La Chambre reprend l'étude, interrompue le 15 septembre, du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement; ainsi que du groupe de motions no 1.
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Monsieur le Président, je suis content de pouvoir participer au débat d'aujourd'hui.
Le principe de la neutralité politique de la fonction publique, des agents du Parlement et des mandataires du Parlement est un élément fondamental de notre système de gouvernement.
Le projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui vise à protéger davantage cette caractéristique fondamentale de notre démocratie et à accroître la transparence du régime existant. Il mérite donc l'appui de la Chambre.
Je rappelle aux députés que l'impartialité de la fonction publique fédérale est une tradition qui remonte au début du XXe siècle. Depuis presque 100 ans, elle permet à notre système de gouvernement de bien fonctionner. Elle garantit aux Canadiens, peu importe leur allégeance politique, un traitement équitable et objectif de la part des fonctionnaires.
Nous avons la chance de pouvoir compter sur une fonction publique impartiale, performante et professionnelle. Les fonctionnaires fédéraux figurent d'ailleurs parmi l'élite de la main-d'oeuvre canadienne, et leur travail est intimement lié aux réussites de notre pays.
Les fonctionnaires oeuvrent dans un plus grand nombre de secteurs et dans un plus grand nombre de points de service que toute autre organisation canadienne, publique ou privée. Ils fournissent une multitude de services qui ont des effets bien tangibles pour les Canadiens, de l'inspection des aliments à la navigation des brise-glaces dans le passage du Nord-Ouest, en passant par la réglementation des médicaments et les contrôles frontaliers.
Par exemple, chaque année, des fonctionnaires accueillent plus de 22 millions de visiteurs dans nos parcs nationaux et délivrent près de 5 millions de passeports à la grande satisfaction des demandeurs. Ils inspectent plus de 1 000 navires étrangers à haut risque pour protéger nos ports et prévenir la pollution de l'eau.
Le travail exceptionnel qu'accomplissent les fonctionnaires tous les jours dans l'ombre a des effets sur nous tous. Le l'a très bien dit: « [L]a fonction publique canadienne est en fait un atout essentiel que possède notre pays dans un monde difficile et incertain. »
Le principe de l'impartialité est l'un des piliers qui font de la fonction publique un atout si précieux. C'est pourquoi le Code de valeurs et d'éthique et la Loi sur l'emploi dans la fonction publique protègent l'impartialité des agents du Parlement.
Le principe de l'impartialité a une grande importance. Il est essentiel à la bonne tenue des services publics que cette réputation et cette tradition d'impartialité soient maintenues aux yeux du public et de l'ensemble des parlementaires.
Le projet de loi qui nous est proposé aujourd'hui vise à préserver cette tradition et cette réputation. Il part de l'idée que, si tous les fonctionnaires doivent faire preuve d'impartialité, les agents du Parlement jouent un rôle particulièrement important dans le contrôle des institutions de l'État.
Les agents du Parlement, comme le vérificateur général, le commissaire aux langues officielles et le commissaire à l'information, forment un groupe unique de titulaires de charge publique qui exercent en toute indépendance des fonctions d'examen des activités de l'État prescrites par la loi. Ils relèvent directement du Parlement plutôt que du gouvernement ou d'un ministre et, par conséquent, ils sont au service du Parlement et l'aident à jouer son rôle de surveillance.
Les agents produisent normalement des rapports à l'intention du Parlement dans lesquels ils rendent compte de leurs activités. Ils sont habituellement nommés au moyen de résolutions spéciales adoptées par la Chambre des communes et le Sénat.
Vu la relation étroite que les agents du Parlement et leurs employés entretiennent avec les parlementaires, il est essentiel qu'ils ne soient affiliés à aucun parti politique tant qu'ils sont en poste. Je crois également qu'il est essentiel que les employés des agents du Parlement travaillent de façon non partisane afin de garder la confiance de l'ensemble des parlementaires et des Canadiens.
À cette fin, le projet de loi exigerait que toute personne présentant sa candidature à un poste d'agent du Parlement fasse une déclaration indiquant si elle a déjà occupé un poste partisan. Plus précisément, on demanderait à tout candidat de déclarer si, au cours des 10 années précédant la présentation de la candidature, il a occupé un poste partisan.
