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Monsieur le Président, puisque deux jours se sont écoulés depuis le début de mon intervention, j'aimerais prendre quelques instants pour rafraîchir la mémoire de la Chambre.
Ce débat a été lancé à la suite d'une enquête de l'Ottawa Citizen qui révélait qu'entre 1999 et 2007, les inspections gouvernementales de plus de 200 000 pompes à essence ont permis de conclure qu'environ 5 p. 100 des pompes donnaient moins d'essence que le volume affiché au compteur. Selon les données d'inspection du gouvernement, dans environ un tiers des stations d'essence au Canada, soit environ 14 000, il y avait au moins une pompe défectueuse. Ces données ont été recueillies il y a plus de trois ans, et le gouvernement n'a encore rien fait pour corriger la situation.
La plupart des députés ne seront pas surpris d'apprendre que dans ma circonscription, Algoma—Manitoulin—Kapuskasing, le prix de l'essence est astronomique. Quand nous entendons Mesures Canada dire que 5 p. 100 des pompes donnent moins d'essence que ce qu'elles indiquent, nous nous sentons encore plus vulnérables compte tenu du prix déjà élevé que nous payons.
Les néo-démocrates entretiennent certaines réserves à l'égard de ce projet de loi et je crois que les députés les ont déjà entendues. Néanmoins, il convient de répéter certaines d'entre elles pour les citoyens qui commencent tout juste à s'intéresser à ce débat.
J'aimerais parler du prix de l'essence qu'affichent certaines stations-service dans ma circonscription à l'heure actuelle. Lundi, à Elliot Lake, le prix était de 105,3 ¢ et aujourd'hui de 104,9 ¢. À Espanola, le prix est de 105,9 ¢ aujourd'hui. Lundi dernier, le prix était de 1,10 $ à Kapuskasing. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de vérifier le prix affiché aujourd'hui. À Sault Ste. Marie, le prix était de 106,9 ¢ lundi et de 104,9 ¢ à Sudbury.
Le prix de l'essence est plus élevé dans les régions rurales du Canada que dans les villes. J'aimerais lire quelques courriels que j'ai reçus au cours des dernières années. Je les ai choisis au hasard, parce qu'il est important de montrer que, année après année, les citoyens de ma région ont exprimé des inquiétudes. Voilà le courriel d'Eric Vincent, d'Elliot Lake. Il dit:
Le prix quotidien de l'essence, affiché sur le site web [du député de Pickering—Scarborough-Est] prouve que les deux stations-service d'Elliot Lake ne baissent pas leur prix lorsque les autres le font et qu'elles ne le baissent pas assez rapidement, lorsque, finalement, elles le baissent.
J'ai l'impression que nous sommes continuellement surfacturés ici. Par exemple, nous ne sommes pas plus loin des raffineries qu'Ottawa. Comme à Ottawa, les camions-citernes viennent livrer l'essence un à la fois. Ici, ils la livrent aux deux seules stations-service qui, ensuite, affichent toujours exactement le même prix pour l'essence.
Chaque jour, nous entendons que les prix baissent partout en Ontario, mais nos stations-service affichent toujours le même prix, longtemps après que les prix ont baissé ailleurs.
Par exemple: notre prix ici [21 novembre 2008] est de 91,9 cents le litre depuis plusieurs semaines, alors que le prix de l'essence est de 73,5 cents le litre à Ottawa. C'est une différence incroyable de 20 p. 100 en date d'aujourd'hui.
Si vous étiez en mesure de joindre le baron de l'essence par téléphone pour l'informer qu'il doit, sans attendre, réduire cet important écart, je suis certain que l'équité à la pompe ne se ferait pas attendre et que les prix seraient changés quotidiennement ici à Elliot Lake et partout dans votre circonscription.
Voilà pourquoi nous avons besoin d'une commission et d'un ombudsman.
Voici un autre courriel, cette fois-ci de Maurice Drolet qui dit ceci:
Comme vous l'avez peut-être remarqué, le prix de l'essence a augmenté considérablement au cours du mois dernier. Je ne comprends pas pourquoi l'essence est nettement plus chère ici dans le Nord-Est de l'Ontario que partout ailleurs alors que nous avons besoin de véhicules parce qu'il n'y a ni transport en commun, ni métro. Au prix actuel du baril de pétrole, nous payions environ 78 ¢ le litre [le 13 février 2009], mais nous payons maintenant 91,9 ¢ le litre. Les habitants du Nord devraient entendre aux nouvelles et lire dans les journaux que vous protestez haut et fort contre le gouvernement au sujet de ce scandaleux manque d'intérêt à notre égard.
Ce n'est pas la première fois que je soulève à la Chambre les problèmes du prix de l'essence et du vol à la pompe. Voici un courriel de Jerry Allen qui a écrit ceci le 2 mars 2009:
À l'instar de nombreuses autres personnes, je me demande si le gouvernement va laisser les pétrolières exploiter les consommateurs encore longtemps. Le prix du baril de pétrole a chuté considérablement, mais le prix du litre d'essence N'A PAS diminué proportionnellement.
Le 18 novembre 2009, Garland Sullivan a écrit ceci:
[...] En allant à Sudbury l'autre jour, j'ai fait le plein d'essence à Thessalon où j'ai payé 1,06 $ le litre. Quand je suis arrivé à la sortie d'Espanola, l'essence était à 93 ¢ le litre. À Sudbury, j'ai vu deux stations où l'essence se vendait à 92 ¢ le litre.
Comme j'ai travaillé dans le secteur du transport presque toute ma vie, je sais qu'on ne peut absolument pas justifier une si grande différence de prix pour transporter de la marchandise. Je sais aussi que les dépenses de fonctionnement d'une entreprise à Sault Ste. Marie ne sont pas plus élevées qu'à Sudbury. Cela m'amène donc à dire que ce sont les habitants du Nord qui sont pénalisés. Que peut-on faire face à une telle situation qui est ni plus ni moins une gifle pour les gens du Nord qui ont besoin de mazout et d'essence? À ce jour, je n'ai entendu PERSONNE défendre notre cause, celle des habitants du Nord.
Je voulais simplement vous faire partager ce secret.
Je tiens à ce que les Canadiens sachent que nous avons certainement soulevé cette question à la Chambre au nom des habitants du Nord et qu'il est préoccupant de voir que personne ne semble être entendu.
Certaines personnes disent que le prix de l'essence dépend de l'endroit où on se trouve dans le Nord, des marchés et du coût du baril de pétrole. Je me suis rendue dernièrement à une réception sur la Colline en compagnie de fournisseurs d'essence. On m'a dit que, si la station-service vend d'autres choses, le propriétaire peut faire des profits sur ces produits et se permettre d'en faire un peu moins sur l'essence vendue.
Mon collègue, le député de , et un collègue provincial ont parlé du prix de l'essence et du fait qu'une caisse de bière se vend au même prix, peu importe où on l'achète. On m'a aussi dit qu'un détaillant qui écoule beaucoup d'essence peut la vendre à rabais, car s'il l'achète en gros, il la paie moins cher. Eh bien, même si un magasin vend plus de bière que d'autres, la caisse est toujours au même prix, peu importe où on l'achète.
Je reçois régulièrement des appels au sujet de l'exactitude à la pompe et, évidemment, au sujet du prix élevé de l'essence, comme je l'ai mentionné. C'est une question qui soulève les passions dans ma circonscription, Algoma—Manitoulin—Kapuskasing.
J'aimerais lire un autre commentaire, que j'ai reçu le 10 mai. M. Tracy, de Little Current, parle du prix du pétrole brut et de l'écart entre le prix du baril de pétrole brut, qui est de 20 $ à la sortie du puits, et le prix mentionné à la télévision, qui est d'environ 90 $ le baril. Voici ce qu'il écrit:
Bien que le Canada pompe 2 millions de barils de pétrole brut par jour, les Canadiens se font rouler.
Par exemple, le prix du baril de pétrole annoncé à la télévision a baissé au cours de la dernière année pour atteindre environ 40 $. On a aussi dit à la population qu'il coûtait jusqu'à 140 $ le baril. POURTANT, LE PRIX DU BARIL DE PÉTROLE BRUT A TOUJOURS ÉTÉ INFÉRIEUR À 20 $ À LA SORTIE DU PUITS.
Nous devons examiner attentivement le contenu de ce projet de loi. Une mesure législative de ce genre est attendue depuis longtemps. Sur papier, le projet de loi semble logique. Pourtant, il est difficile de l'appuyer dans sa forme actuelle, ce qui est bien dommage. L'idée est bonne, mais elle est encore enveloppée dans le même vieil emballage conservateur.
La façon dont le secteur privé est utilisé dans ce projet de loi prend un caractère quasi officiel. C’est le premier niveau de bureaucratie qui décidera si le deuxième est nécessaire. Si je comprends bien, ce n’est guère plus qu’un processus de sélection. Les inspecteurs de Mesures Canada feront le vrai travail.
Le projet de loi ne prévoit pas de poste d’ombudsman, ce qui est une énorme omission, car il n’y a aucun recours. N’oublions pas que ce n’est pas toujours le consommateur qui a besoin de l’aide d’un ombudsman. Des taxes bien réelles ont été payées sur du carburant fantôme. On peut considérer la chose du point de vue qu’on voudra, il s’agit toujours de taxes payées sur rien du tout. Les consommateurs qui ont été volés n’ont aucun moyen de rentrer dans leur argent, et il n’y aura pas de remboursement des taxes perçues sur des achats d’essence fantômes.
Comme je l’ai dit à la Chambre en novembre 2008, est une vaste circonscription et les transports publics sont rares. Des choses qui vont de soi pour beaucoup de Canadiens, comme la capacité de se rendre au travail ou d’aller à un rendez-vous chez le médecin, peuvent être un casse-tête pour un grand nombre de mes électeurs, car les prix de l’essence dans ma circonscription sont bien plus élevés que dans beaucoup de grands centres. Ce n’est tout simplement pas juste. Quand des gens n’ont pas d’autres moyens que la voiture pour se déplacer, il est facile de comprendre leur exaspération lorsqu’ils savent qu’ils sont exploités à la pompe à cause de prix plus élevés, de l’inexactitude des mesures et de fausses températures.
