Il s'agit de la 43e séance du Comité permanent des finances. Je souhaite la bienvenue à tous nos invités d'aujourd'hui. Nous en sommes au début de nos consultations prébudgétaires 2014.
Chers collègues, je vous souhaite un bon retour. Il s'agit de la première séance de l'automne du Comité des finances.
Nous commençons par nos consultations prébudgétaires. Deux groupes de témoins comparaîtront en cette première séance pour une période d'une heure et demie chacun. Je vous présente les témoins de notre premier groupe. Nous accueillons M. Gregory Thomas, directeur fédéral de la Fédération canadienne des contribuables; et M. Sean Speer, qui représente l'Institut Fraser et qui a déjà rédigé un budget.
Nous accueillons également M. Philip Cross, agrégé supérieur de l'Institut Macdonald-Laurier; M. Gary Oberg, président de l'Association nationale des retraités fédéraux; et M. Kevin Page, de l'Université d'Ottawa, une personne qui connaît bien les comités.
Bienvenue à tous. Je vous remercie beaucoup de votre présence.
Vous disposez tous de cinq minutes pour faire votre exposé. Les membres du comité vous poseront des questions par la suite.
C'est M. Thomas qui commence. Allez-y, s'il vous plaît.
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Monsieur le président, messieurs les membres du comité, je vous remercie.
Au nom de la Fédération canadienne des contribuables, le plus grand, le plus ancien et le plus bruyant groupe de défense des droits des contribuables au Canada, je vous remercie de m'avoir invité à venir comparaître aujourd'hui.
Nous avons fait un sondage auprès de nos sympathisants et près de 6 000 personnes y ont participé. Nous leur avons demandé quelles devraient être les priorités du gouvernement du Canada au cours des prochaines années à leur avis. Chose intéressante, 53 % de cet échantillon de près de 6 000 Canadiens ont répondu que réduire la dette du Canada était la priorité pour ce que l'on peut faire avec l'excédent, alors que 44 % privilégiaient les réductions d'impôt et que 2 % voulaient que le gouvernement fédéral augmente ses dépenses.
Nous demandons donc instamment au comité d'encourager vivement le gouvernement à inclure un plan de remboursement de sa dette dans le budget de 2015. Personne ne s'attend à ce que la dette soit remboursée du jour au lendemain, mais au cours de la période dans laquelle il y a eu 11 budgets excédentaires, qui a précédé la crise financière de 2008, plus de 100 milliards de dollars ont été remboursés par des gouvernements de différentes allégeances, en majeure partie par un gouvernement libéral. Nous espérons que le caucus libéral et l'opposition officielle tiendront compte du souhait des gens de voir le Canada réduire sa dette.
Nos sympathisants ont également indiqué qu'ils étaient pour une réduction du nombre de tranches de revenu, un abaissement des taux et une réduction des crédits d'impôt ultraciblés. Lorsqu'on leur a demandé quelle serait la meilleure façon d'alléger le fardeau fiscal des familles, la solution qui a été la plus souvent proposée, c'est d'augmenter la déduction pour frais de garde d'enfants et de permettre aux parents qui restent à la maison de profiter de la déduction pour frais de garde d'enfants. Nous croyons que si l'on veut alléger le fardeau fiscal des familles canadiennes, offrir une déduction pour frais de garde de 10 000 $ par enfant aux parents qui restent à la maison, qui fait en sorte qu'un parent qui travaille pourrait payer un parent qui reste à la maison, est un moyen abordable, souple et efficace de faire bénéficier les familles canadiennes d'un allégement fiscal.
Nous continuons de demander au gouvernement de réduire les cotisations d'assurance-emploi et, au bout du compte, de créer un compte d'épargne d'assurance-emploi, de sorte que les Canadiens qui n'utilisent jamais la caisse d'assurance-emploi et qui travaillent toute leur vie puissent transférer leurs cotisations d'assurance-emploi dans leurs économies de retraite au moment de leur retraite. Cette année, un couple de travailleurs qui gagnent le salaire moyen de l'industrie — deux conjoints qui gagnent environ 50 000 $ — verront une retenue de 4 300 $ de l'employeur et de l'employé dans leur chèque de paie, qui sera envoyée à Ottawa. Nous pensons que c'est beaucoup trop d'argent dont trop peu de Canadiens bénéficient. Nous demandons donc instamment au comité d'encourager vivement le gouvernement à faire une réforme globale de l'assurance-emploi.
Notre mémoire contient beaucoup d'autres éléments, mais si je continue à parler, mes amis ne pourront pas prendre la parole. Je vous remercie donc encore une fois de m'avoir invité.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité dans le cadre des consultations prébudgétaires annuelles.
Je veux dire tout d'abord à quel point les travaux prébudgétaires du comité sont importants. J'ai déjà participé au processus de quatre budgets fédéraux, et je sais dans quelle mesure le gouvernement compte sur ces audiences et sur vos conseils pour la préparation du budget.
Les travaux de cette année sont particulièrement importants puisque le gouvernement se dirige vers l'équilibre budgétaire et le pays discute de la meilleure façon d'utiliser les surplus budgétaires éventuels. Je pense qu'à ce moment-ci, le thème prébudgétaire de budgets équilibrés et de croissance économique est pertinent.
C'est ce qui m'amène à mes deux sujets principaux d'aujourd'hui: premièrement, le besoin d'éliminer le déficit et de maintenir la discipline en matière de dépenses; deuxièmement, la mesure importante et à faible coût que le gouvernement peut prendre pour favoriser la croissance économique à long terme selon moi.
Premièrement, en ce qui concerne le déficit, il semble que nous sommes dans une période de transition: nous passons d'une période durant laquelle il y a eu une série de déficits budgétaires à des excédents budgétaires. La longue période de déficits se sera traduite par l'ajout de 175 milliards de dollars à la dette fédérale en 2015-2016. C'est pourquoi la priorité du gouvernement devrait être l'élimination du déficit. Cela signifie qu'il faut ignorer les demandes de certains groupes, qui voudraient qu'on repousse le retour à l'équilibre budgétaire au nom d'une stimulation budgétaire continue. Le fait est que nous avons déjà vu ce qui découle d'un tel remède et au bout du compte, il mène à un cycle sans fin de déficits persistants, d'endettement croissant et d'augmentation des taux d'intérêt.
Il est important que le gouvernement n'utilise pas le retour à l'équilibre budgétaire comme prétexte pour augmenter les dépenses. Le gouvernement actuel a fait preuve de discipline ces dernières années et ce serait une erreur pour lui de changer de cap et de recommencer à augmenter les dépenses comme c'était le cas dans la récession économique mondiale.
Autrement dit, dans le prochain budget, la priorité du gouvernement devrait être de prendre d'importantes mesures financières maintenant pour l'avenir. Évidemment, c'est parce que le contrôle des dépenses et les budgets équilibrés ne sont pas une fin en soi. Ce sont des moyens, et il s'agit de dégager des ressources financières afin que le gouvernement prenne des mesures qui rendront le pays plus concurrentiel et qui jetteront vraiment les bases d'une prospérité à long terme.
Je crois qu'il est vraiment possible d'axer les discussions des audiences sur la façon de mieux utiliser les dividendes budgétaires, ce qui a fait l'objet d'un débat important, comme vous le savez tous, la dernière fois que nous avons éliminé le déficit et que nous sommes retournés à l'équilibre. Bien des idées importantes devraient faire l'objet de discussions dans le cadre d'un projet de stimulation de la croissance, mais permettez-moi de parler brièvement d'un seul élément aujourd'hui, c'est-à-dire le traitement fiscal des gains en capital.
Une foule de recherches indiquent que l'impôt sur les gains en capital réduit l'offre et augmente les coûts des capitaux pour les nouvelles entreprises et les entreprises en pleine expansion et du même coup, qu'il nuit à l'entrepreneuriat, à la croissance économique et en définitive, à la création d'emploi. Si l'impôt sur les gains en capital peut avoir de telles répercussions négatives, c'est principalement à cause de « l'effet de blocage » comme le disent les économistes. Puisque les gains en capital sont imposés uniquement au moment où le gain est réalisé, le taux d'imposition élevé peut inciter les investisseurs et les détenteurs d'actif à conserver leurs investissements même si des occasions profitables se présentent.
L'ampleur de l'effet de blocage dépend d'un certain nombre de facteurs, mais de nombreuses études empiriques établissent un lien négatif entre l'impôt sur les gains en capital, la vente d'actifs, le cours d'une action et d'autres indicateurs pour les activités d'investissement. C'est important pour le Canada, car, et je suis sûr que des gens vous le diront au cours des séances, des préoccupations demeurent concernant l'offre de capitaux et la création d'entreprises au Canada.
Divers gouvernements ont pris des mesures pour favoriser et augmenter l'offre de capitaux par des subventions directes et des dépenses fiscales. Toutefois, on n'a pratiquement pas tenu compte du traitement fiscal des gains en capital. À une époque où les gouvernements cherchent des possibilités d'action pour améliorer l'accès aux capitaux aux nouvelles entreprises, il serait judicieux de réformer le traitement fiscal des gains en capital. Éliminer carrément les impôts sur les gains en capital ou réformer son application par un mécanisme de report pourrait aider à augmenter l'offre d'aide financière au démarrage du Canada.
Il convient de mentionner que les répercussions financières d'une telle orientation seraient assez limitées. Selon les plus récentes estimations du ministère des Finances, le gouvernement recueille environ 2,8 milliards de dollars en impôt sur les gains en capital, ce qui représente 2,4 % des rentrées d'impôt sur le revenu et 1,8 % des recettes totales de l'État.
En somme, l'impôt sur les gains en capital entraîne des coûts économiques importants et génère peu de recettes publiques. Une réforme serait une mesure importante et à faible coût qui aurait des répercussions considérables sur l'économie canadienne. J'incite le comité à examiner la question à fond.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vais résumer. L'Institut Macdonald-Laurier a fait quelques rapports de recherche sur les déficits fédéraux. Il en ressort, entre autres — et je crois que la plupart des députés connaissent bien la question —, que le vieillissement de la population aura des répercussions sur les déficits à venir. Je parlerai également des répercussions des déficits provinciaux, dont il est rarement question. Je vais commencer par le vieillissement.
Le vieillissement rapide de la population mettra de la pression sur les finances fédérales d'au moins quatre façons. Premièrement, il y aura moins de travailleurs et donc, moins de gens paieront des impôts. Deuxièmement, la partie de nos régimes de retraite qui n'est pas capitalisée devra répondre à une demande accrue, notamment les programmes de la SV et du SRG. Troisièmement, un nombre croissant d'employés fédéraux demanderont la partie des régimes de retraite qui n'est pas capitalisée. Quatrièmement, les besoins de financement de notre système de santé augmenteront.
Selon l'une des estimations que nous avons publiées, d'ici à 2030, à lui seul, le vieillissement de la population entraînera une hausse cumulative des emprunts équivalant à 52,5 % du PIB. C'est plus que la dette actuelle du gouvernement fédéral.
L'autre chose que je veux souligner, c'est qu'on examine les finances fédérales — et le déficit fédéral est passé d'un sommet de 40 milliards de dollars au pire moment de la récession à un montant négligeable au cours des quatre derniers trimestres —, mais on dit rarement à quel point les déficits provinciaux n'ont presque pas diminué au cours de cette période. En fait, les dettes des provinces sont plus élevées qu'elles ne l'étaient au pire moment de la récession, s'élevant à plus de 40 milliards de dollars.
Ce sont l'Ontario et le Québec qui enregistrent les déficits les plus importants et qui ont les dettes provinciales les plus élevées. La dette du Québec représente 48,1 % du PIB. Elle est suivie par celle de l'Ontario qui représente 37,4 % du PIB. La dette de l'Ontario augmente beaucoup plus rapidement.
D'autre part, le Québec est plus en mesure de réduire son déficit, mais il est inquiétant de voir qu'il n'a pas été capable de l'éliminer complètement. En 2013, l'ancien ministre des Finances, Nicolas Marceau, avait pris un « engagement ferme », pour reprendre ses paroles, et avait dit que le déficit zéro serait atteint. Il a plutôt atteint 1,7 milliard de dollars, et selon les estimations du gouvernement du Québec ces jours-ci, il est de 3 milliards de dollars.
Pourquoi je parle de déficits provinciaux? À l'automne 2012, nous avons publié une étude qui montre que les marchés financiers s'attendent à ce que le gouvernement fédéral sauve financièrement les provinces endettées. Il existe plusieurs précédents de sauvetages opérés par le gouvernement fédéral pendant la Grande dépression, mais nous n'avons pas à remonter aussi loin en arrière.
