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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour parler de la façon dont l'accord de libre-échange du gouvernement avec le Panama s'inscrit dans notre Stratégie pour les Amériques.
Premièrement, j'aimerais parler du fait que l'ambitieux plan de promotion du commerce du gouvernement et notre Stratégie commerciale mondiale créent de nouveaux débouchés dans le monde entier pour les exportateurs canadiens.
En étroite collaboration avec le secteur canadien des affaires, notre gouvernement a mis au point sa Stratégie commerciale mondiale afin de permettre au Canada de s'adapter à l'évolution de l'économie mondiale et d'assurer sa prospérité à long terme. La stratégie cible 13 marchés prioritaires dans le monde présentant le meilleur potentiel de croissance pour les compagnies canadiennes. Cette stratégie a également donné naissance au plan de promotion du commerce le plus ambitieux de l'histoire du Canada. Le Canada est devenu un chef de file sur la scène internationale grâce à son appui au commerce, à la création d'emplois, à la croissance économique et à la prospérité pour les travailleurs canadiens et leur famille.
Le bilan jusqu'à présent est remarquable. Grâce à la Stratégie commerciale mondiale, le Canada a conclu un accord de libre-échange avec 9 pays, représentant des marchés d'une valeur totale de 1,5 billion de dollars. Nous avons commencé à consolider nos relations commerciales et en matière d'investissement avec les pays les plus dynamiques et les plus florissants du monde, dont le Brésil, l'Inde, le Japon et l'Union européenne. Nous avons également conclu de nouveaux accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers avec 14 pays supplémentaires.
Les Amériques sont un marché prioritaire pour notre gouvernement. En fait, pas plus tard que l'année dernière, le gouvernement a annoncé des plans visant à renforcer l'engagement du Canada dans la région, afin de veiller à ce que nos efforts soient ciblés et aient un maximum d'effet.
En fait, beaucoup de députés ont participé, hier soir, à une réception organisée par ParlAmericas et y ont rencontré des ambassadeurs de différents pays des Amériques. Plusieurs ambassadeurs m'ont confié qu'ils sont ravis de voir le Canada sur leur écran radar et de voir que des Canadiens se rendent dans leur pays pour brasser des affaires et que le gouvernement reconnaît le potentiel de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud et des Caraïbes. Ils reconnaissent le travail que nous avons accompli dans le domaine du commerce extérieur et l'accord de libre-échange avec le Panama viendra appuyer nos efforts.
J'aimerais donner plus de détails à la Chambre sur la façon dont l'accord de libre-échange avec le Panama cadre avec notre Stratégie pour les Amériques. La stratégie renouvelée vise trois objectifs, à savoir: favoriser la création de débouchés économiques au Canada et dans l'hémisphère; améliorer la sécurité et renforcer les institutions afin de faire progresser la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit; jeter des bases solides pour appuyer l'engagement du Canada et accroître son influence dans l'hémisphère. Nul doute que cet accord nous aide à atteindre ces objectifs.
En cette période d'incertitude et de difficultés économiques mondiales, nous devons absolument renforcer nos relations commerciales. L'expansion des relations commerciales et des investissements dans les Amériques aidera le Canada non seulement à protéger et à créer des emplois, mais également à accroître la prospérité de tous les Canadiens.
Pour favoriser la création de débouchés économiques, le Canada concentre ses efforts sur le resserrement des relations commerciales et des relations d'investissement grâce à la signature d'accords commerciaux. Les Amériques jouent un rôle clé en ce qui concerne les initiatives canadiennes de commerce bilatéral. En fait, sur les dix accords de libre-échange que le Canada a conclus, sept l'ont été avec des pays des Amériques.
Il ne suffit toutefois pas de signer un accord de libre-échange. Comme le reconnaît la Stratégie pour les Amériques du gouvernement, il faut informer les entreprises canadiennes des avantages et des possibilités qu'offrent ces accords. Le gouvernement comprend que, grâce à l'engagement, au développement et aux relations commerciales, le Canada peut favoriser le changement et la croissance dans les Amériques.
Promouvoir la libéralisation des échanges dans les Amériques ouvre de nouvelles portes aux entreprises canadiennes et leur offre de nouveaux débouchés. De plus, cela augmente les avantages économiques pour les Canadiens, notamment en créant de nouveaux emplois pour les travailleurs canadiens partout au pays.
Les efforts du Canada visant à libéraliser les échanges commerciaux avec les Amériques portent leurs fruits. Nous éliminons les obstacles aux échanges commerciaux et favorisons le commerce bilatéral. Les Amériques offrent de grandes possibilités. Entre 2005 et 2010, les échanges commerciaux entre les pays des Amériques et le Canada ont augmenté de près de 40 %.
Afin d'améliorer les perspectives économiques, notre gouvernement renouvelle la Stratégie pour les Amériques, qui sera axée sur l'intensification de la promotion du commerce et des efforts de développement des relations commerciales, de manière à ce que les exportateurs et les autres entreprises du Canada puissent tirer parti pleinement des nouveaux accords commerciaux dans cette région du monde. En libéralisant les échanges commerciaux avec le Panama, le Canada développe des partenariats économiques qui contribueront à la prospérité à long terme des deux pays.
J'ai eu le plaisir de me rendre au Panama à de nombreuses occasions. J'y suis allé grâce à ParlAmericas ainsi que pour des voyages personnels, seul ou avec ma famille. Le Panama est un pays dynamique. Il est traversé par le canal de Panama, où passent les trois-quarts des marchandises transportées sur les océans de la planète.
Compte tenu de la situation du Panama en Amérique, ce pays est en train de devenir, avec des lignes aériennes comme Copa, la plaque tournante du transport à destination et en partance de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud. Il me semble important de ratifier cet accord commercial pour nous assurer de pouvoir nous rendre facilement au Panama, ce qui nous permettra d'être plus actifs non seulement dans ce pays, mais dans l'ensemble de la région. Le Panama est un élément essentiel de nos efforts là-bas.
Cet accord commercial et ses accords parallèles sur la main-d'oeuvre et l'environnement favoriseront le commerce et les investissements. Les exportateurs et les autres entreprises du Canada en tireront un avantage décisif.
Pour protéger les entreprises et les investisseurs canadiens, il faut prendre en compte la situation en Amérique centrale sur le plan de la sécurité. C'est l'un des piliers de notre Stratégie pour les Amériques renouvelée.
Le Panama est conscient de ses problèmes de sécurité et il a augmenté considérablement ses dépenses dans ce domaine. Il s'est engagé à poursuivre l'amélioration de ses organes de sécurité. Il continue d'établir une solide coopération en matière de sécurité avec les États-Unis et ses voisins d'Amérique centrale, dans le cadre de la stratégie de sécurité régionale du Système d'intégration de l'Amérique centrale.
Notre gouvernement est heureux des efforts consentis par le Panama pour régler les problèmes de sécurité et neutraliser les dangers pour la sécurité publique en Amérique centrale.
Les relations internationales sont fondamentales. La concurrence pour les parts de marché est de plus en plus vive. Le Canada doit démontrer qu'il est un partenaire commercial sérieux et fidèle. Notre gouvernement continue de mettre en oeuvre un plan ambitieux pour favoriser le commerce international. Ce plan ouvre de nouvelles perspectives économiques, non seulement en Amérique, mais également dans d'autres marchés dynamiques à forte croissance, ailleurs dans le monde. De plus, bien qu'il soit essentiel d'intensifier les liens commerciaux, le Canada continuera de bénéficier également de l'élargissement de ses relations dans le secteur privé, le secteur public et le monde universitaire.
Au cours des deux dernières années, j'ai eu le privilège de voyager dans la région avec le pour aller à la rencontre de nos partenaires commerciaux et aider les entreprises canadiennes à trouver des débouchés dans ces pays. Le gouverneur général est également allé à l'étranger, notamment au Brésil, pour promouvoir les systèmes d'éducation que nous avons ici, au Canada.
En fait, un pays comme le Brésil dépense beaucoup d'argent pour envoyer des étudiants à l'étranger. Bien des universités canadiennes saisissent l'occasion pour inciter les Brésiliens à faire leurs études ici, au Canada. Lorsque nous créons de tels liens, nous favorisons la croissance des échanges entre les deux pays. Compte tenu de la croissance que connaît le Brésil, ce n'est pas un mauvais pays à compter parmi nos alliés.
Tous les pays des Amériques ont intérêt à favoriser la prospérité, la sécurité et la stabilité. C'est la raison pour laquelle le gouvernement entend nouer des relations durables avec ses voisins aux vues similaires. Grâce à nos bonnes relations bilatérales, que nous devons aux rapports personnels qui se créent à la faveur des échanges étudiants, du tourisme et des affaires, nos liens avec le Panama se renforcent de jour en jour.
Chaque jour, le nombre de débouchés pour les entreprises et les exportateurs canadiens augmente. Par exemple, il y a à peine trois semaines, j'ai reçu un coup de fil d'un collègue au Panama dont j'avais fait la connaissance dans le cadre d'une rencontre commerciale. Il m'appelait pour se renseigner sur le boeuf canadien. Il me demandait ce qu'il devait faire pour se procurer du boeuf canadien. Voilà comment on forge des liens. Nous pouvons le mettre en rapport avec les bonnes personnes à la fédération du boeuf canadien, qui pourront se rendre sur place pour établir des liens et utiliser ensuite ces nouveaux contacts pour vendre plus de boeuf canadien. Ce n'est qu'un exemple des avantages que cet accord commercial procurera aux agriculteurs.
Autre exemple, concernant cette fois-ci l'industrie du blé. Nous aurons un accès privilégié au marché panaméen, passant même avant les États-Unis. Les États-Unis n'ont pas encore conclu d'accord de commercial avec le Panama. Les entreprises canadiennes auront donc accès à ce marché bien avant leurs concurrents. Nous pourrons y établir des liens solides bien avant nos concurrents américains.
L'Accord de libre-échange Canada-Panama est une des composantes essentielles pour atteindre les objectifs de la Stratégie pour les Amériques. Lorsque l'on observe ce qui se passe dans les Amériques, on note la croissance et le potentiel de croissance. Voilà un pays qui tend la main au Canada, en raison des enjeux auxquels il est confronté, et qui attend patiemment la ratification de cet accord.
Je connais assez bien l'ancien ambassadeur. Il était impatient de voir la Chambre adopter l'accord. Malheureusement, on l'a rappelé. Il n'a jamais compris pourquoi les choses ont tardé à ce point, car les gens de Panama souhaitent vraiment que cet accord commercial se réalise.
Lors d'un de mes voyages au Panama, j'ai eu l'occasion de passer un peu de temps avec l'un des députés de l'endroit et de voir sa circonscription. J'ai visité des régions parmi les plus pauvres, des bidonvilles, et j'ai pu voir ce à quoi était confronté ce parlementaire dans le cadre de son travail. On en avait le coeur à la fois gonflé de joie et brisé de tristesse. L'amélioration de la qualité de vie personnelle des gens inspirait de la joie, mais la situation dans laquelle ces enfants grandissaient ainsi que les conséquences d'une économie chancelante fendaient tout simplement le coeur.
