propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, il me fait plaisir d'intervenir aujourd'hui au sujet des nombreux mérites de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada, le projet de loi . Comme vous avez déjà souligné le caractère exhaustif du projet de loi, je n'en répéterai pas le titre long.
J'encourage tous les députés à aider le gouvernement à adopter ce projet de loi aussi rapidement que possible.
Les consommateurs demeurent la principale priorité du gouvernement dans le dossier de la salubrité des aliments. La confiance des consommateurs est essentielle pour l'industrie alimentaire canadienne et notre secteur agricole dans son ensemble. C'est exactement la raison pour laquelle le gouvernement n'acceptera jamais de compromis pour ce qui est de la salubrité des aliments des Canadiens.
Le système d'assurance de la salubrité des aliments du Canada est de calibre mondial. Selon un récent rapport sur la situation des pays de l'OCDE, ce système canadien est supérieur à la moyenne. Chaque jour, plus de 100 millions de repas sont servis au Canada. Au cours des six dernières années, grâce aux efforts de notre gouvernement, le nombre de cas d'empoisonnement à l'E. coli a chuté de plus de 50 %. Nous continuerons nos efforts visant à réduire davantage ce chiffre. À cette fin, il est crucial d'adopter la Loi sur la salubrité des aliments au Canada.
Cette loi renforcera et modernisera notre système d'assurance de la salubrité des aliments et fera en sorte qu'il continue d'assurer la salubrité des aliments des consommateurs canadiens. En effet, le projet de loi contient de nouvelles dispositions qui renforceront les pouvoirs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Il accorde à l'agence des pouvoirs de surveillance sans précédent.
Qu'on se comprenne bien: il n'est pas question d'autoréglementation. D'ailleurs, l'autoréglementation ne fait pas du tout partie du processus réglementaire en matière de salubrité des aliments. Le projet de loi porte sur l'amélioration continue de la surveillance de la salubrité des aliments. Les consommateurs canadiens méritent un système capable d'anticiper l'orientation de l'industrie alimentaire. C'est précisément ce que permettrait le projet de loi . Il modernise la loi actuelle pour veiller à ce que l'ACIA ait les outils nécessaires pour gérer les risques actuels.
Le projet de loi se concentre sur trois domaines importants: l'amélioration de la surveillance de la salubrité des aliments pour mieux protéger les consommateurs, la rationalisation et le renforcement des pouvoirs législatifs et la multiplication des débouchés pour l'industrie canadienne sur les marchés internationaux.
Si nous voulons un exemple des améliorations apportées à la surveillance de la salubrité des aliments, nous n'avons qu'à examiner les nouvelles dispositions contre l'altération des aliments, les pratiques trompeuses et les canulars qui sont prévues dans le projet de loi. Actuellement, en cas d'altération ou de tentative d'altération des aliments, il faut faire appel à la police avant de pouvoir agir. Cependant, en vertu du projet de loi , l'ACIA, qui est souvent la première avertie quand de tels problèmes sont détectés, pourra intervenir immédiatement. Cette nouvelle loi accordera de nouveaux pouvoirs permettant la résolution immédiate des problèmes de salubrité des aliments et rendra plus sûr le système d’assurance de la salubrité des aliments. Même si la surveillance et la prévention sont toujours préférables, les sanctions et les amendes pour ces infractions seront également majorées afin de décourager les menaces délibérées ou inconsidérées pour la santé et la sécurité. Cette nouvelle mesure législative comprend une disposition pour des amendes allant jusqu'à 5 millions de dollars, ce qui dépasse grandement le plafond actuel de 250 000 $. Ces amendes aideront les gens à y penser plus de deux fois avant de menacer intentionnellement la salubrité des aliments canadiens.
La mesure législative conférera à l'ACIA des pouvoirs accrus relativement à la traçabilité et au rappel d'aliments, et lui fournira de nouveaux outils pour qu'elle puisse prendre les mesures qui s'imposent à l'égard des aliments insalubres.
Le moment choisi pour présenter le projet de loi, à savoir le printemps dernier, n'aurait pas pu être plus approprié étant donné les inquiétudes provoquées par le rappel des produits de boeuf de XL Foods. Durant un rappel d'aliments, l'une des choses qui prend le plus de temps est d'accéder aux dossiers de la compagnie pour tenter de déterminer qui sont ses fournisseurs et qui sont ses clients.
L'ACIA doit aussi savoir quels aliments ont été traités à tel moment et à tel endroit précis. Chaque entreprise tient ses registres à sa façon. Ces renseignements sont généralement conservés de manière à faciliter l'expédition et la réception ou le traitement des compte débiteurs et créditeurs. Voilà comment l'entreprise fonctionne.
Toutefois, ce qu'il faut pour accélérer les enquêtes sur la salubrité des aliments, c'est une traçabilité totale. Les inspecteurs de l'ACIA et, bien entendu, de l'Agence de la santé publique du Canada auraient entre les mains un outil formidable s'ils disposaient de pouvoirs accrus pour obliger l'industrie à se doter de systèmes de traçabilité normalisés.
En outre, ce projet de loi prévoit le pouvoir d'obliger l'industrie à tenir des dossiers et à les présenter de manière à ce que les organismes de réglementation puissent les comprendre plus facilement. Il prévoit également le pouvoir de contraindre l'industrie à remettre ses dossiers dans un laps de temps plus court. Cette dernière partie est fondamentale.
Le Parti libéral a prétendu que cette disposition existait déjà. C'est faux. Même si, à l'heure actuelle, les inspecteurs de l'ACIA peuvent obliger une entreprise à produire des documents, ils ne peuvent invoquer aucune disposition pour les forcer à le faire plus rapidement. Les libéraux refusent de le reconnaître, mais ceux qui comprennent la question savent qu'il s'agit d'un problème bien réel.
Sylvain Charlebois, vice-doyen du Collège de gestion et d'économie de l'Université de Guelph, reconnaît que ce pouvoir manque à l'arsenal de l'ACIA. Voici ce qu'il a déclaré:
L'ACIA [...] n'a pas le pouvoir de contraindre l'industrie à fournir des renseignements rapidement lorsque survient une éclosion.
Cette déclaration a été faite par une personne qui habite la circonscription du député de . Le gouvernement sait qu'il est nécessaire de remédier à la situation, et c'est que la Loi sur la salubrité des aliments au Canada lui permettrait de faire.
