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CIMM Rapport du Comité

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Rapport supplémentaire du Nouveau Parti démocratique (opposition officielle)

L’arriéré du système d’immigration au Canada préoccupe au plus haut point le Nouveau Parti démocratique.

Il y a actuellement plus d’un million de demandes en attente. Ce chiffre représente une hausse par rapport à 2006, où 850 000 demandes étaient en attente d’être traitées. Fait important à noter, les trois catégories d’immigration sont visées : économique, familiale et réfugiés.

La présence d’un arriéré dans le système a une incidence directe et négative sur le temps requis pour traiter une demande. En fait, il est indiscutable que les temps d’attente ont atteint des niveaux manifestement inacceptables.

Il n’est pas rare de voir une demande de parrainage d’un membre de la famille prendre de 10 à 13 ans avant d’être examinée. Les employeurs qui tentent d’attirer des travailleurs spécialisés doivent souvent attendre de 4 à 7 ans. De plus, les aides familiaux souhaitant faire venir leurs conjoint et enfants au Canada doivent patienter pendant 5 ans en moyenne après avoir rempli leurs obligations en vertu du Programme concernant les aides familiaux résidants. Même les demandes d’immigration du conjoint – considérées comme la catégorie prioritaire devant faire l’objet d’un traitement immédiat – exigent deux ans de traitement, dépendamment du pays d’origine.

La situation pose de graves problèmes pour l’intégrité du système d’immigration au Canada, sans parler des incidences réelles et négatives sur les personnes et les familles concernées. Des frais de demande élevés sont retenus pendant des années sans indication claire ni garantie du temps de traitement. Les familles restent séparées et notre économie en souffre.

Les néo-démocrates sont d’avis que la solution à ce problème passe par une démarche équilibrée et polyvalente. Nous estimons que grâce à l’adoption avisée de plusieurs stratégies clés, il sera possible de réduire l’arriéré. 

À cet égard, nous tenons à remercier tous les témoins qui ont comparu devant le Comité permanent et qui ont présenté des options réfléchies, variées et créatives. Les recommandations qui suivent proviennent des témoignages et des informations recueillies auprès de diverses organisations ayant une expertise dans les questions d’immigration, y compris Citoyenneté et Immigration Canada (CIC).

Recommandations

1.    Veiller à ce que les niveaux d’immigration correspondent mieux aux besoins démographiques et économiques.

2.    Reconnaître l’importance du regroupement familial comme élément essentiel pour bâtir le pays; résister à l’imposition de quotas généralisés pour les catégories du regroupement familial et des réfugiés

3.    Voir à ce que le nouveau visa pour séjours multiples à durée de validité de dix ans (« super visa ») soit accessible, abordable, géré équitablement et approuvé largement pour aider à régler la crise de l’arriéré.

4.    S'opposer à l'imposition d’obstacles financiers excessifs comme stratégie pour réduire le nombre de demandes.

5.    Accroître les ressources accordées dans les ambassades où le volume de demandes est élevé et l’arriéré particulièrement grave, et examiner comment mieux servir les régions mal desservies.

6.    Réduire la dépendance annuelle aux travailleurs étrangers temporaires, améliorer la formation pour les travailleurs canadiens et voir à ce que les compétences des travailleurs correspondent mieux aux besoins des employeurs.

7.    Étudier la possibilité de hausser le niveau des visas de réfugiés et de rétablir les réductions dans les parrainages par le secteur privé.

Recommandation 1 : Voir à ce que les niveaux d’immigration correspondent mieux aux besoins démographiques et économiques.

Le Canada est sur le point de subir une transformation démographique qui fera chuter le ratio d’adultes en âge de travailler qui subviennent aux besoins du reste de la population. Pour atténuer ces pressions démographiques, il faut établir un plan d’avenir qui fera croître le nombre de travailleurs qualifiés et verra à ce que les Néo-Canadiens reçoivent des services d’établissement adéquats. C’est pourquoi les néo-démocrates pensent que les niveaux d’immigration devraient être réévalués régulièrement afin de mieux correspondre aux besoins démographiques et économiques à long terme.

