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Monsieur le Président, je suis très heureuse de pouvoir intervenir pour appuyer la mesure législative dont nous sommes saisis. Comme les députés le savent, nous sommes ici pour discuter du projet de loi , qui apporterait des changements importants à notre système de libération conditionnelle.
Comme mes collègues l'ont dit, le projet de loi a un objectif clair, à savoir abolir la procédure d’examen expéditif. Ce n'est pas une mesure législative complexe qui comporte de nombreuses facettes et des listes détaillées de modifications. C'est pourquoi nous avons donné un nom clair au projet de loi , à savoir .
Le projet de loi propose de modifier la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition afin de mettre fin à la pratique actuelle qui permet aux criminels en col blanc d'être admissibles plus rapidement à la semi-liberté.
Nous ne créons pas de nouveaux règlements, et nous ne tentons pas de compliquer le système de libération conditionnelle. Nous uniformisons plutôt un système qui a actuellement deux ensembles de règles pour deux types de délinquants différents. Nous avons essentiellement un système à deux niveaux.
Selon ce système, un délinquant qui a commis un crime violent comme un meurtre ou une agression peut demander la semi-liberté seulement six mois avant d’être admissible à la libération conditionnelle totale. D’un autre côté, les personnes condamnées à une peine de prison pour une infraction en col blanc, telle qu’une fraude, peuvent demander la semi-liberté après avoir purgé seulement le sixième de leur peine. Les contrevenants non violents sont donc traités différemment.
Une personne condamnée à 12 ans de prison pour avoir volé des centaines de milliers de dollars à des Canadiens sans méfiance sait parfaitement qu’elle n’aura qu’à purger deux ans d’emprisonnement avant d’être admissible à la semi-liberté. Également, en vertu du système actuel, le délinquant qui a commis une infraction accompagnée de violence doit comparaître en personne devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada pour plaider sa cause. Ce n’est pas le cas pour les délinquants en col blanc non violents. Leur demande de semi-liberté est examinée sur dossier. Ils ne sont pas cités à comparaître à une audience de la Commission des libérations conditionnelles.
Selon le système actuel, un délinquant violent doit clairement démontrer à la Commission des libérations conditionnelles du Canada qu’il ne commettra pas un autre crime après sa libération. Si la commission ne peut pas trouver de motifs raisonnables de croire que le délinquant commettra un autre crime, une infraction quelconque, elle lui accordera la libération conditionnelle.
Le système ne fonctionne pas de la même façon pour les délinquants en col blanc non violents. Le seul critère auquel ils doivent satisfaire pour être libérés est que la commission ne doit pas avoir de motifs de croire qu’ils commettront une infraction accompagnée de violence.
Je tiens à répéter ce dernier élément, car c’est certainement l’un des plus troublants du système actuel. En vertu de la procédure d’examen expéditif, celui qui a commis une infraction non violente doit être libéré sous condition si rien ne prouve qu’il commettra une infraction accompagnée de violence.
Je dirais que le nombre de personnes emprisonnées pour une infraction non violente comme la fraude et qui commettent une infraction accompagnée de violence après leur libération doit être assez faible. En réalité, la plupart de ceux qui sont en prison pour avoir dépouillé les gens de leurs investissements n’ont probablement pas eu un passé violent.
Il semble donc curieux que ce soit le critère servant à déterminer leur liberté future. Il serait plus logique que la Commission des libérations conditionnelles leur impose le même critère que pour tous les autres délinquants et qu’ils doivent démontrer qu’ils ne commettront aucune autre nouvelle infraction pour pouvoir être libérés.
Comme les députés peuvent le voir, la procédure d’examen expéditif qui existe actuellement ne fonctionne pas bien. En plus d’accorder aux délinquants en col blanc un moyen plus facile et plus rapide d’obtenir la libération conditionnelle, cela les dissuade de faire des efforts de réadaptation. Ils savent qu’il leur suffit de purger le sixième de leur peine pour demander la semi-liberté. Ils savent qu’ils n’auront pas à se présenter en personne devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada pour plaider leur cause. Ils savent aussi que si rien ne prouve qu’ils commettront une infraction accompagnée de violence une fois libérés, la commission n’a d’autre choix que de les libérer.
Encore une fois, qu’est-ce qui incitera l’intéressé à progresser sur la voie de la réadaptation? La réponse est qu’il n’y a aucun incitatif. Notre gouvernement est déterminé à modifier ce système afin de placer tous les délinquants sur un pied d’égalité. En fait, nous rationalisons le système de libération conditionnelle afin que tous les délinquants soient traités de la même façon. C’est logique et c’est ce que nous comptons faire.
Des députés de l’autre côté de la Chambre ont dit que nos mesures visant à améliorer l’exécution de la loi et les systèmes correctionnel et judiciaire coûtaient tout simplement trop cher. Par contre, le gouvernement a dit plus d’une fois qu’il ne lésinerait pas pour protéger les victimes d’actes criminels et leur famille.
Nous avons dit aux Canadiens que nous ne tournerions pas le dos aux victimes qui ont l’impression de ne pas pouvoir se faire entendre dans notre système de justice.
Voilà pourquoi nous invitons tous les députés à appuyer le projet de loi . Nous les exhortons tous à s’allier avec nous pour aider les victimes.
J’ai écouté avec un vif intérêt mes collègues qui ont décrit avec éloquence les effets dévastateurs que ce crime peut avoir sur la vie de Canadiens qui travaillent fort et celle de leur famille. Certaines de ces victimes ont surmonté la honte et l’humiliation pour raconter ce qui leur était arrivé et livrer devant les tribunaux un témoignage qui a aidé à faire condamner ces fraudeurs. Ce ne peut pas être une décision facile pour ces victimes, d’autant plus qu’elles sont en train d’essayer de rebâtir leur vie. C’est donc un choc pour ces victimes et même pour tous les Canadiens d’apprendre que ce délinquant peut demander la semi-liberté après avoir purgé seulement une infime partie de sa peine.
Comme je l’ai déjà dit, nous avons entendu un exemple d’une personne condamnée à 12 ans de prison qui peut être admissible à la semi-liberté au bout de seulement deux ans. Pendant ces deux mêmes années, les victimes ont tâché de retrouver une vie normale et de réparer les dégâts laissés par ce crime de col blanc. C’est de ces victimes qu’il faut tenir compte lorsque nous discutons du projet de loi . En réalité, le gouvernement a toujours donné la première place aux victimes d’actes criminels dans ses efforts qui tendent à améliorer les systèmes judiciaire et correctionnel.
Nous avons proposé une mesure législative pour permettre aux victimes de s’exprimer aux audiences de la Commission des libérations conditionnelles et veiller à ce que les délinquants ne se retirent pas de leur audience à la dernière minute.
Nous avons aussi appuyé nombre de programmes et d’initiatives pour que les victimes puissent faire entendre leur voix et leurs préoccupations. Je songe notamment au Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, à la sécurité publique et au Bureau national pour les victimes d'actes criminels.
Le gouvernement est fier de ce qu’il a fait pour appuyer les droits des victimes. Nous avons dit aux Canadiens que nous ferions ce qui s’impose et que nous préserverions la sécurité des collectivités. Dans cette démarche, le projet de loi est une étape importante, et nous demandons à tous les députés d’appuyer cette mesure.
