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Monsieur le Président, je suis ravie de prendre part aujourd'hui au débat sur le projet de loi .
Comme beaucoup de mes collègues à la Chambre, j'ai passé pas mal de temps à parler aux Canadiens de la nécessité d'avoir une pareille loi. Je suis convaincue que nous entendons tous le même message: il est grand temps de passer à l'action et de sévir contre les criminels en col blanc, et nous devons le faire maintenant.
Des victimes m'ont dit qu'elles sont fatiguées d'apprendre que des délinquants, qui ont peut-être volé toutes leurs économies, ne purgent pas des peines à la mesure de leurs crimes. Je me suis entretenue avec de simples citoyens canadiens et avec les familles d'innocentes victimes, et ils m'ont dit que le moment est venu pour nous de travailler ensemble afin de sévir contre les activités de ces criminels en col blanc, qui n'utilisent peut-être pas d'arme à feu, mais qui causent quand même des ravages dans la vie des Canadiens qui travaillent fort et qui respectent les lois. Ils m'ont dit que nous devions serrer la vis à ces délinquants dont les activités illégales font d'innombrables victimes.
Je suis donc heureuse d'appuyer le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui parce qu'il permettrait d'atteindre tous ces objectifs, dans la foulée des autres mesures impressionnantes déjà prises par le gouvernement pour défendre les victimes et sévir contre tous les types de crime.
Depuis cinq ans, notre gouvernement a beaucoup amélioré la sécurité dans nos rues en investissant dans la prévention du crime, le maintien de l'ordre et les outils de travail des policiers. En fait, rien que l'an dernier, plusieurs de nos projets de loi de justice ont reçu la sanction royale, notamment le projet de loi , qui cible la violence des gangs et le crime organisé en abordant les meurtres commis par des gangs, les fusillades au volant et le renforcement de la protection de la police et des policiers; le projet de loi , qui concrétise l'engagement pris par notre gouvernement auprès des Canadiens d'empêcher que les délinquants bénéficient d'un calcul en double ou même parfois en triple du temps passé en détention préventive; le projet de loi qui nous aidera à lutter contre le problème complexe, grave et croissant du vol d'identité et de la fraude à l'identité.
Je suis aussi fière de dire que notre gouvernement a récemment fait adopter une loi pour réformer le système de réhabilitation. Nous avons notamment veillé à ce que la Commission nationale des libérations conditionnelles du Canada ait la discrétion voulue pour déterminer si l'octroi d'un pardon ternirait la réputation de la justice.
Nous avons adopté une loi visant la violence des gangs et le crime organisé en répondant à des problèmes comme les meurtres commis par les gangs, les fusillades au volant et le renforcement de la protection des policiers.
Nous avons récemment adopté une loi renforçant le Registre national des délinquants sexuels et la Banque nationale de données génétiques pour mieux protéger nos enfants et d'autres membres vulnérables de la société contre les prédateurs sexuels.
Évidemment, notre gouvernement a tout dernièrement présenté un projet de loi pour réprimer le crime sordide du passage de clandestins qui menace nos collectivités et tout notre système d'immigration.
Notre gouvernement a en outre donné plus d'argent aux provinces et aux territoires pour engager des policiers supplémentaires. Je suis fière de voir que Statistique Canada a annoncé en décembre que le nombre de policiers au Canada avait atteint son niveau le plus élevé depuis 1981.
Notre gouvernement a aussi pris des mesures pour aider les jeunes à faire de bons choix et à éviter de se laisser entraîner dans des activités de gang grâce à des programmes financés par le Centre national de prévention du crime.
Notre gouvernement a pris des mesures importantes qui permettent d'enrayer la criminalité dans les villes. Nous allons poursuivre ces efforts.
On sait très bien que le crime et les activités criminelles prennent des formes multiples. On entend souvent parler de fusillades violentes et criminelles et de groupes capables de tuer et qui détruisent souvent des vies. Encore une fois, notre gouvernement a fait de gros efforts pour serrer la vis aux délinquants qui commettent ces actes effroyables.
Évidemment, il y a d'autres types de crimes tout aussi dévastateurs même s'ils sont commis sans l'usage d'armes à feu. Nous avons tous entendu parler des gens dont la vie est complètement ruinée par des délinquants en col blanc qui s'en prennent à des citoyens honnêtes et les dépouillent complètement des économies réalisées au long d'une vie de dur labeur pour leur retraite.
Nous avons tous entendu dire qu'il fallait prendre des mesures, réprimer cette criminalité en col blanc et prendre la défense des victimes. C'est ce que ferait le projet de loi que nous examinons aujourd'hui.
Comme nous l’avons entendu dire aujourd’hui, de nombreux délinquants obtiennent une libération conditionnelle anticipée grâce à ce qu’on appelle la procédure d’examen expéditif de la mise en liberté sous condition. Les délinquants primaires qui ont commis des infractions non violentes sont admissibles à la semi-liberté après avoir purgé le sixième de leur peine et à la libération conditionnelle totale, après en avoir purgé le tiers. A moins que la Commission des libérations conditionnelles du Canada n’ait des motifs raisonnables de croire qu’ils commettront une infraction accompagnée de violence s’ils sont libérés, elle doit procéder à leur libération.
Cela veut dire que, dans certains cas, un fraudeur, un voleur ou même un trafiquant de drogue peut se retrouver rapidement en liberté. Ce délinquant pourrait être condamné à 12 ans de prison, mais bénéficier d’une semi-liberté au bout de 2 ans seulement et de la libération conditionnelle totale, au bout de 4 ans. Actuellement, la Commission des libérations conditionnelles n'a pas de pouvoir discrétionnaire ou n'en a que peu, pour faire face à ce genre de cas. Le critère est le risque que le délinquant commette un crime violent. Par conséquent, même si la Commission des libérations conditionnelles croit que le délinquant risque fort de commettre une nouvelle fraude, un nouveau vol ou une autre infraction reliée à la drogue, elle a quand même l’obligation de le libérer.
Ce qui accélère encore plus la procédure d’examen, c’est que la Commission des libérations conditionnelles du Canada procède à ces examens expéditifs sur dossier, alors qu’elle tient normalement une audience pour la libération conditionnelle ordinaire.
Le critère pour la procédure d’examen expéditif de la mise en liberté sous condition est également moins exigeant. La Commission des libérations conditionnelles du Canada doit seulement avoir des motifs raisonnables de croire que le délinquant ne commettra pas une infraction avec violence alors que, pour les autres délinquants, elle doit établir si l’intéressé risque fort de commettre un autre type d’acte criminel s’il est libéré. Le critère pour la procédure d’examen expéditif est la probabilité que l’intéressé commette une infraction avec violence. Même si la Commission des libérations conditionnelles croit qu’il commettra une nouvelle fraude, elle a l’obligation de le libérer sous surveillance lorsqu’il a purgé le sixième de sa peine. Dans bien des cas, cela veut dire que les personnes condamnées pour des actes criminels qui ont eu des effets dévastateurs sur la vie et les moyens d’existence de Canadiens passent souvent très peu de temps en prison. Cela a pour résultat que les délinquants reconnus coupables de crimes en col blanc sont souvent libérés sous surveillance après seulement quelques mois. Les délinquants reçoivent de longues peines qui, en réalité, ne se traduisent pas par une longue période d’emprisonnement.
Cela ne satisfait pas le sens de la justice des Canadiens et sape leur confiance dans notre justice et dans notre système correctionnel. Nous devrions tous nous en offusquer, et nous devons y remédier. Les Canadiens veulent un changement, et c’est ce que propose notre gouvernement.
Le projet de loi abolirait la procédure d'examen expéditif et abrogerait les articles de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition qui la régissent. Cela voudrait dire que les contrevenants qui commettent des crimes non violents ou en col blanc seraient traités sur un même pied d'égalité que les autres contrevenants. Ils seraient donc admissibles à la semi-liberté au moyen de la procédure d'examen habituelle six mois avant d'être admissibles à la libération conditionnelle totale et ils seraient admissibles à la libération conditionnelle totale au tiers de leur peine. Au lieu de faire l'objet d'un examen par voie d'étude du dossier, les détenus seraient soumis à une audience en personne. Le critère applicable, pour établir s'il convient de les libérer, serait de savoir s'ils présentent ou non un risque impossible à gérer de commettre un autre crime. Il s'agit là d'un point très important que tous les députés devraient faire valoir.
Grâce aux modifications que propose le gouvernement, les Canadiens peuvent être convaincus que les contrevenants reconnus coupables de crimes en col blanc n'éviteront pas de répondre pleinement de leurs actes.
Le gouvernement a répondu aux préoccupations des victimes de fraude et d'autres crimes, et nous sommes en train de prendre des mesures en conséquence. En réglant le problème de la libération conditionnelle anticipée des contrevenants, nous poursuivons notre programme de lutte contre la criminalité. Le gouvernement estime que les Canadiens méritent un système de justice qui établit un équilibre entre les droits des contrevenants et ceux des citoyens respectueux de la loi.
L'engagement que nous annonçons aujourd'hui nous fait franchir un pas de plus vers cet important objectif. Encore une fois, je demande instamment à tous les députés de collaborer avec le gouvernement pour que le projet de loi soit promulgué le plus rapidement possible.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi même si les autres partis ne veulent pas vraiment en débattre ou en discuter sérieusement. Nous sommes ici aujourd'hui pour que les bloquistes et les conservateurs puissent prétendre vouloir sévir contre la criminalité.
Le projet de loi est une mesure législative rédigée à la hâte, qui propose des modifications substantielles au Code criminel. Ces modifications entraîneront des changements au régime des libérations conditionnelles s'appliquant à tous les délinquants non violents qui en sont à leur première infraction, quelle que soit la gravité du crime commis. Le Bloc a conclu une entente en coulisse avec le Parti conservateur pour accélérer l'adoption du projet de loi sans consultation des victimes et sans étude sérieuse en comité. Or, le Barreau du Québec est en désaccord avec la position du Bloc. Voici ce qu'il a affirmé:
Le Barreau du Québec souhaite manifester son opposition au projet de loi C-59 concernant la procédure d'examen expéditif et la libération conditionnelle, que vous avez présenté à la Chambre des communes le 9 février.
Tout d'abord, le Barreau s'oppose à l'application rétroactive de la mesure législative proposée. [...] nous aimerions faire valoir que certaines personnes ont choisi de plaider coupable en raison des avantages qu'offre la procédure d'examen expéditif. Modifier les règles sur la détermination des peines après que ces gens aient pris leur décision est injuste et ouvre la voie à des contestations constitutionnelles.
