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Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, je veux vous aviser que je partagerai mon temps avec le député d'.
Chaque fois que le Bloc fait un pas en avant, il en fait deux en arrière. La semaine passée, les députés du Bloc ont voté en faveur de mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui demandait des excuses au pour les injustices commises envers les Canadiens d'origine italienne au cours de la Seconde Guerre mondiale. J'ai beaucoup apprécié l'appui du Bloc. Mais aujourd'hui, je suis très déçu de cette motion, qui commence ainsi: « Que cette Chambre constate que le fédéralisme n’est pas renouvelable puisque, vingt ans après l’échec de l’Accord du Lac Meech [...] ».
Je pense que c'est le Bloc qui ne s'est pas renouvelé. Son premier chef, M. Bouchard, lui, s'est renouvelé il y a quelques mois en avouant que le concept de la séparation est mort. Il a dit qu'il fallait travailler avec le Canada et laisser tomber l'idée de la séparation. C'est un concept renouvelé. Après 20 ans, finalement, on a révélé qu'on devrait oublier l'idée de la séparation et travailler au renforcement de la nation québécoise.
Le Bloc siège à la Chambre des communes depuis 20 ans, soit depuis l'échec de l'Accord du lac Meech. Durant ces 20 ans, il n'a rien changé, sauf nier une place au Québec à la Table décisionnelle du gouvernement fédéral.
La motion se poursuit ainsi: « [...] le Québec ne dispose pas du pouvoir de choisir trois juges à la Cour suprême du Canada ». Cela veut dire que le Bloc ne dispose pas du pouvoir de choisir les juges. C'est certain que le Bloc, qui vit dans l'opposition éternelle, n'aura jamais la possibilité de choisir les juges.
Le gouvernement libéral a toujours consulté le Québec. Ce sont les députés fédéraux du Québec qui se sont assurés de participer à ces consultations.
La motion dit aussi que le Québec n'a pas un « droit de retrait avec compensation des programmes fédéraux dans ses champs de compétence [...] ». Le Bloc n'a jamais cité un exemple où cela s'est produit. Sous les gouvernements libéraux précédents, plusieurs transferts de responsabilité ont été effectués, par exemple dans le domaine de l'emploi et de la formation ainsi que dans le système de santé.
Lorsqu'on a donné l'argent transféré pour les infrastructures aux municipalités, on a traversé le Québec. Je m'en souviens car il y a avait une conférence de presse avec Jean Charest et Paul Martin. Deux minutes après cette conférence de presse, il y a eu une autre conférence de presse avec le maire Gérald Tremblay et Jean Charest. Le premier ministre du Canada n'avait pas assisté à cette conférence de presse afin de respecter les champs de compétence du gouvernement provincial.
Il y a eu des transferts en immigration avec pleine compensation. Il y a aussi l'éducation. Le gouvernement fédéral a donné la permission aux agents de commerce d'être dans des ambassades partout dans le monde.
N'oublions surtout pas les augmentations de la péréquation pour des montants qu'on n'a pas exactement payés pour ces transferts de responsabilité.
Je passe maintenant au quatrième volet de la motion, selon lequel le Québec n'a pas un « réel veto en matière d'amendements constitutionnels et son statut de nation ne fait toujours pas l'objet d'une reconnaissance constitutionnelle. » Quel est le meilleur outil dont le Québec dispose présentement? Il a un droit de veto réel avec la clause nonobstant.
Le peuple du Québec veut que ses députés travaillent pour bâtir un Québec plus fort qu'il ne l'est présentement et travaillent à des enjeux de fond qui les touchent.
Le Bloc a perdu beaucoup d'occasions de représenter les meilleurs intérêts du Québec.
Autrement dit, nous, les députés du Parti libéral, avons travaillé d'arrache-pied pour faire en sorte que le Québec ait une voix crédible sur la scène fédérale. Notre parti a toujours partagé les valeurs d'entraide du Québec et c'est la raison pour laquelle une entente asymétrique en matière de santé fut conclue sous la gouverne de Paul Martin.
Aujourd'hui, notre parti partage le point de vue du Québec en matière d'environnement, soit d'avoir l'année 1990 comme année de référence et de faire un investissement massif dans les technologies vertes. Notre parti partage les valeurs du Québec en matière de culture, de développement économique et régional, de santé et de liberté d'appartenance. Nous croyons à un fédéralisme de convergence où se bâtissent des réseaux des juridictions et de responsabilités entre le secteur privé, les ONG et les municipalités. Ce fédéralisme est possible et nous invitons les Québécois à se joindre à nous pour faire de ce Canada un pays qui leur ressemble.
En présentant cette motion, le Bloc perd encore une fois l'opportunité de représenter les meilleurs intérêts des Québécois. Il aurait pu, aujourd'hui, se faire le défenseur de l'enregistrement des armes à feu et il aurait pu demander à ce que ce gouvernement s'engage à garder notre système de santé au Canada gratuit et universel.
Le Bloc aurait pu prendre ses responsabilités et tenir ce gouvernement responsable de provoquer la division parmi les Canadiens avec ses politiques idéologiques mesquines. Au cours du dernier mois, 11 associations ou groupes de femmes furent privés de leurs subventions pour avoir critiqué les politiques de santé maternelle dans le cadre du G8.
D'autres organismes se sont également vu privés de ces subventions par ce gouvernement qui voulait se faire du capital politique avec les membres de sa base. Il s'est caché derrière nos soldats et nos soldates afin d'éviter de répondre à des questions précises sur le transfert des détenus afghans. Il a provoqué la division entre les Canadiens des régions urbaines et rurales en refusant de prendre une position ferme en ce qui concerne l'enregistrement des armes à feu et tout autre dossier.
