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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre, encore une fois, la parole au sujet de ce projet de loi qui est très important pour ma circonscription, ainsi que pour le système de justice et tous les Canadiens.
Pour résumer brièvement les 13 premières minutes de mon discours, je préciserai que j'ai fait valoir que bon nombre de députés conservateurs méconnaissent l'efficacité du régime des peines d'emprisonnement avec sursis et les taux de réussite de celui-ci. Toutes les études ont montré qu'il améliore la sécurité des victimes et des Canadiens, parce qu'il réussit à faire baisser le risque de récidive. En effet, les personnes condamnées à une peine d'emprisonnement avec sursis récidivent moins souvent que celles qui ont été incarcérées.
Plusieurs personnes disent que, pour certains criminels, l'incarcération n'est qu'une université du crime. Ils côtoient des détenus qui ne les aident pas à avancer dans la vie ou à acquérir de bonnes méthodes et de bonnes valeurs. Ces derniers leur montrent comment poursuivre leur carrière criminelle, alors que les peines avec sursis sont assorties de conditions qui — même si certains n'en sont pas convaincus — les aident à se réinsérer dans la société et les préparent à mener une vie enrichissante. Bien sûr, tous réintègrent la société, une fois qu'ils ont purgé leur peine.
Il est difficile de croire que le gouvernement prend son programme de lutte contre le crime au sérieux. Il en parle constamment mais il ferme le Parlement et retarde ses projets de loi de justice pénale chaque fois qu'il est sur le point de se retrouver dans une situation délicate. Lors de la dernière prorogation, il y avait 19 projets de loi de justice pénale. Beaucoup auraient pu être adoptés et le seraient à l'heure actuelle. Si le gouvernement était vraiment sérieux au sujet de la protection des Canadiens, il ne s'obstinerait pas à retarder ses propres projets de loi de justice pénale.
J'ai siégé au Comité de la justice et pratiquement tous les experts et tous les témoins que nous avons entendus ont montré que des dispositions proposées n'avaient aucun sens compte tenu des mesures éprouvées, des statistiques et des mesures de réduction de la criminalité et de protection des victimes. Par conséquent, le Comité de la justice devait amender les projets de loi. Le projet de loi , qui était le précurseur du projet de loi à l'étude, a dû être modifié en profondeur parce qu'il était complètement déconnecté de la réalité et contraire à ce qui, de l'avis des experts et des témoins, pourrait vraiment protéger les Canadiens et éviter de nombreux crimes.
Je suis prêt à reconnaître que quelques crimes avec violence ne devraient pas laisser la possibilité d'imposer des peines avec sursis et c'est pourquoi je suis disposé à laisser le projet de loi aller en comité. Cependant, pour certains crimes cette possibilité devrait être maintenue et les juges devraient conserver leur pouvoir discrétionnaire à cet égard. Le gouvernement n'a donné aucune idée des coûts que sa mesure entraînerait et ne peut pas répondre aux questions sur le sujet. Lorsque les coûts d'autres projets de loi des conservateurs ont été calculés, les résultats obtenus ont été désastreux. Dans le cas présent, il n'y a pas d'analyse et ce sont les provinces qui devront payer une partie de la note, et les conservateurs n'ont aucune idée de ce qu'il faudra transférer aux provinces.
Nous avons le plus gros déficit de l'histoire du Canada et les conservateurs doivent continuer d'augmenter les impôts. Ils les ont augmentés sur les fiducies de revenu des Canadiens âgés. Les cotisations d'assurance-emploi augmenteront. Nous payons tous des taxes sur les billets d'avion et des taux d'intérêt très élevés sur notre impôt sur le revenu. Les conservateurs veulent maintenant faire adopter un autre projet de loi qui coûterait très cher sans avoir calculé les coûts au préalable et sans dire aux provinces ce qu'elles devraient débourser.
Le deuxième point que je veux faire valoir a trait aux cours d’appel. Si le tribunal inférieur considère que la peine prévue ne permet pas d’accorder un sursis et que cela pose un problème, la défense interjettera appel. Or, l’interprétation des possibilités de sursis ne pose pas de problème aux tribunaux d’appel. Les Cours d’appel de l’Ontario et de l’Alberta s'entendent pour dire que la possibilité d’accorder un sursis ne sera pas interprétée de la même manière dans le cas de délinquants dangereux. Les peines avec sursis servent alors des fins totalement différentes et les conditions sont également différentes.
Le projet de loi pose un autre problème. Il empêche la prise en considération des principes de la détermination de la peine et des circonstances du crime. Le gouvernement devrait s’attendre à ce que cette mesure législative ne s’en tire pas sans contestation constitutionnelle. Si nous allons à l’encontre de certains grands principes de notre système de justice pénale en matière de détermination de la peine, c'est-à-dire la prise en considération des circonstances particulières dans lesquelles un crime a été commis, et que nous éliminons une des possibilités pour les juges, c'est certain que ce sera contesté un jour.
Mon dernier point a trait à l’élaboration de la politique. Normalement, dans notre système fédéral, ce sont d'abord des spécialistes rattachés à un ministère ayant des années d’expérience, par exemple au ministère de la Justice, qui s'occupent d'élaborer les politiques. Ces gens constatent un besoin dans la société. Ils y travaillent, ils étudient le traitement de la question dans différents pays du monde, ils en discutent, puis proposent des mesures législatives.
Au comité, nous avons eu la nette impression que le gouvernement a inversé ce processus, pour un certain nombre de questions judiciaires. Le gouvernement dit aux fonctionnaires ce qu’ils doivent faire. Dans ces cas, les représentants du ministère de la Justice n’ont même pas pu défendre cette mesure législative, parce que ce n’est pas eux qui l’ont conçue. Elle est même indéfendable, comme ces spécialistes nous l’ont expliqué au Comité de la justice.
Je veux demander aux députés conservateurs s’ils peuvent me donner trois exemples de cas où un tribunal a imposé une peine ne convenant pas, dans le cas d’un crime violent, une peine avec sursis, sans que le procureur interjette appel. Les peines avec sursis ont été efficaces dans des milliers de cas. J'aimerais seulement avoir trois exemples de cas où une peine avec sursis a été imposée à une personne reconnue coupable d'un crime violent sans qu'on en appelle de cette peine.
Comme l'a dit un de mes collègues, bien des éléments dans ce projet de loi ressemblent à des solutions qui chercheraient un problème. J’étais un peu plus enthousiaste au début, au sujet de ce projet de loi, mais si le gouvernement ne peut répondre à aucune de ces questions sur le projet de loi, on peut douter que les résultats en vaillent l’effort.
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Monsieur le Président, je suis heureux de reprendre la parole sur le projet de loi , qui avait un autre chiffre il y a à peine quelques mois, soit le projet de loi . Il y a deux ans, c'était le projet de loi .
On revient toujours à se poser des questions au sujet de l'administration de la justice. Comment la justice peut-elle être mieux administrée? Comment peut-on faire en sorte que les criminels dangereux restent derrière les barreaux le plus longtemps possible? Ce n'est certainement pas le projet de loi C-16 qui répondra à ces questions de façon positive.
Il faut expliquer un peu ce dont il est question pour ceux qui nous écoutent. Lorsqu'un individu est amené devant un tribunal pour avoir commis un délit, un vol par effraction, par exemple, le juge dispose d'une pléthore de possibilités allant de la simple amende à l'emprisonnement. Et entre les deux se trouvent la libération conditionnelle et la libération inconditionnelle.
Quand il est question de détention, il faudrait que les conservateurs arrêtent de nous charrier. Je suis certain que la traduction, qui est extraordinaire, va traduire correctement ceci: l'emprisonnement avec sursis, c'est un emprisonnement. Donc, on est rendu dans la dernière partie des peines qu'un juge peut imposer, soit l'emprisonnement fixe et l'emprisonnement avec sursis. Comme les conservateurs n'ont jamais connu cela, on va leur expliquer.
