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Monsieur le Président, je suis heureux et honoré de pouvoir amorcer le débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi , Loi sur l'abolition du registre des armes d'épaule. Je remercie le et la de m'avoir fait l'honneur de lancer le débat.
La mesure législative dont nous sommes aujourd'hui saisis est une promesse de longue date du gouvernement, qui s'est engagé à prendre le parti des Canadiens respectueux de la loi tout en veillant à mettre en place des mesures efficaces en vue d'enrayer la criminalité et de rendre les rues et les collectivités plus sûres pour tous les Canadiens. Le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui est assez simple. Grâce à cette mesure législative, les chasseurs, les agriculteurs et les tireurs sportifs respectueux de la loi ne seraient plus tenus d'enregistrer leurs fusils de chasse et leurs carabines sans restrictions. Ce n'est pas autre chose que cela.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien ce dossier, il fallait respecter deux exigences pour posséder une arme au Canada. Il fallait l'enregistrer et posséder un permis. Je suis convaincu que mes collègues des deux côtés de la Chambre connaissent maintenant très bien mon point de vue au sujet du projet de loi . Je crois que le simple fait de fournir un document associé à une arme à feu, qu'on appelle un enregistrement, ne contribue en rien à assurer la sécurité publique.
Au lieu d'expliquer une fois de plus mon point de vue, j'ai décidé de tout simplement présenter des extraits du témoignage de plusieurs spécialistes qui ont comparu devant le Comité de la sécurité publique pendant l'étude du projet de loi , en novembre dernier. Il y a un thème qui revient dans chaque témoignage, et les quatre éléments de ce thème sont les suivants: premièrement, le registre des armes d'épaule a été un énorme gaspillage d'argent; deuxièmement, il ciblait les propriétaires d'armes à feu respectueux de loi, et non ceux qui utilisent des armes à feu à des fins criminelles; troisièmement, il n'a aucunement amélioré la sécurité publique; et quatrièmement, les données sont à ce point inexactes qu'elles doivent être détruites.
D'ici la fin de mon intervention, je citerai des extraits de témoignages. Le premier témoin que je citerai est M. Greg Farrant, de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario, qui a déclaré ceci au sujet du projet de loi :
Un registre de propriétaires d'armes à feu formés, en règle et possédant un permis valide ne cible pas le vrai problème. Même un registre bien tenu, ce qui n'est pas le cas ici, n'empêchera pas les crimes violents arbitraires. Cette façon de penser ne tient pas compte de la triste réalité, c'est-à-dire que la grande majorité des criminels n'enregistrent pas leurs armes à feu; dans les rares cas où ils le font, ce ne sont pas un bout de papier et la création d'un système dans lequel 50 p. 100 des armes à feu du Canada n'apparaissent probablement pas qui vont permettre de prévoir les actions d'un individu, et encore moins de les contrecarrer.
Dans le cas du registre des armes d'épaule, il y a un manque probant de preuves fondées sur les faits pour justifier son existence. Les allégations selon lesquelles les crimes commis avec des armes à feu au Canada ont diminué depuis la mise sur pied du registre des armes d'épaule en vertu du projet de loi C-68 ne tiennent pas compte du fait que les crimes commis avec des armes à feu, surtout ceux commis avec des armes d'épaule, sont en baisse depuis les années 1970, c'est-à-dire deux décennies avant même la création du registre. En effet, les crimes commis avec des armes d'épaule n'ont pas cessé de diminuer depuis 1981. Pourtant, le projet de loi C-68 n'a pas été déposé avant 1985 et n'a pas été rendu obligatoire avant 2005.
Le système actuel dirige tous ses efforts sur les propriétaires d'armes à feu qui respectent la loi et ne comporte aucune disposition pour suivre les délinquants qui font l'objet d'une ordonnance d'interdiction; ils sont pourtant les plus susceptibles de commettre un crime à l'aide d'une arme.
Le projet de loi devrait s'intéresser à la question de savoir qui ne devrait pas posséder d'arme, au lieu de viser ceux qui en possèdent.
Un autre argument qui a été invoqué aujourd'hui concerne la fréquence à laquelle la police utilise le système chaque jour. [...] Récemment, nous avons entendu 14 000 et 17 000 fois. [...] Le nombre de consultations du registre n'a pratiquement rien à voir avec les crimes commis avec des armes. Dans la majorité des cas, il s'agit d'un agent qui a intercepté un véhicule pour en vérifier la plaque d'immatriculation ou l'adresse du propriétaire, ce qui ouvre automatiquement toutes les bases de données, y compris le registre d'armes d'épaule, même si la vérification n'a rien à voir avec les armes.
J'aimerais maintenant citer une partie du témoignage de M. Solomon Friedman, avocat criminel:
Il ne fait aucun doute qu'au cours des jours et des semaines qui suivront, divers groupes d'intérêt vous diront à quel point le registre des armes d'épaule n'est qu'un inconvénient mineur, rien de plus qu'une question administrative. Nous enregistrons nos chiens, nos chats et nos automobiles, disent-ils. Pourquoi ne pas enregistrer nos fusils et nos armes, dans ce cas? Comme vous le savez, le régime d'enregistrement pour les armes d'épaule sans restrictions et pour les armes prohibées et à autorisation restreinte est enchâssé dans la loi fédérale en vertu du Code criminel et de la Loi sur les armes à feu.
Le droit criminel entraîne des procédures pénales, et plus important encore pour les deux millions de propriétaires d'armes légales respectueux des lois au Canada, cela entraîne aussi des sanctions criminelles. Les infractions au régime d'enregistrement des armes à feu, même s'il s'agit seulement de papiers égarés, contrairement à l'enregistrement d'un animal domestique ou l'immatriculation d'une automobile, entraînent les conséquences les plus graves, c'est-à-dire une accusation au criminel, un casier judiciaire potentiel, la détention et parfois l'incarcération. Cela ne se compare pas aux contraventions décernées en vertu de la Loi sur les infractions provinciales ou en vertu du Code de la route [...]
De plus, les infractions liées à l'enregistrement servent souvent de motif à la police, au ministère public et au contrôleur des armes à feu pour confisquer des armes et retirer des permis d'armes qui ont été obtenus en toute légalité. [...] j'ai vu les autorités se servir, encore et encore, de prétendues infractions liées au registre des armes d'épaule comme prétexte pour détenir des personnes, fouiller leurs effets personnels et leurs maisons et pour trouver des preuves qui servent à porter d'autres accusations.
Le Parlement ne devrait pas contribuer à transformer en criminels des citoyens responsables, respectueux de la loi et possédant un permis, surtout en raison d'infractions administratives.
Des millions de Canadiens qui possèdent une arme à feu seront heureux d'apprendre qu'au Parlement, l'hystérie et les hyperboles n'ont plus le dessus sur la raison, les faits et les données empiriques.
[...] l’enregistrement des armes à feu, en plus de n’avoir aucun effet tangible sur la criminalité ou la sécurité publique, nous a pratiquement mis à dos les propriétaires d’armes à feu respectueux des lois et a creusé un profond fossé entre eux et les autorités.
Je vous cite maintenant le sergent Murray Grismer, du service de police de Saskatoon:
[...] le registre de carabines et de fusils de chasse sans restrictions […] devrait être aboli. Des milliers de policiers canadiens, qui sont à mon avis la majorité silencieuse, partagent également cette position.
[...] l’Association canadienne des policiers [...] a adopté cette position sans jamais avoir formellement interrogé ses membres à ce sujet.
La Fédération des policiers de la Saskatchewan est le seul organisme provincial à avoir interrogé ses membres sur la question de l’enregistrement des armes à feu. C’est à 99,46 p. 100 que ses membres se sont prononcés contre le registre des armes d'épaule, tandis que beaucoup de nos collègues des autres services de police en Saskatchewan s’y sont opposés à 100 p. 100.
[…] le registre ne peut rien faire pour empêcher les criminels d’acquérir ou d'utiliser des armes à feu. L’École Polytechnique, Maverthorpe, Spiritwood et le Collège Dawson sont synonymes d’événements tragiques impliquant des armes à feu. Cependant, le registre des armes d'épaule ne pouvait pas empêcher ces événements tragiques de survenir, et le maintien du registre ou des dossiers ne pourra pas empêcher de tels événements de se reproduire. […] même le strict régime canadien de délivrance de permis d'armes à feu et le registre des armes à feu ne peuvent pas prévenir les actes de violence.
Pour le policier qui utilise le registre et qui se fie aux renseignements inexacts et non vérifiés, la prochaine porte qu’il ouvrira pourrait bien être sa dernière. […] Étant donné ce que je sais au sujet du registre, je ne peux pas en utiliser les données pour justifier un mandat de perquisition; le faire serait un acte criminel.
Les prévisions du Centre des armes à feu Canada démontrent qu'il faudra environ 70 ans d'attrition pour éliminer toutes les erreurs contenues dans le registre et pour enregistrer toutes les armes à feu au Canada. Ce degré d'imprécision est inacceptable pour toute industrie et encore moins pour les organismes chargés du maintien de l’ordre.
