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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de participer au débat d'aujourd'hui et de déplorer à mon tour que le gouvernement refuse de prendre en compte les besoins des nouveaux arrivants et de financer adéquatement les services d'établissement qu'ils méritent et sur lesquels ils comptent.
En fait, la question déborde largement celle des nouveaux arrivants au Canada. Car s'il est vrai que ces derniers doivent pouvoir commencer leur nouvelle vie du bon pied et avoir accès aux moyens économiques qui leur permettront de contribuer à la société, la question touche également l'ensemble des Canadiens, pour qui l'économie, le tissu social du pays et sa cohésion sociale présentent un intérêt certain.
Si on remonte cinq ou six ans en arrière et qu'on revient à l'époque où les libéraux étaient au pouvoir, on se rappellera que ces derniers avaient compris l'importance de trouver de nouveaux moyens de faciliter la réussite des nouveaux arrivants dans notre pays. Dans les faits, l'ancien gouvernement a eu tôt fait de s'apercevoir, après avoir étudié la situation, qu'il devait conclure de nouveaux accords avec les provinces, toutes les provinces, afin que les organismes gouvernementaux puissent répondre aux besoins sans cesse grandissants des nouveaux arrivants.
Nous avons su reconnaître que, parallèlement au fait que le nombre de nouveaux arrivants ne cessait de croître, ces derniers ne possédaient pas toujours les capacités linguistiques nécessaires, ne comprenaient pas certaines réalités sociales de notre pays et avaient besoin de services pour pouvoir s'intégrer chez nous.
Un certain nombre d'accords ont été conclus. Il va sans dire que celui que je connais le mieux est l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration, qui établit une série d'objectifs à la fois nobles et ambitieux afin d'augmenter les fonds consacrés à l'établissement des nouveaux arrivants.
La portée de cet accord, d'une durée initiale de cinq ans, a vite été élargie. Nous reconnaissons que le gouvernement a compris qu'il avait des obligations juridiques et contractuelles en vertu desquelles les fonds en question doivent être dépensés judicieusement.
En Ontario cependant, l'analyse des dépenses nous a permis de constater que le gouvernement a versé 207 millions de dollars de moins que ce que l'accord promettait. Selon les explications reçues, ce serait parce que les organismes gouvernementaux n'avaient pas la capacité de dépenser l'argent à bon escient. Nous estimons qu'il aurait justement fallu utiliser une partie de l'argent pour faire en sorte que cette capacité existe.
Or, voilà que, quand l'accord est venu à échéance, le ministre, à la première chance qu'il a eue, à la première occasion qui lui aurait permis d'explorer de nouveaux horizons et de sortir des sentiers battus, s'est empressé d'annoncer des coupes d'environ 53 millions de dollars à l'échelle nationale. Il nous a expliqué qu'il rééquilibrait simplement le budget total en fonction des nouvelles tendances géographiques en matière d'immigration, mais son raisonnement ne tient pas debout, puisqu'au final, l'enveloppe a été amputée de quelque 53 millions de dollars. La majeure partie des coupes ont touché l'Ontario en général, et la région du Grand Toronto en particulier. C'est inquiétant.
L’enveloppe globale est réduite de 53 millions de dollars, et 44 millions de ces coupes se font en Ontario. Cette diminution des fonds survient après que le gouvernement eut annoncé l’arrivée d’un nombre record d’immigrants au Canada. Il va sans dire que nous sommes d’accord pour qu’un nombre record d’immigrants s’installent au Canada.
En raison de l’évolution démographique du Canada et d’une pénurie de main-d’œuvre imminente, nous savons qu’il nous faut accueillir chez nous les éléments les meilleurs et les plus brillants de l’étranger. Il faut aussi que les nouveaux venus aient une chance de réussir. C’est à cela que servent les fonds pour l’établissement.
La réalité, c’est que les fonds pour l’établissement, l’intégration et la formation linguistique sont des facteurs clés si nous voulons que les nouveaux venus parviennent à s’intégrer au Canada et puissent réussir. Des statistiques récentes nous révèlent un problème: les nouveaux venus gagnent moins que les Canadiens depuis longtemps établis. Nous essayons d’éviter ce problème pour que les gens, d’où qu’ils viennent, puissent réussir. C’est à cela que servent les programmes d’établissement.
Au cours des derniers mois, je suis allé rendre visite aux organismes touchés, ce que j’avais déjà fait par le passé. Il s’agit souvent de petits organismes qui ont perdu entre 50 et 100 p. 100 de leurs fonds, ciblés qu’ils ont été par le gouvernement conservateur, et cela nous dérange.
Au nombre de ces organismes, signalons le centre éthiopien de Toronto. J’y ai discuté avec ses membres samedi dernier. Toute cette collectivité éthiopienne est très inquiète. Elle craint de ne pouvoir servir le marché qu’elle cible et s’assurer que ses nouveaux venus, sœurs et frères, cousins, amis et voisins qui viennent au Canada, reçoivent un soutien suffisant.
J’ai oublié de dire en début d’intervention que je partagerai mon temps de parole avec le député de . La Chambre m’excusera. Je présente également des excuses au député, qui a beaucoup travaillé afin de réunir les chiffres pour décrire la situation. Il a utilisé des statistiques pour expliquer comment veiller à ce que Toronto, l’agglomération torontoise et l’Ontario tout entier ne soient pas laissés de côté.
Plus tôt dans la semaine, les députés d' et de ainsi que moi-même avons visité les installations principales de COSTI, dans la partie ouest de Toronto. Nous avons été impressionnés par les classes, les groupes, les fonctions de préparation à l’emploi qui étaient proposés. Il était extrêmement important que notre chef et d’autres membres du caucus observent le travail qui se fait sur le terrain pour aider les nouveaux venus non seulement à survivre, mais aussi à prospérer.
Les mêmes services sont offerts un peu partout dans l’agglomération torontoise et en Ontario. Le fait est que les nouveaux venus ont besoin de tout ce que nous pouvons leur offrir comme services pour favoriser leur réussite.
Il s’agit ici d’une réduction de 10 p. 100 imposée aux organismes qui aident les nouveaux venus à s’installer, ce qui se traduira par une réduction de budget qui peut atteindre 70 p. 100 dans bien des cas. Les organismes sont concentrés en Ontario, mais il y en a aussi en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique qui ont dû absorber une perte énorme. Nos inquiétudes ne sont pas limitées à l’Ontario. Nous nous préoccupons aussi de ce qui se passe à l’extérieur de l’agglomération torontoise.
Je suis préoccupé par les compressions, le financement insuffisant des programmes et le fait que les nouveaux venus en souffriront, mais également par la tendance du gouvernement à intimider les responsables des organismes qui pourraient, de leur côté, exprimer leurs préoccupations concernant ces compressions.
On a rapporté dans le Toronto Star qu’un organisme en particulier avait reçu pour recommandation, ou c’était peut-être un avis ou même un avertissement, de ne pas soulever la question pendant que les négociations étaient en cours. Cet organisme a-t-il évité de critiquer le gouvernement, de peur de voir ses services réduits?
Du point de vue de l’organisme, il ne s’agit pas de critiquer le gouvernement. Il s’agit de faire part des préoccupations réelles de ses clients. Pour ce faire, l’organisme doit critiquer la réduction du financement par le gouvernement, puisque celui-ci fait fi des besoins des nouveaux venus, dans les grandes villes comme dans les petites.
Le problème ne se limite pas à Toronto et à l’Ontario. La même chose est vraie dans des villes comme Guelph. Au comité, nous avons entendu parler d’un organisme de Guelph qui perdait tout son financement. Ces centres de taille moyenne n’ont pas nécessairement d'organisations bien établies qui viennent naturellement en aide aux nouveaux arrivants au Canada pour faciliter leur adaptation à leur nouveau milieu. Ce financement est essentiel pour que les gens puissent créer des liens et connaître les services existants.