En 1996, plusieurs solliciteurs généraux et plusieurs ministres de la Justice — dont le actuel, qui était au Manitoba à l'époque — trouvaient que cela coûtait cher et que certaines personnes étaient emprisonnées trop longtemps pour rien.
Il faut comprendre une chose extrêmement importante, que je vais répéter parce qu'ils ne comprennent pas, de l'autre côté: un emprisonnement avec sursis, cela veut dire de la prison. Les conservateurs, eux, disent que les délinquants purgent leur peine chez eux, les deux pieds sur la bavette du poêle à ne rien faire. J'y reviendrai. C'est altérer la vérité, pour ne pas dire mentir carrément à la population que d'affirmer de telles choses. Ce n'est absolument pas vrai.
J'ai pratiqué comme avocat en 1985, 1990, 1995, de 1996 jusqu'à 2003. J'ai plaidé plusieurs causes, ce qui m'a permis de connaître le système. Par exemple, un individu est amené devant le juge, qui lui impose une peine d'emprisonnement avec sursis. Il serait intéressant que certains députés conservateurs apprennent à lire et consultent l'article 718 du Code criminel, qui ne sera pas amendé par ce projet de loi. Voici ce que dit cet article, qui constitue la base de l'emprisonnement avec sursis:
Le prononcé des peines a pour objectif essentiel de contribuer, parallèlement à d'autres initiatives de prévention du crime, au respect de la loi et au maintien d'une société juste, paisible et sûre [...]
Et là, les mots sont importants, et il faudrait que nos conservateurs préférés les comprennent:
[...] par l'infliction de sanctions justes visant un ou plusieurs des objectifs suivants:
a) dénoncer le comportement illégal;
b) dissuader les délinquants [...];
c) isoler, au besoin, les délinquants du reste de la société;
On voit que le troisième objectif ne vient pas en premier.
Le quatrième objectif est le suivant: « favoriser la réinsertion sociale des délinquants ». Ce n'est pas moi qui le dis; c'est ce qui est écrit à l'article 718 du Code criminel. Les conservateurs vont-ils vouloir abolir l'article 718, tant qu'à y être?
Vient ensuite le cinquième objectif, « assurer la réparation des torts causés aux victimes ou à la collectivité ». Un juge intelligent — et Dieu sait que les juges le sont — qui a lu et compris l'article 718 sait comment l'appliquer. Il faudra qu'on comprenne une chose une fois pour toutes, et c'est dommage que mes amis conservateurs n'écoutent pas quand on parle.
Une peine d'emprisonnement avec sursis ne peut s'appliquer que dans le cas des peines de moins de deux ans, less than two years.
C'est moins de deux ans. Est-ce assez clair?
Quand on regarde le titre du projet de loi, on constate qu'il est odieux à sa face même. Cela n'a pas de bon sens. Cela ne s'applique pas aux grands criminels ou à ceux qui font des dizaines de vols par effraction. Cela concerne des sentences de moins de deux ans. Je donne quelques exemples: des petits vols, des vols d'auto, des joyrides. Ces sentences sont généralement données à des jeunes qui ne comprennent pas. Ils sont au début de la criminalité. Le juge veut les faire réfléchir. On ne parle pas de bandits qui ont fait des vols à main armée, parce ce genre de crime commande au minimum quatre an de réclusion car ils avaient une arme. Dès qu'on se promène avec une arme pour aller faire un vol, on a un minimum de quatre ans de détention. Est-ce assez clair?
Il faudrait qu'on comprenne que le projet de loi est non seulement rétrograde, il nous fait reculer de presque 30 ans. Ce qui est dangereux dans la mentalité des conservateurs, c'est de nous faire revenir en arrière.
Mais il y a pire. Quand le est venu nous dire en plein comité que c'était à la demande des procureurs généraux, on lui a demandé si tous les procureurs généraux du Canada étaient d'accord avec lui. Il a osé nous répondre que la grande majorité était d'accord. Le problème, c'est qu'il n'a jamais fait d'étude. Le ministre de la Justice nous est arrivé avec ce projet de loi. À l'époque, c'était le projet de loi . Maintenant, c'est le projet de loi , mais on parle du même projet de loi. C'est seulement un changement de numérotation. Les conservateurs n'ont fait aucune étude. Dieu sait que je peux en parler parce que j'étais au Comité permanent de la justice et des droits de la personne quand on a étudié le projet de loi C-42. On leur a demandé s'ils avaient fait des études qui démontraient qu'actuellement, ce genre de projet de loi est utile, nécessaire et demandé par les procureurs généraux, les procureurs de la Couronne. La réponse futNo, non.
Alors, pourquoi nous présente-t-on un tel projet de loi? Parce que cela n'a qu'un seul but, c'est-à-dire de répondre à la demande de la population supposément visée par les conservateurs qui demande d'être tough on crime. Le problème, c'est que si on est tough on crime, il faudrait aussi être smart on crime . Il faut comprendre ces sentences et ces demandes. Quand on va encore une fois étudier le projet de loi, ils vont encore nous ramener les mêmes chiffres. Les chiffres sont éloquents. Accrochez-vous, cela va donner un gros coup.
On va donner les vrais chiffres à ceux qui nous écoutent. Je ne les ai pas inventés, ils viennent du ministère de la Justice. Ils viennent en fait du ministère de la Sécurité publique. C'est quasiment pareil. Ils se promènent ensemble bras dessus, bras dessous. Il faut écouter cela. Le coût annuel moyen de l'incarcération — je vais prendre mon temps, monsieur le président, vous rajouterez cela sur les minutes qui me sont allouées — d'un détenu dans un établissement provincial ou territorial — ce sont les provinces, le Québec, le Yukon, l'Ontario —, ce qui inclut la mise sous garde ou d'autres formes de détention temporaire s'élevait — attention — à 52 205 $ en 2005-2006. Je vais répéter au cas où les conservateurs n'auraient pas compris. Cela coûtait 52 205 $ par année pour garder quelqu'un en détention dans une prison provinciale. Le meilleur reste à venir. Le coût de la surveillance d'un délinquant dans la collectivité, y compris les peines d'emprisonnement avec sursis, la probation, la surveillance, les amendes et la mise en liberté était de 2 398.05 $ en 2006-2007. On va traduire cela en français. Ils n'ont pas compris. On va répéter.
Il en coûte 52 205 $ par année pour garder quelqu'un en prison, alors que l'emprisonnement avec sursis coûte 2 398,05 $ par année. Il est démontré, selon les chiffres du gouvernement, que les taux de récidive pour les personnes emprisonnées avec sursis ont diminué de façon considérable. Je le répète parce qu'ils ne comprennent pas. Ce n'est pas le Bloc qui dit cela.
Toutefois, si demain matin, on adoptait ce projet de loi tel quel, on trouverait entre 13 000 et 15 000 détenus de plus dans les établissements de détention des provinces. Ce sont des centaines. J'espère qu'ils savent compter, de l'autre côté. Prenons le chiffre le plus bas qui est 13 000, et multiplions-le par 52 000 $. J'espère qu'ils savent compter. On pourrait investir ce montant dans des programmes de réhabilitation et on pourrait offrir un service adapté à ceux qui en ont besoin.
Le pire, c'est que les régions comme le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest paieront le prix car ce sont des endroits où il y a malheureusement beaucoup de crimes commis par des Autochtones. Or il y a énormément d'emprisonnement chez les Autochtones.
En 1996, le gouvernement a été intelligent. Ce n'était pas ce gouvernement qui était au pouvoir en 1996. Le gouvernement a mis en place l'emprisonnement avec sursis parce qu'il y avait réfléchi et parce qu'il avait fait des études. Il a dit qu'il s'agissait de sentences d'emprisonnement. La personne doit être reconnue coupable d'une infraction qui n'est pas punissable d'une peine minimale.