L'un des chapitres intéressants du récent ouvrage de Chantal Hébert, Confessions post-référendaires, porte sur l'ancien premier ministre de la Saskatchewan, Roy Romanow. Il a dit que lorsqu'il est arrivé au pouvoir, la province était « pratiquement à sec financièrement » et qu'il n'exagère pas. Ensuite, il raconte que Brian Mulroney, qui était le premier ministre fédéral à l'époque, l'avait téléphoné:
... m'avait téléphoné pour me parler de la gravité de la situation en Saskatchewan et à Terre-Neuve. Essentiellement, il disait que nous devions prendre des mesures radicales, faute de quoi le gouvernement fédéral devrait agir et le gouverneur de la Banque du Canada interviendrait.
Je crois que ce passage montre très clairement que les marchés financiers ont raison de croire que le gouvernement fédéral se porte garant des dettes provinciales. Ainsi, dans la mesure où les déficits gouvernementaux constituent toujours un problème, c'est un aspect qu'on ne peut ignorer en examinant les perspectives d'avenir des finances fédérales.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je veux tout d'abord vous dire qu'au départ, mon exposé devait durer 10 minutes et que j'ai dû le réduire de moitié. J'espère que je réussirai.
Au nom de l'Association nationale des retraités fédéraux, je suis ravi de comparaître devant le comité pour parler des questions qui touchent tous nos anciens combattants, dont les membres de Forces armées canadiennes, les membres de la GRC, et leurs familles. En tant que président de l'association, et en tant que membre de la GRC qui a servi son pays pendant plus de 27 ans, je comprends les enjeux qui touchent nos membres et leurs familles. J'ai entendu bon nombre d'entre eux au fil des ans.
L'Association nationale des retraités fédéraux est le plus important organisme national de défense des intérêts qui représente les retraités fédéraux et leurs partenaires des Forces armées canadiennes, de la GRC et de la fonction publique du Canada, et des juges nommés par le fédéral qui sont à la retraite. Comptant plus de 185 000 membres, dont 60 000 anciens combattants et leurs familles, notre association défend les intérêts de ses membres depuis 50 ans sur des questions liées à la sécurité financière, à la santé, et au bien-être de ses membres, dont les anciens combattants et leurs familles. Nos anciens combattants font de notre association l'un des plus importants organismes qui représentent les anciens combattants aujourd'hui.
Notre exposé porte en particulier sur l'importance de faire en sorte que nos anciens combattants, incluant les Forces armées canadiennes et les membres de la GRC et leurs familles aient accès aux programmes et aux services qui assureront un bon passage vers la vie civile et que nous leur garantissions une qualité de vie permanente, ce qui inclut la stabilité financière, une carrière intéressante, la santé et le bien-être et une famille solide. C'est l'obligation du gouvernement fédéral.
Corriger les lacunes financières de la Nouvelle Charte des anciens combattants est l'un des enjeux les plus pressants pour nos anciens combattants et leurs familles. Depuis 2006, des groupes d'anciens combattants, l'ombudsman des vétérans, le Groupe consultatif sur la Nouvelle Charte des anciens combattants et deux rapports du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes ont tous indiqué que la Nouvelle Charte des anciens combattants comporte des lacunes importantes. En juin dernier, le gouvernement a publié trois rapports sur les soins offerts à nos anciens combattants blessés. C'est un message sans équivoque qu'il faut apporter immédiatement des améliorations aux avantages, aux services et aux programmes qui sont offerts aux anciens combattants qui ont été blessés alors qu'ils servaient le Canada. Des consultations et des analyses approfondies ont eu lieu et il est essentiel d'agir maintenant. Il est temps de corriger les principales lacunes financières de la Nouvelle Charte des anciens combattants.
Nous croyons que le gouvernement doit optimiser le nombre et le type d'emplois offerts aux Canadiens et cela inclut nos anciens militaires et nos anciens membres de la GRC, en offrant des incitatifs fiscaux aux employeurs qui les embauchent. Dans son Étude sur la vie après le service militaire 2010, Anciens Combattants Canada a confirmé que 25 % des anciens combattants éprouvent des difficultés à revenir à la vie civile. Pour diminuer les risques, il est important d'offrir à tous les anciens combattants la possibilité d'effectuer une transition vers un emploi intéressant après qu'ils ont servi leur pays.
Bien qu'il existe des programmes pour aider nos anciens militaires et membres de la GRC blessés à obtenir un emploi civil après leur service, ils demeurent limités et sont surtout liés au programme Du régiment aux bâtiments. Nos militaires et membres de la GRC ont de la formation, des compétences et des qualités de leader incomparables. Il nous faut en tenir compte et nous assurer qu'on leur offre diverses possibilités d'emplois leur permettant d'utiliser leur expérience et leurs talents exceptionnels. Par conséquent, pour inciter les employeurs du secteur privé de partout au pays à se tourner vers de telles ressources, le gouvernement devrait accorder un crédit d'impôt à ceux qui embauchent un ancien militaire ou un ancien membre de la GRC. Nos collectivités en seront renforcées.
Enfin, nous croyons qu'il est essentiel de créer un programme national de recherche durable axé sur les besoins des anciens membres des Forces armées canadiennes et de la GRC et de leurs familles. Les effets d'une recherche indépendante sur la santé des militaires et des anciens combattants sont importants, car les résultats des recherches servent de base aux politiques et aux programmes gouvernementaux pour faire en sorte que les anciens combattants et leurs familles réussissent leur transition et qu'ils aient une qualité de vie permanente.
Ces gens font face à des risques uniques et vivent des expériences particulières dans leur service. Ces Canadiens ont besoin de normes de protection, de prévention et de soins particuliers en matière de santé. L'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans s'est établi comme un chef de file indépendant et sans précédent dans la recherche sur la santé des anciens combattants au Canada. L'institut fait appel à des ressources universitaires, favorise les nouvelles recherches et l'application des connaissances et est devenu la plaque tournante de 33 universités qui ont accepté de répondre aux besoins uniques en recherche sur la santé. En seulement quatre années, l'institut est devenu la plaque tournante de la recherche sur la santé des militaires et des vétérans au Canada. Nous appuyons la demande qu'elle fait au gouvernement de s'engager à verser 5 millions de dollars sur cinq ans.
En terminant, au nom des plus de 185 000 membres de l'Association nationale des retraités fédéraux, j'aimerais vous remercier de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je vous ai parlé des priorités qui sont appuyées par les groupes d'anciens combattants, l'ombudsman des vétérans, le Groupe consultatif sur la Nouvelle Charte des anciens combattants, et deux rapports du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes. Il est temps d'apporter des changements substantiels pour aider nos membres qui ont été blessés en service et leurs familles. Je vous encourage vivement à apporter les changements maintenant.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et messieurs les membres du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. C'est un honneur pour moi d'être parmi vous aujourd'hui.
Les mois précédant la présentation du budget fédéral de 2015 et l'élection fédérale devraient être une période importante d'analyse et de discussions. La question à utiliser comme critère pour notre pays devrait être la suivante: laisserons-nous à nos enfants une économie et des institutions plus fortes que celles que nous avions? Je suis inquiet. La croissance des revenus après impôt stagne. Les activités visant à favoriser la croissance de la productivité multifactorielle, un élément essentiel à l'augmentation des niveaux de vie, restent effectivement au même niveau. Le ratio de dépendance des personnes âgées au Canada atteindra un sommet sans précédent au cours des deux prochaines décennies. Le fédéral et les provinces n'ont eu aucune discussion sur ce que cela signifiera pour la croissance durable, les finances publiques, les relations fédérales-provinciales ou les soins de santé. Des scandales de dépenses ont miné la confiance en notre système de gouvernement responsable de Westminster. La Chambre des communes a largement abandonné son pouvoir de contrôler les dépenses.
Sur une note plus positive, je crois que nous sommes sur le point d'arriver à un stade intéressant quant aux liens entre l'équilibre budgétaire, la viabilité financière et la croissance. L'économie mondiale se sort de la crise financière de 2008. Il y a une marge de manoeuvre financière. Il faut choisir les priorités et les orientations politiques et il faut faire les bons choix.
Après des années difficiles depuis 2007-2008, durant lesquelles le Canada a augmenté de 140 milliards de dollars, ou de 20 %, son déficit accumulé, selon les prévisions, l'équilibre budgétaire est en voie d'être atteint. Le ministre Flaherty — que Dieu ait son âme — doit sourire là-haut. En partie grâce à des taux d'intérêt qui n'avaient jamais été aussi bas et à 11 années de budgets équilibrés — ou mieux, depuis les années 1990 —, le coût de la dette représente environ 12 ¢ sur chaque dollar de recettes, ce qui équivaut à environ un tiers de ce qu'il était il y a 20 ans.
Encore une fois, le Canada se dirige vers un excédent structurel et la forte possibilité d'enregistrer des excédents modestes à moyen terme. En ce qui concerne la viabilité financière, la situation du Canada est probablement meilleure que celle de bien des pays. D'après le Bureau du directeur parlementaire du budget, la structure financière fédérale est viable, ce qui signifie que nous allons stabiliser la dette par rapport à la taille de notre économie, en dépit des changements démographiques. De la même façon, le Régime de pensions du Canada et le Régime des rentes du Québec sont viables dans leur structure actuelle, ce qui signifie que le régime de retraite en place permettra de stabiliser la relation entre l'actif net et les dépenses à long terme.
Nous avons certes un problème de viabilité, c'est-à-dire un écart financier, aux niveaux provincial et territorial. Cet écart, à l'échelle provinciale, a été accentué par le changement fédéral apporté au facteur de progression au titre du Transfert canadien en matière de santé.
Vous pourriez recommander, dans votre rapport des consultations prébudgétaires, que le gouvernement du Canada produise des rapports de viabilité annuels, à l'instar des autres pays de l'OCDE, et que son analyse reflète tous les ordres de gouvernement. Le système de santé exerce des pressions énormes sur les finances de l'État. Voulons-nous une approche en matière de gestion financière axée sur le modèle à payeur unique? Voulons-nous une approche nationale pour gérer les coûts liés à la santé? Si c'est le cas, le comité pourrait recommander la tenue d'un dialogue national sur les politiques de soins de santé et les finances entre les divers intervenants.
Vous pourriez envisager des options afin de réformer les transferts fédéraux aux provinces. Comme on l'a indiqué dans le discours du Trône, un projet de loi sur l'équilibre budgétaire pourrait envoyer le message clair que le gouvernement a un objectif financier à atteindre. D'après ce qu'on a vu dans les pays développés, particulièrement au sein de l'Union européenne, il faut exiger une analyse afin d'atténuer les répercussions négatives d'une politique budgétaire anticyclique. Cela comprend le calcul des écarts de production, des équilibres budgétaires ajustés de façon cyclique, de même que la nécessité de mettre en place des mécanismes d'application et d'accorder un plus grand rôle aux institutions financières indépendantes, comme le Bureau du directeur parlementaire du budget, dans l'évaluation des objectifs.
Le comité pourrait entreprendre une analyse des diverses règles et cibles financières existantes, de même que des mesures législatives sur l'équilibre budgétaire déjà adoptées, et faire des propositions concernant les exigences en matière d'analyse, de sorte que le projet de loi sur l'équilibre budgétaire repose sur des pratiques exemplaires. Le comité pourrait recommander que le gouvernement fédéral établisse des plans de dépenses quinquennaux pour chaque ministère et agence, indiquant les compressions budgétaires et les changements aux niveaux de service. Des plans de restriction des dépenses qui présentent un risque budgétaire ou un risque du niveau des services créent des pressions au chapitre des dépenses futures.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie. C'est utile.
Monsieur Page, le point de départ, en partie, dont nous ne parlons pas nécessairement ici, ce sont les perceptions sur la santé de l'économie, en ce sens qu'au début de la grande récession, des gens étaient d'avis que nous nous dirigions vers une période de récession, et d'autres croyaient le contraire. Dans le premier budget qui a été présenté, cela a essentiellement disparu. Il s'agissait d'un budget d'austérité qui est devenu un budget pour les investissements.
Au début de votre exposé, vous avez parlé d'un certain nombre d'indicateurs que vous examinez relativement à l'économie canadienne qui font subsister dans votre esprit des doutes et des questions sérieuses quant à la force et à la santé de l'économie canadienne. Si je vous en parle, c'est que nous ne prenons pas très souvent la question suivante comme point de départ: dans quelle mesure l'économie canadienne est-elle forte maintenant et quelle est la tendance? On serait alors porté à conclure, en écoutant les témoignages, comme M. Speer le dit, non seulement d'après ce que l'on pense, mais d'après l'économétrie...