Les Flemingdon Neighbourhood Services et le Thorncliffe Neighbourhood Office sont deux organismes importants de ma circonscription. La dernière fois que l'occasion s'est présentée, FNS a présenté une demande de financement, et on ne lui en a pas accordé. Cela aurait permis d’avoir un organisme de plus pour répondre aux besoins d’une immigration en constante évolution dans ce quartier. Flemingdon est un quartier jugé prioritaire à Toronto.
Douze ou treize quartiers de Toronto sont ciblés en raison de leur grande pauvreté et d’un taux de criminalité assez élevé. Ces quartiers essaient de faire en sorte que les nouveaux arrivants aient la possibilité de s’intégrer. Flemingdon Neighbourhood Services n’est pas un grand organisme, mais il est efficace, et il fait des miracles avec des fonds limités. Le Thorncliffe Neighbourhood Office, pour lequel les négociations sont toujours en cours à cet égard, est à peu près de la même taille. Il s’occupe essentiellement des nouveaux arrivants de l’Asie du Sud. Il doit élargir ses programmes, et non craindre de devoir les supprimer.
Le gouvernement doit cesser de se vanter d’accueillir les immigrants en grand nombre tout en sabrant le financement des services aux immigrants. Les conservateurs prétendent que les nouveaux venus ne s’établissent plus en Ontario en aussi grand nombre, mais c'est faux. L’Ontario continue à recevoir une part importante des nouveaux arrivants, et Toronto souffre encore d’un sous-financement flagrant sur ce plan.
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Madame la Présidente, cette mesure compte probablement parmi les plus cruelles et les plus calculatrices prises par le gouvernement. Elle nous en dit long sur sa nature et montre qu’il est prêt à exploiter des gens qui, par définition, se classent parmi les plus vulnérables. Il s’agit des néo-Canadiens, qui ne sont pas encore officiellement des citoyens et qui n’appartiennent pas à la classe économique à laquelle le gouvernement souhaite parler.
Juste avant la période des fêtes, le gouvernement a subrepticement introduit ces réductions. Il a coupé le financement de certaines agences qui fonctionnaient depuis 25 ans. En pratique, il oblige 33 agences à fermer leurs portes sans avoir procédé à une évaluation équitable. Il n’a donné aucun renseignement pour expliquer les réductions. D’une part, le gouvernement se vante de l’augmentation de l’immigration. De l’autre, il coupe discrètement le financement destiné à aider les nouveaux immigrants à réussir dans leur pays d’adoption.
Il est incroyable de constater que le ministre n’a pas le courage, la classe ou la force de caractère nécessaire pour assumer la responsabilité de ce qu’il a fait. Il refuse de rendre publics les renseignements concernant le montant des réductions, les agences touchées et le plan de rechange mis en place pour aider les gens.
Les 78 000 personnes en cause ont besoin, pour suivre la voie qu’ont suivie toutes les familles représentées à la Chambre, d’un certain niveau de soutien leur permettant de progresser. Il ne s’agit pas ici de prestations ou d’argent qu’ils peuvent se mettre dans les poches. Nous parlons de cours de langue et d’aide pour établir des contacts et réussir.
Tout à coup, le parti au pouvoir, essayant d’agir comme le font les faux bons gestionnaires au moment du budget, a décidé de s’en prendre à ces gens, de les priver de la formation linguistique et de leur enlever la chance de réussir dans notre pays. Il n’y a malheureusement pas de champions de l’autre côté. Personne en face n’est disposé à prendre la défense des gens qui essaient de s’intégrer chez nous. Les députés d’en face ne veulent pas accorder aux nouveaux immigrants les avantages dont eux-mêmes, leurs familles et les générations précédentes ont profité dans le passé. Il y a 78 000 personnes dans la seule région métropolitaine de Toronto qui perdront des services sans qu’aucun membre du gouvernement ne fasse un geste pour les aider.
Le gouvernement a imposé des réductions qui aggravent le parti pris dont il a fait preuve auparavant. Ses agissements nous éclairent sur sa vraie nature. Il s’est approprié l’argent réservé par le gouvernement précédent. L’Accord Canada-Ontario sur l’immigration, qui portait sur une période de cinq ans, a obligé le gouvernement à accroître le financement, mais, à la toute première occasion, il s’est empressé de le réduire.
Il y a encore pire. Lorsque les conservateurs ont mis la main sur l’argent, ils ont décidé de le canaliser vers leurs propres circonscriptions. Ils ont décidé de ne pas se montrer équitables envers les gens et de ne pas les aider, préférant s’aider eux-mêmes en premier. D’après l’analyse dont on dispose, qui présente leurs propres chiffres, les fonds destinés à la ville de Toronto sont de 40 p. 100 inférieurs à ceux du reste de l’Ontario car, invariablement, les résultats obtenus par les conservateurs aux élections prennent le pas sur les intérêts des Canadiens ordinaires.
La ville de Toronto dispose de 23 p. 100 de moins d’argent que le reste du Canada. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des réductions. Les conservateurs ont ensuite l’audace et la cruauté de couper sommairement le financement de ces agences, juste avant Noël. Près d’un millier de travailleurs des services d’établissement et d’adaptation ont été mis à pied. Beaucoup d’entre eux représentaient des collectivités. Les gens se fiaient à eux pour les aider à se prendre en main et à devenir indépendants.
À cause des nouveaux immigrants, le taux de chômage à Toronto s’élève à 19 p. 100. Il a presque doublé cette dernière année. Nous pouvons tous comprendre que les nouveaux venus, ayant le moins d’ancienneté, ont été les premiers à être congédiés. Le gouvernement, le ministre et ce groupe, qui refusent d’assumer la responsabilité de ce qu’ils ont fait, laissent ces gens sans ressources. C’est un acte extrêmement cruel et parfaitement injuste. Rien ne peut justifier les réductions qui obligent ces agences à fermer leurs portes, à jeter dehors un millier de travailleurs et à empêcher les nouveaux immigrants de réussir. Le gouvernement a privé ces gens d’une aide à laquelle ils ont droit.
On n'offrira plus de programmes avancés de formation linguistique pour que des ingénieurs cessent de travailler comme chauffeurs de taxi et commencent à aider à bâtir notre pays; le 31 mars, des médecins, des infirmières et d'autres professionnels n'auront plus accès à ces cours, et tous les députés d'en face se croiseront les bras. Aucun député du parti ministériel ne se prononcera sur cette question avant le dépôt du budget ni ne parlera aujourd'hui en faveur de l'idée d'instaurer un programme d'accueil officiel au Canada qui résiste à l'examen.
Ce n'est pas une question de générosité. On ne parle pas d'argent pris à même les poches des gens d'en face. On parle plutôt des services offerts au pays. C'est une question de respect. Il s'agit de rassurer les gens en leur montrant qu'ils n'auront pas à franchir cette épreuve tous seuls. Ils peuvent immigrer ici, même s'ils parlent une langue différente ou même s'ils ont besoin d'équivalences scolaires, et nous seront là pour les aider parce qu'il est logique d'agir ainsi.
Le fossé se creuse de plus en plus entre le parti actuellement au pouvoir et les autres députés à la Chambre, notamment ceux de notre parti. Nous estimons qu'avec un peu d'aide, les gens réussissent très bien par eux-mêmes. Les députés d'en face, eux, croient que certaines personnes sont privilégiées et d'autres ne le sont pas. Voilà un enjeu fondamental.
Il y a un manque de sincérité. Quand les conservateurs disent qu'ils veulent aider les nouveaux immigrants, ils entendent par là les nouveaux immigrants qui voteront pour eux. Toutefois, quand vient le temps d'annuler le financement, le gouvernement trie sur le volet des organismes comme ceux des Éthiopiens, des Érythréens et des femmes de l'Asie du Sud.
