(au nom du leader du gouvernement à la Chambre des communes)
propose:
Que, nonobstant tout article du Règlement ou usage habituel de la Chambre, il soit disposé de la manière suivante d’un projet de loi inscrit au nom du ministre du Travail et intitulé Loi prévoyant le maintien et la reprise des services ferroviaires:
a) le projet de loi pourra être lu deux fois ou trois fois lors d’une même séance
b) au plus deux heures seront accordées aux délibérations à l’étape de la deuxième lecture, après l’adoption du présent ordre;
c) lorsque le projet de loi aura été lu une deuxième fois, il sera renvoyé à un comité plénier;
d) tout vote demandé pendant les travaux du Comité sera renvoyé à la fin de l’étude du projet de loi par le Comité;
e) au plus une heure sera accordée aux délibérations à l’étape du comité plénier;
f) au plus une demi-heure sera accordée aux délibérations à l’étape de la troisième lecture, sous réserve qu’aucun député ne prenne la parole pendant plus de dix minutes lors de cette étape et qu’aucune période de questions et commentaires ne soit autorisée après l’intervention de chaque député;
g) à l’expiration des périodes prévues au présent ordre, toute délibération de la Chambre ou du comité plénier sera, s’il y a lieu, interrompue aux fins du présent ordre, puis toute question nécessaire pour disposer de l’étape à l’étude à ce moment sera mise aux voix immédiatement et successivement, sans plus ample débat ni amendement, et il ne pourra y avoir vote différé;
h) lorsque, en vertu des dispositions de cet ordre, le Président interrompra des délibérations afin de mettre immédiatement aux voix la question relative à une affaire alors en discussion devant la Chambre, la sonnerie d'appel des députés fonctionnera pendant au plus trente minutes;
i) dès la première lecture du projet de loi, et ce, jusqu’à ce que le projet de loi soit lu une troisième fois, la Chambre ne s'ajournera pas, sauf en conformité d'une motion présentée par un ministre de la Couronne;
j) aucune motion d’ajournement du débat à quelque étape que ce soit ne pourra être proposée, sauf si elle est présentée par un ministre;
k) lors des délibérations du comité plénier, aucune motion visant la fin de la séance ou la production d’un rapport de l’état du projet de loi ne pourra être proposée, sauf si elle est présentée par un ministre.
— Monsieur le Président, je suis ravie de pouvoir expliquer à la Chambre pourquoi il faudrait adopter rapidement une mesure législative prévoyant le maintien et la reprise des services ferroviaires.
Comme nous le savons tous, les arrêts de travail qui se produisent dans les secteurs importants, notamment les services ferroviaires, peuvent avoir de graves répercussions économiques. Nous connaissons depuis un certain temps une période économique difficile. Le gouvernement a pris rapidement des mesures pour protéger les Canadiens des pires conséquences de la crise économique. La Chambre a, sans contredit, un rôle important à jouer lorsque nous nous retrouvons dans une situation pouvant avoir des effets négatifs sur la reprise économique et sur le bien-être des citoyens.
Les Canadiens ont clairement confié au gouvernement le mandat de protéger les intérêts nationaux pendant la période d'incertitude économique mondiale que nous connaissons. Les Canadiens ont de la chance, car ils sont parmi ceux qui ont les meilleures conditions de travail dans le monde. Dans une très large mesure, les emplois dans la fonction publique sont sûrs, les pratiques d'embauche sont équitables et les droits des employés sont protégés en vertu du Code canadien du travail. Ce code garantit entre autres aux travailleurs le droit à la négociation collective. Il donne aux parties de nombreuses possibilités d'arriver à une entente, avec ou sans l'aide du gouvernement fédéral. Le Code canadien du travail reconnaît également aux employés et aux employeurs le droit de grève ou de lock-out si les négociations échouent.
À l'heure actuelle, les contrôleurs de la circulation ferroviaire et le personnel itinérant du Canadien Pacifique sont en grève. Nous débattons d'un projet de loi aujourd'hui, mais nous espérons sincèrement que les parties trouveront une façon de régler leurs différends et parviendront à une convention collective. C'est toujours la meilleure solution à un conflit de travail. Il est particulièrement important de dénouer celui qui nous occupe en ce moment, compte tenu du rôle que joue le Canadien Pacifique dans la sécurité économique du pays.
Le projet de loi que nous présentons aujourd'hui a pour but de protéger la reprise économique et de permettre le rétablissement des services ferroviaires. Je ne suis pas certaine que tous les députés se rendent compte de ce que le Canadien Pacifique signifie pour l'économie du Canada. Selon Transports Canada, celui-ci transporte chaque année des marchandises dont la valeur atteint presque 50 milliards de dollars.
Toutefois, avant de parler des répercussions économiques de la situation, j'aimerais résumer le conflit dont nous sommes saisis aujourd'hui. Ce sera un aperçu général, parce que les parties négocient ferme depuis des mois. Je tiens cependant à faire savoir à la Chambre que les représentants du Programme du travail et moi-même, à titre de ministre, avons été présents tout au long du processus.
Les parties au conflit sont le Chemin de fer Canadien Pacifique et la Conférence ferroviaire Teamsters Canada, ou CFTC.
La CFTC représente de façon indépendante 4 200 membres du personnel itinérant et environ 220 contrôleurs de la circulation ferroviaire. Le personnel itinérant comprend notamment les mécaniciens de locomotive, les chefs de train, les bagagistes, les serre-freins, les opérateurs de freins de voie, les agents de triage, les aiguilleurs, les chefs de triage et les chefs de triage adjoints ainsi que les aides-mécaniciens. Toutes ces personnes assurent le fonctionnement d'un des systèmes ferroviaires les plus importants du pays, et elles font de l'excellent travail.
Le chemin de fer est un réseau de 22 000 kilomètres qui relie les différentes parties du pays. Il ne s'étend pas uniquement d'un bout à l'autre du Canada; il nous relie également à d'importants centres industriels comme Chicago, Philadelphie et New York, aux États-Unis, ainsi que le Mexique. Le chemin de fer est véritablement la pierre angulaire de notre pays et de notre économie, qui repose sur les échanges commerciaux. Le Canadien Pacifique transporte le grain, le charbon, la potasse, les biens de consommation et les produits automobiles qui font fonctionner le pays.
Les négociations entre le Canadien Pacifique et la CFTC, ou les Teamsters, ont commencé en octobre et novembre 2011. Le 17 février 2012, j'ai reçu de l'employeur des avis de différend pour les deux unités. Deux semaines plus tard, soit le 2 mars, conformément au Code canadien du travail, deux conciliateurs ont été nommés pour aider les parties à mener à bien les négociations collectives. Toujours conformément au Code du travail, le processus de conciliation a été interrompu le 1er mai, ce qui veut dire que les parties étaient en droit de déclencher une grève ou d'imposer un lock-out à partir du 23 mai. Le mercredi 23 mai à minuit une, les employés ont débrayé.
Nous espérons que les groupes pourront encore régler leurs différends, comme ils l'ont fait lors des négociations collectives de 2006, avec l'aide d'un médiateur.
Comme vous le savez, le CP est une société privée et ce sont les parties qui doivent négocier et finir par s'entendre. Malheureusement, jusqu'à maintenant, elles ont été incapables de régler leurs différends, en dépit de l'aide du Service fédéral de médiation et de conciliation.
Je continue d'encourager les parties à mettre fin à l'arrêt de travail. Je les encourage à négocier elles-mêmes des ententes, à rétablir la confiance de la population et celle des entreprises et des travailleurs canadiens qui doivent pouvoir compter sur des services ferroviaires commerciaux.
Quant à moi, le 16 mai, j'ai rencontré des représentants du CP et les Teamsters pour leur offrir une médiation prolongée pour les aider à conclure une entente ou, à tout le moins, à réaliser des progrès sur certaines des questions toujours en suspens, notamment les régimes de retraite, les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail. Malheureusement, le syndicat n'a pas accepté cette aide supplémentaire.
J'ai rencontré de nouveau les parties le 22 mai tard le soir, avant le débrayage, pour les encourager et les aider à faire avancer les négociations. C'est au cours de ces réunions, le 22 mai, que les deux parties sont finalement convenues de maintenir les services de trains de banlieue dans la région métropolitaine de Vancouver et celles de Toronto et de Montréal.
Cette concession est extrêmement importante. J'avais insisté sur ce point dès le 16 mai dans le but de réduire les conséquences de l'arrêt de travail sur les quelque 65 000 banlieusards qui utilisent chaque jour la ligne du CFCP pour se rendre au travail et revenir à la maison. J'ai été heureuse que les parties acceptent de maintenir ce service de banlieue pendant la grève, mais elles ont néanmoins été incapables de s'entendre sur une convention collective.
Permettez-moi de dire quelques mots sur la façon dont l'arrêt de travail au CFCP a, et continuera d'avoir, des répercussions sur l'économie.
Selon un rapport publié en octobre 2009 par la Rotman School of Management de l'Université de Toronto, quatre secteurs clés de l'industrie canadienne du transport en vrac, soit ceux des oléagineux et des grains, du charbon, des produits du bois et des pâtes et papiers, contribuaient pour plus de 81 milliards de dollars par année au PIB du Canada et représentaient près d'un million d'emplois.
Pensons un instant au nombre d'emplois que cela représente. Les personnes hautement qualifiées qui travaillent dans les secteurs du transport en vrac, soit un million de travailleurs, dépendent du CFCP pour les aider à transporter leurs produits. Sans ces chefs de train, ces ingénieurs et ces contrôleurs de la circulation ferroviaire dûment formés et accrédités, le CFCP a dû complètement cesser ses activités, ce qui a entraîné des pertes d'emplois temporaires tant au sein de cette entreprise qu'au sein de l'industrie canadienne du transport en vrac.
