:
Monsieur le Président, les Canadiens ne se rendent peut-être même pas compte à quel point les sociétés ferroviaires jouent un rôle dans l'économie. J'aimerais que les députés examinent les faits suivants. Le Canada a le troisième réseau ferroviaire en importance dans le monde et vient au quatrième rang pour le volume des biens transportés. Les deux tiers du trafic ferroviaire du Canada sont destinés au commerce transfrontalier et international. En fait, 40 p. 100 des exportations canadiennes reposent sur le transport par rail. Sans service de transport ferroviaire, les répercussions de cette grève sont vastes.
Jetons un coup d'oeil au volume d'affaires du Canadien Pacifique.
Transports Canada a indiqué qu'en 2010, le CP a transporté 74 p. 100 de la potasse, 57 p. 100 de tout le blé, 53 p. 100 de tout le charbon et 39 p. 100 de tous les conteneurs au pays. Pour ce qui est de son chiffre d'affaires annuel, cela représente 5 milliards de dollars en potasse, 11,1 milliards en grains et 5,25 milliards en charbon.
En plus du transport de la potasse, du blé et du charbon ainsi que des marchandises en vrac, cet arrêt de travail a également des répercussions sur le secteur manufacturier, plus particulièrement l'industrie automobile. Les pièces d'autos viennent au troisième rang des biens importés au Canada par conteneurs qui transitent par les ports de la côte Ouest. L'actuel arrêt de travail empêche ces pièces d'être expédiées aux constructeurs ici, en Ontario.
Hier soir, quelques membres du caucus et moi-même avons rencontré des représentants de fabricants de voitures qui nous ont dit que, sans les pièces dont ils ont besoin, les chaînes de montage vont ralentir ou même s'arrêter, ce qui entraînera des pertes de production et, selon la durée de l'arrêt de travail, possiblement des mises à pied chez tous les constructeurs d'automobiles.
Quant au transport par conteneur, le port de Vancouver à lui seul voit passer quotidiennement 200 millions de dollars de marchandises, qui sont destinées aux partenaires commerciaux du Canada et aux foyers des familles canadiennes, qui triment dur pour leur argent.
On constate l'étendue des répercussions sur l'économie lorsque l'on considère qu'en 2010, les compagnies ferroviaires du Canada ont dépensé 787 millions de dollars en essence, en impôts fonciers, en taxes de vente et autres formes de taxes, et qu'elles versent plus de 2,5 milliards de dollars annuellement en salaires et en avantages sociaux. Tout cet argent circule dans l'ensemble de l'économie canadienne. Je crois que les députés peuvent comprendre pourquoi le gouvernement est si préoccupé par l'arrêt de travail au Canadien Pacifique et le fait que ses activités soient paralysées.
Soyons clairs: au Canada, les arrêts de travail ne font pas partie des relations de travail normales. En fait, c'est tout le contraire. Lorsque le Programme du travail envoie ses agents de médiation et de conciliation, 94 p. 100 des négociations et des conflits sont résolus sans qu'un arrêt de travail soit décrété. Il va sans dire que nous considérons une telle situation préférable.
Lorsque les parties choisissent de régler leurs différends, les employeurs et les syndicats doivent à la fois tenir compte de l'importance d'assurer la vigueur, la viabilité et la compétitivité de l'entreprise. Lorsque les parties choisissent de régler leurs différends, elles reconnaissent que les arrêts de travail et l'incertitude en matière de relations de travail ne peuvent que nuire à l'avenir à long terme de l'entreprise, aux perspectives d'emplois, aux clients qu'elles desservent et à l'économie nationale. Cependant, ce n'est pas ce qui s'est produit dans cette situation, et nous en sommes maintenant au septième jour de l'arrêt de travail.
Il ne fait aucun doute que les conventions collectives négociées donnent de bons résultats. Comme je l'ai toujours dit, en cas de conflit de travail, la meilleure solution, qui est aussi la plus durable, est celle dont les parties conviennent à la table de négociation. Cependant, dans certains cas, les parties ne parviennent pas à trouver un compromis, car le fossé qui les sépare est trop grand.
Examinons le différend dont nous sommes saisis aujourd'hui, qui oppose le Canadien Pacifique à la Conférence ferroviaire Teamsters Canada. Maints efforts ont été déployés pour dénouer l'impasse, et les parties ont tenté de s'entendre sur des contrats visant toutes les personnes touchées. La CFTC, les Teamsters et les représentants du Canadien Pacifique ont en fait entrepris leurs négociations en octobre et en novembre 2011. Les principaux enjeux dont il est question pendant cette ronde de négociations sont importants pour les deux groupes. Il s'agit des pensions, des prestations de soins de santé et des conditions de travail.
Toutefois, à la mi-février, cette année, j’ai reçu de l’employeur des avis de différends pour les deux unités, me signifiant qu’on avait besoin d’une intervention du ministère. Nous avons fourni aux parties les services de deux agents de conciliation pour les deux unités syndicales de négociation. Il était logique d’avoir les mêmes agents de conciliation pour les deux unités, de façon à garantir une certaine cohérence dans le processus.
Malheureusement, il a été impossible de rapprocher les deux parties et, à dire vrai, la situation n’a pas évolué vers des accords négociés. Par conséquent, les parties ont été libérées de la conciliation le 1er mai.
Le 16 mai, j’ai rencontré les représentants à Calgary. J’ai proposé un plan en cinq points qui aurait assuré aux parties des services de médiation prolongés pendant 120 jours et ceux d’un expert indépendant en matière de pensions, ce qui aurait repoussé les risques d’arrêt de travail. C’était une façon de tenir compte des difficultés que les parties éprouvaient dans les négociations. Malheureusement, le syndicat a rejeté cette offre, et, le 23 mai, c’était l’arrêt de travail.
Même après le début de la grève, nous avons proposé notre aide tous les jours aux parties.
Toutefois, le dimanche 27 mai, les médiateurs ont déposé les conditions provisoires d’un arbitrage volontaire qui, à leur sens, constituait une solution de compromis pour aider à rompre l’impasse et éviter une loi ordonnant le retour au travail. Très rapidement, soit en moins d’une heure, les deux parties ont rejeté ce compromis avec arbitrage volontaire.
Les fonctionnaires de Travail Canada se sont donc retirés, car selon eux, les deux parties étaient si bien campées dans leur position, qu'on ne pouvait s'attendre à aucun progrès.
Dans les situations où aucune résolution n'est en vue, où une grève est en cours et a des répercussions sur la vie de Canadiens et la santé de l'économie, le gouvernement se doit d'agir. C'est son devoir. Voilà pourquoi le gouvernement présente le projet de loi . Il mettrait fin à l'arrêt de travail, mais offrirait aux parties un processus d'arbitrage fondé sur les intérêts afin qu'elles puissent résoudre leur conflit avec l'aide d'un arbitre.
Je peux assurer aux députés que ce n'était pas la solution privilégiée. Les députés de ce côté-ci de la Chambre croient au droit à la négociation collective et préféreraient de beaucoup que les parties concernées règlent elles-mêmes leurs conflits de travail, comme c'est le cas la plupart du temps. Le gouvernement n'intervient que dans les situations où l'intérêt public est sérieusement menacé, comme c'est le cas actuellement.
L'histoire nous montre qu'en 1995, le gouvernement libéral d'alors était aux prises avec la même situation économique, causée par un conflit de travail du rail. Pendant le débat sur la loi de retour au travail, en 1995, la ministre libérale du Travail, Lucienne Robillard, a déclaré à la Chambre des communes:
Nous manquerions à notre devoir envers la population canadienne si nous permettions qu'un arrêt de travail dans le secteur ferroviaire menace la stabilité de notre économie et le gagne-pain des milliers de travailleurs touchés par ce conflit.
C'est au nom de ce devoir envers les Canadiens et notre économie que je demande à la Chambre d'appuyer le projet de loi . Le sort de chacun des travailleurs ferroviaires, de la compagnie, des entreprises et de leurs employés qui comptent sur les services du Canadien Pacifique, mais également — il ne faut pas se le cacher — la reprise de l'économie, dépendent de l'issue de ce conflit.
J'invite les députés à consulter les électeurs de leur circonscription, surtout les propriétaires d'entreprises. Je sais ce qu'on leur dira. On leur dira que nous ne pouvons pas nous permettre que l'un de nos principaux systèmes de transport soit touché par un arrêt de travail prolongé. Le risque que cela représenterait pour les emplois, la prospérité des entreprises et la compétitivité du Canada sur la scène internationale est trop grand. Il ne faut pas oublier que, à l'instar des autres économies industrialisées du monde, le Canada émerge d'une période économique difficile.
Même si le gouvernement conservateur est fier d'avoir réussi à protéger les Canadiens des pires effets de la crise et d'avoir préparé le terrain à la reprise, nous lisons tous les journaux quotidiennement.
