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Monsieur le Président, j'ai l'intention de présenter une motion à la fin de mon intervention.
C'est avec un véritable sentiment de déception que je prends la parole pour m'opposer au projet de loi , Loi antiterroriste de 2015. Je suis particulièrement déçu de le faire sous la contrainte de l'attribution de temps, qui empêchera bon nombre de mes collègues de s'exprimer au sujet de cet important projet de loi. En raison de cette contrainte, les Canadiens auront aussi plus de mal à comprendre toute la portée de celui-ci.
Il s'agit d'un projet de loi très important. Je rappelle que les décès des deux soldats canadiens survenus chez nous en octobre dernier ont ébranlé tout le Canada et même une bonne partie du monde. Ces décès, de même que l'attentat sur la Colline du Parlement, nous ont assurément fait réfléchir.
Tous les députés ont été fiers de se présenter au travail le lendemain et, selon moi, tous les Canadiens ont ressenti cette fierté. Nous avons fait front commun, déterminés à ne pas laisser ces actes de violence nous intimider. À ce moment-là, nous nous sommes tous engagés à collaborer pour affronter la menace terroriste qui pèse sur le Canada dans le contexte mondial actuel.
Qu'est-il advenu de ces belles promesses de collaboration? Il semble que le gouvernement ait la science infuse, car, à peine quelques jours plus tard, il a présenté, sans consultation aucune, un nouveau projet de loi sur le SCRS, le projet de loi . Le gouvernement a plaidé qu'il y avait urgence d'agir en raison de la menace et que nous n'avions donc pas le temps d'en débattre à l'étape de la deuxième lecture, ni de l'étudier au comité de la sécurité publique, ni d'examiner sérieusement les amendements présentés par l'opposition officielle.
Les néo-démocrates ont appuyé le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous avions alors encore bon espoir que le gouvernement souhaitait vraiment collaborer dans cet important dossier et que nous aurions tout le temps nécessaire pour débattre de la mesure législative et pour examiner les amendements, qui visaient à améliorer le projet de loi.
Nous avons, au bout du compte, voté contre le projet de loi, parce que nous doutions de la constitutionnalité du pouvoir conféré au juge d'autoriser le recours à des activités illégales à l'étranger. En outre, la mesure législative n'améliorait d'aucune façon la surveillance du SCRS, et ce, même si elle lui octroyait de nouveaux pouvoirs. Par surcroît, le projet de loi n'avait aucun lien avec les événements d'octobre. Le gouvernement nous a dit d'attendre le prochain projet de loi.
Nous voici donc, quatre mois plus tard, saisis d'un nouveau projet de loi. Malheureusement, nous doutons encore une fois de la constitutionnalité de la mesure législative, car, cette fois-ci, le gouvernement veut que les juges autorisent le recours à des activités illégales et anticonstitutionnelles ici même au Canada. Qui plus est, le projet de loi n'améliorerait pas, lui non plus, la surveillance dont font l'objet les organismes de sécurité.
Cependant, le projet de loi va encore plus loin. C'est une mesure législative qui va porter gravement atteinte au droit à la vie privée de tous les Canadiens sous prétexte que la sécurité nationale est menacée. En outre, le projet de loi contient des définitions très larges et d'une grande portée qui pourraient brouiller la ligne entre une action dissidente légitime et une action terroriste. Il est trop vaste et dangereusement vague, et il ne nous permettra probablement pas de lutter efficacement contre les menaces qui pèsent sur nous. Il n'a aucun lien direct avec les événements d'octobre dernier ou les menaces constantes auxquelles nous sommes aujourd'hui exposées.
Le gouvernement est pressé d'adopter ce projet de loi et de modifier la façon dont la sécurité est gérée sur la Colline sans, encore une fois, se donner la peine de mener des consultations ou d'attendre d'obtenir des rapports complets sur les incidents du mois d'octobre. Selon ce que j'ai cru comprendre, lorsque le a décidé de présenter ce projet de loi dans le cadre d'un événement à caractère électoral dans Richmond Hill, au lieu de le faire à la Chambre des communes comme il le fallait, quelqu'un lui a demandé si le projet de loi aurait pu empêcher les deux incidents du mois d'octobre et il a répondu qu'il n'en était pas certain.
Les néo-démocrates ont examiné attentivement le projet de loi avant de parvenir à la décision de s'opposer à son principe. Nous avons mené de vastes consultations auprès des groupes qui pourraient être le plus touchés par cette mesure législative, auprès d'experts juridiques, ainsi qu'auprès de nos concitoyens lors de notre retour dans nos circonscriptions la semaine dernière.
Nous nous évertuons à demander au gouvernement de nous expliquer ce que signifient exactement certains des passages plutôt vagues du projet de loi et de préciser les nouveaux pouvoirs accordés aux organismes de sécurité, mais nous nous heurtons à un mur. Les députés ministériels se contentent de nous relire leurs notes d'allocution générales sur la gravité des menaces qui planent sur nous, dans une tentative évidente de susciter un appui pour le projet de loi — appui qu'ils espèrent maintenir jusqu'aux élections.
