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Monsieur le président, mesdames et messieurs, et honorables membres du Comité permanent des langues officielles, je tiens à vous remercier de me recevoir aujourd'hui et de me permettre de vous adresser la parole en vidéoconférence. Comme le président vient de vous le dire, je suis actuellement à Winnipeg pour rencontrer la communauté francophone du Manitoba et visiter le Musée canadien des droits de la personne.
Je tiens à souligner également les mesures que vous prenez pour adapter nos processus démocratiques aux nouvelles technologies, particulièrement lorsque ces dernières répondent mieux aux besoins des institutions fédérales, tout en épargnant l'argent des contribuables canadiens.
[Français]
Je suis accompagné de Mme Johane Tremblay, qui est avocate générale. Mme Ghislaine Charlebois, qui est commissaire adjointe à l'Assurance de la conformité, et M. Sylvain Giguère, qui est commissaire adjoint aux Politiques et communications, sont avec vous à Ottawa.
C'est en tant que commissaire aux langues officielles que je m'adresse à vous aujourd'hui, mais également en tant qu'agent du Parlement.
[Traduction]
Le projet de loi de la députée néo-démocrate de est un projet de loi clair, qui va droit au but. Il vise effectivement à faire en sorte que les personnes dont la nomination doit faire l'objet d'une approbation par résolution du Sénat, de la Chambre des communes ou des deux Chambres puissent s'exprimer clairement dans les deux langues officielles et comprendre les deux langues, sans l'aide d'un interprète, et ce, dès leur nomination.
[Français]
Il s'agit d'un projet de loi important pour l'avenir de la dualité linguistique au Canada. Je l'appuie donc sans réserve.
Toutes les personnes visées par ce projet de loi, à l'exception de deux, sont des agents du Parlement. Si vous me le permettez, pour ne pas alourdir inutilement ma présentation, j'utiliserai le terme « agents du Parlement » pour désigner les 10 personnes visées par le projet de loi.
[Traduction]
Comme vous le savez, la controverse entourant la nomination très médiatisée d'un Canadien unilingue au poste de vérificateur général du Canada a trouvé écho auprès d'une partie de l'opinion publique canadienne et dans les comités parlementaires chargés de l'évaluer. À la suite de cette nomination, le commissariat a reçu 43 plaintes et a mené une enquête.
[Français]
J'ai conclu que le Bureau du Conseil privé ne s'était pas acquitté de ses responsabilités en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles dans le cadre du processus de nomination du vérificateur général. Notamment, il n'a tenu compte ni des exigences linguistiques découlant du paragraphe 24(3) de la loi, ni de l'esprit des parties IV, V et VII, ni de la nature particulière du rôle que jouent les agents du Parlement.
[Traduction]
Les agents du Parlement tiennent des rôles d'envergure nationale et parfois même internationale. Ils doivent surveiller la façon dont les institutions fédérales s'acquittent des obligations que les parlementaires leur ont imposées afin d'assurer l'intégrité de notre système démocratique. Plusieurs d'entre eux agissent comme ombudsman auprès du public et comme critique impartial et indépendant de l'action gouvernementale auprès des parlementaires et du public.
[Français]
Ils doivent signaler, en temps opportun, toute atteinte réelle ou perçue aux valeurs et aux droits qu'ils sont appelés à protéger au nom de tous les Canadiens. Ils sont appelés à communiquer le résultat de leur travail non seulement auprès des parlementaires en déposant publiquement leurs rapports et en comparaissant devant les comités parlementaires, mais aussi auprès du public, au moyen de conférences de presse et d'entrevues avec les médias.
Ainsi, la visibilité de leur charge et leur présence publique se sont accrus au cours des dernières années, augmentant de ce fait l'impact de leurs interventions.
[Traduction]
Le rôle des agents du Parlement évolue. Les conditions d'indépendance qui sont liées à notre statut nous permettent de remplir la mission sociale dont nous avons été investis avec toute la crédibilité et l'autorité que le public canadien attend de nous. En tant que titulaires de ces postes, nous devons faire preuve d'un haut degré de leadership, d'influence, de visibilité et de transparence. Comme l'a mentionné la députée Latendresse à la Chambre des communes, il est tout à fait normal qu'il y ait en Chambre des élus unilingues. Mais comme l'appareil gouvernemental doit s'adapter aux citoyens, le Parlement doit s'ajuster aux élus, peu importe la langue officielle qu'ils utilisent.
