Que la Chambre s’ajourne maintenant.
-- Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Pour la deuxième fois en quatre ans, nous sommes aux prises avec un manquement majeur au chapitre de la salubrité des aliments au Canada. La première fois, nous avons dit: « Jamais plus! » Or, il y a un mois, un deuxième incident est venu nous rappeler que l'Agence canadienne d'inspection des aliments n'a toujours pas les ressources dont elle a besoin et, une fois de plus, des gens sont malades.
Le 16 septembre 2012, l'ACIA a publié le rappel d'un peu plus de 20 produits de viande provenant des installations de XL Foods à Brooks, en Alberta, possiblement contaminés à la bactérie E. coli 0157, cette même bactérie qui a tué sept personnes et en a empoisonné des milliers d'autres à Walkerton, en Ontario, en 2000. Lorsqu'il est consommé, cet agent pathogène peut, dans la plupart des cas, causer des vomissements et une diarrhée sanglante, mais peut aussi s'attaquer aux reins et à d'autres organes chez les personnes vulnérables, comme les aînés et les enfants.
C'est une date importante, parce que le rappel est survenu deux semaines après que des inspecteurs américains eurent constaté qu'une cargaison de boeuf à destination des États-Unis était contaminée par la bactérie E. coli.
Le 3 septembre, les Américains ont décelé la bactérie en question dans une cargaison de produits provenant de l'entreprise XL Foods arrêtée à la frontière. Le 4 septembre, les inspecteurs américains ont informé les autorités canadiennes de la contamination, et les expéditions ultérieures ont été arrêtées. Le 13 septembre, ayant trouvé deux autres cargaisons contaminées 10 jours après la découverte initiale, le service américain d'inspection des aliments a rayé de la liste des fournisseurs l'usine XL Foods, de Brooks, en Alberta, qui ne peut plus exporter de viande aux États-Unis.
Nous voilà alors au 16 septembre, soit 13 jours après la découverte initiale, par les Américains, de la bactérie E. coli dans une cargaison de boeuf en provenance de l'usine XL Foods. Deux semaines se sont écoulées avant que notre agence décide de rappeler la viande avariée afin de protéger les Canadiens d'un agent pathogène possiblement mortel; ce sont deux semaines de trop, diront les 23 résidants de l'Alberta et de la Saskatchewan qui sont maintenant malades. Même si le rappel s'est rapidement généralisé, il a fallu 10 jours pour finalement fermer l'usine de Brooks, qui n'avait manifestement pas respecté les normes relatives à la salubrité, à la santé et à la sécurité.
Aujourd'hui, un mois après la découverte initiale par les Américains, nous cherchons toujours des réponses. Comme le rappel, qui n'a cessé de s'amplifier pour toucher plus de 1,5 million de livres de viande et 1 500 produits différents, chaque jour, nos questions se multiplient à l'endroit d'un gouvernement qui semble plus intéressé à gérer les risques en matière de relations publiques qu'à travailler à réparer les préjudices réels causés par une grave défaillance de notre système de contrôle de la salubrité des aliments. Quand le a-t-il été informé que l'entreprise XL Foods avait expédié aux États-Unis de la viande contaminée par la bactérie E. coli? Pourquoi a-t-il affirmé la semaine dernière qu'il n'y avait aucun risque que des produits contaminés arrivent sur nos tablettes, car il est clair que le rappel de 1,5 million de livres de viande, le plus important de notre histoire, n'est pas une simple mesure préventive?
Les conservateurs voudraient nous faire croire que les coupes de 56,1 millions de dollars annoncées dans le budget dévoilé au printemps n'ont pas eu de répercussions sur les ressources dont les inspecteurs disposaient ou que l'élimination de centaines de postes, dont ceux de 90 biologistes et de 140 vétérinaires, n'a pas eu d'incidence négative sur la rapidité et l'efficacité des travailleurs de première ligne responsables de la salubrité des aliments.
Les conservateurs voudraient nous faire croire que, même s'ils ont éliminé des ressources essentielles cette année, cela ne devrait pas poser problème, car ils avaient alloué suffisamment de ressources au cours des cinq années précédentes. De toute évidence, cette décision pose problème. Ils se moquent de nous lorsque nous réclamons qu'ils augmentent le nombre d'inspecteurs et assurent une meilleure stabilité financière, mais ils refusent de répondre aux questions suivantes. Si les ressources allouées à l'ACIA étaient suffisantes, pourquoi 23 Canadiens sont-ils atteints d'une maladie d'origine alimentaire attribuable à la bactérie E. coli? Pourquoi le service américain d'inspection des aliments a-t-il décidé d'interdire l'importation de viande provenant de l'usine XL Foods de Brooks? Comment cette usine a-t-elle pu s'éloigner à ce point des normes de salubrité alimentaire?
En 2008, 23 Canadiens sont décédés et des centaines d'autres sont tombés malades après avoir consommé de la viande contaminée par la bactérie Listeria. La situation était alors étrangement semblable à celle dans laquelle nous sommes en ce moment plongés. Dans le rapport qu'elle a produit à la suite de l'enquête menée pour faire la lumière sur les erreurs qui ont été commises, Sheila Weatherill a cerné certains facteurs clés qui ont mené à l'échec des processus d'inspection et de prévention, ce qui a eu des conséquences désastreuses. Entre autres, elle a souligné qu'il y avait un énorme décalage entre l'approche préconisée par les cadres supérieurs de l'industrie à l'égard de la salubrité des aliments et celle préconisée par l'ACIA, plus particulièrement en ce qui concerne le suivi des tendances, qui permettrait de cerner la présence répétée de bactéries.
Plus particulièrement, pas plus tard que la semaine dernière, le directeur de l'inspection des viandes à l'ACIA, M. Richard Arsenault, a déclaré que « nous devons mieux gérer ces données et cerner ces tendances à l'avance [...] au lieu de devoir réagir à une crise de la sorte », afin que les inspecteurs puissent faire les liens nécessaires.
Le deuxième facteur clé mentionné par Mme Weatherill est notre niveau de préparation, ou plutôt, notre manque de préparation. Elle était préoccupée par le fait que les inspecteurs, en particulier, ne reçoivent pas suffisamment de formation.
Hier, lors d'une audience du Comité sénatorial de l'agriculture, Bob Kingston, président du Syndicat de l'agriculture affilié à l'Alliance de la Fonction publique du Canada, s'est montré inquiet du fait que seul un petit nombre d'inspecteurs assignés à XL Foods sont formés adéquatement pour mettre en application le Système de vérification de la conformité. En effet, les ressources ou le nombre d'inspecteurs qualifiés sont insuffisants pour fournir le temps et le matériel nécessaires afin de mettre tous les inspecteurs au niveau.
L'une des lacunes vraiment fatales, dont Mme Weatherill s'est inquiétée au moment l'éclosion de listériose, a été une absence de sentiment d'urgence au tout début de la crise. Ce mois-ci, les préoccupations liées au moment opportun pour informer la population n'étaient pas différentes de celles de 2008, car il a fallu deux semaines pour que la population canadienne soit avisée qu'un danger menaçait sa nourriture. Mme Weatherill a dit ceci: « Jusqu'à ce que les systèmes soient améliorés, les éclosions comme celle qui est survenue à l'été 2008 constituent un véritable risque. »
Malgré cette crise qui a eu lieu il y a trois ans, tout recommence et les préoccupations initiales de Mme Weatherill restent vraies.
Les conservateurs nous diront qu'ils ont suivi toutes les recommandations du rapport Weatherill. Cependant, cette année seulement, ils ont retiré le financement spécifique à la listériose et ils n'ont pas encore terminé la vérification globale, par une tierce partie, de toutes les ressources de l'ACIA, y compris du personnel, qui figurait à la septième recommandation du rapport.
Je me permets de citer encore Mme Weatherill:
En raison de l’absence de renseignements détaillés et des opinions divergentes que nous avons entendues, nous n’avons pu déterminer ni le niveau actuel des ressources ni les ressources nécessaires pour mener efficacement les activités du SVC. Pour la même raison, nous n’avons pu tirer de conclusion au sujet du caractère adéquat de la conception du programme, du plan de mise en oeuvre, de la formation et de la supervision des inspecteurs ainsi que des activités de supervision et de suivi du rendement.
En conséquence, elle fait la recommandation suivante:
Pour déterminer précisément les ressources d’inspection nécessaires et le nombre d’inspecteurs requis, l’Agence canadienne d’inspection des aliments doit retenir les services d’experts externes qui effectueront une vérification des ressources. Les experts doivent également recommander les changements et les stratégies de mise en oeuvre nécessaires. La vérification doit comprendre une analyse portant sur le nombre d’usines dont un inspecteur doit être responsable ainsi qu’une analyse du bien fondé de faire une rotation des inspecteurs.
Cela n'a pas encore été fait.
Les conservateurs nous diront qu'ils ont donné suite à chacune des recommandations. Cependant, ils ne peuvent pas nous dire combien il y a d'inspecteurs, quels sont leur rôle et leurs responsabilités, ni où ils se trouvent. En fait, la seule étude qu'ils ont menée a été un examen superficiel des ressources disponibles dans le cadre du Système de vérification de la conformité.
Ils nous accuseront aussi de retarder l'adoption de leur dernière mesure législative sur la salubrité des aliments, une mesure qui démolit les diverses lois sur l'inspection des aliments, dont la Loi sur l'inspection des viandes, et qui élimine toute spécialisation, ce qui transforme les inspecteurs en généralistes qui ont une connaissance superficielle de plusieurs domaines mais n'en maîtrisent aucun. Les conservateurs ne mentionneront toutefois pas que nous appuyons l'idée de moderniser notre système alimentaire à la condition qu'on prévoie les ressources nécessaires.
Par ailleurs, contrairement à ce qu'a affirmé le président de l'ACIA aujourd'hui, quand il a dit que l'ACIA n'avait pas actuellement le pouvoir d'obliger XL Foods à soumettre des documents prouvant sa conformité, la Loi sur l'inspection des viandes prévoit ce qui suit:
[L]'inspecteur peut [...] exiger la communication, pour examen ou reproduction totale ou partielle, de tout livre, bordereau d’expédition, connaissement ou autre document ou dossier qui, à son avis, contiennent des renseignements utiles à l’application de la présente loi et de ses règlements.
De plus, en vertu de la loi, les exploitants d'une usine sont tenus non seulement d'accéder à ces demandes, mais aussi de faciliter le processus. Les conservateurs ne peuvent pas échapper à leurs responsabilités et aux conséquences de leur inertie en se cachant derrière un bouclier imaginaire formé par ces nouveaux pouvoirs accrus.
Les dangers reliés à l'inertie des conservateurs dans le dossier de la salubrité alimentaire mettent en péril encore plus que la santé et la sécurité des Canadiens. Ils représentent aussi une menace pour les éleveurs qui commencent tout juste à se remettre de la crise causée par la maladie de la vache folle.
Différents pays recommencent finalement à accepter les importations de boeuf canadien. Mais malgré cela, le gouvernement mène actuellement des négociations en vue d'éliminer le programme même qui a permis de repérer, à la frontière, la viande canadienne contaminée.
Nos inspecteurs figurent parmi les meilleurs au monde, mais ils sont paralysés par un manque de ressources qui les empêche d'accomplir les tâches essentielles de leur emploi. Nous avons pu constater clairement qu'il n'est plus possible de laisser l'industrie se surveiller elle-même, bien qu'elle soit apte à participer à des partenariats.
En conclusion, en ce qui concerne les gestes qu'il faudrait poser immédiatement, le acceptera-t-il enfin qu'un tiers procède à une vérification complète des ressources nécessaires au fonctionnement de l'ACIA? Le gouvernement acceptera-t-il enfin d'accorder à l'Agence d'inspection des aliments les pouvoirs et les ressources dont elle a besoin pour assurer la sécurité des Canadiens?
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue, le député de , d'avoir présenté cette motion. Le député de avait eu la même idée. Ce débat permet à la Chambre de discuter d'une question qui revêt une grande importance pour les Canadiens.
[Français]
Je veux faire un commentaire à ce sujet. C'est une préoccupation des consommateurs. Les gens veulent savoir que leur santé ne sera jamais en danger parce que le gouvernement n'a pas fait son travail. C'est la première chose qu'il faut dire.
Cette question ne touche pas seulement les consommateurs, mais également la réputation du Canada. Nous vivons dans un monde où un produit comme la viande est exporté aux États-Unis, en Europe et en Asie. Cela fait longtemps que les Canadiens travaillent pour s'assurer que leur réputation est bonne à l'échelle mondiale.
Cette question touche également les producteurs de cette viande, ceux qui travaillent en Alberta, dans les provinces de l'Ouest et partout au Canada. C'est une industrie pancanadienne. Nous croyons que c'est une situation qui exige une réponse plus concrète et plus directe du gouvernement. Il n'est pas suffisant de dire qu'on a nommé 700 inspecteurs. D'ailleurs, ce n'est pas 700, mais 170 inspecteurs. Le gouvernement aurait pu nommer 10 000 inspecteurs, mais si le résultat est le même, on a un problème.
Le gouvernement peut dire qu'il a agi, mais franchement, il a agi lentement. Il a réagi plus lentement que les autorités des États-Unis, qui ont refusé des produits de cette usine le 13 septembre. Il a fallu attendre le 16 septembre pour que le gouvernement canadien insiste pour qu'on rappelle des produits qui avaient été envoyés partout. L'usine n'a été fermée que la semaine passée. Il y a un problème de réponse pour protéger non seulement les consommateurs, mais également la réputation canadienne dans le monde.
[Traduction]
Les Canadiens doivent comprendre que les exploitations comme celle de Brooks, en Alberta, sont gigantesques. Des milliers de bovins sont transformés chaque jour. Chaque année, au pays, on traite des centaines de millions de livres de viande. Il y a de moins en moins de grands abattoirs qui peuvent desservir les agriculteurs. Le système canadien exige absolument un processus d'inspection et d'assurance intégré, qui favorise, à toutes les étapes, la protection du consommateur, de l'éleveur, du producteur et de l'acheteur. Les acheteurs ne se trouvent pas seulement au Canada, mais partout dans le monde.
Tous les ministres de l'Agriculture savent que la réputation du Canada repose sur sa capacité d'assurer la santé et la sécurité de tous les consommateurs. C'est pourquoi certaines réponses du gouvernement me laissent perplexe. Je n'arrive pas à m'expliquer le comportement du à la télévision. Il a parlé durant quatre minutes et demie, puis il est descendu de la tribune en s'excusant de devoir partir. Quand le président de l'ACIA a voulu prendre la parole, le porte-parole du gouvernement a mis fin à la conférence de presse.
C'est de la lâcheté. Quel autre mot employer pour décrire un ministre incapable de se défendre et de justifier les mesures de l'ACIA à la Chambre des communes et incapable de se défendre à une séance de photos en Alberta? Il y a quelque chose qui cloche.
Oui, il y a d'autres exemples. Il y a eu la crise de la listériose, qui a frappé notre pays il y a quatre ans. Contrairement aux gens de XL, chaque jour, les représentants des Aliments Maple Leaf se défendaient, donnaient des explications et tentaient d'amener la population à comprendre l'importance de la situation. L'entreprise avait compris dès le début que ce n'était pas seulement une question de santé. Sa réputation en dépendait.
Cela a une incidence sur tout, y compris sur la crédibilité du système. Où sont les gens de XL? On ne les entend pas. Ils sont absents. Lorsqu'on appelle leurs bureaux, on peut seulement parler à un répondeur téléphonique.
Des centaines de milliers de consommateurs sont touchés, et l'entreprise est d'avis que sa responsabilité consiste à disparaître. Les entreprises peuvent bien disparaître, mais le en est capable aussi et s'est montré à cet égard aussi habile que Houdini.
Le gouvernement doit intervenir concrètement dans ce dossier dès aujourd'hui. Les Canadiens s'attendent à mieux et veulent des réponses. Ils s'attendent à autre chose qu'un qui vante le système et qui affirme que le gouvernement a ajouté plein d'inspecteurs.
Je suis certain que le ministre et le secrétaire parlementaire nous réciteront les mêmes réponses toutes faites. Ils nous diront que la protection des consommateurs est leur priorité. Mais si tel est le cas, pourquoi les consommateurs sont-ils les derniers à être informés? Si les États-Unis ont pu empêcher les livraisons de traverser la frontière à partir du 13 septembre, pourquoi n'avons-nous pas pu faire la même chose le même jour?
Le gouvernement est très fier d'être en train de conclure avec les États-Unis un accord facilitant la circulation à la frontière. Mais cet incident ne met-il pas cet accord en péril? Qu'arrivera-t-il lorsque les États-Unis se rendront compte que les normes que nous appliquons ne sont pas aussi sévères que nous le prétendons et qu'elles ne sont ni aussi bonnes, ni appliquées de manière aussi uniforme que nous le prétendons?
Le consommateur doit être informé beaucoup plus rapidement. Le public doit savoir comment et pourquoi cela s'est produit. Le gouvernement doit être honnête avec le public canadien, plutôt que de nous gaver de communiqués et de tenir sans cesse des séances de photos. Il faudra admettre que ce qui s'est produit est attribuable à un problème, et non à un bon fonctionnement. Et le problème existait depuis longtemps. Les consommateurs ont été exposés au danger pendant trop longtemps.
Les députés d'en face ne jurent que par la privatisation et la déréglementation, mais ce n'est pas ainsi qu'on réglera ce problème. C'est un problème qui nécessite la mise en oeuvre de solides moyens par l'État, dans le but de protéger l'intérêt public et la santé publique.
Les entreprises doivent effectivement participer à l'application des mesures nécessaires. Il n'y aura jamais assez d'inspecteurs pour tout surveiller, en tout temps. Les entreprises doivent nous aider à résoudre ce problème.
Quoi qu'il en soit, les employés de ces entreprises doivent avoir l'indépendance et les pouvoirs nécessaires pour faire leur travail. Ils doivent être formés en conséquence. Nous devons faire en sorte que ce régime soit à la fois transparent et équitable.
C'est pourquoi nous estimons qu'il faut, en plus des réponses que nous demandons depuis plusieurs jours, que le vérificateur général du Canada produise très rapidement un rapport, qu'un mécanisme indépendant puisse vérifier les déclarations du gouvernement selon lesquelles on aurait donné suite à toutes les recommandations du rapport Weatherill et qu'on procède à une vraie évaluation comparative de l'Agence canadienne d'inspection des aliments par rapport aux services d'inspection des États-Unis et de l'Europe. Nous ne pouvons pas nous contenter de compter parmi les meilleurs alors que nous pouvons être le meilleur pays.
L'industrie agroalimentaire est fondamentale pour le Canada. Étant donné le grand bruit qui est fait autour des autres industries, bien des Canadiens ne se rendent pas compte que l'industrie agroalimentaire est au coeur même du secteur manufacturier. C'est le moteur même de la prospérité du Canada. Le secteur agroalimentaire relie les petits et les grands producteurs agricoles à certaines des plus grandes entreprises du monde. Il permet au Canada d'avoir une présence mondiale.
Or, la portée du Canada n'est aussi bonne que notre réputation. Elle ne vaut que ce que valent nos actions, notre parole et l'assurance que nous sommes à la hauteur de la tâche. Actuellement, l'équipe d'en face n'est pas digne de ses fonctions. C'est pourquoi il fallait lancer le débat d'urgence qui nous occupe.
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Monsieur le Président, j'aimerais intervenir à la Chambre à propos du présent rappel de produits du boeuf, dont on parle beaucoup aux nouvelles aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir la possibilité d'intervenir et de clarifier la situation. Je me permets de répéter que la santé et la sécurité des Canadiens, tout particulièrement la sécurité alimentaire, est la principale priorité de notre gouvernement.
J'aimerais citer certains des faits, aux fins du compte rendu. Premièrement, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a pris des mesures pour confiner les produits contaminés à compter du 4 septembre et elle continue d'agir à ce jour. Deuxièmement, l'usine XL ne pourra reprendre ses opérations avant que l'Agence canadienne d'inspection des aliments en ait attesté la sûreté. Troisièmement, notre gouvernement conservateur a embauché plus de 700 nouveaux inspecteurs, net, depuis 2006, dont 170 sont des inspecteurs des viandes; je me permets d'ajouter qu'il l'a fait sans l'aide de l'opposition, qui a voté contre cette initiative-là et bien d'autres initiatives utiles visant à renforcer notre système de salubrité des aliments.
