propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole cet après-midi au sujet du projet de loi , qui vise à éradiquer la drogue dans nos pénitenciers fédéraux.
D'entrée de jeu, je voudrais remercier le Comité permanent de la sécurité publique et nationale d'avoir étudié et adopté cette mesure législative. C'est une mesure importante pour lutter contre la consommation et la présence de drogues illicites dans nos pénitenciers fédéraux et tenir les délinquants responsables de leurs actes. Je suis heureux de constater que le comité a reconnu l'importance de faire avancer cette mesure législative.
[Traduction]
La consommation et l'abus de drogues dans nos pénitenciers fédéraux sont un problème grave et omniprésent qui ne peut être réglé du jour au lendemain. Il peut sembler logique de croire qu'il ne devrait pas y avoir de drogue en milieu carcéral, mais ce n'est malheureusement pas le cas. La réalité, c'est que 75 % des délinquants qui sont envoyés dans les pénitenciers fédéraux ont déjà des problèmes de toxicomanie. Qui plus est, près de la moitié des détenus sous responsabilité fédérale purgent des peines qui sont en lien direct avec leur toxicomanie. C'est donc dire qu'en pratique, les délinquants qui sont confiés aux pénitenciers fédéraux ont déjà de sérieux problèmes de dépendance. Or, les mesures de réadaptation aident ces délinquants à s'affranchir de leur problème de toxicomanie. C'est pour cette raison que le Service correctionnel du Canada a lancé en 2008 un programme pour éliminer et éradiquer les drogues dans les pénitenciers.
[Français]
Lorsqu'il a lancé son programme de transformation en 2008, le Service correctionnel du Canada a fait de l'élimination des drogues dans ses établissements l'une de ses priorités.
L'objectif est simple: mettre fin à l'introduction de drogues dans les pénitenciers fédéraux. Le fait de retirer les drogues de nos pénitenciers fédéraux a deux avantages; il rend les pénitenciers plus sécuritaires pour le personnel et, bien entendu, il aide nos détenus dans leur réhabilitation.
[Traduction]
Le commerce de la drogue et les autres formes de contrebande qui ont cours dans les pénitenciers fédéraux posent un grave problème pour la sécurité des agents correctionnels. Les délinquants qui sont intoxiqués plus souvent qu'à leur tour ont des comportements fantasques, imprévisibles et parfois violents à l'égard des agents correctionnels, d'eux-mêmes et des autres détenus. Ce phénomène crée un déséquilibre au sein de l'établissement et met en péril la sécurité des intervenants de première ligne.
Les accessoires qui servent à consommer les drogues constituent un risque supplémentaire. Entre les mains de certains détenus, les seringues deviennent parfois une nouvelle arme pour s'en prendre au personnel. Si vous me permettez cette parenthèse, on voit ici toute l'imprudence de l'approche préconisée par le NPD de mettre en place un programme d'échange de seringues dans les pénitenciers. Est-ce par naïveté ou par complaisance que le NPD croit que ces seringues facilement dissimulées ne constitueraient pas un risque pour le personnel de première ligne?
[Français]
Nos agents correctionnels jouent un rôle clé dans le système correctionnel. Ils maintiennent la sécurité de nos pénitenciers fédéraux tout en surveillant les délinquants, en les supervisant et en interagissant avec eux. Peu importe la nature de leurs clients, des détenus et de leur lieu de travail, ils méritent de travailler dans un endroit sécuritaire où l'on ne portera pas atteinte à leur intégrité et où ils se sentiront en sécurité.
Le fait de retirer les drogues de nos prisons fédérales contribue à cet objectif. De plus, nous aidons ainsi les délinquants à réussir leur réintégration au sein de la société. Certains d'entre eux doivent entreprendre un programme de désintoxication dans le cadre de leur plan correctionnel. S'ils n'ont pas accès à des drogues lorsqu'ils sont dans un pénitencier, leurs chances de réussite sont grandement accrues. Cela contribue à réduire la demande de drogues et à faire en sorte qu'ils se dirigent vers une réhabilitation réussie.
Comme dans l'économie légitime, lorsque la demande diminue, il en va de même pour l'offre, qui s'adapte à la demande. Cette formule fonctionne également dans nos prisons fédérales. En mettant fin à l'introduction des drogues dans ces établissements, nous pouvons assurer le succès des délinquants dans leur programme de désintoxication. Le succès obtenu dans ces programmes donnera lieu à une moins grande demande de drogues et donc à une réduction de l'offre.
[Traduction]
Au final, l'élimination des drogues dans nos pénitenciers fédéraux contribuera à préserver la sécurité des Canadiens. C'est avec cet objectif en tête que le gouvernement conservateur a instauré une série de mesures visant directement le problème de la drogue dans nos prisons. D'importants progrès ont été réalisés à certains égards, comme l'a reconnu le Comité permanent de la sécurité publique et nationale dans son rapport sur l'étude qu'il a réalisée en 2012 sur les drogues dans les pénitenciers fédéraux.
[Français]
Par exemple, le Service correctionnel du Canada a mis en oeuvre une approche cohérente pour la gestion de toutes les entrées principales et d'entretien des véhicules qui donnent accès aux pénitenciers.
Le Service correctionnel du Canada a augmenté le nombre d'équipes de chiens renifleurs. Nous avons également instauré de nouveaux équipements destinés à améliorer le balayage auquel on soumet les visiteurs et les autres personnes qui, chaque jour, entrent dans les prisons fédérales et en sortent.
Ainsi, le Service correctionnel du Canada a également développé une base de données nationale destinée à la surveillance et au suivi des visiteurs. Ce sont des outils pratiques pour contrôler le flux de personnes et de biens entrant dans les pénitenciers pour faire en sorte que la drogue ne puisse pas y entrer.
[Traduction]
Le Service correctionnel du Canada a également augmenté la proportion de la population carcérale soumise aux analyses d'urine aléatoires afin de réduire la disponibilité et la consommation de drogues à l'intérieur des établissements. En effet, depuis 2013, le SCC soumet 10 % de la population carcérale à une analyse d'urine tous les mois, accroissant les chances que tous les délinquants subissent un tel test tous les ans.
[Français]
Toutes ces mesures soutiennent directement les efforts déployés en vue d'établir un environnement sécuritaire où le personnel correctionnel est plus en sécurité et où les délinquants peuvent se concentrer sur leur réadaptation. La constitue un autre pas et une étape supplémentaire dans l'atteinte de cet objectif.
Plus tôt, j'ai mentionné que le Service correctionnel du Canada avait davantage recours à un contrôle au hasard d'échantillons d'urine pour cibler efficacement tous les délinquants au cours d'une année. La mesure que nous mettons en place s'appuie sur ce travail. Elle viendra modifier la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, afin de conférer au Service correctionnel et à la Commission des libérations conditionnelles du Canada de nouveaux pouvoirs grâce auxquels ils pourront avoir recours aux données tirées du contrôle des échantillons d'urine, afin de tenir les délinquants responsables de leurs actes.
Essentiellement, si un détenu se voit obtenir un résultat positif lors d'un test d'analyse d'urine et que la présence de drogues est détectée, des conséquences suivront, tant vis-à-vis du Service correctionnel du Canada que vis-à-vis du processus de libération, puisque ce détenu n'est manifestement pas prêt à réintégrer la société.
[Traduction]
La loi conférerait à la Commission des libérations conditionnelles le pouvoir explicite d'annuler la libération conditionnelle accordée à un délinquant ci celui-ci obtient un résultat positif durant la période entre l'octroi de la libération conditionnelle et son départ du pénitencier.
Il importe de signaler que tout refus de fournir un échantillon d'urine est considéré comme un résultat positif. Voilà qui élimine toute échappatoire. Il incombe ainsi aux délinquants souhaitant accéder à la libération conditionnelle de ne pas consommer de drogues.
Le projet de loi établit également le pouvoir de la Commission des libérations conditionnelles d'assortir la liberté conditionnelle d'un délinquant de diverses conditions précises liées à la consommation d'alcool ou de drogues. Autrement dit, elle pourrait imposer une condition obligeant le délinquant à ne pas consommer d'alcool ou de drogues pendant sa libération conditionnelle.
[Français]
Ces deux modifications vont donc inciter fortement les détenus et les ex-détenus à prendre de bonnes décisions et à se tenir à l'écart des drogues tout au long de leur incarcération et de leur liberté conditionnelle, le tout, dans le but d'accroître la sécurité des Canadiennes et des Canadiens.
[Traduction]
L'idée derrière le projet de loi est plutôt simple. En éradiquant les drogues dans les prisons, nous aidons les délinquants à obtenir la libération conditionnelle et à ne pas récidiver, ce qui réduira tôt ou tard la quantité de drogues dans nos rues.
Je suis heureux que le projet de loi ait été accueilli favorablement, comme je l'ai constaté au comité de la sécurité publique; j'espère ainsi qu'il pourra franchir rapidement l'étape du rapport et être adopté sans autre amendement afin que nous puissions nous rapprocher encore un peu de notre objectif, qui consiste à éradiquer les drogues dans les prisons en donnant au Service correctionnel du Canada les outils dont il a besoin pour l'atteindre.
:
Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je dirai que nous appuyons le projet de loi à l'étape de la troisième lecture en raison de sa portée limitée.
À la lecture du titre, on ne se douterait pas qu'il en est ainsi. En effet, le titre laisse entendre que le projet de loi comprend des dispositions miraculeuses et de grande envergure, qui permettraient au Service correctionnel du Canada d'éradiquer la drogue des prisons, chose qu'aucun service correctionnel au monde n'a été en mesure de faire.
