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À l'ordre, s'il vous plaît.
En ce mardi 26 mars 2013, je vous souhaite la bienvenue à la séance no 73 du Comité permanent des langues officielles. Nous sommes ici conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 27 février 2013 pour étudier le projet de loi C-419, Loi concernant les compétences linguistiques.
Nous recevons la députée de , Mme Latendresse, qui a présenté ce projet de loi.
Madame Latendresse, vous avez la parole.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui. C'est bien sûr un peu spécial d'être à cette extrémité de la table, mais je suis très heureuse de pouvoir vous parler de mon projet de loi.
Tout d'abord, j'aimerais remercier le Comité permanent des langues officielles de l'occasion qui m'est offerte de clarifier devant celui-ci ce qui motive mon projet de loi C-419 et les conséquences que ce dernier aura sur notre Parlement.
L'appui unanime que ce projet de loi a reçu en deuxième lecture montre que nous savons travailler ensemble pour tous les Canadiens. Le projet de loi C-419 s'inscrit parfaitement dans la suite logique des décisions prises au cours des ans par les divers gouvernements pour faire du Parlement du Canada une institution bilingue.
La dualité linguistique du Canada, bien qu'elle ait causé par le passé et qu'elle continue de causer quelquefois de petits accrocs, demeure une des richesses premières de l'inébranlable entente politique entre tous les Canadiens.
Le projet de loi C-419 constitue un pas de plus dans la direction de la bonne intelligence que nous nous sommes efforcés d'établir entre les deux groupes linguistiques depuis plus de 40 ans.
[Traduction]
C'est avec une grande fierté que j'apporte cette pierre pour contribuer à la consolidation de cette grande Chambre que nous édifions ensemble. Le Parlement du Canada fonctionne dans les deux langues officielles. C'est donc dire qu'en tant qu'institution représentant la population du Canada, il s'adapte à elle et aux personnes qu'elle élit, les députés, pour la représenter à la Chambre.
[Français]
Les agents du Parlement font partie intégrante de la grande machine parlementaire et doivent répondre aux critères établis pour le Parlement. Dans un parlement bilingue, le bilinguisme est une compétence essentielle pour ceux qui en constituent les rouages. C'est sur cette prémisse que repose tout l'esprit du projet de loi C-419.
[Traduction]
Au début de novembre 2011, le gouvernement conservateur a nommé le Néo-Brunswickois Michael Ferguson au poste de vérificateur général du Canada. À la surprise générale, et en rupture avec la tradition, il est ressorti immédiatement que M. Ferguson n'était pas bilingue, à savoir qu'il n'a une connaissance ni passive ni active de l'une des deux langues officielles du Canada.
[Français]
Je tiens à rappeler au comité que lorsque le gouvernement a affiché l'avis de concours, il était clairement indiqué que la maîtrise des deux langues officielles du Canada était une condition préalable. Le projet de loi C-419 viendrait remédier au problème qui a été créé en faisant du bilinguisme une compétence essentielle pour les agents du Parlement en vertu de la loi.
[Traduction]
Le gouvernement s'est excusé de ce malheureux faux pas, et j'estime que ses excuses étaient sincères. Au cours du long processus visant le bon fonctionnement du Parlement, il faut s'attendre à de légers contretemps. Ils ont le mérite de nous permettre d'apprendre de nos erreurs pour que nous puissions continuer sur une base plus solide et mieux définie.
Au cours des derniers mois, j'ai traversé le Canada pour rencontrer divers types d'acteurs qui font la promotion des droits des Canadiens vivant dans des communautés linguistiques en situation minoritaire. J'ai rencontré des gens formidables à Moncton, St-Boniface et ailleurs. Pour chacun d'entre eux, le bilinguisme parlementaire allait de soi. Ils se sont montrés extraordinairement enthousiastes à l'égard du projet de loi .
Lorsque j'ai commencé à travailler à ce projet de loi, j'ai dû examiner la situation sous plusieurs angles. Comme tout le monde ici pourra en témoigner, lorsque la langue devient une question politique, les émotions sont à fleur de peau. La langue est si proche de l'identité dans le coeur d'une personne qu'il faut faire des efforts supplémentaires pour se maîtriser lorsque l'on perçoit un affront, réel ou imaginaire. Les sentiments sont si faciles à froisser qu'il faut bien peser chacun de ses mots.
[Français]
Parmi les éléments dont je disposais pour aiguiller mon travail pour ce projet de loi, il me revenait à l'esprit un facteur que je sentais primer sur tous les autres. Je me souvenais de l'excellent travail effectué par la précédente vérificatrice générale, Mme Sheila Fraser.