Environ 1 300 ou 1 500 interprètes afghans ont soutenu nos soldats pendant qu’ils s’acquittaient de leur mission en Afghanistan. Ils seront accueillis au Canada, car ils ne sont plus en sécurité dans leur pays. C'est en grande partie l’Afghan Association of Ontario qui s’occupera de leur acclimatation. D’une part, c’est ce que le gouvernement affirme vouloir faire. D’autre part, il supprime à peu près toutes les subventions destinées à cette association.
Il n’y a qu’une issue pour le gouvernement et c’est d’annuler ces coupes et de se conformer à l'objet de cette motion. Si les conservateurs sont vraiment déterminés, s’ils croient qu’ils peuvent justifier leur décision, ils n’ont qu’à reporter ces coupes de trois mois. Voyons si le gouvernement pourra justifier le coup mortel qu’il est en train de porter aux services offerts aux immigrants dans la ville de Toronto.
Le message du gouvernement ne s’adresse pas simplement aux résidants des secteurs du 416 et du 905, où les conservateurs ont publié des communiqués de presse avant la dernière élection, dans lesquels leurs candidats affirmaient qu’ils intégreraient des programmes d’accueil à la commission scolaire de Peel. Actuellement, le gouvernement leur arrache ces subventions, car il a décidé qu’il valait mieux donner l’impression d’être un grand gestionnaire financier.
Le gouvernement est en train de supprimer les programmes linguistiques à l’intention des parents et de leurs enfants. L'une des mesures les plus judicieuses qui soient, c’est d’exposer les parents et les enfants à l’anglais avant même que ceux-ci ne commencent à fréquenter l’école. C’est ainsi que les choses se passaient, mais le gouvernement est en train d’enlever ces programmes à la population.
Je mets au défi le ministre et tous les députés d’en face de se lever pour expliquer à qui devront dorénavant s’adresser ces 80 000 personnes pour obtenir des services. Ces immigrants ne finiront-ils pas par être désorientés, puis dirigés vers d’autres paliers de gouvernement, vers l’aide sociale? Devront-ils souffrir simplement parce que le gouvernement ne met pas les priorités à la bonne place?
Les conservateurs pensaient bien pouvoir s’en tirer. Ils se disaient que les nouveaux immigrants resteraient bien tranquilles et qu’ils seraient complaisants. Cependant, j’ai des nouvelles pour eux. Le but de ces nouveaux immigrants est de construire le Canada. Ils ont une identité propre. Ce sont eux qui ont créé un site Web, www.rewindthecuts.ca, où tout le monde peut s’informer sur les dommages causés à nos collectivités. Tout ce que les gens demandent, c’est un bon départ qui permettra aux immigrants de réussir. Cette demande jouit d’un large appui. Le mouvement est né dans les petits groupes d’immigrants avant de gagner des groupes d’immigrants plus importants. Bientôt, il sera généralisé dans l’opinion.
Le gouvernement montre son vrai visage. Ce n'est pas quelque chose qu'il fait devant les caméras, lorsque les gens regardent. Il le fait lorsque personne ne regarde. Juste avant Noël, il a montré son vrai visage lorsqu'il a coupé les vivres aux groupes qui viennent en aide aux personnes parmi les plus vulnérables et il ne peut pas justifier sa décision. Il a pris de l'argent dans des régions du pays qui en avaient besoin et l'a utilisé pour financer ses intérêts électoraux dans d'autres régions du pays. Le gouvernement sera mis sur la sellette pour cela, car il n'y a pas d'autre solution.
Je serais ravi de déposer, à titre d'information pour tous les députés, les chiffres relatifs à Toronto et les coupes dont elle fait l'objet. Encore une fois, je mets les députés d'en face au défi de déposer un document qui réfuterait mes données. Tous les chiffres et faits proviennent directement du gouvernement, et ils sont saisissants.
Le gouvernement avait la possibilité de montrer s'il est en faveur de donner un bon départ et de tendre la main aux nouveaux immigrants, ou s'il ne fait que de la propagande. Il a choisi d'empêcher un grand nombre d'immigrants de réussir.
Les gens choisissent le Canada et nous les sélectionnons. C'est un contrat. C'est une question de confiance. Or, cette décision est un abus de confiance. Elle va à l'encontre de ce contrat.
Il reste peut-être deux ou trois semaines avant le vote sur le budget et nous avons l'intention d'obliger le gouvernement à se regarder dans le miroir et à voir le visage qu'il montre en lançant son attaque irresponsable contre les personnes qui, croit-il, ne peuvent pas se défendre. Ce sont ceux qui ne font pas de bruit qui importent...
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Madame la Présidente, je vais me prononcer aujourd'hui sur cette motion déposée par ma collègue de . On voit, compte tenu du débat, que c'est un dossier qui est éminemment ontarien; le gouvernement du Québec a déjà, en vertu de l'entente Canada-Québec, un accord qui prévoit un transfert de fonds pour l'intégration des immigrants —, fonds qui vont directement dans ses coffres. C'est d'ailleurs normal que ce soit fait comme cela parce que c'est le gouvernement qui est le plus à même de participer à cette intégration des immigrants. Pourquoi? Parce que les principaux leviers qu'ont les gouvernements et les États pour participer à l'intégration des immigrants relèvent du gouvernement provincial et du Québec. On n'a qu'à penser à l'éducation qui est sans aucun doute une question fondamentale. C'est le gouvernement du Québec qui en a le contrôle. Il en est de même de la formation de la main-d'oeuvre et des services sociaux. C'est normal, efficace et intelligent qu'une politique d'intégration des immigrants soit mise en oeuvre par le gouvernement qui est plus à même de faire cette intégration.
D'autre part, puisque la question de l'immigration est capitale pour le Québec quant à son avenir et à l'adhésion d'une majorité de ces immigrants au choix de vivre ensemble en français, on veut évidemment garder le contrôle sur cela. Vous comprendrez qu'au Québec, ce sont plutôt des cours de français qu'on veut offrir aux immigrants, notamment, pour les aider à s'intégrer à la communauté québécoise.
Même si, finalement, le dossier devant nous est très ontarien, je vais prendre quelques minutes pour donner notre opinion là-dessus. Cependant, je vais aussi en profiter pour parler de cette question d'intégration et des effets négatifs du multiculturalisme canadien, entre autres, sur l'intégration des immigrants.
La proposition d'aujourd'hui demande au gouvernement de revenir en arrière sur les coupes en matière d'intégration. Il faut voir que c'est une question qui fait passablement de bruit à Toronto parce qu'il y a deux mouvements en même temps qui créent des coupes, des pertes importantes de financement pour des organismes de Toronto.
D'abord, c'est que dans l'enveloppe globale, il y a une coupe par rapport à l'année précédente. À mon sens, cette coupe est inacceptable, inappropriée et très mal « avisée ». Compte tenu des coûts engendrés par la non-intégration d'un immigrant, il vaut mieux investir quelques millions de dollars de plus en amont pour faciliter l'intégration et économiser en aval sur les coûts de cette non-intégration. La nature du fédéralisme étant ce qu'elle est, il se trouve que les économies sont faites par le gouvernement fédéral, mais que les coûts supplémentaires, par exemple en assistance sociale ou en services sociaux, sont assumés par les provinces. Le gouvernement fédéral semble s'en laver les mains, comme c'est souvent le cas.
Il y a une coupe. Malgré tout, si on regarde l'ensemble du programme, on constate qu'elle n'est pas si grande que cela, en proportion. Qu'est-ce qui fait, finalement, que cela ait un impact si dramatique? C'est que l'enveloppe est distribuée complètement différemment de ce qui se faisait avant. Dorénavant, on va déplacer les ressources allouées pour suivre les immigrants.
