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Madame la Présidente, c'est un privilège pour moi de participer au débat sur le projet de loi présenté par le .
Ces propositions portent sur les questions de sécurité publique et les droits fondamentaux des Canadiens, des sujets qui sont assez familiers à la Chambre. Comme les députés ne sont pas sans le savoir, cette mesure législative a déjà fait l'objet de discussions à la Chambre en tant que projet de loi C-34.
Depuis le début de la présente session, je suis persuadé que la progression de ce dossier a été suivie de près, tant les débats à l'autre endroit que l'étude approfondie qu'en a fait le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles.
Ayant suivi le débat jusqu'à maintenant, je n'y ai pas constaté beaucoup de controverse. Cependant, je ne vois aucune raison de ne pas tenir une discussion animée sur le bien-fondé de la proposition qui nous est présentée et je n'en attends pas moins de nos collègues d'en face.
Le gouvernement a souligné la possibilité d'apporter certaines améliorations à un mécanisme actuel de notre système de justice pénale. Depuis leur présentation, ces propositions ont bénéficié des travaux du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, qui a revu la législation actuelle et proposé des améliorations.
Puisque ces domaines nécessitant des changements positifs coïncident avec ceux qui ont été mis en lumière au fil des ans par divers groupes qui s'intéressent à la justice pénale et par les Canadiens de partout au pays, le gouvernement prend à juste titre des mesures pour actualiser la loi de manière à refléter l'apport constructif de nombreux citoyens bien informés.
Au cours des vingt dernières années, de nombreuses initiatives législatives ont été lancées par une brochette de ministres chargés de diverses facettes du système de justice pénale, dont certaines prévoyant précisément l'imposition de peines plus sévères et le report de la libération de personnes reconnues coupables de crimes graves, particulièrement d'actes de violence ou d'exploitation sexuelle.
Parmi ces initiatives particulièrement productives prises par le passé, mentionnons l'adoption en 1992 d'un énorme projet de loi qui avait été présenté par le solliciteur général de l'époque afin de remplacer la Loi sur la libération conditionnelle et la Loi sur les pénitenciers par la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. C'est un exemple de mesure législative ayant donné des effets constructifs et durables grâce à la recherche, à la consultation et à la collaboration.
J'ajouterais également qu'à plusieurs reprises depuis, même cette mesure législative bien conçue a fait l'objet d'autres changements constructifs. Même la loi la plus soigneusement rédigée peut profiter du recul et de l'expérience.
Tous les Canadiens connaissent des exemples de crimes gratuits et savent ce que vivent les victimes de tels crimes. Nous savons tous, par l'entremise de nos bureaux de circonscription, du courrier que nous recevons et des médias, que certains de nos concitoyens vivent dans la peur de la criminalité et estiment que le Parlement ne s'est pas toujours montré à la hauteur de la situation lorsqu'il s'agissait d'assurer la protection de la population.
Ceux d'entre nous qui ont suivi l'évolution de la justice pénale se souviendront que, durant les années 1980 et au début des années 1990, l'incidence de la criminalité nous a tous préoccupés. Un plus grand nombre et une plus grande diversité d'actes criminels ont été signalés lorsque les victimes de violence familiale et d'agression sexuelle ont commencé à être moins stigmatisées et à pouvoir plus facilement participer aux poursuites contre leurs agresseurs.
Le public connaît mieux notre système de justice pénale. Il est évident qu'un public informé est plus susceptible de trouver des failles dans un système dont il n'a pas seulement une connaissance superficielle.
Les personnes qui ont une responsabilité directe à l'égard de la sécurité des collectivités canadiennes, depuis les policiers jusqu'aux systèmes pénaux tant provinciaux que fédéral, en passant par les procureurs et les juges, répondent aux critiques et aux suggestions constructives qu'occasionnent cette connaissance et cette surveillance accrues. Nous devrions en faire autant à titre de législateurs.
De nombreux facteurs influent sur l'exposition d'une personne à la criminalité. Le facteur géographique, par exemple, est très important, car il se commet plus de crimes avec violence en milieu urbain qu'à la campagne. Je conviens que nombreux sont les Canadiens qui n'ont guère de prise sur l'endroit où ils vivent ou sur les gens qu'ils rencontrent au quotidien, mais nombreux également sont ceux qui devraient pouvoir s'attendre à ce que leurs seuls contacts avec la criminalité soient au bulletin de nouvelles de 18 heures.
C'est quand la population voit ses attentes raisonnables déçues au chapitre de la sécurité lorsqu'elle est involontairement et directement touchée par un crime qu'elle réagit dans notre courrier et dans les médias.
Il nous faut répondre à ces préoccupations, et ce, avec efficacité. À mon avis, c'est précisément ce que fait le gouvernement, grâce au projet de loi visant à remédier à des problèmes relevés dans le système de justice.
Le gouvernement et le comité parlementaire qui a examiné la loi régissant le Registre national des délinquants sexuels ont déterminé que le statu quo était inacceptable. Il faut réagir aux besoins créés par les défaillances systémiques que ce soit par une modification de la politique ou du règlement ou encore, si nécessaire, par le processus législatif.
Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour réduire le nombre de défaillances, mais une réaction partielle ou inefficace pourrait être pire que l'inaction. Le gouvernement a agi en élaborant une série de modifications qui ont été étudiées par des parlementaires des deux Chambres. Comme on l'a dit, les questions qui ne peuvent pas être entièrement réglées à l'intérieur du cadre législatif actuel le seront efficacement par le projet de loi à l'étude aujourd'hui.
Tout comme il est vrai que deux victimes ne nécessitent pas exactement la même réaction du système de justice pénale, la loi doit être faite de manière à s'appliquer à un large éventail de délinquants entrant dans une catégorie donnée. Les délinquants qui réagissent favorablement à des possibilités de traitement, de formation et d'éducation offertes par notre système peuvent réintégrer la société en qualité d'honnête contribuable. Ces individus se retrouveront parmi nous un jour, peu importe comment nous les traitons. Toutes les possibilités raisonnables de réintégrer la société doivent être offertes à ceux qui ne nous menacent plus aussi rapidement que le dicte la sécurité.
Cependant, pour le besoin d'équilibre de notre système, il faut admettre qu'il existe des auteurs d'infractions graves ou de nature sexuelle qui risquent tellement de récidiver qu'il convient de limiter leur interaction avec leurs concitoyens. Le projet de loi imposerait donc des limites à un nombre important de délinquants, ce qui est nécessaire.
Le projet de loi constitue une série de mesures de réforme cohérentes et mérite un examen sérieux et une adoption rapide. Comme je l'ai déclaré, je ne vois rien dans les propositions qui suscite la controverse. Il faut cependant espérer que, grâce à une discussion franche sur les questions abordées, la population connaîtra mieux une portion de notre système de justice pénale.
Je suis partisan de la discussion publique des questions de justice pour que les Canadiens soient mieux informés. J'espère également qu'ils seront rassurés de savoir que le système est soumis à un examen et que le gouvernement y apportera les changements nécessaires pour qu'il fonctionne.
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Madame la Présidente, je me réjouis de pouvoir parler des modifications proposées au registre des délinquants sexuels. Ce n'est pas facile de parler des agressions sexuelles. C'est une de ces questions qui nous causent vraiment beaucoup de chagrin dès qu'on l'aborde. Lorsque nous entendons parler des agressions sexuelles, que ce soit comme parents ou comme membres de la collectivité, nous reconnaissons qu'elles sont parmi les actes les plus odieux et les plus épouvantables qui peuvent se produire dans nos collectivités. À mon avis, aucun député ne refuserait qu'on mette tous les outils possibles à la disposition des agents de police pour empêcher qu'une seule de ces agressions ne soit commise et fasse une victime.
Même si, de façon générale, je suis ravi de ces changements et y suis très favorable, je vais commencer par faire quelque chose qui m'est inhabituel, c'est-à-dire me citer. Vous comprendrez pourquoi dans un instant.
Nous avons entendu parler des Stephenson, qui ont perdu leur fils et qui ont participé à l'élaboration de la loi de Christopher. Cette loi a permis la mise en place en Ontario d'un registre très efficace, qui est utilisé des centaines de fois par jour et qui fait l'objet d'un bien plus grand nombre de recherches que le registre national. La réussite de ce registre fait ressortir l'échec du registre national. En effet, quand nous examinons les statistiques, nous constatons que le registre de l'Ontario est utilisé quatre fois plus par jour que le registre national est utilisé pendant une année. C'est difficile à croire.
Je crois que tout le monde s'entend aux Communes pour dire que le registre des délinquants sexuels a besoin d'être modernisé et amélioré, et je suis heureux de ce débat.
Si je cite mes propres paroles, c’est parce que la Chambre a tenu ce débat il y a presque exactement un an, en juin 2009. J’ai fait alors un discours sur la nécessité d’adopter ce qui était alors le projet de loi . Tous ceux qui ont participé à ce débat étaient d’accord pour dire qu’il était nécessaire d’agir rapidement.
Cependant, nous sommes ici après la prorogation, après que le gouvernement a étouffé ce projet de loi, pour en débattre une nouvelle fois. Ce qu’il y a de décourageant, c’est qu’en prorogeant la législature, le gouvernement a court-circuité non seulement les efforts déployés par la Chambre pour moderniser le registre national des délinquants sexuels, mais aussi la révision de la législation obligatoire que nous avions entreprise au comité sur les ordres du gouvernement. Le comité avait libéré de la place dans son programme. Nous avions laissé de côté tous nos autres travaux. Nous avions dit que c’était important, que nous devions travailler à ce projet de loi de façon bipartisane et c’est précisément ce que nous avons fait.
Nous avons examiné le registre national des délinquants sexuels. Nous avons fait venir des témoins des quatre coins du pays et nous avons entendu leurs témoignages. Alors que nous étions en train de rédiger notre rapport pour l’adresser au gouvernement, ce dernier a tout court-circuité en déposant son projet de loi sans même avoir la courtoisie d’écouter les conclusions du comité. Nos comités ont l’habitude qu’on laisse leurs recommandations de côté, mais généralement le gouvernement a la courtoisie de laisser le comité déposer son rapport avant de le mettre aux oubliettes. Dans ce cas-ci, il n’a même pas attendu le rapport. Les conservateurs ont déclaré qu’ils devaient court-circuiter notre processus parce qu’il avait un besoin urgent de cette loi, parce qu’il tenait tellement à régler cette question qu’il ne pouvait même pas attendre les recommandations du comité.
Puis l’été a passé, il y a eu la prorogation et ce projet de loi nous a été de nouveau présenté. Le gouvernement n’a pas attendu l’opinion du comité, mais il n’a pas hésité à proroger la législature, à annuler le projet de loi et maintenant à le présenter de nouveau en disant encore une fois, un an plus tard, que c’est très urgent. Cela témoigne d’un certain comportement. Le gouvernement garde en réserve des projets de loi contre la criminalité, qu’il présente, retire, présente de nouveau, retire, étouffe, propose. Son échéancier à l’égard de ces projets de loi est assez curieux. Il semble coïncider avec les sérieux problèmes des conservateurs.