Deuxièmement, le Barreau du Québec considère qu'avant d'adopter ce projet de loi, celui-ci devrait franchir les mêmes étapes que toutes autres mesures législatives, y compris une étude approfondie des avantages et des inconvénients de la loi actuelle et une étude d'impact des changements proposés. Les résultats de ces études devraient être rendus publics, de sorte qu'il y ait un débat éclairé sur cette question.
Tout le monde s'entend sur le fait que de graves cas de fraudes perpétrées par des criminels en col blanc ont eu des effets dévastateurs sur des familles partout au Canada, et plus particulièrement au Québec. Nous comprenons la colère et la frustration ressenties lorsque de grands criminels obtiennent une réduction de peine.
Il y a un peu plus d'un an et demi, le Parti libéral a proposé une mesure législative pour mettre un terme à la libération conditionnelle des criminels en col blanc qui n'ont servi que le sixième de leur peine. Le Parti libéral a été le premier parti à présenter une proposition exhaustive pour contrer la criminalité en col blanc.
Les conservateurs auraient pu appuyer nos propositions relatives à la libération conditionnelle, mais ils ont choisi de faire de la politique politicienne et, entretemps, le fraudeur Vincent Lacroix a réussi à obtenir sa libération conditionnelle. Aujourd’hui, ils essaient simplement de limiter les dégâts et de gagner quelques votes au Québec. Ils ont pourtant eu l'occasion d’agir, mais, à l’époque, ils n’étaient pas préoccupés par la protection des victimes.
Le caucus libéral tient à ce que la proposition boiteuse dont nous sommes actuellement saisis soit amendée de façon à ce qu’elle reflète davantage les normes élevées de la position libérale que nous avions auparavant proposée, qui permet de mieux cibler le vrai problème, à savoir les grands fraudeurs à cravate qui ne devraient pas être admissibles à la libération anticipée. Les autres partis semblent vouloir faire croire que nous sommes contre l’application de mesures permettant d’empêcher les fraudeurs en col blanc d'être admissibles à la libération anticipée. Encore une fois, ce n’est pas le cas, et leur position est trompeuse.
Il y a deux ans, plusieurs de mes collègues ont participé à une conférence de presse en compagnie des victimes de la combine à la Ponzi d’Earl Jones. Nous avons saisi l’occasion pour demander de nouvelles mesures visant à protéger les victimes des criminels à cravate. Nous avons demandé au gouvernement d’agir rapidement dans ce dossier et de présenter une mesure législative permettant d’abolir l'admissibilité à la libération conditionnelle au sixième de la peine pour les criminels à cravate. Nous étions particulièrement en faveur de l’abolition de la libération anticipée dans le cas des fraudeurs ayant fait de multiples victimes et ayant causé des pertes financières graves à des personnes et à des familles.
Je me demande pourquoi les conservateurs ont mis tellement de temps à se décider à agir pour régler ce problème. Aujourd’hui, ils agissent, mais en proposant une mesure foncièrement inappropriée et imparfaite. Au lieu d’essayer de faire adopter cette mesure législative à toute vapeur par le Parlement, nous devrions plutôt tenir un débat sérieux sur cet enjeu capital. Adopter tardivement des projets de loi en réaction à un problème est une réaction très émotive. Ce n’est pas ainsi qu'il faut travailler au Parlement.
Il faut que des experts du domaine judiciaire soient consultés. En outre, le comité doit examiner soigneusement toutes les options disponibles, comme le propose actuellement le Barreau du Québec. Il s’agit d’un enjeu très important qu’il faut étudier en profondeur.
Nous sommes tous conscients des conséquences destructrices des crimes en col blanc dans la vie des gens. Nous devenons tous plus conscients de la nécessité de faire preuve de vigilance pour protéger nos investissements et choisir ceux à qui nous confions notre argent.
Nous reconnaissons tous qu'il faut prendre des mesures pour que les criminels en col blanc soient tenus responsables de leurs crimes, qui peuvent être tout aussi dévastateurs pour le bien-être des gens que les crimes avec violence. Nous demandons depuis un certain temps au gouvernement de prendre des mesures. Il vient tout juste de trouver le temps d'agir.
La criminalité en col blanc est en train de se répandre. Dans le passé, on jugeait que ce type de crime ne faisait pas de victime. Lorsque les gens pensaient au crime en col blanc, ils imaginaient typiquement des crimes commis contre de grandes entreprises et des gouvernements.
Cependant, avec les Bernie Madoff aux États-Unis, les Earl Jones au Canada et tous leurs semblables, nous avons vu le visage humain des fraudes et les conséquences dévastatrices que ces crimes ont pour des centaines, sinon des milliers de gens. La population a réagi avec colère et rage à ces crimes et contre les hommes qui les ont commis au fil des ans.
Les économies accumulées pendant toute une vie par des gens se sont volatilisées et leurs placements sont complètement disparus, ne leur laissant rien, pas même la possibilité de les récupérer.
Comme nous le savons, le système actuel permet aux délinquants en col blanc d'être libérés après seulement un sixième de leur peine. Le projet de loi nous donnerait la possibilité de changer cela et de soutenir les Canadiens qui sont devenus des victimes d'actes criminels, si le gouvernement veut seulement prendre le temps de bien faire les choses.
Le Parti libéral a toujours estimé qu'aider les victimes d'actes criminels se retrouvait au coeur de ses politiques de justice, et nous avons toujours soutenu les victimes pour que leur voix puisse se faire entendre.
Depuis la révélation des activités criminelles d'Earl Jones, les libéraux ont répété à maintes reprises que le gouvernement actuel devait axer ses modifications aux lois de droit pénal sur la protection des victimes et la prévention de la criminalité.
En 2009, nous avons affirmé qu'il fallait imposer des peines plus sévères aux criminels en col blanc. Le laxisme des lois actuelles a fait du Canada un endroit attrayant pour ceux qui veulent dépouiller leurs concitoyens. Le Canada doit faire en sorte que les conséquences des fraudes soient assez graves pour décourager ce type d'activité criminelle.
Pour que nos lois continuent de protéger les Canadiens, nous devons faire davantage que renforcer les peines prévues pour ceux qui tenteraient de frauder des Canadiens qui travaillent fort. Le gouvernement doit aider les victimes en négociant des traités internationaux qui permettraient de retracer et de remettre à ses propriétaires légitimes l'argent volé détenu outre-mer.
Le gouvernement conservateur doit aussi revoir les procédures de l'Agence du revenu du Canada relativement à l'impôt acquitté par les victimes sur des paiements d'intérêts fictifs. Les Canadiens respectueux des lois, qui ont produit leurs déclarations sans tarder et qui ont versé l'impôt calculé en fonction de faux montants leur ayant été fournis par des individus s'adonnant à des activités criminelles, devraient avoir droit au remboursement des impôts acquittés relativement à des paiements d'intérêts inexistants.
Si le gouvernement veut comprendre la position du Parti libéral, qu'il lise la transcription des audiences du Comité de la justice sur le projet de loi , qui porte sur les crimes en col blanc. Il va constater que les libéraux ont appuyé cette mesure. Le gouvernement pourrait aussi jeter un coup d'oeil aux comptes rendus des médias suite à une conférence de presse tenue il y a plus de deux ans, au cours de laquelle les libéraux avaient demandé au gouvernement de retirer la procédure d'examen expéditif qui permet aux criminels en col blanc de purger le sixième de leur peine.
L'automne dernier, lorsque le Comité de la justice étudiait le projet de loi sur les crimes en col blanc, c'est un député libéral qui a présenté un amendement qui aurait éliminé la procédure d'examen expéditif ou la libération anticipée dans le cas des criminels à col blanc et des grands fraudeurs.
L'amendement a été jugé irrecevable par le président du comité, qui est un député conservateur. Un député libéral a contesté la décision, puis les conservateurs et les bloquistes ont formé une alliance et ont voté en faveur de la décision rendue. Ce sont eux qui ont voté contre l'élimination de l'option permettant aux criminels en col blanc de purger le sixième de leur peine.
Le gouvernement voudra peut-être vérifier les faits avant de tenir des propos ridicules comme prétendre que les libéraux n'appuient pas les victimes.
Nous demandons au gouvernement d'apporter les changements appropriés à cette mesure législative. Comme c'est le cas pour tous les projets de loi conservateurs qui visent à serrer la vis aux criminels, cette mesure apporterait des changements importants au Code criminel qui cibleraient injustement toutes les personnes ayant commis une infraction criminelle. C'est contraire à notre système de justice, qui vise aussi à réadapter et à réformer les individus qui ont commis des infractions. Le programme de libération conditionnelle a fait ses preuves et il a pour but de donner une seconde chance à ceux qui ont montré qu'ils sont disposés à changer leur comportement et à réintégrer la société en tant que membres coopératifs, productifs et contributeurs.
Le gouvernement a conclu un pacte avec les séparatistes afin d'adopter le projet de loi à toute vapeur, sans que le comité puisse effectuer une étude sérieuse. Il n'y a eu aucune consultation, que ce soit auprès des victimes ou des experts. Ce dossier n'a fait l'objet d'aucune discussion avant vendredi dernier.
Les crimes en col blanc coûtent très cher aux contribuables et au Trésor, en raison des enquêtes complexes qui doivent être menées. Les fraudeurs s'en prennent à des gens vulnérables. Les fraudes font des victimes. Elles ciblent les gens les plus faibles et les plus vulnérables de notre société. Les libéraux souhaitent que le projet de loi soit renvoyé au comité parce que, selon nous, c'est la chose qu'il convient de faire.
Les principes qui sous-tendent les règles plus strictes dans la détermination de la peine sont très importants, mais nous savons aussi que cela ne suffit pas pour empêcher les fraudes. Dans le domaine des crimes en col blanc, il est important d'imposer une peine, mais il est également important de faire de la prévention.
On est en droit de se demander pourquoi le gouvernement ne profite pas de l'occasion pour en faire plus, et cela, convenablement. L'opposition et la population demandent au gouvernement d'abolir la procédure d'examen expéditif qui permet la libération conditionnelle au sixième de la peine pour ces catégories de délinquants, mais le gouvernement n'a encore rien fait. Nous espérons que, en renvoyant le projet de loi au comité, nous pourrons avoir des discussions fructueuses et élaborer de solides dispositions législatives.