On nous dit qu'il y a de plus en plus d'immigrants qui s'installent en banlieue de Toronto, en Saskatchewan, en Alberta et ailleurs. Par conséquent, il faut que les fonds suivent. Sur le principe, je suis plutôt d'accord: il faut que les ressources soient allouées en fonction des besoins. Je mettrais cependant deux bémols majeurs. Je ne sais pas si cela existe vraiment, un « bémol majeur », mais pendant que je réfléchis à cette question, je vais quand même continuer. J'ai deux hésitations, deux préoccupations majeures.
La première, c'est qu'on n'a pas réussi, au comité, à m'expliquer clairement et de façon satisfaisante comment on déterminait où sont les besoins, comment on les quantifiait. On nous parle des landed immigrants. Là où ces immigrants atterrissent, est-ce là où ils vivent? Ce n'est pas clair. Les immigrants peuvent-ils arriver à un endroit et ensuite se déplacer? Les suit-on? Tient-on compte de mouvements qui pourraient être très épisodiques, mais qui n'ont pas de constance dans le temps?
Je n'ai pas été en mesure d'obtenir une explication satisfaisante à cet égard.
La deuxième, c'est qu'on n'a pas réussi à quantifier le besoin de ressources. Est-il strictement proportionnel au nombre d'immigrants? La ville x, qui compte deux fois plus d'immigrants, a-t-elle nécessairement besoin de deux fois plus de ressources? À mon avis, ce n'est pas le cas puisque certains immigrants peuvent demander plus ou moins d'efforts d'intégration, selon leur pays d'origine ainsi que leur bagage culturel et professionnel.
Les fonctionnaires du ministère ont dit avoir quand même fait la distinction entre les réfugiés, qui viennent ici pour fuir la persécution, et les immigrants sélectionnés par le Canada. Selon les fonctionnaires, en ce qui concerne les besoins d'accompagnement dans le processus d'intégration, on peut pratiquement compter qu'un réfugié vaut deux immigrants.
C'est déjà mieux que rien, mais ça me semble être une mesure des besoins assez grossière. Il me semble qu'on aurait eu avantage à coller plus à la réalité du milieu. S'il y a beaucoup d'organismes dans une région, même si on y retrouve moins d'immigrants, c'est peut-être parce que les immigrants qui connaissent le plus de difficultés sont concentrés dans cette région. À mon avis, et j'y reviendrai en deuxième partie, il y a même de bonnes chances pour que, là où les immigrants sont concentrés, un phénomène de ghettoïsation rende leur intégration encore plus difficile. Ce sont les effets délétères du multiculturalisme canadien.
Le deuxième problème que pose le transfert des immigrants qui, par exemple, partent de Toronto pour s'installer à York ou dans une ville voisine, c'est la brutalité de cette transition.
J'ai demandé aux représentants du ministère si on aurait pu faire la même chose avec des fonctionnaires. Si, demain matin, on s'apercevait que les besoins en matière d'immigration ne sont plus à Montréal mais plutôt à Brossard ou à Sherbrooke, pourrait-on déménager subitement 70 fonctionnaires d'un endroit à l'autre, et tant pis pour ceux qui ne peuvent pas suivre, on en embauchera de nouveaux et on en congédiera à l'autre endroit? Selon moi, ce n'est clairement pas le cas.
À cet égard, je pense que le gouvernement a un problème d'attitude envers les groupes communautaires et les organismes de soutien aux immigrants. La plupart du temps, ce sont des organisations à but non lucratif, et on les utilise malheureusement comme du cheap labour, alors qu'elles font un travail fantastique. On les utilise sans considération, et on se permet de faire des modifications qu'on ne pourrait jamais faire s'il s'agissait de services assurés par la fonction publique.
Il aurait été plus respectueux et plus judicieux de la part du gouvernement de dire que les besoins s'étant déplacés vers tel endroit, il doit établir un plan étalé sur trois, quatre ou cinq ans pour transférer les ressources. Or le gouvernement dit qu'il faut le faire immédiatement, brutalement, tout d'un coup, et cela soulève deux problèmes.
Le premier problème, c'est que là où on veut offrir de nouveaux services, rien n'indique que les ressources existent déjà, et qu'il y a de travailleurs qualifiés et les structures nécessaires pour offrir ces services. Si on fait cela de façon brutale et rapide, il y a des chances qu'il y ait des difficultés ou des coûts supplémentaires. C'est souvent le cas quand on fait les choses un peu trop rapidement.
Le deuxième problème, c'est que des gens qui ont consacré leur vie et leurs énergies à mettre sur pied des organismes se retrouvent sans travail du jour au lendemain. On a alors perdu ces ressources. C'est un problème général et répétitif dans tout ce qui concerne les relations de l'État avec des organismes et des groupes communautaires.
Cela dépasse bien ce qui se fait à la Chambre des communes et ce qui se fait en immigration. C'est constamment le cas dans les organismes de ma circonscription. Auparavant, le financement pouvait être accordé pour deux ou trois ans, alors que maintenant, il l'est pour un an, parfois même six mois. Des organismes peuvent consacrer jusqu'au tiers de leurs ressources pour aller chercher du financement. Il s'agit toujours de programmes courts, qu'ils doivent continuellement changer pour correspondre à la volonté politique de l'heure du gouvernement. C'est très épuisant pour nos organismes et très inefficace pour la société.
Je profite de l'occasion pour encourager les gouvernements à adopter une vision à plus long terme, plus stable, plus réfléchie et plus planifiée de l'interface entre ces organismes qui offrent un service à la collectivité. Le gouvernement doit avoir pour objectif politique de donner de l'argent à ces organismes en échange d'un service qu'il estime utile et nécessaire.
Cette coupe est brutale, alors que des problèmes d'intégration persistent partout dans le monde. Ce n'est pas particulier au Canada ni au Québec. C'est toujours une épreuve difficile de quitter son pays pour aller s'établir dans un autre. Malheureusement, il y a de plus en plus de tensions entre les immigrants et les populations locales. Parfois, des immigrants qui étaient des personnes influentes dans leur société d'origine en raison de leur profession d'ingénieur, d'avocat, de médecin ou de notaire, connaissent des difficultés d'intégration en arrivant ici et se retrouvent chauffeurs de taxi. C'est un métier noble, mais cela ne correspond pas à leur formation ou à leur désir lorsqu'ils viennent au Québec ou au Canada.
Ces personnes peuvent éprouver une certaine aigreur et une déception. Chez les populations locales, il y a des signes de rejet, d'intolérance ou d'exaspération. On a l'impression que les immigrants qui ne s'intègrent pas coûtent très cher à la société en services sociaux, et ainsi de suite. Ce genre de ritournelle circule fréquemment sur Internet et dans les conversations dans les cafés ou les restaurants.
Pour la société, il est donc primordial de consacrer un effort important à l'intégration. Les sociétés ont plusieurs modèles d'intégration. Le Québec a choisi depuis longtemps l'interculturalisme, une vision proactive de l'intégration, où l'on demande aux immigrants d'entrer pleinement dans leur société d'accueil, d'y contribuer et de la développer, mais d'adhérer à une culture commune. Malheureusement, ailleurs au Canada, un autre choix a été fait: le multiculturalisme. Cela résulte en un morcellement de la société et une multitude de solitudes qui partagent le même territoire et qui n'ont en commun que les lois. Dans les documents préparés par le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, tout ce qu'on demande aux immigrants est de respecter nos lois. Pour le reste, ils peuvent continuer à pratiquer leurs coutumes et leurs traditions. Non seulement on l'accepte, mais on l'encourage; on fait la promotion des différences. C'est le modèle du multiculturalisme canadien, qui est semblable à celui de l'Angleterre et qui a connu les mêmes ratés pour ce qui est de l'intégration.