Le Canada ne part pas en mission prêcher de par le monde; ce n'est pas dans notre nature. Nous pouvons cependant venir en aide aux gens et leur offrir des possibilités économiques, la capacité de s'aider eux-mêmes et des outils pour qu'ils puissent améliorer leur sort. Mais comment? Une des meilleures manières de s'y prendre, c'est d'établir des relations d'affaire avec eux et de les aider à apprendre de nous.
Nous allons aussi apprendre d'eux, car ils en ont long à nous montrer, notamment sur la façon de mener des affaires dans leur région et sur leurs activités commerciales.
C'est l'un des avantages que m'a procurés ma participation au réseau ParlAmericas, et j'en fais la promotion lorsque je parle à mes collègues de la Chambre. Cet organisme donne aux parlementaires l'occasion de se rendre dans différents pays de la région en mettant de côté leur affiliation politique. Je songe par exemple à mon voyage au Panama cet été avec un collègue libéral, pour assister à l'assemblée générale annuelle de ParlAmericas. Nous avons eu la possibilité de nous entretenir avec des parlementaires de toutes allégeances politiques et de jeter des ponts. C'est également ce que font les accords commerciaux; ils permettent aux représentants d'entreprises de se rencontrer, de nouer des liens et de chercher des possibilités avantageuses pour tous les partenaires.
C'est ce que nous faisons ici. Nous fixons simplement les règles qui permettront qu'il en soit ainsi et feront en sorte qu'il soit plus facile, pour nos entrepreneurs et nos investisseurs, de se rendre à différents endroits du monde, au Panama, dans le cas qui nous occupe, pour faire des affaires. Cela ne peut être que positif, non seulement pour le Canada, mais également pour le Panama.
Si nous pensons à l'avenir, à la façon dont nous avançons et au pays que nous allons laisser à nos enfants, nous pouvons nous dire que cet accord commercial et d'autres ententes du même ordre sont des choses que nous pouvons faire pour eux. Nous pouvons leur offrir des possibilités, leur donner accès à des marchés et leur faire savoir que les entreprises pour lesquelles ils travaillent peuvent exporter non seulement aux États-Unis et au Mexique, mais aussi au Panama, au Chili, en Colombie et, espérons-le, au Honduras plus tard. Nous pouvons ouvrir de telles possibilités à nos enfants. Nous ne pouvons pas tout leur donner, mais nous pouvons leur donner des chances et des possibilités. En appuyant un si bon projet de loi, comme celui-ci, c'est ce que nous faisons. Nous devrions aller de l'avant et adopter ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre au sujet du projet de loi , qui porte sur l'accord commercial entre le Canada et le Panama. Le titre long de la loi est ainsi libellé: Loi portant mise en oeuvre de l’Accord de libre-échange entre le Canada et la République du Panama, de l’Accord sur l’environnement entre le Canada et la République du Panama et de l’Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République du Panama.
Avant d'aller plus loin, je tiens à répondre à la question que vient de poser mon collègue de . Voici la raison pour laquelle cet accord a pris tellement de temps à franchir les étapes à la Chambre: le Parti conservateur et le du Canada ont prorogé le Parlement à deux reprises, ce projet de loi dont la Chambre était saisie est alors mort au Feuilleton et les parlementaires n'ont pas eu la chance de l'étudier. Voilà pourquoi l'étude du projet de loi a été retardée, les néo-démocrates n'ont rien à se reprocher.
Il est toujours bon de présenter des faits à la Chambre, pour faire contrepoids à l'approche générale du gouvernement qui se fonde sur la propagande, les accusations et la simplification à outrance, et non sur des données solides.
Je veux prendre quelques instants pour expliquer le projet de loi à la Chambre. Selon cette mesure, le Canada éliminerait dès la ratification de l’accord tous les droits de douane applicables aux produits non agricoles ainsi que la plupart de ceux qui sont applicables aux produits agricoles. Globalement, l'adoption du projet de loi éliminerait 99 % des droits de douane sur les importations en provenance du Panama, et un nombre limité de droits de douane seraient abolis progressivement sur 15 ans. Par contre, au titre de l'accord, le Canada n’éliminerait pas les droits de douane hors contingent sur les produits assujettis à la gestion de l'offre, comme les produits laitiers, la volaille et les oeufs, ni ses droits sur certains produits de sucre. Par conséquent, l'entente n'est pas exhaustive et reste muette sur certaines questions sensibles en matière d'agriculture qui font souvent l'objet de négociations éminemment délicates aux fins d'accords commerciaux.
Au titre de l'accord, le Panama éliminerait immédiatement tous les droits de douane applicables aux produits non agricoles pour les importations en provenance du Canada. Dès la ratification, 90 % des exportations canadiennes à destination du Panama entreraient dans le pays en franchise de droits, y compris de nombreux produits agricoles. Les autres droits de douane applicables aux produits agricoles seraient éliminés progressivement sur cinq à dix ans. Seul un nombre limité de lignes tarifaires panaméennes ne seraient pas visées par la mise en oeuvre de l’accord de libre-échange proposé.
À l’heure actuelle, le taux de droit moyen qu'applique le Panama en vertu de la clause de la nation la plus favorisée, c'est-à-dire le taux le plus faible qu'offre le Panama aux pays auxquels il n’est pas lié par un accord de libre-échange, est de 6,4 % pour les produits non agricoles et de 13,6 % pour les produits agricoles. Cependant, certaines importations agricoles panaméennes se voient appliquer des taux de droit allant jusqu’à 70 %.
L’accord porte aussi sur les services. Il élargirait la libéralisation du commerce des services au-delà de ce que prévoit l’Accord général sur le commerce des services de l’Organisation mondiale du commerce en ce qui concerne la finance, la technologie de l’information et des communications, les services environnementaux et les services énergétiques.
L'accord faciliterait l’entrée à la frontière des fournisseurs de services et des gens d’affaires. Il fournirait un cadre pour la reconnaissance réciproque éventuelle de la réglementation professionnelle dans les deux pays.
L'entente comporte aussi un chapitre relatif aux marchés publics. Elle autoriserait les entrepreneurs à soumissionner sur des marchés publics au Panama et au Canada. De plus, les entrepreneurs canadiens pourraient soumissionner pour les contrats de l’Autorité du canal de Panama. L'accord interdirait les marchés publics assortis de règles prescrivant la teneur en éléments nationaux susceptibles d'écarter des fournisseurs ou des sous-traitants potentiels du pays partenaire. Le Panama et le Canada devraient afficher de manière transparente les possibilités de contrat à l’intention des entrepreneurs du pays partenaire. Autrement dit, l'entente ouvrirait les marchés publics canadiens aux entreprises panaméennes et vice-versa.
Un accord de coopération dans le domaine du travail, désigné comme un accord connexe sur le travail, est annexé à cet accord de libre-échange. Il exigerait des deux parties qu'elles respectent des engagements en vertu de la Déclaration de 1998 de l'Organisation internationale du Travail relative aux principes et droits fondamentaux au travail. L'accord protégerait le droit de négociation collective, obligerait les parties à oeuvrer pour l'abolition du travail des enfants, éliminerait le travail obligatoire et interdirait la discrimination en matière d'emploi. Le Canada et le Panama s'entendraient également sur des normes minimales d'emploi, sur des normes sur la santé et la sécurité au travail et sur l'indemnisation des travailleurs malades ou blessés.
En outre, chaque pays pourrait demander une consultation relative aux obligations de l'autre pays en vertu de l'accord proposé. Si les pays n'arrivent pas à s'entendre au sujet de la plainte, un groupe spécial d'examen serait institué, ou pourrait l'être, si l'un des pays omet constamment de respecter ses obligations en vertu de l'accord proposé et si la question est liée au commerce.
Ce groupe spécial indépendant pourrait imposer des sanctions pécuniaires, qui seraient perçues suivant l'ordonnance d'un tribunal national. Ces sanctions seraient limitées à 15 millions de dollars par année pour chaque pays et les sommes seraient versées à des programmes mis en place dans le pays qui a enfreint l'accord de coopération dans le domaine du travail.
Un accord connexe sur l'environnement est aussi annexé à cette entente commerciale. Cet accord exige que ni le Canada ni le Panama n'affaiblisse sa réglementation environnementale existante afin d'attirer des investissements. Chaque pays serait obligé d'appliquer ses règlements environnementaux tels qu'ils existent. C'est pourquoi des mécanismes seraient mis en place pour veiller à ce que des évaluations environnementales soient effectuées pour les projets proposés. Dans les deux pays, les personnes intéressées pourraient demander que le gouvernement fasse enquête sur des infractions alléguées aux lois relatives à l'environnement.
De plus, l'accord fournirait un cadre de travail pour la coopération entre les pays dans le domaine de l'environnement en ce qui concerne la capacité d'application des lois environnementales, la protection de la biodiversité, la conservation des espèces migratoires ou en danger et la création de mécanismes pour protéger l'environnement.
Les différends entre les pays seraient réglés au moyen de consultations et d'échanges de renseignements seulement. Dans le cas où ceux-ci seraient insuffisants pour régler le différend, la partie lésée pourrait demander l'institution d'un groupe spécial d'examen pour faire enquête sur le différend.
Nous nous opposons à ce projet de loi pour plusieurs raisons.
Premièrement, le Panama a depuis fort longtemps la réputation claire et formelle d'être un paradis de l'évasion fiscale et de l'évitement fiscal.
Deuxièmement, le Panama a des antécédents de dictature militaire. Il présente un piètre bilan au chapitre des droits des travailleurs et des droits de la personne. En outre, les accords auxiliaires de coopération dans les domaines du travail et de l'environnement laissent à désirer, comme je l'expliquerai en détail.
Troisièmement, nous sommes préoccupés du fait que l'accord procure des droits et des pouvoirs accrus aux investisseurs étrangers, compte tenu des controverses écologiques et du bilan au chapitre des droits de la personne de certaines sociétés minières canadiennes au Panama.
Aucune sanction n'est prévue en cas de non respect des exigences de l'accord au chapitre de l'environnement. Une entreprise qui commet une infraction ou une multitude d'infractions à l'accord auxiliaire sur l'environnement ne sera pas tenue de verser le moindre sou à titre d'amende ou de peine; autrement dit, les règles de l'accord auxiliaire sur l'environnement ne sont qu'une simple suggestion.
Analysons la question du paradis fiscal. À l'heure actuelle, les sommes placées dans les paradis fiscaux dans le monde entier sont plus élevées que jamais. En 2011, près de 25 % des placements canadiens ont été effectués dans les 12 principaux paradis fiscaux de la planète.
Le rapport de 2011 du Réseau mondial pour la justice fiscale estime que l'évasion fiscale, sous toutes ses formes, fait perdre 80 milliards dollars au Canada annuellement. Le gouvernement ne possède pas de système qui lui permette d'estimer ou de publier les pertes de revenu liées à la non-conformité à l'étranger.
En 2011, plus de 9 000 employés de l'Agence du revenu du Canada étaient affectés à la surveillance de la conformité des contribuables. En date de mai 2012, 510 employés étaient affectés au programme de la vérification internationale. Ce nombre n'a pas changé depuis 2008. Pourtant, le recours à des comptes à l'étranger a grimpé en flèche.