Que les choses soient claires. Le Parti libéral appuie sans réserve l'élimination de la procédure d'examen expéditif qui permet la libération conditionnelle au sixième de la peine. Nous appuyons cela en principe. Ce que nous n'appuyons pas, c'est l'adoption de ce projet de loi à toute vapeur à la Chambre à la suite de tractations en coulisse entre le gouvernement et le Bloc. C'est tout simplement inacceptable. Ce n'est pas ainsi que devrait fonctionner le Parlement. Ce n'est pas ce à quoi s'attendent les Canadiens de la part des gens qui les représentent à la Chambre.
Avec l'appui du NPD, le gouvernement s'est déjà montré indulgent envers les criminels en col blanc en rejetant un amendement libéral qui prévoyait l'imposition d'une peine minimale obligatoire de deux ans aux criminels qui ont fraudé la population par divers moyens, comme les combines à la Ponzi.
Le gouvernement conservateur est impassible alors que le nombre d'aînés pauvres connaît une hausse alarmante de 25 p. 100. Et comme si ce n'était pas assez, avec la complicité du NPD, les conservateurs ne font rien pour que justice soit rendue aux aînés qui se sont fait dérober les économies d'une vie entière par des criminels en col blanc comme Earl Jones.
Le Parti libéral a tenté de faire amender le projet de loi des conservateurs sur la criminalité en col blanc afin qu'il englobe les transactions irrégulières d'actions et les combines à la Ponzi, comme la fraude de 50 millions de dollars commise par Earl Jones qui a fait perdre toutes leurs économies à près de 150 investisseurs.
Des groupes de victimes sont venus à Ottawa l'an dernier pour comparaître devant le Comité de la justice et des droits de la personne. lls réclamaient non seulement des peines plus sévères à l'endroit des criminels en col blanc, mais aussi un délai plus long avant que ces criminels puissent présenter une demande de libération conditionnelle, qui se situe actuellement au sixième de la peine.
À vrai dire, le gouvernement est indulgent envers les criminels en col blanc en général.
Conformément à son idéologie néo-conservatrice axée sur la privatisation et la déréglementation, le souhaite que le secteur financier canadien se réglemente davantage lui-même. Les conservateurs ont déjà prévu un plan dans le budget de 2007 en vue d'adopter une réglementation du secteur des valeurs mobilières et de l'industrie financière fondée sur des principes. Le problème, c'est que les principes commerciaux visent à engranger des profits, pas à assurer le bien-être de la population.
Le gouvernement veut maintenant à tout prix avoir l'air de sévir contre les criminels à cravate. C'est typique des manoeuvres conservatrices, qui consistent à en faire trop peu, trop tard et à exploiter les sentiments des victimes des crimes économiques. Si le gouvernement avait écouté depuis le début les Canadiens et le Parti libéral, il aurait compris que le problème existait déjà il y a des années et qu'il fallait s'en occuper lorsque le Parti libéral a commencé à le soulever.
Le gouvernement ne s'est jamais occupé efficacement de lutter contre les crimes économiques. Il n'y a qu'à songer aux exemples, dans l'univers de la grande entreprise, de Bre-X Minerals et de Nortel. Il a fallu des années au gouvernement pour intenter des poursuites à ces entreprises délinquantes. En ce qui a trait aux petits investisseurs, comme les victimes d'Earl Jones, on s'est longtemps contenté d'un système de réprimandes insignifiantes envers ceux qui volent l'argent des autres.
Ce n'est que récemment que le gouvernement a commencé à envisager sérieusement des mesures contre les criminels à cravate, et ce n'est qu'en raison de l'insistance du Parti libéral. Il a fallu trop de temps au gouvernement pour se rendre compte que les gens âgés et vulnérables sont ciblés depuis des années par des criminels de la finance aux méthodes sophistiquées.
Le déni aggrave rapidement les problèmes. Faire preuve de laxisme pendant trop longtemps envers les criminels à cravate finit par être très coûteux et mine la confiance des gens à l'égard des marchés financiers, en particulier dans la communauté internationale, ce qui engendre un problème politique.
Le gouvernement a manqué à son obligation de protéger les gens âgés qui se sont fait subtiliser par la tromperie l'argent qu'ils avaient épargné toute leur vie. Ce sont les personnes âgées qui ont été les plus durement touchées précisément parce qu'elles ont des économies et font des investissements pour financer leur retraite. Le coût de la retraite est très élevé et l'augmentation des prix touche les gens âgés, qu'il s'agisse du chauffage, de la nourriture ou des médicaments. Les gens âgés doivent tenir compte de tous ces coûts pour leur retraite. Ils essaient d'investir encore et encore le peu d'économies qu'elles ont pour s'assurer d'avoir des épargnes suffisantes. Voyez ce qui leur arrive lorsqu'on profite d'elles.
Nous appuyons le gouvernement dans sa démarche actuelle pour resserrer les lois applicables aux crimes économiques. Cependant, il reste toujours le risque de négliger des failles majeures dans le système lorsque des mesures sont prises à la hâte, sans réfléchir.
Les crimes financiers sont généralement très difficiles à résoudre. C'est uniquement pour cette raison que les autorités policières, qui doivent bien souvent composer avec des coupes qui touchent tant leur budget que leur personnel, mettent autant de temps pour monter un dossier contre les fraudeurs. De plus, Internet et les autres technologies de pointe font en sorte qu'il est encore plus difficile de surveiller ces criminels, mais le gouvernement n'a pas accordé aux autorités policières tous les fonds nécessaires pour leur permettre d'enquêter sur ces criminels en col blanc et de les traduire en justice.
Étant donné que les administrations sont distinctes les unes des autres, que les règles varient d'une province à l'autre et qu'il y a parfois un volet international aux enquêtes, celles-ci sont très complexes. En outre, le fait qu'il n'y ait pas un seul et unique organisme national de réglementation des valeurs mobilières chargé d'appliquer des normes communes complique encore plus les choses.
Il ne s'agit là que de quelques-unes des raisons pour lesquelles nous insistons auprès du gouvernement pour qu'il prenne le temps, une fois pour toutes, de présenter une mesure législative appropriée. Il doit collaborer avec les juristes du Parlement et reconnaître la nécessité de lutter contre la criminalité en col blanc. Il doit trouver une façon de collaborer et reconnaître que la meilleure façon de procéder est de renvoyer le projet de loi au comité pour y faire apporter les amendements nécessaires.
Nous n'avons pas besoin d'adopter cette mesure législative à la hâte. Nous devons prendre le temps de l'étudier et de consulter les spécialistes et les victimes. Ce sont elles qui ont été injustement ciblées par les criminels en col blanc. Nous devons être à leur écoute. Nous devons écouter ce qu'elles ont à dire et tirer des leçons de leur expérience. Nous devons aussi nous entretenir avec des juristes. Nous devons renvoyer ce projet de loi au comité pour que la Chambre puisse adopter une mesure législative appropriée.
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Madame la Présidente, je me réjouis de pouvoir appuyer le projet de loi . Il s’agit d’un projet de loi important et je suis content de participer aux délibérations pour qu’il soit adopté le plus rapidement possible.
Il est toujours très agréable de pouvoir dire que notre gouvernement tient sa promesse aux Canadiens d’assurer la sécurité dans leurs villes et dans leurs rues.
Je voudrais remercier les députés de nous aider à créer un projet de loi solide qui placera sur un pied d’égalité tous les délinquants qui demandent la libération conditionnelle.
Notre gouvernement a répété bien des fois aux Canadiens, depuis son arrivée au pouvoir, en 2006, que notre priorité est d’assurer leur sécurité. Nous n’avons pas seulement parlé d’assurer leur sécurité. Nous avons pris des mesures décisives pour tenir cet engagement, parce que notre gouvernement est un gouvernement d’action et non pas de belles paroles.
Nous avons pris des mesures en proposant une série de lois pour nous attaquer à la criminalité tout en renforçant les droits des victimes et de leurs familles. Nous avons travaillé très fort pour rendre nos rues et nos collectivités plus sûres pour tous en donnant aux agents d’application de la loi les outils dont ils ont besoin pour faire leur travail.
Nous avons également pris des mesures pour nous attaquer au crime organisé et surtout aux crimes violents commis à l’aide d’armes à feu. Nous avons adopté des lois pour punir plus sévèrement les individus reconnus coupables de fusillades au volant d’une voiture et de meurtres reliés au crime organisé.
Je suis fier de dire que notre gouvernement a adopté, l’année dernière, une loi pour renforcer le registre national des délinquants sexuels et la banque nationale de données génétiques. Nous avons aussi présenté un projet de loi pour renforcer la Loi sur le transfèrement international des délinquants.
Nous avons présenté des projets de loi pour améliorer le système de réhabilitation et empêcher que le casier judiciaire des délinquants dangereux ne soit suspendu, ainsi que pour mettre un terme au recours à la détention à domicile pour les crimes graves et violents.
Dans le cadre de nos efforts constants pour veiller à ce que les personnes reconnues coupables d’un acte criminel passent le temps voulu derrière les barreaux, notre gouvernement a également adopté des projets de loi qui limitent le crédit accordé pour le temps passé en détention présentencielle.
Notre gouvernement a pris des mesures pour s’attaquer aux infractions contre les biens, y compris le vol d’automobile et le trafic de biens criminellement obtenus.
Nous avons aussi pris des mesures pour augmenter les ressources policières dans nos collectivités. Par exemple, nous avons embauché 1 000 agents de la GRC supplémentaires pour aider à combattre la criminalité et à assurer la sécurité dans les collectivités des quatre coins du pays.
Notre gouvernement s’est engagé à assurer la sécurité des Canadiens, et comme ces résultats impressionnants en témoignent, c’est exactement ce que nous faisons.
Notre gouvernement a également promis aux Canadiens que nous allions apporter des changements au système correctionnel et au système de libération conditionnelle de façon à renforcer les droits des victimes et à leur donner voix au chapitre.
Nous avons beaucoup entendu les députés d'en face critiquer les coûts entraînés par l'amélioration et le renforcement de notre système correctionnel. Mais ce dont ils ne parlent pas, c'est du coût terrible des crimes pour les victimes, leurs familles, leurs communautés, et la société en général. Voilà pourquoi nous avons voulu rétablir l'équilibre en incluant les victimes dans la balance de la justice.
Depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons fait beaucoup de choses pour aider les victimes de crimes et nous assurer qu'on tienne compte de leurs besoins dans tous les aspects de notre programme de sécurité publique et de justice.
Il existe déjà de nombreux programmes et nous travaillons sur plusieurs initiatives veillant à ce que les victimes soient entendues et à ce que leurs préoccupations soient prises en compte.