Quatrièmement, notre gouvernement a mis en oeuvre chacune des 57 recommandations formulées dans le rapport Weatherill. Cinquièmement, nous avons augmenté le budget de l'ACIA de 156 millions de dollars, soit une augmentation de 20 %; une fois de plus, l'opposition a voté contre cette mesure. Sixièmement, nous avons présenté à l'autre endroit le projet de loi , intitulé Loi sur la salubrité des aliments au Canada, pour renforcer les pouvoirs accordés à l'ACIA.
Le projet de loi arrivera à la Chambre, où il sera débattu et mis aux voix. Si l'opposition estime que les pouvoirs de l'agence sont insuffisants et devraient être renforcés, elle devrait appuyer le projet de loi de notre gouvernement. L'opposition doit changer la façon dont elle vote sur les mesures touchant à la salubrité alimentaire.
Les faits essentiels ayant été précisés, permettez-moi maintenant de les mettre en contexte. Comme beaucoup de députés le savent déjà, XL Foods, qui exploite une usine de transformation de la viande en Alberta, procède à un rappel important de ses produits du boeuf. Ce rappel a été initié après avoir découvert la présence de la bactérie E. coli 0157:H7 dans des produits provenant de cette installation.
Le nombre de cas d'E. coli au Canada a chuté de 50 % depuis 2006. On dispose d'une gamme complète d'information sur les moyens d'éviter les maladies d'origine alimentaire. En l'occurrence, il suffit la plupart du temps de se laver les mains, de garder toutes les surfaces de préparation des aliments propres et de cuire les aliments à la bonne température pour éviter de tomber malade. Ce producteur fournit une grande quantité de produits du boeuf à d'autres usines de transformation et à des détaillants dans l'ensemble du Canada et en exporte également aux États-Unis, ce qui complique davantage la situation.
Cela dit, malgré les efforts déployés par l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour faire preuve de transparence et communiquer les faits à la population, on ne peut réprimer l'impression que la version présentée ne correspond pas à la réalité. Vendredi dernier, les spécialistes de l'agence en matière de salubrité alimentaire et de santé publique ont organisé une conférence de presse pendant laquelle ils ont fait le point, donné des renseignements détaillés et répondu aux nombreuses questions des médias. Ils ont pleinement répondu à toutes les questions.
De plus, le site de l'agence présente en détail le moment, l'endroit et la nature des événements qui se sont produits. Chacun peut en consulter la chronologie complète. Les gens peuvent aussi obtenir de l'information générale sur le problème, le moment où il a été découvert, les facteurs probables et les mesures qui ont été prises. Tout cela peut être consulté par les médias et la population.
Je constate que bien des renseignements sont assez techniques. J'essaierai donc d'éclaircir les choses. Permettez-moi d'énumérer quelques-unes des idées fausses qui circulent encore et qui doivent être corrigées. Il y a l'idée selon laquelle ce ne serait pas l'agence, mais les inspecteurs américains qui auraient découvert le problème, puis averti le Canada. Cette idée est fausse. Le problème a été découvert à Calgary par l'agence. L'agence canadienne et le service américain ont transmis à l'autre, la même journée, les résultats de leurs tests respectifs.
Certains ont dit que les coupes opérées dans les services d'inspection de l'ACIA, plus particulièrement celles qui touchaient le nombre d'inspecteurs, ont contribué au problème chez XL et que ce problème de salubrité des aliments découle directement du fait que l'agence n'avait pas suffisamment d'inspecteurs sur les lieux. C'est faux. En fait, comme je l'ai déjà dit, le gouvernement a embauché, net, plus de 700 nouveaux inspecteurs depuis 2006 et nous avons constamment augmenté le financement destiné à la salubrité des aliments depuis 2006, notamment de 52 millions de dollars dans le dernier budget seulement.
Certains ont laissé entendre que le gouvernement répugne à faire le lien entre la bactérie E. coli et le boeuf et le fait que certaines personnes en ont été infectées. Il n'y a pas eu une telle dérobade. Les autorités sanitaires de l'Alberta ont fait le lien dans cinq cas. Le gouvernement compatit au malheur de ces gens et nous comprenons à quel point c'est difficile pour eux.
Revenons en arrière, au moment où le problème a été détecté. Il faut savoir que l'ACIA a décelé la présence d'E. coli dans un produit de viande de boeuf le 4 septembre. Le produit en question, découvert dans un seul établissement, provenait de l'usine de XL Foods en Alberta. Le même jour, l'ACIA a été informée que des inspecteurs du service d'inspection des aliments du département de l'Agriculture des États-Unis avaient décelé la bactérie dans un échantillon de parures de boeuf qui provenaient de la même usine de XL Foods en Alberta.
Le service américain d'inspection des aliments a informé l'ACIA de sa découverte le 4 septembre et les produits de viande ont été détruits. L'ACIA a procédé à un retraçage et a pu déterminer que les produits de viande contaminés découverts aux États-Unis n'avaient été distribués nulle part au Canada. L'ACIA a immédiatement lancé une enquête pour déterminer les causes du problème le 4 septembre. Les choses n'ont pas traîné.
Les inspecteurs canadiens et américains ont découvert le problème en même temps et se sont transmis l'information. Du côté canadien, l'information est venue de notre propre service d'inspection, dont certains échantillons prélevés en Alberta ont obtenu un résultat positif à la bactérie E. coli. Les résultats du service d'inspection américain ont permis de confirmer le problème. Il est possible de vérifier cette information en consultant simplement les déclarations affichées sur les sites Web de l'ACIA et du service américain d'inspection des aliments. L'hypothèse selon laquelle notre propre service d'inspection n'aurait pas détecté la bactérie E. coli sans l'intervention des Américains est fausse, car c'est l'ACIA qui l'a détectée dans le cadre de ses essais systématiques.
Pendant l'enquête de l'ACIA, les inspecteurs ont accru leur surveillance des opérations à l'usine. Le 18 septembre, l'ACIA en était arrivée à la conclusion qu'il était impossible de relier la présence d'E. coli à l'usine à une seule cause. On a toutefois constaté certaines lacunes au chapitre du strict respect des protocoles. C'est le genre de problèmes que l'ACIA découvre à l'occasion.
XL Foods a été informée de ces lacunes et sommée de les corriger avant une date précise. À la lumière de l'enquête exhaustive menée par l'ACIA entre le 4 et le 16 septembre, on a estimé qu'il fallait émettre des avis de risque pour la santé à l'intention de la population. Entre ces deux dates, pas une journée ne s'est écoulée sans que l'ACIA n'enquête de façon urgente sur ce problème.
Le 16 septembre, XL Foods a commencé à rappeler, auprès de ses clients, des parures de boeuf produites au cours des trois journées précédentes. Il faut comprendre que les parures de boeuf provenant d'une usine peuvent être envoyées à de nombreux clients qui les transforment à leur tour en d'autres produits alimentaires, comme du boeuf haché, des galettes de steak haché fraîches ou surgelées, des saucisses, de la lasagne surgelée, des boulettes de viande ou de la soupe, tous sous différentes marques. Le système d'approvisionnement alimentaire est assez vaste dans ce domaine.
L'ACIA suit activement la trace, dans la chaîne d'approvisionnement, de produits en fonction de certaines dates précises de production. L'agence a retracé aussi vite que possible les diverses sociétés, entreprises de transformation des aliments, destinations et autres usines de transformation où la viande pourrait avoir été expédiée, puis a émis des rappels pour ces produits. Dès qu'on découvrait qu'un produit faisait partie d'un lot de production à risque élevé, il faisait l'objet d'un rappel. Ainsi, ce qui a semblé être une suite de rappels ne constituait en réalité qu'un seul rappel, le nombre de produits visés allant en augmentant au fur et à mesure qu'on identifiait les différentes entreprises, usines de transformation et gammes de produits visées.
C'est le processus de repérage. Il faut un certain temps pour consulter des registres de compagnie situés à différents endroits et contenant de l'information présentée de diverses façons. Lorsqu'il y a un rappel d'aliments, l'Agence canadienne d'inspection des aliments travaille pratiquement jour et nuit, afin de retirer tous les produits des tablettes le plus rapidement possible. En fait, à cet égard, elle est considérée comme l'une des meilleures au monde.
Les données recueillies par l'ACIA pendant une enquête plus approfondie ont permis de déterminer que la production de deux autres journées présentait des risques de contamination par la bactérie E. coli anormalement élevés. Par conséquent, les produits provenant de ce lot ont aussi été ajoutés à la liste de rappel. Le 27 septembre, le permis de l'usine a été suspendu. La suspension résulte de l'incapacité de l'entreprise de mettre en oeuvre les mesures correctives exigées par l'ACIA. Cette mesure suit le protocole établi par l'Agence dans les cas où un producteur d'aliments est incapable ou refuse de prendre les mesures correctives exigées par l'Agence.
Soyons clairs. L'usine XL ne rouvrira pas ses portes tant que l'ACIA n'aura pas certifié qu'elle est sécuritaire.
Lorsqu'elle a découvert la présence du problème, l'ACIA a agi rapidement pour le régler. Ce sont des inspecteurs de l'ACIA qui l'ont décelé pendant un contrôle normal. Pour les non-initiés, le rappel a semblé décalé — car il a pris de plus en plus d'ampleur, au fur et à mesure que de nouvelles informations sur les produits devenaient disponibles —, mais il s'agissait en fait d'un seul rappel visant des produits de l'usine produits à cinq dates différentes.
Je parlerai maintenant du budget. Comme nous le savons tous, le gouvernement, pour tenter de réduire le déficit, a demandé aux fonctionnaires de présenter des propositions permettant de réaliser des économies dans le budget de 2012. Le budget de 2012 a-t-il exposé les Canadiens à plus de risques liés à la salubrité des aliments? Absolument pas. Il est tout à fait inacceptable que l'opposition dise le contraire. Comme je l'ai déjà dit, le budget de 2012 a prévu plus de 50 millions de dollars supplémentaires pour la salubrité des aliments. Voilà ce que prévoit le budget de 2012. Ce montant s'ajoute aux 100 millions de dollars du budget de 2011. Le gouvernement entend veiller à ce que les aliments consommés par les Canadiens et leurs familles ne comportent aucun risque.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments n'a apporté aucun changement susceptible de compromettre de quelque façon que ce soit la santé et la sécurité des Canadiens. Contrairement à ce que certains ont affirmé, nous avons fait d'importants investissements pour assurer la salubrité des aliments. Compte tenu des enjeux et des possibilités du contexte actuel, dans le budget de l'an dernier, le gouvernement a alloué 100 millions de dollars sur cinq ans à l'ACIA afin qu'elle modernise son système d'inspection des aliments. Ce financement devait entre autres s'appliquer à de nouvelles ressources pour l'exécution des inspections, à la formation du personnel responsable des inspections, à la capacité scientifique des laboratoires alimentaires et à la gestion de l'information et de la technologie. Une fois de plus, l'opposition a voté contre toutes ces mesures.
Au cours des dernières années, le nombre d'employés responsables des inspections à cette usine XL Foods en particulier a en fait augmenté, non diminué. Au total, 40 inspecteurs et six vétérinaires sont affectés à plein temps à cette usine. Cela représente six inspecteurs et deux vétérinaires de plus qu'en 2006. Dans le cas qui nous intéresse ici, comme dans l'ensemble des services d'inspection de l'Agence en général, il n'y a pas eu de coupes dans les services visant à assurer la salubrité des aliments. Le budget de 2012 n'a rien à voir avec ce rappel d'aliments et, comme je l'ai mentionné, des ressources supplémentaires ont été allouées à l'ACIA dans le budget de 2012.
Je vais maintenant aborder la question des maladies. Les agences ont fait preuve d'une très grande transparence à cet égard en communiquant au public tous les renseignements dont elles disposaient au sujet des aliments visés par le rappel et des maladies que la contamination a provoquées chez les humains. Lors de la conférence de presse qui a eu lieu vendredi dernier, un porte-parole de l'Agence de la santé publique du Canada, qui était très bien renseigné, a abordé cette question. Le site Web de l'ASPC est mis à jour au fur et à mesure qu'on dispose de nouveaux renseignements sur les cas de maladies d'origine alimentaire attribuables aux aliments produits par XL Foods qui ont fait l'objet d'un rappel. Il faudra procéder à d'autres analyses et prouver clairement que les gens touchés ont bel et bien consommé des produits provenant de cette usine. Pour ce faire, il faudra interroger ces personnes afin de savoir ce qu'elles ont consommé dernièrement et analyser tous les aliments qu'elles ont peut-être encore chez elles afin d'établir un lien clair. Les organismes de santé publique provinciaux travaillent en collaboration avec l'ACIA et l'ASPC à cet égard. Il faut respecter des normes très strictes sur le plan scientifique et en matière de preuves. Si nous ne procédons pas de cette façon, tout ce que nous affirmerons sera de la spéculation, et le gouvernement n'a pas l'intention de spéculer sur la santé des Canadiens. Nous avons besoin de renseignements exacts pour prendre des décisions éclairées.
Le système de salubrité des aliments du Canada est solide et nous voulons le rendre encore meilleur grâce au projet de loi sur la salubrité des aliments au Canada. Le gouvernement est déterminé à s'assurer que de telles situations deviennent de plus en plus rares et à mettre en place un système efficace de rappels lorsqu'une situation de la sorte se produit.
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Monsieur le Président, je remercie mes collègues de se joindre à ce débat d'urgence sur la salubrité des aliments au Canada. Il s'agit d'une question qui suscite de profondes inquiétudes, qui vient nous hanter de nouveau.
J'aimerais dire tout d'abord que nous compatissons avec les personnes malades, en particulier l'enfant qui a souffert d'une insuffisance rénale et qui est actuellement très malade. Les appels à l'aide de sa mère sont restés sans réponse beaucoup trop longtemps, d'après elle. Nous, de ce côté-ci de la Chambre, souhaitons exprimer nos voeux de prompt rétablissement à tous ceux qui sont tombés malades après avoir contracté la bactérie E. coli. Espérons qu'ils se rétabliront rapidement et qu'ils n'en garderont pas de séquelles.
Aux éleveurs, je tiens à dire sans équivoque que nous, de ce côté-ci de la Chambre, comprenons la situation qu'ils vivent. Les éleveurs dans ce pays n'ont rien fait de mal. Ils ont travaillé fort pour produire la meilleure viande de boeuf possible, et voilà qu'une entreprise de transformation les a laissé tomber. Malheureusement, les maillons de notre chaîne de valeur doivent tous bien fonctionner. Les producteurs primaires font un travail remarquable, et ce, depuis des décennies — depuis toujours, en fait, si l'on remonte au temps des pionniers dans les Prairies.
Ce qui s'est produit, c'est qu'un seul transformateur a abandonné les producteurs de boeuf et a ainsi injustement terni leur image. Nous devons veiller à ce que les Canadiens soient bien conscients de cette situation. Nous nous rangeons du côté des éleveurs et disons à l'ensemble des Canadiens que ce n'est pas la faute des éleveurs. Ce que nous devons faire, c'est corriger le problème qui s'est produit dans l'usine de transformation.
J'aimerais maintenant parler des commentaires du secrétaire parlementaire au sujet des faits, comme il se plaît à les appeler, et glisser un mot sur l'embauche nette de 700 nouveaux inspecteurs.
Le problème, c'est que l'ACIA a tendance à qualifier un peu tout le monde d'« inspecteur ». Il existe une catégorie fourre-tout d'inspecteurs à laquelle appartiennent pratiquement tous les employés. Pour la plupart des employeurs, des inspecteurs sont des inspecteurs, des assembleurs sont des assembleurs et des commis sont des commis. Toutefois, ce n'est pas le cas à l'ACIA. Dans cette agence, tout le monde porte le titre d'inspecteur.
Mon collègue de Malpeque se souviendra que, lors de la crise de la listériose, nous avions demandé au vice-président des opérations, un comptable méticuleux, combien d'inspecteurs de viandes se trouvaient sur la première ligne. La question ne pouvait être plus précise. Après avoir donné cinq réponses erronées parce qu'il était tout mélangé dans ses chiffres, il avait finalement avoué qu'il n'en savait rien. Cet homme occupe toujours les mêmes fonctions, soit dit en passant.
Il est faux de laisser entendre que, en chiffres nets, il y a maintenant 700 nouveaux inspecteurs de viandes. De ce nombre, 170 inspectent des viandes, mais ils ne le font que dans les usines de viandes prêtes à manger. Quelle est la différence? XL n'est pas une usine de viandes prêtes à manger. Les installations des Aliments Maple Leaf situées sur le chemin Bartor, à Weston, en Ontario, représentent une usine de viandes prêtes à manger. Il y a une énorme différence entre les deux.
Il y a 46 inspecteurs dans une usine qui, parfois, abat et transforme 5 000 bêtes par jour. Si l'on répartit ces 46 inspecteurs entre deux quarts de travail, on compte en principe seulement 23 inspecteurs dans l'usine pour le premier quart et 23 pour le deuxième quart. Il y a deux quarts de travail dans cette usine. Il peut arriver qu'il y ait deux ou trois inspecteurs de plus ou de moins pendant le quart de jour ou le quart de soir. Enfin, c'est ainsi que nous les répartissons. On parle donc d'environ 23 personnes qui inspectent 5 000 têtes de bétail et qui travaillent dans une usine qui couvre littéralement plusieurs pâtés de maisons. Il ne s'agit pas d'une petite boucherie de quartier; on parle ici d'un établissement industriel. C'est ainsi qu'il faut imaginer la taille de ces installations.
Permettez-moi de parler de faits. Voici ce qui est écrit dans le Rapport sur les plans et les priorités de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, signé et déposé par le lui-même le 18 mai 2012: « […] les dépenses prévues diminueront d'environ 46,6 millions de dollars, et le nombre d'[équivalents temps plein] prévu devrait diminuer de 314 ». Le ministre conservateur a annoncé, dans le document qu'il a signé il y a à peine quelques mois, qu'il allait retrancher ce montant et ce nombre d'employés. C'est un fait.
Mon collègue d'en face, le secrétaire parlementaire, devrait lire le Rapport sur les plans et les priorités que son ministre a signé.
Il aime parler des 100 millions de dollars que les conservateurs ont investi. La vérité, c'est qu'ils n'ont encore rien investi du tout. Ils ont dépensé 18 millions de dollars cette année. Il s'agit d'un programme quinquennal de mise en oeuvre graduelle d'un programme particulier. Au bout des cinq ans, il se termine. C'est un programme à durée déterminée. Le gouvernement y mettra un terme, à l'instar du programme de détection de Listeria, qu'ils supprimeront graduellement. Ils y ont investi 26 millions de dollars. Il passera aussi à la trappe et ce montant sera également retranché. Si nous voulons nous en tenir aux faits, nous devons tous les mettre sur la table, pas juste quelques-uns.
Lorsqu'on examine le document du budget présenté par les conservateurs — au moyen de l'énorme projet de loi omnibus présenté à la Chambre plus tôt cette année — on comprend mieux. Ils essaient de dissimuler des choses dans ce long document. Or, dans le budget de 2012, on voit que, au cours des trois prochaines années, le gouvernement prévoit retrancher 56,1 millions de dollars par an à la salubrité des aliments. Il ne s'agit pas d'une compression unique touchant un seul projet, mais d'une compression permanente et continue, année après année. C'est un fait consigné dans le document du budget présenté par les conservateurs.
Mon collègue d'en face ne cesse de me rappeler que j'ai voté contre le budget. Il a entièrement raison. Si les conservateurs présentaient une autre mesure législative dans laquelle ils proposaient de retrancher de l'argent et des ressources de l'ACIA, il y a fort à parier que je voterais également contre. Ils devraient peut-être proposer une mesure positive.
Mon collègue voulait parler de la façon dont le problème a été découvert et de la chronologie des événements. L'ACIA a publié une très bonne chronologie des événements sur son site Web. Tout le monde peut l'examiner. La question de savoir qui a découvert le problème en premier fait l'objet d'un débat. Les Américains ont détecté la présence de la bactérie E. coli le 3 septembre, mais ils n'ont rien dit aux Canadiens avant le 4 septembre, le jour même où ces derniers ont également découvert le problème. Ce fait est admis. C'est la vérité. Le secrétaire parlementaire l'a confirmé et c'est la vérité.