La décision de nous opposer au projet de loi n'a pas été prise à la légère. C'est seulement au terme d'une étude consciencieuse que nous avons pris position contre ce projet de loi qui apporterait des modifications importantes à plus d'une dizaine de lois et qui risque d'avoir des répercussions importantes sur nos droits à la vie privée et à la dissidence pacifique ainsi que sur nos libertés fondamentales, comme le droit de ne pas être détenu sans accusation.
Le projet de loi aura un impact certain sur les Canadiens musulmans en particulier, étant donné la fâcheuse tendance du gouvernement à tenir des propos islamophobes et les étranges déclarations du selon lesquelles le terrorisme aurait des racines culturelles.
Il aura un impact certain sur ceux qui se soucient des changements climatiques et d'autres problèmes environnementaux, surtout conjugué à la note d'information de 44 pages de la GRC sur ce qu'elle appelle les activistes du mouvement anti-pétrole et qui, tout comme le projet de loi, a tendance à mettre dans la même catégorie la dissidence, l'extrémisme et les activités violentes.
Les musulmans, les environnementalistes et les activistes des Premières Nations ne s'étonneront sans doute pas d'être pris pour cibles par les mesures figurant dans le projet de loi. Il y a une chose que j'aimerais que les Canadiens comprennent: bien plus que la tendance qu'a le gouvernement à diviser les Canadiens, c'est la tendance qu'il a à toujours aller trop loin qui fait de chacun d'entre nous une cible potentielle.
Passons en revue les changements les plus lourds de conséquences que propose le gouvernement, à commencer par la partie 1 du projet de loi, qui édicterait la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada. Je crains que ce soit la pire partie du texte, celle qui aurait le plus de répercussions pour les Canadiens.
Le projet de loi permettrait à n'importe quel ministère ou organisme fédéral de communiquer de l'information ayant trait à la sécurité nationale aux forces de l'ordre ou aux services de renseignement du pays. Le NPD en convient: les ministères et organismes gouvernementaux devraient pouvoir communiquer à qui de droit tout renseignement portant sur une menace réelle à la sécurité publique, mais il faut que ce processus soit encadré adéquatement afin qu'aucun Canadien innocent ne soit pris dans les mailles du filet.
Le commissaire à la protection de la vie privée a dit craindre que le projet de loi ne fasse en sorte que les renseignements personnels de trop nombreux Canadiens qui n'ont rien à se reprocher soient recueillis et communiqués à une longue liste d'organismes gouvernementaux et utilisés à d'autres fins que celles pour lesquelles ils ont été recueillis. Une telle utilisation, par le gouvernement, de nos renseignements personnels compromettrait ni plus ni moins l'un des principes fondamentaux de nos droits à la vie privée. Parmi les ministères et organismes qui seraient désormais autorisés à communiquer de l'information, bon nombre n'ont pas les balises nécessaires pour assurer la protection de notre vie privée, et la communication des renseignements n'y est visée par aucun mécanisme de surveillance.
La partie du projet de loi qui accorde de nouveaux pouvoirs au SCRS constitue le deuxième élément lourd de conséquences. Ces pouvoirs modifieraient la nature même du Service canadien du renseignement de sécurité; en effet, jusqu'ici, le SCRS pouvait seulement recueillir de l'information, alors que dorénavant, il pourrait contrecarrer activement les menaces à la sécurité, à l'économie, au fonctionnement des infrastructures et j'en passe. Le gouvernement pourrait-il faire appel au SCRS pour parvenir à ses fins politiques? La question se pose.
Le projet de loi nous ramène plus de 30 ans en arrière et ne tient pas compte des leçons tirées dans le cadre de la commission McDonald, qui a donné lieu à la création du SCRS. Il fait fi de la leçon importante selon laquelle mener des activités de collecte de renseignements parallèlement à des activités de perturbation des menaces est non seulement inefficace la plupart du temps, mais se traduit également presque toujours par le type d'activités sordides auxquelles la GRC s'est livrée dans les années 1970 au Québec. Ce genre d'activités ébranlent la confiance du public envers les forces policières et les organismes de sécurité, ce qui réduit du même coup la coopération du public, laquelle est essentielle au succès de ces entités.
Le projet de loi conférerait au SCRS le pouvoir de mener des activités visant à perturber une menace. Ces dispositions permettraient au SCRS de prendre des mesures au pays et à l'étranger pour contrer les menaces lorsqu'il détermine qu'il a des « motifs raisonnables de croire » que la sécurité du Canada est menacée. Si le SCRS décidait de mener des activités visant à perturber une menace qui porteraient atteinte à un droit ou à une liberté garantis par la Charte, il serait tenu d'obtenir l'autorisation d'un juge. Toutefois, il y a un point important à retenir. Le gouvernement se plaît à dire qu'il s'agit de surveiller les activités du SCRS. Je tiens à préciser que le SCRS n'aurait pas besoin d'un mandat pour toutes les activités visant à perturber une menace, mais seulement pour celles qu'il juge potentiellement illégales ou inconstitutionnelles. Une fois qu'un juge aurait émis un mandat, il n'aurait plus aucun droit de regard sur ce que le SCRS fait avec celui-ci.