L’officier de police Randy Kuntz d’Edmonton a déclaré que l’Association canadienne des chefs de police a dit que les policiers appuyaient le registre, mais que lui ne l’appuyait pas. Il a ajouté:
Avec mes propres moyens, j'ai envoyé un courriel au travail à 2 631 policiers partout au pays. Entre mars 2009 et juin 2010, 2 410 d'entre eux m'ont répondu qu'ils étaient pour l'abolition du registre des armes d'épaule. En avril 2011, 81 p. 100 des membres de l'Association des policiers d'Edmonton ont voté pour la suppression de ce registre.
Je dois dire que je suis aussi une victime sur deux plans: 15 de mes amis, de mes coéquipiers, de mes camarades de classe et de mes collègues se sont suicidés à l'aide une arme à feu; trois de mes amis ont été tués avec une arme à feu
Malgré tout, j'affirme devant vous qu'il faut abolir le registre des armes à feu, qui ne permet pas de sauver des vies.
Voici ce que John Gayder, un agent de police de l'Ontario, a dit à ce sujet:
En effet, la Loi sur les armes à feu et le registre des armes d'épaule qui en relève ont été présentés à la police comme un outil qui lui permettrait de cibler l'utilisation criminelle des armes à feu. Or, sur ses 125 pages, seules six portent sur l'imposition de davantage de sanctions à l'égard des criminels. Les 119 autres pages visent carrément les Canadiens respectueux de la loi qui détiennent des armes à feu ou espèrent s'en procurer. [...] les agents qui sont en première ligne [...] veulent que l'argent soit consacré à des choses d'utilité éprouvée pour la détection et la capture de véritables criminels, et non pas gaspillé sur des idées oniriques et des tours d'ivoire tels le registre des armes d'épaule. C'est onéreux et inefficace, en plus de créer un climat corrosif entre les agents et le public qu'ils ont juré de protéger.
J'ai aussi une citation du sergent Duane Rutledge du service de police de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Voici ce qu'il a dit:
À l'expérience, j'ai constaté que ces gens-là ne gardent pas leurs armes sur place et qu'ils les passent à leurs amis et à des membres de leur famille. D'autres qu'eux conservent les armes en leur nom. C'est un des problèmes que nous avons avec le registre. Quelqu'un va enregistrer des armes, mais il est absolument impossible de s'assurer que la personne les conserve sur place. [...] En tant que policier de première ligne, je crois qu'il y a davantage d'armes cachées aujourd'hui [...] Par conséquent, cela rend la situation plus dangereuse pour moi, car je prends un risque chaque fois que je vais dans une maison, si je me fie au registre pour savoir ce qu'il en est. Je ne crois pas que le registre peut jouer ce rôle, simplement parce qu'il y a beaucoup de gens qui n'ont pas enregistré leurs armes.
Le sergent Rutledge a également affirmé ceci:
Revenons-en au cas de la policière qui a été abattue au Québec. Elle savait parfaitement que l'individu en face d'elle faisait l'objet d'une interdiction de possession d'armes à feu, mais elle a relâché sa garde. C'est souvent à cause de la suffisance que les policiers se font tuer. Je préfère n'entretenir aucun espoir qu'entretenir de faux espoirs.
C'est un élément essentiel du débat. Est-il possible que le registre ait entraîné la perte d'une vie?
J'aimerais maintenant citer Linda Thom, qui a remporté la médaille d'or pour le Canada au tir au pistolet. Voici ce qu'elle a dit:
[...] on m'accorde moins de droits qu'à un criminel. Les mesures prévues par le projet de loi C-68 permettent à la police d'entrer chez moi à tout moment sans mandat de perquisition sous prétexte que je suis propriétaire d'armes à feu enregistrées, alors que ces mêmes policiers doivent être munis d'un tel mandat pour pouvoir entrer chez un criminel. Je ne suis pas en train de dire que les criminels ne devraient pas avoir ce droit — ils le devraient. Ce que je prétends c'est que ce droit doit être rétabli pour moi et tous les autres Canadiens possédant des armes à feu.
Mme Hélène Larente, coordonnatrice bénévole du Programme la chasse au féminin du Québec, a dit ce qui suit:
En tant que chasseuse, je trouve injuste que nous soyons traités comme des criminels [...] [le registre] ne protège pas plus les femmes que la société en général, d'ailleurs. Le fait qu'une arme à feu soit enregistrée ne garantit pas que la personne ne l'utilisera pas, que ce soit contre une femme ou une autre personne [...] je suis responsable d'un programme d'initiation. Les femmes qui se présentent à cette initiation apprennent à manipuler des armes à feu et s'aperçoivent que l'arme elle-même n'est pas dangereuse [...]
J'ai demandé à Mme Larente si le registre des armes d'épaule avait dissuadé les gens au Québec de pratiquer la chasse et le tir sportif. Voici ce qu'elle a répondu:
Il est certain que cela a un effet négatif [...] Si l'on se fait arrêter, on est considéré comme un criminel parce notre arme est enregistrée [...] On risque de se retrouver en infraction si on oublie notre enregistrement.
Je vais maintenant citer les propos de Mme Diana Cabrera, de la Canadian Shooting Sports Association, qui a déclaré:
[...] Je suis tireuse sportive de niveau international. Je suis canadienne, mais je fais partie de l'équipe nationale de l'Uruguay [...] La difficulté d'atteindre les objectifs de sécurité publique de la Loi sur les armes à feu [...] Ces problèmes sont très préoccupants [...] la crainte de la confiscation, la perception d'une stigmatisation et d'une démonisation de la possession des armes à feu par la société, les nombreux coûts et la lourdeur des formalités [...] Il est indéniable que le registre a nui à l'éclosion de vocations sportives [...] Pour les tireurs sportifs, la principale crainte, omniprésente, est celle de passer pour un criminel. Même si tous leurs papiers sont en ordre, ils peuvent facilement tomber sur des agents de l'Agence des services frontaliers du Canada ou des policiers mal informés. Toute erreur d'écriture peut mener à une détention temporaire, à des confiscations ou leur faire manquer l'avion, les empêcher de participer à des concours [...] L'application de la loi et les médias ont aggravé la situation. Par sensationnalisme, les médias qualifient d'arsenal toute petite collection très ordinaire d'armes à feu [...] Serai-je ciblée à un point de contrôle de la circulation si, d'après une vérification au Centre d'information de la police canadienne, je suis propriétaire d'armes à feu?
Tony Bernardo, directeur exécutif de la Canadian Shooting Sports Association, a parlé du nombre de propriétaires d'armes à feu au Canada:
D'après un sondage pour le Centre des armes à feu Canada, il y avait, au Canada, en 1998, 3,3 millions de propriétaires d'armes à feu. Le 1er janvier 2001, 40 p. 100 d'entre eux, soit plus d'un million de personnes, sont instantanément devenus des criminels.
Moins de la moitié des armes à feu au Canada sont effectivement fichées dans le registre. [...] Si on veut enregistrer l'autre moitié, la tâche sera ardue. [...] Pour inciter ces gens à enregistrer leur arme, vous devez revenir à la base et modifier la prémisse même de la loi; la première phrase devrait stipuler que quiconque possède une arme à feu sans être titulaire d’un permis valide commet une infraction criminelle.
Le professeur Gary Mauser, de l'Université Simon Fraser, a présenté certaines conclusions de recherche fort intéressantes. Il a dit ceci:
Premièrement, les propriétaires d'armes à feu responsables sont moins susceptibles d'être inculpés d'homicide que d'autres Canadiens. Deuxièmement, la police n'a pas été en mesure de prouver l'intérêt du registre des armes d'épaule. Troisièmement, le registre des armes d'épaule ne s'est pas avéré efficace pour ce qui est de diminuer le nombre d'homicides. Quatrièmement, les données figurant dans le registre des armes d'épaule sont d'une qualité tellement médiocre qu'elles devraient être détruites.
J'aurai peut-être le temps plus tard de parler de certaines de ces statistiques.
Enfin, Greg Illerbrun a dit ceci:
Je suis un ancien agent de la GRC ainsi qu'un ancien président provincial de la Saskatchewan Wildlife Federation [...] des milliers de personnes que je représente ici sont en faveur de l'élimination permanente du registre.
Cette loi cible des citoyens respectueux de la loi, sans pour autant empêcher l'utilisation criminelle des armes à feu. Cette approche est fondamentalement erronée [...] Les registres ne servent pas à arrêter le crime. [...] les inspecteurs du gouvernement — non pas les services de police — peuvent pénétrer chez vous sans un mandat de perquisition. Il leur suffit de soupçonner qu'ils y trouveront une arme à feu, des munitions, voire une documentation sur une arme à feu. [...] la Loi sur les armes à feu supprime le droit de demeurer silencieux. Les inspecteurs peuvent exiger qu'on leur dise où se trouvent les armes à feu [...] et si on ne se montre pas coopératif, on peut être inculpé et emprisonné [...] Nous sommes tous des criminels, car il suffit de posséder une arme à feu pour être considéré comme tel [...] Les criminels ont davantage de droits que les propriétaires d'armes à feu [...] Nous sommes en faveur du contrôle des armes à feu; nous tenons simplement à ce que ce contrôle soit efficace et qu'il se concentre sur le véritable problème, sans cibler le propriétaire parfaitement légitime respectueux de la loi.
