propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui à la Chambre afin de concrétiser et de présenter l'engagement ferme de notre gouvernement de lutter et protéger les Canadiens et les Canadiennes contre les terroristes djihadistes qui cherchent à détruire les principes mêmes qui font du Canada, notre pays, un endroit de liberté et de démocratie qui fait l'envie du monde.
Le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à nos alliés. Nous l'avons vu, les Canadiennes et les Canadiens sont la cible de terroristes simplement parce que ces gens détestent notre société et les valeurs qu'elle représente. Nous nous rappellerons l'attaque du 20 octobre survenue à Saint-Jean-sur-Richelieu et celle survenue ici même dans notre capitale nationale. Ces moments sont gravés dans nos coeurs et dans nos mémoires et nous font comprendre à quel point les enjeux sont sérieux pour nous en tant que pays.
Ces attaques, à l'instar des attaques récentes commises à l'endroit de nos alliés à Sydney, en Australie, à Paris, en France ou à Copenhague, au Danemark, témoignent de la violence susceptible de naître des mains de terroristes déterminés. Ces événements ont renforcé la détermination d'agir de notre gouvernement. Notre a déclaré que nous n'allions pas réagir de manière excessive, mais que nous n'allions pas non plus rester passifs face à la menace terroriste qui évolue.
C'est pourquoi j'ai l'honneur de présenter, avec mon honorable collègue le , cet important projet de loi au nom de notre gouvernement conservateur. C'est un projet de loi pour lequel des gens ont travaillé sans relâche. Ils n'ont pas ménagé les efforts pour en arriver à un projet de loi équilibré. C'est un projet de loi qui fait en sorte que les Canadiens pourront compter sur le gouvernement pour les protéger contre la menace terroriste.
Comme bien des gens ici à la Chambre, je me souviens très bien des événements de la fin d'octobre. Je me souviens que j'étais assis dans la salle du caucus quand nous avons entendu ces coups de feu, et, à quelques pas, le terroriste être abattu. S'en sont suivis des moments de désarroi, mais nous avons pu retrouver notre sang-froid et, depuis ce temps, réagir de façon modérée. Dans les jours qui ont suivi, j'ai également assisté aux funérailles de l'adjudant Patrice Vincent. Je me souviens encore des propos de sa soeur lors des funérailles. Elle nous a demandé de faire en sorte que la mort de son frère ne soit pas vaine et qu'il ne soit pas tombé aux mains d'un terroriste en vain.
[Traduction]
Il n'y a pas de rôle plus important pour les gouvernements que de protéger leurs citoyens. Le gouvernement conservateur prend très au sérieux cette responsabilité. C'est pourquoi nous prenons des mesures énergiques dans ce dossier, comme nous l'avons toujours fait. Nous avons toujours dit que la menace est bien réelle et qu'il faut rester vigilants. Il faut aussi nous adapter à cette menace en constante évolution. C'est pour cette raison que nous avons déposé le projet de loi dont nous sommes saisis.
Le gouvernement conservateur a en effet adopté la Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme, qui nous fait considérer la Syrie et l'Iran comme des États appuyant le terrorisme. Il y a plus d'un an, nous avons adopté la Loi sur la lutte contre le terrorisme, qui interdit le fait de se rendre à l'étranger pour participer à des activités terroristes ou de suivre un entraînement visant à commettre des actes barbares et abominables en sol canadien.
Malgré le manque de soutien de l'opposition, nous avons pris des mesures pour révoquer la citoyenneté et le passeport des terroristes. Il y a quelques semaines, la Chambre a adopté la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes. Cette importante mesure législative donne au SCRS les outils dont il a besoin pour faire enquête sur les graves menaces qui pèsent sur nous. Elle confirme que cet organisme peut agir ici et à l'étranger et lui permet d'échanger des renseignements avec les alliés et les partenaires du Canada.
Nous avons également ajouté de nombreuses entités à la liste des organisations terroristes, ce qui a eu pour effet de les priver de ressources vitales.
Malheureusement, lorsque vient le temps de se prononcer sur ces mesures, les députés conservateurs font souvent cavalier seul pendant que ceux des autres se livrent à des jeux politiques.
[Français]
Notre gouvernement a été très clair sur le besoin de présenter de nouvelles mesures pour garantir notre sécurité et assurer à nos organismes de sécurité et du renseignement qu'ils disposent des outils nécessaires pour accomplir le travail qui leur est confié.
La loi devant nous aujourd'hui représente un pas important en avant pour améliorer les moyens dont disposent nos services de collecte de renseignements et nos services policiers pour lutter efficacement contre la menace terroriste.
[Traduction]
La Loi antiterroriste de 2015 dotera nos agences de sécurité nationale d'outils du XXIe siècle pour combattre les terroristes djihadistes où qu'ils se trouvent. Cet important projet de loi comporte cinq éléments clés.
[Français]
Même si elles sont complémentaires à de nombreux égards, ces mesures nous permettront de mettre en commun les connaissances, l'expertise et le travail actuels de la communauté fédérale, et d'en tirer profit d'une façon qui accroîtra la sécurité de notre pays.
Le premier aspect que nous devrons envisager est très simple. Lorsque nous prenons le temps de l'expliquer aux gens, ceux-ci nous demandent comment il se fait que nous n'ayons pas fait cela plus tôt. Il s'agit de permettre l'échange de renseignements au sein même des différentes entités fédérales.
[Traduction]
Lorsqu'un organisme gouvernemental est au courant d'une menace pour la sécurité des Canadiens, la population canadienne s'attend, à juste titre, à ce que cette information soit communiquée à d'autres organismes gouvernementaux en vue de protéger les Canadiens. Or, ce n'est pas le cas actuellement, et nous devons corriger cette lacune en adoptant ce projet de loi.
Bien souvent, le gouvernement doit faire face à une multitude d'obstacles qui l'empêche de communiquer des renseignements de façon efficace, ce qui a pour effet de ralentir considérablement l'échange de renseignements, voire de l'empêcher complètement. Ces obstacles sont souvent attribuables à des lois qui, bien que leur objectif soit louable, cloisonnent de façon inacceptable les activités de sécurité nationale au point de mettre les Canadiens en danger.
[Français]
Voici un exemple. Un agent des passeports communique avec la référence d'un demandeur dans le cadre d'une vérification de routine. Sans qu'on lui pose la question, l'une des références dit qu'elle est préoccupée par les intentions du demandeur à l'étranger. Elle craint qu'il se rende en Irak afin de combattre aux côtés du groupe État islamique, étant donné qu'il soutient les buts de ce dernier. Actuellement, l'agent des passeports peut ouvrir une enquête afin de déterminer si la demande de passeport devrait être refusée pour des motifs de sécurité nationale. Comme on l'a vu, des passeports sont révoqués ou on empêche l'émission de passeports pour des fins de sécurité nationale. Toutefois, cet agent aurait de la difficulté à échanger des renseignements de façon proactive afin de faire enquête sur cette menace. Cela pourrait pousser l'individu à commettre un acte terroriste au Canada. En effet, si on l'empêche de voyager à l'extérieur, il devient une menace ici, étant donné qu'il n'a pas reçu son passeport, accroissant ainsi la menace terroriste d'une attaque ici, en sol canadien.
Cette situation n'est pas acceptable. C'est ce que nous cherchons à corriger dans la première des cinq mesures qui sont mises en avant dans ce projet de loi, pour améliorer les moyens dont nous disposons pour réduire la menace terroriste, ici au pays. En vertu de la Loi antiterroriste de 2015, l'agent des passeports pourrait échanger de façon proactive des renseignements avec un organisme de sécurité nationale afin de contrer cette menace terroriste possible.
[Traduction]
Ces modifications essentielles, qui se traduisent notamment par la création de la Loi sur la communication d’information ayant trait à la sécurité du Canada, sont des solutions sensées à des problèmes concrets, et nous avons le devoir de les adopter.
Contrairement à ce que laissent entendre certains députés de l'opposition, qui devrait certainement lire le projet de loi avant tenir des propos alarmistes, il existe de solides mécanismes de protection pour protéger les libertés des Canadiens, y compris les examens effectués par le commissaire à la protection de la vie privée, le vérificateur général et une foule d'autres organismes de surveillance. Je tiens également à préciser que nous avons élaboré ce projet de loi en consultation avec le Commissariat à la protection de la vie privée.
Cependant, je rejette catégoriquement l'argument voulant que la protection de notre sécurité porte atteinte à nos libertés. Après tout, il n'y a pas de liberté sans sécurité.
Les Canadiens avec qui j'ai discuté du projet de loi comprennent que liberté et sécurité vont de pair. À la vérité, ce sont les services policiers et les organismes de sécurité nationale canadiens qui protègent nos droits et nos libertés, et ce sont les terroristes djihadistes qui nous mettent en péril et qui entendent nous priver de nos libertés.
