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Madame la Présidente, il y a quelques semaines à peine, le gouvernement disait dans le discours du Trône que les emplois et la croissance demeuraient ses deux grandes priorités. Nous soulignions du même souffle que la reprise économique mondiale demeurait fragile et que le pays n'était pas à l'abri d'une rechute.
Après plusieurs mois de négociation et de médiation, le conflit de travail entre Postes Canada et plus de 50 000 employés représentés par l'unité urbaine du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a donné lieu à un arrêt de travail, une situation qui pourrait compromettre la prospérité économique du Canada si elle devait perdurer.
Les Canadiens ont confié un mandat fort au gouvernement: mener à bien la reprise économique du pays. Je suis donc d'avis que le gouvernement du Canada doit prendre des mesures décisives dès maintenant, c'est-à-dire avant que l'économie n'en souffre trop.
Le gouvernement présente donc le projet de loi . Les mesures qu'elle renferme visent à remédier à la situation extraordinaire dans laquelle se trouvent les familles, les entreprises et les travailleurs canadiens.
Pour bien des Canadiens, Postes Canada demeure le moyen par excellence de garder le contact avec leurs concitoyens, même dans l'ère numérique dans laquelle nous vivons. Postes Canada joue également un rôle essentiel auprès des PME de partout au pays. Nous avons besoins de services postaux fiables pour mettre de l'argent dans les poches des familles canadiennes et des citoyens dans le besoin. C'est également la fiabilité des services postaux qui fait que l'on sait si nos factures seront reçues et payées à temps et si nos colis parviendront à destination.
Comme on peut le voir, l'enjeu déborde largement la seule distribution du courrier ou la qualité des relations de travail entre Postes Canada et ses syndiqués. À cause de ce conflit, dont les origines remontent à loin, c'est aujourd'hui la fragile reprise économique canadienne qui est en jeu. Et non seulement les Canadiens ne sont pas prêts à prendre ce risque, mais ce n'est même pas un risque qu'ils devraient être appelés à prendre. Les Canadiens comptent sur le gouvernement du Canada pour agir; voilà pourquoi nous présentons cette mesure législative.
Je vais prendre quelques minutes pour expliquer l'objet de ce projet de loi, ainsi que les risques économiques que l'arrêt de travail que l'on sait pourrait poser. Je vais ensuite illustrer pourquoi il faut que nous agissions sans plus attendre.
Cette mesure prévoit la reprise et le maintien des services de Postes Canada. Elle mettrait fin à l'incertitude croissante qui pèse sur ce différend depuis maintenant plusieurs mois. Qui plus est, cette mesure imposerait un contrat de quatre ans et accorderait les nouvelles augmentations des taux de salaire suivantes: 1,75 p. 100 à compter du 1er février 2011, 1,5 p. 100 à compter de février 2012, 2 p. 100 à compter de février 2013 et 2 p. 100 à compter de février 2014. Elle contient également une partie sur le choix de l'offre finale, mécanisme contraignant permettant de régler toutes les questions en suspens.
De surcroît, pour choisir l'offre finale à retenir, l'arbitre se fonde sur la nécessité de conditions de travail qui sont compatibles avec celles de secteurs postaux comparables et qui fourniront à la Société canadienne des postes la souplesse nécessaire à sa viabilité économique et sa compétitivité à court et à long terme, au maintien de la santé et de la sécurité de ses travailleurs et à la viabilité de son régime de pension.
Ces conditions de travail doivent également tenir compte des facteurs suivants: premièrement, la nouvelle convention collective ne doit pas directement entraîner la diminution du ratio de solvabilité du régime de pension; et deuxièmement, la Société canadienne des postes se doit, sans recours à des hausses indues de tarifs postaux, d'être efficace, d'accroître sa productivité et de respecter des normes de services acceptables. Il s'agit d'une approche décisive envers la résolution de ce conflit de travail. Bien que les mesures proposées ne constituent pas une solution idéale au conflit, elles sont nécessaires à la protection des familles, des entreprises, des aînés et des travailleurs au Canada.
Certaines personnes pensent qu'on devrait attendre, qu'on devrait laisser aboutir les négociations collectives, peu importe le temps que cela prendra; ce serait malavisé. Le risque que la situation représente pour notre économie est trop grand, on ne peut se le cacher. Comme les négociations entre le STTP et l'employeur ont échoué, la situation nationale s'annonce potentiellement grave. Exprimons clairement l'incidence de ce conflit de travail à Postes Canada.
Une partie intégrante de ce qui permet au Canada de fonctionner et à de nombreux citoyens de recevoir leur argent est en train de s'arrêter complètement. Demandez aux propriétaires de PME qui facturent leurs clients et se font payer par la poste. Demandez aux entreprises qui se fient à la poste pour envoyer les états de compte, traiter les commandes et recevoir les paiements. Demandez aux éditeurs et aux spécialistes du marketing direct du Canada, dont le gagne-pain dépend de la poste. Demandez aux contribuables qui attendent leurs remboursements d'impôt et de TVH. Demandez aux citoyens du Grand Nord qui dépendent de la poste pour recevoir des produits essentiels comme les verres correcteurs, les produits dentaires, les médicaments et les documents juridiques et qui font encore leurs paiements par la poste.
Les citoyens canadiens ne peuvent pas se permettre d'attendre. Ils ne devraient certainement pas avoir à endurer les effets d'un conflit de travail où les deux parties ne semblent pas du tout près de s'entendre.
Le 17 juin, la ministre a reçu au total 1 800 lettres et courriels, dont 1 027 demandaient une loi imposant le retour au travail: 692 citoyens canadiens, 328 entreprises et 7 organisations caritatives. Le reste du courrier provenait de 561 employés et de 212 citoyens manifestant des objections.
Voici ce qu'en pense l'Institut national canadien pour les aveugles:
Puisque 70 p. 100 de notre financement provient de dons et que la moitié des dons nous arrivent par la poste, l'Institut national canadien pour les aveugles fait face à l'éventualité d'une perte estimée à 250 000 $ en financement essentiel, pour cette période de l'année.
Cet organisme a également dû faire une dépense de 30 000 $ en frais imprévus parce qu'il a dû communiquer un plan d'urgence à ses clients, à ses donateurs et aux utilisateurs de sa bibliothèque.
Une entreprise qui vend des systèmes intégrés d'envoi postal et de gestion des documents demande une intervention rapide du gouvernement pour garantir la fiabilité des services de Postes Canada parce qu'elle les considère comme essentiels.
De nombreux Canadiens commencent à se rendre compte des répercussions d'un arrêt de travail et demandent au gouvernement d'intervenir pour que le service postal reprenne.
Le dernier arrêt de travail à Postes Canada remonte à il y a près de 14 ans. Les données sont éloquentes: un arrêt de travail pourrait entraîner des pertes de 9 à 31 millions de dollars par semaine pour notre économie. L'arrêt de travail à Postes Canada aura selon toute vraisemblance des répercussions incommensurables sur notre économie.
Chaque jour d'arrêt de travail pourrait occasionner une baisse du produit intérieur brut du Canada pouvant atteindre jusqu'à 0,21 p. 100. Cela signifie chaque jour un nombre croissant d'emplois à risque, une perte supplémentaire de productivité, plus de difficultés pour les entreprises et plus d'incertitude pour les consommateurs.
Tous les autres moyens ont été utilisés pour aider les parties à parvenir à une résolution complète et durable du conflit. Le Parlement doit faire ce qui est juste et intervenir.
Les parties ont tenu des négociations collectives directes d'octobre 2010 à janvier 2011. Devant l'impasse, un conciliateur a été nommé. La période de conciliation s'est prolongée jusqu'au début mai et a comporté d'autres rencontres entre les parties en présence du conciliateur. Pendant tout le mois de mai, un médiateur du Service fédéral de médiation et de conciliation du Programme du travail s'est entretenu fréquemment avec les parties.
Malheureusement, malgré tous ces efforts, aucune entente n'a encore été conclue entre les parties.
Bien que la meilleure solution aurait sans doute été celle convenue entre les parties, nous devons faire ce qu'il faut pour protéger la reprise économique ainsi que les familles, les travailleurs et les entreprises du Canada. Nous devons intervenir maintenant pour que les affaires du Canada continuent sur leur lancée. Voilà ce que propose le projet de loi.
J'espère sincèrement que tous les députés se joindront à moi en accordant au projet de loi l'appui qu'il mérite et en assumant notre responsabilité collective envers les Canadiens.
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Madame la Présidente, je suis content de prendre la parole dans ce débat, mais dans les circonstances, ce n'est certainement pas dans le plaisir, vu les crises actuelles.
J'ai écouté la secrétaire parlementaire du ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences. Je lui ai demandé pourquoi le gouvernement, dans son projet de loi, prévoit une augmentation de salaire de 1,75 p. 100, ce qui est inférieur à ce qu'avait offert Postes Canada, soit 1,9 p. 100. Maintenant, elle invite les parties à retourner à la table de négociation pour en venir à une entente sur la convention collective, à défaut de quoi le gouvernement va adopter un projet de loi. Sur quelle planète vit-on? Postes Canada se dit que s'il n'y a pas d'entente, il n'aura pas besoin de donner une augmentation salariale de 1,9 p. 100, puisque le gouvernement va légiférer pour la fixer à 1,7 p. 100. Y a-t-il de la négociation? En réalité, le gouvernement vient d'enlever toute possibilité de négociation. Avec le projet de loi qu'il propose, il s'ingère directement dans la négociation plutôt que de trouver un mécanisme de négociation.
Je comprends qu'il y a des gens qui ont besoin des services de Postes Canada, que ça fait mal aux petites et moyennes entreprises. Je suis sensible à cela et je reçois des appels en ce sens. Mais il faut savoir ce qui s'est passé. La négociation était en cours, mais la secrétaire parlementaire dit que cela a pris trop de temps. Or parfois, ça prend du temps, pour en venir à une entente. C'est ça, la négociation. Le jour où les deux parties en arrivent à une entente, il en résulte des meilleures relations de travail que si le gouvernement force les choses en adoptant une loi. Ce n'est pas le rôle du gouvernement. Aujourd'hui, disons-le clairement, plusieurs croient que les syndicats ne devraient pas exister. J'invite ces gens à aller dans les pays où il n'y a pas de syndicats, où les gens sont payés au salaire minimum, qui n'est même pas celui du Canada. C'est de l'esclavage qu'il y a, dans ces pays. Est-ce ce que le gouvernement veut?
Ce projet de loi pour forcer le retour au travail est un manque de respect envers les hommes et les femmes qui travaillent, qui ont eu la chance de se syndiquer en vertu d'une loi du Canada. C'est un droit de se syndiquer. Le gouvernement conservateur enlève ce droit aujourd'hui. Il l'a fait la semaine dernière avec Air Canada, après seulement une journée de grève. Il a donné comme excuse la relance économique en disant qu'il avait reçu un mandat fort des Canadiens et des Canadiennes de faire tout ce qu'il veut.
Oui, ils ont obtenu un mandat majoritaire ici, à la Chambre des communes, mais dans le reste du pays, ils ne l'ont pas obtenu. Seuls 40 p. 100 des Canadiens ont dit vouloir être gouvernés par le gouvernement conservateur. Je crois même que c'était 39,9 p. 100 ou 39,8 p. 100. C'est 39 p. 100 ou 40 p. 100 de 61 p. 100 des électeurs. Ce n'est même pas 100 p. 100 des électeurs; c'est un petit 40 p. 100. À l'époque où il n'y avait pas de syndicats, les gens descendaient dans la rue pour améliorer leur sort. Les travailleurs et les travailleuses étaient obligés d'aller dans la rue. Il y a eu des batailles dans la rue, du sang a coulé et des gens ont perdu la vie pour améliorer le sort de leur famille et pour avoir le droit à la négociation libre.
Qu'est-il arrivé? Le gouvernement a dit qu'il fallait que cela cesse. Il allait adopter des lois, accepter que les travailleurs se syndiquent et négocient des conventions collectives. Le gouvernement a dit qu'il allait leur donner le droit légal de déclencher une grève. Cela a empêché tous ces bains de sang dans la rue. C'est ce qui est arrivé.
Veut-on retourner en arrière? Le gouvernement conservateur veut-il qu'on retourne en arrière? Postes Canada n'était pas en faillite. Poste Canada a fait 281 millions de dollars de profit. Le dernier rapport financier de Postes Canada est en retard de deux mois. J'aimerais voir les chiffres actuels. J'aimerais qu'on nous les donne. Postes Canada a peut-être fait plus que 281 millions de dollars de profit.
À un moment donné, les employés de Postes Canada ont décidé de déclencher des grèves rotatives. Les employés de Montréal sont allés en grève pendant une journée tandis que ceux de Toronto, Vancouver, Bathurst et Halifax, par exemple, étaient en grève une journée à tour de rôle.
De plus, Postes Canada a décidé de livrer le courrier seulement trois jours par semaine. La a dit publiquement aux nouvelles hier que pendant la période où les employés ont travaillé trois jours par semaine ou fait une grève rotative, elle n'a pas reçu de commentaires des Canadiens et des Canadiennes. Elle a peut-être reçu seulement 30 courriels à ce sujet. Il n'y avait pas de problème.
Que voulait le gouvernement? Si les employés ne veulent pas faire la grève générale, Postes Canada, une société d'État, a riposté par un lock-out. Une fois le lock-out imposé, le gouvernement prendra la décision de retourner les employés au travail et décidera de leur enlever des avantages sociaux. Le gouvernement le prouve maintenant avec ce projet de loi.
Qu'ont dit les employés de Postes Canada et le Syndicat des postiers du Canada? Ils ont dit au gouvernement et à Postes Canada de remettre en vigueur leur ancienne convention collective et de la respecter. Ils ont demandé que l'assurance-maladie soit remise en place et indiqué qu'ils retourneront à la table de négociations sans faire de grèves rotatives. Ils ont demandé de rappeler tous les travailleurs au travail. Postes Canada a refusé. Je suis moi-même allé voir la pour lui demander pourquoi on ne disait pas à la société d'État de faire seulement cela, soit de retourner à la table de négociations pour essayer de régler le conflit entre les deux parties et d'en venir à avoir une convention collective.