Le projet de loi prévoit également des mesures de contrôle plus rigoureuses des importations aux frontières en donnant au gouvernement le pouvoir de délivrer des licences à tous les importateurs et en interdisant l'importation de produits alimentaires qui ne sont pas sûrs. En faisant en sorte que les importateurs soient responsables de la salubrité des aliments qu'ils importent, nous nous assurons que les règles sont équitables autant pour les importateurs que pour les producteurs canadiens.
Les Canadiens savent que les employés de l'ACIA sont des professionnels consciencieux. En fait, selon Ellen Goddard, une économiste agricole de l'Université de l'Alberta, l'ACIA ne peut rien faire de plus et ses employés prennent toutes les précautions nécessaires pour s'assurer que le système est aussi sûr qu'il peut l'être.
Si le projet de loi est adopté, l'ACIA sera encore mieux placée pour protéger les consommateurs canadiens, car comme la présidence l'a souligné, cette mesure législative comprend de nombreuses dispositions qui visent à renforcer notre système d'assurance de la salubrité des aliments, qui est déjà solide.
Le gouvernement prend très au sérieux la salubrité des aliments au Canada. Dans le contexte où cette question retient maintenant davantage l'attention, l'opposition n'a pas cessé de tenter de semer la confusion en ce qui concerne le bilan du gouvernement en la matière. Permettez-moi de fournir des précisions à ce sujet.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement a embauché plus de 700 nouveaux inspecteurs. De ce nombre, 170 sont affectés aux viandes. Le gouvernement a augmenté le budget global de l'ACIA de 20 % depuis 2006. M. Sylvain Charlebois a récemment déclaré ceci: « Le Canada consacre environ 10 $ par habitant à la salubrité des aliments, une somme beaucoup plus élevée que celle consacrée par la plupart des pays industrialisés ».
Pour ce qui est de l'usine XL Foods de Brooks, le gouvernement a augmenté de 20 % le nombre d'inspecteurs affectés à cet endroit.
Le budget de 2012 prévoyait 51 millions de dollars supplémentaires pour renforcer notre système d'assurance de la salubrité des aliments. Cette somme s'ajoute aux investissements que le gouvernement a annoncés dans le budget de 2011, en l'occurrence 100 millions de dollars sur cinq ans. Comme les députés peuvent le constater, le gouvernement n'a cessé d'accorder à l'ACIA les ressources humaines et financières nécessaires pour protéger les aliments canadiens.
En tant que ministre, ma principale responsabilité consiste à veiller à ce que l'ACIA dispose de la main-d'oeuvre, du budget et des pouvoirs réglementaires nécessaires. Ma seconde responsabilité consiste à collaborer avec l'ACIA afin qu'elle utilise cette capacité pour assurer la confiance des consommateurs.
Comparons notre bilan à celui de l'opposition. Tout le monde sait que tandis que le gouvernement offre des ressources tangibles pour assurer la salubrité des aliments au Canada, l'opposition, elle, vote contre nos investissements dès qu'elle en a l'occasion. S'il n'en tenait qu'à l'opposition, l'ACIA n'aurait pas d'argent pour mener ses activités.
En plus de s'opposer continuellement aux améliorations proposées au système d'assurance de la salubrité des aliments, certains députés de l'opposition ont tenu publiquement des propos plus qu'alarmistes au sujet de la salubrité des aliments au Canada. La Chambre se souviendra que, le printemps dernier, le député de avait accusé nos agriculteurs de tenter de mettre sur la table des familles canadiennes des carcasses d'animaux tués sur la route. Depuis, il a dû se rétracter, et je lui sais gré de l'avoir fait.
La semaine dernière, le député de est intervenu à la Chambre pour parler d'une fillette de 4 ans de l'Alberta qui avait souffert d'insuffisance rénale attribuable à la bactérie E. coli. Du côté ministériel, nous ne pouvons que compatir avec cette fillette et sa famille. Aucun enfant ne devrait avoir à traverser une épreuve aussi terrible. Toutefois, le député de Guelph a soutenu à la Chambre que cette fillette avait été contaminée par la bactérie E. coli en consommant du boeuf provenant de l'usine de XL située à Brooks. Ce n'est pas vrai. Ce cas n'est pas lié à l'usine de XL. En fait, l'ACIA et l'Agence de la santé publique du Canada ont testé 30 échantillons différents, tous liés à ce cas, et, chaque fois, elles ont constaté que la contamination n'avait absolument rien à voir avec la souche de la bactérie E. coli découverte à l'usine de XL Foods.
Voilà le genre de propos alarmistes que les Canadiens ne devraient pas entendre de la part des partis de l'opposition. Malheureusement, c'est ce que fait l'opposition dans le dossier de la salubrité des aliments.
Je rappelle au député que la salubrité des aliments ne devrait jamais faire l'objet de petits jeux politiques. Il n'est pas possible de renforcer le système d'assurance de la salubrité des aliments en tenant des propos alarmistes ou en s'adonnant à des manoeuvres politiques. Toutefois, on peut le faire en agissant de façon concrète, par exemple en votant en faveur d'investissements importants, de mesures et de dispositions législatives comme celles contenues dans le projet de loi S-11, Loi sur la salubrité des aliments au Canada.
La semaine dernière, un certain nombre de mes collègues et moi avons proposé une motion qui aurait permis d'accélérer le renvoi de ce projet de loi devant un comité. Cette motion constituait une étape importante en vue de faire adopter le plus rapidement possible la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Encore une fois, l'opposition a décidé de jouer à des petits jeux politiques dans le dossier de la salubrité des aliments au Canada et a bloqué ces tentatives visant à renvoyer le projet de loi devant un comité.
Les Canadiens et le gouvernement fédéral sont conscients de l'importance de ce projet de loi, et nous savons que l'ACIA a besoin des pouvoirs supplémentaires prévus dans cette mesure législative. J'ai décrit de nombreuses dispositions qui, lorsque le projet de loi aura été adopté, permettront de renforcer notre système d'assurance de la salubrité des aliments. Je tiens à donner à mes collègues de l'opposition une autre chance de faire ce qui doit être fait pour les consommateurs canadiens. Je leur demande de mettre la politique de côté, de se joindre au gouvernement et de voter pour faire progresser à la Chambre le projet de loi sur la salubrité des aliments au Canada et de le renvoyer devant un comité. Nous devons agir rapidement pour que les Canadiens puissent bénéficier d'un système modernisé d'inspection des aliments et des mécanismes de protection accrue dont ils ont besoin.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat sur l'enjeu crucial qu'est la salubrité alimentaire, en particulier alors qu'on déverse près d'un million de livres de viande, je crois, à la décharge de Brooks. On y jette cette viande parce qu'il n'y a aucun autre endroit où se débarrasser du boeuf contaminé ou soi-disant contaminé, car nous n'en sommes pas certains.