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Monsieur le Président, d'ici deux heures, la Chambre votera, à l'étape de la troisième lecture, sur un projet de loi sur lequel nous aurons travaillé environ trois jours seulement. Encore une fois, on demande au Parlement de voter sur un projet de loi sans avoir la moindre idée de ce qu'il coûtera. En pratique, le gouvernement s'est bandé les yeux et on lui a souhaité bonne chance. Il découvrira les conséquences financières de cette mesure quand le projet de loi aura été adopté et que l'argent aura été dépensé depuis longtemps. Ce n'est pas la bonne manière de gérer ses affaires.
Au comité, hier soir, nous avons eu quelques heures pour entendre des témoins exprimer de sérieuses préoccupations concernant ce projet de loi. Là encore, nous étions sous le coup d'une motion de clôture, alors nous n'avions que jusqu'à 22 heures pour l'examiner.
Voici les faits. Cette urgence soudaine, cette soudaine poussée d'activité au gouvernement aurait pu être évitée s'il avait pris la peine d'écouter les députés libéraux lorsqu'ils affirmaient, ces dernières années, que nous devions faire quelque chose, qu'il fallait éliminer les dispositions qui permettent aux Earl Jones et aux M. Lacroix de ce monde de sortir de prison plus tôt. Nous avons été très clairs sur cette question. Nous avons réclamé de telles modifications à maintes reprises, autant dans des communiqués de presse qu'au Comité de la justice, où nous avons présenté des amendements en ce sens. Le gouvernement a refusé d'agir. Puis, M. Lacroix a été mis en liberté à cause de l'inaction du gouvernement. Ce dernier s'est fait prendre les culottes baissées. Il a eu honte, puis il s'est immédiatement mis à l'action. Maintenant, il affirme qu'on doit adopter la mesure sur-le-champ, faute de quoi on se fiche des victimes. On nous dit que si on n'adopte pas la mesure sur-le-champ, c'est qu'on appuie les criminels. C'est un argument défensif qui mine la qualité des débats à la Chambre.
J'ai écouté les conservateurs parler de victimes de viol. Hier, un député conservateur a pris la parole à la Chambre et a dit que certains députés, qu'il n'a bien sûr pas nommés, appuient des organisations qui s'opposent à l'incarcération des violeurs d'enfants. Comment le débat peut-il bien se porter lorsque les conservateurs font de telles choses? Le débat porte sur les délinquants non violents qui en sont à leur première infraction, mais voilà qu'un député se lève à la Chambre pour parler de viol d'enfants et affirmer que certains députés s'opposent à ce que les gens qui commettent un tel crime purgent de longues peines de prison. C'est honteux. Cela illustre à quel point les conservateurs sont désespérés et accordent une plus grande importance aux politiques qu'à la tenue d'un débat honnête.
Voici la vérité. Non seulement avons-nous préconisé, au cours des deux dernières années, des dispositions qui feraient en sorte qu'une personne comme Earl Jones ne puisse sortir de prison plus tôt, mais en plus, à la séance du comité d'hier, j'ai présenté, avec l'aide des membres libéraux et néo-démocrates, une série d'amendements qui cibleraient davantage l'application de la mesure.
Nous avons voté hier, à l'étape de la deuxième lecture, pour avoir la possibilité de débattre de cette question en comité, pour circonscrire le projet de loi et en éliminer les dispositions les plus choquantes qui, à vrai dire, portent sur des sujets qu'aucun des conservateurs n'a abordés et pour déterminer l'objectif déclaré du projet de loi du point de vue des conservateurs. Mais qu'ont-ils fait à la place? Ils ont voté contre ces amendements. À chaque vote par appel nominal, ils ont bloqué nos efforts d'amender le projet de loi.
Ensuite, ils ont eu l'audace, la malhonnêteté intellectuelle, de dire à la Chambre que nous ne nous préoccupons pas des victimes et que nous voulons libérer des criminels comme Earl Jones. C'est une attitude ignoble et malhonnête.
Affirmer qu'il existe des divergences notables entre nous, qu'il y a certains ponts qu'il est impossible de bâtir entre nous et qu'il est difficile de trouver des compromis dans certains domaines, c'est acceptable. Affirmer que nos deux partis ont à coeur la sécurité publique, que nous voulons tous deux changer les choses pour le mieux, mais que nous avons une approche différente quant à la manière d'y arriver, c'est juste. Mais de là à dire à la Chambre que certains députés appuient des criminels, au détriment des victimes, c'est tout à fait ridicule.
Chacun de nous a été élu à la Chambre parce que nous nous soucions de nos collectivités et de nos familles. Chacun de nous vient ici tous les jours pour essayer de bâtir un Canada meilleur et plus sûr et faire de notre pays un endroit où il y a moins de violence et moins de problèmes. Ce genre de dénigrement ne fait que rebuter les Canadiens, d'où leur désintéressement. Ils se disent que ce n'est plus un vrai débat, mais un simple jeu.
Ce que j'essaie de faire ici — en fait, c'est ce que nous avons toujours tenté de faire au cours des derniers jours —, c'est de souligner les profondes inquiétudes que nous avons au sujet des dispositions du projet de loi qui visent à éliminer la procédure d'examen expéditif dans le cas de tous les délinquants.
Pourquoi devrions-nous nous soucier de cela? Premièrement, ce projet de loi ne fait rien pour les victimes. J'en ai parlé dans ma question.
Il vaut la peine de mentionner que le député de a posé toute une série d'excellentes questions à des victimes. Il leur a demandé ce qui était le plus important à leurs yeux et ce qu'elles souhaitaient voir dans le projet de loi. Elles ont insisté sur des mesures comme le dédommagement et la capacité de recouvrer leur argent auprès des individus qui le leur ont volé. Ces gens ont perdu les économies d'une vie entière. Ils souhaitent d'abord et avant tout recouvrer leurs économies. Une des priorités du gouvernement devrait certainement consister à appuyer les victimes et à leur dire qu'il fera tout en son pouvoir pour aller chercher l'argent qu'elles ont perdu.
Une des victimes a dit craindre qu'un individu comme Earl Jones ne puisse tout simplement quitter le pays avec cet argent durement gagné. Nous devrions toujours être présents auprès des victimes.
Une autre victime nous a parlé des complications fiscales qui découlent de ce genre de situation. Il y a des difficultés sur le plan fiscal. En tant que gouvernement — et je le dis au sens de l'ensemble des parlementaires —, nous devrions trouver des façons d'accorder des allègements fiscaux à ces victimes et de les aider par différents moyens à se tirer de ce mauvais pas.
Des victimes nous ont parlé de l'importance de l'application de la loi et de la nécessité d'accorder des moyens financiers à la GRC. Il y a à peine deux jours, nous avons appris que les services de police nationaux ont fait l'objet d'énormes compressions de l'ordre de 20 millions de dollars environ. La GRC doit maintenant combler ce manque à gagner, gracieuseté du gouvernement fédéral. On parle ici de services aussi essentiels que le registre des délinquants sexuels et le CIPC. Nous savons que le groupe de travail de la GRC sur la criminalité en col blanc a également subi des compressions.