Les renseignements recueillis montrent que l’automobiliste se fait rouler au moins deux fois l’an. Les résultats d’un examen des pompes, à Windsor, ont montré que 25 p. 100 de celles qui ont été inspectées sont inexactes. Cette étude a demandé plus de huit ans. Je rappelle encore aux députés que le consommateur n’obtient pas la quantité d’essence qu’il paie et que, de surcroît, il paie trop de taxes sur la quantité d’essence obtenue.
Les consommateurs se sont fait voler des millions de dollars et on leur dit maintenant qu’ils vont devoir se contenter d’un processus qui ne fera pas grand-chose pour régler tous les problèmes liés à cette exploitation du consommateur.
Par la Loi sur l’équité à la pompe qui est proposée, le gouvernement fédéral se retire de l’inspection et laisse l’industrie pétrolière se discipliner elle-même. Cela dépasse l’imagination.
Mon collègue de , qui est le porte-parole du NPD pour les questions relatives à l'industrie, à l'automobile et aux frontières a dit:
Ce qui est le plus choquant, ce n'est pas que nous ayons pris connaissance de tout cela grâce à la demande d'information présentée par un média, mais plutôt que le ministre n'ait pas même rencontré les sociétés pétrolières pour corriger les importantes anomalies décelées dans le quart des pompes de la région de Windsor et d'Essex qui volent les consommateurs canadiens. Une telle escroquerie doit cesser immédiatement [...]
Il est injuste que les Canadiens soient floués à la pompe alors que les grandes sociétés pétrolières continuent d'enregistrer des profits records. Nous mettons le gouvernement au défi d'affronter ses bons amis des pétrolières et d'assurer l'équité à la pompe.
J'ai soulevé la question à la Chambre en novembre 2008 et encore une fois le 11 février dernier dans le discours que j'ai prononcé à la suite du dépôt du budget. J'ai alors dit au gouvernement qu'il était inacceptable que les gens du Nord de l'Ontario paient des prix ridiculement élevés pour l'essence, alors que le prix du baril de pétrole chute.
Monsieur le Président, malheureusement, il n'y a, à l'heure actuelle, aucun ministère ou organisme de surveillance qui se penche sur la question du prix élevé de l'essence ou de l'exploitation qui rend le prix de l'essence plus cher dans certaines sociétés et moins dans d'autres. C'est pour cette raison que la création d'un poste d'ombudsman qui pourrait surveiller ces opérations est si importante.
L'exploitation des consommateurs à la pompe est injuste, particulièrement dans les régions comme celles du Nord de l'Ontario où il n'y a pas d'autres moyens de transport efficaces. Nous devons assurer l'équité à la pompe pour tous les Canadiens.
J'aimerais vous lire quelques phrases que j'ai tirées d'un article paru dans l'Ottawa Citizen du lundi 12 mai:
La plupart des erreurs à la pompe étaient minimes, de 30 ¢ à 60 ¢ par plein au prix actuel. Cependant, le degré d'inexactitude de certaines pompes était beaucoup plus important. L'année dernière, dans une station service située près de Chatham, en Ontario, une pompe flouait les consommateurs dans une proportion d'un litre et demi par réservoir de 50 litres, ce qui équivaut à la capacité des réservoirs de la plupart des autos intermédiaires. Les conducteurs faisant le plein à une pompe située à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador, auraient été obligés de se payer deux litres supplémentaires pour terminer leur plein. Chez un pompiste de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, un plein aurait coûté 2,25 $ de plus que nécessaire.
La même chose se produit à la grandeur du Canada. L'article poursuit:
Mesures Canada fait des inspections en prenant comme référence les valeurs définies dans la Loi sur les poids et mesures, aux termes de laquelle la marge d'erreur maximale pour les distributeurs d'essence est de 100 millilitres par 20 litres d'essence pompée, soit l'équivalent de 0,5 p. 100, une norme reconnue internationalement.
Cela signifie qu'en remplissant un réservoir de 50 litres au prix actuel, une pompe peut flouer le consommateur d'environ 30 ¢ d'essence tout en restant dans la marge de tolérance admissible.
Comme je l'ai mentionné, en théorie, le projet de loi semble être un pas dans la bonne direction, mais nous avons encore de nombreuses réserves, notamment en ce qui concerne la privatisation des services d'inspection. Les inspections fréquentes, dorénavant obligatoires, doivent être faites par les nouveaux fournisseurs de services autorisés du secteur privé. Nous demandons à l'industrie de se surveiller elle-même. C'est une erreur.
Nous savons pourtant ce qui s'est produit dans le secteur forestier lorsque nous avons demandé aux entreprises de s'autodiscipliner. Nous pourrions aussi bien dire aux criminels que nous allons les mettre en prison, mais qu'une fois en probation ils pourront se surveiller eux-mêmes. De la même façon, nous pourrions condamner des délinquants à la détention à domicile en comptant sur eux pour suivre les directives.
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Monsieur le Président, j'ai écouté attentivement les discours prononcés sur le projet de loi . La députée d' a raison lorsqu'elle dit qu'il faut examiner ce projet de loi en détail.
Je suis également inquiète qu'on demande à l'industrie pétrolière de juger elle-même ses agissements. On demande aux pétrolières d'évaluer elles-mêmes la justesse avec laquelle elles respectent les lois. C'est incroyable. Elles sont juges et parties. Le Bloc québécois a la solution, et c'est le projet de loi , qui sera débattu un peu plus tard aujourd'hui.
Le projet de loi m'interpelle aussi directement. Je fais fréquemment l'aller-retour entre Ottawa et ma circonscription de Vaudreuil-Soulanges. Évidemment, je dois faire la route avec ma voiture. Chaque fois que j'arrête pour faire le plein dans une station pétrolière, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi les prix diffèrent autant entre les régions. Dans une même ville ou un arrondissement de quelques kilomètres, les prix sont les mêmes ou peuvent différer étrangement de plusieurs cents le litre.
Je me demande souvent si les prix à la pompe sont exacts. Voilà certaines raisons qui expliquent mon intérêt à en débattre aujourd'hui. Je constate que le projet de loi C-14 est un bon début, et en ce sens, je suis favorable à son principe. Il modifie la Loi sur l'inspection de l'électricité et du gaz et la Loi sur les poids et mesures. Cependant, le projet de loi ne permet pas de répondre directement aux problèmes de collusion entre les pétrolières ni de prévenir efficacement les hausses soudaines du prix de l'essence. Je continue à croire qu'il est essentiel de poursuivre les efforts en ce sens et d'encourager l'adoption du projet de loi .
Afin de mieux comprendre la position du Bloc québécois, il est nécessaire d'analyser ce que propose le projet de loi. Comme son titre l'indique, le projet de loi apporte deux modifications à deux lois distinctes. Il modifie la Loi sur l'inspection de l'électricité et du gaz en proposant d'augmenter le montant des amendes prévues pour les infractions, en plus de punir les récidives. Ensuite, il modifie la Loi sur les poids et mesures en établissant l'obligation, pour les détaillants, de faire examiner dans un délai réglementaire les outils qu'ils utilisent dans le commerce ou en leur possession. Le non-respect de cette clause pourrait entraîner certaines sanctions.
Le projet de loi instaure des amendes pour les violations de la Loi sur l'inspection de l'électricité et du gaz. Ainsi, un enquêteur constatant une violation au règlement aurait la possibilité de contraindre le contrevenant à assumer le paiement de la peine imposée.
De plus, pour contester sa peine, le défendeur devra être en mesure de démontrer qu'il a pris tous les moyens et les précautions possibles afin d'éviter la perpétration de l'infraction.
Un autre point intéressant est que les peines imposées peuvent devenir cumulatives. En effet, si un défendeur est reconnu fautif sur une période continue, chaque jour où il y a violation du règlement compte pour une infraction distincte. Cette mesure est plus contraignante. Elle oblige les défendeurs à agir avec célérité et, surtout, à effectuer les modifications nécessaires pour se conformer à la loi.
Ensuite, le projet de loi C-14, toujours dans la section des modifications de la Loi sur l'inspection de l'électricité et du gaz, permettra au de rendre publics les noms et les adresses des personnes qui ont enfreint la loi. L'avantage de rendre ce genre d'information disponible est que la population aura la possibilité de ne plus aller chez le détaillant fautif.
Nous avons noté qu'être reconnu coupable en vertu de la présente loi n'engage aucune condamnation en vertu du Code criminel. Donc, aucun casier judiciaire ne sera créé lorsqu'un individu sera reconnu coupable en vertu du projet de loi C-14. Il faudrait examiner cela plus en détail en comité.
Le projet de loi C-14 modifie la Loi sur les poids et mesures. L'une de ces modifications permettrait aux enquêteurs d'entrer chez un détaillant. Quand l'enquêteur nommé par le gouvernement aura des raisons de croire qu'une faute a été commise, il pourra examiner et saisir tout document pouvant prouver qu'il y a une infraction. Selon cette disposition, l'enquêteur aura même la possibilité de restreindre l'accès des lieux et, par la suite, d'exiger la fermeture des équipements fautifs.
Les peines associées au projet de loi C-14, en lien avec les modifications sur les poids et mesures, augmentent considérablement. Une personne reconnue coupable par le présent projet de loi se verra donner une amende non pas de 1 000 $, comme c'est présentement le cas, mais une amende pouvant atteindre 10 000 $, en plus de la possibilité d'avoir une peine d'emprisonnement d'au plus six mois, et ce, pour une première infraction.
S'il y a une mise en accusation lors de la première infraction, le montant augmente à 25 000 $ et il peut être accompagné d'une peine de prison maximale de deux ans. S'il y a récidive du fautif, le projet de loi prévoit augmenter la peine maximale à 20 000 $, et si la poursuite met en accusation le récidiviste, le montant peut atteindre 50 000 $ avec une possibilité d'emprisonnement maximal de deux ans.
J'ai bien hâte d'entendre l'argumentaire du ministre sur cette question, lorsque les fonctionnaires comparaîtront au Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie pour expliquer la justification de ces peines et nous donner plus de détails sur les problèmes relatifs aux pompes.
Enfin, tout comme les modifications apportées à la Loi sur l'inspection de l'électricité et du gaz, les changements proposés à la Loi sur les poids et mesures permettront de cumuler les peines pour chacun des jours visés où le défendeur est reconnu fautif. On introduit des peines plus sévères et on insiste pour imposer des peines cumulatives. On veut donc punir les récidivistes. C'est en gros ce qu'on veut faire à cet égard.