Il s'agit manifestement du plus important rappel de viande de boeuf de l'histoire du Canada. L'événement n'est pas anodin. Il compte parmi les plus importants de l'histoire du pays. Il s'agit du plus important rappel de viande de boeuf.
Ce qu'on sait, c'est que sous le gouvernement actuel, et sous le même ministre en fait, nous avons vécu la crise de la listériose en 2008. Cette crise a été extrêmement grave car 22 personnes sont mortes.
Après une telle crise, on aurait pu croire que des mesures auraient été prises pour éviter ce qui vient de se produire.
À la place, il y a eu en 2009 un sous-comité créé par le Comité de l'agriculture de la Chambre, ainsi qu'une enquête indépendante commandée par le gouvernement et dirigée par Sheila Weatherill. Cette enquête, menée essentiellement en même temps que les travaux du sous-comité, a mené à la production d'un rapport contenant 57 recommandations, si je ne m'abuse.
On y recommandait entre autres de mettre de l'ordre dans le secteur du prêt-à-manger et de faire en sorte que les installations d'inspection disposent des ressources nécessaires, car les 22 personnes mortes de la listériose avaient mangé de la viande provenant de ce secteur.
Lorsque le ministre et le gouvernement affirment qu'il y a, net, environ 700 nouveaux inspecteurs, nous savons maintenant que 200 d'entre eux cherchent des espèces envahissantes. C'était fortement recommandé. Nous n'avons pas besoin d'espèces envahissantes nuisibles à notre secteur agricole et aux autres animaux, plantes, insectes, etc. de notre pays. Il s'agit donc d'une initiative souhaitable.
Nous savons également que 170 inspecteurs ont été affectés à l'inspection des viandes, mais qu'ils n'ont pas été affectés à l'inspection d'une usine comme celle de Brooks. Ils ont été affectés à ce qu'on appelle une usine de viandes prêtes à manger, comme celle où a éclaté la crise de la listériose. Cet aspect a donc été couvert. Il faut reconnaître que le gouvernement s'est occupé de l'aspect prêt-à-manger du problème, après la mort de 22 personnes.
Maintenant, comme le gouvernement s'est occupé de cet aspect, on serait porté à croire qu'il aurait fait la même chose au sujet des usines de transformation, ou abattoirs, en langage courant.
Nous savons maintenant que cette usine pouvait traiter, depuis un an ou deux, de 4 000 à 5 000 animaux par jour.
J'ai eu le grand plaisir de me rendre en Nouvelle-Écosse durant la dernière semaine de relâche parlementaire. J'y ai rencontré le ministre de l'Agriculture, M. MacDonell. Il m'a dit qu'ils abattaient 5 000 bovins par année dans cette province. Il s'en abat autant en une journée dans cette usine qu'en Nouvelle-Écosse en un an.
De quelles ressources avons-nous besoin là-bas?
Le ministre nous a dit qu'il les avait augmentées de 20 %. En fait, si nous remontions le fil des événements, nous verrions que ce n'étaient pas de nouvelles ressources, mais de nouvelles personnes. Il ne fait aucun doute que c'étaient de nouveaux inspecteurs, de nouvelles personnes, peut-être un nouveau Bob, un nouveau Frank ou une nouvelle Joséphine. Je ne pourrais dire quel est leur nom. C'est peut-être cela qui était nouveau. En réalité, le gouvernement a pourvu des postes vacants qui existaient depuis assez longtemps à l'usine. Ce n'était donc pas une augmentation de 20 % par rapport au nombre qu'il y avait. Il a simplement pourvu des postes vacants.
Donc, comme je l'ai dit plus tôt, cette usine traite de 4 000 à 5 000 bêtes par jour. Il y avait six vétérinaires et 40 inspecteurs à ce moment-là. Divisez ces chiffres par deux, car il y a deux quarts de travail par jour, et vous obtenez 20 inspecteurs et trois vétérinaires pour s'occuper de 2 000 à 2 500 bêtes durant un quart de travail. De là, on peut aisément calculer combien de bêtes cela faisait pour chacun. Non seulement le vétérinaire les voit à leur arrivée, avant qu'elles soient abattues, mais tout au long du processus, en plus de s'occuper de tout ce qu'il y a à faire dans ce genre d'usines.
Pourquoi est-ce que je soulève ce point?
Nous savons maintenant qu'il existe un système de vérification de la conformité qui forme la base du nouveau régime d'inspection de l'ACIA. C'est ce qui avait été décidé après un projet pilote mené en 2007, qui s'est en fait échelonné de 2005 à 2008.
Le rapport Weatherill précisait que l'Agence canadienne d'inspection des aliments devait déterminer si le système de vérification de la conformité fonctionnait. Selon l'auteure du rapport, les gens de l'agence ne savent pas si ce système fonctionne comme ils le pensent, et ils ne savent pas non plus si les ressources affectées sont suffisantes pour que le fonctionnement soit adéquat. Par conséquent, l'auteure recommande en tout premier lieu de vérifier si le système qui doit être à la base de l'inspection de la viande peut effectivement remplir les fonctions voulues et, deuxièmement, de déterminer s'il y a suffisamment de personnel et de ressources pour remplir ces fonctions dans les usines dont l'agence est responsable.
Nous savons que les conservateurs ont décidé d'effectuer ce qu'ils ont appelé une vérification. Du moins, ils ont affirmé quelques fois qu'il s'agissait d'une vérification, mais, en réalité, PricewaterhouseCoopers, dont les services avaient été retenus, n'a fait qu'un semblant de vérification en réponse à la recommandation du rapport Weatherill.
Carole Swan n'occupe plus la présidence de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, mais elle était présidente à l'époque du rapport Weatherill et à l'époque où cette prétendue vérification a eu lieu, comme l'atteste le gouvernement. Elle dit que l'agence n'a pas fait faire une vérification conventionnelle:
Ils n'ont pas effectué une vérification. Une vérification, c'est un exercice très précis.