Pour le moment, le gouvernement est impliqué dans un assez gros scandale provoqué par le gaspillage de plus de 1 milliard de dollars que vont entraîner les sommets du G8 et du G20. Si les conservateurs ne veulent pas parler des faux lacs, des kiosques, des trottoirs qui ne mènent nulle part et du gaspillage colossal qu’ils ont causé, ils présentent un projet de loi contre la criminalité en disant qu’il est urgent de l’adopter. Ils s’attendent à ce que tout le monde oublie qu’ils ont étouffé leur propre projet de loi, qu’ils le présentent de nouveau, qu’ils ont court-circuité le processus d’examen en comité il y a un an alors qu’ils disaient que c’était très urgent.
Les Canadiens sont un peu plus intelligents que cela. Ils se rendent compte de ce jeu et c’est malheureux car, comme je l’ai dit, ces changements auraient dû être apportés il y a un an.
Mon collègue de a posé une excellente question à laquelle il n’a pas obtenu de réponse, il y a quelques instants. Si tous ces projets de loi sont si urgents, pourquoi les conservateurs ne les ont-ils pas présentés de nouveau sous la forme d’un projet de loi omnibus? Ils l’ont fait pour le budget avec le projet de loi . Ils ont tout inclus dans ce projet de loi budgétaire. Pourtant, quand il s’agit de projets de loi contre la criminalité, ils les présentent un à la fois, mois après mois, à chaque fois qu’ils sont impliqués dans une controverse. On peut certainement se demander pourquoi les conservateurs présentent ces projets de loi lorsqu’ils le font. Il semble qu’ils cherchent davantage à détourner l’attention qu’à modifier la loi.
Il est important que le comité ait décelé un certain nombre de lacunes à combler dans le registre des délinquants sexuels. Le projet de loi a été amendé en conséquence, puisque le gouvernement s'est enfin décidé, après avoir attendu un an, à écouter ce que le comité avait à dire.
Ce projet de loi, dont l'importance est manifeste, comprend une disposition sur l'inclusion automatique, qui ferait en sorte que quiconque commet une infraction de nature sexuelle soit automatiquement inscrit au registre des délinquants sexuels. Les personnes ayant participé à l'adoption de la loi de Christopher, en Ontario, ont insisté sur l'importance de cette disposition. Nous avons appris que, en date d'avril dernier, environ 12 000 personnes étaient inscrites au registre des délinquants sexuels en Ontario. Le registre national contient seulement 19 000 délinquants. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le registre en Ontario est consulté plus souvent en un jour que le registre national l'est en un an. Il est clair que les services de police ne trouvent pas le registre national fiable et que l'inclusion automatique est une disposition importante à inclure dans la mesure.
L'autre chose qu'on a répété à maintes reprises au comité, c'est à quel point il est important pour les services de police de pouvoir se servir de cet outil de façon proactive. Par exemple, si quelqu'un appelle la police pour signaler la présence d'une personne suspecte agissant d'une drôle de façon autour d'une école, les policiers peuvent consulter le registre des délinquants sexuels pour déterminer si la personne en question a déjà commis des infractions de nature sexuelle. Ils en étaient incapables auparavant, et ils trouvaient que c'était essentiel de pouvoir le faire. Le projet de loi dont nous sommes saisis leur donnerait ce pouvoir.
Qui plus est, la mesure permettrait aux organismes reconnus d'application de la loi de mettre des renseignements en commun. Nous ne voulons pas d'un système où les divers intervenants travaillent en vase clos, où la GRC protège ses renseignements, où un service de police municipal protège les siens et rien n'est communiqué. Un tel système est propice aux omissions et il pourrait donner lieu à des situations où une personne qui aurait dû être repérée avant la perpétration d'un crime ne l'est pas. Il est important d'inclure cette disposition dans la mesure.
Il y a une autre disposition qu'on aurait pu y voir et qu'on a manifestement omise par erreur ou par mégarde. Si quelqu'un commet une infraction tandis qu'il est à l'étranger, son nom ne figurera pas au Registre national des délinquants sexuels. C'est une lacune grave. Nous savons malheureusement que des crimes d'ordre sexuel sont plus courants dans certaines régions du monde où les gens se rendent pour exercer ce genre d'activité criminelle. Il faut que notre base de données nationale contienne cette information afin que, quand la police consulte les dossiers, elle soit informée non seulement de ce qui s'est passé au Canada, mais aussi de tout crime de cet ordre ayant été commis dans d'autres pays.
Une autre chose que le comité a recommandée il y a un an est absente de ce projet de loi, soit l'enregistrement du véhicule et du numéro de la plaque minéralogique. C'est une omission importante. Quand les policiers font enquête, le numéro de la plaque d'immatriculation d'un délinquant sexuel est certainement une information utile.
En soi, aucune de ces informations ne permettra d'empêcher tous les crimes, mais nous devons tenter de donner à nos policiers tous les outils dont ils ont besoin pour faire leur travail.
Au cours des audiences du comité, quelques questions sont toujours demeurées préoccupantes et le sont encore aujourd'hui, jusqu'à un certain point. En Ontario, la loi de Christopher prévoit une liste d'infractions très précise que la police a jugée très utile.
Nous avons entendu quelques témoins dire que l'ajout de nouvelles infractions sexuelles au registre pourrait en réduire l'utilité, par exemple l'accusation d'écart de conduite dans un bureau. Personne ne veut être victime d'un tel écart de conduite. Bien sûr, il faut sévir contre ce type de comportement. Toutefois, est-il sensé d'inscrire au registre le nom d'une personne coupable d'un tel écart de conduite ou d'une erreur mineure? Selon les policiers, cela diminuerait l'utilité du Registre des délinquants sexuels, parce que trop de gens qui ne représentent pas un véritable danger pour leur collectivité y seraient inscrits, cela allongeant d'autant le temps que les policiers passeraient à y chercher l'information pertinente.
Parce que j’ai exprimé les préoccupations de la police, qui craint un affaiblissement du registre, un député conservateur m’a accusé au cours d’une discussion à la télévision nationale de vouloir affaiblir le registre des délinquants sexuels. Il a dit que j’étais contre ce registre. Voilà bien encore une autre tactique que les conservateurs emploient souvent lorsqu’il s’agit de leurs projets de loi sur la criminalité.
Si des députés posent des questions ou soulèvent des préoccupations légitimes, des préoccupations que la police partage, les conservateurs essaient de faire croire qu’ils veulent protéger les délinquants sexuels. Mais rien n’est plus manifestement absurde et rien n’est plus intellectuellement malhonnête.
Une autre question a suscité des préoccupations, et il s’agit de la discrétion judiciaire, ce qui n’est pas sans lien avec le premier point que j’ai abordé. Le comité et le Sénat ont formulé des recommandations, qui n’ont pas été retenues, disant que seulement dans des circonstances des plus extraordinaires, lorsqu’il estime que l’inscription au registre des délinquants sexuels serait un grave déni de justice, le juge devrait avoir la possibilité de dire non, de conclure qu’il est insensé d’y inscrire le délinquant. Donc, dans la plus rare des circonstances les plus rares, le juge aurait un peu de latitude pour faire en sorte que seules les personnes qui le méritent soient inscrites au registre.
Là encore, nous avons été attaqués pour avoir fait ressortir ce point qui est important. Les policiers disent qu’ils se retrouveront contraints d’exercer cette discrétion et de décider si l’inscription d’une personne au registre sera utile à la société ou juste pour la personne en cause. Soudain, il reviendra à la police de décider de porter ou non des accusations. C’est ainsi qu’une personne qui a commis une infraction mineure ne sera peut-être pas inculpée. Cela demeure inquiétant.
Dans un contexte plus large, il y a une ou deux autres préoccupations qui font ressortir une question: comment prévenir la victimisation? J’ai été profondément troublé d’apprendre, lorsque, à titre de porte-parole en matière de sécurité publique, j’ai fait une tournée du Canada et rencontré des groupes, notamment l’Armée du Salut, des Boys and Girls Clubs et des organisations confessionnelles, que les fonds de ces groupes avaient été coupés, ces fonds qu’ils consacrent aux activités de prévention du crime, à leur travail en première ligne qui vise à arrêter le crime avant qu’il ne soit commis. Il n’arrive pas souvent que la prévention fasse les manchettes, car, si elle est fructueuse, il n’y a rien à raconter.
Si on consacre des efforts intenses à la prévention du crime, on se retrouvera un beau matin dans un quartier plus sûr. Il n’y a pas de manchettes. Cela ne fait pas beaucoup de bruit. Mais il y a moins de victimes et moins de crimes. Si nous écartons tous les discours creux, l’un des grands objectifs du gouvernement ne devrait-il pas être de veiller à ce que les quartiers et les localités soient plus sûrs, à ce qu’il n’y ait pas de crimes et donc aucune victime qui puisse faire l’objet d’un article?
Il est profondément déplorable qu’on sabre ainsi l’infrastructure de base que les collectivités se sont donnée pour prévenir le crime et rompre le cycle de la violence, car la violence ne provient pas de nulle part, elle n’apparaît pas par magie. Le plus souvent, ceux qui commettent des actes de violence ont eux-mêmes été des victimes. Ils sont prisonniers du cycle de la victimisation, et c’est le même drame qui se vit de génération en génération.
Ce dont on a désespérément besoin, c'est d'une intervention précoce qui donnera aux gens la chance de se remettre sur la bonne voie, particulièrement au moment où ils viennent de s'engager dans la voie de la criminalité. C'est ce que nous entendons encore et encore quand nous demandons au public ce qu'est la chose la plus importante que nous puissions faire pour améliorer la sécurité dans les collectivités et, pourtant, les dépenses au titre de la prévention du crime dans notre pays ont été réduites de plus de moitié, alors que les dépenses au titre de l'incarcération ont monté en flèche, question à laquelle je reviendrai si j'en ai le temps.
La deuxième préoccupation dans ce contexte plus large est la réduction de 41 p. 100 du budget de l'Initiative sur les victimes d'actes criminels, qui concerne le travail de première ligne auprès des victimes. Les conservateurs essaient souvent de citer les exemples les plus tragiques et les plus horribles, ceux qui nous donnent la nausée, mais la réalité est qu'il y a toutes sortes de victimes. Plus souvent qu'autrement — et c'est tragique —, les victimes sont des femmes autochtones qui sont coincées dans une situation de violence et qui ont besoin d'aide pour en sortir. L'Initiative sur les victimes d'actes criminels permettait de travailler avec ces victimes pour les aider et leur montrer qu'elles sont capables de se prendre en mains.
L'ombudsman des victimes, que les conservateurs ont nommé pour aider les victimes et cerner leurs besoins, a dit que le plan du gouvernement n'était pas équilibré et ne fonctionnerait pas. Lorsqu'il dénonce les compressions effectuées dans le budget de l'Initiative sur les victimes d'actes criminels, on peut voir un écart assez important entre le discours que tient le gouvernement au sujet des victimes et la réalité. Cet écart est malheureux parce que, plus souvent qu'autrement, la criminalité semble être devenue un outil politique. Au lieu de se demander d'abord comment nous pouvons élaborer une politique efficace, travailler avec les intervenants, concevoir de bonnes mesures législatives et rédiger ensuite des notes d'information et des communiqués à ce sujet, le gouvernement semble vouloir rédiger d'abord les communiqués et les notes d'information et concevoir ensuite des mesures législatives en fonction de cela.