Le Bloc québécois a plusieurs inquiétudes. Lorsque le gouvernement conservateur a prorogé la session parlementaire en décembre, le Bloc québécois a mis en branle une tournée prébudgétaire. J'ai rencontré plusieurs citoyens et différentes associations de Vaudreuil-Soulanges afin de connaître leurs revendications et leurs attentes à l'égard du budget. Ces rencontres m'ont permis de confirmer que l'environnement et l'économie font partie des principales préoccupations de la population. Le document Saisir l'occasion pour le Québec explique les positions du Bloc québécois.
Comme je l'ai dit dans mon discours, le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi , mais le projet de loi est aussi une réponse directe aux problèmes liés à la concurrence, dont mes collègues de et de parleront un peu plus tard aujourd'hui.
Le projet de loi C-452 du Bloc québécois répond aux lacunes du projet de loi C-14. Au risque de me répéter, nous avons des inquiétudes par rapport au projet de loi C-14. Mais comme nous sommes un parti responsable et sérieux, nous apportons des solutions.
En réponse au projet de loi C-14 et aux lacunes des mesures établies par la loi de mise en oeuvre du budget de janvier 2009, nous proposons le projet de loi C-452, qui donnerait un véritable pouvoir au Bureau de la concurrence. Le bureau pourrait agir de son propre chef en instaurant des enquêtes, sans attendre la permission du ministre ou le dépôt d'un plainte. Lorsque le bureau aurait des doutes raisonnables, il pourrait enquêter.
Le projet de loi C-452 donnerait plus de force au Bureau de la concurrence et permettrait de mieux protéger la population contre les écarts de conduite de certaines entreprises qui, par leur position, pourraient avoir l'intention de dépouiller et de faire payer le prix aux consommateurs de façon injuste.
Nous avons aussi d'autres pistes de solution. Mes collègues du Bloc québécois et moi-même croyons fermement que nous devons adopter une stratégie globale pour faire face aux hausses du prix des produits pétroliers. Trois critères sont nécessaires pour appliquer cette stratégie globale.
Pour que notre stratégie globale soit un succès, le premier critère est le suivant: continuer d'encourager les initiatives qui permettent de diminuer notre dépendance au pétrole. L'augmentation du prix du pétrole appauvrit le Québec. Cette hausse a des répercussions dans plusieurs autres sphères d'activité économique. L'accroissement des exportations du pétrole albertain, par ricochet, tend à augmenter la valeur du dollar canadien. Ce sont nos entreprises manufacturières qui en souffrent.
Pour sortir de la dépendance envers le pétrole, le Bloc québécois propose trois pistes, dont mes collègues peuvent lire tous les détails sur le site Internet du Bloc québécois, car le document est public.
Il faut accroître le budget du programme écoÉnergie pour le chauffage renouvelable et en étendre la portée à la production d’énergie thermique pour y inclure la biomasse forestière.
Il faut mettre en place un programme de soutien à la production d'énergie et d'éthanol avec les résidus forestiers. Il faut stimuler la recherche et développement de nouveaux produits. Cela pourrait se faire au moyen de crédits d'impôt remboursables à la recherche et développement dont les entreprises pourraient bénéficier même si elles sont à l'étape du développement et qu'elles ne font pas encore de profit.
Il existe plusieurs autres suggestions et mesures pour diminuer notre dépendance au pétrole. Il s'agit seulement d'être audacieux et d'avoir à coeur l'importance d'agir maintenant au niveau de l'environnement, d'avoir un souci de ce que les consommateurs, de ce que nos concitoyens, les Québécoises et les Québécois paient lorsqu'ils consomment des produits pétroliers.
De plus, le projet de loi répond à un des critères. Il a comme objectif de discipliner l'industrie pétrolière. Comme parlementaires, nous devons démontrer à la population que nous sommes présents pour défendre l'intérêt du public.
Pour discipliner l'industrie, j'encourage les députés à appuyer le projet de loi puisqu'il donne plus de pouvoirs au Bureau de la concurrence. En ce sens, le gouvernement devrait s'engager à mettre sur pied une agence de vérification et de surveillance du secteur pétrolier. Il est temps que les pétrolières respectent la population. Elles doivent rendre des comptes.
Enfin, le dernier critère serait de faire contribuer l'industrie pétrolière. Les prix du pétrole augmentent, ce qui a comme conséquence de faire hausser les prix du transport et le coût de plusieurs articles de consommation. Suivant cette logique, l'industrie pétrolière engrange d'énormes profits. La moindre des choses serait que ces entreprises paient leur juste part des impôts.
Nous demandons, dans notre stratégie globale pour faire face à la hausse du prix des produits pétroliers, que les avantages fiscaux soient complètement abolis. En 2003, le gouvernement a fait diminuer de 28 à 21 p. 100 le taux d'imposition des pétrolières. En 2007, le gouvernement conservateur a proposé une autre diminution de l'impôt et, en vertu de l'énoncé économique de 2007, le taux d'imposition des pétrolières sera de 15 p. 100 en 2012. Est-ce normal qu'un secteur d'activité aussi riche bénéficie d'autant d'avantages fiscaux?
L'industrie pétrolière doit être une solution au problème. En économisant près de 3,6 milliards de dollars, les entreprises pétrolières privent la population de 3,6 milliards de dollars qui pourraient être réinvestis dans la société.
Notre stratégie globale pour faire face aux hausses du prix des produits pétroliers est raisonnable et réalisable. Seulement trois critères peuvent changer directement notre façon d'agir face au pétrole. Il faut diminuer notre dépendance au pétrole, il faut faire contribuer l'industrie pétrolière en éliminant les avantages fiscaux et, enfin, il faut discipliner l'industrie pétrolière avec le projet de loi .
Je vais faire un petit rappel historique. En mai 2003, devant le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, le commissaire de la concurrence soulevait le problème que le Bureau de la concurrence n'avait pas le pouvoir de déclencher une enquête par lui-même.
Depuis 2003, les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas agi. Le gouvernement n'agit jamais lorsque le prix de l'essence fluctue. Son inertie est justifiée, selon lui, par le fait que le Bureau de la concurrence n'est pas en mesure de prouver qu'il y a des ententes entre les pétrolières pour fixer le prix de l'essence.
Une voix: Bien voyons, c'est bien évident.
Mme Meili Faille: Comment peut-on donner un pouvoir d'enquête à une institution quand celle-ci doit se plier à la volonté du ministre ou encore lorsque cette institution doit agir après avoir reçu une plainte?
Au Bloc québécois, on se demande pourquoi il faut attendre une plainte et une demande du ministre avant d'agir. Si le Bureau de la concurrence a des informations qui lui permettent de croire qu'il y a collusion, celui-ci devrait pouvoir instaurer une enquête sur-le-champ.
Toujours en 2003, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie concluait son étude sur la fluctuation du prix de l'essence en soumettant certaines recommandations. La première visait à créer un office de surveillance des produits pétroliers. La seconde visait à resserrer la Loi sur la concurrence.
Selon le comité, cet office aurait permis de dissiper les confusions qui existaient auprès de la population au sujet de l'établissement des prix de l'essence en fournissant les données existantes au public. L'office aurait à assurer la supervision de tous les aspects de cette activité.
La même année, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie précisait les changements qu'il espérait voir adopter à la Loi sur la concurrence.
Évidemment, le Bloc québécois est en accord avec cette recommandation, et il a insisté pour que le gouvernement respecte les travaux du comité et qu'il accepte d'instaurer cet organe de surveillance, chose qui n'a pas été appliquée. En réponse au comité, le gouvernement de l'époque disait ne pas croire nécessaire de créer cet office de surveillance. Au contraire, il prônait le statu quo.
En 2005, le Parti libéral du Canada avait proposé, par l'entremise du projet de loi , des amendements à la Loi sur la concurrence permettant la mise en place de mesures d'atténuation d'une hausse de prix du pétrole. Notons que, encore une fois, le gouvernement, dans son projet de loi C-19, n'intégrait pas les recommandations du Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie. Le comité avait recommandé de renverser le fardeau de la preuve pour traiter les ententes entre concurrents et de rendre possible pour le Tribunal de la concurrence d'accorder, le cas échéant, des dommages et intérêts aux parties lésées par des pratiques restrictives de commerce.
La première recommandation avait pour objectif d'obliger les parties qui désirent conclure une entente entre concurrents à prouver la valeur sociale de celle-ci. La deuxième recommandation du Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie aurait permis un certain retour du balancier étant donné que des mesures restreignant les pratiques commerciales auraient pu être imposées envers les fautifs.
On devine ce qui est arrivé. Le projet de loi est mort au Feuilleton puisqu'il avait été déposé juste avant la période électorale. C'est pourquoi, en 2007, le Bloc québécois avait proposé le projet de loi . Ce projet de loi avait franchi l'étape de la deuxième lecture, mais une nouvelle élection a forcé le rejet du projet de loi présenté par le Bloc québécois. En 2009, un peu plus récemment, le Bloc québécois constate que le gouvernement conservateur reprend une partie du projet de loi C-454. Toutefois, le gouvernement considère qu'il n'est pas nécessaire d'inclure la possibilité pour le Bureau de la concurrence d'enquêter lui-même.
Force est de constater qu'en 2010, rien n'a trop changé dans ce domaine. La diffusion de l'information ne s'est pas grandement améliorée et, surtout, aucun organisme ne régit l'attitude des pétrolières, bien au contraire.
Le gouvernement doit considérer les problèmes d'équité avec célérité, et je demande ce qu'il attend pour agir. Les consommateurs en ont assez de faire les frais de la fluctuation des prix à la pompe.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi . Je dédie mon exposé aux consommateurs canadiens, aux travailleurs qui utilisent leur véhicule chaque jour pour aller au travail, pour transporter leurs enfants et les membres de leur famille, bref, pour vivre. Le dossier du prix de l'essence et du manque de concurrence dans le domaine des carburants et des combustibles est très important pour eux, plus sans doute que pour nous les députés.
Je dédie aussi mon exposé aux petits propriétaires de stations-service indépendants, comme Lyle Hogan, de la rue St. George, à Moncton, au Nouveau-Brunswick. J'y reviendrai plus tard.