Le projet de loi apporte plutôt une modification de portée très étroite à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Cette modification inscrit clairement dans la loi le fait que la Commission des libérations conditionnelles peut tenir compte de résultats positifs à des tests de dépistage de drogue, ou le refus de se soumettre à un tel test, dans sa décision concernant l'admissibilité à la libération conditionnelle — ce que la commission fait déjà. La modification vise également à préciser que la Commission des libérations conditionnelles peut imposer des conditions portant sur la consommation de drogue ou d'alcool, une pratique qu'elle a déjà mise en vigueur.
En cas de résultats positifs à un test de dépistage de drogue ou de consommation de drogue durant la période de libération conditionnelle, l'exercice du pouvoir discrétionnaire revient à qui de droit, c'est-à-dire à la Commission des libérations conditionnelles. Pour ces raisons, nous appuyons le projet de loi.
Ce qui nous dérange, cependant, c'est le titre trompeur de ce projet de loi. Je pense vraiment que le gouvernement se livre à un exerce de propagande où il veut annoncer au public qu'il a adopté un projet de loi pour éradiquer les drogues dans les prisons, comme si cela avait une incidence dans le monde réel.
Ce qu'il nous faut véritablement, c'est un projet de loi qui n'a pas une portée aussi restreinte, un projet de loi qui s'attaquerait au vrai problème, à savoir la toxicomanie dans la société en général, et plus particulièrement parmi ceux qui finissent dans le système correctionnel.
La Commission des libérations conditionnelles indépendante est toujours la mieux placée pour juger les cas individuels et déterminer les conséquences des résultats négatifs aux tests de dépistage des drogues et des bris de conditions de libération conditionnelle. Je répète que nous appuyons ce projet de loi car il n'interfère pas à cet égard.
Parlons de la vraie approche des conservateurs. Lorsqu'ils parlent de prisons sans drogue, nous savons tous que, comme toutes les politiques de tolérance zéro, ce ne sont que des aspirations. Une politique prévoit des mesures à prendre pour atteindre un objectif. Cet objectif peut être d'éradiquer les drogues dans les prisons, mais ce qui fait défaut, c'est une politique qui précise comment y arriver.
Comme je l'ai dit, aucun système correctionnel dans le monde n'a réussi à éradiquer les drogues dans les prisons. J'ai entendu un secrétaire parlementaire du côté conservateur présenter la chose de façon dichotomique: soit nous choisissons d'avoir des prisons sans drogue, soit nous ne faisons rien à propos des drogues dans les prisons. À mon avis, c'est une dichotomie tout à fait fausse. Personne ne dit qu'on ne devrait rien faire pour s'attaquer au problème de la drogue dans les prisons.
Si nous nous en remettons à ceux qui ont une certaine expertise dans le domaine, l'enquêteur correctionnel, la Société John Howard et le Syndicat des agents correctionnels, ils ont tous dit que l'éradication des drogues dans les prisons n'est pas un objectif réaliste. En fait, examinons certaines déclarations qu'ils ont faites. Je vais citer un passage du rapport annuel de l'enquêteur correctionnel:
Bien qu'elle puisse servir de moyen de dissuasion efficace au point d'entrée d'un pénitencier, une politique de tolérance zéro en ce qui a trait aux drogues en milieu carcéral ne correspond tout simplement pas aux réalités de la criminalité et de la toxicomanie au Canada et ailleurs dans le monde. Les mesures de réduction des préjudices dans le cadre d'une orientation axée sur la santé publique et le traitement offrent une démarche beaucoup plus prometteuse, rentable et viable pour réduire la criminalité et la victimisation subséquentes.
Je répète que c'est tiré du rapport de l'enquêteur correctionnel de 2011-2012.
Vers la fin de son discours, le ministre a dit que les auteurs d'infractions liées à la drogue doivent faire le choix de mettre fin à leur toxicomanie. Cela caractérise la question comme relevant d'un problème moral, plutôt que d'un problème de santé. Or, nous savons tous que la toxicomanie est un problème de santé, et non un choix. Une personne peut prendre de mauvaises décisions dans sa vie qui la mèneront à la toxicomanie. Toutefois, une fois qu'elle est toxicomane, elle a un problème de santé, et non une faiblesse morale. Je crois que le gouvernement parle souvent de la toxicomanie comme s'il s'agissait simplement d'une question de choix pour les toxicomanes.
Évidemment, le vrai problème, c'est que près de 80 % des personnes qui aboutissent dans le système carcéral canadien sont déjà toxicomanes ou alcooliques lorsqu'elles arrivent en prison. Ce qui est encore plus intéressant, comme le mentionne une fois de plus l'enquêteur correctionnel dans de nombreux rapports, c'est le fait que la plupart des auteurs d'actes criminels — près des deux tiers, selon son rapport de 2011-2012 — étaient sous l'influence d'une substance intoxicante lorsqu'ils ont commis l'infraction qui a mené à leur incarcération. Comme je l'ai dit, quatre délinquants sur cinq sont toxicomanes lorsqu'ils arrivent dans le milieu carcéral fédéral.
Par conséquent, en nous attaquant au problème comme s'il s'agissait d'un simple problème de drogue dans les prisons, notre cible est beaucoup trop étroite, car elle exclut la raison même qui mène la plupart des délinquants en prison: le fait qu'ils étaient déjà toxicomanes ou alcooliques et étaient sous l'influence d'une substance intoxicante lorsqu'ils ont commis l'infraction qui les a menés en prison.
Malheureusement, l'approche répressive des conservateurs exacerbe le problème. En instituant de nombreuses peines minimales obligatoires, ils mettent tous les délinquants dans le même panier, qu'importe si leur problème fondamental est la toxicomanie, la violence ou l'intention criminelle, et font en sorte que tous soient incarcérés. Par contre, si l'on avait laissé au juge la latitude voulue, il aurait pu discerner les cas où la toxicomanie est la cause fondamentale du problème et diriger ces personnes vers les programmes de déjudiciarisation, notamment le traitement de leur toxicomanie, des solutions beaucoup plus efficaces que l'incarcération, et qui coûtent aussi beaucoup moins cher.
Il en coûte plus de 100 000 $ par an pour maintenir une personne en prison, mais un traitement de la toxicomanie — même s'il est parfois très onéreux et peut coûter jusqu'à 10 000 $ — coûte quand même 90 % moins cher que l'incarcération. Je le répète, en refusant d'admettre que le vrai problème, c'est la toxicomanie et en incarcérant les toxicomanes, c'est en prison qu'il faut régler le problème au lieu de le régler dans la collectivité où les gens ont accès à de meilleurs programmes de traitement, où ils bénéficient du soutien de leur famille et de la collectivité et où, au bout du compte, ils posent une menace moindre pour la collectivité.
Avec son approche répressive et de tolérance zéro, le gouvernement a dépensé plus de 122 millions de dollars pour renforcer la lutte contre le trafic de stupéfiants dans les prisons. Je pense que ce montant est étalé sur une période de trois ans, mais il n'en reste pas moins que c'est une somme considérable.
Le ministre aime parler des chiffres. Il a parlé du nombre de personnes qui ont échoué au test et déclaré que 85 % des détenus ne consomment pas de drogues. Il a toutefois oublié de dire que, avant la mise en oeuvre du programme d'interdiction, les chiffres étaient identiques. Donc, avant même de dépenser 122 millions de dollars pour lutter contre la contrebande de stupéfiants dans nos prisons, 85 % des détenus ne consommaient déjà pas de drogues. Après avoir dépensé 122 millions de dollars, le résultat est le même. C'est beaucoup d'argent dépensé pour des raisons que je qualifierais d'idéologiques sans grand résultat au bout du compte.
Le ministre aime créer un climat de peur en parlant constamment des drogues injectables et en créant des politiques pour l'opposition au fur et à mesure. Cependant, au chapitre des drogues injectables, il oublie de mentionner que c'est à un test de dépistage de la marijuana et non à un test de dépistage des drogues injectables que la vaste majorité des détenus ont échoué. Le ministre exagère le problème des drogues injectables dans nos prisons pour créer un climat de peur. Loin de moi l'idée de minimiser la menace que posent les seringues pour le personnel correctionnel. À mon avis, tous les partis prônent un environnement de travail sécuritaire pour les agents correctionnels.
Toutefois, ce programme d'interdiction a eu des conséquences imprévues. Quand un détenu suit un programme d'interdiction, on applique des critères beaucoup plus rigoureux aux visites familiales. Des témoins ont dit au comité de la sécurité publique qu'on intimide parfois des parents de détenus pour les forcer à introduire de la drogue dans les prisons. Par conséquent, ils préfèrent ne pas rendre visite au membre de leur famille, plutôt que de faire l'objet d'intimidation et de devoir se soumettre à des fouilles beaucoup plus approfondies à cause du processus d'interdiction. En fait, ce niveau élevé d'interdiction a pour effet inattendu de nuire aux visites familiales, qui, pourtant, aident énormément les détenus à surmonter leurs dépendances et à réintégrer la société.
Cette situation a aussi donné lieu à un nombre beaucoup plus élevé d'isolements cellulaires, au cours desquels les agents fouillent la prison pour trouver de la drogue et des accessoires facilitant la consommation de drogues. En quoi cela peut-il être mauvais? Eh bien, l'isolement cellulaire prend énormément de temps et, en pareille situation, les programmes de réadaptation sont suspendus pour la journée. Par conséquent, ce niveau élevé d'interdiction et ces fouilles approfondies nuisent aux programmes de réadaptation qui, en fait, sont essentiels pour réduire la demande de drogues dans les prisons.
Si on examine le véritable bilan du gouvernement conservateur en matière de services correctionnels, on se rend compte qu'encore une fois il se compose de compressions budgétaires. En 2012, le gouvernement a annoncé qu'il prévoyait amputer le budget des services correctionnels de 295 millions de dollars au plus tard en 2015. C'est ce qu'il a fait. Le budget consacré aux services correctionnels a été réduit de plus de 10 %, alors que, pendant la même période, la population carcérale est passée de 14 000 à 15 000 détenus.