Toutefois, les Américains ont fait plus que ça. Ils se sont mis à poser des questions parce qu'ils font les choses différemment. Ils ont détruit le chargement et ont entrepris d'effectuer d'autres tests. Qu'avons-nous fait le 5 septembre? Nous avons présenté à l'entreprise ce qu'on appelle une « demande de mesures correctives ». Nous n'en avons pas donné l'ordre. Nous n'avons rien exigé. Nous avons dit: « Pourriez-vous, s'il vous plaît? » Cela s'est passé le 5 septembre. Le 6 septembre, ça se poursuit. L'ACIA croit alors que les abattages du 24 et du 28 août sont ceux qui présentent un risque de contamination à la bactérie E. coli.
Le secrétaire parlementaire veut nous faire croire qu'il s'agit d'un incident isolé, alors qu'il est question de multiples ramifications d'un même incident. On parle de deux jours distincts. Pas seulement un jour ou une seule occurrence. On parle de deux occurrences distinctes. Une même occurrence ne peut pas s'étaler sur deux jours. Enfin, je suppose que ça se peut si l'on croit que les faits ne sont pas véritablement des faits mais pourraient l'être.
Que s'est-il passé le 7 septembre? L'ACIA a présenté une autre demande de mesures correctives. Elle en avait déjà présenté une deux jours avant. Il lui a fallu en présenter une autre parce que la première n'a pas fonctionné. Qu'a-t-on demandé à l'entreprise? Je cite la page Web de l'ACIA:
On a officiellement demandé à l'entreprise XL Foods Inc. de produire, au plus tard le 10 septembre, des renseignements sur les détails du produit, sa distribution et ses résultats d'analyse, ainsi que sur l'efficacité des mesures de contrôle préventif de l'établissement.
On lui a également demandé de renforcer ses mesures de contrôle en ce qui a trait à l'échantillonnage et à l'analyse de ses produits. C'était, encore une fois, une demande. Le 8 et 9 septembre, on attend toujours. On a présenté une demande, alors, bien entendu, on attend.
Les 10 et 11 septembre, l'ACIA, conformément aux demandes qu'elle avait présentées à XL Foods les 6 et 7 septembre, obtient de l'information sur les produits fabriqués du 24 au 28 août. La date du 5 septembre devient la troisième à faire l'objet de l'enquête, mais sans plus. Le 12 septembre, l'ACIA poursuit son enquête. Le service américain d'inspection des aliments avise l'ACIA qu'il a détecté deux autres cas de contamination dans des échantillons de parures de bœuf provenant de l'entreprise XL Foods.
Qu'avons-nous fait? Nous sommes encore le 12 septembre. L'ACIA, se fondant sur son enquête et les nouvelles conclusions des États-Unis — car ce n'est pas le Canada qui a détecté les deux derniers cas —, envoie une équipe d'experts. Nous savions depuis le 4 septembre que quelque chose ne tournait pas rond. Nous avons demandé deux fois à XL de prendre des mesures correctives. C'est seulement maintenant que l'ACIA se dit qu'elle devrait envoyer une équipe, après que les Américains eurent détecté E. coli dans deux échantillons d'un lot différent. Elle se dit qu'il faut peut-être qu'elle agisse, alors elle envoie une équipe faire un examen approfondi. Tout cela le 12 septembre.
Le 13, l'ACIA retire XL Foods de la liste des établissements admissibles à l'exportation vers les États-Unis. Mais que se passe-t-il avec nous? Si les produits n'étaient pas assez bons pour être exportés aux États-Unis, pourquoi auraient-ils été assez bons pour les Canadiens?
Toujours est-il que l'ACIA formule d'autres demandes. Voilà ce qu'elle conclut: même si l'entreprise XL Foods avait mis en place des mesures de surveillance, l'analyse des tendances des données recueillies n'était pas réalisée comme il se doit. Mais même en sachant cela, le 13 septembre, l'ACIA laisse XL Foods poursuivre ses activités. L'ACIA conclut aussi que, même si l'entreprise avait bien établi les mesures d'intervention à respecter lorsque de la viande obtient des résultats positifs à l'analyse de dépistage de la bactérie E. coli, ces mesures n'étaient pas toujours suivies adéquatement. L'entreprise savait quoi faire, mais ne le faisait pas.
C'est cela, notre système de salubrité des aliments? L'entreprise sait quelles mesures prendre, mais ne les applique pas. C'est essentiellement ce que l'ACIA conclut le 13 septembre. Elle constate aussi que les contenants de viande dont l'analyse de dépistage de la bactérie s'est avérée positive n'ont pas été regroupés, ce qui veut dire que les contenants de viande produite immédiatement avant et après le produit contaminé n'avaient toujours pas été retirés de la ligne de production de la viande fraîche, ce qui est totalement contraire aux protocoles en matière de santé et de salubrité. Malgré cela, l'entreprise poursuit ses activités.
Selon l'ACIA, les protocoles d'échantillonnage n'étaient pas toujours respectés par le personnel de l'établissement, ce qui a pu générer des résultats d'analyse inexacts. Voilà qu'on apprend que le personnel n'est pas capable de bien faire les choses.
Puis arrive le 16 septembre. L'ACIA et XL Foods commencent à publier des avis de danger pour la santé. Or, cela faisait déjà trois jours que les Américains empêchaient des cargaisons de traverser la frontière; ils ne voulaient plus de nos produits, ce que l'ACIA a confirmé. Ce n'est donc que trois jours plus tard que l'ACIA et XL Foods ont pensé qu'il serait peut-être judicieux d'informer les Canadiens du problème, et ils ont alors publié un avis de danger pour la santé. Ils ont affirmé que c'était probablement les envois du 24 au 28 août et du 5 septembre qui étaient contaminés, et qu'ils les examineraient d'encore plus près.
Par la suite, le 17 septembre, l'ACIA a affirmé que, lorsqu'il est question d'aliments possiblement dangereux, il faut, entre autres choses, s'assurer que l'on désigne seulement les aliments qui présentent vraiment un danger. L'ACIA a affirmé que c'est un long processus. Or, les Américains n'ont pas perdu de temps, et l'ACIA non plus. Les Américains n'auraient pas dû être obligés de dire « Non merci », comme ils l'ont fait. Il incombait plutôt à l'Agence canadienne d'inspection des aliments de retirer à XL Foods son permis d'exportation vers les États-Unis. Mais ce n'est pas ce qui est arrivé, ce sont les Américains qui ne voulaient plus de nos produits.
Le 18 septembre, l'ACIA a produit cinq autres demandes d'actions correctives, ce qui monte le total à sept, si le compte est bon. Des plans d'actions correctives ont été établis, mais ils ne visent pas un incident précis en lien avec les obligations de XL Foods, il s'agit de nouveaux plans. Dieu seul sait pourquoi on voudrait donner un nouveau plan d'action à XL Foods, puisque cette dernière n'a pas été capable de respecter l'ancien plan, mais c'est ainsi que fonctionne le régime d'inspection des aliments.
Il semble que personne ne s'entend sur les dates des actions correctives et que ces dates changent selon les risques. Entretemps, les États-Unis ont dit: « Non merci. » Et l'Agence canadienne d'inspection des aliments a répondu: « Pas de problème, nous ne vous en enverrons plus. » Mais les Canadiens, eux, continuent d'en recevoir.
Le 21 septembre, à partir de l'examen continu des données, l'ACIA a conclu qu'il y avait deux autres dates de production en cause en plus des trois déjà connues. Mon ami a dit qu'il n'y en avait qu'une. Là, il est question du 27 et du 29 août. Maintenant, ce sont les 24, 27, 28 et 29 août ainsi que le 5 septembre. Je ne suis peut-être qu'un petit gars de Glasgow, mais j'ai appris à compter: ça fait cinq cas, cinq jours distincts, cinq incidents différents. À la suite des conclusions, XL Foods a commencé le 21 septembre à aviser les consommateurs canadiens qu'elle rappelait les parures de boeuf produites du 27 au 29 août.
On arrive au 27 septembre. L'ACIA annonce avoir suspendu temporairement l'agrément de l'établissement 38 d'XL Foods Inc. à Brooks, Alberta. Elle a déterminé que des mesures de contrôle adéquates pour la salubrité des aliments n'avaient pas été pleinement mises en oeuvre à l'établissement. L'ACIA a cerné certains écarts de conformité lors d'un examen approfondi de l'établissement et a indiqué qu'à ce jour, l'entreprise n'avait toujours pas mis en oeuvre de façon satisfaisante les mesures correctives convenues ni présenté de plans acceptables pour régler les problèmes à long terme. Quelle conclusion magistrale! Il n'a fallu que sept demandes d'application de mesure corrective — mais à peine deux des États-Unis.
Les 3 et 13 septembre, l'ACIA a interdit l'exportation aux États-Unis des produits de l'usine. Et nous, alors? Qu'en était-il des Canadiens? Il y a eu sept demandes, mais aucune n'a été respectée.
Au bout du compte, l'ACIA a fini par annoncer qu'il fallait fermer l'usine, qui est toujours fermée, d'ailleurs, et devrait le rester jusqu'à ce qu'elle soit prête à fonctionner comme il se doit. À mon avis, on ne peut absolument pas avoir confiance en une usine autoréglementée qui ignore comment faire ce qu'elle est censée faire, qui ne comprend pas comment le faire et qui, lorsqu'elle reçoit des demandes précises de l'ACIA, n'en tient pas compte. D'où la question suivante: pourquoi l'ACIA ne prend-elle pas l'usine en main en interrompant le processus d'autoréglementation dans cet établissement précis jusqu'à ce que ce dernier revienne sur la bonne voie et retrouve sa crédibilité? Voilà ce qui devrait se passer.
Où en sommes-nous maintenant? J'ai regardé la conférence de presse du ministre, plus tôt aujourd'hui. J'ai trouvé que c'était une expérience à la fois éclairante, fascinante et captivante. Je n'ai pas la citation exacte sous les yeux, mais le ministre a déclaré quelque chose comme « nous voulons des aliments sains ». Nous voulons tous des aliments sains. Les Canadiens disent qu'ils veulent des aliments sains. Le ministre n'a rien dit de plus. Toutefois, dès que le président de l'ACIA s'est approché du micro pour répondre à une vraie question, dès qu'il a commencé à dire que la loi actuelle ne donnait pas à l'agence le pouvoir de faire plus — ce qui est inexact mais il s'est peut-être mal exprimé —, une gardienne de politique a indiqué que la conférence de presse était terminée et a demandé à M. Da Pont de se retirer. C'est le président de l'ACIA, et une responsable des médias attachée au bureau du ministre lui dit de ne pas s'adresser aux Canadiens pour leur dire ce qui s'était réellement passé. C'est une honte. On est loin de la transparence. Le but, ce n'est pas de dire aux Canadiens comment rétablir la crédibilité d'un système que le gouvernement a affaibli. Ce n'est pas ainsi qu'on rebâtit une crédibilité. Il faut plutôt laisser le président de l'ACIA répondre aux questions et expliquer aux Canadiens ce qui s'est passé exactement.
Malheureusement, il existe un problème encore plus fondamental. Le président de l'ACIA ne comprend pas que, en vertu de l'article 13 de la Loi sur l'inspection des viandes, les inspecteurs peuvent exiger, pas seulement demander mais bien exiger, que les renseignements dont ils ont besoin pour faire leur travail leur soient fournis immédiatement, et non dans une semaine ou dans un mois. L'ACIA a un sérieux problème si son grand patron ne connaît pas la loi. C'est ce qui cloche à l'ACIA et c'est ce qui cloche avec la responsabilité ministérielle puisque, en bout de ligne, c'est au ministre que revient la responsabilité de voir à ce que le système fonctionne. Le système est défectueux; il faut le réparer.
En ce qui concerne le projet de loi , si le député d'en face avait pris la peine d'écouter la CBC aujourd'hui, ce qu'il n'a probablement pas fait, il m'aurait entendu dire que nous appuyons le principe du projet de loi , mais que nous avons d'excellentes idées et qu'il serait bon que les conservateurs les écoutent, pour une fois.
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Monsieur le Président, je suis content de participer à l'important débat qui se déroule actuellement.
Comme beaucoup de députés le savent, XL Foods se trouve dans ma circonscription, plus précisément dans la municipalité de Brooks, en Alberta. Je connais beaucoup de gens qui travaillent à cette usine et je sais qu'ils font preuve de beaucoup d'ardeur à la tâche.
Premièrement, j'aimerais répéter ce qu'a dit mon collègue, le . La salubrité des aliments fait partie des priorités absolues de notre gouvernement, comme en témoignent, par exemple, les mesures suivantes.
Nous avons embauché 700 inspecteurs des aliments depuis 2006, y compris 170 inspecteurs des viandes. Notre gouvernement a appliqué la totalité des 57 recommandations du rapport Weatherill.
Si les députés de l'opposition pensent que l'Agence canadienne d'inspection des aliments ne dispose pas de pouvoirs suffisants, ils devraient appuyer le projet de loi de notre gouvernement, qui prévoit augmenter ces pouvoirs. Malheureusement, le député de a déjà dit que son parti s'opposerait à cet important projet de loi. C'est de l'hypocrisie.
Nous avons haussé de 156 millions de dollars le budget de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ce qui fait une augmentation de 20 % du budget total de 744 millions de dollars. Il est clair que le gouvernement prend au sérieux ses responsabilités en matière de salubrité des aliments.
Le député libéral de a déclaré ceci: « Je crois personnellement que la salubrité des aliments est assurée au Canada. »
Un rapport indépendant sur les pays de l'OCDE dit ceci:
Le Canada compte parmi les pays dont le bilan est le meilleur, selon l'étude visant à déterminer le classement mondial des pays en matière de salubrité des aliments qui a été menée en 2010. Il a obtenu une note globale supérieure, ce qui lui a valu une place parmi les meilleurs.
Et si vous voulez connaître l'avis d'Albert Chambers, directeur général de la Coalition canadienne de la filière alimentaire pour la salubrité des aliments, voici cet avis:
Le gouvernement a doté le Canada d'un système de protection de la salubrité des aliments constituant un avantage dans l'environnement réglementaire mondial, qui évolue rapidement.
Je souscris à ces appréciations et je suis d'accord avec les gens de Brooks qui ne ménagent pas leurs efforts chaque jour pour produire des aliments de qualité.
Lorsque les Canadiens achètent des aliments à l'épicerie, ils s'attendent à ce que la salubrité en soit assurée. Lorsque des produits alimentaires doivent être rappelés parce qu'ils présentent un danger, la confiance des gens en notre système de protection de la salubrité des aliments peut être ébranlée. Il peut leur venir facilement à l'esprit que le système fonctionne mal et doit être remplacé.
L'ingestion d'une bactérie comme le colibacille peut causer des maladies graves risquant même de causer la mort. Notre gouvernement prend très au sérieux tout problème mettant en péril la salubrité des aliments consommés au pays. D'ailleurs, un rapport de l'OCDE a démontré que le Canada était doté de l'un des meilleurs systèmes au monde pour garantir la salubrité des aliments.
Mais aucun système n'est infaillible. C'est pourquoi des mécanismes sont prévus pour détecter les problèmes. Des procédures et des politiques précisent la marche à suivre pour résoudre les problèmes aussi rapidement et efficacement que possible.
Manifestement, le fonctionnement du système de protection de la salubrité alimentaire n'est toujours pas clair pour certains. Compte tenu des questions que suscite actuellement la présence d'E. coli dans le boeuf produit par l'entreprise XL Foods, je crois qu'il serait utile de se pencher sur les composantes du système canadien, notamment sur la question du rappel des aliments contaminés. Je parlerai aussi des avertissements prolongés que lance l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Les consommateurs, les acteurs de l'industrie et le gouvernement ont tous un rôle à jouer pour assurer la salubrité des aliments. D'après les recherches, la plupart des Canadiens savent quoi faire pour éviter la contamination des aliments, mais bien des gens ne respectent pas tous les jours les directives. Selon un sondage, la moitié des répondants ont par exemple déclaré qu'ils font parfois dégeler de la viande rouge ou blanche à la température de la pièce. Or, cette façon de faire permet aux bactéries de proliférer sur les aliments, ce qui pourrait rendre malades les gens qui les consomment.
Il y a quatre règles à suivre pour éviter la contamination des aliments. Ces règles valent la peine d'être redites. On peut les résumer avec les mots suivants: nettoyer, séparer, cuir et réfrigérer. Ces règles seront toujours très utiles pour protéger les familles contre la prolifération des bactéries dangereuses dans leur cuisine.
Les acteurs de l'industrie jouent aussi un rôle essentiel dans le système canadien de protection de la salubrité des aliments. Toutes les usines de transformation de la viande et du poisson qui sont inspectées par les services fédéraux doivent suivre des règles et des directives strictes. Elles doivent notamment cerner les problèmes qui peuvent survenir, prévenir ceux-ci en planifiant les mesures à prendre et agir lorsqu'elles en découvrent un.
L'industrie doit adopter des pratiques de gestion des risques fondées sur les données scientifiques afin de minimiser les risques de contamination. À cet effet, elle doit déterminer les sources possibles de contamination des aliments, moderniser ses pratiques de production afin de réduire les risques de contamination, respecter les protocoles d'inspection et de contrôle et retirer du marché les produits dangereux.
Je reviendrai dans quelques instants sur le processus de rappel des aliments.
Pour assurer la salubrité des aliments, il faut avant tout des lois efficaces. L'Agence canadienne d'inspection des aliments, ou ACIA, est responsable de la prestation de tous les programmes fédéraux d'inspection des aliments, des systèmes de production et des produits liés à la santé des animaux et à la protection des végétaux. En bref, la salubrité des aliments est la principale priorité de l'ACIA. À titre de principal organisme de réglementation du pays dont les décisions reposent sur la science, l'ACIA exige des comptes de l'industrie quant à la salubrité de ses produits, répond à toute urgence, effectue tout rappel et prend des mesures pour prévenir la propagation de maladies des animaux aux humains. Cependant, la salubrité des aliments est un mandat des plus complexes. C'est pourquoi, pour protéger notre approvisionnement alimentaire, l'ACIA travaille étroitement avec toute une gamme de partenaires, dont Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada.
L'une des principales responsabilités de l'ACIA est d'inspecter les aliments produits au Canada et à l'étranger. Qui plus est, elle inspecte, vérifie et teste les produits afin d'assurer la conformité de l'industrie aux règlements régissant la sécurité des aliments, et applique ces règlements dans les installations de transformation des aliments enregistrées auprès du gouvernement fédéral.
Dès qu'on signale la présence d'un produit alimentaire contaminé sur le marché, on procède à une enquête dont le résultat peut donner lieu à un rappel. Comme c'est le cas en l'occurrence, la plupart des compagnies initient un rappel dès qu'un problème est signalé relativement à l'un de leurs produits. Elles agissent ainsi pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens et, bien évidemment, leur propre réputation.
Lorsqu'il est question d'aliments potentiellement insalubres, les enquêtes de l'ACIA sont mues par trois considérations: l'exactitude, la rigueur et la rapidité.
Premièrement, l'ACIA s'affaire à recueillir les données pertinentes. Elle analyse ensuite les dossiers de production et de distribution, qui peuvent être situés à plusieurs endroits différents. Puis, elle isole des échantillons et effectue des tests. Elle examine les étiquettes, l'information sur la distribution et les codes d'identification pour mieux informer les consommateurs à propos des risques potentiels. Elle cherche ainsi à cerner tous les produits touchés.
Le recueil des données est essentiel à toute enquête rigoureuse fondée sur des faits scientifiques. Dans le cas d'XL Foods, des tests effectués dans le cours normal des opérations ont révélé la présence d'E. coli le 4 septembre. Depuis lors, l'ACIA mène enquête et prend les mesures qui s'impose.
L'ACIA doit mettre en équilibre la nécessité d'obtenir des renseignements exacts et fiables avec la nécessité d'informer le public aussitôt que possible de tout risque potentiel. Afin d'arriver à cet équilibre, elle émet régulièrement des avis de rappel dans le cours d'une enquête. Par conséquent, il lui arrive d'émettre plusieurs alertes publiques dans le cadre du même rappel. Dès qu'un produit présente un risque pour la santé, il fait l'objet d'un rappel immédiat. L'ACIA ne perd pas de temps.
