Que la Chambre s'ajourne maintenant.
— Monsieur le Président, j'aimerais remercier le de nous avoir permis de débattre de cette question aujourd'hui. Je dois avouer que lorsque j'ai proposé la tenue de ce débat, je n'étais pas certain que le Président serait d'accord avec moi sur l'urgence de la situation. Je suis très content qu'il le soit.
Je suis convaincu que de nombreux Canadiens se demanderont pourquoi la Chambre des communes consacre quelques heures supplémentaires, un mardi soir, à débattre d'une question qui peut sembler bien lointaine. Il y a des conflits et des problèmes dans le monde entier. Pourtant la question de la Syrie nous a tous paru être d'une importance cruciale. Permettez-moi d'indiquer pourquoi.
C'est à cause de la position géographique de la Syrie. Ce pays de 22,5 millions d'habitants est situé en plein coeur du Moyen-Orient. Au cours des dernières décennies, cette partie du monde a sans doute été la région où le règlement des conflits s'est avéré le plus ardu et difficile, car il est toujours possible que la situation se détériore davantage et que les hostilités s'étendent à l'ensemble de la région.
C'est un pays qui met à l'épreuve la volonté des Nations Unies d'assumer son rôle et ses responsabilités qui consistent à veiller à ce que les populations civiles soient protégées et à ce que soit assurée la sécurité de base de ces gens qui sont confrontés au défi de survivre et de trouver où se procurer leur prochain repas.
C'est un pays qui, non pas depuis quelques années mais depuis plusieurs décennies, subit une dictature brutale, celle de la famille Assad, d'abord le père et maintenant le fils, représentants d'une secte religieuse relativement petite de l'Islam, la secte Alaouite, qui s'est emparé de tous les leviers du service de sécurité, s'est fortement armée et a réprimé violemment la population, entraînant la ruine de l'économie.
C'est un pays qui, confronté aux changements qui se produisent partout dans la région, a résisté au moindre de ces changements, refusant de libéraliser l'économie, de reconnaître la nature plurielle de la société, d'établir de bonnes relations avec ses voisins et de donner à la population le sentiment de pouvoir réaliser son potentiel.
Ce n'est donc pas une surprise si, au moment où a déferlé ce mouvement appelé le printemps arabe, quoique certains disent maintenant que ce terme ne convient pas parce que trop optimiste, des éléments puissants au sein même de la Syrie aient insisté pour que le pays devienne davantage pluraliste et démocratique, qu'il reconnaisse les droits de la personne et permette aux citoyens d'avoir leur mot à dire sur l'identité de leurs gouvernants.
Confronté à ce défi émanant de l'interne, le régime Assad a choisi la voie de la répression, ce qui a infligé d'immenses souffrances à la population syrienne et causé énormément d'instabilité non seulement en Syrie mais dans l'ensemble de la région.
On se retrouve maintenant face à un pays de 22,5 millions d'habitants dont un million et demi se sont réfugiés à l'étranger. À cela s'ajoutent les centaines de milliers de gens qui sont qualifiés de personnes déplacées, comme le veut l'euphémisme, des gens qui ont été forcés de quitter leur maison, forcés de déménager ou de quitter leur communauté pour se réfugier dans un endroit plus sûr. De ces 1,4 million de réfugiés, quelque 62 000 sont en Égypte, 143 000, en Irak, 450 000, en Jordanie, 450 000, au Liban et plus de 320 000, en Turquie.
Quelle que soit la définition qu'on en donne, quelle que soit la dure réalité en Syrie, quoi qu'on puisse dire sur l'instabilité ou les forces qui sont en jeu, sur la situation sécuritaire générale du pays, sur les difficultés que pose la sécurité de la région à cause de la violence et de la répression en Syrie, ce que nous savons sans l'ombre d'un doute, c'est qu'il s'agit d'une crise humanitaire de première grandeur.
Il s'agit d'un problème qui interpelle la conscience du monde entier, et bien sûr celle du Canada, mais c'est aussi un problème qui doit être abordé de façon pragmatique. La présence d'un tel nombre de réfugiés en Jordanie, au Liban et en Turquie pose un risque au point de vue de la sécurité et constitue une menace pour ces pays. Et c'est sans compter la menace et le risque financiers qui pèsent sur ces pays, en raison du fait que tant de gens les envahissent soudainement. Ces pays sont loin d'être riches.
Nous entendrons le ministre nous décrire certaines des mesures prises par le gouvernement du Canada en ce qui a trait à la situation des réfugiés en Jordanie. Je crains que les députés de notre côté n'aient d'autres choix que de déclarer « ce n'est pas encore suffisant ». Il reste encore beaucoup à faire.
Bien des choses restent encore à faire à certains égards. La première est de venir en aide aux pays qui doivent composer avec la crise des réfugiés sévissant à leur porte. La deuxième est de venir en aide au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, notamment avec les enjeux, nombreux et continuels, que comporte la gestion des camps de réfugiés. La troisième consiste à traiter les demandes de ces réfugiés qui souhaitent être réunis avec les membres de leur famille au Canada de manière beaucoup plus efficace et sophistiquée. Je veux dire comparativement aux nombreuses autres situations semblables auxquelles nous avons répondu plus efficacement en tant que pays. L'exemple le plus récent est, je crois, la crise en Haïti, où nous avions accéléré le traitement des demandes afin de réunir les gens à leur famille et où nous avions offert bien plus d'aide humanitaire. À mon avis, le Canada a été relativement lent à réagir dans la situation qui nous occupe, certainement si on le compare à d'autres pays et si l'on tient compte de la gravité de la situation pour les pays touchés.
Il faut tout d'abord reconnaître que la crise est de nature humanitaire. Il faut reconnaître le fait que le Canada devrait à tout le moins entamer des pourparlers avec d'autres pays pour tenter de composer avec le problème qui se pose aux voisins de la Syrie, problème grave en raison de la taille et de la portée de la crise des réfugiés.
Mes collègues ont pris la parole plus tôt et le député de Scarborough a tenu une conférence de presse la semaine dernière. Il a décrit le défi urgent que doivent relever un grand nombre de personnes dans ces collectivités, où il semble que le gouvernement canadien n'ait pas répondu aussi énergiquement qu'il le devrait aux besoins des gens qui vivent dans des camps de réfugiés. Nous ne semblons pas avoir mis en place un programme qui permettrait de traiter et d'étudier rapidement les demandes de réunification des familles au Canada. Nous pensons, et je suis certain que c'est aussi le cas de la Chambre, qu'il faut faire davantage pour répondre au caractère urgent de cette crise humanitaire. Permettez-moi de m'attarder un peu à ce point. Il faut faire davantage face à la crise humanitaire. Il faut faire davantage pour les réfugiés. Le Canada doit faire davantage et apporter une contribution tangible face à la crise qui touche les réfugiés.
Si c'était le seul problème, le débat serait simple. Toutefois, le défi que la communauté internationale doit relever en Syrie est l'un des plus difficiles et des plus complexes que nous ayons connus.
Comme je l'ai déjà dit, nous devons reconnaître la force militaire du régime Assad. Ce régime a une capacité de répression et il s'en est déjà servi. Il n'a pas hésité à bombarder son propre peuple, à tuer ses propres citoyens et à relever chaque défi en ayant recours à la force militaire. Il s'est montré brutal, au point où les Nations Unies estiment que 80 000 personnes ont été tuées.
Si nous appliquions un simple critère afin de voir si le régime Assad a fait de preuve de brutalité à l'endroit de son peuple et si un tel comportement justifie une réaction efficace de la part du reste du monde, la réponse serait oui, et c'est la conclusion à laquelle le monde en est arrivé. La communité internationale a conclu qu'il fallait empêcher la Syrie d'avoir accès à d'autres marchés. Nous devons nous assurer que les dirigeants du régime syrien savent à quel point le reste du monde prend au sérieux la situation dans leur pays. Nous devons nous assurer que tous les efforts possibles sont faits afin d'isoler la Syrie sur le plan financier.
Même si ces efforts sont soutenus et coordonnés, ils n'ont pas permis d'affaiblir suffisamment le régime Assad, de le contraindre à négocier avec les rebelles, de prendre conscience de la nécessité de modifier son comportement, et de s'efforcer de trouver une solution politique à la crise. Rien de cela ne s'est produit.
Une autre réaction simple consisterait à dire: « Pourquoi le monde ne déciderait-il tout simplement pas que, si le régime syrien n'est pas prêt à traiter ses citoyens convenablement, s'il n'est pas disposé à donner suite aux résolutions du Conseil de sécurité, des Nations Unies et de la Ligue arabe — et à toutes les déclarations visant à faire en sorte qu'il fasse face à la réalité —, d'autres mesures, de nature militaire, s'imposent? »
[Français]
Naturellement, il y a toujours ceux qui pensent qu'une réaction militaire s'impose face à une situation où un gouvernement ne répond pas non seulement à l'opinion du monde, mais aussi aux lois du monde, comme les lois existant aux Nations-Unies à la suite des décisions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité pour assurer que les pays traitent leurs citoyens de façon juste et équitable.
Cependant, il faut reconnaître le problème. La nature du problème qui existe au Moyen-Orient existe en Syrie à présent. À cause de la nature du conflit et à cause de la position géographique de la Syrie au Moyen-Orient, il n'y a pas de solution militaire facile.
Je viens de regarder le ministre à la télévision, il y a un moment. Il a dit qu'il préférait une solution politique à une solution militaire. Je crois que, lorsque le dit cela, il nous est difficile de le contredire, parce que nous tous préférerions une solution politique à une solution militaire. Or le problème, c'est que les gens disent que sans pression militaire sur la Syrie, ceux qui sont en rébellion, en révolte, contre le gouvernement dictatorial de la Syrie n'auront pas d'aide, et le régime syrien dira qu'il n'y a pas de problème, qu'il n'y a pas de pression et qu'il n'est pas nécessaire de trouver des solutions. Et la guerre civile va continuer ainsi. C'est pourquoi nous disons que c'est une situation complexe.
Cependant, souvenons-nous d'une chose. La Syrie est en pleine difficulté, elle est en plein désaccord civil. Il y a eu 80 000 morts à cause de la guerre civile en Syrie. Le monde ne peut pas rester impuissant devant cette situation. Nous devons trouver des solutions. C'est en cela que nous exigeons plus d'engagement de la part du gouvernement canadien.
[Traduction]
Je sais que le ministre a dit, et je pense que c'est l'affirmation la plus ferme que j'aie certainement entendue, qu'il est satisfait des preuves démontrant que des armes chimiques ont été utilisées pendant le conflit, mais le problème est de savoir qui les a utilisées, à quel moment elles ont été utilisées et de quelle façon elles ont été utilisées. Encore une fois, je suis d'accord avec le ministre. Bien entendu, c'est ce que la communauté internationale doit s'employer à trouver et, de toute évidence, c'est très difficile.
À mon avis, en fait, là où notre pays doit être plus engagé, et non moins engagés, c'est lorsqu'il s'agit de reconnaître le problème que représente l'instabilité en Syrie pour toute la région. L'instabilité en Syrie touche le Liban. L'instabilité en Syrie touche la Jordanie. L'instabilité en Syrie touche Israël, ce qui explique pourquoi Israël s'est senti obligé d'intervenir lorsqu'il a eu des preuves que des missiles passaient de l'Iran à la Syrie, puis au Hezbollah.
Nous ne pouvons examiner cette situation sans tenir compte du contexte. Nous ne pouvons dire qu'il s'agit là d'un conflit si éloigné que nous ne pouvons intervenir et que nous ne pouvons nous en préoccuper. La réalité, c'est qu'il ne s'agit pas seulement d'une crise humanitaire qui nécessite l'intervention de la communauté internationale, mais il s'agit aussi d'une crise en évolution. Si la communauté internationale n'agit pas de façon résolue, la stabilité de toute la région sera menacée.
C'est pourquoi les autres pays de la région continuent de réclamer une intervention mieux coordonnée de la communauté internationale.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que le Canada lui-même trouvera une solution magique, qu'il y aura une quelconque intervention canadienne miraculeuse qui, à elle seule, permettra de changer les choses. Nous sommes une puissance moyenne; cependant, nous sommes une puissance moyenne qui a beaucoup d'amis et qui est respectée.
En tant que puissance moyenne, nous avons l'obligation d'utiliser tous les moyens possibles pour atteindre deux objectifs. Le premier est de s'assurer de mettre un terme à l'oppression et à la tuerie dont est responsable le régime Assad. Le deuxième est de participer aux efforts visant à avoir recours à la Cour pénale internationale pour que les responsables du conflit, de la mort et du chaos en Syrie répondent de leurs actes. Si nous ne défendons pas la primauté du droit international et le rôle de la Cour pénale internationale, nous disons simplement au régime Assad qu'il peut se dégager de toute responsabilité par rapport à ce conflit et que personne ne posera de questions.
Enfin, nous devons songer à une autre chose. Au-delà des armes chimiques qui menacent la vie de gens et au-delà de l'instabilité énorme créée par le recours aux armes chimiques, à l'encontre du droit international et des normes humanitaires les plus élémentaires, il ne faut pas oublier, comme le ministre l'a indiqué dans ses déclarations publiques, que la Syrie est devenue le terrain de jeu de l'extrémisme.
Nous savons maintenant que sont présents là-bas des combattants du Pakistan, de l'Afghanistan et de la Tchétchénie, de même que des combattants qui étaient en Irak, mais qui sont de retour en Syrie. Nous devons comprendre que nous vivons dans ce genre de monde. Mais le Canada ne doit pas pour autant se désintéresser de l'opposition. Au contraire, il doit resserrer ses liens avec elle.
Je n'entends pas par là que nous devons armer l'opposition, comme le ministre pourrait le penser, car le Canada n'a jamais joué un tel rôle. Le Canada n'a jamais été un fournisseur d'armes dans les situations d'insurrection. Mais les Canadiens ne craignent pas de s'engager politiquement et de chercher à savoir qui est qui et qui fait quoi.
Les membres de la communauté syrienne du Canada se plaignent surtout de voir que le gouvernement conservateur semble déterminé à adopter une approche de laissez-faire sans même essayer de comprendre la nature du conflit et de savoir quels sont les éléments composant l'opposition.
Je n'oserais jamais dire que c'est facile. Je ne prétends pas que la situation se prête à des solutions faciles. Mais, compte tenu des forces déstabilisantes qui sont en jeu, je ne crois pas du tout, pour l'instant, qu'une intervention militaire unilatérale des États-Unis ou d'une coalition puisse nous permettre d'atteindre les résultats escomptés.
Je suis tout à fait favorable à ce que le secrétaire d'État Kerry et le président Poutine ont convenu, c'est-à-dire tenir une autre conférence où les pays seront rassemblés et essaieront de trouver une solution politique. Nous devons être bien conscients que, si le monde n'est pas prêt à prendre les mesures nécessaires pour créer, en Syrie, la stabilité que nous souhaitons et que le monde souhaite, l'instabilité risque de croître dans les années à venir, et les habitants de ce pays risquent de souffrir encore davantage.
C'est une crise humanitaire, une crise politique, une crise sécuritaire et un enjeu qui exige une réponse du Canada. Nous souhaiterions tous voir un avenir caractérisé par la stabilité, un avenir où l'on pourrait se rendre de Jérusalem à Damas et de Damas à Beyrouth sans rencontrer un seul poste de contrôle, un avenir où un train pourrait partir de Tel Aviv à destination de Beyrouth sans s'arrêter à un seul poste de contrôle. Nous voudrions voir ce genre de monde: un monde ouvert, un monde libre et un monde démocratique.
Cela n'arrivera pas du soir au lendemain. Cela n'arrivera pas simplement parce que nous le souhaitons ou parce que nous prions pour que cela arrive. Cela n'arrivera pas simplement en analysant ce qui se passe de très loin. Nous devons être prêts à nous engager davantage. Cet engagement vaudra au Canada un respect et une reconnaissance mérités sur la scène internationale pour les efforts qu'il peut et devrait faire au cours des mois à venir.
:
Monsieur le Président, je vous remercie d'avoir permis que ce débat ait lieu. C'est une occasion extraordinaire de mettre la Chambre et tous les Canadiens au courant des mesures qu'a prises le gouvernement du Canada jusqu'à maintenant face à la crise syrienne et de les informer des derniers développements.
Les mesures que le gouvernement a prises et son engagement dans ce dossier sont bien réels et appréciables. Je pense partager avec tous les gens civilisés la frustration de voir que le monde civilisé n'a pas pu trouver de solution à la crise. Un grand nombre d'entre nous y consacrons d'énormes efforts.
Le débat de ce soir nous donne également la possibilité de faire le point pour déterminer la marche à suivre à partir de maintenant.
En prenant la parole ce soir et comme c'est souvent le cas lorsque je songe aux nombreux enjeux complexes de la crise syrienne, le souvenir de l'une des plus jeunes victimes du conflit me revient à l'esprit.
Il s'agit d'une fillette d'environ sept ans que j'ai croisée au camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie. Ce n'était pas un lieu où aurait dû se trouver une famille, à vivre sous une tente dans un camp de réfugiés, en plein désert, dans une chaleur étouffante et entourée de scorpions. Si horrible qu'était la situation pour elle et sa famille, j'ai pensé à ce que devait avoir enduré sa famille en Syrie.
J'ai pensé à quel point il a dû être difficile pour toute sa famille et pour elle de prendre la décision de quitter leur foyer et de chercher refuge dans un autre pays. J'ai pensé au courage qu'il a fallu à ses parents pour prendre cette décision afin de protéger leur famille, qui est l'objectif premier de toute famille et de tout parent au Canada.
Les membres de sa famille et elle avaient fui leur pays. Ils ont quitté tout ce qu'ils avaient connu depuis toujours dans l'espoir d'échapper à la mort et à la destruction qui affligeaient leur ville.
Bon nombre des réfugiés qui ont traversé la frontière pour se rendre en Jordanie, et j'ai vu des bandes vidéo, ont été la cible de tirs. J'ai rencontré les autorités jordaniennes lors d'une visite dans un camp de réfugiés. On m'a montré la vidéo d'un homme avec son bébé dans les bras qui se faisait tirer dessus et celle d'une femme enceinte qui a été atteinte par balle en tentant d'entrer en Jordanie et qui, avec toute la force physique qui lui restait, a continué de courir pour trouver refuge et ensuite mourir à l'hôpital. Ces gens ont esquivé les balles de tireurs d'élite pour atteindre, espéraient-ils, un lieu sûr.
Cette jeune fille à qui j'ai parlé a eu tout un effet sur moi. Elle avait perdu une partie, voire une grande partie, de l'innocence de l'enfance. Il était évident qu'elle ne pouvait pas parler l'anglais. Elle n'avait pas grand-chose à dire, mais je pouvais voir qu'elle vivait dans la peur et qu'elle rêvait de stabilité.
Mon collègue, le ministre des Affaires étrangères de la Jordanie, Nasser Judeh, m'accompagnait. Nasser a traduit pour moi. Je lui ai dit de demander à la fillette comment elle allait. Nous étions là pour évaluer le bien-être des gens. Je n'oublierai jamais ce qu'elle a répondu. Elle l'a regardé dans les yeux et, au bord des larmes, elle a dit: « Je n'aime pas être ici. Je veux rentrer à la maison. » Cette jeune enfant résume à bien des égards une grande partie des problèmes que cette crise a causés.
Près d'un an plus tard, l'avenir de cette fillette est malheureusement toujours aussi sombre. Chaque jour, des familles comme la sienne arrivent par centaines, voire par milliers. Bien des nuits, 2 000 personnes traversent la frontière pour se réfugier en Jordanie.
Le camp de Zaatari est maintenant le deuxième camp de réfugiés le plus important au monde. Ce serait en fait la quatrième ville en importance du Royaume de Jordanie si c'était une ville permanente. Nous pensons à la générosité du peuple jordanien, du gouvernement de la Jordanie et de Sa Majesté le roi Abdallah II qui permettent à ces gens en fuite de trouver refuge sur leur territoire.
La crise dure depuis plus de deux ans et la situation ne fait qu'empirer.
Même si certains peuvent devenir insensibles en raison de la suite interminable de mauvaises nouvelles ou être tentés de rejeter les détails d’une situation qui ne semble que devenir plus désespérée, c’est au nom de la petite fille dont je viens de parler et des millions d’autres comme elle que nous nous devons de demeurer activement engagés.
Je dirais à tous les députés que la seule façon de mettre fin aux souffrances du peuple syrien passe par une solution politique à la crise. Nous n’avons pas cherché à critiquer ceux qui cherchent à armer l’opposition. S’il suffisait de fournir plus de fusils, de roquettes, de munitions et de grenades pour mettre fin à la crise, je crois qu’elle aurait connu son dénouement il y a déjà bien longtemps. Cependant, j’ai l’impression depuis un certain temps que plus il y a d’armes qui entrent au pays et plus Assad intensifie sa force militaire. Aussi fourbe et malsain qu’est le régime d’Assad en ce qui a trait à l’aspect militaire, utilisant la force brute contre son propre peuple, il n’utilise probablement qu’une partie de sa capacité. Aussi désolant que cela semble, ces gens ne font que commencer. Plus l’opposition devient bien armée, et plus le gouvernement devient brutal, violent et dur. Le régime syrien a encore la capacité de rendre le tout encore pire. Plus l’Armée syrienne libre et les autres opposants au régime deviennent mieux armés et mieux équipés, et plus le régime d’Assad devient violent et agressif.
