Mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler du projet de loi que j'ai présenté, le projet de loi , qui exigerait des organisations ouvrières qu'elles divulguent leurs états financiers.
J'ai d'abord eu l'idée de présenter un projet de loi visant à accroître la transparence en examinant certaines des mesures que le gouvernement conservateur a prises depuis son arrivée au pouvoir en 2006. Dans la même veine que les projets de loi déposés par le gouvernement, le projet de loi C-377 exige davantage de transparence de la part des titulaires de charge publique, des sociétés d'État, et dernièrement, des réserves autochtones.
Toutefois, j'ai été surpris d'apprendre que, bien que le gouvernement fédéral accorde de généreux avantages aux organisations ouvrières et à leurs membres en règle aux termes de la Loi de l'impôt sur le revenu, rien ne les obligeait à être comptables à la population de la façon dont ils utilisent ces avantages. Comme vous le savez, les organisations ouvrières, qui perçoivent de 3 à 4 milliards de dollars en cotisations par année, ne paient pas d'impôt sur les bénéfices réalisés sur les investissements, sur le revenu provenant des employeurs et sur les profits générés par les centres de formation. Les membres peuvent déduire leurs cotisations de leur revenu imposable, et leur indemnité de grève n'est pas assujettie à l'impôt. À elles seules, les déductions des cotisations privent le trésor fédéral de quelque 500 millions de dollars par année.
Comme je l'ai affirmé au cours du débat à l'étape de la deuxième lecture, les organisations ouvrières jouent un rôle précieux dans la société canadienne, et c'est la raison pour laquelle nous leur accordons de tels avantages. Cependant, puisqu'elle leur consent des avantages aussi considérables, la population est en droit de savoir comment ces avantages sont véritablement utilisés. Après tout, les organismes de bienfaisance, qui profitent eux aussi de généreux avantages subventionnés par les contribuables, rendent publics les renseignements sur leurs finances depuis 35 ans, plus précisément, depuis 1977.
En jetant un coup d'oeil du côté de nos principaux partenaires commerciaux — les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Allemagne et la France —, j'ai constaté que l'obligation pour les organisations ouvrières de divulguer leurs états financiers est depuis longtemps une réalité. D'ailleurs, certains de mes collègues seront étonnés d'apprendre que le projet de loi n'a rien de nouveau pour les organisations ouvrières canadiennes qui sont des succursales de syndicats américains. En effet, la loi américaine applicable, qui remonte à 1959, oblige tout syndicat dont le siège social est situé aux États-Unis à faire rapport sur ses succursales à l'étranger, ce qui signifie, par exemple, que si un Canadien souhaitait obtenir des renseignements sur le président du Syndicat canadien des métallurgistes, alors il n'aurait qu'à consulter le site Web du département du Travail des États-Unis pour connaître le salaire et les dépenses du président ainsi que son emploi du temps. Les renseignements affichés sur le site nous apprennent, par exemple, qu'en 2011, ce président syndical a consacré le tiers de son temps à des activités syndicales, un autre tiers, à des activités administratives, et le dernier tiers, à des activités politiques.
Grâce au projet de loi , la population canadienne, y compris les travailleurs syndiqués et les syndiqués retraités, pourra obtenir le même genre de renseignements exhaustifs sur les dépenses des syndicats canadiens, peu importe où se trouve leur siège social.
L'un des aspects qui préoccupent le plus les dirigeants syndicaux, c'est ce qu'il en coûtera aux syndicats pour se conformer au projet de loi. Certains ont avancé que les coûts seront élevés. Toutefois, je peux vous assurer que les syndicats ne se ruineront pas en respectant les exigences du projet de loi, et je peux citer des exemples de l'histoire récente pour vous montrer que j'ai raison.
Il y a une dizaine d'années, lorsque le département américain du Travail a commencé à imposer aux organisations ouvrières des exigences plus précises en matière de divulgation de renseignements — lesquelles sont semblables à celles que prévoit le projet de loi —, on avait demandé aux syndicats de divulguer les coûts qu'ils devaient engager pour se plier aux nouvelles exigences. Chose peu surprenante, les syndicats américains ont exprimé les mêmes craintes au début, alléguant que la conformité avec les exigences en matière de divulgation allait leur coûter très cher. Il s'est avéré que les coûts étaient en réalité très minimes. Si on y pense bien, cela n'a vraiment rien d'étonnant. Nous vivons à une époque où la comptabilité est informatisée, de sorte qu'une grande partie des renseignements qui seraient exigés aux termes du projet de loi sont déjà recueillis par toute organisation responsable.
Pour un grand nombre de syndicats, la seule dépense qu'ils pourraient devoir engager pour se conformer au projet de loi est la mise à niveau de leur logiciel comptable. Les représentants de petites sections locales ont fait valoir que l'obligation de produire une déclaration comportant de nombreuses pages représentera un fardeau administratif de plus. Encore une fois, je vous assure que ce ne sera pas le cas. Si une section locale n'a pas engagé de dépenses dans plusieurs des catégories énoncées dans le projet de loi, alors quoi de plus simple que d'inscrire zéro aux endroits prévus dans la déclaration? Rappelez-vous: les syndicats canadiens dont le siège social est situé aux États-Unis doivent déjà recueillir cette information et la rendre publique aux États-Unis.
Par ailleurs, je tiens à rappeler au comité que le projet de loi n'obligerait pas les organisations ouvrières à faire vérifier leur déclaration. Par conséquent, les syndicats n'auront pas besoin de payer pour les services d'un vérificateur externe.