Nous savons tous cependant que notre pays n’est pas à l’abri des courants qui agitent l’économie mondiale et des événements qui se produisent à l’étranger et qui échappent à notre contrôle. À l’heure actuelle, l’incertitude règne en Europe et pourrait fort bien entraîner d’autres perturbations dans les jours et les mois qui viennent. Par conséquent, ce n’est pas le moment d’exposer notre économie à des risques, surtout dans une période où nous faisons des progrès réguliers au chapitre de la création d’emplois et du rétablissement de la confiance des consommateurs et des investisseurs.
Je tiens à rappeler à mes collègues qu’en avril 2012, notre taux de chômage a baissé à 7,3 p. 100. C’est une nette amélioration par rapport à l’année dernière, mais ce fait n’a rien de surprenant puisque nous avons créé 58 000 nouveaux emplois à plein temps au cours du seul mois dernier. Toutefois, pour maintenir ce progrès et favoriser la croissance économique, nous devons être vigilants. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser durer des conflits de travail dans un grand secteur qui joue un rôle tellement important dans notre commerce intérieur et nos exportations à l’étranger. Une grève dans ce secteur clé de notre économie freinerait sérieusement notre reprise et notre croissance car, en toute franchise, la réaction en chaîne provoquée dans l’économie par un arrêt de travail prolongé au Canadien Pacifique pourrait causer d’importantes pertes au Canada et à l’étranger.
Il est important de comprendre ceci. L’enjeu est beaucoup plus grand que les questions discutées à la table de négociation. Les employés représentés par les Teamsters veulent être traités équitablement et nous demandent de respecter les droits que leur confère le Code canadien du travail. Notre gouvernement le comprend parfaitement. Toutefois, les Canadiens ont aussi des droits. Ils nous ont donné un mandat clair pour protéger l’économie. Cette grève touche plus que le Canadien Pacifique et ses travailleurs. Elle a des répercussions sur nos entreprises, nos exportateurs, nos agriculteurs, nos mineurs, nos ports et nos familles. Une grève prolongée menace le gagne-pain de beaucoup de gens. C’est en pensant à leurs intérêts que nous avons présenté ce projet de loi.
En prenant position contre cette mesure législative, l’opposition fait passer ses idéaux prosyndicaux avant deux choses: le bon sens et l’économie nationale. Elle fait preuve d’étroitesse d’esprit et ne défend que des intérêts spéciaux. J’exhorte tous les députés à adopter ce projet de loi aussi rapidement que possible.
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Madame la Présidente, je suis très fier ce soir de me lever à la Chambre, afin de défendre les droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses de ce pays, des droits qui sont aujourd'hui menacés — je dirais même bafoués — par le projet de loi qu'on doit malheureusement étudier maintenant de manière expéditive encore une fois.
En même temps, je me lève avec des préoccupations très profondes quant à la direction que ce gouvernement impose, jour après jour, à la Chambre et par conséquent à nos sociétés et à nos communautés. Cette vision et cette direction conservatrices sont franchement autoritaires. Elles font preuve d'un mépris à peine voilé pour les travailleurs et travailleuses de ce pays, pour les gens ordinaires, pour ceux qui prennent l'autobus le matin et pour ceux qui, tous les soirs, font leur lunch et le lunch de leur enfant pour aller gagner leur pain à la sueur de leur front. Ce gouvernement a un parti pris outrageant pour les dirigeants des grandes compagnies, des grandes entreprises et des grandes banques de ce pays.
Nous sommes devant un gouvernement complètement déconnecté, un gouvernement franchement idéologique, un gouvernement qui nous dit sans cesse que la main invisible du marché est la solution à tous les problèmes de la société. Cette idéologie considère que l'addition des individualismes et des égoïsmes est capable à elle seule de créer le bien commun. C'est une vision que nous ne partageons pas en tant que progressistes ou sociaux-démocrates.
Cette chanson de déréglementation, de privatisation et de libéralisation, on l'a entendue dans plusieurs pays du monde, et elle a conduit à des échecs cuisants. Parmi les exemples très récents, on compte celui du « Tigre celtique », le dragon de l'Europe, l'Irlande qui, pendant des années, a appliqué les recettes néo-libérales, et qui aujourd'hui est un pays en ruines, carrément, alors qu'un des pays voisins, l'Islande, a pris un chemin différent dans l'intérêt de sa population et en consultant les citoyens et les citoyennes d'Islande.
L'été passé, presque à la même date, peu après les élections historiques du 2 mai, j'ai eu l'honneur de me lever à la Chambre, avec mes nouveaux collègues de travail, mais aussi et surtout avec notre ami et ancien chef Jack Layton, afin de défendre les droits des travailleurs et des travailleuses des postes. Ils avaient été mis en lockout avec la complicité et l'accord même de ce gouvernement. Ils ont subi en première ligne — ils étaient les premiers, on s'en rappellera — les politiques mal avisées, rétrogrades et anti-travailleurs de ce gouvernement.
Je suis fier de m'être levé à la Chambre à ce moment-là, avec tous mes collègues du NPD parce qu'au fond, c'est pour ça qu'on a été élus. On a été élus pour se tenir debout pour les gens, et c'est ce qu'on continue de faire encore aujourd'hui en tant que néo-démocrates et progressistes au Parlement.
On doit se tenir debout pour se protéger contre les attaques de ce gouvernement de droite. Une année a passé, mais bien peu de choses ont changé à la Chambre. Malheureusement, on fait face à un gouvernement récidiviste. S'il était aussi sévère envers lui-même qu'envers les criminels récidivistes, on se tournerait peut-être vers une meilleure direction en ce moment.
C'est la troisième fois en un an, ou la quatrième fois si on compte les deux différents groupes d'employés d'Air Canada. C'est quand même extraordinaire. Ce gouvernement a l'idéologie du laisser-faire et l'idéologie du laisser-aller, mais il intervient directement dans un processus de négociation et brise l'équilibre existant quand il s'agit d'une négociation pour une convention collective.
Il intervient pour dire aux travailleurs d'une entreprise privée qu'ils ne peuvent pas décider collectivement de leurs conditions de travail ou les négocier. Pourtant, non seulement ce droit est reconnu par la Charte des droits et libertés, mais il l'est également par la Cour suprême. Lors d'un arrêt en 2007, la Cour suprême a statué que la négociation collective était un aspect fondamental de la société canadienne. Cet aspect fondamental, aujourd'hui, subit les foudres de la et du gouvernement conservateur.
Je me permets un petit aparté, parce que c'est important pour mettre en contexte les obligations juridiques, légales et internationales du Canada.
Le Canada a signé, avec l'Organisation Internationale du Travail, la Convention 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.
Cette convention reconnaît le droit à la liberté d'association et de négociation.
Je citerai l'opinion de Michael Lynk, de l'Université Western, en Ontario, sur cette liberté syndicale. Elle est en anglais parce que la version originale est dans cette langue.
[Traduction]
Le droit des travailleurs syndiqués de faire la grève en retirant pacifiquement les services de manière à défendre leurs intérêts économiques et sociaux a été largement accepté comme l'un des piliers de la liberté d'association, avec le droit d'organisation et de négociation collective. Bien que le droit de grève ne soit pas mentionné explicitement dans l'une ou l'autre des Conventions nos 87 ou 98, la jurisprudence élaborée par le Comité de la liberté syndicale et les rapports cumulatifs de la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations ont vu le droit de grève dans la signification du droit d'association. Une étude de l'OIT faisant autorité qui a examiné la jurisprudence du comité et de la commission précise que: « le droit de grève est un droit fondamental des travailleurs et de leurs syndicats »; « la grève est un droit et pas seulement un acte social » et « le droit de grève est essentiel à une société démocratique ». Le Comité de la liberté syndicale a jugé que le droit de grève [est] un des moyens essentiels par lesquels les travailleurs et leurs syndicats peuvent promouvoir et défendre leurs intérêts économiques et sociaux.
[Français]
Le fait que le gouvernement viole le droit constitutionnel de grève ou la liberté d'association fait déjà l'objet de deux contestations qui ont été déposées dans le cas de Postes Canada et d'Air Canada. Vraisemblablement, le projet de loi dont il est question ce soir sera ajouté à cette liste noire.
Les interventions étatiques, les interventions du gouvernement nuisent aux relations entre les travailleurs et leur direction. Encore une fois, on a un gouvernement mal avisé qui vient mettre les pieds là où il n'a pas affaire. Il vient se mêler de négociations collectives et, rappelons-le, il a menacé d'adopter une loi spéciale alors que la grève n'était pas encore vieille de 24 heures. Le gouvernement va créer une situation qui va pourrir les relations de travail au Canadien Pacifique. Cela va laisser des cicatrices. Les gens arriveront au travail sans être motivés. Ils seront fâchés, frustrés et ils auront raison. C'est ce que ce gouvernement est en train de créer. C'est malheureux.
Les experts qui représentent soit les administrateurs, soit les travailleurs ou les syndicats sont tous d'accord pour dire que ces interventions dans la libre négociation collective aggravent les relations déjà tendues entre les employeurs et les travailleurs.