C'est là un point important. La série de mises en garde approfondies publiées ces dernières semaines au sujet d'XL Foods reflète les nouveaux éléments d'information mis en lumière durant le cours de l'enquête. Cela fait partie du processus normal de rappel et ne signifie en aucun cas que l'agence a tardé à informer le public des risques pour la santé.
L'ACIA s'attend à ce que l'industrie suive de près les taux de contamination anormalement élevés et à ce qu'elle ajuste ces mesures de contrôle en conséquence. L'enquête de l'agence a montré que XL Foods n'appliquait pas ses mesures de surveillance systématiquement dans l'usine albertaine. En outre, l'agence a découvert des manquements dans les mesures de contrôle de l'entreprise visant la détection de la bactérie E. coli. L'entreprise n'a pas réussi à prendre des mesures correctives adéquates. Voilà pourquoi l'ACIA a temporairement suspendu le permis de l'entreprise. L'usine de transformation des viandes fera l'objet d'une surveillance gouvernementale jusqu'à nouvel ordre. Parallèlement, XL Foods continue de travailler avec l'ACIA pour retracer les produits alimentaires contaminés qui pourraient être sur le marché.
Soyons clairs. L'usine XL ne rouvrira pas ses portes tant que l'ACIA n'aura pas certifié qu'elle est sécuritaire.
Aussitôt informée de la situation, l'agence a pris des mesures pour vérifier la présence de la bactérie E. coli dans la viande de boeuf transformée par XL Foods. L'enquête se poursuit, étayée par des preuves scientifiques et un engagement continu du gouvernement à l'égard de la protection de la salubrité de l'approvisionnement alimentaire du Canada et de la confiance des Canadiens dans cet approvisionnement alimentaire.
Je tiens à prendre quelques minutes pour parler du projet de loi sur la salubrité des aliments au Canada présenté au Sénat par le gouvernement plus tôt cette année.
L'ACIA a été créée en 1997 pour améliorer et moderniser les inspections fédérales liées à la salubrité alimentaire, la santé animale et la protection végétale. Toutefois, la création de l'agence n'était qu'un premier pas. Déjà en 1997, on reconnaissait qu'il faudrait éventuellement moderniser le fondement législatif de l'agence.
Le but du projet de loi sur la salubrité des aliments au Canada est de moderniser et de consolider les pouvoirs d'inspection des aliments et d'application de la loi de l'ACIA. Grâce à l'adoption de ce projet de loi, les pouvoirs d'inspection et d'application de la loi liés à la partie du mandat de l'ACIA qui concerne la salubrité des aliments seront appliqués de façon plus uniforme. Ainsi, le gouvernement peut améliorer la cohérence et l'exhaustivité des activités de l'agence en ce qui a trait aux inspections des aliments et à la vérification de la conformité.
Cette nouvelle loi sur la salubrité des aliments relève du . Elle améliore la salubrité des aliments et la sécurité du public en modernisant et en consolidant les dispositions contenues dans la Loi sur les produits agricoles au Canada, la Loi sur l'inspection du poisson, la Loi sur l'inspection des viandes, et les dispositions relatives aux aliments contenues dans la Loi sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation.
La mesure législative proposée renforce la capacité de l'agence de protéger l'approvisionnement alimentaire du Canada. Elle améliore l'uniformité des pouvoirs de l'ACIA à l'égard des produits alimentaires que l'agence réglemente. Nous obtiendrons un ensemble de pouvoirs, de devoirs et de fonctions uniformes pour tous les inspecteurs de l'ACIA, quels que soient les produits alimentaires qui sont inspectés. Cela ne peut qu'améliorer la salubrité des aliments destinés aux Canadiens.
Je me permets de mentionner certaines des dispositions principales du projet de loi. La mesure législative proposée permettra au gouvernement de prendre des mesures adéquates en cas de problèmes liés à la salubrité, comme imposer des peines et des sanctions plus sévères, mettre en place un système permettant de mieux suivre, retracer et rappeler les produits dangereux et interdire l'entrée d'aliments insalubres sur le marché canadien.
Grâce à un accroissement des pouvoirs de réglementation visant la certification des exportations, les exportateurs canadiens éviteront les surprises si les partenaires commerciaux exigent la certification comme condition d’accès à leur marché. Pour ce faire, on fournira aux pays importateurs une assurance crédible que les produits canadiens exportés ne présentent pas de danger.
Ainsi, aux termes du projet de loi, il sera illégal de communiquer sciemment des renseignements faux ou trompeurs au en ce qui concerne les produits alimentaires ou autres visés par la loi. Les consommateurs seraient ainsi protégés contre la fraude.
Le projet de loi comporte des dispositions que l’industrie souhaite voir adoptées, notamment celle concernant les menaces d’altération, le fait de prétendre avoir commis une altération et l’altération réelle de produits, et celle concernant les faux renseignements visant les aliments et l’emballage. Actuellement, ces infractions sont qualifiées de méfaits dans le Code criminel. Il faut les définir clairement comme étant des activités criminelles, régies par une loi distincte.
Ce projet de loi revêt une grande importance pour tous les Canadiens, car il interdit l’importation de produits alimentaires qui ont été altérés, qui contiennent des substances toxiques ou nocives, qui sont impropres à la consommation humaine ou qui peuvent nuire à la santé des humains. Les produits dont l’étiquette ne respecte pas la réglementation proposée seront également interdits.
Je ne veux pas que la Chambre croit qu’il n’existe pas déjà des dispositions qui protègent les Canadiens contre ce genre d’infractions. Le projet de loi vise à réunir des lois existantes qui portent sur des produits particuliers afin que ces interdictions soient regroupées dans une seule et même mesure législative.
Ces lois, adoptées à différentes périodes de l’histoire de notre pays, fournissent un cadre juridique inégal et dépassé, lequel nous permet difficilement de régler les divers problèmes de manière uniforme. Nous devons adopter cette nouvelle mesure législative qui s'appliquera à l'ensemble des produits alimentaires.
En regroupant les pouvoirs de plusieurs lois en un ensemble cohérent dans ce projet de loi, nous donnons à l’ACIA les outils dont elle a besoin pour mieux protéger les Canadiens et faire respecter la loi dans l’industrie. L’ACIA pourra ainsi renforcer la sécurité de l’approvisionnement alimentaire et mieux protéger la santé des Canadiens.
Les pouvoirs de l'ACIA en matière d’application de la loi et d’inspection seront semblables à ceux du projet de loi sur la sécurité des produits de consommation. Ce projet de loi améliorera les outils d’inspection et d’application de la loi employés à la frontière canado-américaine, et donnera aux agents de l’Agence des services frontaliers du Canada et aux inspecteurs de l’ACIA de meilleurs outils lorsqu'ils appliquent les lois et règlements administrés par l’ACIA à la frontière, dans nos aéroports et dans nos ports.
Il importe de souligner ce que le projet de loi ne fera pas. Il ne changera pas le rôle et les fonctions du et du . Le ministre de la Santé continuera d’établir les politiques et les normes concernant la salubrité des aliments et leur valeur nutritionnelle. L'ACIA sera responsable de l’application de ces normes, ainsi que de l’établissement et de l’observation d’autres normes.
Nous nous souvenons tous des décès et des intoxications causés par l’épidémie de listériose de 2008. Nous avons tiré des leçons difficiles de cette tragédie. Depuis la création de l’agence, nous avons aussi eu, entre autres, des cas d’ESB, de Salmonella et d’E. coli qui ont rappelé aux Canadiens l’importance de la salubrité des aliments.
Vu la sensibilisation à ces menaces potentielles, les intervenants appuient le principe du projet de loi sur la salubrité des aliments au Canada et le considèrent comme bénéfique pour tous les Canadiens.
À la suite de l’épidémie de listériose de 2008, le a chargé une enquêteure indépendante, Mme Sheila Weatherill, d’examiner les circonstances de la tragédie et de faire des recommandations au gouvernement pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.
Selon la recommandation 43, sur 57, du rapport de l’enquêteure, le gouvernement devrait « …simplifier et actualiser les lois et les règlements fédéraux qui touchent de près la salubrité des aliments. »
C’est précisément le but du projet de loi proposé. Le gouvernement s’est engagé à appliquer les 57 recommandations de l’enquêteure indépendante. Nous sommes donc tenus de protéger les Canadiens contre une nouvelle tragédie et de faire avancer ce projet de loi.
Le gouvernement du Canada a une très bonne réputation en ce qui concerne la salubrité de son approvisionnement alimentaire et nous voulons donner à l’ACIA les moyens dont elle a besoin en matière d’inspection et d’application de la loi pour conserver cette réputation et pour l’affermir. J’exhorte les sénateurs et les sénatrices à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi.
Je tiens à réitérer que l'usine XL Foods demeurera fermée jusqu'à ce qu'elle soit entièrement conforme à la réglementation et aux exigences de l'ACIA.
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Monsieur le Président, je vous avise que je vais partager mon temps avec le député de .
Je félicite mon collègue pour son allocution. Je veux souligner que l'Agence canadienne d'inspection des aliments a un rôle à jouer. En tant qu'élus, nous avons aussi un rôle à jouer. Où se situe la responsabilité du dans ce dossier? On ne le voit pas et c'est inquiétant.
Nous vivons actuellement le plus grand rappel de viande de l'histoire. C'est inquiétant et surtout incroyable en 2012. Comment un pays comme le Canada peut-il être plongé dans une telle situation?
Le 4 septembre dernier, des tests ont démontré la possibilité d'une contamination à la bactérie E. coli. Les États-Unis ont découvert la contamination le 3 septembre dernier. La semaine dernière, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a annoncé la suspension du permis d'exploitation de l'usine de transformation de XL Foods à Brooks, en Alberta. L'usine est donc restée ouverte pendant plus de trois semaines après le début des premiers soupçons, c'est-à-dire jusqu'au 27 septembre. C'est inacceptable, car des milliers de Canadiens ont été exposés à l'E. coli à cause de ce délai de réaction.
Pourquoi avoir attendu 24 jours pour fermer une usine où l'on avait détecté un tel problème? On pose la question. Il me semble que devant une telle situation, mieux vaut agir avec prudence et réagir dès qu'il y a une possibilité que la sécurité alimentaire des Canadiens soit en danger.
Il aura fallu plusieurs jours d'enquête et de tests avant que l'ACIA n'en vienne à la conclusion qu'il était nécessaire de fermer l'usine en Alberta. C'est ce que nous dénonçons. C'est non seulement la sécurité des Canadiens qui est en jeu, mais aussi nos relations commerciales et notre crédibilité auprès de la population.
Depuis le 16 septembre dernier, l'ACIA a émis au moins huit alertes de rappel de produits de boeuf de l'usine de XL Foods en raison de crainte d'une contamination à la bactérie E. coli. Le rappel touche des milliers de produits. Chaque jour, le rappel de viande prend de l'ampleur. Au Québec, le rappel de produits du boeuf pouvant avoir été contaminés par la bactérie E. coli augmente.
Au boeuf haché déjà visé ailleurs au pays s'ajoutent de nouvelles coupes de viandes vendues partout au Québec. Encore plus inquiétant, le rappel vise aussi des produits de boeuf non étiquetés et sans marque vendus dans des magasins de détail, des marchés de viande locaux et des boucheries. Les gens sont inquiets, et avec raison.
Je vais lire quelques commentaires de citoyens de . Avant la crise de l'E. coli, j'ai demandé quels enjeux préoccupaient les gens de mon comté. Voici un extrait d'une lettre d'une dame de Saint-Alexis-des-Monts:
La réintégration des inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments est urgente et primordiale. Les Canadiens doivent pouvoir acheter en toute confiance les aliments qui leur sont offerts au Canada.
Ce commentaire m'a été envoyé avant la crise. Pensez-vous que les Canadiens peuvent avoir confiance en leur système d'inspection des aliments? Un système qui a pris 24 jours avant de fermer une usine qui produisait de la viande contaminée? Un système qui a pris 12 jours avant d'avertir les Canadiens? Un système qui a permis que de la viande contaminée se retrouve dans nos épiceries? Je ne le pense pas.
Une autre femme nous écrit ceci: « Nous sommes parents de deux petits jumeaux de 18 mois et déjà, lorsque nous lisons les étiquettes, c'est très inquiétant. »
Les gens ne devraient pas avoir à s'inquiéter au sujet de ce qu'ils donnent à manger à leurs enfants. Au Canada, je pense que ce n'est pas loin d'être le cas. On doit avoir confiance dans notre système alimentaire. En tant que mère, je pense à Christina Lees. Son fils Elijah est tombé malade. Elle disait se sentir impuissante et être fâchée que son fils soit tombé malade et que cela pourrait arriver à d'autres personnes.
En tant qu'élus et parents, nous avons un travail à faire. Notre ministre a une responsabilité. C'est la deuxième fois que cela arrive en cinq ans. Si un de nos enfants ou quelqu'un de notre famille tombait malade en raison de l'E. coli, est-ce que ça changerait les choses?
Est-ce que des changements à l'Agence canadienne d'inspection des aliments seraient faits plus rapidement? Peut-être.
Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour agir et, surtout, pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas su tirer de leçon de la crise de la listériose? J'ai vraiment l'impression que les récentes coupes effectuées à l'ACIA nous ramènent cinq ans en arrière.
L'inspection des aliments est moins encadrée. Il m'apparaît évident que le gouvernement a pris beaucoup de temps pour agir, faute de ressources. Les coupes draconiennes du gouvernement conservateur et les ressources limitées à l'ACIA augmentent le risque que cela se reproduise.
Ce printemps, les conservateurs ont déposé leur budget cheval de Troie. Je ne crois pas que personne ait oublié ce projet de loi massif. Comment oublier une projet de loi de 425 pages.
Dans ce budget, les conservateurs ont décidé de mettre la hache dans les services publics, et ce sont les Canadiens qui en paient le prix. L'inspection des aliments est primordiale, on ne coupe pas là-dedans.
Selon les rapports sur les plans et les priorités de l'Agence canadienne d'inspection des aliments de 2012-2013 et de 2014-2015, les dépenses prévues diminueront d'environ 46,6 millions de dollars, et le nombre prévu d'employés à temps plein devrait diminuer de 314.
Le 25 avril dernier, j'ai demandé quelles répercussions auraient les compressions sur la salubrité des aliments, le m'a répondu ceci: « [...] ce que j'ai dit, c'est qu'aucune mesure de réduction des coûts ne compromettra la salubrité des aliments. » Il faut voir où on est rendu aujourd'hui!
Pourtant, regardez la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il s'agit du plus grand rappel de boeuf dans l'histoire canadienne. Ce n'est pas rien. Quand on coupe dans l'inspection des aliments, il y a des conséquences. Le travail que les inspecteurs et les vétérinaires font est essentiel à la sécurité des Canadiens.
Les conservateurs aiment beaucoup parler de leur projet de loi sur la salubrité des aliments, le projet de loi . Ils aiment aussi dire que les néo-démocrates vont voter contre ce projet de loi. D'abord, je n'ai jamais dit que je voterais contre ce projet de loi. Nous avons besoin de plus de mesures pour assurer la salubrité des aliments au Canada.
La vérité, c'est que le projet de loi a été présenté au Sénat, plutôt qu'à la Chambre des communes. Pourquoi? Cela veut dire que nous n'avons pas eu la chance de débattre de ce projet de loi, car ce sont des gens qui ne sont pas élus qui le font présentement. Pourquoi passer par le Sénat? Les conservateurs ont-ils peur?
S'ils sont fiers de leur projet de loi, pourquoi ne pas le présenter à la Chambre des communes? Pourquoi ne pas laisser mes collègues en débattre à la Chambre? C'est ce que nous attendons.
À l'été 2008, la crise de la listériose a occasionné le rappel des charcuteries Maple Leaf. Cette crise a secoué la confiance des consommateurs et démontré des failles évidentes dans le système d'inspection des aliments.
Une attention insuffisante accordée à la salubrité des aliments par les hauts gestionnaires, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, un manque de planification et de préparation préliminaires, des communications déficientes autant avec le public qu'entre les différents organismes sont quelques-uns des constats qui ressortent de l'enquête indépendante commandée par gouvernement fédéral à Mme Sheila Weatherill à la suite de l'éclosion de listériose survenue en 2008.
À l'époque, le premier cas d'intoxication alimentaire lié à la consommation d'un produit fabriqué à l'usine de transformation Maple Leaf avait été signalé dans la semaine du 1er juin 2008. Le premier rappel avait été effectué le 17 août. Entretemps, les produits potentiellement contaminés par Listeria ont continué à être vendus partout au pays. Cela me rappelle étrangement la situation actuelle.
Plusieurs recommandations ont été faites. Mme Weatherill exhorte l'Agence canadienne d'inspection des aliments à établir des exigences de contrôle des produits à la suite des résultats positifs obtenus lors de tests de dépistage sur des surfaces en contact avec des aliments. Cette mesure permettrait d'assurer le retrait des aliments contaminés avant leur distribution aux consommateurs.
À la suite de cela, des mesures avaient été prises par le gouvernement afin d'éviter que cela ne se reproduise. Mais aujourd'hui, le gouvernement veut faire plus avec moins. On le sait tous, on ne peut pas faire plus avec moins.
Il n'y a pas de pensée magique et la sécurité alimentaire des familles canadiennes doit passer avant tout.
Il n'y a pas de prix pour la sécurité alimentaire.
Les conservateurs vont-ils enfin faire preuve de transparence envers la population canadienne? Le gouvernement agira-t-il enfin et assurera-t-il la sécurité des Canadiens? Le gouvernement va-t-il enfin admettre sa responsabilité dans ce dossier?
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Monsieur le Président, j'ai trouvé regrettable d'entendre, il y a quelques instants, le , que je respecte beaucoup, qualifier le problème de mineur. Je ne crois pas me tromper si je dis que, aux yeux de la famille du petit Elijah, 5 ans, qui a souffert d'insuffisance hépatique et est tombé gravement malade à cause de la contamination, et aux yeux des 12, 15 ou 20 familles touchées — nous ignorons encore le nombre exact —, le problème n'a rien de mineur. C'est un très grave problème.
Je remercie la députée de de ses observations. J'ai l'impression que le gouvernement refuse de reconnaître sa responsabilité, et je trouve que c'est inacceptable. Il rejette le blâme sur les autres, l'ACIA, l'opposition ou quelque force obscure. Il ne veut pas admettre qu'il est à blâmer si, à cause des compressions qu'il a faites et dont nous avons parlé ce soir, une vingtaine de familles ont vu l'un des leurs tomber gravement malade. Or, ce n'est la faute de personne d'autre. C'est au gouvernement qu'il appartient de voir à ce que nos systèmes ne présentent pas de risque et de garantir la salubrité des aliments que nous consommons. Les événements des dernières semaines montrent que nos systèmes sont inadéquats.
J'aimerais prendre quelques minutes pour expliquer ce que je considère être la preuve de ce qui s'est tramé ces dernières semaines. Le député de a fait une présentation très détaillée. Il a passé en revue chaque semaine de cette crise, les familles qui tombaient malades, les rappels qui s'accumulaient, et le gouvernement apparemment incapable d'agir avec efficacité. La date à retenir est le 13 septembre. Je sais que bien des Canadiens de partout au pays nous écoutent ce soir, et il donc important d'expliquer ce qui s'est passé le 13 septembre, et les conséquences que cela a eu sur l'ensemble de nos systèmes alimentaires.
Le 13 septembre, donc, comme le député de l'a indiqué il y a quelques minutes, l'ACIA a retiré XL Foods de la liste des établissements admissibles. J'ai visité cette usine il y a quelques années. Je me suis tenu devant cette usine avec des travailleurs et le député d'. Je connais bien cette usine et ses travailleurs. Ce jour-là, on a retiré à l'usine son permis d'exportation de viande vers les États-Unis à cause de la contamination. On craignait manifestement que la viande exportée ne rende des Américains malades.