L’accès légal est un autre sujet de préoccupation. L’un des membres de notre caucus a déposé à plusieurs reprises, au cours de législatures successives, un projet de loi d’initiative parlementaire qui aurait permis à la police de combattre le crime à l’ère numérique. La police demande depuis des années les pouvoirs et les capacités nécessaires pour suivre les criminels en ligne et affronter les nouvelles technologies et les nouveaux moyens dont les criminels se servent pour communiquer, planifier et commettre des crimes. Dans le cas des infractions sexuelles, particulièrement contre les enfants, c’est un domaine qui est particulièrement pertinent.
En 2005, le gouvernement libéral d’alors avait déposé un projet de loi tendant à moderniser les règles d’accès légal et à permettre à la police d’utiliser les techniques d’enquête les plus modernes pour combattre ce genre de criminalité. Malheureusement, le projet de loi n’a pas beaucoup avancé depuis. Il est resté au Feuilleton une première fois lors du déclenchement d’élections. Il a été déposé à nouveau par un gouvernement conservateur, mais, une fois de plus, des élections l’ont fait disparaître. Le même scénario s’est reproduit encore une fois avec le déclenchement d’autres élections. Enfin, il a de nouveau été déposé, puis est encore resté au Feuilleton, lorsque les conservateurs ont prorogé la session. Ils l’ont encore redéposé, mais il n’est toujours pas adopté. C’est le même schéma: on parle beaucoup, mais on n’agit pas dans un domaine qui touche de près les délinquants sexuels et, d’une façon générale, la lutte contre le crime, et ce, malgré le fait que la police réclame des mesures depuis longtemps.
Je voudrais enfin parler de préoccupations générales concernant le registre des délinquants sexuels et la banque de données génétiques. En vertu d’une disposition du projet de loi, les personnes figurant dans le registre sont automatiquement inscrites dans la banque de données génétiques. C'est une disposition que nous applaudissons et appuyons. Toutefois, la banque de données génétiques est désespérément à court de fonds. Nous savons que la GRC met sept à huit mois pour répondre aux demandes et que son bureau est complètement débordé. L’inscription automatique dans la banque de données génétiques ne fera qu’aggraver l’arriéré.
Nous avons encore une fois un gouvernement qui adopte des mesures, mais ne prévoit pas les ressources nécessaires pour les faire appliquer. L’inscription automatique dans la banque de données génétiques n’a absolument aucune valeur si la police n’a pas les moyens de traiter et d’utiliser l’information.
Nous souhaitons que le projet de loi aille de l’avant. Nous sommes profondément déçus de devoir l’examiner encore une fois. Il aurait dû être adopté il y a plus d’un an. Quoi qu’il en soit, nous espérons qu’il franchira rapidement cette étape pour que nous ayons l’occasion de poser quelques importantes questions au comité.
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Madame la Présidente, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi , qui est une copie conforme du projet de loi tel que modifié par le Comité permanent de la sécurité publique lors de la dernière législature.
Nous étions en faveur du principe du projet de loi et les témoins que nous avons rencontrés — j'étais aussi membre du comité à cette époque — nous ont confortés dans notre position. Nous avons proposé des amendements qui ont été adoptés. D'ailleurs, je voudrais féliciter mon collègue de avec qui on a travaillé sur ce dossier.
Le Bloc québécois est en faveur de ce projet de loi portant sur le registre des délinquants sexuels. C'est une démonstration de plus que lorsque nous travaillons les projets de loi, nous les travaillons projet de loi par projet de loi, dans une perspective constructive, sans tomber dans la démagogie et le spectacle conservateur auxquels ils nous ont habitués.
Tout d'abord, j'aimerais rappeler que l'actuelle Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels est entrée en vigueur le 15 décembre 2004.
Le projet de loi vise à rendre le registre des délinquants sexuels plus efficace et d'une plus grande utilité aux forces policières dans les actions de prévention, mais aussi dans les enquêtes liées à des crimes de nature sexuelle.
Pour ce faire, l'objectif est d'inscrire au registre davantage de personnes reconnues coupables de crimes de nature sexuelle ainsi que davantage de renseignements sur ces personnes, dont notamment l'ADN.
Le projet de loi vise aussi à renforcer les obligations qui s'appliquent aux individus listés dans le registre, notamment quant à leur déménagement ou encore quant à leur absence prolongée de leur domicile.
Des changements ont été apportés. Concrètement, outre l'ajout d'infractions qui donnent lieu à l'inscription au registre des délinquants sexuels, le projet de loi, dans son article 5, modifie la mécanique par laquelle les tribunaux ordonnent l'inscription au registre.
Dans le cas d'une infraction sexuelle qu'on appelle directe, le régime actuel prévoit que le procureur de la Couronne a le choix de demander ou non que la personne soit inscrite dans le registre après qu'elle ait été reconnue coupable de l'infraction pour laquelle elle comparaît.
Avec le nouveau registre, donc avec le projet de loi , ce n'est plus dans les mains du procureur. À partir du moment où la personne est reconnue coupable du crime sexuel pour lequel elle est condamnée, automatiquement, la personne doit se conformer aux exigences du registre et être inscrite dans ce registre. Je tiens à préciser que cela s'applique aux crimes sexuels.
Par ailleurs, le nouvel article aboli l'exemption qui s'appliquait lorsque le délinquant établissait que son inscription dans le registre « aurait à son égard, notamment sur sa vie privée ou sa liberté, un effet nettement démesuré par rapport à l'intérêt que présente, pour la protection de la société » son inscription.
En d'autres mots, à partir du moment où c'est un crime sexuel direct, l'inscription est automatique. La personne reconnue coupable ne peut plus justifier que son inscription dans le registre serait démesurée par rapport aux pénalités qu'il peut y avoir dans sa vie privée ou sa liberté.
Pour les autres crimes désignés, ceux qu'on appelle les crimes graves ou complots avec l'intention de commettre un crime sexuel, donc des crimes plus indirects, on dit à ce moment-là que c'est le procureur de la couronne qui dispose encore de l'opportunité de choisir ou non de faire la demande au tribunal pour inscrire cette personne au registre des délinquants sexuels.
L'article 40 du projet de loi apporte aussi un changement important quant à l'usage qui peut être fait du registre. Alors que loi actuelle prévoit que le registre ne peut être utilisé que lorsqu'il y a des motifs raisonnables de croire qu'un crime de nature sexuelle a été commis, le projet de loi S-2 permet dorénavant à la police de questionner le registre à des fins de prévention.
De plus, par l'adoption de ce projet de loi, il y aurait une concordance entre les infractions qui donnent lieu à une inscription au registre des délinquants sexuels et l'obligation pour le délinquant sexuel de fournir un échantillon corporel pour que son ADN soit inscrit à la Banque nationale de données génétiques.
Maintenant, j'aimerais parler un peu d'argent. Comme mon collègue libéral et mon collègue de l'ont soulevé, cela nécessitera beaucoup plus d'analyses, que ce soit pour les enquêtes ou en termes de prévention.
Le gouvernement, dans son dernier budget, a annoncé 14 millions de dollars sur deux ans pour l'analyse d'ADN. Dans les faits, nous avons rencontré en comité, en avril 2009, les directeurs de deux grands laboratoires, l'un du Québec et l'autre de l'Ontario. Le troisième laboratoire du Canada est celui de la GRC. M. Prime, du Centre des sciences judiciaires, et M. Dufour, du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale, nous ont dit en avril 2009 que non seulement il n'y avait aucune entente avec le gouvernement fédéral, mais qu'ils devaient aussi faire énormément de tests avec très peu d'argent. Malheureusement, les délais pouvaient aller au-delà d'un an avant d'avoir des résultats.
Le 18 mars dernier, au sein du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, le ministre est venu nous rencontrer. On lui a posé des questions là-dessus, mais on n'a pas eu beaucoup de réponses. J'ai parlé aussi à quelques fonctionnaires, qui m'ont confirmé qu'il n'y avait encore aucune entente avec le Québec et l'Ontario. On n'était même pas capable de nous dire quels montants des 7 millions de dollars reviendraient aux laboratoires québécois et ontarien.
Si on se fie au financement antérieur, c'est approximativement 2 millions de dollars par laboratoire. On pourrait estimer qu'il n'y a pas vraiment d'augmentation. Avec ce projet de loi, qu'on le veuille ou non, il y aura un gros problème si on n'investit d'argent pas dans les laboratoires judiciaires. C'est certain que nous aurons des augmentations.
On me dira que ce n'est pas nouveau. On voit tous les projets de loi qu'ils présentent. On voit une criminalisation de plus en plus grande des individus. On veut avoir des sentences prolongées, mais on investit des milliards de dollars dans n'importe quoi, que ce soit pour un G8 ou un G20. On se rend compte qu'on devra investir des milliards de dollars sur le plan des services correctionnels et pour la sécurité publique. Quand on décide d'incarcérer les gens, on doit les envoyer quelque part. J'espère que ce ne sera pas comme d'habitude, c'est-à-dire qu'on investira dans les murs, mais on ne mettra rien dans les programmes. Actuellement aux services correctionnels, 2 p. 100 ou 2,5 p. 100 du budget total sont alloués aux programmes.
Je continue à parler du projet de loi . La loi actuelle prévoit que le registre ne peut être utilisé lorsqu'il y a des motifs raisonnables de croire qu'un crime de nature de sexuelle a été commis. Avec le projet de loi S-2, on pourra questionner le registre. Mais on devra payer, et beaucoup.
Le Bloc québécois estime qu'il faut mettre à la disposition des forces policières des outils qui sont, d'une part, efficaces pour prévenir et lutter contre le crime et d'autre part, qui n'empiètent pas de manière injustifiée sur les droits fondamentaux des citoyens québécois et canadiens.
Une protection efficace de nos enfants passe par une série d'outils. L'un de ces outils me tient énormément à coeur et m'apparaît fondamental, et c'est l'Internet. C'est malheureusement l'outil par excellence pour l'industrie de la pornographie juvénile. Voici quelques chiffres pour justifier mes propos.
On estime que plus de 65 000 personnes — selon moi c'est un chiffre conservateur car je crois qu'il y en a beaucoup plus que cela — échangent de la pornographie juvénile dans Internet, que ce soit en photo ou en vidéo. En février 2009, la police provinciale de l'Ontario démantelait un réseau de production et de distribution de pornographie juvénile qui impliquait 31 personnes dans différentes villes ontariennes.
M. Stewart, de l'unité contre l'exploitation sexuelle des enfants de la police ontarienne, affirmait: « Malheureusement, il y aurait des milliers d'enfants [exploités] que l'on n'arrive pas à atteindre, cela est particulièrement difficile ».
En 2004, on a identifié 480 000 sites de pornographie juvénile dans le monde, comparativement à 4 300 en 1996. Nonobstant les films, plus de 5 millions d'images d'enfants agressés sexuellement sont en circulation dans Internet, des images de plus en plus explicites mettant en scène des enfants de plus en plus jeunes avec utilisation de violence. Quant aux films, un grand nombre d'entre eux sont tournés en direct pour le bon plaisir des clients pédophiles, montrant d'abominables agressions sexuelles sur des enfants de moins de 7 ans.