[Français]
Les parlementaires s'attendent, avec raison, à être en mesure d'avoir une conversation privée avec un agent du Parlement et à être compris. Ces agents doivent s'exprimer clairement dans les deux langues officielles et les comprendre sans l'aide d'un traducteur ou d'un interprète. La maîtrise de l'anglais et du français est donc un critère essentiel de nomination.
[Traduction]
Ce projet de loi abonde dans le sens de mes propres recommandations au Bureau du Conseil Privé. Ce dernier doit déclarer haut et fort que les compétences linguistiques jugées essentielles chez un candidat ne sont pas de simples atouts.
Ainsi, les candidats seront en mesure de veiller à l'avance à leur apprentissage du français ou de l'anglais langue seconde. De plus, ceci encouragera les universités à en faire davantage pour offrir des programmes d'apprentissage de la langue seconde à leurs étudiants. J'ai d'ailleurs fait une recommandation au gouvernement à cet effet dans le cadre de mon rapport annuel 2011-2012.
[Français]
L'ensemble de la population canadienne, tant francophone qu'anglophone, s'attend à ce que les titulaires de postes supérieurs appelés à communiquer avec les parlementaires et les Canadiens partout au pays soient bilingues. C'est d'ailleurs la position qu'ont prise plusieurs quotidiens de langue anglaise lors du débat public qui a suivi la nomination du vérificateur général.
[Traduction]
Au cours de mon mandat, j'ai souvent répété que la maîtrise de l'anglais et du français est un critère essentiel de leadership. La capacité des institutions fédérales de fonctionner efficacement, de respecter les obligations linguistiques qu'elles ont à l'égard de leurs employés et du public et de refléter les valeurs contemporaines du pays dans ses régions de même qu'à l'étranger repose en bonne partie sur les compétences linguistiques de leurs leaders.
[Français]
Par ailleurs, mon bureau a entrepris, au début de 2013, une étude qui vise à cerner de quelle manière le Bureau du Conseil privé détermine les compétences linguistiques applicables aux postes dont les titulaires sont nommés par le gouverneur en conseil. Je serai heureux de vous en faire part lorsqu'elle sera achevée.
[Traduction]
Comme l'a dit la députée Latendresse: « Les agents du Parlement ont un mandat clair: défendre l'intégrité, promouvoir l'intégrité et contrôler l'intégrité. Ils ont le droit de tout savoir, de tout demander et de tout comprendre de ce qui relève de leurs champs de responsabilité. »
Il est impératif que nous, agents du Parlement, détenions les compétences linguistiques nécessaires pour nous exprimer dans les deux langues officielles et les comprendre sans l'aide d'un traducteur ou d'un interprète.
[Français]
Les agents du Parlement doivent faire preuve d'un leadership exemplaire. L'époque où les élus devaient s'adapter à l'unilinguisme du Parlement sans voir le citoyen questionner la crédibilité de leur gouvernement est bel et bien révolue.
Je vous remercie de votre attention. J'aimerais maintenant prendre le temps qu'il me reste pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Graham Fraser de participer à notre séance, ainsi que Mme Johane Tremblay, Mme Ghislaine Charlebois et M. Sylvain Giguère, tous du Commissariat aux langues officielles.
Tout d'abord, monsieur Fraser, je suis heureux d'entendre vos commentaires sur le projet de loi concernant les agents du Parlement et du Sénat, soit les 10 personnes nommées dans le projet de loi, et la manière dont vous décrivez la responsabilité de ces personnes. En effet, vous avez dit que tout parlementaire devait avoir la chance d'avoir des discussions privées avec ces personnes. Ce sont des agents du Parlement et du Sénat, et non du gouvernement. De plus, cela reflète la Loi sur les langues officielles.