Le ministre aime répéter que la population carcérale n'a pas crû aussi rapidement que d'aucuns l'avaient prédit. C'est vrai, ces projections étaient erronées. Elles ne sont pas de moi, mais il est vrai qu'elles étaient inexactes. En réalité, la population carcérale a continué de croître même si le budget, lui, allait diminuant.
Si on tient compte des prisons dont la construction avait déjà été entamée, le réseau carcéral compte aujourd'hui, net, 1 600 lits de plus qu'auparavant, c'est-à-dire tout juste assez pour suivre la croissance de la population carcérale causée par la fermeture de certains établissements. Résultat: les autorités carcérales continuent de mettre deux détenus par cellule, même s'il s'agit d'une pratique néfaste. J'y reviendrai dans une seconde.
Bref, le réseau carcéral compte plus de détenus, mais il a moins d'argent pour financer ses programmes. J'ai les chiffres exacts en ma possession. En fait, moins de 3 % du budget total du Service correctionnel du Canada est consacré aux programmes. Autrement dit, 97 % du budget sert à administrer les prisons — le logement, la nourriture, la sécurité — tandis que moins de 3 % va aux programmes. En plus de compter plus de détenus, les prisons ont proportionnellement moins d'argent pour offrir de la formation ou des traitements — de la toxicomanie, par exemple — aux détenus.
Le Service correctionnel du Canada a donc dû revoir ses stratégies. Il a mis une croix sur ses programmes éprouvés de traitement de la toxicomanie, qui étaient pourtant offerts depuis très longtemps et qui étaient considérés comme des modèles à suivre ailleurs dans le monde. Les députés qui faisaient partie du comité de la sécurité publique à la législature précédente m'ont souvent dit que, lorsqu'ils se rendaient à l'étranger, et plus particulièrement en Norvège et en Grande-Bretagne, les gens louangeaient le modèle canadien de traitement de la toxicomanie dans les prisons et admettaient s'en inspirer pour leur propre système carcéral. Or, les compressions budgétaires ont obligé le Service correctionnel du Canada à éliminer ces programmes et à les remplacer par un programme général qui traite toutes sortes de problèmes en même temps. Toxicomanie, maîtrise de la colère, établissement d'un plan de vie: tout cela fait maintenant l'objet d'un seul et unique cours.
J'espère sincèrement que ce nouveau cours donne d'aussi bons résultats que l'ancien programme de traitement de la toxicomanie. Aucune donnée n'a encore été recueillie, alors rien, pour le moment, ne nous permet de croire que ce ne sera pas le cas, mais disons que j'en doute. Et si les choses sont ainsi, c'est parce que le gouvernement tenait mordicus à couper les dépenses d'un réseau carcéral pourtant en pleine expansion.
J'aimerais maintenant revenir sur la question de la double occupation des cellules que j'ai mentionnée tout à l'heure. Nous savons tous que cela fait augmenter la tension déjà présente dans les établissements correctionnels. On a d'ailleurs pu voir de nombreux exemples de cette tension croissante partout au pays. La double occupation des cellules contribue à la multiplication des conflits et à l'augmentation de la violence au sein des établissements, qui sont alors moins sécuritaires pour les agents correctionnels.
La double occupation des cellules signifie aussi qu'il y a moins d'espace pour offrir certains programmes aux détenus. Les salles de classe ont été réaménagées et ont maintenant d'autres vocations en raison de la surpopulation extrême dans nos prisons. Comme la tension augmente, le nombre d'isolements cellulaires augmente aussi. Un peu comme dans le cas des opérations visant à interdire la drogue — qui sont de plus en plus nombreuses —, l'augmentation du nombre d'isolements cellulaires découlant de la double occupation des cellules nuit au déroulement des activités destinées aux détenus, y compris les programmes de traitement de la toxicomanie.
Alors, que devrions-nous faire? Le projet de loi s'intitule Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons, mais dès le début de l'étude en comité, on a dit que ce titre n'était pas approprié et que la mesure législative devrait plutôt s'intituler Loi sur les tests de dépistage de drogues positifs et la libération conditionnelle. C'est bien de cela dont il est question, mais bon, il faut encore utiliser le titre Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons. Au cours d'une législature antérieure, soit en 2010, le comité de la sécurité publique — dont je fais maintenant partie — a publié un rapport que j'ai entre les mains. Ce rapport, intitulé La santé mentale et la toxicomanie dans le système correctionnel fédéral: Rapport du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, a été déposé en décembre 2010.
On y trouve 71 recommandations sur la façon de s'attaquer au problème de la consommation de drogue dans les prisons. Qu'a fait le gouvernement? Il a choisi de lancer un programme d'interdiction au lieu de suivre les 71 recommandations du comité. D'ailleurs, très peu de ces recommandations ont été mises en oeuvre. Pour quelle raison? Je crois que le gouvernement a rejeté ces recommandations parce qu'elles laissent entendre que les problèmes de dépendance devraient être traités comme des problèmes de santé, et non comme un problème ou un échec d'ordre moral chez les toxicomanes. Ce rapport comporte 71 suggestions pratiques sur la façon de réduire la demande de drogues dans les prisons, il ne cherche pas à punir davantage les toxicomanes.
Î L'ingéniosité humaine étant ce qu'elle est, on ne pourra probablement jamais faire disparaître la drogue des prisons, peu importe le nombre d'interdictions imposées. Par contre, si on appliquait le modèle qui mise sur le traitement de la toxicomanie, on réduirait la demande de drogue dans les prisons. Les traitements qui réussissent entraînent évidemment une meilleure réadaptation et une meilleure réinsertion sociale.
J'aimerais parler plus particulièrement d'une des 71 recommandations, en l'occurrence la 11e, qui dit ceci:
Que le Service correctionnel du Canada (SCC) examine sa programmation de traitement des troubles mentaux et de la toxicomanie afin de vérifier qu’elle répond aux besoins culturels et religieux des délinquants autochtones qui représentent un pourcentage disproportionné de la population carcérale canadienne et des détenus atteints de troubles mentaux et de toxicomanie; et que le SCC mette en œuvre, en collaboration avec les collectivités autochtones locales, un plus grand nombre de programmes de santé mentale et de lutte contre la toxicomanie axés sur les besoins particuliers des délinquants autochtones. En plus de participer à l’élaboration de ces programmes, les collectivités autochtones locales devraient également contribuer à la prestation de ces derniers [dans les prisons] afin d’assurer leur succès.
Fin de la recommandation. Cette très longue recommandation n'a rien donné. Il n'y a pas plus de programmes de lutte contre la toxicomanie adaptés à la culture des Autochtones. Dans le système carcéral, il n'y a pas plus d'Autochtones qui offrent des programmes de lutte contre la toxicomanie adaptés à leur culture. On impose plutôt un plus grand nombre de peines minimales obligatoires, ce qui augmente le nombre de toxicomanes autochtones qui se voient imposer des peines d'emprisonnement plus longues. Le gouvernement a carrément adopté la mauvaise approche. Lors de la législature précédente, les membres conservateurs du comité de la sécurité publique ont même recommandé une autre approche que celle que le gouvernement actuel a adoptée, pour lutter contre la toxicomanie.
Récapitulons un peu afin de savoir où nous en sommes dans le système correctionnel. Comme je l'ai dit, on s'obstine à adopter une approche punitive pour lutter contre la toxicomanie et la criminalité alors que nous savons tous que cette approche est inefficace.
Le NPD réclame depuis longtemps de meilleurs programmes de traitement de la toxicomanie, plus d'argent pour la programmation et, surtout, plus d'activités intéressantes pour les détenus, là encore, en raison de l'augmentation de la population carcérale. Aujourd'hui, au comité, le commissaire de Service correctionnel Canada nous a dit que CSC ne compile pas de statistiques sur les listes d'attente et que tout le monde parvient à suivre des programmes. Toutefois, quand nous avons parlé à des représentants de la Société John Howard et de la Société Elizabeth Fry ainsi qu'à des agents correctionnels, tous nous ont dit que ce n'est tout simplement pas vrai. Ils ont fait état de délais d'attente considérables pour participer au programme nécessaire, que ce soit un programme de désintoxication, de gestion de la colère ou d'aptitudes à la vie quotidienne. Ils ont ajouté que de nombreux détenus purgent leur peine sans avoir complété le plan correctionnel, pour des raisons indépendantes de leur volonté, faute de ressources et de possibilités au sein du système correctionnel.
Est-ce que je dis cela parce que je crois que nous avons laissé tomber les détenus? Oui. Toutefois, je pense aussi que nous laissons tomber les Canadiens en général, parce que tous ces gens sortiront du système correctionnel, sans avoir achevé le plan correctionnel pour des raisons indépendantes de leur volonté, et ils auront alors beaucoup moins de chances de réintégrer avec succès les rangs de la société, de trouver un emploi, de subvenir aux besoins de leur famille et de réussir comme tout autre Canadien le voudrait. Encore une fois, l'approche adoptée par le gouvernement comporte des lacunes fondamentales.
Le titre du projet de loi — l'éradication des drogues dans les prisons — est bien accrocheur, et les conservateurs annonceront aux Canadiens qu'après l'adoption de cette mesure législative, nous aurons des prisons sans drogue parce qu'ils auront adopté une loi.
En fait, j'en reviens à la raison pour laquelle nous appuyons le projet de loi. Ce que nous aurons fait, c'est préserver la discrétion de la Commission des libérations conditionnelles lorsqu'elle a affaire à des détenus qui échouent à un test de dépistage de drogue avant d'être libérés sous condition ou qui enfreignent les conditions de la libération conditionnelle. Nous inscrivons cela dans la loi. Il n'y a absolument rien de mal à cela. Voilà pourquoi nous appuyons ce projet de loi.