Comme en témoigne le rapport, il est acquis que l’arriéré est causé par deux grands facteurs : l’entrée en vigueur en 2002 de dispositions de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) exigeant le traitement de chaque demande d’immigration jusqu’à une décision définitive; et le fait que chaque année depuis 2002, le Canada reçoit plus de demandes d’immigration qu’il n’en approuve. Voici les propos de CIC à cet égard :

« CIC s’efforce de traiter les demandes le plus rapidement possible. Cependant, il est toujours difficile pour CIC de répondre aux objectifs de la LIPR simultanément. Chaque année, nous recevons plus de demandes que nous pouvons en traiter, ce qui entraîne un important arriéré de cas dans de nombreuses catégories, ce qui à son tour entraîne des délais d’attente prolongés pour les demandeurs[1]. »

Les témoignages présentés au Comité suggèrent qu’en délivrant un nombre accru de visas annuellement de manière à s’approcher davantage du nombre de demandes valides reçues, on fera logiquement en sorte de ralentir, d’arrêter et même, d’éliminer l’arriéré. CIC reconnaît ce fait dans la source susmentionnée.

Les chiffres présentés au Comité révèlent qu’une augmentation, même modeste, des visas délivrés réduirait fortement l’arriéré.

M. Marc Audet de Desjardins Trust inc., s’appuyant sur des statistiques de CIC des cinq dernières années, a montré qu’on stopperait l’arriéré en haussant le nombre annuel de visas délivrés de 10 % par rapport aux niveaux actuels. Au-delà de ce chiffre, l’arriéré commencerait à diminuer.

La question est la suivante : est-ce qu’une augmentation du nombre de visas délivrés annuellement au Canada (« les niveaux ») est justifiée et souhaitable sur le plan économique et social ?

Les données montrent clairement qu’une hausse graduelle et prudente des niveaux annuels réglerait non seulement l’arriéré, mais elle serait nécessaire pour répondre aux besoins du Canada en matière de main-d’œuvre et de croissance économique :

  • Le Canada est aux prises avec une population vieillissante et un taux de natalité en déclin.
  • Selon les prévisions, les Canadiens de plus de 60 ans passeront d’environ 1 sur 5 à près de 1 sur 3 d’ici 2020 (SOURCE : Frontier Centre for Public Policy).
  • CIC prévoit que d’ici 5 ans – soit 60 mois – l’immigration remplira 100 % des nouveaux besoins du Canada en matière de croissance de la main-d’œuvre.
  • Le recours à une immigration accrue pour faire face aux tendances démographiques est nécessaire pour assurer la viabilité économique des programmes fédéraux, notamment le Régime de pensions du Canada et le service de la dette fédérale et des provinces.
  • Les représentants de l’industrie parlent d’un déficit actuel et futur au chapitre de l’approvisionnement en main-d’œuvre. L’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires a déclaré qu’elle aura 142 000 emplois vacants en 2025. L’Association canadienne des producteurs pétroliers et les syndicats affiliés à de nombreux corps de métier ont déclaré publiquement qu’ils comptaient sur les travailleurs étrangers temporaires pour combler le manque récurrent de travailleurs canadiens qualifiés.
  • Presque toutes les provinces ont demandé l’assouplissement du Programme des candidats des provinces, un processus d’immigration particulièrement fructueux qui permet de placer des Néo-Canadiens dans des collectivités locales en fonction des besoins économiques.
  • Le taux d’immigration actuel de 0,7 % est faible par rapport aux normes historiques canadiennes (1860-2009 :
    • 0,97 % en moyenne; 1900-1949
    • 1,34 % en moyenne; 1900-2009
    • 1,003 % en moyenne).