Le projet de loi exige aussi que les membres du personnel des agents du Parlement fassent une déclaration qui, par souci de transparence, serait publiée sur le site Web du bureau de l'agent du Parlement visé.
Le projet de loi exigerait également que les membres du personnel des agents du Parlement s'engagent par écrit à se conduire d'une façon non partisane dans l'exercice de leurs fonctions officielles.
Ces dispositions renforcent les mesures en matière de transparence et de reddition de comptes afin que tous les parlementaires aient l'assurance que les agents du Parlement s'acquittent de leurs fonctions de manière impartiale.
Tout le monde sait que la responsabilité et la transparence sont les marques de commerce du gouvernement. Nous avons démontré notre engagement à l'égard de ces principes en adoptant notre première loi, la Loi fédérale sur la responsabilité, et notre engagement se manifeste encore aujourd'hui dans notre appui pour le projet de loi à l'étude.
J'encourage tous les députés à appuyer ce projet de loi important. Il favorise l'impartialité politique dans notre système de gouvernement.
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Monsieur le Président, je m'excuse. j'ai malheureusement fait l'erreur de nommer le . C'est une erreur que chacun d'entre nous fait de temps en temps. Cela arrive dans la vie.
Je disais donc que c'était des gens qui avaient l'audace de dire au gouvernement des choses qu'il ne voulait pas entendre. Je pense à Kevin Page et à Marc Mayrand, des gens respectés qui ont agi avec jugement et qui ont dit la vérité. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui avec mes collègues. Nous pensons que nous devons défendre ces agents du Parlement.
J'ai visionné quelques témoignages du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Pendant l'étude du projet de loi, mes collègues ont demandé à plusieurs reprises au gouvernement une définition de « conduite partisane », ainsi que des raisons pour lesquelles ce projet de loi était nécessaire.
Il n'y a pas eu de réponse satisfaisante. C'est peut-être normal, car dans les faits, il n'y a pas eu de cas attestés de conflit d'intérêts ou même d'apparence de conflit d'intérêts dans les bureaux visés par cette loi.
Voici ce que dit le commissaire à l'information du Canada sur ce projet de loi:
Il est difficile de comprendre la nécessité du projet de loi ou le problème qu’il vise à régler. [Il] entraîne un dédoublement des régimes. Bien que le but précisé consiste à éviter les conflits liés aux « activités partisanes », ce terme n’est pas défini ou mentionné dans le projet de loi. [Il] crée un environnement qui risque d’entraver l’indépendance et l’exécution du mandat du Commissariat à l’information.
Actuellement, les activités politiques des fonctionnaires sont déjà réglementées par la partie VII de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, par le Règlement concernant les activités politiques et par le Code de valeurs et d'éthique du secteur public, ce qui nous pousse à remettre en question la légitimité et la pertinence de ce projet de loi encore.
Heureusement, avec la pression du NPD, les conservateurs ont retiré des portions importantes de ce projet de loi, notamment la capacité des députés et des sénateurs de demander que des enquêtes soient menées sur les fonctionnaires qui travaillent dans les bureaux d'organes de surveillance parlementaire qui demandent des comptes au gouvernement. Toutefois, les concessions du gouvernement sont minimes comparativement aux préoccupations du NPD et des agents du Parlement.
Finalement, je trouve cela assez décevant que le gouvernement se serve des fonctionnaires comme boucs émissaires et essaie de faire croire aux gens que ce projet de loi aidera à accroître la transparence.
Je suis ici depuis trois ans et demi, et je remarque que les agissements de ce gouvernement vont trop souvent à l'encontre de la définition de la transparence. Certaines personnes ont également accusé le gouvernement de créer une diversion aux problèmes du Sénat avec son projet de loi, accusation à laquelle l'auteur du projet répond qu'il s'agit ici de consolider la confiance du peuple envers les agents du Parlement. Pour ma part, je pense qu'il s'agit surtout de consolider la confiance du peuple envers le gouvernement.
La commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary Dawson, a soulevé un autre point intéressant devant le comité parlementaire. Elle estime que le projet de loi pourrait permettre à n'importe qui de porter atteinte à la réputation de l'un de ses employés, puisqu'il n'y a aucune définition claire de ce qu'est une conduite partisane ou des motifs pouvant justifier l'ouverture d'une enquête.