Le deuxième élément du projet de loi que je veux faire valoir se rapporte à la Loi sur la sûreté des déplacements aériens, qui a vu le jour à la suite du Plan d'action en réponse à la Commission d'enquête sur l'affaire Air India. Il vise ce qu'on appelle le Programme de protection des passagers, ou liste d'interdiction de vol, qui, actuellement, se fonde sur les pouvoirs conférés par la Loi sur l'aéronautique sans pour autant jouir d'une assise juridique propre.
[Français]
Le système aérien, en soi, reste toujours une cible pour les terroristes. C'est la raison pour laquelle cette liste a été établie à la suite des attaques contre les tours du World Trade Center. Toutefois, nous devons également prendre des mesures supplémentaires pour faire face au nombre croissant d'individus qui voyagent par avion dans le but de commettre des activités terroristes à l'étranger. Même s'ils ne constituent pas une menace immédiate pour l'avion dans lequel ils se trouvent, ils peuvent représenter un danger direct pour le pays de destination ou pour les alliés du Canada à l'étranger.
Le Canada ne peut tolérer que des citoyens commettent des actes terroristes ici ou à l'étranger. Voilà donc pourquoi nous devons améliorer le mandat du programme afin qu'il inclue ceux qui voyagent afin de prendre part à une activité terroriste.
Le gouvernement disposera ainsi d'un outil supplémentaire pour empêcher les déplacements à des fins terroristes, y compris dans les cas où il est impossible de procéder à une arrestation ou d'intenter une poursuite à ce moment. Également, ce deuxième élément du projet de loi permettra au gouvernement d'utiliser des mesures de sécurité graduelles ou proportionnelles, comme le refus d'embarquement ou une vérification physique supplémentaire à l'aéroport, comme moyens additionnels de gérer le risque que posent les individus qui voyagent par avion pour prendre part à des activités terroristes.
[Traduction]
Le mandat élargi envisagé dans le projet de loi garantirait la sûreté et la sécurité de notre espace aérien, aussi bien à l'égard des individus qui représentent un risque pour la sécurité aérienne, comme il en existe bel et bien, que de ceux qui entendent se rendre à l'étranger pour se faire martyr ou commettre d'autres actes de violence idéologique. Voilà pourquoi, en plus d'exiger la mise en commun d'information par les organismes fédéraux, comme le prévoit la première partie du projet de loi, il faut également protéger l'espace aérien contre les terroristes.
[Français]
Qu'on me permette maintenant d'aborder le troisième élément de ce projet de loi antiterroriste. C'est un changement qui est proposé au mandat du Service canadien du renseignement de sécurité, une agence dont l'existence remonte à plus de 30 ans et qui n'a pas subi de changements majeurs depuis.
Contrairement aux organismes de renseignement de sécurité de nos proches alliés, le Service canadien du renseignement de sécurité ne peut uniquement que collecter des renseignements afin d'aider à déceler des menaces contre la sécurité. Toutefois, il est incapable de prendre des mesures directes pour protéger les Canadiens et les intérêts du Canada.
[Traduction]
Qu'est-ce que cela signifie, concrètement? Si je ne m'abuse, la question a été soulevée au cours de la période des questions, alors j'espère que les députés d'en face écoutent attentivement. Imaginons que le Service canadien du renseignement de sécurité ait appris qu'un individu se radicalise. Peut-être que cet individu se procure des documents de propagande djihadiste ou qu'il visionne des vidéos extrémistes sur YouTube et que certains de ses proches ont communiqué avec le SCRS par crainte qu'il ne cherche à sortir du pays à des fins terroristes.
Actuellement, le SCRS peut faire enquête, mais ne peut pas empêcher la personne de se rendre à l'étranger. Le SCRS ne peut qu'informer la GRC que la personne est peut-être sur le point de commettre une infraction. La GRC peut alors entreprendre une enquête. Par conséquent, le SCRS est loin de pouvoir agir lui-même.
En vertu de la , le SCRS pourrait demander à un ami ou à un parent proche de la personne, en qui elle a confiance, de lui déconseiller de se rendre à l'étranger dans le but de se livrer à du terrorisme. De plus, le SCRS pourrait rencontrer la personne pour lui faire savoir que ses projets sont connus et l'informer des conséquences susceptibles d'en résulter.
À l'heure actuelle, des obstacles inutiles risquent de mettre des vies en danger. Comme je viens de l'expliquer, nos alliés occidentaux fournissent des outils de ce genre à leur service de renseignement.
[Français]
Avec ce mandat renforcé, le Service canadien du renseignement de sécurité pourrait recourir à un éventail de techniques contre les menaces afin de contrecarrer des plans ou même de modifier un comportement.
Il pourrait, par exemple, échanger les plans de déplacement d'un éventuel voyageur terroriste avec la famille de ce dernier, une activité légale, mais que le service ne peut actuellement effectuer car cette activité se situe à l'extérieur de son mandat de collecte de renseignements.
Soyons très clairs. Comme c'est le cas actuellement pour ce qui est de la collecte de renseignements, pour recourir à tout autre technique plus intrusive, le Service canadien du renseignement de sécurité devrait obtenir un mandat de la cour avant d'agir.
Qui plus est, les activités de perturbation de la menace, à l'instar de toutes les activités du Service canadien du renseignement de sécurité seraient assujetties à un examen externe rigoureux du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité.
Le Service canadien du renseignement de sécurité serait également tenu d'examiner annuellement au moins un aspect de son rendement dans le cadre de son nouveau mandat et de résumer ses conclusions dans son rapport annuel, lequel est déposé ici même, au Parlement. Il serait également tenu de présenter des statistiques sur son utilisation de mandats pour perturbation de la menace.
[Traduction]
Je sais que beaucoup de députés libéraux et néo-démocrates ont exprimé des réserves concernant le degré de surveillance dont nos organismes nationaux de sécurité font l'objet. Mais, dans mon parti, nous croyons au modèle canadien et nous en sommes fiers. Les organismes en question sont visés par une surveillance indépendante, non partisane et experte qu'exercent des tierces parties et qui s'inscrit dans la continuité des activités de surveillance portant sur la communauté du renseignement. Nous croyons que ce modèle est de loin préférable à l'importation du modèle étatsunien d'intervention politique dans la surveillance.
Je tiens à répéter un point important que l'on semble souvent oublier dans cette enceinte, à savoir que ce sont les djihadistes qui représentent un danger, non nos policiers et les autres personnes qui sont chargées de nous protéger.
Je suis ravi que mon collègue le prenne la parole au sujet du projet de loi, car celui-ci contient deux mesures très importantes. Comme il me reste peu de temps, je décris brièvement ces deux mesures.
[Français]
Le quatrième élément du projet de loi porte sur une modification au Code criminel pour permettre à nos services policiers, en collaboration avec le et avec un mandat obtenu auprès d'un juge, d'intervenir dans le cas où un individu représenterait une menace.
Le cinquième élément, et mon collègue ainsi que ceux qui me suivront pourront en dire davantage, concerne la façon d'accroître nos efforts du côté de la prévention. Eh bien, nous pouvons le faire en éliminant les sources de propagande de ce message terroriste, c'est-à-dire en mettant fin aux activités qu'on trouve sur les sites Web qui pourraient constituer de la propagande terroriste d'une part, et d'autre part, en criminalisant les personnes qui pourraient encourager des actes terroristes.
[Traduction]
Le projet de loi est solide et contient cinq mesures qui tombent sous le sens. Qui voudrait s'opposer à l'idée que les organismes fédéraux puissent s'échanger de l'information pour mieux protéger les Canadiens, dans le respect absolu de la Charte et de la Constitution?
Je suis fier d'avoir pu participer à la préparation de ce projet de loi. Malheureusement, comme il fallait s'y attendre, les députés de l'opposition nous ont abreuvés de leurs beaux discours cet après-midi, néanmoins, je demeure certainement ouvert d'esprit. J'espère que le débat pourra être ouvert et équitable et qu'il sera ponctué de questions judicieuses sur ce projet de loi important pour la sécurité des Canadiens.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui en qualité de chef de la loyale opposition de Sa Majesté pour confirmer que le Nouveau Parti démocratique du Canada s'opposera au projet de loi .
Je le fais avec un profond sentiment de responsabilité, car, comme les députés le savent, au cours des derniers mois, d'horribles attentats terroristes ont scandalisé le monde entier. Or, ces événements ont aussi eu pour effet de rapprocher les gens. Nous sommes plus déterminés que jamais à défendre notre mode de vie contre les lâches qui cherchent à nous intimider et à porter atteinte à nos libertés.
Le jour suivant la fusillade au Parlement, les Canadiens se sont recueillis dans le deuil. Ils ont alors juré qu'ils ne se laisseraient pas intimider et que la violence ne paralyserait jamais notre démocratie, pas même une journée. Nous ne faisions qu'un ce jour-là. Nous avions la ferme volonté de garder le Canada fort et libre, de protéger nos libertés et de défendre nos principes.
[Français]
Le lendemain de la fusillade au Parlement, il était important pour nous d'affirmer haut et fort notre devoir de protéger à la fois nos foyers et nos droits. Soyons clairs: le terrorisme est une menace bien réelle, ici et à l'étranger. Les événements du 11 septembre 2001 ont changé la face du monde et forcé les États à resserrer les contrôles et à prendre les menaces au sérieux. Le gouvernement canadien a investi considérablement de ressources au cours des deux dernières décennies, et il a donné un coup fort en renforçant ses lois pour contrer le terrorisme.