Nous avons cependant tenté de faire modifier le titre pour qu'il soit plus approprié, mais quiconque a écouté le discours du ministre a pu se rendre compte qu'il n'est aucunement intéressé par le contenu du projet de loi. Tout ce qu'il veut, c'est de pouvoir dire que les conservateurs ont pris des mesures pour éradiquer la drogue dans les prisons, notamment en adoptant des lois sévères, en imposant des interdictions et en faisant tout ce qui n'a pas fonctionné et ne fonctionnera jamais dans le système carcéral, comme le démontrent les faits lorsqu'on se donne la peine de les examiner.
Ce qu'il faut, c'est une approche axée sur la toxicomanie en tant que problème de santé et qui, partant, fournit les traitements nécessaires en milieu carcéral. Voilà comment on pourra espérer éradiquer la drogue dans les prisons.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi . Je commencerai par faire le constat suivant: le projet de loi ne contribuera guère à éradiquer les drogues dans les prisons. Le problème est beaucoup plus vaste. Un député conservateur d’arrière-ban l’a même reconnu, à la seule réunion du comité à laquelle il ait assisté. Le projet de loi est simplement un titre, il n’y a pas de mesures concrètes.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, la duplicité du gouvernement me surprendra toujours. Il s’imagine qu’en intitulant un projet de loi d’une certaine façon, il va se passer des choses. Et la population va s’imaginer elle aussi que les conservateurs font vraiment quelque chose, mais ce n’est pas le cas. Ce qu’il faut, c’est de l’action.
Le gouvernement est convaincu qu’on peut soigner la toxicomanie en menaçant ceux qui en souffrent. Or, les recherches montrent bien qu’en ce qui concerne la toxicomanie, il ne suffit pas de menacer.
Le député qui vient de parler a dit que la toxicomanie était un problème de santé. Entre 75 et 80 % des gens qui sont emprisonnés le sont parce que ce sont des toxicomanes ou des alcooliques, sans parler des problèmes de santé mentale dont ils sont nombreux à souffrir, et par conséquent, il faut que le gouvernement prévoie le traitement de ces maladies, et pas seulement des sanctions.
Le gouvernement s’imagine qu’il va éradiquer les drogues dans les prisons en étant plus sévère avec les délinquants sur le point d’être admissibles à la libération conditionnelle. Il est donc probable qu’ils seront moins nombreux à y être admissibles. Est-ce la chose à faire? Est-ce la meilleure solution? Il faut examiner tout cela.
Le gouvernement voudrait convaincre la population que ce projet de loi est la solution, mais c’est loin d’être évident, à en croire les témoignages que nous avons entendus en comité.
Le titre du projet de loi est tout à fait trompeur, et ses dispositions n’ajoutent pratiquement rien à la situation des détenus en libération conditionnelle. J’y reviendrai dans un instant.
Le projet de loi s’ajoute à la longue liste des textes proposés par le gouvernement, y compris les projets de loi d’initiative parlementaire proposés par des conservateurs, qui utilisent les victimes et les délinquants à ses propres fins idéologiques.
La première question qu'il faut poser est la suivante: est-ce que ce projet de loi propose effectivement une nouvelle politique au sujet des problèmes de drogue de ceux qui demandent une libération conditionnelle? La réponse est non, point à ligne. Le projet de loi n'ajoute rien de nouveau au processus des libérations conditionnelles.
Répondant directement à la question que je lui posais pour savoir si la Commission des libérations conditionnelles allait être en mesure de continuer à exercer son plein pouvoir discrétionnaire comme elle l'a toujours fait, le président a répondu: « C'est exact. » Je vais reformuler. Ce que je cherchais vraiment à savoir c'est si le projet de loi diminuait de quelque façon que ce soit le pouvoir discrétionnaire de la commission, et la réponse est non. La Commission des libérations conditionnelles continuerait d'avoir exactement le même pouvoir discrétionnaire qu'elle a toujours eu, même si le projet de loi essaie de nous donner l'impression contraire.
Les conservateurs ont affirmé que le projet de loi apportait un important changement à cet égard, alors qu'en fait, le projet de loi ne modifie en rien la capacité qu'a la Commission des libérations conditionnelles de faire son travail comme elle l'a toujours fait. Le président de la commission est même allé plus loin quand on lui a demandé si les nouvelles exigences prévues dans le projet de loi allaient changer quoi que ce soit aux pratiques actuelles de l'organisme.
Je cite sa réponse. Il a dit ceci:
Les renseignements qui seront désormais fournis en application de la loi vont amener la commission à examiner le dossier, comme elle le fait déjà chaque fois que de nouvelles informations concernant un contrevenant lui sont transmises par SCC avant sa libération.
Ce que prévoit le projet de loi se fait déjà dans la pratique. C'est ainsi que la Commission nationale des libérations conditionnelles procède déjà.
Voilà pourquoi le projet de loi concerne davantage les perceptions que la réalité. Mais, au-delà des perceptions, le titre que le gouvernement a donné au projet de loi, la Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons, est fondamentalement trompeur, car le projet de loi a très peu à voir avec le problème réel des drogues dans les prisons et ne fera rien pour le résoudre.
Si nous voulons éradiquer la drogue dans les prisons, nous devons en faire disparaître le marché. Et les sanctions pénales ne peuvent à elles seules amener les toxicomanes à cesser de consommer de la drogue. Il faut des programmes, des traitements et un suivi constant. C'est uniquement de cette manière qu'on parviendra à libérer les toxicomanes de leur dépendance. Car cette dépendance à l'égard des drogues ou de l'alcool existe bel et bien. Des gens commettent des petits vols par effraction, puis commettent des crimes plus graves parce qu'ils ont besoin de leur dose. C'est un problème sérieux, et nous devons réduire le marché dans les prisons et dans la société canadienne.
J'aimerais raconter une histoire au sujet du système correctionnel. Je vais accorder au gouvernement un certain mérite pour avoir maintenu en partie les programmes de désintoxication que nous avons mis en place il y a plusieurs années.
Une de mes électrices avait un fils qui avait une grave dépendance à la drogue. S'étant fait épingler pour un délit mineur, il allait purger une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour. Cette mère est venue me demander conseil pour savoir comment faire en sorte que son fils soit envoyé dans un établissement fédéral, un endroit très difficile où purger sa peine. Évidemment, je ne pouvais rien y faire.
La mère craignait que son fils soit envoyé dans un établissement provincial pour un délit mineur. Sa grave dépendance à la drogue l'amènerait à commettre des crimes de plus en plus graves. Elle croyait que, si elle parvenait à faire envoyer son fils dans un établissement fédéral pour au moins deux ans, il pourrait peut-être suivre le programme de désintoxication et ainsi devenir un meilleur citoyen canadien.
Je raconte cette histoire pour montrer à quel point la toxicomanie est un grave problème, et ce n'est certainement pas en se limitant à imposer des sanctions fondées sur un test d'urine, comme le propose ce projet de loi, que nous parviendrons à éradiquer les drogues dans les prisons.
Lorsque l'enquêteur correctionnel a témoigné devant le comité, il a également fait valoir que le projet de loi n'ajoutait rien aux procédures actuelles concernant la libération conditionnelle des délinquants. Je le cite:
La marge de manoeuvre de ce projet de loi est très limitée. [...] Les députés savent peut-être déjà que la Commission des libérations conditionnelles tient déjà compte des analyses d’urine positives ou du refus de fournir un échantillon lorsqu’elle rend ses décisions relatives à l’admissibilité à la libération conditionnelle. Il arrive fréquemment aussi que la commission impose comme condition à la libération conditionnelle, à la libération d’office et aux permissions de sortir « de ne pas consommer » ou « de s’abstenir de prendre » des drogues ou de l’alcool. Le projet de loi C-12 ne ferait qu’inscrire ces pratiques dans la loi.
Le Bureau de l'enquêteur correctionnel, qui est notamment responsable de gérer les conditions de détention des délinquants sous responsabilité fédérale, que l'on souhaite propices à la réadaptation, a produit de nombreux rapports portant expressément sur le problème de la toxicomanie dans les établissements fédéraux.
Une fois de plus, en ce qui concerne le projet de loi , l'enquêteur correctionnel a clairement expliqué l'objectif évident de la mesure législative. Voici ce qu'il a déclaré:
[...] le projet de loi C-12 envisage d’annuler l’octroi de la libération conditionnelle sur la base d’un résultat positif à un test de dépistage sans égard au moment où la drogue a été consommée. Sans approuver l’usage de drogues, nous devrions avoir une idée très claire des conséquences des mesures législatives proposées. Il n’est pas question ici d’éradication des drogues dans les établissements correctionnels fédéraux ou de traitement de la toxicomanie, mais bien de punir l’usage de drogues illicites en prison.
L'enquêteur correctionnel fait ici une accusation assez grave. Il affirme que l'objectif consiste à punir les gens, et non à les traiter. Nous ne pourrons pas éradiquer les drogues dans les prisons si nous ne trouvons pas une façon d'offrir des traitements.
Je rappelle au gouvernement que le projet de loi ne fera à peu près rien pour atteindre l'objectif fixé, soit éradiquer les drogues dans les prisons.
Dans son rapport annuel de 2011-2012, l'enquêteur correctionnel a formulé l'observation suivante au sujet de la drogue dans les établissements carcéraux fédéraux:
Bien qu'elle puisse servir de moyen de dissuasion efficace au point d'entrée d'un pénitencier, une politique de tolérance zéro en ce qui a trait aux drogues en milieu carcéral ne correspond tout simplement pas aux réalités de la criminalité et de la toxicomanie au Canada et ailleurs dans le monde.
Selon le même rapport annuel de l'enquêteur correctionnel, « [p]rès des deux tiers des délinquants sous responsabilité fédérale disent avoir été sous l'influence de l'alcool ou d'autres substances intoxicantes lorsqu'ils ont commis l'infraction qui a mené à leur incarcération ». Sur les quelque 15 000 détenus que compte actuellement le réseau carcéral, on parle donc d'environ 10 000 personnes. Mais ce qui est encore plus troublant, c'est qu'un pourcentage très élevé des détenus qui consomment de la drogue souffrent aussi d'une forme ou une autre de maladie mentale.