Elle était parfaitement bilingue et pouvait, à sa guise, tout comprendre sans l'aide d'un interprète. Lorsqu'elle fouillait les tréfonds du scandale dont l'épicentre était au Québec, je pense que si elle avait eu besoin sans arrêt de traductions, cela aurait pu avoir une incidence négative sur son travail.
Imaginons un instant un vérificateur général du Canada qui ne comprendrait pas du tout l'anglais. De combien de temps serait ralenti son travail qui dépendrait de l'interprétation à chaque étape? La chose ne se conçoit même pas tellement elle est absurde.
L'institution du Parlement du Canada appartient aux Canadiens et, en tant que miroir de notre volonté démocratique, elle doit refléter le pays et sa dualité linguistique. Tout le monde s'accorde là-dessus. Nous avons maintenant la chance de poursuivre la logique de notre décision un peu plus loin. C'est ce que je voulais faire avec le projet de loi C-419.
[Traduction]
Pour terminer, je crois que les honorables membres du comité ont déjà compris l'incidence positive qu'aura ce projet de loi sur l'avancement de nos objectifs nationaux.
Je suis disposée à répondre à toutes vos questions.
Merci.
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En fait, comme vous avez utilisé les mots « que la Constitution dispose », je présume qu'il devait s'agir de paragraphes inspirés intégralement ou presque de la Constitution.
Ma deuxième question porte sur l'article 2 où l'on dit « sans l'aide d'un interprète ».
Supposons qu'un agent du Parlement ait un accident, qu'il prenne quelques mois de repos, mais qu'il souffre d'un problème auditif à son retour. Cela peut en effet se produire à la suite d'un accident. De temps à autre, il aurait peut-être besoin d'un interprète ou d'un appareil spécial. En fait, même avec l'aide d'un interprète, il pourrait avoir de la difficulté à comprendre certains sons, ce qui pourrait l'empêcher de comprendre correctement certains mots aussi bien dans sa première que dans sa deuxième langue.
Que ferait-on dans un tel cas? Le mettrait-on à la porte, même s'il avait toutes les aptitudes voulues pour conserver ce poste et qu'il restait cinq ans avant la fin de son mandat?
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Je suis heureux de voir que vous avez pris l'initiative de ce projet de loi.
Dans ma grande naïveté, lorsque je lis le préambule, je constate qu'il est très important car il réaffirme des choses qui devraient être une évidence en 2013, à la fois pour les parlementaires et également pour l'appareil gouvernemental. S'il y a ce préambule, c'est parce cela ne semblait pas évident dans le choix du vérificateur général.
J'aimerais que vous me parliez de votre préambule, particulièrement le fait de mentionner ceci:
[...] que les personnes nommées avec l'approbation par résolution du Sénat, de la Chambre des communes ou des deux chambres doivent avoir la capacité de communiquer avec les parlementaires dans les deux langues officielles [...]
C'est un passage qui m'apparaît important dans le préambule et c'est aussi important de la réaffirmer aujourd'hui. Je m'étonne encore que les libéraux, qui ont été au pouvoir pendant 20 ans, n'ont pas réussi pas à ajouter cela dans une loi, mais ça, c'est un autre débat.
J'aimerais que vous puissiez me parler de votre préambule.
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L'objectif de ce préambule est de préciser pourquoi il est important que les agents du Parlement soient bilingues. Sinon, sans préambule, on ne fait que présenter une liste de personnes dont on exige qu'elles soient bilingues. Nous voulons souligner un aspect fondamental, à savoir que le Parlement étant une institution bilingue, il est primordial que ses rouages, en l'occurrence les personnes qui y sont le plus haut placées, soient bilingues. Voilà comment ça fonctionne. Nous voulons que le message soit clair.
Comme je le mentionnais un peu plus tôt, la définition de ce qu'est un agent du Parlement n'est pas très claire. C'est pourquoi, à mon avis, il est vraiment important que nous expliquions qu'il s'agit ici des personnes nommées par la Chambre des communes ou par le Sénat. Il faut donc une résolution de la Chambre des communes. Autrement, s'il n'y a qu'une liste, il peut être difficile de comprendre pourquoi ce sont précisément ces 10 postes qui la constituent. Par contre, on comprend beaucoup mieux si c'est indiqué dans le préambule.
Enfin, je pense qu'il est toujours important de réaffirmer que l'anglais et le français jouissent d'un statut, de droits et de privilèges égaux quant à leur usage au Parlement. Je pense que plusieurs éléments, ici, sont vraiment primordiaux.