Permettez-moi de donner un exemple illustrant l'importance que le gouvernement accorde à l'aide aux victimes. Nous avons débloqué plus de 50 millions de dollars sur quatre ans pour améliorer la Stratégie fédérale d'aide aux victimes qui permet à celles-ci de composer avec le système de justice pénale.
Autre exemple, nous avons créé le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels qui offre une ressource indépendante aux victimes.
Le Bureau national pour les victimes d'actes criminels de Sécurité publique Canada travaille également très fort à donner aux victimes la chance de s'exprimer davantage dans le système correctionnel et dans le système de mise en liberté sous condition et à aider les victimes à obtenir l'information et les services dont elles peuvent avoir besoin.
Notre gouvernement est fier du travail accompli par le Bureau national pour les victimes d'actes criminels pour tendre la main à un grand nombre de victimes de crimes en leur offrant des services de consultation et d'aide. Ce bureau travaille aussi avec les communautés autochtones à donner aux victimes un meilleur accès aux informations et aux services.
Je pourrais citer bien d'autres initiatives et mesures prises par notre gouvernement pour placer les droits des victimes au premier plan de la justice. Mais je vais néanmoins en venir au sujet du débat, le projet de loi .
Tout en nous efforçant d'aider les victimes, nous devons veiller à mettre nos rues et nos communautés à l'abri des délinquants dangereux. Nous devons nous assurer que tout individu condamné à la prison pour avoir commis un crime reste en prison pendant une durée raisonnable avant d'être admissible à une libération conditionnelle. C'est ce que l'on veut faire avec le projet de loi .
Ce projet de loi modifierait la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition en supprimant la procédure d'examen expéditif. Cette procédure a été inscrite dans la loi en 1992 pour faire précisément cela, accélérer la procédure d'examen pour les délinquants qui en sont à leur première infraction et qui n'ont pas été condamnés pour un crime violent, une activité criminelle liée au crime organisé ou un crime grave lié à la drogue.
De son adoption jusqu'en 1997, la procédure d'examen expéditif s'appliquait seulement à la libération conditionnelle totale. En 1997, cependant, la procédure a été modifiée de manière à ce qu'elle s'applique également à la semi-liberté; c'est à partir de ce moment-là que les délinquants en col blanc ont commencé à être admissibles à la semi-liberté après avoir purgé un sixième de leur peine, ou six mois, selon la période la plus longue.
Nous sommes maintenant en 2011, et nous comprenons tous que la situation a changé par rapport à 1997. À notre avis, la procédure d'examen expéditif est une pratique injuste qui devrait être abolie.
La fraude est une des principales infractions visées par la procédure d'examen expéditif. En vertu de ce système, les délinquants reconnus coupables d'un premier crime en col blanc, comme la fraude, doivent seulement purger un sixième de leur peine pour être admissibles à la semi-liberté.
Qui plus est, ces délinquants n'ont même pas besoin de se présenter en personne à l'audience de libération conditionnelle. La demande est envoyée et approuvée sur papier. Les délinquants ne sont pas tenus de comparaître devant les commissaires pour présenter des arguments appuyant leur demande de semi-liberté.
Enfin, la Commission des libérations conditionnelle ne peut refuser d'accorder la semi-liberté au délinquant si elle n'a aucun motif raisonnable de croire qu'il commettra une nouvelle infraction violente.
Comme beaucoup de Canadiens, j'ai du mal à comprendre pourquoi un délinquant qui commet une fraude mérite d'être admissible à la semi-liberté avant les autres. Nous nous opposons à ce qu'une personne qui a volé des centaines de milliers de dollars, ou encore des millions, à des Canadiens qui travaillent fort, au moyen d'un projet d'investissement bidon, puisse être admissible à la semi-liberté sans avoir à se présenter devant la Commission des libérations conditionnelles. Nous nous opposons également à ce que la commission des libérations conditionnelles soit tenue de mettre un délinquant en liberté si elle n'a aucune preuve montrant qu'il est susceptible de commettre une nouvelle infraction avec violence.
C'est pour cela que nous avons présenté le projet de loi . J'aimerais parler des trois éléments importants du système de libération conditionnelle que vient modifier le projet de loi .
D'abord et avant tout, le projet de loi modifiera les règles, de telle sorte que les criminels en col blanc devront attendre aussi longtemps que les autres délinquants avant de pouvoir présenter une demande de semi-liberté. Ainsi, ils ne seront admissibles à la semi-liberté que six mois avant leur date d'admissibilité à la libération conditionnelle totale. C'est raisonnable. Pourquoi devrait-on permettre à ces délinquants de présenter une demande de semi-liberté plus tôt que les autres délinquants? Ils ont commis un crime grave et, par conséquent, ils doivent purger une peine en conséquence.
Deuxièmement, en abolissant la procédure d'examen expéditif, nous veillerons à ce que les criminels en col blanc soient tenus de se présenter à leur audience devant la Commission nationale des libérations conditionnelles, comme tous les autres délinquants. Encore une fois, il est tout à fait logique que les délinquants suivent tous le même processus en vue d'obtenir une libération conditionnelle. La libération conditionnelle ne devrait pas être perçue comme une chose due ou acquise. Tous les délinquants devraient se présenter à leur audience de libération conditionnelle et convaincre les commissaires qu'ils ne commettront aucun autre crime.
Enfin, ce projet de loi fera en sorte que les criminels en col blanc soient assujettis aux mêmes critères d'admissibilité à la libération conditionnelle que tous les autres délinquants. En d'autres mots, la Commission nationale des libérations conditionnelles devra être convaincue que le délinquant ne commettra pas de nouveau crime. On ne parle pas ici de crime odieux ou d'infraction criminelle, comme c'est le cas actuellement, mais plutôt de nouveau crime, peu importe lequel. Il est tout à fait juste et équitable que les délinquants soient tous assujettis aux mêmes critères pour qu'on puisse déterminer s'il convient de les remettre en liberté dans nos collectivités.
Comme les députés peuvent le constater, le projet de loi vise à uniformiser les critères pour tous les délinquants. Les individus condamnés pour fraude ne pourront plus se prévaloir de la procédure d'examen expéditif en vue d'obtenir une libération conditionnelle. Les victimes de fraude ne seront plus déçues d'apprendre que les personnes qui leur ont causé du tort sont autorisées à présenter une demande de semi-liberté après avoir purgé une infime partie de leur peine.
En adoptant ce projet de loi, nous ferons comprendre à ces délinquants et aux Canadiens que nous n'appuierons plus un système qui accorde un traitement de faveur à des criminels qui volent des centaines de milliers, voire des millions, de dollars à des Canadiens qui triment dur.
J'exhorte tous les députés à faire front commun afin de mettre un terme à ce système de libération conditionnelle injuste, à deux vitesses. J'incite ardemment tous les députés à voter en faveur du projet de loi .
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps avec mon collègue d’.
Le projet de loi porte sur une question qui aurait dû être réglée depuis au moins cinq ans, depuis que le gouvernement est au pouvoir. Néanmoins, ce dernier n’en a rien fait et a adopté toutes sortes d’autres lois stupides, notamment dans le domaine du droit pénal, qui selon lui avaient priorité sur ce projet de loi.
Je trouve étonnant que les députés du Bloc n’aient jamais reconnu que ces amendements ont été présentés au départ sous le gouvernement conservateur Mulroney, en 1992, puis par le gouvernement libéral en 1997. En 1992, les députés du Bloc, qui étaient des députés conservateurs à l’époque, ont voté pour ces amendements. En 1997, tout le caucus du Bloc a voté pour les amendements qui visaient le genre de victimes dont nous entendons tellement parler aujourd’hui. Bien entendu, cela a été fait après qu’elles soient devenues des victimes. Néanmoins, toutes sortes de mesures auraient pu être prises, tant au niveau fédéral que provincial, pour prévenir ce genre de crimes. J’en parlerai un peu plus vers la fin de mon discours d’aujourd’hui.
Le problème qui se pose aujourd’hui en ce qui concerne les dispositions prévoyant une libération anticipée est que si nous les modifions, c’est presque entièrement suite à un cas, celui d’Earl Jones, qui a eu lieu à Montréal, au Québec. Earl Jones sera admissible à la libération conditionnelle entre décembre 2011 et le printemps 2012. Ce n’est pas comme si c’était demain ou le mois prochain. Il va s’écouler au moins neuf mois, sinon une année complète, avant que nous ne cherchions à l’empêcher d’en bénéficier.
Soit dit en passant, que ce soit lors des débats ou de conversations privées, je n’ai pas entendu un seul député, y compris au sein de mon caucus, qui s’oppose à faire en sorte qu’Earl Jones ne purge pas seulement le sixième de sa peine. Nous reconnaissons tous la nécessité de faire quelque chose à cet égard. Néanmoins, comme le gouvernement en a l’habitude, surtout dans le domaine de la justice pénale, sa réaction est excessive et va trop loin. Je reproche aux députés du Bloc de donner leur accord en se basant sur le peu de faits dont nous disposons.
Nous n’avons pas la réponse à une série de questions que nous avons posées. Nous avons quelques chiffres et fait partiels, mais absolument pas un tableau clair de la situation, et nous ne l’obtiendrons pas non plus ce soir en comité. Par exemple, nous ignorons combien de détenus sont libérés chaque année après avoir purgé le sixième de leur peine. Nous ignorons combien de détenus obtiennent la libération conditionnelle totale, combien obtiennent la semi-liberté ou combien se retrouvent dans des foyers de transition, qui constituent une autre forme de détention. Nous ne savons pas non plus quels crimes ils ont commis avant d’être libérés.
Chaque député conservateur que j’ai entendu parler de cette question, et je pense que le Bloc fait la même erreur, suppose que les délinquants qui sont admissibles sont des criminels en col blanc. Je peux dire que ce n’est absolument pas vrai, mais je reconnais que j’ignore combien de ces détenus ont commis les crimes en col blanc habituels et combien d’entre eux ont été incarcérés pour d’autres raisons. Nous savons qu’il s’agit d’infractions non violentes, car c’est le critère d’admissibilité, et il faut qu’il s’agisse d’une première infraction. Nous savons aussi que les délinquants doivent démontrer qu’ils ne risquent pas de commettre une infraction avec violence. Tous ces critères figurent déjà dans la loi.