Si je dis tout ça, c'est pour illustrer que le problème va bien au-delà des simples échantillons d'urine. Comme le disait le député d' tout à l'heure, il s'agit en fait d'un problème de santé. Il s'agit d'un grave problème pour la société et le réseau carcéral. Nous devons nous fier aux programmes qui réussissent à traiter la toxicomanie si nous voulons le régler une fois pour toutes.
Oui, les détenus ont commis un crime, mais la plupart d'entre eux vont sortir de prison un de ces jours et réintégrer la collectivité. Comment leur donner toutes les chances de devenir de bons citoyens, de contribuer à l'économie, de fonder une famille et de vivre en société? Voilà ce sur quoi nous devrions miser, au lieu de n'en avoir que pour les sanctions, comme le projet de loi à l'étude.
Dans son rapport annuel de 2013-2014, l'enquêteur correctionnel critiquait le gouvernement pour n'avoir toujours pas créé de programme global de lutte contre la toxicomanie dans les pénitenciers et pour avoir compromis un des programmes clés du Service correctionnel du Canada visant à lutter contre la toxicomanie.
Voici ce qu'on peut lire dans le rapport au sujet de l'absence de programme global:
Si les activités d'interdiction et de suppression ne s'accompagnent pas d'une gamme plus complète de mesures de prévention, de traitement et de réduction des préjudices, la demande (voire l'offre) de drogues ou d'alcool de contrebande en établissement restera élevée.
Selon ce que le commissaire du Service correctionnel du Canada a dit au comité de la sécurité publique, « à l’admission, 80 % des délinquants ont un grave problème de toxicomanie ». Il a ajouté que jusqu'à 90 % des détenus risquent de consommer de la drogue et d'y demeurer dépendants le restant de leurs jours et que « [c]ette dépendance ne disparaît pas comme par magie à l’entrée du pénitencier ».
Les députés comprennent donc qu'on a affaire à un problème énorme.
La question primordiale est donc celle d'offrir de la thérapie aux toxicomanes incarcérés. Sur ce point, le bilan est clair. Encore une fois, pendant son témoignage devant le comité, l'enquêteur correctionnel a confirmé que « Nous avons constaté une diminution des montants réellement affectés aux programmes de traitement de la toxicomanie cette année, par rapport à l'année passée. » Je veux souligner cette citation parce qu'elle porte sur un point qui, si l'on en croit la secrétaire parlementaire, serait peut-être mensonger.
Soyons clairs sur la vraie nature du projet de loi. À moins que l'on s'attaque à la question de la toxicomanie, problème que les représentants de Sécurité publique ont eux-mêmes reconnu, il ne convient pas de donner au projet de loi le titre de Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons. C'est de la tromperie pure et simple. Ce titre ne veut rien dire. La seule façon d'éradiquer les drogues dans les prisons est d'offrir des programmes en milieu carcéral. Les fonctionnaires de SCC reconnaissent que 80 % des détenus ont des problèmes de toxicomanie ou d'alcoolisme avant d'être incarcérés. C'est peut-être même ce qui les pousse à commettre les crimes qui leur valent d'être emprisonnés, quoiqu'il peut y avoir d'autres raisons.
Certes, ils doivent purger leur peine et subir les conséquences du crime qu'ils ont commis. Mais dans l'intérêt de la société canadienne, de notre pays, il faut faire en sorte que les prisons deviennent des lieux de réadaptation plutôt que des universités du crime. Ainsi, les gens qui quittent ces lieux de réadaptation pourront occuper un emploi rémunéré et contribuer à la société.
Mon temps de parole tire à sa fin, mais j'aimerais aborder un dernier point. Je tiens à confirmer que nous appuierons ce projet de loi. Il n'aura pas d'effets négatifs puisque, au bout du compte, la décision reviendra toujours à la Commission des libérations conditionnelles, bien que celle-ci puisse sentir qu'on la pousse à rejeter des demandes de libération qu'elle n'aurait peut-être pas rejetées auparavant. Quoi qu'il en soit, ce projet de loi aura peu d'effets négatifs, mais il n'aura pas vraiment d'effets positifs non plus.
Voici ce que j'aimerais que le gouvernement fasse. Au lieu de produire des projets de loi aux titres ronflants qui ne donnent pas grand-chose et font perdre du temps à la Chambre et aux comités, il aurait avantage à mettre en place des programmes de réadaptation, de meilleurs programmes pour lutter contre la dépendance aux drogues et à l'alcool. Ainsi, après avoir purgé leur peine, les anciens détenus pourraient contribuer à la société, à l'économie et à la collectivité. Voilà l'objectif qu'il faudrait viser.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui au sujet de ce projet de loi. J'ai entendu les députés d' et de , et je souscris en grande partie à ce qu'ils ont dit. Je vais essayer de ne pas répéter les bons arguments qu'ils ont soulevés et de me concentrer sur les raisons pour lesquelles ce projet de loi est aussi bancal, à mon avis.
Le problème, ce n'est pas seulement que le projet de loi ne règle pas les graves problèmes dans nos prisons et les problèmes de toxicomanie de façon significative. La grande difficulté — et il vaut la peine de le répéter —, c'est que, comme dans le cas de nombreux projets de loi, la mesure législative dont nous sommes saisis n'a pas été rédigée par une personne qui veut améliorer les politiques publiques dans un secteur qui relève de la compétence du gouvernement fédéral, mais plutôt par une personne qui conçoit une brochure en prévision de la prochaine campagne électorale. Les titres sont accrocheurs, les demandes sont extravagantes et les projets de loi sont parfois de grande portée et désastreux, comme dans le cas du projet de loi omnibus d'exécution du budget, le projet de loi .
Le titre du présent projet de loi est exagéré. Évidemment, qui ne conviendrait pas qu'il serait idéal d’avoir des prisons où il n’y a pas de drogues? Le titre du projet de loi est . Les cinq articles du projet de loi, dont l’un ne fait qu'en établir le titre abrégé, mettent en place un régime qui demandera à un délinquant qui s’est déjà vu accorder une libération conditionnelle de fournir un échantillon d’urine aux fins d’analyse. Si le délinquant refuse ou que le résultat de l’analyse est positif, le projet de loi prévoit qu’on en informe la Commission des libérations conditionnelles pour qu’elle détermine si la libération conditionnelle doit toujours être accordée.
Il y a beaucoup de choses qui clochent avec cette idée simplement d’un point de vue pratique. Tout d’abord, la Commission des libérations conditionnelles peut déjà prendre en considération que le délinquant est un toxicomane ou qu’il a des problèmes de toxicomanie qui pourraient avoir une incidence sur les risques de récidive.
En raison de leur nature, les analyses d’urine décèleront certaines drogues longtemps après que le délinquant les a consommées, tandis que d’autres drogues sont éliminées assez rapidement du système. Par exemple, nous pourrions avoir un délinquant en prison qui consomme du cannabis. Cette drogue peut être décelée longtemps après sa consommation. Cependant, si le délinquant consomme de la cocaïne, cette drogue disparaîtra de son système en deux jours. Le projet de loi ne traite pas de la question de la libération d’un toxicomane; il vise plutôt certaines drogues.
Comme l'ont dit les témoins qui ont comparu devant le comité, le projet de loi ne tient aucunement compte des personnes qui ont un problème d'alcoolisme. Les personnes ayant un problème de consommation abusive d'alcool commettent plus d'infractions dangereuses que les personnes qui consomment du cannabis. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai parlé à des agents de la GRC qui m'ont dit qu'ils étaient toujours moins nerveux lorsqu'ils répondaient à un appel relatif à une personne ayant fumé de la marijuana. Ils sont très nombreux à m'avoir dit la même chose. Par contre, lorsqu'ils apprennent qu'une personne a consommé beaucoup d'alcool, ils sont inquiets parce qu'ils s'attendent à devoir composer avec une réaction violente.
Je ne cherche pas à encourager la consommation de marijuana, mais lorsqu'il est question d'actes criminels violents, il ne faut pas oublier que l'alcool pose de graves problèmes. Ce projet de loi ne permet pas d'évaluer les risques de récidive d'une personne qui a un problème de consommation abusive d'alcool.
J'aimerais aussi parler de l'état de nos prisons. On a mentionné certaines choses au cours du débat, mais j'ai trouvé des statistiques en ligne. Elles sont tirées du site Web du Service correctionnel du Canada et du rapport de l'enquêteur correctionnel et ne font pas partie des données récentes étudiées par le comité. Elles indiquent qu'entre 1997 et 2008, le pourcentage de délinquants aux prises avec des problèmes de santé mentale purgeant une peine dans des pénitenciers canadiens a doublé. Les problèmes de santé mentale sont beaucoup plus nombreux au sein de la population carcérale aujourd'hui qu'ils ne l'étaient en 1997.
Les problèmes de toxicomanie sont souvent liés à des problèmes de santé mentale. Cela a déjà été dit, et on l'a même mentionné aujourd'hui pendant le débat. Les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale et qui ne reçoivent pas d'aide ou d'accompagnement utilisent la drogue ou l'alcool pour tenter de maîtriser leurs propres démons intérieurs, et c'est de cette façon qu'elles développent une dépendance.
Bon nombre de prisonniers avaient concrètement besoin de soutien, notamment psychologique, de counseling ou de traitements avant même d'intégrer la population carcérale et en ont toujours besoin lorsqu'ils la quittent. Une partie des troubles de santé mentale de certaines d'entre eux est par ailleurs attribuable à la toxicomanie.