Vous avez dit un certain nombre de choses. J'ai l'impression que vous ne débordez pas d'enthousiasme ou que vous n'êtes pas convaincu que la situation de l'économie canadienne est bonne et qu'elle s'améliore. La description que je fais de votre témoignage est-elle juste?
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Je remercie nos témoins de leur présence. Je vais adresser ma première question à Philip Cross, de l'Institut Macdonald-Laurier.
Monsieur Cross, dans votre exposé, vous avez dit vous préoccuper des déficits provinciaux. Je suis content que vous ayez mentionné cela, car c'est une chose dont Jim Flaherty me parlait fréquemment. Il encourageait souvent les provinces à faire preuve de rigueur financière pour contenir leurs déficits, tout comme le fédéral l'a fait pour contenir le sien. Notre gouvernement est déterminé à trouver des moyens d'économiser et à restreindre les dépenses au sein du gouvernement pour pouvoir présenter un budget équilibré en 2015. Nous sommes en voie d'accomplir cela.
Il en va de même pour les familles canadiennes, qui savent qu'on ne peut prospérer en dépensant plus qu'on ne gagne. Notre priorité, au fédéral, est d'éliminer les déficits, ainsi que de réduire la dette. Convenez-vous avec moi que cela devrait être au sommet des priorités de n'importe quel gouvernement?
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Je pense qu'on ne peut remettre en question l'exemple le plus convaincant. C'est évident, si on revient à la crise financière de 2008, alors que l'économie américaine était ébranlée et que les dépenses de consommation étaient très faibles. Il ne fait pas de doute que la baisse de 29 % de la TPS a produit un effet stimulant considérable. Cela a produit un effet stimulant pour les ménages canadiens, les mères et les pères de famille qui essayaient d'équilibrer le budget familial.
Les économistes ne s'entendent pas tous sur l'efficacité de la réduction de la TPS, comparée à la réduction des impôts sur le revenu et autres mesures de ce genre, mais quand le moment est venu, quand l'économie mondiale a chancelé, la réduction de la TPS a été comme le 911 du soutien du revenu des ménages canadiens. Il ne faudrait pas l'oublier. On n'en parle pas très souvent, mais cela a énormément aidé.
En ce qui concerne la loi sur l'équilibre budgétaire, nous avons fermement soutenu cela en Ontario, en Colombie-Britannique et au Manitoba. Reste que quand des gouvernements comme celui du Manitoba ont fait des ponctions fiscales et sont revenus sur la loi sur l'équilibre budgétaire, ils ont dû retourner à la législature et vider la loi de sa substance malgré les objections des législateurs de la province.
Nous aimerions que la loi sur l'équilibre budgétaire soit intégrée dans la Constitution du Canada, mais d'ici à ce que cela se produise, une loi est une loi et cela constitue une déclaration. Nous appuyons fermement l'initiative gouvernementale visant à faire de l'équilibre budgétaire une loi pour la première fois au Canada.
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Merci. Je suis content que vous ayez souligné que la réduction de la TPS était en réalité de 29 %, car la majorité des gens y voit une réduction de 2 %, alors que c'est vraiment une réduction de 29 %. Je suis content que vous ayez souligné cela.
Je vais poser ma prochaine question à Sean Speer, de l'Institut Fraser.
Monsieur Speer, dans le Plan d'action économique de 2013, le gouvernement annonçait la création du nouveau plan Chantiers Canada visant la construction de routes, de ponts, de métros, de trains de banlieue et d'autres éléments d'infrastructure publique de concert avec les provinces, les territoires et les municipalités. Notre gouvernement a accordé un financement prévisible de l'infrastructure de plus de 53 millions de dollars sur les 10 années suivantes. Il s'agit du plus gros et du plus long investissement fédéral créateur d'emplois dans l'infrastructure de l'histoire du Canada.
Maintenant que l'on commence à verser l'argent, comment cela contribuera-t-il à la création d'emplois, à la croissance économique et à la bonne qualité de vie des familles canadiennes de toutes les collectivités du pays?
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Merci, monsieur le président. J'aimerais commencer par M. Oberg.
Je vous remercie tous de votre présence.
Monsieur Oberg, dans votre mémoire, vous parlez des lacunes financières importantes de la Nouvelle Charte des anciens combattants, en particulier des iniquités. Vous avez comparé les indemnités d'invalidité pour les anciens combattants à celles qui seraient accordées par un tribunal à des travailleurs civils blessés, et vous avez parlé aussi des problèmes relatifs à l'allocation pour perte de revenus des réservistes de classes A et B.
Bon nombre des soldats qui sont allés en Afghanistan étaient des réservistes. Comment le gouvernement explique-t-il, ou défend-il sa politique qui veut que les réservistes soient traités différemment quand ils sont blessés?
On a discuté de l'infrastructure. Monsieur Page, vous avez parlé de la lenteur de la croissance au Canada, de la croissance des revenus inexistante et de la nécessité d'avoir un programme de croissance. Les économies du Royaume-Uni, des États-Unis et de l'Australie dépassent celles du Canada sur le plan de la croissance économique et de la croissance des emplois, en ce moment. En même temps, on entend des personnes comme David Dodge dire qu'il serait judicieux d'investir maintenant dans des projets d'infrastructure à long terme. En fait, je crois qu'en Australie, l'année passée, le gouvernement fédéral a affecté 13 milliards de dollars à son plan d'infrastructure, mais il est allé chercher le même montant au moyen de partenariats public-privé, en plus de s'adresser à ses États de manière à investir environ 60 milliards de dollars dans l'infrastructure. Le Royaume-Uni est très solide.
Étant donné que le Canada possède probablement la plus grande concentration d'expertise au monde dans les domaines de la conception, de la construction et du financement de l'infrastructure par l'intermédiaire des caisses de retraite, est-il possible pour nous, au Canada, d'avoir un plan d'infrastructure très solide dirigé par le gouvernement fédéral, lequel travaillerait avec les provinces et nos caisses de retraite, afin de revitaliser l'infrastructure à long terme et de créer de la croissance à court et à moyen terme?
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Merci, monsieur le président.
Je pense qu'il existe d'énormes possibilités en ce moment, concernant les dépenses d'infrastructure dans le cadre d'un programme élargi. Je trouve que M. Saxton a très bien démontré cela. Je pense que nous parlons, pour les 10 prochaines années, de dépenses encore jamais vues dans l'histoire. Je crois qu'en raison du contexte, de la faiblesse de l'économie canadienne et de l'économie mondiale, compte tenu des taux d'intérêt effectifs incroyablement bas, des taux des bons du Trésor inférieurs à un point de pourcentage et des taux des obligations d'État à 10 ans qui se situent autour de 2,5 %, l'occasion d'investir dans l'infrastructure est formidable.
Je crois qu'il y aurait des effets positifs à court et à moyen terme. Je dirais que le travail réalisé pour stimuler l'économie en 2009-2010 démontre que l'incidence des travaux d'infrastructure a été relativement importante. Si nous optons pour une loi sur l'équilibre budgétaire, j'estime qu'il serait bon de séparer le budget courant et le budget des immobilisations, de manière à ne pas restreindre nos possibilités d'investir pour l'avenir.
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Merci, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Ma première question s'adresse à M. Speer, de l'Institut Fraser. Ce que vous dites à propos des gains en capital m'intéresse beaucoup, et je vais y revenir.
Il y a un certain temps, l'Institut Fraser a affirmé qu'il serait judicieux de créer des mesures incitatives pour encourager les entreprises à offrir de la formation maison aux jeunes travailleurs. C'est une chose dont nous avons parlé et que la plupart d'entre nous appuient, du moins, c'est ce dont je présume.
Par la même occasion, vous avez aussi demandé au gouvernement d'alléger les formalités administratives du Programme des travailleurs étrangers temporaires. J'avoue que cela tient un peu du mystère pour moi, puisque nous savons que certains ont abusé de ce programme. Nous savons que le programme est important dans certaines régions, mais comment pensez-vous que l'on puisse encourager les entreprises à offrir des formations maison tout en réaménageant le Programme des travailleurs étrangers temporaires?
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J'ai deux choses à dire.
La première concerne votre question au sujet des mesures incitatives que nous devrions offrir aux entreprises pour qu'elles fassent plus de formation. C'est encore un mystère, car, en dépit des mesures incitatives, les sociétés n'investissent pas beaucoup dans la formation de leurs employés. En fait, cet apport a diminué au fil des ans et il est maintenant presque nul. Étant donné les pénuries avec lesquelles elles doivent composer dans l'Ouest, elles ont pourtant toutes les raisons de le faire. Alors, je ne vois pas ce que nous pourrions faire de plus. J'estime par ailleurs que l'issue ne dépend pas que des entreprises. Lorsque vous jetez un coup d'oeil au marché de l'emploi canadien actuel, vous allez constater que le taux de chômage chez les jeunes Ontariens est de 16 %, alors qu'on s'arrache les cheveux dans l'Ouest du pays pour trouver des employés. Nous devons faire les choses différemment pour amener les gens là où l'on a besoin d'eux. Ce n'est pas uniquement la responsabilité des entreprises; le gouvernement et les particuliers ont aussi leur rôle à jouer là-dedans.
Je n'insinuais pas qu'il y avait un moyen facile de régler tout ça, mais je crois qu'il faut faire très attention à ce que le Programme des travailleurs étrangers temporaires ne vienne pas décourager la formation au sein des entreprises, attendu que la main-d'oeuvre peut être remplacée par de la main-d'oeuvre étrangère. Cela pourrait engendrer un problème encore plus grave.
Je veux revenir sur vos propos concernant les gains en capital, car vous avez tout à fait raison de dire que les gains en capital ne sont pas vraiment un allègement fiscal. C'est seulement un moyen de reporter l'impôt dû. Au final, nous savons que quelqu'un devra payer la note.
Je crois qu'un grand nombre d'entre nous ont les yeux rivés sur les gains en capital. Toute notre vie, nous devrons payer de l'impôt pour notre entreprise, notre firme ou notre lot boisé. Vous devriez améliorer cela. Votre bien s'appréciera et, lorsque vous serez prêt à le vendre, vous allez payer de l'impôt de toute manière. Mais en plus de cela, vous avez ce gain en capital. Alors, vous proposez une réduction de 2,4 %. Je crois que c'est le chiffre que vous avez utilisé par rapport aux revenus fiscaux, aux termes du régime fiscal canadien. Mais cela représente beaucoup d'argent. Comment remplacez-vous ce manque à gagner? Si le gouvernement supprimait sur-le-champ cette mesure du gain en capital, y aurait-il suffisamment d'argent réinvesti pour compenser? La mesure incitative suffirait-elle à combler cet écart de 2,4 %?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leurs présentations.
J'aimerais clarifier une chose avec vous, monsieur Cross.
Vous avez parlé du vieillissement de la population et de la pression que cela engendrera sur les finances publiques. Je pense que la question du vieillissement de la population est importante et qu'on devrait en tenir compte. Vous avez mentionné que cela créera des pressions qui pourraient affecter la viabilité des pensions de vieillesse, la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti. Est-ce bien ce que vous avez dit?
Je sais que nous avons eu plusieurs avis sur cette question. Le gouvernement du Canada a augmenté l'âge d'admissibilité à la pension et aux prestations de la Sécurité de la vieillesse. C'est passé de 65 ans à 67 ans. À cet égard, il y a eu des études, entre autres par Bernard Dussault, l'ancien actuaire en chef du Régime de pensions du Canada, qui démontraient que le Régime de pensions du Canada était très viable et que des modifications mineures devraient y être apportées afin d'assurer sa viabilité en raison du vieillissement de la population. Étiez-vous au courant de cette analyse?
Monsieur Cross, j'aimerais revenir sur un deuxième point.
Vous avez parlé de la différence entre la viabilité fiscale du gouvernement fédéral et celle des provinces. On s'attend d'ailleurs à ce que le gouvernement fédéral connaisse un surplus budgétaire. Le Conference Board du Canada a récemment fait une étude sur la disparité des situations fiscales et budgétaires entre les deux ordres de gouvernement.
On semble cependant faire abstraction d'un élément clé, soit l'impact des décisions du gouvernement fédéral sur les provinces. Au cours des années 1990, lorsque le gouvernement libéral a imposé une réduction massive des transferts, les provinces ont subi une pression considérable et leur capacité de financer les programmes a été affectée. On parle de programmes touchant l'enseignement postsecondaire, l'aide sociale et la santé. D'autres décisions plus récentes de la part du gouvernement fédéral ont aussi eu un impact à cet égard, entre autres la réforme de l'assurance-emploi, qui a fait en sorte que bien des gens n'y sont plus admissibles ou n'y ont plus accès. De ce fait, ils aboutissent à l'aide sociale, qui est un programme provincial.