Néanmoins, nous ignorons quelles infractions ces délinquants ont commises ou quelle est leur situation personnelle. Il semble qu’un bon nombre de ceux qui sont admissibles ont commis une infraction en raison d’une dépendance, que ce soit au jeu, à l’alcool, à la drogue, etc. Néanmoins, ils sont admissibles parce que depuis, ils ont réglé ces problèmes en détention ou, dans certains cas, avant même d’être condamnés. Cependant, les chiffres absolus ne révèlent aucun de ces détails.
Selon les chiffres dont nous disposons, environ 800 personnes se voient accorder ce genre de remise en liberté chaque année. Nous ne savons pas combien de semaines, de mois ou d'années sont ainsi soustraits à leur période d'incarcération, alors nous ne savons pas combien il en coûtera de les garder en prison quelques semaines, quelques mois ou quelques années de plus. Chaque détenu nous coûte 93 000 $ par année, en moyenne. En faisant le calcul, on arrive à un total de 93 millions de dollars. Il se pourrait que ce soit plus ou que ce soit moins, mais, lorsque les conservateurs nous parlent des victimes, nous ne les avons jamais entendus nous dire combien il en coûtera aux contribuables canadiens. Ils nous répondent seulement que les contribuables sont prêts à payer la note, ce qui est faux. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe aux États-Unis. Les États sont en train de changer leurs lois les uns après les autres pour réduire leur population carcérale parce qu'ils sont en train de se ruiner à mettre beaucoup plus de monde en prison, pour des périodes plus longues.
Nous avons besoin d'obtenir des réponses à ces questions. Nous ne savons pas, par exemple, quel effet aura ce projet de loi sur le taux de récidive, qui a une incidence directe sur la sécurité publique. Les délinquants qui peuvent bénéficier de la procédure d'examen expéditif commettent moins de crimes. Les chiffres que nous avons nous indiquent que leur taux de récidive est plus bas que lorsqu'ils purgent le tiers, voire les deux tiers de leur peine. Par conséquent, l'adoption du projet de loi pourrait avoir comme effet de soumettre les citoyens canadiens à un risque accru.
Un certain nombre de questions se posent sur la façon d'aborder ce dossier. Nous avons certainement formulé des suggestions. Y a-t-il des crimes pour lesquels on ne devrait pas pouvoir invoquer cet article? Il y a quelques mois, nous avons adopté, à la Chambre des communes, le projet de loi conservateur contre les crimes économiques. Ce n'est pas une loi susceptible de vraiment réduire ces crimes, mais nous y avons prévu que toute personne déclarée coupable d'avoir volé un million de dollars ou plus passera au moins un an en prison. Nous aurions pu ajouter une disposition correspondante dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, de manière à y indiquer qu'une personne ayant commis un tel crime n'est pas admissible à une libération au sixième de la peine. Présentement, la loi autorise une telle libération pour d'autres crimes, mais, en ce qui a trait aux crimes économiques, nous pourrions ajouter un article bien précis qui indiquerait que l'auteur d'un tel crime n'est pas admissible. Ce serait une modification législative toute simple, qui serait une réponse adéquate aux problèmes qui se posent actuellement, de l'avis du Bloc québécois et des conservateurs, en ce qui concerne Earl Jones. Le problème serait réglé sur-le-champ. Ce serait d'une grande simplicité.
À long terme, ce que nous devrions faire en ce qui a trait au sixième de la peine, c'est de donner au juge le pouvoir discrétionnaire — qu'il faudrait intégrer dans le Code criminel — de décider, au moment de la détermination de la peine, que le crime est si grave, même s'il est non violent, que le nombre de victimes est si élevé, ou tout autre critère que nous voulons inclure, que le délinquant n'aura pas droit à la libération au sixième de la peine. Ces gens ne pourront pas se prévaloir de ce type de libération. Ce serait là la première chose à faire.
La deuxième serait d'accorder un pouvoir discrétionnaire semblable à la Commission des libérations conditionnelles, qui ne l'a pas en ce moment. À l'heure actuelle, la commission doit considérer trois critères avant de remettre le délinquant en liberté: est-ce un délinquant primaire, a-t-il commis un crime sans violence et risque-t-il de commettre un crime violent? La commission doit prouver pourquoi une personne ne devrait pas être relâchée. Nous devrions supprimer la disposition visant le renversement du fardeau de la preuve et donner à la Commission des libérations conditionnelles un pouvoir discrétionnaire général. Si la personne ne présente pas un risque pour la société et remplit certains critères, la commission peut la libérer. Toutefois, le pouvoir discrétionnaire de la commission serait tellement vaste qu'elle pourrait décider de ne pas relâcher une personne pour n'importe quelle raison. Nous pouvons prendre des mesures de ce genre.
Il y a aussi d'autres crimes précis. Nous avons entendu dire que des membres du crime organisé, d'organisations criminelles et de bandes de motards peuvent se prévaloir de la disposition en raison des crimes dont ils ont été déclarés coupables. Cela ne devrait pas être permis. Je peux penser très facilement à des modifications qui empêcheraient ces gens de se prévaloir de la disposition.
Il existe des façons de peaufiner la disposition, de l'adapter en fonction des personnes qui, de l'avis de l'ensemble des Canadiens, devraient y avoir droit. Nous pouvons libérer certaines personnes et retenir les autres.
Je vois que mon temps de parole est écoulé. J'espère que mon collègue d' pourra aborder la question de la prévention de ce type de crime.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'intervenir après le député de pour parler du projet de loi . Notre parti est en faveur du renvoi de ce projet de loi au comité.
Nous avons récemment adopté le projet de loi à la Chambre. Ce projet de loi portait sur l'imposition d'une peine minimale obligatoire de deux ans pour les criminels en col blanc ayant commis des fraudes et des vols de plus de 1 million de dollars.
Aujourd'hui, les députés ministériels n'ont pas arrêté de parler de ce que veulent les victimes. Elles veulent récupérer leur argent. D'abord et avant tout, elles ne voulaient pas se faire voler leur argent.
Ce projet de loi porte sur ce qui se produit après la disparition de l'argent. Nous devons veiller à ce que les institutions financières, les banques et les sociétés d'investissement du pays soient bien réglementées afin d'empêcher que ce type de problème se produise à l'avenir.
Le quart des députés à la Chambre sont des avocats. Ce n'est pas mon cas. Nous savons tous le sort qui est réservé aux fonds de fiducie des avocats et des courtiers en immobilier. Ils sont détenus en fiducie à cause d'abus passés. Les provinces ont adopté des lois qui définissent le traitement à réserver aux fonds de fiducie.
Je crois savoir qu’Earl Jones n’était pas inscrit auprès d'un organisme de réglementation. Comment une personne peut-elle investir de l’argent pour des clients durant de nombreuses années sans être inscrite auprès des autorités compétentes dans la province où elle vit? M. Jones faisait des affaires avec des institutions financières, et ces institutions devraient avoir la responsabilité de surveiller les gens qui vendent leurs produits.
Quelle était la responsabilité des banques? Quelle était la responsabilité des institutions financières et des compagnies d’assurance? Quelle était la responsabilité des gens de qui il achetait ces investissements au nom de ses clients?
La plupart des investisseurs de notre pays sont protégés si un conseiller financier se sauve avec un investissement. La plupart des gens seraient indemnisés par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières. Cet organisme a un programme d’indemnisation des particuliers qui ont été victimes d’un courtier malhonnête. Les banques et les institutions ont une responsabilité sociale à assumer. Nous devons resserrer les contrôles avant que l’argent disparaisse. Sur une période de cinq ans, aux États-Unis, 1 200 personnes, dont Conrad Black, ont été envoyées en prison. Au Canada, ce fut le sort de cinq personnes.
Ce problème n’est pas apparu avec l’arrivée du gouvernement conservateur, il y a cinq ans. Les libéraux ont été aux prises avec le même problème durant de nombreuses années. Ils avaient reconnu l’existence du problème puisque, en 2003, il ont créé le programme des Équipes intégrées de la police des marchés financiers. Six groupes ont été créés au sein de cette unité particulière de la police. Après cinq ans, ces équipes n’ont réussi à faire condamner et emprisonner que cinq personnes. Je ne dis pas que c’était une mauvaise idée. C'est simplement qu’elles n’ont pas eu un énorme succès durant cette période. Il faudrait étudier le concept et l’améliorer.
Nous devons aussi examiner les milieux de la réglementation. Nous devons commencer à nommer, au sein des organismes de réglementation, des gens qui ne jouent pas au golf avec ceux-là même qu’ils doivent surveiller. Si nous ne veillons pas à maintenir l’équilibre nécessaire, des liens incestueux peuvent se tisser dans tous les secteurs de la société.
Si les organismes de réglementation, qu'il s'agisse de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario ou de l'éventuel organisme national de réglementation des valeurs mobilières dont il est continuellement question à la Chambre, ne sont pas aux aguets et ne s'affairent pas activement à traquer les abus, s'ils ne craignent pas de faire des arrestations parmi leurs amis, alors nous allons obtenir des résultats. Les choses vont bouger, le nombre d'arrestations va augmenter et les criminels du pays vont se retrouver derrière les barreaux. Ce n'est que lorsque les gens comme Earl Jones comprendront que leurs manigances ne peuvent que les mener droit en prison que nous serons mieux protégés.
Or, ces mesures de protection existent déjà. Dans le monde de l'assurance, par exemple. Dans celui de l'immobilier et dans le milieu juridique aussi. Pourquoi, dans ce cas, ne pourrions-nous pas, nous aussi, prendre le temps d'étudier attentivement la question et instaurer des mesures de protection qui réussiraient à contrecarrer les manoeuvres des Earl Jones de ce monde? C'est comme ça que nous devrions aborder la question, de front; et non à l'envers.
Nous avons beaucoup de matière à couvrir, et très peu de temps pour le faire. Et je tiens mordicus à parler des mesures qui, dans le domaine de la prévention comme dans celui de l'application de la loi, donnent de bons résultats ou font au contraire chou blanc.
Fait intéressant, il semblerait qu'aux États-Unis, Newt Gingrich, qui semble être à l'origine d'une partie du problème que l'on sait, proposerait aujourd'hui un moyen efficace de le régler. En fait, le problème remonte à Ronald Reagan et à la règle des trois infractions qu'il a instaurée à l'époque où il était gouverneur de la Californie. C'est précisément à cause de cette règle-là que le système carcéral californien s'est transformé en entrepôt à criminels. Sans compter que, depuis, le taux de criminalité n'a pas cessé d'augmenter et que l'État est maintenant sur le bord de la faillite.