Les opinions dans le même sens sont tellement nombreuses que j'aimerais en citer davantage. J'en mentionnerai peut-être quelques autres au cours de la période réservée aux questions et commentaires.
Le Dr Caillin Langmann, un médecin résident de la région d'Hamilton a déclaré ceci:
Je traite quotidiennement des cas de suicide et de violence [...] l'argent qui a été dépensé pour le registre des armes d'épaule a été malheureusement gaspillé; toutefois, nous pouvons éviter de gaspiller davantage en consacrant l'argent que nous dépensons actuellement pour le registre des armes d'épaule à des choses jugées bénéfiques [...] les refuges pour les femmes; la formation de la police pour traiter les cas de violence conjugale et les soins psychiatriques qui manquent sérieusement dans notre pays. Nous ne gagnons pas le combat contre le suicide.
Je souhaite rapporter les propos de M. Donald Weltz, qui a travaillé à titre d'agent de conservation en Ontario pendant 32 ans:
[...] le registre des armes à feu ne crée pas un environnement plus sûr pour la population. Qu'une arme d'épaule soit enregistrée ou non, elle peut tout de même tomber entre les mains d'un individu aux intentions criminelles. L'arme n'est pas responsable de l'acte criminel; il faut jeter le blâme sur la personne qui s'en sert pour commettre un crime [...] Certains se demandent ce qu'il y a de si contrariant à enregistrer ses armes d'épaule. Il faut bien enregistrer nos véhicules, disent-ils, où est la différence? À ceux qui utilisent cette analogie, je poserais cette question: est-ce que le fait d'enregistrer nos véhicules a permis de réduire le nombre de conducteurs aux facultés affaiblies sur les routes? Lorsqu'un conducteur en état d'ébriété prend le volant, faut-il blâmer la voiture ou le conducteur lui-même? [...] j'avais [...] la possibilité de vérifier le registre à l'avance. Cependant, je choisissais de ne pas le faire afin d'éviter toute idée préconçue qui aurait pu faire baisser ma vigilance pendant ne serait-ce qu'une fraction de seconde [...] Si vous avez l'impression qu'il n'y a rien de dangereux à cet endroit, vous aurez tendance à ne pas être aussi prudent que vous le devriez.
J'ai autre chose à ajouter, mais je devrai attendre la prochaine fois.
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Monsieur le Président, je crois bien être encore plus triste que le collègue d'en face qui vient de parler de m'exprimer, fort probablement pour la dernière fois, sur le projet de loi avant qu'il n'aille faire son petit bout de chemin du côté du Sénat infesté de nominations partisanes conservatrices. Cette Chambre est censée pouvoir se distancer de la partisanerie politique, mais je ne gaspillerai pas mon souffle là-dessus bien longtemps.
Je veux d'abord souligner que je suis l'une de ceux qui ont participé à toutes les étapes du projet de loi . J'étais là lors de la première lecture; j'ai participé aux débats de la deuxième lecture; ensuite j'ai participé au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, qui s'est penché sur le projet de loi . Ce comité ne porte pas tellement bien son nom, d'ailleurs, et cette loi n'est pas une loi de sécurité publique non plus. Je ne mets pas en doute la parole de mon collègue d'en face, qui nous dit sans rire qu'il a changé d'opinion sur le sujet. Je ne sais pas ce qui l'a frappé, mais ça devait être assez lourd.
Depuis le début, je suis pour le maintien du registre. En fait, j'étais pour la création du registre des armes à feu. On tend malheureusement à oublier l'histoire rapidement, et c'est pourquoi on répète les mêmes maudites erreurs à tout bout de champ. On oublie pourquoi le registre a été créé. Quand ça a été adopté, c'était le projet de loi C-68 sur le registre des armes à feu. Je vais donner une petite leçon d'histoire, et puisque les conservateurs aiment réécrire l'histoire de toute façon, je vais donner la vraie histoire.
Ce projet de loi a été conçu parce qu'en 1989, un malade est entré à l'École Polytechnique avec le dessein avoué de tirer sur les jeunes femmes qui y étudiaient. Pour des raisons de santé mentale, mais peu importe les raisons, ce tireur fou est entré, a visé des gens et les a tués. Il faut le rappeler. Mon coeur saigne pour ces victimes. Or depuis, les conservateurs se battent font sans arrêt du financement sur le dos de l'abolition du registre des armes à feu. Ils en ont fait leur cheval de bataille, comme si le Canada allait s'écrouler si on maintenait notre registre des armes à feu.
Pendant ce temps, des parents, des amis, des soeurs, des frères se rappellent de Geneviève Bergeron, Nathalie Croteau, Anne-Marie Edward, Maryse Laganière, Anne-Marie Lemay, Michèle Richard, Annie Turcotte, Hélène Colgan, Barbara Daigneault, Maud Haviernick, Maryse Leclair, Sonia Pelletier, Annie St-Arneault et Barbara Klucznik-Widajewicz. Nous, nous n'oublions pas ces gens.
Ne pas les oublier ne veut pas dire qu'au NPD, on se soit promené avec des ornières concernant le registre des armes à feu. En caucus, on s'est penchés sur la question. Certains députés voulaient qu'on ne touche à rien et qu'on le laisse tel quel, mais d'autres députés venant d'autres régions voyaient les choses autrement. En effet, on doit se rappeler comment il a été conçu. Quand les politiciens s'inspirent d'événements historiques comme celui-là et partent avec le flambeau en disant qu'ils vont faire une loi là-dessus, cela ne donne pas toujours un résultat bien conçu, ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas l'améliorer en cours de route,
L'objectif visé était que notre société, notre pays, aurait un registre qui dirait qui a des armes et combien, afin de s'assurer qu'ils ont le droit de les avoir, qu'ils les entreposent correctement et qu'ils ne comptent pas utiliser ces armes à des desseins criminels. Qu'une société veuille se donner cette assurance est-il dangereux pour la sécurité publique? Quelle société épouvantable! Ce n'est pas un régime parfait, mais entre le scraper complètement et l'améliorer, il me semble préférable de l'améliorer.
C'est vrai qu'il a coûté cher quand il a été conçu, mais je suis écoeurée d'entendre de la bouche de nos collègues conservateurs le « mautadit » chiffre de 2 milliards de dollars pour la création du registre.
Qu'on arrête une fois pour toutes de nous prendre pour des imbéciles. C'est la totalité du registre, la mise en place, qui a été exagérée et décriée par tout le monde. Cependant, on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain juste parce que les libéraux n'ont pas su faire le job. On essaie de l'améliorer.
C'est ce qu'on s'est évertué à faire, de notre côté. On a écouté ceux de nos gens qui étaient à l'extrême des positions et qui disaient qu'il ne fallait pas toucher au registre. C'est ce qu'on fait au NPD: on écoute ce que les gens ont à dire. On n'écoute pas seulement une catégorie d'individus de la société, comme l'ont fait les collègues d'en face dans ce dossier. On a écouté les doléances des chasseurs, des Autochtones, des Premières nations, des chefs de police. On a écouté les doléances d'à peu près tout le monde pour en arriver à la possibilité d'essayer d'enlever ces irritants.
C'est certain que, si on est un chasseur, on ne veut pas se faire qualifier de criminel parce qu'on a oublié d'enregistrer une arme. Cependant, les collègues d'en face ne disent pas que les irritants ont été de loin enlevés. Étant donné l'existence de l'armistice et le fait qu'on donne des délais incroyables pour enregistrer les armes en question, les doléances diminuent.
Le groupe de députés d'en face en fait une occasion de réjouissance, comme si l'abolition du registre des armes d'épaule allait être la plus grande victoire que le siècle canadien aie jamais vue. C'est ce qu'on planifie, selon certaines personnes sur Twitter. J'ose espérer qu'ils auront la victoire humble parce qu'il y a des victimes. Je ne vais pas vous répéter les noms de ces gens. Je pourrais vous parler de la tragédie du Collège Dawson. Pour ces gens, les plaies sont encore vives. Et on entend dire qu'il y aura un gros party le 15 février, parce qu'ils vont nous bloquer à cette date! C'est certain qu'on n'aura pas assez de temps pour pouvoir tous nous exprimer une dernière fois sur le sujet. J'ai ma boule de cristal qui me dit que les amis d'en face vont nous couper le sifflet et que ça ne prendra pas de temps. C'est malheureux, parce qu'il y a encore des voix qui n'ont pas été entendues. Je ne parle pas juste des députés, on ne parle pas juste pour nous-mêmes; on parle au nom des gens de nos comtés.
