliseront les dollars courants. Comme nous le savons, avec les dollars courants, on peut présenter n'importe quels chiffres et montrer que les gens gagnent plus d'argent, parce que ce pouvoir d'achat ne tient pas compte du taux d'inflation et de la dévaluation. C'est la même chose avec les exportations. En réalité — si l'on utilise des dollars indexés et en comparant des pommes avec des pommes dans les pays avec lesquels le gouvernement conservateur a signé ces accords commerciaux bilatéraux — nos exportations ont diminué. C'est un fait.
Les conservateurs essaieront de nous raconter beaucoup de sornettes, mais la raison pour laquelle leur stratégie commerciale est si dysfonctionnelle, c'est parce que, entre autres, ils n'ont pas fait leurs recherches et vérifié les chiffres. En fait, le NPD a fait les recherches, par l'entremise de la Bibliothèque du Parlement, parce que, même après avoir insisté pendant des mois auprès du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, ce dernier n'a pas été en mesure de nous fournir la valeur réelle, en dollars indexés, de nos exportations vers ces marchés.
Je vais abréger. Nous avons un gouvernement conservateur dysfonctionnel avec une stratégie commerciale dysfonctionnelle. Le gouvernement appauvrit la plupart des Canadiens parce qu'il ne réfléchit pas aux conséquences de ces accords commerciaux et qu'il adopte, en général, une approche farouchement droitiste à l'égard des accords commerciaux.
Nous avons signé un accord commercial avec le Panama. Quel est le problème avec ce pays? Dans une étude qu'il a réalisée au sujet des paradis fiscaux et de la criminalité, le ministère américain du Revenu parle du fait que le Panama favorise le blanchiment d'argent. Selon l'étude, 75 p. 100 de toutes les opérations hautement perfectionnées dans le trafic de la drogue ont recours à des paradis fiscaux secrets comme le Panama.
Je cite Tax Havens: How Globalization Really Works, de Ronen Palan: « Il est évident pour tous ceux qui ont étudié les services bancaires extraterritoriaux que leur croissance a été alimentée par l'augmentation phénoménale des sommes provenant du trafic de drogue aux États-Unis. »
L'IRS déclare que, sur les enquêtes qu'il a effectuées, 45 p. 100 portaient sur des transactions illégales mettant en cause des revenus légaux et 55 p. 100 sur des revenus illégaux liés au trafic de drogue. L'IRS énumère les paradis extraterritoriaux où se fait le blanchiment d'argent, ce qui est très intéressant. Toutes les pistes conduisent au Panama et aux Îles Caïmans. Les lieux mentionnés par l'IRS comptent pour 85 p. 100 de tous les cas de transactions sur des revenus illégaux.
Il ne suffit pas de signer tout bonnement des accords commerciaux avec n'importe quel pays. Nous parlons des Îles Caïmans, qui sont le principal paradis fiscal servant au blanchiment de l'argent sale de la drogue dans le monde. Le gouvernement a un accord commercial avec ce paradis.
Je n'aurai pas le temps aujourd'hui de passer en revue les atteintes aux droits des travailleurs et aux normes de protection de l'environnement ni le traitement des peuples autochtones au Panama. Cependant, je sais que mes collègues néo-démocrates le feront au cours des prochaines heures et des prochains jours de notre débat. Je mettrai plutôt l'accent sur la question du blanchiment de l'argent sale provenant du trafic de drogue.
Les conservateurs connaissent très bien la question fondamentale qui a fait surface et qui a amené le Congrès des États-Unis à mettre fin aux négociations d'un accord commercial avec le Panama. Le Congrès a apparemment des normes plus élevées que le gouvernement conservateur. On aurait pu penser que le gouvernement conservateur aurait déclaré qu'il négocierait serré au nom des Canadiens, qu'il mettrait un frein au blanchiment d'argent sale et qu'il réclamerait un accord sur l'échange de renseignements fiscaux avec le gouvernement du Panama. Il n'a rien fait de tel.
L'an dernier, il a envoyé une lettre au gouvernement du Panama qui n'a pas daigné répondre avant un long délai. Cependant, parce que les conservateurs sont mous à l'égard du blanchiment d'argent sale provenant du trafic de drogue, ils ont décidé qu'ils voulaient signer l'accord commercial même s'ils n'avaient obtenu du gouvernement panaméen aucun engagement à faire le ménage.