Quant au coût que devra assumer le gouvernement du Canada, je présume que l’ARC aura un peu de travail à faire pour que les déclarations soient regroupées dans une base de données facilement consultable sur son site Web. Il est toutefois important de se rappeler que l’ARC a déjà beaucoup d’expérience dans la publication de déclarations, car elle publie celles fournies par les organismes de bienfaisance depuis 35 ans, et, depuis quelques années, elle le fait sur son site Web. Cela n’a donc absolument rien de nouveau pour l’ARC.
Je crois que les coûts que devront engager les syndicats seront minimes et que ce genre de préoccupations détourne notre attention de deux aspects plus fondamentaux, à savoir la transparence et la responsabilité. Les organisations ouvrières doivent rendre compte de la façon dont leurs membres et elles-mêmes utilisent les généreux avantages publics qui leur sont accordés. Le projet de loi que j’ai présenté ne dicte pas aux syndicats comment ils doivent dépenser leur argent, pas plus qu'il ne restreint leur pouvoir d’une manière ou d’une autre. Il exige seulement des syndicats qu'ils fassent preuve de transparence afin que la population puisse savoir comment cet argent est dépensé.
Comme vous le savez, le projet de loi a été approuvé en principe par la Chambre en deuxième lecture, malgré l’opposition quasi hystérique de certains députés du NPD. On devine bien pourquoi le NPD ne souhaite pas davantage de transparence de la part des organisations ouvrières: il ne veut pas qu’Élections Canada et d’autres organismes découvrent qu’il a accepté des dons illégaux de syndicats pour financer le parti. Or, si le projet de loi est adopté, il sera beaucoup plus difficile pour un syndicat de cacher des centaines de milliers de dollars en contributions illégales versées au NPD.
Quoi qu'il en soit, le vote à l'étape de la deuxième lecture ne signifie pas que le projet de loi sous sa forme actuelle ne peut pas être amélioré. Au cours des derniers mois, j'ai écouté attentivement les préoccupations soulevées par les députés de tous les partis ainsi que par les personnes et les groupes concernés, et il me semble évident que de légers amendements sont nécessaires pour améliorer le projet de loi.
Je crois qu'il est possible d'apporter ces améliorations sans compromettre l'esprit et l'objectif du projet de loi, qui est de faire en sorte que la population ait une bonne idée de la façon dont les organisations ouvrières dépensent leur argent. Par conséquent, j'encouragerais le comité à envisager l'adoption d'un certain nombre d'amendements du projet de loi.
Le premier amendement verrait à protéger l’identité des personnes qui touchent des prestations de soins de santé, une pension ou d'autres types de prestations au titre d’un régime enregistré de prestations. Le deuxième consisterait à renforcer la notion de secret professionnel. Troisièmement, le projet de loi serait amendé pour éviter que les adresses des personnes soient publiées, même lorsque leur nom doit l’être. Je crois que, dans le cas des agents de police, ce troisième amendement tiendra compte du fait que leur situation particulière requiert la protection de leurs renseignements personnels contre les éléments criminels.
En outre, on demanderait aux organisations ouvrières de fournir non pas un « état », mais une « estimation » du temps que les administrateurs, les employés et d'autres personnes auront consacré à des activités de lobbying et à d'autres activités politiques. Je crains que l'utilisation du terme « état » donne aux gens l'impression qu'ils doivent tenir un registre horaire, et je ne suis pas intéressé à soumettre les dirigeants syndicaux — déjà fort occupés — à des tracasseries administratives. Par conséquent, je crois qu'une estimation raisonnable du temps consacré à de telles activités serait suffisante.
Certaines personnes m'ont aussi fait remarquer que la définition de « fiducie de syndicat » pourrait avoir eu comme conséquence imprévue d'inclure à tort certaines institutions versant des prestations, comme les caisses de retraite ou les fiducies de santé. J'inciterais le comité à envisager la modification de la définition de « fiducie de syndicat » pour qu'elle indique clairement que les caisses de retraite, les fiducies de santé et d'autres institutions semblables versant des prestations ne sont pas visées par les exigences de déclaration énoncées dans le projet de loi.
Chers collègues, je vous le répète: le projet de loi ne cherche pas à porter atteinte à la vie privée des Canadiens. Il a plutôt pour but d'obliger les syndicats à divulguer leurs dépenses. Je vous remercie de vous efforcer d'améliorer le projet de loi en y apportant des amendements.
Enfin, je tiens à répliquer à ceux qui ont laissé entendre que le projet de loi était en quelque sorte une mesure antisyndicale. Au contraire, il y a nombre d'années que le Parlement n'a pas adopté un projet de loi aussi favorable aux syndicats. Tout comme la population en général, les travailleurs syndiqués et les syndiqués retraités veulent savoir comment les syndicats dépensent leur argent. Selon un sondage mené récemment par Nanos, 83 p. 100 des Canadiens veulent de la transparence financière. Un grand nombre de syndicats rendent déjà publics leurs états financiers, mais ils le font pour respecter une loi américaine, pas une loi canadienne.
Bien qu'une poignée de dirigeants syndicaux semblent pour l'instant mal à l'aise avec l'idée de divulguer cette information, avec le temps, la population verra que la grande majorité des syndicats canadiens utilisent leurs ressources de façon judicieuse et efficiente. Cela contribuera à promouvoir une image positive d'organisations ouvrières responsables sur le plan financier, comme cela s'est produit lorsque les organismes de bienfaisance ont dû commencer à rendre compte de leurs finances il y a 35 ans.
Le projet de loi contribuera à renforcer l'image publique des syndicats et permettra aux travailleurs syndiqués, aux syndiqués à la retraite et à tous les Canadiens d'obtenir l'information dont ils ont besoin pour accorder leur confiance aux syndicats. Voilà pourquoi je soutiens que le projet de loi C-377 est une bonne chose pour les syndicats.