Je vais tout d'abord parler du cadre du projet de loi. Le projet de loi est le projet de loi très médiatisé du gouvernement sur l'équité à la pompe. Son objectif est de lutter contre la manipulation des pompes à essence, et le gouvernement l'a présenté comme étant la mesure que les consommateurs attendaient relativement à tous les problèmes que j'ai mentionnés. Il faut toutefois analyser le projet de loi pour déterminer s'il est conforme aux espoirs et aux attentes.
Le a fait beaucoup de bruit lorsqu'il a présenté le projet de loi le mois dernier. Son objectif est d'augmenter les peines imposées par les tribunaux pour les infractions à la Loi sur l'inspection de l'électricité et du gaz et à la Loi sur les poids et mesures. Le gouvernement a aussi fait grand cas de l'inspection et de l'application de la loi, qui sont, selon lui, des éléments clés du projet de loi.
[Français]
La Chambre devrait sans aucun doute prôner la protection des citoyens contre les pratiques déloyales des détaillants, la confiance dans l'exactitude des biens et services mesurés étant essentielle à la vitalité et l'efficience de l'économie canadienne.
[Traduction]
Premièrement, comme je l'ai brièvement mentionné, la Loi sur l'équité à la pompe prévoit augmenter les amendes et les sanctions administratives en cas de mesures inexactes. Je ne crois pas qu'on puisse s'opposer à cela.
Les amendes imposées par les tribunaux en vertu des deux lois que j'ai mentionnées passeraient, dans le cas d'infractions mineures, de 1 000 $ à 10 000 $ et, dans le cas d'infractions majeures, de 5 000 $ à 25 000 $. Encore une fois, je ne crois qu'on puisse trouver quelque chose à redire au fait d'imposer de telles amendes. On reconnaît maintenant qu'il s'agit d'infractions graves à la réglementation et qu'il faut intervenir. La loi répond également à une nécessité, soit de décourager les infractions à répétition concernant l'inexactitude des mesures. L'amende la plus grave s'élèvera à 50 000 $ en cas d'infractions à répétition. Ce n'est pas rien.
La loi prévoit également de nouvelles pénalités permettant une mise en application graduelle selon la gravité des différentes infractions. Les amendes imposées en cas d'infractions mineures et les poursuites judiciaires menées en cas d'infractions graves à répétition garantiront aux Canadiens l'existence d'une réglementation appropriée et d'une mise en application efficace à la pompe.
[Français]
Dans le même ordre d'idées, cette nouvelle utilisation de la poursuite permettrait de faire en sorte que des peines sévères entraînant la création d'un casier judiciaire ne soient pas imposées pour des infractions mineures, mais pour les contraventions qui augmentent en gravité.
[Traduction]
Le deuxième aspect intéressant du projet de loi, c'est l'instauration, dont on a abondamment parlé, de l'inspection périodique obligatoire des appareils de mesure utilisés dans le commerce au détail. Il est grand temps, pour les Canadiens, que des mesures de ce genre obligent les détaillants à rendre des comptes.
L'inspection fréquente et régulière des dispositifs de mesure garantira leur exactitude. À l'heure actuelle, le projet de loi propose de mettre graduellement en oeuvre la vérification des appareils de mesure dans les secteurs de la vente au détail des produits pétroliers, de la vente en gros des produits pétroliers, des produits laitiers, des aliments vendus au détail, de la pêche, de l'exploitation forestière, des céréales et des cultures de grande production, et de l'exploitation minière. Il va sans dire que le projet de loi vise à rehausser le niveau de responsabilisation d'un certain nombre de secteurs économiques.
[Français]
Je suis tout à fait d'accord sur cet amendement, les inspections régulières et obligatoires étant la norme dans les pays du G8 et dans nombre d'États industrialisés, comme la France et l'Allemagne, et presque partout aux États-Unis.
Cette responsabilité, bien que tardive, est néanmoins souhaitée par les Canadiens, qui s'attendent à obtenir ce pour quoi ils paient. Grâce à l'inspection régulière des pompes, les Canadiens obtiendront les biens et services auxquels ils ont droit.
Je crois qu'il est important de souligner que la fréquence recommandée des inspections obligatoires fait suite à des consultations menées à l'échelle du pays.
[Traduction]
L'autre aspect important de la mesure proposée serait le recours à des fournisseurs de services du secteur privé. Le projet de loi confère au ministre le pouvoir de nommer des inspecteurs ne faisant pas partie de l'administration publique fédérale en vertu de la Loi sur les poids et mesures. Le gouvernement a fait valoir que la privatisation des inspections permettrait à Mesures Canada d'optimiser pleinement ses ressources et de s'acquitter de son mandat. Si le projet de loi est renvoyé à un comité, il va de soi que le bien-fondé de ces propos devra être examiné en détail.
Le gouvernement voudrait que les inspecteurs de Mesures Canada soient uniquement responsables des mesures d'exécution. Par ailleurs, les inspecteurs ou les fournisseurs de services indépendants, comme le gouvernement se plaît à les désigner, effectueraient le nombre accru d'inspections qui est proposé.
Je pense que les consommateurs devraient garder à l'esprit le mot « responsabilité ». Il faut pouvoir donner suite aux plaintes de façon efficace, parce que les Canadiens le méritent. Toutefois, faire appel à des ressources externes n'est peut-être pas la meilleure façon de s'assurer que ces inspections obligatoires et fréquentes sont assorties d'un suivi approprié. C'est là un autre exemple de points que le comité devra examiner attentivement.
[Français]
Si le gouvernement doit offrir des services d'inspection indépendants, combien cela coûtera-t-il aux contribuables canadiens? Le projet de loi mènera peut-être à des services d'inspection plus concurrentiels, mais cela reste à prouver.
En vertu de ce projet de loi, le nombre d'inspections passera de 8 000 à 65 000 par année. Cette augmentation aura naturellement un coût, et la Chambre a la responsabilité de veiller à ce que les services coûtent le moins cher possible aux Canadiens.
Pour ce qui est des inspecteurs indépendants, la disposition à ce sujet englobe les petites entreprises qui pourraient jouer ce rôle. Il faut donc veiller à saisir pleinement toutes les conséquences de cette disposition avant d'adopter le projet de loi qui est devant nous.
[Traduction]
Lorsque j'ai lu le projet de loi pour la première fois et que je me suis penché sur le recours à des ressources externes pour mener les inspections, je n'ai pu m'empêcher de songer à ma première expérience sur la colline du Parlement en tant que représentant élu. Ce n'était pas à titre de député fédéral, mais bien de maire d'une ville. J'étais venu ici — par mes propres moyens, au cas où cette question en inquiéterait certains — pour témoigner relativement à la qualité et à la gestion de l'eau au pays, dans la foulée de ce qui était survenu à Walkerton, en 2000.
Les députés se souviendront, à regret, que ni l'un ni l'autre des deux hommes qui travaillaient pour la commission des services publics lors de l'incident survenu à Walkerton n'avait reçu une formation officielle. La tragédie provoquée par l'eau contaminée à cet endroit ne sera pas oubliée et elle devrait nous faire tous prendre conscience de l'importance d'effectuer des inspections de façon responsable et efficace, peu importe l'industrie en cause.
Cela me rappelle la raison pour laquelle les ingénieurs portent un anneau en acier sur leur petit doigt, lorsqu'ils obtiennent leur diplôme. C'est pour leur rappeler que les constructions qui relèvent de leur contrôle sont très importantes. Tout cela est évidemment lié au pont qui s'est écroulé et qui était un échec sur le plan de l'ingénierie.
Chaque fois que nous confions un service gouvernemental à l'externe, il faut se rappeler que le service en question sert le public et qu'il sert à une fin très importante. Or, dans le cas de Walkerton, ces considérations ont été négligées.
La première chose qu'il faudrait noter aujourd'hui en examinant les informations préliminaires, avant le renvoi au comité, c'est que Michael Ervin, un analyste de l'industrie, a émis des commentaires qui m'ont ouvert les yeux au sujet de ce projet de loi. Selon lui, nous débattons en fait de la Loi sur les poids et mesures. Voici ce qu'il a dit:
[...] il existe déjà des lois et des règlements sur le comptage de l'essence au moyen de pompes qui, selon moi, conviennent parfaitement.
Selon la loi en question, les consommateurs doivent obtenir une valeur juste et exacte pour ce qu'ils payent, et les appareils de mesure doivent respecter certaines normes. Même si le gouvernement souhaite peut-être dire aux consommateurs qu'ils se font rouler par le secteur du commerce au détail de l'essence, il faut quand même examiner l'efficacité des mesures contenues dans ce projet de loi. Si les consommateurs paient de 1,50 $ à 2 $ de trop chaque fois qu'ils font le plein, ils ont tout à fait le droit d'être préoccupés. Je suis persuadé que tous les députés sont d'avis que les Canadiens qui travaillent fort méritent d'être protégés.
Selon une étude de l'Ottawa Citizen réalisée en 2008, sur plus de 200 000 inspections gouvernementales en moins de dix ans, 6 p. 100 des pompes étaient mal étalonnées. En fait, dans 2 p. 100 des cas, l'erreur favorisait le consommateur, tandis que 94 p. 100 des inspections ont révélé que les consommateurs obtenaient ce pour quoi ils avaient payé.
Cela m'a rappelé en quelque sorte mon poste de vice-président du Comité de la justice à la Chambre. On nous dit qu'il y a d'importants et graves problèmes concernant l'administration de la justice dans notre collectivité. On nous présente une nouvelle loi chaque jour, mais dans bien des cas il appert que la véritable solution à bon nombre des problèmes de criminalité consiste à allouer davantage de ressources aux services de police et aux agents des services correctionnels. Je ne veux pas trop m'éloigner du sujet, mais je crois qu'il y a un parallèle ici. Il y a effectivement un problème dans 4 p. 100 des cas, mais est-ce suffisant pour présenter ce projet de loi comme la panacée en ce qui concerne les prix de l'essence à la pompe?
Les détaillants souhaitent évidemment que les mêmes règlements s'appliquent à tous. De plus, le traitement équitable des consommateurs doit constituer une priorité, mais les modifications aux règlements doivent toutefois s'appuyer sur des preuves solides.