Il est tout à fait inexact de prétendre, comme le gouvernement le fait encore, qu'il a appliqué, conformément à ses engagements, toutes les recommandations du rapport de Mme Weatherill. C'est pourquoi notre parti est favorable au renvoi du projet de loi au comité, pour que les conservateurs puissent accepter notre amendement selon lequel une vérification du système devrait avoir lieu maintenant.
Je dis « maintenant » parce que le gouvernement a souscrit à l'idée d'un amendement prévoyant une vérification dans cinq ans. J'espère que cette vérification sera faite par une tierce partie indépendante, comme les vérifications se font habituellement. Ce serait merveilleux que le vérificateur général décide d'effectuer une telle vérification, mais nous ne pouvons pas lui indiquer de le faire. Nous pouvons seulement lui demander s'il est d'accord et lui dire que ce serait merveilleux. Il acceptera peut-être. Sinon, d'autres organismes indépendants seraient capables d'effectuer une telle vérification. Nous nous attendons à ce que cette vérification ait lieu et à ce qu'elle soit exhaustive. Il ne doit pas s'agir d'un simple examen, car les examens ne sont nettement pas à la hauteur.
Il y aura donc une vérification dans cinq ans. Toutefois, si nous ne faisons pas maintenant un tel examen, nous n'aurons aucun point de référence dans cinq ans. C'est comme si on ajoutait cinq à un nombre indéterminé. La somme obtenue n'est pas autre chose que 5 additionné à un nombre indéterminé. Si nous savions que le nombre actuel est 1, on arriverait dans cinq ans à 6, puis, cinq ans plus tard, à 11. Par contre, si nous ne connaissons pas la situation actuelle, nous ne pourrons obtenir un point de référence que dans cinq ans, qui ne pourra servir ensuite qu'à la vérification suivante, dans dix ans. Que pouvons-nous mesurer lorsque nous ne possédons pas de point de référence? Il est donc essentiel que la mesure législative du gouvernement prévoie dès maintenant une vérification, pas seulement dans cinq ans. Voilà l'un des points faibles de la mesure législative dont nous sommes saisis.
Le projet de loi aurait-il empêché, d'une manière ou d'une autre, ce qui s'est passé à l'usine XL Foods? Hélas, non. Le projet de loi prévoit bel et bien une mesure sur la communication rapide des documents dont disposent les entreprises. Il prévoit une telle mesure, ce qui est en soi une bonne chose. Nous pourrions donc demander aux PDG et aux gestionnaires, à un moment donné, de nous transmettre les documents souhaités. Mais que se passerait-il si ces gens se contentaient de dire: « Oui, nous verrons »? Comme l'a dit ma collègue d', où est la mesure d'exécution qui obligerait les entreprises à respecter les dispositions prévues?
La situation me fait penser aux panneaux, sur le bord des autoroutes ontariennes, qui disent que la loi sera appliquée, c'est-à-dire que les agents de la Police provinciale de l'Ontario donneront d'importantes contraventions aux conducteurs qui dépassent la limite de vitesse. S'ils la dépassent d'un certain nombre de kilomètres-heure, leur véhicule sera saisi pendant 24 heures et on leur retirera leur permis de conduire pour le reste de la journée. Voilà donc des mesures d'exécution qui contraignent les gens à respecter la loi. Il n'y a rien à cet effet dans le projet de loi dont nous sommes saisis.
Même si elles étaient distinctes — sur les poissons, la viande, etc. —, les mesures législatives précédentes imposent elles aussi des amendes à ceux qui ne respectent pas les règles auxquelles ils sont soumis et les responsabilités qui leur incombent. Or, ces dispositions ne sont habituellement pas appliquées, ce ne sont donc que des tigres de papier. Elles ne servent à rien. Le projet de loi prévoit l'imposition d'une amende de 5 millions de dollars, mais ça ne se produira jamais; après tout, nous aurions déjà pu infliger des centaines de milliers de dollars d'amende, mais nous ne l'avons pas fait. Il n'y a rien de mal à fixer une amende de 5 millions de dollars. Nous convenons que c'est probablement un montant approprié. Par contre, nous ne sommes pas du tout d'accord avec la manière dont le gouvernement entend appliquer la mesure. Lorsqu'il sera prouvé que quelqu'un s'est soustrait à ses responsabilités, quand le mettra-t-on à l'amende et comment s'y prendra-t-on? Recourra-t-on au mécanisme d'application pour forcer les gens à respecter la loi en leur imposant des amendes ou perpétuera-t-on la situation actuelle, qui, finalement, consiste à dire qu'il n'y a pas de problème?
Pourquoi ne pas procéder à un rappel volontaire pour éviter l'amende? Un rappel volontaire: voilà un euphémisme s'il en est un. On voit les choses sous un tout autre éclairage lorsqu'on découvre qui sont les intervenants. Une entreprise ne propose pas dès le départ de son propre chef de rappeler ses produits. Il y a des négociations avec les responsables de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, et parfois avec le ministre et des cadres supérieurs, sur la façon de procéder. Une entreprise accepte de faire un rappel volontaire simplement pour ne pas écoper d'une amende. Ce n'est pas du tout une démarche volontaire au sens où on l'entend habituellement. Le rappel volontaire n'est pas aussi volontaire qu'on le croit.
Et qu'est-ce qui attend cette mesure législative? Le comité. Nous sommes ravis de pouvoir la renvoyer au comité le plus rapidement possible. J'espère que les députés d'en face sauront écouter les suggestions concrètes et valables qui leur seront faites dans le but d'améliorer le projet de loi.
Si nous voulons faire de la salubrité des aliments notre priorité numéro un, comme le ministre le disait, faisons en sorte que les députés puissent affirmer, d'une seule voix, que le projet de loi dont ils sont saisis permettra réellement d'assurer la salubrité des aliments que consomment les Canadiens et qu'il fera tout ce qu'on veut qu'il fasse, à commencer par protéger les consommateurs, ce qui demeure notre plus grand souci, car nous ne voulons surtout pas que les gens tombent malades parce qu'ils ont mangé des aliments contaminés, mais aussi protéger les industries, car nous ne voulons pas non plus que les éleveurs de bétail du Canada écopent comme ils écopent aujourd'hui. Alors qu'ils n'ont rien à se reprocher, ils voient le prix de leur bétail fondre comme neige au soleil, en plus de voir leurs bêtes elles-mêmes confinées dans les parcs d'engraissement ou je ne sais trop où. Il se passe toutes sortes de choses parce que l'un des maillons de la chaîne est défaillant, qu'il s'agisse d'un éleveur de vaches de réforme ou de veaux qui a du mal à trouver un moyen de transport pour ses animaux ou que sais-je encore. Mais ce n'était même pas la faute des éleveurs. Le maillon défaillant de la chaîne, ce n'était pas eux.