Nous en avons été témoins à Houla en mai dernier. Nous l’avons vu à Daraa en août dernier, de même qu’ailleurs depuis. La force de l’opposition contre le régime d’Assad a déclenché une réponse sans merci de la part du régime syrien. Le Conseil de sécurité des Nations Unies n’a malheureusement pas réussi à aborder efficacement ce défi. Les gens sont divisés, mais le monde l’est également. Les gens ont différentes opinions et soutiennent différents camps.
Je tiens à profiter de l'occasion qui m'est offerte de féliciter la Ligue arabe d'avoir comblé ce vide de façon aussi magistrale. Chaque fois qu'elle le peut depuis un certain temps, elle s'exprime haut et fort contre Assad et la guerre qu'il mène contre son peuple. Les efforts considérables, déployés d'abord par Kofi Annan, puis par Lakhdar Brahimi, à titre d'envoyés spéciaux de l'ONU et de la Ligue arabe, n'ont malheureusement pas réussi à mettre un terme à la violence que nous cherchons à freiner. Depuis plus d'un an, je m'entretiens avec des gens qui ont personnellement connu Assad, et je leur demande de me dire quel genre d'homme il est. Je parle de gens qui l'ont vu de près, qui ont travaillé avec lui: des gens qui ont tenté de rétablir la paix entre la Syrie et le Liban, des représentants de l'ONU et de l'institut international pour la paix ou certains de mes homologues ministres des Affaires étrangères qui ont travaillé avec lui durant des années. Ils m'ont à peu près tous dit qu'Assad allait se battre jusqu'à son dernier souffle. Hélas, rien de ce qu'on voit ne me fait penser qu'ils puissent avoir tort.
Nul besoin de préciser que nous voulons qu'il réponde de ses actes innommables. L'an dernier, j'ai dit très clairement qu'Assad devrait être traduit devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Cela étant dit, ce sera d'abord et avant tout au peuple syrien de déterminer la manière dont il sera jugé, et devant quelle instance. Ce sera également aux Syriens de déterminer qui les gouvernera en lieu et place du régime Assad.
Des sanctions strictes ont été imposées à la Syrie par le Canada, par des alliés qui partagent notre point de vue ou par la Ligue arabe. L'Organisation de la coopération islamique a aussi joué un rôle important, et je suis ravi de pouvoir dire que, pour la première fois, le Canada a dépêché dernièrement un représentant à Djeddah pour traiter avec elle. Ces sanctions, bien qu'elles aient dévasté l'économie syrienne, n'ont pas réussi à faire fléchir le régime. Assad fait la guerre à son propre peuple. Et nous avons beau lui imposer des sanctions assez sévères pour anéantir l'économie de son pays, il a l'air de s'en ficher royalement. Il a des appuis parmi la population — est-ce de 10, de 20 ou de 30 % des Syriens? je ne saurais le dire —, et il réussit à se procurer de l'équipement auprès d'un certain nombre de pays, dont l'Iran. C'est entre autres pour cette raison que le gouvernement a ajouté son nom à la liste des États qui soutiennent le terrorisme. Mais de toute évidence, les sanctions ne fonctionnent pas.
Je dois préciser que le Canada n'est pas du tout resté les bras croisés. D'ailleurs, il accueillera le Comité des sanctions concernant la Syrie dont il présidera la prochaine réunion. À l'instar d'autres membres du gouvernement et de concert avec le groupe international des Amis du peuple syrien, je n'ai ménagé aucun effort afin que nous fassions front commun pour soutenir les actions politiques menées contre le régime Assad. Le Canada a contribué à pourvoir aux besoins humanitaires les plus pressants des Syriens tout en aidant les pays limitrophes à composer avec l'afflux de réfugiés et les autres effets de la crise.
À bien des égards, il s'agit de la pire crise du siècle, qui n'a que 13 ans à peine. Je suis ravi de signaler que le Canada a été un rôle de premier plan en ne se contentant pas de promettre de verser de l'aide financière, mais en la versant bel et bien, comme il a d'ailleurs la réputation de le faire. Nous soutenons les victimes du régime Assad et nous leur fournissons de l'aide, notamment humanitaire.
Le député de a mentionné la crise en Haïti et l'a comparée à celle qui sévit en Syrie. Pourtant, elles sont difficilement comparables. Je sais que dans cette crise-là, un quart de million de personnes sont mortes en cinq minutes. En cinq minutes à peine, un quart de million d'êtres humains ont perdu la vie dans notre hémisphère. En Syrie, Assad a fait preuve de barbarie. La guerre a des conséquences désastreuses, mais elle s'étire depuis plus de deux ans maintenant. On peut difficilement comparer la crise humanitaire qui a frappé Haïti avec la lente descente aux enfers du peuple syrien.
Nous avons exhorté des pays influents auprès du régime, comme la Russie et la Chine, à faire tout en leur pouvoir pour mettre fin au carnage et favoriser la transition du pouvoir. Les pourparlers de Genève — ce qu'on a appelé la déclaration ou l'initiative de Genève —, que la Russie a jugé bon d'appuyer, ont allumé une lueur d'espoir, et nous demeurons convaincus qu'il s'agit d'un des éléments de la solution politique.
Nous avons demandé l'adoption de résolutions et milité en faveur de gestes concrets de la part des Nations Unies. Bien que les démarches du Conseil de sécurité aient lamentablement échoué, l'ONU a connu quelques succès. Je pense par exemple à l'excellent travail qu'accomplit le Programme alimentaire mondial de l'ONU en Syrie. La contribution du Canada à cet organisme est généralement la deuxième en importance. Nous soutenons financièrement le Programme alimentaire mondial pour venir en aide aux gens qui se trouvent encore en Syrie et à ceux qui se sont réfugiés dans les pays voisins.
Notons aussi le travail extraordinaire de Valerie Amos et de son personnel, du volet d'aide humanitaire de l'ONU, qui voient à offrir une aide urgente à ceux qui en ont le plus besoin. Je n'hésite pas à critiquer les Nations Unies quand leurs initiatives me semblent inadéquates, mais je suis tout aussi fier de les féliciter quand elles font un travail utile et efficace. À titre d'exemple, si les Nations Unies ne s'occupaient pas de l'inscription des réfugiés, personne d'autre ne pourrait vraiment s'en charger. L'ONU assume cette tâche et le fait avec brio, comme j'ai pu le voir moi-même en Syrie et en Jordanie.
Le Canada contribue à satisfaire les besoins de cette région, je suis heureux de le souligner. De toute évidence, si nous pouvons fournir une aide humanitaire aux quelque 4 millions de personnes qui se trouvent en Syrie et ont été déplacées à l'intérieur du pays, elles n'auront pas besoin de chercher refuge ailleurs. Il est toutefois difficile, très difficile même, d'acheminer l'aide nécessaire jusqu'aux personnes qui en ont besoin.
Il y a quelque temps, je me suis rendu au Luxembourg où j'ai participé à une rencontre entre 10 ministres des Affaires étrangères et 10 organismes d'aide internationale: le Programme alimentaire mondial, d'autres organismes de l'ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et des représentants de l'aide humanitaire européenne. Nous avons discuté. Les gens du Programme alimentaire mondial de l'ONU m'ont dit que parfois, on leur interdit d'acheminer de la nourriture à Damas pendant 4, 5, 6 ou même 7 jours. Et quand ils peuvent y aller, ils doivent franchir 51 postes de contrôle où deux signatures sont exigées. C'est un contexte très violent. Trente représentants de divers organismes, dont quelques-uns de l'ONU, ont été tués alors qu'ils tentaient de venir en aide aux gens en Syrie.
Nous avons porté une attention particulière aux besoins pressants en Jordanie. C'était voulu. Un nombre écrasant de Syriens ont trouvé refuge en Jordanie. Pour mettre les choses en contexte, voici l'exemple que m'a donné mon bon ami et collègue, le ministre des Affaires étrangères de la Jordanie, Nasser Judeh: c'est comme si tous les Canadiens cherchaient refuge aux États-Unis. Les Syriens comptent pour déjà 10, 11 ou 12 % de la population de la Jordanie. Cette situation entraîne de graves problèmes d'hygiène et d'approvisionnement en eau. On constate l'apparition d'énormes problèmes sociaux, notamment en matière d'éducation et de travail; des gens prennent les emplois des Jordaniens. Il s'agit de graves problèmes.
Les besoins en nourriture, médicament et autres produits de première nécessité exercent une grande pression sur un gouvernement dont le budget était déjà extrêmement serré. En effet, l'économie de la Jordanie n'est pas aussi développée que celle de certains autres pays de la région. Ce n'est pas un pays riche en ressource. Par exemple, le Jordanien moyen peut se payer le tiers de ce qu'un Turc moyen peut se permettre. La situation en Jordanie diffère grandement de celle en Turquie, et les besoins y sont plus criants que dans certains autres pays.
Le Canada obtient des résultats. J'ai moi-même visité tous les pays limitrophes de la Syrie. J'évalue régulièrement quels sont les besoins et ce que nous pouvons faire pour aider les Syriens. Le Canada est l'un des rares pays donateurs qui a promis d'offrir son aide et qui respecte vraiment sa promesse. Mes collègues ministériels vont d'ailleurs donner des précisions à ce sujet dans leurs interventions ce soir.
Mon ami de affirme que nous n'en faisons pas assez. Comment pourrions-nous en faire assez alors que nous sommes témoins de la plus grave crise humanitaire du présent siècle. Quelles que soient les mesures que nous prenons, ce ne sera jamais assez, nous devrons toujours en faire davantage. Nous prendrons d'autres mesures si la crise se prolonge.
Dans le domaine de l'aide humanitaire, nous savons qu'il est difficile d'assurer le transport des gens et des marchandises où les besoins sont les plus criants. Par exemple, le Programme alimentaire mondial accomplit un excellent travail à cet égard, comme je l'ai déjà mentionné.
Je suis aussi heureux de dire que le Canada joue un rôle clé dans la recherche d'idées et de solutions pour s'attaquer au problème des grandes réserves d'armes chimiques de la Syrie. Nous avons tous vu les dernières nouvelles, parfois contradictoires, selon lesquelles de telles armes auraient été utilisées. Il semble presque certain que l'on ait fait usage de ces armes meurtrières au cours des derniers jours, mais nous ne savons pas avec certitude qui les a utilisées, quand elles ont été utilisées ni où elles ont été utilisées.
Les autres peuvent bien sauter aux conclusions, mais je crois fermement qu'un dossier aussi important que celui-ci mérite précision et clarté. Il faut connaître tous les faits avant d'agir. Le président Obama a lui aussi souligné l'importance d'une approche fondée sur les faits, et je partage son avis.
Il y a un mois environ, nous avons mandaté des agents des Nations Unies de l'inspection des armes chimiques en vue d'obtenir ces importantes réponses et d'établir les faits parfois difficiles à cerner. Dès que nous connaîtrons les faits, nous consulterons nos alliés.
Il va sans dire que le leadership des États-Unis sera essentiel tout comme celui d'autres alliés, comme le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. Les puissances régionales comme la Turquie et la Jordanie devront également faire partie de la réponse. Les enjeux ne pourraient être plus élevés.
Les nations responsables du monde ne peuvent permettre à des stocks si importants d'armes chimiques de se retrouver entre de mauvaises mains. Même à faible dose, de telles armes peuvent faire des ravages et tuer de nombreuses personnes en quelques minutes dans des endroits bondés. C'est inquiétant pour Tel Aviv, Tokyo, Toronto et tant d'autres.
Notre réponse commune doit être ferme. Il faut s'exprimer d'une seule voix dans ce dossier. Il faut comprendre que l'échec n'est pas une option.
Outre les liens que nous nouons avec d'autres États qui partagent la même vision que nous dans ce dossier important, nous travaillons également avec diverses factions, comme l'opposition en Syrie. N'oublions pas qu'il ne s'agit pas d'un seul organe homogène prêt à remplacer Assad et ses bandits, ce qui vient compliquer une situation déjà difficile.
Dernièrement, mon ami de Toronto a réclamé publiquement de plus amples renseignements sur la composition de l'opposition. D'autres ont demandé pourquoi nous ne les reconnaissons pas et ne les appuyons pas aveuglément. Nous avons entamé le dialogue avec l'opposition. J'ai rencontré ses dirigeants. D'autres représentants du Canada les ont rencontrés aussi. Nous dialoguons avec eux, que ce soit à Istanbul, au Caire ou à Londres.
J'aimerais être très clair. Nous disposons de renseignements crédibles qui laissent entendre que, ces derniers mois, le nombre de salafistes, de djihadistes, d'extrémistes radicaux et de ceux qui se disent affiliés à Al-Qaïda n'a fait qu'augmenter. C'est ce qu'a affirmé mon collègue d'en face. Ils arrivent en Syrie, financés par des intérêts étrangers, pour lutter contre des gens d'autres pays; parmi eux, on retrouve des membres du Hezbollah et du Corps iranien des Gardiens de la révolution. Ces gens-là ne souhaitent pas la paix en Syrie. Ils cherchent à rallumer de nouvelles guerres ancrées dans d'anciens conflits sur le territoire chaotique et sans lois qu'est la Syrie d'aujourd'hui. Auparavant, nous nous souciions de la place des minorités religieuses, qu'il s'agisse des chiites, des kurdes, des alaouites, des chrétiens, des druzes ou des ismaïliens; maintenant, nous nous demandons que faire pour éviter que ces gens ne soient massacrés lorsqu'Assad tombera.
Il n'est plus question d'un pluralisme souhaitable. Il est question de la survie de ceux qui pourraient ne pas apprécier l'imposition de la charia, les tribunaux islamiques et les groupes religieux extrémistes qui privent les femmes et les minorités de la dignité la plus fondamentale.
Nous avons déjà constaté les effets déstabilisateurs de cette situation dans les régions frontalières. Je rappelle que, au cours des dernières heures et des derniers jours, quatre Casque bleus d'origine philippine ont été enlevés. Nous voyons déjà des signes que des problèmes qui se sont aggravés au fil des ans risquent soudain de devenir bien pires.
En conclusion, le Canada travaillera avec ses alliés pour faire face à cette situation du mieux possible. Nous apprécions le soutien de tous les députés au cours du débat de ce soir, ainsi que des jours et des semaines à venir. J'exhorte tous les députés à ne pas oublier tous les innocents qui ont déjà été tués ou déplacés, les millions de Syriens qui aspirent à un avenir meilleur, et peut-être surtout les enfants touchés par cette crise, des enfants qui veulent tout simplement retourner chez eux.
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Monsieur le Président, c'est le coeur lourd que, comme plusieurs collègues, je prends la parole alors que nous débattons encore une fois de la situation en Syrie. Je dis « encore une fois », car nous avons déjà abordé ce sujet. Certaines choses ont changé depuis lors, mais les progrès ont été trop rares, comme nous l'ont dit nos collègues.
Quand on entend parler de 70 000 morts, de 1,5 million de réfugiés, de 4,25 millions de personnes déplacées et de 6,8 millions de personnes qui ont besoin d'aide humanitaire, tout cela est bien difficile à accepter.
Nous savons que les Syriens ont désespérément besoin d'aide humanitaire. Nous savons que la crise des réfugiés s'aggrave. Nous savons qu'à Damas, le gouvernement est déterminé à se maintenir au pouvoir et à poursuivre ses crimes contre l'humanité. Nous savons qu'il y a une guerre civile et qu'elle s'aggrave. En revanche, il nous reste à savoir ce que nous pouvons faire.
Dans les parlements et les assemblées du monde entier, on nous expose trop souvent toutes les raisons pour lesquelles il est impossible d'agir. Rien qu'au cours du premier trimestre de 2013, le nombre de réfugiés syriens a plus que doublé parce qu'apparemment, nous ne savions pas quoi faire. Ne l'oublions pas, il s'agit là d'un conflit qui perdure depuis deux ans.
En janvier, on comptait environ 500 000 réfugiés. En avril, on en comptait plus de 1,3 million, qui ont fui vers les pays voisins, comme on nous l'a dit. Le conseil des réfugiés des Nations Unies affirme qu'il enregistre 7 000 nouveaux réfugiés chaque jour. Plus de 440 000 Syriens ont fui au Liban. Les réfugiés syriens représentent désormais plus de 10 % de la population de ce pays.
Nous savons aussi quel fardeau les réfugiés représentent pour les autres pays. Il nous reste donc à déterminer ce qu'il est possible de faire. Je vais aborder certains des problèmes qui nous ont menés à la situation actuelle, mais remontons tout d'abord à la situation d'octobre dernier, lorsque le Comité des affaires étrangères a été saisi de cette question. En réalité, c'est notre parti qui a fait pression pour que le comité consacre des séances à la Syrie, et le gouvernement l'a heureusement accepté. Nous avons entrepris une étude au Comité des affaires étrangères, car il fallait que les Canadiens d'origine syrienne, les experts et les représentants du gouvernement nous fassent mieux comprendre ce qui avait déjà été fait et ce qui pouvait l'être. À partir de cette étude, nous avons présenté une motion qui demandait plusieurs choses au gouvernement. La première était de s'occuper de réunification des familles, afin d'accélérer les dossiers des Syriens bloqués dans les camps de réfugiés après avoir fui les massacres en Syrie, et qui pouvaient être parrainés par des membres de leur famille déjà présents au Canada. Ensuite, nous avons demandé au gouvernement d'augmenter l'aide humanitaire, particulièrement en Turquie.
J'ai écouté attentivement le , qui a fait observer à juste titre que c'est un fardeau pour la Jordanie que d'accueillir tellement de réfugiés. C'est un pays qui n'est certainement pas aussi prospère que le Canada. Il a parlé d'aider le Liban également.
Cependant, il importe de souligner que ce rapport du comité a donné lieu à une motion qui a été débattue à la Chambre. Nous avons insisté sur l'importance de la Turquie. Je critique le gouvernement de ne pas avoir suivi ces deux suggestions, car au sujet des réfugiés et de la réunification, son collègue le a fait une annonce en Turquie, laissant entendre que nous allions accueillir 5 000 réfugiés. Nous avons été nombreux à nous réjouir en entendant cela. Malheureusement, après avoir examiné l'annonce de plus près, nous avons constaté que cela ne visait pas les réfugiés syriens fuyant le massacre en Syrie, mais plutôt des réfugiés d'autres pays, dont le dossier avait déjà été traité.
Nous avons au Canada une tradition dont nous sommes fiers, à savoir que nous accueillons et aidons les gens qui fuient les conflits armés, ou encore les catastrophes naturelles comme à Haïti, dont on a parlé, ou un conflit comme celui qui sévissait au Liban dans les années 1980 ou encore la célèbre affaire des réfugiés de la mer qui fuyaient le sud-est asiatique à la fin des années 1970 et au début des années 1980. J'ai entendu le ministre dire ce soir qu'il s'entretiendra avec son collègue, le . Je ne comprends pas pourquoi le ministre lui-même a refusé à deux reprises de rencontrer la communauté quand on le lui a demandé. Je parle du collègue du ministre, non pas du ministre lui-même. J'espère qu'il donnera suite à cette demande.
Quoi qu'il en soit, l'autre point à retenir dans le débat de ce soir, pour en revenir à mes observations, est que nous sommes tous confrontés à cette question et que nous sommes souvent paralysés parce que nous ne croyons pas pouvoir y faire quoi que ce soit. Il y a quelque chose que nous pouvons faire. Nous avons des familles canadiennes d'origine syrienne qui veulent intervenir dès maintenant pour aider les membres de leur famille. Les députés devraient envisager la question comme s'il s'agissait de membres de leur propre famille qui avaient fui un conflit. Si les députés pouvaient les aider, ils le feraient. C'est tout ce que ces gens demandent. C'est tout ce que nous demandons. C'est pourquoi ces gens-là ont signé une pétition demandant au gouvernement de faire justement cela, de rencontrer les membres de cette communauté, d'ouvrir nos portes et nos coeurs aux pauvres gens qui fuient le massacre.
Nous devons faire plus et, dans l'esprit d'un débat axé sur des solutions concrètes, nous devons reconnaître, comme je l'ai mentionné en réaction à l'intervention du ministre, le drame que cela représente pour les enfants, en particulier. Des représentants de l'ONU disent que les enfants et les femmes sont sur la ligne de front dans cette guerre.
J'ai mentionné que le comité a tenu des audiences sur la Syrie en octobre, à l'occasion desquelles nous avons entendu le témoignage de Canadiens d'origine syrienne ainsi que d'experts. Nous avons entre autres entendu Mariam Hamou, une fière Canadienne d'origine syrienne. Je crois que tous ceux qui étaient présents se rappelleront particulièrement de son témoignage empreint d'une grande humanité. Comme je l'ai dit, il est parfois difficile de se faire une image concrète à partir des statistiques. Or, dans son témoignage au comité, Mme Hamou a déclaré ceci:
L'offensive du régime Assad sur ses citoyens cause en moyenne la perte de 150 personnes par jour.