Or, dernièrement, la position de Newt Gingrich sur la question a changé du tout au tout. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est maintenant convaincu du bien-fondé de l'approche néo-démocrate en matière de criminalité. Et il n'est pas le seul: Ed Meese et plusieurs autres républicains de la droite américaine sont maintenant convertis.
Il suffit de prendre l'exemple du Texas. Là-bas, en 2007, les républicains ont commencé à travailler main dans la main avec les démocrates. Choquant, comme idée, n'est-ce pas? Comme quand le gouvernement est en situation minoritaire chez nous. Pourquoi les partis ne pourraient-ils pas tous collaborer? Au Manitoba, le gouvernement de Gary Filmon — un conservateur, dois-je le rappeler — l'a déjà fait il y a longtemps. L'expérience fut un succès sur toute la ligne.
En passant, j'ai croisé Gary Filmon pendant les Fêtes. Je lui ai demandé s'il avait des contacts avec le gouvernement fédéral. Il m'a dit qu'il avait envoyé un long courriel aux conservateurs lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, mais qu'il n'avait jamais eu de réponse.
En 2007, les démocrates et les républicains du Texas ont rejeté l'idée de bâtir de nouvelles prisons et ont décidé de privilégier les mesures axées sur les services correctionnels communautaires qui ont fait leurs preuves, comme les tribunaux de traitement de la toxicomanie. Nous en avons ici au Canada, mais je présume qu'il n'y en avait pas au Texas. On prévoyait que les réformes permettraient d'économiser 2 milliards de dollars sur cinq ans au chapitre des prisons. En outre, le Texas a redistribué une bonne partie de l'argent ainsi économisé dans des programmes communautaires de traitement destinés aux personnes atteintes de maladie mentale et aux toxicomanes légers. Nous faisons la même chose au Canada.
Ces réformes ont permis de réduire la population carcérale du Texas. Par ailleurs, il n'y a plus de liste d'attente pour le traitement de la toxicomanie dans cet État. Le taux de criminalité a diminué de 10 p. 100 entre 2004, l'année précédant les réformes, et 2009. Il est maintenant à son niveau le plus bas depuis 1973.
En Caroline du Sud, Newt Gingrich parle de réserver les lits de prison aux criminels dangereux et de punir les délinquants à faible risque au moyen de mesures de surveillance dans la collectivité. Il ne s'agit pas ici d'un gauchiste, mais bien de Newt Gingrich, le genre de dirigeant politique dont les conservateurs aiment suivre l'exemple et les directives. J'ai un exemple encore meilleur à vous donner. J'espère avoir suffisamment de temps. Je devrai peut-être attendre à ma période de questions et d'observations.
Il s'agit de la question du taux de criminalité de la Floride par rapport à celui de l'État de New York. Au cours des sept dernières années, le taux d'incarcération a augmenté de 16 p. 100 en Floride, alors qu'il a diminué de 16 p. 100 dans l'État de New York.
Le taux de criminalité a baissé deux fois plus dans l'État de New York qu'en Floride, mais l'État de New York a consacré moins d'argent aux prisons et a adopté une meilleure politique publique. Autrement dit, le taux de criminalité et les coûts étaient plus élevés en Floride que dans l'État de New York.
Ce sont de très bons exemples. Les députés d'en face devraient les étudier.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissant d’avoir la possibilité de parler de ce projet de loi. Depuis que j’ai traité de la motion sur le déroulement de l’étude du projet de loi hier, il y a eu du nouveau. Je veux cependant profiter de l’occasion pour ajouter quelques points que je n’ai pas eu le temps d’aborder hier parce que je ne disposais que de 10 minutes.
J’aimerais parler de l’argument relatif à la démocratie.
Dans la démocratie canadienne, nous avons un organe exécutif, composé du et du Cabinet, qui, en gros, dirige les affaires de l’État. Le travail du Parlement du Canada et des députés qui ne sont pas nommés au Cabinet est de surveiller l’organe exécutif. L’organe exécutif est censé rendre des comptes. Ce n’est pas une dictature. Pourtant, nous avons ici un cas où l’organe exécutif du gouvernement tente de contourner le processus démocratique en imposant la clôture pour un projet de loi qui n’est pas urgent, quelle que soit la définition donnée à une urgence.
Les conservateurs ont eu l’occasion, l’automne dernier, dans le cadre de l’étude du projet de loi , d’approuver des amendements proposés par les libéraux au Comité de la justice, amendements qui auraient éliminé la procédure d’examen expéditif au sixième de la peine. On aurait ainsi empêché la libération de M. Lacroix, car il faut reconnaître que le tollé général que sa libération a soulevé est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui. S’ils avaient voté en faveur de nos amendements, M. Lacroix n’aurait pas été libéré. Toutefois, le Bloc et les conservateurs ont voté contre ces amendements à l’automne 2010. Maintenant, devant le tollé soulevé par la libération de M. Lacroix, nous nous retrouvons dans un contexte non démocratique où l’organe exécutif du gouvernement du Canada tente d’empêcher le Parlement de poser des questions et d’obtenir l’information dont il a besoin. L’information qui ne serait pas obtenue est de l’information importante.
Je siège au Comité de la sécurité publique et j’ai l’avis de convocation à la réunion de ce soir. En raison de la motion de clôture, le projet de loi sera mis aux voix cet après-midi. Tout le monde sait que le projet de loi sera adopté parce que les conservateurs et le Bloc font équipe. Les conservateurs aiment utiliser le mot « coalition », je vais donc l’utiliser. Ils ont formé une coalition pour cette mesure législative afin de stopper le processus démocratique.
Ce n'est pas la première fois non plus. Les conservateurs ont déjà tenté de former une coalition avec le Bloc pour renverser le gouvernement Martin. Dans leurs publicités, ils parlent de coalition. C'est hypocrite de leur part. Les Canadiens devraient savoir que les conservateurs ont déjà tenté de faire cela et qu'ils le font maintenant avec le Bloc. Ils contournent le processus démocratique.
Nous devons notamment connaître le coût des mesures en cause. Nous allons demander combien elles coûteront.
Une voix: Qui cache quoi?
M. Andrew Kania: Un ministre vient de demander, hors microphone: « Qui cache quoi? » Que cache le gouvernement en ce qui concerne les coûts?
Nous irons au Comité de la sécurité publique ce soir, après le vote sur le projet de loi, lequel est une formalité, étant donné la coalition formée par les conservateurs et les bloquistes. Nous siégerons pendant quatre heures, soit jusqu'aux environs de 23 heures. Compte tenu du libellé de la motion, si la présentation d'amendements et l'étude excèdent les délais prévus, le projet de loi sera renvoyé à la Chambre sans propositions d'amendement.
Voici ce qu'ils ont déjà dit au comité: « Vous pouvez faire ou dire ce que vous voulez. Vous disposez d'une période précise, et si nous n'aimons pas ce que vous faites, le projet de loi sera renvoyé à la Chambre, où il sera adopté. Par conséquent, vous allez perdre votre temps. »
On peut aller au comité. Il se peut que les conservateurs fassent de l'obstruction. Il se peut aussi que des amendements soient proposés ou qu'il n'y en ait pas du tout. Peu importe. Nous savons tous que le projet de loi sera renvoyé à la Chambre. Nous savons tous que la coalition formée par les conservateurs et les bloquistes adoptera ce projet de loi à toute vitesse à la Chambre des communes, sans qu'il soit examiné comme il se doit.
Quels sont les coûts? Combien coûteront ces mesures? Ils refusent de le dire. Ce soir, à la réunion du Comité de la sécurité publique, je vais poser les questions suivantes: combien cela coûtera-t-il? Pourquoi faisons-nous cela? Pourquoi faire cela maintenant? Quelles sont les répercussions sociales de la modification de la loi à ce moment-ci?
Peut-être que c'est la chose à faire, après tout. Peut-être que cette mesure législative n'a pas besoin d'être modifiée du tout. Peut-être qu'elle n'a besoin que de quelques légères modifications. Ce qui importe, c'est qu'on ne le saura jamais, puisque les Canadiens ne pourront pas compter sur leurs élus pour l'étudier objectivement en comité ni en débattre au Parlement, parce que ceux qui détiennent le pouvoir exécutif ont eu recours à la clôture, avec l'appui du Bloc. Autrement dit, ils ont empêché les élus du peuple d'étudier, calmement et sans se presser, une mesure législative.
Je mets le gouvernement au défi. Pourquoi ne procède-t-il pas de la sorte pour ses autres mesures? Pourquoi n'a-t-il pas eu recours à la clôture lorsque la crise économique secouait le Canada? Économiquement parlant, le Canada ne s'était jamais retrouvé en aussi mauvaise posture depuis la dépression. Pourquoi n'a-t-il pas eu recours à la clôture si cela lui aurait permis de venir en aide aux Canadiens? Pourquoi n'a-t-il pas eu recours à la clôture pour modifier le régime d'assurance-emploi?
En mars 2009, le Parlement du Canada a adopté une motion portant que des changements soient apportés au régime d'assurance-emploi afin d'aider les Canadiens à traverser la crise. Le gouvernement en a fait fi, bien évidemment, même si cela allait à l'encontre des principes démocratiques. Paul Kennedy, Mme Keen et tout un tas d'autres gens qui n'étaient pas d'accord avec le gouvernement ont été renvoyés ou n'ont pas été reconduits dans leurs fonctions, même si, là aussi, cela allait à l'encontre des principes démocratiques. C'est toujours le même scénario qui se répète avec le gouvernement.
Et voilà que ce soir, nous allons être contraints d'étudier un projet de loi avec un fusil sur la tempe. Nous savons déjà qu'il va être adopté. Nous savons déjà que nos amendements seront rejetés. Et nous allons devoir obéir aveuglément, sans poser de questions.
Si la motion de clôture est censée être réservée aux questions urgentes, pourquoi les conservateurs en ont-ils présenté une pour ce projet de loi en particulier? Pourquoi seulement pour celui-là? Et pourquoi seulement après avoir rejeté les amendements proposés par les libéraux l'automne dernier? Ces amendements auraient empêché M. Lacroix d'être libéré sous condition avant terme. Ils auraient pu l'en empêcher, mais ils n'ont rien fait.