En outre, on estime qu'il y a entre 50 000 et 100 000 réseaux organisés de pornographie juvénile, dont un tiers sévissent aux États-Unis et une partie en Russie. Sommes-nous à l'abri de cela? Non, et j'y viens. Nous avons chez nous aussi un grand nombre de ce genre de production de sites. Je ne parle pas de tout ce qui n'est pas organisé; je ne parle pas du « bon père de famille » qui agresse son enfant et qui met cela dans Internet; je ne parle pas d'amateurs, je parle des professionnels organisés
D'après l'analyse de Cyberaide.ca, pendant la période de 2002 à 2009, 57,4 p. 100 des images des sites Internet contenant des images pédo-pornographiques montraient des enfants de moins de 8 ans; 24,7 p. 100 montraient des enfants de 8 à 12 ans, et 83 p. 100 montraient évidemment des filles. Plus de 35 p. 100 des images analysées montraient des agressions sexuelles graves. Ce sont des enfants de moins de 8 ans qui sont le plus souvent soumis à des agressions sexuelles, à 37,2 p. 100, et à des agressions sexuelles extrêmes, à 68,5 p. 100. Au Canada, nous sommes le top 3. C'est formidable! Selon des chiffres de Statistique Canada, nous sommes au troisième rang mondial des pays hébergeurs de sites pédo-pornographiques. Les États-Unis sont les premiers avec 49,2 p. 100, et la Russie suit avec 20,4 p. 100. Et qui arrive en troisième position? Nous, avec 9 p. 100!
Nous avons aussi, chez nous, ce genre de producteurs. D'ailleurs, un policier me racontait qu'il avait même vu des images montrant des agressions de bébés naissants. Posons-nous des questions!
Si je parle de tout cela, c'est que lorsqu'on décide de lutter contre ce genre de crime, il n'y a pas seulement le projet de loi , du réchauffé qu'on nous ramène, il y a aussi les projets de loi C-46 et C-47 qu'on ne nous a toujours pas ramenés à la Chambre.
Depuis 1999, toutes les forces policières du Canada réclament une loi qui, dans un certain cadre, respecterait les droits de la personne, bien sûr, et obligerait les fournisseurs Internet à dévoiler les adresses IP de leurs clients pédophiles, et d'avoir la technologie pour le faire.
Le 22 avril dernier, lors de son témoignage devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, M. Sullivan, qui était alors l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels et qui avait été nommé par ce gouvernement, répondait à ma question. Je lui ai demandé ce qu'il pensait du fait qu'on n'avait toujours pas ces projets de loi. Il m'a répondu ceci: « si j'étais aujourd'hui le premier ministre, ma priorité serait le projet de loi visant Internet. Il viendrait en tête de liste des réformes dans le domaine de la justice. »
M. Sullivan a décrit parfaitement le drame que pose l'absence actuelle de cette législation, et je vais lire ce qu'il a dit, c'est abominable:
Pour l'instant, tout dépend de l'endroit où l'on se trouve au pays et du fournisseur d'accès Internet. Certains fournisseurs voudront vraiment collaborer avec la police, mais d'autres non. [...]
La police nous a parlé de certains dossiers. Lorsque les policiers ont une adresse IP, ils peuvent bel et bien repérer le domicile du suspect et ils s'y rendent puisqu'il s'agit de commerce de pornographie juvénile.
Les policiers ont réussi à trouver l'individu et à procéder à son arrestation. Il vivait avec son fils de 11 mois, qu'il agressait sexuellement. En fait, la police n'avait aucun moyen de savoir ce qui se passait. Ils ignoraient que l'enfant se trouvait dans une telle situation. Si l'individu n'avait pas été trouvé, aujourd'hui, soit quatre ans plus tard, cet enfant serait encore victime d'agressions sexuelles. Plus nous tardons à adopter ces mesures pour donner ces outils à la police, plus il y aura d'enfants victimes d'abus. Je pense que la situation met tout le monde en colère.
Je trouve cela décevant, surtout quand on sait le nombre d'années que cela peut prendre avant d'aboutir à un projet de loi. Donc, il est plus que temps que ceci voie le jour.
L'ex-ombudsman des victimes avait déploré qu'en 2007, l'ancien ministre de la Sécurité publique et député d' ne veuille pas donner suite aux demandes répétées de la police pour avoir des outils d'enquête adaptés tenant compte de la réalité actuelle d'Internet. Toutefois, à l'automne 2009, le gouvernement conservateur dépose enfin les projets de loi et pour répondre à cette brèche sur Internet. Or que fait le ? Il proroge la Chambre et ces projets de loi meurent au Feuilleton. Cela adonne bien. On amène cela à l'automne et on proroge quelques mois après, comme par hasard. Et on ne les a pas présentés de nouveau.
Les conservateurs disent que les pédophiles est l'une de leur priorité et que c'est bien grave. Comme d'habitude, ils font de gros spectacles avec du réchauffé, avec les victimes, avec les enfants. Ils font du spectacle avec tout le monde, du moment qu'ils marquent des points politiques. Ils ne luttent pas vraiment contre la criminalité. Ont-ils présenté à nouveau les projets de loi? Non. Pourquoi? C'est le grand mystère d'un gouvernement qui dit vouloir protéger les enfants et lutter contre le crime et les criminels.
Voici la question qu'on doit se poser: quels sont les intérêts qui empêchent ce gouvernement de pseudo matamores de la lutte contre les pédophiles à rappeler les anciens projets le loi et pour qu'on puisse les étudier en comité et les améliorer? Cela fait 10 ans que les forces policières attendent et ce gouvernement, dûment avisé par l'ex-ombudsman des victimes, néglige de régler ce dossier qui, quant à moi et à l'ombudsman, pourrait sauver des vies d'enfants. On pourrait poser la question à tous les policiers, ils vous diraient tous la même chose.
Il y a une autre aberration. Dans mon comté et probablement dans d'autres comtés du Québec et du Canada, le gouvernement laisse des pédophiles vivre dans des maisons de transition et des centres correctionnels communautaires à proximité d'écoles primaires et de garderies. Cela n'a aucun sens. J'ai interpellé trois ministres de la Sécurité publique différents à ce sujet. Trois ministres de la Sécurité publique plus tard, il n'y a toujours rien. N'est-ce pas une aberration? Un gouvernement qui présente de grands projets de loi en en faisant tout un spectacle ne peut-il pas faire envoyer une simple directive par le Service correctionnel du Canada aux centres correctionnels communautaires? Ces centres ne sont même pas privés, ils appartiennent au SCC. Le gouvernement n'est même pas capable d'envoyer une simple directive de telle sorte qu'il n'y ait plus de pédophiles aux abords des écoles primaires.
Les conservateurs attendent qu'éclate un autre scandale. Là, ils vont réagir, comme ils l'ont fait dans le cas d'Olson et de Karla Homolka. Ils vont réagir en disant que c'est très grave et qu'ils vont présenter un projet de loi.
Je trouve cela honteux. Mois après mois, des enfants — je retape sur ce clou-là —, d'après l'ex-ombudsman, auraient pu être sauvés.
À l'heure où on se parle, des enfants se font agresser sur Internet et des pédophiles sont aux abords des écoles. J'aimerais savoir quand le gouvernement posera des gestes concrets pour bien protéger nos enfants.
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Madame la Présidente, je remercie mon collègue de sa question.
À mon avis, les conservateurs font du spectacle avec tous les projets de loi, avec tout ce qu'ils déposent. Donc, c'est sûr qu'ils feront du spectacle à un moment donné. Maintenant, mon collègue me pose des questions comme si j'étais dans le secret des dieux du . Je ne suis malheureusement pas — ou plutôt heureusement pas — dans le secret des dieux, mais oui, je pense que ce gouvernement ne fait que cela du spectacle. D'ailleurs, on peut regarder le passé et on dit que le passé est garant de l'avenir.
Donc, aujourd'hui, ils n'ont pas voulu voter pour la motion du NPD. Ils vont peut-être nous sortir autre chose sur Karla Homolka, faire leur spectacle là-dessus et donner cette image à la population comme quoi eux s'occupent de sécurité publique. Regardez tout le spectacle qu'ils ont fait sur l'assurance vieillesse donnée aux personnes incarcérées. Ils ont fait un spectacle là-dessus. C'est de la désinformation et c'est de la démagogie.
Malheureusement, quand ils font cela, ils induisent un message faux dans la population. Le pire, ce n'est pas le message, c'est le fait qu'ils font croire aux gens qu'ils s'occupent de la sécurité publique. Les gens vont penser qu'ils sont plus en sécurité parce qu'on va mettre tous les criminels en prison, qu'on va augmenter les sentences, qu'on ne fera plus de transfèrements, qu'on ne s'occupera plus des droits de la personne, etc. Ce que les gens ne réalisent pas, c'est que, au fond, ils ne font rien en termes de sécurité publique. Ils font juste du spectacle et font croire aux gens qu'ils travaillent sur la sécurité publique pour conforter le sentiment de sécurité, ou plutôt le sentiment d'insécurité.
Il faut faire attention entre la lutte à la criminalité et travailler sur le sentiment d'insécurité des gens. Ce n'est pas parce que je me sens plus en sécurité que je suis forcément dans une société plus sécuritaire. Donc, les vraies actions à poser, c'est de vraiment travailler de manière intelligente et non pas démagogique sur des outils importants pour les policiers. Il faut investir en prévention.
Je donne un autre exemple. Jusqu'à présent, le CNPC n'a eu aucune augmentation de ses budgets. Ces gens-là sont dans le secteur communautaire et travaillent justement pour aider les jeunes à la réinsertion sociale, pour aider les victimes d'actes criminels. Pourtant, ils n'ont que des grenailles pour travailler. Or, la sécurité publique, c'est un ensemble de choses. Oui, c'est la répression, mais c'est aussi la prévention, c'est la réhabilitation, c'est même la recherche dans ce milieu-là pour comprendre l'évolution de la criminalité. Tout cela, ce n'est pas du spectacle, mais ça, ils ne le comprennent pas.
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Madame la Présidente, je suis honorée d'intervenir sur le projet de loi , dont la Chambre a déjà été saisie précédemment. C'est un projet de loi qui compte beaucoup pour les conservateurs, au point que le prorogation ne les a pas empêchés de persister dans leur intention. Ils n'ont pas jugé nécessaire de respecter la démocratie, mais comme il s'agissait de leurs priorités, ils ont remis sur la table tous les projets de loi de ce genre qui correspondent à leur programme sur le crime et le châtiment, comme on le voit.
La mesure législative à l'étude était au départ le projet de loi , un projet de loi sur lequel mon collègue de a beaucoup travaillé, avec le Comité de la sécurité publique, pour qu'il soit le meilleur possible. On a passé des heures à entendre des témoins et à discuter, et je crois que le débat a été très sain. Des amendements que nous avons présentés et appuyés ont été apportés au projet de loi. La discussion a été très animée, mais malheureusement j'ai constaté que les manigances politiques l'emportaient: le gouvernement a fait passer son manque de respect pour notre institution démocratique avant tout le reste et nous avons eu la prorogation. Pourtant, nous retrouvons aujourd'hui une nouvelle mouture de ce projet de loi.