Il n'y a pas eu de rappel au Canada. Rien n'a été fait pour protéger les familles canadiennes. D'autres familles canadiennes sont tombées malades depuis cette date. Toutefois, ce même jour, le 13 septembre 2012, alors qu'on retirait à l'usine son permis d'exportation de crainte que des familles américaines ne tombent malades, on continuait d'expédier de la viande au Canada.
Le 13 septembre toujours, 481 employés de l'ACIA ont reçu un avis de déclaration d'excédentaire, ce qui signifie une possibilité de mise à pied ou de transfert. Le jour même où une crise majeure se déclare, une crise sur l'approvisionnement en viande comme on n'en avait encore jamais vu au Canada, le gouvernement décide d'annoncer à près de 500 employés de l'ACIA qu'ils risquent de perdre leur emploi ou d'être mutés hors de l'agence.
C'est incroyable. C'est vraiment incroyable que le jour même où cette tragédie se produit, le gouvernement annonce une réduction supplémentaire de personnel. Nous avons entendu bien des choses ce soir au sujet des compressions du gouvernement et comment cela a pu contribuer à cette tragédie.
Examinons ce qui s'est vraiment passé ces dernières années depuis la crise de la listériose. Le nombre d'inspecteurs affectés à l'hygiène des viandes et à l'abattage dans cette usine n'a pas été augmenté.
Il y en a eu six de plus.
Le nombre de postes n'a pas augmenté. Je crois qu'il y a eu beaucoup de désinformation de la part du gouvernement. Il y avait 46 postes avant, et il y en a 46 maintenant. Rien n'a changé.
Le public canadien est intelligent et, lorsque le gouvernement fait des affirmations inexactes, les gens sont capables de s'en rendre compte. Il y avait 46 postes auparavant, et il y en a 46 actuellement.
Il est important de se rappeler que, pendant la période où le nombre d'inspecteurs est demeuré le même, la quantité de viande transformée à cette usine a augmenté de 20 %. Quoi qu'en dise le gouvernement, le nombre d'inspecteurs n'a jamais été augmenté malgré cette hausse de 20 %.
Voilà la vraie tragédie. Le 13 septembre, le gouvernement a éliminé 500 postes à l'Agence canadienne d'inspection des aliments et a envoyé des avis aux employés touchés. De surcroît, au cours des dernières années, même si le gouvernement prétendait s'occuper de la question très sérieuse de la salubrité des aliments, il n'a pas accru le nombre d'inspecteurs affectés à cette usine tandis que la quantité de viande transformée augmentait de 20 %, ce qui implique pourtant une augmentation de 20 % de la charge de travail.
À preuve, la responsabilité de garantir le respect des normes a été confiée à l'entreprise elle-même. C'est devenu un régime d'inspection libre-service. Le gouvernement comptait laisser l'entreprise s'inspecter elle-même. Il ne comptait pas augmenter le nombre d'inspecteurs malgré la hausse de la production. Il voulait faire semblant qu'il avait fait son devoir relativement au système très important d'inspection des aliments en laissant l'entreprise s'occuper elle-même des inspections.
Mais l'entreprise ne s'en est pas occupée. Les faits présentés par le député de nous montrent qu'au fil des semaines, la tragédie a pris de l'ampleur. Nous ne savons toujours pas combien de familles canadiennes de plus seront gravement malades. Nous ne savons toujours pas si d'autres familles seront malades ce soir, compte tenu de taille et de la portée du rappel, qui doit être effectué dans tout le pays.
Pendant tout ce temps, nous n'avons pas entendu un seul porte-parole du gouvernement admettre que celui-ci s'est trompé dans ce dossier, et je trouve cela déconcertant, étant donné que nous sommes à la Chambre des communes. Pas un seul porte-parole n'a présenté ses excuses au public canadien. Pas un seul n'a dit: « Nous n'aurions pas dû faire des réductions. Nous aurions dû augmenter le nombre d'inspecteurs. Nous vous demandons pardon de ne pas nous être occupés de vous. »
Voilà ce que le gouvernement devrait faire. Il devrait être responsable. Tout au long de la semaine, le député de , le député de et d'autres députés ont posé plusieurs questions à la Chambre, et malgré cela, le ministre qui est censé être responsable n'a pas répondu une seule fois à des questions qui nous auraient aidé à découvrir ce qu'il savait, quand il avait été mis au courant, s'il comprenait les conséquences des compressions, s'il comprenait les conséquences de la décision de ne pas augmenter le nombre d'inspecteurs lorsque la charge de travail, déjà énorme, a augmenté de plus de 20 %, et pourquoi il n'a pris aucune des décisions cruciales qui auraient peut-être permis d'éviter ce qui est maintenant une deuxième tragédie causée par le gouvernement.
C'est en fait sur cela que porte ce débat d'urgence. C'est pour cela que l'opposition a demandé la tenue de ce débat d'urgence. Nous demandons des réponses. Nous avons tenté de poser des questions à la Chambre. Le n'a pas répondu une seule fois et a toujours refusé d'expliquer aux Canadiens ce qui est arrivé.
Lors d'une conférence de presse, le président de l'ACIA a tenté d'expliquer la situation aux Canadiens, et un attaché politique l'a interrompu pendant qu'il s'adressait aux médias. Il a été éloigné des journalistes qui lui posaient des questions au nom des Canadiens, et il n'a pu leur répondre.
Ce soir, aucun représentant du gouvernement ne s'est adressé directement aux Canadiens pour leur dire : « Nous nous excusons de ne pas avoir augmenté le nombre d'inspecteurs, et d'avoir supprimé 500 postes le jour même où on a interdit à XL d'exporter de la viande aux États-Unis parce qu'on craignait que des consommateurs américains soient malades. »
Les familles canadiennes méritent d'avoir un système de salubrité des aliments digne de confiance qui donne aux gens la certitude que les aliments qu'ils achètent ne présentent pas de risques pour leur santé et pour celle de leur famille. Les familles canadiennes méritent bien mieux que ce qu'elles ont obtenu du gouvernement. Nous aimerions que le gouvernement nous donne des réponses ce soir. Nous aimerions qu'il nous explique le problème et comment il compte le résoudre.
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Monsieur le Président, je tiens à transmettre mes voeux les plus sincères aux patients et aux familles touchés. Je sais que tous les députés souhaitent qu'ils se rétablissent le plus rapidement possible.
Ayant passé ma vie professionnelle dans le secteur de la santé, j'ai l'honneur d'intervenir aujourd'hui au sujet de cette question cruciale.
Comme le et le président de l'Agence canadienne d'inspection des aliments l'ont déclaré plus tôt aujourd'hui à Calgary, la salubrité des aliments destinés aux consommateurs canadiens et à leurs familles a toujours été et continuera d'être la priorité absolue du gouvernement. Le gouvernement et tous les Canadiens s'attendent à ce que le système de salubrité des aliments soit solide, et c'est ce que le gouvernement s'emploie à faire.
Il est important d'éviter de tenir des propos exagérés et de sombrer dans la démagogie. Nous devons éviter les digressions et faire en sorte que nos discussions reposent sur des données scientifiques solides et soient axées sur des mesures qui favorisent le bien-être des familles canadiennes. C'est pourquoi j'aimerais présenter ici quelques faits.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments a réagi de façon à circonscrire la distribution des produits contaminés dès le 4 septembre et elle ne ménage aucun effort depuis. L'usine de XL Foods ne pourra pas rouvrir ses portes tant et aussi longtemps que l'Agence canadienne d'inspection des aliments n'aura pas confirmé que ses pratiques sont sûres. Le gouvernement a embauché plus de 700 inspecteurs des aliments depuis 2006, dont 170 inspecteurs de viandes. Le gouvernement a mis en oeuvre les 57 recommandations contenues dans le rapport Weatherill.
Si l'opposition croit que les pouvoirs de l'agence ne sont pas suffisants, elle devrait appuyer le projet de loi d'initiative ministérielle , Loi sur la salubrité des aliments au Canada, qui vise à faire en sorte que l'ACIA dispose de pouvoirs accrus.
Nous avons augmenté le budget de l'ACIA de 156 millions de dollars, le faisant passer à 744 millions de dollars au total, soit une hausse de 20 %.
J'aimerais ajouter qu'en tant que professionnelle de la santé, je suis heureuse de constater que notre Plan d'action économique de 2012 aide Santé Canada à s'adapter plus rapidement aux nouvelles données scientifiques et aux nouveaux renseignements en matière de sécurité. Auparavant, il fallait attendre 36 mois avant que les additifs alimentaires approuvés puissent être utilisés pour freiner la croissance de bactéries nuisibles pour la santé. Ce délai est maintenant de six mois, ce qui constitue une amélioration énorme, qui profitera aux patients et aux consommateurs canadiens.
Voilà les faits. L'opposition, quant à elle, s'en tient aux ouï-dire et multiplie les propos alarmistes, ce qui fait beaucoup de tort aux Canadiens qui se fient à nous pour obtenir les renseignements solides et factuels dont ils besoin pour se protéger, eux et leurs familles.
E. coli désigne un grand groupe de bactéries qui se trouvent habituellement dans les intestins des humains et des animaux. La plupart des souche d'E. coli ne causent pas de maladie grave chez les humains. Cependant, certaines souches comme E. coli O157:H7 peuvent rendre les gens malades. Les complications graves d'une infection à E. coli O157:H7 peuvent entraîner une insuffisance rénale ainsi que d'autres problèmes pour les personnes atteintes. Les infections à E. coli sont généralement causées par la consommation d'eau ou d'aliments contaminés ou le contact direct avec une personne malade ou des animaux qui sont porteurs de la bactérie.
L'Agence de la santé publique du Canada suit de près les cas d'infection à E. coli dans l'ensemble du pays. Au cours de la dernière décennie, nous avons observé une diminution considérable du nombre de cas de contamination à la bactérie E. coli O157:H7 signalés par le Programme national de surveillance des maladies entériques de l'Agence de la santé publique du Canada En effet, en 2001, on a signalé deux fois moins de cas de contamination à la bactérie E. coli O157:H7 qu'en 2006. Les données de 2012 font actuellement l'objet d'une validation. Elles continuent de montrer une tendance à la baisse. C'est une tendance positive ancrée dans les faits, et non dans la fiction. Toutefois, nous devons demeurer vigilants.
L'Agence de la santé publique du Canada travaille en étroite collaboration avec les autorités provinciales et territoriales pour surveiller le nombre de cas d’infection à E. coli à l’échelle du pays. Quand les personnes sont malades, elles vont chez le médecin. Dans bien des cas, les médecins prélèvent des échantillons chez les malades pour les faire analyser par un laboratoire provincial, territorial ou fédéral. C'est la pratique courante. Ces laboratoires analysent les échantillons prélevés pour déterminer l'organisme qui cause la maladie, et ils peuvent procéder à d'autres analyses pour déterminer l’empreinte génétique de la bactérie.
Il est important de préciser que les provinces sont les principales responsables des questions relatives à la santé. Les laboratoires provinciaux et territoriaux communiquent chaque semaine le nombre de cas d'E. coli décelés dans leur province ou leur territoire aux responsables du Programme national de surveillance des maladies entériques. Les laboratoires peuvent ensuite afficher les résultats des analyses de l’empreinte génétique sur PulseNet Canada, un réseau national qui permet aux microbiologistes de suivre et de mettre en commun des empreintes génétiques dans l’ensemble du pays à des fins de comparaison.
Tous les laboratoires comparent alors leurs résultats à ceux affichés sur PulseNet pour voir s'il existe des correspondances et détecter les éclosions en cours. Le réseau PulseNet Canada est coordonné par le Laboratoire national de microbiologie de l'Agence de la santé publique du Canada, qui est situé à Winnipeg.
Le Système canadien de surveillance des maladies à déclaration obligatoire recense lui aussi le nombre total d'infections à E. coli déclarées chaque année, en plus de consigner les données relatives à l'âge et au sexe des personnes infectées. Ce système est particulièrement efficace pour déterminer si le nombre de cas augmente ou diminue au fil du temps.
Les éclosions peuvent survenir dans une municipalité ou encore une seule ou plusieurs provinces, et ce ne sont pas toutes les éclosions qui sont déclarées à l'échelle nationale.
Nous prenons toutes les mesures possibles pour que les consommateurs aient l'information dont ils ont besoin pour se protéger et protéger leur famille. Nous savons que les infections à E. coli peuvent être causées par de nombreuses choses: du boeuf insuffisamment cuit; des fruits ou des légumes crus; de l'eau potable non traitée; des produits à base de lait cru ou non pasteurisé, y compris le fromage au lait cru; du jus ou du cidre de pomme non pasteurisé; ou encore le contact direct avec des animaux dans une ferme ou un zoo pour enfants. Nous travaillons à faire en sorte que les Canadiens soient au courant de ces causes possibles d'infection à E. coli.
Les aliments peuvent aussi être contaminés lorsqu'ils sont manipulés par une personne infectée ou par la contamination croisée causée par une manipulation insalubre des aliments. Les fruits et les légumes crus peuvent être contaminés dans les champs par du fumier mal composté, de l'eau contaminée, des animaux sauvages ou des employés agricoles ayant une mauvaise hygiène. Enfin, comme on peut régulièrement le constater dans les milieux hospitaliers, la bactérie E. coli se transmet facilement d'une personne à l'autre.
Une bonne hygiène et une manipulation sécuritaire des aliments sont essentielles pour prévenir les infections. Se laver les mains demeure l'une des meilleures façons de prévenir la propagation des maladies d'origine alimentaire.
J'entends les députés du Parti libéral qui s'agitent. Je crois qu'il est extrêmement important que tous les Canadiens sachent que le lavage des mains est la meilleure façon de prévenir la propagation des maladies d'origine alimentaire.
Comme un aliment contaminé peut avoir une odeur et un aspect normaux, il est important que les consommateurs fassent bien cuire les aliments pour détruire les bactéries.
Comme l'a dit à la Chambre le très honorable premier ministre un peu plus tôt aujourd'hui, le Canada affiche l'un des meilleurs bilans dans le monde en matière de salubrité des aliments. De fait, l'Organisation de coopération et de développement économiques a décrété ce qui suit:
Le Canada compte parmi les pays dont le bilan est le meilleur, selon l'étude visant à déterminer le classement mondial des pays en matière de salubrité des aliments qui a été menée en 2010.
Toutefois, nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Le gouvernement continuera d'améliorer le système d'inspection des aliments grâce à la Loi sur la salubrité des aliments au Canada, que nous avons présentée le printemps dernier.
Le projet de loi permettrait de regrouper les pouvoirs concernant la salubrité des aliments qui se trouvent dans plusieurs lois existantes, ce qui permettrait d'inspecter tous les aliments de façon uniforme. Une inspection plus cohérente permettra aux consommateurs canadiens d'obtenir des résultats encore meilleurs en matière de salubrité des aliments.
En outre, la Loi sur la salubrité des aliments au Canada donnerait à l'ACIA la capacité de mieux résoudre certains problèmes de salubrité des aliments, comme l'altération des produits. Elle améliorerait notre capacité de retrouver les aliments, de la ferme à la table, et mettrait en place de meilleures mesures de contrôle pour les aliments importés. Les Canadiens peuvent avoir l'assurance que nous pourrons mettre ces améliorations en oeuvre une fois que la loi sera adoptée.
Je dois dire que le député de , de son côté, aime bien parler de l'amélioration de la salubrité des aliments, mais il poursuit en disant qu'il s'oppose à cette importante mesure législative. C'est ce même député qui a dit que l'ACIA permettrait que des animaux écrasés se retrouvent dans la chaîne alimentaire du Canada. C'est tout à fait scandaleux. Ce député n'a aucune crédibilité en ce qui concerne la salubrité des aliments.
La mesure législative proposée n'est qu'un aspect de nos efforts constants pour améliorer le système de salubrité des aliments. Grâce à une mise à jour de la réglementation, nous bâtissons une base plus solide pour l'application des programmes de l'ACIA.
La réglementation existante continue de bien servir les Canadiens, mais nous tenons à saisir les occasions de réduire les chevauchements, de combler les lacunes et d'offrir des mesures claires et souples aux parties réglementées.
Bien qu'il soit important de renouveler notre base législative et réglementaire, c'est le travail des inspecteurs qui est au coeur d'un système de salubrité des aliments moderne et efficace. C'est pour cette raison que l'ACIA a engagé plus de 700 nouveaux inspecteurs depuis 2006, y compris 170 inspecteurs des viandes. C'est également pour cela que le budget de 2011 prévoyait la somme de 100 millions de dollars sur cinq ans pour permettre à l'ACIA de moderniser l'inspection des aliments au Canada.
Nous améliorons la façon de mener les inspections, la formation et les outils offerts aux inspecteurs, les compétences scientifiques dans les laboratoires des aliments ainsi que la technologie et la gestion de l'information.
Ces investissements additionnels dans la salubrité des aliments témoignent clairement de l'engagement de l'ACIA envers le niveau de protection que les Canadiens méritent et auquel ils s'attendent.
Le budget de 2012 a réaffirmé l'engagement ferme du gouvernement envers la salubrité alimentaire, en accordant plus de 51 millions de dollars sur deux ans pour consolider le système de salubrité des aliments.
Le gouvernement a immédiatement accepté les 57 recommandations formulées dans le rapport Weatherill. Nous avons investi de façon importante pour donner suite à chacune d'entre elles. Nous avons amélioré notre capacité à prévenir, à détecter et à intervenir en cas d'éclosion d'une maladie d'origine alimentaire. Nous avons intensifié nos efforts pour informer les Canadiens sur les mesures de protection qu'ils peuvent prendre. Nous avons présenté un projet de loi sur la salubrité des aliments afin de simplifier et mettre à jour la loi existante. Tout ce travail témoigne de nos efforts pour protéger les Canadiens contre les aliments insalubres.
Lorsque des rappels d'aliments ont lieu, tous les ordres de gouvernement et toute l'industrie doivent être en mesure de réagir rapidement et efficacement. Le gouvernement a entamé des discussions franches et ouvertes avec les dirigeants de l'industrie au sujet des politiques, des normes et des pratiques exemplaires en matière de salubrité des aliments. Nous collaborons avec des experts de partout au pays afin de consolider notre système de salubrité des aliments. Nous améliorons continuellement celui-ci, en veillant à ce que les gouvernements provinciaux et territoriaux, l'industrie, les groupes de consommateurs et de défense de la santé, ainsi que des experts étrangers du domaine de l'alimentation collaborent tous ensemble pour le bien des Canadiens.
Au cours des deux dernières années, les organismes ont amélioré leur capacité à échanger des renseignements rapidement, de façon à ce que tous les Canadiens puissent réagir plus vite et plus efficacement aux problèmes liés à la salubrité des aliments.
Nos efforts ne s'arrêteront pas là. Le gouvernement demeure résolu à prendre les mesures nécessaires pour que le système de salubrité alimentaire demeure l'un des meilleurs au monde. Les Canadiens comptent sur nous pour protéger la salubrité de l'approvisionnement alimentaire au Canada, et prenons cette mission très au sérieux.
Les consommateurs canadiens demeurent la priorité du gouvernement quand il est question de salubrité alimentaire. Nous veillerons à ce que l'Agence canadienne d'inspection des aliments dispose des ressources nécessaires pour accomplir son important travail, qui consiste à protéger les Canadiens et leur famille. Les consommateurs canadiens sont, et demeureront, notre priorité.
Je suis très reconnaissante d'avoir eu l'occasion de participer au débat sur cette question, qui est très importante pour les députés et mes électeurs de .
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord signaler que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de
Il est évident que la crise que nous vivons en ce moment est très importante. Les faits sont clairs. Il s'agit du rappel de viande le plus important de l'histoire canadienne, touchant plus de 1 500 produits à la grandeur du pays, et ce n'est pas rien.
Plusieurs choses m'inquiètent en ce qui concerne la sécurité de nos aliments, particulièrement dans ce cas-ci. D'abord, ce sont les Américains qui ont découvert les premiers la bactérie E. coli dans la viande, avant nos inspecteurs canadiens.
Je sais que les conservateurs, dont le , ont affirmé aujourd'hui, à Calgary, qu'il n'y avait que quelques heures entre le moment où les inspecteurs américains ont sonné l'alarme et le moment où les inspecteurs de l'Agence canadienne de l'inspection des aliments l'ont fait, mais il reste que ce fut avant.