Ce qui rend cela encore plus déloyal, c'est qu'au départ, le mouvement séparatiste et le Parti québécois n'ont jamais appuyé l'Accord du lac Meech. Ils voulaient la faillite de cet accord et ils ont travaillé à ce qu'il ne soit jamais signé. Lorsque les négociations ont échoué, ils ont blâmé tout le monde sauf eux-mêmes et ont affirmé que la fédération canadienne ne pouvait pas fonctionner.
Quand cette Chambre a voté pour reconnaître le peuple québécois comme une nation dans une Canada uni, c'était en 2006. Quatre ans plus tard, le Bloc proclame que le fédéralisme a échoué. Où est la constance dans son argumentation?
Simplement, cette motion n'est pas nécessaire et ne donne rien au peuple du Québec ou au Québec. Ce n'est pas bon pour le Canada et je ne vais pas appuyer cette motion.
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Monsieur le Président, j'ai voulu intervenir dans ce débat parce que j'étais un des députés qui siégeait en cette Chambre à l'époque de l'Accord du Lac Meech et de l'accord suivant. Je sais qu'il n'y avait qu'un seul député du Bloc qui était également en cette Chambre. Donc, quand on parle de cette motion par rapport à la position du Québec au sein du Canada ou à l'extérieur du Canada, il faut aussi bien connaître la politique de cette époque.
Je voudrais intervenir en tant que citoyen canadien, député et ex-ministre du gouvernement du Canada. À cette époque, il n'y avait pas de Bloc québécois. Il y avait seulement les conservateurs de M. Mulroney, les libéraux et quelques députés du NPD. À l'époque, M. Lucien Bouchard était l'un des ministres les plus influents dans le Cabinet de M. Mulroney. Il était l'éminence grise sur les sujets constitutionnels pour M. Mulroney.
J'étais ici à la Chambre où se trouve présentement le député de . En tant que député, j'ai eu l'occasion d'entendre M. Lucien Bouchard quand il parlait des aspirations des Québécois et de sa vision d'un Canada uni. Il était pour moi — je parle comme député — un individu qui avait une certaine présence, qui voulait que le Québec puisse entrer dans un Canada qui était davantage accueillant, mais aussi tourné vers le futur pour croître ensemble.
Je me rappelle d'une réflexion de la part d'un de mes collègues à cette époque. En fait, si M. Bouchard avait continué encore un peu, quelques députés du Parti libéral aurait peut-être été convaincus par son discours. Des choses ont été réalisées. On peut dire que M. Bouchard a changé la dynamique de la Chambre en formant le Bloc québécois avec des députés du Parti libéral et des députés du Parti conservateur. Il avait une vision. Aujourd'hui, ce même M. Lucien Bouchard, ex-ministre du gouvernement du Canada, ex-premier ministre du Québec, dit que toute cette expérience n'est plus nécessaire et qu'on a déjà au sein du fédéralisme canadien une place pour le Québec et les Québécois, une place que tout le reste du monde regarde avec envie.
Les Européens étudient l'expérience canadienne et se demandent comment arriver au fédéralisme qu'on retrouve ici au Canada, comment protéger la culture, la langue, la tradition, l'histoire des diverses nations et faire partie d'une grande nation, une nation ambitieuse, un pays progressiste, un pays qui a le respect de tout le monde. C'est la même question que se posait M. Bouchard. Sans être malicieux, je me demande pourquoi aujourd'hui M. Bouchard ne fait plus partie de ce Bloc québécois qui est très différent quant aux aspirations et ambitions que lui avait il y a une vingtaine d'années.
Comme individu, je vivais à l'époque une situation très étrange parce qu'on parlait d'un Canada qui était en péril.
Comme citoyen, quel était mon rôle? J'acceptais à l'époque, à titre de citoyen et de député, d'améliorer le concept de l'Accord du lac Meech.
Quelques-uns ici, même des députés du Bloc, peuvent se rappeler qu'il y a eu l'accord de Charlottetown négocié par le premier ministre actuel du Québec et d'autres, des sénateurs provenant du Québec, de vrais Québécois, qui voulaient toujours le meilleur pour les citoyens de la province et du Canada à la fois. Ils ont élaboré ensemble un accord pour attirer l'attention, pour renforcer la conviction et la participation de tout le Canada.
Comme citoyen, je me suis senti obligé de promouvoir le Canada dans le contexte de l'accord de Charlottetown. Cet accord allait encore plus loin que l'Accord du lac Meech pour les Québécois.
Quand on a fait le référendum et la publicité, j'ai présidé 17 conférences publiques dans ma circonscription, à Toronto. La plupart de mes électeurs étaient en faveur de l'accord de Charlottetown. Ils voulaient dire oui à tous les Québécois, à tous les Canadiens qui avaient une vision d'un Canada uni et fort qui respectait toutes les différences.
Ensuite, j'ai eu le privilège de me trouver au Cabinet de M. Martin. On parlait toujours du rôle du Québec au sein du Canada. On discutait de la façon d'aller vers l'avenir, unis, pour relever les défis de l'avenir pour le peuple canadien, peu importe où il habitait, au Québec ou dans les autres provinces, pour les Canadiens de toutes les cultures, de toutes les traditions et de toutes les nations. Les Québécois faisaient partie de cela.
Les autres ministres du gouvernement et moi-même avons examiné toutes les demandes antérieures du Québec et celles du moment. Quand on parle d'immigration aujourd'hui, on voit qu'on a un modèle québécois et un modèle canadien. J'ose dire que le modèle québécois influence beaucoup l'immigration canadienne. C'était une innovation du fédéralisme canadien. C'est une innovation que les Européens veulent imiter aujourd'hui.
On voit que le Québec, aujourd'hui, joue un rôle de leader dans le secteur de la santé publique. C'est à cause des fonds qui sont versés par le fédéral au provincial.
[Traduction]
Je me permets de conclure dans ma langue maternelle. Il me reste peu de temps. Quand on parle du Québec, des Québécois et d'une nation, il ne faut pas oublier que de nombreuses personnes qui vivent dans cette province parlent une autre langue et qu'elles souhaitent et désirent tout autant faire partie d'un nouveau Québec et d'un nouveau Canada. Il faut en tenir compte dans toute motion.