Au cours de ces mêmes années, plusieurs projets de loi ont été présentés à la Chambre. Chaque fois, le Nouveau Parti démocratique a offert une analyse pondérée et réfléchie. Il nous est arrivé d'appuyer de ces projets de loi, et il nous est arrivé de voter contre, comme nous nous apprêtons à le faire dans le cas du projet de loi .
C'est la même chose lorsque nous avons des questions difficiles à étudier en matière internationale. Nous nous rappellerons, lorsque cette Chambre a été interpellée pour voter sur une mission de bombardement sur la Libye sous Mouammar Kadhafi, que le NPD a voté en faveur de cette mission lorsqu'il s'agissait d'un mandat des Nations unies. Lorsque la mission s'est changée en mission américaine pour changer de régime, nous avons retiré notre appui. C'est cela, être conséquent et avoir des principes.
Certaines lois qui ont été mises en place depuis 2001 fonctionnent bien. D'ailleurs, c'est au centre de certaines de nos critiques envers ce gouvernement C'est comme si ces lois qui fonctionnent bien n'existaient tout simplement pas. Rappelons qu'en juin 2006, quelque 400 policiers ont participé à l'arrestation de 18 individus à Toronto qui planifiaient des attentats dans des endroits publics, dont la Tour de la Paix, ici à Ottawa, et la Tour CN, à Toronto. En 2013, assez récemment car c'est encore dans les nouvelles, la Gendarmerie royale du Canada a déjoué un complot projeté contre un train de VIA Rail. Depuis le début de l'année 2015 seulement, des policiers ont déposé des accusations contre six individus ici, dans la région d'Ottawa, pour avoir participé à l'activité d'un groupe terroriste et pour avoir facilité une activité par un groupe terroriste. Il y a des lois en place. Le système actuel est probant. Il produit des résultats. Il fonctionne.
Aux yeux du NPD, les lois actuelles permettent, au moment où on se parle, aux policiers et aux agents de renseignement de bien faire leur travail. Donner de nouveaux outils législatifs n'est pas la seule solution. Il faut d'abord et avant tout s'assurer que nos agents ont les ressources financières nécessaires pour leur permettre une meilleure application des lois.
D'ailleurs, certaines lois adoptées pour contrer le terrorisme ne sont jamais utilisées par la police. Peu importe, le NPD s'est toujours levé à la Chambre pour soulever des questions sur chaque nouveau projet de loi, à chaque étape législative, et sur les mesures proposées par le gouvernement, car le NPD croit que la sécurité et la liberté sont des valeurs fondamentales qu'il faut préserver à tout prix.
Nous croyons aussi que les deux vont de pair et que ce sont les pays où les citoyens sont les plus libres qui sont les pays les plus sécuritaires. Je crois fondamentalement que le devoir premier de tout gouvernement est d'assurer la sécurité de ses citoyens. Cela inclut l'obligation de veiller à la sécurité des aliments. Rappelons-nous que, par idéologie, nous n'avons plus d'inspecteurs du gouvernement dans les usines de transformation de la viande. Nous avons un système d'autoréglementation où la compagnie dit si elle est en train de faire du bon travail. Cela n'est pas étranger au fait qu'il y a quelques années, avec ce gouvernement, des douzaines de Canadiens sont morts au moment de la crise de la listériose. C'est une obligation de protéger le public et les conservateurs ont failli à la tâche. Ils ont même fait des blagues grivoises et déplacées sur le dos des personnes décédées. Qui plus est, la personne qui a fait ces blagues déplacées est encore . C'est une honte.
On a l'obligation de veiller à la sécurité du transport des matières dangereuses. On a tous vu le résultat. C'est encore une fois une vision idéologique de ce gouvernement de permettre aux compagnies ferroviaires de s'autoréglementer, de cocher une feuille et de dire au gouvernement si elles sont en train de faire un bon travail. Nous, nous n'oublierons jamais qu'une des seules compagnies ferroviaires à avoir une permission spéciale du gouvernement conservateur lui permettant d'avoir un seul conducteur à bord, c'était la compagnie ferroviaire dont le train a explosé au Lac-Mégantic. Cela aussi, c'est la protection du public. On parle d'une cinquantaine de morts.
Il faut veiller à la protection du public dans toutes les sphères d'activités. En mettant en place un cadre législatif, il faut aussi accorder les ressources financières appropriées afin que les forces policières et les services de renseignement puissent préserver la paix publique et protéger la population. En fait, ce qui s'est passé dans les usines de transformation de la viande, c'est le résultat d'un système d'autoréglementation et de la suppression de millions de dollars et de centaines d'emplois à l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Ce qui s'est passé pour les chemins de fer, c'est la même chose: un système d'autoréglementation où le gouvernement ne joue plus le rôle qui lui revient.
On peut faire une très longue liste de choses où le gouvernement a abandonné ou n'a pas eu le courage d'aller de l'avant. Unanimement, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne a voté une loi pour resserrer la vis en matière d'ivresse au volant. Rien, ce n'est jamais revenu. Pourtant, les conservateurs aiment bien causer avec les groupes de mères qui ont perdu des enfants ou des proches à cause de l'ivresse au volant, mais ils n'ont jamais agi dans cet important dossier depuis toutes les années au pouvoir. Des preuves concluantes existent à l'effet que ces seuls changements auraient sauvé des centaines de vie. Cela aussi, c'est la protection du public.
[Traduction]
Il ne fait aucun doute que le terrorisme représente une vraie menace, tant ici qu'à l'étranger. La protection du public est la priorité absolue de tout gouvernement, mais les parlementaires ont aussi la responsabilité de protéger le mode de vie des Canadiens et de défendre nos libertés et nos valeurs.
Les parlementaires doivent s'entendre pour adopter des mesures responsables et efficaces qui ciblent la menace, plutôt que de se livrer à des jeux politiques comme nous en avons été témoins aujourd'hui.
Pour lutter contre cette menace, nous devons adopter une approche responsable et sérieuse qui protégera les valeurs et les libertés canadiennes; or, le fait de la petite politique et met en péril les libertés des Canadiens. Ces derniers ont d'ailleurs pu le constater aujourd'hui. Nous avons demandé à cinq reprises au premier ministre de nous donner un seul exemple, et il en a été incapable. Pourquoi? Parce qu'il s'agit ni plus ni moins d'une stratégie pour se faire du capital politique.
Les conservateurs l'ont même admis. Pour reprendre ce qu'a dit un de leurs haut placés, les récents événements constituent une « occasion stratégique » pour les conservateurs. Les Canadiens ont donc raison de soupçonner que le nouveau projet de loi antiterroriste du , le projet de loi , va trop loin.
[Français]
L'équipe du NPD a analysé, soupesé et étudié ce projet de loi sous toutes ses coutures. Elle a consulté les partenaires de la société civile afin de voir si la nouvelle approche des conservateurs était efficace pour protéger à la fois les Canadiens et nos libertés civiles. Nous avons également posé de nombreuses questions au et à ses ministres responsables pour obtenir des éclaircissements. Comme on l'a vu, il n'y a rien à faire, ils ne sont pas capables de répondre. C'est la preuve concluante que nous faisons face à un jeu politique.
Contrairement aux libéraux, qui ont accordé leur appui à ce projet de loi sans même l'avoir lu et en abdiquant tout pouvoir de négocier des changements, le NPD a pris le temps de lire, de réfléchir et d'analyser cette complexe et volumineuse législation. Le NPD n'appuiera pas le projet de loi des conservateurs dans sa facture actuelle, car il comporte trop d'éléments problématiques qui mineront à coup sûr les droits des Canadiens.
[Traduction]
Après l'étude de cette mesure législative complexe, la consultation d'experts en la matière, des conversations avec la population canadienne et de longues discussions démocratiques au sein du caucus néo-démocrate, le NPD a conclu qu'il ne pouvait pas appuyer, et qu'il n'appuierait pas, l'approche préconisée par le .
Le projet de loi est trop vaste, dangereusement vague et inefficace. Il ne contient pas des mesures qui se sont révélées efficaces, et il accorde plus d'importance aux intérêts politiques du gouvernement qu'à la protection des Canadiens.
Pourquoi dis-je cela? C'est parce que, au lieu de présenter cette mesure législative au Parlement, comme il aurait dû le faire, le a choisi de le présenter lors d'un événement à caractère électoral. C'est ce qu'on appelle montrer son jeu. Durant son discours, il a même pris pour cible la communauté musulmane canadienne. Ce n'est pas en agissant de la sorte que le premier ministre unira les Canadiens, et il devrait avoir honte de s'être comporté ainsi.