Eux parlent au nom d'une minorité d'individus et pour la National Rifle Association. Il n'y a peut-être pas de shredded evidence voulant que ce soit le cas, mais il y a quelque chose de fondamentalement bizarre. Comme avocate, je sais que lorsqu'on a quelque chose factuel qui ne conduit qu'à une seule conclusion même si ce n'est pas le fait direct, il y a de bonnes chances que ce soit la réalité. Étant donné que les témoins qui ont comparu devant nous en comité sont les mêmes personnes qui se promènent aux États-Unis en prônant le port d'une arme dans la poche de chaque citoyen américain, je suis capable de mettre un et un ensemble et de me demander ce qui les pousse vraiment.
Lorsque je parle aux chasseurs — il y en a plusieurs dans mon coin — je leur demande ce qu'est leur problème par rapport au registre des armes d'épaule. Ils me répondent qu'au début c'était un peu fatigant, qu'ils ne savaient pas comment ça fonctionnait. Ils n'ont pas l'air de trop savoir comment ça fonctionne. Ils ajoutent que, depuis le temps, ils se sont ajustés, qu'ils enregistrent leurs armes et qu'ils n'en parlent pas.
De la même façon, j'imagine le débat quand le législateur a introduit l'obligation d'enregistrer son auto. Car les gens se promenaient en carriole, et je suis convaincue qu'au temps où l'on se promenait à cheval, il n'y avait pas de gros enregistrement. Quand on est passé à l'auto, comment a-t-on commencé ce système d'enregistrement? J'essaie de m'imaginer les débats qu'il a dû y avoir au début de la Confédération.
Cela dit, ce n'est parce que quelque chose dérange qu'on doit l'arrêter, qu'on doit l'enlever. Après nos études, nos discussions avec les différents types de personnes qui s'objectaient au registre ou qui y étaient favorables, on a présenté des positions extrêmement raisonnables pour enlever les irritants.
Depuis le début de ce dossier, j'essaie de comprendre ce qui fait que les amis d'en face en font une affaire aussi viscérale que ça. Outre le fait qu'en raison des victimes ça me fait énormément réagir et que ça me fait énormément de peine, je suis capable de prendre le projet de loi , d'en regarder le texte et de me demander ce que sont les doléances des amis conservateurs: d'abord, ils disent que ça ne sauve pas de vie. Or il n'y a personne ici qui est capable d'affirmer ce fait.
Quand je posais la question en comité, ça dérangeait les témoins proposés par le gouvernement. Ça les dérangeait, quand je leur demandais s'ils étaient capables de me dire avec assurance, preuve à l'appui, qu'aucune vie n'avait été sauvée grâce au registre des armes à feu. Des chefs de police sont venus nous dire qu'ils utilisaient le registre. Des gens qui s'occupent de la prévention du suicide sont venus nous dire que depuis l'établissement du registre, les statistiques sur les décès par suicide ont diminué. En règle générale, c'est une arme longue qui est utilisée dans le cas d'un suicide. Si on est intelligent, on peut additionner un et un et conclure que le nombre de suicides avec arme longue diminue quand il y a un registre. Il y avait un problème, car personne n'était capable de me dire que le registre n'avait pas au moins sauvé une vie. Sauver une seule vie, cela vaut certainement 1 ou 2 millions de dollars par année. Si on peut sauver quelques vies par année, c'est déjà ça.
N'en déplaise à certains, le registre est plus que ça. Je ne baserai pas tout mon argumentaire sur le fait que ça sauve des vies, parce que bien souvent, les gens vont relancer l'argument selon lequel le registre n'a pas empêché le monsieur de se présenter à la Polytechnique et de tirer sur des femmes. C'est le genre de débat qu'on a. Personne de ce côté-ci de la Chambre ne prétend que le registre va empêcher un malade mental de se promener avec une arme qu'il se sera procurée même légalement et de faire ce qu'il veut. C'est là un des arguments des conservateurs. Par contre, plusieurs preuves démontrent que les policiers se sont servi des données du registre pour savoir le nombre d'armes qu'une personne avait en sa possession et ainsi de suite pour faire avancer leurs enquêtes.
Après avoir entendu une dizaine de témoins qui devaient toujours répondre à une même question — si le registre avait permis de sauver ne serait-ce qu'une vie —, les conservateurs ont fait comparaître une autre personne. Cette personne est venue nous dire sans rire qu'au contraire, une policière de Laval, dans ma province, était morte à cause du registre. Le député conservateur l'a dit lui-même plus tôt. C'était le comble! Dire une telle horreur, c'est indécent. Ce n'est pas seulement indécent, c'est un manque de respect total envers la personne qui est décédée. Il y a tellement de faits dans ce dossier. Les gens du Québec savent très bien ce qui s'est passé. Personne ne dit que la policière a consulté le registre et a conclu que l'individu n'avait pas d'arme, qu'il n'avait pas le droit d'en avoir, que la cour lui interdisait de posséder une arme et qu'elle pouvait entrer chez lui et se faire tirer. Voyons donc! Est-ce que ça peut, dire de telles choses? Ce n'est pas ce qui s'est produit. Une jeune policière s'est présentée chez lui — elle avait peut-être un peu moins d'expérience —, et ça a été un crime absolument abject. Une personne qui devait ne pas avoir d'arme en avait une. Ce n'est pas quelque chose qui aurait pu être évité, registre ou non.
Le gouvernement prétend assurer la sécurité de la population, mais il ne rend pas service à la population canadienne quand il tombe dans ce genre d'argumentaire. Je ne peux pas dire à la Chambre qu'en adoptant le projet de loi , on se sentira tous plus en sécurité. Après tout ce temps, tous ces débats et toutes ces études, le commissaire aux armes à feu a déposé un beau rapport. Le gouvernement s'est assuré de ne pas nous le faire parvenir suffisamment à temps pour nous permettre de le consulter au cours de notre étude du projet de loi C-19. J'encourage les députés d'en face à lire ce rapport, surtout ceux qui auront à s'exprimer sur le sujet, sinon dire que c'est mal, que les données ne sont pas bonnes. Pourquoi les données ne sont-elles pas à jour? Parce que les conservateurs ont imposé un moratoire. Cela fait un certain nombre d'années que personne ne s'enregistre, mais les données existantes sont nécessaires.
Le Québec veut qu'on lui transfère les données. À qui cela fait-il mal de transférer les données au Québec? Cette province ne veut pas s'en servir pour criminaliser des gens. Elle n'a pas compétence en matière de Code criminel. Les amis chasseurs des députés d'en face n'auront pas de problème. Si le Québec veut légiférer en la matière, s'assurer que les gens ayant des armes d'épaule sont enregistrés et savoir combien ils ont d'armes, les données seront utiles.
L'article 11 du projet de loi a une lacune épouvantable: je pourrais posséder une arme obtenue légalement, la transférer à mon collègue à ma droite et pan, tout ce qu'on me demande, c'est de ne pas avoir de raison de croire qu'il ne devrait pas en avoir une.
Certains diraient peut-être le contraire, mais, honnêtement, je n'ai pas vraiment l'impression qu'il ne devrait pas en avoir une et je lui transfère mon arme parce que ça ne me tente plus de l'avoir et que j'ai besoin de 300 $. Je donne donc l'arme à mon ami. Si on ne voit pas là de lacunes, c'est qu'il y a un problème. On dit à ce sujet que ce n'est pas sécuritaire.
Parlons du rapport du commissaire aux armes à feu. À ce que je sache, le commissaire n'est pas une personne hystérique et déconnectée de la réalité. Le rapport de ce commissaire parle des faits et est fondé sur les données factuelles recueillies année après année pour démontrer à quoi ça sert, comment ça fonctionne. J'encourage les collègues à lire ce rapport, car après l'avoir lu, on ne peut pas décemment se lever et voter en faveur du projet de loi puisqu'on sait comment les mesures ont été prises pour enlever tous les irritants. Et ce n'était que ça que nous demandaient les chasseurs, les peuples autochtones, les Premières nations, les collectionneurs d'armes et ainsi de suite, c'est-à-dire de pouvoir avoir une façon d'enregistrer une arme sans que ce soit plus inquiétant et plus dommageable qu'il ne le faut. Tout est là, tout est permis et on s'enregistre à peine en 15 minutes. Arrêtons! On veut peut-être empêcher la prolifération d'armes qui vont être en circulation, mais on ne se conformera plus à nos traités internationaux.
Que les amis d'en face ne voient pas toutes les lacunes à l'intérieur du projet de loi me laisse complètement pantoise. Je n'en reviens tout simplement pas.
C'est juste pour pouvoir dire à quelques personnes de l'entourage du ministre de la Sécurité publique qu'on est allé jusqu'au bout. Car il y en a certains chez qui c'est viscéral. On a vu une athlète au comité qui pense que c'est épouvantable qu'on lui demande d'enregistrer son arme pour aller au biathlon. Voyons donc! J'enregistre mon auto. Ça ne me pose aucun problème en autant que ça ne me demande pas deux heures de mon temps et qu'on est capable de rendre l'accès plus facile. Chaque fois qu'on présentait ces éléments aux conservateurs, ça devenait moins évident que l'enregistrement les dérangeait.