Et cela remonte à octobre dernier. Elle poursuit:
Le 17 octobre, c'est donc hier, 155 personnes ont été tuées; le 16 octobre, ce fut 133 personnes et 100 le 15. Cela vous donne une idée et ces chiffres ne concernent que les derniers jours. Le dernier rapport indique que les forces du régime Assad jettent des bombes en forme de baril dans les régions occupées par des civils, en particulier sur les écoles, où elles tuent la plupart des enfants qui se trouvent à l'intérieur. Une fois encore, ces bombes ne sont pas utilisées dans les régions aux mains de l'Armée syrienne libre, mais visent précisément les enfants.
Je m'excuse pour le langage saisissant, mais elle poursuit en disant:
On fait état de torture dans toutes les villes, et dans toutes les familles. Je ne veux pas vous mettre mal à l'aise avec des détails sordides, mais je vais vous raconter une histoire qui fait froid dans le dos. En Syrie, les femmes sont systématiquement violées, et pas par un seul membre des milices, par deux ou par trois, mais par un grand nombre. Lorsque les miliciens ont fini de violer leur victime, ils insèrent une souris vivante [en elle] pour faire perdre à la femme tout sens de dignité qu'elle pourrait encore avoir.
Les enfants meurent non seulement du fait des brutalités du régime, mais également de malnutrition alors que la nourriture et l'eau deviennent de plus en plus rares. Les prix des aliments ont été multipliés par six en Syrie depuis le début de la révolution. Une miche de pain devient de plus en plus inabordable, et les familles doivent parfois se passer de nourriture. Des bébés meurent parce que leurs mères ne peuvent plus les allaiter, parce qu'elles-mêmes sont sous-alimentées...
C'est de cela que nous parlons. C'est l'aspect humain de cette situation. Le ministre nous a parlé de sa visite dans un camp de réfugiés. Il est évident que nous devons faire plus. Il est également évident que des difficultés se posent. Je suis encouragé par le fait qu'une conférence internationale visant à mettre fin à cette guerre pourrait être organisée. Toutefois, nous devons demeurer vigilants et faire tout en notre pouvoir pour régler cette situation.
C'est pour cette raison que, comme tous les autres députés, j'ai parlé à des Canadiens d'origine syrienne et à d'autres personnes, y compris des experts. En fait, je viens de parler à une personne qui habite à Washington aujourd'hui, mais qui est spécialisée dans les questions relatives à la paix, à la sécurité et à la condition féminine. C'est le grand enjeu de ce siècle. Nous cherchons des moyens d'empêcher les femmes de se trouver en première ligne des conflits et de leur permettre de participer au processus de paix parce qu'elles sont trop souvent des victimes impuissantes qui n'ont pas leur mot à dire.
C'est pourquoi le NPD veut que le gouvernement accélère le traitement des dossiers des réfugiés qui ont des parents au Canada, qu'il augmente l'aide accordée à des pays qui en ont besoin comme la Turquie, et qu'il mette l'accent sur les femmes. À cette fin, le NPD veut que le gouvernement collabore avec le Réseau des femmes syriennes. C'est un groupe de femmes, de membres et de dirigeants de la société civile qui font tout en leur pouvoir pour aider les civils, à la fois ceux se trouvant dans les camps et ceux en Syrie, et pour redonner aux gens l'espoir qu'ils avaient au début de cette crise il y a deux ans, soit de croire qu'il y aura des possibilités pour tous.
C'est quelque chose que le Canada peut faire et il devrait s'y prendre comme suit: le gouvernement devrait prendre les devants en mobilisant les Canadiens d'origine syrienne, ceux qui ont une expertise et, comme je l'ai mentionné plus tôt, qui ont déjà dépensé leur propre argent pour venir en aide aux gens sur le terrain. Certains se sont eux-mêmes rendus dans les zones de conflit, non pas pour faire la guerre, mais pour travailler dans des hôpitaux de fortune, distribuer l'aide alimentaire, aider les enfants — en somme faire ce qu'ils peuvent, du mieux qu'ils peuvent, avec les moyens qu'ils ont.
À cette fin, les néo-démocrates veulent que le gouvernement mette l'accent sur les femmes, travaille avec le Réseau des femmes syriennes et essaie de créer un réseau de Canadiens d'origine syrienne qui seront en mesure de renforcer la société civile et de contribuer à une solution politique durable. Il ne faut pas se leurrer, même si le conflit actuel prenait fin demain, la paix et la stabilité se feraient attendre. Ce serait simplement le début de la prochaine étape. Nous, les Canadiens, devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous préparer aux étapes suivantes
Il est clair, lorsqu'on regarde ce qui s'est passé en Irak et même en Libye, que nous devons être prêts à venir en aide aux gens sur le terrain, dès que la situation le permettra. Il faudra répondre à des besoins fondamentaux, notamment rétablir l'approvisionnement en eau et le système d'égouts, et assurer des services de base ainsi que la gouvernance fondamentale. Je sais que le ministre sait, à l'instar de tous les députés, que des Canadiens d'origine syrienne sont prêts et capables de faire cela. Nous pouvons collaborer avec des organisations féminines, le Réseau des femmes syriennes et les Canadiens d'origine syrienne, coordonner leurs efforts en matière de gestion des ressources humaines et financières, déterminer quelle aide nous pouvons fournir immédiatement sur le terrain, renforcer les institutions qui s'activent déjà sur le terrain, par l'intermédiaire des Nations Unies, entre autres, et commencer à déterminer le rôle que jouera le Canada lorsque ce conflit sera terminé. Tous les conflits se terminent un jour. Toutes les guerres se terminent. La question est de savoir quand. Ensuite, la question est de savoir ce que nous ferons.
Je sais que le admire Churchill. Durant la Seconde Guerre mondiale — durant laquelle mon père a servi outre-mer —, Churchill planifiait, en 1942 je crois, déjà l'après-guerre en Allemagne. Il avait fait dresser par une équipe hautement compétente une liste détaillée et exhaustive des besoins auxquels il faudrait répondre et des services qu'il faudrait fournir. Cette équipe avait aussi déterminé qui serait en mesure de jouer quel rôle. Pourquoi? Parce qu'il avait compris que la guerre et les conflits se terminent un jour. Ensuite, il fallait déterminer quoi faire et qui fournirait quelle contribution. La question que nous devons nous poser, c'est: quelle sera la contribution du Canada?
Nous devrions examiner les défis qui nous attendent. Par exemple, qui est touché par cette guerre et quels sont les ravages causés au sein de la population civile, surtout chez les femmes et les enfants, comme je l'ai souligné dans mon intervention.
Pour ne donner qu'un exemple de ce que cela signifie pour les femmes, non seulement ces dernières deviennent-elles des réfugiées forcées de quitter leur foyer et de prendre soin de leurs enfants sans avoir les ressources nécessaires pour les faire vivre, mais nous avons aussi la preuve que le régime garde en détention jusqu'à 6 400 femmes. De ce nombre, mille sont des étudiantes universitaires.
Rappelons-nous qui est à l'origine du mouvement. Ce dernier n'était ni malveillant ni orchestré de l'extérieur. Ce n'est pas la population qui a pris les armes. C'était un mouvement pacifique composé principalement, quoique pas uniquement, de jeunes gens qui souhaitaient une autre Syrie. En réponse à la répression du gouvernement, ils ont manifesté pacifiquement, sans prendre les armes et sans recourir à des méthodes qualifiées de terroristes. Ils ont simplement fait à appel à leur flamme, à leur coeur et à leur détermination.
Bon nombre d'entre eux ont été tués ou jetés en prison. Nous savons qu'on s'en prend aux femmes et aux enfants en Syrie, comme l'indiquait le témoignage que j'ai lu. Les députés peuvent-ils s'imaginer qu'on s'en prend à des écoles? Bien des députés ont été enseignants ou ont des enfants. Nous sommes tous passés par le système scolaire. L'idée qu'on s'en prenne à des écoles dépasse l'entendement. C'est une abomination. Voilà pourquoi nous devrions, à mon avis, collaborer davantage avec les personnes qui travaillent sur le terrain.
Je voudrais dire ceci en terminant: pendant que le monde suit ce qui se passe en Syrie et se demande ce que nous pourrions faire d'autre, rappelons-nous ce que notre pays a fait dans le passé.
Je me rappelle l'histoire d'un couple qui passait la fin de semaine dans les Laurentides. Ils ont été horrifiés de voir les reportages sur les Sud-Asiatiques qui dérivaient à bord de bateaux. Ils ont vu que ces gens étaient en péril, qu'ils avaient besoin d'aide et que le monde ne leur ouvrait pas la porte.
Ce couple est revenu à Ottawa et a communiqué avec le gouvernement. Ils ont tenu des assemblées publiques et ils ont réussi à attirer l'attention du gouvernement de l'époque, qui était un gouvernement conservateur. Ils ont dit que nous devions en faire plus. Ils ont organisé des réunions dans divers milieux, des groupes religieux, des équipes de bowling et d'autres, qui ont parrainé des réfugiés, pour venir en aide à ces pauvres gens qui dérivaient en haute mer et dont personne ne s'occupait.
Ce couple, c'était mes parents. Ma mère était à l'époque maire d'Ottawa. C'était un mouvement parti de la base qui disait que nous, Canadiens, devions faire quelque chose. Elle a appelé cela le Projet 4000. On a ouvert la porte à 4 000 Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens qui se sont installés dans cette ville, et l'on a mis les maires de tout le pays au défi d'en faire autant.
Au départ, nous avions cette année-là un quota de 8 000 réfugiés. À cause du mouvement de masse et parce que les Canadiens se sont mobilisés et que nous devions faire quelque chose, ce chiffre a été porté à 60 000. C'est Flora MacDonald qui était ministre et qui a pris cette mesure.
Je dis au gouvernement et aux Canadiens que nous pouvons en faire plus, que nous pouvons le faire ensemble et que nous pouvons montrer aux Syriens que nous sommes prêts à les aider. Nous pouvons dire au monde que le Canada ne peut pas résoudre le problème, mais que nous pouvons faire notre part. Je pense que si nous appuyons les réfugiés, si nous faisons un petit effort supplémentaire sur le plan de l'aide humanitaire, et si nous décidons de mobiliser tous les Syriens qui peuvent venir en aide à la société civile, aux femmes en particulier, le Canada sera fier de ce qu'il est capable de faire dans le contexte de cet épouvantable conflit.
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Monsieur le Président, la situation du peuple syrien est de plus en plus désespérée. Plus de 80 000 Syriens ont été tués jusqu'à maintenant. Environ 4,25 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et plus de 1,4 million sont devenues des réfugiés. La situation qui prévaut est l'un des pires désastres humanitaires.
Selon nous, le meilleur et peut-être le seul espoir de mettre fin à la souffrance des Syriens est une solution politique en vertu de laquelle le président Assad partirait et son régime ferait place à une transition inclusive menée par les Syriens en vue de créer une nouvelle Syrie dans laquelle les droits de tous les Syriens seraient protégés et où la stabilité et la démocratie pourraient rayonner.
Il faudra beaucoup de temps avant que ce scénario devienne réalité. Il faudra une opposition unie qui pourra affirmer son autorité auprès de tous les intervenants en Syrie. Cette opposition devra inclure les minorités, rejeter le terrorisme et l'extrémisme, et être déterminée à créer un État stable, démocratique et pluraliste pour tous les Syriens.
Encore une fois, cela va prendre beaucoup de temps. Comme le l'a mentionné plus tôt, l'arrivée en nombre encore plus grand de salafistes, de djihadistes et de ressortissants d'autres pays ayant des liens avec Al-Qaïda complique davantage la situation.
La Coalition de l'opposition syrienne, la COS, a fait des progrès dans ses efforts pour préserver le pluralisme et confier un rôle à tous les citoyens. La COS a été créée en novembre dernier afin de regrouper les principales factions de l'opposition politique dans une structure qui leur permet de s'exprimer d'une seule voix. La COS est un interlocuteur important pour la communauté internationale et elle prend lentement des mesures afin de rétablir l'ordre dans certaines régions de la Syrie dont elle dit avoir le contrôle.
Cela dit, il y a beaucoup de travail à faire. La COS continue d'avoir des problèmes de dissension et de manque de cohésion interne. En particulier, les modérés et les minorités ethniques et religieuses n'ont pas encore le sentiment d'être adéquatement représentés au sein de la COS. Or, cette situation préoccupe grandement le Canada.
Si l'opposition veut mettre fin à la tyrannie du régime Assad, elle doit prouver aux membres des communautés minoritaires syriennes qu'ils ont un rôle à jouer au sein de l'opposition syrienne, qu'ils vont avoir une place dans la nouvelle Syrie, et que leurs droits seront protégés.
Le Canada exhorte aussi la COS à faire davantage pour condamner catégoriquement le terrorisme et l'extrémisme.
La prolifération de groupes extrémistes sur le terrain et l'arrivée massive de combattants étrangers sont une préoccupation croissante depuis le début du conflit en Syrie. Le groupe Jabhat al-Nusra, ou JN, est l'un des plus meurtriers. Le mois dernier, Al-Qaïda en Irak, AQI, annonçait qu'il fusionnait avec JN. Nous savions depuis longtemps que JN avait des liens avec AQI, mais ces liens n'avaient encore jamais été mentionnés publiquement. Les Syriens n'éprouvent guère de sympathie à l'endroit de JN, qui représente une forme extrémiste de l'Islam. En fait, JN s'est empressé de nier qu'il y avait eu fusion, même si ce groupe a réitéré son allégeance au leader d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri.
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole ave le député de .
Les djihadistes radicaux de la région et du monde entier profitent de la crise actuelle afin d'établir une nouvelle base pour...
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Merci, monsieur le Président.
Monsieur le Président, une fois libérés du joug d'Assad, les Syriens ne devront pas être encore une fois opprimés par des gens qui voudront imposer une nouveau régime tyrannique, créer des luttes sectaires ou menacer les pays voisins de la Syrie. L'opposition doit redoubler d'efforts pour marginaliser les extrémistes et s'en débarrasser. En tant que nations responsables, nous devons réfléchir longuement et sérieusement à la possibilité de fournir des armes à l'opposition.
Comme le lieutenant-général Andrew Leslie, qui est aujourd'hui à la retraite, l'a déclaré aujourd'hui au Globe and Mail, « une fois que vous avez fourni d'innombrables armes à un groupe donné, vous n'avez aucun moyen de savoir qui les utilisera et aucun moyen de les récupérer ». Il a aussi mentionné que « c'est la dernière chose que nous voudrions faire ».
Nous souscrivons entièrement à ses propos. Chose certaine, dès le début de cette crise, le Canada été très clair: il adopterait une approche réfléchie et respectueuse à l'égard de toutes les questions relatives à l'opposition syrienne, quitte à ce qu'il fasse cavalier seul.
La situation en Syrie ne ressemble à aucun conflit observé ailleurs ces dernières années. Elle est extrêmement complexe et en perpétuelle évolution. Bien que certains députés de l'opposition voudraient que nous nous précipitions aveuglément pour reconnaître l'opposition syrienne simplement parce que d'autres pays l'ont fait, le Canada, sous la direction du et du , a dit: « Un instant. Faisons preuve de la prudence et de la diligence voulues. »
Plus ce conflit s'éternise, plus cette décision semble sage. Tant que la Coalition de l'opposition syrienne ne sera pas plus inclusive et n'en fera pas plus pour rejeter l'extrémisme, le Canada ne reconnaîtra pas cette entité comme étant le représentant légitime de tous les Syriens. Cependant, cela ne veut pas dire que nous ne tenons pas compte des gens de l'opposition qui sont vraiment déterminés à faire de la Syrie un pays meilleur et porteur d'avenir pour tous.
Nous continuons d'entretenir des liens à tous les niveaux avec des acteurs de l'opposition syrienne. Le lui-même a rencontré les dirigeants de l'opposition syrienne, tant ici, à Ottawa, que dans d'autres capitales du monde. En décembre dernier, il a nommé un nouveau représentant auprès de l'opposition syrienne; ce représentant sera en poste au Caire. Nous prenons ces mesures afin d'obtenir les meilleurs renseignements directs possible. Nous profitons de telles occasions pour promouvoir la fin de la violence, une solution politique au conflit et une transition vers une Syrie stable, démocratique et pluraliste sous la direction des Syriens.
Dans la nouvelle Syrie, la terreur et l'oppression n'ont pas lieu d'exister. Le respect des droits fondamentaux et de la dignité humaine doit régner. À cette fin, le Canada a activement appuyé l'administration civile dirigée par des gens sur place qui ont pris en main la gestion de leur propre collectivité dans les régions libérées où le régime n'offre plus de services.
Nous avons appuyé les efforts en matière de reddition de comptes pour faire en sorte que les crimes de guerre signalés, y compris le cas de recours au viol comme arme de guerre, fassent l'objet d'une enquête et que leurs auteurs soient un jour traduits en justice. Nous avons appuyé les médias indépendants, ce qui est essentiel, pas seulement pour que les Syriens et la communauté internationale connaissent la vérité sur ce qui se passe en Syrie aujourd'hui, mais aussi en tant que pierre angulaire d'un futur État démocratique.
La communauté internationale doit redoubler d'efforts dans le but d'appuyer les éléments modérés de l'opposition syrienne. Notre gouvernement le sait. Les Canadiens le savent. Nous connaissons la valeur d'une société pluraliste efficace, car nous avons la chance de vivre dans une telle société. Nous devons appuyer les éléments modérés et démocrates des forces de l'opposition qui respectent les droits des gens de toutes les religions et de tous les groupes ethniques. Voilà les personnes qui aideront à créer une nouvelle Syrie dans laquelle tous les Syriens pourront vraiment participer et prospérer.
En Syrie, les pertes humaines ont été considérables, et l'opposition a fait de grands sacrifices. Cependant, l'avenir peut être meilleur.
Le Canada continuera de travailler avec ceux qui sont vraiment déterminés à favoriser l'intérêt de tous les Syriens tandis qu'ils cherchent à se bâtir un avenir meilleur et plus prometteur.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour participer au très important débat sur la crise en Syrie. C'est la troisième fois que nous nous retrouvons ici à une heure si tardive pour discuter de cette question; la dernière fois c'était il y a à peine cinq mois. Malheureusement, Assad continue de faire la guerre à son propre peuple, et la dépravation du régime atteint de nouveaux sommets au fil des jours.
Bien que nous nous concentrions comme il se doit sur le sort tragique des Syriens, qui subissent, au quotidien, les foudres de leur propre gouvernement, les conséquences de la crise syrienne dans cette région du globe inquiètent tout autant le Canada que l'ensemble de la communauté internationale.
Les ravages de la guerre se font sentir de multiples façons dans les pays avoisinants, et le conflit risque de rendre la région encore plus instable. À l'heure actuelle, plus de 1,4 million de Syriens ont trouvé refuge dans les pays limitrophes de la Syrie, et ce nombre grimpe chaque jour. Ce sont la Turquie, le Liban, l'Irak et la Jordanie qui assument la plus grande part du fardeau, et il faut les féliciter de leur générosité, eux qui accueillent des centaines de milliers de Syriens qui ont fuient le carnage. Ce n'est pas une tâche facile que d'accueillir un si grand nombre de gens désespérés qui ont fuient leur pays pour sauver leur vie n'emportant, pour la plupart d'entre eux, que les vêtements qu'ils avaient sur le dos.
Comme l'a dit le ministre, la situation est particulièrement difficile en Jordanie. Le camp de réfugiés de Zaatari, conçu pour accueillir 60 000 réfugiés, en abrite désormais plus de 100 000, et il en arrive de nouveaux chaque jour. D'après l'ONU, c'est le deuxième camp au monde par la taille. La Jordanie a accueilli environ 500 000 réfugiés, et on estime qu'il pourrait y en avoir 1,2 million d'ici la fin de l'année, ce qui équivaudrait à environ un cinquième de la population jordanienne.
La communauté internationale fait ce qu'elle peut pour alléger le fardeau des pays d'accueil, et notre gouvernement poursuit ses efforts à cet égard. En Jordanie, par exemple, le soutien canadien apporté directement aux forces armées jordaniennes a aidé ces dernières à faire face à la situation des réfugiés et à se préparer à la possibilité d'un recours aux armes chimiques.
En Turquie, notre contribution a pris la forme de nourriture, d'eau, d'abris et de vêtements d'hiver fournis à 170 000 personnes déplacées qui se trouvent à proximité de la frontière. En janvier dernier, j'ai eu l'occasion de visiter deux camps de réfugiés en Turquie, en compagnie du . Dans l'un de ces camps, 25 000 personnes vivaient dans des conteneurs. Dans un autre camp, 15 000 personnes vivaient sous des tentes. Le gouvernement turc s'occupait très bien de ces réfugiés: on leur fournissait ce dont ils avaient besoin en matière d'hébergement, d'alimentation, d'éducation pour leurs enfants; ils avaient accès à des salles de prière et à des ateliers leur permettant de poursuivre leurs activités traditionnelles. Ils étaient efficacement pris en charge.
Pendant notre séjour, le Canada a annoncé d'autres mesures d'aide aux Syriens réfugiés en Turquie par l'intermédiaire de la Société internationale du croissant rouge. Nous avons rencontré en Turquie le président de cette société, qui s'est dit très heureux de ce que le Canada avait offert aux Syriens. Nous avons rencontré le ministre turc des affaires étrangères, qui a, lui aussi, remercié le Canada de sa contribution. Nous avons rencontré le représentant principal du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, qui a demandé au Canada de continuer à aider les réfugiés dans les camps, mais de ne pas les faire venir au Canada dans l'immédiat, car il est préférable que ces gens retournent chez eux lorsque le conflit prendra fin. C'est un principe accepté par la communauté internationale. Il n'est pas souhaitable que des groupes minoritaires disparaissent de leur pays d'origine.