En 2010, l'Agence du revenu du Canada a mené une vérification interne de la direction de l'exécution de la loi. Cette vérification a confirmé l'incapacité de l'agence à enquêter sur les cas complexes impliquant des millions de dollars à l'étranger. L'agence préfère plutôt cibler les petites infractions faciles à déceler, comme celles commises par les petites entreprises et les travailleurs autonomes.
Le Panama, comme je le disais, sert depuis longtemps d'abri fiscal. Lors du témoignage qu'il a livré au comité en 2010, Todd Tucker, directeur de la recherche chez Public Citizen's Global Trade Watch, a indiqué que le Panama offre aux banques et aux entreprises étrangères une autorisation spéciale de mener leurs opérations commerciales sur son territoire. Non seulement ces entreprises ne paient pas d'impôt, elles ne sont assujetties à pratiquement aucune exigence de reddition de comptes ou aucune réglementation.
D'après l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, le gouvernement panaméen ne dispose d'aucun pouvoir juridique ou presque qui lui permettrait de vérifier l'information essentielle relative à ces sociétés étrangères, par exemple, à qui elles appartiennent.
Le secret qui protège les opérations financières au Panama font également de ce pays un haut lieu du blanchiment d'argent. D'après le département d'État américain, les principaux cartels de la drogue de la Colombie et du Mexique, ainsi que des groupes armés illégaux de la Colombie, utilisent le Panama pour faire du trafic de drogue et du blanchiment d'argent. Les fonds provenant de ces activités illégales peuvent être blanchis par le truchement des banques panaméennes, de projets fonciers, etc.
Dans une étude récente, des chercheurs de l'Université Cornell ont analysé toutes les poursuites intentées par l'Internal Revenue Service des États-Unis sur une période de 10 ans. Ils ont constaté que le Panama arrivait ex aequo au premier rang des pays qui sont des sources de blanchiment d'argent et des paradis fiscaux.
Certains témoins ayant comparu devant le comité ont déclaré qu'apparemment, cette situation « s'améliorait ». L'OCDE a récemment retiré le Panama de ce qu'elle appelle sa « liste grise », jugeant que le pays avait appliqué la norme sur l'échange de renseignements, puisqu'il a signé un accord d'échange de renseignements fiscaux avec la France. Le Panama a maintenant conclu 14 accords de ce genre.
En mars 2012, le Canada et le Panama ont entamé des négociations en vue de conclure un accord d'échange de renseignements fiscaux. Cependant, chose très importante, voire cruciale pour l'opposition, cet accord n'a pas encore été conclu ou signé.
Cette situation est très troublante, compte tenu du blanchiment massif d'argent, notamment d'argent provenant du trafic de drogue, au Panama. Je crois qu'aucun député ne contestera cette affirmation. Vu l'absence totale de transparence fiscale du Panama, l'OCDE continue de qualifier ce pays de paradis fiscal.
Je devrais aussi souligner qu'un pays n'apparaît plus sur ce qu'on appelle la « liste grise » s'il signe des accords d'échange de renseignements fiscaux avec 12 pays. Or, mentionnons que l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, a déclaré que, même si le Panama avait signé plus de 12 accords de ce genre — soit 14 —, il ne jugeait toujours pas que ce pays avait fait son entrée dans le monde légitime des systèmes bancaires ouverts et transparents à l'échelle internationale.
Au comité, j'ai demandé aux représentants du gouvernement qui ont témoigné en quoi le Canada avait fait preuve de diligence raisonnable pour ce qui est de déterminer le rôle des narcodollars dans les transactions des banques et des entreprises panaméennes. Étonnamment, aucune étude n'avait été faite.
Voici ce qu'a déclaré devant le comité Cameron MacKay, représentant du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le 2 octobre 2012:
[...] nous n'avons pas de données à ce sujet et, à ma connaissance, le gouvernement canadien n'a pas mené d'études précises. Toutefois, bien entendu, nous savons très bien que l'Amérique centrale est une région qui est actuellement très gravement frappée par le trafic de stupéfiants. Il s'agit d'un problème grave dans toute la région, y compris au Panama.
Le Congrès américain a refusé de ratifier un accord de libre-échange avec le Panama avant d'avoir signé un accord d'échange de renseignements fiscaux. Selon des témoins, cet accord comprend des lacunes importantes qui permettent au Panama de contourner les dispositions sur la transparence fiscale si elles vont à l'encontre de la politique publique du Panama.
Selon des analyses, s'ils ne sont pas rédigés avec soin, ces accords d'échange de renseignements fiscaux sont largement inefficaces contre les méthodes d'évasion fiscale légales. Habituellement, ces accords ne prévoient pas l'échange systématique de renseignements. Il faut plutôt présenter des demandes de renseignements individuelles.
En outre, ces accords d'échange de renseignements fiscaux n'obligent généralement pas un pays partenaire à fournir l'information nécessaire pour déterminer la conformité aux règles fiscales dans l'autre pays si cette information n'a pas été établie au préalable. De plus, il faut généralement connaître le nom de la personne soupçonnée d'évasion fiscale pour demander des renseignements fiscaux à l'étranger. Les gouvernements disposent rarement de cette information à moins qu'elle n'ait été révélée par un dénonciateur.
Avant l'étude article par article du projet de loi , l'opposition officielle néo-démocrate a proposé au comité une motion visant à empêcher la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama jusqu'à ce que le Panama accepte de signer un accord d'échange de renseignements fiscaux, comme l'avait revendiqué le Congrès américain.
Ma motion a été rejetée par les conservateurs et les libéraux, qui prétendaient que les négociations en vue de la signature d'un accord avançaient bien. Mais aujourd'hui, alors que nous nous apprêtons à nous prononcer sur cet accord de libre-échange, il n'y a toujours pas d'accord d'échange de renseignements fiscaux entre le Canada et le Panama.
En d'autres termes, nous avons affaire à un paradis fiscal réputé et à l'une des plaques tournantes notoires du blanchiment de narcodollars dans le monde. Le Congrès américain a déclaré qu'il n'est pas sécuritaire ou prudent de conclure un accord de libre-échange avec un tel pays avant qu'il n'accepte de signer un accord d'échange de renseignements fiscaux. Or, le gouvernement demande aux députés de donner le feu vert à cet accord de libre-échange et d'accorder au Panama le traitement de la nation la plus favorisée, ce qui permettrait à l'argent et aux investissements de circuler plus ou moins librement entre nos deux pays. Pourtant, nous n'avons pas signé d'accord d'échange de renseignements fiscaux, mais il se pourrait que nous le fassions plus tard. C'est imprudent et irresponsable.
Le Congrès américain ne ratifierait pas son accord de libre-échange avec le Panama avant la signature d'un accord d'échange de renseignements fiscaux. Pourquoi le ferions-nous?
J'aimerais dire quelques mots sur l'accord de coopération dans le domaine du travail. Il n'est pas aussi solide qu'il pourrait l'être. Ses mécanismes d'exécution ne sont pas assez contraignants. Il invoque les principes et droits fondamentaux au travail de l'Organisation internationale du Travail. Cependant, selon les témoignages que le comité a entendus, l'accord ne prévoit aucune protection spécifique du droit de s'organiser et du droit de grève. Il prévoit plutôt l'application « effective » du droit de négociation collective. Cet accord est le moins bon de tous ceux que le Canada a signés. Les mesures d'exécution ne sont pas assez contraignantes, les amendes sont dérisoires, et il ne prévoit ni droits compensateurs ni dispositions abrogatoires ou autres mesures de recours.
Nous avons entendu beaucoup de témoins nous dire que les entreprises canadiennes veulent des règles du jeu équitables. Or, j'ai demandé à des experts et à d'autres témoins, lors des travaux du comité, quel était le salaire minimum au Panama. On m'a répondu qu'il se situait entre 1 $ et 2 $ l'heure. Comment les règles peuvent-elles être équitables lorsque les employeurs canadiens doivent payer, au Canada, des salaires d'au moins 9 $ ou 10 $ l'heure, sans compter les cotisations pour les accidents de travail, les services de santé et les caisses de retraite? Les employeurs doivent aussi respecter une série de règles faisant partie intégrante de toute économie industrielle moderne. Comment les employeurs canadiens sont-ils censés concurrencer à armes égales des employeurs panaméens qui paient leurs travailleurs 1 $ ou 2 $ l'heure? De telles règles ne sont pas équitables. Les entreprises canadiennes sont désavantagées lorsqu'on signe et qu'on ratifie un accord commercial avec un pays ayant des normes aussi peu exigeantes.
L'accord sur l'environnement est une copie conforme des accords semblables que nous avons déjà signés et qui ne prévoient pas un sou d'amende. Comment peut-on dire qu'on oblige un autre pays à respecter des normes environnementales, alors que, s'il enfreint ces normes, on se contente de lui envoyer une lettre d'avertissement? C'est irresponsable.
Permettez-moi de vous lire un extrait qui vient de Jennifer Moore, de l'organisme MiningWatch. Voici ce qu'elle dit:
Bien que [cet accord] comprenne une annexe sur l'environnement, celle-ci n'est qu'une déclaration non exécutoire dont l'application dépend de la volonté politique de chacun, volonté que nous n'avons pas vue de la part du Panama. Au contraire, la protection de l'environnement peut être minée sur l'ordre des entreprises canadiennes.
L'accord comprend un mécanisme de règlement des différends entre les investisseurs et l'État. Nous avons beaucoup entendu parler de ce type de mécanisme au cours des deux dernières semaines parce qu'il y en a un dans l'accord de protection des investissements étrangers entre le Canada et la Chine. Un tel mécanisme fournit aux entreprises des garanties supplémentaires pour qu'elles puissent poursuivre les États dont les politiques nuisent selon elles à leurs investissements. Les différends sont réglés par des tribunaux qui ne respectent pas les valeurs propres à la justice canadienne. Les juges de ces tribunaux ne sont pas inamovibles et leurs décisions ne peuvent pas faire l'objet d'une procédure d'appel digne de ce nom. Environ 60 avocats spécialisés en droit international siègent à de tels tribunaux, dans le monde. L'un d'entre eux a dit récemment qu'il pouvait difficilement s'imaginer qu'un pays puisse s'en remettre à un comité de trois avocats n'ayant de comptes à rendre à personne et que ce comité ait le pouvoir d'annuler les lois adoptées démocratiquement par ce pays. Ce sont exactement les propos de cet avocat.
Ces mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et l'État comportent de grands risques. Nous l'avons vu avec l'APIE, ils peuvent exposer les contribuables canadiens à des obligations financières à hauteur de millions, ou même de milliards de dollars, en cas d'une simple intervention du gouvernement pour protéger les entreprises canadiennes, l'environnement ou les programmes sociaux. C'est inacceptable.
En ce qui concerne l'environnement, il existe au Panama un corridor méso-américain qui est l'une des régions les plus riches au monde aux points de vue de la biologie et de la diversité. Actuellement, les compagnies minières du monde entier souhaitent exploiter cette région. Il s'agit d'un enjeu très préoccupant pour de nombreux environnementalistes. Les activités minières menées sans restrictions menaceraient des centaines d'espèces différentes, ce qui cause aussi de vives inquiétudes d'après les témoignages entendus en comité.