Certains ont fait valoir qu'il existe d'autres transporteurs qui peuvent prendre le relais. Le Canadien National, qui est la seule autre grande compagnie à assurer le transport ferroviaire de marchandises à l'échelle du pays, a bien essayé d'assurer la relève, mais l'ampleur de la tâche dépasse ses capacités. VIA Rail se consacre pour sa part au transport des passagers et n'est pas en mesure d'assurer le transport commercial de marchandises. Par ailleurs, certains trains de VIA Rail circulent sur les voies exploitées par le Canadien Pacifique; sans contrôleurs de la circulation ferroviaire, aucun train ne peut emprunter ces voies, ce qui perturbe les services de VIA Rail.
Que coûte l'arrêt du transport des marchandises à l'économie canadienne? Selon Transports Canada, en 2010, le Canadien Pacifique a assuré le transport de 74 p. 100 de la potasse, de 57 p. 100 du blé, de 53 p. 100 du charbon et de 39 p. 100 des conteneurs expédiés au pays. Financièrement parlant, cela représente 5 milliards de dollars en potasse, 11,1 milliards en céréales et 5,25 milliards en charbon par année. Les répercussions sur l'économie de l'arrêt complet sur une période prolongée des services de transport des marchandises de ces quatre secteurs à eux seuls pourraient s'élever à 545 millions — un demi-milliard — de dollars par semaine.
Si cet arrêt de travail se prolonge, la perte de productivité et de revenu pourrait entraîner des pertes d'emplois permanentes. Comme il n'y a pas de service ferroviaire, cet arrêt de travail aura de vastes répercussions.
Toutefois, le transport de vrac n'est pas le seul aspect à prendre en considération. En plus d'empêcher l'acheminement de la potasse, du blé et du charbon, l'arrêt de travail a aussi une incidence sur le secteur de l'automobile.
Les pièces d'automobile arrivent au troisième rang des importations qui entrent au Canada par conteneur en passant par le Port Metro Vancouver. Cet arrêt de travail empêche l'expédition de pièces aux fabricants en Ontario. Faute de pièces, les chaînes de montage tourneront au ralenti ou s'arrêteront, ce qui entraînera une perte de production, et peut-être, selon la durée de l'arrêt, des mises à pied.
Au chapitre des exportations, le Chemin de fer Canadien Pacifique joue un rôle crucial dans le transport des marchandises à destination et en provenance des ports de la côte Ouest, et nous savons que ces ports font partie intégrante de la porte d'entrée de l'Asie-Pacifique.
L'arrêt de travail nous empêche d'assurer l'importation et l'exportation des marchandises. Cela nuit à notre réputation; nous sommes considérés comme un pays fiable où faire des affaires. Bien franchement, il s'agit d'un recul, et des années pourraient s'écouler avant que nous nous remettions des pertes de revenus et d'investissements subies.
Il est très clair que le gouvernement du Canada doit agir immédiatement pour que le service ferroviaire reprenne au Chemin de fer Canadien Pacifique, car il semble peu probable que des ententes soient conclues dans un avenir rapproché.
Même si notre économie se redresse, elle est encore fragile et nous devons donc nous demander si, pour le bien du pays, nous pouvons nous permettre que l'arrêt de travail au CP se prolonge. Des centaines d'entreprises sont touchées, des entreprises qui ont déjà souffert pendant la récession.
Nous pensons aussi à tous les gens qui dépendent du chemin de fer pour gagner leur vie, à commencer par les dizaines de milliers d'employés du CP dans tout le pays.
Quelle sera l'incidence de cet arrêt de travail sur notre réputation internationale comme partenaire commercial efficace et fiable? Nous ne sommes qu'un maillon d'une longue chaîne d'approvisionnement. Ce qui se passe ici a des répercussions sur la circulation transfrontalière ainsi que sur notre capacité à trouver de nouveaux débouchés commerciaux en Amérique du Nord. Nous savons tous ce qu'on dit à propos des chaînes: elles ne peuvent être plus fortes que leur maillon le plus faible. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être ce maillon faible.
Il est évident que, sans ce réseau, l'économie pâtira. Nous en avons besoin pour que les entreprises, grandes et petites, continuent de fonctionner. Nos clients du monde entier ne tiendront pas compte de nos difficultés. D'ailleurs, nos concurrents sur le marché international n'interrompront pas aimablement leur concurrence pendant que nous réglons un conflit de travail.
Les problèmes ont des effets bien au-delà de la table de négociation. Ils doivent être abordés dans un cadre plus large. Ils doivent être abordés par le Parlement.
Il est maintenant temps d'agir. Toutes les mesures prévues au Code canadien du travail ont été prises et toutes les ressources et les mesures de soutien ont été offertes aux parties pour les aider à arriver à un compromis acceptable. En clair, la grève ne peut pas continuer. Nous devons faire en sorte que les trains roulent de nouveau.
Les Canadiens veulent que leurs représentants au Parlement fassent preuve de leadership responsable. Plus tôt le projet de loi sera adopté, plus tôt les Canadiens, les entreprises et les investisseurs seront rassurés.
Je demande aujourd'hui à mes collègues d'appuyer l'adoption rapide de ce projet de loi pour permettre la reprise de notre économie et pour que les Canadiens puissent continuer à travailler.
:
Monsieur le Président, encore une fois, je me lève en cette Chambre pour défendre les droits des familles canadiennes et québécoises, les droits fondamentaux des travailleurs et des travailleuses. On a un gouvernement récidiviste dans ses attaques contre les droits d'association et de libre négociation des travailleurs et des travailleuses. Ici, on voit que cela touche 5 000 travailleurs et travailleuses ainsi que leurs familles. Ces gens se font attaquer par ce gouvernement qui est incapable de s'empêcher de mettre ses gros sabots et son nez dans les affaires qui ne le concernent pas. Il ne fait pas ce qu'il devrait faire, mais lorsqu'il devrait ne rien faire, il est à la mauvaise place au mauvais moment. Cela a des conséquences sur la vie des gens, sur les conditions de travail et les conditions de vie des travailleurs et des travailleuses de ce pays. C'est inacceptable pour nous, au NPD, comme opposition officielle.
J'aimerais souligner un paradoxe qui serait rigolo s'il n'avait pas autant de conséquences graves pour ces travailleuses et ces travailleurs, mais également pour l'avenir des relations de travail dans ce pays. Ce paradoxe, c'est l'idéologie d'un gouvernement conservateur qui croit que le marché doit tout décider, que l'État ne doit pas intervenir, que le gouvernement devrait être minimal et qu'on ne devrait pas redistribuer la richesse, ni avoir de programmes sociaux. C'est donc le laisser-aller économique. On ne fait pas d'intervention et, selon lui, c'est comme ça que la société va mieux se porter. Toutefois, bizarrement, lorsqu'il s'agit des droits des travailleurs et des travailleuses, l'idéologie des conservateurs ne tient plus. Là, ils interviennent, et ils interviennent vite, même trop vite.
C'est drôle, parce que le gouvernement conservateur ressemble beaucoup à la tour de Pise: il penche tout le temps du même côté. Il penche tout le temps du côté des actionnaires, jamais du côté des travailleurs et des travailleuses, de leurs familles et de leurs intérêts. Je vais essayer d'en faire la démonstration, mais la a bien commencé l'exercice aujourd'hui en montrant ses vraies couleurs, soit les couleurs d'un gouvernement conservateur qui n'a rien à cirer des conditions de travail des gens, de leur droit de s'associer, de leur droit d'exercer des moyens de pression, de leur droit de s'exprimer, de leur droit de négocier une convention collective sans avoir le grand frère, soit le gouvernement fédéral, qui vient leur dire non. Ils doivent rentrer dans le rang, rentrer au travail et ils n'ont plus le droit de s'exprimer et d'avoir une libre négociation, parce que le gouvernement est venu changer les règles du jeu. Ce n'est pas la première fois qu'il le fait. On va revenir là-dessus.
Ce projet de loi, qu'on n'a pas vu encore et dont on ignore le contenu, est très inquiétant à plus d'un titre. Il est inquiétant, parce que ce gouvernement récidive à répétition et s'attaque à la libre négociation et au droit d'association des travailleurs et des travailleuses, et ce n'est pas la première fois qu'il le fait. Cela vient briser le cadre des négociations qui a été établi au Canada depuis environ un siècle. Cela brise l'équilibre dans le rapport de force des parties, parce que dans une négociation entre un employeur et une association de travailleurs, chacun est capable d'exercer de la pression sur l'autre. L'employeur a un droit de lock-out et des droits de gérance; les travailleurs ont leur association, une convention collective et le droit d'exercer des moyens de pression, y compris le droit de faire la grève. Par contre, on a l'impression qu'avec ce gouvernement, le droit de grève est en train de s'effriter. Chaque fois que ça dérange quelqu'un, on met un stop à tout ça. On dit aux gens de rentrer dans le rang, de la fermer et qu'ils n'ont plus le choix.
Le droit à la négociation, c'est le droit d'exercer des moyens de pression. La semaine dernière, la est allée sur la place publique et dans les médias pour annoncer, alors que cela ne faisait même pas 24 heures que les travailleurs étaient en grève, que s'il n'y a pas d'entente négociée, il y aurait une loi spéciale de retour au travail. En faisant cela, qu'est-ce que la ministre vient de faire? Elle vient indiquer à la compagnie privée et à l'employeur qu'il n'y a plus aucune motivation de négocier de bonne foi parce que la menace légale, constitutionnelle, qu'exerçaient les travailleurs et les travailleuses vient de disparaître. Ils n'ont plus de rapport de force. L'employeur n'a aucune incitation à trouver une solution négociée qui serait raisonnable pour les deux parties.
Ainsi, ce gouvernement s'attaque non seulement à ces 5 000 familles, mais également au droit de grève et d'exercer des moyens de pression. Cela vient briser l'équilibre historique entre la partie patronale et la partie syndicale dans les relations de travail au pays, et ce n'est pas la première fois qu'il le fait. C'est drôle, mais les conservateurs ne le font pas quand c'est pour sauver des emplois. On se rappelle, il n'y a pas tellement longtemps, des réponses du en ce qui concerne les 2 400 emplois chez Aveos.