Nous souhaitons toujours que ces réfugiés retournent chez eux et reprennent le cours normal de leur vie. Néanmoins, si tel n'est pas le cas lorsque le conflit prend fin, si les gens craignent toujours pour leur vie, la communauté internationale, dont le Canada fait partie, assurera la réinstallation de ces réfugiés dans d'autres pays.
Le fardeau des réfugiés et les besoins humanitaires qui en découlent ne sont qu'une partie des nombreux défis régionaux qui découlent de cette guerre. Les retombées du conflit dans les pays voisins de la Syrie constituent un danger réel pour la stabilité de cette partie très fébrile du monde.
Il va de soi que nous sommes extrêmement préoccupés par les nombreux incidents transfrontaliers dans cette guerre. Le pilonnage de la Turquie par les forces syriennes et la flambée au Liban de combats de rue entre factions appuyant un camp ou l'autre dans le conflit syrien, par exemple, ont mis à rude épreuve et la patience et, à l'occasion, la stabilité des voisins de la Syrie.
On ne saurait ignorer la menace qui pèse sur Israël, particulièrement à la lumière des rapports qui font surface aujourd'hui, selon lesquels le gouvernement syrien a autorisé des groupes de ses partisans à lancer des attaques contre Israël par-delà le plateau du Golan. Nous croyons fermement qu'Israël a le droit de se défendre et de défendre son peuple contre les menaces terroristes.
Bien que le risque de débordement du conflit ait été contenu jusqu'à maintenant, la région est sur un pied d'alerte. Plus cette guerre se prolonge, plus le risque d'une escalade régionale s'accroît. Par l'entremise de l'OTAN, nous avons appuyé notre allié, la Turquie, dans ses efforts pour renforcer sa capacité de défense, notamment en déployant des batteries de missiles de défense Patriot.
Une chose est claire: Assad s'enfonce dans le désespoir, mais il n'est pas seul dans sa lutte. À ses côtés pour lui offrir un soutien immédiat et précieux se trouve le Hezbollah et son principal commanditaire, l'Iran. Ensemble, l'Iran et le Hezbollah ont fourni au régime Assad une aide importante, contribuant ainsi à lui remonter le moral, ce dont il avait grand besoin, et laissant le régime moins vulnérable et isolé qu'il ne l'aurait été autrement. En renforçant la capacité, la résilience et l'intransigeance du régime, l'Iran et le Hezbollah ont du sang syrien sur les mains.
Bien que troublante, l'implication de ces deux entités n'est pas étonnante. L'Iran et le Hezbollah ont des feuilles de route tout à fait conformes au genre de rôle terriblement déstabilisant qu'ils jouent en Syrie. Le Hezbollah a signé des attentats terroristes partout dans le monde. Le Hezbollah est, purement et simplement, une organisation terroriste. Il figure comme tel sur notre liste et nous avons exhorté d'autres pays à faire comme nous. Le régime iranien a, lui aussi, montré ses vraies couleurs en Syrie. Cherchant désespérément à assurer la survie de l'un des rares alliés qui lui reste, l'Iran a fourni soutien et encouragement à Assad. Après avoir brutalement réprimé un mouvement en faveur de la démocratie sur son territoire, en 2009, il s'attaque maintenant à la population syrienne et sa quête de liberté. Le régime iranien a toujours été caractérisé par l'oppression. Son soutien à la tyrannie d'Assad fournit encore une fois une preuve indéniable de la nature brutale et méprisable de ce régime. Bien que nous soyons confiants que la nouvelle Syrie, une fois qu'elle aura enfin gagné sa liberté, rejettera l'idéologie et les objectifs d'Al-Qaïda, il lui faudra sans doute livrer une bataille longue et meurtrière contre une entité enhardie par ses succès en Syrie. Cela sera un défi pour la région toute entière dans le futur.
Notre gouvernement a été cohérent et clair. Nous avons exhorté l'opposition et l'Armée syrienne libre à prendre leurs distances par rapport à ce genre de sectarisme et aux terroristes qui en font l'apologie et, au lieu de cela, à embrasser pleinement la tradition de diversité et de tolérance qui a caractérisé l'histoire de la Syrie pendant des millénaires.
La guerre qui sévit en Syrie est une épreuve pour la région, et ce sont les pays limitrophes qui sont sur la ligne de front. Les dangers foisonnent, et plus la guerre perdure, plus les problèmes seront grands. Le Canada continuera à suivre de près le cours des événements. Nous consentirons notre part d'efforts afin de préserver la stabilité de la région.
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Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui pour parler d'un sujet dont nous avons débattu à la Chambre il y a un an. À l'époque, il y avait 9 000 morts et quelques milliers de personnes déplacées. Aujourd'hui, la situation est encore plus atroce: 70 000 morts et plus de 1,4 million de personnes réfugiées. En Syrie, 4,2 millions de personnes sont déplacées au sein même du pays. Ce sont les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Le conflit tend à se régionaliser. La Syrie devient elle-même une bombe à retardement et pourrait voir toute une région, déjà aux prises avec une grande instabilité, être en proie à une spirale de violence sans fin. Le nombre de victimes ne fait qu'augmenter. Des combattants djihadistes tendent à prendre progressivement le dessus sur l'opposition politico-militaire modérée, et une configuration politico-religieuse régionale n'est certes pas de bon augure.
Des groupes tel que Al-Nosra, qui aurait prêté allégeance à al-Qaïda, ou Altalia, faisant partie d'une douzaine d'autres groupes salafistes, prennent en puissance. Ils arrivent de partout et veulent créer un émirat islamique. De l'autre côté, les forces de Bachar al-Assad reçoivent un support de plus en plus soutenu par la présence de plus en plus remarquée du Hezbollah, financé par l'Iran, ce qui fait craindre une guerre interconfessionnelle basée sur un antagonisme sunnite-chiite qui ne serait que dommageable pour la paix, non seulement pour la Syrie, mais bien au-delà de sa frontière.
Nous sommes ici devant un dilemme éthique difficile. Entre les dangers de l'inaction et les dangers incertains d'une intervention, ce sont les personnes qui, en tout premier lieu, souffrent. Ce sont les personnes que nous devons mettre en toute première ligne de nos actions. Mon collègue d' l'a déjà mentionné, mais je crois que ça vaut la peine d'y revenir. Alors que les pays limitrophes à la Syrie reçoivent sans cesse plus de réfugiés, le gouvernement reste dans l'inaction, en refusant de mettre en place un processus rapide de réunification des familles syriennes, comme nous l'avons déjà fait pour Haïti, par exemple.
D'ailleurs, j'aimerais rappeler au gouvernement que la Chambre a voté une résolution comprenant deux actions toutes simples: augmenter l'aide humanitaire pour les réfugiés et augmenter la rapidité du traitement pour la réunification familiale. De plus, il faudrait surtout fournir un support à la mission de l'ONU. Il est important de savoir que, lors de l'étude faite par le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, on a appris que le gouvernement ne renouvellerait pas sa contribution à la mission. Il est aussi important de mentionner que le gouvernement a quand même voté en faveur de cette mission. L'inaction est donc le principe de base sur lequel le gouvernement repose, et non l'action, comme le ministre l'a prétendu dans son discours.
Le Liban, la Jordanie et la Turquie sont maintenant les pays qui reçoivent le plus de réfugiés. Seulement en Turquie, quatre nouveaux camps sont présentement en construction. La Turquie construit en ce moment même des écoles pour les enfants réfugiés. On s'entend pour dire que les pays qui accueillent tous ces réfugiés ont un manque flagrant de ressources, et le Canada a vraiment un rôle de leader à jouer à cet égard.
Le 25 avril dernier, la Jordanie a envoyé une lettre au Conseil de sécurité. La lettre mentionnait que l'afflux massif de réfugiés menaçait la sécurité et la stabilité du pays, mais pouvait aussi avoir des retombées sur la paix et la sécurité internationales. Le poids des réfugiés au Liban pourrait aussi déstabiliser le pays, alors que des affrontements armés opposent déjà régulièrement les partisans et adversaires du régime syrien dans la ville de Tripoli, au nord du Liban, où la ligne de fracture confessionnelle épouse celle du conflit.
Quand ce gouvernement va-t-il apporter une aide majorée, alors que la pression sur ces pays ne cesse de s'accroître? Un programme pour les réfugiés, c'est ce dont les pays ont besoin. On doit les aider à supporter le fardeau du conflit syrien. C'est ridicule qu'on puisse rester ici à parler d'un conflit, mais qu'on ne fasse rien. Voilà une belle façon d'aider ces pays limitrophes, mais aussi les Syriens. Je tiens à dire que la demande principale du Conseil national syrien est de réunir les familles.
Le gouvernement démontre une incompétence flagrante en matière d'affaires étrangères, en tout premier lieu par son incapacité à gagner un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Comme mon collègue l'a déjà mentionné, on règle, on gère et on essaie de résoudre ce genre de crises à ce conseil.
Pire encore, mon collègue d' et moi-même avons questionné le ministre la semaine dernière sur le fait que le Canada ne postulerait pas pour un poste de peur de subir une défaite lamentable. L'inaptitude de ce gouvernement a même rendu impossible la présentation de la candidature du Canada pour l'obtention de ce siège. Il est tout de même important de le mentionner.
Soyons clairs, si le Canada voulait réellement faire preuve de leadership dans la crise syrienne, le gouvernement aurait dû savoir qu'être autour de la table était la meilleure façon de le faire.
Aujourd'hui, John Kerry se rendait en visite en Russie pour parler des récents événements en Syrie. C'est ce que j'appelle de la diplomatie active. Être sur le terrain et membre des instances internationales décisionnelles est le genre de politiques qu'un gouvernement néo-démocrate mettrait en place.
Je me demande ce que notre et notre font pendant ce temps pour augmenter la pression sur la Russie et la Chine.
Certaines rencontres ont déjà eu lieu. Je l'ai déjà mentionné à la Chambre et j'aimerais le répéter.
La première fois que j'ai fait un discours sur cette crise, j'ai dit que le gouvernement faisait passer ses relations économiques avec des puissances, telles que la Russie et la Chine, avant les relations diplomatiques. Les relations diplomatiques peuvent résoudre des conflits.
Le ministre a d'ailleurs mentionné que nous avons besoin d'une solution politique. J'aimerais bien voir le ministre prendre ses responsabilités à coeur et trouver une façon de régler ce conflit grâce à ce genre de solution. Ce n'est pas du tout ce que nous voyons depuis un an.
Nous savons de plus que le gouvernement a fait des compressions dans les fonds d'organismes canadiens qui auraient pu être d'une aide certaine grâce à leurs experts en matière de démocratie et de droits de la personne, par exemple. Le Canada aurait pu être un leader dans la transition à la démocratie de la Syrie.
Le gouvernement est-il vraiment prêt à appuyer le développement démocratique une fois que le conflit syrien sera terminé? Nous en doutons parfois.
Comme je l'ai mentionné, des organismes comme Droits et démocratie et le Fonds pour la paix et la sécurité mondiales, par exemple, qui font la promotion de ce genre de principes, ont vu leurs programmes éliminés. Pourquoi? On peut se questionner sur la volonté du Canada de véritablement aider la Syrie à revenir à la stabilité, mais surtout à atteindre la démocratie. Pour un pays qui a vécu dans une dictature, il est très important d'avoir des conseils d'experts canadiens reconnus à l'échelle internationale.
Ce besoin existe clairement. Alors, pourquoi les budgets conservateurs successifs ont-ils signé la mort d'organismes comme Droits et démocratie et provoqué l'affaiblissement financier du Fonds pour la paix et la sécurité mondiales? Pourquoi le gouvernement minerait-il la capacité du Canada d'être un chef de file sur la scène mondiale? Ces questions valent la peine d'être posées à la Chambre.
Le NPD continue de demander au gouvernement de prioriser la protection des civils, en collaboration avec des organismes internationaux sur le terrain, tels que l'ONU ainsi que les organisations humanitaires syriennes.
Je réitère que le Canada doit collaborer avec la Ligue arabe et les Nations Unies aux efforts de paix, à l'aide humanitaire d'urgence ainsi qu'à l'accélération du processus de réunification familiale pour les Syriens ayant des parents au Canada.
Je dois aborder la question de la situation des femmes et des enfants dans ce conflit. En effet, pendant que la polémique enfle quant à l'utilisation des armes chimiques en Syrie, le recours systématique aux violences sexuelles comme technique de guerre suscite relativement peu d'inquiétude, voire aucune. Des organisations sont à recenser les agressions sexuelles perpétrées en Syrie. Malheureusement, plusieurs ONG internationales de défense des droits de la personne rapportent que des cas de viol sont sans cesse rapportés dans les camps de réfugiés. De hauts représentants du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ont rapporté que le conflit syrien apportait un lot important de crimes fondés sur le sexe, ainsi que sur la victimisation délibérée des femmes et des enfants.
Il est donc extrêmement important de mentionner qu'il y a une crise humanitaire et que les besoins sont flagrants.
On parle ici de femmes violées. On n'a pas besoin de connaître la culture de ces personnes pour savoir à quel point le viol peut détruire l'âme d'une communauté et d'une culture. C'est justement pour cela que la violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre.
Les rapports révèlent que le conflit est de plus en plus marqué. On utilise le viol et la violence sexuelle comme arme de guerre pour intimider ses adversaires dans le conflit, afin de détruire la dignité, l'identité et le tissu social, en fait, pour empêcher toute forme de contestation.
Plusieurs des femmes interrogées par des ONG ont rapporté des cas de viol et d'autres formes de violences sexuelles commises par les forces pro-gouvernementales lors de fouilles des maisons, à la suite d'arrestations à des points de contrôle et lorsque les femmes sont en détention.
Mon collègue d' a justement lu le témoignage poignant d'une femme qui est venue témoigner à titre personnel au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, et on a pu voir à quel point la situation est devenue hors de contrôle. Il faut faire quelque chose.
Certains récits font état de tels crimes commis par des groupes armés anti-gouvernementaux. Une grande partie des personnes interrogées ont également parlé du risque d'enlèvement de femmes par toutes les parties du conflit afin d'obtenir des informations comme monnaie d'échange pour obtenir la libération de certains prisonniers.
Des femmes entendues par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme ont indiqué que la plupart d'entre elles ont été ensuite victimes d'exclusion. Selon plusieurs femmes et des organisations proposant des services de soutien, les familles forcent parfois les survivantes de viol à se marier pour sauver l'honneur familial.
Les risques de stigmatisation et de rejet des survivantes imposent une culture du silence, empêchant les femmes de dénoncer ces crimes sexuels subis. De ce fait, une grande partie de celles qui ont besoin d'un soutien médical et psychosocial n'y ont malheureusement pas accès. J'ai déjà mentionné dans mon précédent discours que c'était un besoin et que les réfugiés des camps syriens en manquaient cruellement déjà il y a un an.
La situation stagne et il est vraiment temps que les conservateurs décident d'agir. Il faut s'assurer que le financement adéquat suivra afin d'assurer des services de premier ordre, que ce soit pour leur sécurité ou pour leur santé physique et mentale. Les problèmes psychosociaux à la suite d'un conflit ont tendance à durer longtemps et les traumatismes se transmettent de le mère aux enfants de la famille.
Il faut donc régler le conflit, mais il faut aussi prévoir une solution à long terme. Le viol massif de femmes comme arme de guerre et les traumatismes que les enfants ont subis font partie des problèmes auxquels une solution à long terme est nécessaire. Nous nous devons d'assurer la protection des réfugiés, or les femmes et les enfants comptent, à eux seuls, pour 50 % des réfugiés.
Un rapport de l'UNICEF intitulé « Les enfants syriens, une génération perdue » évoque les répercussions directes de ce conflit pour ceux-ci. Les enfants souffrent de traumatismes après avoir vu des membres de leur famille tués et violés devant leurs yeux. Ils sont terrifiés par les sons et les scènes de conflit. Un simple bruit peut, tout à coup, leur rappeler un bombardement. Les maladies de la peau et des voies respiratoires se multiplient, tandis qu'une école sur cinq est détruite, endommagée ou utilisée pour abriter des familles déplacées.
Les enfants sont ceux qui courent le plus de risques de voir leurs droits bafoués. Des enfants sont mutilés, tués et deviennent orphelins ou sont agressés sexuellement par des factions combattantes. Ils sont fréquemment saisis aux points de contrôle par les forces rebelles pour être enrôlés dans les combats.
Cet état des lieux me chagrine énormément. En parler aujourd'hui me fait réaliser à quel point c'est important qu'on puisse en parler, mais qu'ensuite, on voie des mesures de la part du gouvernement.
C'est un cri d'espoir pour les Syriens. Il faut que le gouvernement agisse et utilise le peu de poids qu'il lui reste sur la scène internationale pour essayer de faire pression sur la Syrie ou sur la Chine.
Il faut essayer de faire en sorte que ce conflit se règle de manière politique. C'est ce que dit le ministre.
Alors s'il vous plaît, je demande au ministre et au de faire quelque chose. Il faut arrêter de regarder ce conflit s'envenimer et s'aggraver. Il faut faire quelque chose.
Les conséquences à long terme sont potentiellement désastreuses pour une région qui est déjà extrêmement instable. Il n'est plus question de faire une simple intervention auprès des enfants. C'est carrément une génération complète qui sera traumatisée et bouleversée. Après le conflit — puisque j'ose espérer que ce jour viendra —, il faudra penser à ces enfants et à l'aide qui sera nécessaire. J'aimerais supplier le gouvernement d'arrêter de couper dans les organismes, comme Droits et démocratie, qui sont justement faits pour cela et qui agissent pour la paix et la sécurité. Sincèrement, comment peut-on prétendre vouloir vraiment agir quand on lit le bilan du gouvernement conservateur?
L'intervention de plusieurs autres pays en Syrie, les allégations d'utilisation d'armes chimiques et l'enlèvement de Casques bleus ne sont pas des bonnes nouvelles. Le conflit semble arriver à un point de non-retour et il pourrait déborder et devenir un conflit régional. Comme le dit le ministre, il est primordial de trouver une solution politique à ce conflit, afin qu'un processus de paix à long terme puisse être mis en place avec l'aide de l'ONU.
J'ai reçu aujourd'hui des appels et des courriels de personnes me demandant de rappeler les trois éléments suivants. Premièrement, elles veulent que leur gouvernement prenne un rôle de premier plan sur la scène internationale pour trouver un processus de paix pour la Syrie. Deuxièmement, elles désirent que leur gouvernement augmente son aide humanitaire et son soutien aux réfugiés. Troisièmement, elles veulent que leur gouvernement aide à réunir les familles des Canadiens d'origine syrienne.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le Canada condamne énergiquement les actes de violence continus contre les civils en Syrie. Nous demandons que les intervenants humanitaires aient accès complètement, en toute sécurité et sans obstacle à toutes les populations dans le besoin.
Le Canada demeure déterminé à sauver des vies et à répondre aux besoins les plus fondamentaux des personnes touchées par la crise syrienne. Je voudrais prendre quelques instants pour faire le point à l'intention de la Chambre sur la situation humanitaire en Syrie.
Les manifestations contre le régime de Bachar al-Assad ont commencé à la mi-mars 2011 dans la ville méridionale de Daraa. Les combats entre les forces gouvernementales et des groupes armés de l'opposition ont pris de l'ampleur et se sont répandus dans la plupart des régions du pays, ce qui a plongé la Syrie dans un désespoir encore plus profond.
Des combats acharnés dans des pans entiers du pays ont provoqué le déplacement massif de civils, augmenté le flux des réfugiés et réduit l'accès aux services de base.
La violence a atteint de nouveaux sommets ces derniers mois, donnant lieu à des pilonnages généralisés, au bombardement des villes, à des tueries en masse et à des tirs délibérés sur des cibles civiles. D'après les reportages, le conflit se déroule essentiellement dans des régions densément peuplées. Le régime syrien ne fait aucune distinction entre combattants et civils en menant ses opérations militaires contre les forces de l'opposition, et viole à répétition le droit humanitaire international.
Les deux parties utilisent de plus en plus des armes lourdes dans des régions peuplées, ce qui entraîne la destruction d'infrastructures et de très nombreuses pertes de vie. Le Comité international de la Croix-Rouge a qualifié la situation actuelle en Syrie de catastrophique. D'innombrables maisons, cliniques, hôpitaux et autres éléments essentiels de l'infrastructure, comme les réseaux d'égout et d'eau potable, ont été détruits ou gravement endommagés.
Les civils continuent d'être dans la ligne de feu de cette violente guerre civile. Le conflit a fait plus de morts depuis le début de cette année que durant la première année au complet. D'après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, on estime que les combats ont fait au moins 80 000 morts et des milliers de blessés. En fait, initialement, le nombre de morts s'élevait à environ 1 000 par mois au milieu de 2011, mais en juillet 2012, ce chiffre s'élevait à 5 000 morts par mois.