Cela me semble malhonnête de dire que les députés de l’opposition ne se préoccupent pas des victimes, alors que nous disons qu’il faut faire davantage pour éviter qu’il y ait des victimes. Nous avons vu le budget pour la prévention de la criminalité être réduit de 70 p. 100. Quand je discute avec des représentants de groupes sans but lucratif, d’un bout à l’autre du pays, des organismes qui font du très bon travail pour tenter d’empêcher que des crimes soient commis, et que ces gens me disent qu’ils doivent concentrer toute leur attention et leur énergie à obtenir le renouvellement du peu de financement fédéral qu’il leur reste pour pouvoir poursuivre leur mission dans leur collectivité, je trouve que c'est inadmissible. Quand on parle de prévention, cela signifie justement que les victimes nous tiennent à coeur. C'est justement parce que nous voulons des collectivités plus sûres que nous voulons des réponses honnêtes pour nos électeurs.
Dans les exemples que je viens de donner, en investissant dans la capacité des collectivités et dans les ressources policières, en adoptant des lois comme celles que nous réclamons depuis plus de quatre ans maintenant, nous donnons à la police des moyens légaux de chasser les criminels qui utilisent les médias électroniques pour commettre leurs crimes. En assurant l’existence de tels moyens, nous évitons qu’il y ait des victimes.
Quiconque a été victime vous dira que la première chose qu’il désire, c'est qu’on fasse en sorte que ses souffrances ne soient plus jamais infligées à d’autres. Comment faire pour éviter cela? Il ne suffit pas de punir.
Sur la question des châtiments, je laisse faire les conservateurs. Ils veulent faire mieux que nous en matière de châtiment. C'est bien. La question qui se pose est de savoir où cela va nous mener. Si notre seul objectif est de punir les criminels, si nous n’investissons pas dans les programmes de prévention dont je parlais, et qui ont fait l’objet de toutes ces compressions, nous ne rendons pas service aux victimes.
Les conservateurs ont choisi l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, Steve Sullivan. Quand l’ombudsman est arrivé à la conclusion, après avoir travaillé avec le gouvernement conservateur, que le plan des conservateurs pour aider les victimes ne fonctionnerait pas et que ce n’était pas la bonne manière de procéder, il a été congédié. On l’a laissé partir simplement parce qu'il a dénoncé la situation.
Pourquoi a-t-il dit que ce plan était déficient et qu’il ne fonctionnerait pas? Ce n’était pas seulement parce que les conservateurs ont réduit de 40 p. 100 le financement de l'Initiative sur les victimes d'actes criminels, une initiative qui visait à mettre un terme au cercle vicieux des victimes qui en viennent à commettre des actes criminels. Nous devons nous rappeler que bien des victimes deviennent des criminels si nous ne faisons rien pour apaiser la douleur causée par l’agression dont elles ont été victimes. L’ombudsman a dit que trop peu d’argent était investi dans la prévention et que, en raison des compressions, les services policiers n’obtenaient pas assez de ressources et les services d’aide aux victimes non plus. C'est pourtant le genre de choses qu’il faut faire.
Les conservateurs ont déjà essayé auparavant de présenter l'incarcération comme la seule solution et de diffamer quiconque laissait entendre que nous devrions aussi examiner d'autres idées. Je dis cela parce que c'est important avant de commencer à nouveau à demander si cela a déjà été tenté.
Au Canada, nous avons un très bas taux de criminalité. Pendant les années où les libéraux étaient au pouvoir, nous avons vu le taux de criminalité diminuer année après année. Nous avions en même temps un très bas taux d'incarcération. En y réfléchissant, on arrive à la conclusion que les deux vont de pair. Si nous avons un faible taux d'incarcération et un petit nombre de personnes en prison, c'est parce qu'il y a moins de crimes et moins de criminels. Si les prisons débordent et que nous devons en construire toujours plus, c'est parce qu'il y a beaucoup de criminalité. Ce n'est pas un indicateur positif.
Au Canada, nous avons un très bon modèle et, si nous voulons en changer, où allons-nous? Les républicains ont tenté la même approche hyperpartisane dans des États comme la Californie, où ils ont tenté de diffamer les personnes qui parlaient de prévention et d'investissement dans la réadaptation et différents programmes. Ils ont prétendu que ces gens ne se souciaient pas des victimes et ils parlaient d'eux en utilisant la même terminologie hyperpartisane que nos vis-à-vis. Puis, ils ont commencé à construire des prisons les unes après les autres.
Que se passe-t-il? Examinons le projet de loi. Ce projet de loi frappe les femmes d'une manière disproportionnée. Environ 62 p. 100 des individus qui seront touchés sont des femmes. Ce sont des femmes vulnérables ou dans une mauvaise relation ou qui se sont associées à de mauvaises personnes et qui commencent à transporter des produits volés et pas nécessairement de la drogue. Elles le font probablement sous la contrainte parce qu'elles sont dans une mauvaise situation, qu'elles sont appauvries.
Dans le cas des femmes qui commettent une première infraction sans violence, le projet de loi les empêchera d'obtenir une libération conditionnelle. Quelle est l'utilité de les mettre en prison pendant plus longtemps et de peut-être les garder loin de leurs enfants pendant plus longtemps? Qu'est-ce que cela apporte à la sécurité publique?
En Californie, cela n'a rien apporté. Les individus qui avaient commis un acte criminel sans violence et qui se sont retrouvés en prison pendant plus longtemps ont vu leur situation se détériorer.
Maintenant que les prisons sont bien pleines de délinquants non violents qui en sont à leur première infraction, on se retrouve avec moins de fonds pour le reste, ce qui signifie que les programmes et les services seront moins efficaces. On peut déjà observer cette tendance au Canada, où l'argent manque pour les programmes et les services. Selon l'enquêteur correctionnel, nous avons sur les bras une crise en devenir: nous n'avons tout simplement pas suffisamment d'argent pour permettre aux gens qui sont incarcérés d'aller mieux.
Les délinquants qui se retrouvent derrière les barreaux pour un délit mineur débarquent dans un univers surpeuplé où les services nécessaires pour traiter leurs maux de base n'existent pas. Il ne faut pas oublier que plus de 80 p. 100 des détenus sont toxicomanes. Chez les femmes, c'est un quart d'entre elles qui souffrent de graves problèmes de santé mentale. Nous ne prévoyons aucun fonds pour cela. De fait, nous constatons que la situation empire de plus en plus. Ensuite, nous les relâchons, quelque six mois à deux ans plus tard, en fonction des cas.
Que se passe-t-il quand ils sont relâchés? Ils commettent des crimes plus graves. En Californie, la situation a tellement empiré en raison de ce cercle vicieux que le taux de récidive a dépassé les 70 p. 100, ce qui signifie que sur dix personnes relâchées, sept récidiveront.
On nous a cité un chiffre intéressant hier soir. Le taux de récidive violente des délinquants qui ont suivi le programme est de 0,3 p. 100. Nous jetons par la fenêtre un programme dont le taux de récidive violente des participants est de 0,3 p. 100. Le modèle que nous copions est le modèle californien, un modèle qui donne des taux de récidive violente non seulement à deux chiffres mais en fait bien supérieur à 20 p. 100. Cela ne me semble pas la solution que nous devrions envisager.
Ce cercle vicieux est problématique parce qu'il est autodestructeur. Plus les services sont réduits, plus il y a des gens qui se retrouvent en prison et plus nous sommes à court de ressources pour offrir des services.
En Californie, on a privatisé le système carcéral, et les conditions se sont dégradées encore davantage dans les prisons. On s'est mis à mettre trois détenus par cellule au lieu de deux. Les services déjà rares sont devenus totalement inexistants. Je crois que ce n'est pas cette orientation que nous souhaitons prendre.