La réponse donnée par le gouvernement conservateur était qu'il ne se mêlait pas de ça, Aveos étant une compagnie privée.
À ce que je sache, le CP est aussi une compagnie privée. Comment se fait-il que le gouvernement conservateur est incapable d'agir quand il s'agit de sauver 1 800 emplois dans la région de Montréal, mais qu'il s'empresse de le faire quand une compagnie très profitable et rentable veut s'attaquer aux conditions de travail et aux régimes de retraite? Le gouvernement conservateur est alors rapide comme l'éclair, il fonce dans le tas et impose sa volonté aux parties.
Mercredi dernier, la ministre a dit au patron de la compagnie qu'il n'avait plus besoin de négocier, parce que, de toute façon, elle fermerait les livres, ce qui obligerait les 5 000 personnes à revenir au travail. C'est le message qu'a envoyé le gouvernement conservateur. Et, il l'a fait à répétition. On l'a vu avec Postes Canada, et deux fois avec Air Canada. Puis, on s'attaque aujourd'hui aux droits des travailleurs et travailleuses du Canadien Pacifique.
En un peu plus d'un an, à quatre reprises, ce gouvernement conservateur s'est mêlé des négociations collectives, il a donné l'avantage à la partie patronale, il s'est attaqué aux droits des travailleurs et des travailleuses pour leur imposer et leur enfoncer dans la gorge des concessions sur leurs conditions de travail et donc sur leurs conditions de vie.
Pour nous, ce n'est pas acceptable. Au NPD, nous sommes préoccupés. Dans ce pays-ci, les travailleurs, les travailleuses et leurs familles sont aussi préoccupés. Qui sera le prochain? Les facteurs ont payé le prix. Pour la première fois, l'opposition officielle a mené une bataille à la Chambre pour défendre leurs droits et leur permettre de négocier plus longtemps. Les travailleurs et travailleuses de Postes Canada s'en souviennent. Ils nous félicitent encore du travail que nous avons fait en tant qu'opposition officielle, même si le bureau du premier ministre a saboté des ententes qui avaient été conclues à la table de négociation.
Les conservateurs se sont attaqués aux droits des pilotes d'Air Canada. Ils se sont aussi attaqués aux autres employés d'Air Canada, comme les machinistes. Cette fois-ci, ce sont les 5 000 travailleurs du Canadien Pacifique qui vont payer le prix. Pour les députés néo-démocrates, cela n'est pas acceptable. Nous nous demandons qui sera le prochain. Quels groupes de travailleurs et travailleuses vont subir encore une fois les interventions non nécessaires, irresponsables, injustifiées de ce gouvernement qui n'est pas capable de s'empêcher, chaque fois qu'il en a l'occasion, d'imposer aux travailleurs des reculs et de faire mal à l'économie en faisant ça? Je vais y revenir.
Ce n'est pas un dossier où il y a beaucoup de chiffres, mais il y en a certains qui sont vraiment importants. Cinq cent soixante-dix, c'est le nombre de millions de dollars de profits que le Canadien Pacifique a fait en 2011. Ce n'est pas une compagnie en difficulté.
Puisque je viens du milieu syndical et que j'ai eu l'honneur de représenter des membres des travailleurs et travailleuses au Québec pendant des années, je peux dire que lorsqu'une entreprise fait face à des difficultés réelles, le syndicat et les associations de travailleurs et travailleuses sont capables de s'asseoir et de trouver des solutions. Des concessions négociées, ça se fait. J'en ai vues. Quand la compagnie va bien, on peut faire des gains. Quand elle est en difficulté, on fait attention, on se serre la ceinture, on peut accepter des gels, on peut étaler des choses. Les travailleurs et les travailleuses vivent sur la même planète que nous. Ils ne sont pas fous.
Le Canadien Pacifique a fait 570 millions de dollars de profits en un an. Que fait le gouvernement? Il donne l'avantage aux actionnaires pour puiser dans les poches des travailleurs et travailleuses et être capable de payer les actionnaires américains. C'est ce qui se passe aujourd'hui. C'est honteux, c'est inacceptable. On n'est plus capable, on est tanné de voir ce gouvernement s'ingérer dans la libre négociation et s'attaquer à des droits fondamentaux comme il le fait encore une fois aujourd'hui et demain.
Avec 570 millions de dollars, ce n'est pas une compagnie qui a des problèmes. Si on avait laissé les parties négocier librement, elles auraient été capables de trouver une solution. On est optimiste au départ. Mais dès que le gouvernement a mis le gros orteil dans ces négociations, il a commencé à envoyer à l'employeur le signal selon lequel il n'avait plus besoin de rien faire et qu'il pouvait s'asseoir et attendre la loi spéciale, ce qui est extrêmement dommage.
Un autre chiffre, c'est le 142 millions de dollars de profits, dans le dernier trimestre, pour le Canadien Pacifique. C'est une compagnie qui va bien, qui est extrêmement rentable. Au cours des quatre derniers trimestres, les actionnaires ont reçu les plus hauts dividendes de toute l'histoire du Canadien Pacifique. C'est historique. Dans les 30 dernières années, les actionnaires du Canadien Pacifique n'avaient jamais reçu autant de dividendes qu'au cours des quatre derniers trimestres.
Cela donne le signal que même si votre entreprise va bien, vous avez le droit de vous attaquer aux conditions de travail des travailleurs et des travailleuses. Non seulement le gouvernement vous laissera faire, mais il vous encouragera. C'est ce qu'il fait aujourd'hui.
Cela met en contexte la situation réelle de cette grande compagnie qu'est le Canadien Pacifique. On nous dit que le régime de retraite connaît des difficultés; tous les régimes de retraite ont des difficultés; j'y reviendrai un peu plus tard. Toutefois, celui négocié par les Teamsters avec le Canadien Pacifique a été capitalisé l'an passé à hauteur de 96 p. 100, ce qui est extrêmement élevé. Le régime va bien. Oui, les travailleurs en retirent de bons bénéfices, mais c'est parce qu'ils y mettent beaucoup d'argent. Par exemple, les travailleurs du Canadien Pacifique vont injecter dans leur régime de retraite deux fois plus d'argent que d'autres travailleurs du domaine ferroviaire, par exemple les travailleurs du Canadien National. Évidemment, en fin de compte, ils en retirent des bénéfices, ce qui est tant mieux.
La retraite, c'est quoi? C'est du salaire différé, c'est de l'argent que les gens mettent de côté pour assurer leurs vieux jours, ce qui est tout à fait bien. Le Canadien Pacifique demandait des concessions énormes et le syndicat, qui était aussi présent autour de la table, était prêt à faire des compromis, il y avait une ouverture. Lorsqu'on a discuté avec lui, qu'on l'a rencontré, il nous l'a dit. Il savait qu'il faisait face à un défi, mais c'est un défi dans une compagnie extrêmement rentable et profitable, soit dit en passant. Il ne faut pas l'oublier.
La et le gouvernement conservateur ont un argument et un seul: cela a des répercussions sur l'économie. Je n'ai pas entendu autre chose de la bouche de la ministre. La première chose que je dirai là-dessus, c'est que si vous exercez des moyens de pression et que cela n'a pas d'impact, vous n'avez pas un gros rapport de force. Quand la ministre a annoncé la loi spéciale, ça ne faisait pas 24 heures que la grève était commencée. C'est vraiment couper l'herbe sous le pied des travailleurs et des travailleuses, tirer le tapis de sous leurs pieds et venir bafouer leurs droits, encore une fois.
Si cela a des répercussions sur l'économie, c'est parce qu'il y a un rapport de force. C'est comme ça que le système des relations de travail est construit au pays. C'est donc normal que cela ait un impact. Quand l'employeur fait un lock-out, cela a aussi des répercussions sur les travailleurs et les travailleuses. Quand les travailleurs exercent des moyens de pression, c'est sûr que cela aura des impacts. S'il n'y en avait pas, on n'appellerait pas cela des moyens de pression, puisqu'il n'y aurait pas de rapport de force. C'est là-dessus que notre système est bâti.
Je vais reprendre l'argument de la ministre quant au fait que cela a un impact sur l'économie. Diminuer jusqu'à 40 p. 100 les régimes de retraite des travailleurs et des travailleuses du Canadien Pacifique, cela a un impact sur l'économie puisque cela a comme effet d'exercer des pressions à la baisse sur les salaires et sur les régimes de retraite. C'est dangereux parce qu'on a besoin de gens, de personnes âgées qui ont de bons régimes de retraite afin qu'ils soient capables de continuer à dépenser dans leurs communautés. Si ces gens n'ont plus de revenu ou s'ils ont seulement la pension de vieillesse — qu'ils ne recevront d'ailleurs qu'à 67 ans — qu'est-ce que cela aura comme impact dans nos villes, dans nos villages et dans nos communautés? Ce seront des gens appauvris qui n'auront plus les moyens de dépenser comme ils le faisaient auparavant dans les restaurants, au magasin du coin, pour s'acheter du linge, pour faire du tourisme ou pour voyager.
Une entreprise qui engrange des profits de 570 millions de dollars en un an et qui demande à ses travailleurs et à ses travailleuses d'accepter des baisses allant jusqu'à 40 p. 100 des bénéfices de leur régime de retraite, c'est indécent. Le NPD comprend que les travailleurs et les travailleuses disent que ça ne leur convienne pas. Ces gens ont cotisé à leur régime de retraite et ne veulent pas voir diminuer leurs prestations.
La cerise sur le sundae, c'est que les 2 000 travailleurs non syndiqués — principalement des cadres du Canadien Pacifique — cotisent au même régime de retraite. Toutefois, ils en retirent plus de bénéfices et ce, même s'ils cotisent deux fois moins que les travailleurs et les travailleuses syndiqués. Cela veut dire une chose, c'est que l'on s'attaque vraiment à la capacité des gens de dépenser et d'avoir une retraite convenable. C'est un enjeu très important, pas seulement pour les travailleurs et les travailleuses du Canadien Pacifique, mais aussi pour l'ensemble de la population.