C'est un transformateur en particulier, le maillon faible de la chaîne. Si les lois sur la salubrité des aliments étaient plus strictes que ce qu'on nous propose et si les mesures en vigueur étaient adéquates, nous pourrions renforcer les maillons faibles et faire en sorte que la chaîne au grand complet, du producteur au consommateur, soit infaillible. Nous pourrions alors assurer à nos partenaires internationaux que le boeuf qu'ils achètent chez nous n'a son pareil nulle part ailleurs parce que nos producteurs sont les meilleurs. Nous devons cependant nous assurer que les transformateurs ne feront pas défaut aux producteurs.
Voilà quel devrait être le point de départ du projet de loi. Toujours commencer par assurer la protection des consommateurs ainsi que la réputation de toute l'industrie, du producteur au consommateur. Voilà ce en quoi devrait consister cette mesure législative. Nous n'en sommes pas encore là, mais c'est pour y arriver que nous la renverrons au comité et que nous proposerons des moyens concrets et positifs de l'améliorer.
Au bout du compte, ce n'est pas une question de partisanerie. Il n'y a pas que les tenants d'un certain parti qui mangent. Nous mangeons tous. Mon petit-fils a 16 mois. Il mange de la viande. Il aime cela. Je veux qu'il soit en sécurité. Nous voulons tous être en sécurité, et pas seulement pour nous-mêmes. La plupart d'entre nous aiment toujours manger de la viande. Certes, il y a des gens qui, pour une raison ou une autre, ont choisi de ne plus en consommer, mais il s'agit là d'un choix personnel, et il n'y a rien de mal à cela.
Toutefois, pour nous tous, il s'agit d'assurer la salubrité des aliments que nous achetons, peu importe où nous nous les procurons, que ce soit dans un marché fermier ou dans une grande surface. Nous voulons être absolument certains que les Canadiens, lorsqu'ils apportent un produit chez eux, sont persuadés que le produit est sécuritaire parce qu'ils savent à quel point chaque personne, à chaque étape du système alimentaire, a fait tout son possible pour que le produit soit aussi salubre qu'il devrait l'être. Cela contribuerait grandement à convaincre nos partenaires internationaux qu'ils ont tout intérêt à commercer avec nous en ce qui a trait à ce genre de produits agricoles.
Comme on peut le constater, obtenir la meilleure mesure législative possible sur la salubrité des aliments est un objectif primordial pour les députés de l'opposition officielle. Je veux parler un instant de la question de l'échéancier.
Mon leader parlementaire m'a appris qu'il avait offert au gouvernement la possibilité de débattre de ce projet de loi jeudi dernier, en après-midi. Si je ne m'abuse, c'est le gouvernement qui a refusé. Il y a toutes sortes de raisons qui justifient que l'on accepte ou que l'on refuse une demande, mais il faut cesser de se renvoyer la balle pour savoir qui a offert quoi et à quel moment.
Il faut avant tout transformer ce projet de loi en ce qu'il doit être. C'est peut-être la seule chance que cette législature aura de s'attaquer à une loi sur les aliments. Comme l'a dit plus tôt le député de , cela fait un certain temps que le gouvernement veut s'y mettre, depuis les années 1990. Si je ne m'abuse, on avait alors présenté le projet de loi C-80. Il était inscrit au Feuilleton mais il y est mort lorsque le Parlement a été dissous. Puis il y a eu le projet de loi C-27, qui lui aussi est mort au Feuilleton.
Nous voici saisis du projet de loi . J'espère qu'il finira par être adopté, mais avant tout, qu'on accepte les propositions d'amendement qui, selon nous, l'amélioreront. J'ai l'impression que c'est la seule occasion qui se présentera à la Chambre, étant donné les discordes partisanes, comme par exemple à l'égard du projet de loi omnibus. Je comprends les difficultés que nous avons avec cela et toutes les discussions qu'il suscite.
Au bout du compte, nous convenons tous que la salubrité des aliments est la principale priorité de tous les Canadiens. Nous devrions trouver une façon de mettre en oeuvre les meilleures idées, peu importe qui y a pensé, que ce soit un député de mon caucus, un député du caucus libéral ou un député du caucus conservateur, qu'il siège au Comité de l'agriculture, au Comité de la santé ou à un autre comité. On devrait étudier toutes les idées.
Je suis heureux que le projet de loi nous soit enfin parvenu mais je suis troublé par le fait qu'il ait commencé au Sénat. Les néo-démocrates estiment que les mesures législatives populaires devraient commencer à la Chambre et non au Sénat. Le Sénat est clairement un organe non élu. Dans le système actuel, le Sénat fait ce qu'il doit faire pour adopter des lois et faire en sorte qu'elles reçoivent la sanction royale. Personne ne remet cela en question.
Cependant, à mon humble avis, les mesures qui concernent l'ensemble de la population doivent être présentées à la Chambre du peuple. Il est malheureux que le projet de loi n'ait pas commencé ici, mais il y est maintenant. Nous sommes déterminés à l'améliorer et à le faire adopter rapidement parce que les Canadiens ne méritent rien de moins. Nous ferons tout notre possible pour que cela se passe ainsi.
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Monsieur le Président, je suis heureux de m'exprimer aujourd'hui au sujet de la modernisation du système canadien d'assurance de la salubrité des aliments, qui était due depuis longtemps. S'il y a une chose qui se dégage de la récente éclosion d'
E. coli à l'usine de XL Foods à Brooks, en Alberta, c'est que nous devons examiner de plus près la question de l'assurance de la salubrité des aliments au Canada. Encore récemment, le gouvernement vantait notre système comme l'un des meilleurs au monde. Or, ce système a inexplicablement échoué et, en conséquence, 15 personnes sont tombées malades au Canada.
Après un mois de couverture médiatique continue, les Canadiens ne connaissent que trop bien la situation qui continue d'évoluer à l'établissement 38 de XL Foods, situé à Brooks, en Alberta, qui a donné lieu au plus important rappel de boeuf de l'histoire du Canada. Il est important que les Canadiens qui suivent le débat actuel ne se laissent pas duper par le faux empressement que manifestent le et le gouvernement à l'égard du projet de loi, car ce n'est qu'une tactique en vue de détourner l'attention d'une situation désastreuse.