L'étude du projet de loi ne devrait pas se faire sans tenir compte de l'avis de nombreux experts juridiques, y compris le Barreau du Québec, qui pensent que le projet de loi est de surcroît inconstitutionnel en raison de ses dispositions rétroactives et qu'il ne résistera pas à la contestation judiciaire. Nous sommes vraisemblablement en présence d'un projet de loi qui a été fabriqué à la hâte derrière des portes closes, sans que les autres partis politiques puissent avoir leur mot à dire, et qui est destiné à être adopté dans la précipitation, au bout d'un débat de trois jours. Pourtant, il est important de se pencher sérieusement sur les questions de ce genre.
Lorsqu'on prend du recul, on s'aperçoit qu'au Royaume-Uni, le premier ministre Cameron est en train de démanteler le système de lutte contre la criminalité par le châtiment. Aux États-Unis, le même démantèlement est en train de se produire. Newt Gingrich, qui est considéré comme le père de cette école de pensée, pense dorénavant qu'elle ne fonctionne pas. Les conservateurs canadiens sont visiblement les seuls au monde à foncer tête baissée vers le désastre appréhendé.
Je voudrais vous donner un exemple rapidement avant de souligner quelques autres points. Comparons les approches différentes adoptées par la Floride et par l'État de New York, où l'on a rejeté le système de lutte contre la criminalité par le châtiment parce qu'il n'avait pas de sens. Dans l'État de New York, le taux d'incarcération a été réduit d'environ 16 p. 100. La Floride, elle, a continué d'appliquer sans se questionner les politiques de type conservateur aux délinquants non violents. Elle a donc vu son taux d'incarcération augmenter de 16 p. 100.
Selon la logique conservatrice, la Floride aurait dû se transformer en véritable nirvana. Elle aurait dû connaître soudainement une diminution massive de son taux de criminalité. Pourtant, c'est l'inverse qui s'est produit. En plus de se retrouver écrasée sous le poids de milliards de dollars de nouvelles dépenses, la Floride a vu son taux de criminalité augmenter. Pendant ce temps, l'État de New York, qui a économisé des milliards de dollars en réduisant le taux d'incarcération, a vu son taux de criminalité diminuer. C'est ce qui s'est produit partout où la même expérience a été tentée. Il faut éviter de débattre à partir d'abstractions.
Il faut s'appuyer sur des données bien réelles, en ayant en tête non seulement les coûts, mais également les victimes. Si nous nous soucions vraiment d'elles ainsi que d'améliorer la sécurité dans nos milieux de vie, en toute sincérité, et si nous ne cherchons pas à faire de la politique partisane, il est préférable de faire des choix vraiment sensés, quitte à prendre plus de temps pour les expliquer.
Il est également important de lire les commentaires de l'enquêteur correctionnel. Voici les statistiques qu'il a présentées et les préoccupations qu'il a formulées. Voici ce qu'il a dit: « Si la procédure d'examen expéditif est abolie, des délinquants non violents resteront incarcérés nettement plus longtemps dans des établissements fédéraux avant de réintègrer la collectivité, alors que les avantages d'une telle mesure pour la sécurité publique sont limités. »
Il a ajouté: « Il faut également s'attendre à ce que la Commission des libérations conditionnelles du Canada doive tenir plus d'audiences qu'auparavant, puisque la procédure d'examen expéditif se résume à un examen du dossier. Ces frais connexes, qui s'ajoutent aux coûts d'incarcération déjà élevés, sont considérables et il faut en tenir compte. »
« Bien sûr, nous n'avons pas les chiffres, ils ont refusé de nous les fournir. »
« Selon les statistiques, la surpopulation carcérale peut favoriser les tensions et la violence, et mettre en danger la sécurité du personnel, des détenus et des visiteurs ».
Il a ajouté: « Avec la surpopulation, l'accès en temps opportun des délinquants aux programmes, aux soins et aux véritables possibilités d'emploi diminue considérablement. »
Il a poursuivi en ces termes: « C'est dans les établissements à sécurité moyenne où la capacité est la plus limitée à l'heure actuelle, alors que ce sont eux qui sont censés mettre en oeuvre la majeure partie des programmes correctionnels. Ce projet de loi aura des répercussions négatives sur cette capacité. »
Il parle ensuite de la surreprésentation des Autochtones dans les établissements carcéraux et de l'impact démesuré que ce projet de loi aurait sur eux. Il poursuit en disant que le Bureau de l'enquêteur correctionnel se préoccupe, comme je l'ai mentionné plus tôt, des contrevenantes et du fait que le projet de loi les cible de manière disproportionnée. Il faut se rappeler que l'incarcération d'une femme coûte entre 180 000 et 250 000 $ par année.
Ce ne sont pas des solutions judicieuses, mais des solutions républicaines rétrogrades qui ont échoué. Nous n'en avons pas besoin au Canada. Nous devons lutter contre la criminalité de manière intelligente, non stupide.
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Monsieur le Président, c'est en pensant aux victimes de Vincent Lacroix, d'Earl Jones et de Leon Kordzian — un fraudeur qui a sévi dans mon comté — que je prends la parole aujourd'hui sur le projet de loi .
Depuis quatre ans, les députés de ce Parlement parlent de cette disposition. On sait très bien que ça fait quatre ans que nous voulons l'abolir.
Selon nous, la première surprise, qui n'en était pas vraiment une, était de voir les conservateurs refuser d'accepter une adoption rapide de notre projet de loi, pour que soit abolie cette libération au sixième de la peine.
Je vais faire un petit historique, pour qu'on comprenne un peu d'où vient ce mécanisme qu'on veut abolir.
Ce mécanisme qui permet une libération au sixième de la sentence, qui est aussi connu sous le nom d'examen expéditif, est déjà prévu aux articles 119(1), 125, 126 et 126(1) de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
Plus communément dit, un criminel qui purge une peine dans un établissement fédéral — une peine de deux ans et plus — a le droit à une libération conditionnelle au sixième de la peine, par voie d'examen expéditif. Je tiens à le préciser, car je vais y revenir plus tard.
Selon les critères, à partir du moment où il s'agit d'une première sentence fédérale, que le détenu n'a pas commis de crimes violents liés au gangstérisme ou au terrorisme, qu'il n'a pas commis de crimes sexuels ni n'a été complice de ces infractions, qu'il ne fait pas l'objet d'une ordonnance l'obligeant à purger au moins la moitié de la peine d'une infraction liée à la drogue, qu'il ne risque pas de commettre un crime violent — il peut commettre un autre genre de crime, mais pas un crime violent —, il peut être libéré. Voilà donc les critères actuels de la loi —, critères que nous voulons abolir.
Par conséquent, lorsqu'un détenu satisfait à tous ces critères, il peut se voir libéré au sixième de sa sentence, grâce à ce type de procédure. Par cette procédure, il peut même être libéré au tiers de sa sentence, donc avoir droit à la libération conditionnelle totale.
Ce mécanisme est quand même très mal perçu par la population, ce que je comprends parfaitement. Les gens se demandent pourquoi, si un juge a imposé une peine de 13 ans, le détenu est libéré après avoir purgé 15 mois. On l'a vu très souvent: on l'a vu avec Vincent Lacroix et on aurait pu le voir avec Earl Jones, mais ce ne sera pas le cas car j'espère que ce projet de loi sera adopté. Comme l'a dit mon collègue tout à l'heure, on a aussi pu le voir dans le cas de certains trafiquants de drogues qui déléguaient les tâches de violence à leurs soldats. Je dois vous dire que cela discrédite le système de justice et lui donne une image quelque peu faussée et laxiste. Il y a de quoi se poser des questions. Je comprends parfaitement la population et les gens qui trouvent que ça n'a pas de bon sens.