Si on examine attentivement la décision rendue par le juge Mosley, on voit qu'il a déclaré que le SCRS n'avait pas fait preuve de toute la franchise voulue dans les documents présentés à la cour en vue d'obtenir un mandat. Par surcroît, lorsqu'il a obtenu ce mandat, le SCRS ne l'a pas exécuté de la façon prescrite par le juge. En d'autres mots, il n'a pas fait ce qu'il avait dit qu'il ferait en vertu du mandat.
Selon moi, ce qu'il faut retenir avant tout, c'est qu'il continuerait d'incomber au SCRS de décider si la demande de mandat est nécessaire et de déterminer, sans surveillance, les activités autorisées en vertu du mandat et la façon de les mener. Comme je l'ai déjà dit, le bilan du SCRS devant les tribunaux laisse beaucoup à désirer à cet égard.
Interrogé pendant la période des questions, le n'a pas pu ou n'a pas voulu donner d'exemples des types d'activités qui seraient autorisées dans le but de perturber une menace. Nous lui avons demandé à maintes reprises de nous citer un seul exemple des activités de ce genre.
On présume que toutes les activités visant à perturber une menace seraient illégales ou inconstitutionnelles, mais nous savons fort bien que ce projet de loi autoriserait le SCRS à faire différentes choses, comme couper le service Internet ou téléphonique d'une personne, ou encore écouter des conversations privées se déroulant dans des lieux publics.
Il y a diverses activités qui ne demanderont pas de mandat; comme je l’ai mentionné, nous laisserons au SCRS le soin de décider de la nécessité d'un mandat. Je rappelle que le pouvoir de perturber des menaces donne notamment le droit au SCRS d’avoir accès à un lieu ou à un objet ou d’ouvrir un objet, d’obtenir tout document ou d’en faire une copie, d’installer ou d’enlever un objet ou d'accomplir tout autre acte nécessaire dans les circonstances à la prise de mesures. Je crois qu’il s’agit d’un très vaste mandat.
Autrement dit, en ce qui concerne les mesures que pourra prendre le SCRS pour réduire une menace, le projet de loi donne carte blanche à l'organisme. Il empêchera seulement le SCRS de tuer un individu, de lui causer des lésions corporelles, de porter atteinte à l’intégrité sexuelle d’une personne ou d’entraver le cours de la justice.
Je sais que ces dispositions ont été incluses pour nous rassurer, mais je ne trouve pas très rassurant de savoir que ce sont les seules limites imposées aux activités de perturbation du SCRS. Ce ne sont pas des limites très solides pour un organisme qui mène des activités secrètes, et ce n’est pas très rassurant dans le cas d’un organisme qui fait l’objet d’une surveillance et d’un examen qui laissent à désirer.
Le gouvernement aime répéter que le SCRS fait l'objet d'une surveillance active et rigoureuse, grâce au travail effectué par le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, ou CSARS. Toutefois, le fait que le gouvernement, en éliminant le poste d'inspecteur général du SCRS, a éliminé le seul poste de mandataire indépendant qui surveillait en temps réel les activités du SCRS n'est pas qu'un simple détail technique. L'inspecteur général du SCRS avait pour mandat de s'assurer que les activités de l'organisation respectaient la loi. Ces responsabilités, en théorie, ont été confiées au CSARS, mais celui-ci n'a pas accès aux renseignements nécessaires pour effectuer la surveillance active dont nous avons besoin. De plus, il n'est pas en mesure de veiller à ce que le SCRS agisse toujours conformément aux lois en vigueur.
Je me garderai bien de parler de la qualité des nominations faites au CSARS parce que je ne dispose que de peu de temps. Je me contenterai de mentionner qu'Arthur Porter a déjà siégé à ce comité. Je me demande aussi si les personnes nommées à temps partiel et celles qui ne sont pas des spécialistes du domaine peuvent vraiment exercer le genre de surveillance nécessaire pour un organisme comme le SCRS.
Dans son dernier rapport annuel, le CSARS abondait dans le sens du juge Mosley. Par exemple, le SCRS n'a pas toujours fourni des renseignements complets et en temps utile lorsque ses activités faisaient l'objet d'une enquête par le CSARS. Dans certains cas, le SCRS n'était pas tout à fait disposé à fournir des renseignements à son organisme d'examen. C'est donc dire que notre mécanisme de surveillance et d'examen n'est pas solide, ce qui s'avère problématique. Et maintenant, on s'attend à ce que le même organisme puisse surveiller le SCRS, alors que celui-ci se verrait attribuer un mandat beaucoup plus vaste.