À ce jour, près d'un million et demi de Syriens se sont réfugiés en Égypte, en Irak, en Jordanie, au Liban et en Turquie. Le conflit et la situation humanitaire se dégradent rapidement, la violence augmente en intensité et les combats se poursuivent partout dans le pays.
La violence s'est étendue à Damas et dans d'autres zones urbaines densément peuplées, ce qui a augmenté le degré de destruction et le nombre de victimes et de déplacés. Le nombre de personnes touchées par la crise et qui ont besoin d'aide humanitaire est estimé à plus de 6,8 millions. On évalue le nombre de personnes déplacées en Syrie même à 4,25 millions de personnes.
Les populations qui accueillent des réfugiés voient leurs autres difficultés aggravées par cette pression additionnelle. Les tensions entre les réfugiés et les populations hôtes sont à la hausse, principalement à cause de la concurrence pour les emplois, le logement et les services. Au Liban et en Jordanie, la présence des réfugiés syriens provoque la rareté de l'énergie, de l'eau, des services de santé et des services d'éducation. Les Libanais et les Jordaniens souffrent déjà d'un taux de chômage élevé, de la vie chère et de la pauvreté, alors on peut facilement s'imaginer que la situation actuelle ne fait rien pour assainir le climat social.
Le Canada n'a pas hésité à apporter de l'aide. Le 30 janvier, lors d'une conférence de contributions de haut niveau, au Koweït, le a annoncé de l'aide humanitaire additionnelle de la part du Canada pour ceux qui subissent le conflit. Il a également indiqué clairement que le Canada continue de participer aux efforts de la communauté internationale pour mettre fin à la violence. Toutefois, il a déclaré que l'aide humanitaire ne suffisait pas. Il faut trouver une solution politique pour mettre fin au conflit. À plusieurs reprises, le Canada a appelé toutes les parties à mettre fin à la violence.
Grâce entre autres à la contribution du Canada, le Programme alimentaire mondial fournit de l'aide alimentaire à 2,5 millions de personnes. Nous collaborons avec l'UNICEF pour fournir des services de santé, des vaccins, de l'aide alimentaire, de l'eau, des systèmes sanitaires et des services d'éducation à environ 1,2 million d'enfants et à leurs familles.
Des travailleurs humanitaires font des efforts héroïques pour répondre aux besoins urgents de ceux qui sont touchés par la violence. Nous les félicitons. Ils mettent leurs propres vies en danger pour fournir de l'aide vitale aux victimes de la violence. Cependant, ces efforts continuent de se heurter à des obstacles. Même les travailleurs humanitaires ne sont pas à l'abri de la violence, et un certain nombre d'entre eux ont fait le sacrifice de leur vie en essayant de sauver les autres.
Il continue d'être difficile d'apporter l'aide là où elle est nécessaire, notamment en raison des problèmes de sécurité. Par conséquent, de nombreux endroits ont été privés d'aide humanitaire, soit à cause de la violence, soit parce que le gouvernement ou les groupes de l'opposition interdisent l'accès à l'endroit.
Les combats qui se déroulent là où des opérations humanitaires ont lieu et où l'aide est entreposée continuent de poser problème. C'est pourquoi le Canada fournit de l'aide opérationnelle aux Nations Unies, de manière à ce que des mesures de sécurité adéquate soient mises en oeuvre et permettent d'acheminer l'aide humanitaire et d'assurer la sécurité des travailleurs humanitaires. Nous recevons des rapports qui nous indiquent que, malgré les conditions difficiles, l'aide humanitaire continue de parvenir dans les zones gouvernementales et les zones sous l'emprise de l'opposition.
Les dirigeants de cinq organismes onusiens, soit l’UNICEF, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Programme alimentaire mondial, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et l’Organisation mondiale de la santé, ont prié la communauté internationale d’user de son influence en vue d’arriver à une solution politique à cette crise. Ils disent que la région ne peut pas subir d’autres répercussions de cette crise.
Le Canada a été un voisin généreux et compatissant à l’égard de ceux dans le besoin. Cependant, nous avons à plusieurs reprises demandé aux parties concernées de mettre fin à la violence. Nous savons tous que l’aide humanitaire ne suffit pas. Il faut trouver une solution politique au présent conflit. Le Canada continue de soutenir les efforts de la communauté internationale en vue de résoudre la crise. La violence en Syrie doit s’arrêter.
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Monsieur le Président, je trouve formidable que tous les députés de tous les partis représentés à la Chambre aient l'occasion de participer à cet important débat ce soir. C'est une caractéristique remarquable du Parlement du Canada: nous voulons entendre tout le monde.
Je suis ici pour parler de la situation en Syrie. D'entrée, le Canada a activement appuyé les efforts multilatéraux pour résoudre le conflit dans ce pays, notamment en soutenant des initiatives politiques et d'appui à la sécurité, tout en jouant un rôle de premier plan pour répondre aux besoins humanitaires. Le gouvernement du Canada continuera de collaborer étroitement avec ses partenaires multilatéraux dans un effort pour trouver une solution qui mettra fin à la violence en Syrie et permettra une transition vers un régime pluraliste, démocratique et stable.
La violence en Syrie continue d'infliger de terribles souffrances à la population civile. Tous les Canadiens sont horrifiés par cette violence endémique, notamment les attaques aveugles contre le population civile. En dépit de la réprobation du monde entier et des nombreux appels de la communauté internationale en faveur d'un arrêt des combats, le conflit en Syrie s'aggrave.
Depuis le début des affrontements, plus de 80 000 Syriens, pour la plupart des civils, ont perdu la vie. Plus de 4,25 millions de Syriens ont dû abandonner leurs collectivités et leurs foyers. Plus de 6,8 millions d'entre eux ont un besoin urgent de secours humanitaires. Le flot de réfugiés qui fuient la Syrie fait ressortir les conséquences horrifiantes de ce conflit.
Le Canada a ouvertement dénoncé les attaques aveugles et vicieuses du régime Assad contre sa population civile. Nous continuons de presser le gouvernement syrien de cesser immédiatement d'utiliser des armes lourdes dans les centres urbains densément peuplés.
Poussés par le danger, des centaines de milliers de Syriens ont choisi de quitter leur pays et de chercher refuge à l'extérieur de ses frontières. Plus de 1,4 million d'individus ont fui dans les pays avoisinants. La Turquie a accueilli plus de 324 000 réfugiés, le Liban, plus de 455 000, la Jordanie, plus de 448 000, l'Irak, plus de 142 000, et l'Égypte, plus de 62 000. Nous tenons à féliciter les gouvernements de ces pays pour la grande générosité dont ils ont fait preuve en accueillant ces personnes en quête de sécurité. Nous sommes conscients du fardeau que cette situation leur impose.
Le Canada est solidaire avec le peuple syrien en cette période difficile. Par l'entremise de l'ACDI, le Canada a fourni une aide humanitaire afin de permettre aux organisations compétentes d'apporter des secours urgents et vitaux tant en Syrie que dans les pays voisins qui ont accueilli des réfugiés. Ce soutien permet aux organisations humanitaires de fournir de toute urgence une aide alimentaire, de l'hébergement, de l'eau potable, des installations sanitaires, des articles ménagers essentiels, des soins de santé et d'autres formes d'assistance indispensable pour les Syriens affligés par cette crise.
Nous continuerons de travailler étroitement avec nos partenaires qui partagent la même vision que nous pour répondre aux besoins humanitaires, à la fois en Syrie et dans les pays avoisinants.
Pour les nombreux habitants qui demeurent en Syrie, malheureusement, les perspectives sont sombres. Les organisations humanitaires, surtout le Croissant-Rouge arabe syrien et le Comité international de la Croix-Rouge, de même que les organismes des Nations Unies, conjuguent leurs efforts pour répondre aux besoins urgents et vitaux des victimes de la violence.
Toutefois, on continue de faire obstacle à ces efforts. Les secours humanitaires de l’ONU sont toujours entravés par une insécurité extrême et les restrictions imposées par le régime Assad. Hélas, même les acteurs de l’humanitaire ne sont pas à l’abri de la violence et certains ont payé de leur vie les efforts qu’ils ont consentis pour secourir autrui.
Le Canada continue de réclamer un accès total, sûr et sans entraves pour qu’on puisse apporter une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin. Ceux qui exercent le pouvoir en Syrie doivent agir rapidement pour faciliter les secours. Le gouvernement du Canada, avec la coopération d’autres partenaires internationaux, continuera de réclamer cet accès à la moindre occasion.
Le Canada est profondément inquiet des menaces à la sûreté et à la sécurité qui planent sur les travailleurs de l’humanitaire en Syrie. Déjà, le secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien et cinq bénévoles du Croissant-Rouge ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Nous rendons hommage à leur immense courage.
Il faut éviter de cibler le personnel médical, les installations médicales et les ambulances, et le personnel des soins de santé doit pouvoir offrir son aide en toute sécurité et sans entraves. Ainsi, toutes les factions doivent respecter les emblèmes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Le Canada continue de soutenir les efforts que la communauté internationale déploie pour mettre un terme à la violence. Il a appuyé financièrement la mission de l’envoyé spécial conjoint de l’ONU. De façon répétée, nous avons exhorté toutes les parties à coopérer avec cet envoyé spécial, Lakhdar Brahimi, et à soutenir ses efforts afin de mettre fin à ce bain de sang et de faciliter une transition politique complète menée par les Syriens.
Nous pressons le Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter des sanctions internationales exécutoires contre le régime Assad afin d’intensifier les pressions sur Assad pour qu’il mette fin immédiatement à la violence et à ce qui est en train de devenir une catastrophe humanitaire. Nous continuons de demander aux pays qui ont de l’influence sur Damas d’intervenir auprès du régime Assad pour qu’il renonce à la violence et travaille à une transition politique pacifique.
Le Canada a mis en place 11 série de sanctions économiques strictes contre le régime Assad et expulsé tous les diplomates syriens encore présents. Nous demandons aux pays du monde entier d’adopter des mesures aussi fermes contre le régime pour qu’il honore ses engagements et arrête immédiatement le massacre insensé de sa propre population.
Le Canada a participé à tous les groupes de travail des Amis de la Syrie, et il a coprésidé une réunion du groupe international de travail sur les sanctions, appelé les Amis du peuple syrien. Nous continuerons d’exercer des pressions sur le régime syrien afin d’isoler davantage Assad.
Le gouvernement du Canada continuera de soutenir les efforts multilatéraux qui se font pour mettre fin aux souffrances inutiles des Syriens touchés par la crise. Nous tâcherons de faire parvenir à ceux qui en ont besoin une aide propre à leur sauver la vie.
Enfin, la violence en Syrie doit cesser. Il faut trouver une solution politique à la crise. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour exercer des pressions sur le régime syrien afin qu’il arrête les violences contre ses propres citoyens. Assad doit partir pour laisser émerger une Syrie démocratique et pluraliste.
Dieu bénisse tous les Syriens dans leur épreuve.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps dont je dispose avec ma collègue la députée de .
On le sait, la situation en Syrie est terrible. Parlons d'abord des 70 000 personnes mortes dans le pays. J'aimerais profiter de cette occasion pour réitérer mes sympathies aux familles et aux proches de ces 70 000 morts. Mais au-delà des morts, il y a aussi des vivants qui souffrent terriblement en ce moment.
Depuis quelques mois surtout, on a vu un afflux massif de réfugiés vers les pays voisins, que ce soit la Jordanie, la Turquie, le Liban, l'Irak ou l'Égypte. En janvier 2013, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés recensait 500 000 réfugiés. Un demi-million de réfugiés, c'est déjà énorme. Quatre petits mois plus tard, on parle de 1,3 million de réfugiés dans les pays avoisinants. Certains croient que ce chiffre pourrait être encore plus élevé, parce que plus l'afflux est rapide et important, plus les délais d'enregistrement sont longs. De ce 1,3 million de réfugiés, 50 % sont des enfants. Plus d'un demi-million d'enfants vivent dans des camps, dans des situations souvent déplorables.
Tout cela met une pression absolument énorme sur les pays voisins. Prenons le Liban, qui est bon exemple. Ce pays pourrait compter 1,2 million de réfugiés d'ici la fin de l'année. C'est terrible! Le Liban, la Turquie et les autres pays font tout ce qu'ils peuvent, mais seuls, ils ne peuvent pas faire face à cette situation. En fait, personne ne le pourrait. Si on prend les chiffres du Liban par rapport à la population, par exemple, ce serait l'équivalent pour le Canada de recevoir soudainement 3 millions de réfugiés. Un pays développé comme le Canada aurait déjà de la difficulté à recevoir d'un coup 3 millions de réfugiés. On s'imagine donc que les pays de la région font face à des défis quasi insurmontables, qui ne peuvent certainement pas être surmontés sans l'aide de la communauté internationale.
Ce n'est pas tout. Il y a les réfugiés à l'extérieur de la Syrie, mais il y a aussi les personnes déplacées à l'intérieur du pays. On parle de 4 millions de personnes déplacées, dont approximativement la moitié sont des enfants. À ces 4 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays s'ajoutent 2,8 millions de personnes ayant un urgent besoin d'aide humanitaire.
Il y a quelques semaines, j'étais à New York où j'ai rencontré les représentants du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Ils m'ont décrit la situation: le manque de médicaments, les systèmes d'eau détruits, le manque d'assainissement, les hôpitaux détruits, les écoles qui n'existent à peu près plus, les enfants d'Alep qui ne vont plus à l'école depuis un ou deux ans. Essentiellement, le pays est en train de tomber en ruines.
Les besoins sont donc immenses. S'il n'y a pas d'augmentation massive de l'aide humanitaire internationale, les conséquences pourraient être catastrophiques. Cette aide est nécessaire maintenant. Des épidémies commencent déjà à se développer ici et là, et ce sera encore pire cet été.
Pour travailler auprès des réfugiés à l'extérieur de la Syrie, auprès des personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie et auprès des personnes ayant besoin d'aide humanitaire, l'ONU a demandé la somme totale de 1,6 milliard de dollars, mais n'a reçu des engagements que pour à peine plus de la moitié de sa demande.
[Traduction]
Je voudrais lire à la Chambre ce qu'a écrit Stephen Cornish, le directeur général de Médecins sans frontières, dans un excellent article qui a récemment été publié:
Nous laissons tomber les Syriens. Actuellement, des femmes, des hommes et des enfants souffrent et meurent sans raison. Nous pouvons les aider davantage et nous devons le faire.
Je reviens d'une mission de deux semaines en Syrie, au Liban et en Turquie. J'y ai rencontré des Syriens qui essaient de survivre à une guerre civile sauvage qui a tué jusqu'à présent plus de 70 000 personnes et qui a forcé plus d'un demi-million de gens à trouver refuge dans les pays voisins.
J'y ai aussi rencontré des travailleurs humanitaires de mon organisme, Médecins sans frontières, et des quelques autres organismes présents, qui cherchent à sauver des vies.
Ce voyage m'a fait comprendre une chose: la communauté internationale, dont nous faisons partie, ne fait pas son devoir. Elle ne répond pas aux besoins humanitaires sans cesse croissants des gens qui sont pris dans cette guerre interminable.
Nous laissons vraiment tomber les Syriens. Les besoins médicaux sont énormes, qu'il s'agisse des blessures causées par les éclats d'obus qui ne sont pas soignées parce que les gens n'ont pas accès à des soins médicaux, des femmes enceintes qui doivent risquer leur vie pour donner naissance à leur enfant, des personnes atteintes de maladies chroniques comme le diabète et le cancer qui ne peuvent pas suivre un traitement, ou des conditions misérables et insalubres des camps accueillant les personnes déplacées.
Il poursuit en disant:
Le conflit syrien ne semble pas vouloir se résorber et les besoins des Syriens augmentent de jour en jour. Notre inaction sur le plan humanitaire est inexcusable. Il faut agir dès maintenant.
[Français]
J'endosse tout à fait ces propos, ainsi que ce que souligne M. Cornish, à l'effet que ce n'est pas qu'une question d'argent. Il faut l'admettre. Il faut aussi persuader Damas et les groupes d'opposition de permettre l'accès aux travailleurs humanitaires pour qu'ils puissent livrer une aide dont on a tant besoin.
Il faut aussi aider et pousser les nations avoisinantes à faciliter le travail et l'accès des travailleurs humanitaires. Il y a donc des éléments de mécanisme auxquels il faut travailler. Il faut encourager les gens sur le terrain à respecter la loi humanitaire internationale.
Malgré ces problèmes, l'argent reste la clé, car pour avoir des travailleurs humanitaires, il faut avoir l'argent pour les envoyer là-bas. Bien sûr, à cet égard, le Canada a fait un effort, mais en même temps, c'est si peu. Le reste assis sur des centaines de millions de dollars, même si on sait par expérience que des centaines de projets de valeur auraient pu être appuyés par l'ACDI.
Ces centaines de millions de dollars, est-ce qu'il n'aurait pas pu en prendre un petit bout pour aider à faire face à cette énorme crise humanitaire?
L'argent est là, il n'y a pas de doute là-dessus. Il n'y a pas d'excuse pour l'inaction. Les Syriens, leurs voisins et la communauté internationale n'en attendent pas moins de nous.
:
Monsieur le Président, nous sommes ici, ce soir, afin de mettre en lumière toute l'importance et la gravité de la situation en Syrie.
Il est question de vies humaines, de femmes et d'enfants qui souffrent sur place et des familles syro-canadiennes, ici au Canada, dans l'attente de revoir un de leurs membres. Depuis des mois, le NPD fait pression sur le gouvernement afin que celui-ci assume les responsabilités humanitaires du Canada par rapport au conflit qui sévit dans ce pays. Assumer ses responsabilités, c'est augmenter les moyens de son action. Depuis des mois, nous demandons au gouvernement d'agir pour sauver des vies, d'accueillir des réfugiés et de réunifier les familles.
Nous parlons aujourd'hui de plus de 70 000 morts liées à la guerre civile en Syrie. Au total, pas moins de 4 millions de personnes seraient déplacées à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, soit 20 % de la population. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés évoquait cette semaine qu'il y a plus de 1,3 million de réfugiés syriens dans les pays limitrophes. Pour un pays de 6,5 millions d'habitants comme la Jordanie, recevoir 450 000 réfugiés constitue plus qu'un défi d'ampleur. Les organismes et les autorités sur le terrain sont incapables de suffire à la demande, tant sur le plan des infrastructures, que des soins médicaux et des besoins primaires.
Nous sommes à un point de rupture, a averti Adrian Edwards, un porte-parole du HCR, il y a un mois. Avec l'utilisation présumée d'armes chimiques, l'augmentation du nombre de réfugiés et les épidémies qui émergent, il appert que ce point de rupture est sur le point d'être outrepassé, s'il ne l'est pas déjà.
Il y a maintenant deux ans que le conflit syrien perdure. Deux ans de combats, deux ans de lutte interne, deux ans de répression. Le gouvernement canadien doit se rendre à l'évidence: une solution politique ne viendra pas immédiatement et il faut agir là où il est possible de le faire, que ce soit en soutenant nos alliés, les pays limitrophes à la Syrie, les organisations sur le terrain ou encore les réfugiés qui quittent le pays dans la terreur et l'insécurité.
Le gouvernement canadien ne peut plus se limiter à un discours exempt de propositions concrètes. Il faut surtout un plan réel. Sinon, il laisse le champ libre à des massacres et à des combats sans merci où personne ne sera gagnant et où le peuple syrien risque de tout perdre. À l'inverse, au cours des derniers mois, les néo-démocrates ont agi et mis en avant des pistes de solution afin d'améliorer le sort de ces réfugiés. Nous avons d'abord déposé une motion afin de condamner les actes commis en Syrie et amener le gouvernement canadien à agir pour limiter l'impact de ces dérapages.
Ensuite, à plusieurs reprises, mon collègue d' et moi-même avons rencontré des représentants de la communauté syrienne au Canada, ce que le a refusé de faire. Ils nous ont fait part de leur désarroi par rapport à la situation actuelle. Ils nous ont parlé de l'inaction du gouvernement, tant sur le plan politique qu'humanitaire. Ils nous ont démontré toute l'importance d'agir pour sauver des vies. Ce n'est pas dans six mois ou un an qu'il faut agir, mais maintenant, notamment par des procédures de réunification familiale accélérées de même que par l'accueil de réfugiés.
Ce débat d'urgence est le moment de réfléchir sur l'importance de mettre en place un réel plan d'action pour limiter les conséquences néfastes sur des individus, sur un peuple et sur une région entière. Une intervention plus prononcée de la communauté internationale semble improbable actuellement étant donné l'opposition de membres permanents du Conseil de sécurité disposant d'un droit de veto. Toutefois, nous pouvons agir. Nous devons agir.
Au NPD, nous croyons que le Canada doit instituer des mesures concrètes pour limiter l'impact de la crise syrienne et répondre aux responsabilités humanitaires du Canada. Nous considérons qu'il est possible d'agir et que nous devons faire ce qui est en notre pouvoir pour soutenir la population syrienne, qui se trouve à être la première victime de ce conflit meurtrier. Le Canada doit d'abord être présent pour soutenir les organisations internationales dans leur action sur le terrain en fournissant du matériel et des vivres pour améliorer le sort des réfugiés qui sont dans des camps depuis des mois et des mois.
Ce manque est flagrant et a inévitablement des conséquences sur la santé des réfugiés, sur la sécurité dans les camps de même que sur la capacité d'accueil de ceux-ci.