Quelle réponse les conservateurs ont-ils obtenue? Ils nous diront que le gouvernement du Panama s'est engagé à sévir contre le blanchiment de l'argent sale de la drogue qui se produit là-bas. C'est ce que les conservateurs diront aux parlementaires et au public, mais ils n'ont pas d'accord d'échange de renseignements à des fins fiscales. Même les petites conventions comme les conventions de double imposition s'appliquent seulement aux fonds légaux. Elles ne s'appliquent pas au blanchiment de l'argent sale de la drogue qui se produit au Panama au moment où je parle.
Les conservateurs n'ont pas obtenu ces assurances. Toutefois, il y a une disposition dans le projet de loi. Qu'est-ce que prévoit la disposition dans l'accord commercial? Elle prévoit que rien ne devrait entraver le transfert de fonds à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. Il semble que les conservateurs croient que les paradis fiscaux sont acceptables. Cela ne les dérange pas puisqu'ils sont laxistes à l'égard du blanchiment de l'argent sale de la drogue. Les conservateurs semblent également dire qu'ils ne peuvent pas arrêter la circulation de l'argent. Si les Hells Angels décident de faire du blanchiment d'argent au Panama, je suppose que c'est également considéré comme acceptable aux termes de l'accord commercial.
Voilà les aspects fondamentaux dont devraient se préoccuper ceux qui ont voté pour les conservateurs. Il n'est pas question de développement économique ou de progrès. Au contraire. Cette politique commerciale dysfonctionnelle montrent bien la fausseté des affirmations des conservateurs.
Les conservateurs prétendent que les revenus de la plupart des familles et les exportations ne diminueraient pas; ce sont des sornettes qui s'appuient sur une formule magique calculée en dollars courants. Or, c'est assez pitoyable, car celle-ci ne traduit pas le fait que les exportations ont diminué parce que la stratégie à cet égard est dysfonctionnelle et a échoué. Et ce n'est pas tout. L'accord lui-même faciliterait le blanchiment de l'argent sale provenant de la drogue et protégerait cette pratique.
C'est de la pure hypocrisie. Je trouve consternant qu'un gouvernement conservateur présente un tel projet de loi et qu'il ferme les yeux sur les crimes en col blanc et le blanchiment des narcodollars, s'il essaie en même temps de déclencher des élections. Au cours des prochains jours, nous allons soulever ces questions, et, bien entendu, ce sont les électeurs conservateurs qui seront les plus choqués devant l'hypocrisie du gouvernement conservateur.
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de parler de ce projet de loi. Je ne m'attendais pas à ce que des amendements supplémentaires soient proposés par le NPD, mais en toute honnêteté, je ne peux pas dire que je suis surpris outre mesure.
Il ne fait aucun doute que ces amendements sont dilatoires, obstructionnistes et inutiles. Il s'agit ni plus ni moins d'une façon à peine voilée de rejeter le projet de loi. Pis encore, à mon avis, ils démontrent un manque de respect à l'égard du travail des comités, puisque ceux qui y siègent ont eu amplement l'occasion d'y présenter leurs amendements. Nous avons débattu longtemps de ces questions et entendu de nombreux témoins, mais malgré cela, nous débattons aujourd'hui quatre amendements qui n'ont rien à voir avec la teneur du projet de loi. Ils ne visent qu'à le torpiller.
Je suis heureux d'avoir le privilège de parler du projet de loi sur l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama.
Commençons d'abord par énoncer quelques faits, puisque mon collègue en a présenté très peu.
Le Panama est une plaque tournante stratégique du continent américain, notamment pour les activités commerciales. Ce pays représente déjà un marché important pour les entreprises canadiennes. En 2009, les échanges commerciaux entre le Canada et le Panama se chiffraient à 132,1 millions de dollars. Le Panama est un marché possédant un fort potentiel, et cet accord de libre-échange aidera les entreprises canadiennes à en saisir les possibilités. J'aimerais donner un exemple personnel.