Le projet de loi comporte un troisième aspect lourd de conséquences: la disposition qui criminalise la promotion du terrorisme et la disposition connexe qui autorise le retrait de toute propagande terroriste en ligne. Le projet de loi érigerait en infraction criminelle le fait de sciemment préconiser ou fomenter « [...] la perpétration d'infractions de terrorisme en général ». Cette disposition vise à rendre illégale la promotion générale du terrorisme, et elle s'ajoute à la loi actuelle qui interdit la préconisation d'actes terroristes précis. La nouvelle infraction serait passible d'une peine d'emprisonnement maximal de cinq ans.
Encore là, le chef de l'opposition officielle a demandé au gouvernement — à cinq reprises, si je ne m'abuse — de donner un exemple d'activité qui deviendrait illégale, mais il n'a pas obtenu de réponse. Quoi qu'il en soit, l'adoption même d' une telle disposition n'a certainement rien pour favoriser la liberté d'expression, sans compter qu'elle abaisserait le seuil applicable à la notion de promotion du terrorisme.
La section du Code criminel actuellement consacrée à la propagande haineuse criminalise toute communication qui préconise la violence lorsqu'elle est susceptible d'entraîner une violation de la paix. Pourquoi n'est-ce pas suffisant? De toute évidence, la GRC a été en mesure de porter fréquemment des accusations de terrorisme, y compris, dernièrement, à Ottawa même. Je répète donc ma question: en quoi la nouvelle disposition élargie est-elle nécessaire?
Selon la nouvelle disposition, il sera possible de condamner quelqu'un simplement parce qu'il se sera exprimé « sans se soucier du fait que la communication puisse ou non entraîner la perpétration » d'une infraction. Une fois de plus, la nouvelle infraction élargirait celle qui figure déjà au Code criminel relativement à la promotion d'un acte de terrorisme donné, sans préciser comment elle contribuerait à contrer les menaces à notre sécurité.
Lorsqu'on dispose de ressources limitées — et il est indéniable que le gouvernement a fortement réduit les ressources de la GRC et du SCRS — et qu'on ratisse trop large, on risque de ne pas pouvoir s'en prendre aux vrais terroristes ni s'attaquer aux menaces qui pèsent réellement sur la société. Il faut en effet disposer des ressources suffisantes pour pouvoir déployer les efforts nécessaires. Comme quelqu'un l'a déjà dit, « chercher des terroristes, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, et on n'a surtout pas besoin que les gens viennent rajouter du foin ». Selon moi, lorsqu'on élargit ainsi le champ d'activité des organismes chargés de détecter les menaces concrètes et imminentes, on ajoute du foin sur le tas, ce qui leur complique beaucoup la tâche.
Selon la nouvelle loi, un juge pourrait ordonner aux fournisseurs de services Internet et aux administrateurs de sites Web de supprimer du matériel lorsqu'il y a des motifs de croire qu'il s'agit de propagande terroriste. Le juge pourrait aussi ordonner au gardien d'un réseau informatique de révéler au tribunal l'identité de la personne qui a publié ce matériel. En outre, le tribunal pourrait ordonner que le matériel physique soit saisi. Dans les deux cas, l'auteur ou le propriétaire du matériel pourraient appeler de la décision avant que ce matériel soit détruit.
Tout cela rappelle le vieux projet de loi d'initiative ministérielle qui a suscité la campagne « Videz votre sac devant Vic », car il est encore une fois question de donner accès au gouvernement à ce que tout un chacun fait sur Internet.
Le fait que le projet de loi propose des modifications à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents nous amène aussi à nous demander comment le gouvernement envisage d'utiliser les ressources limitées dont disposent la police et les organismes de sécurité. Là encore, à Richmond Hill, je crois comprendre qu'on a demandé au si le projet de loi s'appliquerait aux adolescents dans le sous-sol de leurs parents. Il a répondu par l'affirmative. Voici ma question: voulons-nous vraiment perdre du temps à pourchasser des enfants dans les sous-sol au risque de laisser les vrais terroristes s'échapper d'un filet trop plein?
Un quatrième élément du projet de loi devrait soulever des préoccupations générales. Ce sont les modifications proposées aux arrestations préventives et aux engagements à ne pas troubler l'ordre public, qui menacent un de nos droits les plus fondamentaux, le droit de ne pas être détenu sans accusation.
J'ai entendu beaucoup de gens dire que ce droit existe depuis environ 800 ans dans notre système juridique. Dans ce cas aussi, on peut s'interroger sérieusement sur l'utilité de cette nouvelle disposition, surtout quand on songe à ses aspects négatifs.
Nous devons nous rappeler que la disposition législative qui permet les arrestations préventives a été adoptée pour la première fois sous les libéraux, dans la foulée des événements du 11 septembre 2001. Elle permet à la police de détenir une personne jusqu'à trois jours sans porter d'accusations. Toutefois, entre 2001 et 2007, cette disposition n'a jamais été utilisée, puis elle a été éliminée en 2007. Elle a néanmoins été rétablie par les conservateurs en 2013.