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Mes deux questions se rapportent aux articles 3 et 4.
La première est que, dans vos remarques liminaires et en réponse aux question de mes collègues, vous avez dit qu'il s'agissait de 10 postes très importants, et que vous étiez à St-Boniface ou je ne sais trop où, et que les personnes comprennent ces postes. Dans vos remarques liminaires, vous avez aussi mentionné le fait que la question linguistique peut parfois être politique.
Comme M. Trottier l'a dit, l'article 3 est, en quelque sorte, ouvert. C'est peut-être un décret. Ce n'est pas fait au Parlement, alors ne croyez-vous pas que les principes que, selon moi, vous défendez seraient toujours pris en compte si cet article était retranché du texte?
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Je pense que l'important est de comprendre qu'il n'y a pas vraiment de problème si on ajoute des postes à cette liste.
[Traduction]
L'on peut parfaitement ajouter certains de ces postes dans le cas où, comme je l'ai mentionné, il y aurait un nouvel agent du Parlement, par exemple. Voilà pourquoi nous avons prévu cette disposition. Nous pensions qu'il serait peut-être bon d'ajouter des postes si quelque chose de nouveau devait se produire.
Comme nous l'avons dit, si c'est le Parlement qui ajoute certains de ces postes, cela ne pose pas vraiment problème. C'est seulement que, selon nous, il est préférable que le gouverneur en conseil soit en mesure d'en ajouter un. Si quelque chose devait se produire, nous voudrions pouvoir le faire dans les plus brefs délais.
Je félicite Mme Latendresse pour son projet de loi. C'est vraiment intéressant.
Je vais poser mes questions dans l'autre langue officielle.
[Traduction]
En ce qui concerne l'article 2, pouvoir comprendre l'anglais et le français sans l'aide d'un interprète et s'exprimer clairement dans les deux langues officielles, il arrive souvent que l'un de ces agents rencontre des organismes ou des personnes dans des situations où aucun service d'interprétation n'est offert.
Quand vous dites dans votre projet de loi « sans l'aide d'un interprète », ai-je raison de croire que vous pensez entre autres à leur capacité de s'exprimer dans les deux langues et de les comprendre dans des situations comme celles-là?
[Traduction]
Je pense que nous vivons dans un pays assez spécial qui a deux langues officielles. Au fil des ans, depuis que le bilinguisme est devenu officiel, je sais que, par exemple, dans la communauté anglophone au Québec, la grande majorité des jeunes de moins de 35 ans parlent couramment les deux langues et passent aisément d'une culture à l'autre. Je suis certaine qu'on peut en dire autant de la communauté francophone hors Québec, dont les membres peuvent s'exprimer aussi bien dans leur langue seconde que leur langue maternelle.
Je pense qu'il y a un excellent bassin de candidats potentiels, mais ce qui est important avec ce projet de loi est qu'il envoie un message aux jeunes étudiants qui visent à occuper des postes semblables.
[Français]
Si on veut être vérificateur général, il est préférable de faire ses études dans les deux langues.
[Traduction]
Serait-ce une juste interprétation du message?
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés. Mme Bossé, qui devait m'accompagner, n'est pas là. Je suis accompagnée aujourd'hui de Diane Côté, notre directrice des relations gouvernementales et communautaires.
Je voudrais commencer par vous remercier de nous avoir invités à venir témoigner devant vous au sujet du projet de loi . Je ne surprendrai personne ici en vous indiquant d'emblée que la fédération appuie le projet de loi et que nous sommes réellement très contents que l'ensemble des parlementaires aient manifesté aussi leur appui à ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
Avant de parler du projet de loi lui-même, je tiens à dire que nous avons été surpris que le comité nous ait invités à commenter le projet de loi alors que nous ne connaissons par le libellé des amendements qui seront proposés. Notre comparution aujourd'hui constitue possiblement notre seule occasion de commenter le projet de loi , et il va de soi que nous aurions nettement préféré pouvoir comparaître devant vous une fois ces amendements déposés. Cela aurait à tout le moins été plus profitable au comité.
Nos remarques d'aujourd'hui porteront en partie sur ce que nous avons pu lire dans la transcription des débats tenus à la Chambre le 26 février dernier en ce qui a trait aux intentions d'amendement exprimées par le gouvernement.