Cet après-midi, nous avons entendu la secrétaire parlementaire affirmer que nous devrions être extrêmement satisfaits d'apprendre que l'État a consacré 9 millions de dollars cette année aux services de counseling en toxicomanie dans les prisons du Canada. Je veux bien accepter ce chiffre de bon coeur, sauf qu'on peut lire sur le site Web du Service correctionnel du Canada qu'on a dépensé 11 millions de dollars en 2008-2009 relativement à la toxicomanie. Les observations des députés conservateurs nous révèlent donc que l'État dépense 2 millions de dollars de moins cette année qu'il y a quatre ans alors que la population carcérale a augmenté depuis. Des statistiques plus anciennes permettent par ailleurs de dégager une tendance selon laquelle il y a actuellement plus de délinquants incarcérés qu'il y a 10 ans qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Je pourrais émettre des hypothèses sur ce qui explique cela. Les compressions budgétaires qui visaient à éliminer le déficit dans les années 1990 — des compressions que je déplore et que beaucoup de députés conservateurs ont rappelées depuis que je siège au Parlement — et la réduction des paiements de transfert aux provinces ont refilé beaucoup de problèmes aux gouvernements provinciaux et réduit notamment les services de santé mentale. Nous avons forcé les services provinciaux de santé mentale à se délester d'une bonne part des problèmes sociaux au détriment des gens qui vivent essentiellement dans la rue, ce qui selon moi a contribué à augmenter le nombre de délinquants ayant des troubles de santé mentale.
Que ferait le projet de loi pour améliorer la situation? Rien du tout. Aucun sou de plus ne serait affecté aux soins de santé mentale ou aux services de consultation en toxicomanie. Le projet de loi n'améliorerait ni la sécurité publique ni la situation des délinquants. On prétend que le projet de loi permet de lutter contre la drogue dans les prisons — cela paraîtra bien dans le prochain programme électoral —, mais il ne fait rien pour la population carcérale et ne permet pas d'améliorer la sécurité publique.
Pour confirmer ce que j'avance, j'aimerais citer le témoignage de l'enquêteur correctionnel du Canada, Howard Sapers, qui a comparu devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Je sais qu'une partie du témoignage de M. Sapers a déjà été citée par des députés de l'opposition officielle et du Parti libéral, mais je tiens à souligner une partie de ses conclusions. Il fait valoir ceci:
Quatre délinquants sur cinq qui arrivent dans un établissement fédéral ont des antécédents de consommation de substances intoxicantes ou de dépendance. La consommation d’alcool et de drogues est un facteur de risque criminel pour une proportion significative de la population carcérale. Cependant, les analyses d’urine ne sont d’aucune efficacité dans la surveillance et la réduction du risque lié à la consommation d'alcool et à la dépendance à l’alcool.
Je tiens à souligner ce fait. La solution proposée dans ce projet de loi ne permettra ni d'éradiquer les drogues dans les prisons — loin de proposer quoi que ce soit pour éradiquer les drogues dans les prisons, il tend plutôt à punir les candidats à la libération conditionnelle qui échouent à un test —, ni de faire quoi que ce soit pour lutter contre l'un des facteurs de risque criminel les plus importants, c'est-à-dire la dépendance à l’alcool.
Lorsque nous réfléchissons à cette question, nous voyons bien qu'il nous faut un programme intégré et coordonné à la grandeur du Service correctionnel du Canada pour redoubler d'efforts. Cela concerne aussi une autre question qui a récemment été soulevée, à savoir qu'une partie de la population carcérale peut être radicalisée et ralliée à l'idéologie terroriste lors de son passage en prison. Ce sont des personnes qui ont désespérément besoin de services en santé mentale et en toxicologie.
Plus précisément, le tireur qui a fait irruption ici le 22 octobre avait déjà supplié un juge, en 2012, dans un tribunal de Vancouver, de l'envoyer en désintoxication, de l'envoyer là où il pourrait recevoir de l'aide psychologique. Je crois que, si nous avions pu offrir ces services, deux vies auraient pu être épargnées ce jour-là. Mais, surtout, et c'est le plus important, nous aurions pu épargner la vie du caporal Nathan Cirillo si son agresseur avait obtenu l'aide dont il avait désespérément besoin.
Nous ne le saurons jamais, mais nous devrions investir dans le traitement des troubles mentaux, les services de psychothérapie et les services pour toxicomanes et veiller à ce que les délinquants détenus dans notre système carcéral soient traités de manière à pouvoir réintégrer la société et à devenir des citoyens utiles à la société. Nous ne devrions pas chercher des moyens de leur refuser la libération conditionnelle à la dernière minute.
Je termine sur ces paroles d'Howard Sapers:
Un moyen plus rentable de prévenir le crime consiste à consacrer davantage nos ressources limitées à des programmes de prévention et de traitement de la toxicomanie. Les politiques de tolérance zéro et les approches répressives à l’égard de la toxicomanie et de la dépendance ne fonctionnent tout simplement pas dans les prisons.
Procédons de façon judicieuse. Faisons ce qui doit être fait. L'éradication de la drogue dans les prisons est un objectif louable, mais le projet de loi donne à la population canadienne une idée fausse des objectifs qu'il permettra d'atteindre.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de me prononcer sur le projet de loi . Ce qui m'intéresse un peu plus dans le titre du projet de loi, c'est le titre abrégé. Le gouvernement conservateur a choisi de l'intituler « Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons ».
Évidemment, lorsque nous avons vu ce titre, nous étions très curieux de savoir ce qu'allait contenir cette Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons qu'on nous avait promise.
Pour ma part, j'étais relativement surprise, en un sens mais pas dans l'autre, de voir que cela n'avait absolument aucun rapport avec l'éradication des drogues dans nos prisons. Le projet de loi ajouter à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition une disposition qui clarifie le fait que la Commission des libérations conditionnelles peut fonder ses décisions en matière d'admissibilité à la libération conditionnelle sur les résultats positifs des tests d'urine ou sur le refus de se soumettre à un dépistage de drogue par test d'urine. Or cela est déjà en place. Cette pratique est déjà en vigueur depuis un bon bout de temps au sein de la Commission des libérations conditionnelles.
On appuie cette disposition, mais on s'entend que c'est lié à la Commission des libérations conditionnelles. Cela n'a aucun rapport avec la population carcérale actuellement détenue dans nos prisons fédérales.
Ce titre est donc malheureusement un peu erroné. Le gouvernement, et c'est triste, tente de faire croire à la population canadienne qu'il cherche à s'attaquer au problème de la toxicomanie dans nos prisons fédérales, alors qu'en fait, au moyen de ce projet de loi, il cherche tout simplement à dire que ce que fait à la Commission des libérations conditionnelles est bien et qu'elle doit continuer de le faire.
Le titre du projet de loi est donc relativement trompeur. Nous avons essayé de le modifier au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Le NPD a présenté un amendement pour modifier le titre abrégé pour essayer de mieux décrire le projet de loi C-12. Nous avons proposé « Loi sur le test de dépistage de drogue positif et la libération conditionnelle », ce qui selon moi reflète beaucoup mieux le projet de loi.
Je le souligne parce que beaucoup de témoins ont affirmé que le projet de loi ne visait vraiment pas ce que le titre abrégé laissait entendre. Ce n'est pas que le projet de loi est mauvais. Je voudrais le dire à tout le monde à la Chambre. En comité, nous étions tous d'accord sur le fait que ce n'est pas un mauvais projet de loi en tant que tel. Cependant, le titre était vraiment un irritant lorsqu'on avait à discuter de ce projet de loi. Le titre abrégé n'a donc aucun rapport avec le projet de loi. Ce dernier n'est pas mauvais, mais il n'amènera pas l'éradication des drogues dans les prisons.
J'aurais aimé citer le député de . En remplacement la secrétaire parlementaire, il a été présent à des séances du Comité permanent de la sécurité publique et nationale sur le projet de loi . Il a lui-même admis que le titre abrégé allait probablement un peu loin. On a donc vu que, même dans les rangs des conservateurs, tout le monde n'était pas relativement à l'aise par rapport au titre abrégé de ce projet de loi.
J'espère que, la prochaine fois, les conservateurs vont faire leurs devoirs et nous présenter quelque chose dont le titre abrégé va vraiment bien représenter le projet de loi en question.
Cela dit, je ne m'éterniserai pas sur le fait que les conservateurs font souvent de la partisanerie avec leurs titres abrégés ou les projets de loi qu'ils présentent. Ils ne représentent pas nécessairement le projet de loi qui y est associé, mais cela a l'air très beau quand c'est présenté à la population canadienne si on ne lit pas le projet de loi lui-même.
Nous, les néo-démocrates, lorsque nous parlons de la population carcérale, des prisons et de l'éradication de la toxicomanie, nous avons des positions très claires. Nous avons toujours appuyé les mesures qui visent à rendre nos prisons plus sûres, tandis que le gouvernement conservateur continue d'ignorer les recommandations du personnel correctionnel et surtout celles de l'enquêteur correctionnel, qui permettraient de réduire la violence, les activités des gangs de rue et l'usage des drogues dans nos prisons. Les intervenants sont pas mal tous d'accord sur le fait que ce projet de loi aura peu d'effets sur l'usage des drogues dans nos prisons. On s'entend pratiquement pour dire qu'il n'aura pas d'effet sur l'usage des drogues dans nos prisons.
Le gouvernement va encore se servir de cette loi pour se donner l'occasion de céder au désir de sa base, sans pour autant proposer des solutions réelles aux problèmes liés aux drogues et aux gangs dans les prisons. Je déplore énormément cet aspect de la stratégie du gouvernement conservateur face à un enjeu extrêmement important.