Le gouvernement a refusé de dire à Postes Canada, une société d'État, de retourner à la table de négociations et de respecter la convention collective. La raison est-elle que le gouvernement ne veut pas s'ingérer dans une société d'État? Pourtant, au même moment, on dépose un projet de loi et on frappe sur les travailleurs et les travailleuses.
Qu'est-ce que cela veut dire pour les autres travailleurs et travailleuses non syndiqués qui n'appuient pas ce qui est en train de sa passer ici? Pensons-y bien. S'il n'y avait pas de syndicat au Canada, si du jour au lendemain il n'y en avait pas, peut-on juste imaginer les abus qui se produiraient? Y a-t-on seulement pensé? Ce n'est pas pour enlever le droit de recevoir du courrier, car les postiers étaient prêts à retourner au travail si on respectait leur ancienne convention collective.
Je tiens toujours à rappeler qu'il y aurait pu y avoir une entente pour que les Canadiennes et Canadiennes ainsi que les petites et moyennes entreprises puissent recevoir leur courrier.
Je me rappelle, en tant qu'ancien mineur, qu'alors que je travaillais à la mine Brunswick en 1976, en 18 mois, six personnes ont été tuées sous terre. Je me rappelle de ce qu'on a pu faire avec le syndicat: changer les lois du pays pour s'assurer que les familles d'hommes et de femmes mineurs qui se lèvent le matin et qui vont travailler ont le droit de les revoir chez eux le soir, et pour s'assurer d'avoir des meilleures conditions de travail afin de ne pas se faire tuer.
Rappelons-nous de ce qui est survenu à la mine Westray en Nouvelle-Écosse, quand 26 mineurs de la mine se sont fait tuer. Aujourd'hui, il y en a toujours 11 sous terre. La compagne a violé toutes les lois sur la santé et la sécurité. Finalement, même quand la mine a fermé, les employés se sont syndiqués avec le syndicat des Métallos. Ils se sont battus en amenant des projets de loi ici à la Chambre des communes, parce que dans la loi, le gouvernement ou la justice ne pouvait même pas amener les présidents de compagnies qui n'étaient pas en Nouvelle-Écosse devant la justice pour avoir manqué à leurs obligations sur la santé et la sécurité. On a appelé cela le projet de loi Westray, pour qu'ils fassent maintenant face à la justice. Mais si le syndicat ne s'était pas battu pour la santé et la sécurité des mineurs, on n'aurait pas cette loi dont jouit aujourd'hui chaque travailleur et chaque travailleuse au Canada.
[Traduction]
Je sais bien que les Canadiens ont besoin de leur courrier. Nous le comprenons. Les travailleurs des postes le comprennent. Ce sont des professionnels.
Nous voyons les employés de Postes Canada livrer notre courrier. Ces gens sont des professionnels. Ils travaillent dur. Il faut simplement réaliser dans quelles conditions ils doivent travailler. Pendant les journées torrides de l’été, ils sont à l’extérieur avec leurs sacs pour livrer notre courrier. Même pendant les tempêtes hivernales, ces gens livrent notre courrier à domicile. Nous devons respecter ces hommes et ces femmes qui travaillent dur pour nous. Ils méritent un régime de pension. La nouvelle génération mérite les avantages pour lesquels nos parents et leurs parents ont lutté.
Le gouvernement n’aurait pas dû présenter un projet de loi pour retirer aux travailleurs leurs droits, leurs régimes de pension ou leurs prestations de santé. Le gouvernement n’a pas d’affaire à agir ainsi ou même à intervenir comme il l'a fait.
La Société canadienne des postes était déjà disposée à accorder une augmentation de salaire de 1,9 p. 100 à ses employés, mais, dans le projet de loi , le gouvernement conservateur ramène cette augmentation à 1,75 p. 100. Le gouvernement dit ainsi aux employés des postes que s’ils n’acceptent pas cette augmentation, ils n’ont qu’à retourner à la table pour négocier un contrat de travail. Comment le gouvernement peut-il bien s’attendre à ce que Postes Canada revienne à la table de négociation pour négocier un contrat alors que le gouvernement conservateur de ce pays en imposera un qui sera encore plus avantageux pour cette société?
J’ignore ce qui cloche du côté du gouvernement conservateur. Pourquoi déteste-t-il autant les travailleurs? Pourquoi s’en prend-il ainsi aux travailleurs en présentant ce projet de loi? Pourquoi affirme-t-il que la convention collective des employés des postes devrait être comparée à celles des autres secteurs? Je suis peut-être un extra-terrestre, mais je croyais que la Société canadienne des postes était la seule entreprise au pays à livrer leur courrier aux Canadiens. À quoi Postes Canada sera-t-elle comparée? Au service postal aux États-Unis? Au Mexique? La comparera-t-on au service postal au Brésil? Quelle comparaison fera l’arbitre?
Si le gouvernement a foi dans les travailleurs, s’il les respecte, pourquoi ne trouve-t-on pas un seul petit paragraphe dans le projet de loi qui prenne le parti des travailleurs? Il n’y a pas un seul paragraphe du projet de loi où le gouvernement prend le parti des travailleurs.
D'autres travailleurs pourraient bien subir le même sort. Aujourd’hui, c’est au tour de Postes Canada. Demain, ce sera le tour de quelqu’un d’autre, peut-être même dans le secteur privé. Je dis cela parce que, la semaine dernière, le gouvernement est intervenu de la même manière dans le dossier Air Canada. Les autres travailleurs n’ont qu’à bien se tenir, car la même chose leur arrivera. Un de ces jours, la population en aura ras le bol.
Le gouvernement cherche à économiser, mais pour quoi faire? Il accorde d'importants allégements fiscaux aux grandes entreprises. Pensons seulement à Air Canada. Le président-directeur général de la société s'est versé 7 millions de dollars et touchera une pension de 350 000 $ à son départ. Il ne voit aucun problème à cela. Les banques ont réalisé des profits de 20 milliards de dollars et ont accordé 11 milliards de dollars en bonus. Or, les conservateurs leur ont accordé un allégement fiscal. Ils voudraient donner encore plus de cadeaux à leurs bons amis, mais ils manquent d'argent.
Pour ma part, je respecte les travailleurs. Le gouvernement devrait tout simplement se retirer des négociations. Il devrait prévoir un cadre de négociation, puis inviter les parties à retourner à la table de négociations et à respecter l'ancienne convention collective pour arriver à une entente. Toutefois, le gouvernement ne semble pas être de cet avis. Il établira une convention et fera en sorte que les partis ne négocient pas. Il « s'occupera » ainsi des travailleurs en se servant de la reprise économique comme prétexte.
Pourquoi les conservateurs feront-ils cela? Parce qu'ils ne sont pas les bons amis des travailleurs et des travailleuses qui contribuent chaque jour à bâtir le Canada, mais plutôt des grandes entreprises. Ces travailleurs et ces travailleuses ont le droit de toucher une pension de retraite et de vivre convenablement. Ils ont droit à cela. Ils ont gagné leur régime de pension et leurs prestations.
Les conservateurs devraient avoir honte. Oui, ils ont obtenu l'appui des Canadiens. Oui, ils forment un gouvernement majoritaire.
Toutefois, les conservateurs ont-ils déjà dit aux travailleurs ce qu'ils comptaient faire d'eux après leur élection? Précisaient-ils dans leur programme qu'ils prévoyaient imposer des conditions de travail moindres que ce que leur employeur leur aurait accordé? L'ont-ils dit? Pas selon le syndicat. Les conservateurs n'agissent pas de bonne foi.
Il faut tout simplement donner aux gens la possibilité de négocier librement et prévoir le cadre de négociation nécessaire. C'est la bonne chose à faire.
[Français]
La manière d'agir du gouvernement est honteuse. Il est en train de créer un précédent que tout le monde va payer cher. Je vais le dire et je vais le répéter encore: je ne comprends pas pourquoi le gouvernement conservateur hait autant les travailleurs et les travailleuses ni pourquoi il frappe sur eux avec tel un projet de loi. Il est à souhaiter que, dans les prochains jours, le gouvernement recevra des motions d'amendement, reconnaîtra l'ouvrage des travailleurs et des travailleuses et sera capable de trouver des solutions.
:
Madame la Présidente, c’est avec plaisir que je participe au débat après avoir écouté les propos de la députée de , à qui nous souhaitons tous la bienvenue à la Chambre, ainsi que ceux de mon collègue et ami d’, qui a fait un discours particulièrement éloquent et convaincant à la Chambre ce matin.
Lorsqu’on examine le projet de loi et qu’on écoute le débat, il est difficile de ne pas trouver quelque peu absurde d’entendre le gouvernement se présenter comme le seul capable de sauver les Canadiens du chaos. Il dit que sans ce projet de loi, l’économie canadienne serait immédiatement terrassée, que la reprise fragile de l’économie, pour reprendre l’expression que les conservateurs ne cessent de répéter, serait réduite à néant. Le gouvernement prétend que seul ce projet de loi qui protège les pensionnés, les travailleurs, les organismes de bienfaisance et toutes les institutions si importantes pour le pays apporterait cette protection.
Tel est la pièce de théâtre morale que l’on joue d’un côté. Pour faire face à la situation, les conservateurs ont présenté une loi de retour au travail, mais c’est une loi différente des autres.
Pour la gouverne de mes amis à la Chambre, et surtout mes amis du Nouveau Parti démocratique, je ne pense pas qu’il y ait un seul gouvernement, au niveau fédéral ou provincial, quelle que soit sa couleur politique, qui n’ait pas eu, à un moment donné, à présenter une loi de retour au travail pour protéger l’intérêt public. Je n’ai jamais entendu les députés du NPD dire, dans l’opposition, qu’ils envisageraient de le faire, mais je peux leur assurer qu’au niveau provincial, les gouvernements néo-démocrates de la Saskatchewan, du Manitoba et de la Colombie-Britannique ont dû parfois faire adopter des lois de retour au travail.
Ce n’est pas le péché capital dont nous parlons ici. Aucun gouvernement du pays ne peut laisser de côté l’intérêt public qu’il est impossible de négliger. Tout parti qui aspire à former le gouvernement reconnaîtra que ce n’est pas la loi ordonnant la reprise du travail qui constitue un péché capital, mais la façon dont cela se fait.
C’est à ce niveau-là que le gouvernement s’est laissé emporter par son idéologie en créant une loi contraire à l’obligation de traiter avec justice et équité les travailleurs visés par une loi ordonnant la reprise du travail. N’oublions pas les principes fondamentaux. Le droit de se syndiquer, de négocier collectivement et de faire la grève est un droit qui est maintenant, grâce à la Cour suprême du Canada, protégé par la Constitution de notre pays. Il est reconnu comme un élément fondamental de la vie dans une société démocratique.
[Français]
Le droit de négocier collectivement, de s'organiser dans un syndicat et de pouvoir aller en grève de façon légale est un droit constitutionnel. Ce droit doit être reconnu. Or, à cause d'un intérêt public plus grand que ce droit-là ou à cause d'une urgence publique, le gouvernement peut décider qu'il a le droit de faire ce qu'il est en train de faire. Toutefois, si le gouvernement exerce ce droit, il est de son devoir de protéger l'intérêt public. Nous, en tant que libéraux, nous reconnaissons que ce droit existe dans chaque gouvernement démocratique. Mais ce droit doit être exercé de façon intelligente, tout à fait respectueuse des droits des individus et des droits des collectivités.
[Traduction]
Si le gouvernement supprime le droit à la négociation collective, il doit le faire avec prudence. Il doit reconnaître que c’est contraire à un droit constitutionnel important et qu’on ne peut pas procéder n’importe comment.
Mes collègues d’en face écoutent attentivement chacune de mes paroles, même si c’est parfois difficile à dire. Je peux les voir hocher la tête de temps à autre. Toutefois, quand ce droit est exercé, il doit être exercé avec prudence.
Dans ce cas-ci, il n’a pas été exercé avec prudence, même si nous reconnaissons, de ce côté-ci, que la loi sera appréciée du public qui est mécontent de l’arrêt de travail et qui désire vivement la reprise du service. Les gens veulent leur service postal. Nous le comprenons. Tout le monde le comprend. Nous comprenons qu’il s’agit d’un inconvénient pour le public et que, comme le secrétaire parlementaire l’a fort justement souligné, cela fait également perdre de l’argent à beaucoup.
Postes Canada perd de l’argent au rythme d’environ 25 millions de dollars par jour. Les travailleurs perdent de l’argent parce qu’ils ne sont pas rémunérés et parce qu’ils n’obtiennent pas leurs avantages sociaux. Nous savons aussi qu’un grand nombre d’entreprises du pays, grandes et petites, d’organismes de bienfaisance et de particuliers perdent de l’argent à cause de ce lock-out. C'est un fait.
Toutefois, quand un gouvernement assume sa responsabilité de protéger l’intérêt public, il doit le faire soigneusement et de façon réfléchie parce que, même si sa mesure plaît à la population, il supprime un droit. Nous savons tous qu’il peut arriver que la suppression de droits reçoive, temporairement et à court terme, l’aval de la population. Je suis parfaitement conscient que, quand nous sortirons d'ici et parlerons aux médias en point de presse, et que nous dirons que nous ne sommes pas favorables à ce projet de loi, bien des Canadiens vont le déplorer en se demandant pourquoi puisque, selon eux, cette mesure est une bonne chose et que les gens vont pouvoir se remettre au travail.