Si je ne m'abuse, il s'agit de la deuxième crise majeure découverte par les représentants américains. Je rappelle que ce fut également le cas pour la fermeture de l'usine de médicaments Sandoz en janvier dernier. Je ne remets pas en doute la compétence des fonctionnaires ni leur dévouement, mais plutôt la fiabilité du système dans lequel ils travaillent.
Les Canadiens doivent avoir confiance en leurs systèmes d'inspection gouvernementaux et, en ce moment, ils ont raison de douter. Nous devons leur redonner confiance. Malheureusement, la gestion actuelle de la crise par les conservateurs n'a rien pour les rassurer. La période qui s'est écoulée entre le moment où la bactérie E. coli a été découverte et le moment où les produits ont été rappelés et l'abattoir fermé a été trop longue.
Les déclarations du , qui a d'abord affirmé qu'aucun produit contaminé ne s'était retrouvé sur les tablettes de nos épiceries avant de devoir lancer un rappel, n'ont rien pour inspirer confiance, surtout lorsqu'on voit la liste de produits rappelés qui s'allonge quotidiennement.
Pendant cette période, ce qui est grave est que la santé des Canadiens a été mise en danger par l'inaction du gouvernement. La bactérie E. coli n'est pas anodine. La majorité des gens infectés n'auront aucun symptôme; d'autres souffriront de maux d'estomac relativement mineurs mais très désagréables, comme des crampes, de la diarrhée, des vomissements, des nausées, des maux de tête et de la fièvre.
Les symptômes peuvent se faire ressentir dans les 5 à 10 jours suivant la contamination, et ces personnes peuvent également transmettre la bactérie à leurs proches. Il est donc très probable que le nombre de personnes incommodées soit plus élevé que les chiffres que nous avons de 5 cas confirmés et de 23 cas sous enquête. Dans les cas les plus graves, la bactérie E. coli peut avoir des symptômes pouvant être mortels, comme une insuffisance rénale, une crise d'épilepsie ou un accident vasculaire cérébral.
Dans un nombre de cas, heureusement peu élevé, la bactérie peut causer des lésions permanentes comme des lésions rénales, plus particulièrement dans la population à risque que constituent les femmes enceintes, les personnes dont le système immunitaire est affaibli, les jeunes enfants et les personnes âgées. Je suis d'ailleurs extrêmement bouleversée d'apprendre qu'un petit garçon souffre d'une défaillance rénale.
La deuxième chose qui m'inquiète, c'est la rhétorique du parti d'en face par rapport à l'inspection même des aliments. Je sais que mes collègues d'en face ont reçu les mêmes courriels que moi. Or j'ai reçu des centaines de courriels de gens de ma circonscription exprimant leurs inquiétudes face aux compressions dans l'inspection des aliments et aux changements dans l'étiquetage. La crise que nous vivons aujourd'hui leur donne raison.
Et pourtant, combien de fois avons-nous entendu de la part des conservateurs, aujourd'hui seulement, que la salubrité des aliments est importante pour ce gouvernement et pour les Canadiens, ou encore que le système d'inspection des aliments est l'un des mieux cotés au monde?
Si notre système est si bon et s'il s'agit d'une priorité, pourquoi ne pas avoir épargné l'Agence canadienne d'inspection des aliments des coupes budgétaires? Pourquoi a-t-on pratiqué des coupes de plus de 46 millions de dollars et pourquoi a-t-on aboli plus de 300 postes? Pourquoi le financement du Programme de salubrité des aliments passera-t-il de 355 millions de dollars en 2011-2012 à 337 millions de dollars en 2014-2015? Visons-nous un système de salubrité des aliments dans la moyenne? Nos citoyens méritent mieux. Ils méritent le meilleur système qui soit.
Ces coupes sont d'autant plus étonnantes que selon l'Alliance de la fonction publique, le ministre aurait déjà été averti en janvier 2009 par une note de breffage de l'Agence canadienne d'inspection des aliments que le programme d'inspection faisait face à des difficultés de charge de travail pour répondre aux exigences de livraison. Alors, je comprends mal les motivations du ministre de réduire son nombre d'inspecteurs maintenant.
En matière de salubrité des aliments, aucun compromis ne devrait être fait puisqu'il s'agit de la santé des Canadiens. Les conservateurs nous disent depuis des mois que les compressions dans la fonction publique seront sans conséquence pour les citoyens. Pourtant, nous savons que ce n'est pas le cas. Les coupes de plus de 46 millions de dollars et l'abolition de plus de 300 postes, dont 100 inspecteurs à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ne peuvent se faire sans conséquence. Je pourrais dire la même chose des cinq milliards de dollars et des 19 000 postes dans l'ensemble de la fonction publique.
Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le système, et nous avons droit à des réponses de la part du . Le fait que les autorités américaines aient découvert en premier la contamination est troublant. Cependant, rien n'est aussi dérangeant que de savoir que malgré des tests positifs les 4 et 5 septembre dernier, le public n'en a été averti que le 16 septembre. C'est tout simplement inacceptable puisque la santé des Canadiens a été mise en danger. Il faut savoir ce qui n'a pas fonctionné et s'assurer que cela ne se reproduira plus.
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Monsieur le Président, en tant que mère et grand-mère, je suis de tout coeur avec les familles qui ont été touchées par la contamination de la viande par la bactérie
E. coli. Je ne peux pas m'imaginer comment elles se sentent en ce moment. Je sais que l'angoisse, la douleur et la peur qu'elles ressentent parce que des membres de leur famille sont malades sont éprouvées par d'autres Canadiens, qui se demandent s'ils ont mangé de la viande provenant de l'usine en question et s'ils devraient se risquer à acheter du boeuf aujourd'hui.
Interviewée par CBC/Radio-Canada, Christine Lee a déclaré qu'elle s'était beaucoup inquiétée, parce que l'hôpital a confirmé le 16 septembre que son fils Elijah avait une infection à E. coli, mais que ce n'est pas avant le 26 septembre qu'une mise en garde a été publiée au sujet des biftecks achetés à un magasin Costco du nord-est d'Edmonton approvisionné par l'usine XL Foods de Brooks, en Alberta. Ce renseignement est tiré de l'article de CBC/Radio-Canada.
Je trouve inconcevable qu'un député qui siège à la Chambre aujourd'hui ou n'importe quel autre jour puisse parler de fausses peurs quand il est question du plus important rappel de viande de notre histoire. Nous parlons de familles canadiennes qui ont des êtres chers malades. Nous tâchons ce soir de faire comprendre que nous sommes très préoccupés et que nous voulons des mesures immédiates. Nous ne réclamons pas des projets de loi à long terme qui porteront sur ce que nous allons faire dans trois à cinq ans, mais nous cherchons à savoir ce qui est arrivé, pourquoi c'est arrivé et ce qui sera fait encore pour régler le problème.
En tant qu'enseignante, j'ai parlé pendant des années de l'importance de se laver les mains pour éviter aux enfants d'attraper un rhume ou une grippe. Chaque fois que je prends l'avion, si je tousse ou si j'éternue, j'emploie la nouvelle technique, en le faisant dans le creux de mon bras. Soyons francs, dans le contexte actuel, quand on entend une députée parler de la nécessité de se laver les mains, il convient de se demander si c'est parce qu'elle pense que les travailleurs de l'usine ne se sont pas lavé les mains que nous sommes aux prises avec une éclosion d'E. coli ou si elle veut dire qu'en se lavant les mains, nous ne serons pas infectés par la bactérie E. coli. Je suis restée pantoise d'entendre ce genre de déclaration à la Chambre, d'autant plus que la même députée parle de propos alarmistes. Le Canada procède au plus grand rappel de boeuf de son histoire, c'est suffisamment alarmant.
Nous espérons qu'après le débat de ce soir, le gouvernement prendra des mesures immédiates pour assurer à la population qu'il contrôle la situation. Le ministre de l'Agriculture manque à l'appel. J'aimerais lui poser quelques questions très précises; je suis convaincue que j'aurai l'occasion de le faire.
Les commentaires de la députée sur le lavage des mains me rappellent que le ministre de l'Agriculture a lancé une plaisanterie pendant un discours qu'il prononçait à l'occasion d'un dîner. D'aucuns pourraient dire qu'il tentait simplement d'alléger l'atmosphère qui devait être plutôt tendue pendant ce dîner où l'on servait du boeuf. Quoi qu'il en soit, il était fort inapproprié de la part d'un ministre de dire qu'il avait mangé du boeuf et que comme il se portait fort bien, il devait en être de même des autres convives. De tels propos sont inacceptables.
Une chose est sûre: Nous, Canadiens, nous ne pouvons tolérer la présence d'E. coli dans notre système alimentaire et permettre à ne serait-ce qu'une seule personne de plus de tomber malade. Peut-être étais-je naïve, mais j'ai toujours cru que notre système d'inspection des aliments était supérieur à celui des Américains. J'en étais convaincue. Cependant, en l'occurrence, les Américains ont détecté cette poussée d'E. coli bien avant nous. Maintenant je m'inquiète de la salubrité des autres aliments et de la qualité de nos inspections.
Le gouvernement actuel se plaît beaucoup à parler de la réduction des formalités administratives. Si la réduction des formalités administratives se traduit par une diminution du nombre d'inspecteurs responsables des aliments, de l'hygiène et de la salubrité, je peux assurer aux députés que les Canadiens ne veulent pas d'une telle réduction. Les inspections ne sont pas une formalité. C'est une question de vie ou de mort.
Nous prenons cela très au sérieux de ce côté-ci de la Chambre. Nous ne prenons pas cela à la légère. Ce n'est pas de l'alarmisme. L'heure est grave; tous les parlementaires devraient le reconnaître et oeuvrer à trouver une solution au lieu de rejeter la faute sur l'opposition.
J'entends dire sans arrêt que le NPD n'appuiera pas le projet de loi, et pourtant, notre porte-parole a dit à maintes reprises que le projet de loi comprend des lacunes, mais que notre parti aidera le gouvernement à l'améliorer et que nous voterons en faveur de son renvoi au comité.
Voyons voir certaines des politiques du gouvernement qui auraient pu contribuer au bien triste désastre avec lequel nous devons maintenant composer.
Entre autres, il y a une très grande rotation de personnel à l'usine de Brooks, en Alberta. Quand il y a une forte rotation du personnel, des choses passent inévitablement entre les mailles du filet.
J'ai aussi entendu dire qu'un grand nombre de travailleurs dans cette usine sont des travailleurs étrangers temporaires, et qu'ils ne peuvent pas obtenir la nationalité canadienne. Nous avons vraiment besoin de ces travailleurs en Alberta. Ce n'est pas comme si on ne mangeait pas de viande et que l'industrie bovine était saisonnière. Pourtant, à cause des politiques du gouvernement, on continue d'embaucher des travailleurs étrangers temporaires. Ils travaillent fort pendant une brève période et touchent fort probablement un salaire que d'autres travailleurs auraient refusé. Il n'est pas certain qu'ils reçoivent la formation nécessaire.
Dans ce cas-ci, j'ai des questions très sérieuses à poser. J'aurais aimé que le ministre soit ici pour y répondre. Je veux savoir quelle formation ces travailleurs étrangers temporaires reçoivent avant de commencer à travailler dans ces usines. Je le demande parce qu'il y va de la vie et de la sécurité des Canadiens. Le gouvernement répète sans cesse que la sécurité des Canadiens, la sécurité du Canada, est sa plus grande priorité. Si c'est notre plus grande priorité, alors, je veux savoir quelles mesures sont prises pour former les nouveaux travailleurs à leur arrivée. N'oubliez pas que ces travailleurs viennent ici, puis repartent. Autrement dit, nous les renvoyons chez eux. Je veux savoir quelle formation ils reçoivent et quel type d'inspections en santé et sécurité sont faites.
Je tiens également à souligner que les travailleurs temporaires doivent craindre, jusqu'à un certain point, de signaler certaines choses, par peur des conséquences, d'autant plus qu'ils viennent ici pour travailler très peu de temps et sont considérés comme n'étant pas assez biens pour vivre ici. Ils savent qu'ils seront renvoyés et remplacés par quelques centaines d'autres travailleurs, qui prendront leur place.
Je répète qu'il est nécessaire que tous arrêtent de tergiverser, qu'ils se penchent sur ce qui a mal fonctionné et appliquent immédiatement des solutions, de sorte que les Canadiens se sentent protégés.
La solution ne consistera pas à réduire la bureaucratie, mais à veiller à ce qu'il y ait suffisamment de ressources pour bien mener les inspections. Je n'accepterai pas que nos inspections soient de qualité moindre que celles de nos voisins, les États-Unis.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre part à ce débat.
Permettez-moi de rappeler à mes collègues de l'opposition certains faits qu'ils ont choisi d'ignorer.
Le gouvernement a embauché plus de 700 inspecteurs des aliments depuis 2006, y compris 170 inspecteurs des viandes. Le gouvernement a appliqué les 57 recommandations du rapport Weatherill. Si l'opposition pense que les pouvoirs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments ne sont pas suffisants, elle devrait appuyer le projet de loi de notre gouvernement pour que ces pouvoirs soient accrus. Elle doit appuyer notre projet de Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Nous avons haussé de 156 millions de dollars le budget de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, soit 20 % du budget total de 744 millions de dollars. L'usine de XL ne pourra pas reprendre sa production tant que l'Agence canadienne d'inspection des aliments n'aura pas attesté que cette usine ne présente aucun danger.
Il est dommage que l'opposition refuse de prendre acte de ces faits.
Tout système de protection de la salubrité finit par se heurter à des problèmes. C'est pourquoi un tel système existe. C'est ainsi qu'il peut démontrer son efficacité. Nous pouvons nous en convaincre en jetant un coup d'oeil à la chaîne d'événements ayant commencé le 4 septembre. Voyons la chronologie de ces événements.
Le 4 septembre, au cours des analyses habituelles, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a détecté la bactérie E. coli 0157:H7 dans un échantillon de parures de boeuf produites dans des installations en Alberta approvisionnées par XL Foods Inc. La direction de l'usine et le vétérinaire de l'Agence canadienne d'inspection des aliments ont été informés de ce résultat. Le problème a été détecté par les autorités compétentes aux États-Unis le même jour que l'Agence canadienne d'inspection des aliments était en train de s'en occuper.
La première étape, pour l'Agence canadienne d'inspection des aliments, consistait à faire en sorte que le produit contaminé n'atteigne pas les consommateurs canadiens. Elle a agi sans délai et elle a pu déterminer que le produit ne s'était pas rendu sur le marché canadien. C'est pourquoi aucun rappel n'a été effectué à ce moment-là.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments a immédiatement entrepris une enquête pour déterminer la source de la contamination. Elle a notamment accru les inspections sur place, y compris en surveillant de plus près les analyses quotidiennes, pour que la santé publique et la salubrité des aliments ne soient pas compromises. Dans son rapport initial, le personnel de l'Agence canadienne d'inspection des aliments n'a relevé aucun indice lui permettant de croire que d'autres produits de l'usine comportaient un risque. Mais il ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Il a poussé plus loin son investigation.
Le 6 septembre, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a demandé l'information nécessaire pour savoir exactement où avait été distribuée toute la viande produite à l'usine les 24 et 28 août, c'est-à-dire les jours où la viande contaminée avait été produite. L'agence a demandé aussi les résultats des analyses effectuées ces jours-là.
Le 7 septembre, l'Agence a présenté une demande de mesures correctives à XL Foods lui demandant de renforcer ses mesures de contrôle en ce qui a trait à l'échantillonnage et à l'analyse des produits de viande qu'elle fabrique à son usine de Brooks. De plus, l'Agence a demandé à l'entreprise XL Foods Inc. de produire, au plus tard le 10 septembre, des renseignements sur les détails du produit, sa distribution et les résultats d'analyse, ainsi que sur l'efficacité des mesures de contrôle préventif de l'établissement. Les analyses plus poussées et les renseignements supplémentaires fournis par l'entreprise ont révélé des lacunes dans les procédures de cette dernière, si bien que l'Agence a décidé d'approfondir son enquête.
Le 12 septembre, l'ACIA a envoyé une équipe d'examen technique à l'établissement pour aider le personnel sur place à effectuer un examen approfondi des activités en vue d'évaluer où et comment il y avait eu contamination.
Le 13 septembre, l'ACIA a retiré l'entreprise XL Foods Inc. de la liste des établissements admissibles à l'exportation vers les États-Unis, mais en l'absence de preuve que des produits contaminés découverts lors de l'analyse initiale étaient parvenus aux consommateurs canadiens, encore aucun produit n'a été rappelé.
L'équipe d'examen technique a déterminé qu'il n'y avait pas qu'un seul facteur qui aurait mené à la contamination par la bactérie E. coli des produits provenant de l'usine de XL Foods mais qu'une combinaison de lacunes pourraient en être à l'origine.
D'après les conclusions de cet examen, l'entreprise XL Foods a commencé à aviser les consommateurs qu'elle rappelait les parures de bœuf produites les 24 et 28 août ainsi que le 5 septembre.
Le 16 septembre, l'ACIA et XL Foods ont commencé à diffuser des alertes de danger pour la santé avisant la population, les distributeurs, les chaînes d'épicerie et les établissements de restauration de ne pas consommer, vendre ni servir les produits de bœuf haché fabriqués à partir de parures de bœuf provenant de l'entreprise XL Foods Inc., et qui sont datés du 24 août, du 28 août et du 5 septembre. La portée du rappel a depuis été élargie pour inclure une variété de produits de viande provenant de XL Foods.
À partir de l'examen continu des données, l'ACIA a déterminé qu'il y avait deux autres dates, soit les 27 et 29 août, où les risques de contamination par la bactérie E. coli étaient plus élevés. Par conséquent, l'entreprise XL Foods Inc. a commencé à aviser les consommateurs canadiens et américains qu'elle rappelait les parures de bœuf produites les 27 et 29 août.
Le 22 septembre, l'ACIA a diffusé une nouvelle alerte de danger pour la santé dans laquelle elle identifiait les produits liés à deux autres jours de production.
En date du 26 septembre, il était clair pour l'ACIA que l'usine de XL Foods à Brooks n'avait pas complètement remédié à la situation. Le permis de l'usine a été temporairement suspendu, et tous les produits ont été retenus aux fins d'analyse.
Je tiens à préciser très clairement que l'usine XL Foods ne rouvrira pas ses portes tant qu'elle n'aura pas démontré pleinement à l'ACIA qu'elle a mis en oeuvre les mesures correctives exigées. La reprise des activités exigera la conformité à des exigences supplémentaires en ce qui a trait aux procédures d'analyse et de retenue. L'ACIA veut s'assurer que, une fois qu'elle aura examiné et approuvé les plans de contrôle de l'usine, ces plans permettront d'offrir des produits sans danger aux Canadiens.
En examinant la chronologie des événements, nous observons une réponse rapide, méthodique et scientifique à un problème complexe. On a mis l'accent sur la période entre la détection initiale de la bactérie E. coli, les rappels et la fermeture de l'usine. En fait, l'agence était déterminée à enquêter sur les sources de contamination et à empêcher les produits contaminés d'atteindre les consommateurs.
Si nous remontons le fil des événements, nous constatons que le système de salubrité des aliments a répondu à ce grave problème de la manière requise, c'est-à-dire de façon responsable et efficace. Il n'y a absolument rien qui permet de confirmer qu'il n'y avait pas assez d'inspecteurs à l'usine en raison de compressions budgétaires. L'ACIA a confirmé que l'usine avait 46 employés à temps plein, y compris 40 inspecteurs et six vétérinaires, qui effectuent des inspections quotidiennes à l'usine pendant les deux quarts de travail. Je ne vois certainement pas de réduction du personnel. Au contraire, le nombre d'employés de l'ACIA à cette usine XL Foods a sextuplé au cours des dernières années.
Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de leçons à tirer de ce qui s'est produit, et je suis sûr que l'ACIA, l'industrie de l'emballage de la viande, les consommateurs et tous nos partenaires en matière de salubrité des aliments mettront en pratique les leçons qu'ils ont apprises.
Je rappelle à mes collègues que le gouvernement a présenté en juin dernier la Loi sur la salubrité des aliments au Canada pour protéger les Canadiens contre les aliments potentiellement insalubres. Ceux qui se préoccupent de la salubrité des aliments devraient appuyer ce projet de loi quand il fera l'objet d'un vote à la Chambre.