Comme je le mentionne, le projet de loi n'est pas nécessairement une solution à un problème réel et dont nous sommes tous conscients, surtout les membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Pour avoir vu passer plusieurs projet de loi, les députés de la Chambre sont un peu au courant de la situation dans nos prisons. Nous savons qu'il existe des problèmes de santé mentale, de toxicomanie ou de gangs de rue. Il y a donc plusieurs problèmes et des choses sont à régler dans notre système correctionnel. Encore une fois, cela aurait pu être un très bel exemple du travail qu'on peut faire tous ensemble, en tant que parlementaires. Malheureusement, nous n'avons pas pu le faire.
Je veux parler de ce que le projet de loi aurait peut-être dû inclure et de l'éradication de la toxicomanie dans nos prisons. En 2012, Sécurité publique Canada a réalisé une étude confirmant qu'il n'est pas vraiment réaliste de penser qu'on peut créer des prisons sans drogue. Je sais que cela peut être effarant à entendre, mais le problème de la suppression de la drogue dans nos prisons est extrêmement complexe, et ce, pour différentes raisons. Le gouvernement devrait assumer un certain leadership à ce sujet, mais en tant que parlementaires, notre travail est de s'assurer qu'il y a le moins de drogue possible et d'aller dans cette direction.
Or le gouvernement actuel réagit aux unes sensationnalistes des journaux et il essaie de dire que c'est possible. Service correctionnel Canada a investi beaucoup d'argent. Entre autres, 112 millions de dollars ont été dépensés depuis 2008 par les conservateurs pour acheter des instruments technologiques pour empêcher l'entrée de drogue dans les prisons. Toutefois cela n'a pas réussi à réduire l'usage des drogues dans le milieu carcéral. Donc, actuellement, l'approche des conservateurs ne fonctionne absolument pas.
Premièrement le gouvernement a un objectif sensiblement irréaliste, mais que nous cherchons tous à atteindre — nous nous entendons là-dessus —, et deuxièmement, il n'utilise pas l'argent de la bonne façon. Dans ce cas-ci, il l'a investi dans des technologies et cela n'a rien changé au problème. Je vais citer un peu plus en détails les chiffres plus tard, mais le gouvernement conservateur a coupé vraiment beaucoup d'argent dans plusieurs ministères. Il a réduit de de 10 % le budget de Service correctionnel Canada et il a beaucoup coupé dans les programmes, alors que la population carcérale augmente actuellement. Il a réduit le montant d'argent réservé aux programmes, notamment ceux affectés à la toxicomanie. Dans cette histoire, le gouvernement tient un double langage.
Le budget de Service correctionnel Canada destiné aux programmes correctionnels de base, comme les traitements de toxicomanie, a été réduit. De plus, le gouvernement conservateur a fermé les centres de traitement des détenus atteints de graves troubles mentaux. Il ne faut pas se le cacher, dans nos prisons, les troubles mentaux sont extrêmement présents. C'est un des éléments de ce débat à retenir. Plusieurs intervenants en ont discuté, souvent les gens qui ont des problèmes de toxicomanie ont aussi des problèmes de santé mentale et il ne faut surtout pas l'oublier.
Pour vraiment s'attaquer au problème de toxicomanie dans nos prisons, nous croyons que Service correctionnel Canada doit d'abord se doter d'un système d'évaluation initial qui permettrait de mesurer correctement le degré de toxicomanie des détenus pour offrir des programmes suffisants aux contrevenants qui en auraient besoin. Sans traitement de la toxicomanie, c'est plus difficile de faire de l'éducation et de la réinsertion sociale, ce que notre société a choisi de faire avec nos détenus. À Service correctionnel Canada, un système fonctionne par cascade. En arrivant, une personne va entrer au niveau maximum ou au niveau moyen, et dans la population carcérale, elle va tranquillement descendre les niveaux jusqu'à se rendre, à la fin de son cycle, dans des pénitenciers à sécurité minimale. Toujours selon le plan correctionnel, elle aura des contacts avec la population. Elle commencera à travailler à l'extérieur, à faire des visites à l'extérieur et à faire un retour dans la société.
Si on ne veut pas que la spirale recommence, il faut absolument offrir les bons programmes d'éducation et de réinsertion sociale. C'est un choix de société que nous avons fait et nous devons absolument l'assumer.
Si on assume ce choix, cela va coûter beaucoup moins cher aux citoyennes et aux citoyens au bout du compte, que ce soit pour la sécurité publique, les hôpitaux ou la société en général.
Les détenus qui n'ont pas accès à l'éducation et à la réinsertion sociale risquent de retomber dans la criminalité et de récidiver. Bon nombre d'études l'ont d'ailleurs prouvé. L'enquêteur correctionnel nous en parle souvent dans ses rapports ou quand il vient faire des présentations en comité. Les experts voient ce qui se passe sur le terrain. Je pense entre autres à l'Association canadienne des Sociétés Elizabeth Fry et à la Société John Howard du Canada. J'aimerais aussi mentionner le Syndicat des agents correctionnels du Canada, qui voit des anciens détenus revenir en prison. J'ai discuté avec le président de ce syndicat, M. Grabowsky, la semaine dernière. Je ne veux pas dévoiler son âge, mais il a plus de 35 ans d'expérience au sein de Service correctionnel Canada. Il m'a dit que depuis qu'il y travaille, il a vu beaucoup d'ex-détenus revenir et refaire la spirale, faute de réinsertion sociale et de programmes adéquats pour les détenus. C'est vraiment quelque chose de triste à constater.
Comme société, on fait un choix judicieux en cherchant à avoir des communautés extrêmement sécuritaires. Quand je me promène dans la rue, je veux être en sécurité, que ma fille soit en sécurité et que mes amis et mes collègues soient en sécurité. Pour cela, il faut s'assurer que ces gens ne retournent pas dans la spirale du crime. Il faut essayer d'éradiquer le plus possible le crime dans notre société. Les deux côtés de la Chambre sont probablement d'accord pour dire que le chemin pour y arriver est ardu. Toutefois, nous avons une vision extrêmement différente des moyens à prendre. Je vais revenir sur ce sujet plus loin dans mon discours.
Plusieurs intervenants appuient notre position, comme l'enquêteur correctionnel qui a déclaré dans de nombreux rapports que le système correctionnel risque de subir des conséquences indésirables lorsque des solutions simplistes sont appliquées aux problèmes complexes, comme celui de la toxicomanie, dans nos pénitenciers. Il a proposé des mesures comme l'évaluation initiale des détenus au moment de leur intégration à des programmes correctionnels, dans le but de circonscrire leur problème de toxicomanie, ce que nous, au NPD, approuvons complètement. Il propose aussi de donner aux détenus un meilleur accès aux programmes de réadaptation, ce qui permettrait de réduire la consommation de drogues et les activités des gangs dans les prisons.
Lors d'une question de ma collègue de , j'ai dit que je faisais un petit retour sur ce que la secrétaire parlementaire a dit. Cette dernière a mentionné, et cela a été dit au Comité permanent de la sécurité publique et nationale par le commissaire de Service correctionnel Canada, M. Don Head, si je ne me trompe pas, que 95 % des détenus suivaient au moins un programme au cours de leur cheminement dans nos pénitenciers. C'est vrai, 95 % des détenus vont suivre un programme à un moment donné dans leur plan correctionnel. Ce que les conservateurs ne mentionnent pas, et nous en parlons beaucoup dans le débat sur le projet de loi , c'est que ce pourcentage concerne tous les programmes en général. Cela peut donc être un programme relié à la gestion de la colère ou aux problèmes d'agressivité ou encore faire partie des Alcooliques anonymes ou d'un programme relié à la toxicomanie. Une variété de programmes sont offerts aux détenus. On semble mettre tous ces programmes dans le même panier et dire que 95 % des détenus suivent vraiment un programme, en sous-entendant que ce sont des programmes contre la toxicomanie. Ce n'est malheureusement pas le cas. Je tiens à ce que la Chambre soit au courant de cela pour les débats à venir.
Ce serait intéressant que tous les délinquants aient accès à un programme lié à un traitement contre la toxicomanie lors de leur parcours dans le système correctionnel, s'ils en ont besoin. Ce n'est pas actuellement le cas. Quatre délinquants sur cinq arrivent dans un établissement fédéral avec des antécédents de consommation de drogues. En juillet 2011, on comptait 775 détenus inscrits à un programme de traitement de substitution aux opiacés, soit environ 5,4 % de la population carcérale totale. Il y a donc 5, 4 % de la population carcérale totale qui suivrait un traitement, alors que quatre détenus sur cinq ont un problème en entrant dans le système carcéral. Malheureusement, l'équilibre n'est pas atteint. C'est quand même assez triste.
Dans le budget fédéral de 2012, on a annoncé des compressions budgétaires de 295 millions de dollars à Service correctionnel Canada sur une durée de deux ans, ce qui représente environ 10 % de son budget.
Actuellement, Service correctionnel Canada consacre de 2 % à 2,7 % de son budget de fonctionnement aux programmes correctionnels de base. Cela comprend les programmes de traitement de la toxicomanie, mais ceux-ci ne reçoivent pas la totalité de ce financement.
Selon le Bureau de l'enquêteur correctionnel, dont j'attends toujours les rapports annuels avec impatience, le budget de Service correctionnel Canada réservé aux programmes de traitement de la toxicomanie est passé de 11 millions de dollars en 2008-2009 à 9 millions de dollars en 2010-2011, et ce, pendant que la population carcérale augmente toujours. On réduit donc le financement des programmes de traitement de la toxicomanie et l'accès à ceux-ci pour les détenus pendant que la population carcérale augmente. C'est triste.
Cela m'amène à parler de la position du Syndicat des agents correctionnels du Canada, qui travaille directement dans nos pénitenciers pour notre sécurité. C'est un travail incroyable. J'ai visité plusieurs pénitenciers dans plusieurs provinces du pays, et nous y sommes toujours très bien reçus. Ils expliquent très bien leur travail et ils font des miracles avec peu de choses.