D'ailleurs, Médecins Sans Frontières soulignait en mars l'effondrement du système de santé syrien, le fait que les infrastructures hospitalières croulaient sous les bombes de même que le danger qui guette des milliers de femmes et d'enfants. Il mettait également en lumière les dangers d'épidémie, l'aggravation des infections et des maladies ainsi que l'augmentation significative du nombre de fausses couches et d'accouchements prématurés.
De surcroît, des centaines de milliers de personnes s'agglutinent dans des espaces limités où les ressources ne suffisent pas à la tâche. Certes, le a annoncé un montant de 48 millions de dollars, mais l'action réelle en la matière continue de tarder.
Le gouvernement canadien doit également miser sur une accélération du traitement des demandes de parrainage familial, afin de réunir les familles syriennes qui vivent dans l'angoisse par rapport à leurs proches. Le transfert des dossiers de parrainage de même que les délais de traitement qui atteignent 16 mois à Ankara rehaussent cette angoisse et accentuent les risques encourus par les demandeurs syriens en attente depuis des mois. À une situation d'exception, des mesures d'exception doivent être envisagées et prises. C'est ce qui doit être mis en oeuvre dans le cas de la guerre civile en Syrie.
Finalement, le doit mettre en avant des procédures afin de faciliter l'accueil des réfugiés syriens. Des millions de personnes sont déplacées sans que le Canada intervienne pour les soutenir. Le gouvernement canadien a le devoir moral de sauver des vies et de permettre à ces gens de sortir de l'insécurité dans laquelle ils vivent. Nous ne pouvons pas nous défiler devant la responsabilité du Canada quant à nos obligations humanitaires.
En conclusion, certes, la situation est grave et les conséquences encourues le sont encore plus. Ce qui est fait n'est pas suffisant au regard du drame humain qui se déroule en Syrie. C'est de plus une conjoncture politique complexe qui ne facilitera pas une solution politique, comme le préconise le ministre. Cette solution politique se fera donc attendre. En attendant, il faut continuer d'agir de manière plus efficace et donner encore plus de moyens.
Nous devons garder espoir de changer les choses, garder espoir que le sort des réfugiés soit pris en main et que nous puissions améliorer leur sort, garder espoir que le Canada assume ses responsabilités humanitaires, garder espoir que les parlementaires de la Chambre ont à coeur la destinée d'une population qui a grandement besoin de notre soutien indéfectible.
:
Non. La députée vérifiera et elle constatera que cela se trouve dans la convention internationale. La simple raison, c’est que nous espérons tous qu’ils pourront rentrer dans un pays revenu à la normale et avoir le choix de l’endroit où ils veulent vivre. Nous présumons que la majorité d’entre eux voudraient retourner dans leur foyer, dans leur pays, dans une Syrie stable et sûre.
Deuxièmement, la députée a parlé de la crise au Liban. Bien des gens que le Canada a évacués du Liban par avion étaient en fait des Canadiens qui avaient la double citoyenneté.
Je voudrais réagir également à un autre point au sujet des propos du ministre, selon qui il faut faire davantage et nous ferons davantage. Ce que le ministre a dit en fait, puisque j’écoutais le débat, c’est que, au fil du temps, nous ferons davantage lorsque l’occasion se présentera, de concert avec d’autres partenaires internationaux. Le Canada a fait plus que presque tous les autres pays, jusqu’à maintenant, en aidant les réfugiés, et nous continuerons dans cette voie, comme le ministre l’a dit.
Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Monsieur le Président, presque à chaque jour qui passe, des informations atterrantes nous parviennent au sujet des atrocités commises contre le peuple syrien par le régime impitoyable de Bachar al-Assad. Le nombre de victimes que le conflit a faites dans la population syrienne est renversant. L’ONU estime que, à ce jour, 80 000 personnes ont été tuées. Les violences ont déplacé plus de 4,25 millions de personnes à l’intérieur de leur propre pays. Quant aux réfugiés, on estime que 1,4 ou 1,5 million de personnes sont actuellement des réfugiés et se trouvent en Jordanie, au Liban et en Turquie. Certains sont en Égypte et d’autres en Irak. Le haut-commissariat de l’ONU dit inscrire parfois 7 000 réfugiés en une seule journée. Le ministre a dit tout à l’heure qu’il arrive parfois en Jordanie 2 000 réfugiés par jour. La crise humanitaire est énorme.
Les rapports sur le terrain décrivent en détail une série d’atteintes horribles aux droits de la personne commises par le régime syrien. Fait tragique, comme le conflit en est à sa troisième année, la situation des droits de la personne et la situation humanitaire continuent de se dégrader. La commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie vient de publier plusieurs rapports qui documentent des violations répandues, systémiques et flagrantes des droits de la personne par les forces de sécurité syriennes: arrestations arbitraires, détention, violences sexuelles, pillages, destruction de biens culturels et autres biens protégés.
Notre gouvernement et, j'en suis certain, tous les Canadiens continuent d'être vivement préoccupés par la violence sectaire dont on fait état et qui a été exacerbée par la crise en Syrie. Une fois libéré de la poigne de fer d'Assad, le peuple syrien ne doit pas se retrouver sous la coupe de gens qui voudraient imposer une nouvelle tyrannie ou menacer la sécurité et la stabilité des voisins de la Syrie.
Notre gouvernement défend depuis assez longtemps les minorités religieuses en Syrie. Récemment, le 4 mai, à la suite d'un incident de violence révoltant dans la ville côtière de Banias, le nouvel ambassadeur de la liberté de religion du Canada, Andrew Bennett, a condamné la violence et a réclamé le respect des minorités religieuses. Le peuple syrien a une solide tradition de pluralisme, d'acceptation et de coexistence culturelle, contrairement à ce que pourraient laisser croire les récentes attaques contre des groupes particuliers.
Il y a eu récemment un autre incident troublant. Le métropolite Paul Yazigi, de l'Archidiocèse Orthodoxe d'Antioche, et Mar Gregorios Yohanna Ibrahim, de l'Archidiocèse syriaque, tous deux d'Alep, ont été enlevés au moment où ils rentraient en Syrie en provenance de Turquie, où ils étaient allés faire du travail humanitaire. Encore une fois, le 25 avril, notre gouvernement a protesté contre ces événements et a réclamé la libération immédiate de leurs éminences.
C'est triste à dire, mais même les femmes et les enfants ne sont pas à l'abri de la violence. Selon des rapports qui émanent constamment de Syrie, les agressions sexuelles sont devenues monnaie courante. Le viol est parfois perpétré par opportunisme, et parfois utilisé comme arme de guerre. Il y a également eu des rapports troublants d'enlèvement de femmes déplacées. La traite des femmes et des filles est également documentée.
Le régime Assad a tué et blessé aveuglément un grand nombre de civils en utilisant des armes lourdes dans des secteurs densément peuplés. Il a lancé des missiles Scud contre des villes tenues par les rebelles en Syrie, apparemment sans faire aucun effort pour distinguer entre les cibles militaires légitimes et les civils. Il y a également des reportages crédibles selon lesquels le régime Assad a utilisé des armes à sous-munitions comme armes de guerre contre ses propres citoyens, et a lancé des bombes à l'aveuglette à partir d'hélicoptères de combat sur des zones urbaines densément peuplées. Plus récemment, on a entendu des allégations d'utilisation d'armes chimiques en Syrie. L'ONU a envoyé une mission d'enquête pour établir si de telles armes ont été utilisées et, dans l'affirmative, par qui.
Le Canada a contribué quelque 2 millions de dollars à ces efforts. Malheureusement, et je suppose que l'on ne doit pas s'en étonner, le régime et les autorités syriennes n'ont pas encore accordé à cette mission la permission de se rendre dans le pays pour commencer son enquête.
Je crois avoir entendu un peu plus tôt le ministre déclarer que si des armes chimiques ont bel et bien été utilisées, il serait important de savoir qui les a utilisées et à quel moment, afin de pouvoir exiger des comptes de la part des responsables. Les rapports se contredisent à savoir qui, des représentants du régime ou des rebelles, ont eu recours aux armes chimiques. Dans un cas comme dans l'autre, leur usage indique une forte intensification du conflit, dont s'inquiètent, à juste titre, tous nos partenaires internationaux qui sont bien déterminés à exiger que les responsables rendent des comptes. Au bout du compte, s'ils sont coupables, Assad et ses partisans seront tenus responsables.
Les objectifs du Canada consistent à appuyer une transition vers une Syrie post-Assad qui soit stable, démocratique et pluraliste, tout en répondant aux urgents besoins en aide humanitaire de ceux qui sont touchés par la crise. Durant cette période difficile et secouée par la violence, qui a coûté la vie à de trop nombreux civils innocents, nous maintenons notre engagement à l'égard d'une transition démocratique en Syrie.
Le Canada continuera à faire valoir la nécessité du respect et de la promotion des droits de la personne, et en particulier ceux des minorités religieuses. Il est d'une importance vitale que tous les Syriens contribuent au développement sans craindre la violence. Nous espérons ou, plutôt, nous croyons que la stratégie de répression cruelle du régime ne parviendra pas à écraser les Syriens.
Nous avons bon espoir qu'un avenir meilleur pour le peuple syrien émergera de ce terrible carnage et de cette dévastation. Je suis prêt à répondre aux questions de mes collègues.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de parler de cette question très importante et de réagir aux affirmations irresponsables et trompeuses de l'opposition.
Je comprends que les Syro-Canadiens doivent être morts de peur pour leurs proches en ce moment. Voilà pourquoi nous avons rencontré régulièrement des membres de cette communauté. À plusieurs reprises, le s'est entretenu avec des membres de la communauté syro-canadienne de Montréal, de Toronto, d'Ottawa, de Calgary et de Vancouver. Je sais que le en a lui aussi rencontré à plusieurs reprises afin de discuter de la situation en Syrie.
Nous allons continuer à nous entretenir avec la communauté syro-canadienne, à écouter ses doléances et à la tenir au courant des mesures prises par le gouvernement. Pour mieux comprendre la situation et voir les choses de leurs propres yeux, les deux ministres se sont aussi rendus dans des camps de réfugiés, le en Turquie, et le en Jordanie.
À mon avis, les néo-démocrates et les libéraux agissent de manière quelque peu hypocrite lorsqu'ils prétendent que le gouvernement devrait collaborer plus étroitement avec les organismes internationaux, comme le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, alors qu'ils demandent aussi au gouvernement de passer outre, voire de contrevenir aux directives que ce même haut-commissariat a émises.
Le HCR n'a pas encore déclaré les réfugiés syriens admissibles à la réinstallation. Vu l'ampleur de la situation et le nombre de personnes qui se précipitent dans les camps de réfugiés, il a demandé à la communauté internationale de se concentrer pour le moment sur l'aide humanitaire afin qu'il puisse fournir la nourriture, l'eau et les soins médicaux nécessaires. Le gouvernement respecte le consensus international et les conseils avisés du HCR, et il collabore de près avec ses partenaires. Je suis déçu que l'opposition souhaite aller à l'encontre des directives du HCR dans cet important dossier.
La valeur de l'aide humanitaire fournie par le Canada jusqu'à maintenant dépasse les 80 millions de dollars. Pas plus tard qu'en janvier, le s'est rendu en Turquie pour rencontrer des représentants du HCR et du Croissant-Rouge turc, de même que des Syriens vivant dans des camps de fortune. Il en a alors profité pour annoncer qu'il verserait 1,5 million de dollars à la Croix-Rouge afin de l'aider à fournir de la nourriture, de l'eau, des abris, des trousses d'hygiène, des couvertures, des appareils de chauffage et des vêtements à près de 170 000 Syriens déplacés. Le Canada fait sa part pour remédier aux problèmes humanitaires, et il a fourni des sommes importantes.
L'opposition aime à penser que nous n'avons jamais rien fait pour améliorer les conditions de vie dans les camps de réfugiés. En réalité, il y avait déjà des milliers et des milliers de réfugiés dans ces camps bien avant le début de la crise en Syrie.
Nous respectons notre engagement d'accueillir 20 000 réfugiés irakiens, ce qui contribuera à désengorger les pays avoisinants. Le système d'octroi de l'asile du Canada est le plus équitable et le plus généreux au monde. Nous accueillons un dixième des réfugiés réinstallés, plus que n'importe quel autre pays. Je signale que même si, à l'heure actuelle, le HCR ne recommande pas la réinstallation de ces réfugiés, le gouvernement cherche activement des solutions qui lui permettront d'agir si les Nations Unies recommandent leur réinstallation à l'avenir.
Lorsque la communauté internationale pourra se concentrer sur la réinstallation des personnes, plutôt que sur la prestation de l'aide humanitaire directe et d'urgence permettant de sauver des vies, le Canada sera prêt à aider. Nous continuons d'encourager les Canadiens d'origine syrienne à conseiller aux membres de leur famille en Syrie de prendre contact avec le HCR et de s'enregistrer comme réfugiés pour que leur dossier puisse être traité.
Outre la situation des réfugiés, nous avons fait des progrès réels au chapitre des demandes d'immigration. Le bureau des visas de Damas a bien sûr été fermé en raison de la violence persistante. Par conséquent, pour pallier cette fermeture, nous avons augmenté la capacité de traitement des bureaux des visas de Beyrouth et d'Amman en y affectant plus de personnel.
Les agents d'immigration ont travaillé d'arrache-pied pour traiter aussi rapidement que possible les demandes présentées par des Syriens au titre de la catégorie du regroupement familial, et celles de réfugiés syriens parrainés par le secteur privé, en dépit de leurs conditions de travail difficiles dans la région. Au lieu de critiquer les fonctionnaires canadiens, l'opposition devrait les féliciter de travailler d'arrache-pied pour traiter les demandes provenant de Syrie.
Je suis heureux d'informer la Chambre que presque toutes les demandes de parrainage de conjoints et d'enfants ont été traitées. Pour les demandeurs de la catégorie du regroupement familial qui sont aux prises avec des circonstances exceptionnelles, les agents ont émis des visas de résident temporaire pour leur permettre de venir au Canada pendant que leur demande est traitée. Les agents des visas traitent les demandes de résidence permanente aussi rapidement que possible, tout en faisant les vérifications de sécurité et d'admissibilité. Le gouvernement a écouté la communauté syrienne du Canada et nous prenons des mesures responsables pour régler cet important problème.
Je vais conclure mes observations en citant une déclaration faite par Antonio Guterres, haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, l'année dernière:
Nous devons reconnaître qu’il n’y a pas de solution humanitaire à la crise syrienne. Seule une solution politique qui mènera à la paix pourra mettre fin à la situation humanitaire d’urgence.
La gravité et l'ampleur de la situation font en sorte que l'approche fragmentaire proposée par l'opposition n'est rien de plus que de l'improvisation. Le gouvernement continuera de travailler en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et d'autres nations pour voir à ce que les mesures prises à l'égard de la situation en Syrie soient efficaces et appropriées. Nous continuerons de réclamer une solution politique pour mettre fin à la violence et à la crise humanitaire. J'invite l'opposition à collaborer avec le gouvernement pour trouver une solution durable, au lieu d'induire les gens en erreur et de semer la peur.
En terminant, je tiens à mentionner que nos pensées et nos prières accompagnent les Syriens et les membres de leur famille.
:
Monsieur le Président, c'est vraiment déchirant de participer à un débat comme celui-ci. Je suis certaine que les parlementaires de tous les partis préféreraient discuter de bien d'autres choses que de la terrible situation qui prévaut en Syrie.
Je rappelle que 70 000 personnes ont perdu la vie depuis le début du conflit. Plus d'un million ont été déplacées, ce qui est énorme.
Je suis au nombre des personnes chanceuses qui n'ont jamais vécu dans une zone de guerre. Je suis née après la Seconde Guerre mondiale. J'ai grandi en Angleterre et je suis arrivée au Canada dans les années 1970. Je n'ai jamais vécu dans un pays où des batailles et des bombardements faisaient rage. Le plus près que je me suis trouvée de quelque chose qui ressemble à une zone de guerre c'est au Bangladesh, où je me suis rendue récemment. Lorsque j'ai allumé la télé, j'ai vu des voitures renversées et incendiées et des bombes qui explosaient dans le secteur que nous avions quitté quelques heures plus tôt. Je me souviens de m'être sentie angoissée en songeant que ces incidents s'étaient produits à l'endroit où je venais de me promener à pied.
En ce moment, je suis de tout coeur avec les centaines et les milliers de membres de la diaspora syrienne qui vivent au Canada, qui est un pays sûr. Ces gens suivent ce qui se passe en Syrie à la télévision et dans les médias sociaux. J'imagine la douleur et l'angoisse qu'ils doivent ressentir chaque jour.
Lorsque nous regardons ce qui se passe à la télé, que nous entendons parler d'escalade de la violence, d'utilisation d'armes chimiques et d'événements qui pourraient faire en sorte que le conflit s'étende aux pays avoisinants, nous tremblons de peur. C'est mon cas. Je suis vraiment préoccupée par la sécurité mondiale et par le sort de nos enfants et de nos petits-enfants.
Je me demande ensuite comment je me sentirais et quelles pensées m'habiteraient si c'était des membres de ma famille, des amis, des personnes avec qui j'ai grandi qui se trouvaient en Syrie à l'heure actuelle.
La situation là-bas est un véritable bourbier. Il y a le statu quo, représenté par le régime de M. Assad, puis il y a divers groupes qui luttent dans l'opposition. Cela me rappelle toujours qu'il y a ceux qui se battent et ceux qui souffrent. Je ne dis pas que ceux qui se battent ne souffrent pas, mais je songe à tous les hommes, femmes et enfants qui n'ont jamais choisi ce conflit. Ils n'ont pas eu leur mot à dire dans le déclenchement de ce conflit dans leur pays.
Ce sont des familles dont les enfants voulaient seulement se lever le matin et aller à l'école, ou la plupart d'entre eux y allaient. Ce sont des familles dont les mères voulaient préparer les repas et veiller à ce que les leurs ne manquent de rien. Les membres de ces familles étaient préoccupés par leur travail, soit qu'ils étaient à l'emploi de quelqu'un d'autre, soit qu'ils travaillaient dans l'agriculture ou dans un autre secteur. C'était simplement des familles normales qui voulaient vaquer à leurs activités quotidiennes ordinaires.
Que s'est-il passé? Ils se sont réveillés un beau matin et leur pays était déchiré par un conflit.
Ce n'est pas nouveau dans cette partie du monde, mais ce n'est pas pour autant acceptable. Je sais que la situation était circonscrite au début, mais la manière dont cette guerre civile, puisque c'est ainsi qu'on l'appelle désormais, s'est répandue a été catastrophique. Je crois bien qu'il ne reste plus beaucoup de localités en Syrie qui ne sont pas touchées.
De la même manière, je veux dire à toutes les familles d'ascendance syrienne qui vivent ici même dans notre pays que mon coeur est avec elles. Je ne peux qu'imaginer l'angoisse qu'elles vivent jour après jour, parce que je n'en ai jamais fait l'expérience.
Aujourd'hui, j'ai téléphoné à mon bureau et j'ai demandé qu'on me fasse le point sur un cas particulier mettant en cause une famille syrienne. Je ne donnerai pas de nom. La mère et son bébé sont en Syrie et le père est au Canada.
Le bébé est un nouveau né et la famille attend son certificat médical. Pendant qu'ils attendent ce certificat médical, ils sont tourmentés par l'angoisse et s'efforcent de se rendre au bureau des visas le plus proche. Ils nous décrivent les dangers auxquels ils sont exposés pour s'y rendre. Ils aimeraient bien avoir un visa, ne serait-ce qu'un visa de touriste, pour venir ici en attendant la fin des troubles, mais leur plus grand problème est que les déplacements ne sont pas sûrs et qu'il n'y a pas de bureau des visas ou de bureau consulaire en Syrie. La famille devra franchir une frontière internationale; il faut des documents de voyage pour cela et les membres de la famille n'en possèdent pas tous. Ceux qui n'en ont pas sont coincés. Il leur faudra trouver quelqu'un qui pourra leur donner les documents de voyage dont ils ont besoin.
Des membres de la famille de ce jeune homme ont visité régulièrement mon bureau. Ils ont entendu le gouvernement dire qu'il cherche des moyens d'accélérer la réunification, en particulier pour les conjoints qui étaient séparés. Mon collègue d'en face a dit que beaucoup de travail a été fait et que la plupart de ces gens ont été réunis avec leurs proches, mais beaucoup de cas dont je m'occupe à mon bureau ne sont pas isolés. Il y a beaucoup d'autres cas semblables d'un bout à l'autre du Canada. Mon collègue d'en face a dit qu'aucun Syrien ou parent de Syrien n'est venu lui parler de la situation épouvantable et de la peur dans laquelle ils vivent, mais je ne peux imaginer que personne ne lui ait parlé de ce drame.
Je tiens à parler du rôle de la diaspora. Des gens d'ascendance syrienne sont devenus citoyens canadiens, et d'autres sont en voie de le devenir. D'autres encore sont nés ici. Ils sont ici chez eux. Ces gens ne demandent pas la mer à boire. Dans la catégorie de la réunification familiale, des membres de leur famille seraient admissibles pour venir au Canada. Nous avons fait la demande en leur nom bien avant l'imposition de quelque gel que ce soit, et tout ce que nous demandons maintenant est d'accélérer le traitement de ces demandes pour que ces personnes puissent fuir une situation très dangereuse.