Si quelqu'un commet un meurtre, on ne perd pas de temps, c'est clair. C'est ce que les conservateurs ne comprennent pas. L'emprisonnement avec sursis ne s'applique qu'aux sentences de moins de deux ans, pour lesquelles il n'y a pas de peine minimale d'emprisonnement. La possession d'une arme à feu dans un dessin dangereux requiert une peine minimale de trois ans. Ce n'est pas admissible, et l'emprisonnement avec sursis ne s'applique pas. prenons, par exemple, les multiples récidives de conduite avec facultés affaiblies. Si le tribunal impose une sentence de plus de deux ans, cela ne s'appliquera pas. Cela ne s'applique que pour des personnes emprisonnées pour moins de deux ans.
N'en déplaise à nos amis conservateurs, quand on aura de vrais chiffres, on démontrera que les juges ont tellement pris au sérieux leur rôle que, depuis l'an 2000, en ce qui a trait aux emprisonnements avec sursis, on a resserré les liens, l'entourage et les conditions qui permettaient à un individu d'y avoir droit.
Dans les années où on a commencé à établir l'emprisonnement avec sursis, soit vers 1996 ou 1997, on s'occupait plus ou moins du fait que la personne n'ait pas respecté une des conditions qui avaient été fixées. C'est par respect pour les victimes — les conservateurs aiment beaucoup qu'on leur dise de telles choses — qu'on a resserré les contraintes pour être admissible à une sentence d'emprisonnement avec sursis, à savoir, la mise sous garde. C'est effectivement un emprisonnement. Cela peut être à la maison ou en centre d'accueil. Les heures sont surveillées. Le système de surveillance est très important dans ce dossier. La personne est soumise à une surveillance régulière et constante.
Pour preuve, pendant des jours, bon nombre de mes clients se sont fait réveiller à 3 heures du matin par le service de surveillance qui vérifiait s'ils étaient couchés chez eux. Une fois la vérification faite, il raccrochait en leur souhaitant une bonne journée.
Il y a l'interdiction d'avoir autre chose qu'un téléphone fixe. Lorsque les cellulaires sont arrivés, la personne se promenait un peu partout avec son cellulaire et répondait comme si elle était chez elle. Maintenant, c'est interdit dans les emprisonnements avec sursis parce que la personne doit être rejoignable chez elle. Alors que se passe-t-il lorsque quelqu'un manque au respect de son emprisonnement avec sursis à la suite d'une sentence qu'il a reçue? C'est très important.
Ce que les conservateurs ne comprennent pas, c'est que l'individu est condamné, par exemple, à 18 mois d'emprisonnement avec sursis, moyennant telles et telles conditions, fixées, approuvées et signées par la cour. L'individu qui ne respecte pas son emprisonnement avec sursis est donc en défaut. Il est arrêté et il purge tout le reste de sa sentence sans être éligible à une libération conditionnelle. Qu'est-ce que cela veut dire? Je vais l'expliquer pour mes amis conservateurs. Cela veut dire que quelqu'un, par exemple, est arrêté et reçoit une peine de 18 mois d'emprisonnement avec sursis. S'il ne respecte pas ses conditions le premier week-end, il sera arrêté et détenu, et il devra purger tout le reste de sa peine sans être éligible à une libération conditionnelle. Je peux assurer, pour avoir représenté plusieurs de ces clients, que le tribunal hésitera énormément et aura beaucoup de mal à les remettre en liberté moyennant d'autres conditions.
Je veux terminer en disant à mes collègues conservateurs que ce n'est pas une bonne façon de réduire la criminalité que de vouloir mettre fin à des emprisonnements avec sursis dans 39 infractions criminelles. Il faut absolument que ce dérapage cesse. Cela veut dire une chose, et il faut le savoir. Cela veut dire que si les individus, si les conservateurs, si le veulent imposer des peines d'emprisonnement au lieu des emprisonnements avec sursis, c'est qu'ils ne font pas confiance aux juges. Or c'est extrêmement dangereux. En effet, il faudra comprendre une chose: si on n'est pas content d'une sentence rendue par un juge, qu'on fasse appel. Les tribunaux d'appel sont là pour cela. Arrêtons de tourner autour du pot pour dire qu'on ne fait pas confiance. Nous, nous pensons que nous devons faire confiance aux tribunaux, et surtout, que nous devons maintenir l'emprisonnement avec sursis, qui est une bonne mesure, qui fonctionne bien et qui a réduit la criminalité.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui vise l'utilisation des peines avec sursis dans notre système judiciaire.
Je veux d'abord souligner qu'il s'agit d'un projet de loi qui a changé de nom, d'étiquette et de substance au fil des changements de priorités du gouvernement, car le gouvernement place les tactiques et l'avantage politiques avant le fonctionnement productif de la Chambre dans ses priorités.
Le a utilisé la prorogation pour protéger son emploi et éviter d'avoir à rendre des comptes. Par conséquent, de nombreux projets de loi que le gouvernement prétendait considérer importants sont morts au Feuilleton.
Le projet de loi est encore un autre exemple de mesure législative qui a été retardée à cause de ces stratagèmes politiques cyniques du gouvernement.
Le gouvernement conservateur se présente toujours comme si personne d'autre que lui ne se souciait du crime et des châtiments au Canada. Au contraire, je suis ici, fier de la manière dont j'ai voté, de mes interventions, de mes observations à la Chambre et de mon travail dans Newton—Delta-Nord pour assurer la sécurité des citoyens contre les dangers des activités criminelles.
Le projet de loi est un exemple de l'incapacité des conservateurs à inclure d'autres points de vue et connaissances que les leurs dans leur raisonnement, ce qui fait en sorte que son programme de lutte contre la criminalité n'est que de la poudre aux yeux.
Je vais donner un exemple de ce que j'avance. Lorsque les peines avec sursis ont fait leur apparition en septembre 1996, quatre critères étaient requis pour que le juge déterminant la peine puisse considérer cette possibilité. Conformément à l'un de ces critères, le juge doit déterminer que le délit est passible d'une peine d'emprisonnement de moins de deux ans avant même d'envisager l'imposition d'une peine avec sursis. Ainsi, lorsque le projet de loi veut interdire les peines avec sursis pour les délits passibles d'une peine maximale de 14 années à perpétuité, c'est tout simplement redondant, car cette option n'existe même pas a priori.
Le manque de vision du gouvernement au sujet de ce projet de loi ne s'arrête pas là. À l'heure actuelle, nos prisons débordent littéralement. Un grand nombre de responsables d'établissements carcéraux demandent actuellement d'autoriser l'occupation double des cellules. Ils veulent se préparer en attendant l'afflux de détenus qui est prévu dans les prochaines années à la suite de l'adoption de nouvelles lois qui mettront plus de gens en prison pour de plus longues périodes.
Voilà qui est tout à fait incompatible avec la notion de réadaptation. Selon une directive des services correctionnels émise en 2001: « La cellule individuelle est la forme de logement des détenus la plus souhaitable et la plus appropriée sur le plan correctionnel. »
Au moment où les budgets de tous les ministères ont été gelés jusqu'en 2013, il s'agit de regarder ce qui se passe chez nos voisins du Sud pour conclure que l'incarcération massive est une stratégie générale qui ne fonctionne simplement pas.
Une étude publiée l'année dernière par le Pew Center on the States révèle une statistique stupéfiante. En effet, 7,3 millions d'Américains, soit un adulte sur 31, sont dans le système carcéral. C'est vraiment stupéfiant. Les contribuables doivent supporter un fardeau financier astronomique.
C'est pourquoi au moins 26 États américains inversent la tendance des dernières décennies en réduisant le financement destiné au système correctionnel. La Californie, par exemple, a modifié les règles concernant la violation des conditions de libération conditionnelle, ce qui a réduit le nombre de condamnés renvoyés en prison.