Malheureusement, on sait ce qui s'est passé. On a maintenant un projet de loi, et le gouvernement nous a dit publiquement qu'il allait l'appuyer. Par contre, selon certaines rumeurs, il y aurait des amendements. Je pense que c'était clair, en comité. Par exemple, on voudrait faire sauter le préambule.
Le préambule du projet de loi se lit comme suit:
que la Constitution dispose que le français et l’anglais sont les langues officielles du Canada;
que le français et l’anglais jouissent d’un statut et de droits et privilèges égaux quant à leur usage dans les institutions du Parlement;
que les parlementaires ont le droit d’utiliser le français ou l’anglais durant les débats et les travaux du Parlement;
que les personnes nommées avec l’approbation par résolution du Sénat, de la Chambre des communes ou des deux chambres doivent avoir la capacité de communiquer avec les parlementaires dans les deux langues officielles,
Sa Majesté, sur l’avis et avec le consentement du Sénat et de la Chambre des communes du Canada, édicte :
C'est le préambule. Ne pensez-vous pas qu'il est normal qu'un projet de loi ait un préambule afin d'aider à bien interpréter le projet de loi et pour savoir d'où il vient? On précise clairement que ce sont des personnes nommées à la suite de résolutions du Sénat ou de la Chambre des communes et que les parlementaires ont le droit d'utiliser le français et l'anglais durant les débats. On parle de personnes qui ont à faire avec le Parlement. Les 10 personnes sont des gens qui ont à faire avec le Parlement et qui le représentent. Ce sont des agents du Parlement.
En éliminant le préambule, on ouvre la porte à la possibilité que ce soit n'importe qui. Le gouvernement pourrait nommer jusqu'à 500 personnes. On pourrait parler des présidents de sociétés d'État. Cela pourrait être n'importe qui. Avec le préambule, il est clair qu'on ne parle pas d'eux. On parle vraiment des 10 personnes qui ont affaire au Parlement et au Sénat. C'est clair; c'est pourquoi le préambule existe. C'est normal pour un projet de loi d'avoir un préambule. Cela donne une idée et une interprétation du projet de loi en illustrant les raisons pour lesquelles il est là.
J'aimerais entendre vos commentaires à cet égard, monsieur le commissaire Fraser.
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Merci, monsieur Fraser.
L'article 2 parle de la capacité de parler et de comprendre les deux langues officielles. Cela va de soi. Toutefois, il est écrit que cela doit être fait sans l'aide d'un interprète.
Cette semaine ou à la fin de la semaine passée, le comité a reçu une lettre de l'Association des sourds du Canada, qui représente 3,5 millions de Canadiens. Cette organisation nous a envoyé une lettre nous indiquant qu'elle avait une certaine réserve en ce qui a trait au mot « interprète ». Si un des agents du Parlement avait un accident ou un état de santé qui provoquait chez lui des problèmes d'audition, parfois quelques mots pourraient ne pas être compris.
On peut être bilingue et comprendre les deux langues officielles, mais il faut penser à tous les synonymes que contient la langue française. Parfois, on peut avoir besoin de l'aide d'un interprète pour expliquer le synonyme ou pour être certain de bien comprendre le sens d'une phrase. Ces gens ont de grandes décisions à prendre.
Le fait de ne jamais avoir recours aux services d'un interprète pourrait-il nuire à la compréhension et même aux décisions de ces gens?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Fraser et tous ses collaborateurs.
J'aimerais revenir un peu sur la question des possibilités d'amendement.
Je suis tout à fait d'accord avec vous: le fait d'enlever le préambule priverait la loi d'une explication qui pourrait avoir un intérêt pour l'interprétation de la loi, si jamais il fallait l'interpréter, notamment devant les tribunaux.
J'aimerais essayer une chose. Cela n'ira probablement pas loin, mais je vais essayer quand même. On pourrait peut-être aller dans le sens contraire de ce qu'a suggéré M. Gourde et amender le quatrième paragraphe pour y lire que « les personnes qui occupent les postes mentionnés dans la présente loi doivent avoir la capacité de communiquer avec les parlementaires ».