Mais ce n’est pas une bonne chose, et pour des raisons très précises qui se trouvent aux articles 11, 13 et 15 du projet de loi. Je demande aux députés de se reporter à l’article 11 du projet de loi et de suivre avec moi. Mon collègue de Cape Breton en a déjà parlé. Le problème, c'est la façon dont l’arbitre est lié et tenu de respecter ce que le gouvernement a décidé. Quand on supprime le droit de grève, généralement, un arbitre est nommé, et son travail consiste à proposer une solution aussi juste que l’aurait été une convention collective, si les parties étaient parvenues à s’entendre.
Or, dans ce cas, le gouvernement déclare qu’il va nommer un arbitre, mais que l’arbitre devra respecter tous les critères existants dans des secteurs postaux comparables, quels qu’ils soient. Que je sache, il n’existe qu’un seul secteur postal au Canada. Il existe plusieurs entreprises de distribution de courrier qui font concurrence à la Société des postes, mais leur contexte de travail est très différent, comme d’autres l’ont dit. Leur marché est très différent. Ils n’assurent pas un service au grand public, c'est-à-dire à tout le monde, et n’ont pas à assumer des fonctions qu’il est très difficile de rentabiliser. On lit ensuite dans le projet de loi que l'arbitre doit assurer:
[...] à la Société canadienne des postes la souplesse nécessaire à sa viabilité économique et sa compétitivité à court et à long terme, au maintien de la santé et de la sécurité de ses travailleurs et à la viabilité de son régime de pension, compte tenu des éléments suivants:
a) [le] ratio de solvabilité [qui ne doit pas être modifié] [...]
b) la Société canadienne des postes se doit, sans recours à des hausses indues de tarifs postaux, d’être efficace, d’accroître sa productivité et de respecter des normes de service acceptables.
On demande donc à l’arbitre de faire un travail, mais d’une façon très particulière. De plus, il ou elle doit non pas trouver une solution fondée sur son jugement, mais obtenir la meilleure offre finale possible de chacune des deux parties. En fait, nous demandons au syndicat de faire concurrence à l’employeur pour voir qui misera le plus bas ou qui concevra le plan le moins coûteux pouvant mettre fin au conflit.
En même temps, l’article 13 dit qu’il est possible de poursuivre les négociations et de discuter des salaires.
Toutefois, d’après le paragraphe 13(3), tout salaire prévu par la nouvelle convention collective ou calculé conformément à celle-ci qui n'est pas identique au résultat obtenu par l'application de l’article 15, auquel je reviendrai dans un instant, est réputé être celui qui est fixé au titre de cet article.
Pour dire les choses plus simplement, cela signifie que la négociation ne peut pas porter sur l’argent. Par conséquent, on ne peut pas discuter des pensions car il est interdit de toucher d’une façon quelconque au ratio de solvabilité. En pratique, la négociation ne peut porter sur rien d’autre parce que cela risquerait d’influer sur la compétitivité et la productivité d’ensemble de Postes Canada. On ne pourra pas négocier les salaires, qui seront imposés par cette mesure législative.
Ce n’est pas un processus d’arbitrage tel que le définirait un tribunal ou une commission du travail. Ce n’est pas un processus d’arbitrage qui peut se substituer à la négociation collective et à la solution d’un conflit par l’exercice du pouvoir économique brut, qui constitue le fondement de la négociation collective dans nos marchés.
Comme d’autres orateurs l’ont signalé, l’article 15 prévoit d’une façon très précise combien les travailleurs seront autorisés à gagner dans les trois prochaines années, à compter du 31 janvier 2011.
[Français]
Alors, qu'est-ce qu'on a? On n'a pas de système d'arbitrage créé par cette loi qui soit équivalent au processus de négociation dans aucun sens. Il est clair dans toutes les décisions de la Cour suprême du Canada que, si on doit retirer des droits collectifs et des droits de négociation, on doit donner un substitut qui garantisse que les résultats d'un arbitrage seront équivalents du point de vue du processus, et peut-être même du résultat, au processus de négociation.
[Traduction]
Le droit de la Cour suprême est très clair au sujet de la privation du droit de grève, pour quelque raison que ce soit.
Par exemple, dans la plupart des provinces, les agents de police sont privés du droit de grève, de même que les travailleurs des services d’incendie et d’urgence. Dans quelques provinces, les travailleurs des hôpitaux sont également privés du droit de grève. Il s’agit là de services essentiels régis par toutes sortes de lois mises en place pour assurer le maintien des services dispensés au public.
Dans certaines situations, les gouvernements refusent de permettre une grève. Toutefois, dans ces circonstances, ils ont l’obligation légale de mettre en place un processus équivalant à la négociation collective, un processus semblable dans son déroulement et dans ses résultats possibles. Je n’exprime pas là une opinion personnelle, même si elle peut parfois être utile. Il s’agit plutôt du droit constitutionnel de notre pays.
Je dois donc dire au gouvernement que cette mesure législative n’est pas constitutionnelle. Nous ne le saurons probablement avec certitude que dans deux ou trois ans, mais le gouvernement ne peut pas intervenir à ce point dans la négociation collective sans prévoir des moyens équivalents dans leur déroulement et leurs résultats. Or ces moyens sont absents dans le projet de loi à l’étude.
Le gouvernement comprend bien et il veut nous faire participer à une scène de théâtre politique en sachant fort bien que certains députés entreront dans le jeu sans problème. Ils diront que, sur le plan des principes, ils s’opposent à toute ingérence dans le processus de négociation collective. Ils feront durer indéfiniment le débat pour défendre les droits des travailleurs en toutes circonstances, prétendant que la prestation du service ne touche aucunement l’intérêt public, alors que nous savons tous que c’est le cas. Peut-être l’opposition officielle mordra-t-elle à l’hameçon que le gouvernement lui tend.
J’ai écouté toutes les interventions jusqu’à maintenant et ce qui se dit dans l’antichambre au sujet de l’obstruction ad nauseam pour retarder indéfiniment le projet de loi. Les députés se jetteront peut-être devant la masse et feront peut-être tout leur possible pour retarder l’adoption de cette mesure. Je dirais que l’appât a été tendu et qu’il a été gobé. Dommage pour le Canada que nous n’ayons pas une approche pragmatique, pratique, pour trouver une issue au différend.
Notre parti aborde ce débat sans aucun a priori idéologique, sans chercher à prouver aux Canadiens que nous sommes leur seule protection contre le chaos total. Nous n’avons aucune prétention. Nous croyons dans le principe de la négociation collective. C’est un droit important. Nous comprenons également que ce n’est pas un droit absolu. Il arrive parfois que l’exercice de ce droit par l’employeur ou le syndicat puisse causer un préjudice et nuire à la population. Dans ces circonstances, c’est une obligation d’intervenir.
Dans ce cas-ci, la situation est plutôt particulière. L’entreprise, Postes Canada, est très rentable. Soit dit en passant, elle appartient au gouvernement. Celui-ci fait mine de pas savoir ce qu’est Postes Canada. Or, il en est le propriétaire, et il la contrôle.
Je serais étonné que la direction de Postes Canada n’ait pas discuté avec le gouvernement en place de ce qu’elle avait en tête, en matière de négociation collective. Elle sait que si les choses ne se passent pas bien, la Chambre pourrait être rappelée. Aucune direction de Postes Canada se contenterait d’imposer le lock-out et d’attendre de voir ce qui va se passer. Ce n’est pas ainsi que les choses marchent, et ce n’est pas comme cela que fonctionnent les gouvernements que j’ai connus. Lorsque des sociétés d’État sont en cause, on discute plutôt des conséquences.
À quoi ressemblerait la solution possible?
D’abord, le gouvernement pourrait dire à l’employeur, à l’entreprise qu’il possède, que l’idée d’un lock-out ne lui paraît pas très bonne. Et l’entreprise pourrait dire au syndicat que, lorsque le travail reprendra, il n’y aura plus de grèves tournantes.
Avant de commencer à signifier trop fort leur approbation, les députés du Nouveau Parti démocratique voudront peut-être écouter ce que j’ai à ajouter.
Le gouvernement devrait dire qu’il n’y aura plus de grèves tournantes, plus de perturbations du service, qu’il va donner aux parties du temps pour conclure une convention collective. Si elles n’y parviennent pas, il y aura ensuite médiation et arbitrage, ce qui n’aura rien à voir avec le genre de mesure proposée, mais va protéger l’intérêt public. Si, après une longue période, les parties sont incapables de parvenir à un accord, on leur dira de s’entendre sur les points où cela est possible et de renvoyer les autres points à l’arbitrage.
C’est ce qui est arrivé dans le cas d’Air Canada, la semaine dernière.
Une voix: Logique.
L’hon. Bob Rae: C’est une solution parfaitement logique. Elle n’est pas idéale, mais elle ne fait pas primer les intérêts idéologiques d’une partie sur ceux de l’autre.
À mon collègue d’, pour qui j’éprouve un grand respect et même, j’ose le dire, de l’affection, je dirai que, lorsqu’il parle des droits des travailleurs, je suis d’accord avec lui, mais qu’il ne faut pas oublier qu’il nous faut une Société canadienne des postes efficace et rentable. Il faut que cet employeur soit solvable. C’est une bonne idée de préserver ces éléments.
Il ne suffit pas de dire que nous sommes ici pour défendre les intérêts des travailleurs et que nous nous fichons éperdument de la situation de l’employeur ou de l’entreprise. Si vous voulons être justes et raisonnables, nous devons dire que nous voulons protéger les droits des travailleurs et que nous voulons aussi une organisation efficace et rentable qui continue de servir la population et ce, à des coûts raisonnables. Ce sont là des objectifs légitimes.
Je sais que mes collègues du Nouveau Parti démocratique ont les mêmes objectifs. Je souhaiterais juste que, de temps en temps, ils les énoncent plus explicitement pour que les gens comprennent que chaque mesure économique au pays n’a pas à faire l'objet d'une pièce de théâtre morale avec les bons drapés de blanc d’un côté et les méchants drapés de noir de l’autre. Ce n’est pas ainsi que le monde fonctionne.
Les bureaux de poste doivent être rentables et les travailleurs doivent avoir de bonnes conditions de travail. Lorsqu’ils ne peuvent trouver de solution et que cela perturbe le service à la population, le gouvernement doit intervenir, mais pas comme ceci. Ce n’est pas la bonne façon d’intervenir. Cette façon d’intervenir ne peut qu’accroître le malaise et envenimer le conflit à la longue.
Il existe une solution plus sage que celle proposée par le gouvernement. Je ne sais pas si un gouvernement qui fait dans le triomphalisme sera disposé à discuter d’amendements, de modifications ou d’améliorations possibles à la loi. Je n’en ai aucune idée. Toutefois, je dirais aux députés et aux citoyens qui nous écoutent qu’il existe une meilleure solution et que nous, au Parti libéral, entendons bien la trouver.
:
Madame la Présidente, l'arrêt de travail à la Société canadienne des postes est bien entendu très décevant. Notre gouvernement a consacré énormément d'heures et de ressources pour encourager Postes Canada et le STTP à résoudre leurs différends et à parvenir à une entente. Les médiateurs ont passé d'innombrables heures avec les parties en vue de les amener à une forme de consensus et à conclure une entente. C'est justement dans cette optique qu'ils ont été embauchés. Malgré les ressources, les nombreuses heures et les efforts qui ont été consacrés, les parties n'ont pas été en mesure de régler leurs différends et de parvenir à une entente.
Quoi qu'il en soit, dans un conflit de travail, le mieux, c'est si les parties sont capables de résoudre leurs différends elles-mêmes et de parvenir à une entente de leur propre gré. C'est toujours la meilleure marche à suivre. Nous essayons d'encourager cette façon de procéder par tous les moyens possibles en fournissant les fondements, l'atmosphère et la base pour que ce soit le cas.
Dans ce cas-ci, le gouvernement a épuisé toutes les options prévues dans le Code canadien du travail pour amener les parties à négocier et les aider à conclure une entente. Les ressources et les efforts ont été vains. Il est clair à ce stade-ci que les négociations entre les parties sont au point mort et que des mesures décisives s'imposent. Nous avons décidé de prendre ces mesures afin de dénouer l'impasse.
C'est la raison pour laquelle le projet de loi a été présenté. Il est juste et raisonnable. Il constitue un moyen objectif d'amener les parties à régler leur conflit et leurs différends. Dans un cas comme celui-ci, les parlementaires interviennent dans le but de mettre fin à un arrêt de travail qui touche les Canadiens partout au pays.
Qu’il s’agisse de grèves tournantes ou d’un lock-out, cela a des conséquences pour les Canadiens. Nous devons tenir compte non seulement des intérêts des parties, que ce soit l’employeur, Postes Canada ou un ministère et des effets que cela peut avoir sur les employés, ce dont le député d’ a parlé. Néanmoins, une tierce partie est également concernée par ce conflit et il s’agit du Canadien moyen. Cela a d’importantes conséquences pour de nombreux Canadiens. Il faut un moyen de résoudre le conflit, de résoudre les différends entre les parties de façon à ce que cela fasse le moins de tort possible aux parties, aux Canadiens et à l’économie.
Ce qui est en jeu pour le moment, c’est notre reprise économique. Notre pays a de nombreuses raisons d’être optimiste. Nous sommes le pays du G7 qui a connu la plus forte croissance économique depuis le milieu de 2009. Nous avons récupéré d’innombrables emplois depuis juillet 2009. Les choses se présentent bien. Nous allons dans la bonne direction. Nous avons récupéré tous les emplois perdus pendant la récession économique mondiale. Nous devons protéger cette relance.
Pour protéger la reprise économique, il est devenu évident qu’il fallait présenter un projet de loi de retour au travail à la Chambre des communes. Nous devons protéger la durabilité de la reprise économique et faire en sorte que les Canadiens ne subissent pas de torts.
Il y a quelques semaines à peine, notre gouvernement a indiqué, dans le discours du Trône, que nos priorités restent ciblées sur les emplois et la croissance économique. Nous avons également mentionné que la reprise économique mondiale reste fragile et reste exposée à certains risques. C’est une réalité. Telle est la situation actuelle.