Au passage, je veux saluer les campagnes du Congrès du travail du Canada ainsi que de la FTQ qui, depuis plusieurs mois, incitent ce gouvernement à injecter de l'argent et à investir dans les régimes publics de retraite.
En effet, c'est la manière la plus efficace et la plus saine de s'assurer que les retraités et les personnes âgées vivent de manière simplement décente. Ce sont des solutions simples et pas très coûteuses qui pourraient sortir l'ensemble des aînés de la pauvreté. Il faut donc investir dans le Supplément de revenu garanti, mais également investir dans les régimes publics: la Régie des rentes du Québec, si on travaille au Québec, ou le Régime de pensions du Canada.
Ces outils existent, mais le gouvernement conservateur les ignore et préfère laisser le champ libre à une compagnie qui, elle, souhaite vraiment couper à la hache dans les prestations des travailleurs et des travailleuses du Canadien Pacifique. Pour nous, c'est inacceptable car cela va avoir des répercussions sur l'économie, sur la vie des familles et sur la vie des futurs retraités. Quand les gens mettent beaucoup d'argent dans un régime de retraite, ils s'attendent à avoir des prestations, et c'est tout à fait normal. C'est dommage que le gouvernement encourage la partie patronale à aller dans ce sens-là. C'est ce que cette législation fait aujourd'hui. Ce n'est pas bon pour l'économie, ni pour les communautés ni pour les familles.
Voici quelques exemples des effets draconiens qu'aurait la demande du Canadien Pacifique sur les familles canadiennes de la classe moyenne. En effet, les attaques contre les travailleurs syndiqués, ce sont surtout des attaques contre la classe moyenne. La classe moyenne est principalement une création du mouvement syndical et du mouvement ouvrier parce que, avant que les gens s'organisent et défendent leurs conditions de travail et leurs droits, ils faisaient face à des états d'exploitation qui étaient pires encore que ce qu'on voit aujourd'hui. Or on sent que la classe moyenne est en train de s'effriter, parce que les associations de travailleurs et de travailleuses subissent des attaques. Encore une fois, le gouvernement conservateur met en avant cette idéologie.
Voici un exemple: un employé âgé de 50 ans comptant 30 années de service pour le Canadien Pacifique perdrait 9 900 $ tous les ans jusqu'à la fin de sa vie. Les changements proposés par l'employeur et encouragés par le gouvernement conservateur ferait perdre à cette personne pratiquement 10 000 $ annuellement. Un ingénieur de locomotive de 50 ans comptant 30 années de service, qui vit et travaille en Colombie-Britannique et à qui il reste cinq ans à travailler avant de pouvoir prendre sa retraite, verrait sa pension amputée de 9 900 $ par année si le Canadien Pacifique obtient la concession demandée. Ce travailleur aura investi toute sa vie adulte dans cette carrière, il se prépare à la retraite et ne dispose d'aucune alternative pour remplacer ce revenu donnant droit à une pension que le Canadien Pacifique cherche à lui soutirer. Ce travailleur a versé des cotisations plus élevées que celles que paient les employés de toute autre compagnie de chemin de fer, et maintenant, le gouvernement avantagerait l'employeur en acquiesçant à l'importante demande de concession que le Canadien Pacifique exige de ses travailleurs canadiens et québécois. C'est honteux. Ce n'est pas une façon de traiter les gens. C'est piger dans la poche des travailleurs et des travailleuses et de leur famille afin que la compagnie, qui est déjà profitable, soit encore plus profitable. Cinq cent soixante-dix millions de dollars de profits en un an, ce n'est pas assez, il faut avoir 600 millions de dollars, 700 millions de dollars. Comment va-t-on y arriver? On va taper sur la tête des travailleurs et des travailleuses, on va réduire leurs conditions de travail et on va couper dans leur retraite. Or cela appauvrit notre société, cela appauvrit l'ensemble de la vie économique réelle. Cela, les conservateurs semblent l'oublier. Ils sont aveugles à ce phénomène.
Voici un autre exemple: un employé âgé de 40 ans comptant 20 années de service pour le CP perdrait plus de 27 000 $ annuellement. C'est épouvantable! Un chef de train de 40 ans comptant 20 années de service qui vit et travaille en Saskatchewan, et à qui il reste environ 15 ans à travailler avant de pouvoir prendre sa retraite, verrait sa pension amputée de plus de 27 000 $ par année si le Canadien Pacifique obtient la concession demandée. Ce travailleur aura investi toute sa vie et se prépare à la retraite. Il ne dispose pas d'autre choix, il n'a pas d'autre option. Il a misé là-dessus, c'est sa cagnotte. Je rappelle que ce travailleur a versé des cotisations plus élevées que celles que paient les employés de toute autre compagnie de chemin de fer au pays, mais le gouvernement avantage l'employeur et ses demandes de concession, encore une fois. Il fait entrer dans la gorge de ces gens-là des pertes importantes de revenu, quand ces femmes et ces hommes, qui travaillent fort, qui sont au service de notre économie, vont prendre leur retraite. Au NPD, on pense qu'ils mériteraient davantage de respect que cela.
Voici encore un exemple: un employé de 30 ans comptant 10 années de service pour le CP assumerait des pertes de plus de 30 000 $ annuellement au moment de prendre sa retraite. Un chef de train de l'Alberta qui a 30 ans et compte six années de service doit encore travailler 25 ans avant de pouvoir prendre sa retraite. Sa pension sera amputée de 30 000 $ par année. Il aura investi toute sa vie dans ce fond, car il n'a pas d'autre alternative, pas d'autre option. Le gouvernement conservateur va faire payer le prix à ce jeune travailleur qui va voir ses conditions de vie affectées par le projet de loi spécial que la va déposer sous peu à la Chambre.
D'ailleurs, c'est dommage puisque plus tôt, j'aurais aimé avoir l'occasion de lui poser la question pour savoir si elle allait avoir le courage de déposer dès aujourd'hui ce projet de loi pour qu'on puisse voir exactement quels en sont les détails. Ou plutôt, considère-t-elle que c'est mieux d'attendre une autre journée étant donné que, de toutes façons, la motion est claire à ce sujet: elle ne prévoit consacrer que 3 h 30 de débat à cette question dans cette Chambre. On aura 3 h 30 pour parler d'une loi spéciale très importante qui aura des conséquences vraiment majeures sur la vie de 5 000 personnes dans ce pays.
Les régimes de retraite, c'est un élément essentiel de redistribution de la richesse et d'équité dans nos sociétés. On a malheureusement un gouvernement qui ne fait rien pour bonifier les régimes de retraite ou les protéger.
Je vais vous raconter une anecdote familiale. Mon grand-père Urgel — je pense que j'ai le droit de le nommer, — a travaillé pendant 44 ans à la compagnie Singer, une grande usine, une grande compagnie à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il a travaillé à la forge avec ses amis. Quand il a pris sa retraite, la compagnie est partie avec la caisse de retraite. Il s'est retrouvé avec rien. Il y a eu des poursuites judiciaires pendant des années, voire des décennies. Quand les travailleurs et les travailleuses ont finalement eu gain de cause, mon grand-père était décédé. Il n'a jamais pu toucher à son argent.
Pourquoi ce gouvernement poursuit-il dans la même veine et s'attaque-t-il aux régimes de retraite des gens de ce pays? Pourquoi est-il incapable d'agir pour les aider? Pourquoi, quand une compagnie fait faillite, les travailleurs et les travailleuses ne sont-ils pas les premiers sur la liste des créanciers? Pourquoi est-ce que ce sont les banques et les actionnaires qui ramassent l'argent et comment se fait-il qu'il ne reste rien ou que des miettes pour les travailleurs et les travailleuses? On a un gouvernement qui s'en va dans la mauvaise direction, qui fait de mauvais choix économiques, qui privilégient toujours les mêmes, alors que les gens sont dans le besoin et que les gens de la classe moyenne ont de la difficulté à joindre les deux bouts. La classe moyenne existe de moins en moins. Elle se ratatine et ce n'est pas le gouvernement conservateur qui va l'aider.
De 1980 à 2009, le pouvoir d'achat de la classe moyenne a subi un gel. Les 20 p. 100 les plus riches se sont enrichis de 38 p. 100. Sur un période d'environ 30 ans, leur revenu a augmenté de près de 40 p. 100. Les 20 p. 100 les plus pauvres ont vu leur revenu baisser de 11,5 p. 100. Les pauvres sont plus pauvres aujourd'hui qu'ils ne l'étaient en 1980. Il valait mieux être pauvre en 1980, car le pouvoir d'achat était plus grand que maintenant. La classe moyenne a stagné: il n'y a pas eu d'augmentation. Son revenu n'a pas augmenté. Avec un revenu qui n'augmente pas, comment fait-on quand le prix de l'essence, de la pinte de lait et de la viande augmente, que le prix du panier d'épicerie et du loyer augmente? Qu'est-ce que ça fait? Ça fait qu'on a des gens qui sont plus pauvres aujourd'hui. La classe moyenne est plus pauvre aujourd'hui qu'il y a 30 ans.
Ce n'est pas avec des lois spéciales qu'on nous enfonce dans la gorge comme ça que la situation s'améliorera ou que ça changera quoi que ce soit. Ce n'est pas avec un gouvernement qui accorde des crédits d'impôt à tour de bras aux pétrolières que cela aidera les familles canadiennes et québécoises. Le gouvernement nous dit qu'il donne des crédits d'impôt aux familles, mais encore faut-il être assez riche pour payer de l'impôt, sinon cela n'aide pas les gens.
Je reviens — si on me le permet — au dossier des négociations du Canadien Pacifique parce que c'est au coeur de la discussion d'aujourd'hui et de cet infâme projet de loi que la nous présentera, encore une fois.