Par conséquent, malgré le désaccord d'une poignée de dirigeants syndicaux et de certains de leurs amis des partis de l'opposition, je vous inviterais à considérer le projet de loi comme une mesure appuyée par les Canadiens, y compris les travailleurs syndiqués et leur famille.
Je vous remercie de votre attention.
Je répondrai à vos questions avec plaisir.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Hiebert, d'être venu nous livrer une courte présentation. En vous écoutant, j'ai eu l'impression de voir un patient malade à qui on tentait avec acharnement d'appliquer des diachylons dans l'espoir que ça l'aide à guérir. Malheureusement, l'accumulation de diachylons ne permet généralement pas de guérir quelqu'un.
J'ai l'impression qu'au départ, votre projet de loi est mal ficelé et qu'il souffre de lacunes fondamentales. Si nous étions à l'école, je retournerais la copie à l'élève en lui disant que c'est brouillon. Il y a beaucoup d'éléments auxquels vous n'avez pas pensé. Le projet de loi comporte en lui-même un potentiel très important de dommages collatéraux et de nombreuses failles. Il est de surcroît extrêmement intrusif à l'égard de la vie des gens.
Je me demande si vous êtes conscient des effets désastreux que peut avoir votre projet de loi sur notre économie.
[Traduction]
Monsieur Hiebert, avez-vous songé aux effets désastreux que pourrait avoir le projet de loi sur les régimes de pension et, par le fait même, sur les marchés financiers?
De façon générale, il semble que le projet de loi a été rédigé à la va-vite et qu'il aura des conséquences imprévues.
Parlons de l'incidence qu'aura sur les fiducies de syndicat, les sociétés d'investissements et les marchés financiers l'obligation de déclarer les transactions de plus de 5 000 $. Comme le projet de loi exige la divulgation des contrats qui étaient privés auparavant, les fiducies de syndicat ne pourront plus en réalité faire des investissements en capitaux propres. Par conséquent, selon vous, dans quelle mesure les fiducies de syndicat retireront-elles l'argent qu'elles ont investi dans les fonds de capitaux propres et de capital-risque après l'entrée en vigueur du projet de loi?
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à comparaître.
Je compte parmi les 500 000 personnes qui gagnent leur vie en exerçant un métier lié à la construction, un des plus grands et importants secteurs du Canada. En bref, nous bâtissons le pays.
Tout comme l'actuel gouvernement du Canada, je crois, nous avons eu un certain nombre de préoccupations assez importantes en ce qui concerne l'énergie, les pipelines, le nucléaire et l'extraction des ressources naturelles ainsi que la prise des anciens combattants canadiens. Nous avons été un partenaire plutôt fiable de l'industrie et du gouvernement à ce chapitre.
Nous aimerions bâtir un Canada plus fort. Ce que nous avions dit que nous ferions à ce sujet avec vous, nous l'avons fait. Nous l'avons fait dans le cadre de la réforme de la réglementation, des débats concernant les pipelines et du projet de loi . Nous pensons que le projet de loi d'initiative parlementaire actuellement à l'étude amènera nombre de nos membres à se demander pourquoi nous nous donnons la peine d'essayer de travailler de concert avec le gouvernement du Canada. Je suis venu ici pour vous demander de ne pas commettre une erreur.
Nous voulons créer des emplois. Ce qui est en jeu, ici, c'est l'utilisation par le gouvernement du Canada de son pouvoir d'imposition afin de punir un groupe qu'il perçoit comme un ennemi et qui, selon un certain nombre de personnes, ne nous a jamais appuyés depuis la Confédération.
Laissez-moi expliquer plus clairement l'argument invoqué: si les cotisations syndicales d'une personne sont déduites de son revenu avant qu'elle paie de l'impôt, alors elles sont financées par les contribuables. Cette hypothèse est erronée sur les plans tant juridique que logique: c'est le syndiqué et non le syndicat qui bénéficie de l'allégement fiscal. Mais laissez-moi explorer cette idée un instant sans pour autant en reconnaître le bien-fondé.
Si le principe de la politique publique est que les contribuables devraient pouvoir obtenir de l'information sur ce qu'ils financent, alors examinez votre propre déclaration de revenus quand vous la présentez. À la ligne 212, il est question des cotisations annuelles syndicales, professionnelles et semblables. Ces cotisations peuvent être déduites aux fins du calcul du revenu net. Le même principe devrait s'appliquer aux médecins, aux avocats, aux vétérinaires, aux ingénieurs, aux professionnels des ressources humaines et à une foule d'autres travailleurs, car les associations dont ils font partie sont financées par les deniers publics. Pourquoi ne sont-ils donc pas tenus de divulguer de tels renseignements s'il s'agit d'un principe de politique publique solide?
Il y a des milliers d'associations patronales à l'échelle du pays. Il y a aussi des milliers d'organismes sans but lucratif ayant pour mandat de défendre les intérêts de l'industrie qui sont financés au moyen de cotisations déduites des revenus bruts d'entreprises canadiennes. Cela veut donc dire, bien entendu, qu'ils sont financés par les contribuables. Si c'est une politique publique judicieuse d'exiger que les syndicats divulguent de l'information, pourquoi ces organismes ne seraient-ils pas tenus de faire la même chose?
Le plus généreux allégement fiscal dont nous bénéficions touche 75 p. 100 de la première tranche de 350 $ des contributions politiques que nous versons, et il s'agit en fait d'un crédit d'impôt pour impôt payé. Le mandat des partis politiques est de nommer des candidats, d'élaborer des programmes, d'élire des chefs — dont un deviendra le premier ministre du pays — et de prendre des décisions pour le pays. Si les partis politiques sont financés par l'argent des contribuables, sont-ils tenus de divulguer de l'information? La réponse est oui, mais ils doivent simplement déposer des états financiers. Il n'y a pas de ventilation à faire. Ce ne sont que des données cumulatives. Il n'y a rien qui révèle ce qu'une personne en particulier a fait.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les sénateurs, je vous remercie.