La peine d'emprisonnement avec sursis permet d'attribuer une peine appropriée à un crime particulier, établissant ainsi une distinction entre ceux qui représentent un danger pour la société et ceux qui sont réadaptables sans que cela ne coûte quoi que ce soit aux contribuables.
Le Parti libéral reconnaît que les Canadiens commencent à être préoccupés par l'utilisation de la peine avec sursis dans les négociations de plaidoyer. En effet, les Canadiens n'apprécient pas la détention à domicile dans le cas de certaines infractions plus graves. Il faut utiliser les peines avec sursis de façon appropriée. L'objet du projet de loi peut être discutable, et il existe beaucoup trop d'inconnues pour que nous allions de l'avant avec cette mesure législative dans sa forme actuelle.
À titre d'exemple, aucune statistique ni donnée approfondie ne nous permettent de savoir comment les juges appliquent ces peines au pays. Les peines avec sursis ont été créées pour accroître la sécurité publique, et non l'inverse. Nous devons nous assurer que cela demeure ainsi.
À cette étape, nous devons faire preuve de stratégie sur divers plans afin de présenter la mesure législative la plus logique, efficace et efficiente possible. Il faut s'assurer que la peine est proportionnelle à l'infraction et évaluer les criminels dans l'optique de la réadaptation plutôt que d'un point de vue strictement carcéral. Il faut songer aux coûts pour les contribuables et au fardeau que ce genre de mesure législative va constituer pour les provinces, qui gèrent certains établissements correctionnels du pays. Il faut supprimer l'idéologie aveugle de ce type de débat. Il faut se soucier du bien commun, au lieu de tenter de retirer un avantage politique.
Pour toutes ces raisons, je n'ai aucune réticence à voter en faveur du renvoi de ce projet de loi au comité afin que les parlementaires puissent obtenir de meilleures informations sur son objet. Les considérations politiques ne devraient jamais avoir préséance sur les faits lorsqu'il est question de criminalité, de peines et de la sécurité de nos concitoyens.
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Monsieur le Président, je vais commencer mon discours là où le député s'est arrêté parce qu'à mon avis, il s'agit là d'un problème auquel nous nous heurtons actuellement dans cette législature et au Canada: on élabore des politiques et des projets de loi de lutte contre la criminalité sans avoir pris connaissance de tous les faits.
Aux termes de la loi actuelle, une personne ne peut être admissible à une peine d'emprisonnement avec sursis à moins d'avoir été condamnée à deux ans moins un jour. Cela signifie que toute personne ayant été condamnée à une peine de plus de deux ans n'est pas admissible à une peine d'emprisonnement avec sursis. Il est donc évident que les exemples qui ont été soulevés et qui parlent de leurre d'enfants et d'agression sexuelle ne font pas partie des infractions pouvant mener à des peines d'emprisonnement avec sursis parce que les responsables de ces délits seraient condamnés à une peine de plus de deux ans.
C'est un bon point de départ pour moi. Pour ce qui est des projets de loi de lutte contre la criminalité, les néo-démocrates veulent orienter le débat vers une approche intelligente à l'égard de la criminalité, qui serait fondée sur des études. Malheureusement, le gouvernement actuel ne nous a guère habitués à cela.
Les néo-démocrates partent du principe que la sécurité du public est la mieux assurée lorsque les contrevenants ne récidivent pas, que les gens qui ont enfreint le Code criminel reviennent dans la collectivité et qu'ils ne commettent pas d'autres infractions. C'est la meilleure façon d'assurer la sécurité des Canadiens.
Plus de 95 p. 100 des gens qui sont incarcérés au Canada, dans des institutions provinciales ou fédérales, reviennent dans nos collectivités. Non seulement devrions-nous traiter la politique carcérale et la politique en matière de justice en nous basant sur des études, mais nous devrions également tenir compte de nos propres intérêts. La seule façon d'assurer la sécurité des Canadiens est de voir à ce que ces gens ne récidivent pas après être sortis de prison.
Par contre, ce n'est pas en enfermant les gens dans des prisons pour ensuite les relâcher dans la société où ils commettront de nouveaux crimes que nous assurons la sécurité des Canadiens.
Le projet de loi vise à restreindre le nombre de peines d'emprisonnement avec sursis et les circonstances dans lesquelles les juges peuvent donner pareille peine.
Voyons un peu les faits. Il est prouvé que les peines d'emprisonnement avec sursis aident à la réadaptation des délinquants. C'est un outil de prévention important parce qu'il réduit le taux de récidive.
Aucun décideur qui comprend cela et qui souhaite réellement réduire le taux de récidive ne prendrait la parole à la Chambre pour affirmer que nous devrions limiter le nombre de peines d'emprisonnement avec sursis imposées par les juges au Canada.
La plupart des programmes de réadaptation offerts aux délinquants sont plus efficaces dans la collectivité qu'en établissement.
Les députés de tous les partis qui siègent au Comité de la sécurité publique ont entendu les mêmes témoignages à maintes reprises; nous convenons tous du fait que 80 p. 100 des délinquants sous responsabilité fédérale souffrent de troubles mentaux ou de toxicomanie. Si c'est vrai, les juges disposent d'un outil important: quand ils établissent qu'un délinquant souffre d'un trouble mental ou de toxicomanie, ils peuvent s'assurer qu'il suive un traitement. Où sont situés les centres de traitement? Pour la plupart, dans la collectivité.
La plupart du temps, quand ils déterminent qu'un trouble mental ou la toxicomanie est la cause des démêlés d'un délinquant avec la justice, soit son infraction, les juges décident que la chose la plus intelligente et la plus sûre à faire est d'imposer une peine avec sursis. Ainsi, le délinquant purge sa peine dans la collectivité à condition qu'il suive un traitement, faute de quoi il est renvoyé en prison.
Nous pouvons aussi adopter l'approche du gouvernement qui consiste à éliminer cette option et à lui imposer une peine de prison. Tout le monde qui a étudié la question au Comité de la sécurité publique est en mesure d'affirmer que les services de soins de santé mentale sont nettement insuffisants et qu'un délinquant doit attendre très longtemps avant de bénéficier d'un traitement efficace contre l'alcoolisme ou la toxicomanie.
Qui plus est, les délinquants ont accès à très peu de programmes en douze étapes en prison, et ils n'ont pas la possibilité de côtoyer des gens sains qui ne consomment ni alcool ni drogues et qui peuvent contribuer à la guérison des toxicomanes et alcooliques, car on ne trouve pas beaucoup de ces gens-là en prison.
Statistique Canada a déclaré dans une étude de 2006 que 11 p. 100 des délinquants qui purgeaient leur peine sous surveillance dans la collectivité récidivaient dans les 12 mois suivant la fin de leur peine. Cela se compare à 30 p. 100 de ceux qui purgent leur peine en prison.
Il y a trois fois moins de récidive chez les individus condamnés à des peines avec sursis. C'est exact, le taux de récidive des individus condamnés à des peines avec sursis est trois fois moindre que celui des individus qui purgent leur peine en prison. Comment, dans ce cas, un gouvernement peut-il affirmer de façon crédible que c'est une bonne politique de refuser les peines avec sursis?
Parlons un peu des faits et examinons le processus actuel concernant les peines avec sursis. Le processus pour accorder une peine avec sursis est déjà strict au Canada. Voici les conditions à respecter actuellement pour être admissible à une peine avec sursis. L'infraction ne doit pas être une infraction où il y a eu une blessure personnelle grave impliquant l'usage ou la tentative d'usage de violence ou une conduite mettant en danger la vie ou la sécurité d'une autre personne et passible d'une peine de 10 ans ou plus.