La réduction de la croissance des transferts en santé de 6 % à 3 % aura un impact considérable sur les finances provinciales alors que le Conference Board du Canada estime que la croissance des dépenses sera de 5,2 %. À l'heure actuelle, on apprend que si le gouvernement va de l'avant avec une mesure de fractionnement du revenu, cela coûtera entre 1,7 milliard à 2 milliards de dollars au chapitre des finances provinciales.
Par conséquent, peut-on aussi traiter de la question du rôle du gouvernement fédéral dans cette pression budgétaire que subissent les provinces?
Je ne dispose que de 30 secondes pour une dernière question.
Monsieur Page, vous avez mentionné qu'on s'en allait vers une situation de surplus structurel. Cependant, plusieurs économistes sont d'avis qu'il s'agit d'un faux surplus car il résulte du fait que le gouvernement fédéral ne dépense pas toutes les sommes prévues au budget qui lui sont attribuées par le Parlement. Cela mettra donc le prochain gouvernement, qui sera élu en 2015, dans une situation assez compromettante parce que la réalité du budget et celle des comptes publics sont complètement différentes.
Pourriez-vous formuler un commentaire à cet égard?
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Merci, monsieur le président.
Le comité a plus d'une fois entendu parler des contraintes financières, notamment pour les nouvelles entreprises et celles qui grandissent. Je sais que des organismes comme l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières sont passés ici pour parler, par exemple, du déclin du financement en capital de risque au cours des 10 ou 15 dernières années.
La vraie question consiste à trouver comment libérer ce capital. Je pense que le travail empirique démontre la réalité des effets d'un emprisonnement du capital et que cet emprisonnement peut constituer un obstacle de taille qui empêche les gens de faire circuler le capital d'investissements moins productifs à des investissements plus productifs.
Les études empiriques ne sont pas du même avis, mais il n'y a selon moi aucun doute que de telles mesures constitueraient un grand pas en avant en matière d'accès au financement, et ce, pour les entreprises de toutes les tailles.
Monsieur Page, j'aimerais revenir sur un commentaire que vous avez fait. Vous avez mentionné que nous devrions peut-être envisager des options afin de réformer les transferts fédéraux. Pendant notre étude sur l'emploi chez les jeunes au Canada, des associations étudiantes et des collèges communautaires nous ont présenté leurs observations. Les représentants des collèges communautaires ont parlé de la grande rigueur dont ils doivent faire preuve dans les rapports qu'ils présentent aux provinces concernant les fonds qu'ils reçoivent dans le cadre du transfert de crédits à l'enseignement postsecondaire. Ce n'était pas le cas des universités, qui ne sont pas tenues à présenter ce genre de rapports.
La semaine dernière, le ministre a lancé l'idée de tenir des discussions avec les provinces au sujet des rapports à cet égard et au sujet de mesures quelconques pour les universités. Pensez-vous qu'il serait sensé d'agir ainsi en ce qui concerne les transferts de 12 milliards de dollars que nous consacrons à cette fin?
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Merci aux témoins d'être venus aujourd'hui.
J'aimerais commencer par M. Oberg.
Je vous remercie d'avoir servi le pays; je vous remercie aussi de ce qui était, à mon avis, un excellent exposé au nom de l'Association nationale des retraités fédéraux.
J'aimerais d'abord revenir sur un des commentaires de M. Cross. Il a parlé d'une « crise des pensions » au Canada. Dans votre exposé, vous avez longuement parlé de cette crise. Par exemple, vous avez dit que vous appuyez fortement les mesures publiques comme la bonification du Régime de pensions du Canada. Vous avez aussi souligné certaines des difficultés associées aux REER en tant que solution. Plus précisément, il a indiqué que les régimes de pension agréés collectifs sont insuffisants.
J'aimerais savoir quelle solution vous proposez à cette crise des pensions évoquée par M. Cross.
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Eh bien, vous voulez vraiment que je replonge dans le débat, n'est-ce pas?
Monsieur le président, pour mettre les choses dans un bien meilleur contexte, en tant qu'association, nous considérons que l'assurance-médicaments et les soins à domicile sont, à notre avis, les mesures dont les personnes âgées de ce pays ont besoin actuellement. Les soins de santé représentent un fardeau considérable sur les ressources financières des provinces; nous en sommes tous conscients. Elles cherchent toutes très activement à composer avec cet épuisement de leurs ressources financières.
Quel est le rôle des personnes âgées à cet égard? On en arrive au point où le rôle de notre association est de s'assurer que tous les Canadiens ont, en fin de compte, les soins de santé dont ils ont besoin. Il faut que ce soit lié à la capacité financière. Si vous n'avez pas ces deux éléments, vous n'avez pas les ressources financières pour satisfaire à vos besoins. Vous devez donc faire des choix judicieux quant à votre alimentation ou à vos médicaments. Les deux sont interreliés; si vous n'avez ni les soins de santé ni les ressources financières, au bout du compte, vous aurez probablement besoin de plus de soins de santé.
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Essentiellement, vous dites que nous devons aborder le problème sous l'angle de la viabilité.
Cela m'amène à M. Page et aux commentaires qu'il a formulés aujourd'hui sur la viabilité financière.
Vous avez indiqué que vous considérez que le RPC et le Régime des rentes du Québec sont viables financièrement. Or, le gouvernement fédéral semble étudier ce que l'on appelle le fractionnement du revenu. J'aimerais avoir vos commentaires sur la viabilité financière des provinces par rapport à un régime de fractionnement du revenu. Vous avez parlé de l'écart, de l'écart financier à l'échelle provinciale qui découle des transferts de programmes du fédéral vers les provinces et les municipalités.
Quel serait l'effet du programme de fractionnement du revenu sur les recettes des provinces?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être venus aujourd'hui. Comme vous le savez, il s'agit de notre première réunion. Nous préparons le terrain pour ce qui sera, nous l'espérons, d'excellentes consultations afin de donner des conseils au ministre des Finances.
Avant de poser ma question, je tiens à y aller d'une affirmation qui fera sans doute l'unanimité: l'année 2009 a créé un grave problème. Je me rappelle avoir entendu notre ancien ministre, le regretté M. Flaherty, parler de la crise et des discussions qui se tenaient en coulisse. Essentiellement, la position était que nous devions faire quelque chose de radical. À cette époque, le monde avait atteint un seuil critique. Sans changements importants et audacieux — je parle encore une fois du monde libre, en général —, nous risquions l'effondrement total.
Nous commençons donc un nouveau chapitre. Nous entrons dans ce qui sera, nous l'espérons — il semble que ce soit le cas —, une ère de budgets équilibrés.
Je ne veux pas vous mettre sur la sellette, mais je sais que M. Page peut probablement penser à cette question et qu'il a un peu plus d'informations sous la main. Supposons que l'on vous nomme ministre des Finances pour les cinq prochaines années. J'aimerais que vous jetiez les bases de ce qui serait, selon vous, les étapes essentielles ou les mesures que devrait adopter le gouvernement. Nous pourrons approfondir la question; ce n'est donc pas ce que je recherche. Je vous demande de souligner un, deux ou trois principes que vous jugez essentiels pour les cinq prochaines années, dans le cadre d'un budget équilibré, pour savoir comment procéder à l'avenir.
Je vais commencer par M. Page, suivi de M. Speer, de M. Cross et enfin, de M. Oberg. Je vais vous donner un peu de répit, monsieur Oberg, parce que c'est probablement un peu en dehors de... Vous serez donc le dernier à prendre la parole à ce sujet.
Monsieur Page.
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C'est une question très difficile, monsieur le président.
En ce qui concerne les défis que doit relever l'actuel ministre des Finances, considérant que nous sommes à un moment charnière où nous retrouverons l'équilibre budgétaire dans le cadre d'une structure fédérale viable, je pense qu'il existe des possibilités. Je pense qu'il faut commencer par inclure dans ce cadre les enjeux importants auxquels nous estimons être confrontés. À mon avis, ce sont principalement des enjeux à long terme.
Pour ce qui est des prochaines années, je pense que la reprise est amorcée. À mon avis, nous atteindrons notre production potentielle dans quelques années. Notre taux de chômage continuera de diminuer. La question sera alors de savoir comment composer avec le vieillissement de la population. Comment composerons-nous avec le fait que nos taux de productivité — et certainement les taux de productivité multifactorielle des entreprises — sont demeurés stables? Comment devons-nous aborder ce problème?
Je pense que le principal défi du prochain ministre des Finances sera de savoir comment stimuler la croissance de la productivité. À mon avis, les contraintes budgétaires joueront un rôle essentiel. Je pense qu'avec une plus grande transparence au sujet... Devrons-nous exercer un certain rôle sur le plan fiscal, soit par des mesures prévues par la loi, soit autrement? Quelles seront ces contraintes à court, à moyen et à long terme?
Encore une fois, je pense qu'il faut d'abord s'attaquer au problème de la productivité. Comment devons-nous restructurer notre cadre de dépenses et notre régime fiscal afin de favoriser la productivité?
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Merci, monsieur le président.
Comme M. Page l'a dit, la grande priorité est de maintenir la discipline en matière de dépenses, en évitant la croissance qu'elles ont connue entre 2003 et 2011–2012.
Deuxièmement, je pense qu'il y a un consensus multipartite pour que la priorité soit accordée à la compétitivité du Canada sur le plan de la fiscalité des entreprises. Nous avons constaté par ailleurs un engagement pluriannuel à des réductions qui nous a amenés aux niveaux actuels d'imposition des entreprises. Je pense qu'on pourrait le faire avec l'impôt sur le revenu des particuliers, secteur où nous restons vraiment peu concurrentiels par rapport aux États-Unis et aux autres grands pays industrialisés.
Je comprends que les contraintes budgétaires vous empêcheront de procéder rapidement, mais l'élaboration d'un plan à moyen terme pour rendre l'impôt sur le revenu des particuliers plus concurrentiel sera un bon moyen de dépenser les excédents budgétaires de l'an prochain.
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Pour élaborer ce que j'ai dit dans mon introduction, nous devons absolument réformer le mode de prestation des soins de santé, compte tenu du vieillissement de la population. C'est dans ce domaine que se font les plus importantes dépenses du secteur public et c'est pourquoi il faudra une réforme fondamentale.
Nous devrons repenser aussi fondamentalement la rémunération du secteur public, y compris les retraites. Cela fait partie de la réduction générale des dépenses.
Une autre grande priorité correspond à ce sur quoi j'ai beaucoup travaillé cette année. Je n'ai pas beaucoup travaillé sur d'autres problèmes. Si je l'avais fait, je les aurais fait valoir davantage, mais ce qui m'a beaucoup frappé, c'est la difficulté qu'a le marché du travail canadien à réagir de façon plus efficace. J'y ai déjà fait allusion. Nous avons énormément de mal à trouver les gens qui ont les compétences requises.
Ce qui m'inquiète particulièrement c'est l'écart sans précédent que l'on peut constater entre le chômage des adultes et celui des jeunes. Je ne sais pas ce que cela reflète, mais c'est très troublant. Est-ce parce que les jeunes ne se trouvent pas à la bonne place ou est-ce qu'ils n'ont pas les bonnes compétences? Bref, c'est un problème flagrant que connaît notre marché du travail et un grand défi qui nous attend.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Et merci à vous tous d'être venus. J'apprécie vraiment beaucoup vos contributions.
Monsieur Cross, vous avez soulevé toute la question des dettes provinciales énormes et du maintien des capacités budgétaires dans notre pays. Dans un article qu'il a rédigé récemment, M. Speer a comparé l'Ontario à la Californie en décrivant la situation désastreuse dans laquelle se trouve la province. Au niveau fédéral, nous discutons de la façon dont nous allons utiliser l'excédent budgétaire. La plupart des provinces, à part peut-être la Saskatchewan, n'ont pas ce luxe. Mais au niveau fédéral, nous l'avons.
Pourriez-vous tout d'abord, monsieur Speer, faire un commentaire sur les meilleures façons d'utiliser l'excédent budgétaire, et deuxièmement, sur cette lumière que nous voyons au bout du tunnel, cette lumière qui représente les dettes provinciales auxquelles nous devons faire face en tant que nation et le fardeau que cela présente pour la viabilité financière. Avez-vous quelque chose à dire sur ces deux points?