Je suis heureux de comparaître ici aujourd'hui au nom de l'Association du Barreau canadien. L'ABC est une association nationale qui représente plus de 37 000 avocats de partout au Canada. Les principaux objectifs de l'association comprennent l'amélioration du droit et de l'administration de la justice, et c'est sous cet angle que nous avons examiné le projet de loi . Il est important de noter également que l'ABC, en plus d'être représentée à l'échelle régionale, essaie de s'assurer que divers points de vue sont pris en considération.
Je préside la Section du droit des régimes de retraite et des avantages sociaux. Nous tâchons de faire en sorte que notre comité de direction soit constitué de membres qui proviennent de diverses régions du pays, mais aussi qui représentent différents types de clients. Certains défendent les intérêts d'entreprises; d'autres, des caisses de retraite — qu'ils travaillent à l'interne ou pour une société d'experts-conseils —; et d'autres, les membres.
Le mémoire que nous vous avons présenté a été rédigé et approuvé par tous les membres de notre comité de direction. Après avoir examiné le projet de loi, l'ABC est d'avis qu'il ne devrait pas être adopté en raison d'un certain nombre de préoccupations que nous décrivons dans notre mémoire.
Nous y exposons quatre principales préoccupations. Certaines d'entre elles ont déjà été abordées aujourd'hui. La question liée au droit constitutionnel représente pour nous une préoccupation dominante. La Charte canadienne consacre et protège la liberté d'expression et la liberté d'association de la population canadienne. Le projet de loi C-377 imposerait aux organisations ouvrières et aux fiducies de syndicats — termes tous deux définis dans le projet de loi — des obligations très substantielles et, selon certains, coûteuses en matière de reddition de comptes et de déclarations détaillées.
Comme nous l'avons entendu plus tôt, il ne s'agit pas des mêmes obligations que celles qui touchent les organismes de bienfaisance. Ce ne sont pas les montants cumulatifs qui devront être déclarés; en effet, l'actuelle version du projet de loi exige que l'on consigne des renseignements sur les opérations — y compris le payeur, le bénéficiaire et l'objet de l'opération — et qu'on en fournisse une description.
Dans la mesure où cette obligation restreint la liberté d'expression et la liberté d'association des Canadiens, de quelque façon que ce soit, l'ABC est d'avis qu'elle risque de faire l'objet d'une contestation fondée sur la Charte. En outre, le projet de loi lui-même ne semble pas, de prime abord, justifier ces atteintes aux droits de la personne.
De plus l'ABC a mis en relief dans son mémoire un certain nombre de préoccupations ayant trait au respect de la vie privée. Comme le projet de loi exige qu'on communique des renseignements tels que le nom et l'adresse du payeur et du bénéficiaire et qu'on fournisse et rende accessibles au public les détails des avantages salariaux de tous les cadres, administrateurs, fiduciaires et employés, nous croyons que cela porterait atteinte à la vie privée et violerait certaines dispositions législatives actuellement en vigueur à ce chapitre.
Le projet de loi exige aussi la divulgation de certains renseignements de nature très délicate concernant les convictions et les activités politiques des Canadiens, et, là encore, nous pensons que c'est inapproprié.
:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes très préoccupés par ce projet de loi d'initiative parlementaire et ses nombreuses dispositions dérangeantes. Notre préoccupation est si grande que nous croyons que le projet de loi devrait être rejeté. J'exposerai brièvement certaines de nos objections, qui sont expliquées en détail dans le mémoire que nous avons présenté au comité.
Nous croyons fermement que le projet de loi inutile de M. Hiebert créerait plus de tracasseries administratives très coûteuses pour le gouvernement, les régimes de pension, les gestionnaires de fonds, les régimes de soins de santé et d'avantages sociaux et les organisations ouvrières. Cette mesure porterait considérablement atteinte au respect de la vie privée d'un grand nombre de nos membres et d'une foule d'autres personnes qui ne sont pas des travailleurs syndiqués ainsi que de leur famille.
Nous croyons également que le projet de loi est inconstitutionnel et qu’il enfreint des lois sur la protection des renseignements personnels aux échelons tant fédéral que provincial. Comme Bob Blakely l’a dit, malgré certaines divergences d’opinions entre le gouvernement et nous, nous avons mené de concert une foule d’initiatives couronnées de succès, et, pas une fois au cours de mes 30 années de carrière, un ministre ou un représentant du gouvernement n’a mis en doute notre reddition de comptes. Pas une fois. Quand M. Hiebert a déposé son projet de loi, il a dit aux journalistes qu’il n’avait jamais reçu de plaintes d’un travailleur syndiqué qui n’arrivait pas à obtenir certains renseignements financiers de son syndicat. Il y a une bonne raison à cela.
Dans les syndicats des six provinces et de la fonction publique fédérale assujettis aux dispositions de la loi relatives à la communication de renseignements financiers aux travailleurs syndiqués, il y a eu en 2010-2011 un grand total de six plaintes déposées devant des commissions de relations de travail, et elles ont toutes été réglées. Cela fait six plaintes pour les 4,2 millions de travailleurs syndiqués du Canada.
Les exigences redditionnelles proposées dans le projet de loi de M. Hiebert autoriseront le gouvernement à aller mettre son nez dans l’armoire à médicaments de nombreuses familles canadiennes. Son projet de loi va à l’encontre de principes conservateurs de longue date, c'est-à-dire réduire l’ingérence du gouvernement et la bureaucratie et sabrer dans les dépenses. Il est paradoxal, selon moi, que l’actuel gouvernement se soit débarrassé du formulaire détaillé de recensement au motif qu’il constituait une intrusion dans la vie privée des gens — on nous demandait notamment combien il y a de salles de bain dans notre maison —, car le projet de loi fait exactement la même chose, mais de façon bien plus intrusive.