Mais maintenant que les gens se sont aperçus qu'ils n'avaient rien fait et que M. Lacroix avait été remis en liberté, voilà qu'il faut régler le problème sur-le-champ, quitte à avoir recours à la clôture et à envoyer les processus démocratiques au diable. Je le demande encore une fois: si les conservateurs prétendent qu'ils agissent ainsi à cause de l'urgence de la situation, pourquoi n'ont-ils pas fait la même chose pour les problèmes économiques? S'ils n'ont pas de scrupules à avoir recours à toutes sortes de processus antidémocratiques pour aider les Canadiens, pourquoi n'y ont-ils jamais eu recours pour venir en aide à ceux qui souffrent, qui sont au chômage, qui n'ont pas accès aux soins de santé ou qui n'ont pas de pension?
Qu'en est-il des retraités de Nortel? Parlons-en un moment. Quand ils ont perdu leur pension et leur couverture des frais médicaux sans recevoir la moindre forme d’aide dans le cadre des procédures de faillite, pourquoi les conservateurs n’ont-ils pas imposé la clôture pour les aider? Les conservateurs du Sénat rejetaient cette mesure législative parce qu'ils s’en fichaient.
Pourquoi pas la clôture sur d’autres sujets? On ne s’en sert pour rien d’autre. Il y a des questions urgentes qu’il faudrait régler pour le bien des Canadiens. Au lieu de passer les journées d’hier et d’aujourd'hui à discuter d'un projet de loi de justice criminelle non urgent en vertu d'une motion de clôture, pourquoi les conservateurs ne discuteraient-ils pas de questions économiques? Nous avons le plus important déficit de l’histoire du Canada. Pourquoi n’en avons-nous pas discuté, hier et aujourd'hui? Le coût de la vie augmente de façon exponentielle. Pourquoi ne sommes-nous pas en train d’en discuter, ainsi que de la manière de stimuler la productivité?
Des centaines de milliers d’emplois perdus ont été remplacés par des emplois temporaires à temps partiel ou, comme je l’ai dit hier, par des jobines. Pourquoi ne discutons-nous pas de plans de création d’emplois?
Nous sommes dans une situation gênante sur la scène internationale. Il y a le différend avec les Émirats arabes unis, ainsi que les conférences sur l’environnement, où nous avons reçu le prix Fossile de l’année deux ans de suite. Pourquoi ne pas discuter, de toute urgence, des questions environnementales?
Si les conservateurs aiment cette procédure antidémocratique, ils peuvent imposer la clôture sur bien des sujets. Toutefois, ils n’imposent la clôture que pour limiter les dégâts. Ils essaient de dire aux Québécois et aux autres Canadiens qu’ils sont outrés que M. Lacroix ait été libéré si vite alors qu’au fond, ce n’est pas vrai, puisqu’ils auraient pu empêcher cela l’automne dernier. Ils auraient pu accepter les amendements proposés par les libéraux au Comité de la justice, comme je le disais, mais ils ont refusé de le faire. Donc, où est l’urgence?
Depuis que j'ai pris la parole hier, j’ai reçu une lettre du Barreau du Québec que je vais lire à la Chambre. Cette lettre est adressée au , et j’en ai reçu une copie en tant que membre du Comité de la sécurité publique. Cette lettre a trait au projet de loi. Voici ce qu’elle dit:
Le Barreau du Québec souhaite manifester son opposition au projet de loi C-59 concernant la procédure d’examen expéditif et la libération conditionnelle, que vous avez présenté à la Chambre des communes le 9 février.
Je veux relever ce point. Le projet de loi a été présenté le 9 février 2011. Ce n’est donc pas une mesure législative qui était victime d’obstruction depuis deux ans.
Le projet de loi précédent, le , est mort au Feuilleton lors de la prorogation. Il y a eu deux prorogations qui ont éliminé toutes les mesures législatives qui auraient pu être invoquées et adoptées plus tôt. Sans ces deux prorogations, on aurait pu se pencher sur ce problème et modifier la loi il y a longtemps. Nous n'aurions pas à présenter continuellement les mêmes projets de loi à la Chambre des communes. Cela s'inscrit dans le comportement antidémocratique du gouvernement.
Revenons à la lettre. On y dit:
Tout d'abord, le Barreau s'oppose à l'application rétroactive de la mesure législative proposé. Comme l'Association des avocats en droit carcéral du Québec, nous aimerions faire valoir que certaines personnes ont choisi de plaider coupable en raison des avantages qu'offre la procédure d'examen expéditif. Modifier les règles sur la détermination des peines après que ces gens aient pris leur décision est injuste et ouvre la voie à des contestations constitutionnelles.
Oubliez pour l'instant ce que vous pensez de ce paragraphe. Ce n'est pas le but du vote d'aujourd'hui ou du débat d'hier. Nous devons discuter d'une question. Nous avons besoin que des experts se prononcent sur la constitutionnalité des dispositions rétroactives en vertu de la Charte des droits et libertés et de la Constitution du Canada.
Ces dispositions imposent des contraintes au gouvernement. Les conservateurs ne veulent peut-être pas y penser, mais c'est la vérité. On devrait faire témoigner des experts devant le comité pour déterminer si ces dispositions sont constitutionnelles. S'il y a des doutes raisonnables sur la constitutionnalité des dispositions, il faudrait les éliminer ou soumettre la question à la Cour suprême du Canada afin d'obtenir une réponse à cet égard.
Il est complètement injuste que le gouvernement force des gens qui ont accepté la négociation de plaidoyers à engager des avocats, à dilapider leur argent en frais judiciaires, à se rendre devant les tribunaux et à faire appel à la Cour suprême du Canada, s'ils en ont les moyens, juste pour découvrir si ces dispositions sont constitutionnelles. Le ministre a l'obligation d'examiner la constitutionnalité de ces dispositions et de fournir son avis sur cette question, mais comment cela peut-il être fait de manière responsable quand le gouvernement a invoqué la clôture, qu'il n'y a eu aucun débat et qu'aucun témoin n'a comparu.
Après avoir examiné la liste des témoins de ce soir, qui n'ont pas encore comparu, je serais très surpris si des témoignages sont fournis durant les quatre heures prévues pour le débat. Je serais aussi très surpris si une personne avait l'expertise nécessaire pour se prononcer sur la constitutionnalité de ces dispositions.
Essentiellement, le gouvernement est en train de dire qu'il s'en fout et qu'il va invoquer la clôture. Il sait qu'il a commis une erreur. Il aurait dû adopter les amendements présentés par les libéraux l'automne dernier, amendements qui auraient empêché la remise en liberté de M. Lacroix. Toutefois, le gouvernement ne l'a pas fait, et le Bloc non plus. Les deux ont voté contre les amendements. Et le gouvernement essaie maintenant d'y remédier.
Nous voici donc dans une situation où nous aurons droit à un débat très court, sans aucun second examen objectif ni aucune considération appropriée. Même s'il y a un second examen objectif et que le comité n'est pas d'accord, le projet de loi nous sera renvoyé à l'intérieur de quatre heures de toute façon. Il sera renvoyé à la Chambre, puis d'autres amendements seront proposés jusqu'à trois heures du matin. La question semble très urgente, mais il n'y a aucune urgence. L'urgence, c'était l'automne dernier, quand rien n'a été fait et que les amendements libéraux ont été rejetés.
Si c'était urgent dans ces circonstances, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas agi de la même manière pour les questions économiques? Les gens qui suivent ces débats à la maison, ceux qui ont perdu leur emploi ou leur maison ou qui n'arrivent pas à payer leur hypothèque ou les diverses activités parascolaires de leurs enfants, pourraient se demander pourquoi le gouvernement n'a pas invoqué la clôture pour faire adopter un projet de loi économique en vue de les aider.
Pourquoi le gouvernement consacre-t-il au moins le tiers de son programme à l'ordre public, alors que tous les experts, qui s'appuient sur des données objectives et empiriques, répètent depuis des années que le taux de criminalité a baissé? Pourquoi le gouvernement essaie-t-il de faire croire aux gens que la criminalité est à la hausse et qu'il prend les mesures nécessaires pour les protéger, lorsque ce n'est pas le cas?
Aujourd'hui, j'ai eu l'honneur de lire une déclaration à la Chambre. Un autre exemple est le projet de loi , la Loi sur le transfèrement international des délinquants. Un jour de la semaine dernière, le a pris la parole durant la période des questions et a reproché au Parti libéral de s'opposer à certaines dispositions de cette mesure législative, qui porte sur le transfèrement de Canadiens incarcérés à l'étranger qui demandent d'être transférés directement à une prison canadienne. Le transfèrement se fait d'une prison située à l'étranger à une prison canadienne, pour un crime commis dans un autre pays contre un étranger. Dans la plupart des cas, il est logique de procéder au transfèrement si le délinquant se trouve dans un pays qui n'a pas un bon programme de réadaptation. Dans certains pays, y compris aux États-Unis je crois, les citoyens étrangers n'ont pas accès aux programmes de réadaptation; ils ne reçoivent donc rien.
Puisque la plupart de ces délinquants seront relâchés dans la société canadienne de toute façon, il serait avantageux qu'ils participent à des programmes de réadaptation. Toutefois, cela est impossible pour nombre d'entre eux à moins qu'ils ne soient transférés au Canada.
L'un des arguments de poids est le suivant. Si la personne a perpétré un crime à l'étranger, contre un étranger, mais qu'elle n'est pas transférée à une prison canadienne avant la fin de sa peine, une fois sa peine purgée à l'étranger, puisqu'elle détient un passeport canadien, elle pourra revenir au Canada, où elle jouira d'une liberté totale. Elle n'aura pas de casier judiciaire. Elle n'aura à se plier à aucune condition généralement imposée par notre système de libération conditionnelle. Ce sera comme si elle n'avait jamais commis de crime.
Imaginez les crimes graves qu'un délinquant peut commettre à l'étranger et pour lesquels il peut être condamné. Il n'y en aura aucune trace au Canada et le Canada ne pourra lui imposer aucune condition si on ne le transfère pas à une prison canadienne avant la fin de sa peine.
Ne serait-il pas logique de procéder ainsi? Ne serait-ce pas le meilleur moyen de protéger les Canadiens? Toutefois, lorsque la question lui a été posée la semaine dernière, plutôt que d'y répondre, le s'est lancé dans une attaque. C'est ainsi que le gouvernement agit.
Mon collègue d' essuie des attaques personnelles presque tous les jours. Lorsqu'il pose une question logique et lucide à la Chambre des communes, à la recherche d'une réponse intelligente, de faits et de chiffres, le gouvernement s'en prend à lui personnellement, cherche à changer de sujet et refuse de parler des lacunes dans ses mesures législatives.
En réponse à une question sur la Loi sur le transfèrement international des délinquants, question qui avait rapport à la protection des Canadiens, le a dit: « Vous ne pensez pas aux victimes canadiennes ».