Lorsque les sénateurs conservateurs ont présenté le projet de loi à la Chambre haute en juin, il n'était pas urgent de faire progresser le débat rapidement. En fait, le projet de loi n'est devenu prioritaire que lorsque les conservateurs ont été pris à partie au cours du dernier mois et ont dû se défendre à l'égard des compressions qu'ils ont imposées à l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Le projet de loi a servi de prétexte au ministre pour prétendre que l'inaction de l'opposition retarde l'impartition des pouvoirs voulus aux inspecteurs afin d'empêcher que ne se reproduisent des écarts au chapitre de l'assurance de la salubrité des aliments comme il s'en est produits à XL Foods. Malheureusement, ce n'est qu'un vilain stratagème, une tactique trop souvent employée par le gouvernement.
Supposons un instant que les Canadiens n'étaient pas au courant que, en vertu des dispositions actuelles de la Loi sur l'inspection des viandes, les inspecteurs affectés à XL Foods à Brooks n'étaient pas en mesure d'exiger la production des documents dont ils avaient besoin, ce qui, bien sûr, est tout à fait faux. Le cas échéant, pourquoi le gouvernement aurait-il laissé traîner tout l'été au Sénat le projet de loi octroyant ces pouvoirs? C'est encore une fois bien typique du gouvernement. Celui-ci n'a aucune volonté d'élaborer de bonnes politiques publiques dans l'intérêt des Canadiens. Il brandit plutôt le projet de loi à la Chambre et s'y reporte sans cesse pour se faire du capital politique bon marché.
C'est un projet de loi important, mais les Canadiens doivent comprendre qu'il n'est pas une panacée. Une fois qu'il aura été adopté, les inspecteurs des aliments du Canada ne seront pas, comme par magie, capables de prévenir d'autres éclosions de maladies d'origine alimentaire et n'auront pas beaucoup plus d'outils à leur disposition qu'à l'heure actuelle. Dans les faits, le projet de loi rationalisera certaines procédures d'inspection en vigueur à l'ACIA. Bon nombre de modifications sont superficielles et visent surtout à moderniser le système de salubrité et d'inspection des aliments. C'est, bien sûr, une bonne idée de créer une loi plus efficace et moderne, mais nous devons avoir les ressources nécessaires pour l'appliquer.
Au printemps dernier, le gouvernement a annoncé des compressions massives à l'ACIA, y compris une réduction de 56,1 millions de dollars de son budget. Ce n'est que récemment que nous avons découvert que le gouvernement ne savait pas combien de ressources étaient disponibles à l'ACIA avant de faire ces compressions, car il n'avait pas effectué l'examen exhaustif des ressources qu'avait demandé l'enquêteuse indépendante dans son rapport sur la crise de la listériose.
Nous appuyons la modernisation de notre système d'assurance de la salubrité des aliments. Après tout, c'est un gouvernement libéral qui avait présenté le projet de loi en novembre 2004. Cette mesure législative était la deuxième étape de notre processus de modernisation visant à consolider et renforcer les pouvoirs d'inspection et d'application de l'ACIA à l'égard des aliments, des produits agricoles et aquatiques, des produits entrant dans la production des denrées agricoles, et des animaux et des végétaux.
Il est intéressant de souligner que la députée d' — qui est aujourd'hui ministre, mais qui, à l'époque, était la porte-parole de l'opposition officielle pour l'agriculture — s'était plainte que le projet de loi pourrait trop limiter l'industrie et avait souligné que son parti « préconise […] pour le Canada des politiques de réglementation moins intrusives. » Le projet de loi est mort au Feuilleton l'année suivante, lors de la dissolution du Parlement. Depuis, nous avons connu une grave crise de salubrité des aliments, laquelle a entraîné la mort de 23 Canadiens et en a rendu très malade de nombreux autres.
La première leçon que nous avons tirée de l'éclosion de listériose survenue en 2008, c'est qu'il est déjà trop tard lorsque des produits contaminés sont sur le marché. Ce sont surtout les personnes les plus vulnérables de notre population, à savoir les enfants, les aînés, les femmes enceintes et leurs foetus, qui sont à risque de contracter des maladies d'origine alimentaire. La seule façon de les protéger, c'est d'intercepter les aliments contaminés avant qu'ils n'arrivent sur les tablettes.
Une enquêteuse indépendante, Sheila Weatherill, fut nommée dans la foulée de cette tragédie pour trouver la faille dans le système. Elle a formulé une série de recommandations ayant pour but d'éviter qu'une telle tragédie ne se reproduise.
Dans la réponse à son rapport, le gouvernement s'est targué d'avoir donné suite à l'ensemble des 57 recommandations qu'elle avait formulées, le projet de loi étant la dernière mesure en ce sens. Il reste pourtant à voir s'il a effectivement donné suite à toutes les recommandations.
Avant que la Chambre n'adopte une autre mesure législative sur la salubrité des aliments, le gouvernement devra donner à notre parti et aux Canadiens l'assurance que s'il veut bel et bien apporter des changements réels et significatifs, il veillera à ce que l'ACIA dispose enfin des ressources dont elle a besoin et, à cet égard, il procédera à une évaluation exhaustive de ses ressources afin de déterminer ses besoins.
À première vue, le projet de loi est relativement simple. Il regrouperait dans une seule loi la Loi sur l'inspection des viandes, la Loi sur l'inspection du poisson, la Loi sur les produits agricoles au Canada ainsi que les dispositions de la Loi sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation qui portent sur les aliments.
En outre, il établirait une structure d'inspection et d'application de la loi parallèle pour tous les produits alimentaires, ce qui signifie qu'il n'y aurait désormais plus d'inspecteurs affectés précisément aux viandes ou aux poissons, mais plutôt des inspecteurs formés pour examiner tous les types de produits alimentaires. Cette situation me préoccupe quelque peu. J'ai beaucoup d'estime pour nos inspecteurs, qui travaillent avec diligence pour assurer la salubrité des aliments que nous consommons, mais je sais qu'il arrive parfois qu'on ne leur donne pas tous les outils nécessaires pour accomplir tout le travail qu'on attend d'eux. Nous demandons aux inspecteurs de devenir des généralistes, les obligeant du coup à élargir encore un peu plus leur champ d’expertise, alors qu'il est déjà plutôt étendu.