Il y a dans ma circonscription une firme d'ingénierie qui se spécialise dans le secteur pétrolier et gazier. À l'heure actuelle, elle travaille à des contrats au Panama. Or, afin de remplir ces contrats, compte tenu des droits de douane, il est plus à son avantage d'avoir recours à sa filiale au Mexique et d'expédier directement du Mexique au Panama. Si l'accord se fait, ces emplois resteront au Canada.
En outre, l'accord établirait des règles du jeu équitables qui permettraient à nos entreprises de maintenir ou d'accroître leur compétitivité dans un marché au sein duquel les grands concurrents, comme les États-Unis et l'Union européenne, ont ou cherchent à obtenir un accès préférentiel.
Un accord de libre-échange entre le Canada et le Panama se traduirait par des avantages concrets pour les Canadiens. Par exemple, il serait d'une grande importance pour les exportateurs de marchandises canadiennes.
En 2009, les échanges bilatéraux de biens non agricoles entre le Canada et le Panama s'élevaient à 104,2 millions de dollars; les exportations canadiennes de produits non agricoles vers le Panama étaient de 68 millions de dollars. Le député veut ignorer les chiffres et nier leur existence, mais aujourd'hui, le Canada et le Panama échangent beaucoup. Ainsi, la question s'impose: pourquoi ne pas préciser les règles dans le but d'établir des relations commerciales réglementées et avantageuses entre le Canada et un pays avec lequel nous échangeons déjà, un pays qui soutient les entreprises et les emplois du Canada?
Parmi les principaux produits d'exportation du Canada vers ce marché, mentionnons les produits pharmaceutiques, les machines, les véhicules, ainsi que l'équipement électrique et électronique. Dès son entrée en vigueur, l'accord avec le Panama éliminerait les droits de douane sur 99,9 p. 100 des importations récentes de biens non agricoles du Canada. Il éliminerait également les droits de douane, qui varient de 5 à 11 p. 100, sur les exportations pharmaceutiques du Canada vers le Panama. L'an dernier, ces exportations se sont élevées à 10,8 millions de dollars.
À l'heure actuelle, les exportations de machines et d'automobiles du Canada vers le Panama sont soumises à des droits de douane qui s'élèvent à 15 et 20 p. 100 respectivement. L'accord de libre-échange supprimerait ces obstacles.
En cette période économique difficile, ce qui est avantageux pour le secteur manufacturier l'est également pour le pays.
Dans le secteur forestier, l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama éliminerait des droits qui s'élèvent à 15 p. 100 et qui touchent divers produits du bois et du papier. Les Canadiens bénéficieraient donc de nouvelles possibilités dans les domaines de l'exportation du bois d'oeuvre, du contreplaqué, des livres, du matériel d'emballage et autres.
Au Canada, le secteur forestier engendre environ 12 p. 100 du PIB manufacturier du Canada et emploie directement 230 000 travailleurs. Comme le dit l’Association des produits forestiers du Canada, la forêt représente le gagne-pain de plus de 200 collectivités du pays. Notre gouvernement fait son possible pour que des secteurs comme celui-ci, qui contribuent tant à notre économie, aient accès à des marchés en croissance comme le Panama et soient en mesure de saisir les occasions qui s’y offrent.
Au chapitre du commerce des produits agricoles, les producteurs canadiens ont exporté au Panama des produits d’une valeur de 23,6 millions de dollars en 2009, et les choses peuvent encore s’améliorer.
À l’heure actuelle, le Panama impose des droits de douane pouvant atteindre 20 p. 100 sur de nombreux produits agricoles. Une fois mis en œuvre, l’accord de libre-échange éliminerait immédiatement les droits sur 94 p. 100 des exportations canadiennes à destination du Panama. Cela serait avantageux pour l’ensemble des agriculteurs canadiens, y compris les exportateurs de frites congelées, de légumes secs, de malt, de graines oléagineuses, de produits du bœuf et du porc, de sirop d’érable et d’arbres de Noël.
Canada Porc International a déclaré que le Panama constitue l’un des 15 premiers marchés des producteurs de porc canadiens, dont les exportations à destination de ce pays ont une valeur annuelle d’environ 5 millions de dollars. L’organisme appuie l’accord de libre-échange entre le Canada et le Panama et a souligné l’importance de sa mise en œuvre pour s’établir sur le marché panaméen avant nos principaux concurrents.