À l'époque où ce modèle a été mis en place par Pierre Elliott Trudeau, on voulait marginaliser la nation québécoise en disant qu'elle n'était qu'un groupe culturel parmi tant d'autres. Effectivement, les Canadiens français, les Québécois, les Canadiens d'origine ukrainienne ou italienne sont tous des groupes culturels. Au Québec, ce modèle a toujours été rejeté.
Ce n'est pas une lubie de souverainiste. Robert Bourassa, dès le départ, avait écrit à Pierre Elliott Trudeau pour lui dire comment le multiculturalisme pouvait s'appliquer au Québec. Tous les gouvernements à Québec, souverainistes comme fédéralistes, ont rejeté cette approche.
Dernièrement, la Commission Bouchard-Taylor, qu'on ne peut accuser d'être hostile aux questions d'immigration — elle est même un modèle de modération —, a aussi reconnu que le multiculturalisme n'est pas une voie d'avenir en matière de modèle d'intégration pour le Québec. Il y a des voies très à gauche, comme celle de Julius Grey, qui est attaché au NPD. Il a lui aussi reconnu que ce n'était pas une solution.
Dans les faits, même si le Québec n'est pas en mesure de promouvoir pleinement son modèle d'intégration, les résultats concrets sont différents et à l'avantage du Québec en ce qui a trait à la non-ghettoïsation. En effet, les immigrants qui arrivent ici reçoivent un message contradictoire. Ils arrivent au Québec et on les invite à adhérer à la culture commune de la nation québécoise, mais quand ils arrivent à Ottawa, on leur dit que c'est le multiculturalisme qui s'applique et qu'on promeut les différences. Il y a aussi une différence dans l'acceptation de l'immigration.
Par exemple, il n'y a pas si longtemps, dans un sondage de la firme Gallup, on demandait aux citoyens s'ils avaient une perception positive de l'immigration, si c'était une bonne chose pour la société. Avec la Colombie-Britannique, le Québec était la province ayant la meilleure perception de l'immigration. Partout ailleurs au Canada, on avait une vision moins positive de l'immigration. D'après moi, si, dans le reste du Canada, les gens sont plus fermés à l'immigration et ont plus de craintes qu'il n'y en a au Québec, c'est parce que le modèle de multiculturalisme canadien, en ségréguant les individus et en faisant la promotion de leurs différences plutôt qu'en mettant l'accent sur l'appartenance à une culture commune, produit plus de tension et de friction.
Dans une région comme Toronto, où il y a énormément d'immigration, il y a moins d'acceptation sociale qu'à Montréal, où, même s'il y a un nombre considérable d'immigrants, il y en a quand même beaucoup moins qu'à Toronto. Je sais que le ministre sera d'accord là-dessus, car il est très préoccupé par les gestes antisémites au pays et par la violence envers les Juifs. D'après les statistiques, il y a beaucoup moins de gestes antisémites à Montréal qu'à Toronto, même si on tient compte du fait que Toronto est une plus grosse ville que Montréal. Il y a donc moins de gestes antisémites au Québec et la population s'y déclare plus ouverte à l'immigration que dans le reste du Canada. Il me semble qu'il y a quelque chose à en tirer.
Si le Canada ne veut pas renoncer à son modèle de multiculturalisme, il devrait au moins permettre au Québec de continuer à promouvoir et à développer son propre modèle sans lui mettre de bâtons dans les roues. D'ailleurs, le Bloc québécois a déjà proposé un projet de loi à la Chambre pour modifier la loi canadienne. Le Canada peut choisir le multiculturalisme s'il le veut, mais le Québec a fait un autre choix unanime qui va au-delà des lignes politiques. On voudrait que le Québec soit soustrait au multiculturalisme canadien. Malheureusement, cela a été rejeté par les trois partis fédéralistes de la Chambre, ce qui est très dommage. Cela pénalise le Québec et, surtout, les immigrants. Avec un modèle comme celui du Québec, on se rend compte qu'il y a un meilleur « vivre ensemble » grâce à une politique d'intégration active où les gens, sans renoncer à ce qu'ils sont, s'intègrent à la culture commune et l'enrichissent.
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Monsieur le Président, premièrement, je tiens à souligner que, même si les députés néo-démocrates disent qu'ils souhaitent que le Parlement fonctionne, nous sommes saisis d'une autre motion d'adoption présentée par leur parti, alors que la Chambre est censée débattre d'un important projet de loi visant à améliorer la sécurité aérienne et à nous aider à lutter ensemble contre le terrorisme.
Je signale, pour la gouverne des gens qui suivent peut-être le débat avec intérêt, qu'une motion d'adoption est essentiellement une tactique dilatoire visant à retarder l'étude d'un projet de loi du gouvernement. Il ne fait aucun doute que c'est le cas ici.
J'invite les députés de l'opposition à permettre au Parlement de fonctionner et à se concentrer sur des dossiers législatifs importants comme celui-ci, qui a trait à la lutte contre le terrorisme et à la sécurité des passagers aériens.
Cela dit, je suis heureux de pouvoir faire mention des investissements énormes faits par le gouvernement pour favoriser la réussite des nouveaux arrivants au Canada. J'aimerais revenir un peu en arrière, parce qu'il est important de rappeler la situation à laquelle étaient confrontés les nouveaux arrivants sous le gouvernement libéral précédent.
Les libéraux ont pris le pouvoir en octobre 1993. Cette année-là, le Canada a accueilli 276 000 nouveaux résidents permanents, soit le nombre le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale.
La première mesure que les libéraux ont prise fut de commencer à réduire sensiblement le budget de Citoyenneté et Immigration Canada, ainsi que le nombre de nouveaux arrivants au pays. Ainsi, en 1995, deuxième année des libéraux au pouvoir, le nombre de résidents permanents accueillis au Canada avait chuté à 176 000. Les libéraux ont donc réduit environ du tiers le nombre de nouveaux arrivants admis au Canada.
La deuxième mesure qu'ils ont prise fut de traiter les immigrants comme une source de revenu afin de financer leurs priorités en matière de dépenses. Ils ont donc imposé à tous les nouveaux immigrants au Canada un droit de 1 000 $, qu'ils ont appelé droit de résidence permanente.
Il s'agissait essentiellement d'une taxe, que certains qualifieraient de taxe d'entrée, imposée à tous les nouveaux résidents permanents au pays. Selon nous, cette mesure était malavisée, parce que ces personnes arrivaient ici avec peu d'économies. Elles avaient de la difficulté à faire un versement initial sur leur logement et à inscrire leurs enfants à l'école. Ces personnes avaient besoin de chaque dollar disponible pour s'installer au Canada. Pourtant, le gouvernement précédent a traité ces immigrants comme une source de revenu et il leur a imposé un droit d'établissement de 1 000 $.
La troisième mesure que le gouvernement précédent a prise fut de réduire, puis de geler pendant 13 ans l'aide financière fédérale aux services d'intégration et d'établissement. Comme d'autres députés l'ont expliqué, ces services comprennent, entre autres, la formation linguistique gratuite et l'aide à l'acquisition de méthodes de recherche d'emploi et à l'intégration offerte aux nouveaux arrivants. Ainsi, pendant 13 ans, les libéraux ont gelé et réduit les niveaux de financement, de sorte qu'à notre arrivée au pouvoir, en février 2006, le budget fédéral des services d'établissement offerts à l'échelle pancanadienne totalisait, après 13 années de règne libéral, 200 millions de dollars.