Je parlerai de la gestion de la fatigue. Les travailleurs du Canadien Pacifique sont constamment sur appel. Ils doivent être disponibles au téléphone 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il y a une problématique réelle au Canadien Pacifique, soit celle de la gestion de la fatigue. Il y a eu un projet pilote qui a duré cinq ans. Les gens ont étudié le phénomène avec des centaines de travailleurs dans tout l'Est du Canada. Ils ont étudié la situation parce qu'il y a un vrai problème de fatigue au travail. Ils sont arrivés avec des solutions et rien n'a été fait.
Aujourd'hui, on a un gouvernement qui aidera un employeur à ne pas modifier une situation pourrie où les employés travaillent dans des conditions où ils vivent de la fatigue extrême. Les travailleurs du Canadien Pacifique avaient présenté des revendications légitimes à la table de négociations.
Imaginez! Quelle était la revendication pour une personne ayant travaillé pendant plusieurs semaines à temps plein? C'était deux périodes de pause de 48 heures par mois, de vraie pause, juste pour aller dormir. De temps en temps ça fait du bien de pouvoir dormir la nuit, et pas le jour, parce que ce n'est pas la même qualité de sommeil. Alors ils ont documenté la chose, ils ont fait une étude, ils sont arrivés avec des solutions concrètes.
Encore une fois, on est en 2012 et on doit se battre pour avoir des congés, pour pouvoir dire que là, on n'en peut plus, qu'on a assez travaillé et qu'on aimerait ça passer deux jours à la maison. La réalité, c'est que les travailleurs du Canadien Pacifique sont incapables de planifier quoi que ce soit car ils sont toujours sur appel. Pourquoi ne peut-on pas trouver une solution négociée librement pour pouvoir dire que ces travailleurs auront deux périodes de 48 heures par mois où ils seront sûrs d'être à la maison avec les leurs, avec leur famille? Ce n'est pas exagéré. Ces demandes sont tout à fait raisonnables.
Que fait ce gouvernement conservateur? Il permet à l'employeur de maintenir cette situation. Les travailleurs du Canadien Pacifique continueront d'être fatigués. Or cela n'a pas seulement un impact sur les travailleurs, les travailleuses, sur leurs familles, sur leur vie familiale et leur vie communautaire, cela a également des conséquences sur la sécurité de tous et de toutes. Ce n'est dans l'intérêt de personne d'avoir des gens qui gèrent des trains et qui sont trop fatigués pour le faire. Cela risque de provoquer des accidents, des déraillements. On ne sait pas ce qui pourrait arriver.
On sait que les gens du Canadien Pacifique transportent des marchandises et parfois des marchandises dangereuses. Les trains traversent parfois des quartiers, des villages. Veut-on vraiment avoir des gens exténués qui travaillent sur ou autour de ces trains-là? Moi, je veux avoir des travailleurs du Canadien Pacifique en santé, fiers de leur travail et capables de le faire dans des conditions normales. Or ce n'est pas le cas actuellement. On a un gouvernement conservateur qui est complètement insensible à cela.
Une question de sécurité publique est reliée aux impacts de ce projet de loi spécial, le quatrième en un an qui force un retour au travail. C'est ignoble! Et c'est ignoble parce que, non seulement cela envoie un mauvais message, cela ne respecte pas les droits fondamentaux des travailleurs et des travailleuses mais, de plus, cela pellette en avant la solution aux réels problèmes qui existent.
Imaginez un peu si jamais ce projet de loi est adopté et qu'on force les travailleurs et travailleuses du Canadien Pacifique à retourner au travail alors qu'ils exerçaient un droit légitime et légal. Imaginez l'ambiance de travail pourrie qu'il y aura. Alors ce n'est dans l'intérêt de personne, même pas dans l'intérêt de la compagnie. En effet, les problèmes qui ne sont pas réglés aujourd'hui vont se perpétuer, vont continuer dans le temps.
Alors c'est du pelletage par en avant, c'est de la gestion à courte vue, c'est une volonté de bafouer les droits des travailleurs et des travailleuses. Cela veut dire mettre de la pression à la baisse sur les conditions de travail, sur les régimes de retraite, sur les salaires, sur les congés: c'est le signal que le gouvernement conservateur envoie aujourd'hui. Ces choses vont laisser des cicatrices aux travailleurs et travailleuses du Canadien Pacifique et les problèmes qui ne seront pas réglés vont ressurgir avec encore plus de rancoeur, encore plus d'acrimonie, parce que les gens seront frustrés. Des retours au travail forcés ne sont jamais des solutions d'avenir, jamais des solutions à moyen et à long terme. On aurait dû laisser les parties négocier librement. Les négociations et cette grève ne duraient pas depuis des années.
La ministre n'a même pas attendu 24 heures avant de lancer sa menace, son épée de Damoclès au-dessus de la tête des travailleurs et des travailleuses du Canadien Pacifique. Ce n'est pas une manière responsable d'agir. Pour une fois, on aurait été d'accord avec le gouvernement conservateur de ne rien faire, de laisser aller et de laisser les deux parties continuer à négocier à la table de négociations. On aurait pu laisser s'équilibrer les forces en présence: un syndicat fort, qui représente des centaines, des milliers de travailleurs et de travailleuses, et une compagnie, forte aussi, importante dans le pays et qui fait des profits, ce qui est tant mieux. Toutefois, si elle fait des profits, ce serait bien aussi qu'elle traite correctement ses travailleurs et ses travailleuses qui ont le droit d'avoir leur juste part.
Une autre chose dont on pourrait parler concernant ce projet de loi — et cela fera le lien avec beaucoup d'autres choses qui existent dans cette Chambre depuis un peu plus d'un an —, c'est le fait que, non seulement ce gouvernement est incapable de s'empêcher de s'attaquer au droit des travailleurs et à leurs conditions de travail, mais il ne peut s'empêcher de museler les députés.
La motion dont on débat aujourd'hui est essentiellement un nouveau bâillon, parce qu'on prévoit très exactement le cadre dans lequel les discussions vont se faire et parce qu'il n'y a pas beaucoup d'écoute de la part du gouvernement. Je lis la motion:
a) le projet de loi pourra être lu deux fois ou trois fois lors d’une même séance;
b) au plus deux heures seront accordées aux délibérations à l’étape de la deuxième lecture, après l’adoption du présent ordre;
c) lorsque le projet de loi aura été lu une deuxième fois, il sera renvoyé à un comité plénier;
d) tout vote demandé pendant les travaux du Comité sera renvoyé à la fin de l’étude du projet de loi en comité;
e) au plus une heure sera accordée aux délibérations à l’étape du comité plénier;
Wow! Une heure!
Nous sommes 308 députés en cette Chambre, tous partis confondus. Je n'ai pas de calculette, mais si on divise une heure par 308, ça ne laisse pas beaucoup de temps de parole à chacun, alors qu'on est en comité plénier et qu'on devrait être capables d'apporter des amendements au projet de loi de la ministre.
Ainsi, à l'étape de la deuxième lecture, deux heures sont accordées aux délibérations et, à l'étape du comité plénier, une heure est accordée. Et ça continue:
f) au plus une demi-heure sera accordée aux délibérations à l’étape de la troisième lecture[...]
C'est une chance qu'il n'y ait pas de quatrième lecture, sinon ce serait 15 minutes, parce qu'on coupe de moitié chaque fois.
Les Canadiens et les Québécois commencent à être un peu tannés de ce genre d'attitude arrogante et condescendante du gouvernement, parce qu'on assiste désormais à des bâillons à répétition en cette Chambre. On l'a vu à plusieurs reprises. Si mes calculs son bons, il s'agit aujourd'hui du 21e bâillon en un an. C'est un record dont je ne serais pas fier si j'étais un député conservateur, car on empêche la liberté de parole des députés pour des projets de loi aussi fondamentaux.
On l'a vu avec d'autres projets de loi. On a bâillonné le projet de loi , un projet de loi qui modifie 69 lois et qui a 450 pages. Ainsi, ce projet de loi sera étudié par un seul comité, soit le Comité permanent des finances. Par le projet de loi , le gouvernement modifie plein de choses et s'attaque à plein de droits. Le tiers de la Loi portant exécution de certaines dispositions du budget concerne des évaluations environnementales. Comme dirait l'autre, je ne vois pas le rapport. On modifie également la Loi sur les pêches et l’habitat du poisson. Cela va être étudié par le Comité permanent des finances. J'imagine que le Comité permanent des finances a invité beaucoup d'experts sur l'habitat des poissons — enfin, je lui souhaite — parce que ce projet de loi a cette conséquence.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il d'écouter les parlementaires, les députés? C'est parce qu'il ne veut pas entendre les modifications, il ne veut pas avoir de suggestions, il ne veut pas accepter des amendements, il n'aime pas l'opposition, il n'aime pas la démocratie, il n'aime pas le débat, il n'aime pas les discussions. Aux yeux du gouvernement conservateur, une chose semble assez claire: la démocratie, c'est 35 jours tous les quatre ans.
Une fois que la période électorale est finie, si jamais on a le malheur d'avoir un gouvernement conservateur majoritaire, on sait qu'il n'a plus besoin d'écouter personne et qu'il ne fait qu'à sa tête.
Je m'excuse, mais ce n'est pas ça une démocratie saine et vivante. Il doit y avoir un dialogue avec le public, avec la population. Il doit y avoir des échanges avec les collègues parlementaires. Malheureusement, on a un gouvernement qui est obtus et qui bâillonne même ses propres députés, qui voudraient bien parfois s'exprimer mais qui doivent serrer les rangs.
Récemment, on a eu quelques exemples où quelqu'un a osé réfléchir par lui-même, exercer son sens critique, dire que c'était peut-être un petit peu exagéré d'imposer un bâillon pour un projet de loi de 450 pages ayant autant de conséquences sur une foule d'enjeux et de sujets, mais qui s'est tout de suite fait ramener à l'ordre. Paf!