Monsieur le président, voilà pourquoi des dizaines de gestionnaires de régimes de retraite, de fonds de placement et de régimes d’avantages sociaux vous ont fait part de leur opposition au projet de loi. Pour le mettre en oeuvre, le gouvernement devra se doter de systèmes coûteux — pas bon marché, mais coûteux — capables de traiter les dizaines de milliers de rapports individuels faisant état de milliers d’opérations distinctes.
Qui sont les personnes qui appuient le projet de loi, et de quel milieu proviennent-elles? Pourquoi veulent-elles obtenir les renseignements visés par le projet de loi? Qui est derrière tout cela? Il n’est guère difficile d’y voir Merit Canada, qui ne fournit même pas le nom des membres de son conseil d’administration et dont quatre lobbyistes font aujourd'hui la promotion du projet de loi sur la Colline du Parlement. Il y a la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, qui, je le précise, est un organisme sans but lucratif comme le nôtre qui fournit des reçus aux fins de l’impôt à ses membres cotisants. Il y a la National Citizens Coalition, qui ne tient aucune assemblée générale et qui ne présente pas ses états financiers à ses membres. Il y a aussi InfoTravail et la Fédération canadienne des contribuables. Ce sont toutes les mêmes personnes qui cumulent deux ou trois fonctions. Elles travaillent très dur pour détruire ce que nous avons accompli. Nous connaissons bien ces groupes.
Les quelques députés qui appuient le projet de loi ne nous aiment pas. Leurs antécédents le montrent et le prouvent, mais il est important de noter qu’aucune de ces organisations, qui jouissent d’une exonération d’impôt et qui exercent des pressions continues sur le gouvernement, ne fait preuve d’une grande transparence. Aucune d’elles n’accepterait de communiquer publiquement de tels renseignements, mais elles veulent avoir accès aux nôtres. D’ailleurs, jusqu’à tout récemment, Merit Canada enfreignait la loi exigeant qu’elle rende directement des comptes au ministre de l’Industrie.
De nombreuses personnes seront involontairement touchées par le projet de loi: les gens qui souscrivent à un régime d’assurance-invalidité, ceux qui souscrivent au même régime d’avantages sociaux qu’un travailleur syndiqué, des entreprises commerciales qui ont passé des marchés avec nous. Ils verront tous des renseignements confidentiels à leur sujet consignés dans une base de données accessible au public. Il s’agit d’information que les employeurs ne peuvent pas obtenir des responsables de régimes en raison de la législation relative à la protection des renseignements personnels.
En résumé, le projet de loi comporte de graves lacunes et est inutile. Il va alourdir la bureaucratie, il est discriminatoire et — je le répète — il est inconstitutionnel. Je vous encourage fortement à tenir compte de la vaste gamme d'organisations qui s'y opposent.
En conclusion, s’il y a une véritable préoccupation concernant la déductibilité des honoraires et des cotisations syndicales ou les reçus fournis par les organismes sans but lucratif aux fins de l’impôt, j’aimerais réitérer mon souhait que le gouvernement en discute directement avec tous les secteurs de la société canadienne qui sont traités de façon semblable et égale en application de la Loi de l’impôt sur le revenu. Puis, de concert, nous pourrions en arriver à une solution raisonnable, peu importe nos divergences d’opinions à certains égards.
Avec tout le respect que je vous dois, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je dois ajouter que la façon dont nous affectons nos ressources financières et humaines ne vous regarde pas. Nos membres nous ont dit qu’ils ne voulaient pas que leurs patrons puissent accéder à ces renseignements pour les utiliser contre eux.
Nos politiques et nos budgets sont établis par nos mandants. Nous les appelons nos « membres »; on les appelle des actionnaires dans le secteur privé. Nous respectons la démocratie, nos assemblées sont ouvertes au public, nous faisons preuve de transparence envers nos membres, et les décisions que nous prenons ne concernent ni le gouvernement, ni nos patrons, ni les organisations antisyndicales.
Si le projet de loi est adopté, il établira des politiques extrêmement nuisibles, et je vous exhorte à le rejeter.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du comité.
Je suis directeur des études sur le travail et l'emploi à l'Université d'État de San Francisco. Je vais parler de l'expérience des États-Unis concernant ce genre de loi.
J'aimerais mentionner que je ne pense pas que les États-Unis sont au centre de l'univers. Je suis né au Royaume-Uni. Avant de revenir en Californie, j'ai enseigné durant neuf ans au département de gestion de la London School of Economics. J'ai travaillé au Canada dans les cycles supérieurs à l'université, mais je pense que l'expérience américaine est très instructive et qu'elle soulève d'importantes préoccupations au chapitre du coût de lois de ce genre et des avantages qu'elles offrent.
J’aimerais traiter très brièvement de trois points. Premièrement, je crois fermement en la transparence et la responsabilisation syndicales; cependant, ce que nous avons vu aux États-Unis — surtout sous le gouvernement Bush, qui a imposé les obligations redditionnelles détaillées sur lesquelles le projet de loi est fondé —, ce n’était pas de la transparence réelle. C’était plutôt une tentative de politiser l’application de la réglementation au nom de la transparence.
Deuxièmement, je crois, contrairement à ce qui a été dit plus tôt, qu'il existe des données probantes qui montrent de façon absolument incontestable que les coûts de ces nouvelles dispositions réglementaires sont très substantiels tant pour le gouvernement que pour les syndicats. J'y reviendrai plus tard.