Je pose la question au gouvernement: quels mécanismes mettra-t-il en place pour veiller à ce que tous les inspecteurs reçoivent une formation adéquate pour tous les produits alimentaires alors qu'après quatre ans, il n'a toujours pas offert à l'ensemble des inspecteurs la formation relative au système général de vérification?
Cet enjeu a été mis à l'avant-plan tout récemment en raison de l'éclosion de la bactérie E. coli à l'usine de Brooks. Le président du Syndicat de l'agriculture de l'Alliance de la fonction publique du Canada, M. Bob Kingston, a formulé les observations suivantes lorsqu'il a témoigné devant le Comité sénatorial permanent de l'agriculture au sujet de ce projet de loi:
Vous serez peut-être intéressés d’apprendre que seule une faible proportion des inspecteurs travaillant à l’usine de XL Foods ont reçu une formation sur le SVC. C’est exact; plus de quatre ans après la mise en œuvre du SVC, la plupart des inspecteurs de l’usine n’ont pas été formés à son utilisation. Pourquoi? La réponse est simple: l’ACIA n’a pas les moyens d’offrir de la formation plus rapidement et il n’y a pas assez d’inspecteurs pour remplacer ceux qui s’absentent pendant leur formation. De plus, les ressources sont souvent redirigées pour résoudre les crises, ce qui compromet encore plus les efforts en formation.
Cette déclaration frappe au coeur même du mythe qu'on a entendu maintes et maintes fois, soit que le gouvernement conservateur en poste a embauché plus d'inspecteurs que jamais. En outre, elle montre clairement que même si le gouvernement est prêt à fabriquer une automobile, il n'a pas l'intention d'embaucher un bon conducteur ou, dans ce cas, de former une personne afin qu'elle devienne un bon conducteur.
De ce côté-ci, nous sommes préoccupés par le fait que les inspecteurs pourraient devoir faire face à une situation encore plus difficile, tout en étant tenus de suivre une formation pour assurer la salubrité de nos aliments.
M. Kingston a poursuivi son témoignage ainsi:
La situation ne se limite pas à XL. En effet, nous avons appris, au cours d’une conférence à laquelle nous avons assisté la fin de semaine dernière, que la situation était exactement la même au Québec. Il s’agit d’un autre exemple de l’industrie qui exerce une autosurveillance déficiente, car l’ACIA n’a pas les ressources nécessaires pour vérifier l'observation des règles.
Que s'est-il donc passé à Brooks, en Alberta? Une telle détérioration de la salubrité alimentaire n'arrive pas du jour au lendemain. On ne ferme pas une usine pendant trois semaines simplement à cause d'un robinet défectueux. On ferme une usine pendant trois semaines à cause de problèmes de conformité à tous les échelons.
Le ministre a déclaré que 40 inspecteurs et 6 vétérinaires travaillent à l'usine de Brooks. Combien de ces inspecteurs ont reçu une formation complète relativement au système de vérification de la conformité? À quel endroit, dans la loi, le gouvernement a-t-il indiqué le nombre d'inspecteurs nécessaires dans chaque usine?
Il est malhonnête et pas du tout rassurant de prétendre que cette mesure législative répond aux besoins des Canadiens, car elle n'apporte ni clarté ni réponse aux questions que je viens de soulever.
Le projet de loi instaurerait certaines interdictions, surtout liées à l'importation, à l'exportation et au commerce interprovincial, ainsi qu'à la fabrication, au conditionnement et à la vente de produits alimentaires. Il instaurerait également des sanctions plus sévères en cas d'altération, de canular ou d'autres pratiques trompeuses. De ce côté-ci, nous convenons que l'ACIA devrait disposer des outils nécessaires pour appliquer les normes d'importation et pénaliser les pratiques trompeuses. Toutefois, le simple fait de donner un plus gros bâton à l'ACIA ne rassure pas les inspecteurs.
Depuis l'éclosion d'E. coli à l'usine de XL Foods, le gouvernement prétend que les pouvoirs d'application de la loi de l'ACIA sont insuffisants. Le ministre a déclaré qu'il avait fallu deux semaines pour émettre un avis de rappel de viande contaminée parce que les inspecteurs de l'ACIA sur le terrain n'avaient pas eu accès en temps opportun aux documents qui leur auraient indiqué que l'usine de XL ne surveillait pas les tendances qui ont mené à l'épidémie.
Voilà un scénario bien pratique. Toutefois, la Loi sur l'inspection des viandes actuelle accorde déjà des pouvoirs contraignants. L'ACIA peut notamment:
[...] exiger la communication, pour examen ou reproduction totale ou partielle, de tout livre, bordereau d’expédition, connaissement ou autre document ou dossier qui, à son avis, contiennent des renseignements utiles à l’application de la présente loi et de ses règlements.
De plus, la loi actuelle prévoit ce qui suit:
Le propriétaire ou le responsable du lieu ou véhicule visité, ainsi que quiconque s’y trouve, sont tenus de prêter à l’inspecteur toute l’assistance possible dans l’exercice de ses fonctions et de lui donner les renseignements qu’il peut valablement exiger quant à l’application de la présente loi et de ses règlements.
En février dernier, l'ACIA a énoncé clairement les dispositions réglementaires destinées aux transformateurs dans le document intitulé « Guide sur l'inspection destiné aux transformateurs » qu'elle a versé sur son site Web. Ce guide vient renforcer l'obligation prévue par la loi qui consiste à donner des renseignements à un inspecteur et à lui prêter assistance, au besoin.
Dans le communiqué de presse que le gouvernement a publié plus tôt cette année au sujet du projet de loi , on peut lire clairement que le pouvoir de demander des documents n'est pas nouveau. À la question 8 de la foire aux questions, on demande si les inspecteurs se verront conférer de nouveaux pouvoirs. Voici la réponse à cette question:
Aux termes de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada, tous les pouvoirs de l’inspecteur qui étaient conférés dans la Loi sur l’inspection du poisson, la Loi sur l’inspection des viandes et la Loi sur les produits agricoles au Canada ont été regroupés sous une seule série de pouvoirs qui sont énoncés en un libellé modernisé. En outre, la loi ne fera plus de distinction entre les différents produits alimentaires, comme le faisait chaque loi.