La présente motion est très étroite. Elle est restrictive. Elle n'est pas ambitieuse. Elle n'a pas d'avenir. Elle exclut au lieu d'englober, d'inclure et de développer. Je m'efforce de parler en français quand c'est possible, mais, en anglais, je dois dire que je ne peux pas appuyer cette motion. Ce n'est pas parce que je parle en anglais, mais plutôt parce qu'il n'y a pas de place pour tout le monde dans la vision du monde et du Canada qu'a le Bloc québécois.
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Monsieur le Président, je suis heureuse, aujourd'hui, de prendre part au débat sur la motion d'opposition du Bloc québécois. Ce sujet me passionne. Je profite de l'occasion pour dire que je partagerai mon temps avec la députée de qui, à mon avis, est un exemple et un symbole de la démocratie québécoise.
La circonscription de Vaudreuil-Soulanges a presque toujours appartenu aux libéraux, du moins jusqu'en 2004. Avec le scandale des commandites, les Québécois se sont réveillés. Ils ont vu clair et ils ont décidé d'accorder leur confiance au Bloc québécois. Ils ont eu la certitude d'être bien représentés. La députée a défait le ministre libéral, et à l'élection suivante, en 2006, elle a battu un candidat de très haut niveau, qui est maintenant député dans Westmount—Ville-Marie. Lors de la dernière élection, elle a battu un sénateur. Pour nous, la députée de Vaudreuil-Soulanges est donc un symbole qui nous dit que le Bloc québécois est très bien enraciné et que ce n'est pas pour rien que depuis six élections consécutives, les Québécois, démocratiquement, mettent un petit x sur leur bulletin de vote pour le candidat ou la candidate du Bloc québécois.
J'ai écouté les discours des députés de la Chambre des communes. Il faut arrêter de dire que le Bloc québécois est un parti qui n'est pas correct parce qu'il veut diviser le Canada. Les Québécois ont fait un choix démocratique. Ce sont eux et elles qui ont le dernier mot et qui ont décidé de nous choisir. Quand ils ne nous choisiront plus, c'e sera peut-être parce qu'ils auront déjà dit oui au pays qu'on veut se donner. Toutefois, tant et aussi longtemps qu'on sera là, on parlera pour les Québécois et les Québécoises, on les représentera et, surtout, on défendra les consensus qui se dégagent de l'Assemblée nationale du Québec.
Soit dit en passant, c'est l'instance démocratique suprême de la nation québécoise. Or, pour plusieurs projets de loi ou plusieurs positions, que ce soit du gouvernement, des libéraux ou du NPD, on n'a pas le soutien des députés du Québec pour respecter ces consensus. Un consensus de l'Assemblée nationale du Québec, cela veut dire que tous les partis présents à l'Assemblée nationale, le Parti libéral, Québec solidaire, le Parti québécois, fédéralistes et souverainistes confondus s'unissent. Ils s'unissent pour dire au fédéral que ce qu'il s'apprête à adopter, que ce que les libéraux s'apprêtent à faire en appuyant les conservateurs, va dans le sens contraire du consensus de l'instance démocratique du Québec.
Il faut arrêter d'adoucir les choses et de tourner les coins ronds. J'écoutais tout à l'heure le discours du député d', qui a beaucoup d'expérience. Il a vu et entendu beaucoup de choses. Il a été témoin de moments historiques, mais il faut arrêter de dire que les choses vont bien. Cela ne va pas si bien que cela. Je sais que plusieurs voudraient la mort ou la disparition du Bloc québécois, mais tant et aussi longtemps que les Québécois et Québécoises voudront de nous et nous choisiront, nous serons là pour les représenter, forts, avec toute la rigueur que nous avons et surtout la passion du Québec, la passion de défendre la nation québécoise.
Samedi dernier, on a pu voir dans les journaux la tenue d'un colloque auquel j'ai assisté. C'était un colloque très bien organisé avec des intellectuels, des gens très scolarisés qui ont réfléchi et qui ont partagé le fruit de leurs réflexions, à savoir qu'on a tout essayé. On a essayé l'Accord du lac Meech et l'accord de Charlottetown, deux accords qui voulaient partager un peu plus de pouvoirs avec le Québec et le considérer comme une nation. Or cela a été des échecs.
Deux conférenciers m'ont particulièrement intéressée, notamment Mme Andrée Lajoie, que certains connaissent peut-être. Elle est diplômée en droit et en sciences politiques des universités de Montréal et d'Oxford. Mme Lajoie nous a expliqué que la Constitution canadienne était une constitution plus unitaire que fédérale ou confédérale, et que dans la Constitution, il y avait cinq possibilités de mainmise du fédéral sur les provinces.
Je suis une jeune députée. Je ne suis pas nécessairement une jeune personne, mais une jeune députée en termes d'ancienneté et je ne connais pas par coeur ces cinq possibilités. Mme Lajoie m'a appris qu'il y avait cinq possibilités et elle nous a invités à les faire connaître. C'est ce que je compte faire dans ma présentation d'aujourd'hui.
Dans la Constitution canadienne, il y a cinq possibilités légales pour les autorités fédérales de modifier unilatéralement la Constitution canadienne. Le pouvoir de désaveu est sûrement en désuétude et peu utilisé, mais il est quand même présent. On n'a pas l'assurance qu'il ne pourra jamais être utilisé.
On retrouve aussi le pouvoir déclaratoire. Elle nous a informé qu'il y a eu 472 déclarations effectuées depuis 1867 dont deux depuis 2000 et 118 seulement au Québec. J'étais curieuse de savoir ce qu'était un pouvoir déclaratoire. Il s'agit de pouvoirs qui ont été utilisés pour les tramways de Montréal, de Québec et d'Ottawa, pour des réseaux d'autobus locaux, des hôtels, des restaurants et des théâtres. En fait, on peut utiliser le pouvoir déclaratoire pour beaucoup de situations qui se retrouvent au Québec.