Nous l'appuyons à l'étape de la deuxième lecture, mais surtout nous appuyons un examen productif très important du projet de loi en comité, comme ce fut le cas pour le projet de loi à la dernière session. Je viens de vous parler de cet important débat.
Il y avait dans le projet de loi plusieurs points importants qu'on retrouve dans le projet de loi . Par exemple, il assouplit les conditions dans lesquelles on peut accéder au registre des délinquants sexuels. Il élargit le champ d'information en incluant, par exemple, l'immatriculation d'un véhicule et des éléments importants pour les policiers chargés des enquêtes. Il autorise aussi les policiers à prévenir d'autres autorités, au Canada et à l'étranger, lorsqu'un délinquant se rend sur leur territoire. Ce sont des objectifs louables que nous approuvons.
On a parlé du cas lamentable des Canadiens qui vont s'en prendre à des victimes dans des pays étrangers qui n'ont pas le même pouvoir de réglementation ou d'enquête. Ces gens croient pouvoir agir en tout impunité. Le projet de loi vise à mettre fin à ces activités et nous espérons qu'il va sérieusement refroidir ces délinquants.
Comme je l'ai mentionné, certaines modifications sont judicieuses, notamment les renseignements sur les véhicules automobiles, pas uniquement les plaques d'immatriculation mais aussi la description. Ces détails sont importants. Le projet de loi remédie à certaines lacunes graves du registre. Dans sa forme actuelle, le registre ne permet pas de vérifier, par exemple, si un délinquant sexuel est actuellement incarcéré ou s'il est décédé. Les critères concernant l'information pouvant être consultée sont tellement stricts que la police n'a pas le droit légalement de consigner ce genre de renseignements au registre. Nous estimons fort utiles les dispositions du projet de loi qui visent à corriger cette lacune.
Or, on sait également que, lors d'une enquête, toutes les minutes comptent. Les enquêtes sur les infractions sexuelles particulièrement graves ont des répercussions tragiques sur les victimes, leur famille et la collectivité. Ces infractions entraînent parfois la disparition d'enfants, d'adolescents et de femmes. Grâce à l'élimination de cette lacune et à la mise en place d'un meilleure système de suivi, la police ne perdra plus son temps à suivre les allées et venues de délinquants qui sont peut-être décédés ou incarcérés. Il est très important de corriger cette lacune.
Toutefois, en dépit de certains éléments positifs et des changements qui ont été apportés, nous estimons important de renvoyer ce projet de loi au comité pour remédier à certaines lacunes, pour y prévoir des moyens de dissuasion relativement aux infractions sexuelles et pour appuyer les victimes et les initiatives de prévention.
Nous avons relevé de nombreux problèmes dans cette mesure législative. Premièrement, elle propose l'inscription automatique de tout contrevenant qui commet une des infractions énumérées. Cela fait disparaître le pouvoir judiciaire discrétionnaire et le pouvoir discrétionnaire de poursuivre. La majorité des infractions prévues au Code criminel du Canada qui seraient visées par cette loi pourraient sans problème entraîner l'enregistrement automatique. Toutefois, dans le cas de quelques infractions mixtes, comme les agressions sexuelles, nous estimons certainement qu'il est important que le pouvoir judiciaire discrétionnaire et le pouvoir discrétionnaire de poursuivre s'appliquent. Il faut prévoir cette latitude.
Il pourrait arriver qu'il ne convienne pas de rendre une ordonnance contre une personne reconnue coupable de cette infraction. Il devrait revenir au procureur ou au juge de décider quand il convient d'avoir recours à une telle exception. Cette mesure législative correspond très bien aux pratiques du gouvernement, puisqu'elle fait abstraction du pouvoir judiciaire discrétionnaire et du pouvoir discrétionnaire de poursuivre.
C'est surprenant, compte tenu du fait que la Chambre est remplie de députés issus du milieu juridique. Nous savons que l'organe judiciaire est indépendant du gouvernement, mais le gouvernement ne lui accorde pas le respect voulu. Il émet plutôt des directives qui viennent d'en haut et qui sont souvent motivées par l'envie de faire un coup d'éclat, de faire du sensationnalisme ou d'en arriver à des conclusions bâclées sur des projets de loi.
C'est pour cela qu'il est important que nous en discutions attentivement au comité et que nous fassions en sorte de ne pas empiéter sur le pouvoir discrétionnaire des procureurs et de la magistrature, qui fait la fierté du Canada. Nous voudrions que cela s'applique au processus entier de prise de décisions liées au système de justice pénale au Canada, pas seulement à certains aspects de ce projet de loi.
Le projet de loi présente d'autres lacunes. Par exemple, en ce qui concerne le financement, les conservateurs n'hésitent pas à présenter à des fins politiques partisanes des projets de loi sur la criminalité, comme celui dont nous sommes saisis, mais ils renâclent à dégager des fonds pour financer les changements. Le Comité de la sécurité publique, pendant son étude du projet de loi , a entendu bien des témoignages sur le registre des délinquants sexuels de l'Ontario. Les policiers et les groupes de victimes en parlaient comme d'un modèle.
Le budget de fonctionnement annuel du registre national est de 400 000 $ à 600 000 $. À titre de comparaison, le budget de fonctionnement et de gestion centralisée du registre de l'Ontario est de près de 4 millions de dollars par année, sans compter les dépenses engagées par les services de police locaux. Ceux qui ne sont pas très forts en calcul pourraient dire qu'une seule de nos 10 provinces et trois territoires consacre 4 millions de dollars à ce genre d'activité, pendant que le gouvernement fédéral essaie de faire la même chose à la grandeur du pays en dépensant beaucoup moins, soit entre 400 000 $ et 600 000 $.
C'est manifestement insuffisant. Nous sommes en faveur du renforcement du registre et de l'élimination des échappatoires, mais en autant que ce soit fait correctement. Ne faisons pas les choses à moitié — ou, dans ce cas-ci, au dixième. Faisons les choses correctement. Les victimes d'agressions sexuelles le méritent, tout comme les Canadiens qui sont préoccupés par les crimes de ce type.
Ne mettons pas la question du financement de côté. Nous savons tous que nous ne pouvons pas faire un travail convenable sans un financement convenable. Le projet de loi ne prévoit aucune mesure en vue d'accroître le financement du registre national des délinquants sexuels et transfère plutôt le fardeau aux services de police qui sont déjà débordés.
J'aimerais relever une certaine ironie dans ce dossier. Le gouvernement prétend souvent qu'il appuie les policiers et les gens qui portent l'uniforme, mais il serait honteux de transférer une responsabilité aussi lourde aux policiers, détachements et organisations qui sont déjà poussés à la limite et qui, comme nous le savons, manquent de personnel. Nous ne devrions pas aller de l'avant sans un financement approprié.
Il y a également d'autres éléments qui rendent ce projet de loi inadéquat. Je suis d'avis qu'il pourrait être important de nous concentrer sur d'autres points du programme du gouvernement en matière de répression de la criminalité. Je veux parler de la prévention et de l'appui pour les victimes ou les victimes potentielles, les jeunes et les gens qui se trouvent en position vulnérable ou à la marge de la société.
Plus tôt au cours de l'année, Steve Sullivan, l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, a témoigné devant le Comité de la sécurité publique. Il a parlé de la nécessité que le gouvernement finance la création de centres d'appui aux enfants dans toutes les grandes villes du Canada. Ces centres fourniraient des services de counselling, d'appui et d'orientation vers d'autres services travaillant auprès des enfants qui sont victimes de crime, particulièrement ceux qui sont victimes d'exploitation sexuelle.
Ces centres permettraient d'améliorer concrètement la vie des victimes. Nous savons que bon nombre de délinquants sexuels ont déjà eux-mêmes fait l'objet d'agressions sexuelles. Les centres d'appui aux enfants joueraient donc un rôle important au niveau de la prévention des agressions sexuelles.
L'ombudsman des victimes a demandé au gouvernement d'accorder un financement de 5 millions de dollars à de tels centres, mais le gouvernement a refusé. À mon avis, c'est là une décision sur laquelle le gouvernement doit revenir. Il s'agit d'un homme que le gouvernement a engagé et qui a fait un travail très utile jusqu'à présent, mais il semble maintenant qu'il se heurte à d'énormes difficultés. C'est un spécialiste du domaine. Il a présenté une proposition qu'il a élaborée en consultation avec les victimes elles-mêmes, avec les spécialistes du domaine, des conseillers et des professionnels de la santé. Il a déclaré que ce projet pourrait permettre de réduire considérablement le nombre de ces délits et de venir en aide aux victimes. Le refus du gouvernement me semble tout à fait contradictoire compte tenu de son engagement présumé à réduire le nombre de ces infractions. Je trouve cela tout à fait déconcertant. Je ne sais vraiment pas comment le gouvernement pourra expliquer cette décision aux Canadiens.
Nous voulons tous que les mesures qui s'imposent soient prises à l'égard des actes criminels, surtout ceux à caractère sexuel. L'importance de la prévention est évidente, pour ne pas que l'on doive intervenir une fois le mal fait, après que la victime a été agressée, après que la tragédie a eu lieu.
La prévention est très importante. J'aimerais, si vous me le permettez, prendre l'exemple de ma circonscription. J'ai l'honneur de représenter la circonscription de Churchill, circonscription à population fortement hétérogène qui est située dans le Nord du Manitoba. On y trouve de nombreuses collectivités métisses et des Premières nations. Ce sont des collectivités très hétérogènes qui ont en outre vécu de terribles tragédies.
Nous avons commémoré, la semaine dernière, le deuxième anniversaire des excuses présentées par le gouvernement aux survivants des pensionnats indiens. Nous le savons tous, ces pensionnats sont des lieux où les Autochtones ont vécu de terribles horreurs. De nombreux jeunes Autochtones y ont subi de la violence sexuelle. J'ai consulté un grand nombre d'aînés et de membres de la collectivité qui m'ont dit que le cycle de la violence tant sexuelle que physique est difficile à rompre.
Il s'agit d'enfants qui ont été arrachés à leurs parents, dépouillés de leur identité et victimes d'un genre d'abus que nombre d'entre nous ont du mal à comprendre. Un grand nombre des survivants, incapables de composer avec de tels abus, ont été poussés à s'enlever la vie tant ils étaient traumatisés, ce qui constitue une tragédie que nous sommes nombreux à avoir reconnue. Tous les députés ont été honorés et fiers d'entendre les excuses que le gouvernement a présentées.
Peu a été fait pour répondre aux besoins des Autochtones. J'aimerais signaler que le gouvernement n'a pas alloué de fonds à la Fondation autochtone de guérison, organisme offrant des services de counselling aux survivants de ces abus, à leurs enfants et à leurs petits-enfants. J'ai eu l'honneur de travailler d'arrache-pied avec des collègues de la Chambre à sauver cet organisme. Certains survivants ont été incarcérés. Ils ont purgé leur peine et ont demandé à être réhabilités. Les programmes communautaires soutenus financièrement par la Fondation autochtone de guérison ont joué un rôle important en vue de rompre le cycle de la violence sexuelle.
Le gouvernement prétend qu'il défend les victimes. Il prétend qu'il réduira la criminalité, et nous nous retrouvons aujourd'hui en train de parler des infractions sexuelles. C'est le gouvernement actuel qui a éliminé un programme très efficace, qui aidait justement à faire cela.