Un des électeurs de ma circonscription, Lyle Hogan, « little man » de son surnom, tient une petite station-service indépendante. C'est l'un des rares endroits où c'est encore un pompiste qui fait le plein de votre voiture. Ma mère, qui a aujourd'hui 81 ans, fat le tour de la ville pour trouver une station-service de ce genre, car elle n'a jamais réussi à vraiment comprendre le fonctionnement des nouveaux systèmes automatisés. Lyle Hogan m'a fait part des inquiétudes très réelles que suscitent les lois en vigueur au Canada. Il m'a dit qu'il était catastrophé par les coûts qu'entraînerait cette mesure législative pour les indépendants comme lui, coûts qui s'ajouteraient évidemment à ceux qu'il doit déjà assumer. Il m'a dit: « L'inspection annuelle pour l'étalonnage des appareils coûte 2 000 $, et je n'ai jamais entendu dire qu'un détaillant s'était fait prendre en défaut. »
Les inquiétudes de M. Hogan sont probablement fondées, car il s'agit d'un homme honnête, travailleur, qui se dévoue pour ses semblables. Ça risque même de rendre les choses encore plus difficiles pour les indépendants, qui ne gagnent déjà pas beaucoup dans ce secteur. En fait, la concentration de la propriété et l'absence de concurrence qui en résulte dans notre pays constituent l'essentiel du problème.
Lyle Hogan est l'illustration parfaite du Canadien qui trime dur et dont le gagne-pain dépend du commerce de l'essence au détail. La circonscription où il vit a peu d'importance. Nous connaissons tous un Lyle Hogan, et nous savons tous qu'il fait partie d'une race en voie de disparition, comme les pharmacies et les chapeliers qui bordaient autrefois la rue principale de nos villes et de nos villages. Lyle Hogan, c'est M. et Mme Tout-le-Monde, et c'est lui dont parle Alan Jackson dans sa chanson The Little Man.
Nous devrions nous concentrer sur la situation dans son ensemble. J'espère en tout cas que le débat qui aura lieu en comité saura s'inspirer des conseils et des renseignements que nous a fournis le grand spécialiste du prix de l'essence, mon ami de .
Ce n'est pas en propageant des ragots sur les inexactitudes grossières à la pompe et les gens comme Lyle Hogan, les accusant de pratiques commerciales malhonnêtes qu'on va régler le problème. Il n'y a qu'un seul moyen de régler ce problème, qui touche tous les Canadiens, et le voici: on dit souvent que les Américains ont une longueur d'avance sur nous en matière de protection des consommateurs sur le plan du prix de vente au détail. Eh bien, c'est vrai. Les Weekly Petroleum Status Reports, produits par l'Energy Information Administration des États-Unis d'Amérique, renferment précisément le genre de données qui ont permis à mon ami de de devenir le grand spécialiste du prix de l'essence et de savoir ce qu'il sait sur l'absence de concurrence, le prix de gros et la surévaluation marquée des marchés de l'énergie que l'on observe actuellement.
En d'autres mots, il y a suffisamment de pétrole brut dans le monde. Il y a des stocks d'accumulés et les prix à la pompe ne le reflètent pas. Ces prix sont artificiellement élevés et la marge bénéficiaire des détaillants, comme Lyle Hogan, pourrait bien être de 3, 4 ou 5 cents. Il n'a pas beaucoup de jeu.
Dans le secteur du détail, il y a eu des fusions, des acquisitions et des fermetures et la situation est telle qu'il y a peut-être plus de postes d'essence qu'avant dans les villes canadiennes, ils sont peut-être plus gros, mais il y a moins de propriétaires, d'exploitants, de marques, de distinctions et de diversification.
Comment se fait-il que nous puissions dire qu'il y a probablement un problème d'information? Nous pouvons l'affirmer parce qu'aux États-Unis, il y a le service. Les Américains savent exactement quels sont leurs stocks de brut, quels devraient être les prix et ce que font les investisseurs, par des machinations à Wall Street, pour garder le prix de l'essence élevé à la pompe.
Nous devons nous demander pourquoi un député doit consulter une publication américaine et faire des projections pour connaître les stocks et la situation au Canada. En 2005, l'idée avait été lancée de doter le Canada d'un service d'information sur le prix du pétrole, comme ce qui existe aux États-Unis. Le gouvernement n'a pas donné suite. En fait, toute demande de création du service a été rejetée et les consommateurs d'énergie et les personnes qui connaissent le secteur doivent encore utiliser des renseignements provenant des États-Unis.
Nous ne savons pas vraiment ce qui se passe dans le secteur au Canada. Nous pouvons faire des conjonctures à partir des prix du brut sur le marché mondial. Il y a une concentration de la propriété qui pénalise le consommateur.
Heureusement, dans ma province, le Nouveau-Brunswick, le gouvernement provincial a jugé utile de créer un mécanisme de réglementation. Je ne dis pas que cela donne le prix inférieur juste que les consommateurs devraient payer, parce que la question est pancanadienne, mais cela assure une certaine réglementation et une certaine cohérence dans les prix sur une certaine période, ce qui évite au moins aux consommateurs le choc des variations de prix et les longues files d'attente que l'on voit dans d'autres provinces lorsque des augmentations de prix, qui ne dépendent que des caprices du marché, sont annoncées.
Nous sommes en mai 2010, et l'enquête du Ottawa Citizen sur l'exactitude des pompes remonte à mai 2008. Si l'on volait les Canadiens à la pompe, comme le gouvernement le soutenait il y a quelques années, pourquoi celui-ci n'a-t-il pas agi plus tôt? La réponse réside dans un mot: prorogation. C'est une chose dont on devrait parler à la Chambre. Il faut le dire, si nous n'avons pas siégé autant que nous l'aurions souhaité afin de discuter de projets de loi comme celui-ci, c'est parce que le gouvernement ne cesse de suspendre le programme législatif et le processus démocratique. Ce petit correctif à un plus gros problème a été retardé à cause de cela.
Fait plus important, le gros correctif qu'exige le problème et qui suppose que l'on se penche sur la concentration de la propriété et sur le manque d'information fournie par un organisme gouvernemental, a été retardé davantage parce que le Parlement n'a pas suffisamment siégé. Le et son équipe de presse sont tellement occupés à tenir une conférence de presse après l'autre qu'ils n'ont guère envie de s'atteler à la tâche d'examiner la question des prix que les Canadiens paient à la pompe.
Je terminerai en disant que c'est de la poudre aux yeux. Il faudrait absolument que le projet de loi soit renvoyé à un comité. J'espère cependant que les membres du comité discuteront de la vraie question, à savoir pourquoi les consommateurs, des Canadiens et des Canadiennes qui travaillent dur, qui doivent conduire leurs enfants à l'école et à des joutes de hockey mineur et qui doivent se rendre au travail en auto, paient trop cher à la pompe et pourquoi des gens comme Lyle Hogan, qui exploite seul sa station-service, pourraient devoir se retirer des affaires parce que nous, à la Chambre, ne nous sommes pas penchés sur la vraie question qui consiste à savoir qui se fait escroquer et qui sont les escrocs.
Je prie instamment le gouvernement de s'employer à régler cette question, dans l'intérêt de tous les Canadiens.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir dans le débat sur le projet de loi .
On a appelé ce projet de loi la Loi sur l’équité à la pompe, mais il contient différentes mesures visant différents produits. Il s'agit d'un écran de fumée créé par un gouvernement qui essaie de donner l'impression qu'il est strict envers le secteur du pétrole et du gaz, en visant ici les détaillants, qui ne sont pas, en fin de compte, les responsables des prix élevés. Les coupables sont ailleurs dans le secteur.
Il est important de souligner que nous n'appuierons pas le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture parce qu'il entraînerait une déréglementation, se traduirait par une reddition de comptes moindre et créerait plus de problèmes pour les Canadiens que ne le feraient une correction du système actuel de Mesures Canada et l'imposition de pénalités.
Le député qui avait la parole tout à l'heure a mentionné la coupe Memorial qui approche. Je peux affirmer que les Spitfires remporteront de nouveau la coupe. Nous continuerons d'en discuter à un autre moment. Cependant, je ne voulais pas laisser le dernier mot au député, qui croyait clore la question. Il se trompait et il se trompe aussi dans ses prédictions.
Les origines du projet de loi sont très intéressantes. Il y a déjà quelques années qu'une contestation a été adressée à Mesures Canada. Les renseignements ont alors été recueillis, mais n'ont pas été rendus publics. Une demande d'accès à l'information présentée par des journalistes en a permis la divulgation et c'est là que tout a commencé. Des discussions plutôt intéressantes ont suivi.
Je rappelle à la Chambre que, le 12 mai 2008, le chef de mon parti, le député de , a demandé au ministre de l'Industrie de l'époque, qui a été envoyé dans un autre ministère, si, oui ou non, le gouvernement entendait faire quelque chose à ce sujet.
Dans sa réponse, le ministre avait alors déclaré:
Deuxièmement, j'ai donné ordre qu'on prépare des modifications au règlement visant à accentuer le fardeau qui repose sur les détaillants d'essence. Les amendes passeront de 1 000 $ à 10 000 $ l'occurrence.
Il a fallu environ deux ans pour que cela se fasse et c'est un successeur de ce ministre-là qui a agi.
Le gouvernement a montré clairement qu’il essayait de prendre ses distances, devant ce problème, en refusant de s’y attaquer. On ne sait trop que penser, car ce que le gouvernement a proposé, ce sont de modestes changements sur le plan de la responsabilité. Je tiens à passer en revue certains aspects du projet de loi, qui est très important, et à donner quelques renseignements généraux à son sujet. Je vais également m’attaquer à certaines des lacunes du projet de loi et expliquer pourquoi ce n’est guère qu’un écran de fumée, le gouvernement essayant de faire croire qu’il rend des comptes aux Canadiens au sujet de cette industrie, alors qu’il n’en fait rien.
Comme je l’ai dit, un reportage a paru dans l’Ottawa Citizen après une enquête de Mesures Canada, qui a constaté que 5 p. 100 des 200 000 pompes qu’il a examinées entre 1999 et 2007 donnaient aux consommateurs une quantité de carburant inférieure à celle qui était affichée à la pompe. Les données de l’inspection gouvernementale ont montré qu’environ le tiers des stations d’essence du Canada, soit quelque 14 000, avaient au moins une pompe inexacte.