En faisant ressortir un seul de ces facteurs – celui de la dépendance à l’immigration pour combler nos besoins en main-d’œuvre – voici ce qu’a déclaré le ministre de l’Immigration :

« En raison de la population vieillissante, le nombre de départs à la retraite au sein de la main-d’œuvre canadienne augmente. Très bientôt, le nombre de nouveaux venus provenant des écoles et des universités canadiennes sera égal ou inférieur au nombre de retraités. Cela signifie que si nous voulons que notre main-d’œuvre continue d’augmenter, il faudra avoir recours à l’immigration[2]. »

Par conséquent, une hausse prudente des niveaux annuels se présente comme l’unique solution gagnante sur tous les plans. Une augmentation mesurée pourrait réduire l’arriéré et répondre aux défis démographiques et économiques du Canada.

Nous constatons que le gouvernement actuel a lui-même reconnu la hausse des niveaux d’immigration annuels comme un outil utile et essentiel pour s’attaquer à l’arriéré du système d’immigration.

En prenant le pouvoir en 2006, les conservateurs ont haussé les niveaux d’immigration de 14 %, qui sont ainsi passés de 220 000 en moyenne par année sous le régime libéral précédent à quelque 254 000 par année. Surtout, le ministre de l’Immigration a lui-même déclaré devant le Comité que l’une des raisons pour lesquelles il avait accru les niveaux annuels dès son entrée en fonction était qu’il voulait s’attaquer à l’arriéré que lui avait légué le gouvernement précédent[3].

L’opposition officielle reconnaît que l’admission d’un nombre accru d’immigrants doit se faire graduellement et de manière mesurée. Il faut prévoir suffisamment de ressources pour accueillir adéquatement les nouveaux arrivants, et mettre en place des politiques et des mesures qui répondront stratégiquement aux besoins du Canada tant sur le plan économique que sur celui de la main-d’œuvre.

Nous sommes également d’accord avec CIC, à savoir qu’une hausse des niveaux d’immigration devrait être « bien soutenue par le public ». L’opposition officielle est d’avis que, compte tenu des grands besoins économiques et démographiques de notre pays, il est possible d’obtenir l’assentiment de la majorité de la population.

D’ailleurs, le ministre de l’Immigration a tenu des consultations un peu partout au Canada à l’été 2011 pour sonder l’opinion de certains témoins invités à commenter la question. Malheureusement, même si on lui a demandé de fournir les données au Comité pour le présent rapport, le ministre a négligé de le faire.

Nous pensons que les Canadiens veulent un système d’immigration qui contribue à bâtir une économie forte et à maintenir des programmes publics forts et un niveau de vie élevé. Nous pensons aussi que les Canadiens veulent un système d’immigration qui produit des unités familiales fortes dans des collectivités homogènes.

Dans le façonnement d’une politique saine, dans les années à venir, il est d’une importance capitale de faire en sorte que notre système d’immigration permette d’atteindre ces buts communs. Et nous sommes persuadés que les Canadiens nous appuieront en ce sens.

Recommandation 2 : Reconnaître l’importance du regroupement familial comme élément essentiel pour bâtir le pays; résister à l’imposition de quotas généralisés pour les catégories du regroupement familial et des réfugiés.

De 2006 à 2010, le gouvernement a régulièrement réduit le nombre de visas délivrés pour la catégorie familiale (données de CIC : 70 517, 66 242, 65 582, 65 204, 60 220). L’opposition officielle recommande la fin de cette pratique.

Le Canada a longtemps profité d'un équilibre entre les catégories d'immigration économique, familiale et les réfugiés, et il faut le rétablir. Les immigrants de la composante économique ont eux aussi une épouse, des enfants et des parents. Si le Canada veut attirer des candidats recommandables et les garder au pays pour bâtir notre économie, il est essentiel que ces immigrants puissent réunir leur famille.

Malgré ces faits, le gouvernement semble vouloir imposer des plafonds (quotas) sur les demandes pour régler la question de l'arriéré.