Une des préoccupations exprimées lors de ces débats porte sur la précision de la définition des compétences linguistiques requises. À cet égard, permettez-moi de vous donner le point de vue du citoyen. Le citoyen francophone s'attend à pouvoir entendre le vérificateur général expliquer en français quels sont les grands enjeux en matière de gestion financière au gouvernement. Il s'attend à pouvoir dialoguer avec le commissaire à la protection de la vie privée dans sa langue. Bref, la capacité de parler au citoyen et de le comprendre sans l'aide d'un interprète est essentielle. Cela requiert des compétences orales et de compréhension de niveau avancé.
Je dirai maintenant un mot sur la question de savoir si le pouvoir d'ajouter à la liste des postes visés par cette loi devrait revenir au gouverneur en conseil ou au Parlement. Cette question nous intéresse puisque, comme vous le savez sans doute, la FCFA a proposé qu'on ajoute éventuellement à cette liste, entre autres, le président du CRTC et le président de CBC/Radio-Canada. Or, si ce pouvoir d'ajouter des postes est conféré au Parlement, cela signifie qu'il faudra procéder, à chaque ajout, par amendement au projet de loi, avec les délais que cela entend. Dans une optique d'efficacité, nous sommes donc d'avis que ce pouvoir d'ajouter des postes devrait revenir au gouverneur en conseil.
Enfin, qu'on nous permette une considération sur la question des personnes nommées par intérim. À notre point de vue, les compétences linguistiques visées par le projet de loi sont rattachées aux postes et demeurent une constante, peu importe la personne qui occupe ce poste. Par ailleurs, vous savez comme nous qu'un intérim peut durer plusieurs mois avant qu'une nomination permanente soit faite. Pour cette raison, nous sommes d'avis que tout titulaire d'un des postes visés par le projet de loi C-419, qu'il occupe ces fonctions à titre permanent ou intérimaire, doit détenir les compétences linguistiques exigées pour le poste.
Voilà donc, par rapport aux intentions d'amendement que nous connaissons, les réflexions que nous souhaitons porter à votre attention aujourd'hui. Nous espérons vivement que les amendements qui seront apportés par ce comité respecteront le principe de base du droit du public de communiquer avec les agents du Parlement dans la langue de son choix.
Je veux réitérer que nous nous réjouissons de voir les parlementaires unis dans leur appui au projet de loi . Clairement, lorsque vous avez voté à la Chambre, vous avez mis l'intérêt du citoyen au centre de vos préoccupations. Nous souhaitons que ce comité en fasse autant. Les enjeux de la francophonie et des langues officielles sont nombreux, ils sont criants et ils méritent l'attention de ce comité.
La FCFA et les organismes de son réseau souhaitent collaborer avec le comité pour l'essor du français et de la dualité linguistique au pays, mais nous trouvons important que cette collaboration se fasse d'une façon qui est productive et bénéfique à tous. Cela entend, entre autres, que nous puissions comparaître au moment opportun, à l'étape qui nous permet le mieux de contribuer aux travaux du comité.
Je vous remercie.
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Bonjour à vous, monsieur Chong, monsieur Dion, monsieur Godin et bonjour aussi aux autres membres du comité.
Je suis accompagné de M. James Shea, membre de notre conseil d'administration, qui a très aimablement accepté à la dernière minute de m'accompagner pour m'aider à répondre aux questions.
C'est un plaisir de revenir parmi vous. La dernière fois que nous étions ici, nous avons témoigné concernant votre étude sur la dualité linguistique à l'occasion des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne en 2017. Aujourd'hui, nous allons discuter d'un projet de loi qui honore un droit énoncé pour la première fois dans la loi constitutionnelle de 1867. L'article 133 permet l'utilisation de l'anglais ou du français dans les débats des chambres du Parlement du Canada, et dans leurs comptes rendus et publications respectifs.
Plus d'un siècle plus tard, la Charte des droits et libertés a renforcé et élargi la portée de l'anglais et du français comme langues officielle du Canada sur le plan constitutionnel, et a proclamé leur égalité de statut et les droits et privilèges égaux quant à leur usage non seulement dans toutes les institutions du Parlement, mais aussi au gouvernement du Canada.
Les droits linguistiques parlementaires ont été établis pour faire en sorte que les représentants du peuple puissent assumer leurs obligations en français et en anglais pour que le gouvernement rende des comptes. C'est vous, les parlementaires canadiens, qui faites l'objet de ces droits, et il revient aux institutions parlementaires de veiller à ce que vous puissiez en jouir pleinement.