Les avantages de l’accès au marché panaméen ne se limitent pas aux produits agricoles et non agricoles ainsi qu’à leurs producteurs et à leurs exportateurs. L’accord de libre-échange avec le Panama améliorait également l’accès des fournisseurs canadiens de services qui cherchent à s’établir dans ce marché dynamique et en croissance. Le Panama ayant une économie axée sur les services, certains membres du secteur canadien des services y ont déjà des activités.
En 2008, nos exportations de services commerciaux au Panama ont totalisé 12 millions de dollars. Cela comprend notamment des services financiers, professionnels et d’ingénierie ainsi que des services en technologies de l'information et des communications.
L’accord de libre-échange entre le Canada et le Panama aiderait les fournisseurs canadiens de services à étendre leurs opérations, à chercher d’autres occasions à saisir et à se maintenir au niveau de leurs concurrents.
Grâce aux négociations qui ont eu lieu, le Canada a obtenu des droits d’accès allant au-delà des engagements du Panama envers l’Organisation mondiale du commerce, particulièrement dans des domaines qui intéressent les exportateurs canadiens, comme les services miniers, énergétiques et environnementaux. Cela assurera un accès préférentiel aux fournisseurs canadiens dans des domaines où le Canada possède des compétences qu’il est disposé à partager.
L’accord de libre-échange entre le Canada et le Panama établirait en outre de nouvelles règles régissant le commerce des services, assurant un traitement sûr, prévisible et équitable aux fournisseurs de services des deux pays.
Ainsi, une entreprise telle que SNC Lavalin, qui dirige un consortium chargé de construire une mine de cuivre de 4 milliards de dollars au Panama pour le compte de la société minière canadienne Inmet, profitera directement de cet accord.
Nous traversons une période économique difficile. De nombreux travailleurs canadiens s'attendent à ce que nous fassions preuve de leadership dans le domaine économique, favorisions des améliorations économiques durables et créions des emplois. Notre gouvernement a pris ces engagements et a promis d'aider les Canadiens à tirer parti de leur expertise et à pénétrer de nouveaux marchés dynamiques.
Les producteurs, les exportateurs et les fournisseurs de services canadiens se heurtent sans cesse à une concurrence féroce, et nous devons faire tout ce que nous pouvons pour veiller à ce qu'ils puissent livrer concurrence à armes égales.
Nous devons continuer d'abaisser les obstacles au commerce et de négocier un accès concurrentiel aux marchés mondiaux. Nous devons montrer au monde entier que les entreprises canadiennes sont insurpassables.
Un accord de libre-échange avec le Panama aiderait à atteindre ces objectifs.
Pour toutes ces raisons, j'exhorte tous les députés, y compris les néo-démocrates, à appuyer le projet de loi .
Pour le temps qu'il me reste, j'aimerais résumer certains des points saillants du projet de loi. Il y en a quelques-uns que nous ne pouvons pas ignorer.
Nous ne pouvons pas faire fi de l'augmentation de la circulation qui passera par le Panama une fois que les travaux d'élargissement du canal de Panama seront achevés. Nous pouvons considérer cette circulation accrue comme une obstacle, un défi, ou encore une possibilité. À vrai dire, j'y vois là une possibilité. Il n'y a aucune raison pour que l'accroissement de la circulation ne contribue pas à approvisionner nos ports à conteneurs sur les côtes Ouest et Est du Canada.
Nous n'avons tout simplement pas besoin d'attendre que l'Union européenne ou les États-Unis signent des accords de libre-échange avant d'avoir fait trop peu, trop tard. Nous ouvrons la voie, nous faisons la promotion des entreprises canadiennes, et nous comptons bien continuer à le faire.
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Madame la présidente, premièrement, je dois prendre la parole concernant les amendements proposés par mon collègue. Franchement, il demande la suppression de plusieurs articles qu'il a lui-même appelés des articles clés. C'est cela, le problème.
Il a demandé la suppression de l'article 7 qui constitue l'objet du projet de loi. Si on enlève la description de l'objet du projet de loi, je crois un petit peu que c'est un problème. Il demande aussi la suppression de l'article 10. Cela concerne les dispositions institutionnelles et administratives. Sans de tels articles, il n'y a pas de projet de loi.