Si on croit au bilinguisme, pourquoi être si frileux? Pourquoi ne pas laisser la porte ouverte au renforcement du bilinguisme et compliquer l'affaiblissement du bilinguisme? Cela permettrait en plus de modifier l'article 3 en établissant que le gouverneur en conseil peut ajouter des postes, mais que s'il veut en enlever, il devra passer devant le Parlement. Je trouve que c'est une façon de démontrer que ce comité croit au bilinguisme.
Il a été mentionné devant nous que ce serait peut-être bien, par exemple, que le président de Radio-Canada et celui du CRTC soient obligatoirement bilingues. Je ne crois pas que le gouvernement irait jusqu'à nommer quelqu'un qui ne serait pas bilingue à Radio-Canada ou au CRTC, mais on ne sait jamais, car il nous a déjà informés qu'il était capable de faire des choses étonnantes.
Si on amendait le projet de loi ainsi, on aurait encore plus d'engagement envers le bilinguisme. Qu'en pensez-vous, monsieur le commissaire?
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Merci, monsieur le président.
J'ai une petite question.
Tout d'abord, j'aimerais vous féliciter, madame Latendresse, car on appuie le concept que vous avez présenté. Je vous en remercie.
Monsieur le commissaire et madame Tremblay, merci de comparaître devant nous.
Ma question est plus importante pour Mme Michaud et pour moi que pour tous les autres membres du comité. J'aimerais parler de l'article 2, et plus précisément des titres comme celui de vérificateur général. On n'a pas écrit « vérificatrice générale ». On a déjà discuté de cette différence. Je suis la mère d'une jeune fille de 15 ans, et j'espère qu'il y aura toujours de la place pour les jeunes femmes dans la fonction publique et qu'elles auront toujours la possibilité d'être des agentes du Parlement. Or, j'ai entendu dire que le choix des mots dans les versions françaises des projets de loi était très important. En fait, sur le site Web du ministère de la Justice du Canada, une note mentionne que la désexualisation de notre langue dans un projet de loi est très importante.
J'aimerais avoir votre opinion à ce sujet, car notre pays inclut tout le monde.
Monsieur le président, on a vu au cours des débats que les gens du côté gouvernemental avaient un problème relativement aux mots « sans l'aide d'un interprète ». Nous avons ici un amendement en vertu duquel ils veulent retirer ces mots et changer l'article 2. Ils veulent aussi enlever les mots « la capacité de s'exprimer clairement ». Je pensais qu'ils allaient laisser au moins cela.
Nous avons entendu des témoignages de gens de la FCFA, du QCGN, qui représente les minorités anglophones du Québec, et, surtout, du commissaire aux langues officielles. Celui-ci a dit qu'il ne voudrait pas devoir être accompagné d'un interprète lors d'une réunion.
Les gens du gouvernement ont parlé de la lettre provenant de l'Association des sourds du Canada. Nous l'avons reçue également. Nous avons aussi demandé une interprétation, et j'ai été heureux de voir, dans la réponse que nous avons obtenue, qu'une distinction était faite entre « interprète » et « traducteur ». Quand on parle d'un traducteur, il s'agit vraiment de documents, de textes.
Je me rappelle que dans le passé, quand nous assistions à des conventions où il y avait des interprètes, chaque fois que nous utilisions le mot « traducteurs », ils venaient nous voir pendant une pause pour nous dire, sans méchanceté, qu'ils étaient des interprètes et non des traducteurs, c'est-à-dire qu'ils intervenaient entre des personnes et non sur des textes. Même le commissaire a précisé que les traducteurs travaillaient à des textes tandis que les interprètes interprétaient les propos émis par des personnes.
Cette question a inquiété le groupe qui vous a envoyé la lettre, monsieur le président. Je ne pense pas que ça change les choses, mais il reste que ce serait clair. Les agents du Parlement ne vont pas commencer à se déplacer avec un interprète. Si on a cette loi, c'est que l'agent du Parlement est certainement assez bilingue pour discuter, parler couramment, se faire comprendre et comprendre les autres.
Compte tenu de tout ce que nous avons entendu, j'aimerais que M. Gourde nous explique ce qui cause problème au gouvernement, à ce sujet.