Du côté de l'opposition, nous aimerions peut-être aussi entendre ce que les députés conservateurs ont à dire, de quoi ils parlent, ce qu'ils pensent. Trouvent-ils qu'il est sain dans une démocratie d'avoir justement un projet de loi de ce genre qu'on enfonce dans la gorge des parlementaires et au sujet duquel les parlementaires ne peuvent pas s'exprimer?
Malheureusement, le projet de loi spéciale de retour au travail est une autre démonstration de cela. On a un gouvernement qui se lave les mains quand les travailleurs et les travailleuses perdent leurs emplois. Il dit qu'il n'y a rien à faire, que ce sont les lois du marché, que c'est bien triste.
J'ai beaucoup aimé quand le a exprimé sa sympathie et sa tristesse à l'égard des 2 400 travailleurs d'Aveos, alors que la Loi sur la participation publique au capital d’Air Canada mettait en avant des dispositions l’obligeant à maintenir des emplois, notamment à Montréal, mais également dans d'autres villes du pays. Or, le ministre refuse de l'appliquer sous prétexte qu'Air Canada a créé un sous-traitant, Aveos. À la suite de cela, la loi ne s'applique plus et le gouvernement peut s'en laver les mains.
Quand il s'agit de cela, les conservateurs restent assis et ne font rien. Toutefois, quand il s'agit pour les gens d'exercer leur droit de s'associer, de s'exprimer, d'exercer des moyens de pression et donc la possibilité de faire la grève, alors là, qu'est-ce que fait le gouvernement? Il fait comme les autres fois. Il sort la massue et vlan. Il dit aux gens de rentrer dans le rang et de rentrer au travail, parce qu'il ne veut pas que cela ait d'impact sur qui que ce soit. La compagnie va bien, mais elle n'est pas obligée de faire des concessions. C'est toujours les mêmes qui doivent les faire. C'est toujours les travailleurs et les travailleuses qui doivent réduire leurs conditions de travail et leurs conditions de vie. Pour nous au NPD, comme opposition officielle, ce n'est pas une position juste et équitable. Ce n'est pas le genre de société qu'on veut avoir. Pourquoi ne pourrait-on pas laisser simplement les parties être capables de s'exprimer et laisser libre cours à l'équilibre qu'on avait trouvé dans ce pays dans les relations patronales et syndicales? La convention collective n'était pas échue depuis longtemps au Canadien Pacifique et, avant que le gouvernement ne s'en mêle, les discussions allaient bon train. Cette compagnie est profitable et capable de parler avec ses travailleurs et travailleuses. Toutefois, avec la menace d'une loi spéciale, je le répète, la a fait sauter cet équilibre et a malheureusement donné tout l'avantage à une seule partie, soit la partie patronale.
Du côté de l'opposition officielle et du NPD, on s'insurge et on se lève contre ce projet de loi qui s'attaque aux droits des travailleurs et des travailleuses. On commence à en avoir un peu ras le bol de cette attitude du gouvernement, un gouvernement qui donne des baisses d'impôt aux grandes compagnies qui n'en ont pas besoin, mais qui ne fait rien pour aider les gens qui ont de la difficulté à payer leurs factures, leur logement, leur loyer. C'est ce qui va arriver aux travailleurs et aux travailleuses du Canadien Pacifique si jamais ce projet de loi est adopté et que leur régime de retraite est affecté et coupé de cette façon, comme cela est prévu. On a hâte de voir ce qu'il y a exactement dans le projet de loi parce qu'on n'a pas encore la saveur. Est-ce qu'ils vont envoyer des choses à l'arbitrage? Est-ce qu'ils vont donner raison à l'employeur? On a hâte de voir. On aurait aimé que la dépose aujourd'hui son projet de loi, mais elle ne semble pas avoir le courage de le faire.
Je conclurai en disant simplement que, du côté de l'opposition officielle, on dénonce dans les termes les plus forts un projet de loi spécial qui force le retour au travail, qui s'attaque à des droits fondamentaux et qui va réduire les conditions de travail et les conditions de vie de milliers de Canadiens et de Canadiennes. Pour nous, cela est inacceptable et nous le dénonçons.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir dire quelques mots sur ce que nous estimons être des questions très importantes qui préoccupent certainement tous les Canadiens.
J'apprécie la question que le député d'en face a posée, mais seulement parce que nous, députés du Parti libéral, avons toujours fait valoir à quel point il est important que nous examinions la situation dans son ensemble. En fait, les députés se rappelleront que l'automne dernier, le chef du Parti libéral a parlé de l'importance de l'emploi et du fait que nous devons nous concentrer davantage sur la création d'emplois. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons parlé de l'importance de nos chemins de fer. J'ai eu l'occasion de parler de la sécurité ferroviaire et du rôle important que les chemins de fer jouent d'un bout à l'autre du pays pour offrir des emplois de qualité et le leadership dont les dirigeants doivent faire preuve, entre autres, pour veiller à ce que ces emplois soient maintenus et que l'entreprise puisse survivre et puisse créer et offrir des possibilités pour tous les Canadiens.
Quand on parle de notre réseau ferroviaire, on voit les avantages, comme le transport de potasse, de blé, de charbon ou de produits fabriqués partout au pays ou à l'étranger et destinés au marché national ou international. Nous reconnaissons le rôle essentiel et vital que jouent et ont joué nos cheminots dans l'édification de notre pays et nous en sommes pleinement conscients. Il ne fait aucun doute que bon nombre de Canadiens suivent avec intérêt l'évolution de la grève et les mesures que prend le gouvernement pour régler le conflit. Cela dit, les cheminots et la partie patronale ont tous deux soulevé nombre de préoccupations.
J'aimerais parler de l'approche adoptée par le gouvernement et la par rapport aux conflits de travail. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement présente une loi sur le travail visant, au fond, à forcer les gens à retourner au travail, même si le prix à payer est très élevé.
Il y a plusieurs années, j'étais porte-parole en matière de travail à l'Assemblée législative du Manitoba, ce qui m'a permis de comprendre que la partie syndicale et la partie patronale doivent trouver un compromis et que le dialogue doit être consensuel. Je soutiens que la ministre du Travail a non seulement la responsabilité de parler d'un processus équilibré et libre de négociation collective, mais qu'elle a l'obligation de faire en sorte qu'il soit respecté, dans la mesure du possible évidemment.
Dans l'une de ses déclarations, elle a dit que la loi qu'elle présente établit un juste équilibre. Or, rien n'est plus faux. Bon nombre de députés s'offusquent vivement du fait que la ministre dise qu'elle est en faveur d'un processus équilibré de négociation collective, car — comme je l'ai souligné dans ma question —, le gouvernement a clairement montré — surtout depuis qu'il est majoritaire — qu'il fait tout sauf favoriser l'équilibre entre les parties qui prennent part aux processus de négociation collective. En fait, il favorise les entreprises au détriment des travailleurs.
J'aimerais soulever plusieurs points qui illustrent clairement que le gouvernement a un parti pris qui nuit fortement aux travailleurs.
Les députés se souviendront qu'il n'y a pas si longtemps, les travailleurs de Postes Canada se sont vu imposer une loi de retour au travail. Les députés se souviendront que des négociations avaient eu cours en vue de dégager un consensus et de consentir à des concessions pour que les salaires puissent être augmentés. Je pense que c'était en janvier 2011.
Eh bien, quelques mois plus tard, les conservateurs ont présenté un projet de loi de retour au travail qui prévoyait l'annulation des augmentations salariales au sujet desquelles les parties syndicale et patronale s'étaient pourtant entendues. Le gouvernement s'est empressé de montrer un parti pris favorable à l'endroit de Postes Canada en présentant un projet de loi de retour au travail.
Par ailleurs, le gouvernement a présenté deux fois des projets de loi forçant des employés d'Air Canada à retourner au travail. J'ai pris la parole à de nombreuses reprises à la Chambre pour dire au gouvernement qu'il devrait obliger Air Canada à rendre des comptes pour le non-respect de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Des milliers d'emplois ont été perdus, mais le gouvernement a laissé Air Canada s'en tirer sans conséquence. Air Canada n'a jamais eu à rendre de comptes à la suite de l'élimination de tous ces emplois. Les conservateurs ont dit qu'il s'agissait d'un tiers, soit la société Aveos.
Examinons le contenu de la loi qui a été adoptée à la Chambre. Les emplois étaient censés se trouver à Winnipeg — je représente une bonne partie de cette ville —, à Mississauga et à Montréal. Qu'a fait le gouvernement? Il s'est rangé du côté d'Air Canada et il a décidé de ne pas l'obliger à remplir un engagement prévu dans une loi adoptée à la Chambre des communes il y a quelques années.
Qu'a fait le gouvernement lorsqu'il y a eu un risque de grève, non pas une, mais bien deux fois? Avant même l'enclenchement des moyens de pression, le gouvernement a fait planer la menace d'une loi de retour au travail. Fidèle à lui-même, il a présenté un projet de loi en ce sens. C'est pourquoi, selon moi, il n'a absolument aucune crédibilité.
Même si la ministre déclare à la Chambre qu'elle croit en l'importance de négociations impartiales, ses actes me paraissent autrement plus éloquents. Dans la présente affaire, on voit bien que le gouvernement ne favorise pas du tout l'équité entre les parties patronale et syndicale dans les négociations.
Il faut s'en inquiéter, car la situation actuelle aura des répercussions sur les négociations qui se tiendront dans d'autres secteurs. Nous sommes en présence d'une ministre qui a un parti pris évident, qui cherche à nuire aux syndicats et qui n'a pas manifesté le moindre intérêt à écouter leurs représentants.