Il demande en outre la suppression de l'article 12 qui parle des groupes spéciaux, des groupes de travail et des autres personnes chargées d'administrer le projet de loi, particulièrement en ce qui a trait aux sujets du travail et de l'environnement. Je sais que ce sont des sujets que mon collègue trouve vraiment importants. Finalement, il demande la suppression de l'article 63 qui propose l'entrée en vigueur du projet de loi. Sans ces articles, il n'y a pas de projet de loi, et je trouve, franchement, que mon collègue joue à des jeux ici, en cette Chambre. On a déjà décidé de ces questions en comité.
Je veux maintenant dire que nous ne donnons pas notre appui aux amendements et je veux prendre un petit peu plus de temps maintenant pour parler un peu du projet de loi, tel qu'il est maintenant.
[Traduction]
Je viens d'expliquer brièvement pourquoi nous n'appuyons pas les amendements proposés par mon collègue. En fait, ce sont des amendements qui ont déjà été proposés et étudiés au sein du comité. S'ils étaient adoptés, ils auraient pour effet de démolir le projet de loi. Je respecte mon collègue, mais je trouve qu'il abuse du temps qui lui est accordé à la Chambre des communes. Il joue un jeu. J'aimerais que nous étudiions plutôt la substance du projet de loi, soit la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange avec le Panama. Je suis heureuse de dire que le Parti libéral appuie ce projet de loi.
Permettez-moi de fournir certaines statistiques aux députés. En 2008, le taux de croissance du PIB réel du Panama a atteint 10,7 p. 100, un des taux les plus élevés en Amérique. Malgré le ralentissement économique, le Panama a affiché une croissance positive de 2,4 p. 100 en 2009, ce qui devrait se poursuivre en 2010. Nous attendons les statistiques pour le confirmer.
Les travaux d'élargissement du canal de Panama sont en cours et devraient être terminés d'ici 2014. Leur coût est estimé à 5,3 milliards de dollars. Cet élargissement devrait permettre de créer des débouchés pour les entreprises canadiennes, notamment dans les secteurs de l'infrastructure et de la construction, de l'environnement, de la construction mécanique lourde et des services de consultation, des projets d'immobilisations, du développement du capital humain et des matériaux de construction. Tout comme les accords de libre-échange conclus entre le Canada, le Chili et le Costa-Rica, l'Accord de libre-échange nord-américain et l'accord proposé de libre-échange avec la Jordanie, qui n'a pas encore été ratifié, l'Accord de libre-échange Canada-Panama comporte des accords parallèles sur la coopération dans le domaine du travail et sur l'environnement.
Il est vrai que le Panama est une économie relativement petite. Nous préférerions que le Canada entreprenne des négociations commerciales multilatérales au sein de l'Organisation mondiale du commerce. Malheureusement, les négociations dans ce forum sont actuellement au point mort. Nous sommes favorables aux efforts visant à négocier des accords commerciaux bilatéraux, y compris l'accord avec le Panama.
Même si l'économie panaméenne est relativement petite, nous avons tout de même exporté en 2009 des marchandises d'une valeur de 90 millions de dollars vers le Panama. C'est peut-être inférieur à la valeur des exportations canadiennes vers d'autres partenaires commerciaux, mais c'est un marché assez important pour les entreprises concernées, dans les secteurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire, de la construction ainsi que dans divers autres secteurs de ce pays. La somme de 90 millions de dollars représente un chiffre d'affaires important, et cet accord de libre-échange a pour but de l'accroître considérablement.
Le Panama est aussi un pays stable qui a fait beaucoup de progrès dernièrement sur le plan du développement et de la démocratie, et le Canada a tout intérêt à continuer à l'encourager. Il s'agit de l'un des pans de notre philosophie en matière d'échanges commerciaux.
Le libre-échange favorise la circulation de l'information et des idées. Plutôt que d'ériger des murs, le libre-échange ouvre des fenêtres qui laissent entrer la lumière et des portes par lesquelles les Canadiens peuvent s'engager à toutes sortes de niveaux avec les autres pays. Si nous isolons un État, nous limitons en fait notre capacité d'intervenir dans le domaine des droits de la personne. Il en va de même pour les autres enjeux, comme celui que nous — et plusieurs autres avant nous — avons soulevé, soit les paradis fiscaux. Quand nous isolons un État, nous limitons notre capacité d'aider ce pays à s'améliorer.