Troisièmement, je pense qu’il n’y a absolument rien qui indique que ces états financiers détaillés se sont avérés d’une quelconque utilité pour un simple syndiqué. Je crois que les seuls groupes qui les ont utilisés étaient ceux qui auraient milité initialement pour une telle réforme de la réglementation, et il s’agit de groupes qui veulent affaiblir les syndicats et utiliser ces renseignements contre eux, souvent de façon trompeuse et tordue.
Tout d’abord, pour ce qui est de la politisation de l’application de la réglementation au nom de la transparence, comme on l’a affirmé au sujet du projet de loi canadien, rien ne montre que des syndiqués ordinaires militaient pour que des états financiers détaillés soient divulgués aux États-Unis. Cependant, de nombreuses sources d'information portent à croire que ceux qui faisaient pression pour qu’on prenne de telles mesures étaient des groupes qui avaient pour ambition d’affaiblir les syndicats. Je vais simplement citer les paroles de Newt Gingrich, politicien que vous connaissez sûrement. Il a dit qu’un gouvernement républicain futur devrait renforcer les exigences relatives à la production de rapports financiers et a déclaré ceci: « Cela affaiblira nos adversaires et encouragera nos alliés. » Et c’est exactement ce qu’a fait le gouvernement Bush à son arrivée au pouvoir, en 2000.
Les coûts associés à ces nouvelles exigences sont très substantiels. Il en coûte au moins 6,5 millions de dollars par année au gouvernement pour traiter les formulaires. Ces chiffres sont tirés du Federal Register, du département du Travail. Le traitement des formulaires est effectué par un système que nous avons mis sur pied il y a 60 ans. La division du département du Travail qui s’occupe de cette tâche existe depuis ce temps-là, et nous savons comment procéder; alors, si vous songez à créer une division complètement nouvelle et à utiliser des ressources gouvernementales pour former les syndicats afin qu’ils se soumettent à leurs obligations redditionnelles, on peut s'attendre à des coûts bien plus élevés.
Aux États-Unis, environ 29 000 organisations ouvrières déposent de tels rapports. Cette obligation s'applique seulement aux syndicats du secteur privé, pas aux organisations qui représentent seulement des employés du secteur public, comme je crois que c'est le cas au Canada.
Il est important de noter que le principal coût de cette mesure est lié au traitement des formulaires LM-2, qui exigent une ventilation des dépenses de 5 000 $ ou plus. Aux États-Unis, seules les organisations ouvrières dont les revenus excèdent 250 000 $ par année sont assujetties à cette obligation. Les formulaires que doivent remplir les organisations de plus petite taille sont bien plus simples. Il existe un formulaire distinct pour celles dont les revenus se situent entre 10 000 $ et 250 000 $ par année, et un autre pour celles dont les revenus sont inférieurs à 10 000 $ par année.
Ce n'est pas le cas au Canada. Toutes les organisations devront remplir des formulaires détaillés, et c'est ce qui entraîne des coûts pour le gouvernement et les syndicats.
Cette obligation coûte très cher aux syndicats. Le département du Travail estime que l'obligation de remplir les formulaires LM-2 — et c'est ce genre de formulaire dont il est question dans le projet de loi — coûte environ 116 millions de dollars la première année, et 83 millions de dollars la deuxième année, 82 millions de dollars la troisième année, et ainsi de suite.
Par ailleurs, des universitaires de l'Université Cornell et de l'Université d'État de la Pennsylvanie ont mené une enquête très approfondie sur plus de 100 syndicats nationaux et internationaux qu'on trouve aux États-Unis. Je résume leurs constatations dans mon mémoire.
L'une d'elles, tout simplement, c'est que...
:
Merci beaucoup de m'avoir invité à comparaître. Je suis Dan Kelly, président de la FCEI.
Je suis ici pour appuyer le projet de loi et pour vous donner une petite idée de la façon dont il s'appliquerait, selon nous.
On a mené beaucoup de discussions afin de déterminer si ce qui est bon pour l’un est bon pour l’autre — c'est-à-dire si les associations sans but lucratif, les groupes de défense des intérêts des contribuables, les entrepreneurs et les propriétaires d’entreprises devraient être assujettis à des dispositions semblables. Cependant, il y a un principe important à énoncer, une nuance importante à faire au sujet de ce projet de loi qui vise les syndicats et leurs dépenses, et cela a trait à la nature volontaire des cotisations.
Dans la plupart des associations — y compris la mienne, assurément-—, les cotisations sont tout à fait volontaires. Si un de nos membres, propriétaire d’une petite entreprise, trouve à un certain moment que mes dépenses — les nôtres — sont injustifiées ou qu’il a des questions ou des doutes à ce sujet, quels qu’ils soient, il peut quitter la fédération à tout moment.
Au Canada, à cause de la formule Rand, c'est impossible. La loi nous oblige à verser des cotisations au syndicat, même si on ne souhaite pas en être membre.
Je reconnais que, probablement, la plupart des travailleurs syndiqués veulent être représentés par le syndicat et appuient celui-ci. Cela ne me pose aucun problème. Toutefois, je dirai que, étant donné que la législation canadienne — dont on trouve bien peu d’équivalents ailleurs dans le monde de nos jours — accorde d’énormes pouvoirs aux syndicats, leur permettant d’exiger des cotisations à des personnes qui ne souhaitent pas en faire partie, alors il faudrait établir des responsabilités additionnelles à cet égard pour s’assurer que les membres — si peu nombreux, soient-ils — qui ne veulent pas être représentés et verser des cotisations peuvent obtenir le plus d’information possible en vue de prendre une décision éclairée concernant l’organisation qu’ils financent.
