OPINION COMPLÉMENTAIRE DU PARTI LIBÉRAL DU CANADA
Merci aux centaines de particuliers
et de groupes qui ont communiqué leurs idées au Comité. Nous avons entendu bien
des témoignages et reçu un grand nombre de mémoires, appelant
à des changements audacieux à apporter au budget 2015, afin de répondre aux
grands défis qui se posent au Canada. Malgré ces vaillants efforts, le Comité a
choisi le statu quo et appelé le gouvernement à poursuivre ou à maintenir ses
politiques existantes. Par son rapport, le Comité a raté une belle occasion de
fournir au gouvernement une orientation sensée pour le prochain budget fédéral.
CONSOLIDER L’ÉCONOMIE
De nombreux témoins ont fait valoir
que la lenteur de la croissance économique menaçait grandement la prospérité du
pays. L’ancien
directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a qualifié
l’économie canadienne de « relativement faible » et recommandé
« que la croissance économique [devienne] une priorité. Le
Conference Board du Canada a déclaré que « la croissance doit en
effet devenir la pierre angulaire de nos exercices budgétaires ». L’ancien
sous-ministre des Finances, Scott Clark, a insisté pour dire
qu’« on ne peut se fier à l’économie mondiale pour faire croître
l’économie canadienne. Il faut adopter une politique intérieure pour favoriser
cette croissance ».
Projections de croissance réelle du
PIB au Canada
Source : Tableaux 2.1 et A.1 Mise à jour
des projections économiques et budgétaires (12 novembre
2014)
Infrastructure
Bon nombre de particuliers et de
groupes, notamment Kevin Page, la Fédération
canadienne des municipalités, le Large
Urban Mayors' Caucus of Ontario, la KPMG, l’Union des
municipalités du Québec, l’
Association canadienne des compagnies d'assurance de personnes inc., le Mowat
Centre,
la Chambre de
commerce du Canada, et le Congrès du
travail du Canada, ont fait valoir que, pour doper la
croissance, le gouvernement doit davantage investir dans l’infrastructure
économique. Certains ont appelé le gouvernement à donner la priorité à
l’infrastructure de transports, pour mettre un terme à l’impasse et stimuler
l’économie. D’autres ont appelé à la mise sur pied d’une infrastructure sociale
qui allège les difficultés financières des démunis et qui mise sur la formation
professionnelle, l'innovation et la productivité. Scott
Clark a recommandé, de manière plus générale, de bâtir la stratégie de croissance de
l’économie canadienne sur des dépenses en infrastructure. Le Conference Board
du Canada a, quant à lui, conseillé « d'accorder
une priorité importante aux dépenses dans les infrastructures » et estime
qu'il « y a eu au
Canada depuis 25 ou 30 ans un sous-investissement systématique dans les
infrastructures [et que] le moment est venu de rattraper le temps perdu ». De
l’avis du Conseil
canadien pour les partenariats public-privé, « la
productivité et la croissance économique du Canada dépendent d’une
infrastructure moderne et solide; une infrastructure est aussi essentielle pour
rendre le Canada plus prospère et plus concurrentiel sur la scène
internationale ».
En fait, au lieu d’accroître ses
investissements, le gouvernement fédéral a réduit les nouvelles dépenses
prévues au titre de son Fonds Chantiers Canada, grand programme
d’infrastructure destiné aux provinces et aux municipalités. Il a comprimé les
nouvelles dépenses prévues dans ce domaine de près de 90 % entre 2013-2014
et 2014-2015 et décidé de reporter les nouvelles dépenses de financement plutôt
que d’appuyer une croissance plus solide à court terme.
Nouvelles dépenses fédérales prévues
au titre de Fonds Chantiers Canada,
de 2011-2012 à 2018-2019 (millions $)
Sources : Budget 2007 (Tableau 5.3) et
Budget 2013 (Tableau 3.3.1)
Recommandation :
- Que
le gouvernement fédéral prévoie d’importants nouveaux investissements dans
l’infrastructure économique et sociale pour stimuler la croissance économique
et créer des emplois bien rémunérés.
Fiscalité
Divers témoins ont recommandé de ne
pas appliquer les mesures fiscales récemment annoncées, car elles sont
onéreuses et ne stimulent en rien la croissance économique.
Certains, comme le YWCA
Canada,
le Mowat
Centre, Mike
Moffatt,
et la professeur
Jennifer Robson, se sont opposés au fractionnement du revenu proposé par
le gouvernement, car les parents chefs de familles monoparentales n’en bénéficient
pas et il profite essentiellement aux familles nanties. Pour reprendre les
paroles de Mme Frances
Woolley,
« si le gouvernement fédéral souhaite offrir des allégements fiscaux, il
devrait chercher à accroître l’efficacité, le capital, ou les deux. Le
fractionnement du revenu ne fait ni l’un ni l’autre ».