Les Canadiens participent directement à leur Parlement. À titre d'exemple, je suis venu témoigner aujourd'hui sur votre invitation et j'exerce mon droit de m'adresser à vous dans la langue officielle de mon choix. Je me suis préparé en lisant des comptes rendus et publications parlementaires en anglais. Plus tard, je pourrai consulter ces comptes rendus à titre de citoyen pour vous obliger à rendre des comptes.
Mais je n'ai pas été nommé agent du Parlement. Bien que je sois assujetti à ses décisions, je ne suis pas un serviteur de cette institution. Si je l'étais, il serait inadmissible que vous ayez besoin d'un interprète pour comprendre le message que je vous adresse. L'exigence d'offrir des services de qualité égale dans les deux langues officielles permet aux institutions du Parlement et du gouvernement du Canada de veiller à ce que les deux langues officielles jouissent d'un statut égal et de droits et privilèges égaux.
Le QCGN croit fermement au projet de loi et à son objectif de veiller à ce que les agents du Parlement qui sont nommés comprennent l'anglais et le français sans l'aide d'un interprète et soient capables de s'exprimer clairement dans les deux langues officielles. Nous ne croyons pas qu'une mise en garde supplémentaire soit nécessaire. Non seulement les personnes nommées dont il est question dans le projet de loi appuient les parlementaires dans leur gouvernance du Canada, mais ils sont aussi des personnalités et des leaders publics à part entière. Ils traitent des questions complexes qui requièrent la maîtrise des deux langues officielles. Si ce n'était pas le cas, les parlementaires qui connaissent peu ou mal l'autre langue officielle ne jouiraient pas de statut, de droits ou de privilèges égaux.
Imaginez un commissaire aux langues officielles qui soit incapable d'expliquer les langues officielles du Canada en anglais. Imaginez un président de la Commission de la fonction publique qui soit incapable de répondre aux questions d'un journaliste du Devoir parce qu'il ne parle pas français; un commissaire à la vie privée qui soit incapable de lire les préoccupations exprimées dans un éditorial en anglais; des électeurs acadiens qui soient contraints à communiquer en anglais pour que le directeur général des élections puisse comprendre leurs inquiétudes.
Si une question est suffisamment importante pour que le Parlement estime qu'il doive adopter une loi et nommer des agents de l'ordre de ceux dont il est question dans le projet de loi , alors ces agents doivent être en mesure de communiquer aussi clairement en anglais qu'en français dans leurs domaines de responsabilité. S'ils en sont incapables, les Canadiens français ou anglais et leurs représentants seront écartés de débats publics importants. Cela nierait non seulement la loi, mais la démocratie même.
En somme, le bilinguisme n'est pas un atout pour ces postes, mais une exigence. Même si elle est bien faite, l'interprétation reste technique et officielle. Elle ne peut jamais complètement saisir les nuances, les émotions et le sens. Les compétences linguistiques déterminent aussi les personnes auxquelles les parlementaires ont accès de façon informelle, les conversations auxquelles ils peuvent prendre part et les idées qu'ils peuvent trouver. N'est-ce pas un endroit où on est censé échanger des idées?
Dans son message pour présenter la feuille de route pour la dualité linguistique au Canada, le premier ministre a admirablement bien noté que la dualité linguistique au Canada est la pierre angulaire de notre identité nationale. Il ne faut pas affaiblir une pierre angulaire.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier Mme Marie-France Kenny et Mme Diane Côté, de la FCFA, ainsi que M. Stephen D. Thompson et M. James Shea, du QCGN.
[Traduction]
Nous sommes ravis de vous accueillir.
Nous venons tout juste de demander à la députée pourquoi elle a déposé son projet de loi. Monsieur Thompson, je dois faire ce commentaire, car vous avez dit que les agents du Parlement sont au service des Canadiens et des parlementaires. C'est clair. Si je ne m'abuse, vous avez dit que peu importe la langue officielle qu'ils parlent, les Canadiens ont le droit d'entendre ces agents du Parlement dans la langue de leur choix.
À titre d'exemple, M. Ferguson a été nommé vérificateur général. Je veux vérifier que cela n'a rien à voir avec la personne même; nous parlons du poste. C'est exactement ce que vous avez dit. Lorsqu'il a présenté son rapport, sur la chaîne française, tout était en anglais et les francophones n'ont rien eu. Voilà pourquoi ce que vous avez dit est si important. Lorsqu'il a tenu son point de presse et qu'on lui a posé une question en français, il a répondu en anglais. La question n'a pas été traduite et personne dans le pays n'a compris. Ce poste est important, et tous les Canadiens devraient pouvoir comprendre ce qui se dit. Voilà pourquoi je vous sais gré de la déclaration que vous avez faite.