Le demande aux Canadiens de choisir entre leur sécurité et leurs droits. Il semble que, pour les conservateurs, la sécurité et la liberté sont incompatibles. C'est l'approche politique typique des conservateurs. Elle n'est pas fondée sur de bonnes politiques, mais plutôt sur ce que les conservateurs considèrent comme de bonnes politiques partisanes, à savoir semer la division, dresser les diverses religions et communautés les unes contre les autres, et créer de faux choix.
Le devrait savoir qu'il n'est pas nécessaire de choisir entre l'environnement ou l'économie, entre le libre-échange ou le respect des droits de la personne, ou entre la sécurité publique ou la liberté, parce qu'il ne s'agit pas d'éléments incompatibles.
[Français]
Ce que les conservateurs nous présentent est un faux choix, encore une fois. Nous n'avons pas à choisir entre notre liberté et notre sécurité. L'obligation nous incombe impérieusement de protéger les deux, en tout temps, tout le temps et de toutes les manières, pour tout le monde.
Nous pouvons et nous devons avoir les deux en même temps. Nous sommes convaincus que nous sommes capables de conserver les deux.
[Traduction]
Le aurait pu décider de proposer des mesures concrètes pour améliorer la sécurité des Canadiens et protéger nos libertés. Les conservateurs ont, une fois de plus, fait passer la politique avant les principes et ont présenté un projet de loi qui ratisse tellement large qu'il permettrait au SCRS d'enquêter sur tous ceux qui s'opposent aux politiques économiques, sociales ou environnementales du gouvernement. Le projet de loi propose d'accorder de nouveaux pouvoirs considérables au SCRS, lesquels lui permettraient de couper court aux activités de gens ou de groupes qu'il n'aime pas ou qui, selon lui, présentent une menace quelconque aux termes de l'un de ces chapitres.
Qu'est-il arrivé à la primauté du droit dans notre pays? Nous avons demandé au d'expliquer la portée de ces pouvoirs. Il en a été totalement incapable. Ni lui, ni ses fonctionnaires, ni d'ailleurs le , n'ont accepté ou été capables d'expliquer quelles activités seraient couvertes par ces nouveaux pouvoirs. Tous ceux qui étaient présents aujourd'hui à la période des questions ont vu ce qui s'est passé: le a été incapable de donner un seul exemple de méfait auquel ce projet de loi est censé remédier. Il en est incapable, parce que cette mesure est un stratagème politique.
[Français]
Cependant, selon le brillant et ô combien talentueux , il ne faut surtout pas s'enfarger dans les définitions.
Comme on vient de le voir par son discours creux, il ne se gêne par contre pas pour s'enfarger dans des lieux communs et des points écrits au bureau du premier ministre totalement vides de sens.
La primauté du droit est l'essence même d'un État de droit. C'est le libellé même de la loi; c'est la facture de la loi; c'est ce qui est écrit dans la loi. C'est pour cette raison qu'il est incapable d'en parler, parce qu'il ne comprend pas ce qu'il vient d'écrire dans sa loi.
Pour que tout soit clair et pour que chacun puisse bénéficier de la même compréhension et de la même interprétation du projet de loi, soyons clairs. Si les conservateurs avaient voulu le faire correctement, ils auraient commencé au Parlement et ils auraient annoncé que des experts auraient eu du temps pour l'élucider et l'étudier ensemble.
À la place, on a une annonce dans le style d'une campagne électorale à des centaines de kilomètres du Parlement, et c'est la trahison même de leurs pensées profondes. Tout cela est un jeu politique.
[Traduction]
Les auteurs qui ont déjà commencé à s'intéresser à la question, des experts très respectés, nous préviennent que les mesures à vaste portée proposées dans le projet de loi pourraient être interprétées de manière à mettre dans la même catégorie la dissidence licite et le terrorisme, les grévistes et les anarchistes violents. Le projet de loi propose d'ériger en infraction le fait de préconiser ou fomenter la perpétration d'infractions de terrorisme « en général ». Le ministre est-il capable de m'expliquer ce que font les mots « en général » dans un texte de loi?
Le Canada est déjà doté de lois solides qui érigent en infraction le fait d'inciter quelqu'un à commettre un acte terroriste. C'est pour cela que les conservateurs sont incapables de citer un seul exemple de ce que ce nouveau projet de loi pourrait accomplir de plus que ce que les dispositions actuelles accomplissent déjà.
Les experts dont j'ai parlé — dont le nombre d'ouvrages sur la question ne cesse d'augmenter — affirment que le libellé de la nouvelle disposition est si vague et laisse une si grande place à l'interprétation qu'il risque d'élargir considérablement les circonstances dans lesquelles un Canadien peut être mis en état d'arrestation. Il va sans dire que quiconque incite réellement quelqu'un d'autre à la violence mérite d'être arrêté. Toutefois, il nous faut des mesures qui veillent à la protection des Canadiens tout en n'érodant aucune de nos libertés fondamentales.
[Français]
Le titre de ce gouvernement devrait être le « gouvernement de la peur ».
Lorsqu'un gouvernement joue avec la peur des gens et qu'il profite de la sensibilité et des émotions vives de la population à la suite d'une tragédie, il y a des risques élevés que l'on tombe dans l'abus.
Comme plusieurs Québécois, je me souviens de l'arrestation et de la détention abusive de centaines d'innocents, quand le Parti libéral de Trudeau a fait adopter la Loi sur les mesures de guerre lors de la Crise d'octobre. À l'époque, malgré les critiques, le NPD a eu le courage de ses convictions et s'est tenu debout, s'étant opposé à cette attaque contre les droits et libertés de tous les Canadiens. C'était difficile à l'époque, mais l'histoire nous a donné raison et nous en sommes fiers.
C'est le rôle de tous les parlementaires de s'assurer que de tels abus ne se répètent jamais. Never again. Ceux qui n'apprennent pas des erreurs du passé sont condamnés à les répéter, et c'est ce que nous sommes en train de vivre avec eux.
[Traduction]
Les conservateurs cherchent aujourd'hui à donner de nouveaux pouvoirs importants au SCRS sans combler les graves lacunes dans l'appareil de surveillance. Nous savons que la surveillance du SCRS laisse actuellement beaucoup à désirer. Dans son dernier rapport, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui est sous-financé, affirme avoir été « gravement » induit en erreur par le SCRS au cours de nombreuses enquêtes, et il a fait état, et je cite, de « difficultés » et de « retards considérables » dans la communication de renseignements sur les activités de l'agence d'espionnage. Autrement dit, le SCRS cache des renseignements à l'organisme chargé d'assurer sa surveillance, car le mécanisme de surveillance est insuffisant, inefficace et mou. C'est la réalité. Et malgré les failles dans la structure actuelle, nous proposons quand même de confier de nouvelles responsabilités au service.
[Français]
Nous sommes préoccupés par le fait que les conservateurs veuillent octroyer davantage de pouvoirs au Service canadien du renseignement de sécurité, sans s'engager à améliorer les mécanismes de surveillance déficients qui sont actuellement en place et qui nous ont donné la nomination d'un homme: le gouvernement conservateur a nommé Arthur Porter en charge de la surveillance. Pour eux, Arthur Porter est un modèle de déontologie, n'est-ce pas?
Pour nous, la logique est simple. Si on veut renforcer les pouvoirs du SCRS, il faut absolument et prioritairement augmenter les pouvoirs de surveillance. C'est impératif.
[Traduction]
Soit dit en passant, cela s'ajoute à la décision de 2012 des conservateurs d'abolir tout simplement le poste d'inspecteur général du SCRS. Bien entendu, cette décision a affaibli encore davantage les mécanismes de surveillance, et c'est exactement ce que souhaitaient les conservateurs.
À la lumière de ces failles, il est tout simplement irresponsable de conférer à cet organisme des pouvoirs supplémentaires aussi étendus sans accroître la surveillance ni donner la moindre preuve des lacunes législatives actuelles auxquelles ces pouvoirs accrus sont censés remédier. Par ailleurs, le projet de loi arrive juste après l'imposition de compressions à nos organismes de sécurité, des compressions qui ont mis sur la touche d'autres priorités en matière de sécurité publique, et le n'a toujours pas offert de plan pour appuyer les communautés canadiennes qui combattent la radicalisation sur le terrain.
Sous le président Obama, les États-Unis, qui ne sont pas épargnés par la menace du terrorisme, ont adopté une approche proactive pour lutter contre la radicalisation. La Maison-Blanche a dirigé des efforts auprès des communautés à risque afin qu'elles résistent davantage à l'attrait de la radicalisation. Le gouvernement des États-Unis appuie les communautés et les dirigeants religieux en les mettant en lien avec des experts de la lutte contre la radicalisation, en les éduquant sur les signes avant-coureurs de la radicalisation et en les formant sur les moyens éprouvés de désamorcer la radicalisation.
Au Canada, les conservateurs ne font absolument rien de tout cela. En fait, ils ont choisi une tout autre approche. Le plan de la GRC de collaborer avec les communautés pour contrer l'extrémisme violent est sur la tablette depuis des années. Pourquoi? Parce qu'il ne fait pas l'affaire des conservateurs.