On retrouve aussi le pouvoir d'acquisition des propriétés publiques. L'expropriation est un exemple malheureux pour bien des gens de Mirabel. On a assisté à l'expropriation des gens de Mirabel pour construire un aéroport.
On retrouve aussi le pouvoir de dépenser. C'est ce supposé pouvoir de dépenser qui fait que le fédéral se garde la possibilité de dépenser de façon normative dans les champs de compétence des provinces.
La cinquième possibilité repose sur les théories interprétatives, principalement la compétence implicite, la prépondérance, la compétence résiduaire, les dimensions nationales et l'état d'urgence.
Ce sont des possibilités qui sont fréquemment utilisées par la Cour suprême dans différents jugements. Quand on entend, qu'on lit et qu'on prend connaissance du discours de Mme Lajoie, on dit qu'il faudrait mieux enseigner aux Québécois ce que veut dire le partage des responsabilités entre les provinces et le fédéral. Le nombre de souverainistes augmenterait probablement en flèche et très rapidement.
L'objectif des députés du Bloc québécois est d'enseigner et de convaincre. Notre mouvement est jeune et faire un pays peut prendre du temps. Je suis certaine, contrairement à M. Bouchard, que je verrai le Québec comme un pays de mon vivant.
Un autre conférencier m'a interpellé. Stéphane Paquin est un docteur à l'Institut d'études politiques de Paris et il enseigne aussi à l'Université de Sherbrooke. Il nous a expliqué quelque chose de très important, à savoir que presque l'ensemble des traités internationaux auront des conséquences locales, régionales ou provinciales. Ce n'est donc pas pour rien que l'Union européenne, lors des négociations avec le Canada pour signer un accord de libre-échange, a tenu à ce que les provinces soient assises aux tables de négociations parce que ce qui l'intéresse, entre autres, c'est l'accès aux marchés publics. Les marchés publics relevant de la compétence des provinces, l'Union européenne voulait que ces dernières soient assises et puissent participer aux négociations. C'est la tendance des nouveaux traités.
Le Canada signe de nouveaux traités, mais les impacts seront vécus par le Québec. C'est une autre raison pour dire que si on est maître chez nous, maître de notre pays, c'est le Québec qui sera assis à la table et négociera avec les autres pays ses accords de libre-échange selon ses valeurs, sa culture et sa spécificité.
J'aimerais conclure en disant que les souverainistes ne sont pas des gens qui sont contre le Canada, mais plutôt des gens qui sont pour le Québec. Notre souhait le plus cher c'est de s'appartenir, d'avoir les guides de notre pays, d'être capables d'échanger et de vivre côte à côte avec la nation canadienne, d'avoir une relation commerciale comme avec d'autres pays. Je crois que si le Québec se donne ce choix, les relations Canada-Québec iront beaucoup mieux et les discussions nationalistes reprendront à l'intérieur du Québec et ne feront plus l'objet de négociations puisque le Québec comme nation aura choisi son pays.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord remercier ma collègue de de ses bons mots. Le travail que j'effectue dans ma circonscription est colossal et j'accomplis ma tâche avec rigueur. Je ne baisse pas les bras. C'est un travail de tous les jours que je fais avec plaisir. C'est un bonheur pour moi de faire mon travail.
J'écoutais les députés parler. Je me rappelle de 1990. Je me rappelle de l'épisode de l'Accord du lac Meech parce que, à ce moment-là, je débutais ma réflexion, dès l'âge de ma majorité. D'ailleurs, le premier article de journal que mon père m'a mis sous le nez, la journée de mon anniversaire, c'était la critique de l'Accord du lac Meech, le 18 juin 1990. Ce qui est assez intéressant, c'est que, au moment où ces discussions avaient lieu, j'étais également à la Chambre en tant qu'attachée politique. J'ai pu moi-même entendre les discussions de part et d'autre de la Chambre sur les revendications du Québec.
Voici donc mes opinions sur l'avenir du Québec dans le Canada.
Cette année marque effectivement les 20 ans de l'échec de l'Accord du lac Meech et les 20 ans de la présence du Bloc québécois à la Chambre des communes. Mes collègues du Bloc québécois et moi-même invitons humblement nos chers collègues de la Chambre des communes à prendre connaissance du sondage d'opinion pancanadien réalisé pour le compte des Intellectuels pour la souveraineté du Québec et du Bloc québécois. Cette publication est assez éloquente. Ils devraient aisément reconnaître, dans les constats de l'étude, des réponses à leurs questions sur les attentes constitutionnelles des Québécoises et des Québécois.
Force est de constater que ceux et celles qui pensent encore que le fédéralisme est « réformable » ont avantage à s'armer d'une patience phénoménale parce que l'opinion publique canadienne a régressé en 20 ans.
La publication de ce sondage d'opinion à ce moment-ci est tout à fait appropriée et permet de dégager les perspectives d'avenir du Québec. Ainsi, il y a deux chemins devant nous. Il y a celui sur lequel nous évoluons présentement à l'intérieur du cadre fédéral canadien, sans autre perspective que le statu quo, ce qui signifie un recul pour le Québec. L'autre, celui de la souveraineté, demeure le seul chemin de tous les possibles.
Le Québec est en marche vers sa souveraineté, et aujourd'hui, nous avons l'occasion de nous remémorer le chemin fédéral que nous empruntons depuis si longtemps, depuis trop longtemps.
Il y a trois attributs à la souveraineté: la capacité de faire ses lois, la capacité d'agir et de parler en son propre nom sur la scène internationale et la capacité de lever des impôts.
La nation québécoise ne peut pas se bâtir un avenir basé sur un non perpétuel.