Le Comité s’est également fait dire
que le crédit pour l’emploi visant les petites entreprises a un défaut de
conception qui encourage des entreprises à réduire les heures de travail de
leur effectif et même à limoger des employés. Le bureau du directeur
parlementaire du budget a expliqué au Comité que ce crédit coûterait
550 millions de dollars au gouvernement et ne créerait que
800 emplois sur deux ans. Le
ministre des Finances Joe Oliver a même avoué que le gouvernement
n’avait pas mené d’analyse avant de présenter la mesure. Mike Moffatt a
présenté certains des avantages d’une exonération des cotisations à
l’assurance-emploi pour les employeurs qui créent de nouveaux emplois.
Le Conseil canadien du commerce de
détail a rappelé au Comité les 333 millions
de dollars de hausses tarifaires prévues dans le budget 2013 qui
s’appliqueront en janvier 2015 et se traduiront très certainement par un relèvement
des prix à la consommation pour les Canadiens. M. Moffat a appelé
à l’élimination des tarifs ayant des taux effectifs très bas, car ils
représentent un fardeau administratif très lourd pour les entreprises
canadiennes et se traduisent par des revenus pratiquement nuls pour le
gouvernement.
Recommandations :
- Que
le gouvernement fédéral remplace le fractionnement du revenu par des mesures
qui appuient les emplois et la croissance et profitent à un plus grand nombre
de Canadiens.
- Que
le gouvernement fédéral remplace le crédit pour l’emploi visant les petites
entreprises par une exonération des cotisations d’assurance-emploi destinée aux
employeurs qui créent de nouveaux emplois.
- Que
le gouvernement fédéral annule ses augmentations tarifaires et s’emploie à
éliminer les tarifs sur les marchandises qui ne sont pas fabriquées au Canada.
- Que
le gouvernement fédéral reconnaisse l’importance d’une prise de décision fondée
sur les faits et effectue des analyses d’impact économique avant de présenter
de nouvelles dépenses fiscales.
INVESTIR DANS LES CANADIENS
Anciens combattants
Des particuliers ont expliqué au
Comité que le gouvernement devait accroître son appui aux anciens combattants,
surtout ceux qui ont été blessés. Le rapport
de l’automne 2014 du vérificateur général montre que le
gouvernement refuse aux anciens combattants blessés un accès rapide aux
services de santé mentale dont ils ont besoin. Le gouvernement fédéral continue
de réduire le nombre d’employés au ministère des Anciens Combattants chargés de
fournir des services, tout en faisant valoir devant les tribunaux qu’il n’a pas
l’obligation sacrée de prendre soin des anciens combattants blessés.
Niveau de dotation aux Anciens
Combattants, de 2008-2009 à 2015-2016
Source : Anciens Combattants Canada, Rapports
ministériels sur le rendement (2008-2009 à 2013-2014) et Rapport
sur les plans et les priorités (2014-2015).
La priorité des libéraux est de
s’assurer que nos anciens combattants recevront les meilleurs soins et le
soutien le plus efficace de la part d’une nation reconnaissante.
Recommandation
- Que
le gouvernement fédéral rétablisse les niveaux de service antérieurs à Anciens
Combattants Canada et reconnaisse son obligation sacrée envers les membres des
Forces armées canadiennes et leurs familles.
Communautés autochtones
Une fois encore, des
témoins ont fait valoir auprès du Comité qu’il était extrêmement urgent de
rétablir le financement de l’enseignement destiné aux Autochtones au Canada. Le
gouvernement fédéral doit augmenter considérablement l’investissement dans ce
domaine pour des raisons à la fois morales et économiques.
Recommandation :
- Que
le gouvernement fédéral reconnaisse le potentiel économique des jeunes
Autochtones du Canada et travaille en partenariat avec les collectivités
autochtones pour que chaque étudiant autochtone ait accès une éducation de
grande qualité. Ainsi, le gouvernement fédéral devrait éliminer l’écart de
financement pour les écoles du jardin d’enfants à la douzième année des
Premières Nations, augmenter le soutien financier destiné à la sensibilisation
à la langue et à la culture autochtones et abolir le plafonnement de 2 %
du Programme d’aide aux étudiants de niveau postsecondaire.
Autres recommandations :
- Que
le gouvernement fédéral modifie le Code canadien du travail à la fois
pour clarifier le statut des stages non rémunérés et mieux protéger les
Canadiens vulnérables contraints d’accepter un travail non rémunéré, et demande
à Statistique Canada de réunir des données sur les stages non rémunérés.
- Que
le gouvernement fédéral rétablisse le financement de la Stratégie Emploi
jeunesse ainsi que le nombre de jeunes employés par la voie d’Emplois
d’été Canada, du Programme fédéral d’expérience de travail étudiante et du Programme de stages d’enseignement coopératif et d’internat.
- Que
le gouvernement fédéral appuie les personnes âgées en revenant sur sa décision de
relever l’âge de l’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse (SV) et au
Supplément de revenu garanti (SRG).
- Que
le gouvernement fédéral examine la possibilité de modifier la Loi pour le
droit des passagers du transport aérien pour que les organismes caritatifs
enregistrés du Canada qui offrent un vol à un Canadien à faibles revenus devant
se rendre à un rendez-vous médical soient exonérés de ce droit.
- Que
le gouvernement cesse de présenter des projets de loi omnibus en matière
budgétaire, qui sont contraires aux pratiques démocratiques.