Rappelons que ce projet de loi n'est pas tombé du ciel et n'est pas arrivé du jour au lendemain. Je vais vous en faire une petite chronologie.
On commence en juillet 2006 avec Paul Coffin. Je pense que les libéraux connaissent très bien ce bonhomme, acteur du scandale des commandites qui est mis en liberté après avoir purgé un sixième de sa peine de 18 mois. On ne parle pas de fraude, mais de corruption et du scandale des commandites. On est loin de Vincent Lacroix.
En octobre 2006, Jean Brault, un autre, un deuxième, fondateur de la firme Groupaction et acteur principal du scandale des commandites, a bénéficié d'une libération après avoir purgé 6 mois de sa peine de 30 mois.
En juin 2007, le Bloc québécois propose un Plan justice, dans lequel il demande entre autres l'abrogation de cette disposition.
En décembre 2007, Vincent Lacroix est condamné pour la première fois au pénal.
En août 2008, Jean Lafleur — ce nom doit dire quelque chose à certains — est relâché après avoir purgé sept des 42 mois de sa peine. Le 14 septembre 2009, le Bloc fait la première demande de consentement unanime à la Chambre pour l'adoption rapide du projet de loi . Comme je le disais tout à l'heure, seuls les conservateurs s'y opposent, par pure partisanerie. Le 15 février 2009, Charles Guité est relâché sous condition après avoir purgé six de ses 42 mois d'emprisonnement. Le 26 octobre 2009, les conservateurs déposent le projet de loi , qui vise à abolir la libération au sixième de la peine, mais leur premier ministre ferme le Parlement et, comme on le sait, les projets de loi du gouvernement tombent.
Le 4 mars 2010, c'est la deuxième tentative. On demande encore le consentement de la Chambre. Les libéraux nous appuient, comme ils nous ont appuyés la première fois, le NPD nous appuie aussi et seuls les conservateurs ne veulent rien savoir, par pure partisanerie. Le 15 juin 2010, les conservateurs déposent le projet de loi , qui est actuellement au comité, qui n'a toujours pas entendu les témoins. Ce projet de loi est donc loin d'aboutir. Rappelons que ce projet de loi contient non seulement la disposition de l'examen expéditif, l'abrogation, mais en même temps, toutes sortes d'autres éléments qu'il faut regarder de très près.
Le 27 janvier 2011, Vincent Lacroix est libéré au sixième de sa peine. On en parle dans tous les médias, c'est le gros scandale, et je suis parfaitement d'accord avec cela. Soudainement, les conservateurs se réveillent. J'étais moi-même à la Chambre lorsque j'ai vu le député de , chef du Bloc, se diriger vers le premier ministre pour discuter et trouver un arrangement sur ce point. Après moult négociations, nous en sommes arrivés à une entente. Le 10 février dernier, je demandais le consentement unanime de la Chambre pour adopter ce projet de loi, et les libéraux et le NPD ont refusé de nous donner leur consentement, alors qu'ils nous l'avaient donné en mars 2010 et en septembre 2009.
Comme on peut le constater, ce projet de loi n'est pas né de la génération spontanée. Ce n'est pas sorti comme ça de l'univers. Ça a pris du temps à aboutir, quatre ans, et en ce qui me concerne, la population du Québec et du Canada vit une victoire. Enfin, on pourra peut-être crier victoire ce soir. Les gens sont tannés, et des victimes sont venues hier au comité nous raconter ce qu'ils ont pu vivre dans leur quotidien, dans leur famille et dans leur souffrance psychologique à cause de ces criminels. L'abolition de cette disposition va permettre de corriger certaines aberrations, les plus souvent dénoncées par la population. En fait, ce que les gens veulent, ce n'est pas forcément des sentences lourdes, mais plutôt des sentences appliquées.
Je vais faire un bilan rapide de la réunion du comité d'hier soir. Elle a duré quatre heures, dont deux heures d'audition, avant l'étude article par article. Tout d'abord, nous avons su que l'adoption de ce projet de loi n'empêchera pas des détenus présentant un risque de récidive très faible d'être libérés éventuellement. Mais une évaluation va être faite des facteurs criminogènes, une vraie évaluation du risque qui ne sera pas forcément basée sur la probabilité de récidive dans un délit de violence. L'analyse du risque se fera à partir de l'individu en tant que tel. Si c'est un fraudeur, la probabilité qu'il récidive en commettant un délit de violence est faible, mais la probabilité qu'il récidive en commettant un autre délit de fraude est peut-être beaucoup plus présente.
Il faut faire attention. Nous disons qu'en éliminant cette disposition, on se trouve à permettre une évaluation du risque beaucoup plus globale.
Je voudrais donner quelques indications des facteurs criminogènes de ce genre d'individu. Je m'inspire du psychiatre Robert Hare, qui a écrit le livre — certains le connaissent peut-être — Snakes In Suits: When Psychopaths Go To Work. Il explique qui sont ces criminels qu'on dit à cravate.
C'est très simple. Il y a deux genres de fraudeurs. Je vais citer ce que dit Robert Hare en entrevue: « Pour plusieurs criminels ordinaires, le crime est un travail. » C'est comme tout le monde, on va au travail le matin. Eux aussi, ils vont au travail. « Ce sont des professionnels qui comprennent les risques mais qui choisissent de les courir pour profiter d'une manne au bout du compte. »
Et il y a les autres, les psychopathes. Je ne parle pas du psychopathe avec son couteau caché dans la forêt. Ce n'est pas de cela que je parle. Je ne parle pas du psychopathe qui poursuit les petits enfants pour les violer. Je parle du psychopathe qui poursuit les petits investisseurs pour les voler. Cela existe. Ces psychopathes sont différents du criminel ordinaire.
Toujours selon Robert Hare: « Ce ne sont pas des gens qui vont calculer les risques et les récompenses. Ils croient qu'ils ont droit à l'argent qu'ils pillent. Que les autres humains sont des objets qui n'ont ni sentiments ni droits. Un criminel professionnel peut avoir une conscience, une loyauté face aux autres, par exemple, envers sa famille. Un psychopathe n'a de loyauté envers personne sauf lui-même. »
D'ailleurs, M. Earl Jones a lui-même fraudé sa propre fille. On voit les beaux exemples de cas! Je pourrais continuer infiniment comme cela pour démontrer qu'on ne doit plus évaluer ces gars en fonction du risque de récidive en commettant un délit violent, mais en fonction du risque de récidive tout court. C'est ce que va faire ce projet de loi en abolissant l'examen expéditif.
Hier, je regardais le compte rendu de la décision de la Commission nationale des libérations conditionnelles quant à la libération de Vincent Lacroix. C'est très clairement dit. Le commissaire dit qu'il est persuadé, et qu'on est persuadé selon l'évaluation faite par l'équipe multidisciplinaire, que cet individu ne récidivera pas en commettant un crime violent, ce qui est vrai. Cependant, quelle est la vraie analyse du risque de récidive? C'est un fraudeur. Ce n'est pas un tueur, c'est un fraudeur. Ce n'est pas un pédophile, c'est un fraudeur. En commettant quel genre de crime va-t-il récidiver? Un crime violent? Le risque de ce genre de récidive est extrêmement faible. Il va récidiver en faisant ce qu'il connaît le mieux et qu'il considère comme une profession. Il se réveille le matin, il met son beau petit costume et il s'en va frauder les aînés. D'ailleurs, Vincent Lacroix, c'est une chose, mais M. Kordzian, qui fraudait-il lui? Il fraudait des aînés, des femmes monoparentales, des personnes démunies qui ne parlaient ni le français ni l'anglais. Ce sont ces personnes qu'il attaquait, et c'est inacceptable.