Je remercie le Bloc québécois de nous permettre d'entendre des collègues de partout au Canada exprimer leur point de vue sur les questions constitutionnelles qui préoccupent le Québec.
Pourquoi l'avenir du Québec dans le Canada est-il moins sûr qu'on ne le pense? Il est illusoire de croire que le Canada est prêt à reculer et à concéder au Québec et aux provinces quelque pouvoir que ce soit. Le Canada a toujours continué à se construire et à s'arroger des pouvoirs au fil des ans qui ne seront, pour la plupart, jamais rétrocédés au Québec et aux provinces.
Il y a des repères historiques datant de la période de la Conquête de 1763 et allant jusqu'en 1867 que je n'aborderai pas dans mon discours, mais qui sont tout de même importants. J'invite mes collègues à en prendre connaissance pour trouver des réponses à leurs questions sur les rapports entre le gouvernement colonial britannique et sa colonie francophone.
Depuis l'entrée en vigueur de la Constitution canadienne, le 1er juillet 1867, l'interprétation de son texte, notamment au chapitre des pouvoirs et du rôle de chaque ordre de gouvernement, fait l'objet de querelles et de discussions incessantes.
Le gouvernement l'a fait en temps de crise, en 1942. Auparavant, le gouvernement fédéral ne levait pas d'impôts sur le revenu des particuliers et il en allait de même pour l'assurance-emploi.
Malgré les promesses de renouveler le fédéralisme de 1980, le gouvernement fédéral signe en 1982 le rapatriement forcé de la Constitution du Parlement de Londres et lui adjoint une formule d'amendement qui lui permet dorénavant de s'arroger des pouvoirs dans d'autres domaines, avec le consentement de certaines provinces, sans que l'un des peuples fondateurs n'ait à se prononcer. Le Québec ne signera pas la Constitution.
En 1982, le Québec a connu un recul fondamental. De 1960 jusqu'en 1976, le Québec revendiquait un droit de veto afin de garantir la sécurité à long terme de la province.
Comme le note Georges Mathews, et je vais citer une de ses déclarations:
Avec la Constitution de 1982, le gouvernement fédéral a désormais la possibilité de se faire remettre un à un tous les pouvoirs des provinces dès lors qu'une majorité canadienne-anglaise y est favorable. Avec la nouvelle formule d'amendement le Québec a moins de pouvoirs que les quatre provinces de l'Atlantique réunies, qui ne représentent même pas le tiers de son poids démographique .
Dans la foulée d'une autre promesse faite cette fois-ci en 1984 d'intégrer le Québec dans la nouvelle Constitution, et ce, « dans l'honneur et l'enthousiasme », une nouvelle ronde de négociations s'est amorcée. Le gouvernement fédéral et les provinces se sont prêtés au jeu d'accepter les conditions minimales du Québec.
Pour répondre à mes collègues de l'autre côté, les conditions minimales du Québec sont les suivantes: une reconnaissance du Québec comme société distincte; que le Québec et les autres provinces disposent d'un droit de veto à l'égard de certains amendements importants à la Constitution; le droit de retrait d'une province, avec compensation, de tout programme initié par le gouvernement fédéral dans un domaine de compétence provinciale; une reconnaissance accrue des pouvoirs provinciaux en immigration; et que les trois juges québécois de la Cour suprême du Canada soient nommés par le gouvernement fédéral sur proposition du gouvernement du Québec.
Robert Bourassa voulait qu'on reconnaisse la juridiction exclusive en matière de langue au Québec et aux provinces. Il voulait plus de pouvoirs en matière de main-d'oeuvre et de communications. Pour les anglophones du Québec, leur position est difficile à comprendre et l'accord enchâssait la règle de la dualité. On cherchait du côté du Québec à limiter le pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence des provinces.
En 1987, malgré l'entente initiale qui semble avoir trouvé écho dans l'Accord du lac Meech, les provinces disposent de trois ans pour faire approuver toute entente de principes signée par leur législature. C'est à ce moment-là que cette tentative de réconcilier les revendications du Québec et des provinces a échoué et s'est soldée par un constat un peu plus clair: un refus par le reste du Canada de reconnaître la spécificité du Québec.
Il faut se rappeler que de façon symbolique, pour la première fois depuis 1867, Meech accordait au Québec une reconnaissance explicite de sa spécificité. Il faut aussi se rappeler que contrairement au mythe tenace véhiculé au Canada anglais, le Québec n'avait pas obtenu tout ce qu'il voulait. C'est en fin de compte le Québec qui a accepté de faire des concessions substantielles avant de signer l'accord.
Robert Bourassa acceptait que le fédéral puisse imposer ses conditions à l'intérieur des juridictions provinciales. C'était une concession de taille. Selon les professeurs Andrée Lajoie et Jacques Frémont:
Ce qui, à première vue, peut sembler une concession du fédéral faite au Québec et aux provinces doit se révéler après un examen plus détaillé une victoire majeure du fédéral qui, par ce biais, réussira enfin à faire ce qu'il cherchait à accomplir depuis de nombreuses années, à savoir d'acquérir l'autorité constitutionnelle d'investir et de contrôler à toutes fins utiles tous les domaines de juridiction provinciale exclusive.
En 1992, il y a eu le rejet de l'accord de Charlottetown. En 1997, encore sans le Québec, les premiers ministres des neuf autres provinces rejettent encore la spécificité du Québec dans un texte auquel on fait peu de référence car il n'a aucune valeur interprétative dans la Constitution canadienne, soit la déclaration de Calgary.
En 1998, la Cour suprême tranche et déclare l'obligation de négocier de bonne foi advenant un vote majoritaire en faveur de la sécession du Québec. En 1999, on change les règles, c'est la Loi sur la clarté. Encore une fois, le fédéral rappelle au Québec qu'il entend demeurer maître du jeu, maître du sort d'une de ses provinces.