Par exemple, le projet de loi habiliterait l'ACIA à exiger que l'industrie de l'alimentation se dote de systèmes de traçabilité. Il n'est pas difficile de comprendre à quel point il est important de pouvoir retracer les produits, de la ferme à la fourchette, et, en cas d'incident comme celui-ci, de pouvoir le faire sans tarder. Ce pouvoir de réglementation qu'on propose d'accorder à l'agence l'aiderait à retirer rapidement du marché les produits rappelés. Le règlement pris en vertu de la loi exigerait des entreprises qu'elles produisent des documents faciles et rapides à vérifier, sans qu'on doive essayer d'interpréter l'information. La simplification des processus bureaucratiques n'est pas un exercice excitant, mais quand des vies sont en jeu, on en comprend l'utilité.
J'espère que le projet de loi sur la salubrité des aliments au Canada sera adopté rapidement à la Chambre et qu'il entrera en vigueur sans délai pour que nous puissions bénéficier d'un système encore plus efficace. J'appuie cette mesure législative, car il est temps que les Canadiens se sentent mieux protégés quand ils font le marché et qu’ils s’assoient à table pour manger. Il est temps de moderniser les lois et d’offrir aux Canadiens une protection complète contre les aliments insalubres sous le régime d’une loi unique. Notre système de salubrité alimentaire est l'un des plus rigoureux du monde. Le projet de loi viendrait l'améliorer.
Toutefois, les consommateurs s’attendent plus que jamais à ce que les systèmes assurant la salubrité soient renforcés. Ces attentes ont évolué à la suite d’incidents liés à la salubrité des aliments, comme la contamination à la mélamine de produits laitiers importés et les éclosions d’intoxications alimentaires par des aliments produits au pays. L'adoption de ce projet de loi sur la salubrité des aliments nous permettra de donner suite à une recommandation du rapport rédigé par Sheila Weatherill, le Rapport de l’enquêteure indépendante sur l’éclosion de listériose de 2008. Il s'agit de la recommandation de moderniser et de simplifier les dispositions législatives relatives à la salubrité des aliments. Le gouvernement s’est engagé à donner suite aux 57 recommandations de l’enquêteure indépendante.
Le sous-comité parlementaire sur la salubrité des aliments, composé de députés du parti ministériel et de l’opposition, a affirmé à l’unanimité qu’il appuyait la mise en œuvre de toutes les recommandations de ce rapport. Je demande instamment à la Chambre de concrétiser cet engagement en appuyant le projet de loi, quand nous en serons saisis.
Les rôles et responsabilités actuels du et du ne changeront pas à la suite de l’adoption du projet de loi. Santé Canada continuera d’établir les politiques et les normes relatives à la salubrité des aliments et à la qualité nutritionnelle et demeurera responsable des produits de santé naturels, lesquels ne sont pas visés par ce projet de loi. L’ACIA demeurera responsable de faire appliquer les normes en matière de salubrité des aliments.
Je vais vous dire pourquoi ce projet de loi est si important. Actuellement, les règlements appliqués par l’ACIA sont régis par 13 lois distinctes. Toutes ces lois ont été adoptées il y a 50 ans ou plus, et les lois qui s’appliquent aux aliments ne sont pas toujours cohérentes entre elles. Au cours des dernières décennies, de nouveaux risques liés à la salubrité sont apparus, en raison des progrès scientifiques et technologiques, de la mondialisation et de l’innovation. Le monde change, et le milieu de la salubrité des aliments gagne en complexité. Nous devons moderniser notre cadre législatif, afin qu'il reflète ces changements.
Les lois du Canada doivent également évoluer au même rythme que celles de ses partenaires commerciaux. Nous devons moderniser le cadre juridique qui régit la salubrité des aliments, afin de continuer à protéger les Canadiens contre les aliments insalubres et d’empêcher que les exportations d’aliments canadiens ne soient exclues des marchés étrangers.
Le commerce des aliments s’intensifie. La démographie change. Les demandes des consommateurs et leurs attentes à l'égard du gouvernement changent. La technologie évolue. Actuellement, le Canada possède cinq lois distinctes sur la salubrité des aliments, ce qui rend difficile l’application des règlements y afférents. Nous convenons tous que des changements s'imposent.
Il existe des règles pour la viande et d'autres pour le poisson. C'est insensé. Les principes qui régissent la production d'aliments salubres ne dépendent pas de l'aliment dont il est question. Les sociétés réglementées ne devraient pas avoir à suivre des règlements différents, ni les inspecteurs fédéraux d'ailleurs.
Si les députés de l'opposition estiment que les pouvoirs de l'agence sont insuffisants, ils devraient appuyer le projet de loi du gouvernement qui vise à accroître les pouvoirs de l'ACIA. Le système canadien est l'un des meilleurs au monde. Même si notre système de salubrité des aliments est solide, il est possible et souhaitable d'améliorer les pouvoirs existants du gouvernement. Une telle démarche nous mettrait en meilleure posture pour affronter les risques et les enjeux actuels et futurs.
Le projet de loi vise deux objectifs principaux: des aliments plus sûrs et une meilleure protection des Canadiens, ainsi qu'un environnement plus concurrentiel pour les entreprises canadiennes du secteur alimentaire.
Pour ce qui est des aliments plus sûrs, le projet de loi propose des mesures plus sévères aux frontières, une meilleure protection contre l'altération et les canulars, et des amendes plus lourdes pour les acteurs de l'industrie alimentaire qui contreviennent aux règles ou dont les pratiques sont dangereuses. La PDG de Produits alimentaires et de consommation du Canada, Nancy Croitoru, a déclaré ceci au sujet du projet de loi:
Nous accueillons favorablement et appuyons fermement les mesures énergiques prises par le gouvernement fédéral pour moderniser les lois canadiennes en matière de salubrité des aliments.
Voilà qui dit tout. Je veux que les députés de l'opposition prennent ces paroles au sérieux et qu'ils déclarent enfin qu'ils sont en faveur de la salubrité alimentaire pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, j'aimerais en premier lieu annoncer que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue le député de .
On est ici pour une grande question. Mes pensées vont aux familles éprouvées en raison de la viande contaminée. C'est la raison pour laquelle nous sommes ici ce soir. On a entendu beaucoup d’historiques, beaucoup de faits. Ce que j’aimerais pouvoir amener ce soir, c’est vraiment le fond de l’histoire, le cœur du problème. Le cœur du problème peut se résumer à deux choses: le manque d’imputabilité et de transparence du gouvernement conservateur, qui s’est traduit, entre autres, par le refus du de prendre sa responsabilité ministérielle, et également la question des compressions et de l’incidence qu’ont eue les décisions du gouvernement conservateur sur l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Revenons en arrière, en avril 2012. On se souvient sans doute du budget — le projet de loi , à l’époque. Le budget conservateur a eu plusieurs incidences. En premier lieu, on a parlé de l'élimination de plusieurs postes dans la fonction publique. Cela touchait notamment — et ça a été annoncé dans les médias — 825 employés qui, dès avril 2012, ont reçu une lettre leur indiquant que leur poste était en danger. De ces 825 personnes, 59 inspecteurs — des gens sur le terrain pour enquêter et pour vérifier la viande, entre autres — ont reçu une lettre confirmant que leur poste était éliminé. On s'attendait à ce qu'environ 40 autres inspecteurs reçoivent le même message par la suite en raison des compressions des conservateurs.
Une journaliste de Postmedia News, Sarah Schmidt, a demandé à plusieurs reprises, et au et au ministère, de détailler les postes visés par les compressions. Elle voulait savoir si c'étaient des postes de vétérinaires, de gens responsables de l'examen des semences et des postes d'inspecteurs. Elle a posé ces questions de façon continue au ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire et ministre de la Commission canadienne du blé et elle n'a jamais eu de réponse.
On peut probablement revenir aux demandes répétées du directeur parlementaire du budget pour avoir des détails sur les compressions annoncées par le gouvernement conservateur et au sujet desquelles les conservateurs refusent de lui donner des réponses, malgré la Loi sur la responsabilité qui devrait les forcer à le faire.
Pour un gouvernement qui a fait son pain et son beurre avec la question de l'imputabilité et de la transparence depuis 2006, c'est tout à fait inacceptable et irresponsable.
Que penser de ces 700 nouveaux inspecteurs — dont on a entendu parler encore et encore par chacun des députés conservateurs qui ont pris la parole ce soir en tenant à peu près le même discours, à quelques mots près, je le souligne? En ce qui concerne ces 700 nouveaux inspecteurs, encore une fois, on n'a aucun détail.
Un journaliste de la Presse Canadienne a contacté le ministre et le ministère de l'Agriculture pour avoir des détails, à savoir quelle était la composition de ces 700 nouveaux emplois. Ce ne sont pas 700 emplois d'inspecteur, et le gouvernement conservateur vise délibérément à semer la confusion à ce sujet.
Le Syndicat de l'agriculture de l'Alliance de la fonction publique du Canada a cherché à savoir comment étaient distribués ces 700 nouveaux inspecteurs. Il n'a pas eu de réponse. Il a réussi à faire une estimation. De ces 700 inspecteurs, 200 sont affectés au contrôle de l'importation des espèces exotiques qui peuvent être invasives, 330 sont affectés à des catégories techniques comme l'examen des semences, 170 sont des inspecteurs qui sont affectés non pas aux abattoirs, mais aux usines de transformation.
Le cas de la viande contaminée pour lequel nous sommes ici ce soir et duquel nous débattons s'est produit dans un abattoir et non pas dans une usine de transformation.
La distinction est importante à faire. Tous les députés conservateurs qui ont parlé ce soir ont refusé d’aborder cette question et ont tenté encore une fois de semer la confusion.
Dans son budget de 2012, le gouvernement a réduit le budget de l’Agence canadienne d’inspection des aliments de 56 millions de dollars. C’est écrit noir sur blanc dans le budget de 2012. Le gouvernement s’est targué d’avoir investi 51 millions de dollars dans l’Agence canadienne d’inspection des aliments et a dit qu'il n'y aurait pas de coupes budgétaires, que tout continuerait pour le mieux.
Les 56 millions de dollars sont les compressions réelles. Les 51 millions de dollars, comme l’a souligné ma consoeur de , ont été distribués dans trois agences: l’Agence canadienne d’inspection des aliments, l’Agence canadienne de la santé publique et Santé Canada. Ces 51 millions de dollars ont été investis pour la reconduction de programmes de sécurité alimentaire existants. Ce ne sont pas de nouveaux investissements. Cette somme a pour but de permettre à un programme déjà existant, qui a été mis en place à la suite de la crise de la listériose ayant affecté le pays il n’y a pas si longtemps, de continuer le travail sur le plan de la sécurité alimentaire. Donc, ce n’est pas de l’argent neuf; on poursuit un programme qui existe déjà. Par contre, les 56 millions de dollars ont été coupés directement dans les fonds de l’agence.
On fait face présentement à une crise qui risque d’en être une de confiance. Les conservateurs nous accusent de semer la peur avec cette question. On ne sème pas la peur. C'est notre rôle d'opposition officielle de demander au gouvernement d’être redevable des décisions qu’il a prises. Les coupes budgétaires à l’Agence canadienne des inspections des aliments auront des répercussions notables.
Ce qui s'est passé chez XL Foods est la pointe de l'iceberg de ce qui pourrait survenir si le gouvernement refuse de prendre ses responsabilités, si le ministre refuse d'assumer la responsabilité ministérielle qui est absolument essentielle dans notre système parlementaire, si les conservateurs continuent à nier leur responsabilité dans les coupes budgétaires et à faire de la désinformation sur l'état réel des choses en matière d'inspection des aliments.
Le fait de répéter à tout vent qu'il y a eu 700 nouveaux inspecteurs ne mène à rien. Aucun inspecteur n'a été envoyé à XL Foods. D'ailleurs, une des situations les plus problématiques en ce qui concerne XL Foods est le fait que, pendant bien longtemps sur le plancher de l'abattoir, il y avait une pénurie d'inspecteurs. Le syndicat a sonné l'alarme de façon répétée à cet égard. Si de nouveaux postes ont été créés, il n'y en a pas eu beaucoup. Les conservateurs parlent de deux ou de six inspecteurs, selon celui qui parle. Ces inspecteurs comblent des postes existants devenus vacants. Il n'y a pas de nouveaux investissements qui ont été faits pour ce qui est de XL Foods.
Mon collègue de , notre critique en matière d'agriculture, a été très clair sur le sujet. On parle d'une usine qui a accéléré le rythme de sa ligne de transformation. On y abat de 4 000 à 5 000 têtes de bétail. On a 46 inspecteurs là-bas, mais il y a deux quarts de travail. Vingt-trois inspecteurs travaillent dans un quart de travail et les 23 autres dans l'autre quart, dans une usine qui couvre l'équivalent de quelques blocs d'habitation. C'est une très grande usine. Les 23 personnes qui sont sur place en tout temps ne suffisent pas à la tâche, à un point tel que les employés de XL Foods sont chargés de faire le reste de l'inspection. C'est tout à fait irresponsable de la part des conservateurs de nier ce fait et de tenter de le cacher au moyen de différents chiffres.
Je sais qu'il y a des Canadiens qui nous écoutent encore ce soir. Il est peut-être 23 h 10 ici, mais il est 20 h 10 en Colombie-Britannique et 21 h 10 en Alberta.
Pour les gens qui nous écoutent, que ce soit dans l'Ouest, dans les Prairies, en Ontario, au Québec ou dans les provinces de l'Atlantique, je voulais simplement mentionner que c'est le gouvernement qu'ils ont présentement. Les commentaires qu'ils ont pu entendre ce soir leur montrent qu'ils ont un gouvernement qui se contente de leur lancer des demi-vérités. Ils ont un gouvernement qui se préoccupe d'abord et avant tout de protéger ses arrières lorsqu'il fait face à une crise. Ils ont un gouvernement qui refuse d'assumer ses responsabilités. Ils ont d'abord et avant tout un ministre qui refuse d'assumer sa responsabilité principale, soit celle de ministre, qui lui commande d'assumer la responsabilité d'une tragédie comme celle qui vient de se produire.
Le premier réflexe de ce gouvernement, dans le cas d'une crise comme celle-ci, a été de jeter le blâme partout sauf sur le Parti conservateur ou le caucus conservateur, que ce soit sur l'Agence canadienne d'inspection des aliments ou sur les partis de l'opposition. Le Québec et le Canada ont droit à mieux que ça. En tant qu'opposition officielle, nous avons le devoir d'exiger qu'il soit responsable et qu'il fasse preuve de transparence, ce qu'il a refusé de faire dans tous les dossiers dont on a traité ici, et pour lesquels le directeur parlementaire du budget exige de voir les données particulières aux compressions qui seront imposées par les conservateurs. Il refuse de le faire.
C'est le rôle du gouvernement de prendre la responsabilité de ce qui se passe, d'arrêter de se cacher derrière des chiffres, d'arrêter de semer la désinformation et de finalement agir pour le bien de la population et pour le bien de la santé publique. Or d'après ce que j'ai pu entendre ce soir, il refuse encore et toujours de le faire.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole dans le cadre de ce débat d'urgence. Je remercie mes collègues de ce côté-ci de la Chambre, surtout mon collègue de qui partage son temps de parole avec moi. Je remercie également le personnel et les pages, qui sont encore ici ce soir.
Je tiens aussi à féliciter mon collègue de qui mène la charge pour protéger les Canadiens dans ce dossier, pour assurer la salubrité des aliments au pays et pour aller au fond des choses. J'ai suivi ses interventions dans ce dossier et sur d'autres questions, et j'apprécie grandement son expertise en la matière.
Prenons un peu de recul, examinons la question de façon plus générale et pensons aux types de situations auxquelles le gouvernement peut être confronté. Il doit faire face à toute sorte de problèmes. Parfois, il ne peut que réagir; lors des catastrophes naturelles, par exemple. Dans certaines situations, il peut prendre les devants et il peut alors établir des plans et des programmes. Parfois le gouvernement trouve la bonne solution, parfois il fait fausse route et parfois il commet de graves erreurs, et c'est qu'on appelle souvent de véritables catastrophes.
Les pires catastrophes qui peuvent affliger un gouvernement surviennent lorsque le gouvernement prend, de sa propre initiative, des mesures qui mènent à de graves erreurs. Il importe peu que l'erreur découle de la mise en oeuvre d'une idéologie ou de l'incompétence crasse du gouvernement. Voilà la pire catastrophe qui peut arriver: un gouvernement instaure une politique qui mène à de graves problèmes. Il n'y a pas pire action gouvernementale, et c'est exactement ce qui vient de se produire. Le gouvernement, dans le présent dossier, est aux prises avec une catastrophe qu'il a créée de toutes pièces.
En gardant cela à l'esprit, tentons de voir où nous en sommes. Nous sommes témoins du plus important rappel de viande que le pays ait connu. Je pense que tous les députés souscriraient à cette affirmation. Le Canada est un important producteur de viande. Nous en exportons et nous en mangeons beaucoup, mais nous sommes aux prises avec le plus important rappel de viande de notre histoire.
L'usine de production de viande de XL Foods située à Brooks, en Alberta, est responsable de cinq cas de contamination à la bactérie E. coli. Cette usine albertaine transforme environ 40 % du boeuf au Canada. S'il y a un problème dans cette usine, les conséquences ne se font pas uniquement sentir au Canada, mais aussi sur nos marchés d'exportation. C'est incroyable, mais cette usine transforme entre 4 000 et 5 000 têtes de bétail par jour. C'est une tâche colossale.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments a maintenant ordonné le rappel de plus de 1 500 produits de boeuf en raison d'une contamination possible à la bactérie E. coli. Ce n'est pas un secret que nous préservons jalousement au Canada. Ce rappel s'applique non seulement à l'ensemble des provinces et des territoires canadiens, mais aussi à 40 États américains et à Porto Rico.
L'usine a été fermée temporairement. Cette fermeture a une incidence sur les producteurs de boeuf, qui, même s'ils n'y sont pour rien, doivent composer avec cette situation, ainsi que les 2 900 employés qui travaillent à l'usine de XL Foods. Voilà qui donne une idée de la taille de cette usine aux Canadiens qui ne l'ont jamais visitée. Le député de s'est rendu à cet endroit à quelques reprises. Quand on y pense, 2 900 employés affectés à la transformation de 4 000 à 5 000 têtes de bétail par jour, c'est une entreprise colossale. Pire encore, certains de ces employés reçoivent des chèques de paie incomplets.
L'usine de XL Foods a vu son permis d'exportation vers les États-Unis être révoqué. Cette décision aura des répercussions à long terme non seulement sur l'usine elle-même, mais aussi sur l'ensemble de l'industrie. À l'heure actuelle, on se demande si les normes canadiennes répondent véritablement aux attentes des Américains en matière de salubrité des aliments.
Voilà la situation actuelle. Nous sommes maintenant aux prises avec un vrai problème, une véritable catastrophe sur le plan des politiques. Nous devons rétablir la situation. Malheureusement, ce que l'on entend de la part des députés d'en face, ce sont des conseils du genre: « Lavez-vous les mains, vous réglerez peut-être ainsi le problème. » Ce n'est vraiment pas une réponse adéquate pour le genre de problème auquel nous devons faire face.
Comment en sommes-nous arrivés là? Nous avons obtenu beaucoup de détails ce soir. Le député de nous a présenté une chronologie des événements pratiquement à la minute près. Cependant, si on examine la situation dans son ensemble, de manière un peu moins détaillée, on se rend compte qu'il s'est produit un changement de culture. Autrefois, les entreprises s'occupaient de l'abattage du bétail et de la transformation de la viande. Elles excellaient dans ce domaine. Elles achetaient la viande et la transformaient, puis elles l'emballaient et l'expédiaient. Les inspecteurs du gouvernement se rendaient dans les usines pour s'assurer que les installations étaient propres et stérilisées. Ils entraient dans les usines, examinaient et inspectaient les machines et donnaient leur approbation, puis on reprenait les activités de production.
Ces usines travaillent souvent selon des cycles de 24 heures. Il s'agit d'un processus permanent, où la relation entre les inspecteurs du gouvernement et les producteurs est très importante.