Lorsque nous regardons ce que les autres économies font dans le monde et au sud de la frontière, nous savons que tout gain est progressif et doit être sauvegardé et protégé pour que nous ayons l’assurance que notre économie continuera de croître et que les Canadiens continueront d’en bénéficier.
La loi dont nous parlons mettrait un terme à l’arrêt de travail qui touche environ 50 000 membres de l’Unité de l’exploitation postale urbaine du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, autrement connu comme le STTP, et Postes Canada.
La convention collective entre le STTP et Postes Canada a expiré en janvier de cette année et les deux parties négocient depuis octobre 2010. Cela fait un bon nombre de mois. Ce n’est pas comme si nous présentions un projet de loi alors que les parties viennent de commencer à négocier. Elles le font depuis octobre 2010. Elles ont fait de leur mieux pour résoudre les différends entre elles. Elles ont fait de leur mieux pour s’entendre sur certains points, mais elles sont dans l’impasse. Elles ne peuvent pas s’entendre sur ce qu’il reste à faire pour parvenir à une conclusion satisfaisante.
Pendant tous ces mois, les parties ont utilisé les ressources que le Code canadien du travail met à leur disposition. Elles ont eu recours au personnel chargé de les amener à s’entendre. Par conséquent, il est injuste de dire qu’il ne s’est pas écoulé suffisamment de temps pour que les parties puissent négocier, sans causer de tort à elles-mêmes ou à l’économie. À un moment donné, quand les parties sont incapables de résoudre leurs différends, une intervention quelconque s’impose pour sortir de l’impasse.
Je peux dire que lorsque les négociations ont bloqué ou sont tombées dans une impasse, un agent de conciliation a été nommé. La période de conciliation a même été prolongée jusqu’au début mai et, pendant ce temps, l’agent de conciliation a de nouveau rencontré les parties. Pendant tout le mois de mai, un médiateur du Service fédéral de médiation et de conciliation a rencontré fréquemment les parties. Ce n’était pas une réunion isolée. Ce n’était pas une réunion occasionnelle. Il y a eu un effort concentré pour essayer de résoudre les différends et les questions en litige entre les parties.
Toutefois, malgré tous ces efforts de médiation et de conciliation et même si la a rencontré les deux dirigeants, même si elle a fait usage de ses bons offices, de ses qualités personnelles pour intervenir auprès des deux dirigeants et les amener sur un terrain d’entente, le STTP a annoncé son intention de faire la grève. Après cette annonce, le syndicat a entrepris des grèves tournantes, ce qui a amené Postes Canada à imposer un lock-out.
Nous pouvons voir les effets qui se font sentir dans tout le Canada. Il arrive que la négociation collective aboutisse dans une impasse. C’est une chose dont il faut prendre conscience, qu’il faut comprendre et accepter. Les employés peuvent exercer des pressions sur leur employeur en débrayant. C’est un droit fondamental, et personne ne le conteste. Les lois consacrent ce droit.
Les employeurs peuvent aussi exercer des pressions en imposant un lock-out aux travailleurs et en essayant de poursuivre leurs activités sans eux. C’est leur droit, et il est prévu dans les lois et la Constitution. Les employeurs peuvent se comporter de la sorte, et ils l’ont fait. Même si elles ont appliqué ces stratégies, les parties ne sont pas parvenues à une solution.
Je signale rapidement que Postes Canada dépenses environ 3 milliards de dollars en biens et services chaque année. Sa contribution au PIB du Canada s’élève à 6,6 milliards de dollars. Lorsque des services, des économies et des dépenses de cet ordre sont en cause, ce n’est pas une mince affaire.
D’innombrables industries comptent sur les services de Postes Canada. Les détaillants dépendent de ces services pour rejoindre leurs clients. L’industrie canadienne des périodiques a besoin de Postes Canada pour assurer presque toute sa distribution. Par conséquent, toute perturbation a des effets sur les résultats financiers, les affaires et la clientèle.
Il ne fait pas de doute que la Société canadienne des postes constitue un lien vital pour les Canadiens des zones rurales et éloignées, et ma circonscription en compte un certain nombre. Les facteurs ruraux ne sont pas mêlés au différend actuel, mais les collectivités rurales sont tout de même gravement touchés, puisqu’il n’y a pas de tri postal ni de distribution en nombre.
Dans ma circonscription, Souris—Moose Mountain, j’ai reçu des messages et des appels au sujet de cet arrêt de travail. Une électrice que je connais très bien et qui ne partage pas toujours le point de vue du gouvernement actuel ni les opinions que j’ai de temps à autre m’a écrit une lettre. Ce qu’elle y dit résume bien ce que beaucoup de Canadiens disent ou voudraient dire, d’un bout à l’autre du Canada.
Cette électrice m’a donc écrit pour m’exhorter à régler le différend et demander au gouvernement de légiférer pour faire reprendre le travail. Pourquoi? Cette électrice est propriétaire d’une petite entreprise de presse et ses affaires vont très mal à cause de l’interruption du travail chez Postes Canada. Elle demande au gouvernement de faire ce qu’il faut et de défendre les propriétaires de petites entreprises dont la rentabilité dépend de Postes Canada.
Je me permets de lire quelques extraits de sa lettre. Voici ce qu'elle dit:
Veuillez ajouter mon nom à la liste de plus en plus longue de Canadiens qui réclament du gouvernement majoritaire dont vous faites partie qu'il adopte une loi qui permettrait aux services postaux de revenir à la normale en forçant les membres du STTP à retourner au travail.
Elle poursuit ainsi:
Nous sommes les propriétaires d'un petit journal dans la circonscription de Souris—Moose Mountain, et nous avons été dans l'impossibilité de livrer l'édition d'aujourd'hui à nos lecteurs. [...] Nous avons besoin de nos employés, tout comme ces derniers ont besoin de leur emploi. Nos clients achètent de la publicité dans nos pages, laquelle constitue une source importante de revenu pour les journaux communautaires. Tous ces Canadiens souffrent de la situation. De plus, si nous cherchons d'autres moyens de distribuer notre journal, nous risquons de faire perdre des profits au bureau de poste local, qui risquerait alors de fermer.
Voilà qui illustre les conséquences bien réelles que la situation peut avoir sur les Canadiens. Cette dame exhorte le gouvernement à adopter une loi qui permettrait à ses lecteurs de recevoir leur journal en obligeant les travailleurs à reprendre le collier. Si l'arrêt de travail perdure, c'est son entreprise qui en pâtira, comme elle le dit elle-même, et elle ne sera pas la seule, car d'autres entreprises se retrouveront dans la même situation, et c'est sans parler de ses employés, qui en subiront eux aussi les conséquences. C'est un fait, et il ne faut pas l'oublier. Il n'y a pas seulement deux parties à ce conflit. Il y a de très nombreuses parties, et il est de notre devoir de toujours agir dans l'intérêt supérieur du pays. Voilà pourquoi c'est à nous de trouver une solution, dès lors que les parties en cause en sont incapables. Et cette solution doit leur être imposée, même si, pour ce faire, nous devons adopter une mesure législative comme celle dont la Chambre est aujourd'hui saisie.
L'électrice de tout à l'heure me disait à quel point elle avait été impressionnée d'apprendre que le gouvernement avait déposé un projet de loi spéciale pour Air Canada, et qu'elle voudrait bien que nous fassions de même pour Postes Canada. C'est précisément ce que nous avons fait: nous avons proposé une mesure législative qui mettrait fin à l'arrêt de travail actuellement en cours.
Cette électrice m’a envoyé une autre lettre. Elle a écrit:
J’avais déjà communiqué avec tous vos bureaux pour expliquer les problèmes engendrés par l’interruption du service postal dans les collectivités rurales et les PME comme la nôtre […] Je tiens à vous remercier d’écouter les Canadiens, car je sais qu’un grand nombre s’est dit en faveur d’une mesure législative du gouvernement pour mettre fin à cette perturbation.
Elle ne parle pas que pour elle, pour son entreprise ou pour sa collectivité. Elle parle des droits des Canadiens de tout le pays qui sont touchés par ce que les parties font subir aux Canadiens, qui deviennent des spectateurs impuissants qui observent la joute entre les parties et pensent ne pas en voir le dénouement prochain ni voir de solution à l’impasse, et qui voudraient qu’un gouvernement responsable intervienne pour mettre fin à la situation de sorte qu’ils n’en souffrent plus, que notre économie n’en souffre plus et qu’ils puissent continuer de faire ce à quoi les Canadiens moyens aspirent, c’est-à-dire travailler, réaliser des profits et dépenser l’argent dans leur collectivité pour faire rouler l’économie.
L’électrice a écrit: « Personnellement, je crois au droit des syndiqués de négocier et de faire la grève en cas de pratiques de travail injustes. » Personne ne nie l’existence de ce droit. Personne ne nie que ce droit doit être protégé, mais pas à n’importe quel prix. Ce n’est pas un droit qui supplante tous les autres droits. Il a des limites.
« Toutefois, dit-elle, lorsque les négociations traînent au point où elles menacent le gagne-pain ou la santé des Canadiens, alors nous avons besoin d’un gouvernement qui ne craint pas de légiférer. »
Le projet de loi à l’étude ne propose pas des mesures manquant d’objectivité quant à ce que l’arbitre doit faire. Il désigne un arbitre chargé de faire un choix parmi les offres finales des deux parties. Il précise que l’employeur et le syndicat doivent tous deux présenter à l’arbitre une liste de questions sur lesquelles ils s’entendent à la date prescrite par l’arbitre. Il s’agit des choses qu’ils ont en commun et sur lesquelles ils ont réussi à surmonter leurs différends. Ils doivent aussi présenter une liste des points de désaccord et leurs offres finales à cet égard. Ensuite, un choix sera fait. C’est un processus qui permet aux deux parties d’avancer leurs meilleures offres, sur la base desquelles une décision sera prise.
Mon électrice n’est pas la seule de cet avis. Elle n’est pas la seule à préconiser l’adoption d’une loi. La a été inondée de messages et de lettres d’intervenants et de membres du public souhaitant un règlement du conflit. Si tous les députés voulaient se montrer équitables, je suis sûr qu’ils reconnaîtraient aussi qu’ils ont reçu des appels au sujet de ce différend. Nous avons besoin de trouver un certain équilibre dans la façon d’aborder les questions qui se posent entre les parties, de façon à en arriver à une solution qui profite à tous les Canadiens.
Les PME, et particulièrement les entreprises à domicile, ressentent les effets de l’interruption des services postaux. Il est temps de prendre des mesures pour les protéger.
Les organismes de bienfaisance sont également touchés parce qu’ils ne peuvent plus recueillir des fonds et que des dons sont ainsi perdus. C’est une conséquence grave pour eux. Pendant combien de temps pouvons-nous rester les bras croisés? Plus le conflit durera, plus ces entreprises et organismes auront de difficultés. Par conséquent, à un moment donné, nous devons pouvoir nous dire qu’une période raisonnable s’est écoulée et qu’il est temps d’agir.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, ou FCEI, estime que les PME peuvent s’attendre à subir des pertes d’environ 200 $ par jour d’interruption du service postal. Je crois personnellement qu'il y a un certain nombre de cas de services spécialisés dans lesquels les pertes subies seront de loin supérieures à cela.
L’Institut national canadien pour les aveugles, ou INCA, dont nous avons entendu parler ici aujourd’hui, estime que ses pertes pourraient atteindre 250 000 $ dans cette période de l’année où il reçoit la majorité de ses dons par la poste. Qu’adviendra-t-il de l’INCA? Qu’arrivera-t-il à ses projets et à sa situation financière? Qui va s’en occuper? Qui pensera à ses intérêts? Les députés, les parlementaires, les législateurs doivent prendre en considération la situation de l’INCA et les répercussions qu’a sur lui le conflit postal.
Nous avons tous entendu parler des effets du conflit sur les animaux et les insectes qui se trouvent dans les centres de tri de Postes Canada. La plupart des colis en cause avaient été expédiés par des entreprises qui ne pouvaient pas recourir à d’autres moyens de transport et qui vont donc subir des pertes.
Beaucoup de grandes sociétés réussissent à communiquer avec leur clientèle par des moyens de rechange. Or, comme elles risquent de continuer d'utiliser ces moyens une fois la grève terminée, les parties s'exposent à des pertes qu'elles ne peuvent encore prévoir. Toutefois, les PME dépendent encore lourdement des services postaux conventionnels, et cet arrêt de travail paralyse leurs activités.
Les effets de cet arrêt de travail sont très importants. Le gouvernement le reconnaît et réagit en présentant le projet de loi que la Chambre étudie présentement.
Les Canadiens les plus vulnérables reçoivent un service minimal, et il est temps de rétablir le service complet pour tous les Canadiens. Les entreprises souffrent et des emplois sont en jeu. Nous ne pouvons laisser continuer cet arrêt de travail. Les Canadiens nous ont confié un mandat clair et nous devons demeurer concentrés sur le redressement de l'économie. Nous nous sommes engagés à mener à bien et à protéger la reprise économique.
Il est prouvé que cet arrêt de travail nuit gravement aux petites entreprises de l'ensemble du pays. Le gouvernement agit dans l'intérêt de la population et de l'économie globale du pays en déposant ce projet de loi prévoyant la reprise et le maintien des services postaux.
Ce projet de loi rétablirait non seulement les services postaux pour les Canadiens qui en ont désespérément besoin, mais il établit aussi des principes directeurs pour guider l'arbitre et ainsi veiller à ce que la facture du régime de pension de Postes Canada ne soit pas refilée aux contribuables canadiens.
En conclusion, il faut se rappeler que, puisque nous sortons d'un ralentissement économique, il est plus important que jamais de favoriser des milieux de travail collaboratifs et productifs. J'espère que tous les députés se joindront à moi pour appuyer cet important projet de loi.
:
Monsieur le Président, on nous demande aujourd'hui d'approuver une motion qui accélérerait l'adoption d'un projet de loi forçant le retour au travail, alors que celui-ci a été présenté pas plus tard qu'hier.