La FCEI compte 109 000 membres à l'échelle du Canada. Leur adhésion est tout à fait volontaire. Nous sommes une organisation non partisane, nous travaillons toujours avec tous les partis politiques, nous n'appuyons d'aucune façon des candidats et nous n'acceptons aucun financement du gouvernement. Je suis vraiment ravi d'entendre que certains représentants du milieu syndical unissent leur voix à la nôtre en vue de réduire les tracasseries administratives et la paperasse, mais je dois mentionner qu'il s'agit probablement de la première fois que je les entends dire une telle chose. La plupart du temps, les organisations ouvrières militent pour qu'il y ait plus de réglementation et plus de formalités administratives à remplir par les entreprises au quotidien.
Pour une raison qui m'échappe, les Canadiens se sont convaincus que le pays se situe dans la moyenne mondiale au chapitre de la législation relative aux syndicats et que nous nous trouvons environ à mi-chemin entre les États-Unis et l’Europe, mais on ne trouve actuellement sur ce continent aucun employé qui travaille dans un environnement syndiqué et qui est tenu de verser des cotisations syndicales. Au Canada, c’est le cas. Comme je l’ai dit, sur ce plan, il faut imposer des responsabilités additionnelles afin d’accroître la transparence envers les syndiqués et la population.
Nous avons toutefois une suggestion à faire. Si un syndicat n'est pas à l'aise avec le projet de loi, il pourrait peut-être jouir d'une exemption, à condition qu'il rende volontaires l'adhésion et les cotisations syndicales. Peut-être que, dans ce cas, il n'y aurait pas lieu de leur imposer cette norme additionnelle. Si on pouvait apporter ce changement, nous l'appuierions à coup sûr.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je crois que vous avez raison, monsieur, de faire remarquer que l'intérêt de la Fédération des contribuables est plus général que celui des autres parties ici présentes. Nous nous opposons par principe aux crédits d'impôt aux organisations spécialisées; des déductions spéciales pour le hockey mineur, les partis politiques ou les entreprises d'exploration pétrolière et gazière, par exemple. S'il n'en tenait qu'à nous, nous adopterions une solution à saveur albertaine. Nous mettrions l'essentiel de la Loi de l'impôt sur le revenu au panier et la réduirions à sa plus simple expression. Nous traiterions tout le monde de la même façon. C'est notre point de vue depuis longtemps.
En fait, ce sont les partis politiques qui jouissent du traitement le plus avantageux sur le plan des crédits d'impôt. Je ne vais pas trop insister sur la question. Je veux juste en parler rapidement et vous dire qu'il est scandaleux qu'un parti politique jouisse d'un traitement fiscal beaucoup plus généreux pour ses contributions que l'Association du diabète, la Fondation des maladies du coeur ou la Société du cancer. C'est scandaleux, et cela montre que ce sont les politiciens et non les organismes de bienfaisance qui dirigent le régime fiscal.
Nous croyons que le traitement des organisations ouvrières devrait être semblable à celui des organismes de bienfaisance. Pour revenir sur ce que disait Dan Kelly de la FCEI, si le Parlement souhaite étendre la formule Rand... Le don moyen à la Fédération canadienne des contribuables l'an dernier était de 140 $. Nous avons recueilli plus de 20 000 dons, environ, alors, si vous souhaitez rallier les autres 24 millions de déclarants canadiens à notre cause et multiplier nos recettes par 1 000 pour les porter à 3,5 milliards de dollars, nous n'aurions plus à nous démener pour convaincre les gens de nous donner de l'argent volontairement. Pour 3,5 milliards, nous songerions peut-être à approuver les exigences de communication dont il est question ici.
Nous ne croyons pas à la contrainte. Nous ne voulons pas forcer les gens à nous donner de l'argent; c'est pourquoi nous n'acceptons pas d'argent du gouvernement, c'est pourquoi nos dons ne sont pas déductibles d'impôt, et c'est pourquoi nous jouissons de la liberté de présenter des arguments éloquents et de mener nos activités à titre d'organisme bénévole.
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L'étude a été menée à très grande échelle et portait sur les pratiques administratives syndicales en générales. Comme je l'ai dit, l'une des principales conclusions en ce qui a trait à la reddition de comptes et à la communication d'information révélait que, dans une écrasante majorité de cas, les syndicats consacraient plus de temps à la conformité et moins de temps à d'autres tâches.
De ces syndicats, 38 p. 100, par exemple, ont dû changer considérablement leurs pratiques comptables, 29 p. 100 avaient dû retenir les services de consultants externes pour se conformer aux nouvelles exigences, et 19 p. 100 ont dû embaucher des employés supplémentaires pour satisfaire aux nouvelles exigences. Le coût engagé par ces organisations était très substantiel.
Et n'oubliez pas qu'il s'agit seulement du coût pour se conformer à la nouvelle réglementation introduite par le gouvernement Bush, qui ne visait que les organisations dont le revenu annuel était supérieur à 250 000 $. Elle s'appliquerait à toutes les organisations ouvrières canadiennes, peu importe le niveau de leur revenu. On parle de temps et de dépenses payés par des membres ordinaires d'un syndicat.
Comme je l'ai dit, on n'a jamais prouvé que des membres de syndicats avaient même exercé des pressions en ce sens. D'ailleurs, on n'a jamais prouvé qu'ils avaient un quelconque avantage à en tirer.
Nous savons toutefois quelque chose sur ce que les syndiqués veulent de leur syndicat. Richard Freeman, économiste de Harvard, a rédigé un excellent ouvrage intitulé What Workers Want. Ils veulent de l'information, essentiellement. Ils veulent savoir que le syndicat reçoit plus d'argent qu'il n'en dépense. Ils veulent savoir de façon générale d'où provient cet argent et où il va.