Pensons-y un instant. Il affirme qu'on ne pense pas aux victimes canadiennes. La question portait sur les Canadiens emprisonnés à l'étranger pour avoir commis un crime dans un pays étranger contre un citoyen étranger. Nous avons demandé au gouvernement pourquoi, dans de telles circonstances, ces gens ne seraient pas rapatriés afin qu'on puisse veiller à leur réadaptation. S'ils sont rapatriés le plus tôt possible, ils auront un casier judiciaire au Canada, ils passeront par le système de libération conditionnelle canadien et nous pourrons exercer un certain contrôle. Nous pourrons donc réduire au minimum le risque qu'ils commettent un crime semblable contre les Canadiens ici.
Les députés peuvent vérifier le compte rendu, mais il a répondu qu'on ne pensait pas aux victimes canadiennes. Ce ne sont que des paroles creuses. Elles sont dépourvues de logique. Pourquoi est-il impossible d'obtenir une réponse honnête qui porte sur la question? Pourquoi ne pouvons-nous pas entretenir un débat raisonné au lieu de dénigrer le porte-parole libéral en matière de sécurité publique et l'abreuver d'injures?
J'aimerais terminer en citant la lettre du Barreau du Québec:
Deuxièmement, le Barreau du Québec considère qu'avant d'adopter ce projet de loi, celui-ci devrait franchir les mêmes étapes que toutes autres mesures législatives, y compris une étude approfondie des avantages et des inconvénients de la loi actuelle et une étude d'impact des changements proposés. Les résultats de ces études devraient être rendus publics, de sorte qu'il y ait un débat éclairé sur cette question.
Je vous sais gré de l'intérêt que vous portez à cette question.
Le passage que je viens de citer est un extrait d'une lettre datée du 15 février, rédigée par le Barreau du Québec et adressée au , qui nous demande d'étudier la mesure objectivement, de respecter la démocratie, de tenir compte de tous les facteurs et de prendre une décision responsable. Les conservateurs ne devraient pas prendre une mesure pour la simple raison que, l'automne dernier, ils ont rejeté, avec l'aide du Bloc, les amendements libéraux qui auraient permis d'éviter que M. Lacroix ne soit mis en liberté.
:
Monsieur le Président, après la dernière déclaration, je pense que nous avons tout entendu. À ce qu'il paraît, l'Angleterre a accueilli le sommet du G20 et a dépensé 50 000 $ pour la sécurité. C'est là un exploit extraordinaire. Si ce pays a réussi à organiser un sommet et à dépenser 50 000 $ pour la sécurité, alors oui, nous avons une leçon à en tirer.
Les victimes d'Earl Jones au Québec demandent que des mesures soient prises, tout comme les victimes de criminels en col blanc partout au pays. Hier, elles ont imploré tous les partis politiques fédéraux de défendre les victimes d'Earl Jones, de prendre les mesures qui s'imposent, d'agir maintenant et d'appuyer l'adoption du projet de loi . Ces partis comptent même le Parti libéral et le NPD.
Je vais vous lire un passage d'une lettre qu'une des victimes d'Earl Jones a envoyée au député néo-démocrate d':
Nous ne voulons pas que cet homme soit libéré sous condition dès décembre prochain [...] Nous vous prions de collaborer avec les autres partis pour qu’il soit possible de clore cette affaire comme il se doit pour toutes les victimes [...]
L'auteur de la lettre ajoute que les criminels qui s'attaquent aux membres les plus vulnérables de la société ne devraient pas être remis en liberté simplement pour économiser un peu d'argent. Le coût de garder les criminels derrière les barreaux en vaut-il le coup? Tout à fait.
Cette observation est importante parce que les députés ont beaucoup parlé de coûts. Or, nous avons là le commentaire d'une victime qui dit que dans certains cas, les coûts liés à la réparation conviennent peut-être aux victimes.
Je commenterais volontiers le discours d'hier du député d'. Il a recommandé 10 fois de ne pas incarcérer les criminels en col blanc. Il a cité au moins quatre fois l'ancien membre du Congrès américain Newt Gingrich. Il a l'air de faire une fixation sur lui. Il a mentionné six fois l'État de Californie. Comme on pouvait s'y attendre, il n'a pas parlé une seule fois des victimes. Moi qui suis membre du Comité de la sécurité publique, j'ai l'habitude de ne jamais entendre les députés d'en face parler des victimes.
J'ai aussi entendu le dernier intervenant et d'autres avant lui dire qu'il fallait renvoyer le projet de loi en comité, qu'il fallait avoir un débat, qu'on avait prorogé par-ci et prorogé par-là. La réalité, c'est que tous ces projets de loi qui serviraient à aider les victimes, à combattre la criminalité, à serrer la vis aux criminels, comme le projet de loi dont nous parlons aujourd'hui auraient pu être adoptés il y a bien longtemps déjà.
La première lecture du projet de loi remonte à juin. Il a été renvoyé au comité le 20 octobre. On aurait pu finir son étude avant Noël, mais la coalition a préféré se lancer dans une chasse aux sorcières contre la GRC, les Forces canadiennes et le service de police de Toronto, ces hommes et ces femmes qui vont au travail tous les jours pour assurer la sécurité de nos familles, de nos amis et de nos voisins. Ça, c'était la priorité de la coalition. C'est là-dessus qu'elle a concentré toute son énergie l'automne dernier, au lieu de se concentrer sur des lois qui auraient pu apporter quelque chose aux victimes. Nous aurions pu serrer la vis aux criminels.
Reprenons la liste des projets de loi dont le Comité de la sécurité publique est saisi actuellement. Le projet de loi , consacré au transfèrement international des délinquants, est au comité depuis l'automne. Cela fait des mois qu'il traîne. Le projet de loi , sur la lutte contre le terrorisme, a aussi été renvoyé au comité il y a des mois. On aurait très bien pu étudier tous ces projets de loi et les renvoyer à la Chambre pour les voter afin qu'ils reçoivent la sanction royale il y a bien longtemps. Le projet de loi , qui supprime l'admissibilité à la réhabilitation pour des crimes graves, attend toujours. On n'a rien fait. Ils font traîner les choses. Avec le projet de loi , on aurait pu s'occuper des questions dont nous nous occupons aujourd'hui, mais il est devenu le projet de loi .
L’opposition, et plus particulièrement le Parti libéral, peut bien parler de ceci ou de cela et d’autre chose encore, mais les faits sont là. Ils peuvent être vérifiés. Ils sont bien établis.
Le fait est que le projet de loi aurait pu être étudié il y a longtemps. Il a été lu pour la première fois à la Chambre en juin. Comme je l’ai dit, il a été renvoyé au comité en octobre, mais en raison du programme de la coalition et de la chasse aux sorcières menée contre la GRC, les Forces canadiennes et le service de police de Toronto, nous n’avons pas beaucoup entendu parler de ces projets de loi.
Le gouvernement essaie de prendre la défense des victimes en faisant avancer ce dossier. Cependant, ses efforts sont systématiquement entravés.
Je tiens également à revenir à la question des coûts. Nous avons entendu des questions relatives au coût de ceci, au coût de cela. J’aimerais également parler des victimes. Auparavant, je n’avais jamais entendu la coalition mentionner la question du coût des projets de loi. C’est la première fois. C’est de la musique à mes oreilles. Il est encourageant d’entendre l’opposition se préoccuper des coûts. Elle devrait aussi se préoccuper du coût des augmentations d’impôt qu’elle propose. Mais c'est là une toute autre question à débattre.
Les conspirateurs et les fraudeurs ne sont pas dupes. Ce sont des personnes très intelligentes qui n’ont aucun sens moral et qui profitent de leurs victimes. Ils savent bien que, s’ils sont pris, ils arriveront à s’en sortir. Ils en sont conscients. Par conséquent, lorsque nous étudions le coût d’un projet de loi, nous devons boucler la boucle. Nous devons faire le tour de la question et réaliser qu’une fois que ces conspirateurs et ces fraudeurs auront réalisé que la procédure d’examen expéditif n’est plus disponible, ils y penseront deux fois plutôt qu’une avant de suivre les traces d’Earl Jones. Cela ne fait aucun doute.
Malheureusement, la coalition ne veut pas en parler et y voit une incompatibilité avec son argumentaire. Comme tout ce dont j'ai parlé au cours du débat de cet après-midi, la coalition n'y voit pas une réponse à ses besoins. Cependant, les faits existent et sont vérifiables. Il est indéniable que, lorsqu'un individu comme Earl Jones ou Vincent Lacroix aura conscience qu'il ne pourra pas bénéficier d'une procédure d'examen expéditif, il y songera à deux fois avant de commettre un méfait. Le prochain délinquant prendra davantage le temps de réfléchir et aura un doute salutaire.
Puisque nous parlons de la libération conditionnelle, voyons un peu quel effet auront ces modifications.
Voici la situation actuelle. Les fraudeurs qui dépouillent de vaillants Canadiens de leurs économies ont la garantie que leur dossier sera examiné de manière anticipée par la Commission nationale des libérations conditionnelles, ce qui leur permet de bénéficier d'une libération conditionnelle avant les autres délinquants. Aux yeux de la victime, il est difficile d'y voir un traitement équitable. Les délinquants à cravate, qui peuvent avoir détruit la vie de centaines de Canadiens, n'ont même pas à demander la libération conditionnelle.
Pouvez-vous vous imaginer? Des députés sont contre ce projet de loi et y voient un problème. Nous sommes simplement en train de dire qu'il devrait y avoir une certaine équité et que nous devrions penser aux victimes avant de remettre une personne en liberté.
Le délinquant n'a pas besoin de lever le petit doigt pour retourner vivre dans la société. Les délinquants qui sont admissibles à la procédure d'examen expéditif n'ont pas besoin de faire une demande à la Commission nationale des libérations conditionnelles du Canada. Dans sa version actuelle, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition précise que le Service correctionnel du Canada doit renvoyer à la commission le dossier de tout délinquant admissible à une libération anticipée avant sa date d'admissibilité, de manière à ce qu'il soit libéré le plus rapidement possible.
Ce qui est également tragique, dans tout cela, c'est que les victimes n'ont pas un mot à dire. Elles n'ont pas le droit de faire une déclaration à propos des effets que les agissements des délinquants ont eu sur leur vie, ni même sur la disparition des 30 ou 40 années d'économies, pour leur retraite avec leur famille, qui se sont envolées en fumée. C'est honteux.
Le projet de loi doit être adopté aujourd'hui.