Dès le départ, les peines avec sursis ne s'appliquent pas aux individus ayant commis une infraction constituant des sévices graves à la personne ou ayant tenté d'utiliser la violence. Tous ces exemples montés en épingle d'individus violents purgeant une peine avec sursis devant leur écran géant sont tout simplement faux.
On n'accorde pas de peines avec sursis aux auteurs d'actes terroristes ni aux membres d'organisations criminelles condamnés à des peines de 10 ans ou plus. Nous ne parlons pas de membres de gangs ou d'organisations criminelles ni de quiconque a participé à un acte terroriste.
Il ne peut pas s'agir non plus d'un acte criminel passible d'une peine minimale obligatoire. Cela aussi ferme la porte aux peines avec sursis.
Je le répète, une peine avec sursis ne peut être imposée que par un juge lorsque la peine jugée appropriée dans la circonstance est de deux ans moins un jour. Ceux qui leurrent des enfants ne sont pas passibles de peines de deux ans moins un jour. Leurs peines sont plus longues que cela.
J'ouvre une parenthèse pour parler un peu des coûts. Le gouvernement veut être dur envers les criminels, mais avec l'argent des autres. En limitant les peines avec sursis comme il veut le faire, même dans le cas des condamnations à des peines de deux ans moins un jour, il vise des individus qui purgent leur peine dans des pénitenciers provinciaux et pas des prisons fédérales.
Lorsque le gouvernement est dur envers les criminels, il fait payer 100 p. 100 du coût de sa politique par les provinces. C'est répréhensible, et je me demande ce qu'en pensent les provinces. Nous commençons à avoir une petite idée du coût de la volonté du gouvernement d'être ferme envers les criminels et il s'élève à des dizaines de milliards de dollars.
La dernière chose, et la plus importante, c'est que, aujourd'hui, un juge ne peut infliger une peine avec sursis que s'il est convaincu que la mesure ne mettra pas en danger la sécurité de la collectivité. Voilà ce que dit la loi actuelle. Ce que j'ai demandé plus tôt et ce que je demande à tous les députés, c'est de me donner l'exemple d'une personne purgeant une peine avec sursis dans la collectivité qui crée des problèmes. Personne ne peut m'en donner.
Le gouvernement veut modifier la loi, mais il ne se fonde pas sur les faits. Cela ne me surprend pas parce que nous avons tous entendu parler de la députée ministérielle qui a dit à la télévision il y a quelques semaines qu'elle ne se fie pas aux statistiques selon lesquelles la criminalité est en baisse, mais plutôt à ce qu'elle ressent. Il est temps de rectifier les faits et de faire preuve d'intelligence et de logique quand nous élaborons une politique pénale au pays.
Une fois qu'une peine avec sursis est infligée, qu'est-ce qui arrive? Les contrevenants ont l'obligation de ne pas troubler l'ordre public et d'avoir une bonne conduite, de répondre aux convocations du tribunal et de rester dans le ressort du tribunal. D'autres conditions imposées peuvent comprendre le service communautaire obligatoire, l'interdiction de consommer des drogues ou de l'alcool, l'interdiction de posséder une arme, l'obligation de participer à des programmes de traitement et toute autre condition que le tribunal considère nécessaire.
Quand nous y pensons bien, dans notre système actuel, le juge peut établir une peine pertinente et imposer des conditions pertinentes qui aideront les contrevenants à modifier leur comportement. Voilà pourquoi nous parlons du Service correctionnel du Canada et non du service punitif du Canada. Toute personne qui tient vraiment à assurer la sécurité de nos collectivités tient aussi à ce que nous fassions tout ce que nous pouvons pour aider les contrevenants à modifier leur comportement.
Comment peut-on espérer atteindre cet objectif en restreignant les outils dont les juges ont justement besoin pour corriger les comportements des personnes visées?
J'aimerais également parler des coûts. Une fois de plus, le gouvernement actuel nous a demandé d'appuyer une mesure législative qui fera augmenter sensiblement la population carcérale. C'est indéniable. Lorsque le gouvernement dit qu'il veut que les condamnés purgent leur peine en milieu carcéral et non dans la collectivité, ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que le nombre de détenus dans nos prisons va vite exploser.
La semaine dernière, les coûts estimés — par le gouvernement lui-même — du projet de loi mettant fin au crédit de deux jours de détention pour un ont grimpé de 2 000 p. 100 du jour au lendemain. Le ministre a dit à la Chambre mardi dernier que ce projet de loi coûterait 90 millions de dollars. Le lendemain, lorsqu'il a appris que l'étude réalisée par le directeur parlementaire du budget était sur le point d'être rendue publique, il s'est soudain ravisé et a dit qu'on parlait en fait de 2 milliards. Pour un seul projet de loi, le gouvernement fédéral devra débourser 2 milliards de dollars. C'est le ministre lui-même qui l'a dit. Et il y a 12 autres projets de loi comme celui-là qui s'en viennent.
Et il ne faut pas oublier que les 2 milliards en question couvrent seulement les coûts assumés par le gouvernement fédéral. On estime que du côté des provinces, dont la population carcérale va aussi augmenter lorsque le crédit de deux jours de détention pour un prendra fin, la facture devrait être de 5 à 8 milliards de dollars.
Bref, pour un seul projet de loi, le directeur parlementaire du budget estime que les Canadiens devront débourser 10 milliards de dollars. Et il en sera de même de ce projet de loi, qui fera lui aussi augmenter la population carcérale du pays.
Je tiens maintenant à parler de la manière pitoyable dont ce projet de loi est rédigé. Ce dernier prévoit en effet, avec l'assentiment du gouvernement, que les peines d'emprisonnement avec sursis ne pourront plus être imposées pour aucune des infractions prévues au Code criminel dont la peine maximale est de 14 ans ou l'emprisonnement à perpétuité.
Les députés savent-ils de quelles infractions on parle, au juste? Si je conviens moi-même qu'il y a certaines infractions pour lesquelles les peines avec sursis ne conviennent pas, qu'en est-il de la fabrication de faux actes testamentaires? Du parjure? Des fraudes de plus de 5 000 $? De la possession d'argent contrefait? Eh bien c'est pour ces infractions que le gouvernement actuel voudrait retirer aux juges la possibilité d'imposer des peines d'emprisonnement avec sursis.
Or, une telle peine pourrait convenir tout à fait pour des infractions de ce genre. Il y a des gens qui sont toxicomanes et qui ont désespérément besoin d'argent. Que font-ils? Ils fabriquent de l'argent. Ou encore il commettent une fraude de plus de 5 000 $. Ce n'est pas une très grosse somme de nos jours. Donc ils commettent une fraude de 6 000 $ ou 7 000 $. Il se pourrait qu'il convienne tout à fait de condamner ces gens à purger une peine dans la collectivité et à suivre un traitement de désintoxication, afin de régler le problème à la base. Ce projet de loi ne permettrait plus d'employer cette solution.
Je veux parler un peu des victimes et de l'idée de réparation. L'ombudsman fédéral des victimes, que le gouvernement a laissé partir il y a tout juste deux semaines, a dit que l'une des choses les plus importantes pour une victime, c'est qu'elle sache que le criminel qui s'en est pris à elle suit un programme de réadaptation. La réadaptation du contrevenant intéresse directement la victime. Cela favorise sa propre guérison. Elle veut avoir l'assurance que, au moins, la personne qui lui a fait du tort, qui a commis un crime à son endroit, ne récidivera pas, que personne d'autre ne subira les profondes souffrances qu'elle a subies aux mains de cette personne.
Donc, avec une possibilité de sursis, si le contrevenant a un emploi dans la collectivité et qu'il se fait imposer une amende ou l'obligation de restituer ce qu'il a pris à la victime, ne faisons-nous pas ce que les Canadiens souhaitent? Qu'est-ce que ça nous donne de dire « Non, nous allons retirer ces gens de la société, leur faire perdre leur emploi et les mettre en prison pendant 18 mois. Voilà qui est mieux. » Ce n'est certainement pas mieux. C'est ridicule.