Le type de modifications introduites par le gouvernement Bush et maintenant proposées au Canada ne leur procure pas le type de renseignements qu'ils veulent. La formule n'est pas utile. On n'a jamais prouvé que des membres de syndicats ordinaires en avaient bel et bien tiré parti aux États-Unis.
Toutefois, comme je l'ai dit, des données probantes substantielles révèlent qu'elle a été utilisée par des organisations qui ont des intentions malveillantes, qui veulent affaiblir les syndicats sur le plan politique, entre autres. L'une des organisations qui a le plus utilisé cette information aux États-Unis est le Center for Union Facts, une organisation de droite qui milite contre les syndicats en général et cherche à leur nuire, politiquement et d'autres façons. Si...
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Merci, monsieur le président. Je tiens aussi à remercier les témoins d'être ici.
Je vais commencer par corriger quelque chose aux fins du compte rendu, au cas où il y aurait confusion. Il ne s'agit pas d'un projet de loi émanant du gouvernement. Il s'agit d'un projet de loi d'initiative parlementaire dont je suis heureuse de discuter.
Je suis fière d'être membre du service de police de Winnipeg. Je suis membre du syndicat depuis presque 19 ans, et j'ai souvent entendu de telles préoccupations. Je suis très heureuse que M. Hiebert ait dissipé les préoccupations soulevées par M. Mai en proposant que des modifications soient apportées. Je suis heureuse d'entendre cela.
J'ai l'intention de réintégrer un milieu de travail syndiqué lorsque j'aurai terminé ma carrière en politique, alors je suis directement concernée. Je veux m'assurer que, dans le cadre des discussions avec vous tous, on aborde chaque point.
Monsieur Georgetti, je suis désolée, mais je dois rectifier certaines des choses que vous avez dites. Vous avez dit qu'il n'y avait pas eu de problèmes à l'égard des syndicats et de certaines de leurs méthodes comptables. Récemment, et vous le savez très bien, des syndicats ont versé à des congrès du NPD des contributions illégales de l'ordre de plus de 340 000 $. On les a pris.
C'est de notoriété publique. Cet incident a été une source d'angoisse pour moi, en tant qu'ancien membre d'un syndicat, et pour vous et les membres de votre syndicat, car ce n'est pas bien. C'est une situation irrégulière, et on l'a jugée illégale.
Vous avez aussi laissé entendre — à tort — qu'il n'y avait pas d'autres plaintes, monsieur Georgetti. Permettez-moi seulement de signaler — par votre entremise, monsieur le président — quelque chose de vraiment troublant. Il y a un travailleur syndiqué qui a dépensé des milliers de dollars — et il y en a eu plusieurs comme lui — pour forcer son propre syndicat à lui fournir de l'information sur ses comptes. Permettez-moi de citer Chris Vander Doelen. Il est membre des TCA.
Et, en ma qualité de membre des TCA, j'ai moi-même depuis des années le désir de savoir exactement où vont cotisations, à tout moment, sans avoir à le demander. C'est une question de principe.
Sous le régime actuel, les membres ordinaires du syndicat obtiennent rarement le moindre renseignement d'ordre financier, ou alors ils doivent se présenter à leur section locale pour quémander des renseignements qui devraient leur être transmis de droit.
Voici un autre cas. En Colombie-Britannique, le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce s'est battu avec ses travailleurs, dans de multiples audiences devant la commission des relations de travail et des tribunaux, pour ne pas avoir à leur divulguer des états financiers pour cinq exercices. L'affaire a duré des années. Lorsque la Cour suprême de la Colombie-Britannique a finalement tranché, on a découvert que les états financiers pour les exercices 2002 à 2007 n'avaient pas même été établis avant la fin de 2007 et le début de 2008.
Je veux seulement que nous soyons très honnêtes dans le cadre de cette discussion. Oui, nous avons des préoccupations, et je suis réellement heureuse que nous ayons la possibilité d'apporter des amendements, et nous cherchons à obtenir vos conseils sur cet aspect.
Monsieur Thomas, vous avez une certaine connaissance de l'affaire qui a eu lieu en Colombie-Britannique, je crois. Ai-je bien décrit la chose?
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Merci, monsieur le président.
Il convient de souligner que ces affaires ont été réglées par les tribunaux. On n'a pas eu besoin d'un projet de loi pour le faire.
J'ai signé ma première carte syndicale en 1961, et j'ai été membre en ordinaire de mon syndicat pendant 22 ans, d'abord celui des travailleurs du chemin de fer, puis celui des travailleurs des communications à Bell Canada. J'ai assisté à chaque réunion syndicale. Chaque mois, je voyais les états financiers de ces deux différents syndicats, et je me prononçais à l'occasion d'un vote. Plus tard, j'ai été délégué à notre convention nationale, où j'ai pu voir chaque état financier, qui était vérifié, et me prononcer par vote. Ensuite, vers 1982, j'ai été élu au conseil de ma section locale, et j'ai assisté à chaque convention du Congrès du travail du Canada à titre de délégué jusqu'au jour où j'ai été élu ici. Je voyais ces documents et je me prononçais par vote.
Je vais mettre une chose en relief. Ni mon employeur, ni le gouvernement n'avaient de droit de vote sur ces choses, car ces renseignements appartenaient aux membres. Ils appartenaient non pas au syndicat, mais aux membres, parce que ce sont eux, le syndicat.
Monsieur Blakely, dans votre témoignage aujourd'hui, vous avez souligné le fait que ce sont vos concurrents qui veulent ce projet de loi, car cela leur donne un avantage sur vous. Aimeriez-vous expliquer un peu plus cette idée? Un argument pourrait se rattacher au bureau de placement. Je veux dire, il y a une distinction entre les deux types de syndicats.