Comment la Chambre pourrait-elle voter sur un processus qui mettrait fin à un débat qui n'a même pas encore commencé, un débat sur un projet de loi dont notre caucus n'a même pas encore eu l'occasion de discuter? Mais bon, il n'y a pas de quoi s'étonner, quand on sait que ça nous vient du Parti conservateur, où la libre réflexion politique se fait rarement au grand jour et est toujours réprimée. Le muselle les députés de son caucus. Il leur dit quoi dire, quand le dire et où le dire.
Or, dans notre caucus, nous croyons sincèrement au rôle essentiel que le Parlement joue dans le processus législatif. Nous prenons également au sérieux le rôle que nous jouons dans le processus délibératoire de la Chambre des communes, qui doit permettre aux députés de débattre des projets de loi et des motions.
Trop souvent, le gouvernement conservateur met dans ses projets de loi des dispositions qui, en plus d'être inacceptables, ne sautent pas aux yeux à la première lecture. Ai-je besoin de rappeler aux députés le projet de loi supposément de relance économique déposé lors de la dernière législature, qui comprenait des articles affaiblissant les mesures de parité salariale, mettant fin au programme de contestation judiciaire et instaurant d'autres dispositions qui n'avaient rien à voir avec l'aide dont les gens ont besoin pour sortir de la récession?
Toute proposition nous demandant de nous prononcer sur une mesure dont nous n'avons pas débattu dans les règles de l'art est purement et simplement irrecevable. Voici ce qu'un ancien député avait à dire sur le sujet:
[...] si on peut invoquer la règle de clôture pour [modifier ainsi les règles] et pour changer de façon essentielle la nature et le rôle même de la Chambre des communes, la démocratie et la liberté sont vraiment dans un bien triste état.
Qui a dit ça? Nul autre que l'ancien chef conservateur Robert Stanfield. Et il avait raison. C'est porter atteinte aux droits des députés. C'est faire outrage au Parlement en tant qu'institution démocratique et représentative. C'est faire fi des lois canadiennes qui régissent les relations de travail. C'est renier la signature que le Canada a apposé au bas des conventions des Nations Unies et de l'Organisation internationale du travail. C'est bafouer les droits des travailleurs du pays.
Le projet de loi qu'on nous propose aujourd'hui mettrait fin au conflit de travail qui oppose Postes Canada aux 54 000 membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. Or, ce projet de loi limite et bafoue des droits pour lesquels les travailleurs ont dû se battre, et le NPD n'a très certainement pas l'intention de l'appuyer.
Le droit à la négociation collective a beau être reconnu dans plusieurs conventions internationales sur les droits de la personne dont le Canada est signataire, voilà que les conservateurs s'apprêtent une nouvelle fois à contrevenir aux obligations qui lui sont conférées par l'Organisation internationale du travail et à avoir recours à une mesure législative inutile pour mettre fin à un conflit de travail.
Le gouvernement avait le choix. En tant que propriétaire de Postes Canada, il avait la possibilité d’ordonner à la direction de rétablir le service postal, de retourner à la table de négociation et de négocier un règlement durable à ce conflit. C’est ce qu’il aurait dû faire.
Le gouvernement a préféré présenter un projet de loi de retour au travail pour montrer son manque total de respect envers les droits des travailleurs. C’est exactement ce que l’employeur, Postes Canada, attendait.
Au lieu de négocier de bonne foi, la Société canadienne des postes aura un arbitre nommé par le gouvernement à qui on aura donné pour instruction de se ranger du côté de l’employeur et d’annuler les hausses de salaire et les avantages que les postiers se sont efforcés d’obtenir pendant des décennies.
Examinons un peu le fil des événements. Le 2 juin, pour essayer de persuader Postes Canada de renoncer aux importantes concessions qu’elle exigeait et de négocier plutôt des solutions équitables, le syndicat a commencé des grèves tournantes limitées à divers endroits du pays.
Conscient des effets que les perturbations du service ont sur le public, le syndicat a choisi les moyens d’action qui causeraient le moins d’inconvénients possible aux Canadiens.
Le 6 juin, le syndicat a accepté de suspendre toute activité de grève et de continuer à négocier, mais Postes Canada a rejeté cette offre. En fait, dans la matinée du 14 juin, la a déclaré qu’une loi de retour au travail n’était pas nécessaire étant donné qu’il s’agissait d’une grève tournante et que le courrier continuait d’être acheminé.
Le même soir, Postes Canada a pris la mesure draconienne d’imposer un lock-out à tous les travailleurs et de fermer entièrement les services postaux.
Le lendemain, la a annoncé qu’elle accorderait à Postes Canada la loi qu’elle attendait. Les travailleurs des postes considèrent que c’est une violation grave de leur droit de grève et de leur droit à la libre négociation collective, un processus qui permet, 95 p. 100 du temps, de mettre un terme aux conflits sans aucun arrêt de travail.
Quand le gouvernement s’ingère dans ce processus, il sape les droits démocratiques des travailleurs. C’est une façon abusive de forcer le règlement d’un conflit qui aurait pu être résolu à la table de négociation. Les parties ne sont plus sur un pied d’égalité, car cela fait pencher la balance en faveur de l’employeur.
Je dois dire que, dans ce conflit, il est particulièrement insultant pour les travailleurs et pour tous les Canadiens que la ait décidé de se prononcer et d’informer l’employeur qu’il lui suffisait d’arrêter la circulation du courrier pour qu’elle dépose un projet de loi de retour au travail.
Postes Canada a parfaitement entendu ce message et a immédiatement mis en lock-out les membres du STTP.
Les néo-démocrates n’appuieront pas cette mesure draconienne et nous n’allons certainement pas appuyer la conduite partisane et sournoise de la ministre.
Ce que nous appuyons, c’est un système postal national et public solide, un système postal qui a gagné 1,7 milliard de dollars au cours des 15 dernières années et versé 1,2 milliard de dollars en dividendes et en impôt sur le revenu au gouvernement fédéral; un système postal tout à fait solide sur le plan social et financier. En effet, Postes Canada est une entreprise très rentable et en assurant sa rentabilité, les postiers économisent les deniers publics.
Il est vrai que les entreprises multinationales de messagerie exercent régulièrement des pressions sur le gouvernement pour qu’il déréglemente Postes Canada et ouvre le marché des lettres à la concurrence, mais les Canadiens sont contre. L’examen stratégique de 2008 de Postes Canada révélait qu’il semblait y avoir peu, voire aucun appui au sein du public en faveur de la privatisation ou de la déréglementation de Postes Canada. Le caucus néo-démocrate s’unit aux Canadiens pour s’opposer à toute tentative de déréglementation ou de privatisation de notre service postal national.
Nos services postaux sont rentables et productifs. Contrairement à de nombreuses sociétés, Postes Canada a augmenté sa productivité au cours des deux dernières années. Cette productivité a, à son tour, permis à Postes Canada de garder ses tarifs peu élevés. Notre timbre de 59 ¢ est l'un des plus avantageux dans le monde industrialisé. Au Japon, il faut payer presque 1 $ canadien pour envoyer une lettre à l'intérieur du pays. En Autriche, cela coûte l'équivalent de 88 ¢. En Allemagne, c'est 78 ¢. Postes Canada offre donc un système postal beaucoup plus abordable, tout en faisant des profits et en versant d'importants dividendes et de l'impôt sur le revenu dans les coffres de l'État.
Postes Canada insiste sur le fait qu'elle a besoin de grands changements pour faire face à une réduction de 17 p. 100 du volume de courrier. Toutefois, ce volume a baissé de seulement 7,2 p. 100 entre 2006 et 2009, en partie, à cause de la récession économique. Les chiffres pour 2010 n'ont pas encore été publiés, mais il se peut que le volume augmente quelque peu à mesure que les achats sur Internet deviennent plus populaires. Malgré cette légère diminution, on est loin de la baisse de 17 p. 100 que Postes Canada essaie de nous faire gober.
Je vais parler un peu de ce qui est en jeu dans ce conflit, non seulement pour les travailleurs de Postes Canada, mais aussi pour tous les travailleurs canadiens. Comme nous ne le savons tous que trop bien, le tort fait à l'un est un tort fait à tous. En l'occurrence, il s'agit d'un différend entre le STTP et Postes Canada, mais l'enjeu est plus important que cela. Lorsque les syndicats prennent un risque et adoptent une position sur une question d'importance nationale, tous les Canadiens finissent par en profiter. Il y a 30 ans, les courageux membres du STTP ont fait la grève pendant 42 jours pour réclamer le congé de maternité payé et ils ont gagné. C'était une grande victoire pour tous les travailleurs puisque, peu de temps après, le gouvernement et les autres employeurs ont été forcés d'accorder le même congé à leurs employés.
Aujourd'hui, ces travailleurs syndiqués prennent position pour les générations à venir. Ils luttent contre la propension des entreprises à niveler vers le bas. Ils réclament des salaires équitables et des conditions de travail justes. La Société canadienne des postes est résolue à fixer un salaire de départ pour les nouveaux employés à un taux de 18 p. 100 inférieur à celui des employés actuels. Pour les jeunes qui viennent tout juste d'entrer sur le marché du travail, dont bon nombre ont fait des études collégiales ou universitaires, le message qu'on leur véhicule est le suivant: « Vous ne méritez pas le même salaire que vos collègues de travail. » Qu'est-il arrivé au principe d'offrir un salaire décent pour un travail décent? L'inégalité des revenus que Postes Canada cherche à mettre en place est un affront.
Qu'en est-il des congés de maladie? Postes Canada veut éliminer les congés de maladie pour tous les employés et imposer un régime injuste d'assurance-invalidité à court terme. Conformément à ce régime, les travailleurs auraient à faire une demande auprès d'une compagnie d'assurances privée s'ils sont malades ou blessés pendant plus d'une semaine. Ils veulent éliminer les congés de maladie à court terme et forcer les travailleurs à utiliser leurs congés personnels lorsqu'ils sont malades. Le régime actuel, où les congés de maladie sont accumulés, est en place et fonctionne bien depuis 1968. Près d'un demi-siècle plus tard, Postes Canada décide soudainement qu'il doit être aboli.
Les travailleurs des postes réclament des conditions de travail sûres. Les changements technologiques, la modernisation de Postes Canada et cinq ans à couper des emplois et à ne pas combler les postes vacants ont des conséquences. Au cours de la dernière session parlementaire, j'ai parlé d'une femme facteur de ma circonscription, Hamilton Mountain, qui a souffert d'épuisement par la chaleur à cause des heures supplémentaires qu'elle a dû faire. Plutôt que de permettre à d'autres employés de faire des heures normales, Postes Canada a forcé ses employés à faire du temps supplémentaire. Les travailleurs des postes se blessent sérieusement et cette pratique doit cesser.
Il y a aussi les questions relatives aux pensions. Postes Canada veut faire marche arrière en augmentant l'âge auquel les employés peuvent prendre leur retraite sans pénalité et en plafonnant l'indexation des pensions à 75 p. 100 du taux d'inflation pour tous les employés nouvellement embauchés.
En 1981, le STTP a pris la défense de tous les travailleurs canadiens et a combattu pour obtenir des avantages sociaux — en l’occurrence, le congé de maternité — que les Canadiens considèrent maintenant comme un droit de base. Les hommes et les femmes du STTP combattent encore une fois pour permettre à tous les travailleurs de prendre leur retraite dans la dignité et le respect.
Les Canadiens s’inquiètent de leur sécurité financière après la retraite. Les régimes de pensions et les caisses de retraite ont été durement touchés par la récession. Le gouvernement a clairement indiqué qu’il se souciait peu d’améliorer le Régime de pensions du Canada. Maintenant, il prend la part des employeurs, les soutenant dans leur volonté d’affaiblir les régimes de pensions d’entreprise.
Les pensions représentent une rémunération reportée. Elles appartiennent aux employés. Les travailleurs renoncent souvent à des hausses salariales et à d’autres avantages sociaux pour obtenir un régime de pension pouvant leur assurer une retraite digne et sûre.
Aujourd’hui, un quart de million d’aînés canadiens vivent dans la pauvreté. Cela est inacceptable et indéfendable. C’est en grande partie parce que le RPC est insuffisant et que ces aînés n’appartenaient pas à un syndicat qui a combattu pour leur obtenir une pension décente.
Tandis que les membres de la génération du baby-boom atteignent l’âge de la retraite, la question d’une pension équitable et suffisante revêt de plus en plus d’importance pour nous tous. À moins que nous, parlementaires, ne soyons disposés à laisser se développer une génération d’aînés encore plus pauvres, nous devons protéger et améliorer les pensions.
L’attaque lancée contre les pensions par Postes Canada et beaucoup trop d’autres employeurs des secteurs privé et public témoigne d’un manque de vision et de responsabilité financière et sociale.
Je félicite les hommes et les femmes du STTP qui ont pris position pour protéger non seulement leur propre pension, mais aussi celle des travailleurs qui leur succéderont. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes est déterminé à protéger les pensions des travailleurs qui ne pensent pas encore au jour où ils en auront besoin. Comme ils l’ont fait, il y a des dizaines d’années, lorsque Postes Canada leur a refusé le congé de maternité, ils combattent pour obtenir des conditions de travail et des avantages sociaux équitables pour tous les travailleurs de tous les âges.
Un salaire équitable, des congés de maladie suffisants, un lieu de travail favorisant la santé et la sécurité et une pension assurée font partie des droits fondamentaux des travailleurs. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a raison de défendre ces droits contre les attaques de l’employeur. Jusqu’ici, il l’a fait d’une manière responsable et digne.
Même si la loi les autorise à suspendre leurs services après un préavis de 72 heures, ils ont décidé de recourir à des grèves tournantes afin de minimiser les conséquences pour les Canadiens. Ils n’ont jamais cessé de servir le public. Les gens pouvaient encore utiliser le service postal, en sachant que leur courrier serait livré. Avant le lock-out décrété par Postes Canada, 51 p. 100 seulement de la population ont connu des retards, mais le service postal n’a jamais complètement cessé de fonctionner.