La première mesure que le gouvernement conservateur a prise a été de réduire de moitié le droit qu'exigeaient les libéraux pour l'établissement des nouveaux arrivants, ce qui a permis d'économiser cumulativement plus de 340 millions de dollars pour l'ensemble des nouveaux arrivants au Canada et plus de 140 millions de dollars pour les nouveaux arrivants en Ontario. Cet argent se retrouve maintenant dans les poches des immigrants et leur permet de faire un versement initial sur un appartement, voire sur une nouvelle maison. Le gouvernement a injecté 340 millions de dollars pour donner un coup de pouce aux nouveaux arrivants.
La deuxième mesure que les conservateurs ont prise a été de tripler l'investissement du gouvernement fédéral dans les services d'établissement. Les députés libéraux présents prétendent qu'ils étaient sur le point de le faire et que, comme pour le reste, si on leur avait donné 13 années de plus, ils auraient fini par investir dans la réussite des néo-Canadiens. Mais ils ne l'ont pas fait. Ils ont fait des choix.
C'est bien beau de faire des choix. C'était une période difficile sur le plan budgétaire. Or, lorsqu'on fait des choix, on doit les défendre et en assumer la responsabilité, ce que les libéraux ont refusé de faire en décidant de sous-financer les services d'établissement offerts aux nouveaux arrivants.
Ils ont maintenant le culot de prendre la parole à la Chambre et de critiquer un gouvernement qui a plus que triplé l'investissement dans la réussite des nouveaux arrivants, un investissement qu'ils avaient refusé de faire. Lorsque j'entends les envolées théâtrales et la démagogie du député de , je me demande vraiment de quel genre de dissonance cognitive il faut souffrir pour critiquer un investissement de 600 millions de dollars dans des services d'aide à l'établissement, alors que personne n'a critiqué le gouvernement qui les avait gelés pendant 13 ans à 200 millions de dollars par année. C'est bizarre.
Je signale également que pendant 13 longues années, le précédent gouvernement libéral n'a rien fait pour répondre à l'une des principales priorités des nouveaux arrivants, soit la reconnaissance des titres de compétences étrangers des professionnels formés à l'étranger. C'est un dossier épineux, car la reconnaissance des titres de compétences étrangers relève principalement des provinces et rôle que peut jouer le gouvernement fédéral est très limité. Or, entre 1993 et 2005, le précédent gouvernement libéral a choisi de ne rien faire pour accélérer et uniformiser le processus de reconnaissance des titres de compétences en vue de faciliter l'accréditation des professionnels formés à l'étranger, afin qu'ils puissent exercer la profession qui correspond à leurs intérêts.
En revanche, le gouvernement actuel a créé le Bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers, par l'entremise duquel nous organisons, dans le pays d'origine des nouveaux immigrants économiques qui s'installent au Canada, des séances d'orientation avant l'arrivée, des séminaires gratuits de deux jours et des services de consultation personnalisés, afin qu'ils puissent postuler des emplois, entamer le processus de demande de reconnaissance des titres de compétences et avoir une meilleure idée des défis initiaux d'intégration auxquels ils seront confrontés. Selon nos données, grâce à ce nouveau projet d'intégration créé par le gouvernement actuel, dans le cadre des efforts concernant la reconnaissance des titres de compétences étrangers, davantage d'immigrants économiques ont pu obtenir une offre d'emploi avant d'arriver au Canada.
En outre, j'attire l'attention de la Chambre sur le fait que nous avons investi 50 millions de dollars dans le cadre du Plan d'action économique du Canada pour mettre en oeuvre le cadre pancanadien de reconnaissance des titres de compétences étrangers. Au fond, nous réunissons les 10 provinces et leurs 45 associations professionnelles respectives autour de la même table pour élaborer un processus commun, uniformisé et accéléré pour la reconnaissance des titres de compétences. En résumé, cela veut dire que le gouvernement fédéral joue finalement un rôle vital, qu'il est un vrai leader dans ce dossier et qu'il investit tout l'argent nécessaire pour accélérer le processus de reconnaissance des titres de compétence étrangers des professionnels formés à l'étranger. C'est une bonne nouvelle. Après 13 ans de négligence, le gouvernement fédéral joue finalement un rôle de chef de file et aide les professionnels formés à l'étranger.
Cependant, pour ce qui est des sommes consacrées aux services d'établissement, dont il est question aujourd'hui, certains députés libéraux nous cassent les oreilles avec cette affaire d'entente Canada-Ontario sur l'immigration, grâce à laquelle ils auraient prétendument beaucoup augmenté ces sommes. En fait, on n'a qu'à regarder ce qui est inscrit dans le budget de la dernière année où les libéraux étaient au pouvoir. L'information est publique. Il est écrit noir sur blanc qu'au cours de l'année financière 2005-2006, le gouvernement fédéral a consacré au total 200 millions de dollars aux services d'établissement, pour l'ensemble du Canada. L'Ontario a reçu 111,5 millions de dollars. C'est à toutes fins utiles la même somme que 13 ans auparavant.
C'est comme l'accord de Kelowna. L'a-t-on oublié? Le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, qui est ici, peut dire à la Chambre que les libéraux ont conclu l'accord de Kelowna, mais ce n'était rien d'autre qu'un communiqué. Les libéraux considèrent que les communiqués sont des « investissements ». Mais oui, ils ont diffusé un communiqué concernant l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration, mais aucun transfert d'argent n'a eu lieu, ni aucune amélioration des services. L'accord n'a rien donné rien de concret. Ce n'est qu'une fantaisie. De surcroît, ils ont oublié les autres provinces.
[Français]
Le Québec suit sa propre voie. Grâce à l'entente Canada-Québec sur l'immigration, la province applique une formule — dont j'ai parlé — pour les services d'établissement des immigrants.
[Traduction]
Les libéraux disent qu'ils voulaient conclure un accord avec l'Ontario. Mais qu'en est-il des autres provinces? Il n'y a rien eu du tout. Aucune augmentation de l'enveloppe consacrée aux services d'établissement pour les nouveaux arrivants dans l'Ouest canadien ou le Canada atlantique.
Un principe auquel nous adhérons très clairement sous-tend la décision qui fait l'objet du débat d'aujourd'hui. Je sais que c'est peut-être une idée radicale pour mes amis libéraux, mais voici ce principe: les Canadiens étant tous égaux devant la loi, les nouveaux arrivants devraient tous être traités équitablement par le gouvernement du Canada. Qu'un nouvel arrivant s'établisse à Labrador City ou à Long Island, en Colombie-Britannique, il devrait se voir offrir des services d'établissement à peu près équivalents. C'est une question d'équité.
Par rapport à 2005, nous avons donc triplé la somme consacrée par le gouvernement fédéral aux services d'établissement. En fait, nous avons augmenté l'enveloppe budgétaire plus rapidement que l'augmentation du nombre de personnes inscrites aux programmes. Nous avons triplé le financement, tandis que l'augmentation des inscriptions n'a été que de 34 p. 100 dans les programmes financés par le gouvernement fédéral, comme les programmes d'enseignement des langues pour les personnes nouvellement arrivées au Canada. Ainsi, entre 2005 et 2009, le nombre de personnes inscrites au Cours de langue pour les immigrants au Canada est passé environ de 48 000 à 53 000, pour l'ensemble du pays, soit une très petite augmentation. Encore aujourd'hui, seulement 25 p. 100 environ des résidents permanents admissibles s'inscrivent aux services d'établissement que nous leur offrons gratuitement.
Cela pose un défi. Nous devons nous assurer que les immigrants connaissent ces programmes que nous offrons gratuitement. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons pris des initiatives novatrices telles que notre projet pilote de bons de formation linguistique gratuite. Nous envoyons maintenant des bons par la poste à titre expérimental aux nouveaux arrivants en Nouvelle-Écosse, en Ontario et en Alberta. Nous avons observé une hausse du nombre de participants, car les gens sont conscients qu'il y a une valeur monétaire rattachée aux cours de langue gratuits que nous offrons. Voilà une initiative très concrète. Nous ne nous contentons pas de publier un simple communiqué de presse; nous offrons un vrai service. Nous tentons d'accroître le taux de participation.