Il y avait là un problème chronique, et il était uniforme. Un grand reportage a paru dans mon journal, à Windsor-Ouest, parce que ma circonscription avait certaines des pompes les pires. Ce que cela veut dire, c’est que non seulement les consommateurs se font avoir lorsqu’ils achètent l’essence, mais qu’ils paient aussi des taxes sur la quantité d’essence qu’ils paient sans l’obtenir.
Malgré le fait qu’il a proposé le projet de loi à l’étude, et même s’il avait cette information pendant toute cette période, le gouvernement n’a eu recours à aucun des moyens à sa disposition pour faire l’une des deux choses suivantes: imposer des amendes aux sociétés, comme il aurait pu le faire, pour punir ce comportement; ou tenter de rendre aux Canadiens, en puisant dans ses coffres, l’argent volé au moyen de la taxe sur les quantités d’essence payée, mais non obtenue.
La chose est importante, car ces atermoiements témoignent d’un manque de respect. On ne fait pas une étude de presque dix ans qui relève un problème important et omniprésent pour ensuite attendre deux ans avant de légiférer. Paradoxalement, le projet de loi prévoit que l’industrie se surveillera elle-même. Au fond, c’est une approche conciliante de la responsabilité qui permettra à l’industrie de s’enrichir.
J’y reviendrai plus tard, mais il est probable que les inspecteurs qui participeront au processus viendront des sociétés elles-mêmes. Ils seront les créatures de ces sociétés. Étant donné la spécialisation poussée des essais, du matériel et des mesures, il sera très difficile à des entreprises indépendantes de s’implanter sur ce marché.
Mesures Canada aura pour seule responsabilité d’imposer des amendes et des sanctions. L’organisme sera probablement bien moins occupé, car il recevra sans doute beaucoup moins de données sur la situation réelle. Je ne crois pas le moindrement que les consommateurs bénéficieront des modifications proposées dans le projet de loi.
J’ai dit que le projet de loi portait sur d’autres questions, et je voudrais les énumérer. Il porte sur les moyens de mesure d’une série de choses: produits pétroliers au détail, en aval ou en gros, produits laitiers, denrées alimentaires au détail, pêche, exploitation forestière, grains et autres cultures, exploitation minière. Tous ces éléments seront déréglementés également. Nous n’acceptons pas ce processus comme un progrès.
Je soulignerais que ce secteur a déjà suffisamment profité de l’absence de réglementation faute d’organisme de surveillance ayant le pouvoir d’un bureau de la concurrence. Il y a certains moyens d’intervention. En fait, une amende a été imposée à une société il y a quelques instants, aujourd’hui. Cela peut arriver, mais ce n’est toujours pas suffisant et ne remplace pas un ombudsman ou le système de surveillance qui a été recommandé depuis 2003.
Je sais que le député de , qui a fait un merveilleux travail sur ce dossier, se souvient de l’époque où nous sommes venus ici pendant l’été pour tenir des audiences au cours desquelles l’industrie a fait la loi et a relégué, une fois de plus, cette question à l’arrière-plan. Malheureusement, il n’y toujours pas de responsabilisation, même si ce député a fait un travail remarquable sur ce dossier.
Je voudrais maintenant parler des aspects connexes que cela modifierait. Il est important de mentionner que nous pouvons renvoyer cette question à un comité et que c’est parfois la chose raisonnable à faire. Néanmoins, en ce qui nous concerne, nous ne le ferons pas, car nous ne voulons pas que ce projet de loi permette d’avoir recours à des fournisseurs de services autorisés du secteur privé. Le risque est beaucoup trop grand.
Nous avons l’habitude de voir cette industrie profiter indûment des pays et des clients et c’est une des raisons pour lesquelles nous devons mettre fin à notre dépendance à l’égard du pétrole et trouver d’autres solutions. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement dans le golfe du Mexique où le secteur pétrolier a pu faire ce qu’il voulait, une fois de plus. Il est ridicule de prétendre le contraire, car nous avons tous vu les campagnes politiques des États-Unis encourageant à forer des puits.
Maintenant, tout cela s’est évaporé, mais ce qui ne s’est pas évaporé, ce sont les centaines de milliers de gallons de pétrole brut qui menacent les écosystèmes non seulement des États-Unis, mais aussi du Canada. Nous avons posé des questions à ce sujet et les députés conservateurs nous ont apostrophé en disant que nous sommes au Canada et non pas aux États-Unis. Toutefois, ces écosystèmes sont partagés par un certain nombre d’espèces différentes qui se retrouvent au Canada. Nous savons aussi qu’une partie de ce pétrole finira par se retrouver dans certains courants internationaux et arrivera chez nous si ce puits n’est pas bouché.
C’est une question très grave et c’est la déréglementation et le fait de laisser l’industrie s’autoréglementer qui ont entraîné ce problème aux États-Unis. Quand les campagnes de promotion des forages ont eu lieu pendant les élections présidentielles, même l’administration Obama a assoupli les normes pour permettre davantage de forages en mer. Les Américains ont maintenant imposé un moratoire sur ces forages, mais cette campagne a déjà eu suffisamment d’effets.
Du côté canadien, nous avons eu tout un débat, pendant un certain nombre d’années, au sujet de la politique fiscale à cet égard. Cela fait des années que nous parlons de cette politique fiscale à la Chambre parce que nos taxes sont réparties en trois éléments: le coût du pétrole brut qui entre dans le prix à la pompe; la marge bénéficiaire brute des détaillants et des raffineurs qui est d’environ 16 p. 100 à 18 p. 100 pour la commercialisation et les taxes qui s’élèvent à 38 p. 100. Au Canada, la taxation du produit est composée de l'impôt au titre des redevances, de la taxe d’accise et des taxes de vente.
Je ne veux pas qu'on oublie le débat, notamment ce que les députés ont dit précédemment sur les coûts et le prix à la pompe. Je pense que le ministre a pointé les caméras du doigt et prévenu les détaillants qu'on allait les obliger à rendre les sommes qu'ils auraient escroquées grâce à leurs pompes défectueuses, qu'ils aient agi sciemment ou non.
Il arrive souvent que des députés du parti ministériel et de l'opposition parlent du coût pour les Canadiens, affirmant qu'il est important pour notre mode de vie, pour l'environnement ainsi que pour la façon dont nous utilisons nos ressources naturelles.
J'aimerais lire un extrait d'une intervention faite à la Chambre des communes le 12 mai 2004:
Monsieur le Président, le premier ministre sait certainement que le prix de l'essence atteint un niveau record d'un bout à l'autre du Canada. Alors que ce prix élevé nuit aux entreprises et cause des problèmes aux consommateurs, le gouvernement, pour sa part, empoche des recettes records provenant des taxes sur l'essence.
Le premier ministre fera-t-il enfin ce qu'il doit faire et acceptera-t-il de réduire les taxes sur l'essence pour les Canadiens?
Le député qui a dit cela est l'actuel . C'est l'actuel premier ministre qui préconisait la réduction des taxes sur l'essence, taxes que le gouvernement n'a pas vraiment réduites.
Il a tenté de le faire en éliminant la TPS, mais il n'y avait aucun moyen d'évaluer le résultat de la mesure. Au bout du compte, la réduction des taxes sur l'essence à la pompe par l'entremise de la TPS a réduit nos recettes fiscales sans que cela ne se traduise en économies pour les consommateurs.
C'est un problème réel puisque les pétrolières réalisent des profits records, profitent d'allégements fiscaux sans précédent et tirent maintenant des recettes supplémentaires grâce aux politiques fiscales qui n'ont jamais été suivies d'exigences en matière de reddition de comptes, et cela, parce que nous ne disposons pas d'un ombudsman. Nous n'avons pas de système en place pour veiller à ce que les politiques remplissent leurs objectifs. C'est inacceptable.
Permettez-moi de lire un autre extrait.
[...] au bout du compte, le gouvernement semble satisfait du prix élevé de l'essence.Il ne veut pas réduire les taxes sur l'essence, alors il veut que le prix de l'essence soit élevé [...]
Le gouvernement admettra-t-il que la vraie raison pour laquelle il refuse d'agir est que 1,40 $ le litre est en fait le prix qu'il vise pour l'essence?
Ces mots sont de la bouche du actuel, qui était encore en train de faire l'éloge d'une politique de réduction des prix de l'essence à la pompe, politique qu'il n'a même jamais mise en place.
Nous n'en avons pas vu la couleur dans cette annonce. Nous n'avons pas entendu le affirmer que le gouvernement ferait profiter les consommateurs de ces réductions. En fait, la création du système et du régime proposé pourrait en fait accroître le coût de l'essence pour les détaillants et, du même coup, pour les Canadiens. Certes, il y aurait une augmentation des inspections, ce qui, à mon avis, est une bonne chose dans un sens, mais, en même temps, les détaillants en assumeraient le coût et refileraient la facture aux consommateurs. Or, les détaillants, surtout les détaillants indépendants, ont déjà une très petite marge de profit. Ils ne peuvent se payer le même luxe que certaines grandes entreprises.
Les stations d'essence sont devenues de véritables pharmacies. Elles vendent des tablettes de chocolat, des boissons gazeuses, des croustilles et du café. Elles s'associent avec différentes organisations dans le but d'exploiter de petites entreprises indépendantes de la leur. L'essence leur rapporte si peu qu'elles sont forcées d'offrir toute une gamme de produits et de services pour survivre.
Quand cette affaire sera transmise aux inspecteurs, ce sera vraiment intéressant parce qu’il faudra les payer. Ils pourront fixer leurs propres honoraires. Ils seront en mesure de maintenir un système qu’il sera très difficile de contester. Comme je l’ai déjà mentionné, l’industrie dispose d’un avantage clé. Qui a la formation, le matériel, les connaissances et les compétences nécessaires pour effectuer ce genre d’examens et en tirer parti?
L’industrie profitera de toutes sortes d’appuis sous forme de prêts et de frais d’exploitation qui leur conféreront un avantage stratégique sur toute entreprise ou organisation indépendante qui chercherait à établir une certaine responsabilité en agissant d’une façon autonome et en faisant faire ces examens en dehors de l’industrie.
Je soupçonne qu’il s’agira de filiales ou d’entreprises secondaires sur lesquelles il faudra en définitive compter pour obtenir la formation, le matériel et toute une série de choses qui créeront un modèle de dépendance. Nous n’aurons pas le genre d’innovation dont nous avons besoin dans ce domaine.