Les néo-démocrates ne croient pas que l'imposition de plafonds permanents ni les gels temporaires sur les demandes dans les catégories du regroupement familial et des réfugiés soient des solutions efficaces à long terme contre l'arriéré. Selon nous, l'imposition d'un gel temporaire et de quotas permanents sur le parrainage parental est malavisée et contraire à l'objectif explicite de la Loi, qui est de réunir les familles.

Nous craignons particulièrement que le gouvernement impose des plafonds permanents sur les demandes de parrainage de parents et de grands-parents lorsque le gel temporaire sera levé. L'opposition officielle s'oppose catégoriquement à cette stratégie. Bien que l'imposition de quotas soit peut-être une option adéquate dans certains cas pour la composante économique, il ne faudrait pas s'en servir comme mesure dans le traitement des demandes de regroupement familial.

De plus, nous avons soulevé de grandes réserves face à la recommandation du rapport qui stipule que le gouvernement doit considérer l’adoption du soi-disant test d’« équilibre familial » utilisé en Australie. Essentiellement, cette approche empêche les gens de parrainer leurs parents si certains de leurs frères et sœurs vivent hors du pays. Par exemple, une personne ne pourrait parrainer ses parents si elle a une sœur ou un frère qui vit dans un autre pays, même si ces individus sont incapables de prendre soins de leurs parents.

Cette approche va, si elle est adoptée, empêcher des milliers de Canadiens de parrainer leurs parents. Ceci se fera même dans les cas où le parrain est dans la meilleure posture pour le faire.

Le gouvernement conservateur semble se diriger clairement vers l’attribution de quotas sur les possibilités des Canadiens à parrainer leurs parents et à unir leurs familles. Ils envisagent activement le fait de mettre des limites strictes aux personnes autorisées à parrainer leurs parents. Cette approche va laisser plusieurs nouvelles familles canadiennes séparées et va aussi réduire la capacité du Canada à attirer les jeunes travailleurs qualifiés dont ont si clairement besoins les employeurs et notre économie.

Les néo-démocrates considèrent que les quotas et les restrictions strictes aux personnes autorisées à parrainer leurs parents sont inefficaces et injustes. Adopter des politiques qui unissent plus de familles, plus rapidement, reflète mieux les besoins réels des Canadiens et de notre économie.

Recommandation 3 : Voir à ce que le nouveau visa pour séjours multiples à durée de validité de dix ans (« super visa ») soit accessible, abordable, géré équitablement et approuvé largement.

L’opposition officielle estime qu’il est sain et désirable d’offrir aux parents et aux grands-parents de citoyens canadiens ou de résidents permanents un visa pour séjours multiples à durée de validité de dix ans. Bon nombre de témoins ont fait l’éloge de ce concept au cours des audiences, et l’opposition officielle a été la première à réclamer la création de ce type de visa au début de l’étude. S’ils sont accordés en grand nombre, équitablement et selon des critères raisonnables, les super visas pourraient régler au moins une partie de l’arriéré pour les parents et les grands-parents, estimé présentement à 165 000 demandes, et aider de nombreuses familles.

Toutefois, force est de reconnaître que le Canada utilise déjà depuis des décennies le visa pour séjours multiples à durée de validité de 5 ans (durée qui est passée à 10 ans en juillet 2011) et que ces visas ne sont pas délivrés à grande échelle ni ne permettent vraiment de réduire l’arriéré. En fait, les agents d’immigration qui ont témoigné de Chandigarh, New Delhi et Manille n’ont pu dire au Comité combien de ces visas ont été délivrés.