Pour ce qui est des autres éléments de l'histoire plus récente, mes collègues en ont fait part. Je ne répéterai donc pas ces éléments. Cependant, comme je viens de l'illustrer, ceux qui cherchent dans la Constitution canadienne la solution pour tous les maux se font des illusions. Notre Constitution est plutôt unitaire que fédérative. Peu importe où on regarde, le gouvernement fédéral pourrait invoquer maintes raisons, même s'il y a une entente, pour décider unilatéralement sans le consentement du Québec ou d'une province.
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Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole sur le débat portant sur une motion proposée par le député de .
Le député de Joliette soulève des points que je souhaite traiter en tant que Québécois et député fédéral de Lévis-Bellechasse au service de ses citoyens et de la nation québécoise.
D'entrée de jeu, je n'ai pas l'intention d'appuyer cette motion pour deux raisons. Premièrement, elle bloque la réforme du fédéralisme canadien et elle empêche le Québec de donner toute sa mesure au sein de l'ensemble canadien.
La deuxième raison est qu'elle ne reconnaît pas les améliorations et l'évolution du fédéralisme depuis l'Accord du lac Meech. J'ai la ferme intention de m'opposer à cette motion.
Je pense que cette motion nous donne l'occasion de replacer les choses dans leur contexte historique, et pour cela, il faut remonter au rapatriement unilatéral de la Constitution, en 1982. À ce moment, le gouvernement libéral de l'époque a rapatrié unilatéralement la Constitution, sans le consentement du Québec.
Ce n'est pas parce que je suis un fier Québécois qui souhaite que le Québec se développe au sein de la fédération canadienne que je peux accepter cela. C'était inacceptable à l'époque et ça l'est encore aujourd'hui. Et je ne suis pas le seul à le penser. Comme moi, beaucoup de Canadiens pensent que le rapatriement unilatéral de la Constitution a eu des conséquences néfastes dont on subit encore les contrecoups aujourd'hui.
L'ancien chef conservateur Robert Stanfield, de la Nouvelle-Écosse, a commenté ainsi le rapatriement unilatéral de la Constitution de 1982 par le gouvernement libéral fédéral, alors dirigé par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau:
Aucun premier ministre québécois, de mémoire d'homme, n'aurait accepté la Constitution de 1982. Le Canada anglais a oublié son histoire en 1982. Nous avons abandonné notre tradition de ne pas changer les règles gouvernant le Québec sans le consentement du Québec. J'ai pensé et je pense toujours que l'exercice de 1982 met en danger le Canada en tant que pays.
Le rapatriement unilatéral de la Constitution était aussi grave que cela parce qu'il était basé sur le libre consentement des parties prenantes. La citation continue ainsi:
Ottawa n'a pas seulement manqué une occasion de renouveau constitutionnel à la suite d'un vote favorable au référendum; Ottawa a trahi les Québécois francophones qui avaient voté en faveur d'un renouveau constitutionnel.
C'est ce qui s'est passé en 1982. C'était un outrage à la nation québécoise. C'était inadmissible et c'était le bilan d'un gouvernement libéral fédéral.
Qu'est-ce qui nous a amenés du rapatriement unilatéral de la Constitution à l'Accord du lac Meech? L'Accord du lac Meech est un projet canadien réalisé sous le leadership d'un gouvernement conservateur. C'est la réalité.
Malheureusement, ce que je trouve paradoxal aujourd'hui, c'est que les députés du mouvement souverainiste présentent une motion qui fait presque l'apothéose de l'Accord du lac Meech. Tout comme les députés libéraux fédéraux, ils se sont trouvés d'un côté de la clôture et se sont opposés à cet accord. Ils en sont, en fin de compte, les fossoyeurs.
On constate encore aujourd'hui que les bloquistes ont lancé la serviette, mais gardent la main sur les avantages du fédéralisme canadien et paralysent le Québec sur les banquettes de l'opposition. Je partage mon point de vue et mes collègues sont libres de penser autrement.
Cette motion me permet de rendre hommage à un grand Québécois et un grand Canadien. On aura reconnu celui qui a vécu son plus beau moment ici, le 1er mai 1987, lorsqu'il a informé la Chambre de ceci:
[...] les premiers ministres des provinces et moi-même en sommes venus à une entente de principe unanime pour modifier la constitution de façon à permettre au Québec de réintégrer le giron constitutionnel canadien.
Cette entente vient resserrer les liens de notre pacte confédératif et renforcer le caractère fédéral du Canada. Même s'il reste à la formaliser, cette entente constitue déjà, de l'avis des premiers ministres, une réalisation historique.
Bien sûr, on aura reconnu la déclaration du très hon. Brian Mulroney qui mentionnait cela ici même en cette Chambre, le 3 mai 1987. Il faisait aussi un parallèle avec une déclaration d'un autre ancien premier ministre, Sir Wilfrid Laurier, qui disait:
« Le grand dessein de mon existence a été d'harmoniser les éléments divers qui composent notre pays. »
C'est un objectif que partagent, j'en suis sûr, tous les députés de la Chambre. Bâtir un Canada où tous les Canadiens et Canadiennes se sentent chez eux, tel est notre politique, tel est notre dessein.
C'est cela l'Accord du lac Meech. C'est un projet canadien préparé sous le leadership d'un gouvernement conservateur, avec une vision qui permettait de réintégrer le Québec avec son plein consentement au sein de la fédération canadienne. Des gens ont reconnu que c'était un geste unique et exceptionnel. Je pense entre autres à Roger Tassé, qui était le principal auteur de la Charte des droits et libertés. Il disait que, bien sûr, comme toute entente, ce n'était pas une entente parfaite, mais sa qualité, disait-il, était certainement égale à celle des amendements de 1982. Dans ce cas-ci, le produit était un accord constitutionnel majeur qui était décisif pour l'avenir du pays, qui complétait les affaires en suspens de 1982 et qui ramenait le Québec dans le giron constitutionnel, un accord qui avait été signé par 11 premiers ministres canadiens, une réalisation sans précédent.