Avec cela, le projet de loi dispose que « le gouverneur en conseil peut, par décret, ajouter des postes à la liste de l’article 2 ». Nous parlons des agents du Parlement. Voilà ce dont il est question, et il est énoncé dans le préambule:
que les personnes nommées avec l’approbation par résolution du Sénat, de la Chambre des communes ou des deux chambres doivent avoir la capacité de communiquer avec les parlementaires dans les deux langues officielles,
Nous parlons des nominations faites par le Parlement et le Sénat. Nous ne disons pas que le gouverneur en conseil les fait en autonomie. Le projet de loi stipule que lorsque les agents sont nommés, ils doivent être bilingues.
Voyez-vous un inconvénient à ce que cela soit fait par le truchement du gouverneur en conseil?
:
Madame Kenny, la question que je pose porte sur le gouverneur en conseil. Il est déjà inclus dans la loi que le gouverneur en conseil peut ajouter quelqu'un. Présentement, le gouverneur en conseil peut nommer des agents du Parlement, et leur nomination est ensuite approuvée par la Chambre et par le Sénat. Telle est la loi présentement. Les gens sont nommés par le gouverneur en conseil, et leur nomination est ensuite approuvée par le Parlement.
Monsieur Thompson, selon vous, si on enlève cela, cela ne pourrait-il pas entraîner de la part d'un gouvernement majoritaire qu'il mette en avant un projet de loi en vue d'ajouter un nouvel agent du Parlement, mais qu'il ne l'ajoute pas à la liste parce que ce n'est pas précisé dans le présent projet de loi?
La première chose que le gouverneur en conseil doit faire lorsqu'il nomme un agent du Parlement, c'est de nommer quelqu'un de bilingue, puis sa nomination est ensuite approuvée par le Parlement. Le Parlement ne pourra pas refuser une personne bilingue, parce que la loi stipule déjà que la personne doit être bilingue.
L'article 4 se lit comme suit:
En cas d’absence ou d’empêchement du titulaire de l’un ou l’autre des postes énumérés à l’article 2 ou de vacance de l’un de ces postes, la personne à qui est confié l’intérim doit se conformer aux exigences prévues à l’article 2.
Quelle est votre position là-dessus?
Comme vous le dites, vous n'avez pas été invités à vous présenter après les amendements, mais je pense que c'est normal. Quand on étudie un projet de loi, on invite les gens et après, quand on siège à huis clos, on l'étudie article par article et les amendements sont apportés. On peut d'ailleurs prédire, si on se fie aux discours du gouvernement à la Chambre, qu'il y aura des amendements.
On a entendu des témoins plus tôt. On a dit que parmi 30 millions de personnes, on pouvait bien trouver quelqu'un. Même parmi les personnes qui travaillent pour le commissaire ou le vérificateur général, il doit bien y en avoir qui sont bilingues. J'aimerais connaître votre opinion sur les personnes qui occupent un poste par intérim. Devraient-elles être bilingues? Accepte-t-on que pendant deux, trois ou six mois, le peuple soit privé d'une personne bilingue si la personne nommée par intérim ne l'est pas?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais parler de la liste des postes. Il faut noter une chose intéressante. Il y a dix postes, mais pour huit d'entre eux seulement, il s'agit d'agents du Parlement. Je ne sais pas si vous le saviez, mais les huit premiers sont des agents du Parlement, alors que les deux autres, le commissaire à l'intégrité du secteur public et le président de la Commission de la fonction publique, ne sont pas des agents du Parlement. C'est peut-être pour cela que les mots « agents du Parlement » ne figurent pas dans ce projet de loi. Je pense qu'il est important que ce soit clair, parce qu'on travaille sur des lois.
Le projet de loi n'est pas encore adopté et, déjà, on parle d'ajouter des noms. Ma question s'adresse aux deux groupes. La liste n'est pas limitée aux agents du Parlement. Dans ce cas, court-on des risques si on ajoute des postes encore et encore? Évidemment, dans le cas de deux postes, déjà, il ne s'agit pas d'agents du Parlement. J'aimerais entendre vos commentaires à cet égard, parce que lors de votre présentation, madame Kenny, vous parliez du président du CRTC et du président-directeur général de Radio-Canada. Peut être y a-t-il d'autres postes auxquels on pense qui ne sont pas des agents du Parlement.
:
J'aimerais remercier les deux groupes de témoins.
[Traduction]
Je vous remercie infiniment de votre présence parmi nous.
[Français]
Ma question porte un peu sur le même sujet.
