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FINA Rapport du Comité

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OPINION COMPLÉMENTAIRE DU
NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE (NPD)


Tout d’abord, les députés de l’Opposition officielle membres du Comité permanent des Finances tiennent à remercier les témoins qui ont pris le temps de présenter leur vision et solutions quant à la problématique du chômage chez les jeunes au Canada.

Nous sommes heureux d’appuyer le rapport. Cependant, pour faire suite aux opinions exprimées par les témoins, des commentaires importants doivent être ajoutés concernant le contexte économique global qui influence la structure de notre économie, de même que les réponses du gouvernement actuel, notamment en ce qui concerne certains des principaux défis auxquels font face les jeunes sur le marché du travail.

Malheureusement, depuis que le gouvernement conservateur est arrivé au pouvoir, la situation s’est régulièrement détériorée et il est évident que l’emploi des jeunes n’est pas l’une de leurs priorités.

En effet, tel que précisé dans le rapport du comité, les jeunes canadiens subissent encore à ce jour, les effets de la crise économique. Alors que la croissance de l’emploi pour l’ensemble de la population n’a pas été suffisante pour récupérer les emplois perdus durant la crise, les jeunes ont été particulièrement touchés. Plus de 455 000 emplois pour personnes âgées de moins de 25 ans ont été perdus depuis la récession et le taux de chômage se maintient obstinément au double de celui de la population âgée de 25 ans et plus.

La reprise est lente, et les secteurs touchés sont toujours précaires plusieurs années après la crise. Amy Huziak du Congrès canadien du travail disait justement que « Les récessions sont toujours plus cruelles pour les jeunes travailleurs, mais, près de 5 ans après la dernière, il n'y a toujours pas de rétablissement en vue pour eux »[1].

 Le Conference Board du Canada est venu confirmer cette donnée, en rappelant « [qu’] il s'est perdu environ 200 000 emplois dans ce marché, c'est-à-dire pour ceux âgés de 15 à 24 ans. Nous n'avons pas vu l'ombre d'une reprise dans cette cohorte. Les niveaux d'emploi sont à peu près les mêmes qu'ils étaient, et les taux de participation n'ont aucunement augmenté. Je crois que nous sommes passés à côté d'une occasion de ramener les jeunes sur le marché du travail»[2].

Le Nouveau parti démocratique (NPD) est fortement préoccupé par la situation du marché de l’emploi pour les jeunes canadiens, et refuse de considérer comme étant normal un chômage aussi élevé chez les jeunes.

Leadership : Collaboration avec les provinces et les territoires


Nous croyons fermement que le gouvernement fédéral peut faire preuve de leadership en matière de création d’emploi chez les jeunes. Il faudra collaborer avec les provinces, plutôt que de choisir les guerres de compétence.

Il a la responsabilité de travailler avec les provinces dans le domaine de l’éducation, de la formation et de l’apprentissage afin d’assurer de meilleures opportunités et de meilleurs résultats pour les jeunes sur le marché du travail. Les actions du gouvernement fédéral ont été jusqu'à présent insuffisantes face à ce problème.

Les jeunes autochtones.


Joe Noel, de l’Assemblée des Premières Nations (APN), est venu témoigner du troublant écart entre le taux de diplomation des autochtones et celui des non-autochtones. Il a dit au comité que le taux de diplomation tourne autour de 14,4%, comparativement à un taux autour de 39,1% pour la population non autochtone. Encore plus troublant, pour ce qui est de l'équivalent du diplôme d'études secondaires, le taux est de 36,8% dans les réserves alors qu'il est de 66,8% pour la population non autochtone.

« La population des Premières Nations est jeune et augmente rapidement. Plus de la moitié de la population de 930 000 personnes a moins de 25 ans, mais »,[3] et, comme nous avons vu, « la plupart n’ont pas de diplôme du secondaire. Hélas, dans la situation actuelle, la plupart des jeunes des Premières Nations n’ont pas de diplôme du secondaire »[4]. Malheureusement, le gouvernement fédéral a nourri cette situation en sous-finançant systématiquement l’éducation des Premières Nations et les écoles.

Ainsi, bien que le comité ait accepté de recommander de reconduire la Stratégie de formation pour les compétences et l’emploi destiné aux Autochtones, nous aurions préféré qu’il aille plus loin en recommandant une hausse de budget pour ce programme efficace. Par ailleurs, ce programme seul est loin de suffire, et nous souhaitons que le gouvernement tienne compte du travail accompli par le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord (AANO) sur ces questions lui servent de repèrent.

Les freins à l’emploi.