Très brièvement, monsieur le président, ce qui devrait être la priorité absolue va mobiliser les travaux du comité pendant toutes les audiences.
J'ai parlé aujourd'hui d'un allégement fiscal sur les gains en capital, parce que je pense vraiment que, lorsqu'il s'agit d'en avoir pour son argent, ce pourrait être une mesure qui ne coûte pas cher, mais qui a beaucoup d'effet. Le comité devrait l'envisager, si son but est d'établir les fondements d'une croissance économique.
S'agissant de la dette et des déficits provinciaux, on en a beaucoup parlé et on a beaucoup écrit à ce sujet à l'institut, notamment dans les travaux de M. Cross. Je dirais simplement que nous avons constaté des mesures positives prises ces dernières semaines et ces derniers mois dans la province du Québec, où le ratio de la dette par rapport au PIB est le plus élevé. Il semble que le gouvernement de cette province propose les bonnes mesures à prendre pour contrôler ses déficits et de son côté, la population, les citoyens, ont élu un gouvernement qui fait preuve d'honnêteté par rapport aux mesures à prendre. Je pense que la province où la situation est la plus inquiétante est celle de l'Ontario, où le gouvernement et la population ne semblent pas prêts à prendre les mesures nécessaires pour redresser la situation.
Je tiens à accueillir les invités du second groupe, dans le cadre des consultations prébudgétaires de 2014.
Du Conseil canadien des chefs d'entreprise, nous avons M. Brian Kingston. Bienvenue, monsieur.
Le Syndicat canadien de la fonction publique est représenté par son président national, M. Paul Moist. Bienvenue à nouveau, monsieur.
Le Conference Board of Canada est représenté par son premier vice-président et économiste en chef, M. Glen Hodgson.
Nous avons aussi Peter Holle, président du Frontier Centre for Public Policy. Bienvenue au comité, monsieur.
Et du Bureau de l'ombudsman des vétérans, nous avons à nouveau M. Guy Parent.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion de notre comité.
[Traduction]
Vous avez chacun cinq minutes pour la déclaration liminaire, après quoi nous passerons immédiatement aux questions des députés.
Nous commençons par M. Kingston.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de m'avoir invité à prendre part aux consultations prébudgétaires qui portent sur l'équilibre du budget fédéral afin d'assurer la viabilité financière et la croissance économique.
Le Conseil canadien des chefs d'entreprise représente 150 chefs d'entreprise et grands entrepreneurs dans tous les secteurs et dans toutes les régions du pays. Nos membres dirigent des entreprises qui administrent collectivement des actifs de 4,5 billions de dollars, emploient plus de 1,5 million de Canadiens et sont responsables de la majorité des exportations, des investissements et de la formation qui se font dans le secteur privé.
L'économie du Canada a fait la preuve de sa résilience depuis la récession et continue son expansion à un rythme supérieur à celui de la plupart des autres pays de l'OCDE. La réduction de la dette fédérale et la mise en oeuvre de politiques favorables à la croissance assureraient que le Canada reste une destination attrayante pour l'investissement des entreprises et la création d'emplois. Le Conseil appuie pleinement l'engagement qu'a pris le gouvernement du Canada d'équilibrer les budgets et d'éliminer la dette. Cet équilibre budgétaire et la réduction du ratio de la dette par rapport au PIB présente quatre avantages majeurs.
Premièrement, des budgets équilibrés et de faibles niveaux d'endettement sont bons pour la croissance économique à long terme du Canada. Selon les estimations qui ont été faites dans les économies avancées, les niveaux d'endettement qui dépassent 90 % du PIB sont associés à des croissances économiques inférieures. Heureusement, le Canada n'a pas atteint ce niveau d'endettement, mais ce n'est pas une raison pour nous reposer sur nos lauriers. La dette nette combinée du fédéral et des provinces a atteint 62,1 % du PIB en 2013 et 2014, soit une augmentation par rapport au pourcentage de 49 % en 2008 et 2009. Selon le rapport de 2014 de l'institut Fraser sur la dette gouvernementale, le bilan est pire si l'on songe au passif total, y compris les garanties de dettes, les passifs éventuels et les obligations de programmes non financés. Selon ces valeurs, toutes les provinces, à l'exception de la Saskatchewan, ont des passifs qui dépassent 150 % du PIB. En bref, la prospérité à long terme du Canada dépend d'un niveau d'endettement viable et dans ce domaine, le gouvernement fédéral doit ouvrir la voie.
Deuxièmement, des budgets équilibrés permettront au gouvernement de relever les défis à long terme que présente par exemple le vieillissement de la population. Ainsi, le ratio de dépendance des personnes âgées, qui mesure le nombre de personnes âgées par rapport à la population active, augmentera de façon spectaculaire en raison du déclin du taux de fertilité et de l'accroissement de la durée de vie constatée depuis 80 ans. Selon le rapport sur la viabilité financière établi par le Bureau du directeur parlementaire du budget, cela entraînera un ralentissement de la croissance de la population active et du nombre total d'heures travaillées. Combinée à une croissance inférieure de la productivité du travail, la croissance moyenne du PIB sera de 1,7 % pour la période de 2013 à 2087, ce qui représente une baisse marquée par rapport à la croissance moyenne de 2,6 % constatée au cours des derniers 30 ans. Des budgets équilibrés et un faible ratio de la dette par rapport au PIB donneront au gouvernement la souplesse voulue pour réagir à cette réalité démographique.
Troisièmement, des budgets équilibrés et un faible ratio de la dette par rapport au PIB donneront au gouvernement la capacité de faire face à d'autres ralentissements. Si le rendement de l'économie canadienne a été relativement bon, la crise financière mondiale a eu des résultats décevants. La reprise a eu de nombreux faux départs et connaît d'importants vents contraires, qui découlent d'une faible croissance mondiale de 3 % en moyenne depuis deux ans. Ce taux est bien inférieur à la moyenne que l'on a connue avant la crise et il est peu probable que 2014 soit une année meilleure. Tant que les vents contraires n'auront pas diminué et que la reprise économique des États-Unis ne se sera pas enracinée, le Canada sera vulnérable à de nouveaux chocs économiques auxquels il doit être prêt à répondre. Des budgets équilibrés et un faible ratio de la dette par rapport au PIB l'aideront à réagir à ces chocs.
Quatrièmement, l'équilibre budgétaire permettra au gouvernement de faire des investissements ciblés pour améliorer la compétitivité économique. Selon le DPB, le gouvernement fédéral a la marge de manœuvre fiscale pour accroître les dépenses, diminuer les revenus, ou pour avoir un mélange des deux.
La mise en œuvre de politiques favorables à la croissance assurerait que le Canada reste une destination attrayante pour l'investissement des entreprises et la création d'emplois. Premièrement, il faudrait élaborer un portail unique et exhaustif réunissant toutes les données possibles sur la situation du marché du travail et sur les emplois vacants dans l'ensemble du pays. Deuxièmement, il faudrait lancer un programme de soutien direct à la R-D pour les grands projets nouveaux d'innovation du secteur privé. Troisièmement, il convient de faire des investissements ciblés dans les infrastructures pour stimuler le commerce et la croissance économique. Quatrièmement, il faut procéder à un examen exhaustif du système fiscal afin d'en simplifier les codes, pour encourager la croissance des petites et moyennes entreprises et améliorer la compétitivité des exportateurs.
En conclusion, le conseil appuie les efforts que déploie le gouvernement pour revenir à l'équilibre. Une fois l'équilibre retrouvé, nous recommandons des investissements ciblés pour améliorer la compétitivité économique et la prospérité à long terme du Canada.
Merci, c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Mes remarques découlent du mémoire que nous avons présenté au comité en août dernier. Le budget de 2015 va être critique pour les Canadiens et notamment pour les 630 000 membres que le SCFP a le privilège de représenter. Nos membres paient un peu plus de 3 milliards de dollars par an en impôts. Lorsque l'on discute entre nous, on convient que la qualité des services publics est plus importante que les réductions fiscales. Nos membres veulent des impôts plus justes, mais peu d'entre eux sont prêts à des réductions fiscales, si cela signifie une réduction des services publics ou l'augmentation de leurs propres coûts.
Les politiques économiques fondées sur la théorie des retombées, les réductions fiscales et les mesures d'austérité n'ont pas réussi à renforcer la croissance. Depuis la récession, la croissance est plus lente de 30 % que lors des reprises précédentes. Cela se traduira par une économie pesant 100 milliards de dollars de moins, ce qui équivaut à 7 000 $ de moins par ménage d'ici à 2017. Et malgré la croissance que nous connaissons, ce sont ceux qui sont en haut de l'échelle qui en bénéficient le plus. La rémunération des PDG et les revenus de la tranche supérieure de 0,01 % ont très nettement dépassé les salaires des travailleurs. Le FMI, l'OCDE, l'OIT, la Banque mondiale et même Standard and Poor's affirment aujourd'hui que c'est cette inégalité croissante qui empêche une croissance économique plus vigoureuse. Nous ne parviendrons pas à une relance durable sans une croissance plus dynamique des emplois et des salaires et sans une plus grande égalité. Malheureusement, ce n'est pas ce que nous constatons. Le taux de chômage a à peine baissé ces trois dernières années. Et l'an dernier, plus de 80 % de la croissance de l'emploi correspondait à des emplois à temps partiel, dont la plupart temporaires et contractuels.
Les inégalités continuent de grandir, les emplois les plus élevés recevant la plus grosse partie des augmentations salariales, alors que pour les revenus de la tranche inférieure, ces augmentations correspondent à peine à l'inflation. La priorité absolue du budget de 2015 devrait être de créer davantage d'emplois et des emplois de meilleure qualité, et de favoriser la croissance des salaires et des revenus. Les entreprises privées n'y arrivent pas, alors même qu'elles ont des liquidités excédentaires de plus de 600 milliards de dollars. La solution serait d'augmenter les investissements publics et d'élargir les services publics.
Or, c'est plutôt le contraire qui se produit. Près de 20 000 emplois fédéraux à temps plein ont été perdus et il semblerait qu'on va en perdre 9 000 autres. Nous avons le privilège de représenter des employés à Radio-Canada. Plus de 2000 emplois ont été éliminés dans cette société et 1000 autres, soit un tiers de l'effectif, sont en danger. Le gouvernement devrait augmenter les salaires des travailleurs, plutôt que de les supprimer et il devrait cesser d'intervenir dans les négociations collectives.
Nous prônons également le rétablissement du salaire minimum fédéral, qui débute à 14 $ de l'heure, le rétablissement des prestations d'AE avec dividende fiscal et la refonte du programme des travailleurs étrangers temporaires au-delà des changements nécessaires adoptés à ce jour par le ministre. Nous devrions assurer à tous un salaire décent à la retraite en améliorant le RPC et le SRG. Nous devrions annuler les plans destinés à obliger les Canadiens à travailler plus longtemps pour être admissibles aux prestations de la SV et du SRG. Nous devrions penser à l'effet que cela aura sur les provinces et sur les Canadiens.
Selon les sondages, la priorité absolue des Canadiens est le maintien de systèmes de soins de santé publique solides. Or, selon le Conseil de la fédération, les changements unilatéraux apportés par le gouvernement fédéral auront pour effet de réduire le financement des soins de santé de 36 milliards de dollars d'ici 2024, soit de plus de 1 000 $ par personne au cours de la prochaine décennie.
Nous demandons instamment au gouvernement de négocier une nouvelle entente de 10 ans sur les soins santé, qui prévoit des hausses annuelles de 6 % du financement. Nous voulons également mettre sur pied un plan national universel de médicaments sur ordonnance susceptible de réduire les coûts globaux de 10 milliards de dollars par an; et nous voulons qu'il y ait un débat sur un programme national de soins à domicile et en résidence communautaire et sur la majoration du financement des centres de soins de santé communautaires et des cliniques.
Le budget de 2015 devrait également ouvrir la voie à un système de services d'éducation et de soins de la petite enfance mise en oeuvre en collaboration avec les provinces. Cette mesure créerait des milliers d'emplois et se financerait d'elle-même, comme cela a été le cas au Québec.
Comment pouvons-nous financer toutes ces mesures tout en ayant un budget équilibré et en assurant la viabilité financière? Les réductions fiscales opérées depuis l'an 2000 ont fait perdre au moins 50 milliards de dollars au gouvernement fédéral. Dans le mémoire que nous avons présenté au mois d'août, nous proposons quelques mesures simples qui permettraient d'accroître l'équité fiscale et d'augmenter les recettes du gouvernement fédéral de plus de 33 milliards de dollars par an.