M. George Smith — qui est maintenant à l'Université Queen, mais qui était négociateur pour Air Canada et pour le CP dans le passé — souligne que le gouvernement est naïf de croire qu'il peut légiférer une paix dans les relations de travail alors qu'en fait, il ne fait qu'empirer la situation. Il a dit ce qui suit:
[Traduction]
Naïvement, le gouvernement a pensé qu'il pouvait légiférer la certitude et légiférer la paix, et aucune de ces choses n'est arrivée.
Vous hypothéquez l'avenir sans savoir combien coûtera cette hypothèque. Malgré l'apparence de paix syndicale, c'est quelque chose qui n'existe pas.
[Français]
C'est le gouvernement conservateur qui continue avec ses mauvaises décisions.
Non seulement le gouvernement propose-t-il des mauvaises solutions, non seulement agit-il quand il devrait rester de côté et laisser les deux parties négocier librement, mais quand on lui demande d'agir pour sauver des emplois, il est aux abonnés absents. Il est incapable de faire appliquer la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada pour les travailleurs d'Aveos alors que 2 400 personnes ont perdu leur emploi de manière sauvage, dont 1 800 dans la région de Montréal où j'ai l'honneur de représenter les habitants de Rosemont—La Petite-Patrie.
On a un gouvernement qui reste assis sur ses mains, qui ne fait rien, qui ne lève pas le petit doigt pour sauver ces gens qui avaient de bons emplois, qui étaient bien payés, qui contribuaient à l'économie. Là, le gouvernement ne voulait pas s'en mêler parce qu'il disait que ce n'était pas de ses affaires, qu'il s'agissait de compagnies privées. Toutefois, quand la compagnie privée est Canadien Pacifique et qu'elle a des problèmes de négociation, ça ne prend pas 24 heures pour que l'épée de Damoclès soit brandie par la et qu'elle soit placée au-dessus de la tête des travailleurs et des travailleuses de cette société. Au NPD, on trouve ça inacceptable parce que ça, ce n'est pas respecter les travailleurs et les travailleuses.
Toutefois, il ne faudrait peut-être pas trop s'en étonner non plus, puisque c'est le même gouvernement qui s'attaque aussi directement aux pensions des Canadiens et des Canadiennes, des Québécois et des Québécoises. Pourtant, il y a un an à peine, durant la campagne électorale, les conservateurs ne nous avaient jamais dit qu'ils avaient l'intention d'augmenter l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse.
Eh bien, devant un parterre de milliardaires, en Suisse, le a cru bon d'annoncer qu'il allait apporter des changements. Pourtant, il n'en avait jamais parlé aux électeurs et aux électrices de ce pays, ce qui est très clairement un manque de respect et un mépris de la population. De plus, c'est une attaque qui touchera les travailleurs et les travailleuses les plus démunis, les plus modestes, ce qui est inacceptable, tout comme c'est inacceptable de s'attaquer au régime d'assurance-emploi. Dans ce dernier cas, on fera mal aux travailleurs temporaires, aux travailleurs à contrat et aux travailleurs saisonniers.
Ce gouvernement se fout du monde, se fout des petites gens, se fout des travailleurs et veut seulement mettre la pression vers le bas en ce qui concerne les salaires. Les conservateurs ne connaissent qu'une seule direction en ce qui concerne les régimes de retraite et les salaires: toujours plus bas, sauf pour leurs amies les grandes compagnies.
Il faut le dire franchement et arrêter de tourner autour du pot. À mon avis, c'est la première fois de l'histoire qu'on a un gouvernement qui hait autant le gouvernement, c'est-à-dire que le gouvernement déteste l'État qu'il dirige lui-même. Il n'aime pas l'État. Il n'aime ni les programmes sociaux ni la redistribution de la richesse. Pourtant, il est à la tête de ce pays, qu'il essaie de ratatiner, de réduire. Comme on peut le voir, c'est un gouvernement autoritaire qui entretient un mépris profond de nos institutions parlementaires et démocratiques. C'est un gouvernement qui préfère l'intimidation à la discussion. C'est un gouvernement bulldozer qui, en un an, a imposé le bâillon aux parlementaires plus de 20 fois. C'est odieux. Plus de 20 bâillons!
Encore une fois, on limite aujourd'hui le débat sur une loi spéciale de retour au travail au Canadien Pacifique, ce qui est inacceptable. On veut en discuter, échanger des idées et tenir un débat, mais les conservateurs n'aiment pas les débats.
Je vais donner deux chiffres, car j'aime en donner de temps en temps. Les trois lectures du projet de loi actuel ont été limitées à trois heures et demie de débat. Pour une loi qui va toucher 5 000 familles de ce pays, c'est complètement inacceptable. Plus tard, quand on se réunira en comité plénier, on a prévu une heure de discussion, alors que nous sommes 308 députés en cette Chambre. J'ai sorti ma calculatrice pour faire un petit calcul: si tous les députés en cette Chambre avaient la possibilité de parler, chacun parlerait durant 11,7 secondes. Onze secondes de discussion, c'est ce que nous offre le gouvernement conservateur pour discuter de ce projet de loi en comité plénier. C'est inacceptable et c'est odieux. Ça commence à être pas mal indécent. C'est indécent de voir ce gouvernement détruire l'héritage des programmes sociaux et des institutions que l'on a mis en place pour vivre dans une société meilleure, une société plus juste où les gens vivent dans la dignité, grâce à de bons emplois.
Ce sont les travailleurs et les travailleuses qui se sont battus pour obtenir l'abolition du travail des enfants. Ce sont les travailleurs et les travailleuses qui se sont battus pour avoir congé le week-end — sauf les travailleurs du Canadien Pacifique, semble-t-il — et avoir une semaine de travail de 40 heures, au lieu d'avoir des journées de travail de 12, 14 ou 16 heures, comme c'était le cas auparavant. Ce sont les travailleurs et les travailleuses qui se sont battus pour avoir un système d'assurance-emploi et des protections en matière de santé et de sécurité. Tout cela n'est pas tombé du ciel. Les gens se sont battus pour avoir ces choses. Ce n'est pas un patron ou le gouvernement qui s'est levé un matin et qui, tout d'un coup, s'est dit que ce serait bien d'offrir cela.
Je vais mettre les collègues en contexte et leur expliquer pourquoi les gens sont si en colère à Postes Canada, à Air Canada et au Canadien Pacifique. D'ailleurs, c'est une juste colère. Au Canada, les 100 PDG les mieux payés ont gagné, pendant les trois premiers jours de 2012, 44 000 $. Ils ont gagné 44 000 $ entre le 1er et le 3 janvier! C'est le salaire moyen d'un travailleur ou d'une travailleuse du pays, salaire gagné sur 12 mois. Pourtant, ces PDG ont mis ce montant dans leurs poches en deux jours. En moyenne, les 100 PDG de l'élite canadienne ont un salaire 189 fois supérieur au travailleur canadien moyen.
Voici un exemple. Le PDG du Canadien Pacifique a gagné, en 2011, 6,5 millions de dollars, en un an. Cela peut sembler beaucoup, mais comparativement à sa prime de séparation, ce n'est rien. Il a quitté son poste et n'est plus PDG du Canadien Pacifique. Sa prime de séparation est de 18 millions de dollars. Ce sont les mêmes qui s'attaquent au régime de retraite de 5 000 travailleurs et travailleuses de ce pays, qui ont osé leur demander de sabrer 40 p. 100 dans leurs bénéfices de régime de retraite. C'est de l'argent qu'ils ont eux-mêmes mis dans la caisse. Aujourd'hui on tente de leur tordre le bras et de leur enfoncer dans la gorge des coupes inadmissibles à leur régime de retraite.
Les régimes de retraite sont attaqués de plein fouet, partout au Québec et au Canada. Nous, au NPD, nous allons nous tenir debout et défendre les régimes de retraite des travailleurs et des travailleuses.
J'ai du mal à comprendre qu'une compagnie qui a fait 570 millions de dollars de profits l'année passée, qui a fait 142 millions de dollars de profits durant le dernier trimestre et qui, durant les quatre derniers trimestres a distribué les plus importants dividendes à ses actionnaires soit une compagnie qui va mal. Comment se fait-il que cette compagnie doive s'attaquer aux régimes de retraite de 5 000 familles canadiennes? Pourquoi en est-on rendus là, comme société, aujourd'hui? Pourquoi ce gouvernement conservateur est-il comme la tour de Pise? Il penche tout le temps du même bord, et ce n'est jamais celui des travailleurs et des travailleuses. C'est inacceptable.