Le coût de l’éducation postsecondaire.

Le NPD croit fermement que l’éducation est un facteur majeur de mobilité sociale. En fait, lors de l’étude sur l’inégalité des revenus, les témoins ont identifié, de façon pratiquement unanime; l’éducation postsecondaire, la littératie financière et l’éducation de la petite enfance comme l'une des mesures importantes pour la réduction de l’inégalité des revenus et de ses conséquences. Ainsi, dans la présente étude, le lien entre un niveau de scolarisation élevé et un taux de chômage plus faible est de nouveau établi, et ce, par l’ensemble des témoins. De même, au niveau du coût de l’éducation, tous les témoins s’entendent sur le fait que la capacité de poursuivre des études postsecondaires permet au jeune d’accroître ses opportunités sur le marché du travail, de même que ses conditions d’emploi.

Ce qui est le plus difficile à accepter pour le gouvernement, c’est le lien entre un plus grand et meilleur accès à l’éducation, et l’endettement étudiant. Pourtant, plusieurs témoins, dont la Fédération canadienne des Étudiantes et Étudiants, ont affirmé qu’il « n'est pas possible de séparer l'endettement qu'un étudiant accepte aujourd'hui pour obtenir les compétences dont il a besoin de sa capacité à trouver un emploi dans son domaine »[5]. Par contre, l’aide se raréfie, puisque « contrairement aux coûts des études, le niveau d'aide financière fédérale offerte aux étudiants n'a pas bougé depuis près d'une décennie»[6]. Pas étonnant qu’un nombre croissant d’étudiants ont du mal à rembourser leur prêt.

À cet effet, justement, la Fédération canadienne des Étudiantes et Étudiants a, quant à elle, tenu à rappeler que « les coûts de l'éducation postsecondaire [au Canada] sont à peu près le double de la moyenne de l'OCDE » [alors que] le total de la « dette étudiante est évaluée à près de 28,3 milliards de dollars ». Il est évident qu’un « […] endettement aussi élevé compromet la capacité des Canadiens d’intégrer et de participer à l’économie, une fois obtenu leur diplôme »[7]. C’est pourquoi le NPD a présenté la recommandation suivante :

Recommandation 1 : Que le gouvernement du Canada devrait fournir une plus grande assistance sous forme de bourses et ainsi réduire directement l’endettement étudiant.

Le marché du travail et les jeunes.


Tenir simplement compte du taux de chômage masque plusieurs autres réalités que vivent les jeunes sur le marché du travail.

  1. La précarité de l’emploi. Des emplois précaires, temporaires et à temps partiel, et avec des avantages sociaux réduits, voire même inexistants, représentent une réalité pour de nombreux jeunes travailleurs, dont la situation n’est pas reflétée dans les statistiques. Selon le Congrès du travail du Canada, « […] le chômage n'est pas le seul problème à régler. […] Le tiers des jeunes travailleurs sont employés à temps partiel et beaucoup occupent un emploi peu rémunéré, temporaire ou autrement précaire, […]. Nous calculons que le taux de sous-emploi chez les jeunes travailleurs de 15 à 24 ans a été de 27,7% en 2013. C'est considérable. »[8]. La compétition étant de plus en forte sur le marché du travail, la transition vers le marché du travail pour les jeunes diplômés postsecondaires est de plus en plus difficile.
  2. Stages non-rémunérés. L’utilisation de plus en plus fréquente de stages non-rémunérés par les employeurs pose également un défi particulier pour les jeunes Canadiens. Le NPD convient qu’il existe de bons programmes de stages non rémunérés liés aux établissements universitaires qui permettent aux jeunes canadiens de bénéficier d’une première expérience de travail pertinente à leur formation générale et d’accroître leurs perspectives de carrière. Cependant, plusieurs témoins ont dénoncé cette nouvelle tendance chez certains employeurs à utiliser les stages non rémunérés comme une condition préalable à un emploi, comme une façon de combler des postes qui devraient être autrement rémunérés et qui ne mènent pas nécessairement à l’acquisition d’une expérience pertinente pour la carrière professionnelle du jeune travailleur. Heureusement, le comité a adopté une recommandation relativement à la collecte de données sur les stages non rémunérés au Canada; cependant nous aurions aimé une plus forte emphase sur la nécessité d’un meilleur encadrement de cette pratique, notamment en apportant des modifications au Code canadien du travail afin d’assurer de meilleures conditions de travail.  
  3. Les travailleurs étrangers temporaires. Les jeunes font également face à une compétition toute particulière sur le marché du travail liée à la croissance importante du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Le problème, selon certains témoins, est qu’il « est très difficile de savoir combien il y en a exactement, mais disons qu'il y en a peut-être 300 000 au sein de la main-d’œuvre actuellement. Cela entraîne une augmentation de 1,5% du taux de chômage.»[9] Effectivement, les travailleurs étrangers admis dans le cadre du Volet des professions peu spécialisé du Programme de TET sont en « concurrence directe avec les jeunes »[10] et ce programme « empêche en fait le marché canadien de s’autoréguler »[11]. Un tel programme peut engendrer une pression à la baisse sur les salaires dans les secteurs des professions peu qualifiées, donc, les emplois susceptibles d’offrir aux jeunes une première expérience de travail. Malgré le fait que le gouvernement ait annoncé un moratoire sur le programme de TET dans le secteur de la restauration rapide, il ne semble avoir aucune intention de réviser ce programme, qui en aurait pourtant grandement besoin. Le gouvernement doit sévir contre les employeurs qui abusent de ce programme, et protéger les emplois et les opportunités d’emplois pour les jeunes canadiens.