Entre-temps, le réduit les budgets de la GRC et du SCRS, et les hauts fonctionnaires disent ne pas avoir les ressources voulues pour à la fois surveiller les personnes soupçonnées de terrorisme et assurer le plein financement de leurs autres activités de maintien de l'ordre. Pourquoi? Parce que les conservateurs préfèrent parler du problème plutôt que d'y remédier.
Au lieu d'adopter des solutions éprouvées, les conservateurs proposent un projet de loi qui place une fois de plus la politique de la division devant la protection des Canadiens.
[Français]
Le projet de loi est muet sur un élément que nous considérons essentiel si nous désirons nous attaquer à la racine du terrorisme: le Canada doit se doter d'une stratégie contre la radicalisation qui a lieu ici, chez nous. Nous souhaitons qu'il y ait plus de mesures pour aider les communautés. C'est ce qu'elles nous demandent; elles nous le demandent pour faire un travail important d'éducation.
[Traduction]
Nous devons tenir un véritable débat sur la façon de lutter contre les menaces de radicalisation, de terrorisme et d'attentats commis par des loups solitaires à l'esprit dérangé. Or, à force de chercher à diviser et à marquer des points, les conservateurs sont parvenus à intimider les libéraux. Ceux-ci ont signé un véritable chèque en blanc et ont accepté d'appuyer n'importe quelle loi, avant même qu'elle soit déposée et même si elle va trop loin. Bien entendu, les libéraux ont dit qu'ils proposeraient peut-être des modifications, mais ils n'en restent pas moins qu'ils ont déjà donné leur appui.
Le fait de ne prendre aucune mesure pour protéger nos libertés est, en réalité, une façon d'y renoncer. La liberté et la sécurité publique doivent aller de pair. Nous allons demeurer fidèles à nos principes en nous opposant à cette mesure législative puisqu'elle va trop loin. Nos droits et nos libertés définissent le mode de vie canadien, et tant et aussi longtemps que je serai ici, je ne laisserai personne porter atteinte à notre identité et à nos valeurs.
Au cours des prochains jours, des prochaines semaines et des prochains mois, j'insisterai pour que le gouvernement n'adopte pas ce projet de loi à toute vitesse comme il a l'habitude de le faire. Il a fracassé des records en se servant de la guillotine pour accélérer le processus d'adoption de mesures législatives. Aucun gouvernement dans l'histoire du Canada n'a autant eu recours aux motions d'attribution de temps et de clôture.
La Chambre a rarement été saisie d'un dossier aussi important que celui-ci. Il mérite une analyse sérieuse. Il mérite que nous prenions le temps d'écouter les experts, car ils enrichiront beaucoup le débat. Nous proposerons des amendements et nous espérons que le gouvernement sera sensible à nos arguments et à ceux des experts qui témoigneront au comité.
Nous espérons que le gouvernement n'invitera pas seulement des experts à témoigner au comité, mais aussi des dirigeants communautaires. Nous devrions aussi écouter ces personnes, car ce sont elles qui sont aux premières lignes et qui, souvent, doivent composer avec les jeunes que séduit le chant des sirènes extrémistes. Il faudrait les écouter et appliquer les solutions qu'ils préconiseront.
Nous exhortons par ailleurs les libéraux à revoir leur décision d'appuyer inconditionnellement le projet de loi. Nous espérons que les parlementaires prendront tous le projet de loi au sérieux. Je tiens d'ailleurs à remercier la chef du Parti vert, qui a, elle aussi, émis de sérieuses réserves à propos du projet de loi . Espérons que les députés conservateurs seront ouverts aux amendements pratiques destinés à renforcer la surveillance et à protéger les libertés des Canadiens.
Une société libre, c'est une société sûre. Les Canadiens peuvent avoir l'assurance que les néo-démocrates resteront fermes dans ce dossier et par rapport à n'importe quel projet de loi des conservateurs qui porterait atteinte aux libertés et aux valeurs qui définissent la société canadienne.
[Français]
Le lendemain de la fusillade ici, à Ottawa, j'ai demandé au s'il allait être capable, en tant qu'individu, de résister à la tendance lourde qu'il a de toujours attaquer ceux qui sont contre lui, contre ses positions.
Je lui ai demandé s'il comprenait, s'il était capable d'une hauteur de vues lui permettant de réaliser que, même si on n'était pas d'accord sur la manière d'y arriver, tous les parlementaires veulent la même chose, soit la protection des Canadiens. On a encore vu aujourd'hui, étant donné les termes employés, qu'il n'est pas capable de cette hauteur de vues.
Or je sais que tous les parlementaires, et en fait, tous les Canadiens veulent vivre en sécurité et en paix. Nous voulons tous éradiquer le terrorisme. Dans ce débat, parfois émotif, personne ne devrait s'adonner à des jeux politiques et le NPD veut donc tout faire pour que le gouvernement améliore son projet de loi.
Il est de notre devoir, comme législateurs, de mettre en place des politiques intelligentes et efficaces pour assurer la protection des Canadiens. Nous ne pouvons pas faire de compromis entre la sécurité et la liberté. Nous devons protéger ces deux éléments en même temps, tout le temps.
En terminant, disons tout simplement ceci: si nous cédons à la peur, ce sont ceux qui terrorisent qui crieront victoire.
:
Monsieur le Président, je n'ai pas besoin d'expliquer aux députés les dangers du terrorisme et la peur qu'il peut instiller chez ceux qui en ont été témoins.
Nous nous rappelons tous clairement ce que nous avons ressenti en octobre lorsque nous avons entendu les coups de feu et appris qu'un homme armé était entré dans l'édifice du Centre avec l'intention de tuer des gens. Nous sommes encore reconnaissants envers le personnel de sécurité, qui a fait preuve d'héroïsme ce jour-là pour nous protéger dans un moment difficile où régnait la confusion.
Cet attentat ayant été commis quelques jours seulement après un autre attentat semblable contre des membres de nos forces armées, il nous a rappelé dans toute son horreur que des gens sont capables de commettre des meurtres de sang-froid.
[Français]
Quels qu'en soient les motifs, le terrorisme a pour but de nous figer de peur. Il existe pour créer un doute permanent non seulement concernant notre propre sécurité, mais aussi concernant des institutions démocratiques que nous avons établies pour assurer cette sécurité. Il a pour but de nous amener à douter de ce qui nous est familier et à soupçonner ce qui autrement nous semble anodin.
Le terrorisme est fait pour nous entraîner si loin que nous arrivons à douter de tout ce que nous avons bâti et de tout ce qui est bon dans notre société juste, équitable et ouverte.
[Traduction]
Voilà ce que vise le terrorisme. Lorsque nous franchissons nous-mêmes cette limite, c'est le terrorisme qui finit par l'emporter. Prenons donc du recul.
Soyons clairs, le Parti libéral est conscient des menaces, et nous savons que la plus solennelle de nos responsabilités à titre de législateurs et de dirigeants est de protéger les Canadiens tout en respectant les valeurs canadiennes. Pour ne jamais perdre de vue les valeurs qui nous définissent en tant que Canadiens, lorsque nous cherchons des moyens de lutter contre ces menaces, nous devrions toujours chercher à assurer la sécurité des Canadiens en tenant compte de leurs droits et libertés.
À ce chapitre, je crois que le projet de loi , le projet loi antiterroriste présenté par le gouvernement, propose des mesures adéquates. Nous sommes favorables aux mesures du projet de loi qui visent à renforcer les pouvoirs en matière d'arrestation préventive, à mieux utiliser les listes d'interdiction de vol, et à mieux coordonner l'échange de renseignements entre les ministères et les agences. Toutefois, le projet de loi devrait être amendé pour plusieurs raisons.
Comme je l'ai dit récemment à l'extérieur de la Chambre, le Parti libéral compte proposer des amendements au projet de loi que j'ai maintenant le plaisir de présenter en partie.
La modification du mandat du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, figure parmi les principaux changements proposés dans le projet de loi .
[Français]
Sous sa forme actuelle, le projet de loi donnerait au SCRS un mandat modifié qui lui permettrait d'intervenir directement pour contrer des menaces à notre sécurité grâce à des opérations clandestines et ouvertes.
C'est un changement important au rôle actuel du SCRS, qui est de recueillir des renseignements et de les analyser, alors que c'est à la GRC que revient la responsabilité d'appliquer la loi et de diriger les interventions ayant pour but de contrer les menaces à la sécurité.
[Traduction]
Nous nous apprêtons maintenant à donner au SCRS de vastes pouvoirs pour contrer non seulement les menaces terroristes, réelles ou apparentes, mais aussi les menaces réelles ou apparentes à la stabilité économique et financière, à des infrastructures essentielles et à la sécurité d'autres États.
Le Parti libéral proposera des amendements en vue de réduire et de préciser l'étendue excessive des nouveaux pouvoirs qui inquiètent bien des Canadiens. Si le SCRS devait se voir donner ces pouvoirs, de ce côté-ci de la Chambre, nous estimons que son mandat devrait être soumis à une surveillance et à des examens beaucoup plus serrés.