Nous voulons que ces contrevenants, dans ce cas, travaillent dans la collectivité et assument la responsabilité de leurs actes en offrant réparation à leurs victimes. Pour ce faire, il faut généralement que ces gens continuent à travailler, qu'ils gardent leur emploi, afin d'avoir les moyens de payer leur amende ou de restituer ce qu'ils doivent aux victimes. C'est parfois aussi nécessaire pour qu'ils obtiennent les services et le traitement requis, afin que la victime ait l'assurance que cette personne ne commettra pas d'autre crime.
Nous savons qu'il en coûte environ 100 000 $ par année pour garder un homme en prison, et environ 140 000 $ dans le cas d'une femme. Dans une prison provinciale, un détenu coûte environ 52 000 $ annuellement. Garder un contrevenant dans la collectivité sous surveillance, dans le cas d'un sursis, coûte 2 398 $ par année.
Récapitulons les faits. À ce jour, les peines avec sursis ne posent aucun problème, personne ne peut dire le contraire. Elles donnent beaucoup de latitude aux juges pour imposer une peine appropriée. Les peines avec sursis sont meilleures pour les victimes, la réinsertion et la réparation des torts. Leur application représente approximativement 3 p. 100 du coût d'incarcération dans une prison fédérale et 5 p. 100 du coût d'incarcération dans une prison provinciale.
Le gouvernement parle des victimes, mais, à mon avis, les seules victimes de ces projets de loi sur la criminalité, ce sont les contribuables canadiens. Ce sont eux les vraies victimes et c'est là que le bât blesse. Tous ces projets de loi, qui sont présentés pour des raisons purement idéologiques, ont été mis à l'essai aux États-Unis. Nous n'avons nul besoin de deviner les répercussions qu'auraient ces projets de loi, car nous les connaissons. Le fait est que ces projets de loi coûteront des dizaines de milliards de dollars aux contribuables canadiens sans pour autant rendre nos collectivités plus sûres.
Permettez-moi de répéter. Après avoir dépensé tout cet argent, après tous les beaux discours, nous ne pouvons même pas dire que ces politiques réduiront le taux de criminalité. Comment le savons-nous? Parce que 30 États américains ont essayé ces mêmes méthodes dans les années 1980 et 1990. Nous connaissons les taux de criminalité dans ces États. Nous savons ce qui s'est passé lorsque les États ont construit des prisons plus grandes, ont sévi contre la criminalité et incarcéré plus de personnes dans des conditions plus dures pendant plus longtemps. Nous le savons. Le Canada n'a pas besoin de refaire la même erreur.
Nous pourrions examiner la possibilité de dépenser 20 ou 30 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années et tenir un bon débat pour déterminer si cela permettrait, à tout le moins, de faire baisser le taux de criminalité, mais nous savons que ce n'est pas le cas. C'est une mauvaise politique publique, c'est très mauvais sur le plan économique et ce n'est pas une bonne approche à l'égard de la justice pénale.
Je voudrais ajouter quelque chose au sujet de l'ancien ministre, car certains de ces mots ne sont pas les miens, mais bien ceux des députés ministériels. Il y a environ six mois, le , a déclaré que les malades mentaux ne devraient pas se retrouver dans nos prisons fédérales, car ce n'est pas le milieu qui leur convient. Quel est donc le milieu qui leur convient? Ils devraient vivre dans la collectivité et avoir accès aux services dont ils ont besoin pour gérer leurs problèmes mentaux. Comment y arriver? Grâce aux peines d'emprisonnement avec sursis. Ce projet de loi peut-il cadrer avec les propos du ? Impossible.
Dans l'affaire de R. c. Proulx, la Cour suprême du Canada a examiné la question des peines d'emprisonnement avec sursis et voici ce qu'elle a conclu:
[...], lorsque les objectifs de réinsertion sociale, de réparation des torts causés et de prise de conscience des responsabilités peuvent réalistement être atteints [...], l'emprisonnement avec sursis sera vraisemblablement la sanction appropriée [...].
La Cour suprême a conclu que la peine d'emprisonnement avec sursis pouvait fournir suffisamment de considérations de dénonciation, en particulier lorsque des conditions très strictes étaient imposées. Elle a également conclu qu'une peine d'emprisonnement avec sursis pouvait avoir un effet dissuasif lorsqu'elle s'accompagne d'un nombre suffisant de conditions punitives.
Le plus haut tribunal du pays, les meilleurs juristes, ont étudié la question des peines d'emprisonnement avec sursis pour conclure qu'elles ont un effet dissuasif sur les criminels. Elles permettent de dénoncer l'activité criminelle et, le plus souvent, elles sont les peines les plus efficaces pour favoriser la réinsertion sociale, la réparation et le sens des responsabilités.
Je vais terminer en parlant des victimes. En effet, les néodémocrates se préoccupent des victimes dans ce pays. Voici ce que souhaitent les victimes. Elles veulent que nous dénoncions le crime et que nous dissuadions les criminels. Elles veulent avoir l'assurance que les délinquant sont réadaptés, que lorsqu'ils réintègrent la collectivité, ils ne peuvent plus leur causer aucun tort. C'est pourquoi nous avons besoin de politiques intelligentes, non pas sévères, mais intelligentes. Les peines d'emprisonnement avec sursis nous permettent d'atteindre ces objectifs.
J'encourage tous les députés à étudier soigneusement les faits, à mettre toute idéologie de côté et à élaborer une politique pénale canadienne efficace, intelligente, une politique conforme aux souhaits des Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur le projet de loi . Je suis d'autant plus heureux parce que nous avons eu, ce matin, une excellente présentation de notre collègue de sur cet important projet de loi lors de la réunion de notre caucus.
Au Bloc québécois, je suis organisateur en chef. J'ai donc aussi un volet politique. Avant d'aller plus loin en ce qui a trait au projet de loi , je vais essayer de démontrer le désarroi politique des conservateurs qui s'exprime par ce projet de loi,
Il faut se souvenir que lorsque les conservateurs se sont fait élire en 2006 et 2008, ils avaient présenté certains grands points dans leur programme électoral, dont la transparence. Force est de constater qu'avec le dossier des prisonniers afghans, le président de la Chambre a été dans l'obligation de rappeler à l'ordre les conservateurs. Le dossier de la transparence ne peut donc plus être utilisé politiquement par les conservateurs.
Par la suite, qu'on se souvienne de la probité. On venait de mettre un terme au régime libéral avec le scandale des commandites. Les conservateurs voulaient donc se montrer plus blanc que blanc. C'était leur façon de se présenter comme l'alternative aux libéraux qui faisaient face à des accusations de corruption.
Au cours des dernières semaines, avec l'affaire Rahim Jaffer et de l'ancienne ministre de la Condition féminine, on a pu constater que les conservateurs refont ce que les libéraux faisaient dès qu'ils en ont l'occasion. Ils doivent donc mettre de côté le dossier de la probité.
Ils parlaient aussi d'économie. Ils se voulaient, eux, les grands défenseurs de l'économie. Ils disaient qu'ils allaient redresser l'économie. Ils ont pris de très malencontreuses décisions comme de réduire la TPS. C'était dans leur programme électoral. Cette mesure était dans leur programme électoral à deux reprises. Cela les a privés de 14 milliards de dollars. Aujourd'hui, on se retrouve avec un déficit qui frôle les 50 milliards de dollars. Ils essaient de blâmer l'économie mondiale. Il est vrai qu'il y avait la crise, mais les conservateurs se sont privés de revenus très importants par idéologie politique. Je me souviens qu'ils voulaient même remettre de l'ordre dans la caisse d'assurance-emploi. Les libéraux avaient puisé 54 milliards de dollars dans cette caisse pour les réinvestir dans le fonds consolidé et payer d'autres dépenses plutôt que d'affecter cet argent à l'assurance-emploi.