N’est-il pas curieux qu’au moment même où la déposait son projet de loi ordonnant aux membres du STTP de reprendre le travail, les syndiqués avaient déjà pris l’initiative, à titre bénévole, de livrer les chèques du Régime de pensions du Canada, de la Sécurité de la vieillesse et des prestations pour enfants, de même que les chèques de l’aide sociale provinciale au Québec, en Ontario, en Saskatchewan, en Alberta et dans les Territoires du Nord-Ouest, veillant ainsi à ce que les Canadiens les plus vulnérables ne soient pas touchés par la décision de lock-out de leur employeur?
Je sais que mon temps de parole est presque écoulé. Toutefois, avant conclure, je voudrais donner lecture d’un commentaire de James Clancy, président national du Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public, qui mène en ce moment la campagne « All Together Now », afin de nous rappeler que nous devons tous nous serrer les coudes. C’est notre avenir et celui de nos enfants et de nos petits-enfants.
Voici ce qu’il dit dans son commentaire:
Autrefois, les bureaux de poste étaient le coeur des collectivités. Les gens y allaient pour recevoir du courrier de loin, payer des factures et fort probablement pour prendre des nouvelles du voisinage.
Nos services postaux sont un élément central du Canada depuis qu'ils ont été mis sur pied par le gouvernement fédéral en 1867. Ces services constituent un excellent exemple de service public de grande valeur, un service pourtant négligé et certainement pas apprécié à sa juste valeur.
Conçus pour servir le bien public, les services postaux relient les Canadiens les uns aux autres et les relient à la communauté mondiale.
Ces services sont abordables. Peu importe où vous vivez dans notre immense pays, le coût d'une lettre est le même partout. Croyez-vous que les frais de livraison sont les mêmes d'Iqaluet à Edmonton que d'Ottawa à Kingston? Cependant, lorsque l'on met nos ressources en commun, le système fonctionne.
Les services postaux sont accessibles. En dépit des récentes coupes dans le service de livraison, toutes les collectivité ont accès aux services postaux. Les boîtes aux lettres meublent les rues. On trouve des bureaux de poste dans toutes les villes.
Les services postaux doivent rendre des comptes. Depuis la création des services postaux, ils ont été transformé en société d'État fédérale. Le PDG de Postes Canada est nommé par le ministre responsable de la société d'État. Les citoyens et les électeurs que nous sommes peuvent contribuer à la vision et à l'orientation des services postaux.
Pour ces raisons et pour bien d'autres, j'exhorte tous les Canadiens à suivre de près les présentes négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP).
Il n'y est pas question uniquement de salaires et de conditions de travail, même si les deux sont importants, mais de l'avenir de ce service public qui nous profite à tous, comme à nos familles et à nos entreprises.
Des choix importants seront faits au cours des négociations. Postes Canada peut choisir de poursuivre dans la voie qu'elle suit depuis longtemps en se concentrant uniquement sur la livraison du courrier, comme si le monde et la manière de faire des affaires ne s'étaient pas transformés radicalement depuis au moins dix ans. Postes Canada pourrait aussi se tourner vers l'avenir, saisir les possibilités qui s'offrent et redevenir un acteur majeur.
Afin d'être concurrentiel dans la reprise économique actuelle, les dirigeants de Postes Canada doivent nous prouver qu'ils sont à la hauteur de la tâche. Il est évident que Postes Canada doit se moderniser. Heureusement, la société d'État examine une mise à jour de ses activités: des années de sous-investissement dans l'équipement et les installations l'exigent.
Cependant, ce que l'on entend, c'est que la stratégie de l'entreprise consiste à utiliser la modernisation pour sabrer dans ses effectifs. Postes Canada prévoit investir 2 milliards de dollars dans de nouvelles machines de nouvelles méthodes de travail et éliminer 7 000 emplois.
Cela n'a aucun sens. Un des meilleurs actifs d'un service public national correspond à ses investissements dans des effectifs bien formés. S'il doit y avoir des innovations, nous devrons compter plus que jamais sur ces employés.
La vraie question consiste à savoir si Postes Canada est capable d'être la source d'innovation dont le pays a besoin. Le PDG Deepak Chopra a une occasion en or de transformer notre système postal. C'est le moment idéal pour permettre à Postes Canada de s'ouvrir sur l'avenir, d'investir et de prendre de l'expansion.
Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil sur ce qui se passe ailleurs dans le monde pour constater ce que font les autres pays aux prises avec des problèmes semblables. Ils choisissent l'expansion et les réinvestissements. En étendant ses services, Postes Canada pourra faire profiter le public de sa modernisation, tout en préservant et en améliorant le service postal et en créant des emplois. L'extension des services engendrera des revenus grandement nécessaires pour enrichir et améliorer les produits ainsi que le niveau de service, dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Entre autres exemples de mesures bien fondées et bien éprouvées, Postes Canada pourrait offrir des services bancaires, étendre ses services de livraison des colis, utiliser les comptoirs postaux actuels pour offrir davantage de services et livrer le courrier à la porte à un plus grand nombre d'adresses, comme avant.
Ce sont exactement les idées que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes propose dans les négociations. Le syndicat ne cherche pas le statu quo. Il veut faire de Postes Canada une entreprise solide et rentable. Il veut un service postal moderne, dont les travailleurs constituent le coeur et qui oeuvrera dans l'intérêt des Canadiens pour les décennies à venir [...]
Voilà le genre de réflexion visionnaire dont notre système postal et notre pays ont besoin.
Nous devons appuyer le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes dans ses efforts pour que Postes Canada tende l'oreille.
Je suis fier de pouvoir dire que tous les députés du NPD voteront pour la solidarité avec les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. J'exhorte tous les députés de la Chambre des communes à défendre les valeurs et les principes ayant présidé à l'édification de notre pays. C'est une vision du Canada qui vaut la peine qu'on la défende.
Par conséquent, monsieur le Président, je propose:
Que la question soit maintenant mise aux voix.
:
Monsieur le Président, c'est la première fois que je prends la parole à la Chambre depuis le début de la session. Je désire profiter de l'occasion pour remercier les électeurs de la circonscription de Prince Albert de m'avoir une fois de plus témoigné leur appui lors des élections. Les candidats se sont livrés une chaude lutte, et je suis très heureux que les électeurs m'aient choisi pour les représenter.
Je prends aujourd'hui la parole pour appuyer la mesure législative présentée par la . Le projet de loi , protégera la reprise de l'économie et aidera le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et la Société canadienne des postes à parvenir à un règlement durable.
Le gouvernement préférerait que les deux parties s'entendent et parviennent à un règlement elles-mêmes. La meilleure solution est toujours celle dont conviennent l'employeur et le syndicat. En fait, plus de 90 p. 100 des négociations collectives se règlent sans qu'il y ait d'arrêt de travail. Si les deux parties ne parviennent pas à s'entendre, nous veillerons à traiter équitablement les 50 000 employés des postes des villes, tout en répondant aux besoins de tous les Canadiens vulnérables et des petites et moyennes entreprises, qui dépendent des services postaux réguliers.
Postes Canada joue un rôle important dans l'économie canadienne. Elle dépense environ 3 milliards de dollars par année en biens et services, appuyant ainsi 30 000 emplois supplémentaires. Elle contribue pour 6,6 milliards de dollars au PIB du pays et compte 70 000 employés directs à temps plein et à temps partiel. Un arrêt de travail prolongé pourrait avoir des effets néfastes sur notre économie.
Les trois secteurs d'activité principaux de Postes Canada sont le courrier, les colis et le marketing direct. Ce dernier secteur génère des recettes de 1,4 milliard de dollars. Pendant le ralentissement économique, ce secteur-là a essuyé de graves pertes financières. Le secteur serait touché par un arrêt de travail prolongé étant donné que les importants détaillants canadiens ne pourraient rejoindre leurs clients. Cela pourrait entraîner une baisse des ventes, ce qui pourrait se traduire par une réduction de l'emploi.
L'industrie canadienne des périodiques serait elle aussi gravement touchée, car elle compte sur Postes Canada pour sa distribution.
Postes Canada joue un rôle essentiel dans la vie des Canadiens dans les régions rurales et éloignées. Même si les facteurs dans les collectivités rurales ne sont pas nécessairement touchés par le conflit actuel, celles-ci pourraient néanmoins l'être puisque le courrier — régulier et en vrac — à destination de ces régions ne sera plus trié ou acheminé vers ces régions.
Les personnes handicapées se voient parfois incapables d'obtenir des biens et services à cause de leur mobilité et de leur accès réduits. Les commerces qui vendent leurs produits en ligne ou par catalogue comptent toujours sur la poste pour acheminer aux clients les produits qu'ils ont achetés.
Certains de mes électeurs m'ont écrit. J'ai trouvé intéressant de recevoir, du même électeur, une lettre avant le lock-out et une autre après; j'aimerais la lire aux fins du compte rendu. La lettre reçue avant le lock-out disait ceci:
Je vous en prie, monsieur, je vous saurai gré de faire tout en votre pouvoir pour mettre fin à cette grève. Je suis propriétaire d'une petite entreprise ici à Prince Albert, en Saskatchewan. Sans exagérer, nous comptons sur Postes Canada pour l'envoi et la réception de centaines de colis tous les mois. Cette grève pourrait nous obliger à fermer boutique, ce qui toucherait ma propre famille à revenu unique, ma soeur et sa famille et mes parents. Envoyer un colis par l'entremise de Postes Canada nous coûte de six à treize dollars [...] Pour expédier ce même colis, UPS ou Canpar nous demande de 33 $ à 46 $. Nous serons obligés de fermer boutique.
Je vous prie de bien vouloir faire tout en votre pouvoir pour désamorcer cette grève.
Après le début du lock-out, la même personne m'a fait parvenir une autre lettre, dans laquelle elle disait:
J'aimerais simplement exprimer ma profonde déception que l'on ait laissé Postes Canada imposer un lock-out aux travailleurs, surtout sans que la population canadienne en ait été avisée. Je n'appuyais pas la grève du STTP, mais au moins la population avait été prévenue et le courrier circulait toujours, même si les délais de livraison étaient plus longs. La Société canadienne des postes avait déclaré qu'elle réduirait les livraisons à trois jours par semaine, mais elle a soudainement mis fin à toutes les livraisons. Cette décision était totalement injuste pour la population et les entreprises du Canada. La société n'aurait pas dû avoir la liberté de prendre de telles mesures sans aucun préavis. J'ai beaucoup de courrier immobilisé dans le réseau que j'aurais expédié par d'autres moyens si j'avais été prévenu. Je suis extrêmement déçu de la façon dont Postes Canada gère la situation. Le STTP faisait au moins un effort pour ne pas interrompre entièrement le service pour la population et les entreprises canadiennes. Postes Canada, au contraire, a tout interrompu. Cela me déçoit profondément. J'espère qu'on examinera cette politique pour les besoins futurs. Il ne devrait pas être légal, pour une société d'État, d'interrompre complètement ses activités.
Voilà le témoignage d'une personne réellement touchée par le ralentissement, puis l'interruption du service, qui montre ce qui peut arriver à une petite entreprise lorsqu'on la prive soudainement du service de courrier. Voilà pourquoi nous devons examiner ce qu'a fait la ministre et agir rapidement pour protéger ces emplois, ces personnes et ces petites entreprises. Certains des aspects les plus vulnérables de notre économie risquent de souffrir d'un arrêt de travail prolongé.
Le Code canadien du travail est fondé sur la législation du travail et une politique qui favorise le bien-être collectif et les droits des employeurs et des travailleurs. Pour ce faire, il prévoit la négociation des conditions de travail et le règlement constructif des conflits.
Depuis l’adoption de l’Acte de conciliation, en 1900, le Programme du travail a le mandat d’aider à prévenir et à résoudre les conflits de travail. Les relations de travail au Canada bénéficient de l’apport de tierces parties neutres qui assurent la conciliation, la médiation et l’arbitrage. C'est ce qui s’est produit dans le récent conflit entre le STTP et Postes Canada.
La convention collective, qui s’applique à toutes les sections, soit à environ 50 000 travailleurs des postes, est arrivée à échéance le 31 janvier 2011. Les parties avaient entamé les négociations en octobre de l’année précédente.
Un conciliateur a alors été nommé. Celui-ci a rencontré les deux parties durant les mois de février et mars. La période de conciliation, qui se terminait le 1er avril, a été prolongée jusqu’au 3 mai 2011.
Le 5 mai, un médiateur a été nommé. Durant tout le mois de mai, un agent du Service fédéral de médiation et de conciliation, qui relève du Programme du travail, a rencontré les deux parties plusieurs fois. Malgré tous ces efforts, la société est maintenant en arrêt de travail.
Nous pouvons laisser les événements suivre leur cours jusqu’à ce que l’économie tombe en chute libre, ou nous pouvons prendre des mesures déterminantes au nom des Canadiens. C'est ce que propose le projet de loi.
D’abord, le projet de loi met un terme à l’incertitude croissante concernant les services postaux. Il impose aussi un contrat de quatre ans prévoyant de nouvelles augmentations de salaire. Les travailleurs auraient ainsi une augmentation de 1,75 p. 100 au 1er février 2011, de 1,5 p. 100 au 1er février 2012, de 2 p. 100 au 1er février 2013 et de 2 p. 100 au 1er févier 2014.
Le projet de loi impose aussi le choix d’une des offres finales sur toutes les questions encore en suspens.
En outre, pour choisir l’offre finale, l’arbitre doit se fonder sur la nécessité de conditions de travail qui sont compatibles avec celles de secteurs postaux comparables et qui fourniront à la Société canadienne des postes la souplesse nécessaire à sa viabilité économique et à sa compétitivité à court et à long terme, au maintien de la santé et de la sécurité de ses travailleurs et à la viabilité de son régime de pension.