Comment se fait-il que le Canadien Pacifique n'est pas capable de régler le problème de fatigue de ses travailleurs et travailleuses? C'est un problème qui dure depuis des années. Les travailleurs ont des demandes et des revendications assez simples. Comme ils sont tout le temps sur appel, comme ils sont tout le temps disponibles et comme leurs congés disparaissent à tout bout de champ, ils veulent avoir l'assurance de pouvoir au moins être en famille, à la maison, pendant deux périodes de 48 heures par mois. Et ils se font dire non par une compagnie qui a fait 142 millions de dollars de profits au dernier trimestre. Est-ce que c'est ça la vision du gouvernement conservateur? C'est le bar ouvert pour les PDG et la soupe populaire pour les autres. Est-ce ce qu'on veut, des parachutes dorés pour les banquiers et des attaques contre les fonds de pension des ouvriers? Ces attaques sont très réelles.
Un employé âgé de 50 ans comptant 30 années de service au CP perdrait 9 900 $ annuellement si les demandes de la direction étaient acceptées, et il n'y a pas d'autre option pour lui. Quelqu'un de plus jeune, qui vient de rentrer, qui a 30 ans et 10 années d'ancienneté pour le CP, perdrait 30 000 $ annuellement avec les changements exigés par la direction. Ce n'est pas acceptable.
C'est scandaleux que dans un pays aussi riche que le Canada, l'écart entre les riches et les pauvres s'accroisse de plus en plus. Même les gens qui travaillent sont obligés d'aller chercher de l'aide et ont recours aux paniers alimentaires. Depuis 2008, dans la grande région de Montréal, le nombre de personnes qui vont chercher des paniers alimentaires a augmenté de près de 40 p. 100.
Avec des lois spéciales, comme celles pour Postes Canada, Air Canada, et maintenant Canadien Pacifique, ce gouvernement envoie le signal que les employeurs peuvent attaquer les conditions de travail de leurs employés, négocier de mauvaise foi — comme au Canadien Pacifique — et que les gardes du corps conservateurs vont venir à leur rescousse de toute façon, à chaque occasion, quand ils en auront besoin. Le message envoyé aux employeurs est qu'ils n'ont plus besoin de négocier. Les conservateurs seront là pour les aider et imposer une loi matraque.
Le résultat est un déséquilibre profond dans notre régime de relations de travail, lequel est basé sur la libre négociation entre la partie patronale et syndicale, où chacun peut exercer une pression économique sur l'autre. En imposant une loi spéciale, on vient briser l'équilibre de la libre négociation collective qui, on l'a vu plus tôt, est quelque chose de fondamental dans notre régime. Cela a fait en sorte de beaucoup pacifier les relations de travail et de civiliser notre société.
Or on a un gouvernement déjà moribond, après seulement un an d'existence, qui ajoute l'injure à l'insulte avec son projet de loi cheval de Troie, ou projet de loi mammouth. Il change 69 lois existantes, compte plus de 450 pages. On a aussi imposé un bâillon sur ce projet de loi. Et que contient-il? Il contient des attaques encore plus continues et plus nourries contre les travailleurs, des modifications ignobles à l'assurance-emploi, aux pensions de vieillesse ainsi que l'abolition de la Loi sur les justes salaires et les heures de travail. Dans le fond, ce qu'on voit ici est parfaitement en ligne avec les politiques des conservateurs.
En conclusion, face aux défis des régimes de retraite, des défis de la fatigue des travailleurs et des travailleuses du Canadien Pacifique et des défis de l'assurance-emploi, où on va faire des pressions pour diminuer les salaires des travailleurs saisonniers, temporaires, à contrat ou autonomes, le tableau semble bien sombre. Toutefois, je voudrais finir avec une note plus positive. Je voudrais terminer avec un message d'espoir pour les travailleurs et les travailleuses du Canada et du Québec.
Le NPD sera toujours là aux côtés des travailleurs pour se battre contre les politiques rétrogrades du gouvernement conservateur. Il sera là pour proposer un vrai changement, une autre façon de faire de la politique.
On va faire de la politique pour la majorité de la population, pour 99 p. 100 des travailleurs et travailleuses. Il faut simplement être un peu plus patient et continuer à lutter pour une société meilleure.
Il y aura des élections, et ensemble nous allons mettre dehors ce gouvernement insensible aux préoccupations des travailleurs et des travailleuses.
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Monsieur le Président, par ses actions, le gouvernement claironne qu'il n'est pas nécessaire pour les entreprises canadiennes de négocier de bonne foi avec leurs employés syndiqués.
Les entreprises n'ont qu'à laisser les choses aller jusqu'à ce que leurs travailleurs n'aient plus d'autre choix que de déclencher la grève. Le gouvernement arrivera alors à la rescousse comme un preux chevalier pour obliger les grévistes à reprendre le travail.
Les négociateurs des Teamsters savent que l'économie mondiale a été mise à mal et que l'économie canadienne demeure fragile, bien qu'en meilleure posture que celle de bien d'autres pays. Les Teamsters ont entrepris de négocier de bonne foi avec le Canadien Pacifique en vue d'en arriver à une convention juste et équitable non seulement pour le Canadien Pacifique et ses actionnaires, mais aussi pour les hommes et les femmes dont le travail permet au CP de faire les profits nécessaires pour continuer à verser à ses actionnaires les dividendes les plus élevés des 30 dernières années.
Le Canadien Pacifique a profité de l'inclinaison du gouvernement à faire figure de preux chevalier. Ses négociateurs ont refusé de négocier avec le syndicat. Sa position a systématiquement été de dire: « Voici ce que nous voulons. C'est à prendre ou à laisser. De toute façon, le gouvernement légiférera pour vous contraindre à reprendre le travail. »
Le Canadien Pacifique espérait que le gouvernement interviendrait. La volonté du gouvernement de déposer une loi forçant le retour au travail est devenue un problème évident à la table de négociation. La direction pouvait formuler des demandes déraisonnables, refuser des propositions raisonnables et négocier sans faire preuve de bonne foi. Rien n'incite l'entreprise à négocier.
Le gouvernement doit faire savoir aux entreprises canadiennes qu'il ne réglera pas tous leurs problèmes liés aux relations de travail. Il doit aussi leur faire savoir qu'il n'imposera pas de loi forçant le retour au travail si elles bafouent les droits des travailleurs en raison de leur cupidité. Le gouvernement doit clairement faire savoir aux entreprises du Canada qu'il leur incombe de négocier une convention collective juste et équitable avec leurs employés, car ce n'est pas le rôle du gouvernement.
Lorsqu'il est devenu clair que la seule option dont disposait le syndicat était l'arrêt de travail, les Teamsters ont déclaré que les trains de banlieue demeureraient en fonction afin de ne pas nuire aux navetteurs de Montréal, de Toronto et de Vancouver. Ils ont dit que leur différend mettait en cause le Canadien Pacifique, non les Canadiens qui vont travailler pour subvenir aux besoins de leur famille.
Le Canadien Pacifique a tout simplement refusé cette offre. Le Canadien Pacifique était prêt à nuire à des centaines de navetteurs canadiens, car il n'était pas disposé à négocier de bonne foi. Heureusement, la raison a eu le dessus et le Canadien Pacifique a finalement accepté que les trains de banlieue continuent de circuler.
Beaucoup de Canadiens se demandent probablement sur quoi achoppent les négociations et pourquoi les deux parties ne parviennent pas à s'entendre. Je peux répondre à la première question. Elles achoppent sur le régime de retraite et la gestion de la fatigue. Je laisse aux Canadiens impartiaux le soin de répondre eux-mêmes à la deuxième question.
Le Canadien Pacifique demande aux hommes et aux femmes qui conduisent nos trains et assurent la sécurité du transport d'accepter une baisse de 40 p. 100 de leurs prestations de retraite. Il demande aux employés de 30 ans, qui ont 10 ans de service et qui doivent encore travailler 25 ans avant de toucher leur pension, d'accepter une réduction de 30 000 $ de leur pension de retraite par année. Est-ce équitable?
Plus de 2 000 employés de direction non syndiqués du Canadien Pacifique cotisent au régime de pension à prestations déterminées de l'entreprise. Leurs cotisations au régime de pension sont moins élevées, mais leur revenu de pension est supérieur à celui des employés syndiqués.
L'employeur ne leur demande pourtant pas d'accepter une baisse de 40 p. 100 de leurs prestations de retraite. En fait, il est prévu qu'ils obtiennent une augmentation à la fin de cette année. Est-ce équitable?
Le recouvrement des prestations de retraite des employés syndiqués servira à enrichir le Canadien Pacifique. Cet argent n'a pas été gagné par le Canadien Pacifique, mais par les employés. Cette manne financière sera distribuée aux actionnaires du Canadien Pacifique dont l'actionnaire majoritaire est un investisseur de fonds spéculatifs américain. C'est la cupidité dans sa plus sinistre incarnation. Ce n'est pas juste.
Un travailleur fatigué n'est pas un travailleur prudent. Nous l'avons appris à nos dépens tant dans l'industrie du camionnage que dans l'industrie aérienne. J'étais secrétaire parlementaire du ministre des Transports lorsque la question de la gestion de la fatigue dans l'industrie du camionnage a été soulevée, et la journée de travail a été ramenée de 18 heures à 13 heures.