Pour conclure, les investissements et les dépenses publiques sont beaucoup plus stimulants pour l'économie que les réductions fiscales. L'ensemble de ces mesures stimulerait vivement l'emploi et la croissance économique du Canada.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, messieurs les membres du comité, je suis très heureux d'être de retour devant vous.
Au risque de vous sembler prétentieux, je veux vous rappeler que nous avions prédit en 2010 le retour à l'équilibre budgétaire pour le gouvernement dès 2015. Nous n'étions donc pas trop loin de la vérité.
Mon exposé va s'articuler autour de trois éléments principaux. Je vous parlerai d'abord de nos prévisions à court terme avant d'aborder la façon dont nous entrevoyons les perspectives économiques à plus long terme, ce qui est bien différent. Je conclurai en vous offrant gracieusement quelques conseils sur l'orientation que devraient adopter les budgets à venir.
Nous avons terminé cet après-midi même nos prévisions à court terme, et je peux vous dire que nous nous attendons cette année au Canada à une croissance économique de 2,2 %, à une croissance de l'emploi plutôt faible de l'ordre de 1 %, et à une stagnation du taux de chômage à hauteur de 7 %. La situation devrait s'améliorer l'an prochain. Nous sommes à la remorque d'une reprise de l'économie américaine. À notre avis, la croissance devrait atteindre 2,6 % au Canada l'an prochain. Il devrait y avoir des nouvelles réjouissantes dans la plupart des secteurs.
S'il y a un aspect que je trouve particulièrement inquiétant, c'est la très faible croissance des investissements privés. Cette année, nous sommes même dans le rouge à ce chapitre. Ce n'est pas parce que les investissements ne sont pas à la hausse, mais plutôt parce que les coûts d'investissement augmentent également. Nos prévisions indiquent un taux de croissance nominale de 5 % pour les investissements privés, mais le coût des biens d'équipement importés a grimpé en raison de la dépréciation du dollar.
Les gens ont tendance à se réjouir lorsque la valeur du dollar chute. Il est bon de savoir qu'une telle dépréciation est bénéfique pour certains, mais moins pour d'autres. À l'heure actuelle, cela fait grimper le coût des investissements privés au Canada, ce qui n'est pas vraiment une bonne chose. Je n'ai pas l'impression que nous pouvons y faire quoi que ce soit. La croissance d'environ 5 % que nous prévoyons l'an prochain pour les investissements privés sera surtout attribuable à la reprise des exportations vers les États-Unis. La relance de l'économie américaine est vraiment primordiale pour le maintien de la prospérité au Canada et il existe de nombreuses indications d'une reprise durable de l'activité économique dans le secteur privé aux États-Unis. Après six années de marasme, on peut dire qu'il était à peu près temps.
Passons maintenant à nos perspectives à long terme qui sont guidées par différents facteurs économiques fondamentaux comme la démographie, l'investissement privé et la croissance de la productivité. Dans cette perspective, le portrait que brosse le Conference Board est moins réconfortant. Nous prévoyons une croissance d'à peine 2 % en dollars constants après 2016. Nous amorçons une ère où l'impact de notre situation démographique va miner considérablement nos possibilités de croissance économique. À toutes fins utiles, notre taux de croissance perdra pas moins d'un point de pourcentage de façon continue. Si l'on ajoute à cela l'inflation et le fait que les gouvernements imposent le revenu nominal, la croissance nominale, il faut prévoir une augmentation de moins de 4 % du revenu nominal. Nous devrons donc faire montre d'une grande discipline dans notre processus budgétaire pour les années à venir, et ce, aussi loin que l'on puisse prévoir. Il n'y aura sans doute aucun changement d'ici au moins 20 ans, et s'il y en a, ça risque davantage d'être à la baisse.
Que pouvons-nous faire à cet égard? En fait, je suis assez d'accord avec Brian à ce sujet. Nous croyons qu'il faut envisager le processus budgétaire avec la volonté d'investir dans la croissance. Au cours des années à venir, la croissance doit en effet devenir la pierre angulaire de nos exercices budgétaires. À nos yeux, cela peut se traduire de trois manières.
Premièrement, j'encouragerais fortement les membres du comité à se faire les champions de la réforme fiscale au Canada. Il ne s'agit pas de réduire les impôts, mais de repenser notre régime fiscal de manière à stimuler la croissance. Il faut que notre fiscalité soit plus simple, plus claire et mieux ciblée. Je pourrai vous en dire plus long en répondant tout à l'heure à vos questions.
Deuxièmement, je crois qu'il y a eu au Canada depuis 25 ou 30 ans un sous-investissement systématique dans les infrastructures. Le moment est venu de rattraper le temps perdu. Nous savons que les provinces s'y attaquent. Nous savons également que le gouvernement fédéral a réservé des fonds pour ses investissements futurs dans les infrastructures, mais si vous parcourez le pays en voiture ou en avion ou si vous utilisez les systèmes d'approvisionnement en eau, vous n'ignorez pas qu'il nous faudra dépenser beaucoup d'argent, sans doute des centaines de milliards de dollars, pour que nos infrastructures soient de nouveau en mesure de soutenir l'économie.
Troisièmement, nous préconisons des investissements dans les personnes, c'est-à-dire dans l'acquisition de compétences, l'éducation et la constitution du capital humain dont toute économie moderne a besoin pour aller de l'avant.
Si vous me permettez, monsieur le président, j'aurais une dernière réflexion. Si j'avais à choisir entre la réduction de la dette et les baisses d'impôt, je pencherais assurément en faveur de la première option. Je crois que les ratios d'endettement diminuent, mais si nous voulons vraiment nous assurer une courbe de croissance économique continue, il faut que le fédéral et les provinces parviennent à endiguer la dette publique. S'il me restait un dollar en poche à la fin de l'année, je m'en servirais pour réduire la dette.
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Je vous remercie de m'avoir convié à venir de l'Ouest canadien pour comparaître devant vous.
J'aimerais aborder brièvement trois sujets, trois parmi une liste longue comme le bras.
Tout d'abord, il faut régler le problème de la discordance entre le pouvoir d'imposition et les sphères de compétence fédérale. De nombreux services censés relever des provinces sont offerts par le gouvernement fédéral. Celui-ci perçoit environ 43 % de la totalité des impôts. En sa qualité de consommateur principal de l'assiette fiscale, le fédéral a mis le nez dans différents secteurs de responsabilité provinciale, comme la santé, l'éducation, les transports municipaux, les routes et les infrastructures.
Vous trouverez dans le dossier que je vous ai remis un document sur la décentralisation des services. Nous voulons faire valoir qu'il convient de revenir à l'intention première de la Constitution de telle sorte que le gouvernement fédéral transfère des pouvoirs d'imposition aux provinces, en particulier au titre de la TPS et de la taxe fédérale sur l'essence. Nous vous suggérons de le faire parallèlement à une élimination progressive de certains programmes de transferts plutôt néfastes.
Je vais maintenant vous parler un peu de la réforme de la péréquation. La péréquation est un programme dont les objectifs sont louables, mais elle est devenue de plus en plus nuisible, tant pour les provinces qui en bénéficient que pour celles qui en font les frais. Les provinces bénéficiaires se sont retrouvées avec une fonction publique plus imposante et davantage politisée. En quelque sorte, on les récompense pour le maintien de taux d'imposition plus élevés. Et il va de soi que des taux semblables entravent la croissance économique dans le secteur privé.
De nombreuses études ont été menées sur ce qu'on appelle l'« effet papier tue-mouches ». C'est un phénomène qui se manifeste lorsque les transferts aux provinces font grossir la fonction publique dans celles qui en bénéficient. Ainsi, chez moi au Manitoba, nous sommes la province dont le secteur public emploie la plus forte proportion de sa population active et nous sommes également l'une des principales bénéficiaires de la péréquation.
Nous préconisons donc — et je répète que c'est une solution à long terme pour un budget équilibré viable financièrement — un transfert de pouvoirs d'imposition en contrepartie de certaines réformes, notamment au chapitre de la TPS. Selon un calcul que nous avons effectué il y a quelques années, les recettes tirées de la TPS étaient à peu près équivalentes aux montants versés en péréquation.
En troisième lieu, j'aimerais vous entretenir de la nécessité d'une réforme fondamentale de la fonction publique fédérale. Nous estimons tout à fait possible de nous donner une fonction publique qui travaillerait mieux et de manière plus intelligente avec des effectifs réduits. À cette fin, nous pouvons tirer des enseignements de l'expérience d'autres pays qui ont adopté des mesures pour la gestion du rendement, des systèmes comptables plus utiles et un mode de gouvernance davantage décentralisé pour assurer une meilleure gérance des actifs et mettre l'accent sur les extrants et les résultats dans la mise en oeuvre des services. J'ai inclus dans mon dossier un document traitant des réformes effectuées en Nouvelle-Zélande. Même si elles datent déjà d'un certain nombre d'années, elles demeurent tout à fait pertinentes pour le Canada qui pourrait fort bien les appliquer.
En conclusion, je dirais qu'il serait possible de réduire la taille de la fonction publique fédérale si l'on transférait des pouvoirs de taxation aux provinces tout en se retirant de ces certains secteurs, parallèlement à une réforme en profondeur de la péréquation.
Enfin, j'estime que le moment serait bien choisi pour repenser les modes d'opération de la fonction publique fédérale. Fervent du livre Yes Minister, je dois avouer que je me suis dit qu'il devait y avoir des façons plus intelligentes de réduire les dépenses lorsque j'ai appris que l'on mettait fin au Programme de la région des lacs expérimentaux pour réaliser des économies qui n'en valaient pas vraiment la peine. Je pense donc que le comité pourrait examiner les façons de modifier les bases génétiques de la fonction publique fédérale de telle sorte que ses politiques soient davantage axées sur les extrants et les résultats, que les pouvoirs soient décentralisés et que l'on puisse compter sur un secteur public plus performant.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, membres du comité, chers collègues, mesdames et messieurs, merci de m'avoir invité à vous faire part de mes réflexions sur les moyens à prendre pour équilibrer le budget fédéral dans un objectif de viabilité financière et de croissance économique.
[Français]
En tant qu'ombudsman des vétérans et conseiller spécial du , j'ai surtout comparu devant les comités des anciens combattants ou de la défense nationale de la Chambre des communes et du Sénat. Chaque fois, j'ai présenté une position fondée sur des données probantes pour exposer les lacunes actuelles touchant l'aide fédérale aux vétérans, en particulier vis-à-vis de ceux qui sont atteints des invalidités les plus graves.
[Traduction]
La solution à certaines de ces lacunes exige un accroissement des dépenses fédérales; d'autres nécessitent le regroupement des programmes actuels pour faciliter la transition des vétérans vers la vie civile et la réduction de la paperasse, en particulier pour la prestation des services. Tout ceci suffirait à accroître l'efficacité et améliorer les services offerts aux anciens combattants. Dans un cas comme dans l'autre, le budget 2015 du gouvernement fédéral doit absolument répondre aux besoins immédiats non comblés de ces vétérans et de leur famille en donnant suite aux recommandations du rapport de juin 2014 du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes, La Nouvelle Charte des anciens combattants: Allons de l'avant.
Les vétérans s'attendent vraiment à ce que le prochain budget remédie aux lacunes de longue date des programmes. C'est d'ailleurs dans cette optique que je travaille en étroite collaboration avec le cabinet du ministre des Anciens Combattants, l', et avec les fonctionnaires du ministère pour tenter d'apporter des améliorations significatives à la Nouvelle Charte des anciens combattants.
Nous sommes nombreux à reconnaître intuitivement l'existence d'un lien direct entre la manière dont un pays traite ses anciens combattants et sa capacité de recruter et de maintenir en poste des militaires. C'est tout à fait logique. Si les besoins des vétérans blessés ou malades ne sont pas comblés, pourquoi choisirait-on de faire ou poursuivre une carrière militaire? Pour cette raison, nous devons remédier aux lacunes des programmes pour venir en aide à nos anciens combattants — non seulement parce que nous devons acquitter notre dette pour les services qu'ils ont rendus à notre pays, mais aussi parce qu'il s'agit d'une question de sécurité nationale.
[Français]
Permettez-moi de mettre les choses en perspective.
Le Canada compte aujourd'hui environ 700 000 anciens combattants des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada. Environ 15 % sont des clients d'Anciens Combattants Canada. Dans la majorité des cas, ces clients sont atteints d'une invalidité jugée mineure. Ceux qui souffrent des invalidités les plus graves ne représentent que 1 % de la population totale de anciens combattants.