Les conditions de travail devront être déterminées en tenant compte des éléments suivants: a) la nouvelle convention collective ne doit pas directement entraîner la diminution du ratio de solvabilité du régime de pension; b) la Société canadienne des postes se doit, sans recours à des hausses indues de tarifs postaux, d’être efficace, d’accroître sa productivité et de respecter des normes de service acceptables.
Le dernier arrêt de travail à la Société canadienne des postes remonte à près de 14 ans. Toutes les voies ont été explorées pour assurer un règlement complet et durable de ce conflit.
En l’absence d’une solution convenue entre les parties, ce que nous espérions, évidemment, le projet de loi réglera rapidement le conflit. Il protégera notre économie et évitera de graves problèmes aux entreprises canadiennes et aux Canadiens vulnérables.
Le gouvernement a pris des mesures pour assurer la prestation efficace des services fédéraux et le versement des prestations aux Canadiens. Nous avons retenu les services de messageries, organisé le versement anticipé de certaines prestations et assuré des services en personne aux centres régionaux de Service Canada.
Nous agissons ainsi parce que les Canadiens veulent du leadership. À titre de parlementaires, nous avons l’obligation d’agir pour les Canadiens.
Nous devons faire en sorte que l’économie continue de fonctionner et de consolider les progrès réalisés. Nous devons garder notre élan. Appuyons le projet de loi pour rétablir la paix dans les services postaux du Canada pendant des mois et des années.
Il est très important pour les gens de ma circonscription que ce conflit soit réglé. En parlant à des agriculteurs, à des chefs de PME et à des gens de petites villes, j’ai appris qu’ils réglaient une grande partie de leurs comptes par la poste. À défaut de pouvoir envoyer une facture, ils ne sont pas payés. Ils ne peuvent pas non plus payer leurs fournisseurs. Cela a un effet d’entraînement auquel il faut mettre fin.
La seule façon d’y mettre fin est d’adopter cette mesure législative justifiée. J’invite mes collègues à l’appuyer. Travaillons pour les Canadiens et faisons en sorte que les deux parties en cause retournent au travail.
:
Monsieur le Président, je suis ici depuis ce matin et j'entends les débats des deux côtés. Ce qui me semble le plus évident à ce moment-ci, c'est qu'on aurait probablement besoin, particulièrement de l'autre côté de la Chambre, de suivre un petit cours sur les relations de travail. Ce que j'entends présentement, c'est que nous devons, pour nos concitoyens, forcer un retour au travail immédiat.
Il faut comprendre l'essence du problème. En ce moment, une société de la Couronne a décidé d'imposer un lock-out suivant l'avis, par voie indirecte, de la . Que ce soit une société de la Couronne ou une entreprise privée, le pouvoir économique se trouve du côté patronal, qui a une entreprise à gérer. Le syndicat, lui, représente des membres qui doivent faire vivre et nourrir leur famille. Nous avons adopté le Code canadien du travail, qui établit des règles pour les deux côtés, mais qui limite le pouvoir patronal de façon à ce que le rapport de force soit plus égal quand vient le temps de négocier. Ces négociations sont absolument essentielles puisqu'elles permettent d'équilibrer les pouvoirs et d'en arriver ainsi à un accord plus juste.
C'est en grande partie la raison pour laquelle les Canadiens et les Canadiennes décident de se syndiquer. Nous savons pertinemment que dans les entreprises où les employés ne sont pas syndiqués, ces derniers sont beaucoup moins protégés que le minimum permis par la loi. On se retrouve avec des règlements qui sont la plupart du temps avantageux pour la partie patronale, particulièrement sur le plan salarial.
Dans le passé, la société de la Couronne et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes avaient un pouvoir à peu près égal. On se retrouve maintenant avec un gouvernement faiblement majoritaire, pour lequel moins de 60 p. 100 des Canadiens et moins de 20 p. 100 des Québécois ont voté. Le président-directeur général de la société de la Couronne se sent tout à fait libre d'imposer un lock-out afin que le gouvernement intervienne éventuellement, favorable encore une fois à la partie patronale, ce qui placera les employés dans une situation absolument intenable.
Rappelons que la base d'une négociation collective est la bonne foi. Le syndicat était prêt à minimiser ses moyens de pression afin que le courrier continue à être distribué. Il a démontré de la flexibilité, à un point tel qu'il était prêt à renouveler la convention collective précédente jusqu'à ce que les parties s'entendent sur les points en litige. La Société canadienne des postes n'a rien voulu entendre, et après l'intervention de la qui s'est ingérée dans le processus, la négociation de bonne foi s'est envolée par la fenêtre encore une fois et a été oubliée complètement. Il est évident que la société désirait, dès le départ, que le gouvernement intervienne, et on lui a donné les moyens de le faire.
Ce qui me dérange beaucoup dans ce projet de loi forçant le retour au travail, c'est qu'il envoie un message clair à l'ensemble des autres entreprises canadiennes, qu'elles soient plus ou moins importantes. À la base, on leur dit qu'elles n'ont qu'à s'arranger pour avoir éventuellement un lock-out, à se placer dans une impasse et qu'on viendra à leur secours en leur donnant des outils pour diminuer le pouvoir des syndicats et d'écraser les travailleurs et travailleuses. C'est un mauvais message pour l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes, particulièrement pour les gens que l'autre côté de la Chambre et nous-mêmes devons représenter.
Soyons clairs. Si l'on permet le transfert de ce pouvoir du côté patronal, non seulement pour la Société canadienne des postes, mais aussi pour l'ensemble des entreprises, on minimise le pouvoir des travailleurs et des travailleuses. Cela entraînera éventuellement une réduction des salaires des travailleurs et des travailleuses syndiqués, de même que de ceux des autres secteurs économiques. On se retrouvera dans une situation encore pire que la situation actuelle, où les salaires réels n'ont à peu près pas changé depuis la signature du libre-échange avec les États-Unis, en 1988.
Présentement, les travailleuses et travailleurs canadiens gagnent en moyenne à peu près la même chose. On n'a pas vu leur pouvoir d'achat augmenter, même si le produit national brut, donc ce que le Canada produit et indique comme profit, a augmenté de façon considérable depuis ce temps. Encore une fois, ce projet de loi envoie un message indiquant que les travailleurs et travailleuses devront se contenter de miettes, alors qu'on va continuer à donner de plus en plus de pouvoir à la partie patronale, sans égard à la négociation de bonne foi.
Ce projet de loi fait preuve d'un manque de respect, particulièrement envers le processus de négociation, envers les travailleurs et travailleuses de Postes Canada et envers l'ensemble des travailleurs et des travailleuses du Canada, qu'ils soient syndiqués ou non.
Les députés de l'autre côté de la Chambre prétendent que c'est pour des raisons économiques, et qu'il ne faut pas nuire à la reprise économique à laquelle on assiste. Cette économie ne reflète pas seulement l'entreprise et l'entreprise privée. Elle ne peut pas être mesurée uniquement par les profits. Elle doit être mesurée également par le pouvoir d'achat. Les travailleurs et les travailleuses de la Société canadienne des postes sont des consommateurs, et toute réduction de leur pouvoir d'achat, que ce soit dans le secteur public, parapublic ou privé, crée un effet d'entraînement dans les autres secteurs. Au bout du compte, ce projet de loi, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les députés de l'autre côté de la Chambre, ne sera pas favorable à l'économie, mais nuira plutôt au reste de l'économie.
À mon avis, ce projet de loi est fondamentalement injuste. Si le gouvernement voulait tirer profit du pouvoir qui lui échoit par la majorité de sièges qui lui a été conférée, il aurait pu le faire de manière beaucoup moins injuste pour les employés de Postes Canada.
Ce projet de loi parle de retour au travail forcé et d'arbitrage. Cela signifie donc qu'une seule personne choisie par le gouvernement va décider de l'offre qui convient le mieux aux besoins de Postes Canada. On peut déjà deviner laquelle sera choisie. Mais ce projet de loi impose aussi une échelle salariale qui n'a pas été négociée et qui, comme le mentionnaient quelques-uns de mes confrères, est en-deçà de la proposition finale de l'employeur.
La dernière proposition qu'avait faite l'employeur, je le rappelle, faisait état d'une augmentation de 1,9 p. 100 en 2011, 2012 et 2013, et de 2 p. 100 en 2014. Je rappelle également que le taux d'inflation se situe présentement à 3,3 p. 100. C'est donc bien en-deçà de l'augmentation du coût de la vie, et cette offre finale va résulter en une diminution du pouvoir d'achat pour les travailleurs. Non seulement ce n'était pas satisfaisant pour le gouvernement, mais il a inclus dans la loi une échelle salariale qui est même inférieure à cette offre finale. On parle de 1,75 p. 100 pour 2011, de 1,5 p. 100 pour 2012 et de 2 p. 100 pour 2013 et 2014.
J'ai entendu mon honorable confrère de dire que ce projet de loi était juste et équilibré pour les deux parties. Encore une fois, si le gouvernement voulait imposer un projet de loi par sa majorité fournie par une minorité de Canadiens et de Canadiennes, s'il voulait réellement proposer un projet de loi plus juste, s'il voulait forcer un retour au travail en s'assurant que les deux parties en bénéficieraient, il aurait pu choisir d'autres options.
Comme je l'ai mentionné, le syndicat de Postes Canada était prêt à accepter un renouvellement de la convention collective. On aurait pu inclure cela dans ce projet de loi. Le gouvernement aurait pu choisir de mettre fin au lock-out sans affecter le droit de grève. Avant le lock-out, les gens recevaient toujours leur courrier. Le syndicat utilisait une portion de son pouvoir de grève afin de mettre un peu plus de pression et de forcer Postes Canada à revenir à la table de négociation.
Le projet de loi aurait donc pu mettre fin au lock-out et assurer que l'ensemble des Canadiens et Canadiennes voient leur courrier distribuer, et ce sans affecter le droit de grève qu'avaient les employés de Postes Canada. Cela n'a pas été fait.
Comme je l'ai mentionné, le gouvernement aurait pu choisir de ne pas s'ingérer dans les salaires. Le gouvernement ne l'a pas fait.
Le gouvernement aurait pu également éliminer les « clauses orphelin ». Ces clauses font en sorte que, pour le même travail, une personne qui vient d'entrer à Postes Canada gagnera jusqu'à 18 p. 100 de moins qu'un employé syndiqué qui y travaille depuis un certain nombre d'années. Les « clauses orphelin » ont été dénoncées au Québec et au Canada comme étant fondamentalement injustes et brimant des droits fondamentaux. Or le gouvernement a décidé de ne pas empêcher Postes Canada d'aller dans cette direction. Le projet de loi aurait pu le faire, mais il ne le fait pas.
Le projet de loi aurait également pu régler la question des pensions. Il y a des différences très profondes sur le plan de la négociation au sujet des pensions. Postes Canada veut qu'on mette fin au régime actuel, mais qu'il soit encore disponible. On parle d'un régime à prestations déterminées pour les employés déjà en place et d'un système à cotisations déterminées pour les nouveaux employés. Encore une fois, c'est quelque chose de fondamentalement injuste et de dangereux pour les travailleurs et travailleuses. La différence devrait être claire. Les prestations déterminées offrent une sécurité économique et permettent aux gens d'avoir un revenu suffisant à leur retraite. Ainsi, ils pourront dépenser cet argent et faire rouler l'économie.
Ce qu'on dit aux jeunes nouveaux travailleurs de Postes Canada, c'est que la génération précédente a eu les choses plus faciles. Ce n'était pas si facile, car elle a eu à se battre pour cela. La génération précédente aurait tous ces avantages, mais les nouveaux travailleurs se verraient imposer un régime à cotisations déterminées. En fin de compte, tout le risque financier leur appartiendrait. À leur retraite, à 60 ou 65 ans, ils feraient mieux de prier pour ne pas être au milieu d'une récession et ne pas être forcés à travailler à 65 ou à 70 ans pour compléter leur pension, qui serait beaucoup moindre à cause de la crise économique. C'est la différence.
Avec un régime à prestations déterminées, vous savez combien vous allez avoir à votre retraite, selon le nombre d'années que vous avez travaillé et du salaire que vous avez gagné. Le système à cotisations déterminées place tout le risque sur vos épaules, vous êtes dépendant du casino financier que constitue le milieu spéculatif et vous faites mieux de prier pour qu'il n'y ait pas de crise au moment où vous allez prendre votre retraite.
Le gouvernement propose un projet de loi qui avantage le côté patronal. On aurait pu avoir quelque chose de mieux. On aurait pu encourager les deux parties à s'entendre. Le syndicat des postes était prêt à renouveler la convention collective précédente. Le syndicat a démontré une volonté de négocier de bonne foi en acceptant le fait que des ajustements technologiques seront nécessaires à Postes Canada pour faire face à l'avenir. Le syndicat a été clair sur le fait qu'il allait être nécessaire de restructurer Postes Canada, mais pas d'une manière à sens unique comme ce qui est proposé.
On dit souvent qu'il y a moins de postes. Mon collègue de la Colombie-Britannique a mentionné qu'il y a un peu moins de courrier qu'auparavant, mais la différence n'est pas si énorme que cela. D'après les chiffres, le volume de courrier a diminué de 7 p. 100 depuis le début de la crise économique. Cela est attribuable en grande partie à la crise économique. Ce qu'on ne dit pas, c'est que le nombre d'heures travaillées depuis le début a été d'environ 11 p. 100. Cela veut dire que sur le plan de la productivité, nos travailleurs et travailleuses ont été plus efficaces. Cela m'amène au point soulevé du côté du gouvernement et du troisième parti de l'opposition et de son chef. Ils semblent prétendre que nous sommes contre les profits.
Postes Canada a fait 281 millions de dollars de profits et a déposé jusqu'à 2 milliards de dollars en dividendes au gouvernement canadien. C'est une bonne chose, car cela bénéficie à l'ensemble de la population canadienne et à Postes Canada, qui peut utiliser ces profits pour réinvestir, restructurer, progresser et se renouveler. Mais une partie de ces profits, il faut le rappeler, ne vient pas uniquement de la vente de timbres.