Vendredi et samedi derniers, je me suis joints à des travailleurs de CP Rail qui faisaient du piquetage sur les rues McPhillips, Jarvis et à deux endroits sur la rue Keewatin. Certains avaient fait carrière comme mécanicien de locomotive ou chef de train. Ce sont des gens très fiers de travailler pour CP Rail. Oui, ils sont préoccupés par les questions de propriété, notamment par la proportion de Canadiens qui siègent aux conseils d'administration. Ils s'interrogent sur ce qui pourrait se passer sous l'autorité d'autres entités, en particulier sur la possibilité que des intérêts américains prennent le contrôle de l'entreprise. Ils s'inquiètent des problèmes de gestion, parfois très graves.
Les questions que nous avons abordées pendant que nous marchions ont été exprimées dans le détail dans un document qu'on m'a remis. J'ai dit que j'aurais probablement l'occasion d'en parler à la Chambre. Je pense que le moment est bien choisi de le faire, car je sais très bien que le gouvernement et, en particulier, la prêtent vraiment une oreille très attentive à CP Rail. Par contre, je ne suis pas convaincu que la ministre accorde autant d'attention aux travailleurs. Je le répète: j'estime qu'il faut un juste équilibre.
Je suis tout à fait disposé à entendre le point de vue de la direction du CP — la porte de mon bureau est d'ailleurs toujours ouverte —, mais je tiens aussi à présenter à la ministre des observations précises dont les grévistes veulent sans doute faire part à la ministre et au . Ce sont des questions de ce genre qui font l'objet des négociations. J'en aborderai environ six.
Premièrement, le CP cherche à réduire le futur revenu de retraite des employés actuels. Les réductions varient selon les revenus, mais elles vont jusqu'à 40 p. 100. C'était sans doute la plus importante question soulevée au trois endroits où je suis allé. Les travailleurs sont très inquiets de leur avenir et de leur retraite. Ils veulent pouvoir compter sur une bonne pension viable après avoir cotisé à un régime pendant une trentaine d'année. Ce qu'ils veulent n'est pas très différent de ce que veulent bien d'autres Canadiens, à savoir une pension de retraite. C'est ce que leur syndicat demande.
Deuxièmement, le CP veut dévaluer rétroactivement le service ouvrant droit à pension des employés syndiqués.
Troisièmement, le CP cherche à diminuer les prestations de retraite pour soins de santé et à éliminer des avantages sociaux accordés à 65 ans. Cette diminution représente plus de 20 000 $ par syndiqué.
Quatrièmement, le CP refuse d'aborder les propositions relatives à la gestion de la fatigue, c'est-à-dire les congés nécessaires pour se rétablir des effets de la fatigue, ou les questions relatives aux congés acquis.
Un autre point concerne le refus du Canadien Pacifique d'aborder la question de la teneur des règlements collectifs concernant la capacité de gain et la stabilité.
Un autre point encore tient au fait que le Canadien Pacifique refuse de se pencher sur ses propres manoeuvres concernant le gel de l'ancienneté pour les gestionnaires temporaires et soutient que les prestations de pension des dirigeants, prévues dans un régime à prestations déterminées, doivent continuer d'augmenter et que ceux-ci doivent recevoir davantage.
Voilà quelque-uns des points en litige qui m'ont été mentionnés quand j'ai marché avec les grévistes.
Un autre point dont je vais parler rapidement concerne les conditions de travail. Je crois comprendre que le Canadien Pacifique prend des libertés considérables en la matière. En effet, ses exigences sont excessives, car il impose 12 heures de travail sans repos, oblige les employés à travailler à deux subdivisions, augmente la distance à parcourir, qui était fixée à un maximum de 3 800 milles par mois, porte à 50 milles le rayon d'affectation des aiguilleurs et ne prévoit aucune hausse de salaire en 2012.
Je pense qu'une bonne partie du dernier point a fait l'objet de discussions sereines et nous espérons qu'il continuera d'en être ainsi.
Ce sont là les préoccupations dont nous croyons que la doit être informée. Elle n'a pas vraiment démontré qu'elle avait écouté ce que les travailleurs avaient à dire. Nous savons, et nous le disons avec assurance, que la ministre est disposée à défendre les intérêts du Canadien Pacifique.
Nous nous soucions de la question de l'équilibre. C'est pourquoi j'ai pensé qu'il pourrait être pertinent de lire certaines des préoccupations exprimées par les grévistes sur les lignes de piquetage et de suggérer au gouvernement d'être plus sensible à leurs besoins.
J'aimerais souligner deux ou trois autres choses avant d'en venir à la question du processus. Je parlerai en premier lieu du rôle extrêmement important que jouent le Canadien Pacifique et le CN dans l'économie du Canada. Nous le reconnaissons.
Comme je représente une circonscription des Prairies, je suis parfaitement conscient du rôle vital que joue le Canadien Pacifique dans la distribution de nos produits au monde entier, qu'il s'agisse de la potasse de la Saskatchewan, du blé des trois provinces des Prairies ou du charbon et des autres minéraux que nous possédons. Nous reconnaissons cela.
J'ai mentionné plus tôt qu'un grand nombre de nos importations passaient par le port de Vancouver et d'autres ports, qui doivent pouvoir compter sur le Canadien Pacifique pour transporter les marchandises. Nous en sommes conscients. Nous sommes conscients de l'importance du CP dans notre économie. Toutefois, cela ne donne pas au gouvernement le droit de bafouer les travailleurs syndiqués.
La ministre a fait allusion au précédent gouvernement libéral. En y regardant bien, les députés constateront que le gouvernement de Jean Chrétien était beaucoup plus indulgent. Ne nous racontons pas de blagues. Je pense que tous les partis politiques, provinciaux et fédéraux, ont déjà vu l'avantage qu'il y avait à faire adopter une mesure législative pour que les gens retournent au travail ou que les entreprises reprennent leurs activités pour le bien commun. Je ne pense pas que le gouvernement ait donné cette possibilité au CP ou à son syndicat. Les deux savaient pertinemment que le gouvernement allait présenter une telle mesure législative, même si nous ne l'avons pas encore vue.
Le gouvernement est si prévisible à cet égard. Le gouvernement n'a pas usé d'une approche juste et équilibrée et cela enlève de sa valeur au processus de négociations libres. J'encourage le gouvernement à réexaminer sa propension à recourir à ce processus parce qu'il est incontestablement bancal et je suis très poli en disant cela.
Comme je l'ai indiqué, nous n'avons pas le projet de loi entre les mains, mais nous sommes saisis d'une motion sur la façon dont nous allons le traiter. J'ai abordé le sujet sous forme de question plus tôt. Le Parti libéral est très préoccupé par le fait que la ministre a laissé entendre qu'après l'étape de la deuxième lecture, la Chambre doit se former en comité plénier qui ne siégera que pendant une heure. Nous ne savons pas combien le projet de loi comprendra d'articles. Nous ne connaissons pas la teneur de ce projet de loi. Tout ce que nous savons, c'est qu'il visera à faire rentrer les travailleurs du CP au travail. Nous n'en savons pas plus. Ce que les conservateurs disent, c'est qu'une fois que ce projet de loi, qui sera présenté plus tard cette semaine, aura franchi au pas de charge l'étape de la deuxième lecture, nous nous formerons en comité plénier.
Le problème avec le comité plénier, c'est qu'il nous sera très difficile d'obtenir le témoignage d'experts, mis à part d'autres députés, dans ce débat très important. Si ce projet de loi était renvoyé à n'importe quel autre comité, nous pourrions convoquer des témoins, ce qui, selon nous, serait beaucoup plus sain comme exercice. Même si cette mesure législative est plutôt prématurée, le fait de la renvoyer à un comité nous permettrait au moins de savoir ce que la direction du CP et le syndicat en pensent et quelles sont leurs préoccupations à son égard. Nous pourrions peut-être aussi discuter de l'importance de relations de travail justes et équilibrées dans ce pays. Ce serait extrêmement bénéfique pour tous les Canadiens.
Le gouvernement prétend que cette mesure concerne tous les Canadiens. Je crois que renvoyer ce projet de loi à un comité autre qu'un comité plénier permettrait de faire en sorte que les Canadiens, que le gouvernement prétend vouloir protéger, puissent s'exprimer.
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Monsieur le Président, je demande aujourd'hui à la Chambre de favoriser l'adoption rapide d'un projet de loi prévoyant le maintien et la reprise des services ferroviaires.
La Chambre se souviendra qu'en juin dernier, les agents des ventes et des services à la clientèle d'Air Canada ont fait la grève pendant trois jours. Je suis heureuse que le conflit ait été réglé par les parties, et que les préjudices envers les Canadiens aient été limités.
En juin 2011, le gouvernement a présenté et adopté le projet de , car un service postal fiable est important pour l'économie.
Grâce à son intervention, le gouvernement a épargné aux travailleurs, aux entreprises et aux citoyens canadiens les difficultés qu'aurait causées une interruption prolongée de la livraison du courrier. En mars, le gouvernement a adopté le projet de afin de prévenir un arrêt de travail chez Air Canada mettant en cause les employés représentés par l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale et l'Association des pilotes d'Air Canada. Grâce à cette mesure législative, nous avons protégé l'économie et la population canadiennes.
Aujourd'hui, nous devons encore faire face à un arrêt de travail qui pourrait nuire énormément à notre économie. Nous devons encore prendre des mesures pour protéger les intérêts nationaux en cette période d'incertitude économique.
Les pourparlers n'ont pas donné lieu à la signature d'une nouvelle convention collective entre le Canadien Pacifique, le CP Rail, et la Conférence ferroviaire Teamsters Canada, la CFTC, qui représente de façon indépendante le personnel itinérant et les contrôleurs de la circulation ferroviaire.
L'arrêt de travail au CP suscite de la confusion et des doutes. Or, il faut de la stabilité et de la certitude pour protéger notre économie encore fragile. La stabilité et la certitude sont essentielles au bon fonctionnement des entreprises de notre pays. Si mes collègues s'entretenaient avec leurs électeurs, comme je l'ai fait, ou s'ils s'entretenaient maintenant avec n'importe quel Canadien, ils entendraient les mêmes propos que moi: nous ne pouvons pas nous permettre cet arrêt de travail, car les risques sont trop grands. En tant que parlementaires, il nous incombe d'agir. Nous devons intervenir pour protéger l'économie canadienne.