C'est cela qu'on avait avec un gouvernement conservateur. On avait un Canada qui fonctionnait, un Canada où, finalement, tout le monde trouvait sa place. Toutefois, c'était sans compter sur le travail des saboteurs, parce qu'il y a des gens qui ont saboté l'Accord du lac Meech. Et 20 ans plus tard, il est important de dire aux gens que ces forces-là sont encore présentes ici en cette Chambre. Il est important de rappeler le rôle crucial qu'a joué le gouvernement conservateur pour faire en sorte que le Canada et le Québec puissent continuer de s'épanouir.
Ici, j'ai une citation d'un député qui siège toujours en cette Chambre. C'est le député de , qui a été chef du Parti libéral du Canada. Il a dit ceci:
Après Meech, nous aurions eu la stabilité pour très longtemps et la pire erreur constitutionnelle de l'histoire du Canada est probablement la campagne de M. Trudeau contre Meech.
C'est un membre du Parti libéral actuel qui reconnaît les difficultés qu'on a soulevées en sabotant l'Accord du lac Meech. C'est sûr que cela soulève des émotions parce que ce qui s'est passé est plutôt inacceptable et, encore aujourd'hui, on doit en subir les contrecoups.
On se retrouve, d'une part, avec des libéraux centralisateurs qui ont torpillé l'Accord du lac Meech et des gens qui lancent l'éponge. Moi, je ne lance pas l'éponge. On voit depuis 20 ans et avec le leadership de notre actuel qu'il est possible de faire avancer, de faire évoluer le Canada et de faire évoluer le Québec au sein de la fédération canadienne.
On n'a qu'à penser à la reconnaissance de la nation québécoise qui se rapproche d'une des conditions qu'on retrouvait dans l'Accord du lac Meech au niveau de la reconnaissance de la société distincte. On reconnaît non seulement que le Québec forme une société distincte, mais qu'il forme une nation. Cela s'est fait ici, en cette Chambre. Quand on veut, on peut, et c'est un bon exemple de ce que l'on peut faire lorsqu'on veut faire avancer le fédéralisme. C'est pour cette raison bien évidente que je m'oppose à cette motion.
Notre gouvernement, à l'instar de la majorité des Québécois, fait le pari du Québec au sein du Canada. Nous croyons que le Canada et le Québec peuvent continuer à travailler ensemble et faire en sorte qu'on en sorte gagnants. C'est ce qui inspire nos politiques depuis 2006. Cette politique, nous l'appuyons de gestes concrets qui s'inscrivent dans une vision d'un Canada moderne, confiant en ses moyens et résolument tourné vers l'avenir. C'est un Canada au sein duquel aucun partenaire de notre fédération n'est appelé à renoncer à ce qu'il est. Nous pensons au contraire que chacun d'entre eux, disposant d'atouts et de forces qui lui sont propres, contribue à notre édification collective. Il n'en est pas autrement du Québec qui, par le rayonnement de sa culture, la richesse de son identité, la vigueur de son économie et le dynamisme de son entrepreneuriat, occupe une place de premier plan ici au pays, un pays qui nous permet et qui permet aux Québécois de maximiser notre potentiel et de réaliser nos aspirations légitimes.
Voilà le défi que les Québécois ont su relever avec les autre Canadiens, et c'est dans cette direction que notre gouvernement entend poursuivre cette marche vers l'avenir, et ce, au bénéfice de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes. Le Canada représente un défi collectif auquel chacune de ses composantes est conviée, un objectif que certains ont bien illustré par une formule qui se veut aussi un programme: l'unité dans la diversité.
Cet objectif, nous le réalisons avec une pratique du fédéralisme qui respecte les responsabilités imparties à chacun de nos partenaires des provinces et des territoires, et qui tient compte des grands enjeux de notre époque.
Notre gouvernement préconise une approche basée sur le fédéralisme d'ouverture, une approche qui reconnaît que la fédération, loin d'être statique, est en constante évolution afin de s'adapter aux changements et aux réalités du monde moderne. Cette approche permet à la fédération de mieux répondre aux défis qu'ont à relever les provinces et les territoires, et donne des résultats pour touts les Canadiens.
À titre d'exemple, nous avons travaillé de concert avec tous les provinces et territoires pour mettre en oeuvre le Plan d'action économique du Canada au cours de la dernière année, et nous continuons présentement dans la même veine.
Au cours des deux dernières années, les Québécois de la Chambre qui ont appuyé le Plan d'action économique ont permis au Québec d'avoir une performance économique remarquable. On n'a qu'à penser que présentement, le plus bas taux de chômage au Canada se retrouve dans la région de Québec, qui est représentée en majorité par des députés conservateurs québécois.
Les investissements du Plan d'action économique se sont faits dans toutes les circonscriptions du Québec, peu importe la représentation politique. Le Plan d'action économique a fait en sorte que toutes les régions et toutes les grandes villes du Québec bénéficient du Plan d'action économique, de ses retombées sur la plan des infrastructures, de la culture, pour les travailleurs, pour les entreprises et pour le secteur forestier. Le Plan d'action économique donne des résultats concrets et tangibles, et fait en sorte que le Québec est dans une position économique relativement enviable.
En matière d'infrastructure, nous avons entrepris de prendre des mesures immédiates afin de commencer des travaux et d'accélérer le financement des projets dès les saisons de construction de 2009 et de 2010.
Le Plan d'action économique offre une suite concrète aux mesures sur lesquelles les premiers ministres et les leaders territoriaux se sont entendus le 16 janvier 2009 pour faire, notamment, de nouveaux investissements importants dans le cadre des budgets afin d'appuyer l'économie à court terme et de la préparer à long terme.