En fait, nous avons l'obligation de garantir que les fonds sont utilisés de façon responsable. Lorsque nous augmentons de façon très importante le financement des services — que nous le triplons en l'occurrence —, mais que le nombre de bénéficiaires de ces services n'augmentent que de 34 p. 100, il y a tout lieu de nous demander si les fonds sont utilisés de la façon la plus efficace qui soit. Nous devons également garantir un traitement équitable à tous.
Au cours des cinq dernières années, une répartition plus judicieuse des nouveaux arrivants au Canada est au nombre des excellentes initiatives dont on a peu parlé dans le cadre des réformes du gouvernement en matière d'immigration. Auparavant, 90 p. 100 des nouveaux arrivants s'établissaient à Toronto, à Montréal et à Vancouver, même si les meilleures possibilités d'emplois se trouvaient dans d'autres régions du pays. Bon nombre de mes prédécesseurs, y compris le député d', j'en suis certain, se sont demandés s'il ne faudrait pas mieux répartir les nouveaux arrivants dans d'autres régions du pays de sorte que l'ensemble du Canada puisse bénéficier de l'éthique de travail des immigrants.
Nous y sommes parvenus, en partie grâce à l’expansion du Programme des candidats des provinces. Nous observons maintenant une hausse très importante du nombre de nouveaux arrivants qui s'établissent dans les provinces des Prairies et de l'Atlantique. Par exemple, depuis cinq ans, le nombre d'immigrants qui s'établissent au Manitoba a presque triplé. C'est phénoménal. C'est notamment à cause de cette initiative que le Manitoba affiche la plus forte croissance économique du pays, ce que mon collègue de Winnipeg approuvera, j'en suis certain. Je ne sais pas où il est. Il vit ici. D'habitude, il est toujours ici, mais...
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Monsieur le Président, je voulais féliciter le député qui est toujours là.
Nous nous sommes retrouvés avec des augmentations du financement basées sur les niveaux d'établissement de 2005. En 2005, près de 145 000 nouveaux venus ont choisi de s'installer en Ontario. Mais ensuite, grâce aux changements que nous avons apportés, ces nouveaux arrivants ont été plus nombreux à s'installer dans les provinces de l'Atlantique et dans l'Ouest du Canada.
Si l'on saute maintenant à 2009-2010, on constate que 105 000 nouveaux arrivants seulement se sont établis en Ontario et que les autres sont généralement allés dans l'Ouest ou dans les provinces de l'Atlantique. C'est un bon problème à avoir puisque cela veut dire que la baisse de 25 p. 100 de l'immigration vers l'Ontario correspondait à une hausse de l'immigration du même ordre dans les provinces qui ont une importante pénurie de main-d'oeuvre. Ce sont elles qui profitent maintenant de l'immigration. Il y a une bien meilleure répartition des nouveaux venus dans le pays.
Toutefois, le financement de l'aide à l'établissement ne correspondait pas à cette répartition des immigrants parce qu'il reposait sur une formule de 2005 qui est dépassée. On s'est donc retrouvé avec une situation paradoxale, les nouveaux venus en Ontario touchant environ 3 400 $ par personne pour les services à financement fédéral alors que ceux de l'Ouest et des provinces Atlantiques ne touchaient que 2 900 $.
Mes collègues de l'opposition trouvent-ils normal qu'un nouveau venu dans Calgary Nord-Est ou dans North Battleford en Saskatchewan touche quelque 600 $ de moins qu'un nouveau venu à Ottawa pour les services fédéraux d'établissement? Je crois que personne au Canada ne peut dire que c'est juste ou raisonnable.
Il a donc fallu rééquilibrer le financement des services d'établissement. En collaboration avec les provinces, nous avons élaboré une nouvelle formule d'établissement reposant sur le nombre d'immigrants primaires, une estimation de la migration secondaire vers la destination que choisissent parfois les gens, généralement l'Alberta et la Saskatchewan, le nombre de réfugiés et divers autres critères.
Nous avons donc établi en collaboration avec les provinces une nouvelle formule qui devrait, nous l'espérons, permettre aux futurs nouveaux arrivants de recevoir tous à peu près le même niveau de services dans tout le pays. Le Québec est un cas particulier compte tenu de l'Accord Canada-Québec sur l'immigration.
En raison de cette nouvelle formule, nous aurons pour l'exercice 2011-2012 un rééquilibrage des services fédéraux d'établissement dans tout le pays. Il y aura donc une hausse du budget fédéral des services d'établissement à Terre-Neuve et au Labrador, au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince Édouard, au Québec, au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Dix des treize provinces et territoires du Canada vont bénéficier encore une fois d'une augmentation des services d'établissement grâce à notre gouvernement. C'est une bonne nouvelle pour les nouveaux arrivants au Canada.
Toutefois, il faut trouver l’argent quelque part. Il proviendra des régions qui recevaient plus que leur part, comme l’Ontario et, dans une certaine mesure, la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique. Je signale que le gouvernement de la Colombie-Britannique n’a pas encore dépensé tout l’argent que nous lui avons transféré pour les services d’établissement, pour la raison que j’ai déjà expliquée, à savoir que notre gouvernement a tellement augmenté le financement que la demande des clients n’était pas suffisante pour justifier une telle dépense. Nous ne dépensons pas pour le simple plaisir de dépenser. Le gouvernement conservateur croit qu’il faut dépenser pour obtenir des résultats. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a dit, lui-même, qu’il ne s’inquiétait pas de la légère diminution de son financement, parce qu’il ne dépensait pas cet argent en totalité, de toute façon.
Même en Ontario, il y a eu des changements dans la répartition des immigrants. Par exemple, entre 2005 et 2009, moins d’immigrants se sont établis à Toronto même que ce n’était le cas avant, alors qu’il y a eu une croissance énorme de leur nombre dans la région de York, qui fait partie de l’agglomération urbaine de Toronto et qui se trouve juste au nord. En conséquence, il y aura une légère réduction du financement des services d’établissement dans la ville de Toronto, mais une forte augmentation, de l’ordre de 43 p. 100, du budget pour la région de York.
Un des députés d’en face a laissé entendre que c’était calculé pour des raisons politiques ou partisanes. Je tiens à dire haut et fort que c’est insultant et tout à fait ridicule. La formule est le résultat de consultations fédérales et provinciales et toutes les décisions ont été prises par les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada simplement pour faire en sorte que les services soient offerts là où vont les nouveaux arrivants.
Je dois souligner qu’à Toronto, les services d’établissement continueront de bénéficier d’un financement deux fois plus élevé que lorsque l’ancien gouvernement libéral était au pouvoir. Nous avons lancé un appel de propositions et invité 36 des 200 agences de services d’établissement de l’Ontario à présenter des propositions pour les ententes de contribution futures. Nous avons évalué ces propositions de façon objective. Nous avons tenu compte du rendement passé de ces agences et de la qualité de leurs propositions. Les fonctionnaires ont fait une évaluation à partir d’un système de points et décidé que 36 associations qui avaient obtenu un financement par le passé n’en recevraient plus au cours des deux prochaines années, mais que 30 nouvelles associations en obtiendraient un. Je ne vois pas où est le problème. Si un organisme reçoit de l’argent du gouvernement fédéral, cela ne veut pas dire qu’il a éternellement droit à cet argent. Cela veut dire qu’il doit prouver qu’il le dépense efficacement.
Nous protégeons les intérêts des contribuables en veillant à l’efficacité et en assurant l’équité du financement dans l’ensemble du pays. Nous sommes fiers de notre décision d’investir dans le succès de l’établissement des nouveaux arrivants au Canada.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'être à la Chambre aujourd'hui pour parler d'immigration. Il s'agit là d'un enjeu très important pour le pays et pour le Parlement, mais aussi pour l'avenir des familles et des gens qui sont au Canada pour y bâtir leur vie et y apporter leur contribution.