Jusqu'ici, tout ce qui est nouveau, c'est le fait que les pouvoirs seront dorénavant regroupés au lieu d'être séparés les uns des autres. Voici la suite de la réponse:
Le principal nouveau pouvoir qui n’existait pas dans les anciennes lois en matière de salubrité des aliments est celui de demander un mandat par téléphone. De plus, le projet de loi accorde plus explicitement à l’inspecteur le pouvoir de pénétrer ou de franchir une propriété privée pour se rendre à un lieu aux fins d’inspection ou pour prendre des photographies.
Ainsi, la nouvelle loi permettra aux autorités de demander un mandat par téléphone et rendra plus facile l'accès à une propriété privée. Mes collègues d'en face pourraient peut-être m'expliquer comment ces dispositions auraient pu aider les 40 inspecteurs affectés à l'usine de XL Foods. Leur était-il impossible de surveiller les chaînes de travail? S'agissait-il d'installations fermées, auxquelles il leur était impossible d'avoir accès? Apparemment, ce n'était pas le cas, puisque les ministres ont affirmé qu'ils entretenaient des relations de travail très étroites avec le personnel de XL Foods. Voici toutefois la suite de la réponse:
De nombreux pouvoirs ont été mis à jour par rapport à leur version précédente afin de tenir compte des nouvelles conventions de rédaction et de les clarifier pour tous les intervenants. Ces pouvoirs sont notamment ceux de demander à une personne de commencer ou de cesser une activité afin de prévenir la non-conformité à la loi, de demander la production de documents et d’empêcher de faire obstacle ou de nuire à l’exercice des fonctions de l’inspecteur.
Voilà enfin le pouvoir qui manquait selon eux, sauf que le ministère dit clairement qu'il existait déjà. Ce « superpouvoir » qui sera finalement accordé aux inspecteurs existait déjà, il fallait seulement préciser le libellé de la mesure législative. Cette information provient directement du ministère même du . Je me réjouis que la formulation des dispositions soit améliorée, mais cela renforce encore davantage l'idée que la mesure législative dont nous sommes saisis n'est pas la solution magique dont les inspecteurs ont besoin.
Ce dont ils ont besoin, et ce que la sécurité des consommateurs exige, c'est que le gouvernement prévoie dans le projet de loi la vérification par un tiers des ressources, notamment des ressources humaines, ce que nos collègues à l'autre endroit ont cherché à inclure et que notre chef, le député de , a demandé que le vérificateur général fasse.
En fait, cette vérification a d'abord été réclamée par l'enquêteuse indépendante sur l'éclosion de la listériose, Sheila Weatherill, qui a déclaré ceci:
En raison de l'absence de renseignements détaillés et des opinions divergentes que nous avons entendues, nous n'avons pu déterminer ni le niveau actuel des ressources ni les ressources nécessaires pour mener efficacement les activités du SVC. Pour la même raison, nous n'avons pu tirer de conclusion au sujet du caractère adéquat de la conception du programme, du plan de mise en oeuvre, de la formation et de la supervision des inspecteurs ainsi que des activités de supervision et de suivi du rendement.
Elle a donc fait la recommandation suivante:
Pour déterminer précisément les ressources d'inspection nécessaires et le nombre d'inspecteurs requis, l'Agence canadienne d'inspection des aliments doit retenir les services d'experts externes qui effectueront une vérification des ressources. Les experts doivent également recommander les changements et les stratégies de mise en oeuvre nécessaires. La vérification doit comprendre une analyse portant sur le nombre d'usines dont un inspecteur doit être responsable ainsi qu'une analyse du bien fondé de faire une rotation des inspecteurs.
Cela reste à faire. Une simple enquête a été menée et l'ancienne présidente de l'ACIA, Carole Swan, a dit que cet examen n'était pas l'équivalent d'une vérification globale. Le gouvernement ne pouvait pas dire qui étaient ses inspecteurs, quels étaient leurs rôles, ni où ils se trouvaient. Il ne pouvait évidemment pas dire si leur nombre était suffisant ou s'il en fallait davantage. Les députés d'en face essaieront de dire que le vérificateur général a déjà le pouvoir de procéder à la vérification des activités de l'ACIA. Cependant, comme ils ont étudié attentivement le dernier projet de loi omnibus, tous les députés d'en face auront aussi remarqué que le projet de loi retirait au vérificateur général du Canada, à la page 187, le pouvoir de demander à l'ACIA de fournir des renseignements sur le rendement de l'agence. Certes, le mandat du vérificateur général lui permet d'examiner les ministères de son choix, mais le nombre de vérifications qu'il peut effectuer annuellement est limité.
En outre, si les conservateurs s'opposent si vigoureusement à ce que le vérificateur général procède à un tel examen, ils devraient mettre en place un processus externe transparent et indépendant, afin que nous puissions enfin savoir, entre autres choses, quelles sont les ressources nécessaires, où elles sont requises et si les ressources existantes sont suffisantes. Malheureusement, le gouvernement ne s'intéresse qu'aux victoires en matière de communications, et non à l'aide réelle qu'il pourrait apporter aux Canadiens. Dans son discours d'aujourd'hui, le ministre a parlé davantage des députés de l'opposition que de son projet de loi. Ce projet de loi comprend plusieurs mesures importantes que nous pourrions appuyer, mais il ne va pas assez loin pour veiller à ce que les ressources appropriées soient allouées. À ce jour, nous avons donné aux conservateurs toutes les occasions d'ajouter des mesures importantes et viables, comme une vérification, mais chaque fois ils ont refusé.
Nous sommes d'accord avec Bob Kingston, qui a dit:
De façon générale, ce projet de loi est un bon début, mais il faut veiller à ce que le mécanisme d'appel proposé ne donne pas à l'industrie un pouvoir excessif qui minerait le travail des inspecteurs de l'ACIA [...] Aujourd'hui, le gouvernement a fait une déclaration importante en présentant la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Il revient maintenant au gouvernement de fournir à l'ACIA les ressources nécessaires pour mettre en application les nouvelles règles. L'administration de l'ACIA, quant à elle, doit adopter une approche préventive.
Nous appuierons le renvoi de ce projet de loi au comité. J'espère sincèrement que le gouvernement sera plus enclin à apporter les changements nécessaires pour veiller à ce que nos inspecteurs disposent des ressources adéquates. J'espère aussi que les députés d'en face ne penseront pas seulement à marquer des points faciles. J'ai hâte d'examiner ce projet de loi de plus près au cours des prochains jours.