Recommandation 2 : Que le gouvernement du Canada impose immédiatement un moratoire quant au recours au Programme TET pour des professions peu spécialisées, ce qui comprend les emplois dans les domaines de la restauration, des services et de la restauration rapide; et qu’il demande au Vérificateur général de mener une vérification d’urgence de ce programme.

Les jeunes handicapés.


Les jeunes handicapés font également face à de grands défis sur le marché du travail : une transition de l’école vers l’emploi encore plus difficile, des services de soutien qui doivent répondre à leurs besoins particuliers et des possibilités d’emplois souvent réduites et une méconnaissance de leurs réelles capacités. Les jeunes handicapés sont plus scolarisés que jamais. Cependant, tel que précisé par un témoin « […] le taux d’emploi des jeunes handicapés âgés de 16 à 24 ans était de 45,7% [pour 2011] et que pour la même cohorte d’âges chez les jeunes non-handicapés, ce chiffre était de 56% »[12]. Ainsi, malgré une recommandation du comité d’encourager l’embauche, et de faciliter leur transition entre l’école et le marché du travail; le gouvernement doit cesser de tergiverser, et agir pour permettre à ces jeunes de bénéficier de meilleures opportunités et de pénétrer le marché du travail de façon permanente.

Les services de garde.


Un témoin a dévoilé les résultats d’une enquête auprès d’étudiants qui mentionnait que « 60% des étudiants vont retarder l'achat d'une maison à cause de leur endettement et 40% remettront à plus tard leur projet de fonder une famille »[13]. Ainsi, le premier emploi ne règle pas tout. Un autre enjeu important entre alors en ligne de compte pour les « jeunes professionnels » : la conciliation travail-famille.

Tammy Schirle, professeure associée de l'Université Wilfrid Laurier est venue témoigner du fait que « Les services de garde sont absolument essentiels pour les femmes qui veulent intégrer le marché du travail lorsque leurs enfants sont jeunes. […] lorsque les femmes intègrent pour la première fois le marché du travail dans cette tranche de 25 à 29 ans, l'écart n'est pas très large. […] C'est après quelques années, après avoir dû interrompre leur participation à la population active pour la garde d'un enfant et d'autres raisons, que certaines de leurs compétences se déprécient […]. Je considère que c'est un échec du point de vue du marché, et l'amélioration du réseau de garderies pour faciliter l'intégration des jeunes femmes au marché du travail aurait certainement ses avantages, à mon avis »[14].

Recommandation 3 : Que le gouvernement du Canada travaille avec les provinces et les territoires, afin d’améliorer l’accès aux programmes de garde et d’éducation de la petite enfance abordables et de qualité afin d’aider les jeunes parents à participer pleinement au marché du travail si tel est leur choix.




[1] Amy Huziak, Représentante nationale, Jeunes travailleuses et travailleurs, Congrès du Travail Canadien, FINA no 23, 6 mars 2014.

[2] Pedro Antunes, directeur exécutif, économiste et chef adjoint, Conference Board of Canada, séance no 24, 25 mars 2014.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[6] Jonathan Champagne, directeur national, Alliance canadienne des associations étudiantes, séance no 25, 27 mars 2014.

[7] Ibid.

[12] Frank Smith, coordonateur national, Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire, séance no 26, 1er avril 2014

[13] Tierry Morel-Laforce, président, Fédération étudiante universitaire du Québec, séance no 26, mardi 1er avril 2014

[14] Tammy Schirle, professeure associée de l'Université Wilfrid Laurier, séance no 24, 25 mars 2014