Notre pays s'est construit sur l'immigration. De tous les coins du monde, les gens sont venus ici pour se bâtir des vies et créer un pays riche sur le plan économique, mais aussi en termes de justice sociale et de liberté. On est en train de voir aujourd'hui que le secteur de l'immigration doit relever de nouveaux défis, et le fait est qu'il faut s'y ajuster.
[Traduction]
Le fait est que les vagues d'immigration que nous avons connues au cours des dernières décennies ont permis à des gens qui avaient des connaissances linguistiques limitées et des compétences en demande sur le marché du travail de réussir. Ils en ont été capables quand l'industrie de la construction florissait dans ma circonscription, Papineau, après la guerre ou pendant les premières vagues d'immigration, à l'époque de la colonisation des Prairies. Des familles sont arrivées, ont construit leurs vies et ont réussi sur le plan économique sans beaucoup de soutien pour s'intégrer.
Le fait est qu'aujourd'hui, les choses changent. Ceux qui immigrent au Canada ne doivent pas s'attendre à trouver à leur arrivée un emploi bien rémunéré qui leur permettra de subvenir aux besoins de leurs enfants, de payer le loyer et d'assurer l'avenir de leurs familles, à moins d'acquérir les compétences pour ce faire. Nous vivons dans une économie axée sur les services et le savoir, une économie où les compétences linguistiques, professionnelles et sociales sont essentielles pour réussir, alors qu'elles ne l'étaient pas il y a 20 ou 50 ans.
Il ne s'agit pas seulement d'encourager les gens à immigrer au Canada; c'est certes très important comme en témoignent le vieillissement de la population et les faibles taux de natalité. Nous devons attirer les individus les plus brillants sur la planète afin de continuer de créer un pays et une économie prospères. Accueillir des immigrants est important, mais la manière dont nous les accueillons et les outils que nous leur donnons pour réussir le sont tout autant.
L'année dernière, nous avons accueilli 281 000 personnes dans ce pays, un record. C'est illogique et inadmissible qu'au moment où nous accueillons plus d'immigrés que jamais depuis des décennies, nous coupions aussi dans les services d'intégration.
Le ministre a raison: il y a une réaffectation des ressources parce que les gens s'installent en différents endroits. Il n'en reste pas moins que les services d'établissement offerts aux nouveaux arrivants sont amputés de 53 millions de dollars.
Il est facile de dire qu'on coupe dans les budgets.
[Français]
Cependant, de simplement couper les services d'intégration n'est ni dans l'intérêt du Canada ni dans celui de nos nouveaux arrivants. On exige beaucoup de notre système de sécurité sociale et de notre système économique, qui encadrent ces gens quand ils n'ont pas d'emploi. De fait, les services qu'on doit offrir finissent par coûter plus cher en aide sociale que ce qu'il en coûterait d'enseigner à ces personnes, de les encadrer, de leur offrir de la formation pour qu'elles puissent contribuer à la société.
C'est illogique, et on voit malheureusement assez régulièrement cet illogisme dans les décisions de ce gouvernement. Il préfère couper ici et là et nous laisser plus pauvres à long terme. On le voit en matière de criminalité: le gouvernement veut bâtir des prisons qui ne vont pas nous donner plus de sécurité. On le voit ici: il fait des coupes au détriment des plus vulnérables.
[Traduction]
Les gens qui arrivent au Canada veulent seulement apporter leur contribution, se sentir utiles, construire leur vie, prendre soin de leur famille, et aussi aider à modeler ce grand pays qui est le nôtre. Le fait est que si nous réduisons les services d’établissement alors que nous voyons arriver plus de gens que jamais, c’est une erreur.
Le ministre aime beaucoup parler du fait que le financement actuel est plus important qu’il ne l’était en 2005. Les ententes signées en novembre 2005 étaient des ententes quinquennales qui ont conduit à cette croissance du financement. C’est un gouvernement libéral qui a examiné le montant que nous dépensions pour les services d’établissement et qui a estimé qu’il fallait investir davantage dans les services linguistiques, l’intégration et la formation professionnelle. Il a donc signé des ententes quinquennales pour doubler et tripler le financement des agences d’établissement.
Cinq ans après 2005, ces ententes ont commencé à expirer. C’est pour le gouvernement conservateur la première occasion de commencer à sabrer dans ces programmes. C’est la première fois qu’il peut le faire depuis que le financement a augmenté au fil des ans, compte tenu de son importance. Dès qu’une occasion s’offre aux conservateurs de sabrer dans le financement augmenté par les libéraux, ils le font aux dépens des personnes vulnérables qui ne veulent rien de plus que de contribuer à notre société.
Le gouvernement se conduit de façon paradoxale. D’une part, il accueille les gens, mais de l’autre, il ne leur donne pas la possibilité d’apporter leur contribution et d’apprendre.
Nous savons aussi que lorsque nous voulons que les gens réussissent et que nous faisons venir des immigrants de la meilleure qualité possible, nous devons les inciter à réussir. Nous devons les former et leur permettre de suivre des cours de langue, mais pour les inciter à venir, nous devons leur offrir la réunification familiale, en sachant que la possibilité de faire venir ses parents et grands-parents n’est pas seulement une question sociale, mais aussi une question économique étant donné que ces personnes peuvent aider à prendre soin des enfants. Le gouvernement a fait en sorte que les services de garde d’enfants soient gravement sous-financés et qu’il y ait moins de places en garderie.
Nous devons offrir la réunification familiale pour attirer les immigrants les meilleurs et les plus brillants du monde entier qui souhaitent venir au Canada élever leur famille parce qu’ils savent qu’ils pourront faire venir leurs parents et grands-parents, leur système de soutien.
La réduction de notre système d’immigration, la réduction de notre capacité à faire venir les gens les meilleurs et les plus brillants du monde entier pour qu’ils bâtissent notre pays, voilà quel est vraiment l’enjeu.
Le ministre s’empresse de souligner que le financement était moins élevé en 2005 sous le dernier gouvernement libéral, mais nous avons prévu des hausses de financement dont le gouvernement a bénéficié. Si nous voulons revenir sur le passé, les gouvernements libéraux précédents ont financé davantage d’immigration que les gouvernements conservateurs précédents et avant cela, le gouvernement conservateur a davantage financé l’immigration que le gouvernement libéral qui l’a précédé.
Nous avons augmenté notre financement au fil des années. Il est temps que le gouvernement cesse de se définir en fonction de ce qu’il fait, selon ses propres paroles, différemment ou mieux que les gouvernements précédents et qu’il commence à voir quels sont les besoins réels. Le gouvernement doit comprendre que les gens ont besoin d’aide et de soutien, non pas pour recevoir la charité, mais pour contribuer à l’économie de notre pays.
[Français]
Notre petit pays n'arrivera à réussir à l'échelle mondiale en tant qu'économie que si on offre la possibilité à tous et à toutes de développer leur plein potentiel. Le fait que des ingénieurs puissent être des chauffeurs de taxi et que des gens détenant un doctorat ne puissent pas trouver un emploi parce qu'ils ne reçoivent pas suffisamment d'encouragement et d'aide pour suivre la formation nécessaire, ce n'est pas bâtir le pays dont nous avons besoin.
Fondamentalement, le ministre et le gouvernement sont en train de dire que c'est une réaffectation. Certes, il y a des fonds qui sont réaffectés. Je suis très content que la Colombie-Britannique, Terre-Neuve et toutes les autres provinces en reçoivent plus, mais faire une coupe de 53 millions de dollars, ce n'est pas investir dans la prospérité de ce pays dont nous avons besoin.