Le projet de loi prévoit abaisser le seuil à partir duquel un juge peut autoriser une détention préventive. Désormais, il ne sera pas nécessaire de convaincre le juge qu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'une activité terroriste aura lieu; il suffira de montrer au juge qu'il existe des motifs raisonnables de croire à la « possibilité » qu'une activité terroriste soit entreprise. La GRC n'aurait qu'à établir qu'une activité terroriste est susceptible d'avoir lieu, plutôt que de devoir montrer que, selon toute vraisemblance, elle aura effectivement lieu. Un avocat m'a indiqué que les conditions à remplir pour faire la preuve qu'une détention préventive est nécessaire étaient déjà les moins exigeantes qui soient. Or, nous sommes en train d'assouplir encore davantage ces conditions.
À part le fait que les organismes d'application de la loi n'ont jamais considéré les dispositions sur les arrestations préventives comme utiles, n'oublions pas que le Canada a un lourd passé de détentions préventives en temps de crise. Les Canadiens d'origine japonaise ont été internés dans des camps sur la côte Ouest même s'il n'a jamais été démontré, ni à l'époque ni par la suite, qu'un seul d'entre eux a aidé l'ennemi au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les Canadiens d'origine ukrainienne ont été internés, eux aussi. À l'époque de la crise d'octobre 1970, au Québec, des centaines de Québécois ont été arrêtés et détenus sans être inculpés. Aucun n'a été déclaré coupable d'un acte criminel, ni même accusé d'un tel acte.
Il est certain qu'il faudra se pencher sur le risque que des injustices politiques ne résultent de l'interaction de ce projet de loi avec les pratiques de profilage racial que l'on observe apparemment au Canada.
Par conséquent, je voterai contre le projet de loi et j'espère que nous pourrons débattre à fond des problèmes qui y sont associés. Toutefois, je n'ai pas l'impression aujourd'hui qu'un tel débat aura lieu, puisque le gouvernement a présenté une motion d'attribution de temps. Je suis déçu de voir que les libéraux donnent carte blanche au gouvernement concernant le projet de loi . Ils comptent appuyer le projet de loi même sans amendement.
Ai-je tendance à croire que le gouvernement écoutera les témoins, les experts ou les communautés touchées par ce projet de loi? Franchement non. Par conséquent, je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
cette Chambre refuse de donner deuxième lecture au projet de loi C-51, Loi édictant la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada et la Loi sur la sûreté des déplacements aériens, modifiant le Code criminel, la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité et la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois, parce qu’il: a) menace le mode de vie des Canadiens en leur demandant de choisir entre leur sécurité et leurs libertés; b) n’a pas été élaboré en consultation avec les autres partis, qui par ailleurs reconnaissent la menace terroriste et appuient l’adoption de mesures concrètes et efficaces pour assurer la sécurité des Canadiens; c) accorde de manière irresponsable un nouveau mandat au SCRS sans améliorer les mécanismes de surveillance; d) contient des définitions vagues et très larges qui pourraient brouiller la ligne entre une action dissidente légitime et une action terroriste; et e) n’inclut pas des mesures concrètes et efficaces éprouvées, comme travailler avec les communautés sur des mesures pour contrer la radicalisation des jeunes.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon intervention, je vous informe que je partagerai mon temps de parole avec mon estimé ami et collègue, le vaillant député de la grande circonscription de .
J'interviens aujourd'hui pour parler de la Loi antiterroriste de 2015, qui, à ma grande fierté, a été annoncé dans la merveilleuse ville que je représente, Richmond Hill. Je parlerai plus particulièrement des dispositions concernant le Programme de protection des passagers et des efforts que nous déployons pour protéger notre industrie aérienne contre les attaques terroristes.
Depuis ses débuts dans les années 1900, l'industrie aérienne a toujours comporté des risques. Dans les premiers temps, à cause de la faiblesse des aides à la navigation, les pilotes devaient voler assez près de la terre pour pouvoir naviguer. Ils se servaient des routes et des voies ferrées durant la journée, et ils se fiaient aux feux allumés dans les champs le soir ou lors des jours où il n'y avait pas beaucoup de lumière. Il n'est pas surprenant que les accidents mortels étaient fréquents.
De nos jours, grâce aux percées réalisées dans les domaines de la navigation, de l'aérodynamique, de la conception des avions et de la technologie numérique, les avions sont l'un des moyens de transport les plus sûrs. C'est un mode de transport apprécié par les Canadiens, surtout compte tenu de notre vaste étendue géographique. Toutefois, l'évolution rapide des menaces peut et a déjà eu des répercussions sur la sûreté aérienne.
Nous savons déjà que les terroristes aiment s'en prendre aux avions car ces cibles présentent un nombre de victimes important, ont de grosses répercussions économiques et permettent à leur machine à propagande de toucher un vaste public. Que ce soit pour les détourner ou pour y poser une bombe, les groupes terroristes ciblent les avions depuis maintenant plusieurs décennies. Ces incidents et leur date sont gravés à jamais dans notre esprit. Je rappelle à la Chambre l'attentat à la bombe contre le vol 182 d'Air India en 1985, l'attentat à la bombe contre le vol 103 de Pan Am au-dessus de Lockerbie en 1988, les attentats qui ont détruit quatre avions et tué des milliers de personnes le 11 septembre 2001, sans oublier bien évidemment les attentats ratés comme ceux du vol à destination de Miami en 2001, où quelqu'un avait caché une bombe dans sa chaussure, ou celui à destination de Detroit en 2009, où quelqu'un avait caché une bombe dans ses sous-vêtements, ou encore les cartouches d'imprimante remplies d'explosifs venant du Yémen en 2010.