La prévention ne consiste pas seulement à empêcher qu'un crime soit perpétré. Il s'agit aussi de voir à ce que les jeunes et les femmes soient forts et à ce qu'ils puissent bénéficier du soutien de leurs communautés pour atteindre leur plein potentiel.
Je représente des Premières nations isolées, comme Shamattawa, Oxford House, God's River, God's Lake Narrows, Island Lake, Red Sucker Lake, Wasagamack, St. Theresa Point, Garden Hill, Bloodvein, Berens River, Little Grand et Pauingassi. Je pense aux nombreux jeunes qui m'ont parlé du manque de programmes de loisirs et du fait que les programmes gouvernementaux sont inadéquats. Ces jeunes savent que leur génération tombe dans le piège de la criminalité et des gangs. Ils souhaitent réagir. Ils souhaitent qu'on leur offre des activités positives et des solutions de rechange saines, un lieu dans leurs propres communautés pour se livrer à de telles activités. Ils souhaitent obtenir des services d'éducation et des soins de santé appropriés et disposer d'infrastructures adéquates. Tous ces éléments font partie intégrante du programme de prévention.
Nous sommes d'avis que cette approche en matière de prévention fait défaut dans le projet de loi . Pourtant, elle serait très efficace pour dissuader les individus de commettre des infractions sexuelles et, partant, pour réduire le nombre de crimes de ce genre. Le gouvernement doit répondre à l'appel. Il doit soutenir les gens qui vivent en marge de la société. Il doit appuyer les personnes qui cherchent à briser le cycle de la violence et à assurer la sécurité de leurs familles, de leurs enfants et de leurs collectivités. Ce n'est qu'en agissant ainsi qu'il fera preuve d'un véritable leadership et qu'il pourra réduire la criminalité et appuyer nos concitoyens d'un bout à l'autre du pays.
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Monsieur le Président, je suis vraiment heureux de prendre la parole au sujet des mérites du projet de loi .
Cette mesure législative propose d'améliorer les dispositions actuelles à l'égard de l'enregistrement des renseignements sur les délinquants sexuels. Comme les députés le savent et comme en témoignent les débats de cet après-midi, il s'agit d'un projet de loi extrêmement important. Il mérite la plus grande attention car il y est question d'assurer la sécurité de nos enfants et d'autres Canadiens vulnérables contre les prédateurs sexuels.
Les députés savent que la sécurité publique est un objectif que visent tous les parlementaires, ici et à l'autre endroit, d'où vient d'ailleurs ce projet de loi. En outre, le projet de loi donne suite à des initiatives entreprises par tous les premiers ministres provinciaux et tous les dirigeants territoriaux, de concert avec le gouvernement fédéral, qui préconisent un système national d'enregistrement des délinquants sexuels.
Je me permets de résumer brièvement les grandes lignes du dossier. Dès 1997, les principales caractéristiques d'un registre ont fait l'objet de discussions approfondies réunissant tous les ministres provinciaux de la justice pénale, le gouvernement fédéral et tous les territoires. Leur aval a mené à l'adoption, en 2004, de la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels. Bien entendu, le projet de loi est le prolongement d'un consensus national qui prend en compte une préoccupation que partagent tous les Canadiens.
Depuis notre arrivée au pouvoir, en 2006, nous avons pris une série de mesures afin de mieux protéger les Canadiens et les Canadiennes contre les agresseurs sexuels, et nous allons poursuivre dans cette voie. Je rappelle que la mesure dont nous sommes saisis aujourd'hui est un bel exemple de ce qui peut être accompli lorsque les intérêts fédéraux, provinciaux et territoriaux sont pris en considération dans le cadre d'une approche fondée sur la consultation et la collaboration. Je précise aussi que le projet de loi jouit de l'appui des organismes d'exécution de la loi, des procureurs et des groupes de défense des victimes.
Le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles a fait rapport sur le projet de loi . Cette mesure avait auparavant été étudiée, sous la forme du projet de loi C-34, par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, dont je fais partie, au cours de dernière session de la présente législature.
Le projet de loi tient compte des points de vue exprimés par un certain nombre d'intervenants, notamment les Services correctionnels, des organismes d'exécution de la loi, des agences de protection de l'enfance et des groupes de défense des victimes. Le comité sénatorial a servi de tribune aux fins d'une discussion approfondie, au cours de laquelle des opinions très diverses ont été formulées sur l'efficacité d'un registre national des délinquants sexuels.
À mon avis, tout semble indiquer que les propositions du gouvernement constituent une réponse appropriée aux demandes pressantes de rendre la base de données sur les délinquants sexuels plus inclusive.
Les consultations multisectorielles auxquelles j'ai fait allusion ont entraîné des modifications importantes sur lesquelles les rédacteurs législatifs travaillent depuis plusieurs années. Des discussions ont porté sur la viabilité du registre et sur la mise en oeuvre de la loi.
Dans le cadre de cet exercice, la question la plus délicate était peut-être de déterminer s'il fallait restreindre ou accroître la portée du registre. La question qui se pose est: Quels paramètres devraient régir le nombre d'infractions, et quels contrevenants devraient être inclus dans un registre?
Il importait aussi de trancher les questions suivantes, et elles l'ont été par ces modifications: Durant combien de temps une ordonnance d'inscription devrait-elle s'appliquer? Qui devrait décider si un contrevenant doit être inscrit? Autrement dit, une fois qu'une liste est dressée, où faut-il s'arrêter?
Ces questions étaient déterminantes aux fins de l'établissement d'un registre national des délinquants sexuels. L'expérience des praticiens de la justice pénale peut maintenant être utilisée dans le projet de loi afin d'assurer un meilleur équilibre entre la sécurité publique et les droits de la personne.
Au moment de sa création, le seul registre de délinquants sexuels au Canada était tenu par la province de l'Ontario. Certains aspects du registre ont été contestés devant les tribunaux, et nous pouvons maintenant nous fonder sur un certain nombre de décisions judiciaires.
Notre gouvernement a donc rédigé une mesure qui donne suite aux préoccupations liées à la sécurité publique au Canada, tout en tenant compte des préoccupations liées à l'équité et aux droits de la personne.
Monsieur le Président, vous n'avez certainement pas besoin d'une formation en matière de justice pénale, mais permettez-moi de rafraîchir la mémoire de ceux qui étaient présents lorsque le registre national a été créé, et de situer dans leur contexte les mesures plus récentes.
La mesure législative originale, dont j'ai déjà parlé, qui a donné lieu aux modifications que nous étudions aujourd'hui, proposait la création d'un registre où devaient être consignés uniquement les noms des personnes reconnues coupables des infractions désignées après l'entrée en vigueur de la loi en question. Toutefois, l'examen par le Parlement a permis de modifier cette règle pour que soient enregistrés les contrevenants déjà condamnés pour une des infractions figurant en annexe au moment de l'entrée en vigueur de la loi et purgeant une peine dans un établissement provincial ou fédéral, purgeant une peine avec sursis ou discontinue ou étant sous probation ou en liberté conditionnelle.
Les contrevenants faisant l'objet d'une ordonnance de détention ou qui n'ont pas été inconditionnellement absous après avoir été trouvés non criminellement responsables d'une telle infraction doivent aussi être inscrits au registre. Cette dernière disposition s'explique du fait que, quand un tribunal constate qu'un contrevenant n'est pas criminellement responsable, il ne le reconnaît pas coupable, mais le contrevenant a quand même commis l'infraction.
Pour des raisons évidentes, on a jugé souhaitable que les contrevenants de cette catégorie soient visés par la loi.
Les parlementaires ont entendu des témoins de tous les milieux concernant l'inscription au registre, et ont apporté les modifications voulues. L'efficacité du registre a été vérifiée durant la période d'application. Ayant maintenant l'avantage de l'expérience, le gouvernement croit que le temps est venu d'assurer une approche plus rigoureuse. Le résultat final de nos travaux d'aujourd'hui devrait être d'assurer la sécurité de tous les Canadiens face aux risques d'exploitation et à la criminalité. C'est la préoccupation majeure de tous les intéressés. La protection contre les prédateurs sexuels est la raison d'être de cette mesure législative.
J'aimerais parler brièvement des éléments principaux du projet de loi . Pour appuyer ce que d'autres ont dit, la disposition principale du projet de loi ferait en sorte que les délinquants soient automatiquement inscrits, en vertu de la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels et de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, après une déclaration de culpabilité, obligeant le juge qui impose la peine à rendre une ordonnance d'enregistrement et de prélèvement de substances corporelles pour analyse génétique pour toute infraction sexuelle figurant à l'annexe.
Le procureur de la Couronne ne serait plus tenu de présenter une demande d'ordonnance. La mesure autoriserait les agents de police à passer à l'action si une personne inscrite au registre est engagée dans une activité suspecte, même s'il ne s'agit pas d'une activité criminelle manifeste. Nous pourrions ainsi prendre des mesures préventives qui sont impossibles en vertu de la loi actuelle.
Quand le comité s'est penché sur l'ancien projet de loi , nous avons entendu maints témoignages selon lesquels il est arrivé que des procureurs, dans certains cas, ne demandent pas à la cour une ordonnance d'inscription au registre, la question faisant parfois l'objet d'une transaction pénale. Dans d'autres cas, c'était simplement le fait d'un oubli. Quoi qu'il en soit, en vertu de la nouvelle mesure, la Couronne n'aurait plus besoin de présenter une telle demande, puisque le délinquant serait automatiquement inscrit au registre. Je pense que tous les députés conviendront que ce changement mérite leur appui.
Qui plus est, les agents de police seraient en mesure d'identifier les délinquants sexuels quand ils se déplacent d'une province à une autre ou lorsqu'ils quittent le pays. Une fois de plus, ces modifications à la loi nous permettraient de prendre des mesures préventives. De surcroît, les responsables des services correctionnels seraient en mesure d'aviser les services de police de la libération et de la réadmission des personnes inscrites au registre.
Enfin, dernier élément, mais non le moindre, on améliorerait le registre en y incluant des données sur les véhicules afin d'aider les autorités à surveiller les délinquants sexuels inscrits au registre, à faire enquête sur eux et à les poursuivre en justice, s'il y a lieu.
En résumé, le projet de loi établirait un cadre afin de poursuivre les efforts de collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Surtout, il établirait un système national, contrairement à ce qui se fait ailleurs où il peut y avoir double emploi et confusion. Cette approche commune aurait l'avantage de combiner les efforts des diverses autorités de la justice pénale tout en respectant le rôle des provinces dans l'administration du système.
Les autres mesures que nous demanderons à la Chambre d'adopter après les avoir étudiées de façon approfondie simplifieraient, harmoniseraient et renforceraient encore davantage les efforts visant à protéger les plus vulnérables d'entre nous. Il importe de souligner que ces objectifs seraient atteints dans le respect des besoins des organismes d'application de la loi et des tribunaux et des libertés de tous les Canadiens.
Le projet de loi vise à améliorer les mesures législatives antérieures qui, même si l'intention était bonne, se sont avérées plus qu'insuffisantes. À cet égard, nous avons bénéficié de l'expérience, de l'expertise et de la bonne volonté de nombreux intervenants du système de justice pénale canadien.