Cela vient d'investissements qui sont par la suite plus productifs. Cela tient également au fait que les employés sont plus productifs. Cette productivité qu'apportent les employés de Postes Canada doit pouvoir se refléter dans un système de récompenses qui se traduit par une augmentation des revenus et des salaires. Ce n'est pas ce qu'on voit présentement. On a l'impression que ces gens pensent qu'on est contre le profit. Ce n'est pas le cas. On veut que Postes Canada continue d'être profitable, mais on veut également que les employés qui font en sorte que Postes Canada est profitable puissent bénéficier de ces profits, qu'ils puissent obtenir un partage des bénéfices d'une bonne organisation et d'une plus haute productivité.
Ce n'est pas ce que ce projet de loi propose et ce n'est pas ce que propose aussi cette imposition d'une échelle de salaire inférieure à ce que peut être le taux d'inflation. Il va nous rester un peu de temps pour débattre de ces questions par la suite.
J'aimerais que nos amis du gouvernement puissent prendre un peu de temps pour essayer de m'expliquer pourquoi ils jugent ce projet de loi si important à ce stade-ci, alors qu'on aurait pu continuer la négociation et permettre au syndicat de continuer à faire sa grève rotative qui avait un impact limité. Mon honorable collègue de parlait de ses membres qui étaient très affectés. Je ne pense pas qu'Estevan ou Weyburn, dans son comté, ait encore subi une grève rotative. Il n'y avait pas encore eu d'impact du côté de sa circonscription.
J'aimerais savoir pourquoi cette voie est la seule qu'on a pu adopter ou proposer. Pourquoi n'aurait-on pas pu simplement enlever le droit à Postes Canada de recourir au lock-out, tout en permettant au syndicat de pouvoir continuer ce qu'il faisait? Pourquoi une diminution de salaire par rapport à la dernière offre patronale était-elle nécessaire? J'ai besoin de savoir cela. J'ai besoin de comprendre pourquoi et on ne me l'a pas encore expliqué.
J'aimerais savoir pourquoi le gouvernement s'est donné le pouvoir de forcer le retour au travail des employés dans le cadre de cette loi? Pourquoi n'a-t-on pas utilisé l'occasion d'éliminer la possibilité que Postes Canada puisse imposer deux échelles de salaires, soit une pour les travailleurs déjà en place et une autre pour les nouveaux employés, peu importe le travail qu'ils font? On impose une diminution de 20 p. 100 aux nouveaux employés. Pourquoi une disposition n'aurait-elle pas pu être incluse dans un projet de loi que l'on me dit être juste et équilibré? Pourquoi n'aurait-on pas pu empêcher la société de la Couronne, Postes Canada, d'exiger de ses employés qu'ils sacrifient un droit reconnu de longue date, pour lequel les employés se sont battus et pour lequel ils se sont cotisés depuis bien longtemps? Pourquoi n'aurait-on pas pu permettre au régime de continuer? Le syndicat lui-même avait proposé de laisser les choses en place et de recourir à un processus de médiation séparé afin de faire face aux questions et aux préoccupations de l'employeur et de s'ajuster en conséquence.
Pourquoi n'y a-t-il pas une interdiction de forcer les nouveaux employés à contribuer à un régime à cotisations déterminées plutôt qu'à un régime de prestations déterminées?
Ce sont toutes des questions que j'aurais voulu entendre être abordées ce matin, mais je n'entends encore, et je m'excuse de le dire, que les mêmes platitudes et les mêmes répétitions du message central qui parle d'économie. Oui, l'économie est importante pour les Canadiens et les Canadiennes, mais on a également besoin de penser à la contribution des travailleurs et travailleuses, des syndiqués en général et des travailleurs et travailleuses non syndiqués qui seront affectés par ces diminutions de salaire. Cela va également entraîner une pression à la baisse sur les salaires qui nuira à l'économie.
J'aimerais avoir des réponses d'ici la fin du débat que nous aurons sur ces questions très importantes. Jusqu'à ce qu'on ait des réponses à ces questions, je pense que la position du NPD sera claire.
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Monsieur le Président, notre gouvernement présente à la Chambre des communes le projet de loi . Ce projet de loi établira également un processus d'arbitrage impartial pour finaliser les dispositions d'une nouvelle convention collective.
Notre gouvernement reconnaît aux employeurs le droit de négocier librement des conventions collectives. Je suis persuadé que tous les députés de cette Chambre partagent ce principe fondamental qui régit les relations de travail au Canada. D'ailleurs, le cadre fédéral actuel régissant le travail, qui met l'accent sur les services de médiation et de conciliation, est généralement efficace quand il s'agit de résoudre les questions en litige dans les conventions collectives.
Dans le cas de la présente négociation, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour régler les différends, mais nos efforts ne suffisent pas, manifestement. Les parties n'ont pas encore trouvé de terrain d'entente et, dans ces circonstances, nous devons envisager les répercussions d'un arrêt de travail dans un contexte plus général.
Personne n'est emballé à l'idée d'un retour au travail forcé, mais la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons l'exige. Nous nous devons d'agir rapidement afin d'éviter une interruption prolongée de la distribution du courrier, qui constitue un rouage essentiel de l'économie canadienne en cette période de reprise économique encore fragile.
Avant de parler des répercussions économiques — comme l'ont fait mes collègues aujourd'hui — de cet arrêt de travail et de notre responsabilité d'agir, j'aimerais partager les renseignements de base sur ce conflit et expliquer comment le processus nous a amenés dans la situation actuelle.
Les négociations entre Postes Canada et les membres de l'unité de l'exploitation postale urbaine du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ont débuté en octobre 2010. La convention collective, qui concernait près de 50 000 employés des postes, a pris fin le 31 janvier 2011. Après plus de huit mois, les parties ne sont pas parvenues à s'entendre malgré les efforts de négociation, de conciliation et de médiation.
Le 30 mai, le syndicat a donné à l'employeur un avis de grève qui entrait en vigueur le 3 juin. Le 3 juin, les employés de Postes Canada ont déclenché leurs moyens de pression et ont entrepris des grèves tournantes. Dès le début du conflit, la ministre du Travail a joué un rôle proactif. Plusieurs fois, elle a tenté de rapprocher les parties afin de relancer les négociations. En dépit de tous les efforts qu'elle a déployés, l'employeur et le syndicat ne sont pas parvenus à s'entendre. Le 15 juin, la partie patronale a décrété un lock-out, ce qui a mis fin aux grèves tournantes. Depuis, le service postal est paralysé.
Nous nous retrouvons dans une situation regrettable: un arrêt de travail alors que l'employeur et le syndicat n'ont pu en arriver à un règlement et que leurs positions sont encore très éloignées. Cette situation est non seulement regrettable, mais préoccupante. D'un bout à l'autre du pays, elle soulève une vive inquiétude quant à ses conséquences sur l'économie et à ses répercussions sur les citoyens. Les citoyens sont pris dans un étau entre la partie patronale et les employés. Que ce soit pour les entreprises, les familles ou les aînés de partout au pays et de Lévis—Bellechasse et les Etchemins, en milieu urbain ou en milieu rural, tous les Canadiens sont touchés et pénalisés par ce conflit, car Postes Canada joue un rôle important dans notre société.
On se rappellera qu'en 1997, l'arrêt de travail à Postes Canada s'était échelonné sur deux semaines. À l'époque, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante avait estimé que cet arrêt de travail avait coûté 200 millions de dollars par jour aux petites et moyennes entreprises.
Or, même si les services postaux sont moins utilisés depuis 1997 au profit des technologies comme les courriels, le télécopieur, de même que la facturation et les services bancaires électroniques, les petites et moyennes entreprises se fient encore beaucoup aux services postaux pour la facturation et le traitement de commandes. Dans une lettre ouverte adressée à la direction de Postes Canada et rendue publique le 18 mai dernier, la fédération et ses 108 000 petites et moyennes entreprises sonnaient déjà l'alarme.
Elles se disaient préoccupées, il y a plus d'un mois de cela déjà, des coûts de Postes Canada qui ne cessent d'augmenter et de leur incidence sur les PME, ce qui, selon elles, incitera un plus grand nombre d'entreprises à chercher d'autres solutions pour leurs envois postaux et aura des conséquences néfastes pour Postes Canada.
Du même souffle, elles ajoutaient: « [...] d'autres petites entreprises risquent de subir des conséquences négatives si une longue interruption postale est déclarée. » On peut penser entre autres aux magazines, aux journaux et aux autres périodiques. La majorité de leur distribution repose sur les services postaux offerts par Postes Canada. Pendant une interruption des services postaux, il n'y a pas d'autres moyens pratiques et rentables d'assurer leur distribution.
C'est dire que toute l'industrie des périodiques sera gravement touchée si cette interruption des services postaux perdure encore longtemps. Et il ne s'agit là que d'un seul exemple. Un arrêt de travail prolongé aurait des répercussions négatives sur bien d'autres secteurs d'activité et segments de la population, que ce soit nos familles, nos aînés ou nos vétérans. Plusieurs entreprises sont sur un pied d'alerte et réclament du gouvernement qu'il prenne ses responsabilités.
Autant la réception de chèques et comptes payables que la facturation aux clients et l'envoi et la réception de documents importants sont perturbés par ce conflit. Notre pays commence à peine à montrer des signes de reprise après la crise économique qui a durement frappé le monde entier. Nous sommes en bonne position grâce à la stabilité de notre système bancaire et à l'impact extrêmement positif du Plan d'action économique de notre gouvernement, et il est vrai que notre économie continue à croître plus rapidement que celle des autres pays industrialisés.
En fait, notre croissance se chiffre à 2,9 p. 100 cette année, et on estime qu'elle sera de 2,6 p. 100 l'année prochaine. Mais elle est encore fragile. Nous affrontons plusieurs défis, notamment des restrictions budgétaires importantes, sans compter que la reprise économique mondiale se poursuit lentement et que des risques continuent de peser sur les marchés.
Le Canada n'est pas sur une île, et il n'est pas à l'abri des fluctuations et des crises qui surviennent dans d'autres régions du monde. Nous ne pouvons nous permettre de nous reposer sur nos lauriers. À ce stade-ci, il faut faire tout ce que nous pouvons pour stimuler la croissance économique et la création d'emplois. C'est ce à quoi nous nous sommes engagés dans le discours du Trône. Nous avons affirmé très clairement que « L’emploi et la croissance demeureront les plus hautes priorités de notre gouvernement. »
Une interruption prolongée des services postaux risquerait de nuire à tous les efforts déployés, non seulement par notre gouvernement, mais par nos entreprises, nos associations, nos organismes communautaires et l'ensemble des citoyens de ce pays en vue d'encourager la relance et de raffermir les fondements de notre économie.
Les chiffres sont éloquents: on estime que chaque semaine de grève des employés de Postes Canada représente des pertes de 9 millions à 31 millions de dollars pour l'économie canadienne. Chaque journée supplémentaire de lock-out entraîne des pertes commerciales et financières considérables pour notre pays.
Les parties ont eu amplement le temps de s'entendre: plus de huit mois. Il serait irresponsable de notre part de laisser les choses suivre leur cours au risque que la situation s'envenime et que cet arrêt de travail se prolonge.
C'est le Code canadien du travail qui régit les employés sous réglementation fédérale dans des secteurs clés de l'économie. La partie I du code encadre les droits et les responsabilités des employeurs, des syndicats et du ministre du Travail lors des négociations collectives, notamment lorsque les parties ne peuvent résoudre leurs différends.
La solution idéale est que toutes les parties en arrivent à prévenir et à régler les points en litige entre elles. Cependant, une impasse peut survenir dans les négociations et donner lieu à un conflit de travail dont les effets peuvent s'avérer extrêmement néfastes pour l'économie nationale. Lorsqu'une telle situation se présente, le Parlement se doit d'agir, comme il l'a fait par le passé dans des situations semblables.
Depuis 60 ans, notre Parlement a recouru 32 fois à ce mécanisme. Ce que nous proposons, c'est une loi qui permettrait l'adoption d'une convention collective d'une durée de quatre ans. Cette nouvelle convention collective inclurait une hausse des rémunérations qui s'échelonnerait sur ces quatre années. Le projet de loi que nous avons déposé hier, en plus d'assurer la reprise immédiate et le maintien des services postaux, prévoit l'arbitrage comme mode de règlement des questions qui font toujours l'objet de mésententes entre les parties.
Il reviendra à l'arbitre de choisir entre la proposition finale du syndicat ou celle de la partie patronale. Il faut noter cependant que l'adoption de ce projet de loi n'empêche nullement les parties de continuer à négocier et de parvenir à une entente, et c'est ce qui s'est produit en 1997. Notre gouvernement prend ses responsabilités et met de la pression sur la partie patronale et les employés pour qu'ils en arrivent à une entente négociée.
Le projet de loi prévoit expressément que les parties peuvent à tout moment s'entendre pour conclure de nouvelles conventions collectives. Nous souhaitons vivement que les parties continuent à négocier pour résoudre ce conflit avant que l'arbitre n'ait à trancher ces questions.
Enfin, la loi entrerait en vigueur 24 heures après la sanction royale, permettant ainsi aux travailleurs d'être bien informés des exigences et des conséquences de cette loi. Il s'agit d'une mesure exceptionnelle prise dans le contexte d'une reprise économique encore fragile. Je peux assurer que cette décision n'est pas prise à la légère, comme je l'ai démontré. Cependant, nous savons qu'il n'y a rien à gagner à retarder le processus et que les Canadiens attendent que notre gouvernement prenne ses responsabilités. Nous sommes déterminés à prendre les mesures qui s'imposent pour protéger les intérêts des Canadiens et de notre économie.
En conclusion, pour assurer notre reprise économique et le bien-être des citoyens de ce pays, j'invite tous les députés de la Chambre à appuyer la démarche de notre gouvernement en vue de mettre fin à ce conflit et de rétablir le courrier postal au pays.