Nous assisterons également au maintien de la déréglementation. L’industrie sera chargée de s’auto-réglementer alors qu’une fois de plus, elle n’a jamais manifesté l’intention de devenir plus compétitive. C’est vraiment critique. En considérant l’offre et la demande, nous savons qu’à l’heure actuelle, nous avons affaire à une offre record d’un certain nombre de types d’essence et de combustibles. Pourtant, les prix se maintiennent au-dessus d’un certain niveau. Cela est inacceptable.
De plus, nous n’avons pas vraiment besoin de collusion dans l’industrie à cause du manque de concurrence occasionné par l’intégration verticale qui s’est produite. Considérons par exemple l’affaire de la raffinerie de Burlington que Petro-Canada a fermée. Au lieu d’investir dans cette installation et de renforcer la concurrence dans le domaine du raffinage, Petro-Canada a simplement fermé la raffinerie, puis a acheté à Esso l’essence nécessaire aux stations-service Petro-Canada de l’Ontario. Il n’y a donc pas de concurrence sur le produit et sur son utilisation sur le marché ouvert. Ce fait est important parce qu’il se répercute sur la vie quotidienne de beaucoup de gens.
Les personnes à faible revenu sont très touchées par les prix de l’essence, de même que les camionneurs, en particulier, qui en dépendent. Nous parlons de cette question depuis qu’elle a été examinée par un comité en 2002-2003. Beaucoup de camionneurs devenus autonomes subissent aujourd’hui de très fortes pressions. Il y a également les populations rurales qui doivent franchir de grandes distances et n’ont pas d’autre choix que de se servir de véhicules privés pour aller au travail ou vaquer à d’autres occupations. Il faut en outre tenir compte des hivers plus durs, qui font monter la consommation des combustibles utilisés à différentes fins.
Cette mesure législative est censée assurer plus d’équité aux consommateurs quand ils font leur plein. En Ontario, les consommateurs seront durement touchés le 1er juillet. Je ne sais pas pourquoi le et M. McGuinty sont incapables de nous laisser tranquilles le jour de la fête du Canada quand ils veulent introduire de nouvelles taxes. C’est la deuxième fois que M. McGuinty augmente les impôts à l’occasion de la fête du Canada. La première fois, c’était les soins de santé et maintenant, c’est la taxe de vente. Nous devrions peut-être adopter une loi pour interdire l’introduction de nouvelles mesures fiscales le jour de la fête du Canada. Quoi qu’il en soit, l’entrée en vigueur de la TVH en Ontario arrondira joliment les recettes du gouvernement de M. McGuinty.
J’ai demandé au service de recherche parlementaire de faire un petit travail pour moi. Pour la gouverne de ceux qui suivent le débat, je précise que le service est à la disposition de tous les députés. C’est un élément très important de notre démocratie qui permet à des économistes, des avocats et d’autres chercheurs de faire du travail indépendant pour les députés, qui ont la possibilité d’en faire part à d’autres plus tard. Le service est indépendant des bureaux de députés et du gouvernement et fait un travail essentiel.
J'ai demandé une ventilation responsable de la TVH. Les chercheurs ont examiné 13 villes importantes dans l'ensemble de l'Ontario, ainsi que le prix moyen de l'essence sur un certain nombre d'années, je crois cinq ans. Dans le cadre du régime actuel, ils s'attendent à ce que le gouvernement provincial perçoive 1,2 milliard de dollars supplémentaires grâce à la taxe sur l'essence, ainsi qu'un autre 500 millions de dollars. Ils prévoient donc que l'Ontario recevra une somme totale de 1,7 milliard de dollars l'année prochaine seulement grâce à l'essence et au diesel si le prix de l'essence demeure juste au-dessous de 1 $ le litre.
Le gouvernement provincial va seulement bénéficier de ces retombées parce que le gouvernement conservateur est en faveur de la taxe de vente harmonisée. Le veut adopter des politiques à cet égard et mettre en place cette taxe dans d'autres provinces. Ce qui est ironique dans tout cela, c'est que nous empruntons 4 milliards de dollars pour mettre en place cette taxe en Ontario. Nous empruntons de l'argent sur lequel nous allons payer de l'intérêt parce que nous sommes actuellement en situation de déficit, et nous allons ensuite demander aux Ontariens de payer 1,7 milliard de dollars de plus en taxe sur l'essence cet été.
En conclusion, nous avons besoin d'une véritable reddition de comptes. Nous n'avons pas besoin de déréglementer l'industrie. Nous devons nous assurer qu'elle rende des comptes. Chaque fois que nous parlons d'un problème, le gouvernement prétend qu'il n'existe pas. Cependant, il y a bel et bien un problème. Les Canadiens se font littéralement siphonner à la pompe, pas seulement à cause du mauvais équipement des détaillants, mais aussi parce que le gouvernement n'a pas respecté ce qu'il avait dit lorsqu'il faisait partie de l'opposition et qu'il a présenté des politiques visant à augmenter les taxes et les impôts payés par la population.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à propos de ce projet de loi. Je salue le bon travail du député de dans ce dossier. Je sais qu'un grand nombre de députés suivent probablement ses propos à ce sujet depuis plusieurs années. Toutefois, je tiens à souligner qu'en 2008, le député de a soulevé plusieurs fois cette question, y compris durant la période des questions.
Il y a eu un reportage là-dessus, puis il en a beaucoup été question dans les médias. Je vais parler brièvement de la couverture des médias.
Dans un article publié le 12 mai 2008 dans l'Ottawa Citizen et intitulé « Hosed at the pumps », on pouvait lire qu'environ une pompe à essence sur 20 au Canada n'en donne pas pour son argent au consommateur.
Puis, l'article continue en disant qu'à l'approche de la longue fin de semaine de mai:
[...] le prix du carburant frôle déjà des sommets inégalés et certains paieront même une plus grande quantité d'essence que la quantité qui se retrouvera dans leur réservoir. Une enquête montre que, du 1er janvier 1999 au 28 août 2007, près de 5 p. 100 des pompes à essence testées au Canada — soit environ une pompe sur 20 — n'ont pas passé les inspections du gouvernement parce que la quantité d'essence pompée était inférieure à ce qu'elle aurait dû être.
Et même si certaines pompes défectueuses pompent plus de carburant que la quantité facturée, plus souvent qu'autrement, l'inexactitude est au détriment du consommateur et non du détaillant, selon les relevés d'inspection du gouvernement.
Le gouvernement a clairement relevé de sérieux problèmes à la pompe. L'auteur de l'article ajoute ceci:
Le problème des pompes défectueuses semble généralisé dans l'industrie. Les rapports d'inspection révèlent qu'environ 30 p. 100 de tous les détaillants d'essence qui ont fait l'objet d'une vérification avaient au moins une pompe défectueuse et que c'était au détriment des consommateurs.
À la lumière de ces constatations, on a estimé que les automobilistes qui font le plein à différentes pompes chaque semaine obtiennent au moins deux fois par année une quantité d'essence moindre que celle pour laquelle ils paient. Quant à ceux qui font le plein toujours au même endroit, il est possible qu'ils aient perdu au change nettement plus souvent.
La plupart des erreurs à la pompe étaient minimes - entre 30 et 60 cents d'essence sur un plein au prix d'aujourd'hui. Toutefois des erreurs considérablement plus importantes ont été relevées à certaines pompes. L'an dernier, dans une station-service près de Chatham, en Ontario, on a constaté qu'une pompe donnait 1,5 litre d'essence de moins sur un plein de 50 litres, taille de réservoir de la plupart des voitures compactes. Certains automobilistes qui ont fait le plein à une station d'essence de Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador, ont dû payer deux litres d'essence de plus pour faire le plein. Chez un certain détaillant de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, le plein a coûté à certains environ 2,25 $ de plus qu'il n'aurait dû.
Il s'agit d'un très long article où on mentionne également ceci:
Cependant, les rapports d'inspection révèlent une tendance étonnante: l'inexactitude des pompes est plus souvent au détriment du consommateur qu'à celui du détaillant. Selon les données d'inspection, dans 74 p. 100 des cas où une pompe à essence échoue le test de précision de la mesure, c'est l'automobiliste qui est désavantagé, non le détaillant.
L'article conclut notamment ceci:
À plus de 1 100 occasions depuis 1999, les inspecteurs ont condamné des pompes parce qu'elles donnaient jusqu'à 9 p. 100 d'essence de moins que la quantité payée par le consommateur. Bien que les instruments de mesure à l'intérieur des pompes soient scellés pour éviter qu'on les trafique, Mesures Canada a relevé plus de 100 cas d'escroquerie présumée. Cette agence peut confier certains cas à la police s'il y a lieu.
En 2008, un rapport gouvernemental a permis de constater de graves problèmes. Le député de a soulevé la question à la Chambre des communes et à plusieurs autres endroits. Évidemment, nous n'avons eu aucune réponse. Nous sommes maintenant en 2010.
Dans certains cas, le projet de loi prévoit notamment une hausse des amendes, l'imposition de pénalités, des inspections à intervalles réguliers et le recours à des fournisseurs de service autorisés du secteur privé. Le député de a émis certaines réserves au sujet de ce processus, mais j'indique brièvement pourquoi cette initiative est si importante pour les Canadiens.
Le gouvernement affirme que nous avons traversé une récession économique et que la reprise est entamée. Or, les initiatives de ce genre sont très importantes pour les consommateurs canadiens, notamment parce que de nombreuses familles de Nanaimo—Cowichan et d'autres régions du pays ressentent encore le effets de la récession.
J'attire l'attention de la Chambre sur un rapport de l'organisme Citoyens pour une politique juste, intitulé Elles en payent les frais: Comment la récession 2008-2009 a appauvri les familles canadiennes. Ce sont ces familles qui vont faire le plein à ces pompes. On peut bien dire qu'un dollar ou deux de plus, ce n'est pas grand-chose, mais pour les gens au budget serré qui se demandent comment ils vont faire pour nourrir leur famille, cela fait toute la différence.
Je le répète, nombre de ces familles subissent encore les contrecoups de la récession. Voici un extrait du rapport:
La récession 2008-2009 a déclenché la pauvreté et l’insécurité économique chez les familles canadiennes. Si nous devons attendre 2011 pour connaître l’impact de la récession à partir de la publication des mesures de la pauvreté, plusieurs indicateurs économiques clés révèlent déjà qu’au cours de la récession, la pauvreté et l’insécurité économique ont eu tendance à s’accroître.