Je crois que nous pouvons clore cette question rapidement. Je sais que tous les députés, ou la majorité d'entre eux, appuient l'adoption du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et son renvoi au Comité de la sécurité publique où tous les membres, dont je suis, l'examineront de façon approfondie.
En conséquence, j'exhorte tous les députés à accélérer l'adoption de ce projet de loi important. Les Canadiens réclament une telle mesure. Les victimes d'actes criminels ne méritent rien de moins.
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Monsieur le Président, l'orateur qui m'a précédé a signalé tout de suite que nous avions devant nous un vieux projet multipartite qui non seulement avait reçu l'accord de tous les partis qui ont siégé à la Chambre, mais avait aussi été testé dans différentes provinces et était réclamé par les procureurs généraux. Or je ne crois pas que ce soit vrai. Le projet de loi actuel n'instaure par un régime; il améliore plutôt le régime établi en 2004.
Si l'amélioration de ce régime est telle qu'il suscite l'unanimité, pourquoi attend-on aussi longtemps pour le faire adopter? Un gouvernement minoritaire, s'il veut faire adopter des projets de loi, devrait commencer par des choses sur lesquelles les autres partis sont d'accord. Dans le cas qui nous occupe, non seulement le gouvernement a-t-il pris beaucoup de temps pour présenter des améliorations à la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels, mais en plus, après l'avoir fait adopter en comité, il a décidé de le tuer par une prorogation. L'ayant tué par une prorogation, il attend la fin de la session pour le présenter à nouveau à la Chambre des communes, après lui avoir fait faire un grand détour devant le Sénat.
Encore une fois, cela illustre que le gouvernement, quand il présente des projets de loi sur la criminalité, ne se préoccupe pas de leur effet sur la criminalité. Il ne se préoccupe que d'une chose, comme l'a si bien expliqué la députée d': les retombées électorales qu'il peut en espérer. Le fait qu'il présente un projet de loi à plusieurs reprises lui donne l'occasion de faire des discours pour que le public voie qu'il travaille pour lutter contre la criminalité. Or le gouvernement n'a qu'une recette, ce qu'a très bien démontré l'orateur qui m'a précédé: l'augmentation des peines.
Les conservateurs sont drôles, quand ils parlent de la loi Sébastien. Normalement, quand on donne le nom de quelqu'un, d'une victime à une loi, c'est parce qu'on va régler ce qui s'est passé dans son cas. Je connais tous les détails du cas de Sébastien Lacasse, qui habitait dans ma circonscription. Ce cas est l'illustration parfaite que la Loi sur les jeunes contrevenants actuelle fonctionne très bien, et le député le reconnaît. La criminalité juvénile a diminué. Alors, que faut-il changer?
La criminalité violente a augmenté dans certaines parties du pays, mais au total, elle a diminué. Si le Canada était le pays comme je le rêvais avant d'être souverainiste, de temps en temps, la majorité s'inspirerait des succès de la minorité pour régler ses problèmes. Le fait qu'on soit vraiment divisés est un exemple de plus. Les conservateurs ne savent pas que le système de traitement des jeunes contrevenants du Québec donne des résultats spectaculaires. Il y a 50 p. 100 — parfois plus, parfois moins — moins de criminalité juvénile, pas uniquement en termes de poursuites des délinquants juvéniles, mais aussi sur le plan de la criminalité globale. La criminalité est mesurée par la même formule dans tout le pays, soit par la déclaration uniforme de la criminalité, qui est remplie avant que l'on décide de lancer une poursuite ou non.
Ils ignorent les succès du Québec; ils ne veulent pas faire la même chose que cette province. Quel autre bel exemple d'échec! Il y a des problèmes dans l'Ouest et on pourrait s'inspirer du Québec pour les régler.
Les conservateurs préfèrent regarder le sud des États-Unis, et voir qui gagnait facilement les élections. Ils ont vu les Républicains sudistes. Ils ont donc décidé de faire les tough on crime. C'est leur solution au lieu d'être smart on crime.
Cette fois-ci, ils ont notre appui pour ce projet de loi parce que voilà un exemple de projet de loi smart on crime. C'est intelligent à condition de se servir de ce registre comme moyen de retracer certains criminels, d'assurer des mesures de protection et non pas de l'utiliser comme une punition supplémentaire que l'on voudrait donner à ceux qui sont déjà condamnés pour des infractions de nature sexuelle. Quand j'écoute les conservateurs, je me rends compte que c'est l'aspect qu'ils retiennent, encore une fois. Pour eux, les criminels ne sont pas assez punis par les punitions que le juge donne. On a beau prévoir des sentences sévères, il faut leur mettre quelque chose de plus. Il faut qu'ils soient enregistrés quelque part pour que des policiers le sachent, avec peut-être l'espoir que ces derniers aillent les écoeurer une fois de temps en temps.
Par contre, je sais que des mesures seront prises. Elles sont d'ailleurs dans la loi qui a été adoptée, non pas par les conservateurs, Dieu merci, mais par les libéraux. Ils y ont pensé, eux, et ils ont mis dans la loi que seules les forces policières doivent connaître ces inscriptions.
Quand ça a été adopté la première fois, on leur a signalé qu'on allait encore une fois augmenter la charge et le poids du registre de l'ADN. Or l'ADN n'est pas comme les empreintes digitales. C'est pas mal plus compliqué. Cela exige des techniciens formés. Je crois même que cela demande une formation universitaire scientifique ou certainement l'équivalent d'une formation collégiale avancée. N'importe qui ne peut pas faire l'inscription correcte et le traitement scientifique pour que, la prochaine fois qu'on voit un ADN pareil, on puisse faire les relations. C'est assez compliqué. Je ne parle pas des relevés d'ADN, car n'importe qui peut faire les relevés.
C'est dommage que je n'aie pas l'information, mais de mémoire cela demande au moins 18 mois de formation pour pouvoir les prendre. Cependant, pour avoir la compétence nécessaire pour aller témoigner à la cour, il faut des années.
Quelqu'un d'autre avant moi a déjà signalé à quel point on n'a pas augmenté ces budgets. On fait semblant. C'est un autre exemple de l'attitude des conservateurs: on fait semblant de prendre une mesure, mais les moyens ne suivent pas. Ils ont présenté le projet de loi à la fin de la session; il va probablement disparaître. Peut-être qu'on va avoir une autre prorogation à l'automne ou peut-être que des élections vont être déclenchées. Et finalement, ce projet de loi, qui aurait l'assentiment de tout le monde, va mourir au Feuilleton une autre fois et, si jamais les conservateurs reprennent le pouvoir, ils auront une quatrième occasion de le présenter encore pour donner l'impression qu'ils font quelque chose contre le crime.
Ils veulent aussi augmenter le nombre d'infractions. On peut toujours le faire, mais je leur ai signalé, quand on en a discuté, qu'avant de vouloir augmenter le poids du registre, il faudrait peut-être avoir les ressources pour vider le backlog du registre parce que, actuellement, ce backlog se mesure en années.
Par contre, je reconnais qu'il y a un certain nombre de bonnes choses qui démontrent, encore une fois, qu'on est en présence d'un projet de loi smart on crime. On apporte certaines améliorations. Par exemple, il n'y avait pas d'information sur le véhicule du délinquant dans le registre. Il est bon que les policiers puissent retracer le véhicule quand un délinquant rôde dans un endroit ou un autre.
La loi apporte aussi un partage des informations policières de ce genre partout au pays, ce qui est aussi utile. Cela a été le grand secret, soit dit en passant, des succès de l'opération Carcajou.
Il s'agissait de mesures qui faisaient une différence pour contrer la criminalité. Ce n'est pas comme des sentences plus sévères tout le temps. C'était donc un autre avantage.
Une amélioration qui lui est apportée repose sur le fait qu'on enlève la restriction de ne l'utiliser que lorsqu'on enquête sur un crime sexuel. Le meilleur exemple de la nécessité de cela, c'est lorsqu'un enfant est enlevé.
On peut penser qu'il est utile que les policiers puissent regarder si une personne qui se retrouve dans le registre des délinquants sexuels habite près de l'endroit où un enfant a été enlevé. On pourrait vérifier rapidement auprès de ces personnes afin de s'assurer qu'elles ne sont pas coupables. On nous a d'ailleurs fait une démonstration remarquable du logiciel qui permet ces recherches très rapides en Ontario. C'est également bon de le savoir rapidement. Dans l'immense majorité des cas, je crois que c'est dans 90 p. 100 des cas, quand les enlèvements ne sont pas solutionnés dans les 48 heures, ils ne le sont jamais.
Dans la majorité des projets de loi conservateurs — celui-ci est une formidable exception et c'est pour cette raison que nous voterons en faveur de ce projet de loi — ils ignorent des choses qui attendent. Tout le monde dans cette Chambre est d'accord et il y a un consensus presque aussi grand dans la population pour reconnaître qu'on a fait une erreur quand le Parlement — je n'étais pas là et je peux donc en parler plus facilement — a décidé d'amender la loi pour que dans le cas de crimes non violents, les criminels puissent bénéficier d'une libération conditionnelle après le sixième de la sentence.
Nous nous sommes carrément opposés à cela. J'ai même personnellement présenté un projet de loi à ce sujet. Dans ce cas-ci, il n'a pas besoin d'être compliqué pour la bonne raison que les dispositions législatives qui permettent la libération au sixième de la sentence sont des dispositions qui concernent seulement deux articles du Code criminel. Ce sont des articles qui ont d'ailleurs été rajoutés à la dernière minute dans l'un de ces marathons relatif à un projet de loi omnibus. Je crois que le gouvernement, dans son empressement, ne réalisait pas ce qu'il allait faire.
Nous sommes souvent contre les sentences minimum et contre l'augmentation indue des sentences. En ce qui a trait au taux d'incarcération, le Canada se retrouve au milieu de la liste des 175 pays. C'est bien comme cela et on ne voit pas la nécessité de l'augmenter sauf dans des cas particuliers. Dans ce cas-ci, on voudrait qu'il y ait plus d'incarcération.
Toutefois, nous croyons que la sentence doit être individualisée et qu'elle doit être prononcée à la lumière des lois par quelqu'un d'impartial qui a eu la chance d'entendre les deux parties avant de prendre une décision et qui a à appliquer, soit dit en passant, une vingtaine de critères qui sont déjà prévus dans les lois. Nous trouvons que c'est un peu insultant de déclarer que quelqu'un puisse être libérée au sixième de la sentence après qu'une personne qui a pris toutes ces précautions et qui est un arbitre impartial ait rendu une décision. Agir de la sorte, c'est ne pas refléter le travail qu'elle a fait et la décision qu'elle a prise.
Je veux leur demander à nouveau ce qu'ils ont fait pour aider les victimes outre le fait de prévoir des sentences plus graves.
Notre préoccupation, au Bloc québécois, c'est la lutte contre la criminalité. Ce n'est pas la politique spectacle, dont a si bien parlé d'ailleurs avant moi la députée d', mais c'est l'aide véritable aux victimes. C'est pourquoi l'une de nos collègues, la députée de , a présenté un projet de loi qui donnerait aux proches des victimes de crimes ou à des victimes de crimes elles-mêmes à peu près les mêmes avantages que donne la loi du Québec.