J'ai eu le plaisir de monter dans un des camions des Teamsters et de faire le trajet Montréal-Ottawa-Toronto. Il nous a fallu 18 heures. Lorsque nous sommes revenus, le chauffeur était épuisé. Ce qui vaut pour ceux qui conduisent nos camions et ceux qui pilotent nos avions devrait aussi valoir pour ceux qui conduisent nos locomotives.
Ce trajet m'a donné droit d'être membre à vie de Teamsters Canada. Un de nos députés amis de Vancouver qui siège ici même est aussi un teamster. Nous avons donc un syndicat à deux membres. Peut-être devrions-nous ouvrir une section locale ici.
Bien que la journée de travail de 13 heures ne soit pas parfaite, cela vaut mieux que celle de 18 heures et elle est plus sûre.
La Chambre a débattu la question de la fatigue des employés et la manière dont elle se répercute sur la sécurité des employés eux-mêmes et des Canadiens en général. Nous avons fixé le nombre d'heures de travail à respecter dans l'industrie du camionnage et dans l'industrie aérienne.
Au début du mois, la Loi sur la sécurité ferroviaire a reçu la sanction royale. La Chambre a parlé d'une seule voix. Nous devons définir les heures de travail dans l'industrie du chemin de fer. La gestion de la fatigue doit être incorporée dans les statuts.
L'équipe de négociation des Teamsters a proposé un article sur la fatigue et la forme physique fondé sur un projet pilote mené avec succès dans l'est du Canada de 2007 à 2011. Le Canadien Pacifique a refusé d'examiner cette proposition.
Samedi dernier, j'ai rencontré des membres des Teamsters sur le piquet de grève, à la gare de triage McCowan. Je me suis adressé à l'un d'entre eux. Il m'a dit que lorsqu'il était appelé à travailler, il pouvait lui arriver d'être parti pendant 53 heures d'affilée, période pendant laquelle il était alternativement au travail, en disponibilité ou en période de repos imposée par la loi. Lorsqu'il faut effectuer des travaux de maintenance, un voyage de six heures peut prendre de 10 à 11 heures. Ensuite, il est en temps d'arrêt. Avec un peu de chance, si le train à destination de Toronto est prêt à partir, il peut le prendre pour rentrer à la maison. Malheureusement, ce n'est pas souvent le cas. Il doit donc attendre. Cependant, il doit se tenir prêt à prendre, en moins de deux heures d'avis, le train à destination de chez lui, un autre voyage de 10 ou 11 heures.
Le Canadien Pacifique exige de tous ses employés qu'ils soient en bonne santé et reposés lorsqu'ils sont appelés au travail. Cependant, les employés qui affirment ne pas pouvoir travailler parce qu'ils sont épuisés s'exposent à des mesures disciplinaires.
Les travailleurs demandent deux périodes de 48 heures de repos par mois pour mieux pouvoir se reposer et pour éviter d'être privés de sommeil. Les employés pourraient ainsi dormir dans leur propre lit deux nuits consécutives, deux fois par mois. Ce n'est pas déraisonnable.
Il est inadmissible que les travailleurs en viennent à faire la grève parce qu'ils sont épuisés.
Le Canadien Pacifique a fait un pied de nez à la Chambre et lui a dit: « Ce que vous pensez de la fatigue des conducteurs nous importe peu. Nous ferons comme bon nous semble. »
Il faut que le gouvernement rappelle au Canadien Pacifique que c'est le Parlement qui établit les règles et non le CP.
Je demande au qu'il somme les fonctionnaires de son ministère d'entreprendre immédiatement une étude scientifique sur la fatigue afin que l'on puisse légiférer sur la question le plus rapidement possible. Il est temps de veiller à ce que les hommes et les femmes qui conduisent nos trains aient des horaires de travail raisonnables et établis.
Le syndicat Teamsters Canada a présenté une plainte de négociation de mauvaise foi auprès du Conseil canadien des relations industrielles. Le syndicat estime que le Canadien Pacifique n'a pas négocié de bonne foi et qu'il a plutôt attendu que le gouvernement présente une loi forçant le retour au travail.
Je crois que tous les Canadiens raisonnables estiment également que le Canadien Pacifique n'a pas négocié de bonne foi et que c'est ce qui explique la situation actuelle.
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Monsieur le Président, je prends la parole pour aborder la question sous un autre angle. Je veux parler de la loi forçant le retour au travail comme je la perçois: un abus de pouvoir.
Nous qui siégeons à cet endroit très privilégié, nous tous qui avons des régimes de retraite, bénéficions d'une assurance médicale et dentaire et travaillons dans un environnement sécuritaire, il est facile pour nous de parler de façon abstraite de l'économie et de ce dont elle a besoin, d'oublier que ce sont les travailleurs qui soutiennent l'économie. Sans travailleurs pour assurer la survie des sociétés et leur permettre de réaliser des profits, c'est la fin prochaine de ces dernières. C'est cyclique. L'un ne va pas sans l'autre.
C'est pourquoi les négociations sont si importantes et pourquoi un gouvernement responsable ne s'immisce pas dans les négociations à moins qu'il estime devoir intervenir parce que les choses tournent au vinaigre. Cela s'est fait en 1995, lorsque trois grèves sévissaient en même temps dans le secteur ferroviaire. Tout le pays était paralysé. Personne ne pouvait aller nulle part. Le gouvernement a alors été obligé d'intervenir et le NPD a appuyé notre loi forçant le retour au travail.
Cependant, il faut laisser le temps nécessaire au processus. Il faut laisser les négociations suivre leur cours. La négociation et les aspects psychologiques qui la sous-tendent renforcent la confiance entre les employeurs et les employés. La négociation crée un climat durable permettant aux employés de contribuer de manière productive aux intérêts de l'entreprise. Ce n'est pas sorcier; c'est de la psychologie de base.
Lorsque le gouvernement intervient, il joue un rôle qu'il ne devrait pas assumer. Comme tous les députés l'ont déjà dit, cela porte l'employeur à croire que le gouvernement est prêt à intervenir en tout temps. Alors, l'employeur ne négocie pas de bonne foi, les employés deviennent méfiants, furieux et frustrés, des tensions s'installent, des grèves se déclenchent, puis le gouvernement intervient.
C'est une excellente solution à court terme. Bien sûr, ce genre d'intervention remet les gens au travail, et elle laisse croire à tous que l'économie se porte bien. Cependant, à long terme, cela crée un climat de travail tellement malsain que les entreprises et les travailleurs ne peuvent plus s'appuyer mutuellement, et les liens qui les unissent doivent se briser. Des travailleurs ne voudront plus travailler dans certains secteurs, même si ce sont les seuls pour lesquels ils sont qualifiés, principalement parce qu'ils savent que le ministre responsable interviendra dans ces secteurs afin que les travailleurs ne puissent pas bénéficier du droit à la négociation, qui est garanti par la Constitution.
L'idée d'un droit de négociation garanti par la Constitution me ramène à un autre point que je veux mentionner, soit la lente disparition de la démocratie à la Chambre. Une démocratie adhère au principe de la primauté du droit. La Constitution est la loi générale en vertu de laquelle le gouvernement dirige ses affaires et gouverne le pays. Lorsqu'un gouvernement juge qu'il peut, sur un coup de tête, faire fi de la Constitution quand bon lui semble, là encore, ce n'est pas un simple abus de pouvoir, mais un mépris du principe de la primauté du droit. Le gouvernement sait que la primauté du droit est un principe important pour n'importe quel pays démocratique. Or, le gouvernement abuse encore de son pouvoir, méprisant le principe de la primauté du droit et les droits constitutionnels de ses citoyens.
Aujourd'hui, on nous a parlé de l'économie. Le fait est que l'économie ne tiendra pas le coup à moins qu'à long terme règnent la confiance, la tranquillité et une bonne relation entre les employeurs et les employés. Le gouvernement veille à ce que, à long terme, tout cela disparaisse. Nous aurons alors, pendant des décennies, des conflits ouvriers et des entreprises incapables de prospérer. C'est le coup qui sera porté à long terme à l'économie, l'économie dont parle le gouvernement.
Prenons des exemples précis. Mon collègue a parlé de sécurité. Je ne suis pas surprise du tout que le gouvernement ignore la question de la sécurité. Regardez ce qu'il a fait. Il a sabré dans les services de sauvetage de la Garde côtière et d'inspection des aliments. Il semble penser que tout ce qui touche à la sécurité des Canadiens est sans intérêt et il ne s'en occupe pas, faisant plutôt le jeu des compagnies, des sociétés et des entreprises et ne tenant aucun compte de la sécurité de la population. La sécurité est un enjeu important.