Si les super visas ont un réel impact, il faut comprendre pourquoi les visas pour séjours multiples actuels ont si peu aidé. Il est toutefois clair qu’ils sont d’une utilité extrêmement limitée pour les demandeurs puisqu’ils n’ont pas été annoncés. En n’étant pas au courant de l’existence de ces visas, les demandeurs ne peuvent en faire la demande, ce qui laisse leur délivrance entièrement à la discrétion de l’agent des visas qui traite la demande. Qui plus est, les visas pour séjours multiples ne sont pas accordés en assez grand nombre.

Le super visa doit être accessible et offert de manière transparente. Pour ce faire, l’opposition officielle recommande les mesures suivantes :

  • Annoncer le super visa à grande échelle pour s’assurer que les futurs demandeurs en connaissent l’existence.
  • Prévoir, dans tous les formulaires de demande de visa, une section distincte et bien en vue pour ce visa, qui encouragerait les demandes et présenterait les critères d’admissibilité et les règles de délivrance.
  • Établir des critères d’admissibilité au super visa qui soient clairs et responsables, et éviter que l’examen d’une demande existante de résidence permanente constitue un facteur négatif.
  • Faire en sorte que les exigences liées au revenu soient raisonnables et souples, c'est-à-dire de notamment permettre l’évaluation cumulative du revenu du demandeur et du parrain.
  • Mettre en place un mécanisme faisant en sorte qu’une assurance maladie abordable soit offerte à tous les demandeurs qualifiés.

Il est essentiel que cette mesure soit conçue soigneusement de façon à alléger une partie de l’arriéré dans la catégorie des parents et grands-parents. Il est regrettable que le gouvernement se soit hâté de mettre en vigueur le super visa avant même la publication du présent rapport. Les premiers rapports sur les super visas au Canada signalent déjà des problèmes. En effet, de nombreuses familles ont manifesté leur frustration en raison des rejets inexpliqués, des coûts très élevés de la couverture médicale et des exigences financières trop restrictives.

Qui plus est, l’opposition officielle estime que des options souples à l’égard des visas sont importantes. Toutefois, il est évident qu’elles ne suffiront pas à elles seules à régler les problèmes structurels profonds et la mauvaise gestion responsables de la crise liée à l’arriéré.

Il est également essentiel que le super visa ne serve pas de substitut aux options de résidence permanente pour les parents et les grands-parents.

Recommandation 4 : S'opposer à l'imposition d’obstacles financiers excessifs comme stratégie pour réduire le nombre de demandes.

Nous sommes très inquiets quant à la suggestion faite dans le rapport de revoir les frais de demande d'immigration pour déterminer l'écart possible entre le coût facturés et les véritables coûts du traitement. Nous sommes alarmés de constater que, dans le rapport, le gouvernement conservateur envisage la hausse des normes financières, y compris le resserrement des exigences liées au revenu du parrain, comme outil pour réduire le nombre de demandes acceptées.

L’opposition officielle craint que « l’examen » conseillé soit un exercice visant à masquer la volonté de hausser les frais de demande d’immigration dans le but de faire diminuer le nombre de demandes et de réduire l’arriéré. Le fait que cette mesure soit proposée dans le présent rapport, dont le sujet est justement l’arriéré, ne vient que renforcer cette crainte.

Les néo-démocrates sont particulièrement inquiets et opposés à la recommandation visant à explorer les exigences financières liées au parrainage, surtout pour ceux qui souhaitent parrainer leurs parents ou leurs grands-parents. Selon nous, cet exercice ne vise qu’à resserrer les exigences liées au revenu du parrain, afin de réduire le nombre de demandeurs qui réussissent à faire venir leurs parents au Canada. Cette tactique est malsaine, et nous la rejetons catégoriquement comme méthode pour lutter contre l’arriéré.

L'histoire du Canada regorge d'exemples de taxes d'établissement et d'entrée punitives et de frais de demande inabordables. En fait, le gouvernement actuel ne cesse de vouloir être félicité pour sa décision de réduire la taxe d'établissement fixée par le gouvernement libéral précédent.