Le Panama a déployé des efforts considérables, par l'entremise de l'OCDE, afin d'améliorer ses façons de faire et de redorer son blason sur la scène internationale. Je crois que nous aurions tout intérêt à l'encourager au lieu de lui taper sur les doigts.
[Français]
Nous appuyons ce projet de loi. Malgré les préoccupations concernant l'absence, pour le moment, d'une convention de double imposition ainsi que d'un accord d'échange de renseignements fiscaux entre le Canada et le Panama, nous devrions appuyer ce projet de loi.
Je veux insister sur le fait que les gouvernements du Canada et du Panama ont déjà commencé à déployer des efforts pour arriver à un accord sur la fiscalité. Le Panama a demandé que nous établissions un accord pour empêcher la double imposition, alors que le Canada préfère un accord sur l'échange de renseignements. Quoi qu'il en soit, les deux gouvernements discutent afin d'en arriver à un accord sur la fiscalité.
[Traduction]
Même si certains se sont inquiétés du fait que le Panama agit comme paradis fiscal ou ferme les yeux sur les activités de blanchiment d'argent, le gouvernement panaméen et celui du Canada ont tout mis en oeuvre pour conclure un accord d'échange de renseignements à des fins fiscales.
Au début, le Panama avait demandé au Canada de signer un accord qui éliminerait la double imposition. En guise de réponse, le Canada a proposé de conclure plutôt un accord d'échange de renseignements à des fins fiscales. Le Panama a répondu par la négative, affirmant qu'il préférait l'idée d'un traité sur la double imposition. Je rappelle au passage que le modèle type de traité fiscal préconisé par l'OCDE, qui est le même que celui que le Canada utilise toujours, contient tout un article sur l'échange de renseignements à des fins fiscales.
Nous appuyons ce projet de loi pour deux raisons: premièrement, il faciliterait grandement les démarches des entreprises canadiennes, ce qui ne peut que se répercuter positivement sur la situation de l'emploi au Canada. Deuxièmement, comme le Panama n'a pas encore signé d'accord commercial avec les États-Unis, plusieurs témoins nous ont dit à quel point ces derniers s'inquiétaient de voir le Canada les devancer à ce chapitre, à cause de l'important avantage concurrentiel dont profiteraient du coup ces mêmes entreprises canadiennes. J'englobe évidemment les domaines de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la construction. Je nommais d'ailleurs, au début de mon intervention, un certain nombre de secteurs à qui un tel accord profiterait.
C'est à cause de cet avantage concurrentiel pour les entreprises canadiennes, dans la mesure où les Américains n'ont pas encore signé d'accord avec les Panaméens, où le gouvernement américain fait l'objet de pressions afin qu'il conclue un tel accord et où le gouvernement du Panama et celui du Canada ont tout mis en oeuvre pour signer un accord fiscal, quelle qu'en soit la nature, qui leur permettrait de mettre leurs données fiscales en commun, que nous avons décidé de donner notre appui à ce projet de loi et, par le fait même, à la conclusion et à la ratification de l'accord de libre-échange avec le Panama.
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Madame la Présidente, j'ai le plaisir de prendre la parole au nom du Bloc québécois à cette étape-ci du projet de loi .
Des amendements ont été déposés, et plusieurs ont prétendu que ces derniers retiraient la substance même du projet de loi. Or c'est justement pour cette raison que nous sommes en accord avec ces amendements.
Ce projet de loi veut mettre en oeuvre un accord de libre-échange avec le Panama qui n'est pas un bon accord. On a entendu de nombreuses personnes, tant du côté des conservateurs que du côté des libéraux, nous parler des avantages économiques, mais il est indéniable, et je pense qu'il faut absolument l'admettre, que le Panama est encore et toujours un paradis fiscal aux yeux mêmes de l'OCDE. Le Panama n'a pas été retiré de la liste grise des paradis fiscaux de l'OCDE.