Au cours des quatre dernières années, 1 198 accidents se sont produits en moyenne sur les chemins de fer. J'ai bien dit 1 198 accidents, y compris 61 déraillements en voie principale par semaine, en moyenne, 210 à des passages à niveau, 160 accidents impliquant des marchandises dangereuses par année, 81 décès par année au cours des quatre dernières années. C'est non seulement la sécurité des travailleurs qui est en jeu, mais aussi celle des populations qui vivent là où passent les trains et des gens qui empruntent les passages à niveau. C'est un problème important. L'économie est-elle plus importante à nos yeux? Concernant la fatigue, on préconise une solution à court terme et on fait fi encore une fois de la sécurité des Canadiens.
Nous, les députés, sommes des privilégiés. Nous avons des pensions. Nous avons des assurances pour les soins dentaires et les autres soins de santé. Nous discourons dans notre tour d'ivoire de ce dont les autres ont besoin. Il y a un écart énorme, au pays, entre les riches et les pauvres. La classe moyenne, dont la vigueur est un solide indice d'une démocratie en santé, n'existe plus. Les changements à l'assurance-emploi, qui auraient pour effet d'obliger les gens à accepter des emplois à bas salaire, et cette façon de traiter les travailleurs, en les obligeant à accepter des emplois à bas salaire et en ne négociant pas adéquatement avec eux concernant les pensions, signifient que l'État aurait désormais, comme fardeau, à soutenir toutes les personnes à faible revenu, puisque la pauvreté et le nombre de travailleurs à bas salaire augmenteraient.
En fin de compte, l'État serait responsable des pensions, des soins de santé et du bien-être des personnes âgées du pays. À long terme, ça n'a pas de sens. Ce n'est pas avantageux financièrement. C'est un mauvais calcul. On a peu de chances d'obtenir les résultats escomptés. Le pays ne s'en portera pas mieux et n'en bénéficiera pas à long terme. Mais, encore une fois, le gouvernement ne semble pas se soucier de tout cela.
Je parlerai du fait que la responsabilité du gouvernement ne consiste pas seulement à voir aux besoins du pays dans l'immédiat et à court terme, mais également à préparer la voie à une économie forte, à un système social fort et à une société forte à long terme, où tous peuvent faire leur part et contribuer à l'édification de l'économie. Quand les gens occupent un emploi faiblement rémunéré ou sont sans emploi et dépendent de l'État, qui paie les impôts permettant à l'État de soutenir les personnes qui dépendent de lui? Il y en a peut-être qui ne s'en rendent pas compte, mais le gouvernement est en train de faire un cercle vicieux de ce qui devrait être un cercle vertueux.
Voilà où nous en sommes. Si le gouvernement a pensé gagner les cinq fois où il est intervenu dans des négociations collectives au cours de la dernière année, nous constatons maintenant qu'il n'a fait qu'engendrer un chaos qui perdure. Il a suscité l'amertume, la colère et l'agitation à long terme. Nous nous sommes retrouvés avec deux contestations judiciaires, une de la part du syndicat des pilotes, qui est en cours, et une de la part des employés de la Société canadienne des postes, qui est réglée.
Enfin, je renverrai les députés aux propos du juge qui a examiné la contestation judiciaire des employés de la Société canadienne des postes. Le juge a dit que la ministre « voudrait que l’exercice du pouvoir ministériel [...] ne soit assujetti à aucune contrainte, balise ou critère au sujet de la compétence et des qualifications de l’arbitre. Bref, il suffit que la Ministre soit de bonne foi et qu’elle juge une personne “qualifiée“ pour que s’arrête là l’exercice de révision de la Cour. » Il a également dit que « ce n’est pas ce qu’enseignent la jurisprudence et le sens commun, non plus que l’économie de la Loi spéciale et le contexte particulier de relations de travail dans lequel œuvre les parties à la convention collective ». Autrement dit, la ministre entrave le cours de la justice et des négociations et ne reconnaît pas les droits des citoyens en l'occurence. C'est mauvais pour le Canada à long terme.
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Monsieur le Président, les chiffres de Statistique Canada confirment qu'en avril dernier, il s'est créé 58 000 emplois au pays, dont la plupart sont à temps plein. Pour un deuxième mois consécutif, le nombre d'emplois s'est accru considérablement au pays. Qui plus est, le taux de confiance des chefs d'entreprise canadiens, un des principaux indicateurs de la croissance économique future de création d'emplois, a augmenté au cours du premier trimestre de 2012. Selon le Conference Board du Canada, les chefs d'entreprise ont fait preuve d'un optimisme accru quant au rendement futur de leurs activités et de l'économie canadienne.
Ajoutons à ces statistiques remarquables les mesures d'appui à notre économie prévues dans la qui a été présentée récemment par le . Grâce aux efforts déployés par le gouvernement, le Canada jouit d'une prospérité économique qui fait l'envie de nombreux pays du monde occidental. En cette période d'incertitude financière mondiale, alors que la demande stagnante à l'échelle internationale nuit à la croissance de l'emploi, pourquoi permettrions-nous qu'une situation à l'intérieur de nos frontières vienne nuire à nos perspectives économiques? Pourquoi ferions-nous exprès pour anéantir le bon travail qui a protégé notre économie jusqu'ici?
Le Chemin de fer Canadien Pacifique est l'un des éléments symboliques du vaste réseau de transport canadien. Fondé en 1881, le chemin de fer lui-même est un véritable chef-d'oeuvre du génie. C'est l'une des raisons pour lesquelles notre pays existe, car il unit le Canada d'un océan à l'autre.
Au XXIe siècle, le CP demeure un acteur essentiel de l'économie canadienne. Chaque année, le CP transporte à l'intérieur du Canada l'équivalent d'environ 50 milliards de dollars en fret. Selon Transports Canada, le CP charroie annuellement près de 11,1 milliards de dollars de céréales, 5 milliards de dollars de potasse et 5,25 milliards de dollars de charbon.
J'aimerais expliquer à la Chambre comment l'arrêt de travail au CP nuit aux entreprises canadiennes. En octobre 2009, le rapport publié par l'École de gestion Rotman de l'Université de Toronto a estimé que quatre secteurs clés du transport canadien en vrac, la culture des oléagineux et des céréales, l'extraction du charbon, la fabrication de produits du bois, les pâtes et papiers et la fabrication d'articles en papier fournissaient une contribution de plus de 81 milliards de dollars au PIB du Canada et donnaient du travail à près de 1 million de Canadiens.
Je trouve stupéfiant d'envisager les pertes que ces quatre secteurs de notre économie enregistreront en raison de l'interruption des services de transport du CP. Pour ces secteurs clés de notre économie, ces services sont très essentiels.
Ce n'est pas une métaphore que de décrire les 22 000 kilomètres du réseau ferroviaire du CP comme le cordon ombilical de l'économie de notre nation. De plus, sa capacité de favoriser les échanges commerciaux entre le Canada et ses partenaires internationaux est énorme. Ce réseau ferroviaire dessert six provinces et 13 États. Il se prolonge jusque dans les centres industriels américains suivants: Chicago, Newark, Philadelphie, Washington, New York et Buffalo. Des ententes avec d'autres transporteurs permettent au CP d'atteindre des marchés canadiens à l'est de Montréal et d'autres marchés dans l'ensemble des États-Unis et au Mexique. Parce qu'il déplace du fret en provenance et à destination des ports de la côte Ouest du Canada, le CP représente également un lien vital vers les marchés asiatiques, par l'intermédiaire de la porte d'entrée de l'Asie-Pacifique.
Cet arrêt de travail nous empêche de maintenir l'acheminement des produits vers le Canada ou hors du Canada et nuit à la réputation de notre pays en tant qu'endroit fiable où faire des affaires. Cette situation est un revers, et nous pourrions mettre des années à récupérer nos clients et nos investissements. La Chambre est-elle disposée à rester impassible et à permettre que cet arrêt de travail au CP continue de porter atteinte à un grand nombre d'entreprises canadiennes? Chaque jour où une entreprise n'est pas en mesure d'exercer ses activités risque de l'affaiblir davantage, surtout si ses recettes sont déjà en baisse.
Un arrêt de travail qui touche les services ferroviaires nuit au climat des affaires. Les entreprises n'aiment pas l'incertitude. Lorsque les entreprises n'ont pas confiance en l'avenir, elles peuvent remettre à plus tard leurs plans d'expansion ou changer tout simplement de fournisseur de services d'expédition. Elles peuvent même mettre à pied certains de leurs employés. Puisque nous tentons en ce moment de créer des emplois et de maintenir la reprise économique, pouvons-nous réellement nous exposer à ce risque? Voulons-nous que l'arrêt de travail au Canadien Pacifique compromette la reprise économique et mette en péril le travail que nous avons accompli et nos réalisations à ce jour?
La réponse doit être un non catégorique. Il faut agir dès maintenant. La mesure législative mettra fin à l'arrêt de travail au Canadien Pacifique et offrira aux parties un processus d'arbitrage fondé sur les intérêts afin de les aider à régler leurs différends. Si les parties ne sont pas parvenues à conclure une convention collective, ce n'est pas parce qu'elles n'ont pas fait d'efforts. Le gouvernement du Canada a fait tout ce qu'il a pu pendant le processus de négociation pour inciter les parties à conclure une entente. Cependant, même si elles ont reçu l'aide du Service fédéral de médiation et de conciliation, les parties n'ont pas été en mesure de régler leurs différends.