L'opposition officielle estime que la hausse des frais de demande, les exigences en matière de revenu ou toute autre mesure visant à décourager les demandeurs d'immigrer au Canada sont injustes et inappropriées.

Selon l’opposition officielle, le système d‘immigration du Canada ne doit pas créer d’obstacles financiers exagérés à l’admission au Canada ni créer un système à deux vitesses fondé sur l’argent, où la richesse détermine la citoyenneté.

Les critères pour la résidence permanente ne devraient pas se fonder sur la capacité d’une personne à acheter son admission au Canada, mais sur des facteurs légitimes, comme la capacité de s’intégrer pleinement à la société et de contribuer aux besoins économiques du Canada, le respect des valeurs démocratiques et le désir d’enrichir la mosaïque culturelle canadienne.

Recommandation 5 : Accroître les ressources accordées dans les ambassades où le volume de demandes est élevé et l’arriéré particulièrement grave, et examiner comment mieux servir les régions mal desservies.

Trop de nouveaux arrivants ne bénéficient pas du traitement juste qu’ils méritent. Les témoignages recueillis par le Comité montrent clairement que l’arriéré n’est pas le même partout dans le monde, ce qui crée de très longs délais d’attente pour le traitement des demandes dans certains pays et de plus courts dans d’autres. Parmi les centres de traitement les plus débordés figurent ceux de New Delhi, Chandigarh, Beijing, Manille, Nairobi, Londres et Damas.

Le plus troublant, c’est que, selon certains témoignages, il n’y aurait aucun lien entre le nombre d’employés d’un centre de traitement des demandes de visa et le volume de demandes qu’il reçoit. Selon les statistiques mêmes de CIC, c’est en moyenne 25 000 demandes par année que le Canada ne réussit pas à traiter.

Le gouvernement conservateur refuse d’admettre qu’il existe un lien entre l’arriéré et les ressources disponibles dans les ambassades à l’étranger qui traitent les demandes d’immigration. L’opposition officielle s’oppose en tout respect.

Il faut régler l’iniquité régionale en ajoutant des ressources dans les centres de traitement qui sont débordés et qui reçoivent un nombre très élevé de demandes, surtout si on augmente aussi le nombre de visas accordés dans ces régions.

Les témoignages montrent qu’il y a des régions dans le monde où la capacité de traitement des demandes d’immigration pour le Canada est insuffisante. Par exemple, le Comité a appris que notre ambassade à Nairobi, au Kenya, dessert 18 pays. Selon nous, ce n’est pas une coïncidence si ces bureaux affichent des temps d’attente parmi les plus longs et les plus importants arriérés dans le traitement des demandes.

Ce problème pourrait être réglé par l’ouverture de centres de traitement des demandes de visa dans les régions vraiment mal desservies. Selon nous, régler le problème dans les trois régions qui subissent le plus de pression serait une mesure prudente à cet égard.

Recommandation 6 : Réduire la dépendance annuelle aux travailleurs étrangers temporaires.

Sous l’administration actuelle, l’admission au Canada de travailleurs étrangers temporaires (TET) a explosé. Cette hausse représente également un virage important dans la politique historique du Canada, qui tendait plutôt vers la filière de la citoyenneté. Bon nombre de Canadiens estiment, tout comme l’opposition officielle, que ce virage est regrettable.

En 2010, 180 000 TET sont entrés ou rentrés au Canada. Il y a plus de 425 000 TET au Canada et on estime qu’il y en a encore plus qui sont devenus illégaux suite à l’expiration de leur visa.

Bien que certaines industries aient vraiment besoin des TET, nous craignons que le recours annuel soutenu à ce type de travailleurs masque les besoins économiques permanents en les faisant passer pour des besoins « temporaires ».

En ces temps de chômage élevé et de sous-emploi de nombreuses personnes (y compris des gens de métier compétents), il faut remettre en question l’utilisation record des TET. De plus, bon nombre de Canadiens peuvent et devraient être formés pour de nombreux emplois actuellement occupés par des TET.