Les Canadiens sont très redevables aux responsables de la sécurité au SCRS et nous avons déjà pu constater toute l'utilité de leur travail. Nous savons que le SCRS a contribué à déjouer des projets d'actes de violence contre des Canadiens, y compris un complot en vue de poser des bombes dans des trains de voyageurs de VIA Rail. Toutefois, nous demanderions maintenant au SCRS de mener des activités nouvelles et cette nouvelle orientation doit faire l'objet d'un suivi pour que nous puissions nous assurer que les choses sont faites correctement.
En ce moment, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, ou CSARS, passe en revue le travail du SCRS et présente au Parlement des rapports sur ses activités, mais il semble y avoir une certaine confusion à la Chambre quant à ce que le CSARS fait et ce qu'il ne fait pas. La distinction est importante et elle est au coeur d'un changement capital qui, à notre avis, devrait être apporté au projet de loi .
Il y a quelques semaines, le 4 février, le a déclaré que « [le CSARS] assure une surveillance rigoureuse. » Toutefois, ce n'est pas tout à fait exact.
Le CSARS est un organisme d'examen. Ce n'est pas un organisme de surveillance. On ne joue pas simplement avec les mots ici. Les deux ne sont pas synonymes. En fait, le CSARS le dit publiquement. À la page 13 de son rapport annuel, le CSARS explique clairement la différence entre l'examen et la surveillance, disant:
Un organisme de [surveillance] examine en permanence ce qui se passe au sein d’un service de renseignement, et il a pour mandat d’évaluer et de guider ses activités actuelles « en temps réel ».
[Français]
Cela est crucial et doit être modifié, si nous donnons au SCRS les nouveaux pouvoirs proposés dans le projet de loi dans sa forme actuelle.
À l'heure actuelle, le CSARS peut uniquement examiner les activités passées du SCRS. Il n'exerce aucune surveillance en temps réel pour assurer que ces activités sont conformes à nos attentes et respectent les limites qui ont été fixées.
Le genre de mécanisme permettant de surveiller en toute transparence ce qui est fait pour les Canadiens, et contre des Canadiens, par nos organismes de renseignement et de sécurité n'existe tout simplement pas. Un organisme d'examen fonctionnant à temps partiel est incapable de rester en phase avec les fluctuations rapides qui caractérisent souvent le contexte dans lequel opère le SCRS, et il ne peut pas exercer cette surveillance nécessaire.
[Traduction]
On peut se demander quels types d'amendements feraient en sorte que l'application des nouveaux pouvoirs que le projet de loi accorde au SCRS soit surveillée adéquatement? La solution est à quelques pas de nos frontières, chez nos plus fidèles alliés, qui se sont déjà posé les mêmes questions. Je crois que nous pouvons nous inspirer de leur expérience pour répondre à nos besoins.
La Grande-Bretagne, qui fait comme nous partie du réseau de renseignement appelé Groupe des cinq, a mis sur pied un organisme de surveillance viable et efficace que le Canada pourrait reproduire. Le comité britannique, qui a pour nom « Comité du Parlement sur le renseignement et la sécurité », est composé de parlementaires chargés d'exercer une surveillance directe sur tout ce qui touche le renseignement et la sécurité au Royaume-Uni, y compris les dépenses, l'administration, les politiques et les activités opérationnelles d'organisations du MI-5, du MI-6 et du Quartier général des communications du gouvernement britannique. Ce comité a aussi le pouvoir de s'intéresser au travail effectué par d'autres organismes du renseignement du Royaume-Uni, y compris l'Organisation mixte du renseignement, le Secrétariat national à la sécurité du Cabinet, le Service du renseignement de défense du ministère de la Défense et le Bureau de la sécurité et du contre-terrorisme du Home Office. Bref, exactement le type de comité que nous devrions mettre sur pied, ici au Canada.
Essentiellement, en débattant du projet de loi , nous devons chercher à définir ce que nous voulons protéger. Ce faisant, nous devrions avant toute chose faire de notre mieux pour protéger les bases, les piliers de notre régime démocratique que sont le gouvernement responsable et le Parlement comme organe de représentation du peuple. Dans cette optique, seul un organisme de surveillance composé d'élus aurait la légitimité voulue. Or, pour le moment, le Canada est le seul pays dans une situation semblable à ne pas avoir d'organisme national de surveillance de la sécurité composé de parlementaires.
[Français]
Cela aurait dû être corrigé il y a longtemps. Par conséquent, on ne saurait trop insister sur l'importance d'apporter cette correction maintenant, alors que nous donnons des pouvoirs nouveaux et étendus à nos organismes de renseignement et de sécurité.
En conséquence, le Parti libéral propose de créer cet organisme de surveillance. Selon nous, on devrait établir un comité composé de parlementaires chargés de surveiller de façon appropriée — et pas seulement d'examiner — les activités de divers organismes, y compris le SCRS, le Centre de la sécurité des télécommunications, la GRC et le ministère de la Défense nationale.
[Traduction]
Nous proposons donc ce qui suit: premièrement, que les membres de ce comité fassent le serment de garder le secret pour le reste de leur vie; deuxièmement, que les membres ne puissent pas invoquer l'immunité liée au privilège parlementaire en ce qui concerne l'utilisation ou la communication de renseignements qu'ils obtiennent en qualité de membres du comité; et troisièmement, qu'il ne s'agisse pas d'un comité parlementaire, mais bien d'un comité de parlementaires.
J'aimerais souligner que ce n'est pas la première fois que le Parlement envisage de créer un tel comité. En 2004, le gouvernement libéral a déposé le projet de loi C-81, qui visait la création d'un comité sur la sécurité nationale composé de parlementaires. Ce projet de loi C-81 a été présenté à nouveau en 2009, à la suite d'une recommandation découlant du rapport du juge O'Connor et de l'examen mené à ce sujet par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. À l'époque, le gouvernement conservateur a choisi de ne pas donner suite à cette recommandation.
Selon nous, il convient également de modifier le projet de loi afin que ses dispositions ne soient pas permanentes. Il faudrait donc que le projet de loi C-51 soit soumis à des examens obligatoires. Il existe un précédent à cet égard. En 2001, après les attaques du 11 septembre, le gouvernement libéral a présenté une loi antiterroriste modifiant le Code criminel et des lois connexes. L'un des changements apportés réduisait les conditions à satisfaire pour pouvoir détenir ou surveiller une personne soupçonnée de planifier un acte terroriste.
[Français]
Cette modification de la loi était sujette à un examen obligatoire du Parlement ainsi qu'à une clause crépusculaire. Effectivement, la dernière fois que ces dispositions ont été rétablies, en 2013, il a été entendu qu'elles feraient encore une fois l'objet d'un réexamen dans le futur, par un comité dont le rapport rapport serait ensuite présenté au Parlement.
[Traduction]
Il faut prévoir ces dispositions dans le projet de loi , car, comme la loi antiterroriste présentée en 2001, il modifie le Code criminel. Voilà pourquoi les libéraux ont l'intention de présenter un amendement tendant à ce que toutes les dispositions du projet de loi C-51 fassent obligatoirement l'objet d'un examen après trois ans. Nous avions inclus cette disposition responsable dans la précédente loi antiterroriste et, ce qui me frappe, c'est qu'il n'existe aucune raison valable de ne pas l'inclure cette fois-ci.
En terminant, les libéraux sont d'avis que le Parlement devrait se pencher sur les ressources que le Canada alloue actuellement à la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement devrait s'assurer que nos services de sécurité ont les outils nécessaires pour faire leur travail, sans risquer de les priver de ressources clés dans d'autres domaines.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous appuyons certaines dispositions du projet de loi, mais il devrait être amendé avant d'être adopté. Le projet de loi peut être amélioré. Voilà pourquoi, même si nous appuyons le projet de loi, nous, les libéraux, proposerons les amendements que j'ai mentionnés au chapitre de la surveillance, de l'examen et du resserrement de la définition trop vaste de « sécurité nationale ».
[Français]
Nous sommes prêts à collaborer avec nos collègues des autres partis pour veiller à ce que les Canadiens aient la loi la meilleure, la plus équitable et la plus claire pour assurer notre sécurité collective. Des questions comme celles qui touchent la sécurité nationale devraient sortir du cadre de la partisannerie.
C'est pourquoi nous voulons adopter une approche constructive afin d'améliorer ce projet de loi. C'est ce que les libéraux sont prêts à faire, et nous agirons de bonne foi en ce sens. Nous espérons que le gouvernement est sérieux dans sa démarche et qu'il mettra de côté la partisanerie pour assurer la sécurité des Canadiens tout en protégeant nos droits et nos valeurs.
Des réserves à propos de ce projet de loi ont été exprimées en dehors et à l'intérieur de la Chambre, et je tiens à assurer à ceux qui les ont exprimées qu'ils ont été entendus. Nous sommes convaincus d'avoir les outils et le plan nécessaires pour améliorer ce projet de loi, et nous ferons tout ce qu'il faut pour atteindre ce but.