Le Panama compte pour moins de 1 % des échanges commerciaux du Canada, soit 0,03 % pour être exact. Le gouvernement se vante sans cesse du nombre d'accords qu'il a signés. Il en a signé neuf. Et avec quels pays? Le Panama, la Jordanie, la Colombie, le Honduras, et le Liechtenstein. Sans vouloir offenser personne, on ne peut pas dire qu'il s'agit de grandes puissances économiques.
L'opposition néo-démocrate souhaite une politique commerciale stratégique, qui préconise la reprise de négociations multilatérales et la signature d'ententes commerciales avec des pays développés aux normes élevées et avec des pays en voie de développement qui suivent une trajectoire progressive. On pense à des pays tels que le Japon, l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et les autres pays BRIC. C'est avec ces pays que nous devrions conclure des accords commerciaux et non avec des pays comme le Panama, qui sont des plaques tournantes en matière de blanchiment d'argent, des paradis fiscaux, des États dont les normes peu élevées nuiront aux entreprises canadiennes.
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Monsieur le Président, avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais prendre quelques instants pour continuer à réfuter quelques-uns des arguments avancés par mon collègue du NPD. Je vais essayer de m’exprimer en termes assez généraux.
Certaines des observations formulées ne tiennent vraiment pas la route. On a dit par exemple que nous pouvons maintenir le traité en suspens jusqu’à la conclusion d’un accord d’échange de renseignements fiscaux. Oui, nous pourrions bien maintenir le traité en suspens jusqu’à la fin des temps. Nous ne serons jamais obligés de le signer, mais nous pouvons aussi négocier simultanément dans deux domaines différents.
Il faut bien se rendre compte que le Panama ne figure plus sur la liste grise de l’OCDE. Il se trouve maintenant sur ce qu’on appelle la liste blanche parce qu’il a amélioré son échange de renseignements fiscaux avec d’autres pays. La question ne se pose donc plus pour les pays de l’OCDE. Entre-temps, il ne faut pas oublier que nous avons des relations commerciales avec le Panama.
Le député ne rend pas service aux sociétés canadiennes qui font actuellement le commerce avec le Panama. Les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent actuellement à 111 millions de dollars. Le député peut penser que ce chiffre est négligeable, mais ce commerce profite au Québec, au Canada Atlantique, à l’Ontario, à l’Ouest et à la Colombie-Britannique. Il est assez également réparti entre les provinces et est avantageux pour toutes. Le député ne rend certainement pas service aux entreprises en cause en disant que des échanges totalisant 111 millions de dollars ne comptent pas. Je ne suis pas du tout d’accord.
Quand on pense aux principes du commerce fondé sur des règles, on se rend compte qu’il est bon d’avoir un système dans lequel on sait, dès le départ, à combien s'élèvent les tarifs et on sait que ces tarifs seront ramenés à zéro, parce que l’objectif est de créer des capacités au Panama. Nous ne pouvons pas le faire du jour au lendemain. Le Panama a déjà franchi des années-lumière dans les 20 dernières années. Il est allé dans la bonne direction dans tous les cas. Lorsque les Panaméens ont pris le contrôle du canal de Panama, les opposants – dont le NPD fait apparemment partie – ont dit que le pays ne serait jamais capable d’exploiter le canal. Ils ont dit que les Américains pouvaient le faire parce qu’ils peuvent faire n’importe quoi. Eh bien, les Panaméens ont non seulement réussi à exploiter le canal, mais ils l’ont fort bien fait.
Quel effet cela a-t-il eu sur le moral des gens et sur la société panaméenne? Les Panaméens ont consacré des centaines de millions de dollars de recettes à l’édification de leur pays. Cet argent a servi à créer des capacités. Il s’agit des mêmes capacités que le NPD veut affaiblir au Panama, des capacités qui permettent de construire des routes et des hôpitaux et d’envoyer les enfants à l’école. Et, ce qui est plus important, quand nous aurons signé cet accord de libre-échange avec le Panama, il permettra au pays d’acheter des produits alimentaires à un prix moins élevé, parce qu’ils entreront dans le pays en franchise. Ainsi, les enfants envoyés à l’école n’auront pas faim. Apparemment, c’est une chose qui déplaît souverainement au groupe anti-commerce du NPD.
Je trouve que c’est bien dommage. Je fondais de grands espoirs sur les représentants du Nouveau Parti démocratique au Parlement. Le parti avait dit qu’il appuierait le commerce et examinerait chaque accord commercial en fonction de ses avantages et inconvénients. Les néo-démocrates ont trouvé un moyen de s’opposer au commerce. Pourtant, qu’ils le veuillent ou non, chaque accord a ses bons et ses mauvais aspects. En bout de ligne, c’est la décision finale qui compte. Si les néo-démocrates n’appuient pas cet accord de libre-échange, c’est qu’ils n’appuient pas le commerce. Ils ne devraient pas essayer de jouer sur les deux tableaux et de prendre une position ambiguë. Soit ils appuient le commerce, soit ils ne l’appuient pas.
Merci, monsieur le Président, d’avoir enduré ma diatribe. Il fallait que je me libère. Je passe maintenant à la partie principale de mon intervention.
Je suis heureux de vous entretenir aujourd’hui de l’accord de libre-échange entre le Canada et le Panama. Cet accord donnera aux Canadiens de nouveaux débouchés à l’exportation et de nouvelles occasions d’investir en mettant en place un cadre préférentiel et plus prévisible pour le commerce et les investissements, ce dont j’ai parlé dans mes premières observations.
Lorsque l’accord entrera en vigueur, les droits tarifaires panaméens s'appliquant à plus de 90 p. 100 des exportations canadiennes seront immédiatement éliminés. Bonne nouvelle pour les exportateurs canadiens. Comme les échanges de marchandises entre les deux pays atteignent 111 millions de dollars, c’est une merveilleuse nouvelle.
Quant aux fournisseurs canadiens de services, l’accord de libre-échange les aidera à élargir leur accès au marché dans des domaines comme la technologie de l’information et des communications, l’énergie et les services financiers. Pour les Canadiens qui songent à investir au Panama, l’accord comprend un chapitre qui établit une série complète de règles régissant les investissements. Elles assureront une meilleure protection et une plus grande prévisibilité aux investisseurs canadiens et à leurs investissements au Panama. Parallèlement, l’accord de coopération en matière de travail garantira que ces progrès économiques ne se feront pas au détriment des droits des travailleurs. En outre, l’accord sur l’environnement engage les deux pays à donner une excellente protection à l’environnement, à améliorer et à appliquer efficacement les lois en matière environnementale et à éviter d’assouplir ces lois pour encourager le commerce et l’investissement.
Je voudrais dire un mot à ce sujet, car il est absolument essentiel de protéger l’environnement. Tous les pays du monde n’ont pas les mêmes normes de protection environnementale. Telle est la réalité du monde où nous vivons. Beaucoup de pays du G8 et d’économies avancées ont les moyens de protéger l’environnement. Dans les économies en croissance, il faut aller chercher dans d’autres domaines les ressources nécessaires à cette protection. Ce qu’il y a d’excellent dans ce chapitre du traité sur l’investissement, c’est qu’il interdira d’assouplir les règles sur la protection de l’environnement. Elles ne pourront pas être moins exigeantes pour l’entreprise panaméenne que pour l’entreprise canadienne. Au bout du compte, cela veut dire que les deux pays devraient garantir qu’ils n’ont pas édulcoré leurs lois en matière environnementale pour favoriser le commerce ou l’investissement. Ce serait là un progrès, et des règles de base comme celles-là seraient déterminantes pour l’avenir du Panama.
Le même accord sur l’environnement comprendrait des dispositions propres à encourager l’application volontaire des pratiques exemplaires, la responsabilité sociale des entreprises et l’engagement à promouvoir la sensibilisation du public aux lois environnementales des deux parties.
L’accord de libre-échange procurerait également aux exportateurs canadiens de biens et services un meilleur accès aux marchés de l’État panaméen, notamment ceux qui concernent l’expansion du canal de Panama et d’autres projets d’infrastructure.
Le projet du canal de Panama est l’un des plus importants et des plus ambitieux de la région. Le coût prévu est estimé à 5,3 milliards de dollars. L’accord permettra aux fournisseurs et investisseurs de tout le Canada de mieux participer à ce mégaprojet en faisant en sorte que, sans discrimination, les biens et services canadiens puissent être retenus pour les approvisionnements de l’administration du canal de Panama.
Il n’y a toutefois pas que le canal. Je vais élargir la discussion pour englober les nombreuses occasions offertes aux Canadiens par l’accord pour les marchés de l’État. Le gouvernement a été à l’avant-garde dans les efforts visant à obtenir et à garantir l’accès aux marchés des États étrangers. D’après les statistiques de l’OCDE, les marchés des États jouent un rôle significatif dans la plupart des pays, dont le Canada. Ils valent entre 10 et 15 p. 100 du PIB des pays, ce qui représente des centaines de milliards de dollars dans le monde entier. Ces marchés offrent des occasions importantes aux fournisseurs canadiens, et le gouvernement travaille d’arrache-pied afin de donner aux Canadiens les outils disponibles pour tirer parti de ces occasions. Ces obligations serviraient aussi les intérêts des contribuables canadiens, garantissant pour les marchés de l’État au Canada un accès plus large, une concurrence plus vive et une plus grande équité.
Qu'y a-t-il de mal à ce que les contribuables en aient pour leur argent durement gagné? Ce principe n'a rien de répréhensible. Ces obligations appuieraient aussi les intérêts des contribuables canadiens en garantissant pour les marchés d'État un accès plus large, une concurrence plus vive et une plus grande équité. Je l'ai mentionné deux fois, parce que cela vaut la peine d'être répété. Cela vaut la peine de comprendre l'équité fondamentale qui peut être conférée aux marchés publics. Au bout du compte, les fournisseurs, les gouvernements et les contribuables bénéficient tous de ces efforts. Le gouvernement conservateur veut atteindre ces buts en négociant des ententes telles que l'Accord sur les marchés publics de l'Organisation mondiale du commerce, ainsi que des chapitres particuliers dans les accords de libre-échange conclus par le Canada, comme l'accord avec le Panama.
Plus tôt cette année, le gouvernement conservateur a participé à la négociation fructueuse d'une nouvelle version de l'Accord sur les marchés publics de l'OMC. Cela dit, nos efforts visant à trouver et à étendre les débouchés pour les fournisseurs canadiens dépassent le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. La plupart des accords de libre-échange conclus par le Canada — depuis l'Accord de libre-échange nord-américain à ceux signés avec le Pérou et la Colombie — renferment des obligations en matière de marchés publics. Ces obligations reposent sur des principes fondamentaux, à savoir qu'il n'y ait aucune discrimination entre les fournisseurs nationaux et les fournisseurs étrangers et que le processus soit transparent et clair.
L'accord de libre-échange entre le Canada et Panama dont nous discutons aujourd'hui est une autre étape dans nos efforts visant à créer des emplois, à favoriser la croissance et à assurer la prospérité à long terme des Canadiens, qui travaillent fort.