Chacun de ces attentats et chacune de ces tentatives a entraîné de nouvelles mesures de sécurité aérienne. La plupart d'entre elles touchent à la sécurité physique, comme la quantité limitée de liquide permise à bord, le contrôle des bagages, l'obligation d'enlever ses chaussures aux points de contrôle, de se soumettre à des fouilles manuelles ou de traverser un scanneur corporel à la demande du personnel de sécurité aéroportuaire. Les passeports et autres documents de voyage sont également examinés au moyen d'un lecteur numérique afin de confirmer la citoyenneté et l'identité des voyageurs et de mettre les renseignements de base à la disposition des organisations de sécurité des transports lorsque le vol traverse l'espace aérien américain.
Comme bon nombre de ses alliés, le Canada a un programme pour protéger les passagers aériens dans le cadre duquel il refuse entre autres l'embarquement à certains individus qui constituent une menace pour la sécurité aérienne. Il s'agit du Programme de protection des passagers. Je vais y revenir dans un instant.
Ces mesures ont été mises en place dans un but bien précis: assurer la sécurité de notre système de transport aérien. Pour ce faire, on doit se prémunir contre les menaces immédiates visant des avions et protéger la vie des membres de l'équipage et des passagers, de même que la vie des citoyens qui se trouvent sur la trajectoire d'un avion détourné, comme on en a été témoin le jour fatidique du 11 septembre. Toutefois, les actes terroristes qui surviennent partout dans le monde nous forcent maintenant à réévaluer encore une fois notre sécurité aérienne et de voir plus loin que les menaces immédiates visant un avion.
Il ne fait aucun doute que le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada. Les Canadiens sont dans la mire des terroristes djihadistes uniquement parce que ceux-ci détestent notre société et les valeurs qu'elle représente. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a présenté ces mesures pour protéger les Canadiens contre les terroristes djihadistes qui cherchent à détruire les principes qui font du Canada le meilleur pays où vivre dans le monde.
L'une des plus grandes menaces à la sécurité mondiale est le phénomène des déplacements des terroristes: les individus qui prennent l'avion pour se rendre dans des régions où l'instabilité et la violence règnent afin de se livrer à des activités terroristes. Ces individus ne représentent pas une menace immédiate à un avion. Ils veulent que leur vol se déroule sans danger et sans encombre pour parvenir à leur destination.
Même si ces extrémistes violents ne constituent pas une menace immédiate pour l'avion ou les passagers pendant le vol, ils représentent un danger considérable pour les habitants des pays où ils sont formés et exécutent leurs activités terroristes ainsi que dans les pays où ils veulent perpétrer leurs actes criminels. De plus, il y a un grand risque qu'ils reviennent dans leur pays pour mettre à l'essai ce qu'ils ont appris en complotant et en perpétrant des attaques sur des civils innocents.
Pour faire face à cette menace changeante, Le Programme de protection des passagers du Canada doit lui aussi changer. Le projet de loi à l'étude prévoit des mesures en vue d'étendre et de renforcer le programme afin que nous puissions faire face à la menace liée aux déplacements des terroristes.
Tout d'abord, nous étendrions le mandat du programme de sorte qu'il mette l'accent sur deux volets clés: intercepter les menaces à la sécurité aérienne et empêcher les gens d'effectuer des déplacements par avion à certaines fins terroristes, notamment la formation, le recrutement et l'exécution d'attaques terroristes dans un autre lieu. L'éventail complet de ces activités serait harmonisé avec les nouvelles infractions au Code criminel relatives aux déplacements des terroristes qui ont été créées par la Loi sur la lutte contre le terrorisme.
Nous proposons également de renforcer le cadre législatif du programme en définissant clairement les pouvoirs du et de la .
La loi stipulera clairement que le a le pouvoir d'identifier les personnes qui posent un risque pour la sûreté aérienne ainsi que celles suspectées de voyager à des fins terroristes, et d'inscrire leur nom sur une liste; de déterminer les mesures appropriées à prendre dans chaque cas, un pouvoir que détient actuellement la ; d'offrir un recours administratif aux personnes qui se voient refuser l'embarquement aux termes du programme; de partager la liste des personnes précisées, en totalité ou en partie, avec les pays étrangers, au besoin, à l'appui du mandat du programme.
La aura le pouvoir de communiquer avec les transporteurs aériens, y compris de partager l'information concernant les personnes inscrites sur la liste aux termes du programme avec les transporteurs aériens qui desservent des vols à destination, en provenance et à l'intérieur du Canada; de surveiller la conformité de l'industrie avec le programme; de réglementer l'aviation civile en général, y compris la sécurité globale du système d'aviation.