Mary Dawson dit s'opposer à ce projet de loi car il contient de graves lacunes sur le plan du respect de la vie privée et viole les principes d'embauche au mérite dans la fonction publique. Elle ajoute que les conservateurs n'ont pas fourni de témoins appuyant ce projet de loi et qu'ils ont refusé de répondre aux questions qui étaient posées.
Cela n'est pas du tout incroyable de la part des conservateurs.
Loin d'augmenter la transparence, ce projet de loi est plutôt un moyen de distraction pour faire oublier aux Canadiens les échecs répétés du gouvernement conservateur dans le dossier de la responsabilité parlementaire, en intimidant de façon non fondée les cabinets des organes de surveillance parlementaire qui ont pour but premier de demander des comptes au gouvernement.
Je termine avec une citation de Jean-Pierre Kingsley, qui a dirigé Élections Canada de 1990 à 2007. Je le cite:
C’est un projet de loi parfaitement écrit pour régler un problème qui n’existe pas.
Je suis parfaitement d'accord avec lui, car ce projet de loi est complètement inutile.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion d'énoncer la position du gouvernement à l'égard du projet de loi , Loi sur l'impartialité politique des agents du Parlement. Je sais que le député d' y a travaillé très fort, et j'aimerais aider la Chambre à comprendre les raisons pour lesquelles il l'a présenté.
Le projet de loi a pour objectif d'éviter tout conflit, ou toute perception de conflit, entre les activités partisanes et les fonctions et responsabilités officielles de quiconque travaille dans le bureau d'un agent du Parlement. Le projet de loi s'appliquerait aux bureaux du vérificateur général du Canada, du directeur général des élections, du commissaire à la protection de la vie privée, du commissaire aux langues officielles du Canada, du commissaire à l'information, du commissaire au lobbying, du conseiller sénatorial en éthique, du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et du commissaire à l'intégrité du secteur public.
Nous connaissons très bien ces organismes, dont le mandat consiste à surveiller les activités de nos institutions publiques. Leurs hauts dirigeants relèvent directement du Parlement, plutôt que du gouvernement ou d'un ministre. Ils aident donc les députés à s'acquitter de leurs importantes tâches.
Certains d'entre eux font partie du système gouvernemental depuis très longtemps. Pensons au Bureau du vérificateur général du Canada, établi peu après la Confédération afin de fournir des renseignements objectifs et des garanties concernant l'utilisation des fonds publics.
En 1920, le poste de directeur général des élections a été créé. Son mandat consiste entre autres à surveiller la conformité à la loi électorale et à être prêt à tenir des élections fédérales.
Le Commissariat aux langues officielles existe lui aussi depuis quelque temps. Fondé en 1969 avec l'adoption de la Loi sur les langues officielles, il assure la reconnaissance du statut de chacune des deux langues officielles au Canada et fait respecter l’esprit de cette loi et l’intention du législateur en ce qui touche l’administration des affaires au sein des institutions fédérales.
En 1983, comme les questions entourant la protection des renseignements personnels et l'accès à l'information attiraient de plus en plus d'attention, les postes de commissaire à l’information et de commissaire à la protection de la vie privée ont vu le jour.
Plus récemment, le gouvernement a créé trois autres postes d'agents du Parlement: ceux de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et de commissaire à l'intégrité du secteur public en 2007, et celui de commissaire au lobbying en 2008.
Chaque poste assure une fonction précise. Ils contribuent énormément à l'obligation de rendre des comptes de notre système de gouvernement et, ensemble, ils garantissent aux Canadiens que les programmes et services gouvernementaux fonctionnent comme il se doit, et que les institutions et les individus rendent compte de leurs actions et de leurs décisions.
Voici certaines des fonctions qu'ils assurent. Ils veillent à ce que les fonds fournis à un organisme fédéral fassent l'objet d'un compte-rendu complet et soient utilisés conformément aux programmes ou aux ententes de projets; à ce que les fonctionnaires et les hauts responsables adhèrent aux normes de professionnalisme et d'éthique; à ce que les activités soient menées conformément au mandat législatif de l'organisme et à ses politiques; à ce que les activités du gouvernement se déroulent de la manière la plus efficace et efficiente possible, et à ce que le gaspillage de ressources soit évité.