[Traduction]
Par ailleurs, je rappelle à nos amis et concitoyens de la communauté musulmane que, partout, les Canadiens savent que les actes terroristes récemment perpétrés au nom de l'islam constituent une perversion odieuse de leur foi. Nous sommes d'avis qu'il est crucial de continuer à collaborer dans un climat de respect mutuel. Le gouvernement devrait élaborer et financer un processus communautaire structuré qui rapproche les gens et contribue à prévenir l'influence d'une idéologie propagandiste qui se dit religion.
Vous pouvez me croire: en tant que libéral, j'estime qu'un gouvernement qui demande à ses citoyens de renoncer à une partie de leur liberté, aussi infime soit-elle, doit absolument garantir qu'il n'abusera pas de ses nouveaux pouvoirs. Étant donné tout ce que nous avons appris au cours des 14 dernières années, depuis les événements du 11 septembre, il ne suffit pas qu'un gouvernement nous dise simplement « faites-nous confiance ». Il doit gagner cette confiance et prouver qu'il la mérite pour que l'on continue à la lui accorder.
C'est ce que les Canadiens attendent de nous en tout temps, mais à plus forte raison quand il est question de sécurité nationale. Si nous sommes réellement engagés dans un combat entre le bien et le mal, comme on l'a dit, il faut se rappeler que les bons ne gagneront pas en renonçant au bien. De même, nos lois démocratiques et nos valeurs ne triompheront pas si elles ne reposent sur les piliers de la démocratie que sont l'équité, la justice et la primauté du droit. Ne tombons pas dans le piège que nous tendent les terroristes.
Le Canada est une fière démocratie, un pays accueillant et pacifique. Le Canada est une fière démocratie, un pays accueillant et pacifique. Nous accueillons les autres à bras ouverts, car nos esprits et nos coeurs sont ouverts. Rien ni personne ne nous fera changer en nous intimidant. Ce sont ces valeurs et ces principes qui doivent nous guider pour que nous agissions de manière responsable.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole dans ce débat manifestement très important sur le projet de loi , le programme complet du gouvernement pour contrer le terrorisme. Ce projet de loi, la Loi antiterroriste de 2015, traite d'abord et avant tout de la sécurité publique et des efforts que déploie notre gouvernement pour adopter des méthodes qui amélioreraient et rehausseraient la sécurité de tous les Canadiens.
Le projet de loi fait suite à des mesures législatives concrètes que le gouvernement a déjà prises pour combattre le terrorisme, dont la Loi sur la lutte contre le terrorisme, la Loi de 2013 sur le terrorisme nucléaire ainsi que les récentes propositions faites dans le projet de loi , la Loi sur la protection du Canada contre les terroristes. Par conséquent, les députés peuvent voir que le présent gouvernement a déjà pris une série de mesures législatives.
Ne nous méprenons pas, ces dangers sont réels, et non pas théoriques ou hypothétiques. Comme nous l'avons vu notamment à Paris, en Australie, à Bruxelles et au Canada, ces gestes ont des conséquences mortelles. Nous sommes donc forcés d'admettre l'existence de la menace et la nécessité de prendre des mesures concrètes pour améliorer la façon dont nos services de sécurité coordonnent leurs activités pour réagir aux actes terroristes. Il s'agit également d'accroître notre capacité à tirer des leçons de ce qui se passe à l'étranger. La capacité du SCRS d'intervenir hors de nos frontières fait partie des mesures de sécurité que l'on retrouve chez la majorité de nos alliés, notamment chez la plupart de nos partenaires du Groupe des cinq.
Le gouvernement participe aux vastes efforts qui sont déployés afin de combattre le terrorisme à l'échelle nationale et internationale, et de protéger notre pays, ses citoyens ainsi que nos intérêts et ceux de nos alliés. Cela s'inscrit dans notre stratégie de lutte contre le terrorisme, qui vise à renforcer notre capacité à contrer le terrorisme. Il est donc évident qu'il faut travailler en collaboration avec l'ensemble des administrations publiques et des dirigeants afin d'assurer l'efficacité de cette stratégie.
Le Président et les députés savent sans doute que nos efforts de collaboration avec le ministère de la Justice comprennent la tenue d'une table ronde interculturelle qui nous permet de consulter régulièrement diverses communautés de l'ensemble du pays. C'est une façon efficace d'avoir une idée de la façon dont le problème du terrorisme est perçu par les Canadiens.
En plus de mettre en oeuvre cette stratégie, nous faisons en sorte de lutter contre l'extrémisme préconisant la violence. Engager un dialogue dans les tables rondes interculturelles sur les problèmes de sécurité est d'une grande utilité pour atteindre le juste équilibre. Et la lutte contre le terrorisme se fait aussi par l'intermédiaire d'une collaboration étroite avec des partenaires étrangers.
En tant que , j'ai la responsabilité de voir à ce que les lois du Canada demeurent solides, équitables et justes. Et c'est particulièrement important dans le domaine du droit criminel. À l'instar de ses amis et ses alliés, le Canada doit voir à ce que ses lois demeurent bien adaptées et efficaces pour lutter contre le fléau du terrorisme. Parallèlement, nous devons nous assurer que nos lois respectent les droits et les libertés fondamentaux.
Le projet de loi contient une série de modifications du droit criminel qui nous permettront justement d'atteindre cet objectif. Nous souhaitons modifier le Code criminel pour: renforcer les dispositions permettant d'imposer des conditions et des engagements de ne pas troubler l'ordre public; créer une nouvelle infraction de promotion du terrorisme en général; donner aux tribunaux le pouvoir de saisir, de confisquer ou de supprimer la propagande terroriste, notamment celle qui se trouve dans un site Web hébergé au Canada; protéger plus efficacement les personnes qui participent aux opérations de sécurité nationale et aux poursuites judiciaires.
De concert avec les mesures dont a parlé tout à l'heure mon collègue le , ces nouvelles dispositions juridiques seront très utiles pour combler les lacunes réelles ou perçues qui minent notre capacité d'intervention contre les activités terroristes.
[Français]
J'aimerais examiner en détail chacun des quatre piliers de la réforme du droit pénal que prévoit le projet de loi. Cependant, il faut d'emblée faire ressortir que ces quatre domaines de réforme comportent des dénominateurs communs.
[Traduction]
Individuellement et collectivement, les modifications du Code criminel visent à fournir aux organismes chargés d'appliquer la loi les instruments dont ils ont besoin pour contrecarrer les plans des terroristes qui souhaitent passer à l'action. Grâce à ces modifications, les policiers seront capables d'intervenir plus rapidement et plus efficacement. Ils obtiendront de bons résultats avant qu'il ne se produise quelque chose de grave. Le projet de loi vise à protéger l'ensemble des Canadiens en outillant la police pour qu'elle puisse prévenir les attentats terroristes.
Je tiens à souligner dans cette enceinte que la surveillance judiciaire est au coeur de ces modifications du droit criminel, conformément aux valeurs et aux principes canadiens que la Cour suprême a réitérés maintes fois et que je rappelle encore aujourd'hui: il s'agit de la démocratie, du constitutionnalisme et de la primauté du droit. Ce genre de surveillance devrait passablement atténuer les craintes de ceux qui ont critiqué le projet de loi au début.
Je pense que notre projet de loi s'articule autour de l'idée du recours aux tribunaux pour permettre à nos agents chargés de la sécurité de faire ce type d'interventions avant que ne se produisent des attentats terroristes. Nous ne voulons pas seulement réagir. Nous voulons prévenir les attentats terroristes afin de protéger les Canadiens.
Le premier élément de réforme du droit pénal proposé dans le projet de loi vient renforcer les dispositions existantes concernant l'engagement assorti de conditions et l'engagement de ne pas troubler l'ordre public en matière de terrorisme, dont il est question, respectivement, dans les articles 83.3 et 810.01 du Code criminel. Je m'explique. L'engagement assorti de conditions aux termes du Code criminel existe déjà et sert à empêcher une personne de commettre un acte terroriste, ou à perturber ses plans. Par exemple, grâce à cette disposition, un agent de la paix détenant l'autorisation du procureur général, ou d'un procureur délégué, pourra amener une personne en cour avec des preuves visant à déterminer s'il existe des motifs raisonnables de l'obliger à respecter certaines conditions précises afin d'empêcher la tenue d'un acte terroriste.
Il importe de souligner que cette personne ne serait pas nécessairement celle qui entend perpétrer l'acte en question. En effet, elle pourrait seulement participer au délit ou aider à ce qu'il soit commis. Signalons que les dispositions actuelles exigent que le juge soit convaincu qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu'un acte terroriste aura lieu et qu'un engagement assorti de conditions est nécessaire pour l'empêcher de se produire.
Les dispositions du projet de loi qui modifient l'article 83.3 du Code criminel abaisseraient le seuil à respecter pour obtenir un engagement assorti de conditions; auparavant, le juge devait être convaincu qu'il existait des motifs raisonnables de croire qu'une activité terroriste aurait lieu, alors que maintenant, il suffira qu'il ait des motifs raisonnables de croire à la possibilité qu'elle soit entreprise. Il en va de même pour ce qui est de l'aspect préventif: auparavant, le juge devait avoir des motifs raisonnables de soupçonner qu'un engagement assorti de conditions était nécessaire pour empêcher qu'une activité terroriste soit entreprise, alors que maintenant, il suffira qu'il ait des motifs raisonnables de soupçonner que cela aura vraisemblablement cet effet.