En conclusion, il y aurait tellement de choses à dire. Il y a du monde qui m'écrit tous les jours à ce sujet en me faisant part de données. Les directions de la santé publique du Québec demandent unanimement de maintenir le registre. C'est important, et il a été prouvé que le registre a eu un impact en ce qui concerne les armes d'épaule.
Je répète à mes collègues de ne pas embarquer dans le verbiage des conservateurs qui s'amusent à dire que tous les coûts astronomiques sont rattachés aux armes d'épaule. C'est faux! C'est pour le registre dans sa totalité. Il y a encore des armes, il y a encore d'autres genres d'armes qui sont incluses dans le registre. Le registre n'est pas aboli.
Parce que certains conservateurs parmi ceux qui pilotent le dossier sur les armes à feu s'amusent probablement à dire aux gens qu'ils vont leur donner satisfaction, ces gens qui nous écoutent et qui pensent cela vont se réveiller avec un drôle de mal de tête après le party du 1° février. Je peux vous le garantir. Car il y aura encore un registre des armes à feu.
Les deux milliards de dollars, c'est simplement pour toute la mise en place. Depuis ce temps, c'est faux; ça coûte peut-être entre deux et quatre millions de dollars. Quand je calcule ce qu'on a dépensé en ce qui concerne les célébrations de la guerre de 1812, quand je vois les millions de dollars qu'on injecte pour toutes sortes de célébrations pour la reine — je confesse que je n'ai absolument rien contre la reine —, je me dis, du point de vue de la logique et en tant que législatrice qui s'assure que sa population est en sécurité, que mon coeur saigne aujourd'hui. Quelle réponse donne-t-on à des gens qui ont travaillé de 1989 à 1995 pour l'établissement du registre? Cela prendra autant de temps ou presque pour l'enlever que cela en a pris à l'établir. Attendez de voir combien de temps ça va prendre pour la destruction des données. Ça ne se fait pas en appuyant sur un bouton. Ça coûtera des milliards de dollars, et un jour on parlera du gaspillage des conservateurs pour détruire le registre des armes d'épaule.
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Monsieur le Président, c'est la troisième fois que je me lève pour débattre de ce projet de loi.
Avant d'entrer dans le coeur de mon discours, j'aimerais saisir l'occasion pour rendre hommage à trois femmes, dont deux que je connais depuis les années 1990. Je parle, entre autres, de Mmes Wendy Cukier et Heidi Rathjen qui, dans les années 1990, ont été le fer de lance du mouvement qui visait à créer un registre des armes d'épaule. À cette époque, j'étais adjoint politique d'un député de la Chambre, Clifford Lincoln, mon prédécesseur. J'ai donc eu à travailler assez régulièrement avec ces deux dames qui, évidemment, ont poursuivi la bataille jusqu'à maintenant. Cependant, leurs efforts vont maintenant dans un autre sens, visant plutôt à protéger les acquis que nous avons gagnés depuis une bonne quinzaine d'années.
La troisième dame à qui j'aimerais rendre hommage est Suzanne Laplante-Edward, qui s'est également battue pour la création du registre et qui continue de se battre pour le maintenir. Mme Laplante-Edward, comme on le sait, est la mère d'Anne-Marie Edward, qui fut victime de la tuerie à l'École Polytechnique. J'ai appris à connaître Mme Edward depuis deux ou trois ans, en rapport avec la lutte contre les efforts du gouvernement de nous enlever cet outil primordial pour la sécurité publique au Canada.
J'ai aussi l'honneur de représenter Mme Edward à la Chambre des communes, puisqu'elle est une de mes concitoyennes. Mme Edward est une dame de fer dans le meilleur sens du terme. Cette dame a une personnalité de velours, un grand coeur et une grande conscience sociale, mais aussi une ténacité de fer. Je salue tous ses efforts.
Je dirais à Mmes Laplante-Edward, Cukier et Rathjen que leurs efforts n'ont pas été vains. Évidemment, elles doivent être un peu découragées de voir le fruit de leurs efforts détruit. Par ailleurs, je suis absolument convaincu, comme bien des gens de partout au pays, que ce registre, pendant son existence, a sans aucun doute sauvé des vies qui auraient été enlevées par suicide ou par homicide. Il n'empêche que des vies ont été sauvées. Encore une fois, je souligne les efforts de ces trois dames, mais évidemment, d'autres ont fait partie de ce mouvement et ont aussi apporté une importante contribution.
J'aimerais m'attaquer à ce que j'appellerais les mythes qui ont été présentés par ceux qui veulent démanteler le registre des armes à feu. Peut-être devrais-je plutôt parler de faux arguments, qui ont été avancés par plusieurs. Selon le premier mythe, ou faux argument, la question des armes d'épaule touche uniquement la population rurale de ce pays et le problème des armes à feu en milieu urbain est surtout un problème d'armes de poing.
C'est très rusé de présenter ainsi les choses. C'est très efficace sur le plan des communications. Je parlais du fait que le gouvernement comptait environ 1 500 professionnels de la communication à son emploi. C'est donc très fin sur le plan des communications, mais je dois dire que c'est une fausse dichotomie.
[Traduction]
Le gouvernement s'est montré astucieux en présentant cette question de façon simpliste et tranchée. Selon lui, le problème des armes à feu en ville est un problème d'armes de poing. Les armes d'épaule appartiendraient essentiellement aux populations rurales, qui en ont besoin pour protéger leurs exploitations agricoles ou pour pratiquer la chasse conformément à leurs traditions, tel que l'a indiqué le député d'en face tout à l'heure. Cependant, comme je l'ai dit dans mon discours à l'étape de la deuxième lecture, il s'agit d'une fausse dichotomie, puisque de plus en plus de citadins achètent des armes d'épaule ou des répliques des armes d'épaule qu'ils voient dans les films ou les jeux vidéo. La région métropolitaine de Toronto, qui n'est pas une région rurale, compte à elle seule 287 000 armes à feu à autorisation non restreinte. Affirmer que le problème oppose les régions rurales aux régions urbaines est un faux argument.
Le deuxième mythe ou faux argument veut que les requêtes adressées au registre des armes à feu, dont le nombre atteint selon certaines estimations 17 000 par jour, soient toutes de nature routinière ou superficielle, par exemple, lorsqu'un automobiliste reçoit une contravention pour stationnement interdit. Autrement dit, toutes ces requêtes seraient automatiques et subsidiaires. Elles résulteraient de vérifications routières et banales. Cependant, ce n'est pas ce qu'a affirmé M. Mario Harel, chef du service de police de Gatineau et vice-président de l'Association canadienne des chefs de police, devant le comité:
Il est vrai qu'une part de ces consultations est attribuable à des interrogations automatiques. Toutefois, il ne s'agit que de rares cas, ce qui confirme, à notre avis, que les responsables de l'application de la loi voient dans cet outil une source d'informations précieuse, un élément qui, combiné à d'autres renseignements, aide à évaluer une situation à laquelle peut être confronté un agent.
Selon le troisième mythe ou faux argument, il n'y aurait aucune preuve que le registre a sauvé des vies. Or, une étude présentée au comité par Étienne Blais, Ph.D., Marie-Pier Gagné, M.Sc., et Isabelle Linteau montre que le registre sauve bel et bien des vies. Mais faisons un instant la trêve dans la guerre des études, car le député de brandira pour me répondre l'étude de Gary Mauser et d'autres études encore. Nous pouvons nous battre sur le terrain des études, mais nous pouvons aussi examiner la question sous l'angle de la logique, du pragmatisme et du bon sens. Je sais que le parti d'en face aime les arguments inspirés du pragmatisme et du bon sens.
Il est extrêmement difficile de prouver que le registre sauve des vies. En théorie, c'est logique, mais, concrètement, c'est très difficile à prouver. Par exemple, il est impossible de prouver que, si je me suis rendu à Ottawa en un seul morceau aujourd'hui, c'est grâce à la vitesse limite de 100 kilomètres à l'heure permise sur l'autoroute, que je respecte, en passant. Il est très difficile de prouver que c'est pour cette raison que je suis ici aujourd'hui. Demain, vous ne verrez aucun reportage qui dira que le député de Lac-Saint-Louis a eu la vie sauve grâce à la vitesse limite. Je ne ferai pas partie des statistiques, mais il ne fait aucun doute que la limitation de vitesse sauve des vies. Qu'une personne soit en vie grâce à cette limite est à la fois logique et très difficile à prouver. Le même raisonnement s'applique dans le cas du registre.
Selon le quatrième mythe, ou faux argument, il y a encore des gens qui sont tués au moyen d'une arme d'épaule malgré l'existence du registre. Je tiens à préciser qu'aucun moyen d'intervention ne permet d'éviter complètement ce qu'il vise à éviter. De tels moyens permettent uniquement de limiter ce qui est socialement indésirable.
C'est ce que j'appelle une caractéristique intrinsèque des politiques publiques. Les politiques publiques reposent presque toujours sur les conclusions et les recommandations d'études en sciences sociales, qui comportent, de par leur nature, des marges d'erreur.