Bref, les agents du Parlement jouent un rôle inestimable dans un régime de gouvernement parlementaire inspiré du modèle de Westminster. Ensemble, ils veillent sur un grand nombre d'institutions publiques et de fonctionnaires qui offrent quantité de services et d'avantages aux Canadiens partout dans le monde.
Il ne faut pas oublier que le gouvernement fédéral est le principal employeur au Canada. Son éventail d'activités est vaste et d'une importance vitale pour l'avenir du pays. En effet, nous avons des employés qui travaillent dans toutes les régions du Canada et dans différentes régions du monde. Qu'il s'agisse de préposés aux soins dans les hôpitaux, de biologistes recherchistes, d'économistes, de membres d'équipage sur des navires militaires, d'ambassadeurs, d'agents de correction, de policiers dans des localités éloignées ou de pilotes d'aéronefs, les connaissances et les compétences exigées des fonctionnaires sont tout aussi variées que le Canada lui-même. Tous ces emplois sont exercés dans un environnement complexe et imprévisible.
Dans le cadre de leur travail, les députés doivent veiller à ce que toutes les activités du gouvernement soient gérées de façon responsable et transparente. Il s'agit d'une lourde tâche, et nous ne pourrions pas l'accomplir sans l'aide des agents du Parlement.
Le gouvernement a pris des mesures au cours des dernières années pour renforcer et améliorer le rôle des agents du Parlement, notamment au moyen de la Loi fédérale sur la responsabilité de 2006. Cette loi a notamment permis d'accroître les pouvoirs du vérificateur général, de renforcer le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique, d'élargir la portée de la Loi sur l'accès à l'information et de resserrer les règles sur le lobbying. Grâce à de telles réformes, le Canada compte maintenant l'un des systèmes de gouvernance les plus responsables et les plus transparents au monde. Les Canadiens ont bien raison d'en être fiers.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui nous donne l'occasion d'améliorer davantage notre régime de reddition de comptes. Il prévoit des mesures pour aider à préserver les principes du mérite et de l'impartialité dans les bureaux des agents du Parlement. Par exemple, toute personne qui présente sa candidature à un poste dans le bureau d'un agent du Parlement serait tenue de produire une déclaration indiquant si, au cours des 10 années précédentes, elle a occupé un poste partisan. La déclaration ferait état de la nature du poste en question, ainsi que la période pendant laquelle la personne l'a occupé.
Le projet de loi exigerait également que la personne qui travaille dans le bureau d’un agent du Parlement et qui entend occuper simultanément un poste partisan transmette une déclaration écrite faisant état de son intention et précisant la nature du poste ainsi que la période au cours de laquelle elle entend l’occuper.
Le projet de loi obligerait en outre les membres du personnel d’un agent du Parlement à s’engager par écrit à se conduire d’une façon non partisane dans l’exercice de leurs fonctions officielles.
Le projet de loi contribuerait à faire en sorte que nous puissions continuer de bénéficier d'un système gouvernemental fondé sur l'impartialité, un élément essentiel à toute administration publique professionnelle et à tout gouvernement démocratique responsable. Pour cette raison, j'invite tous les députés à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi.
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Monsieur le Président, j'espérais pouvoir dire que l'intervenant précédant m'a convaincu, mais malheureusement, ce n'est pas le cas, et je vais m'opposer au projet de loi.
Pour commencer j'aimerais situer un peu le projet de loi dans le temps et dans le contexte des rouages démocratique du Parlement. Je ferai valoir quatre points importants, après quoi je parlerai des problèmes précis que comporte, selon moi, le projet de loi.
Premièrement, il ne faut pas oublier à quel point les mandataires du Parlement ou agents du Parlement, comme on dit, sont devenus essentiels au fonctionnement du Parlement, et en particulier de la Chambre des communes. Si je précise qu'ils comprennent notamment le vérificateur général, le directeur général des élections, le commissaire à la protection de la vie privée et le commissaire à l’information, on comprend tout de suite qu'ils jouent un rôle capital.
On comprend également pourquoi le chef de l'opposition officielle, dans un projet de loi auquel se sont opposés les conservateurs, voulait que le directeur parlementaire du budget soit lui aussi désigné agent du Parlement.