On a dit maintes fois à la Chambre que le Panama a une économie dynamique qui connaît une croissance rapide. Il y a longtemps que les entreprises canadiennes cherchent à pénétrer ce marché émergent, ou à y accroître leur présence. En dépit du ralentissement économique mondial qui a commencé en 2008, l'économie panaméenne continue de croître avec vigueur. En fait, au cours des dernières années, la stabilité politique et l'environnement commercial progressiste du Panama lui ont permis d'enregistrer une croissance moyenne impressionnante se situant entre 6 % et 7 %.
Le Panama est aussi un endroit idéal pour les entreprises canadiennes qui souhaitent s'agrandir et s'engager à long terme dans les Amériques. Notre accord de libre-échange avec le Panama nous donnera accès à la région, de sorte qu'il sera plus facile pour les Canadiens de se tailler une place dans les Amériques.
Le marché public du Panama, notamment au niveau des infrastructures, du transport et des services, est une excellente occasion pour les fournisseurs canadiens. L'ambitieux projet d'élargissement du canal de Panama, d'une valeur de 5,3 milliards de dollars, auquel j'ai fait allusion plus tôt, est en tête de liste. Le canal de Panama est le corridor névralgique qui relie l'Atlantique et le Pacifique, et il est aussi un moteur de l'économie panaméenne. Son élargissement permettra une circulation accrue des conteneurs, dont une partie transitera par des ports du Canada pour approvisionner le marché nord-américain. C'est là un autre exemple qui illustre pourquoi le Canada doit agir rapidement afin de mettre en oeuvre cet accord. Les entreprises canadiennes peuvent rivaliser avec les meilleures au monde, et même les vaincre, mais nous devons leur donner une chance équitable d'y parvenir.
Je le répète: les possibilités ne se limitent pas au canal. En 2010, le gouvernement du Panama a annoncé un plan d'infrastructure totalisant 13,6 milliards de dollars sur cinq ans. De nombreux projets d'infrastructure sont soit à l'étude, soit déjà en cours en vue de construire et de remettre en état des routes, des hôpitaux, des ponts et des aéroports. Le gouvernement du Panama prévoit notamment construire un métro évalué à 1,5 milliard de dollars.
Ces projets représentent autant d'occasions à saisir pour les entreprises et les travailleurs canadiens. Il faut donc que l'accord entre en vigueur, car il peut être profitable aux Canadiens. Il a été signé il y a presque deux ans et demi, et nous en avons débattu dans cette enceinte pendant une soixantaine d'heures; pourtant, l'opposition continue d'accuser le gouvernement de le conclure au pas de charge. Deux ans et demi d'attente et soixante heures de débat: un pas de charge, vraiment? Permettez-moi d'être d'un tout autre avis.
Le NPD invoque systématiquement toutes les excuses possibles et imaginables pour s'opposer aux accords commerciaux. L'histoire se répète sans cesse depuis l'ALENA. Il y a 25 ans, l'opposition a soutenu que les accords de libre-échange nord-américain feraient disparaître des millions d'emplois, compromettraient la souveraineté du Canada sur ses eaux douces et entraîneraient la disparition de la culture canadienne. Rien de tout cela ne s'est concrétisé, au contraire: depuis la conclusion de ces ententes, l'économie canadienne est en plein essor, et les vaillants Canadiens en bénéficient. Nous avons toujours le plein contrôle de nos plans d'eau. La culture canadienne se porte très bien merci, et j'ose avancer qu'elle est profitable comme jamais auparavant.
Le NPD ne s'oppose pas seulement à l'ALENA. Quand le député néo-démocrate de était chef du Nouveau Parti démocratique de la Nouvelle-Écosse, il a qualifié les accords commerciaux de destructeurs d'emplois et il a juré de combattre tous les accords commerciaux. Le député de et ancien porte-parole du NPD en matière de commerce est même allé jusqu'à mettre des bâtons dans les roues des exportateurs canadiens quand il a soutenu que la politique « Achetez des produits américains » mise en place aux États-Unis était parfaitement logique.
Il n'y a rien de logique dans le protectionnisme, rien du tout. On ne devrait pas s'étonner que le NPD s'oppose à un accord commercial, encore une fois. En fait, les députés néo-démocrates tentent toujours de bloquer les efforts que nous faisons en vue d'ouvrir de nouveaux marchés pour les exportateurs canadiens.
Et maintenant, en raison des délais qui se sont produits, nos concurrents sont en train de nous rattraper. L'accord de libre-échange entre le Panama et l'Union européenne pourrait entrer en vigueur d'ici la fin de 2012. Prenons un instant pour y penser. La plupart des députés de la Chambre considèrent l'Union européenne comme une économie de marché où règnent des normes très exigeantes en matière de relations de travail et d'environnement et où les gouvernements fonctionnent de manière démocratique.
L'Union européenne peut se féliciter d'avoir réussi à réunir 27 États-membres, bientôt 28 avec l'ajout de la Croatie. Prenons un instant pour examiner cette union de plus près. Le but premier de l'Union européenne était de faciliter les échanges commerciaux entre les pays membres, donc d'éliminer les obstacles au commerce. L'Union européenne a des défis économiques à relever, comme le reste de la planète. Mais elle a pu aller de l'avant parce qu'elle avait fait tomber les obstacles au commerce. J'invite les députés néo-démocrates à y penser pendant un moment. Il y a 60 ans, ces pays se faisaient la guerre. Et aujourd'hui? Ils forment l'économie de consommation la plus riche et la plus puissante du monde entier grâce à leurs 500 millions d'habitants. C'est un changement phénoménal, rendu possible parce qu'ils ont osé éliminer les obstacles au commerce.
Autre fait plus important encore, l'accord de libre-échange Panama-États-Unis est entré en vigueur la semaine dernière. C'est donc dire qu'un autre pays démocratique qui respecte l'environnement et les travailleurs, et qui est aussi notre plus proche voisin et notre principal partenaire commercial, est partie à un accord avec le Panama. Les députés néo-démocrates n'y voient rien de mal: ils sont d'accord pour que les États-Unis et l'Union européenne fassent affaire avec le Panama mais, étrangement, ils ne veulent pas que le Canada en fasse autant et que les entreprises canadiennes se retrouvent sur un pied d'égalité avec leurs concurrentes.
Les entreprises canadiennes ont besoin de cet accord pour tirer parti de ces perspectives commerciales. Il est important qu'elles établissent assez tôt une présence dans ce marché émergent et nouent des relations solides qui leur permettront de saisir les occasions qui surgiront.
Il ne fait aucun doute que les entreprises canadiennes ont le savoir-faire nécessaire pour permettre au Canada de réaliser ses plans de développement. L'accord de libre-échange Canada-Panama garantirait aux fournisseurs canadiens l'accès à ces types de débouchés, ce qui réduirait les risques liés aux activités commerciales dans la région. De plus, grâce à l'accord, les fournisseurs canadiens pourront rivaliser à armes égales avec leurs principaux concurrents, les États-Unis.
Il nous incombe, à titre de parlementaires, de veiller à ce que les entreprises canadiennes puissent saisir de telles occasions.
Bref, il est temps d'aller de l'avant. Je nourris encore de l'espoir pour ce qui est des néo-démocrates. Je suis convaincu qu'ils veulent se déplacer au centre de l'échiquier politique et que, dans leur for intérieur, ils comprennent l'utilité du commerce. Certains membres de leur caucus posent peut-être problème, mais nous avons tous nos problèmes. Nous ne nous entendons pas sur tout. Je comprends.
Pensons à nos partenaires commerciaux, tout particulièrement les États-Unis et l'Union européenne. Ils font désormais du commerce avec le Panama. Ils auront une longueur d'avance sur nous. Nous devons nous aussi pénétrer ce marché et leur livrer concurrence d'égal à égal.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi dont nous sommes saisis, qui porte sur l'accord de libre-échange avec le Panama. Avant d'aller au coeur de mon argumentation, je souhaite aborder certains aspects.
Nous avons entendu à maintes reprises que le NPD s'oppose au libre-échange. Le NPD a montré qu'il est en faveur du libre-échange lorsque les accords sont négociés de façon à protéger les droits de la personne, les droits des travailleurs et l'environnement, et lorsque les accords sont transparents et durables.
Le libre-échange est très important pour notre parti. D'ailleurs, notre porte-parole — et je parle seulement du porte-parole du NPD, mon bon ami de — a présenté 13 amendements de fond au comité. Si le libre-échange n'était pas important pour nous, tout ce qui nous importerait, ce serait de dire que nous nous y opposons. Or, ce n'est pas le cas. Nous voulons que cet accord de libre-échange fonctionne. À cette fin, notre porte-parole et tous les membres de notre équipe ont consacré beaucoup de temps à la mesure législative et ont présenté 13 amendements au comité. Combien d'amendements les autres partis de l'opposition ont-ils présentés? Aucun. Cela dit, malgré notre travail acharné, nos collègues d'en face refusent une fois de plus d'accepter des amendements.
Il y a une chose en particulier que nous devons retenir au sujet du rôle que doivent jouer les parlementaires et de la raison pour laquelle les mesures législatives sont étudiées en comité: les représentants de tous les partis politiques doivent pouvoir essayer d'améliorer les mesures législatives. Or, les députés de l'autre côté font preuve d'arrogance. Étant donné que les conservateurs sont majoritaires, ils ne sont pas favorables aux amendements. Le gouvernement a cette idée farfelue que toutes les mesures qu'il propose sont si exceptionnelles qu'il est impossible d'y apporter quelque amélioration ou correction que ce soit. Les conservateurs ignorent totalement le travail rigoureux que les parlementaires accomplissent pour essayer de corriger les mesures législatives qu'ils présentent afin d'être en mesure de les appuyer par la suite.
S'il faut jeter un blâme sur quelqu'un, c'est bien sur le gouvernement. Une fois de plus, les conservateurs n'ont pas permis aux parlementaires d'accomplir leur travail. Ils ont utilisé leur majorité à l'étape de l'étude en comité pour éliminer toute possibilité d'apporter des amendements et, comme nous l'avons constaté plus tôt aujourd'hui, voilà qu'ils l'utilisent de nouveau pour mettre fin au débat. Qu'ont-ils à cacher? Ils veulent tout simplement répéter jour après jour le même mantra.
Le gouvernement a également dit que tout cela vise à améliorer les échanges commerciaux et la situation des Canadiens. On ne peut faire confiance ni au gouvernement libéral précédent, ni à mes collègues d'en face pour négocier des accords de libre-échange. Ils n'ont pas procédé, et ne procèdent toujours pas, à la surveillance nécessaire. Comme mes collègues d'en face adorent parler de dollars et de chiffres, alors permettez-moi de leur en citer quelques-uns. Ce sont les chiffres des conservateurs.
J'étais tellement enthousiasmée à l'idée d'intervenir dans ce débat que j'ai oublié de préciser que je vais partager mon temps de parole avec mon distingué collègue de .