En me fondant sur cette caractéristique intrinsèque des politiques publiques, je peux prédire sans risquer de me tromper que certains chiens continueront de mordre des humains, même s'ils sont enregistrés auprès de l'hôtel de ville. Je suis prêt à parier là-dessus. Je vais aussi prédire que les vols de voiture se poursuivront, même si les véhicules sont immatriculés auprès de la province.
Hélas, nous savons tous que les crimes commis au moyen d'une arme à feu ne disparaîtront pas, même si, par miracle, le registre devait survivre. Il y aura malheureusement d'autres crimes de ce genre, certains encore plus odieux que d'autres. C'est déplorable, et cela se produirait même si le registre était maintenu.
Il est intéressant de souligner que les députés d'en face affirmeront que l'enregistrement des armes à feu ne fonctionne pas parce que les criminels n'enregistrent pas les leurs. Je comprends l'argument. Les criminels n'enregistrent effectivement pas leurs armes. Par conséquent, cela signifie que les criminels n'enregistrent pas leurs armes de poing. Les seules personnes qui enregistrent leurs armes de poing sont les citoyens respectueux de la loi, comme les députés d'en face aiment le souligner. Comme je l'ai dit lors de mon intervention à l'étape de la deuxième lecture, les propriétaires d'armes à feu de ma circonscription sont des citoyens irréprochables. Ce sont les bénévoles les plus actifs et des gens consciencieux et respectueux, mais là n'est pas la question.
Ce que j'essaie de dire au sujet du registre des armes de poing, c'est que si les conservateurs étaient logiques, ils soutiendraient que les registres ne fonctionnent pas parce que les criminels n'enregistrent pas leurs armes à feu et que, de ce fait, ils abolissent le registre des armes d'épaule et également celui des armes de poing. Heureusement, les conservateurs n'abolissent pas ce dernier registre. Néanmoins, cela montre la contradiction fondamentale qui sous-tend leur position en matière de contrôle des armes à feu.
Le cinquième mythe ou argument fallacieux c'est que le registre est inutile et qu'il constitue une source de gaspillage. J'ai entendu cet argument à maintes reprises. C'est celui qu'avance continuellement le . Or, nous avons des preuves contraires venant des corps policiers, notamment de la GRC. Si le gouvernement réfute les preuves de la GRC, il doit avoir un problème dans ses rapports avec ce corps policier national. Le gouvernement doit manquer de confiance dans la GRC. Des preuves concrètes montrent que le registre est utile lors des enquêtes policières.
Permettez-moi de citer M. Mario Harel, chef du service de police de Gatineau et vice-président de l'Association canadienne des chefs de police. Il a déclaré que l'élimination du registre des armes à feu ajouterait des coûts importants aux enquêtes — facture qui sera refilée aux services de police —, ce qui entraînera des retards cruciaux dans l'obtention de renseignements nécessaires aux enquêtes.
Il semble que le gouvernement aime bien refiler la facture aux autres. Dans le cas du programme d'incarcération et d'un large éventail d'autres mesures, il refile les coûts aux provinces. Pour ce qui est de l'élimination du registre, il va encore se débarrasser de la facture, cette fois-ci en la refilant aux services de police provinciaux et municipaux.
Il n'est pas nécessaire de croire M. Harel sur parole. On peut aussi écouter ce qu'a déclaré M. Matt Torigian, chef du service de police régional de Waterloo, au sujet de l'utilité du registre des armes d'épaule dans les enquêtes policières. Il a donné deux exemples concrets. Le premier est fondé sur un cas vécu, tandis que l'autre est hypothétique, mais tout de même inspiré par des situations réelles, auxquelles la police doit faire face. Voici ce qu'il a déclaré:
Nous nous sommes rendus récemment sur les lieux d'un crime. Un homme avait manifestement été abattu par balle, et il se trouvait une arme d'épaule à côté de lui. En consultant le registre, nous avons pu trouver le nom de la personne qui venait de vendre l'arme à l'homme qui avait été trouvé mort. Nous avons déterminé qu'il s'agissait d'un suicide et avons clos l'enquête.
Cet exemple montre que, sans le registre, les policiers auraient peut-être pensé qu'il s'agissait d'un crime et auraient alors dû entreprendre une enquête. Ils auraient ainsi perdu de précieuses heures à chercher un suspect, alors qu'il s'agissait bel et bien d'un suicide.
Le chef Torigian a aussi donné un autre exemple hypothétique, mais sans aucun doute courant. Supposons que des voleurs entrent par effraction dans une ferme située près de Montréal et volent un fusil de chasse. Ils le tronçonnent pour pouvoir mieux le dissimuler sous leurs vêtements. Ils se rendent en voiture à Windsor, en Ontario, où ils dévalisent une banque, puis fuient les lieux, en laissant l'arme sur place. Grâce au registre, les policiers découvrent que l'arme appartient à un homme de Montréal qui a été victime d'un vol. Ils peuvent ainsi avoir plus de pistes à explorer. Par exemple, il se peut qu'il y ait eu des témoins de l'entrée par effraction à Montréal. Le registre permettrait donc aux services de police de coordonner les efforts afin de résoudre le crime efficacement, pour ensuite consacrer leurs efforts à d'autres enquêtes.
Il existe d'autres preuves empiriques. Le prochain exemple est tiré du rapport sur les armes à feu produit par la GRC en 2010. Ce rapport était prêt depuis un bon moment déjà, mais il n'a été publié que le 19 janvier, après les audiences du comité sur le projet de loi:
Un important service de police municipal a demandé l'aide de l'Équipe nationale de soutien à l'application de la loi sur les armes à feu (ENSALA) du PCAF pour retrouver les numéros de série oblitérés de deux armes à feu saisies dans le cadre d'une enquête sur un vol qualifié et un enlèvement. Une fois le numéro de série d'une des armes récupéré, l'ENSALA a consulté la base de données du Registre du PCAF et a appris que l'arme était enregistrée au nom d'un des suspects et qu'elle n'avait pas été déclarée perdue ni volée.
Dans une autre situation, grâce au registre, les policiers ont pu déterminer qu'un homme avait utilisé l'une des armes de son grand-père pour commettre un crime. Je vais citer une fois de plus le rapport de la GRC:
On a demandé à l'ENSALA de participer à une enquête au sujet d'une fusillade. Grâce au Système canadien d'information relative aux armes à feu, l'équipe a déterminé que l'arme utilisée était l'une de sept armes à feu enregistrées au nom d'une même personne et qu'elle n'avait pas été déclarée perdue, manquante ou volée.
Les enquêteurs de la GRC ont rencontré le propriétaire de l'arme à feu enregistrée, qui n'a pu fournir des renseignements que sur quatre de ses sept armes à feu. Il a été interviewé afin d'établir des liens potentiels entre lui et les auteurs de la fusillade.
À la suite de cette entrevue, il a été établi que le petit-fils du propriétaire de l'arme était l'un des accusés de la fusillade et, lors d'un entretien avec celui-ci, on a pu obtenir des renseignements sur les sept armes à feu. De nombreuses accusations relatives aux armes à feu ont été déposées en lien avec cet incident.
La police a arrêté le petit-fils. Si la police n'avait pas attrapé le petit-fils grâce au registre, celui-ci se promènerait peut-être encore un peu partout avec une arme. Qui sait ce qui aurait pu arriver.
Voilà un autre argument que je tenais à soulever au sujet de ceux qui veulent abolir le registre. Ils refusent d'envisager des hypothèses; c'est une grave erreur en sciences sociales, car les probabilités et les hypothèses sont à la base de celles-ci.
M. Gary Mauser a fait un excellent exposé au comité. Il a fait preuve d'une grande rigueur et a été un témoin fort agréable. Loin de moi l'idée de m'attaquer à M. Mauser. Après lui avoir donné quelques exemples de façons dont le registre aurait pu vraisemblablement sauver des vies, je lui ai demandé si, à son avis, il était possible qu'au cours de ses 10 années d'existence celui-ci ait sauvé une vie. Je ne demandais pas à M. Mauser si une vie avait été sauvée; je lui demandais s'il n'était pas imaginable qu'une vie, une seule, ait été sauvée. Sa réponse a été catégorique, « c'est impossible ».
Voilà avec quoi nous devons composer. Il n'y a aucune ouverture d'esprit à cet égard. Nous sommes aux prises avec des affirmations catégoriques qui — lorsqu'on y pense — sont absurdes. Mettre fin au registre serait une erreur.
Le Parti libéral, lors de la dernière campagne électorale, savait fort bien que certains propriétaires d'armes à feu, respectueux de la loi, avaient l'impression que le système les traitait comme des criminels. Décriminaliser la première omission d'enregistrer une arme à feu représentait un compromis répondant aux arguments du gouvernement. La question a évolué. Cette solution aurait permis de régler le problème et de conserver le registre. Les gens n'auraient pas eu l'impression d'être traités comme des criminels et le Canada serait plus sûr.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Prince George—Peace River.
C'est un privilège de participer au débat en faveur du projet de loi , Loi sur l'abolition du registre des armes d'épaule.