Je saisis l'occasion pour féliciter la ainsi que les médiateurs et les conciliateurs du Programme du travail de leurs efforts visant à aider les parties aux termes du Code canadien du travail.
Les Canadiens peuvent être fiers que 94 p. 100 des négociations collectives au pays se règlent sans le moindre arrêt de travail lorsque les médiateurs et les conciliateurs professionnels du Programme du travail y prennent part. Ce serait certainement l'option à privilégier pour résoudre les différends dont il est aujourd'hui question. Malheureusement, ce n'est pas celle qui a été retenue dans le conflit qui oppose le CP à son personnel roulant et à ses contrôleurs de la circulation ferroviaire.
Je précise une fois de plus qu'en toute autre circonstance, nous n'interviendrions pas dans un différend de cet ordre. La préconise toujours la collaboration entre les parties en vue de trouver des solutions à la satisfaction de chacune. Malheureusement, il semble que les parties dont il est ici question ne sont pas prêtes à concerter leurs efforts pour ainsi régler leur conflit.
Notre gouvernement reconnaît pleinement que la libre négociation collective est le fondement de relations de travail fructueuses. C'est clairement précisé dans le préambule du Code canadien du travail. Ce code donne aux parties le droit d'aller en grève et le droit de mettre les employés en lockout. On intervient seulement dans les situations qui nuisent à l'intérêt public. Cela se produit notamment quand un arrêt de travail a des incidences sur l'économie nationale, comme c'est le cas ici.
Revenons sur les chiffres importants. Le CP est responsable du transport de 74 p. 100 des conteneurs de potasse, de 57 p. 100 des conteneurs de blé, de 53 p. 100 des conteneurs de charbon et de 39 p. 100 de conteneurs divers au Canada.
J'aimerais que la Chambre réfléchisse à quelques questions. Premièrement, pouvons-nous nous permettre de prolonger les difficultés qu'éprouvent les entreprises canadiennes et notre économie? Deuxièmement, pouvons-nous décevoir les habitants du Canada qui comptent sur nous pour agir? Troisièmement, pouvons-nous délibérément compromettre la position enviable que nous occupons en tant qu'un des rares pays du monde occidental à avoir résisté au ralentissement économique mondial?
À mon sens, les réponses à ces questions sont évidentes et c'est pourquoi nous devons passer immédiatement à l'action. J'encourage les députés à prendre, comme moi, la décision qui s'impose. Appuyons sans réserve le projet de loi afin de protéger notre économie.
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Monsieur le Président, un gouvernement responsable doit faire preuve de leadership et agir dans l'intérêt du plus grand nombre. Cela signifie qu'il doit prendre, à l'occasion, des décisions difficiles et les mesures qui s'imposent pour régler une situation particulière. C'est ce que nous faisons ce soir.
Nous faisons en sorte de dénouer l'impasse dans les conflits de travail qui opposent le Chemin de fer Canadien Pacifique et les deux unités de négociations de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, l'une représentant le personnel itinérant et l'autre les contrôleurs de la circulation ferroviaire.
Le gouvernement a déposé le projet de loi afin d'assurer le maintien et la reprise des services au Canadien Pacifique. Pourquoi? Parce que le Canada ne peut tout simplement pas se permettre de subir les conséquences d'un arrêt de travail prolongé au Canadien Pacifique dans le contexte d'une reprise économique encore fragile.
Laisser un conflit dégénérer serait asséner un dur coup à notre économie, alors qu'elle vient à peine de se relever. Car, s'il est un secteur où les répercussions économiques d'un arrêt de travail sont profondes, c'est bien celui du transport ferroviaire.
Dans un pays dont la superficie s'étend sur près de 10 000 km2, les chemins de fer ont été et demeurent encore de nos jours un moyen de transport privilégié. D'autant plus privilégié quand il s'agit du transport de marchandises. Que ce soit pour les produits agricoles, les produits forestiers, les produits chimiques et métallurgiques ou les produits de consommation courante, une multitude d'industries comptent sur les quelque 22 000 km de voie ferrées qu'emprunte le Canadien Pacifique pour transporter et livrer les matières nécessaires à leur fabrication et pour les acheminer vers les marchés. Une interruption des services au Canadien Pacifique a des conséquences sur d'autres secteurs et les gens qui y travaillent.
Comme l'évoquait un article de la Presse Canadienne paru le 26 janvier 2012, et je cite: « Le transporteur ferroviaire Canadien Pacifique transporte du charbon, de l'engrais, des céréales, des automobiles, des biens de consommation et d'autres produits à travers l'Amérique du Nord. Il est donc fréquemment perçu comme un baromètre de l'état de santé de l'économie. »
Dans un marché mondial très concurrentiel et de plus en plus interdépendant, tous les facteurs de production comptent, tous les délais sont critiques et les emplois sont vulnérables. Sans intervention de notre part pour assurer la continuation des services, un nombre de plus en plus important d'entreprises et de travailleurs seraient touchés.
Il faut aussi considérer que le Canada est l'un des pays au monde les plus tributaires des échanges commerciaux. Nous dépendons du commerce international pour assurer notre prospérité.
Pensez-y. De par sa position géographique, notre pays est un carrefour entre l'Amérique du Nord et les économies en plein essor, comme celles de la Chine, de l'Inde, de la Corée et du Japon.
Or, la circulation rapide, sûre et ininterrompue des marchandises au sein de notre chaîne d'approvisionnement et sur notre réseau de transport est un facteur déterminant de la vitalité et du succès de ce commerce.
La plupart des produits en vrac du Canada et beaucoup de nos produits manufacturiers sont transportés par voie ferroviaire vers leur destination d'exportation. Selon Transports Canada, en 2010, le Canadien Pacifique a transporté à lui seul 74 p. 100 de la potasse, 57 p. 100 du blé, 53 p. 100 du charbon et 39 p. 100 des conteneurs sur le territoire du Canada. De plus, nos rails servent au transport de nombreux produits d'importation.
Par exemple, la grande augmentation du commerce maritime lors des 15 dernières années, surtout celle du trafic par conteneurs, a été considérablement stimulée par les exportations chinoises. Ces conteneurs sont acheminés vers des destinations situées au Canada et aux États-Unis via des portes et des corridors intermodaux efficaces qui sont un facteur déterminant de compétitivité.
La Porte et le Corridor canadien de l'Asie-Pacifique, notamment, offre une infrastructure de transport maritime, ferroviaire, routière et aérienne de classe mondiale.
Ce sont des atouts importants, et nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux ayant trait à cette porte et à ce corridor en vue de renforcer les résultats économiques de notre pays.
Cependant, leur succès reposent sur la collaboration de tous les partenaires, dont le chemin de fer Canadien Pacifique fait partie. Lorsqu'un seul de ces maillons se brise, plus rien ne fonctionne. Un arrêt de travail signifie un arrêt complet des activités au Canadien Pacifique, et donc, le blocage des marchandises qui transitent par la Porte et le Corridor de l'Asie-Pacifique.
Juste pour donner une idée de l'importance du Canadien Pacifique dans notre infrastructure de transport et notre chaîne d'approvisionnement, la valeur du fret transporté par la compagnie est évaluée à environ 50 milliards de dollars. Il est clair qu'un arrêt de travail prolongé au Canadien Pacifique contrecarrerait tous nos efforts en vue de faire de la Porte et du Corridor de l'Asie-Pacifique une infrastructure de transport fiable, ce qui serait extrêmement néfaste pour notre économie et notre réputation à l'échelle internationale.
Chose certaine, une économie dans laquelle les biens ne circulent pas pourrait rapidement être en péril et les alternatives sont extrêmement limitées. Il n'y a que deux compagnies de transport ferroviaire de marchandises de classe 1 au Canada: le Canadien Pacifique et le Canadien National.
Qu'est-ce qu'un chemin de fer de classe 1? C'est l'un des plus importants services de ferroutage de marchandises, selon la classification fondée sur les revenus d'exploitation. Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas familiers avec le vocabulaire ferroviaire, précisons également que le ferroutage, c'est lorsqu'on transporte des marchandises par remorques routières spéciales acheminées sur des wagons plats. Or, le CN a confirmé que sa capacité d'absorber une circulation accrue serait très limitée.
Par exemple, dans le cas des céréales, le CN ne pourrait reprendre qu'au maximum 10 p. 100 des activités du Canadien Pacifique. Et VIA Rail, pensez-vous? VIA Rail, quant à elle, ne peut atténuer les répercussions négatives d'un arrêt de travail au Canadien Pacifique car elle est conçue pour le transport des passagers. De plus, un arrêt de travail a des répercussions négatives sur les activités de VIA Rail, car certains de ses trains circulent sur des voies appartenant au Canadien Pacifique. Aucun train ne peut circuler sur ces voies sans l'autorisation des contrôleurs de la circulation ferroviaire.