[Traduction]
Cependant, quand nous songeons aux vétérans aujourd'hui, nous avons tendance à imaginer des personnes blessées ou malades qui ont besoin d'aide gouvernementale. En un sens, c'est dans l'ordre des choses. Toutefois, même si nous ne devons jamais oublier ceux qui ont tant sacrifié pour leur pays, je crois qu'il est temps de commencer à prêter plus d'attention à nos vétérans en santé, ceux qui réintègrent leur collectivité locale avec un minimum de soutien.
Lorsqu'ils étaient en service, ces anciens combattants ont bénéficié de millions de dollars d'aide aux études, d'aide technique et d'aide au perfectionnement professionnel. Ils ont aussi acquis une expérience en leadership qui ne peut s'obtenir nulle part ailleurs. Ce sont des personnes qualifiées, chevronnées et fiables, dotées d'une solide éthique de travail. Pourtant, aujourd'hui, le Canada ne tire pas suffisamment parti du temps et de l'argent investis dans la formation professionnelle de ces hommes et de ces femmes. Lorsqu'ils terminent leur service, nous nous contentons la plupart du temps de les remercier, après quoi ils disparaissent de nos écrans radar. Les vétérans font partie intégrante de notre quotidien — comme premiers intervenants, entraîneurs, bénévoles et membres de clubs philanthropiques — et, bien souvent, nous ne sommes même pas conscients du fait qu'il s'agit d'anciens combattants.
Je crois que, compte tenu des défis de l'économie mondiale au XXIe siècle, le temps est venu de réellement mettre à profit les compétences de ces hommes et de ces femmes lorsqu'ils retournent à la vie civile. Les vétérans peuvent nous aider à assurer la viabilité financière et la croissance économique de notre pays. Ils peuvent aider le Canada à renforcer son rôle de leadership dans l'économie mondiale du XXIe siècle.
Il s'agit simplement d'envisager les vétérans dans une nouvelle perspective. Il faut recommencer à les traiter comme un investissement. Pourquoi « recommencer »? Parce que l'histoire nous montre que, lorsqu'un million d'hommes et de femmes sont rentrés de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement du Canada disposait d'un plan stratégique pour veiller à ce que ces vétérans acquièrent les compétences nécessaires pour réintégrer la vie civile.
:
Nous ne nous sommes pas contentés de parfaire leurs compétences pour la vie civile; nous leur avons aussi consenti des prêts, des subventions, de l'assurance et d'autres incitatifs pour garantir leur réussite.
Aux États-Unis, il est estimé que le GI Bill de l'après-guerre a permis de générer un rendement de 7 $ pour chaque dollar dépensé. Les sommes investies dans les vétérans par le Canada après la Seconde Guerre mondiale ont certes amélioré l'économie, mais ce n'est pas tout: elles ont aussi changé le tissu social de la société canadienne. Notre régime national d'assurance-maladie s'inspirait du réseau fédéral d'hôpitaux pour les vétérans. De même, les obstacles socioéconomiques qui empêchaient les citoyens de faire des études collégiales ou universitaires ont été éliminés grâce à la création d'établissements d'enseignement postsecondaires un peu partout au Canada pour répondre aux besoins des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, si la plupart des citoyens du pays peuvent être propriétaires d'une maison aujourd'hui, c'est grâce à la Société canadienne d'hypothèques et de logement, un programme créé à l'origine pour les vétérans.
Dans d'autres secteurs économiques, ne pourrions-nous pas travailler avec des établissements d'enseignement postsecondaires pour tirer parti des forces des vétérans et modifier les programmes pour les adapter à des professions affligées par une pénurie de travailleurs?
[Français]
Je pourrais vous faire part de nombreuses autres idées envisagées, mais le temps qui m'est alloué ne me permet que de vous donner un avant-goût de ce qui est possible.
[Traduction]
En ce qui a trait à la viabilité, il suffit de se rappeler que, chaque année, les Forces armées canadiennes libèrent plus de 5 000 membres hautement qualifiés et expérimentés. Le moment est venu de remédier, dans le prochain budget, aux lacunes de la Nouvelle Charte des anciens combattants et de commencer à envisager les choses à long terme.
Nous avons l'occasion de contribuer à la viabilité financière et à la croissance économique de notre pays en changeant la manière dont nous percevons les vétérans. Le Canada peut tirer profit de ce changement. Voici donc ce que je vous propose: saisissons cette occasion de reconnaître le plein potentiel de nos anciens combattants et mettons-nous à la tâche. Nous leur devons bien plus encore.
Monsieur Kingston, je ne suis pas certain d'avoir bien saisi votre point de vue, car vous vous êtes exprimé en des termes qui peuvent être interprétés de bien des manières différentes. Dans son témoignage qui a précédé le vôtre, M. Page a fait valoir qu'il y avait tout lieu de s'inquiéter, en prenant à témoin certains indicateurs économiques clés. Si nous partons de cette hypothèse qui situe l'économie canadienne en milieu de peloton, en la voyant se tirer d'affaire sans toutefois être à la hauteur de son potentiel, c'est dans ce contexte que nos recommandations vont s'articuler.
Comme c'était le cas avec le premier groupe de témoins, aucun de vous n'a laissé entendre que le fractionnement du revenu était la solution pour améliorer le rendement de l'économie canadienne. Est-ce que le CCCE a une position claire concernant cette option stratégique? Considérez-vous que cette mesure s'impose, est plus ou moins prioritaire ou pas vraiment indiquée pour l'instant?
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Merci, monsieur le président.
La Nouvelle Charte des anciens combattants a remplacé le régime de pension. Le régime de pension était composé de prestations et de programmes à vie.
Lorsqu'on a introduit la Nouvelle Charte des anciens combattants — c'est-à-dire l'indemnité pour perte de revenu —, on a introduit, pour la première fois dans l'histoire des indemnités versées aux anciens combattants, un programme qui se termine à l'âge de 65 ans. Donc les personnes qui ont une incapacité totale et permanente reçoivent seulement une allocation pour perte de revenu, qui se termine à l'âge de 65 ans.
Toutefois, il existe une allocation pour déficience permanente. En fait, nous nous interrogeons sur la logique de tout cela. Pourquoi des personnes souffrant d'une incapacité totale et permanente ne reçoivent-elles pas une allocation pour déficience permanente? C'est le grand secret que nous tentons de percer.
Les personnes qui ne sont pas en mesure de générer un revenu devraient recevoir des prestations à vie. Ainsi, l'ADP, c'est-à-dire l'allocation pour déficience permanente, devrait être élargie afin d'en faciliter l'accès. On devrait également l'ajuster au niveau de vie après le service, c'est-à-dire environ 70 000 $.
Monsieur Hodgson, vous semblez demander un programme de croissance conforme au consensus qui a récemment émergé de la réunion des ministres des Finances à Cairns, dans le cadre du G20. Le trésorier de l'Australie a déclaré qu'il était essentiel de prendre des mesures concrètes à l'échelle mondiale pour favoriser la croissance et créer des emplois.
Notre croissance économique est beaucoup plus lente que celles des États-Unis, de l'Australie et du Royaume-Uni. Pourtant, l'Australie et le Royaume-Uni investissent énormément dans l'infrastructure: le gouvernement fédéral de l'Australie collabore avec les gouvernements provinciaux et travaille avec le Régime de pensions du Canada.
Étant donné que nous avons probablement, ici au Canada, la plus grande concentration d'experts dans le monde pour la conception, la construction et le financement de l'infrastructure, devrions-nous établir un solide plan national en matière d'infrastructure aujourd'hui, comme David Dodge nous le conseillerait, en collaborant avec les provinces pour investir massivement dans la remise en état de notre infrastructure? Nous pourrions créer des emplois à court terme et améliorer notre compétitivité à long terme.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins. Vous serez contents d'apprendre que je n'ai pas de question d'habileté à vous poser parce que j'estime que vous êtes tous très qualifiés dans vos domaines respectifs.
J'aimerais adresser une question à M. Holle concernant une statistique intéressante sur la façon dont on prélève les taxes et les impôts. Il semblerait que le gouvernement fédéral recueille 43 % de toutes les recettes fiscales. Vous préconisez la décentralisation des services. La plupart d'entre nous aimeraient voir un système d'imposition simplifié, mais ce n'est pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain. Croyez-vous réellement que le fait de décentraliser les services serait moins onéreux?
Je crains qu'en décentralisant les services, on se retrouve avec une panoplie de systèmes partout au Canada; certaines provinces pourraient avoir un très bon système qui favorise la croissance et les possibilités, et d'autres provinces seraient laissées pour compte.
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Vous avez également 10 laboratoires où les provinces pourraient tenter de nouvelles expériences et, au bout du compte, ce qui fonctionnerait le mieux serait adopté par les provinces. Nous avons actuellement un système qui élargit artificiellement la taille de la fonction publique. Il n'y a pas suffisamment de reddition de comptes. Quand je vois un projet de construction auquel participent les trois ordres de gouvernement, c'est-à-dire trois niveaux d'administration, je n'arrive tout simplement pas à concevoir comment on peut réaliser des économies. Il serait beaucoup plus intelligent, par exemple, de redonner aux municipalités ou à la province les recettes provenant de la taxe sur l'essence et de les laisser définir leurs priorités locales.
Selon de très bonnes études menées par plusieurs groupes d'experts, lorsqu'on parle de la péréquation, il semble que l'argent se limite à la bureaucratie et que la bureaucratie s'accroît davantage. Pourquoi prendre l'argent et le redonner? Cela décourage également l'innovation et l'expérimentation de nouvelles formes de prestation de services.
Je pense qu'on pourrait facilement avoir une fonction publique plus créative et innovatrice si elle s'en tenait à ses domaines de compétence. Le gouvernement fédéral doit assumer certains rôles — les affaires étrangères, la défense, les tribunaux —, mais il ne devrait pas intervenir dans les dossiers locaux, notamment les nids-de-poule, tout comme les villes ne devraient pas se mêler des questions fédérales.
Il existe de nombreuses façons de simplifier les choses, mais sachez que le système de péréquation n'aide personne. En fait, il nuit au Manitoba, où les fonds ont été versés dans un système vaste et lourd.
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Je suis pour la diversité, l'expérimentation et l'innovation. Je regarde la fonction publique en général au Canada, et je peux vous affirmer qu'on n'est pas des champions. Lorsque je me penche sur la situation de l'Australie ou de la Nouvelle-Zélande, par exemple, je me demande ce que nous pourrions apprendre de ces pays.
Il semble que nous ayons un penchant pour les monopoles internes qui ne font l'objet d'aucune reddition de comptes. Nous ignorons le coût des choses. Si on fait une comptabilité adéquate, on se rend vite compte que les services sont onéreux. Je pense qu'il faut examiner les modèles où le rôle du gouvernement est d'acheter les extrants du marché. S'il s'avère que c'est moins coûteux à l'interne, gardons le tout à l'interne. Toutefois, si, selon nos renseignements, il est moins coûteux d'aller à l'extérieur du gouvernement, on va savoir quoi faire. Nous n'avons même pas ces systèmes d'information au Canada, à aucun des ordres de gouvernement.
Je pense qu'il existe bien des façons d'améliorer les bases génétiques de la fonction publique fédérale. J'encourage le gouvernement à se pencher là-dessus.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
De nouveau, je tiens à remercier les témoins qui ont comparu devant nous. Leurs présentations ont été assez intéressantes.
Je voudrais commencer avec M. Hodgson.
On ne se penchera pas sur le dernier rapport, qui portait sur l'équité intergénérationnelle, mais plutôt sur le précédent rapport qui était intitulé Un parcours difficile à négocier : les perspectives économiques et budgétaires du Canada.
Lors d'une réunion précédente, des gens ont mentionné que même si le gouvernement fédéral bénéficie d'un surplus budgétaire, les provinces sont loin d'être dans cette situation. À cet égard, ce sera assez difficile pour elles.
D'ailleurs, vous mentionniez dans votre rapport que si on maintient le statu quo, d'ici 2034-2035, soit d'ici 20 ans, le surplus budgétaire du gouvernement fédéral s'élèvera à 110 milliards de dollars alors que les provinces auront accumulé un déficit de 171 milliards de dollars.
Dans la situation budgétaire actuelle, quel rôle le gouvernement fédéral joue-t-il pour venir en aide aux provinces?
Le gouvernement fédéral a posé plusieurs gestes. Par exemple, dans les années 1990, il a réduit les transferts. À l'heure actuelle, il adopte d'autres mesures, comme la réforme de l'assurance-emploi, la réduction de la croissance des coûts en santé et la réduction des transferts en santé pour les provinces. Ces mesures auront des répercussions majeures sur les provinces.