Comme je le disais, nous sommes passés d'un excédent commercial de 26 milliards de dollars à un déficit de la balance commerciale de 50 milliards de dollars. Dans le cas du secteur manufacturier, qui représente des emplois à valeur ajoutée, ce déficit a été multiplié par six, pour dépasser les 90 milliards de dollars. Il s'agit d'emplois bien rémunérés qui ne sont plus détenus par des Canadiens, parce qu'ils ont été bradés.
Les matières premières n'appartiennent pas seulement au Canada. Elles constituent l'héritage de nos enfants et de nos petits-enfants. Je le répète, l'exportation de matières premières, sans l'apport d'emplois à valeur ajoutée, s'élève à 30 milliards de dollars, mais les exportations à valeur ajoutée sont en baisse de 35 milliards de dollars.
Si j'étais économiste ou comptable, à la lecture de ces chiffres je demanderais au gouvernement de retourner à sa planche à dessins et de faire ses recherches. C'est le professeur en moi qui parle.
Les conservateurs nous parlent aussi d'ouverture des frontières, de libre entreprise, etc. Ce sont des paroles qu'on entend également beaucoup lorsqu'il est question d'accorder d'importantes baisses d'impôts aux grandes entreprises nationales et étrangères. Elles reviennent aussi lorsqu'il s'agit d'accords de libre-échange. Par contre, lorsqu'il est question d'adaptation au marché du travail, toutes ces paroles disparaissent, bien entendu. On adopte alors des mesures législatives qui permettent aux employeurs de payer 15 % moins cher les travailleurs étrangers temporaires que nous faisons venir ici pour faire en sorte que l'analogie de marché libre ne puisse s'appliquer lorsqu'il s'agit de Canadiens qui cherchent des emplois bien rémunérés.
J'ai entendu mon distingué collègue d'en face vanter les mérites de l'ALENA. J'aimerais lui rappeler qu'en Colombie-Britannique, cette merveilleuse province où j'habite, des camions pleins de grumes brutes ne cessent de partir pour les États-Unis. De nombreuses municipalités du Nord de la Colombie-Britannique et de l'intérieur des terres deviennent des villes fantômes à mesure que ces grumes quittent le pays, entraînant dans leur sillage des emplois du secteur manufacturier. Bien entendu, nous rachetons ensuite les produits manufacturés.
Autant vous dire qu'il vaut mieux éviter le sujet de l'ALENA dans bon nombre de localités de la Colombie-Britannique, sinon on risque de déclencher un tollé. Mon collègue britanno-colombien d'en face sait à quel point l'exportation de grumes brutes de la Colombie-Britannique soulève les passions. Il est au courant des répercussions énormes que cela a eu sur nos collectivités.
Je dois également parler de l'environnement. C'est l'une de nos principales préoccupations et les accords de libre-échange sont un des moyens d'en assurer la protection. Or, le gouvernement conservateur semble déterminé à affaiblir et à démanteler le système de protection de l'environnement. En signant ces accords de libre-échange, il appuie également la dégradation de l'environnement dans d'autres pays. Je trouve cela inacceptable. Nous devons vraiment étudier la question de près.
Les députés savent tous que nous ne vivons pas en vase clos. Les facteurs environnementaux et le réchauffement climatique ne connaissent pas de frontières. Ils ne s'arrêtent pas pour montrer leur passeport. Si le Panama pollue, cela a des répercussions en Colombie-Britannique, au Canada et dans le monde entier. Nous devons en être conscients.
Bien sûr, les intérêts de notre société minière au Panama seraient protégés et nous en sommes ravis, mais l'accord doit être équilibré. Or, cet accord de libre-échange ne l'est pas, ce pourquoi nous ne l'appuyons pas.
Je vais citer un extrait du témoignage de Jennifer Moore, de Mines Alerte Canada, devant le comité.
Bien que l'accord comprenne un chapitre sur l'environnement, il s'agit d'une déclaration non contraignante dont la mise en application repose sur la bonne volonté politique, un engagement qui ne s'est jamais vu au Panama.
Pour finir, je veux dire quelques mots sur le blanchiment d'argent au Panama et sur le statut de paradis fiscal de ce pays.
Le gouvernement conservateur parle de sécurité et d'endiguer le trafic de drogues. Si une personne possède cinq plants de marijuana, il la condamne à une peine minimale de six mois d'emprisonnement. Or, il est prêt à signer un accord avec un pays qui est reconnu, même par l'OCDE, comme étant un paradis fiscal où le blanchiment d'argent est monnaie courante et où il n'y a pas de transparence.
Les néo-démocrates sont très préoccupés. Nous nous opposons à cet accord parce que les conservateurs refusent d'accepter les amendements très intelligents présentés par notre porte-parole.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole à la Chambre au nom des citoyens de Surrey-Nord au sujet du projet de loi , l'accord de libre-échange proposé entre le Canada et le Panama.
Étant porte-parole de mon parti pour ce qui concerne la Porte de l'Asie-Pacifique et étant également très préoccupé par le déficit commercial du Canada, même si je sais que mes collègues d'en face ne sont pas friands de faits et de chiffres, je vais leur en donner quelques-uns. Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2006, nous avions un excédent commercial de 25 milliards de dollars. C'est un fait. Les conservateurs aiment parler d'échange commerciaux et dire qu'ils veulent élargir nos marchés. Cependant, sous le gouvernement conservateur, cet excédent de 25 milliards de dollars s'est transformé en un déficit de 50 milliards de dollars. C'est cela le bilan des conservateurs et ils aiment citer des chiffres. Maintenant que j'ai dit ce que j'avais sur le coeur, je vais poursuivre mon allocution.
Je suis tout à fait en faveur d'une démarche ouverte et progressive en matière de commerce, qui comprend le renforcement de l'économie et la promotion des intérêts du Canada. Malheureusement, cet accord ne fait rien de tout cela. Je n'appuierai pas le projet de loi, pour plusieurs raisons. Premièrement, la version précédente de la mesure législative qui nous occupe, le projet de loi , avait été étudiée en comité; nous avions alors entendu de nombreux témoins experts décrire de façon très convaincante le Panama comme un paradis fiscal pour l'évasion et l'évitement fiscaux. En outre, le Panama a mauvaise réputation en matière de droits du travail, et les accords auxiliaires dans les domaines du travail et de l'environnement sont faibles. De plus, nous nous préoccupons vivement du fait que l'accord fournirait des droits et des pouvoirs plus importants aux investisseurs étrangers. Tout cela est inquiétant, étant donné les controverses entourant le bilan, en matière d'environnement et de droits de la personne, des compagnies minières canadiennes établies au Panama.
Le projet de loi a été examiné très brièvement par le Comité du commerce international, dont je fais partie. Les témoignages que nous avons entendus ont confirmé que ces questions demeurent toujours aussi préoccupantes. Le député de , porte-parole néo-démocrate en matière de commerce international, a présenté des motions et des amendements qui viendraient régler ces problèmes flagrants, mais les libéraux et les conservateurs s'y sont opposés et les ont rejetés.
Après avoir étudié de plus près la situation au Panama, une de mes plus grandes préoccupations vient du fait que le Canada et le Panama sont en train de négocier un accord d'échange de renseignements fiscaux, alors qu'il n'existe toujours pas de solutions adéquates pour régler la question de la divulgation des renseignements fiscaux, quoi qu'en disent le gouvernement panaméen et le gouvernement conservateur. Ce problème est d'une telle importance que les États-Unis ont refusé de ratifier un accord de libre-échange avec le Panama avant qu'un accord d'échange de renseignements fiscaux ne soit signé.
Il y a, dans l'intérêt des contribuables canadiens, de très bonnes raisons de ne pas signer l'accord avec le Panama. En 2011, les échanges commerciaux bilatéraux qu'a entretenus le Canada avec le Panama représentaient 0,03 %, soit moins de 1 %, de l'ensemble de nos échanges commerciaux à l'échelle mondiale. Cet accord illustrerait bien que le gouvernement favorise la quantité au détriment de la qualité en matière d'accords commerciaux. Il n'y a aucune raison de conclure précipitamment un accord sans avoir traité au préalable, et de façon significative, des préoccupations au sujet du fait que le Panama est un paradis fiscal.
Je vais parler plus longuement de l'accord d'échange de renseignements fiscaux car il s'agit d'un sujet très préoccupant qui devrait nous inciter à marquer un temps d'arrêt avant de conclure cette entente avec le Panama. En mars 2012, le Canada et le Panama ont entamé des négociations portant sur un accord d'échange de renseignements fiscaux. Cependant, cet accord n'a pas encore été signé. Cela est très inquiétant, étant donné tout le blanchiment d'argent qui se fait au Panama, notamment en ce qui concerne les sommes provenant du trafic de drogue, comme on l'a entendu lors de l'étude en comité. L'absence de transparence fiscale a valu au Panama d'être qualifié de paradis fiscal par l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Comme je l'ai déjà dit, le Congrès américain a refusé de ratifier un accord de libre-échange avec le Panama avant que ce dernier ne signe un accord d'échange de renseignements fiscaux. Le Parlement canadien devrait être aussi prudent. Toutefois, l'analyse de ces accords indique qu'ils sont très inefficaces pour empêcher l'évasion légale ou l'évasion fiscale. Généralement, ces accords ne comportent pas de disposition visant le partage automatique de l'information. Il faut plutôt présenter une demande à cet égard. En outre, en général, un pays partenaire n'est pas tenu de fournir les renseignements nécessaires pour déterminer la conformité fiscale si cela n'a pas été établi au préalable.
Récemment, le Panama a été retiré de ce que l'on appelle la « liste grise » de l'OCDE après avoir sensiblement mis en application la norme de l'échange de renseignements, lorsque le pays a signé avec la France un accord d'échange de renseignements fiscaux. Je pense que le Panama a conclu environ 14 accords de ce genre.
Lors de l'étude en comité, avant l'étude article par article du projet de loi , mon collègue, le député de , a proposé une motion qui arrêterait la mise en oeuvre de l'accord commercial entre le Canada et le Panama jusqu'à ce que le Panama accepte de signer l'accord d'échange de renseignements fiscaux. J'ai voté en faveur de cette motion, tout comme les autres membres néo-démocrates du comité. Je l'ai appuyée parce qu'il est insensé de signer un accord de libre-échange si aucun accord d'échange de renseignements fiscaux n'est en place.
Malheureusement, cette motion a été rejetée par les conservateurs et les libéraux. Ils prétendaient qu'on faisait des progrès et qu'il y avait des négociations en cours en vue de signer un accord. Je ne suis pas du tout d'accord avec ce genre de raisonnement. On met la charrue devant les boeufs. Il n'y a aucune raison de faire adopter cette entente à la hâte par le Parlement. S'il est vrai que nous allons bientôt signer une entente d'échange de renseignements fiscaux, pourquoi ne pas attendre? Où est l'urgence? Pourquoi ne pas attendre d'avoir cette entente avant de signer un accord de libre-échange avec un pays qui est reconnu pour ses activités de blanchiment d'argent et ses dispositifs d'évasion fiscale? Le gouvernement n'a toujours pas répondu à cette question.
