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RNNR Rapport du Comité

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Rapport dissident: Parti Libéral du Canada

Avantages dans l’ensemble du Canada du développement de l’industrie pétrolière et gazière du secteur de l’énergie

Geoff Regan, député,
vice-président du Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes

Tout d’abord, nous tenons à remercier tous les témoins qui ont partagé leur temps et leur expérience avec le Comité dans le cadre de cette étude. Leurs témoignages et leurs comptes rendus ont permis de faire la lumière sur la question primordiale qu’est le développement de notre économie de l’énergie, un élément essentiel pour le développement économique futur de notre pays.

Nous devons également présenter nos excuses aux témoins qui ont été contraints de restreindre leur témoignage pour s’adapter à la vision étroite adoptée par le gouvernement conservateur et les membres du Comité. La motion originale demandait une étude sur les avantages du développement de l’industrie énergétique à l’échelle du Canada, qui aurait mis l’accent sur le pétrole et le gaz naturel. Une telle étude aurait englobé les avantages de l’énergie hydro-électrique, éolienne, marémotrice, nucléaire, ainsi que de l’énergie produite à partir de la biomasse et d’autres ressources énergétiques renouvelables et propres. Malheureusement, la majorité conservatrice a forcé le Comité à restreindre l’étude, pour se pencher uniquement sur les « avantages » du secteur pétrolier et gazier. Les conservateurs étaient résolus à éradiquer toute proposition voulant que les avantages économiques des projets pétroliers et gaziers puissent parfois être accompagnés de répercussions négatives. Plutôt que de simplement applaudir l’industrie pétrolière et gazière, une discussion plus exhaustive sur les risques et débouchés du Canada en matière d’énergie aurait été bénéfique et le public l’aurait perçue comme plus équilibrée.

Néanmoins, bon nombre de témoins ont clairement indiqué qu’il y a d’importants débouchés pour le secteur canadien de l’énergie. Il y a une demande croissance de pétrole et de gaz, particulièrement dans les marchés de l’Asie-Pacifique, et le Canada doit profiter de ces possibilités pour soutenir la concurrence mondiale.  Selon Terrence Hubbard du ministère des Ressources naturelles : « nous devons soutenir la concurrence à l'échelle mondiale. Si nous n'allons pas de l'avant et ne profitons pas de cette occasion que nous avons au Canada, nos compétiteurs le feront. Le développement du pétrole et du gaz offre d'importants débouchés et attire des investissements considérables, notamment aux États-Unis et en Australie. Le marché de ces produits est limité, alors les premiers arrivés auront accès aux débouchés à long terme qu'offre la demande croissante, en particulier dans la région de l'Asie-Pacifique[1] ».

Jay Khosla, sous-ministre adjoint, a ajouté que « le Canada a à la fois la possibilité et l'obligation de diversifier ses marchés de l'énergie afin de continuer à récolter les avantages économiques clés dont il profite aujourd'hui[2] ».

Pour maximiser les avantages de ces possibilités, le Canada doit absolument exploiter ses ressources pétrolières et gazières de manière durable et responsable. L’idéologie dominante est que les politiques strictes sur les changements climatiques compromettent l’exploitation rentable du pétrole et du gaz. Les recherches d’Andrew Leach, professeur à l’Université de l’Alberta, ont réfuté cette théorie. Il a découvert que les « projets [de sable bitumineux] résistent très bien aux situations à faible intensité en carbone et à des politiques beaucoup plus sévères que celles qui sont en vigueur aujourd’hui au Canada ». Il a ajouté ce qui suit : « on dit généralement aux Canadiens qu’ils doivent choisir entre une politique sur le changement climatique et le développement des sables bitumineux. Les résultats de nos recherches suggèrent que ce n’est pas vraiment le cas[3]. » Le gouvernement doit aussi accorder une égale importance à l’exploitation des ressources énergétiques renouvelables – ce que cette étude n’a pas permis de faire. Le Canada a de nombreuses occasions de profiter des technologies de l’énergie renouvelable, mais ces occasions sont négligées. Normand Mousseau, professeur à l’Université de Montréal, a expliqué ceci : « les ressources énergétiques varient énormément d'une région à l'autre du Canada, que ce soit des ressources renouvelables ou non renouvelables. Le Canada ne peut pas simplement se concentrer sur les hydrocarbures fossiles, qui sont des ressources non renouvelables. Il doit aussi soutenir les ressources et les énergies renouvelables[4]. »

Pour exploiter les ressources pétrolières et gazières de manière responsable, il faut aussi obtenir un permis social légitime de la part des collectivités des Premières Nations. Le chef Allan Adam de la Première nation des Chipewyans d’Athabasca – dont le témoignage a été interrompu à de nombreuses reprises parce qu’il ne portait pas uniquement sur les avantages du secteur pétrolier et gazier – a déclaré qu’il « est temps de formuler une stratégie qui permettra aux Premières Nations de participer vraiment au processus de formulation d'un processus réglementaire pour protéger l'écosystème tout en continuant à bâtir une plateforme économique[5] ». Le gouvernement doit s’assurer que les collectivités des Premières Nations profitent des avantages des projets pétroliers et gaziers avoisinants, et que notre système de réglementation ne les laisse pas tomber.

En conclusion, le Canada aurait avantage à adopter une approche plus équilibrée en ce qui concerne l’exploitation de ses ressources énergétiques. Il y a des avantages évidents pour chaque région du pays et la croissance économique et la création d’emplois futures dépendent d’un secteur énergétique solide, qui requiert des investissements internationaux et l’accès à divers marchés internationaux. Pour tirer pleinement profit de ses ressources énergétiques de calibre mondial, le gouvernement doit commencer à prendre des mesures en lien avec les deux côtés de la médaille, c’est‑à‑dire les avantages et les risques. Il doit également accorder une importance égale aux ressources renouvelables et non renouvelables. Comme le Dr Leach l’a indiqué, « les Canadiens méritent qu’on leur présente une comparaison similaire entre les risques et les avantages dont ils entendent parler ainsi qu’une évaluation des risques que les politiques sur le changement climatique adoptées chez nous et à l’étranger posent sur le développement des sables bitumineux[6] ». Une étude qui met l’accent sur les éléments positifs, en faisant fi des éléments négatifs, crée un rapport qui manque de crédibilité.




[1] RNNR, Témoignages, 2e session, 41e législature, 27 février 2014 (Terence Hubbard, directeur général, Direction des ressources pétrolières, Secteur de l’énergie, ministère des Ressources naturelles).

[2] RNNR, Témoignages, 2e session, 41e législature, 27 février 2014 (Jay Khosla, sous-ministre adjoint, Secteur de l’énergie, ministères des Ressources naturelles).

[3] RNNR, Témoignages, 2e session, 41e législature, 3 avril 2014 (Dr Andrew Leach, professeur agrégé, auteur, Alberta School of Business, Université de l’Alberta, à titre personnel).

[4] RNNR, Témoignages, 2e session, 41e législature, 3 avril 2014 (Normand Mousseau, professeur, Université de Montréal, Département de physique, à titre personnel).

[5] RNNR, Témoignages, 2e session, 41e législature, 27 mars 2014 (Allan Adam, chef, Première Nation des Chipewyans d’Athabasca).

[6] RNNR, Témoignages, 2e session, 41e législature, 3 avril 2014 (Dr Andrew Leach, professeur agrégé, auteur, Alberta School of Business, Université de l’Alberta, à titre personnel).