Concrètement, ces modifications permettront de perturber plus facilement les plans des terroristes avant qu'ils ne les mettent à exécution. Bref, si la police réussit à convaincre un juge, d'après la preuve recueillie, qu'elle a des motifs raisonnables de croire qu'il est possible qu'une activité terroriste soit entreprise, elle pourra faire son travail plus efficacement, et bien souvent plus rapidement aussi.
Le projet de loi du gouvernement ferait aussi passer de trois à sept le nombre maximal de jours pendant lesquels une personne peut être mise en détention préventive. Il va sans dire qu'il assortit le tout des balises nécessaires, prévoyant notamment que ce type de détention doit faire l'objet d'un contrôle judiciaire périodique afin de déterminer s'il est toujours de mise. Regardons là aussi ce qui se fait ailleurs: au Royaume-Uni, la période de détention possible est deux fois plus longue. Pour le moment, au Canada, elle n'est que de trois jours. Nous allons la prolonger afin que les policiers puissent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher que des attentats terroristes ne soient perpétrés en sol canadien.
Le projet de loi modifiera en outre le Code criminel afin d'y inscrire des dispositions semblables permettant de prévenir la perpétration d'infractions de terrorisme. Comme on le sait, les engagements de ne pas troubler l'ordre public se rapportant à une activité terroriste permettent justement de prévenir les activités terroristes en empêchant leurs auteurs de passer à l'acte. Les tribunaux pénaux du Canada imposent déjà des engagements assortis de conditions et des engagements de ne pas troubler l'ordre public, mais le projet de loi va en étendre explicitement la portée. Même si une personne n'a jamais été reconnue coupable et n'est accusée de rien, un juge pourra lui imposer un engagement de ne pas troubler l'ordre public s'il estime que cette mesure pourrait raisonnablement empêcher qu'une infraction soit commise.
Autrement dit, nous voulons donner aux tribunaux, à la police et aux procureurs les moyens de prendre ces mesures préventives, en demandant par exemple que le passeport d'une personne soit confisqué, que celle-ci se rapporte aux policiers ou aux autorités ou ne s'approche pas de certains individus ou de certains endroits publics, comme une base militaire.
Toutes ces mesures pourraient paraître extraordinaires dans des circonstances normales, mais n'oublions pas le contexte dans lequel se déroule le présent débat, soit le niveau de risque élevé dont font état les évaluations effectuées dans la foulée des événements d'octobre dernier, les évaluations de nos forces de sécurité et l'évolution de la situation dans le monde. Les mesures concrètes que nous prenons permettront à nos forces de sécurité, sous surveillance judiciaire, de prendre des mesures préventives.
À l'heure actuelle, les dispositions du Code criminel permettent à quiconque a des motifs raisonnables de croire qu'une infraction de terrorisme sera commise de demander au tribunal, avec le consentement du procureur général ou d'un délégué, d'imposer un engagement de ne pas troubler l'ordre public exigeant que la personne s'abstienne de troubler l'ordre public et observe une bonne conduite, ou encore qu'elle se plie à toute autre condition raisonnable jugée nécessaire par le tribunal pour garantir sa bonne conduite. J'ai mentionné certaines dispositions à cet égard. Ces conditions peuvent être imposées pour une période maximale d'un an ou encore de deux ans lorsque la personne en question a déjà été reconnue coupable d'une infraction de terrorisme.
Ces modifications renforceraient l'engagement de ne pas troubler l’ordre public se rapportant à une activité terroriste ou à une infraction de terrorisme en abaissant les seuils d'application. Ainsi, cet engagement pourrait être obtenu lorsqu'une personne croit que quelqu'un « pourrait » commettre, et non « commettra », comme c'est le cas à l'heure actuelle, une infraction de terrorisme. Le projet de loi ferait passer la durée de l'engagement de ne pas troubler l’ordre public se rapportant à une activité terroriste ou à une infraction de terrorisme de deux à cinq ans pour ceux ayant déjà été reconnus coupables d'une telle infraction.
De façon plus générale, pour ce qui est des conditions de l'engagement et des conditions de l'engagement de ne pas troubler l’ordre public se rapportant à une activité terroriste ou à une infraction de terrorisme, le projet de loi permettrait d'exiger une caution. Dans ce cas, quelqu'un accepte de veiller à ce que la personne visée par l'ordonnance du tribunal respecte les conditions fixées. Le projet de loi obligerait également les juges à décider s'il est souhaitable d'assortir l'engagement de conditions relatives aux régions désignées. Plus tôt, j'ai mentionné que la personne pourrait devoir rendre son passeport ou respecter toute autre condition que le juge estime nécessaire.
Par ailleurs, ces modifications alourdiraient les peines dans les cas où les conditions imposées par le tribunal ne sont pas respectées. La peine d'emprisonnement passerait donc de deux à quatre ans, ce qui correspond aux conditions similaires prévues dans le projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants.
Enfin, je crois que ces modifications auraient l'avantage supplémentaire d'améliorer l'efficacité et l'efficience des engagements assortis de conditions et des engagements de ne pas troubler l'ordre public partout au pays en donnant la possibilité de tenir des audiences par vidéoconférence, au besoin, et en autorisant le transfert interprovincial d'un engagement de ne pas troubler l’ordre public, avec le consentement du procureur général compétent.
[Français]
La réforme proposée en matière d'engagement, assortie de conditions et d'engagements de ne pas troubler l'ordre public se rapportant à une infraction de terrorisme, s'appliquerait aussi aux adolescents en conformité avec la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
[Traduction]
Bref, les modifications proposées, que je viens tout juste de mentionner et de décrire, ont pour objectif de favoriser le recours à ces dispositions afin qu'il soit plus facile d'obtenir des engagements et de voir à ce que ceux-ci jouent un rôle plus efficace dans la prévention du terrorisme, le tout, sous surveillance judiciaire.
[Français]
Il est important de souligner que les améliorations proposées à nos outils en matière de prévention du terrorisme sont compatibles avec ce qui existe dans les pays aux points de vue similaires.
Par exemple, le Royaume-Uni utilise des mesures semblables pour protéger le public en assujettissant à des conditions les personnes considérées comme présentant une menace pour la sécurité de la collectivité.
[Traduction]
L'Australie a également recours à des ordonnances de contrôle pour imposer des conditions à des gens afin de prévenir des actes terroristes. C'est important parce que cela montre que des pays comme le nôtre, qui ont une démocratie forte et des institutions solides respectant la primauté du droit, peuvent aussi prendre des mesures rigoureuses contre le terrorisme, tout en étant équitables envers les citoyens et en respectant les droits des personnes visées par ces outils de prévention.
N'oublions surtout pas ce que nous tentons d'empêcher: des pertes massives de vies, des attaques contre nos institutions et l'installation de bombes. Notre emplacement géographique ne nous protège plus de tragédies comme celles que nous observons dans les autres pays lorsque nous regardons le bulletin de nouvelles du soir.
Il y a des individus qui ont juré de nous causer du tort et qui continuent, dictés par des motifs quelconques, à proférer des menaces très précises à l'égard de citoyens canadiens. Il faut se souvenir que c'est sur cette toile de fond que s'inscrit le projet de loi.
Je digresse un instant pour souligner que nous tenons compte des préoccupations que de nombreux intéressés ont exprimées concernant ces modifications. Certains ont affirmé que ces propositions porteraient indûment et inutilement atteinte aux droits fondamentaux garantis par la Charte. Je tiens à leur faire remarquer que les outils que je viens de décrire sont assortis de nombreuses mesures de protection. Je viens de parler des mécanismes de surveillance judiciaire, du pouvoir discrétionnaire dont jouissent les tribunaux et du fait que le procureur général doit approuver le recours à ces outils. Nous avons des procureurs qui ont été précisément formés pour assurer l'application de ce type de mesures législatives.
En outre, les organismes de sécurité doivent déposer des rapports au Parlement qui portent précisément sur les engagements assortis de conditions. De plus, le Parlement devra obligatoirement se pencher sur la question en 2018, et les engagements assortis de conditions sont visés par une disposition de caducité. Nous pourrons ainsi surveiller la façon dont la loi serait appliquée.
Rappelons que ces outils visent à ce que les tribunaux puissent imposer des conditions raisonnables à des gens afin d'empêcher les activités terroristes et la perpétration d'actes terroristes.
Le gouvernement est d'avis que ces mesures sont nécessaires pour protéger la sécurité publique. Elles ne doivent pas être utilisées de façon arbitraire, et elles sont fondées sur des faits qui nous font légitimement craindre que le public puisse être en danger.
Le projet de loi prévoit aussi l'ajout au Code criminel d'une nouvelle infraction punissable par mise en accusation, soit le fait de préconiser ou fomenter la perpétration d'infractions de terrorisme en général, et nous estimons que cette disposition est également nécessaire.