Compte tenu du passé et de la réputation du Panama dans ce domaine, il devrait être évident qu'il faut obtenir une telle entente avant de signer un accord commercial et qu'il faut en examiner les conditions et la pertinence. Le Congrès américain a refusé de ratifier un accord de libre-échange avec le Panama avant la signature d'un accord d'échange de renseignements fiscaux. Pourquoi le Canada n'aurait-il pas la même exigence fondamentale? Cela me dépasse et je ne comprends pas comment des députés peuvent s'apprêter à voter pour le projet de loi.
Au comité, nous avons proposé plusieurs amendements raisonnables et progressistes au projet de loi. Il s'agissait notamment d'y inclure les notions vitales de développement durable et d'investissement durable, une exigence de transparence fiscale et des dispositions de protection des droits des travailleurs, notamment le droit à la négociation collective. En vertu d'autres modifications, le aurait été tenu, en collaboration avec les syndicats, les travailleurs ainsi qu'avec les organisations et les experts des droits de la personne, d'évaluer l'incidence de cet accord commercial.
Il y a eu de nombreuses propositions d'amendement — 13 au total —, mais les conservateurs les ont rejetées. Il s'agissait de propositions raisonnables qui auraient corrigé de manière raisonnable certaines omissions des conservateurs dans cet accord de libre-échange. Le NPD préfère la démarche multilatérale en matière de commerce et il est favorable aux accords qui contribuent à favoriser les exportations canadiennes tout en réduisant les obstacles nocifs aux échanges commerciaux et en encourageant l'essor d'industries à valeur ajoutée.
Je concluerai en redisant ce que je disais au départ. Le bilan des conservateurs en matière d'échanges commerciaux est lamentable. Quand ils sont arrivés au gouvernement, il y avait un excédent de 25 milliards de dollars. Nous avons maintenant un déficit de 50 milliards. Il faudrait revoir ce projet d'entente avant de l'adopter.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un privilège de prendre la parole à la Chambre au sujet de l'accord de libre-échange Canada-Panama. J'ai eu l'occasion d'écouter les députés d'en face et d'entendre certaines des questions qu'ils ont posées à nos collègues.
Je commencerai, si vous me le permettez, en affirmant que ma bonne foi tient notamment au fait que je suis devenu membre du Comité du commerce dès que j'ai été élu, et j'en suis actuellement à ma cinquième année. Ce fut pour moi un privilège de siéger à ce comité, car il a été très actif. J'y reviendrai tout à l'heure.
Il est assez intéressant d'entendre les députés d'en face parler de libre-échange comme s'ils en étaient des partisans résolus, alors qu'en fait, d'après mon expérience des dernières années, ils n'y sont pas favorables. Je reconnais néanmoins que les députés d'en face ont choisi d'appuyer l'accord de libre-échange avec la Jordanie sans demander de vote par appel nominal, et je leur en sais gré.
Cependant, il s'agit là d'un accord modeste. Il est important pour ce que nous voulons faire au Moyen-Orient, mais ce n'est qu'un élément d'un ensemble beaucoup plus vaste de projets envisagés par le Canada.
Tout en vous livrant mes commentaires, je me demande si je ne devrais pas m'adresser aux députés d'en face pour reprendre des propos qu'ils ont tenus, ou si je ne dois pas plutôt m'en tenir spécifiquement à mon texte et à l'argument que je souhaite vous soumettre. Je pourrais peut-être faire un peu des deux au profit de la Chambre.
Hier, j'étais à London, en Ontario, la dixième ville en importance du Canada. J'étais en compagnie de notre , ainsi que des députés d' et de . Une personne qui était contre le libre-échange a demandé à M. Butters, le PDG de la très dynamique usine de traitement d'eau Purifics, pour quels motifs il était en faveur. Il a répondu qu'il n'en serait pas où il est actuellement sans le libre-échange. Il commerce en Europe et aux États-Unis grâce au libre-échange, et c'est un élément déterminant de son succès, de sa survie. C'est la raison pour laquelle il est en affaires aujourd'hui.
Et je peux tenir le même argument pour l'ensemble du secteur des affaires de notre grand pays. Pourquoi pensons-nous que les créateurs d'emploi au Canada sont ceux qui appuient le libre-échange? Parce qu'ils savent que le Canada ne peut survivre qu'en tant que nation commerçante.
Monsieur le Président, vous, qui semblez être un sage, savez sans doute qu'un emploi sur cinq au pays est lié au commerce et que cette proportion est en hausse.
Je trouve déconcertant de voir des députés de l'opposition prendre la parole ici et prétendre appuyer le libre-échange alors qu'en fait ils votent contre. J'ai vraiment beaucoup de mal à comprendre leur attitude. Je leur demande de faire un examen de conscience.
Monsieur le Président, vous pourriez peut-être aussi leur demander de songer aux conséquences, pour le Canada, de ne pas conclure d'ententes de libre-échange. C'est vraiment crucial.
Je veux aborder quelques autres points qui, selon moi, sont essentiels. Le député d'en face a dit qu'il s'agissait d'un accord peu important. J'imagine que c'est le cas à certains égards. Toutefois, cet accord est-il si peu important pour l'humble producteur de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard qui doit acquitter des droits de douane très élevés lorsqu'il livre ses patates entières et ses frites congelées au Panama?
Que devraient faire les députés qui viennent de l'Île-du-Prince-Édouard? S'ils avaient le moindre respect pour l'humble producteur de pommes de terre — et ne serait-ce que pour cette raison — ils appuieraient cet accord de libre-échange.
Mais ce n'est pas tout, loin de là. Dans chaque province et territoire du pays, il y des industries qui profitent énormément du libre-échange. J'aimerais dire un mot sur celles-ci.
Comment les députés de l'opposition peuvent-ils justifier des droits pouvant atteindre 15 % sur le poisson et les fruits de mer de la Nouvelle-Écosse? Je ne comprends pas pourquoi ils voudraient qu'il en soit ainsi. À l'heure actuelle, à Terre-Neuve, les produits en papier et en carton sont frappés de droits pouvant aussi atteindre 15 %, ce qui fait disparaître des emplois. Le parti d'en face parle de création d'emplois, mais j'ai des doutes. Pour cela, il faut plutôt se tourner vers l'Alberta.
Je sais que les députés d'en face aimeraient bien avoir plus de sièges en Alberta. Les produits forestiers sont visés par des droits de 15 %, tandis que les produits de minoterie sont frappés de droits qui peuvent atteindre 40 %. Les députés d'en face sont-ils en train d'insinuer que cette entente n'est pas assez bonne pour les Albertains? Si les néo-démocrates veulent gagner des sièges dans cette région du pays, ils auraient intérêt à dire que l'accord est une bonne chose pour l'Alberta. Qui plus est, si cette entente est bonne pour l'Alberta, elle pourrait même être bonne pour eux, pour peu qu'ils l'appuient.
Si les députés d'en face venaient de la Saskatchewan, ils mentionneraient que les droits de douane visant les légumineuses et les céréales se situent entre 15 % et 40 %. Cette situation fait disparaître des emplois et empêche la création d'autres emplois en Saskatchewan. Au Manitoba, les oléagineux et les légumineuses, encore, sont visés par des droits pouvant atteindre 15 %.
Quand nous signerons l'accord de libre-échange avec le Panama, presque tous les droits de douane seront éliminés. Ceux qui ne sont pas abolis immédiatement le seront d'ici trois à cinq ans.
Quel message les députés d'en face voudraient-ils transmettre aux représentants de l'industrie du porc? Ils les ont entendus nous demander à plusieurs reprises: « S'il vous plaît, donnez-nous la chance de faire affaire avec le Panama sans ces droits de douane néfastes à l'emploi. » C'est ce qu'ils nous demandent.
J'aimerais savoir ce que les députés d'en face leur répondraient. Comment peuvent-ils prendre la parole et prétendre appuyer le commerce alors qu'ils ne l'ont jamais appuyé? Je le sais, parce que je participe chaque semaine aux réunions du Comité du commerce international; ils n'ont pas l'habitude d'appuyer le commerce.
Je leur ai déjà pardonné le cas de la Jordanie, en autant qu'on puisse trouver des excuses à ce sujet, et j'ai beaucoup de respect pour cet accord de libre-échange. Mais je crois que la question est en fait beaucoup plus vaste: s'ils veulent vraiment s'imaginer pouvoir un jour être assis ailleurs que du côté de l'opposition, ils devront reconnaître que le commerce est bon pour le Canada et pour la main-d'oeuvre canadienne. Mais franchement, ce n'est pas ce que je les entends dire. J'entends beaucoup d'arguments creux, mais ce message demeure absent.
Les néo-démocrates disent qu'il s'agit d'un accord de moindre importance, mais je n'irais pas dire cela aux industries, aux compagnies et aux travailleurs dans les provinces et les territoires de l'ensemble du pays qui dépendent des exportations vers le Panama. Ce serait grossier, et nous ne sommes jamais grossiers à la Chambre.
Chose intéressante, les néo-démocrates demandent également où est l'urgence. J'aimerais éclairer la lanterne de la Chambre et des députés qui ignorent encore la réponse. Voici l'urgence. Peut-être ne le savent-ils pas, mais les États-Unis ont conclu et ratifié leur accord avec le Panama la semaine dernière. Voilà qui nous met automatiquement à un désavantage considérable parce que nous sommes maintenant en retard sur les États-Unis; nous devons conclure le nôtre. Où est l'urgence? Nous avons commencé à parler de la question en 2008 et nous l'avons soulevée à nouveau en 2010. Le projet de loi est mort au Feuilleton. Nous l'avons présenté à nouveau pour veiller à la protection des industries de l'ensemble du Canada. Nous voulons saisir toutes les chances de le faire.
Le député d'en face a dit qu'il privilégie les accords multilatéraux. Le gouvernement a toujours été en faveur d'accords multilatéraux; si les négociations de Doha étaient toujours en cours, nous y serions favorables. Cependant, j'ai bien peur qu'elles en sont à leur dernier souffle, c'est pourquoi nous devons nous tourner vers les accords bilatéraux et saisir toutes les occasions qui se présentent à nous.
Pourquoi avons-nous conclu l'AECG? Il met en jeu 27 pays. Il s'agit techniquement d'un accord bilatéral, mais il nous permet de faire affaire avec 27 pays. Nous avons conclu un accord avec l'AELE, l'Association européenne de libre-échange, composée de quatre pays, la Norvège, le Liechtenstein, la Suisse et l'Islande. C'était un accord important pour eux et pour nous.
J'ignore pourquoi les députés d'en face ne peuvent célébrer les bonnes nouvelles. Ce sont de bonnes nouvelles pour le Canada. Ce sont de bonnes nouvelles pour les emplois au Canada. Si nous prenons du retard sur les États-Unis et tardons à ratifier ces accords, qui sont dans l'intérêt du Canada, les travailleurs et la situation de l'emploi au Canada en seront grandement désavantagés.
C'est intéressant parce qu'on a parlé de l'environnement et des droits du travail. Je suis très fier, notamment, de la façon dont les fonctionnaires ont abordé les négociations avec le Panama et d'autres pays. Ils n'ont rien laissé au hasard et ont conclu des accords de coopération dans le domaine du travail avec le Panama ainsi que des accords de coopération dans le domaine de l'environnement.