Je tenais à le rappeler, parce que, étant donné l'évolution qu'a connue notre régime parlementaire — pensons à l'influence marquée, voire la mainmise, que le , son cabinet et, dans une certaine mesure, les ministres exercent sur la façon dont notre institution législative fonctionne —, il faut trouver d'autres mécanismes de reddition de comptes; on ne peut plus se fier aux mécanismes que le Parlement et la Chambre des communes utilisent depuis des siècles.
Voilà pourquoi les progrès qui ont marqué l'évolution du rôle des agents du Parlement sont si importants. Sans les rapports annuels de ces agents, sans le vérificateur général, notre institution serait grandement affaiblie. Je crois que la plupart des députés d'en face en conviendraient.
Voici mon inquiétude. Je pense que l'on tente ainsi, directement ou indirectement, d'intimider ces agents ou de leur porter atteinte, et je crains, malgré tout le respect que j'ai pour le parrain du projet de loi, qu'il s'agit d'une attaque plus directe qu'indirecte. Si c'est un tant soit peu le cas, cela pose un grave problème démocratique.
Passons au deuxième point. Il s'agit encore d'un projet de loi d'initiative parlementaire, comme bien d'autres dont nous avons été saisis. Je ne vais pas tenter de déterminer s'il s'agit d'un des nombreux projets de loi d'initiative parlementaire qui est, dans les faits, un projet de loi d'initiative ministérielle. Je tiendrai pour acquis que c'est bel et bien un projet de loi d'initiative parlementaire.
Voici le problème. Ni la loi ni la Chambre ne prévoit de mécanisme pour s'assurer que les projets de loi d'initiative parlementaire sont conformes à la Charte. Il se peut que le sous-comité du comité de la procédure et des affaires de la Chambre se demande à l'occasion si une mesure devrait être considérée comme non votable parce qu'elle ne respecte pas la Charte, mais, bien franchement, je doute que ce soit déjà arrivé.
Le a, en théorie, l'obligation d'examiner les projets de loi d'initiative ministérielle présentés à la Chambre, mais il n'est pas tenu de le faire pour les projets de loi d'initiative parlementaire.
Mon collègue a peut-être demandé l'avis du légiste ou de quelqu'un d'autre pour s'assurer que la mesure législative respecte la Charte. Quoi qu'il en soit, nous en sommes saisis, et j'ai de grandes réserves. Je ne sais pas si le projet de loi porte atteinte à la liberté d'expression, parce qu'on oblige ici quelqu'un à donner des renseignements, ni s'il s'agit d'une mesure discriminatoire ou d'un traitement arbitraire puisqu'on traite différemment des fonctionnaires qui travaillent un secteur de l'administration publique distinct. Je me demande donc si le projet de loi respecte la Charte.
Si on réussissait vraiment à prouver que les agents du Parlement sont des institutions très différentes des ministères et que, par conséquent, les membres de leur personnel doivent être assujettis à ce nouveau régime alors que d'autres n'ont pas à l'être, il serait peut-être possible de sauver le projet de loi en vertu de l'article 1.
En fait, je n'ai pas vu cette analyse et je ne pense pas que le comité l'ait examinée de façon sérieuse, si toutefois il a même jeté un coup d'oeil dessus.
Troisièmement, je trouve que, malheureusement, ce projet de loi fait encore ressortir la faiblesse générale de notre processus législatif, du moins en ce qui concerne le travail des comités, surtout dans les situations de gouvernement majoritaire.
En fait, je crois que le projet de loi est contestable. Absolument rien ne nous permet de croire que les membres du personnel font preuve de partisanerie, encore moins les agents du Parlement. Par conséquent, on est ici en présence d'une solution à la recherche d'un problème.
Sauf erreur — et on me corrigera si j'ai tort —, le comité n'a pas entendu un seul témoin s'exprimer en faveur de ce projet de loi.
En fait, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du comité, nous avons entendu toutes sortes de témoignages expliquant pourquoi ce projet de loi était inutile et potentiellement préjudiciable. Il pourrait créer une certaine confusion par rapport à des régimes existants, et on peut se demander si certaines personnes n'iraient pas jusqu'à s'en servir pour intimider les agents du Parlement ou les membres de leur personnel.