Depuis les dernières semaines, les ministres du gouvernement disent qu'il n'y a plus de surplus à la caisse d'assurance-emploi. On aura un déficit annuel. Les 50 milliards de dollars sont disparus. Les libéraux les ont dépensés, mais les conservateurs ont oublié de dire qu'ils ont fait 50 milliards de dollars de déficit cette année.
Que leur reste-t-il comme argument politique? Il leur reste l'approche tough on crime. C'est ce qui leur reste. C'est pourquoi je parlais du désarroi des conservateurs.
Il faut regarder le titre du projet de loi C-16. C'est de toute beauté! Le projet de loi reprend exactement les dispositions du projet de loi qui est mort au Feuilleton à cause de la prorogation. Encore une fois, ils ont utilisé le Parlement à des fins partisanes. Le projet de loi se définit maintenant comme étant la Loi mettant fin à la détention à domicile de contrevenants violents et dangereux ayant commis des crimes contre les biens ou d'autres crimes graves. Le projet de loi , qui est en fait le même projet de loi, était connu comme étant la Loi mettant fin à l'octroi de sursis à l'exécution de peines visant des crimes contre les biens ainsi que d'autres crimes graves.
Le désarroi conservateur est là. Ils essaient par tous les moyens de montrer qu'ils sont tough on crime et qu'ils tenteront de défendre la population, alors que c'est un projet de loi loi qui touche tout à fait autre chose que les crimes.
Dans le titre, Loi mettant fin à la détention à domicile de contrevenants violents et dangereux ayant commis des crimes contre les biens ou d'autres crimes graves, on essaie de nous démontrer que cela va régler le cas de criminels extrêmement violents, alors que lorsqu'on parle de peines avec sursis. On est donc loin de l'extrême violence que suggère le titre.
Avant 1996, une personne reconnue coupable d’une infraction criminelle et condamnée à une peine d’emprisonnement de moins de deux ans devait purger sa peine en détention dans une prison. La personne détenue cessait alors ses activités régulières — emploi, étude — et perdait la capacité d’assumer ses responsabilités familiales, professionnelles ou sociales.
L'emprisonnement avec sursis pour les adultes n'existe que depuis 13 ans. Le projet de loi devant nous modifie une loi qui n'existe que depuis 13 ans. L'emprisonnement avec sursis est entré dans la loi en 1996 par l'intermédiaire d'un projet de loi qui a reçu l'appui, à l'époque, du Bloc québécois. Notre parti trouvait important de créer une alternative à l'incarcération parce qu'un juge doit avoir le plus d'outils à sa portée pour élaborer la peine la plus appropriée et la plus susceptible de conduire à la réinsertion du contrevenant, tout en garantissant la sécurité de la population et l'apparence de justice.
Encore une fois, on tient compte de la sécurité de la population. C'est la première condition dont on doit tenir compte et c'est ce qu'a mentionné mon collègue de dans son brillant exposé de ce matin.
Avant de donner une peine avec sursis, le juge doit respecter une première condition, à savoir que la sécurité de la population n'est pas mise en danger. Si cette personne est dangereuse pour la communauté, le juge ne la remettra pas dans la communauté ou ne lui donnera pas une peine à passer dans la communauté. Il va tout simplement l'incarcérer.
Lorsqu'un individu est condamné à un emprisonnement avec sursis, cela signifie qu'il purge sa peine au sein de la collectivité. Il demeure donc en semi-liberté tant qu'il respecte les conditions obligatoires et facultatives que lui impose le tribunal.
La principale condition est la détention à domicile. En effet, les tribunaux ont décidé qu'une personne soumise à un sursis doit en principe être en détention à la maison pendant la durée de sa peine.
Avant 1996, une personne reconnue coupable d'une infraction criminelle et condamnée à une peine d'emprisonnement d'à peine quelques jours devait, dans tous les cas, purger sa peine dans une prison. L'objectif premier de l'emprisonnement avec sursis était de réduire le recours à l'incarcération en offrant un mécanisme de rechange aux tribunaux.
C'est là qu'on voit la démagogie conservatrice. Les conservateurs font comme dans le film À soir on fait peur au monde. Ils croient que beaucoup de criminels se promènent dans les rues, et qu'ils sont très violents et extrêmement dangereux. Alors, ils parlent de peines de moins de deux ans pour des crimes qui sont graves — un crime reste un crime —, mais pour lesquels on a essayé, depuis 1996, de miser sur la réinsertion: les jeunes vont à l'école, les pères de famille ont des emplois, etc.
Quand le juge a analysé le fait qu'il n'est pas un danger pour la société, on essaie de faire comprendre au contrevenant qu'il sera en semi-liberté, qu'il sera contrôlé, mais qu'il pourra conserver son emploi et de faire vivre sa famille plutôt que de faire comme avant 1996, où on l'aurait envoyé en prison, où il aurait perdu son emploi et où il n'aurait pas été capable de faire vivre sa famille.
Avant 1996, une personne reconnue coupable d'une infraction criminelle et condamnée à une peine d'à peine quelques jours devait purger sa peine. Depuis l'adoption de l'emprisonnement avec sursis, un juge peut donc condamner une personne qui ne représente pas un danger pour la sécurité de la population à purger une peine de moins de deux ans au sein de la collectivité.
Le Code criminel prévoit le respect de plusieurs conditions préalables pour que le juge puisse envisager une peine avec sursis. Il est important de comprendre cela. Une fois que les conservateurs ont décidé de nous faire jouer dans le film À soir on fait peur au monde, il faut essayer de comprendre si ce projet de loi va vraiment permettre d'envoyer en prison des criminels extrêmement dangereux. Le Code criminel a tout de même des exigences par rapport à la peine avec sursis. Entre autres, la personne doit être reconnue coupable d'une infraction qui n'est pas punissable d'une peine minimale d'emprisonnement.
Donc, il y a des peines minimales et, pour être éligibles à la peine avec sursis, les personnes ne doivent pas faire face à une infraction passible d'une peine minimale d'emprisonnement.
Le juge doit avoir établi que l'infraction devait donner lieu à une peine d'emprisonnement de moins de deux ans. Je le répète, un crime c'est un crime et c'est toujours grave. Toutefois, quand on est passible de peines de deux ans moins un jour, vous aurez compris que cela ne s'appliquent évidemment pas aux crimes les plus graves commis dans la société.
Le juge doit être convaincu que le fait de purger la peine au sein de la collectivité ne mettrait pas en danger la sécurité du public. Je parlais tout à l'heure du titre de cette loi: Loi mettant fin à la détention à domicile de contrevenants violents et dangereux ayant commis des crimes contre les biens ou d'autres crimes graves. Les conservateurs veulent être tough on crime. Toutes les semaines, ils essayent de changer l'opinion publique parce que cela va mal dans tous leurs autres secteurs politiques. Ils leur reste cela, être tough on crime. Évidemment, encore une fois, ils essaient de nous envoyer sur une mauvaise piste. En effet, les juges doivent être convaincus que le fait de purger la peine au sein de la collectivité ne mettrait pas en danger la sécurité du public. La première condition est donc que la personne qui a commis le crime ne soit pas quelqu'un qui soit un danger pour la société.
Le juge doit être convaincu que la peine avec sursis est conforme au principe de la détermination de la peine définie aux articles 718 et 718.2 du Code criminel. Évidemment, je ne suis pas un criminaliste. Tout à l'heure, si j'en ai le temps, j'arriverai à ces articles-là.