Hier, en comité parlementaire, M. Zinger, directeur exécutif et avocat général du Bureau de l'enquêteur correctionnel, a quant à moi remis les pendules à l'heure. Je lui ai demandé s'il était en train de nous dire que la libération conditionnelle totale n'existerait plus si le projet de loi était adopté le lendemain matin — comme ce sera, je l'espère, sûrement le cas — et que les gens purgeraient leur peine jusqu'au deux tiers de leur sentence. Il a répondu que non, que c'est la procédure d'examen expéditive qui serait éliminée. C'est clair.
Fondamentalement cette procédure expéditive est une revue sur papier basée sur un dossier, un critère différent du risque.
Il est en train de nous dire que tout ce que ça va faire, c'est qu'au lieu que les commissaires étudient le cas de manière administrative, ils vont devoir faire une vraie évaluation du risque de récidive du détenu. Les commissaires devront regarder ces gens en face d'eux et décider s'ils ordonnent leur libération ou pas. C'est leur travail. Les commissaires sont-ils des gratte-papier? Non, ils sont là pour rencontrer ces gens et évaluer le risque avec l'équipe multidisciplinaire. Il est plus que temps que cela cesse. On les paie assez cher, il faut qu'ils fassent leur travail. Bien sûr, il faut leur donner la possibilité de le faire.
Si la loi les oblige à ordonner une libération parce qu'on pense que le détenu, le criminel ne va pas récidiver en commettant un délit de violence, ils ne peuvent faire que ce que la loi les autorise à faire. Parfois, ils ont le coeur complètement déchiré parce qu'ils aimeraient bien garder le détenu, mais ils ne peuvent pas. Cela m'étonnerait beaucoup que celui qui a permis la libération au sixième de la peine de Vincent Lacroix ait eu le goût de le libérer.
Avec l'adoption de ce projet de loi, la Commission nationale des libérations conditionnelles prendra en compte les risques de récidive généraux en vue d'assurer la sécurité publique. C'est vrai qu'il ne s'agit pas de tueurs en série, mais ce sont des tueurs quand même; ce sont des prédateurs économiques. Ils détruisent des vies. Hier, on a entendu une victime de Vincent Lacroix dont les amis s'étaient suicidés. Qu'est-ce qu'un meurtre? Est-ce tuer directement? Il y a aussi le meurtre qui est commis par dérogation. D'où vient cette idée de classifier les meurtres? Si demain matin, mon frère se suicidait parce que quelqu'un a ruiné sa vie, serais-je heureuse qu'on me dise que ce n'est pas cette personne qui l'a tué? Quelle honte! C'est vraiment incroyable.
Quoi qu'il en soit, ce projet de loi nous rend très émotifs et il faudrait revenir au ras des pâquerettes. Avec ce projet de loi, la Commission nationale des libérations conditionnelles ne sera plus pognée à mettre dehors des Vincent Lacroix — je dis bien « pognée ».
Je vais continuer de parler de ce qui s'est passé en comité. Mme Campbell, de la Direction générale des affaires correctionnelles et de la justice pénale, nous disait que ce projet de loi n'abolit pas le un tiers de la peine ni la semi-liberté six mois avant le tiers de la peine. Il ne fait que permettre d'éliminer la disposition de l'examen expéditif.
Comme il ne me reste que deux minutes, je vais passer directement à un des points dont elle nous a parlé. Elle nous a dit que toutes les peines de trois ans et moins ne seront pas vraiment touchées par cette disposition. Lorsqu'on calcule la semi-liberté, cela revient à peu près au sixième de la peine. La différence, c'est la capacité de pouvoir étudier le dossier et, d'une certaine manière, évaluer le risque de récidive global.
J'ai fait quelques petits calculs. J'ai questionné Mme Campbell, hier. Elle disait que la moyenne des peines des femmes détenues est d'environ trois ans et moins. J'ai demandé les chiffres de 2004-2005 à 2008-2009 pour les hommes: un peu plus de 50 p. 100 des délinquants purgent des peines de trois ans et moins. Grosso modo, ceux qui purgent des peines de trois ans et moins ne seront pas touchés par cette disposition. Quant aux criminels qui, après évaluation, présentent un risque inacceptable pour la société, ils ne seront pas mis en liberté. Tous les petits fraudeurs, que j'appelle les criminels d'occasion ou d'opportunisme, ne seront pas touchés.
Il y aura une évaluation du risque, et si on peut assumer le risque, ils pourront sortir.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier les députés de leur indulgence.
Je tiens d'abord à parler des victimes. Les victimes de crime souffrent, elles ont besoin de soutien et de soins, et elles réclament justice. Les députés savent tous que les victimes ont besoin d'être entendues et ils respectent le fait qu'elles prennent part au processus judiciaire pour que leurs intérêts soient toujours à l'avant-plan, comme il se doit, dans le système de justice.
Hélas, le projet de loi , malgré ce qu'on en dit, n'aiderait en rien les victimes. Il ne permettrait pas aux victimes, dont les victimes de fraude qui ont été ruinées, d'être dédommagées. Les victimes ne recevraient pas un sou. Le projet de loi n'aiderait aucune des victimes, des personnes à qui on s'en est pris et qui subissent les conséquences des crimes commis, à se reprendre en main.
Le gouvernement et le Bloc québécois prétendent que le projet de loi découle des affaires Earl Jones et Vincent Lacroix. Il s'agit bien sûr d'artistes de la fraude financière qui ont escroqué des centaines, voire des milliers d'investisseurs. Dans un cas, il est question de 50 millions de dollars et, dans l'autre, de 100 millions. Or, le projet de loi ne redonnerait pas le moindre sou aux victimes.
Hier soir, en comité, nous avons entendu trois victimes de ces deux fraudeurs. Elles nous ont dit qu’elles doivent exercer trois emplois et qu’elles ont des problèmes avec le fisc. Elles se sont retrouvées au bord de la faillite. Elles ont reconnu que le projet de loi ne ferait rien pour les aider à résoudre ces problèmes bien réels.
Le projet de loi supprimerait la procédure d’examen expéditif pour tous les délinquants primaires non violents. Un des problèmes que pose ce projet de loi est que, comme le Bloc l’a proposé et comme le gouvernement l’a accepté, il ne ciblerait pas les criminels en col blanc. Il s’applique à tous les délinquants primaires non violents. Tel est le problème que pose cette mesure.
Hier soir, en comité, les néo-démocrates ont proposé des amendements qui auraient modifié la loi pour que les fraudeurs en col blanc, comme Earl Jones et M. Lacroix ne soient pas admissibles à la procédure d’examen expéditif. Cela réglerait le problème mis en lumière par mes collègues des deux côtés de la Chambre. Ces amendements ont été rejetés. Je ne sais pas si je peux prendre le gouvernement au sérieux lorsqu’il prétend vouloir vraiment cibler les criminels en col blanc.
Ma collègue du Bloc vient de déclarer que ce projet de loi s’attaquerait non seulement aux fraudeurs, mais à tous les délinquants primaires non violents. Les députés du Bloc pensent que c’est une bonne chose.