Par conséquent, je suis d'avis que, en fin de compte, le comité n'a pas fait son travail. En effet, il n'aurait pas dû renvoyer ce projet de loi à la Chambre à moins d'avoir des raisons très claires de l'appuyer. À part une certaine solidarité avec le parrain du projet de loi — ce qui, à mon avis, pourrait constituer une motivation —, je ne vois pas vraiment d'autre raison qui expliquerait pourquoi le comité n'a pas tout simplement décidé de rejeter le projet de loi.
Le quatrième et dernier aspect concerne le fonctionnement démocratique de notre système. Je crois avoir été généreux tout à l'heure et je le serai encore: je vais présumer que le projet de loi découle directement des priorités personnelles de mon collègue.
Je dois dire toutefois que, depuis que j'ai été élu, il y a presque trois ans, les projets de loi d'initiative parlementaire ont souvent servi à étendre le programme législatif du gouvernement. Selon moi, c'est faire une utilisation abusive de ces projets de loi, à tout le moins parce qu'ils ne sont pas soumis au même examen et aux mêmes conditions que les projets de loi d'initiative parlementaire. Ils sont renvoyés au comité après une très courte période, c'est-à-dire deux heures de séance, et, comme je l'ai déjà dit, ils ne font pas l'objet d'un examen fondé sur la Charte.
Il y a deux semaines, j'ai été complètement abasourdi qu'un député conservateur, qui allait parler de son propre projet de loi d'initiative parlementaire, commence son intervention en disant quelque chose comme ceci: « Au début, quand j'ai vu le projet de loi pour la première fois, je n'étais pas sûr de l'aimer. » C'est en en prenant connaissance qu'il à décidé de l'appuyer.
À ma connaissance, c'était la première fois qu'un député admettait qu'on lui avait confié un projet de loi.
Je ne suis pas en train de dire que c'est le cas actuellement, mais je voulais remettre les choses en contexte et rappeler les faiblesses de notre système en ce qui concerne les projets de loi d'initiative parlementaire.
Pourquoi ne puis-je pas appuyer le projet de loi? Ma collègue a très bien résumé mes trois grandes objections.
Tout d'abord, il cherche à résoudre un problème qui n'existe pas. Il n'y a aucun cas avéré ou rapporté de conflit d'intérêts partisan. Rien de ce genre n'a été signalé au comité.
Ensuite, comme l'a déjà bien expliqué ma collègue, le projet de loi fait double emploi avec des dispositions existantes, en particulier la partie 7 de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique et les codes de conduite qui s'appliquent au personnel d'au moins deux des agents du Parlement. Pour le moins, l'application de deux régimes causera des problèmes de chevauchement et de dédoublement ainsi que de la confusion, mais le projet de loi ne prévoit aucun mécanisme pour les résoudre.
Le fait que le projet de loi soit mal ficelé suffirait à lui seul à me faire voter contre, sauf que, en plus, il est redondant. La question de l'activité politique chez les fonctionnaires est déjà couverte par leurs modalités d'emploi. Au final, le régime draconien proposé cible une catégorie très précise de fonctionnaires, c'est-à-dire ceux qui travaillent pour un agent du Parlement.
Cela me ramène à ce qui me préoccupe, au troisième problème que pose le projet de loi, à savoir qu'aucune analyse n'a été faite relativement aux droits garantis par la Charte et qu'on ne sait pas si l'article 1 est respecté. Le seul moyen pour que ce projet de loi respecte la Charte serait de démontrer de façon très convaincante que ces fonctionnaires sont dans une position différente de celle de tous les autres fonctionnaires, et je pense que nous somme très loin de pouvoir fournir cette preuve.
Quatrièmement — que le député l'ait voulu ou non —, ce projet de loi sert les conservateurs qui ne visent pas vraiment la transparence, mais plutôt à s'attaquer ou à nuire aux bureaux des agents du Parlement, parce que le projet de loi repose sur l'hypothèse qu'il y a un problème de partialité politique. Quelle serait la raison d'être d'un tel projet de loi s'il n'y avait pas de problème de partialité politique?
Je suis convaincu que certains députés d'en face pensent qu'il y a un problème, mais il n'en ont certainement pas fourni la preuve.
Dans cette optique, en dépit de la résistance carrément farouche du NPD au comité et des deux amendements proposés, ce projet de loi ne mérite pas notre appui.