Ma circonscription, Okanagan—Coquihalla, est très diversifiée. On y trouve de grands centres urbains, comme Penticton et West Kelowna, des collectivités qui vivent de l'exploitation des ressources naturelles, comme Merritt et Okanagan Falls, et de nombreuses régions rurales, comme Logan Lake, Meadow Valley, Faulder et Willowbrook. Pour les habitants des régions rurales, il s'agit d'un enjeu très important. C'est un sujet dont ils me parlent toutes les semaines, parfois même tous les jours. Ils me demandent si le gouvernement respectera son engagement concernant l'abolition du registre des armes d'épaule et pourquoi cela prend tellement de temps. Je suppose que je ne suis pas le seul député à qui l'on pose ce genre de questions.
Je pense qu'il est important d'informer la Chambre des frustrations dont me parlent les habitants des régions rurales de ma circonscription. Ce sont des citoyens respectueux des lois, des contribuables, et ils doivent respecter les règles d'un système conçu à Ottawa qui ne fait qu'entraver le mode de vie dont ils s'efforcent de profiter.
Tous les députés savent bien que les criminels n'enregistrent pas leurs armes à feu. On l'a souvent répété dans le cours du débat, mais c'est la vérité. Il est encore plus important, cependant, de reconnaître qu'il arrive qu'une arme à feu enregistrée soit utilisée pour commettre un meurtre. Récemment, dans ma circonscription, une famille a perdu un être cher, victime de violence conjugale. Le fait que l'arme à feu était enregistrée a-t-il empêché le meurtrier présumé d'appuyer sur la détente? Malheureusement, non. Le fait qu'une arme soit enregistrée ou non ne change rien pour les membres de la société qui sont capables de tuer. Le simple fait est que le registre des armes d'épaule n'a pas enrayé la criminalité et qu'il ne sauve aucune vie.
J'ai écouté les arguments de l'opposition en faveur du maintien du registre des armes d'épaule. L'opposition affirme que la plus grande contribution du registre est qu'il permet aux organismes d'application de la loi de savoir non seulement où sont les armes à feu, mais aussi de quel genre d'armes il s'agit.
Les députés qui ont suivi les audiences du comité chargé de l'étude du projet de loi l'année dernière savent que nous avons entendu des témoignages de policiers expérimentés et respectés. Ces policiers nous ont dit que les données du registre des armes d'épaule ne sont pas fiables. J'ai parlé à beaucoup d'agents de première ligne qui ont très clairement affirmé qu'ils ne peuvent se fier au registre pour déterminer la présence d'une arme à feu dans un logement. En effet, s'ils devaient seulement se fier au registre des armes d'épaule, ils mettraient leur vie et celle de leurs collègues en danger.
Nous savons également qu'il y a des armes d'épaule qui n'ont jamais été enregistrées et d'autres qui n'ont pas été enregistrées correctement, par exemple des armes dont le numéro de modèle ou de catalogue a été enregistré plutôt que le numéro de série.
Le registre a été établi il y a plus d'une décennie. Qu'a-t-il donné? Il n'a ni enrayé la criminalité, ni sauvé des vies. Le registre a coûté des millions de dollars, mais quel service a-t-il rendu aux contribuables? On s'est retrouvé avec une base de données sur laquelle les agents de première ligne, selon leurs propres dires, ne peuvent compter.
Je constate que la plupart des députés de l'opposition font abstraction des préjudices que le registre a causés à de nombreux contribuables des régions rurales du Canada. Je reconnais cependant que les députés de et de ont jusqu'à présent respecté la volonté de leurs électeurs.
Cette question est épineuse pour de nombreux députés de l'opposition, qui viennent de circonscriptions rurales. Pourtant, il n'y a pas lieu qu'il en soit ainsi. Le registre des armes d’épaule est un fiasco. Ce n'est pas une opinion, mais un fait. Les Canadiens vivant dans des régions rurales le savent, et les habitants de ma circonscription, qui vivent dans des collectivités comme Merritt, Logan Lake et Okanagan Falls, le savent eux aussi.
La surpopulation de chevreuils est l'un des problèmes avec lesquels sont aux prises de nombreuses collectivités dans ma région. À première vue, cela peut ne pas sembler un problème. Toutefois, les chevreuils détruisent les petits jardins et peuvent être agressifs envers les petits animaux et même les adultes. Ils représentent également un danger réel pour les automobilistes. À vrai dire, les chasseurs se font moins nombreux de nos jours, en partie à cause de la paperasserie et des coûts associés au registre des armes d’épaule. Dans ma circonscription, beaucoup d'habitants m'ont dit qu'ils croyaient que la qualité de vie dans les régions rurales du Canada était menacée. C'est pourquoi je pense qu'il est important que nous prenions des mesures pour corriger ce problème.
Le 2 mai dernier, les Canadiens ont montré clairement qu'ils étaient en faveur d'un programme électoral qui mettrait fin au gaspillage inutile des fonds publics sur des initiatives inefficaces comme le registre des armes d’épaule. Nous devrions donc travailler ensemble pour trouver des mesures plus efficaces de contrôle des armes à feu, notamment l'obligation pour les personnes d'avoir un permis avant de pouvoir acheter une carabine ou un fusil de chasse. Nous devons également nous assurer que les personnes qui veulent obtenir un permis réussissent d'abord le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu. De plus, avant de donner aux gens un permis de possession de carabine ou de fusil de chasse, il faut d'abord les soumettre à une vérification de leurs antécédents, y compris de leur casier judiciaire, afin de veiller à ce qu'ils ne soient pas sous le coup d'une ordonnance du tribunal leur interdisant de posséder une arme à feu.
Je suis fier de dire que le gouvernement investit maintenant 7 millions de dollars par année pour améliorer le processus de vérification des demandeurs de permis d’armes à feu. Le projet de loi ne changerait rien aux exigences du processus. En fait, personne ne pourrait acheter d’arme, de quelque type que ce soit, sans réussir le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu, passer la vérification des antécédents et détenir un permis en règle.
J’appuie le projet de loi parce qu’il éliminerait une loi qui impose un fardeau inutile aux Canadiens respectueux de la loi. Le projet de loi libérerait aussi des ressources qu’il vaudrait mieux consacrer à des initiatives pour contrer la criminalité et rendre nos rues plus sûres.
Nous devons être honnêtes envers nous même à propos de la vraie nature du problème des armes à feu au Canada. Ce ne sont pas seulement les carabines et les fusils acquis légalement par les agriculteurs et les chasseurs qui posent problème. Continuer de les pénaliser peut sembler une solution à certains députés d’en face, mais cela n’empêche pas des crimes d’être commis. La solution ne réside pas dans un registre mal conçu et une base de données déficiente.
Entre 2005 et 2009, au Canada, la police a saisi 253 armes à feu utilisées pour commettre un homicide. Certaines étaient enregistrées, mais la plupart ne l’étaient pas. Toutefois, force est de constater que le registre n’a pas empêché 253 crimes d’être commis, tout comme cela est arrivé dans ma circonscription l’année dernière. Je ne peux donc pas appuyer un processus qui oblige des contribuables respectueux de la loi à continuer d’injecter de l’argent dans un système qui ne donne pas de résultats tangibles.
Est-il vraiment logique pour l’opposition de continuer à pénaliser les contribuables des régions rurales qui, souvent, achètent en toute légalité une carabine pour protéger leur bétail ou chasser le gibier avec la famille et des amis? Le registre des armes d’épaule continue de pénaliser ces citoyens sans pour autant contribuer à régler les vrais problèmes. Nous avons de réels problèmes, comme ceux des armes à feu qui entrent illégalement au Canada et des armes à feu utilisées à des fins criminelles.
Je suis convaincu que nous voulons tous réduire la criminalité, et plus particulièrement les crimes commis avec des armes à feu, mais le registre des armes d’épaule est un échec et il est temps que nous traitions les Canadiens des régions rurales avec respect et que nous l’admettions. C’est pourquoi j'appuie le projet de loi . Nous devons investir dans des programmes qui sont efficaces et supprimer ceux qui ne donnent rien.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre part aujourd'hui au débat sur la Loi sur l'abolition du registre des armes d'épaule. Mes électeurs ne cessent de me demander l'abolition du registre des armes d'épaule. Je suis fier d'en appuyer l'abolition et l'élimination, maintenant que nous sommes enfin près du but.
Le gouvernement conservateur cherche avant tout à assurer la sécurité des Canadiens. Par contre, il attache une grande importance à leur liberté et tient à ce qu'ils puissent jouir de leur sécurité. Nous nous sommes donc employés à mettre en oeuvre des initiatives et des mesures législatives à cet effet, dont la Loi sur l'abolition du registre des armes à feu.