J'ai sous les yeux la Loi sur les langues officielles. Voici ce que prévoit l'article 16:
Il incombe aux tribunaux fédéraux autres que la Cour suprême du Canada de veiller à ce que celui qui entend l'affaire:
a) comprenne l'anglais sans l'aide d'un interprète lorsque les parties ont opté pour que l'affaire ait lieu en anglais;
On dit ensuite la même chose pour le français au paragraphe b).
C'est donc déjà prévu dans la Loi sur les langues officielles. Votre exemple est un peu étrange. Je suis désolé, mais il m'arrive même en anglais de devoir demander à quelqu'un ce que signifie un terme ou comment il comprend telle ou telle chose. Dans le texte d'une loi, la différence entre « le » et « un », ou entre « et » et « ou » peut être énorme, surtout pour un avocat devant le tribunal.
Au fait, vous ne parlez pas du tout d'interprétation pour la compréhension d'une langue. Il est question plutôt ici de l'interprétation juridique d'un terme.
Le but visé par ce projet de loi, comme le commissaire en a convenu lorsque je lui ai proposé mon exemple, est de s'assurer que si le vérificateur général, par exemple, se rend au Québec pour mener une étude ou effectuer des travaux et que des gens s'adressent à lui en anglais ou en français, il sera capable non seulement de leur répondre dans leur langue, mais de bien comprendre ce qu'ils lui disent. C'est l'objectif visé.
Je ne vois pas très bien en quoi... C'est comme si vous compariez des pommes et des oranges. Je ne sais pas si vous pourriez mieux nous expliquer.
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Je veux poursuivre un peu dans la même veine. En fait, on demande de rendre plus flexible un projet de loi qui défend un des principes fondamentaux de notre pays: le bilinguisme.
On a vu ce qu'a donné la flexibilité. On a un vérificateur général unilingue anglophone qui, présentement, ne pourrait pas répondre à mes questions. M. Fraser a mentionné tout à l'heure qu'il avait parfois recours à l'aide de quelqu'un pour clarifier un terme. Il n'a pas perdu son poste pour autant, même qu'on vient de renouveler son mandat. Alors, je ne pense pas qu'il y ait un problème majeur de ce côté.
Je veux mentionner un autre problème. Mon collègue vient de nous lire un extrait de la Loi sur les langues officielles. Quand je lis l'amendement proposé, je constate qu'il est en train de diluer ce qui est écrit là-dedans. On perd la continuité qui existe dans notre façon de défendre et de promouvoir le bilinguisme.
Quelle loi va avoir préséance si on se retrouve avec un autre cas comme celui du vérificateur général? Dans ce cas, on a usé de flexibilité et on s'est retrouvé avec quelqu'un qui est capable de prononcer un mot sur deux dans la deuxième langue.
Ici, l'amendement n'est pas clair. Il ne traite pas du tout de la qualité des capacités. On est vraiment en train de diluer l'objectif qu'on cherche à atteindre. Je ne comprends pas pourquoi on voudrait se laisser des loopholes — j'ai utilisé un mot anglais; j'espère que vous ne douterez pas de la qualité de mon français. On est en train d'ajouter dans le projet de loi des échappatoires qui risquent de nous poser encore des problèmes comme celui qu'on a connu avec le vérificateur général.
Donc, si le gouvernement a vraiment une volonté de promouvoir les langues officielles et d'éviter une situation comme celle qu'on a vue avec le vérificateur général, je ne comprends pas pourquoi on devrait diluer ce qui est déjà clairement exprimé dans la Loi sur les langues officielles et qui fonctionne déjà très bien.
Avant le vérificateur général unilingue, on pensait que c'était suffisant. Là, on est obligé de présenter un projet de loi pour régler des problèmes qu'on a vus. Et on tenterait de le diluer d'une façon qui n'est pas conforme à la Loi sur les langues officielles? J'aimerais qu'on m'explique le raisonnement derrière ça, parce que je ne comprends pas du tout.
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Monsieur le président, j'ai un commentaire à faire, mais les députés du gouvernement ne sont pas obligés d'y répondre.