J'aimerais souligner simplement certaines choses qui méritent de l'être, à mon avis. Voici ce que l'accord implique pour la main-d'oeuvre. Les députés d'en face, en particulier ceux de l'opposition officielle de Sa Majesté, pensent que leur seul rôle est de s'opposer. Un jour, peut-être, pendant une pause, quelqu'un leur expliquera pourquoi ils portent ce titre, car s'opposer est tout ce qu'ils semblent vouloir faire. S'ils pouvaient parfois célébrer nos belles réalisations avec nous, oublier la partisanerie et faire ce qui est bon pour le Canada, les Canadiens et la création d'emplois au pays, je dirais qu'ils font ce qu'il faut faire. Ils devraient tout de suite se rallier à notre position dans ce dossier.
Il est intéressant d'entendre les objections des députés d'en face concernant la main-d'oeuvre. Permettez-moi de dire un mot là-dessus. L'accord de coopération dans le domaine du travail que nous avons signé comprend plusieurs éléments: le droit à la liberté d'association; le droit à la négociation collective; l'abolition du travail des enfants; la suppression du travail forcé ou obligatoire; la suppression de la discrimination en matière d'emploi et d'activités professionnelles.
Si les députés d'en face croyaient fermement en ces principes — oublions les pommes de terre un instant —, ils se réjouiraient que les travailleurs panaméens bénéficient de telles dispositions. Je suis heureux que l'accord soit bénéfique pour le formidable peuple du Panama, que ce soit sur le plan de l'environnement, de la coopération dans le domaine du travail ou de la capacité à améliorer leur niveau de vie en vendant des produits sur le marché canadien. Mais qu'en est-il du Canada?
Qui défend les intérêts des travailleurs canadiens? Qui se porte à la défense des emplois au Canada? Qui parle au nom des entreprises canadiennes qui veulent que cet accord soit mis en oeuvre? N'est-ce pas ce qu'il faut faire? Je suis fier d'être membre du parti qui protège les emplois au Canada: le Parti conservateur.
J'aimerais parler d'autres aspects. Nous avons entendu parler de certains problèmes comme le blanchiment d'argent, et de l'ampleur de cette activité au Panama. J'ai décidé de m'appuyer sur un extrait d'une publication très intéressante. Auparavant, le Panama avait de la difficulté à composer avec le blanchiment d'argent. Le pays a réalisé des progrès si importants qu'il a été retiré de la liste grise, car il a fait beaucoup d'efforts pour améliorer ses institutions financières. De plus, le Canada compte des institutions exceptionnelles comme la Banque Scotia, qui est établie au Panama depuis 1983. Cette société s'est acquittée de sa responsabilité sociale en donnant l'exemple aux institutions financières panaméennes afin qu'elles fassent des affaires correctement. Grâce à cette réussite, la Banque Scotia est devenue la cinquième banque en importance au Panama. Je félicite la Banque Scotia de son leadership et de son engagement à l'égard de sa responsabilité sociale d'entreprise. Nous pouvons tous en être très fiers.
D'autres aspects de l'opposition à cette mesure me frustrent. Au début de la journée, nous avons entendu parler du canal de Panama. Le projet du canal de Panama se chiffre à 5 ou 6 milliards de dollars. Au comité et à la Chambre, j'ai entendu dire que nous avons raté l'occasion de profiter de ce projet. Ce n'est pas tout à fait vrai. L'ambassadeur du Panama au Canada est venu au comité il y a quelques mois, et il a dit qu'il y a encore énormément de possibilités. Il y a non seulement ce projet de 6 milliards de dollars, mais aussi des retombées économiques connexes dans le marché de l'infrastructure qui représentent quelque 13,2 milliards de dollars. Ne voudrions-nous pas que des entreprises comme EllisDon, McKay-Cocker, M.M. Dillon et toutes ces autres sociétés de London, en Ontario, qui font de l'excellent travail à l'étranger, puissent profiter de ces débouchés exceptionnels? Pourquoi les membres de l'opposition les en empêcheraient-ils? C'est tout simplement inacceptable.
Si les députés voulaient vraiment appuyer les emplois dans leurs régions — ce que souhaite ce côté-ci de la Chambre, je le sais —, ils appuieraient cet accord. Ils devraient sans doute considérer cet accord un peu comme celui conclu avec la Jordanie: ce n'est peut-être pas l'accord du siècle, mais il est important pour diverses industries des quatre coins du Canada. Il est vraiment porteur de prospérité, et nous en sommes certains parce que la Chambre de commerce du Canada, des chambres de commerce régionales et des créateurs d'emploi l'ont dit. Si c'est vraiment le cas, il faut alors se demander pourquoi les députés d'en face refusent d'affirmer qu'ils veulent appuyer cette mesure pour le bien de leurs régions. Je crois que c'est ce qu'ils devraient faire. En appuyant un tel accord, les députés d'en face prépareraient le terrain pour une relation très intéressante, puisque le Panama est la plaque tournante de l'Amérique centrale, qui est le point de passage entre deux importants océans et la porte d'entrée de l'Amérique du Sud.
Nous avons conclu des accords avec la Colombie et le Pérou, et, afin de dissiper toute confusion, je tiens à préciser que nous entretenons des relations commerciales avec tous les pays du monde. Les entreprises canadiennes font désormais des affaires dans tous les pays du monde. Elles demandent l'instauration d'un système fondé sur des règles pour qu'elles puissent savoir à quoi s'en tenir. Il est tout à fait normal que les sociétés s'attendent à ce que, lorsqu'elles font des affaires à l'étranger, elles soient au fait des répercussions ainsi que de leurs droits et obligations. Il me semble que c'est la base. J'ai plus de 30 ans d'expérience dans le monde des affaires, et j'estime que, si je voulais entretenir des relations commerciales dans n'importe quel pays, je voudrais en connaître les règles.
J'ai entendu un député d'en face dire plus tôt aujourd'hui qu'il fallait intensifier nos relations commerciales avec les États-Unis. En passant, je pense qu'aucun député ne remet cette affirmation en question, mais nous souhaitons diminuer notre dépendance envers les États-Unis en matière de commerce. Je veux qu'il y ait davantage d'échanges commerciaux, mais je souhaite étendre ses échanges aux quatre coins du monde. Voilà pourquoi le gouvernement a tellement mis l'accent sur les accords commerciaux, que ce soit en Amérique du Sud, avec la Jordanie ou avec l'Association européenne de libre-échange. Nous sommes en pleine négociation afin de conclure l'accord économique et commercial global, et 27 pays de l'Union européenne y participent. Nous sommes aussi en train de négocier le partenariat transpacifique; nous y avons récemment été invités. Ce partenariat rassemble de nombreux pays d'Extrême-Orient et il nous donnera accès à l'Asie.
Il y a une autre possibilité dont nous n’avons pas discuté. Plusieurs pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale avec lesquels nous commerçons déjà et, de fait, avec lesquels nous avons déjà des accords commerciaux bilatéraux, se regroupent pour essayer d’étendre le concept de multilatéralité. Nous appuyons cette initiative. Tant qu’il n’y aura pas d’entente multilatérale officielle, toutefois, je conclurai des accords bilatéraux avec tous les pays du monde si l’on m’en donne l’occasion. Cela montre bien ma détermination en ce qui concerne les emplois des Canadiens.
Je tiens à rappeler aux députés que ce dont nous parlons ici, c’est d’une occasion à saisir pour les Canadiens. Nous accusons déjà un certain retard. Nous ne pouvons pas nous permettre de prolonger ce retard. Si nous voulons protéger les emplois des Canadiens, tirer parti des possibilités et protéger la modeste pomme de terre et tout ce que nous produisons d’autre, nous devons agir sans délai et aussi correctement que nous le pouvons. Parce que le Panama a déjà signé un accord avec les États-Unis, notre principal concurrent dans ce pays, nous devons agir aussi rapidement que la Chambre nous le permettra. Nous devrons ensuite envoyer le document au Sénat, évidemment, pour obtenir la sanction royale dans les plus brefs délais, dans l’intérêt du Canada, dans l’intérêt de nos emplois et pour assurer l’avenir de nos enfants. Ne laissez pas échapper ces emplois. Donnez-nous l’occasion de faire cela, et donnez-nous les outils pour le faire.
Au comité, nous écoutons les députés exposer des points de vue très réfléchis sur les échanges commerciaux avec d’autres pays, et je respecte ces points de vue. Je m’étonne toutefois que, après avoir fait tout ce qu’ils pouvaient, ils n’épousent pas sans réserve le concept de libre-échange. C’est un concept tellement élémentaire. C’est élémentaire sur le plan commercial, et c’est élémentaire sur le plan humain. Si nous commerçons avec un pays comme le Panama, nous relèverons le niveau de vie dans ce pays. C’est un fait. Nous améliorerons aussi le niveau de vie ici, au Canada. C’est cela qui compte.
Nous avons créé plus de 800 000 emplois depuis la mise en place du plan d’action économique. Ce n’est pas un accident. Cela s’est produit parce que nous avions un plan, et un aspect essentiel de ce plan est la conclusion d’accords de libre-échange partout dans le monde.
Si nous voulons véritablement pénétrer le marché sud-américain, et nous avons déjà pris des mesures en ce sens, nous devons le faire avec le Panama. C’est important pour l’Amérique centrale, ce sera important aussi pour l’Amérique du Sud. Nous signalons ainsi que le Canada est prêt à brasser des affaires. C’est à cela que se ramène notre discussion.
Je suis renversé que les députés d’en face soient apparemment incapables de comprendre cela. Je souhaite sincèrement qu’ils cessent de défendre des positions partisanes et que, dans l’intérêt des emplois des Canadiens, ils se décident, comme ils l’ont fait pour la Jordanie, et déclarent qu’ils sont favorables aux échanges commerciaux. Regardez ce que nous avons fait avec la Jordanie. J’espère que ce n’était pas simplement une manœuvre politique. J’espère que tel n’est pas le cas.
Je ne suis pas cynique. Ma mère nous a toujours dit que nous avons deux choses dans la vie: nous avons notre nom et nous avons notre intégrité, et nous ne pouvons pas nuire à l’une sans faire de tort à l’autre.
Je demande aux députés d’en face si, dans l’intérêt du Canada, dans l’intérêt des entreprises, et dans l’intérêt des travailleurs canadiens, ils consentiront à faire comme ce qu’ils ont fait pour la Jordanie et se rangeront aux côtés des conservateurs pour que cela devienne réalité. Certaines choses vont de soi. C’est élémentaire.
Je suis fier d’être membre de ce comité. Je peux y exprimer diverses opinions. Je vous présente mes excuses. Ma mère disait que je lui rappelais mon grand-père, un habitant du Cap-Breton. Pourquoi se contenter de dire en 10 mots ce que l’on peut dire en 100? Je suis tout disposé à reconnaître que c’est un léger défaut. Toutefois, elle disait aussi que si l’on ne défend pas ses principes, on défend n’importe quoi. Je dis donc aux députés d’en face qu’il ne faut pas défendre n’importe quoi. Il faut défendre ce qui est juste. Il faut défendre les emplois des Canadiens. Appuyons notre pays, aidons-le à devenir le meilleur pays du monde.