Comme les autres pays industrialisés, le Canada dû traverser une période économique difficile. Notre économie a bien résisté à la tempête économique mondiale. Le gouvernement est fier d'avoir réussi à protéger les Canadiens des pires répercussions de la récession et d'avoir jeté les bases d'une solide reprise économique. Nous avons tous lu les journaux et donc, nous savons que notre pays n'est pas à l'abri des changements qui touchent l'économie mondiale. Il pourrait y avoir d'autres perturbations. En avril 2012, notre taux de chômage était de 7,3 p. 100, ce qui constitue une réelle amélioration par rapport à l'année précédente.
Nous devons être prudents si nous voulons continuer de progresser et encourager la croissance économique. Nous ne pouvons pas nous permettre de subir des arrêts de travail importants. Notre potentiel est extraordinaire. Tout arrêt de travail dans un secteur clé de l'économie nuirait à la croissance et à la relance économique. Ce serait aussi le cas si cet arrêt de travail touchait un volet important du transport de marchandises. Le transport ferroviaire joue un rôle vital; il permet à l'économie canadienne de demeurer l'une des plus performantes au monde. Le commerce représente 35 p. 100 de notre PIB. Le transport ferroviaire contribue fortement à l'économie canadienne.
Voici quelques données qui illustrent le rôle essentiel que jouent les services et le transport ferroviaires dans l'économie canadienne.
D'après un rapport produit en 2009 par l'École de gestion Rotman de l'Université de Toronto, quatre industries qui ont recours à des expéditions en vrac — soit la production de céréales et d'oléagineux, l'extraction du charbon, la fabrication des produits du bois, et les pâtes et papiers et la fabrication des produits du papier — contribuent plus de 81 milliards de dollars au PIB du Canada. Ces industries représentent aussi près d'un million d'emplois.
Le système de transport ferroviaire est complexe. Il fonctionne en interrelation avec une variété d'intervenants, notamment des expéditeurs, des exploitants de terminaux, des transbordeurs, des ports, des lignes maritimes et des camions, qui participent tous à une chaîne d'approvisionnement hautement concurrentielle. Si un maillon de la chaîne connaît des problèmes, tous les intervenants peuvent être touchés. Le gouvernement doit pouvoir compter sur une chaîne d'approvisionnement efficace pour atteindre ses objectifs à l'égard des portes d'entrée stratégiques et des couloirs commerciaux, tels que la porte d'entrée Asie-Pacifique. C'est aussi un élément essentiel à la réussite économique continue du Canada.
La a reçu des commentaires de nombreux intervenants qui exhortent le gouvernement à faire en sorte que cette grève ne se prolonge pas. J'aimerais lire quelques extraits des messages qu'elle a reçus.
Le président et chef de la direction de l'Association minière du Canada a écrit que, dans le secteur des minerais et des métaux, l'expérience a démontré que l'arrêt des services ferroviaires empêchait les entreprises d'envoyer à leurs mines et à leurs fonderies des éléments dont elles ont besoin, puis de transporter les produits finis et dérivés jusqu'à leur destination. L'association a demandé au gouvernement d'éliminer le risque d'un arrêt de travail avant qu'il puisse nuire à l'économie.
L'Association des fabricants internationaux d'automobiles du Canada et l'Association canadienne des constructeurs de véhicules ont écrit conjointement ceci: « Le Canadien Pacifique joue un rôle vital dans l'expédition de pièces et de composants aux installations de construction de véhicules de l'Ontario, de même qu'un rôle important dans l'expédition et la distribution de véhicules finis des ports d'entrée aux concessionnaires locaux d'un bout à l'autre du pays [...] À l'heure actuelle, l'industrie intégrée de l'automobile en Amérique du Nord connaît une reprise économique positive, mais fragile. » Toute interruption du service de Canadien Pacifique aura des répercussions immédiates et importantes sur les membres de ces associations et leurs activités au Canada.
Je peux dire aux députés que l'usine Honda dans ma circonscription est parfaitement d'accord avec ces associations. Si nous ne rétablissons pas le service ferroviaire, nous serons confrontés à de graves problèmes.
La Western Grain Elevator Association a écrit ceci: « Cet arrêt de travail aura d'importantes répercussions sur l'industrie céréalière. Beaucoup de nos silos sont desservis uniquement par le Canadien Pacifique. Dans l'éventualité d'un arrêt de travail, il ne sera pas possible d'y acheminer autrement les produits céréaliers, ce qui nous empêchera d'approvisionner nos clients étrangers et empêchera les producteurs d'expédier leurs produits à ces installations. Si nous ne réussissons pas au moins à livrer ces produits à nos clients dans un délai raisonnable, les occasions manquées et les coûts additionnels seront considérables. »
Enfin, l'Association des produits forestiers du Canada a écrit à la ministre pour lui dire ce qui suit:
La plupart [des] usines [de produits forestiers] sont situées dans des régions éloignées où le rail est le seul moyen de transport viable. Les autres formes de transport terrestre sont trop coûteuses ou simplement absentes et ne peuvent donc prendre la relève, ce qui rend notre secteur particulièrement vulnérable aux interruptions du service, aussi courtes soient-elles.
Elle ajoute: « De plus, l'industrie n'a pas la capacité de stocker les produits finis, ni de continuer à produire sans recevoir des matériaux. Il ne fait donc aucun doute qu'une interruption du service causerait des pertes importantes pour l'industrie et obligerait rapidement les usines de transformation de bois à interrompre temporairement leurs activités. »
Certaines entreprises ont dû, déjà, arrêter leurs chaînes de production ou mettre des travailleurs à pied. La grève dure depuis moins d'une semaine et elle nuit déjà aux affaires.
Je n'ai cité que quelques-uns des intervenants et des entreprises qui pressent le gouvernement d'agir rapidement afin d'éviter que la grève ne se prolonge et ne cause des torts importants à l'économie canadienne. Nous devons agir dès maintenant afin de protéger les emplois et l'économie du pays. Songeons à ce qu'un arrêt de travail représente pour les entreprises. Nous avons entendu les propos de certains de leurs représentants, qui considèrent qu'en immobilisant le transport ferroviaire, la grève nuit au commerce. Les entreprises perdent des ventes, ici et à l'étranger.
Les entreprises seront-elles capables de compenser ces pertes? Impossible de le savoir. Les entreprises seront-elles capables de s'adapter et de trouver des solutions de rechange? Encore une fois, seul l'avenir nous le dira.
Les arrêts de travail provoquent un effet d'entraînement ou, autrement dit, une réaction en chaîne dont les répercussions ont une portée considérable et qui peuvent même mener à des mises à pied partout. Même les courts arrêts de travail sont très coûteux parce qu'ils entraînent des conséquences imprévues, notamment des pertes de revenu, d'occasions d'affaires et d'emplois. Tant les employés que les entreprises en souffrent grandement en période d'incertitude économique. Ce ne sont pas seulement l'entreprise ferroviaire et ses employés qui subissent des pertes à cause de l'interruption des services ferroviaires. Les Canadiens, qui travaillent tous très dur, et leurs familles sont aussi touchés. Des emplois sont en jeu. La viabilité des entreprises est compromise. Nous ne pouvons pas nous permettre que cette situation perdure.
Laissez-moi brièvement vous exposer l'histoire récente des négociations collectives au sein du Canadien Pacifique. La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada représente à elle seule 4 200 employés itinérants et environ 220 contrôleurs de la circulation ferroviaire. Leur convention collective est venue à terme le 31 décembre 2011, et les Teamsters avaient commencé à négocier avec le Canadien Pacifique en octobre 2011.
Le 17 février 2012, la a reçu de l'employeur des avis de différend concernant les employés itinérants et les contrôleurs de la circulation ferroviaire. Les principaux enjeux dans cette ronde de négociation portent sur les pensions, les prestations pour soins de santé et les conditions de travail. La conciliation a pris fin le 1er mai 2012, et les parties étaient en droit de déclencher la grève ou d'imposer un lock-out le 23 mai 2012.
Le 16 mai, la a offert un processus de médiation prolongé aux représentants du CP et de la CFTC afin de les aider à résoudre leurs différends et à conclure des accords. Le 22 mai, la ministre a rencontré les deux parties afin de favoriser et de faciliter un accord. Malheureusement, cette aide supplémentaire n'a pas été acceptée. L'arrêt de travail a commencé le 23 mai.
Je tiens à préciser à la Chambre que le gouvernement aimerait vraiment que les parties concluent une entente par elles-mêmes. Toutefois, elles ont refusé de se servir des outils prévus dans le Code canadien du travail qui leur avaient été offerts par la . Ce conflit se poursuit depuis trop longtemps. Le gouvernement n'est pas intervenu prématurément. Comme je l'ai dit plus tôt, les parties demandent de l'aide du Programme du travail depuis février, et ils en ont reçu. Toutefois, cette aide n'a pas donné lieu à une convention collective. L'arrêt de travail aura des répercussions importantes sur le commerce au Canada. Des millions de Canadiens sont touchés directement ou indirectement.
L'enjeu ici est plus grand que les questions abordées à la table de négociation. Le CP et la CFTC, qui représente séparément les employés itinérants et les contrôleurs de la circulation ferroviaire, ont eu amplement le temps de négocier une entente par eux-mêmes. On leur fournira aussi tous les outils disponibles pour réparer et améliorer les relations de travail, par exemple des services de médiation préventive offerts par le Programme du travail. Cet arrêt de travail dure depuis assez longtemps et, chaque jour qu'il se poursuit, il met en péril notre économie et nos relations commerciales.
Je demande à mes collègues parlementaires de défendre les Canadiens et d'appuyer la motion et la mesure législative. Nous devons aller de l'avant et agir afin que nous puissions protéger les emplois canadiens et l'économie du pays.