Leurs budgets sont réduits chaque année et, à cause des projets de loi conservateurs qui ont modifié le Code canadien du travail, leur sécurité a aussi été affectée. Il suffit de penser au projet de loi qui a modifié la définition de « danger » et qui a directement affecté les agents correctionnels travaillant sur le terrain. Cela est extrêmement grave pour eux.
Les conservateurs n'ont pas la même vision. Je ne dirais pas que leurs politiques sont néfastes, mais ce ne sont pas les bonnes politiques pour nos pénitenciers. Par exemple, à cause des compressions, les conservateurs ont promis d'augmenter le nombre de lits et de détenus dans nos prisons. Je crois qu'il s'agissait de 2 700 nouveaux lits, un supplément net d'environ 1 655 lits.
En même temps, les conservateurs ont fermé deux pénitenciers extrêmement importants, l'un étant situé dans la région de Kingston, en Ontario, et l'autre étant le pénitencier Leclerc, au Québec. Ce dernier se trouve dans mon comté et est maintenant un pénitencier provincial. En raison de ces fermetures, les détenus se retrouvent souvent à deux ou trois dans des cellules souvent conçues pour une seule personne.
Selon leur évaluation directement sur le terrain, même s'il y a eu une diminution de la double occupation, les agents correctionnels voient présentement une possible augmentation de la double occupation, ce qui crée un gros problème relativement à la toxicomanie et à la sécurité des agents correctionnels. Ceux-ci ne savent jamais ce qui va arriver lorsqu'il y a plusieurs détenus dans une seule cellule. De plus, cela peut être dangereux pour la population carcérale, sans parler des problèmes de gangs de rue et de toxicomanie qui peuvent s'aggraver si on ne suit pas des plans correctionnels rigoureux.
Les conservateurs devraient consulter les études qui démontrent ce qui se passe quand on met plusieurs personnes dans une cellule conçue pour une seule personne. On dit souvent que c'est pour économiser, mais cela crée beaucoup plus de problèmes à long terme.
Au NPD, nous voulons nous assurer que les prisons sont un lieu de travail sûr pour nos agents correctionnels. C'est extrêmement important. Si on ne fait que coller de beaux titres comme celui du projet de loi sur des mesures relativement simples sans s'attaquer directement au problème de la toxicomanie, ces lieux de travail ne seront plus sûrs. On s'assure ainsi que les détenus retournent sans cesse dans le système carcéral.
J'espère que les conservateurs vont prendre bonne note de tout cela et de tout ce qui a été dit par les témoins en comité pour que la prochaine fois qu'ils nous présentent un projet de loi qui s'appelle Drug-Free Prisons Act, ce dernier s'attaque directement au problème qu'il cherche à régler.
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Monsieur le Président, j'aimerais beaucoup parler pendant les sept minutes qui restent.
C'est pour moi un plaisir de participer au débat sur la Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons. Permettez-moi d'abord de me pencher sur la portée du problème réel.
Aujourd'hui, nous savons que lorsqu'ils arrivent dans les pénitenciers fédéraux, environ 75 % des contrevenants disent avoir eu des problèmes de toxicomanie ou d'alcoolisme un an avant leur incarcération. Il est clair que le fait de s'attaquer à la consommation et au trafic de drogues dans les prisons fédérales peut faciliter la réadaptation des délinquants. Il en a d'ailleurs été question à une réunion du comité. En créant un environnement plus propice aux changements de comportements positifs, l'on donnera aux prisonniers la possibilité d'obtenir l'aide dont ils ont besoin pour réintégrer la société comme membres productifs, souvent pour la première fois de leur vie. L'on pourra aussi contribuer à améliorer la sécurité des pénitenciers tant pour les détenus que le personnel correctionnel et la communauté dans son ensemble.
Chose certaine, le Canada n'est pas le seul à être aux prises avec ce problème particulier. Notre système carcéral fédéral se heurte aux mêmes problèmes que les autres systèmes carcéraux pour ce qui est de la consommation et du commerce de la drogue. C'est pour cette raison que le Canada travaille en étroite collaboration avec d'autres administrations afin de repérer et de partager les outils et les pratiques les plus efficaces. Il s'agit notamment de partenaires des services de première ligne du milieu correctionnel, du milieu policier et du milieu de la recherche, de législateurs des administrations municipales et du gouvernement fédéral et de bénévoles qui travaillent dans ce milieu.
En tenant compte des travaux de recherche récents ainsi que des stratégies employées par les systèmes carcéraux au Canada et à l'étranger, le gouvernement a présenté une approche visant à lutter contre les drogues dans les pénitenciers fédéraux, constituée d'un agencement équilibré de traitements, de programmes, d'interdictions, de mesures axées sur la responsabilisation des délinquants et de peines.
Les mesures que nous avons prises sont surtout fondées sur les recommandations formulées par le comité d'examen indépendant, que nous avons créé en 2007 afin de trouver des façons d'améliorer le système correctionnel fédéral et de renforcer la sécurité publique. Le Service correctionnel du Canada s'est fondé sur les recommandations du comité et a mis en oeuvre un programme de transformation afin d'optimiser son apport à la sécurité publique à long terme. Les progrès marqués sont fort impressionnants.
Le Service correctionnel du Canada a mis en oeuvre beaucoup de recommandations du comité d'examen visant à lutter contre la présence de stupéfiants dans les établissements et à améliorer beaucoup d'autres aspects du fonctionnement de notre système correctionnel. Le Comité permanent de la sécurité publique et nationale souligne ces efforts et ces progrès dans son deuxième rapport, intitulé « La présence de drogues et d'alcool dans les pénitenciers fédéraux: une problématique alarmante ». Le rapport, publié en avril 2012, souligne que, même si nous faisons beaucoup de progrès, il reste beaucoup de travail à faire.
Mettre fin à la contrebande de drogues et d'autres substances interdites dans les établissements correctionnels fédéraux reste un défi sans cesse changeant et croissant. C'est un problème complexe, multidimensionnel et très difficile à régler. Les efforts en ce sens doivent être multidimensionnels et être fondés sur une multitude d'interventions, y compris l'interdiction, la prévention, le traitement et les initiatives communautaires.
En ce qui concerne l'interdiction, le gouvernement conservateur a investi 122 millions de dollars sur cinq ans pour renforcer les mesures visant à empêcher que des drogues ou d'autres produits de contrebande n'entrent dans les établissements. Entre autres, le gouvernement a augmenté le nombre de chiens détecteurs de drogue et la capacité en matière de renseignements de sécurité. Il a également amélioré le périmètre de sécurité dans nos prisons fédérales. Nous prenons également des mesures pour dissuader les délinquants à consommer des drogues en augmentant leur responsabilité et en imposant des pénalités plus sévères.
Dans la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, nous avons instauré des peines minimales obligatoires pour le trafic ou la possession de drogue dans les prisons ou sur le terrain des établissements. En outre, au fil des ans, le Service correctionnel du Canada a mis en oeuvre un certain nombre d'initiatives visant à réduire la violence et la circulation de drogues illicites dans les établissements correctionnels fédéraux. Les agents de correction effectuent maintenant des fouilles aléatoires et de routine des prisonniers et des terrains des pénitenciers, procèdent à des fouilles des visiteurs et ont recours à des appareils de radioscopie pour les bagages, des portiques de détection de métal et des détecteurs de métal pour les cavités corporelles.
Durant une comparution devant le comité de la sécurité publique et nationale, Don Head, le commissaire du Service correctionnel du Canada, a mentionné qu'en 2010, plus de 1 200 saisies de drogues avaient eu lieu dans les établissements fédéraux. Les résultats positifs à la suite de tests de dépistage de drogue menés sur les détenus sont de moins en moins fréquents.
D'après les dernières statistiques, quelque 2 400 saisies de drogues ont été effectuées durant l'année financière 2013-2014. Il importe de souligner également que le pourcentage de résultats positifs à la suite d'analyse d'urine a diminué, de même que les refus de se prêter à un test.
Ces indicateurs démontrent que les efforts de saisie de drogues portent fruit et illustrent l'efficacité globale des mesures d'interdiction. C'est selon nous un pas en avant, et c'est une des raisons pour lesquelles le gouvernement est en train d'améliorer les programmes et les traitements offerts aux délinquants incarcérés.
Le SCC a également effectué d'importants investissements récemment pour normaliser le processus d'évaluation initiale des délinquants afin de permettre à ces derniers de commencer leur traitement plus tôt. Par exemple, depuis 2012, un plus grand nombre de plans correctionnels doivent avoir été dressés dans un délai de 70 à 90 jours suivant l'admission du délinquant, selon la durée de la peine. Le plan correctionnel est un élément essentiel de la réadaptation des délinquants sous responsabilité fédérale, car c'est l'outil qui permet d'évaluer les besoins des délinquants en matière de counselling en toxicomanie et d'y répondre en les inscrivant à un programme de traitement.
La Loi concernant l'éradication des drogues dans les prisons propose quelques modifications législatives. Le projet de loi inscrirait dans la loi le pouvoir exclusif à la Commission des libérations conditionnelles d'annuler la libération conditionnelle d'un délinquant à tout moment avant sa mise en liberté s'il fournit un échantillon d'urine positif ou s'il refuse d'en soumettre. Il lui donnerait aussi le pouvoir précis d'imposer une condition d'abstinence spéciale. Bref, ces modifications donneraient à la Commission des libérations conditionnelles plus de munitions législatives pour l'aider à s'acquitter de sa mission, renforçant sa capacité de prendre des décisions en matière de libérations conditionnelles. À notre avis, c'est tout simplement ce que souhaitent les Canadiens.
Je peux assurer aux députés que le gouvernement conservateur demeure déterminé à s'attaquer au problème des drogues dans les établissements correctionnels et à faire en sorte que les délinquants puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin pour réintégrer la société en tant que citoyens respectueux des lois. Je demande à tous les députés d'appuyer l'adoption du projet de loi.