Si nous sommes ici à débattre les mérites de ce projet de loi, c'est que la stabilité du transport ferroviaire et l'avenir de notre économie sont en jeu. Les négociations entre le Canadien Pacifique et la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, qui ont été amorcées en octobre et novembre 2011, sont dans une impasse en raison de différends majeurs.
Les conventions collectives de l'unité des employés itinérants et de l'unité des contrôleurs de la circulation ferroviaire sont parvenues à échéance le 31 décembre 2011. Le 17 février 2012, le Service fédéral de médiation et de conciliation a reçu un avis de différend de la part du Canadien Pacifique. Peu après, deux conciliateurs ont été nommés pour travailler avec les parties — un pour chaque unité —, afin d'assurer un processus uniforme.
Pour ceux qui ne connaissent pas le Service fédéral de médiation et de conciliation, il a été mis sur pied dans le but d'aider les employeurs et les syndicats assujettis au Code canadien du travail à régler et à prévenir leurs différends. Le Service met donc à la disposition des employeurs et des employés syndiqués des outils qui visent la résolution de conflits par l'entremise de services de conciliateurs et de médiateurs.
Ce sont des tiers dont le mandat est justement d'aider les parties à en arriver à une entente à l'amiable. C'est vrai qu'il aurait été préférable que les parties parviennent à résoudre elles-mêmes leur conflit. Tout a été fait pour les rapprocher. Malheureusement, rien ne laisse présager un dénouement.
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Monsieur le Président, je sais que je serai probablement la dernière à prendre la parole dans ce débat avant que nous puissions constater la réaction des députés d'en face.
Nous avons entendu ce soir divers propos à répétition. Je pense notamment à des propos de la députée de , qui figurent parmi les meilleurs que j'ai entendus ce soir. Elle a affirmé que le gouvernement a donné l'occasion aux parties de conclure un accord.
Un employeur et ses employés sont en train de négocier une convention collective, et elle essaie de nous dire que le gouvernement leur a donné l'occasion de conclure un accord. Pourtant, à 20 heures du déclenchement possible d'une grève, le gouvernement décide de brandir un projet de loi de retour au travail, projet de loi qui favorise l'employeur.
Le gouvernement semble oublier qui sont les travailleurs syndiqués. Ce sont des personnes en chair et en os. Ce ne sont ni des extraterrestres, ni des microbes, comme le gouvernement voudrait le faire croire à la population. Sa façon de dépeindre les travailleurs est incroyable.
Depuis les dernières élections, nous avons vu le gouvernement abuser sans cesse de ses pouvoirs pour s'attaquer aux travailleurs, aux pensions des travailleurs et aux salaires des travailleurs en faisant adopter à toute vapeur un projet de loi de retour au travail. Rappelons-nous d'Air Canada et de Postes Canada. Aujourd'hui, il veut régler le cas du Canadien Pacifique.
Nous ne pouvons nous empêcher de nous demander qui est le prochain. Le gouvernement s'emploie constamment à favoriser la grande entreprise aux dépens des travailleurs et il cherche à nous entraîner le plus vite possible vers le fond. On dirait Walmart.
Tout ce que ces travailleurs veulent, c'est une entente équitable, mais ils ne pourront pas l'obtenir tant et aussi longtemps que le gouvernement continuera de s'immiscer dans les négociations collectives. Ils veulent conclure une entente équitable afin de pouvoir subvenir aux besoins de leur famille et d'appuyer leurs collectivités. Voilà ce que sont ces vrais travailleurs. Voilà ce que sont ces travailleurs syndiqués. Ce sont nos frères, nos pères, nos voisins et nos fournisseurs de services. Leurs droits reconnus par la Cour suprême du Canada en tant que droits protégés par la Charte sont bafoués.
Le gouvernement ne cesse de parler de l'économie. C'est nous qui savons la direction que l'économie a prise. Le gouvernement n'a pas cru que nous nous dirigions vers une crise économique tant que nous n'avons pas été pris au beau milieu de celle-ci. Maintenant, que fait-il? Il met à pied 19 000 travailleurs fédéraux. Ce sont des emplois fédéraux qui disparaîtront.
Le gouvernement s'attaque au réseau de soutien des travailleurs, en l'occurrence l'assurance-emploi. Nous avons entendu la mentionner que de moins en moins de gens ont recours à l'assurance-emploi, mais ce qu'elle ne nous dit pas, c'est que c'est parce que les gens ne peuvent pas y avoir accès.
Au lieu d'investir dans la formation et d'assurer l'existence de réseaux de soutien adéquats afin que les gens réussissent à parler à quelqu'un lorsqu'ils téléphonent à l'assurance-emploi, le gouvernement ferme des bureaux qui aident les travailleurs. Il fait des mises à pied. Il s'en prend ensuite aux personnes âgées et à leurs pensions. Pourquoi le gouvernement tient-il autant à niveler par le bas?
Je veux parler des travailleurs du CP de Chapleau, dans ma circonscription, des gens comme Brian Ferguson, Michael MacDonald, Jason McKee et Robin Robitaille. Ils m'ont écrit. J'ai ici toute une pile de lettres que j'espère pouvoir déposer, notamment celle de Diane Tangie Labranche.
Ils disent que l'attaque cible avant tout leur pension et que le gouvernement permet à la partie patronale de s'en prendre à leur pension et à réduire le type de pension auquel ils auront accès à leur retraite. Certaines de ces personnes comptent plus de 30 années d'ancienneté.
Voici ce qu'a écrit Diane Tangie Labranche:
Vous êtes notre députée, alors nous comptons sur votre aide pour conserver le régime de pension auquel nos membres cotisent depuis sa création au Chemin de fer Canadien Pacifique, il y a plus de 108 ans.
Cela fait 108 ans qu'ils cotisent à ce régime de pension. L'employeur a mal géré les investissements, et il y a maintenant un déficit de 1,6 milliard de dollars. Afin que ces travailleurs aient suffisamment d'argent pour vivre lorsqu'ils prendront leur retraite, ils devront payer 107 000 dollars au cours des cinq prochaines années, ou un montant annuel de 21 000 dollars durant cette période. Cela dépend de la durée de leur emploi. La stratégie d'investissement alternative plus conservatrice envisagée par l'entreprise n'aurait coûté que 2 300 dollars par an sur une période de 15 ans, un résultat bien plus souhaitable pour toutes les parties, et qui annulerait les demandes actuelles de concessions relativement à la pension.
Pendant ce temps, le PDG sortant toucherait maintenant une indemnité de départ de 18 millions de dollars. Peut-on imaginer une telle chose?
On attaque les travailleurs au lieu de protéger leurs pensions et leurs salaires.
Voici ce qu'ils nous disent également:
Bon nombre des employés qui seraient touchés par les demandes faites par notre employeur au sujet de la pension risquent de voir la pension pour laquelle ils ont travaillé de nombreuses années être considérablement réduite; certains travaillent au CP depuis plus de 30 ans. En tant que membre du personnel roulant, je travaille de longues heures, souvent plus de 60 heures par semaine, loin de chez moi, dans cet environnement très réglementé.
Je ne sais pas ce qu'il en est des autres députés, mais j'ai vu ces travailleurs du secteur ferroviaire, et je peux vous dire qu'ils travaillent de longues heures et qu'en plus, leur travail est très difficile.
Ils disent aussi:
La nature de mon emploi nécessite que je puisse me présenter au travail sur préavis de deux heures. C'est très exigeant sur le plan personnel et familial. Les prestations de retraite négociées existantes sont l'une des principales raisons pour lesquelles je suis resté un employé dévoué du CP.
Les députés devraient également savoir qu'au cours de leurs négociations, ces employés s'étaient assurés qu'ils recevraient de bonnes prestations de retraite. Ils avaient décidé de cotiser davantage à leur régime de retraite.
Brian Ferguson écrit ce qui suit:
La société souhaite que nous acceptions que nos régimes de retraite soient rabaissés au niveau de ceux du CN. Les deux régimes sont structurés d'une manière complètement différente.
Ils ont versé des cotisations plus élevées et, à titre de concession, ils ont accepté de travailler plus longtemps afin de préserver une convention collective satisfaisante, laquelle est sur le point de disparaître.
Je suis sur le point de conclure et j'aimerais que les députés consentissent au dépôt de toutes ces lettres que j'ai reçues, parce qu'elles montrent que ces travailleurs syndiqués sont de vraies personnes. Les lettres montrent également au gouvernement les questions qui les préoccupent et toutes les choses qu'ils ont travaillé si dur pour obtenir.
Les gens de Chapleau, de White River et de partout au Canada qui travaillent pour le CP le font parce qu'ils doivent subvenir aux besoins de leur famille, et non parce qu'ils sont syndiqués.
J'espère que nous allons tous voter contre cette mesure législative.