J’ai deux mots à dire à la Chambre: Ashley Smith. J’ai entendu la députée de parler du Nouveau-Brunswick. Elle vient de la région du pays d’où Ashley Smith était originaire. Ashley Smith, une adolescente de 15 ans, a eu maille à partir avec la justice à partir du moment où elle a commis le crime de lancer une pommette sur un travailleur des postes. Elle s’est finalement retrouvée dans le système pénitentiaire fédéral. Pourquoi? Parce que lorsqu’elle a été placée en détention, elle souffrait de troubles mentaux. Elle a commencé à confronter les gardiens. Elle résistait. Ils l’ont accusée d’agression. Vous rendez-vous compte, une adolescente de 15 ans souffrant de troubles mentaux qui est accusée d’agression. Tout cela a fait boule-de-neige et elle a fini par se retrouver dans une institution fédérale. Elle s’est pendue dans la cellule d’une prison fédérale à l’âge de 19 ans.
C’est le genre de personne qui, selon ma collègue d’, ne devrait pas pouvoir être libérée après avoir purgé le sixième de sa peine afin d’obtenir les services de santé mentale dont elle a besoin? C’est le genre de crime visé? C’est le genre de criminel qui, selon le Bloc québécois, ne devrait pas avoir droit à une libération sous surveillance après avoir purgé le sixième de sa peine?
C’est précisément le genre de personne qui sera visée et c’est pourquoi c’est un mauvais projet de loi. C’est un mauvais projet de loi parce qu’il met dans le même panier tous les délinquants primaires du pays. Cela ne me surprend pas de la part des conservateurs. Je trouve choquant que cela vienne du Bloc québécois.
C’est aujourd’hui un triste jour pour le Canada, car c’est un triste jour pour la démocratie quand le Bloc québécois et les conservateurs s’allient pour clore le débat. Cette mesure n’a rien d’urgent. Les conservateurs ont eux-mêmes reconnu qu’ils s’étaient abstenus de présenter ce projet de loi pendant quatre ans. Il n’y a aucune urgence qui empêche la Chambre de prendre le temps d’examiner cette question de façon délibérée et attentive comme mon collègue d’ l’a si intelligemment demandé.
S'il existe des faits, des éléments de preuve solides et de bons arguments, pourquoi les conservateurs craignent-ils de les présenter et de tenir un débat complet pour étayer leur position? Ils ont préféré avoir recours à la clôture.
Hier soir, de 18 h 30 à 23 heures, j'ai assisté à une réunion où il y a eu quatre heures de débat, et le projet de loi est revenu à la Chambre pour étude à l'étape du rapport et troisième lecture. Il y aura aussi un vote aujourd'hui parce que les conservateurs ont peur du débat. Ils savent que des faits seront évoqués.
Voici des faits entendus en comité hier soir et dont mon amie du Bloc n'a parlé à personne. Au cours des cinq dernières années, 7 200 auteurs d'un premier crime sont devenus admissibles à la procédure d'examen expéditif et 4 800 ont obtenu une libération conditionnelle de jour. C'est environ 1 000 personnes par année. Environ 67 p. 100 des gens qui pouvaient se prévaloir de la procédure d'examen expéditif ont obtenu une libération conditionnelle. Cela signifie qu'un tiers des demandes ont été rejetées. Cela infirme l'idée que ces libérations sont automatiques et que tout le monde les obtient.
Au cours de ces cinq ans, 84 p. 100 des gens qui ont obtenu une libération conditionnelle grâce à la procédure d'examen expéditif ont terminé leur peine sans récidiver, qu'il s'agisse d'actes criminels avec ou sans violence. S'ils avaient commis un acte criminel, leur libération conditionnelle aurait été immédiatement annulée et ils se seraient retrouvés à nouveau dans un pénitencier fédéral.
Depuis cinq ans, 0,3 p. 100 des personnes qui ont obtenu une libération conditionnelle grâce à la procédure d'examen expéditif sont retournées en prison pour avoir commis un crime avec violence. Le taux de succès est donc de 84 p. 100 et le taux d'échec de 0,3 p. 100. Ce sont les chiffres.
Le projet de loi annulerait tout cela. Pourquoi le programme est-il bon? C'est en raison des individus qui commettent un premier acte criminel sans violence et qui se retrouvent en prison. Nous reconnaissons que nous pouvons faire une distinction entre les criminels violents et les criminels non violents et orienter nos ressources vers les gens qui ont besoin que l'on s'occupe d'eux. Nous leur faisons vivre une expérience courte et pénible, qui est la pire que l'on puisse vivre au Canada, soit un séjour dans un pénitencier fédéral. Puis, lorsque nous sommes certains qu'ils ne commettront pas de crime de violence, ce qui est le critère, nous les transférons dans un autre établissement correctionnel.
Les délinquants ne sortent pas simplement de prison. En fait, nous les transférons à un autre endroit pour qu’ils finissent d’y purger leurs peines. M. Lacroix et Mme Smith purgeront donc leurs peines de 12 ans. Ashley Smith, si elle était sortie de prison, continuerait à purger sa peine. Ce dont il s’agit en l’occurrence, c’est de transférer les délinquants dans un endroit plus approprié pour purger leur peine plutôt que de croupir dans une fabrique de criminels comme le pénitencier.
La députée d’, qui était avec moi lorsque nous avons visité des prisons d’un bout à l’autre du pays, est au courant du véritable état des services offerts dans nos établissements carcéraux fédéraux où 80 p. 100 des détenus sont des toxicomanes, sans compter qu’un sur trois d’entre eux souffre de maladies mentales. La députée et le Bloc savent donc ou devraient savoir que notre système fédéral n’offre aucun traitement approprié et efficace à ces détenus.
À quoi servira-t-il de détenir ces personnes pendant les deux sixièmes de leur peine plutôt que pendant le sixième de cette peine? Cela ne servira à rien, sinon à aggraver les choses. Ne serait-il pas préférable de transférer ces détenus, au sixième de leur peine, dans une maison de transition au sein de la collectivité, où ils auraient accès à des traitements pour leur toxicomanie et à des services de santé mentale, où ils pourraient se rapprocher de leur famille? Peut-être pourraient-ils même trouver du travail et être réintégrés progressivement à la société. Les femmes y auraient peut-être accès à une thérapie pour victimes d’agressions sexuelles. Nous savons en effet que pratiquement toutes les détenues ont déjà été victimes d’agressions sexuelles. On ne dit rien à ce sujet.
En terminant, je vais parler de coût. Il en coûte 140 000 $ par année pour garder un délinquant dans un pénitencier fédéral. Pour une femme, c’est 185 000 $ par année. Il ne coûte que de 25 000 $ à 40 000 $ pour les garder dans une maison de transition. Un millier de personnes étant admissibles chaque année à la procédure d’examen expéditif, ce projet de loi garderait donc 1 000 personnes de plus en prison au coût de 100 000 $ par année, par détenu, ce qui représente plus de 100 millions de dollars annuellement.
Il serait préférable de verser ces 100 millions de dollars aux victimes d’Earl Jones et de M. Lacroix. Je parie que ces victimes seraient plus contentes si nous les indemnisions pour les pertes qu’elles ont subies au lieu de refiler au contribuable une facture annuelle récurrente de 100 millions de dollars. Cet argent ne servira pas à aider les victimes et il ne servira pas à réduire la criminalité.