Selon vous, de quelles manières le gouvernement fédéral pourrait-il agir directement pour venir en aide aux provinces et essayer de réduire cet écart entre la santé des finances fédérales et la santé des finances provinciales?
:
C'est la question à 64 000 $. Le fédéralisme fiscal n'est-il pas la nature du Canada? Veiller à la juste répartition des pouvoirs entre les provinces et le gouvernement fédéral? Essentiellement, vous avez deux choix. Soit le gouvernement fédéral renonce à certaines choses, de sorte que les provinces puissent intervenir et hausser les impôts, soit il transfère davantage de fonds.
Je ne crois pas qu'il n'y ait qu'une seule solution. Je pense que nous avons toujours eu un régime harmonisé. Certains gouvernements ont transféré des points d'impôt par le passé; d'autres ont choisi de transférer plus de fonds.
Il est évident que les plus importants inducteurs de coûts pour les services publics se situent au niveau provincial. On parle ici des services de santé, dont le coût s'est accru de 6 à 6,5 % ces 20 dernières années. Avec une progression nominale de 4 %, il faut clairement faire quelque chose au niveau du système de santé. Il en va de même pour l'éducation.
Les provinces ont des programmes onéreux. À l'heure actuelle, le gouvernement fédéral est la source de revenus.
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Merci, monsieur le président.
Je vais tout d'abord adresser une question à M. Kingston, puis à M. Hodgson.
Monsieur Kingston, vous avez parlé de la productivité et des défis à long terme. Il a également été question de la croissance du PIB qui dépendra des investissements des entreprises et des exportations, entre autres, au cours des prochaines années — particulièrement au cours des deux prochaines années.
Je veux simplement m'assurer de bien comprendre. Si on examine les comptes de certaines de ces entreprises, ainsi que leur bilan de productivité —, selon vous, quelles sont les recommandations que le comité pourrait faire pour stimuler l'investissement?
Je sais que vous avez notamment parlé de la déduction pour amortissement accéléré. Toutefois, si on rend permanente la déduction pour amortissement accéléré, cela ne va pas nécessairement inciter une entreprise à faire quelque chose, contrairement à l'imposition d'un échéancier. Il faudrait donc concilier cette idée avec l'établissement d'un échéancier en ce qui concerne les décisions d'investissement importantes.
Pourriez-vous nous dire comment nous pourrions nous y prendre? Serait-ce en prenant des mesures fiscales ou en apportant des améliorations à la réglementation? Je sais que certains aspects de la réglementation empêchent les petites entreprises de faire des investissements.
Par conséquent, faut-il prendre des mesures fiscales? Améliorer la réglementation? Ou une combinaison des deux? Les petites et les grandes entreprises sont-elles touchées différemment?
Selon moi, ce qui contribuerait grandement à stimuler la productivité des grandes entreprises serait un programme direct de recherche et développement.
Les changements apportés il y a quelques années au crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental ont eu des effets très néfastes sur les grandes entreprises canadiennes responsables de la majeure partie des investissements en R-D au Canada. Nous avons estimé une diminution de 25 à 30 % des dépenses en recherche et développement des grandes entreprises.
Je pense que si vous voulez accroître la productivité et améliorer la recherche ici au Canada, un bon moyen d'y parvenir serait de mettre en place un programme direct qui aiderait ces entreprises à investir dans la recherche et le développement.
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Pour être honnête avec vous, je ne crois pas qu'il y ait de solution magique. Je ne pense pas que le système fiscal ou la réglementation puisse y changer quelque chose.
Le fait que 625 milliards de dollars dorment dans les comptes des entreprises s'explique par la peur, la peur d'un monde incertain, de ne pas savoir où l'économie mondiale s'en va. J'imagine que tous les accords de libre-échange que nous signons ou mettons en oeuvre sont bénéfiques, en ce sens qu'ils donnent accès à d'autres marchés en croissance.
Toutefois, je ne crois pas qu'il y ait de solution miracle pour régler le problème. Il faut continuer d'instaurer la confiance dans le secteur privé. La reprise vigoureuse de l'économie américaine est très positive, alors nous nous attendons à une augmentation de l'investissement privé l'an prochain ainsi qu'à une croissance importante des exportations.
Je ne vous conseillerais donc pas nécessairement de peaufiner ou de restructurer le système fiscal.
Je remercie tous les témoins d'être ici.
Je voudrais commencer par M. Hodgson, si vous permettez. Le Conference Board a produit une étude qui donne beaucoup à réfléchir sur le fossé creusé entre les jeunes et les vieux. Vous en avez parlé aujourd'hui et vous avez même évoqué une génération laissée pour compte. Comme j'ai été professeur, il est sûr que je rencontre beaucoup d'étudiants très pessimistes au sujet de leur avenir, car les jeunes sont deux fois plus durement touchés par le chômage et ainsi de suite.
Vous avez aussi parlé du déficit infrastructurel et dit que le gouvernement avait seulement versé un bon acompte pour y remédier. Y a-t-il un lien? Existe-il une solution aux deux problèmes? En augmentant les dépenses dans les infrastructures et en améliorant la formation, pouvons-nous offrir des possibilités nouvelles aux jeunes? Avez-vous réfléchi à ces questions?

Je dois d'abord me dire d'accord avec le rapport du G20 que j'ai cité — M. Brison parlait des ministres des Finances du G20 — cela revient au même. Un taux élevé de chômage et les salaires qui stagnent font remettre à plus tard les décisions d'achat des consommateurs, et si les entreprises vont débourser un milliard... Il y a deux semaines, à Washington, un représentant canadien me disait comment il essayait d'encourager l'expansion en invoquant la capacité inutilisée de fabrication en Ontario. Si une société est prête à investir un milliard de dollars dans ses propres infrastructures, elle doit savoir que des consommateurs sont prêts à acheter ses produits. Notre Congrès du travail du Canada rencontre le gouverneur de la Banque du Canada la semaine prochaine, et je pense que, actuellement, il a des décisions très difficiles à prendre. Les taux d'intérêt sont très faibles. Cela stimule une certaine activité dans l'immobilier, mais chacun se demande ce qui arriverait à ce secteur de l'économie au Canada, après une augmentation inflationniste des taux d'intérêt, pendant que les salaires seraient diminués ou stagnants. Je parle du travailleur moyen. Il me semble que c'était ce contre quoi le G20 se démenait la semaine dernière quand il disait que « ce n'est pas en se rapetissant ou en s'amputant soi-même qu'on atteint la grandeur ».
Une autre mention que vous n'avez pas eu le temps d'insérer dans votre exposé oral, mais que j'ai trouvée dans votre mémoire, c'est l'allusion aux programmes fédéraux d'infrastructures. Vous mentionnez, dans votre mémoire, que si, récemment, on s'est engagé à l'égard du financement à long terme des infrastructures, très peu de cet argent a été débloqué. On m'a dit que c'était reporté jusqu'en 2017. Dans ce cas, ce n'est pas près de nous aider.
Puis, dans votre document, vous parlez de la soi-disant présélection des PPP. J'ai entendu des maires de certaines grandes villes et, dernièrement, la Fédération canadienne des municipalités. Ils critiquent très sévèrement l'exigence d'une telle présélection. Vous dites que la suppression de la présélection des PPP et du fonds pour les PPP permettrait au gouvernement de non seulement économiser le 1,25 milliard que coûte le fonds, mais aussi de nombreux milliards, dans les années à venir, du fait de ne pas s'engager dans ces PPP coûteux.
Je me demande si vous pouvez nous en dire davantage à ce sujet.
:
Très rapidement, j'ai entendu quatre éléments d'information à Niagara Falls, lors du congrès annuel de la FCM qui a eu lieu en juin et qui réunissait 2 000 maires et conseillers.
D'abord, ils sont contre l'exclusion des routes du nouveau fonds Chantiers Canada. Impossible d'avoir un projet de voirie et de le faire financer.
Puis, ils sont tout à fait contre l'interdiction d'utiliser le transfert de la taxe sur l'essence aux municipalités pour aider à financer les demandes concernant d'autres projets au fonds Chantiers Canada. Ils ne peuvent pas s'expliquer d'où cela vient.
Ensuite, le financement est reporté, ce qui engendre une frustration palpable.
Enfin, la plupart des municipalités ne veulent rien savoir de ce que la présélection obligatoire des PPP leur dira. Elles veulent pouvoir, à leur gré, ne pas hypothéquer la dette pour l'avenir, mais emprunter à taux moins élevé. Pour les municipalités qui peuvent taxer davantage pour emprunter, le moment ne pourrait pas être plus propice pour emprunter. Elles croient que ce serait une décision qu'elles voudraient prendre.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici, malgré l'heure tardive, pour nous supporter, nous donner des conseils judicieux et nous communiquer votre sagesse.
Je suis un peu confus et je tiens à ce qu'on m'aide. Nous avons parlé de la nécessité de réduire la dette. Je suis d'accord avec cette prémisse. Mais, en même temps, il est question d'augmenter les dépenses dans les infrastructures. C'est là qu'on me perd. Je pense aux États-Unis, qui ont dépensé des sommes colossales. Mais ils ont emprunté cet argent et, pourtant, ils continuent d'en inclure les montants dans leur PIB. Par la suite, nous essayons de... ou, à un certain moment, ceux qui font de même pensent que nous devrions suivre cet exemple.
Alors, qui a raison? Nous, le gouvernement, prenons-nous l'argent des taxes et dépensons-nous l'argent que nous avons ou bien...
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Je passe à M. Kingston.
Les économies sont des écosystèmes très complexes. Une bonne politique publique et une saine gouvernance créent vraiment des conditions qui attirent les investissements privés et qui seraient favorables à la croissance des entreprises et à la création d'emplois, comme c'est arrivé ici, au Canada.
Il se peut que les modèles de gouvernance de certains pays, qui possèdent énormément de ressources naturelles et de bonnes ressources humaines, soient pitoyables et que, en conséquence, leurs économies soient dans le marasme. Exemple: l'Argentine.
Je vous pose la même question qu'à M. Hodgson. À quel point est-il important que le gouvernement maintienne le cap, c'est-à-dire qu'il conserve une fiscalité légère, d'où une augmentation des recettes de l'État et une limitation rigoureuse des dépenses? À quel point est-il important que les entreprises croissent et qu'elles créent des emplois dans notre économie?
Chers collègues, il nous reste environ six minutes et demie.
J'ai quelques questions à poser. Elles figureront dans le compte rendu.
La première porte sur les infrastructures. Y a-t-il un moyen d'atteindre les objectifs qu'on s'est fixés pour les infrastructures sans alourdir, peut-être, la dette fédérale? C'est une grande question. Peut-être que deux ou trois témoins pourraient me répondre directement, puis je communiquerai les réponses aux membres du comité.
Je tiens à me faire l'avocat du diable. Monsieur Kingston, je suis pleinement d'accord avec votre première recommandation et je suis d'accord avec vos troisième et quatrième recommandations.
En ce qui concerne votre deuxième recommandation, sur un programme de soutien direct, s'il est vrai, comme on l'a dit, que les sociétés canadiennes n'investissent pas autant qu'elles le devraient et que, depuis à peu près un an, elles laissent dormir leurs liquidités, en partie du fait, d'après certains, de la réduction de l'impôt fédéral sur les sociétés, pourquoi le gouvernement ou le comité devrait-il chercher davantage à améliorer les programmes de soutien direct pour les diverses industries?
C'est une grande question. Vous pouvez y répondre en partie ici et m'en faire parvenir le reste plus tard.
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Monsieur le président, je me contenterai de dire, pour commencer, que la croissance des liquidités détenues par les sociétés, au cours des quelques dernières années, a fondamentalement découlé de la grande incertitude qui existe dans l'économie mondiale. Je suis persuadé, et vous verrez que, dès que le rétablissement de l'économie des États-Unis sera assuré, la demande au Canada sera soutenue et que les sociétés y regagneront confiance, elles feront des investissements. Dans l'incertitude, les sociétés hésitent à dépenser, comme n'importe qui.
En ce qui concerne le programme de soutien direct, traditionnellement le Canada a privilégié les dépenses indirectes. Près de 90 % de notre appui à la recherche-développement l'a été sous forme de dépenses indirectes, tandis que, aux États-Unis, c'était à 80 % sous forme directe.
Nous avons fait valoir qu'il devrait exister un meilleur équilibre entre les dépenses indirectes et directes, si on veut encourager l'innovation et la recherche-développement.