Évidemment, le Panama a entrepris une certaine démarche pour ne plus être sur cette liste, mais cela n'a pas encore été approuvé. Il lui manque encore des ententes, des conventions fiscales à tenir avec certains pays. Or un outil permettrait au Canada de vérifier ou de contrôler l'évasion fiscale des citoyens canadiens: la signature d'une entente d'échange de renseignements fiscaux avec le Panama.
Durant l'étude de ce projet de loi, on a entendu dire que le ou le , je ne me rappelle plus lequel, avait écrit à son homologue du Panama pour demander la signature et la négociation d'une telle entente. On a demandé plusieurs fois en comité à différents intervenants si le Panama avait répondu de façon positive. Or, à ce jour, personne n'a eu cette réponse. On a même entendu un représentant du gouvernement du Panama nous dire, au Comité permanent du commerce international, que ce n'était pas dans l'intérêt de son gouvernement de conclure une entente d'échange de renseignements fiscaux avec le Canada.
Si ce n'est pas dans l'intérêt du gouvernement du Panama, pourquoi le gouvernement canadien tient-il tant à aller de l'avant, malgré tout, avec cette entente de libre-échange, à faire voter un projet de loi de mise en oeuvre, alors qu'on perd absolument toute force de négociation avec le Panama?
C'est parce qu'on a abdiqué devant le Panama. On a abdiqué pour lui laisser le champ libre et pour que le gouvernement du Panama puisse imposer les entreprises canadiennes. Il l'a dit, il veut faire signer une entente de double imposition, ce qui signifie, dans les faits, une entente de non-imposition. Les entreprises canadiennes vont pouvoir rapatrier au Canada des profits libres d'impôts et payer un impôt minimal au Panama. C'est absolument inconcevable.
L'Agence du revenu du Canada n'est même pas en mesure de nous dire combien de pertes fiscales une telle entente va lui faire subir, combien de pertes fiscales les gens de la classe moyenne vont devoir combler à même leur travail et leurs propres impôts.
Il est absolument inconcevable qu'on aille de l'avant avec une telle entente. Voilà pourquoi le Bloc québécois est en faveur des propositions d'amendements. En effet, il y avait quand même eu des tentatives d'améliorer le projet de loi. En comité, on avait notamment proposé que soit ratifié par le Canada et la République du Panama un accord d'échange de renseignements fiscaux conforme au modèle de convention de l'OCDE portant sur l'échange efficace de renseignements en matière fiscale et n'entraînant pas l'abandon de recettes fiscales par le Canada.
Or les conservateurs et les libéraux on voté contre. Il me semble qu'on aurait au moins pu dire qu'on veut bien conclure une entente de libre-échange avec le Panama. Il peut y avoir des côtés intéressants, plusieurs l'ont soulevé.
Mais si, de cette façon, on se prive de revenus et on favorise l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent, je pense que sur le plan éthique, il faut se poser de sérieuses questions.
Doit-on quand même aller de l'avant? Le Bloc québécois dit non. Il est absolument nécessaire d'attendre et de voir si cet accord éventuel pourrait servir de sujet de négociation et de moyen de pression pour que le Panama accepte, d'une part, de sortir de la liste grise des paradis fiscaux de l'OCDE par diverses mesures et, d'autre part, de signer une entente d'échange de renseignements fiscaux avec le Canada. Cela serait plus équitable pour le Canada.
Je reviens au témoignage du fonctionnaire M. Richard Montroy, un membre de la haute direction de l'Agence du revenu du Canada, qui est venu témoigner au Comité permanent du commerce international le 17 novembre dernier. On lui a demandé si, même avec une entente sur l'échange de renseignements fiscaux de même qu'un accord de libre-échange, les entreprises pourraient quand même rapatrier des profits libres d'impôt au Canada. Il a répondu oui.
Cela veut dire que même avec toutes les garanties, il y aura toujours des entreprises qui vont rapatrier de l'argent. Cependant, si on connaît l'ensemble des renseignements fiscaux des Canadiens et les placements qu'ils ont dans ce pays, on pourrait récupérer une partie de cet argent qui échappe à l'Agence du revenu du Canada.
Or ce n'est pas le cas. Alors, on a complètement abdiqué. Le Bloc québécois pense qu'il faut absolument appuyer ces amendements pour se remettre au travail et attendre que le Panama ait fait ses devoirs avant d'aller de l'avant.