En ce qui concerne l’arriéré, l’opposition officielle propose que le gouvernement étudie la mesure dans laquelle il faudrait réduire le nombre de visas pour TET accordés par le Canada et remplacer ces postes par des demandeurs de résidence permanente et des travailleurs canadiens. En plus, d’autres voies vers la résidence permanente devraient être explorées pour les TET qui travaillent déjà au pays. Ce statut pourrait permettre aux individus de s’établir dans la communauté et de contribuer d’autan plus à l’économie canadienne.

Tous ces changements doivent être effectués dans les limites prévues des niveaux annuels de résidents permanents qui furent précédemment planifiés.

Recommandation 7 : Étudier la possibilité de hausser le niveau des visas de réfugiés et de rétablir les réductions dans les parrainages par le secteur privé.

Selon les témoignages recueillis par le Comité, mondialement, 2011 a été une année mouvementée dans bien des régions du monde et un nombre extraordinaire de gens ont été déplacés.

En tout, on parle de 43,5 millions de personnes déplacées dans le monde entier et de quelque 16,8 millions de réfugiés au sens de la Convention. Ces chiffres, bien que stupéfiants, sont apparemment bas, puisqu’un grand nombre de gens dans ces catégories ne sont pas comptés ou pas inscrits.

Bien que 747 000 réfugiés ont besoin d’asile chaque année, seulement 79 000 reçoivent une offre d’asile de la part des États qui participent à ce type de programmes. Quelque 35 000 réfugiés sont sur la liste d’attente pour le Canada.

De 2005 à 2009, le Canada a réduit de 13 803 le nombre de réfugiés se voyant accorder la résidence permanente (36 000, 31 000, 27 000, 21 000, 22 000). On a assisté à une légère hausse de 2 400 en 2010. Il n’est donc pas surprenant que l’arriéré augmente pour les demandes de la catégorie des réfugiés.

Si nous attirons les demandeurs les plus avantageux du point de vue économique provenant d’autres pays, il faudrait aussi accroître notre responsabilité auprès des gens les plus vulnérables du monde. Tenter de réduire l’arriéré dans les demandes de statut de réfugié s’inscrit aussi dans les obligations légales du Canada, en vertu des conventions et des traités internationaux.

CONCLUSION

Le Canada est une nation composée d’immigrants.

Mises à part les Premières Nations, nous sommes tous des immigrants, ou avons tous des ancêtres qui sont venus au Canada pour s’y établir. Nous – ou nos ancêtres – avons eu la chance de nous bâtir une vie ici, de vieillir et de bien réussir.

Et nous avons tous reçu de l’aide pour y arriver.

L’opposition officielle estime que les Canadiens veulent que l’on continue à accorder aux autres ce dont ils ont bénéficié. Selon nous, les Canadiens veulent un système d’immigration solide, généreux et équitable, qui peut traiter les demandes de façon efficace et rentable.

Nous sommes conscients que le Canada a des limites à ce qu’il peut absorber sur les plans économique, social et culturel. Nous savons aussi que le Canada est une destination de choix pour les gens de partout au monde, et que notre économie dépend, tout comme les gains de temps, sur notre capacité à attirer et à maintenir au pays les citoyens de demain.

L’opposition officielle est favorable à des solutions pratiques, fondées sur des données probantes et le bon sens pour aider le système d’immigration à combler les besoins de notre pays. Nous continuerons à travailler pour bâtir un système qui aide le Canada à réaliser son plein potentiel.


[1]              Citoyenneté et Immigration Canada, Document d’information — Consultations auprès des intervenants sur les niveaux d’immigration et la répartition des catégories d’immigration, p. 3.

[2]              L’honorable Jason Kenney, allocution prononcée devant le Vancouver Board of Trade, le 19 juillet 2011.

[3]              L’honorable Jason Kenney, réunion no 11 du CIMM, le 24 novembre 2011.