En terminant, selon Marjean Fichtenberg, du Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, une autre personne qui représente les victimes:
[...] ce programme en matière de loi et d’ordre prévoit la construction de nouvelles prisons, mais il exclut les victimes du fait qu’il ne se concentre que sur le délinquant.
Ce projet de loi est mauvais et j’exhorte tous les députés à voter contre. Il ferait dépenser l’argent des contribuables sans faire quoi que ce soit pour améliorer la sécurité des collectivités.
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Madame la Présidente, puisque je sais que vous écoutiez chaque mot de mon intervention, vous avez bien compris qu'on traitait du sujet qui était devant nous, soit d'un projet de loi qui va enlever la possibilité à une personne non violente, qui en est à a sa première infraction, de sortir de prison après le sixième de sa peine pour aller purger le prochain sixième de sa peine dans une maison de transition.
C'est vrai que les criminels ne seront pas détenus dans un pénitencier, mais ça ne veut pas dire qu'ils seront en liberté complète. Ça veut dire quoi, concrètement? Ça veut dire que la députée d', la soi-disant experte-criminologue, est en train de faire la chose suivante.
En date de vendredi de cette semaine, une femme autochtone qui était avec son ami lorsque celui-ci a commis un crime et qui avait reçu une sentence de trois ans de pénitencier avait le droit automatiquement de voir son dossier référé pour voir si elle pouvait au moins commencer à purger sa peine dans la communauté pour faire une transition. Car il s'agissait d'une première infraction et qu'il ne s'agissait pas d'un crime violent.
Depuis deux jours, la députée de , qui s'est levée plus tôt, et ses collègues insistent sur le fait que c'est un projet de loi rétroactif. Dans les démocraties, on n'inflige pas de nouvelles peines rétroactivement, puisque c'est contraire à tous les principes d'une société démocratique. C'est pourtant ce que la droite et la droite, c'est-à-dire les bloquistes et leurs nouveaux alliés conservateurs, sont en train d'imposer.
La députée d' affirme ici, en cette Chambre, que la possibilité existe, que c'est juste la manière de réviser qui va être changée, ce qui est faux! Elle dit que c'est juste l'examen expéditif qui est enlevé, ce qui est entièrement faux. Elle se trompe sur le fond du projet de loi.
Si le Bloc est en train de prendre cette décision erronée, aux dires mêmes du Barreau du Québec, sur la base de l'analyse erronée de la députée d', il est toujours temps pour lui de se raviser. Je pense plutôt que le Bloc a peur du poids des conservateurs dans les régions profondes du Québec. C'est ce qui inquiète le Bloc québécois. Comme l'a si bien dit Bernard Descôteaux, dans un éditorial du quotidien Le Devoir paru la semaine dernière, c'est du « populisme » préélectoral de bas étage qui anime le Bloc dans ce dossier.
La semaine dernière, lorsque le Bloc, derrière des portes closes, a fait un deal avec les conservateurs, ses députés ont eu le culot de nous dire que dorénavant, puisqu'ils ont eu quelque chose — comme des victimes du syndrome de Stockholm —, il fallait qu'ils remercient les conservateurs et que, sans égard à notre rôle de député, à notre obligation première d'étudier les projets de loi, il n'y aurait pas de commission parlementaire, on n'aurait pas le droit de poser des questions, parce que le Bloc avait fait un deal avec les conservateurs.
J'ai des nouvelles pour le Bloc québécois. Il y a un parti de principes en cette Chambre, soit le Nouveau Parti démocratique. Et on va se tenir debout face à la droite canadienne. On va se tenir debout pour les droits et libertés de la personne et on ne se laissera pas imposer une analyse tronquée et erronée par des pseudo-experts qui ont réussi à faire croire et avaler à leur propre chef que ce projet de loi ne faisait pas ce qu'il est en train de faire. C'est pour ça que le Barreau du Québec s'y oppose. C'est pour ça que tous les experts en droit carcéral s'y opposent. C'est pour ça que s'y oppose toute personne avec une conscience démocratique qui entend les conservateurs se péter les bretelles et dire qu'ils veulent dorénavant imposer une nouvelle sentence, qu'après le juge, après le jugement, après la sentence, ils veulent une nouvelle sanction rétroactive. C'est antidémocratique. Pour notre part, on le dit.
On ne se laissera pas intimider, influencer ou dire quoi que ce soit par la nouvelle droite réformée, parce qu'elle a peur du poids des conservateurs dans les régions du Québec.
C'est une honte qu'il n'y ait aucune étude objective indépendante quant au nombre de cas. Mon collègue de a donné les meilleurs chiffres disponibles en date d'hier soir: 1 500 cas par année, dont 900 à 1 000 sont accordés. On sait que le coût risque d'être de 100 millions de dollars par année.
Les victimes d'Earl Jones aimeraient bien être compensées par le fédéral, plutôt que de voir une nouvelle dépense de 100 millions de dollars par année, parce que le Bloc a peur des conservateurs en région — 100 millions de nouveaux dollars par année!
En date de vendredi de cette semaine, une personne qui a purgé la peine qui a été imposée par un juge — la femme de mon exemple — va apprendre que, grâce à la députée d', elle n'a pas fini de purger sa peine, elle ne peut pas aller dans une maison de transition, elle ne peut pas être dans la communauté ni se rapprocher de ses enfants. Elle va rester dans un pénitencier. Ça, c'est la nouvelle droite, c'est le Bloc québécois nouvelle mouture. Ce n'est pas un Bloc québécois social-démocrate. Le Bloc québécois est en train d'apprendre des leçons d'opportunisme politique à la veille des élections. C'est une honte!
Nous nous insurgeons contre cette tendance. On aurait pu consacrer des efforts à ceci: regarder textuellement les documents de la cour dans l'affaire Earl Jones. Je vais lire un extrait d'un document de la Banque Royale du Canada:
[Traduction]
M. Jones a retourné mon appel. Je lui ai offert notre service TauxRelié Essentiel parce que ses frais dépassent 150 $ par mois. Il utilise ce compte à des fins commerciales comme un compte en fiducie, mais je lui ai dit que ce n'était pas un compte en fiducie officiel et qu'il pourrait avoir des ennuis [...]
[Français]
C'était des années avant que l'affaire sorte. Qu'est-ce que la Banque Royale a fait? Rien. Qu'est-ce que l'inspecteur des institutions financières, qui relève du gouvernement fédéral, a fait concernant la Banque Royale? Rien. Qu'est-ce que le gouvernement du Canada a fait concernant l'inspecteur des institutions financières? Rien. Qu'est-ce que les victimes d'Earl Jones ont obtenu? Rien, zéro. Ce sont des documents de la poursuite collective qui a été lancée dans l'affaire Earl Jones.
S'il était vraiment aussi inquiet pour les victimes d'Earl Jones, le Bloc québécois serait en train de se battre pour que la moitié de cet argent, qui compenserait 100 p. 100 des victimes d'Earl Jones en une seule fois, soit allouée à cela. À la place, pour marquer un point politique, les bloquistes disent de faire une nouvelle dépense d'un million de dollars par année sans aucune étude objective sur l'effet rétroactif, le nombre de cas, le coût final et le genre de cas affectés par cette décision saugrenue et irréfléchie que le Bloc et ses nouveaux alliés du Parti conservateur sont en train d'imposer. Quelle honte pour la démocratie, quelle honte de voir le Bloc se coucher avec les conservateurs dans ce dossier!