Les partisans du registre des armes d'épaule en parlent souvent comme d'une mesure essentielle qui assure la sécurité des Canadiens. En fait, ce n'est qu'une base de données coûteuse qui contient des renseignements sur les honnêtes citoyens. Foncièrement, elle ne permet de prévenir aucun crime. On ne m'a pas encore donné la moindre preuve qu'elle a servi à prévenir ne serait-ce qu'un crime ou à sauver une vie. Le registre est coûteux et n'atteint pas les objectifs visés. Il est donc temps de s'en débarrasser pour que nous puissions nous concentrer sur les questions qui auront un effet concret sur la sécurité des Canadiens.
Le registre des armes d'épaule a été coûteux. C'est un fait indiscutable. La CBC/Radio-Canada, qui n'est pas reconnue pour avoir un parti pris en faveur des conservateurs, a estimé que pendant ses 17 années d'existence, le registre avait coûté plus de 2 milliards de dollars. Permettez-moi de rappeler aux députés qu'un ancien ministre de la Justice libéral, Allan Rock, avait promis que le registre ne coûterait pas plus de 2 millions de dollars. Comme tout le monde en conviendra, nous avons payé le gros prix pour un produit de qualité inférieure. Les 2 milliards de dollars engloutis dans le registre auraient pu permettre de faire énormément dans le cadre d'autres initiatives liées à la sécurité, notamment des programmes préventifs ou de réadaptation.
Partout au pays, les Canadiens triment dur pour faire vivre leur famille. Ils ne jettent pas l'argent par la fenêtre et ils n'achètent pas des produits ou des services qui ne sont ni avantageux, ni pratiques pour leur famille. Il est temps que nous suivions leur exemple et que nous mettions un terme aux dépenses inutiles liées au registre.
Le registre des armes d'épaule fonctionne très bien pour ce qui est de recueillir le nom de ceux qui utilisent des armes d'épaule à des fins sportives et professionnelles, notamment pour protéger leur bétail. Cependant, il n'empêche pas les activités illégales, comme l'utilisation d'armes à feu qui n'ont au départ ni été achetées légalement, ni enregistrées. Cette situation s'explique du fait que les personnes inscrites dans le registre souhaitent utiliser légalement les armes à feu qu'elles ont acquises.
Ces propriétaires d'armes à feu se sont conformés aux exigences du gouvernement afin de respecter la loi. Ce ne sont pas eux qui, au Canada, commettent des actes criminels avec une arme à feu. Voilà pourquoi le registre des armes d'épaule constitue une mesure législative inefficace.
Cela ne m'étonne pas, pourtant je parie que ce sera une surprise pour l'opposition. La plus grande partie des activités criminelles se produisent naturellement en marge de la loi, d'où leur nature criminelle. Les armes à feu utilisées pour commettre des actes criminels ne sont généralement ni achetées, ni enregistrées légalement. Plus souvent qu'autrement, elles ont été introduites au Canada à des fins criminelles et, de ce fait, elles ne sont jamais enregistrées. Cette situation rend le registre inutile pour débusquer les criminels et mettre les Canadiens à l'abri du danger.
La majorité des Canadiens en ont assez du registre des armes d'épaule. Le gouvernement le sait fort bien. Si mes collègues d'en face étaient honnêtes avec eux-mêmes, ils en seraient fort conscients eux aussi. En fait, dans certaines circonscriptions, à l'échelle du Canada, les citoyens réclament ce changement quel que soit l'allégeance politique du député qu'ils ont élu pour les représenter.
Je voudrais vous parler d'une circonscription en particulier. Le député de a sillonné les Territoires du Nord-Ouest. Il a affirmé devant qui voulait bien l'entendre qu'il défendrait les valeurs du Nord et voterait pour l'abolition du registre des armes d'épaule. Au cours d'un débat, il a déclaré ceci: « Voter pour moi ou voter pour le candidat conservateur, c'est la même chose. Nous nous prononcerons tous deux pour l'abolition du registre des armes d'épaule. »
Il est clair que les promesses électorales de ce député ne valent pas cher.
Aux yeux de toute personne raisonnable, ce projet de loi ne devrait faire que des gagnants. Nos concitoyens canadiens seraient libérés de certaines contraintes, et les chasseurs, agriculteurs et amateurs de tir sportif pourraient continuer en paix leurs activités légales.
Après avoir discuté des coûts engendrés par le registre, de sa structure inefficace et du désir de l'abolir dans l'ensemble du Canada, le présent débat nous amène à une conclusion qui devrait être évidente pour tous. Il est essentiel d'éliminer le registre des armes d'épaule, et le plus tôt sera le mieux.
Nous avons hâte au jour où les Canadiens respectueux des lois seront soulagés d'apprendre que l'information a été complètement supprimée. Voilà pourquoi le projet de loi comprend aussi une disposition prévoyant la suppression de toutes les données consignées dans le registre au cours des 17 dernières années. Cette disposition est extrêmement importante, car elle est nécessaire pour protéger des citoyens innocents et empêcher leur gouvernement de les cibler encore une fois.
En mai dernier, les Canadiens ont manifesté leur appui à l'abolition du registre. Le gouvernement que nous formons compte honorer sa promesse d'éliminer pour toujours le registre au niveau fédéral.
Cette question n'est pas nouvelle à la Chambre des communes. Au cours du débat, on nous a souvent asséné le mot « idéologie ». En fin de compte, la guerre des mots ne mène nulle part.
Oublions les considérations idéologiques un instant. Le registre des armes d'épaule n'a jamais empêché un seul crime, ni sauvé une seule vie. Des milliards de dollars ont été dépensés. Les députés de tous les partis ont entendu les Canadiens leur dire qu'ils souhaitent la disparition du registre. C'est le temps de nous acquitter du devoir qui nous incombe en tant que députés et de répondre aux attentes des Canadiens en éliminant une fois pour toutes le registre des armes d'épaule.
Le gouvernement conservateur et moi avons promis au peuple canadien que le registre des armes d'épaule serait aboli et que toutes les données qu'il contient seraient supprimées. Nous tenons fermement à honorer notre promesse et nous ne nous arrêterons que lorsque nous aurons atteint notre but. J'exhorte tous les députés, en particulier ceux qui viennent des circonscriptions rurales et éloignées, y compris ceux d'en face, à représenter fidèlement leurs électeurs en votant pour que l'on mette fin une fois pour toutes au registre des armes d'épaule.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord commenter ce qu'a dit le pendant qu'on débattait du bâillon sur le projet de loi .
Il a dit qu'on débattait du registre des armes à feu puis 17 ans et que c'était presque aussi long que la vie de certains députés. Je crois être l'un des députés pouvant être visés par ce commentaire. Je trouve tout de même ça intéressant. Je suis l'aîné de trois fils, et ma mère m'a toujours dit que ce n'est pas parce qu'on débat plus souvent que ça veut nécessairement dire qu'on a raison. Cela s'applique ici. Ce n'est pas parce que ça fait 17 ans que cela justifie automatiquement un bâillon et la position du gouvernement actuel.
Je m'insurge contre l'idée que, si on n'a pas été policier, on n'est pas en mesure de s'exprimer sur ce projet de loi et de partager les idées de la population. Car, en fin de compte, en tant que députés, nous défendons plusieurs tranches de la population dont nous ne sommes pas nécessairement représentatifs nous-mêmes. On défend des aînés même si on n'est pas aîné, on défend des jeunes même si on n'est pas jeune et on défend des retraités même si on n'est pas retraité. Cela étant dit, le fait qu'il y ait 13 policiers dans le caucus conservateur, anciens ou actuels, n'est pas une justification adéquate pour diminuer les dires et les témoignages d'autres policiers ou d'autres associations de policiers.
J'aimerais retourner à une citation intéressante que je trouve très pertinente dans le cadre du débat. Après l'élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, il y a eu beaucoup de critiques à l'égard de son travail en matière d'économie, selon lesquelles le taux de chômage ne baissait pas, par exemple. C'est pertinent dans le cadre de ce débat car il s'est adressé aux médias en disant que la prévention n'était jamais félicitée, parce que la prévention n'est pas visible et qu'elle est très difficile à mesurer. Dans ce contexte, M. Obama parlait du fait que les États-Unis n'ont pas plongé dans une autre récession. Pour lui, c'était un succès. Mais on ne peut pas parler de quelque chose qui ne s'est pas passé. Je pense que la même logique est applicable à ce débat.
On ne peut pas parler de tous les décès et de tous les problèmes qui ont été évités grâce au registre des armes à feu, parce que justement, ils ont été évités. Ils ne se sont jamais produits. Il est très important de garder cela en tête quand on fait des citations. Ma collègue de a fait le même commentaire et mon collègue qui parlait précédemment a fait un commentaire similaire en parlant de la policière qui a malheureusement été victime d'un crime, sur qui on a tiré malgré l'existence du registre. Je crois même que c'était à Laval. C'était lors d'un témoignage au Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Peu importe les mesures qu'on met en place, qu'elles soient fiscales ou économiques, peu importe le travail qu'un gouvernement peut faire, ce n'est jamais parfait. Alors, donner un exemple où le résultat a été tragique et n'a pas été à la hauteur de nos attentes et du système en place, encore une fois, ce n'est pas une justification légitime dans ce cas-ci.
Je poursuivrai mes commentaires un peu plus tard.