Elles ont rencontré des responsables qui leur ont dit qu'il y a du danger partout dans la région. Un homme s'est fait dire qu'il n'était pas plus en danger que le reste des Syriens. Voilà qui réconforte bien peu les familles au Canada.
Nos agents outremer font tout leur possible. Des bureaux sont fermés, les services consulaires ne sont pas disponibles et les quelques bureaux toujours ouverts au Moyen-Orient sont bombardés de demandes. J'admire ces gens pour le travail qu'ils font, mais nous devons vraiment chercher à mettre en place des systèmes pour accélérer le traitement des demandes déjà reçues.
À cet effet, plus tôt au cours de la présente session, l'opposition a proposé une motion qui a reçu l'appui unanime de la Chambre. Le gouvernement a approuvé la motion, qui lui demandait d'appuyer les efforts de consolidation de la paix en Syrie en accordant une aide financière supplémentaire aux travaux de l'envoyé spécial des Nations Unies et de la Ligue arabe, M. Brahimi.
C'était la première chose à faire. Deuxièmement, il fallait fournir de l'aide humanitaire d'urgence en réponse à la crise des réfugiés qui s'aggravait en Syrie. Nous n'avons jamais prétendu que tous les réfugiés devaient être accueillis au Canada. Nous avons demandé de l'aide humanitaire d'urgence.
C'est la Chambre qui l'a demandé, soit dit en passant, et non le NPD, même si l'initiative est venue du NPD. Je suis très fière du travail fait par le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires étrangères, le député d'.
Nous voulons aussi que soit accélérée la réunification des familles de manière à pouvoir accueillir des Syriens qui ont de la famille au Canada. La diaspora syrienne comprend mal ce qui se passe à cet égard. Ces gens ne demandent pas que les portes soient grandes ouvertes. Ils veulent seulement que la réunification des familles soit accélérée pour ceux qui voient les leurs en proie à la guerre.
Si j'étais dans une situation pareille, je ferais exactement la même chose. Je pense que mes collègues d'en face conviendront avec moi qu'en tant que citoyens canadiens, si des membres de leur famille, que ce soit leur père, leur mère, un jeune frère, un conjoint ou leurs enfants, se trouvaient en Syrie aujourd'hui, ils voudraient les faire venir au Canada pour réunifier leur famille et leur permettre de vivre en sécurité. Ce serait un geste concret tout à fait faisable, et nous pourrions nous y employer. J'exhorte le gouvernement à agir sur ce point.
Au Canada, nous entendons souvent parler de l'importance de la famille. Le gouvernement aime particulièrement en parler et il le fait sans arrêt. Je suis d'accord avec lui. Je viens d'une famille élargie. J'ai quatre frères, une soeur, des neveux, des nièces, des tantes, des oncles. J'adore ma famille élargie. Je crois vraiment à la force des liens familiaux.
Mais si nous attachons de l'importance à l'unité de nos propres familles et à la force de nos liens familiaux, nous devons forcément souhaiter que les autres familles soient réunies également. Il est déjà pénible d'être séparé des membres de sa famille lorsque l'on peut vaquer à ses occupations normales, alors je voudrais que nous essayions tous, dans cette enceinte, de nous imaginer ce que peut être chaque jour l'angoisse des familles canadiennes ou des personnes d'origine syrienne qui vivent au Canada.
Dans ma circonscription, , des fusillades ont malheureusement eu lieu. Ce fut une tragédie pour la population. Je peux dire aux députés que, chaque fois que nous entendons dire qu'un coup de feu a été tiré à Surrey, que nous ayons des enfants ou non, nous tremblons. Je me rappelle qu'il fut un temps où, même si j'habitais à Vancouver, j'allais voir si mon fils était bien dans sa chambre dès que j'entendais parler d'une fusillade. Les parents sont ainsi faits. Ils éprouvent ces sentiments envers les personnes qu'ils aiment. Or, il ne s'agissait que d'une fusillade quelque part au centre-ville de Vancouver.
Il est question ici de violence qui croît de jour en jour. Nous apprenons que des armes chimiques auraient été utilisées et que le conflit s'étendrait aux pays limitrophes. Ces pays nous parlent également des pressions supplémentaires qui s'exercent sur eux. C'est pour cette raison qu'il faut absolument faire quelque chose dans le dossier de la réunification des familles.
Il faut aussi songer à fournir de l'aide humanitaire. Les Canadiens sont très généreux. Je me souviens de la catastrophe causée par l'ouragan Katrina. Les Canadiens n'ont pas seulement versé des larmes, ils ont aussi fait des dons d'une ampleur difficile à imaginer.
Lors du tremblement de terre en Haïti, le gouvernement est intervenu et il a versé une somme équivalente aux dons des Canadiens. Je dirais qu'il y a une grave crise dans les camps de réfugiés de Syrie et des pays voisins et qu'il est temps d'envisager de prendre des mesures similaires.
Je crois fermement à la paix et au rôle de gardien de la paix qu'a déjà joué le Canada. J'estime que nous avons aussi un rôle à jouer sur le plan des relations diplomatiques. Malheureusement pour nous — et je ne pointerai personne du doigt aujourd'hui —, le Canada n'a plus de siège au Conseil de sécurité des Nations Unies. À cause de certaines mesures que nous avons prises au cours des dernières années, la réputation du Canada n'est plus la même auprès de bon nombre de nos partenaires étrangers.
Cependant, le gouvernement actuel entretient des liens très étroits avec la Chine, et j'espère que les conservateurs font preuve de la plus grande diplomatie possible pour inciter la Chine à intervenir et à aider à rétablir la paix en Syrie. J'espère que nous utilisons aussi nos relations en Russie à cette fin, ainsi qu'auprès d'autres personnes sur lesquelles nous avons encore une certaine influence.
Nous manquons de respect à l'endroit de certaines des institutions des Nations Unies, nous doutons de la crédibilité d'un rapporteur qui ose venir au Canada et faire des commentaires sur nos communautés autochtones, la façon dont elles vivent et leur sécurité alimentaire et nous suscitons toutes sortes de réactions négatives. Il n'est donc guère étonnant que notre crédibilité soit remise en question quand nous allons parler avec des gens et que nous tentons de trouver des alliés, car, soudainement, le monde voit le Canada sous un jour légèrement différent.
Il est encore temps. Je ne pense pas que nous ayons encore atteint le point de non-retour. Nous pouvons redevenir un pays pacifique, qui est axé sur le maintien de la paix. Le gouvernement doit saisir l'occasion qui lui est offerte, faire valoir tous ses talents diplomatiques et faire valoir toutes les faveurs qui lui sont encore dues pour tenter de trouver une solution pacifique au conflit. Cette solution ne viendra pas rapidement. Il n'existe pas de solutions faciles, mais tout ce que nous pouvons faire, c'est d'essayer de trouver des interlocuteurs, car nous ne sommes plus dans le secret des dieux. Quand nous faisions partie du Conseil de sécurité, nous savions ce qui se passait, et les gens se tournaient vers nous. Maintenant, nous sommes tenus à l'écart, sur la ligne de touche, et à cause de cela, nous devons rebâtir notre crédibilité et tenter de déterminer ce que nous pouvons accomplir.
Voici ce qu'a dit Gulcan Akoguz, chargée d'affaires à l'ambassade de Turquie:
[...] nous estimons que la politique de la porte ouverte de la Turquie a pour effet d’amortir la réaction internationale potentielle, puisque les conséquences tragiques de la brutalité du régime syrien sont toutes assumées par les pays voisins. Nous attendons de nos partenaires un engagement sérieux et une contribution effective sur le plan du partage de ce fardeau.
Ce pays-là ne dit pas qu'il veut fermer sa porte. Il honore ses obligations humanitaires. Seulement, il demande au reste du monde de l'aider à le faire, de le soulager d'une partie du fardeau, ce qui peut se faire de diverses façons.
Il y a aussi la Croix-Rouge. Je pourrais continuer pendant encore une demi-heure.
Je vais cependant conclure là-dessus: nous demandons au gouvernement de chercher à accélérer le processus de réunification des familles et à fournir une aide humanitaire afin d'épauler les pays qui, comme la Turquie, sont coincés au beau milieu du conflit.
J'exhorte par ailleurs le gouvernement à s'asseoir avec des représentants de la diaspora syrienne afin de trouver des moyens d'aller de l'avant.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est alloué avec mon collègue, le député de .
Le conflit en Syrie a débuté il y a plus de deux ans déjà. Le Canada et la communauté internationale restent horrifiés par cette violence incessante. Le nombre croissant de morts parmi la population civile et l'afflux de réfugiés qui fuient la Syrie ne font qu'illustrer les terribles conséquences de ce conflit sur la population de ce pays.
Depuis le début de 2011, des millions de personnes sont touchées par la violence en Syrie, et elles sont nombreuses à fuir ce pays à cause de la détérioration des conditions humanitaires. Selon de récents rapports, 80 000 personnes sont mortes dans ce conflit, et des milliers d'autres ont été blessées. On estime que plus de 6,8 millions de personnes, soit près du tiers de la population syrienne, ont actuellement besoin d'aide humanitaire. Plus de 1,4 million de Syriens sont actuellement réfugiés dans les pays voisins que sont la Jordanie, le Liban, la Turquie, l'Irak et l'Égypte. Le Canada félicite ces pays d'avoir ouvert leurs portes à tant de familles déplacées à cause de ces terribles circonstances.
Depuis le début de la crise, le Canada et la communauté internationale ne cessent de demander que les personnes dans le besoin puissent avoir accès à une aide humanitaire entière, sûre et sans entrave. Compte tenu de l'énormité des besoins, il est important de coordonner l'aide humanitaire offerte par la communauté internationale. Avec le soutien du Canada, des partenaires humanitaires assurent une aide salvatrice et obtiennent des résultats tangibles sur le terrain. J'aimerais citer quelques exemples.
En Syrie, notre soutien et celui d'autres intervenants ont permis au Programme alimentaire mondial des Nations Unies d'offrir une aide alimentaire d'urgence à deux millions de personnes en mars 2013, puis d'élargir ses activités afin de rejoindre 2,5 millions de personnes en avril. Depuis le début de l'année, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a distribué plus d'un million d'articles non-alimentaires de secours de base comme des matelas, des couvertures, des couches et des ensembles de cuisine aux Syriens victimes de la crise. Le Comité international de la Croix-Rouge a fourni du matériel de traitement de l'eau, des pièces de rechange et des génératrices. Ainsi, plus de 2,7 millions de personnes ont pu avoir accès à de l'eau potable entre janvier et mars 2013.
Depuis le début de l'année, le Comité international de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Croissant-Rouge syrien, a livré une aide alimentaire d'urgence à plus de 600 000 personnes vulnérables. Ils ont également distribué des trousses de maison, incluant des matelas, des couvertures, des ensembles de cuisine, des trousses d'hygiène et des bougies à plus de 200 000 personnes touchées par la crise.
Le soutien du Canada ne s'arrête pas à la frontière de la Syrie. Comme tant de Syriens se réfugient dans les pays voisins, nous appuyons l'approche régionale de nos partenaires humanitaires. Nos partenaires sur le terrain nous disent que des milliers de Syriens arrivent chaque jour dans les pays voisins, et qu'ils sont nombreux à avoir besoin de services de base comme des abris, des soins médicaux, de la nourriture et de l'eau.
Les rapports indiquent que la pression exercée par la présence des réfugiés sur les collectivités qui les accueillent s'ajoute aux autres défis des pays voisins. Les tensions dans les pays d'accueil sont en hausse, surtout parce que les collectivités manquent de soutien. On rapporte que des réfugiés ont été victimes d'actes de violence et d'agressions dans les pays d'accueil. La présence de plus de 448 000 réfugiés en Jordanie, par exemple, accroît la pression sur les maigres ressources, notamment l'eau et l'électricité. De plus, les Jordaniens sont aux prises avec un taux de chômage élevé, une flambée des prix et des problèmes de pauvreté.
Le Canada est intervenu rapidement. Notre aide a permis d'atténuer certains problèmes qui menaçaient de devenir endémiques. Par exemple, au Liban et en Jordanie, on a réduit les délais d'attente pour l'inscription des nouveaux réfugiés. En Jordanie, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a ouvert un nouveau bureau d'inscription à Irbid, en février. On y procède à l'inscription de près de 700 réfugiés par jour; ce chiffre s'ajoute aux quelque 1 000 réfugiés dont le dossier est traité à Amman. De plus, grâce à notre soutien à UNICEF près de 175 000 réfugiés en Jordanie ont accès à de l'eau potable et plus de 146 000 réfugiés ont accès à des installations sanitaires.
En mars 2013, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a fourni de l'aide alimentaire d'urgence à plus de 120 000 personnes touchées par la crise grâce à son programme de coupons. En outre, l'ensemble des réfugiés du camp Zaatari, soit environ 175 000 personnes, reçoit du pain tous les jours grâce à ce programme.
Au Liban, le soutien du Canada au Programme alimentaire mondial des Nations Unies a permis de nourrir plus de 150 000 Syriens en février 2013 seulement. Cette aide a également permis à UNICEF de vacciner au moins 207 000 enfants syriens et libanais contre la rougeole, de fournir des services de soutien psychologique à 17 000 enfants et d'inscrire plus de 17 000 enfants touchés par les conflits dans des programmes d'éducation et d'apprentissage.
Nos partenaires du secteur humanitaire ont aménagé 700 logements pour qu'ils résistent aux intempéries, et ils ont remis en état plus de 100 abris communautaires. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a ouvert deux nouveaux centres d'inscription en février, ce qui porte le total à quatre centres.
En Turquie, l'aide du Canada a permis au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés de distribuer des tentes, des couvertures et des ustensiles de cuisine à plus de 220 000 réfugiés, et elle a permis à l'UNICEF d'inscrire plus de 26 000 enfants touchés par la crise à des programmes d'apprentissage.
En Iraq, l'aide que le Canada a apportée à l'UNICEF a permis à 13 500 réfugiés d'avoir accès à de l'eau potable, et à plus de 36 000 enfants et femmes d'accéder à des services de santé essentiels.
Le Canada continuera de chercher des façons de mieux aider la population syrienne et d'apporter l'aide humanitaire dont elle a besoin en cette période de crise.
Malgré cela, nous savons tous que cette aide humanitaire ne suffit pas, et qu'il faut trouver une solution politique pour mettre fin au conflit qui se poursuit toujours. Le Canada continue d'appuyer les efforts de la communauté internationale afin de mettre un terme à la violence. Nous avons maintes fois fait appel à toutes les parties pour que cesse la violence.
La violence en Syrie doit cesser. La population syrienne doit être protégée contre la violence. La population civile privée des biens de première nécessité doit recevoir de l'aide humanitaire.
J'assure aux députés que le gouvernement du Canada continuera de travailler avec ses partenaires afin de mettre fin aux souffrances de la population civile en Syrie, et pour faire en sorte que l'aide de première nécessité se rende à ceux qui en ont besoin.
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Monsieur le Président, je prends la parole ce soir à la suite de la demande formulée par le député de , qui souhaitait débattre de la situation en Syrie conformément à l'article 52(9) du Règlement.
Le gouvernement et, en fait, la plupart des Canadiens, suivent de près la situation en Syrie depuis les deux dernières années, et plus particulièrement depuis les derniers mois. Tous les Canadiens sont fortement ébranlés par les pertes de vies humaines, les violations des droits de la personne, la destruction des biens et l'effet déstabilisant de la guerre civile sur la région.
Je pense que tous les députés souhaitent que ce conflit prenne fin et que le régime Assad soit renversé. Le gouvernement exprime cette opinion depuis 18 ou 24 mois.
Au cours des dernières semaines, la situation, qui était déjà terrible, a empiré et semble être sur le point de verser dans la barbarie. L'utilisation possible d'armes chimiques doit être examinée de près par les pays du monde entier. S'il est nécessaire de procéder ainsi, c'est parce que l'utilisation de telles armes donnera probablement lieu à une intervention décisive du Canada et de ses alliés internationaux.
Nous avons tous probablement déjà vu les images horrifiantes de patients dans les hôpitaux syriens qui semblent souffrir des effets d'une quelconque toxine chimique. Les armes chimiques sont synonymes de destruction massive et de mort. Elles causeraient certainement des souffrances énormes parmi la population syrienne, en plus de provoquer une vague de panique et d'insécurité dans la région, ce qui pourrait seulement faire augmenter le nombre de réfugiés dans les États limitrophes et pousser le niveau de risque à la hausse dans une région du globe déjà marquée par l'instabilité.
La Syrie n'a pas signé la Convention sur les armes chimiques. Le Canada, oui, et il figure parmi les collaborateurs de longue date de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. En fait, les Nations Unies et nos alliés de l'OTAN suivent la situation en Syrie de près afin d'évaluer les risques que des armes chimiques y soient utilisées.
Le député de a laissé entendre tout à l'heure que la position du gouvernement comportait certaines contradictions. Or, la position du gouvernement a toujours été sans équivoque: Assad doit partir, la souffrance doit cesser, et la mort aussi.
La question, pour le pays — et c'est ce dont il est question ici ce soir —, consiste à définir le rôle que le Canada doit jouer pour la suite des choses. À entendre les députés qui se sont exprimés ici ce soir, il ressort clairement que personne, pas même les libéraux, ne préconise une intervention militaire directe.
Les Forces canadiennes figurent parmi les forces militaires les mieux entraînées et les plus professionnelles du monde, personne ne dira le contraire. Mais qui dit mission de protection des civils dit nécessairement soldats sur le terrain. Et nous ne voulons pas nous engager dans cette voie.
Les défenses aériennes de la Syrie sont beaucoup plus sophistiquées que celles de la Libye. L'espace aérien y est aussi plus dense, ce qui rendrait une éventuelle intervention militaire multilatérale extrêmement compliquée et risquée.
Il semble clair qu'à peu près aucun député ne souhaite fournir des armes ou de l'aide militaire aux rebelles. J'ai même lu une citation de la porte-parole du NPD, dans laquelle elle disait que ce n'était pas ainsi que le Canada faisait les choses. Il semblerait enfin que la plupart des députés aient compris que la guerre civile syrienne ne se fait pas entre un groupe rebelle monolithique d'un côté et les forces du régime Assad de l'autre. Les rebelles peuvent très bien rassembler en leur sein une multitude de groupes syriens opposés au régime officiel pour toutes sortes de raisons. Mais surtout, tous les rebelles ne semblent pas partager les mêmes vues concernant l'après-Assad.
Avec tous ces arguments en tête, j'imagine que la plupart des députés ne pourront que souscrire à l'approche adoptée par le gouvernement relativement à la crise en Syrie. Le et le gouvernement ont toujours dit qu'il fallait qu'une coalition multilatérale forte — dont feraient partie les Nations Unies et nos alliés — exerce des pressions diplomatiques sur le régime Assad et se penche sérieusement sur l'utilisation alléguée d'armes chimiques.
Le 21 mars, le secrétaire général des Nations Unies a entrepris une enquête sur l'utilisation présumée d'armes chimiques en Syrie. Le Canada est fermement en faveur de cette enquête. Nous donnerons suite à toutes les allégations crédibles, y compris celles portant sur des incidents qui auraient eu lieu à Homs à la fin de l'année dernière et sur d'autres incidents qui auraient eu lieu plus récemment à Adra.
Les Nations Unies ont des inspecteurs à Chypre qui sont prêts à mener cette enquête. Ces inspecteurs ont été sélectionnés et formés, et ils sont prêts à être déployés avec un jour de préavis. Il faudra juste attendre que les hostilités prennent fin ou qu'une certaine sécurité règne avant de commencer cette enquête.
Le Canada a été l'un des premiers pays à promettre une aide financière directe aux Nations Unies pour la réalisation de son enquête sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Le Canada a également fourni une aide unilatérale directe aux pays voisins exposés à la menace des armes chimiques. Du matériel de détection et de protection a été offert aux forces armées de la Jordanie pour leur permettre de se prémunir contre d'éventuelles attaques chimiques ou biologiques de la Syrie.
Le Canada a également fourni de l'aide visant à renforcer les capacités civiles en cas d'attaques chimiques ou d'autres attaques qui toucheraient les habitants de la Jordanie. De plus, nous nous sommes engagés à soutenir l'établissement d'un centre de formation régional sur la gestion des risques biologiques dans une université jordanienne en collaboration avec nos alliés, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Ce soir, au moment où nous débattons de cette question à la Chambre des communes, l'enquête des Nations Unies sur l'utilisation d'armes chimiques et le menace qu'elle pose est dans une impasse. C'est inacceptable. Le Canada appuie les efforts répétés du secrétaire général des Nations Unies pour mettre fin à l'impasse actuelle afin que toutes les allégations crédibles puissent être examinées dès que possible.
Comme nos alliés des Nations Unies et de l'OTAN, le Canada continue de réclamer que les autorités syriennes accordent immédiatement un accès complet et sans entrave à l'équipe d'enquête des Nations Unies. Au cours des dernières semaines, certains médias et représentants des Nations Unies ont laissé entendre qu'il existait des preuves de l'utilisation d'armes chimiques comme le sarin par le régime Assad et une partie des forces rebelles.