Les deux dernières récessions ont prouvé que ces crises peuvent avoir des conséquences préjudiciables et à long terme sur l’incidence de la pauvreté et le bien-être des Canadiennes et des Canadiens à faible revenu.
L’incidence de la pauvreté en général et chez les enfants en particulier s’est nettement accrue entre 2007 et 2009. Cette hausse reflète la poussée fulgurante du chômage due à la récession. Le nombre de prestataires de l’assurance-emploi a augmenté ainsi que le nombre de Canadiens sans emploi n’émargeant pas à ce programme. En fait, malgré la dégringolade vertigineuse de l’emploi, l’envergure de la couverture de l’assurance-emploi ne s’est élevée que de 51 p. 100, ce qui signifie que l’aide sociale a dû combler le vide; par ricochet, le nombre de cas de bien-être social a plus que décuplé.
Les travailleurs occupant des emplois peu rémunérés, à savoir les plus vulnérables avant l’occurrence de la récession, risquaient le plus de perdre leur emploi; mais ceux qui ont eu la chance de conserver leur travail ou d’en trouver un nouveau ont également été affectés par la récession et ce, à cause de la précarité accrue des emplois.
Dans des circonscriptions comme la mienne, , un grand nombre de travailleurs du secteur forestier et du secteur des pêches, par exemple, ne peuvent travailler que sporadiquement. Les travailleurs forestiers de la région me répètent souvent que, compte tenu des critères du régime d'assurance-emploi, ils n'arrivent pas à travailler pendant le nombre de semaines requises, déterminé en fonction du taux de chômage régional. Par conséquent, certains travailleurs de longue date d'un certain secteur ont toutes les misères du monde à payer leurs factures. Lorsque des choses pareilles se produisent à la pompe, c'est leur capacité même de subvenir aux besoins de leurs familles qui est compromise.
Le rapport poursuit en parlant du chômage:
Pendant la récession, les pertes d’emploi ont, de manière disproportionnée, touché les personnes les plus économiquement vulnérables; en effet, 1 travailleur sur 4 gagnant 10 $ ou moins de l’heure a perdu son emploi. [...] Il a fallu presque huit ans après la dernière récession pour que le chômage retombe à son taux pré-récession. Sans effort concerté du gouvernement du Canada, il faudra des années avant que le chômage et la pauvreté ne fléchissent jusqu’à leurs niveaux de 2008.
Le rapport énumère ensuite un certain nombre de caractéristiques de la situation après une période de récession.
Les différentes initiatives qui ont été proposées pourraient contribuer à refermer cet écart. Cependant, comme le député de l'a fait remarquer, une partie des inspections et autres services serait impartie à l'entreprise privée, ce qui n'est qu'un autre système qui n'inspirera aucune confiance aux consommateurs, qui continueront de douter que leurs droits sont bel et bien protégés. Cette mesure est typique de l'héritage conservateur.
Le 12 mai 2008, au cours de la 39e législature, le député de a réagi en ces termes à l'article de l'Ottawa Citizen:
[...] l'Ottawa Citizen rapporte qu'une pompe sur 20 n'est pas calibrée correctement et que les consommateurs en payent le prix. En plus d'arnaquer les gens à la pompe, les grandes pétrolières ne donnent même pas aux gens l'essence qu'ils ont payée. À 1,30 $ le litre, chaque cent compte.
Quand ce gouvernement créera-t-il un poste d'ombudsman pour protéger les consommateurs contre ces grandes pétrolières?
Le ministre de l'Industrie de l'époque a répondu que le gouvernement ne créerait pas de poste d'ombudsman pour exercer la surveillance nécessaire afin de déterminer si le consommateur est bien protégé. La même tendance se maintient.
Je tiens à aborder d’autres questions de protection du consommateur, puisque tout cela est indissociable. Les néo-démocrates ont toujours réclamé la protection des consommateurs, que ce soit aux pompes à essence ou en ce qui concerne la sécurité des produits, les cartes de crédit ou les téléphones portables. La liste est interminable. Un certain nombre de questions ont été soulevées à la Chambre à propos de la protection des consommateurs canadiens, mais les membres du gouvernement n’en ont tenu aucun compte ou en ont parlé pour la forme.
Je vais parler des cartes de crédit. Le député de a soulevé cette question plus d’une fois. Voyons la chronologie.
Le 24 novembre 2008, les néo-démocrates ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme parce que les Canadiens se faisaient exploiter par des taux d’intérêt scandaleux sur les cartes de crédit. Une sorte de modèle se dégage. Le député de a soulevé le problème des pompes à essence, et celui de a dénoncé celui des cartes de crédit.
Le 27 mars 2009, un sondage national a révélé que pas moins de 82 p. 100 des Canadiens ayant des cartes de crédit étaient favorables à une réglementation plus stricte du secteur des cartes de crédit.
Le 27 avril 2009, les néo-démocrates, à l’écoute des Canadiens, ont fait adopter au Parlement une motion exhortant le gouvernement à protéger les consommateurs contre l’arnaque des cartes de crédit. Le plan néo-démocrate prévoyait une mesure législative mettant fin aux droits abusifs et aux hausses de taux d’intérêt. Nous protégeons les jeunes et ceux qui paient leurs factures à temps. La majorité des députés ont appuyé la motion des néo-démocrates.
Le 8 mai 2009, les conservateurs ont présenté leur propre réforme des cartes de crédit, qui s’est avérée n’être guère plus qu’une campagne d’information pour mieux expliquer aux Canadiens de quelle façon ils se font exploiter.
Le 30 juin 2009, le rapport d’un comité sénatorial a recommandé que les consommateurs se fassent gruger encore un peu plus, car il propose que les marchands soient autorisés à exiger des frais supplémentaires des consommateurs qui utilisent des cartes de crédit prestige.
Le 27 octobre 2009, le délai fixé dans la motion des néo-démocrates sur les cartes de crédit est dépassé sans que le gouvernement ait fait quoi que soit. Une fois de plus, le gouvernement, qui préfère s’occuper des banques et des sociétés émettrices de cartes de crédit, abandonne les consommateurs à leur sort.
Le 19 novembre 2009, le gouvernement se range de nouveau du côté de ses amis des grandes sociétés en faisant adopter, en guise de moyen de protection du consommateur, un code de conduite mou et d’application facultative pour les sociétés du secteur des cartes de crédit et de débit.
On remarque une façon de faire familière: le secteur privé se chargera des inspections dans l’industrie visée par le projet de loi . Et nous avons pour les cartes de crédit un code d’application facultative dont nous savons qu’il est sans effet aucun. Je continue d’entendre les doléances des petites entreprises, surtout, dans ma circonscription. Elles disent que rien ne leur garantit, lorsqu’un client paie par carte de crédit, qu’elles n’auront pas à payer des frais de transaction scandaleux. À regarder les cartes, impossible de le dire. Souvent, ces entreprises sont exploitées à la limite de la rentabilité, et elles n’ont tout simplement pas les moyens de payer ces frais supplémentaires.
Il y a un peu partout au Canada des ateliers d’initiation aux finances. Les familles de travailleurs et les familles pauvres de ma circonscription se demandent ce que le gouvernement espère obtenir au moyen de ces ateliers. Leur problème, c’est qu’elles ne gagnent que 10 $ l’heure. Elles s’y connaissent en finances et savent quoi faire de ces 10 $ l’heure. Elles savent en tirer le maximum pour payer le loyer, nourrir les enfants et peut-être, avec de la chance, faire rouler une voiture. Elles n’ont pas besoin d’ateliers d’initiation pour leur dire comment gérer les finances. Ce qu’il leur faut, ce sont des emplois payés convenablement. Et c’est là que le gouvernement conservateur faillit à la tâche.
Les néo-démocrates avancent des propositions. Ils parlent des cartes de crédit. Ils disent que le Canada a besoin d’un plan financier. Ils parlent des prix de l’essence et de l’arnaque à la pompe. Ce que le gouvernement propose, c’est un processus de consultation sur l’initiation aux finances ou un régime d’application facultative pour les cartes de crédit. Cela ne va pas faire vivre les électeurs de ma circonscription, celle de .
Ce qu’il nous faut, ce sont des mesures sérieuses. Nous avons besoin du genre de réforme que nous avons proposée pour assurer la sécurité du revenu.
Qui souffre du prix élevé de l'essence? J'ai brièvement parlé des familles à faible revenu. J'ai parlé des parents qui travaillent, notamment ceux qui ont des emplois saisonniers, comme bon nombre des travailleurs forestiers de ma circonscription, et de ceux qui ont des emplois mal rémunérés et qui essaient de joindre les deux bouts, mais je n'ai pas parlé des aînés. Énormément d'aînés au Canada touchent un revenu fixe. Beaucoup d'entre eux avaient des investissements ou, avec un peu de chance, contribuaient à un régime de retraite. Toutefois, certains aînés s'inquiètent, car les entreprises privées qui leur versent des prestations de retraite font faillite, chose qu'ils n'auraient jamais cru possible.
Il y a quelques semaines, j'ai participé à une réunion déchirante. Une grande entreprise de ma circonscription, dont je tairai le nom, est au bord de la faillite. La salle était bondée d'hommes âgés entre 65 et 70 ans. Ils avaient travaillé toute leur vie pour cette entreprise et se demandaient si le montant de leurs prestations de retraite leur suffirait pour vivre. Un homme m'a dit: « J'ai 70 ans. Comment pourrais-je me trouver un emploi pour subvenir aux besoins de ma femme? » C'est une question importante pour cet homme de 70 ans qui a travaillé toute sa vie dans le secteur forestier.
J'exhorte le gouvernement à mettre sur pied des programmes de protection des consommateurs, qu'il s'agisse de programmes de protection des titulaires de cartes de crédit ou de protection des pensions pour les travailleurs, afin que nous ne soyons pas obligés de collaborer avec les retraités pour élaborer un plan leur permettant de subvenir aux besoins de leur famille dans leurs vieux jours.
Je suis heureuse d'avoir pu prendre la parole au sujet de ce projet de loi. J'espère que les députés prendront à coeur les propos du député de lorsqu'ils étudieront ce projet de loi.