N'est pas admissible, si elle est poursuivie par mise en accusation, l'infraction passible d'une peine maximale de 10 ans ou plus, constituant une infraction d'organisation criminelle, une infraction de terrorisme ou de sévices graves à la personne, au sens de l'article 752. Donc, encore une fois, ces crimes-là ne sont pas éligibles aux peines avec sursis. On parle d'avoir été condamné pour avoir fait partie d'une organisation criminelle, pour une infraction de terrorisme ou pour avoir causé des sévices graves à la personne, donc lorsque des gens ont été blessés, lorsqu'il y a tentative de causer des blessures graves ou de meurtres, donc des infractions qui sont importantes.
Le projet de loi allonge la liste des infractions excluant le recours à l'emprisonnement avec sursis. Encore une fois, l'objectif des conservateurs est d'allonger la liste. Continuons donc notre rhétorique du départ à l'effet que les conservateurs ont des problèmes politiques avec tout le reste de leurs promesses électorales. Ils leur restent d'être tough on crime. Là, ils n'ont pas osé abolir la peine avec sursis. Ils se gardent probablement encore un autre projet de loi, dans quelques années, où ils rajouteront encore les sortes de crimes qui devraient être retirés de la peine avec sursis. Cela leur permettra de faire encore un peu de politique, de refaire jouer le film le soir et de faire peur au monde. C'est ça la réalité conservatrice.
Je ferai un petit aparté en passant. Les républicains ont fait cela. Le taux de criminalité aux États-Unis est de loin supérieur à celui du Canada et de très loin supérieur à celui du Québec. L'administration américaine a dû relâcher au cours des derniers mois au-dessus de 30 000 prisonniers, tout d'abord parce qu'on n'avait plus d'argent, on n'avait plus de place dans les prisons et on calculait que les crimes et les peines qui avaient été données seraient mieux gérés par un contrôle dans la société que de garder les personnes en prison.
Donc, probablement que pour des fins partisanes, pour des fins politiques, on veut se faire du capital politique pour essayer de rassurer les personnes qui ont subi des torts énormes avec des crimes graves. Oui, il y en a. Il y des gangs de rues. Des crimes sont commis, mais je n'ai jamais entendu le gouvernement allonger des millions et des milliards de dollars pour lutter contre le crime organisé, pour lutter contre les gangs de rues ou contre les crimes très graves, bien au contraire. Je ne l'ai pas entendu non plus annoncer de l'argent pour inciter à la réhabilitation.
Effectivement, comme nous le faisait très intelligemment comprendre le député de , les personnes qui ont commis des crimes et qui sont réhabilitées ne se vantent pas de cela. Prenez le temps de regarder autour de vous. Il y a des gens qui ont commis des crimes, qui ont eu la chance d'être réhabilités et qui sont aujourd'hui de bons et honnêtes citoyens. Le problème qu'on a avec eux, c'est qu'ils ne se vantent pas de cela, alors que c'est trop facile de suivre les médias et de regarder ce qui se passe à la télévision quand on est en mesure de mettre la main sur quelqu'un qui a commis un crime plus violent.
Comme je le disais, très intelligemment, très brillamment, notre collègue de nous disait qu'au moment où on se parle, tous les jours, il fallait tenter de s'imaginer combien de peines sont données dans tous les palais de justice du Québec et du reste du Canada.
Il peut arriver qu'il y ait des erreurs, mais doit-on condamner tout le système parce qu'un juge aurait erré dans une décision ou sur certaines choses? Je pense que c'est facile pour les conservateurs. Habituellement, quand il y a un palais de justice, il y a des caméras de télévision pas loin pour aller voir ce qui peut se passer. Cela fait partie du quotidien. On vit avec cela. Ce sont rarement les bonnes nouvelles qu'on annonce à la télévision. Ce sont plutôt les mauvaises qu'on aime monter en épingle. Cependant, sur les milliers de décisions rendues, je pense que par rapport à la façon dont la justice est administrée au Québec et au Canada, la moyenne est excellente. On a un très bon système de justice que nous ont légué nos ancêtres.
Le système de justice que nous avons, ce sont nos parents et nos grands-parents qui nous l'ont légué. C'est un choix. Je regarde la façon dont les conservateurs veulent le changer. On a un grand débat sur l'avortement en cette Chambre. C'est un dossier qui a été réglé par ceux qui nous ont précédés.
On essaie à tout bout de champ, pour des fins purement partisanes, de relancer des débats qui ont été carrément mis de côté. C'est encore une fois le drame de la partisanerie politique. Je dis souvent à des gens qui veulent bien m'entendre que le pouvoir rend fou et il y en a qui y sont très près quand on regarde les gens au pouvoir en cette Chambre. Encore une fois, c'est cette façon de presser le dernier citron qui reste aux conservateurs, soit l'approche tough on crime. C'est ce qu'on est en train de faire aujourd'hui avec le projet de loi .
Il faut être capable de regarder ce projet de loi de façon très respectueuse parce qu'on se dit que les cas qui seront soustraits à l'application de la loi touchent la peine avec sursis qui avait été incorporée en 1996. Comme je le disais, le projet de loi ne fait qu'allonger la liste des exceptions qui ne permettent pas le recours à l'emprisonnement avec sursis.
En termes d'ajouts, certains passages du projet de loi se lisent ainsi à l'article 742.1:
c) il ne s’agit pas d’une infraction poursuivie par mise en accusation et passible d’une peine maximale d’emprisonnement de quatorze ans ou d’emprisonnement à perpétuité; [...]
e) il ne s’agit pas d’une infraction poursuivie par mise en accusation et passible d’une peine maximale d’emprisonnement de dix ans, et, selon le cas:
(i) dont la perpétration entraîne des lésions corporelles,
(ii) qui met en cause l’importation, l’exportation, le trafic ou la production de drogues,
(iii) qui met en cause l’usage d’une arme;
f) il ne s’agit pas d’une infraction prévue à l’une ou l’autre des dispositions ci-après et poursuivie par mise en accusation :
(i) l’article 144 (bris de prison),
ii) l’article 172.1 (leurre),
(iii) l’article 264 (harcèlement criminel), [...]
(v) l’article 279 (enlèvement), [...]
(viii) l’alinéa 334a) (vol de plus de 5 000 $),
(ix) l’alinéa 348(1)e) (introduction par effraction dans un dessein criminel: [...]
(x) l’article 349 (présence illégale dans une maison d’habitation),
(xi) l’article 435 (incendie criminel: intention frauduleuse).
Cela peut être n'importe quel incendie criminel. Cela peut toucher une mobylette. C'est pourquoi il faut comprendre qu'en allongeant la liste d'infractions dans le cadre duquel un juge ne pourra plus recourir à l'emprisonnement avec sursis, on restreint le pouvoir de la loi adoptée en 1996.
Encore une fois, on restreint le pouvoir des juges et, je le répète, cela concerne les peines de deux ans et moins, donc deux ans moins un jour. C'est cela la réalité.
La liste est maintenant si longue que cela signifie pratiquement revenir en arrière de 10 ans alors que l'emprisonnement avec sursis n'existait pas comme moyen d'incarcération de rechange pour les adultes.
Les criminologues s'entendent déjà depuis longtemps pour dire que des peines plus sévères n'entraînent pas un fléchissement du nombre d'infractions. De récentes études confirment qu'il y a peu de corrélation entre la sévérité d'une peine d'emprisonnement et le nombre d'infractions. Or, faire connaître au public les taux d'arrestation ou accroître les risques de se faire arrêter sont deux moyens qui ont véritablement une incidence sur les modèles de délinquance.
Une peine d'emprisonnement avec sursis prévoit non seulement une sanction, mais également la réhabilitation et la justice réparatrice. Il s'agit d'une combinaison qui recèle plus de potentiel que l'incarcération dans un établissement de correction lorsqu'on se fixe pour but d'empêcher un contrevenant de continuer à mettre la population en danger après avoir purgé sa peine.
De plus, certaines peines d'emprisonnement avec sursis obligent le contrevenant à réparer les torts causés à la victime et à la société, tout en respectant des règles très sévères. Depuis l'an 2000...