Au deuxième paragraphe suivant le mot « Attendu », on parle de
[Traduction]
l’« usage dans les institutions du Parlement »
[Français]
Au quatrième paragraphe suivant le mot « Attendu », on parle de
[Traduction]
« personnes nommées avec l’approbation par résolution du Sénat, de la Chambre des communes ou des deux chambres… ».
[Français]
Il y a donc un flou. Comme on vient de le souligner, le commissaire à l'intégrité du secteur public et le président de la Commission de la fonction publique ne relèvent pas vraiment des institutions du Parlement. La fonction publique ne relève pas du Parlement. Elle est liée à la branche exécutive.
Madame Kenny, vous proposez d'ajouter à la liste le président du CRTC et le président de Radio-Canada, qui ne sont clairement pas des agents du Parlement. Ils seraient très surpris si on leur disait qu'ils le sont, et tout le monde le serait également.
Est-ce que ce flou vous gêne? Suggérez-vous que ces questions soient clarifiées ou croyez-vous au contraire qu'il s'agit d'un flou créatif? Je pose la question aux deux groupes.
:
Je suis traductrice, et j’étais incapable de trouver le mot juste en anglais.
À mon sens, il était logique que cette personne soit bilingue. Par conséquent, quel risque courra-t-on lorsqu’il sera temps de sélectionner la prochaine personne ou de remplacer provisoirement...? Le risque existe. Cela s’est produit. Un an et demi plus tard, le vérificateur général est toujours une personne qui, au cours d’une entrevue en français programmée par Radio-Canada, ne peut pas s’adresser à moi dans ma langue maternelle.
Je conviens que tout cela est logique, mais nous avons rencontré cette difficulté. Cela est arrivé.
Si cette question n’est pas régie par la loi, qu’est-ce qui me garantit que la dotation d’un autre poste clé ne se déroulera pas de la même façon, et ainsi de suite? Les gouvernements changent, et des événements peuvent survenir. Même si nous avons tous de bonnes intentions en ce moment, qu’est-ce qui dit que, dans dix ans, nous ne nous retrouverons pas dans la même situation
:
Nous n'exigeons pas la perfection. Je parle couramment quatre langues, dont l'anglais et le français, et bien qu'à mon avis, ma maîtrise de l'anglais soit assez bonne, il y a deux minutes, je ne pouvais pas penser au mot anglais
auditor.
Nous n'exigeons pas la perfection. Je veux être en mesure de comprendre et d'être comprise. C'est tout ce que nous demandons.
Il y a une différence entre le fait de commencer à zéro et celui de tenter de se perfectionner. J'ai déjà été responsable du programme de formation linguistique d'une société d'État fédérale, et je sais que ce processus exige plus d'une année. Lorsqu'on obtient un poste clé au sein du gouvernement, la coupe d'apprentissage est très longue et très abrupte même sans l'élément linguistique. Alors, imaginez le résultat si l'on ajoute la question de la langue.
Il est impossible d'apprendre une langue en une année. Ce serait difficile même si l’on y consacrait tout son temps. Alors, imaginez l'obstacle à surmonter lorsque l'on n'y consacre qu'une petite partie de son temps. Je pense que ces attentes ne sont pas réalistes et qu'en plaçant M. Ferguson dans cette situation, nous nous lui imposons des exigences très élevées, et nous sommes injustes tant envers lui, qu’envers la population canadienne.
:
Merci, madame Kenny. Votre exposé et la façon dont vous avez répondu à certaines des questions soulèvent un autre problème.
Dans le cadre du perfectionnement de ses dirigeants, la fonction publique fédérale évalue leurs compétences linguistiques. Nous avons parlé plus tôt des niveaux de compétence qui étaient numériques, dans le passé, mais qui sont maintenant représentés par les lettres A, B ou C. Ne devraient-ils pas être mentionnés explicitement dans la loi?
Au lieu de parler de quelqu’un qui peut comprendre la langue sans l’aide d’un interprète, tel que c’est indiqué dans la version actuelle du projet de loi, ne devrions-nous pas mentionner explicitement les niveaux de compétence propres au gouvernement fédéral qui doivent être atteints pour occuper les 10 postes?
:
Je vais répondre à votre question en m’appuyant sur mon expérience à titre de personne responsable des programmes d’une société d’État en matière de langues officielles et de la formation linguistique, programmes qui ne reposaient pas sur les niveaux CBC, parce que la société possédait son propre barème d’évaluation.