On parle ici de retirer les mots suivants: « Le gouverneur en conseil peut, par décret, ajouter des postes à la liste de l’article 2. » Selon l'information qu'on m'a fournie, c'est le gouverneur en conseil qui a toujours été chargé de cette responsabilité dans le cas des agents du Parlement, notamment. Par la suite, c'est approuvé par le Parlement. Je ne vois pas la nécessité de retirer cet article. Je pense qu'il permet de rendre les choses claires.
Les gens du gouvernement veulent peut-être la retirer pour une seule raison, à savoir que dans l'éventualité où ils ne formeraient pas le prochain gouvernement, ils voudraient éviter que des personnes soient nommées à ces postes sans la permission du Parlement ou du Sénat, lequel détient une majorité conservatrice. Ils veulent peut-être bloquer les choses au cas où le prochain gouvernement voudrait nommer des agents du Parlement.
Les agents du Parlement ne sont pas nommés à la légère. Leur candidature est débattue. Nous avons pu constater qu'il y avait même des discussions entre le premier ministre et les chefs de l'opposition. J'aimerais que les gens du gouvernement m'expliquent pourquoi le gouverneur en conseil ne pourrait pas, par décret, nommer un agent du Parlement. Ça s'est toujours fait de cette façon.
C'est peut-être qu'ils veulent paralyser le prochain gouvernement. D'habitude, ce n'est pas ce que les conservateurs cherchent à faire. Ils veulent toujours que le gouvernement ait du pouvoir, mais dans ce cas-ci, c'est-à-dire celui des langues officielles, ce n'est pas ce qu'ils recherchent. Ce n'est pas comme si c'était n'importe quoi. Ils sont prêts à nous donner, au Parlement, du pouvoir sur tout, mais dans le cas des langues officielles, ils veulent enlever au gouvernement le pouvoir de faire les choses qui seraient normalement demandées par le public.
Pour ces raisons, je ne peux pas appuyer l'amendement visant à retirer l'article 3, c'est-à-dire les mots suivants: « Le gouverneur en conseil peut, par décret, ajouter des postes à la liste de l’article 2. » On parle ici de les ajouter, et non de les retirer. On ne demande pas de retirer ce qui figure à l'article 2. Ceux qui sont en faveur de la loi doivent savoir qu'elle va continuer à s'appliquer. On ne peut pas retirer des gens, mais on peut en ajouter qui sont bilingues. Comment pourrait-on empêcher un gouvernement d'ajouter à la liste des gens bilingues pour représenter les Canadiens et les Canadiennes alors que le pays est bilingue depuis 43 ans et qu'il y a deux langues officielles?
Pour ces raisons, je ne peux pas appuyer l'amendement, monsieur le président.
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Monsieur le président, pour ce qui est de l'article 4, je pense que cela a été clair. On ne peut pas nommer par intérim une personne qui ne correspond pas à ce que la loi stipule. Le commissaire a été clair là-dessus, il n'y a pas eu d'ambiguïté. D'autres vont peut-être dire que cela peut se passer de telle ou telle manière. Non, non. On ne remplace pas un avocat par quelqu'un qui n'est pas avocat. On ne remplace pas une personne qui occupe tel poste par une personne qui n'est pas qualifiée. Là-dessus, il a été clair.
La FCFA a été claire: la personne est qualifiée ou elle ne l'est pas. Les représentants du QCGN, qui parlent au nom des anglophones du Québec, ont été clairs. La question leur a été posée et ils ont été très clairs. Tous les témoins ont été clairs. On ne fait pas cela à moitié: soit on est qualifié, soit on ne l'est pas.
Pour ce qui est de cet article, monsieur le président, je ne peux pas comprendre comment le gouvernement peut même oser vouloir demander d'enlever cette condition pour les personnes qui remplissent un poste par intérim. Les gens ne devraient pas souffrir d'un manque de bilinguisme même pour une période de temps. Je ne peux pas croire que le gouvernement, qui se dit si intéressé par le bilinguisme, l'exige des titulaires d'une dizaine de poste, mais accepte qu'on s'en passe pendant six mois. Voyons donc.
Dans ces emplois, le second in command, comme on le dit en anglais, est bilingue. C'est une personne qui...
On va terminer là-dessus, monsieur le président, même si je n'ai pas fini. On sera obligé d'y revenir jeudi.