Ce plan donne les résultats escomptés. En fait, le Canada s'est mieux tiré d'affaire que tous les pays du G7 pendant la récession mondiale. J'ai dû mal à m'expliquer pourquoi les députés qui partagent l'option bloquiste se sont opposés à ce plan d'action économique qui est foncièrement bon pour le Québec. On le voit bien. Le Québec, faisant partie du Canada, s'est retrouvé en position des plus enviables au sein du G7.
L'évolution récente de la situation économique donne à penser que le Plan d'action a aidé à stabiliser l'économie nationale et a soutenu la reprise de la croissance économique. Qui dit croissance économique dit autonomie et indépendance économique. Nous, les députés conservateurs, contribuons à faire en sorte que notre pays ait une bonne autonomie économique. Plus de 285 000 emplois ont été créés depuis juillet 2009. La confiance des consommateurs et des entreprises s'est grandement améliorée et est revenue à ses niveaux historiques.
Il y a du travail à faire à la Chambre pour que le Québec prenne sa place en ce qui a trait à la prospérité économique. Je peux assurer que les gens peuvent compter sur l'équipe des députés conservateurs québécois et des sénateurs qui font un travail remarquable. On n'a qu'à penser, en matière de justice, aux initiatives remarquables qui sont faites et qui sont très appréciées des Québécois.
Je reviens à l'économie. En fin de compte, la demande a augmenté beaucoup plus que dans tous les autres pays du G7. C'est un signe que les gens reprennent confiance en l'économie.
Grâce au Plan d'action économique, les impôts ont été réduits. C'est une autre mesure des conservateurs. Les gens du Québec paient moins d'impôts au fédéral parce que les conservateurs ont baissé les impôts et la TPS. On pense aussi aux prestations d'assurance-emploi qui ont été prolongées pour les chômeurs. Des milliers de projets d'infrastructure sont en cours partout au pays.
Les sciences et la technologie ont connu des investissements records dans les cégeps du Québec. Les industries et les collectivités profitent d'un soutien important, et des mesures exceptionnelles ont été prises afin d'améliorer l'accès au financement.
Le gouvernement a aussi conclu des ententes au cours de la dernière année afin de permettre aux provinces, aux territoires, aux municipalités et aux partenaires du secteur privé de mettre en oeuvre des mesures à responsabilité partagée. On parle au demeurant d'un investissement dans notre économie d'une valeur de 47 milliards de dollars auquel on ajoute la contribution des provinces de 15 milliards de dollars. Si on regarde ce que cela signifie au Québec, en plus du Plan d'action économique, il y a eu d'importants avantages du fédéralisme, mais aussi des mécanismes qu'on s'est donnés en tant que fédération canadienne.
Le Québec continuera de bénéficier d'importants transferts fédéraux en 2010-2011, puisque le soutien fédéral aux provinces et aux territoires atteint des sommets inégalés et poursuivra sa croissance. Pour le Québec, il totalisera 19,3 milliards de dollars en 2010-2011. Les sommes que recevra le Québec de la part du gouvernement fédéral atteindront des sommets inégalés.
Je peux rassurer mes collègues, les députés conservateurs québécois ont assuré et ont appuyé ces mesures. Malheureusement, les collègues d'en face ne l'ont pas fait, ce qui est bien dommage. Entre autres, on reçoit 280 millions de dollars de plus qu'en 2009-2010, et c'était déjà un record. Il faut se rappeler que le Québec reçoit près de 6,8 milliards de dollars de plus que lorsque le gouvernement conservateur libéral fédéral était en place.
Jamais le Québec n'a reçu autant que récemment, avec un gouvernement conservateur à Ottawa et des députés conservateurs québécois qui pensent que le Québec peut continuer à très bien tirer son épingle du jeu au sein de la fédération canadienne et être un acteur.
Ce soutien à long terme en hausse aide à faire en sorte que le Québec dispose des ressources nécessaires pour offrir les services publics essentiels et contribue à l'initiation d'objectifs nationaux communs dans les domaines des soins de santé, d'éducation postsecondaire et d'autres éléments importants du filet de sécurité sociale du Canada.
Du côté de la péréquation, ce système de répartition de la richesse, il est bon de rappeler que le Québec reçoit 8,6 milliards de dollars, soit presque 3,8 milliards de dollars ou 78 p. 100 de plus relativement à 2005-2006. Sur le plan du transfert canadien en matière de santé, le Québec reçoit 6,1 milliards de dollars, soit 294 millions de dollars de plus que l'an dernier. Pour ce qui est du transfert canadien en matière de programmes sociaux, c'est 2,6 milliards de dollars.
Cela signifie que même si notre gouvernement a connu une période de perturbations économiques, on a maintenu les transferts aux provinces pour permettre à nos partenaires provinciaux, et au Québec en particulier, de maintenir l'ensemble de ces services. De plus, contrairement à nos collègues d'en face, on n'a pas fait de coupes sauvages au moment où nos partenaires avaient besoin d'argent. C'est ce que je souhaitais démontrer.
J'aurais aimé parler de ce qu'on fait en savoir et innovation, mais également de ce qu'on fait pour les travailleurs. Je crois qu'il faut se rappeler aujourd'hui qu'essentiellement, l'Accord du lac Meech était un projet réalisé par un gouvernement conservateur qui souhaitait que le Québec retrouve pleinement sa place au sein de la fédération canadienne, et ce, de son plein gré.
J'ai donné l'exemple du Parti libéral du Canada qui a saboté l'Accord du lac Meech, tout comme les souverainistes, qui ne souhaitaient pas que cela fonctionne parce que cela permettait au Québec de continuer à s'épanouir au sein de la fédération canadienne. Je crois que cet accord avait un objectif noble, et je tiens à saluer ses artisans. On comprendra, pour des raisons assez évidentes, que je n'aie pas de félicitations à faire à ceux qui l'ont torpillé. Du côté du gouvernement conservateur, on continue de pratiquer un fédéralisme d'ouverture qui va dans le sens de la reconnaissance du Québec au sein de la fédération canadienne.