Ce qui importe, c’est que la personne soit en mesure d’exercer ses fonctions dans les deux langues officielles. Si j’étais en train de recruter une personne spécialisée dans la TI, mon entrevue porterait exclusivement sur ce sujet. Je prétendrais avoir besoin d’aide et appeler un service de dépannage afin d’obtenir des renseignements. Une personne incapable de répondre à mes questions dans les deux langues officielles n’aurait pas les niveaux de compétence requis. Nous ne cherchons pas des experts; nous voulons que les gens aient des capacités avancées, ce qui, à la fonction publique, correspond à un niveau C, je crois.
Nous ne demandons pas que les gens… Vous savez, quand je parle anglais, je commets des erreurs. Je mène tout de même des entrevues en anglais, et les gens me comprennent. Il faut être en mesure de comprendre et d’être compris. Je continue de dire air au lieu de hair, mais les gens comprennent mes paroles. Voilà ce que nous demandons et, selon moi, cela exige le niveau de compétence C.
Est-ce que ces exigences devraient être intégrées dans le texte de loi? Pourquoi pas, si vous croyez que c’est nécessaire. À tout le moins, les dispositions devraient indiquer que, dans leur domaine de compétence, leurs capacités linguistiques doivent être avancées. Si l’on est à la recherche d’un vérificateur général, le candidat doit être en mesure d’expliquer, entre autres, les processus dans les deux langues officielles.
:
Je remercie les témoins de leur présence.
D’intéressants débats sont en cours, mais je veux aborder premièrement la question des affectations temporaires qui se pose lorsqu’un agent du Parlement quitte son poste, donne sa démission, etc. J’aimerais vous communiquer mes impressions à ce sujet et vous inviter à formuler des observations par la suite. Que le poste soit pourvu provisoirement ou non — et je pense, madame Kenny, que c’est vous qui avez exprimé cette idée le plus clairement —, je crois que le niveau de compétence linguistique est lié au poste et non à son titulaire. Que cette personne occupe le poste par intérim ou non, si elle ne possède pas les compétences linguistiques requises, j’estime que, pendant cette période, les Canadiens ainsi que les gens qui travaillent pour l’organisme en question reçoivent un service inférieur à celui qui leur est dû et ce, tant qu’elle n’a pas été remplacée.
Cela serait-il exact…
:
Merci, monsieur le président
Je souhaite la bienvenue à tous les témoins.
Madame Kenny, comme vous êtes traductrice, je pense que vous êtes la personne toute désignée pour répondre à ma question. Je crois qu'il est important que les personnes nommées à ces postes comprennent, entendent et puissent parler correctement les deux langues officielles. Nous sommes tous de cet avis. Par contre, dans l'article 2 du projet de loi, on utilise les mots suivants: « sans l'aide d'un interprète ». Comme vous l'avez dit, il faut des années pour apprendre une langue et il faut encore plus d'années pour maîtriser une deuxième langue. Si on ne comprend pas un mot ou si on comprend plus ou moins, on demande l'aide d'un interprète pour s'assurer de bien comprendre la phrase et de prendre une bonne décision par la suite.
Si on laisse ce texte intact, va-t-on devoir demander la démission de l'agent du Parlement s'il a besoin d'un interprète de temps à autre pour bien comprendre l'expression?
Pour ma part, j'étais bilingue, bien entendu, parce que j'étais traductrice. Si quelqu'un veut faire carrière au sein d'une société d'État fédérale ou aspire à un poste dans la haute fonction publique fédérale, comme celui de vérificateur général, il faut être bilingue, comme le savent nos jeunes dès le secondaire. Avoir un plan de carrière veut dire prévoir les choses.
C'est la même chose quand j'entends parler de la difficulté de recruter des personnes bilingues. Quand j'étais en Saskatchewan, on recrutait des vérificateurs bilingues et des directeurs de vérification bilingues. Ces gens existent; il faut se donner la peine de les chercher.
Bien sûr, si je cherche un comptable agréé bilingue à Bellegarde, je n'en trouverai peut-être pas, mais si j'élargis ma recherche à toute la Saskatchewan, j'en trouverai. Il faut donc s'assurer de chercher sérieusement. Il faut avoir recours à des chasseurs de têtes, par exemple. Parfois, cette option semble nous coûter très cher, mais cela nous coûte bien moins cher que de former quelqu'un pendant deux ans.
M. Yvon Godin: Oui, c’est bien.
Le président: Y a-t-il d'autres commentaires au sujet de la motion?
Comme il n’y en a pas, je vais la mettre aux voix.
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci beaucoup.
Sans plus tarder, je déclare la séance levée.