Cependant, quelque chose a changé dans la façon dont les conservateurs voient le fonctionnement de ce cycle. Ceux-ci croient que les inspections volontaires par les entreprises sont suffisantes. Cette idée ne s'appuie pas sur des faits incontestables, mais sur une idéologie selon laquelle un gouvernement moins interventionniste est nécessairement meilleur.
Dans le cas qui nous occupe, cela ne semble pas vrai. Si on s'en remet au bon vouloir des entreprises pour l'inspection de leur propre équipement, on risque fort que des problèmes surviennent et qu'il y ait des ratés. Si ce ne sont pas les inspecteurs du gouvernement qui font le travail, si les inspections ne sont pas faites correctement et s'il n'y a pas assez d'inspecteurs pour les effectuer, nous avons un sérieux problème.
On nous a également dit que les inspecteurs qui travaillent dans ces usines passent plus de temps à examiner la paperasse que les entreprises leur ont remise qu'à vérifier la propreté des appareils à l'abattoir.
Voilà ce que les conservateurs ont fait. En réduisant le financement, en réduisant le nombre d'inspecteurs dans les grandes usines, nous nous en remettons aux entreprises pour veiller à ce que leurs processus soient appropriés, tandis que les inspecteurs se bornent à faire du travail administratif. C'est inacceptable. Nous avons le plus important rappel de viande de l'histoire du Canada.
Par ailleurs, les changements ne se situent pas uniquement sur le plan de la réglementation, mais également sur celui du processus même. Entre 4 000 et 5 000 têtes de bétail passent par l'usine XL Foods chaque jour. Il s'est opéré un regroupement sans précédent de l'industrie qui fait en sorte que les usines ont atteint une taille quasi inimaginable.
Il existe encore quelques petites boucheries. C'est ainsi que fonctionnait autrefois la production alimentaire. Des bouchers achetaient en petite quantité auprès des producteurs locaux. Ils pouvaient inspecter toute la viande eux-mêmes. Ils abattaient et débitaient eux-mêmes les bêtes et vendaient la viande en petite quantité aux clients. Si un problème survenait, les inspecteurs pouvaient le régler. Aujourd'hui, nous avons d'immenses usines de transformation qui fonctionnent à un rythme accéléré.
J'en ai appris beaucoup sur cette industrie de mon beau-père, Thomas Ashe, et de son bon ami, Peter Markin, qui ont tous deux été bouchers toute leur vie. Ils ont commencé par travailler dans les abattoirs de Belfast, en Irlande du Nord, puis se sont établis au Canada, où ils ont continué à exercer leur métier. Ils font cela depuis des décennies.
Je me suis entretenu avec eux et je leur ai demandé de me donner leur point de vue de boucher sur l'évolution de la situation au Canada. Ils ont vu l'industrie passer des petites boucheries aux énormes usines de transformation qui existent aujourd'hui. Il n'y a pas de plus ardents défenseurs de l'inspection des aliments que ces deux hommes qui ont vu l'industrie prendre une tangente presque incontrôlable.
Tommy et Peter m'ont fait part de leurs inquiétudes. Ils craignent que la réduction du nombre d'inspecteurs des viandes entraîne des maladies. Un simple petit morceau de viande qui serait resté dans une machine pourrait, du jour au lendemain, être à l'origine d'une vaste épidémie de certaines maladies, comme l'infection à E. coli, qui peuvent être très néfastes, voire mortelle pour les consommateurs.
Ils ont aussi dit que ce sont les pires maladies qu'on peut attraper. Elles attaquent des gens qui ne sont pas conscients du problème et qui pensent, à tort, que leurs aliments sont sains. Voilà le problème devant lequel nous nous trouvons.
Les gens comme Tommy et Peter peuvent nous apprendre des leçons au sujet des abattoirs.
Les conservateurs changent systématiquement les mesures d'inspection des aliments, et c'est un grave problème. Je regrette de le dire, mais il y aura plus d'épidémies comme celle-là si les conservateurs continuent ainsi.
Si on continue de réduire le nombre d'inspecteurs — des gens qui veillent à ce que le matériel soit propre — dans les abattoirs et les usines de transformation, il y aura plus d'épidémies comme celle-là. J'ai très peur. Ce désastre n'est pas le seul que les conservateurs ont créé. Les mesures qu'ils prennent sont vouées à en entraîner bien d'autres. Nous devrons faire face à toute une série de catastrophes.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir de prendre la parole dans ce débat. Je tiens tout d'abord à clarifier un commentaire que j'aurais fait plus tôt. C'est le député de qui en a parlé. Je me suis peut-être mal exprimé lorsque je me suis fait chahuter par le chahuteur en chef de la Chambre, le député de . Il est réputé pour son chahut. Il n'a même pas besoin d'être présent à la Chambre, on l'entend chahuter de l'Île-du-Prince-Édouard.
Je tiens à préciser que cette grave crise touche l'industrie alimentaire canadienne de plein fouet. On ne peut pas nier que des personnes sont tombées malades et il est important que nous le reconnaissions. Nos pensées ce soir accompagnent les familles de ces personnes. C'est la pire des choses, pour tout Canadien, de savoir qu'il est possible de tomber malade en consommant des aliments produits chez nous.
Mon collègue d'Interlake, au Manitoba, a parlé de son expérience de l'industrie bovine. J'ai moi aussi grandi dans ce milieu. Cette crise préoccupe tous les éleveurs, comme tous les producteurs de légumes sont préoccupés lorsque une éclosion de la bactérie E. coli est attribuable à des légumes. Comme le savent les députés, notre pays n'est pas à l'abri d'une éclosion. Le risque zéro n'existe pas dans l'industrie agroalimentaire. Les éleveurs font tout ce qu'ils peuvent pour garantir que les animaux qu'ils confient aux abattoirs sont en bonne santé.
Beaucoup de renseignements sont échangés de part et d'autre du parquet ce soir. Il y a certainement de graves problèmes.
Je tiens à citer en exemple l'usine Cargill, dans ma circonscription, qui a un très bon bilan. Nous ne devons pas condamner l'ensemble de l'industrie. Il s'agit d'une industrie importante. C'est une source importante de protéines pour les Canadiens.
Je me dois de répéter que je suis très troublé de constater que les députés de l'opposition ne sont pas toujours très rigoureux lorsqu'ils rapportent les faits. Le système d'assurance de la salubrité des aliments du Canada est admiré partout dans le monde. Le rôle de l'une de nos agences, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, consiste à faire du mieux qu'elle peut pour protéger les Canadiens et les aliments qu'ils consomment.
Or, les représentants de cette agence demeurent des êtres humains, et ils peuvent commettre des erreurs. Nous devons tirer des leçons de ces erreurs. Nous en avons tiré des enseignements. Nous avons fermé l'usine. Celle-ci ne produira plus de viande tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas été prouvé que la production est sans danger. Bien des choses qui ont été dites à ce sujet ici ce soir ne constituent que de simples manoeuvres politiques. L'usine ne produit plus de viande. Des avis de rappel ont été publiés. Peut-être faudra-t-il publier d'autres rappels. Cela se produira, car l'Agence canadienne d'inspection des aliments a la situation bien en main. Elle s'assure que la viande est récupérée et que les consommateurs sont remboursés.
Je répète qu'il est impossible qu'il n'y ait aucun risque. L'ACIA atténue le plus possible les risques. De nombreux employés de l'ACIA sont présents sur les lieux. J'ai visité des usines dans ma circonscription et j'ai vérifié le nombre d'inspecteurs de l'ACIA présents. J'ai rencontré des inspecteurs de l'ACIA et discuté avec eux pendant qu'ils faisaient leur travail. Ils accomplissent un travail remarquable. Ce sont des gens dévoués, dont le rôle consiste à me protéger en tant que consommateur et à protéger tous les Canadiens en tant que consommateurs. Ce sont des employés dévoués. Ils font de leur mieux, et je les respecte.
Il est malheureux qu'autant de désinformation circule. Le nombre d'inspecteurs des viandes de l'ACIA a souvent été mentionné. On a parlé à maintes reprises de 700 inspecteurs. C'est 700 inspecteurs de plus qu'avant. C'est important. Comme je l'ai dit, aux usines que j'ai visitées, il y a beaucoup d'inspecteurs. Il y en a maintenant 700 de plus.
Le rapport Weatherill a mis en lumière certains problèmes, alors nous avons augmenté le nombre d'inspecteurs. C'est ce qui compte. Nous avons embauché 700 inspecteurs depuis 2006. Si je me souviens bien, le gouvernement libéral précédent avait réduit considérablement le nombre d'inspecteurs des viandes. J'oublie combien ont été licenciés, mais c'était un nombre passablement élevé. Cela explique pourquoi le rapport Weatherill recommandait que nous augmentions l'effectif pour le ramener à un niveau convenable. En fait, le nombre d'inspecteurs est aujourd'hui plus élevé que jamais.
Puisqu'il est question du rapport Weatherill et de ses 57 recommandations, nous avons haussé le budget de l'ACIA de 156 millions de dollars.
Le député de Malpeque est en train de chahuter. Je me serais attendu à ce que, étant donné l'heure avancée, il commence à perdre la voix. Eh bien, non.
L'ACIA dispose donc de 744 millions de dollars au total. Nous avons augmenté son budget de 20 % pour lui permettre d'avoir un effectif suffisant pour intervenir en cas d'incidents comme celui de XL Foods, qui est très regrettable.
Si l'opposition estime que les pouvoirs de l'agence ne sont pas suffisants, elle devrait appuyer le projet de loi dont nous avons beaucoup parlé ce soir, la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Il accorderait à l'ACIA un pouvoir accru pour ce qui est d'exiger la production de rapports. C'est très important.
Je tiens à dire clairement que l'usine ne rouvrira pas. C'est un fait essentiel. Certains ont laissé entendre ce soir que la viande est distribuée un peu partout. C'est faux. La viande qui se trouve sur le marché est en voie d'être rappelée, et aucun autre produit ne sort de l'usine. Ce n'est pas sans conséquence. Il est important de protéger la population; c'est pourquoi nous avons agi ainsi.
Tant qu'à rétablir les faits, permettez-moi de décrire les mesures prises par l'ACIA. Tout a commencé le 4 septembre quand l'agence a détecté la bactérie E. coli O157:H7 dans des produits fabriqués à l'usine de traitement de la viande de XL Foods, située à Brooks. Le même jour, le département de l'Agriculture des États-Unis a avisé l'ACIA qu'il avait détecté E. coli O157:H7 dans un échantillon de parure de bœuf provenant de l'entreprise XL.
L'ACIA s'est rapidement assurée qu'aucun produit touché issu du lot identifié le 4 septembre ne s'était retrouvé sur le marché. Elle a immédiatement lancé une enquête sur l'entreprise XL pour trouver la source de la contamination, ce qui l'a amenée à rappeler certains produits fabriqués les 24, 27, 28 et 29 août et le 5 septembre pour protéger davantage les consommateurs canadiens. L'enquête se poursuit.
Je viens de résumer très brièvement une série très complexe d'événements. Un compte rendu beaucoup plus détaillé se trouve sur le site Web de l'ACIA pour quiconque est intéressé à le consulter. À mesure que la situation évolue, l'ACIA met à jour son site Web afin d'informer et de protéger les consommateurs.
Ce que je veux dire, c'est que de telles situations et ce qu'on en sait évoluent constamment. Par conséquent, la gravité du risque pour la population doit être constamment évaluée et réévaluée. À chaque jour donné, l'ACIA peut seulement communiquer les preuves qui sont à sa disposition, mais elle est consciente que les événements évoluent d'heure en heure. Je crois qu'il serait utile de récapituler ce que nous savons jusqu'à maintenant.
Comme je l'ai dit, tout a commencé le 4 septembre, alors qu'une inspection de routine a révélé la présence d'E. coli dans des parures de boeuf cru. L'ACIA a rapidement établi qu'aucun produit potentiellement dangereux ne s'était rendu sur le marché canadien. Par conséquent, aucun rappel immédiat d'aliments n'a alors été publié. Par contre, l'ACIA a avisé XL Foods de la contamination et a commencé à enquêter sur les sources possibles de contamination. Le même jour, le pendant américain de l'ACIA a avisé celle-ci qu'il avait lui aussi détecté la présence d'E. coli dans des parures de boeuf provenant du même établissement.
Au cours des jours qui ont suivi, l'ACIA a progressé à bien des égards. D'une part, les inspecteurs ont amplifié leur niveau de supervision à l'établissement. D'autre part, l'Agence a continué son enquête pour trouver la source de contamination ainsi que pour déterminer s'il y avait un lien entre les résultats d'analyse canadiens et américains, car à ce moment-là, ce n'était toujours pas confirmé.
Durant les premiers jours de l'enquête, l'ACIA et l'entreprise ont travaillé jour et nuit pour déterminer quelle avait été la cause de la contamination. En temps normal, 40 inspecteurs et six vétérinaires sont affectés à plein temps par l'ACIA à l'usine de Brooks de XL Foods. À la suite de la découverte de la contamination à E. coli, l'ACIA a augmenté la supervision de ce même établissement.
L'entreprise a d'abord pris des mesures pour protéger la salubrité des aliments produits. Elle s'est aussi engagée à prendre d'autres mesures afin de régler tous les problèmes et faire en sorte qu'ils ne se reproduisent pas.
L'ACIA a ensuite envoyé des experts techniques pour examiner l'usine albertaine de fond en comble. Ils ont examiné les mesures de contrôle préventif, les politiques en matière de salubrité des aliments, les méthodes de laboratoire et les systèmes de contrôle de la qualité. Ces experts techniques n'ont pu déterminer un unique facteur qui aurait pu causer la contamination à la bactérie E. coli. Ils ont par contre décelé certaines lacunes isolées qui, ensemble, ont contribué à la contamination.
Le 16 septembre, l'ACIA disposait de suffisamment de preuves pour diffuser des alertes de danger pour la santé. L'entreprise a commencé à rappeler des parures de boeuf produites à l'occasion de trois journées précises de production. Pendant ce temps, l'agence a poursuivi son enquête et, le 18 septembre, elle a émis cinq demandes additionnelles de correctifs à l'intention de l'entreprise.
L'ACIA fait tout son possible pour déceler les produits qui pourraient être contaminés. Une fois que le boeuf quitte l'usine, il peut être transformé en n'importe quel produit, que ce soit des saucisses ou des galettes de viande surgelées, ou encore être transformé davantage par d'autres entreprises et aboutir dans des pizzas, des lasagnes ou d'autres aliments. Il pourrait être vendu dans différents établissements de détail. Le processus de repérage entrepris est très complexe.
Ce genre d'information n'est pas disponible d'un simple clic de souris. Il faut parcourir des registres de production et de distribution de l'industrie, et effectuer des tests sur des échantillons. L'ACIA a ainsi diffusé différentes alertes de danger pour la santé pour le même rappel d'aliment, chacune comportant davantage d'information à jour que la précédente.
Les événements ont continué de s'enchaîner très rapidement. Le 21 septembre, de nouvelles preuves ont obligé XL Foods à rappeler les parures de boeuf produites à l'occasion de deux autres journées. Le 24 septembre, un rapport a confirmé la présence de la bactérie E. coli dans un échantillon d'un produit XL Foods prélevé en Californie. Le lendemain, les Services de santé de l'Alberta ont relié quatre cas de maladie à des steaks provenant de XL Foods. Le 26 septembre, à la lumière des renseignements fournis par l'entreprise et de l'enquête menée par l'ACIA, il est devenu évident que l'entreprise n'avait pas apporté tous les correctifs demandés. Le lendemain, l'ACIA a suspendu temporairement l'agrément de l'usine. Au même moment, XL Foods a élargi la portée de son rappel volontaire de viande produite pendant les mêmes dates en août et en septembre.
L'ACIA continue de prendre des mesures exhaustives en réponse à la situation actuelle. C'est pourquoi elle renforcera son engagement à protéger les consommateurs. Ainsi, si on découvre d'autres produits contaminés au cours des prochains jours, elle continuera à en avertir immédiatement la population. L'agence mène une enquête transparente et publie les renseignements sur son site Web dès qu'ils sont connus. Les citoyens peuvent aussi s'inscrire pour recevoir encore plus rapidement par courriel ou sous forme de gazouillis de l'information concernant les rappels et les incidents relatifs à la salubrité des aliments.
Permettez-moi d'ajouter que l'usine est fermée et qu'elle restera fermée tant que le président de l'ACIA n'aura pas convaincu le ministre que son permis peut être rétabli.
Dans une enquête du genre, les preuves ne sont pas fournies aux spécialistes sur un plateau d'argent. Les faits font surface petit à petit et, lorsqu'ils sont connus, ils sont communiqués au public.
J'aimerais prendre quelques minutes pour appuyer la façon dont le gouvernement répond au besoin de moderniser la législation en matière de salubrité des aliments au Canada.
Je voudrais parler à la Chambre de certains aspects du projet de loi proposé à cet effet, la Loi sur la salubrité des aliments. Comme les députés le savent, le porte-parole du NPD en matière d'agriculture a indiqué que son parti s'oppose à cette mesure législative. J'avoue ne pas comprendre comment une telle position permettra de protéger les Canadiens.
Le projet de loi donne suite à une recommandation formulée dans le rapport de l'enquêteure indépendante sur l'éclosion de listériose survenue en 2008. Le rapport indiquait clairement qu'un renouveau législatif s'imposait pour que le gouvernement puisse remplir pleinement son mandat et répondre aux attentes des Canadiens. Le gouvernement conservateur s'était engagé à mettre en application chacune des 57 recommandations de l'enquêteure indépendante. Le projet de loi est le dernier élément qui manquait pour respecter cet engagement.
Le Canada a besoin de nouvelles dispositions législatives pour pouvoir tenir compte des nouvelles technologies et des réalités de la production alimentaire du XXIe siècle. Le contexte de la salubrité des aliments est plus complexe aujourd’hui qu'il y a 10 ans à peine. Il nous faut des outils efficaces pour bien gérer les risques d'aujourd'hui et mieux protéger les Canadiens contre les aliments insalubres.
L'industrie canadienne demande depuis longtemps une disposition qui interdirait à une personne de trafiquer, de menacer de trafiquer ou de prétendre trafiquer des produits alimentaires.
Le gouvernement doit également pouvoir sévir directement contre les auteurs de canulars. La diffusion de faux renseignements entraîne une peur inutile dans la population à propos de certains produits et peut être économiquement dévastatrice pour le producteur du produit visé. Ce projet de loi nous donnerait les moyens de réagir beaucoup plus rapidement aux canulars et de les signaler à la population. Bien sûr, le NPD est déterminé à s'opposer à cette mesure importante.
Les modes de vie changent, et le monde change en raison des progrès de la science et de la technologie. La technologie fait aussi évoluer les processus de fabrication des aliments. Ce sont les pratiques exemplaires internationales, les nouveaux outils scientifiques et le développement des systèmes de salubrité des aliments qui ont orienté la décision du Canada de renforcer son système d’inspection fondé sur les risques. Le projet de loi va dans la même direction.
Le projet de loi prévoira également des outils plus souples et efficaces permettant d’effectuer une évaluation approfondie et efficiente des nouveaux produits alimentaires novateurs et des allégations, de sorte que les Canadiens auront rapidement accès aux produits salubres qui les intéressent. C’est ce que veulent les consommateurs. Ils veulent des lois à jour sur la salubrité des aliments, et nous reconnaissons depuis longtemps la nécessité d’une modernisation.
Des groupes de consommateurs, des producteurs et des représentants de l’industrie ont déjà effectué des démarches en ce sens auprès du gouvernement. Plusieurs tentatives ont été effectuées au cours des dix dernières années afin que ce travail soit fait. On pourrait dire que le projet de loi proposé est le fruit de dix années de consultation, au cours desquelles on a déjà tenté de moderniser ces dispositions législatives.
Je suis heureux d'avoir pu participer à ce débat. Nos pensées sincères accompagnent les personnes qui sont malades en raison de cette situation.
Il est bon de parler de ces questions, mais j'exhorte l'opposition à éviter la rhétorique afin de ne pas effrayer inutilement la population. Les gens sont conscients qu'il s'agit d'une question sérieuse. J'implore l'opposition de ne pas la politiser davantage.