Au Québec, on offre deux ans à ces personnes qui sont affectées par un crime, soit comme victime, soit parce qu'un de leurs proches l'est et qu'elles doivent s'en occuper. Son projet de loi vise donc à lui donner les mêmes avantages pour les choses qui relèvent du fédéral. De plus, au fédéral, on a une caisse bien remplie, qui fait encore des surplus, dans laquelle le gouvernement canadien va piger de temps en temps, et dans laquelle il a d'ailleurs pigé épouvantablement lors de la première lutte visant à atteindre le déficit zéro, soit la caisse de l'assurance-emploi. Or cette mesure n'alourdirait pas beaucoup les paiements d'assurance-emploi.
Qu'attend le gouvernement pour adopter cette loi qui serait véritablement une aide aux victimes? Qu'on compare l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, l'aide matérielle et l'aide psychologique qu'on offre aux victimes par rapport à la satisfaction qu'elles auraient de voir l'auteur du crime purger une peine additionnelles de quelques mois ou de quelques années. Je crois que la majorité des victimes préféreraient beaucoup recevoir l'aide qu'on pourrait leur apporter, comme on le fait d'ailleurs au Québec.
Ensuite, ma collègue d' a fait une défense remarquable des projets de loi C-46 et C-47, d'autres mesures qui prévoient l'obligation de dénoncer la pornographie dans Internet et qui ajoutent cette charge aux serveurs qui alimentent l'Internet.
Tout le monde y est favorable, sauf peut-être des donateurs électoraux conservateurs ayant des entreprises de serveurs. Tout le monde y est favorable, incluant la police de partout au pays. D'ailleurs, par hasard, un des conseillers d'un corps policier du Québec m'en parlait justement ce matin en me demandant ce qu'il advenait des projets de loi C-46 et C-47. Mais ils ne le font pas.
Dans ce cas-ci, les conservateurs nous montrent qu'ils peuvent parfois mettre en avant des lois qui permettent une meilleure lutte contre la criminalité. Dans ces cas-là, ils peuvent compter sur le Bloc québécois pour les appuyer. Nous ferons peut-être quelques remarques en comité sur des choses excessives, mais j'en n'ai pas trouvé beaucoup. On pourra en parler en comité. Ils peuvent être assurés que si on le fait, ce n'est pas parce qu'on est soucieux de la défense des criminels, mais parce que nous voulons que les lois soient bien faites afin qu'elles soient justes.
Dans ce cas-ci, c'est une loi qui est smart on crime, et nous l'appuierons donc. Cela démontre que les conservateurs peuvent compter sur le Bloc québécois quand ils présentent quelque chose qui lutte véritablement et efficacement contre la criminalité et qui ne vise pas juste à montrer qu'ils sont tough on crime.
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Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat sur ce projet de loi. D'abord, j'aimerais dire que la démarche de mon ami, le député d', à l'égard de ce projet de loi, m'a beaucoup impressionné. Si les conservateurs lui confiaient le dossier de la justice, je parierais que les résultats seraient meilleurs qu'ils ne le sont à l'heure actuelle. Je ne pourrais pas dire de quel ordre seraient l'amélioration, je préfère ne pas m'avancer sur ce terrain, mais si je me base sur ce que j'ai vu jusqu'à maintenant de la part des députés qui occupent les premières banquettes, en face, on verrait une nette amélioration. Si je dirigeais les députés d'en face, ce qui n'est pas le cas, je procéderais à certains changements en ce qui concerne la gestion des dossiers.
Nous appuierons le renvoi de ce projet de loi au comité à l'étape de la deuxième lecture. Nous l'examinerons de façon plus approfondie et nous nous pencherons sur la possibilité d'apporter des amendements. Je ne vois guère de lacunes dans ce projet de loi. Le Comité de la sécurité publique a commencé l'examen de l'enregistrement des renseignements sur les délinquants sexuels, prévu par la loi, et le 29 mai on a fait circuler une ébauche de rapport confidentiel auprès des membres du comité. Malgré cela, comme il a l'habitude de le faire, et c'est d'ailleurs ce qu'il a fait dans le cas de la réhabilitation, le gouvernement a choisi de proposer des modifications au registre sous la forme du projet de loi qu'il a présenté le 1er juin.
Parmi les aspects clés du projet de loi, il y l'enregistrement obligatoire des auteurs d'infractions sexuelles désignées. Actuellement, c'est le procureur qui doit demander cette inscription et le juge doit l'approuver. Lorsqu'une demande est faite, une ordonnance doit être émise à moins que le délinquant puisse démontrer que les répercussions sur sa liberté seraient disproportionnées en dépit de l'intérêt public pour la protection de la société.
Le deuxième aspect du projet de loi est le prélèvement obligatoire d'échantillons pour analyse génétique sur les individus reconnus coupables d'une infraction sexuelle désignée. À l'heure actuelle, le procureur doit demander ce prélèvement et un juge doit l'approuver.
Un autre aspect du projet de loi, c'est l'élargissement des règles de consultation du registre par les policiers dans le but de prévenir la criminalité. Actuellement, les policiers ne peuvent consulter le registre que pour enquêter sur un crime qui a été commis s'ils sont raisonnablement convaincus que le crime est de nature sexuelle. La prévention d'actes criminels a été mentionnée par plusieurs députés cet après-midi. Je crois que cela se retrouve dans une loi ontarienne. Je regarde en direction du député d' pour obtenir confirmation de cela. Je crois que la possibilité de consulter le registre à des fins de prévention se trouve dans la loi ontarienne et que c'est ce qui nous a donné l'idée de l'ajouter comme amélioration dans la loi fédérale.
Il suffit de consulter les statistiques pour voir que le registre ontarien comporte beaucoup plus de noms que le registre fédéral. Les policiers apprécient évidemment beaucoup plus le registre ontarien que le registre fédéral.
Le registre fédéral existe depuis quelques années. Le député d' a souligné qu'en 1997, les premiers ministres des provinces et les procureurs généraux ont rencontré des représentants du gouvernement fédéral et ont collaboré étroitement pour donner son élan au processus. Nous devons reconnaître que c'est grâce à la clairvoyance de nos prédécesseurs que le registre a vu le jour, mais c'est l'Ontario qui a été la première province à aller de l'avant. La loi ontarienne semble avoir servi de modèle pour la loi fédérale.
Il importe de souligner qu'il devait y avoir un examen après la mise en oeuvre de la loi fédérale. Le Parlement avait entrepris cet examen quand le gouvernement a décidé de proposer son propre projet de loi. Encore une fois, le gouvernement court-circuite le processus, comme il l'a fait avec son projet de loi sur la réhabilitation.
De nombreux député ont parlé de la tactique utilisée par le , qui a prorogé le Parlement et nous a obligés à tout recommencer depuis le début. Si ma mémoire est bonne, c'est la députée de qui a souvent parlé d'un possible projet de loi omnibus, aussi repoussante cette possibilité soit-elle. En ce qui concerne le Code criminel, le porte-parole de notre parti en matière de justice, le député de , a fait remarquer à plusieurs reprises qu'il était grand temps qu'il subisse une refonte majeure, ce qui ne se ferait évidemment pas en criant « ciseaux ».
Je crois qu'on devrait envisager la présentation d'un projet de loi omnibus. Pourquoi pas: nous pourrions mettre à jour l'ensemble du Code criminel d'un seul coup en regroupant toutes les modifications en un seul projet de loi omnibus. Ce serait certainement mieux que ce que font les conservateurs, qui égrènent les modifications et nous les proposent une à la fois, tout ça pour profiter de la brève remontée dans les sondages que leur procurent les communiqués de presse qu'ils peuvent diffuser à chaque nouvelle initiative. Rassemblons tout ça dans un seul projet de loi omnibus et n'en parlons plus.
La différence entre ma proposition et le projet de loi d'exécution du budget des conservateurs, c'est que le projet de loi omnibus de ces derniers ne se limite pas à la seule exécution du budget, justement. La réorganisation des bureaux de poste, la vente d'Énergie atomique du Canada limitée, tout y est jeté pêle-mêle. Nous proposons plutôt un projet de loi omnibus qui porterait uniquement sur les changements à apporter au Code criminel et sur les enjeux connexes. Au moins, en procédant de la sorte, nous n'aurions plus à craindre une nouvelle prorogation ou le déclenchement de nouvelles élections.
Si jamais les choses se passaient plutôt rondement lors des deux sommets et que les chiffres commençaient à s'améliorer, les conservateurs, sachant que leur avenir est loin d'être assuré, seraient peut-être tentés de minimiser les pertes et de déclencher des élections en septembre. Il nous faudrait alors tout recommencer depuis le début — encore une fois — après les élections, et tous les projets de loi reviendraient à la case départ.
Nous formerons un gouvernement majoritaire.
: Monsieur le Président, un député conservateur a déclaré que les conservateurs formeraient un gouvernement majoritaire. Il peut bien rêver. Cela ne se produira jamais avec nos vis-à-vis. Le fait est que les choses deviennent un peu désespérées en face parce que les conservateurs savent que le temps ne joue pas en leur faveur. Ils achèvent leur cinquième année au pouvoir. Les choses semblent peut-être aller raisonnablement bien, en termes relatifs, mais lorsque l'on additionne leurs mois et leurs années au pouvoir, on voit que le moment viendra où les choses commenceront à se déliter et où ils ne pourront plus se rattraper.
Ce que je veux dire, c'est que leur programme politique crée des problèmes dans le programme législatif. Celui-là l'emporte sur celui-ci. Les conservateurs se fichent pas mal du programme législatif. Ils le conçoivent en termes politiques, selon ce qu'il peut leur permettre de gagner dans les sondages. Ce n'est pas ainsi qu'un gouvernement doit faire les lois contre le crime. Les corps policiers ont besoin que les choses bougent maintenant. La population mérite mieux de la part du gouvernement. Elle a besoin d'une approche intelligente de la criminalité, ce qui manque chez nos vis-à-vis.
Pour ce qui est des autres dispositions du projet de loi, elles élargissent le registre aux personnes condamnées pour crimes de nature sexuelle à l'étranger. C'est très important dans le cas du tourisme sexuel. Cette forme de tourisme existe probablement depuis de nombreuses années, mais il n'y a qu'une dizaine d'années environ qu'il attire l'attention du public. Je crois que nous reconnaîtrons tous que c'est une excellente amélioration du registre.
Une autre excellente amélioration, c'est l'ajout de nouveaux types de renseignements, y compris des renseignements de nature administrative qui sont essentiels, mais qui ne figurent pas dans le registre en ce moment.
Un autre aspect positif, c'est que les policiers pourront avertir les États étrangers et les provinces et territoires canadiens lorsqu'un délinquant sexuel se déplace sur leur territoire.
Diverses modifications de nature administrative visent à améliorer la coordination et la communication entre différentes agences.
On a mentionné différents types de renseignements comme la description du véhicule conduit par le délinquant et des renseignements sur le délinquant qui ne se retrouvent actuellement pas dans le registre. Il ne sert à rien d'avoir un registre qui ne donne pas aux policiers tous les renseignements voulus. Il est important d'avoir des renseignements comme les numéros de téléphone et la description du véhicule.