Pour appuyer son mandat élargi, le Programme de protection des passagers comprendra également une gamme étendue de mesures d'intervention, autres que le refus de l'embarquement, notamment un contrôle physique plus poussé des personnes précisées et la coordination avec les agents de sûreté de la GRC à bord des aéronefs. Toutes les mesures prises seraient proportionnelles au risque perçu posé par la personne.
Nous mettrons également en place une procédure d’appel accélérée. Nous mettrons en place des procédures d'appel clairement définies concernant les décisions et mesures prises dans le cadre du Programme de protection des passagers. Cela signifie qu’un juge de la Cour fédérale pourrait maintenir la protection en se fondant sur des renseignements classifiés. C’est semblable aux procédures déjà en place pour l’examen judiciaire des décisions ministérielles concernant la liste des entités terroristes et le refus d’accorder le statut d’organisme de bienfaisance à des organisations qui financent le terrorisme.
Comme les députés peuvent le voir, un programme de protection des passagers amélioré permettra au Canada de mieux s’attaquer aux déplacements de terroristes par la voie des airs. Nous croyons fermement avoir l’obligation envers nos citoyens et nos alliés de tout faire pour empêcher des individus de quitter le pays ou d’y retourner pour participer à des activités terroristes. L’objectif de ce projet de loi est d’arrêter les terroristes avant qu’ils commettent des actes terroristes contre des civils innocents au Canada et à l’étranger.
Les modifications dont j’ai dressé la liste donneront un appui solide à notre approche, et nous devons agir maintenant pour les mettre en oeuvre. J’espère que les néo-démocrates mettront de côté leur opposition à la criminalisation de ce type d'activités terroristes, y compris les déplacements des terroristes, et que les libéraux mettront de côté leur opposition à la révocation de la citoyenneté des terroristes. J’espère que cet important projet de loi obtiendra l’appui de tous les députés. Au final, nous voulons tous un Canada plus sûr, et nous voulons tous assurer la sécurité des Canadiens.
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Monsieur le Président, je tiens d'entrée de jeu à remercier l'exceptionnel député de d'avoir partagé son temps de parole avec moi et d'avoir effectué de l'excellent travail dans cet important dossier. Je suis content de siéger au comité de la sécurité publique. Je suis par ailleurs ravi d'intervenir aujourd'hui dans le débat sur le projet de loi .
Nous vivons dans un monde glauque et dangereux, comme nous l'ont brutalement montré les attaques perpétrées à Ottawa et à Saint-Jean-sur-Richelieu en octobre dernier. Nous ne sommes pas à l'abri de la menace du terrorisme; nos alliés non plus. Nous avons pu le constater avec les tragiques événements qui sont survenus à Paris, à Sydney et à Copenhague, ces bastions de la civilisation occidentale que des terroristes djihadistes ont pris pour cibles. Qu'on ne s'y trompe pas: le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre au Canada et à ses alliés.
Le projet de loi dont nous sommes saisis conférera aux forces policières et aux organismes de sécurité du Canada les outils additionnels et la souplesse nécessaires pour suivre l'évolution des menaces et mieux protéger les Canadiens ici même, au pays.
Cependant, nous ne nous en tenons pas là. Il faut bien sûr contrer le terrorisme sur notre territoire, mais nous lui faisons aussi la lutte à l'étranger. Les courageux soldats des Forces armées canadiennes livrent un combat contre ce groupe barbare qui s'est désigné État islamique.
Comme l'ont déjà fait nos alliés, le gouvernement prend des mesures pour que nos organismes d'application de la loi et de sécurité nationale puissent contrer les gens qui prônent le terrorisme, éviter la propagation des organisations terroristes, empêcher ces organisations de recruter des gens au Canada et déjouer les attentats prévus en territoire canadien.
Le projet de loi prévoit des mécanismes de contrôle pour assurer le respect des droits des Canadiens. Il complète aussi d'autres lois que le gouvernement conservateur a précédemment adoptées pour mieux protéger les Canadiens et nos institutions. Parmi ces lois, mentionnons la Loi sur la lutte contre le terrorisme et la Loi renforçant la citoyenneté canadienne. Je m'en voudrais toutefois de ne pas mentionner que les libéraux et les néo-démocrates se sont toujours opposés aux mesures visant à mieux protéger le Canada.
Les libéraux et les néo-démocrates sont d'avis qu'il faut accroître le financement du SCRS et de la GRC. Je signale toutefois qu'ils se sont opposés à sept reprises aux mesures que le gouvernement conservateur a déjà présentées pour accroître le financement de ces organismes.
Examinons les faits. Depuis qu'il est au pouvoir, le gouvernement conservateur a augmenté le financement du SCRS et de la GRC de plus du tiers. Nous n'avons certainement pas à rougir de notre bilan.
Le NPD a fait grand cas des parties de la Loi antiterroriste qui portent sur les pouvoirs de contrer les menaces terroristes. J'aimerais donner quelques exemples concrets pour expliquer comment ces pouvoirs contribueront à assurer la sécurité des Canadiens.