Bien que la commission d'enquête des Nations Unies sur la Syrie n'ait pas tardé à se dissocier des déclarations concernant l'utilisation d'armes par les rebelles, elle a affirmé qu'elle « n'était arrivée à aucune conclusion quant à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie par l'une des parties au conflit. »
Le brouillard de la guerre et l'utilisation accrue des médias comme outil tactique pour obtenir l'avantage et influencer les opérations dans un conflit moderne illustrent la nécessité d'une enquête menée par les Nations Unies pour obtenir des réponses claires. Le Canada adopte une position claire mais prudente en Syrie. Nous travaillons unilatéralement avec nos alliés et des pays comme la Jordanie dans la région pour répondre aux menaces nées du conflit.
Le gouvernement n'abandonne pas pour autant son approche multilatérale qui l'a amené à travailler avec l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et les Nations Unies. Le Canada a adopté une position de principe ferme en Syrie. Nous continuerons de travailler avec nos partenaires internationaux pour contenir la menace causée par la situation en Syrie et nous continuerons de prendre part aux pressions mondiales exercées sur le régime Assad.
Les temps sont très durs. Le moment était bien choisi pour la Chambre de rouvrir cette question et de parler de la réponse du Canada. À entendre les délibérations réfléchies et attentives de mes collègues ce soir, il apparaît clairement que le Canada ne peut engager aveuglément et précipitamment ses forces militaires dans le conflit. Il faut que nos efforts dans le dossier demeurent clairement diplomatiques. Nous devons travailler avec nos alliés, les Nations Unies, les ONG qui travaillent sous l'égide des Nations Unies et nos alliés de l'OTAN non seulement pour évaluer les menaces militaires qui pèsent sur la région, mais aussi pour déterminer si l'on a, ou non, eu recours aux armes chimiques en Syrie.
Je remercie les députés de tous les partis de leurs observations très réfléchies durant le débat, mais je pense que le gouvernement a adopté une approche de principe très rationnelle. Nous nous occupons également de la crise humanitaire en Syrie, et tous les partis semblent avoir reconnu ce soir que le Canada a pris des mesures pour aider les réfugiés, particulièrement à l'égard de la réunification familiale. Je pense que même les députés de ce côté-ci de la Chambre ont reconnu que nous pourrions en faire davantage, et plus rapidement, mais il est clair à entendre les observations de l'autre côté que ces efforts sont en cours et que le ministre déploie des efforts concrets et considérables pour accélérer la réunification familiale tout en assurant les mesures de surveillance nécessaires pour nous protéger contre les éventuels risques à la sécurité découlant d'un grand exode en temps de guerre.
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Monsieur le Président, la Chambre a déjà fait quelques fois le tour de ce sujet et de ce débat. Le gouvernement affirme encore et toujours les mêmes évidences et répète inlassablement qu'il fait un travail extraordinaire. Si nous comparions les anciens discours aux discours actuels, nous verrions qu'ils disent la même chose.
Le gouvernement ne semble toutefois pas comprendre le rôle que joue la diaspora syrienne au Canada. Dans une situation de crise et de destruction, qu'elle soit causée par une catastrophe naturelle ou des interventions humaines, la participation active de la diaspora joue un rôle clé. Nous l'avons constaté très rapidement lors du tremblement de terre de Bhuj, en 2001, et lors du tsunami et du séisme de Muzaffarabad.
À l'époque, le gouvernement libéral a adopté un protocole très simple: accélérer le traitement des demandes de la catégorie familiale en attente, pour les maris, les femmes et les parents; donner priorité aux gens qui veulent parrainer leurs parents, leurs grands-parents ou leur conjoint; verser un don jumelé correspondant aux sommes recueillies par la communauté, et collaborer avec la communauté afin qu'elle puisse établir des reçus d'impôt. Les membres de la communauté ont vraiment apprécié ces démarches et se sont engagés dans ces efforts.
Le gouvernement actuel a continué dans la même voie, en dépit des pressions dont il a parfois fait l'objet. Les députés se souviennent-ils de la situation en Iraq? Le gouvernement avait permis aux grands-parents, aux parents et aux conjoints de quitter l'Iraq. Les gens n'avaient qu'à mentionner « Irak » dans leur demande pour qu'elle soit traitée de façon accélérée au centre de traitement.
Après y avoir été poussé en comité par moi-même et par le député de Kitchener à l'époque, le gouvernement a pris des mesures pour faire venir des réfugiés irakiens au Canada. Et ça s'est poursuivi.
Nous avons maintenant la Syrie. Des représentants de la communauté syrienne ont rendu visite à certains députés et ils ont rencontré le ministre des Affaires étrangères, pour lui dire carrément: « Nous vous demandons deux choses. Premièrement, de l'aide au chapitre de l'immigration; deuxièmement, de l'aide pour la collecte de fonds que nous effectuons, en versant un montant équivalant à celui que nous aurons recueilli. » La communauté a amassé des millions de dollars. Elle a collaboré avec des ONG approuvées par le gouvernement. Les représentants de la communauté se sont de nouveau adressés au gouvernement et lui ont dit: « Allez-vous verser un montant équivalent? » Non seulement le gouvernement ne les a pas écoutés, mais il les a ignorés.
Les membres de cette communauté tentent par tous les moyens d'obtenir une rencontre avec le afin de savoir si un programme sera mis sur pied pour les Syriens, comme cela avait été le cas pour d'autres communautés.
Aucun programme ne leur est destiné. Et il n'y a même pas d'espoir que le gouvernement fournisse une contribution égale aux sommes amassées.
J'ai entendu un député dire ce soir que le traitement des demandes présentées par des Syriens est accéléré. Pourtant, j'ai communiqué avec les bureaux de l'immigration au Liban et à Amman, en Jordanie. Je leur ai dit: « Beaucoup de gens de ma circonscription me demandent s'il y a des programmes spéciaux pour les réfugiés syriens. » Et je me suis fait répondre ceci: « À l'heure actuelle, il n'y a aucun programme spécial pour les réfugiés syriens. »
Lorsque j'ai demandé au personnel si le traitement des demandes des parents ou des grands-parents était accéléré ou si on acceptait les demandes de parrainage des parents, on m'a répondu qu'aucune demande de cette nature n'avait été acceptée au cours des 24 derniers mois et que les parents et les grands-parents des citoyens canadiens ou des résidents permanents ont la possibilité de se rendre au Canada avec un super visa pour parents et grands-parents.
Or, pour obtenir un tel visa, les parents ou les grands-parents doivent montrer qu'ils ont des raisons de rentrer dans leur pays après leur visite au Canada et qu'ils ont l'intention de le faire.
Il est certain qu'aucun parent ou grand-parent ne rentrera en Syrie vu ce qui s'y passe actuellement, alors les chances d'obtenir un super visa sont pratiquement nulles.
Puis, j'ai posé la question suivante: « Acceptons-nous des réfugiés syriens? » Voici ce qu'on m'a répondu: « Le gouvernement du Canada est très préoccupé par la crise en Syrie et il continuera à faire de son mieux pour aider le peuple syrien. »
Pas un mot sur l'acceptation de réfugiés syriens.
Voici une autre question que j'ai posée au bureau d'immigration: « Accélérons-nous le traitement des demandes faites dans la catégorie des indépendants à partir de la Syrie? » Et voici la réponse: « À l'heure actuelle, il n'existe pas de programme spécial visant à accélérer le traitement des demandes présentées par des Syriens dans le cadre du Programme fédéral des travailleurs qualifiés. »
Il ne fait aucun doute que le gouvernement trahit les attentes de la diaspora syrienne en refusant d'accorder un visa spécial à leurs proches provenant de la Syrie et de remettre en marche le programme pour les parents et les grands-parents. C'est scandaleux.
Nous en sommes à un point où la communauté réclame que le gouvernement verse des sommes égales à celles qu'elle recueillera. J'ai tenu une conférence de presse la semaine dernière. Le représentant des Syriens a dit que son voisin lui avait remis une somme de 500 $.
La population canadienne, et pas seulement la diaspora ici au Canada, doit regarder ce qui se passe en Syrie chaque jour. Nous le voyons chaque soir à la télévision. Nous pouvons lire sur le sujet chaque jour, dans les journaux ou sur Internet. Les Canadiens veulent agir. Ils veulent contribuer. Les conservateurs refusent toutefois de verser un dollar pour chaque dollar recueilli.
La secrétaire parlementaire du ministre responsable de l'ACDI a dit que la communauté avait seulement réussi à amasser 30 000 $. Je mets la secrétaire parlementaire au défi de demander au conseil canado-syrien et aux organisations syriennes combien d'argent ils ont réussi à recueillir. On lui apprendrait que le montant total s'élève dans les millions de dollars. Malgré tout, le gouvernement ne veut pas collaborer avec ces organismes. Le gouvernement refuse non seulement de verser une somme équivalente aux dons recueillis, mais aussi de collaborer avec ces organismes et de leur permettre, pour cette seule occasion, de donner des reçus aux fins de l'impôt sur le revenu. Encore une autre farce.
Le gouvernement conservateur s'en fiche. Pourquoi s'en fiche-t-il? Le gouvernement s'est soucié d'autres communautés, il a collaboré avec d'autres communautés. Pourquoi ne collabore-t-il pas avec la communauté syrienne? Je me demande s'il n'y a pas une raison sous-jacente qui expliquerait le refus du gouvernement d'aider les Syriens. Le gouvernement se fiche éperdument des Syriens, ils ne comptent pas. Peut-être ne votent-ils pas pour les conservateurs. La base réformiste-allianciste des conservateurs n'est pas susceptible de vouloir s'associer aux Syriens.
Pourquoi le joue-t-il à cache-cache? Pourquoi dit-il qu'il rencontrera des Syriens, pour ensuite se défiler? Des députés ont dit que le ministre avait rencontré des Syriens à divers endroits. Je mets au défi le député de de nous dire où le ministre a rencontré des Syriens. Aucun député conservateur a été capable de nous dire que le ministre avait rencontré tel groupe à telle date et à tel endroit. Nous serions vraiment heureux qu'un ministériel nous donne ces renseignements. Si le ministre nous regarde ce soir, peut-être acceptera-t-il de venir à la Chambre demain pour demander le consentement unanime des députés pour déposer un document révélant où il a rencontré ces personnes. J'attends toujours qu'un Syrien qui habite au Canada ou qu'un ministériel nous dise quand et où une telle rencontre a eu lieu.
Des représentants de la communauté syrienne voulaient rencontrer le ministre. Ils ont écrit et téléphoné au ministre. Ils lui ont envoyé des courriels, puis ils ont reçu une réponse. Ils ont répondu à M. Braun, qui travaille pour le bureau du ministre. Voici leur réponse:
Merci d'avoir discuté avec nous au téléphone. Nous espérons que le ministre acceptera de nous rencontrer.
En prévision de la réunion, vous trouverez joint au présent message ce que nous proposons au gouvernement de faire pour aider les victimes de la tragédie en Syrie.
Il nous tarde de recevoir de vos nouvelles.
Veuillez agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.
C'était le 19 février, il y a donc deux mois et demi. Les représentants de la communauté syrienne attendent encore que le ministre leur dise qu'il va les rencontrer. Ils attendent que le ministre leur parle des programmes qu'il va mettre en oeuvre pour les aider, eux et les membres de la diaspora.
Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées. Plus de 70 000 personnes ont été tuées. Nos pensées et nos prières les accompagnent.
Des évêques ont été enlevés, et nous publions des communiqués de presse. Il faudrait faire quelque chose de plus concret que de se contenter de publier des communiqués. Nous suivons la situation en Syrie. Nos pensées et nos prières accompagnent les Syriens. La communauté nous remercie du communiqué de presse et de nos bons mots; maintenant, elle souhaite que nous passions à l'action.
Les Canadiens d'origine syrienne peuvent parrainer des membres de leur famille. Ils attendent un appel ou un signal du gouvernement les autorisant à le faire.
Nous avons fait cela pour d'autres pays. Pourquoi ne le ferions-nous pas pour les Syriens? Des gouvernements précédents ont agi dans le cas du Sri Lanka, de l'Inde et du Pakistan. Le gouvernement actuel a agi dans le cas de certains pays, dont la Chine, à la suite du tremblement de terre et après avoir subi des pressions. Pourquoi n'en fait-il pas autant pour la Syrie?
Pourquoi le se rend-il au Moyen-Orient et y déclare-t-il que nous allons accueillir des milliers de réfugiés? Il visite les camps de réfugiés syriens et proclame que le Canada va accueillir des milliers de réfugiés. Ce qu'il omet de préciser, c'est qu'il entend par-là poursuivre le programme déjà en place — pour les Irakiens. C'est du réchauffé de la veille et de l'avant-veille.
Le ministre n'annonce pas que nous allons accueillir au Canada des milliers de réfugiés reconnus par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés; ce n'est pas ce qu'il annonce. Il dit que nous allons accueillir des milliers de réfugiés dans le cadre du programme déjà en place. Or, ce programme ne vise que les Irakiens.
Il a dit la même chose à la communauté copte à Toronto il y a environ un an. À la suite des difficultés vécues par les coptes, il a dit à cette communauté que nous acceptions des réfugiés du Moyen-Orient. Or, la communauté copte attend toujours.
C'est la même histoire pour la communauté syrienne. Ces gens attendent encore un appel, un signal leur indiquant que nous allons les faire participer.
La situation en Syrie, l'utilisation de gaz et les relations difficiles avec les pays voisins ont été éloquemment décrites ce soir par tous les partis. Tous s'entendent pour dire que ce qui se passe là-bas est une tragédie. Toutefois, il y a deux choses que nous ne faisons pas.
Le gouvernement actuel a une base réformiste et veille toujours aux intérêts de cette base. Il y a donc deux choses qu'il ne veut pas faire. Il ne veut pas ouvrir la porte aux gens qui souhaitent parrainer des réfugiés de la Syrie. Les conservateurs ne veulent pas ouvrir la porte aux enfants qui souhaitent parrainer leurs parents et les faire venir au Canada. Ils acceptent que ces parents viennent en vertu d'un super visa; mais lorsque celui-ci viendra à échéance, ils les renverront en Syrie.
Admettons que je suis au Canada et que mes parents sont dans un pays qui connaît des difficultés comme celles de la Syrie. Si je sais que je pourrais m'occuper d'eux quotidiennement et que j'ai assez d'argent pour le faire, je ne vois pas pourquoi mon pays, auquel je paie de l'impôt, ne le permettrait pas alors qu'il l'a permis pour d'autres pays. Les gens de la diaspora syrienne nous posent la question: « Pourquoi pas nous? Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas pour notre pays ce qu'il a fait pour d'autres pays? »
Les gens d'origine syrienne vont même plus loin. Ils disent qu'ils donneront de l'argent, des millions de dollars, à la Croix-Rouge, à Vision mondiale et aux organismes approuvés par le gouvernement et ils demandent au gouvernement de verser une somme équivalente à leurs dons. Le gouvernement a versé une somme équivalente aux milliers et aux millions de dollars qui ont été donnés pour venir en aide à d'autres pays. La même question se pose: pourquoi ne pas le faire pour la Syrie?
Je n'arrive pas, mais vraiment pas à comprendre que le gouvernement du Canada ne veuille pas participer alors que tous les Canadiens veulent s'engager et faire des dons. Je ne sais pas trop s'il a des intentions cachées ou s'il n'aime pas les gens d'origine syrienne. Je ne sais pas trop de quoi il en retourne, mais le gouvernement ne veut certainement pas participer.
Voici ma question: les ministériels trouveront-ils, de grâce, assez de compassion dans leur coeur pour laisser les membres de la communauté syrienne adopter leurs parents et leurs grands-parents afin qu'ils les fassent venir au Canada? Les laisseront-ils parrainer les réfugiés dont le Haut-Commissariat des Nations Unies a reconnu la légitimité et qu'il aiguille vers le Canada? La communauté prendra le relais et s'occupera de ces personnes.
Enfin, et surtout, nous devrions collaborer avec la diaspora syrienne et verser une somme équivalant à celle qu'elle amasse, par ses propres moyens et par l'intermédiaire d'ONG homologuées par le gouvernement, de manière à ce qu'elle ne soit pas exclue des efforts et pour veiller à ce que toutes les communautés soient traitées équitablement. L'engagement communautaire passe avant toute chose. Nous devons donner aux communautés les outils nécessaires pour bâtir des nations. Il n'y a rien de plus important, actuellement, que d'interpeller la diaspora syrienne et de l'aider à reconstruire durablement son pays.
La Syrie est en ruine. Il faudra la rebâtir lorsque la guerre civile sera terminée. Si nous ne tendons la main à la diaspora syrienne, nous échouerons. Après tout, au Canada, personne d'autre n'est mieux à même de comprendre la situation sur le terrain et la langue ni de rebâtir le pays.
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Monsieur le Président, il est presque minuit et nous sommes ici à participer à un débat parce qu'il y a une guerre civile qui se déroule en Syrie et que nous avons besoin d'une solution et d'un engagement multilatéraux. Cependant, je trouve un peu fort que le gouvernement conservateur se dissocie des Nations Unies, pour s'en remettre aujourd'hui à ce même organisme pour proposer une solution.
Le Canada a perdu énormément de terrain sur la scène internationale. Il a perdu son siège au Conseil de sécurité. Il a perdu la place qu'il occupait parmi les pays du monde. Le Canada était reconnu comme un pays axé sur le maintien de la paix qui était passionné d'aide humanitaire, un pays qui était à l'entière disposition du monde. Le Canada n'est plus ce pays-là.
Cela dit, nous savons qu'il y a une crise en Syrie. Les députés ministériels ont dit que la Syrie vit actuellement une crise et qu'il était urgent que le gouvernement se penche sur la question.
J'aimerais parler d'un aspect de cette guerre, soit des femmes et des enfants qu'elle touche. En tant que femme, le fait que la majorité des réfugiés syriens soient des femmes et des enfants m'émeut particulièrement.
J'aimerais raconter une histoire personnelle.
Je suis née au milieu d'une guerre, et je fais probablement partie des rares députés de la Chambre des communes qui ont vécu la guerre. Ce n'est pas le genre de chose qu'un enfant devrait subir. Ma mère, mes soeurs et moi avons fui clandestinement sous le couvert de la nuit, ce qui était nécessaire pour notre sécurité. Une femme voyageant durant le jour risquait le viol, dont on se sert comme d'une arme de guerre. Elle et ses filles risquaient d'être victime d'extorsion. Je sais que c'est une situation à laquelle personne ne devrait jamais être confronté. Ayant vu des gens être la cible de bombardements lorsque j'étais enfant, et ayant été moi-même la cible de tireurs, je sais qu'aucun enfant au monde ne devrait vivre ce genre d'expérience.
Même si j'avais quatre ou cinq ans lorsque j'ai été la cible de tireurs, j'en garde aujourd'hui un vif souvenir, comme si c'était hier. Comme j'ai littéralement eu le privilège d'avoir une seconde chance dans la vie, je peux aujourd'hui parler au nom des centaines de milliers de personnes qui restent sans voix, et qui n'ont pas cette chance.
Les femmes et les enfants qui sont victimes de cette guerre n'ont pas choisi d'en être partie prenante. Il revient à la communauté internationale de prendre leur défense. C'est à nous, en tant que parlementaires ayant le privilège de prendre leur défense, de le faire.
Nous savons que ce conflit a coûté la vie à plus de 70 000 personnes et a forcé plus de 1 million de Syriens à devenir des réfugiés. Un grand nombre d'entre eux sont des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays ou de leur propre région auxquelles les Nations Unies ont accordé le statut de réfugiés. Ces gens ont des cartes de réfugiés émises par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Il est de notre responsabilité, en tant que citoyens du monde, de prendre leur défense. Il revient au Canada, qui est un pays favorisé, et non démuni, d'être la conscience du monde. Le Canada est un pays bien nanti, qui possède de nombreuses ressources et richesses.
Nous devons être la conscience du monde. Le Canada est reconnu pour cela. Cela fait partie de notre histoire et de notre héritage. Puisque nous avons la réputation d'être un pays humanitaire, nous avons le devoir d'aider ces centaines de milliers de personnes qui sont déplacées et touchées par la guerre.
Nous devons agir avant que de plus en plus d'enfants soient hantés toute leur vie par des souvenirs de guerre. Nous devons soustraire ces enfants à de telles situations. Il nous incombe de réunir les familles.
Nous savons qu'il y a beaucoup de Canadiens d'origine syrienne qui ont parrainé leur conjoint, leurs frères et leurs soeurs, leurs neveux et leurs nièces. En tant que parlementaires responsables, nous avons l'obligation de réunir ces familles.
Je sais que mon temps de parole est compté. Je termine donc en adressant une dernière demande au gouvernement, soit qu'il respecte la volonté de la Chambre. La motion proposée par le NPD a été adoptée à l'unanimité par la Chambre. Elle demandait un appui aux efforts de consolidation de la paix en Syrie, la prestation d'aide humanitaire d'urgence aux Syriens, aux familles, aux Syriens qui ont de la famille au Canada et l'accélération du processus de réunification des familles pour les Syriens ayant de la famille au Canada.
La Chambre a adopté cette motion à l'unanimité. Je demande au gouvernement qu'il respecte la volonté de la Chambre, fournisse cette aide humanitaire et accélère la réunification des familles.