Prenons l'exemple d'un citoyen canadien de 21 ans désillusionné par sa vie à la maison après avoir regardé des vidéos de sermons faits par des imams radicaux. Il achète également des exemplaires d'Inspire, le magazine anglophone publié par Al-Qaîda dans la péninsule arabique. Des membres de la congrégation de sa mosquée locale avisent le SCRS que cet individu prévoit se rendre à l'étranger pour se livrer à des activités terroristes.
À l'heure actuelle, le SCRS peut enquêter mais ne peut rien faire pour empêcher l'individu en question de quitter le pays. Le mieux qu'il puisse faire, c'est d'informer la GRC qu'il croit que l'homme s'apprête à commettre une infraction, et la GRC pourrait lancer sa propre enquête. Toutefois, en vertu du projet de loi , le SCRS pourrait s'adresser à un ami de confiance ou à un proche de l'individu pour qu'il lui déconseille de se rendre à l'étranger pour participer à des activités terroristes. De plus, le SCRS pourrait rencontrer l'individu pour lui signaler qu'il connaît ses intentions et lui expliquer les conséquences qu'il devra assumer s'il va jusqu'au bout de ses plans.
Pour vous donner un autre exemple, admettons que le SCRS apprend qu'une cargaison d'armes chimiques pourrait servir dans un attentat terroriste contre une entreprise canadienne installée dans un pays étranger, mais qu'il ignore quand cette cargaison doit être acheminée. Actuellement, le SCRS peut communiquer cette information au gouvernement étranger et à d'autres partenaires étrangers. Le ministère des Affaires étrangères pourrait émettre une alerte aux voyageurs. En vertu du projet de loi , le SCRS pourrait mener une opération conjointe avec un partenaire étranger pour intercepter la cargaison. Par exemple, il pourrait détourner la cargaison pour éviter qu'elle n'arrive à destination et ne tombe entre les mains des terroristes.
Pour terminer, supposons qu'un allié du Canada prévient le SCRS que des espions étrangers prévoient rencontrer une société d'avionique canadienne. Le SCRS fait enquête et découvre que les espions se font passer pour des entrepreneurs en vue de faire l'acquisition d'équipement de télémétrie. Cette technologie à double usage est destinée à des applications civiles dans les programmes d'essais, mais est également utilisée pour le déploiement de missiles balistiques.
À l'heure actuelle, le SCRS pourrait, dans le cadre d'une enquête, interroger les représentants de l'entreprise canadienne pour recueillir de l'information. Le SCRS pourrait demander à l'Agence des services frontaliers du Canada de vérifier les documents d'expédition des pièces exportées à la frontière pour déterminer s'il y a infraction à la loi.
En vertu du projet de loi , le SCRS pourrait demander et recevoir un mandat l'autorisant à intercepter du matériel et à le modifier pour qu'il ne puisse servir qu'à des applications civiles.
Avec ce nouveau mandat, le SCRS pourrait prendre des mesures, ici et à l'étranger, pour perturber des menaces lorsqu'il aurait des motifs raisonnables de croire que la sécurité du Canada est menacée. Ces menaces à la sécurité du Canada sont définies dans la Loi sur le SCRS et comprennent les activités d'espionnage et de sabotage, les activités influencées par l'étranger et les actes de terrorisme de même que les activités de subversion menées au Canada, c'est-à-dire les activités qui visent à saper le régime de gouvernement constitutionnellement établi au Canada.
Le SCRS pourrait seulement prendre des mesures raisonnables et proportionnelles à la menace pour la perturber. Pour ce faire, le SCRS prendrait en considération la nature de la menace, la nature des mesures proposées et les autres moyens raisonnablement disponibles pour perturber la menace. Les services de renseignement de la plupart des alliés démocratiques du Canada ont des mandats et des pouvoirs semblables depuis de nombreuses années.
Il est important de ne pas mal interpréter les définitions qui se trouvent dans la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada et dans la Loi sur le SCRS. Le mandat de perturber les menaces couvre les menaces définies dans la Loi sur le SCRS, plus précisément les activités d'espionnage et de sabotage, les activités influencées par l'étranger et les actes de terrorisme ainsi que les activités de subversion menées au Canada.
Il est strictement interdit au SCRS de mener des activités de perturbation de menaces contre des personnes participant à des activités de protestation ou de manifestation d’un désaccord.
Je sais qu'il me reste probablement peu de temps et je voudrais terminer mon intervention par une question. Les députés de l'opposition se plaisent à dire que ce projet de loi privera les Canadiens de certains droits. Or, je voudrais qu'un député d'en face m'explique quelle disposition de ce projet de loi nous permettrait de retirer des droits aux gens. Pour autant que je sache, les seuls individus qui sont visés par ce projet de loi sont ceux qui se livrent à des activités terroristes, ceux qui prévoient s'y livrer et ceux qui préconisent de telles activités. Si le NPD et les libéraux souhaitent défendre des individus de ce genre, j'ai l'impression que les Canadiens auront un message à leur transmettre lors des prochaines élections.